- Speaker #0
Bonjour Sylvain.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté mon invitation pour participer à El Zagis. Sylvain, tu as déjà un parcours multiple, à la fois d'un athlète, d'abord, un passionné de sport, et quand tu as mis un terme à ta carrière, tu as eu un passage difficile, tu en parles. Donc la dépression que tu as faite a finalement confronté une réalité qui est encore peu évoquée, mais qui peut accompagner la fin d'un parcours, comme on disait, même en off, que ce soit sportif, professionnel. dans la vie qui provoque une certaine fragilité psychologique. Et donc c'est en réalisant aussi que tu n'es pas seule à vivre ça, que tu as décidé de libérer la parole, en tout cas d'y contribuer, et d'ouvrir un espace aussi de réflexion, en tout cas d'avoir un support sur lequel on peut voir que d'autres vivent ça, avec le documentaire que tu as co-écrit et produit, Strong, et qui traite d'un sujet encore à la fois complexe, tabou. Et même encore aujourd'hui, presque un an et demi après sa sortie, plus général, la santé mentale dans le sport. Ça va aussi traiter, ça va englober pas mal de choses. Et donc, ton engagement se ressent à la fois dans ta vision que tu défends, aussi avec ton agence, The Com, qui prône une vision du sport à travers des valeurs, à travers une volonté de réinventer aussi les règles. Et tout ça m'amène à ma première question. Qu'est-ce qui a fait qu'à un moment, tu aies passé de la... prise de conscience de ce que tu avais vécu à l'action et en fait de quelque chose d'intime vers quelque chose de collectif.
- Speaker #1
Bonjour à toutes et à tous. Tout d'abord je pense que pour remettre un petit peu dans le contexte de comment j'ai vécu ce moment et cette dépression, moi j'ai fait donc j'ai fait dix ans de sport de haut niveau, j'ai joué au handball dans le club à Nîmes et puis J'ai fait un petit peu le tour de ma carrière, je commence à anticiper ma reconversion et j'ai la chance d'être pris dans une école de commerce à Paris. Et donc j'arrête mon contrat et après 10 ans, une bonne dizaine d'années de bons et loyaux services, je me dis que c'est l'heure de préparer ma reconversion. Et donc je pars à Paris, à l'ESSEC, dans une école de commerce. Et là, en arrivant au tout début de ma formation, je tombe en dépression. Sauf que je mets du temps à savoir ce que c'est parce que déjà il y a un peu plus de 11 ans, 12 ans, on n'en parle pas du tout. Aujourd'hui on commence à en parler, c'est de moins en moins tabou mais on n'en parle pas du tout. Et puis les symptômes ils sont, je commence à ne pas dormir, je commence à être un petit peu irritable, plein de petits symptômes mais qui pour moi sont juste, t'as arrêté le sport, t'as fait ça pendant une bonne première partie de ta vie. Et voilà, c'est le début de ta nouvelle vie, ça fait partie un petit peu du processus on va dire. Et je mets peut-être trois mois, je vais de plus en plus mal, je mets peut-être trois mois à aller voir mon médecin généraliste du sport, qui était un peu comme un deuxième papa, à Nîmes, où je rentre.
- Speaker #0
J'allais dire, il n'y a pas Paris du coup.
- Speaker #1
Non, je redescends à Nîmes, et puis c'est un peu lui à qui je me confie, et je lui dis, ça ne va vraiment pas. Et là, il voit que je suis vraiment en détresse. Et il me dit, je suis plus compétent, il faut que tu ailles voir un psychiatre et que je pense que tu fais une dépression. Et donc je vais voir un...
- Speaker #0
Alors comment tu accueilles ça
- Speaker #1
J'accueille ça, il faut me soulager en fait, je suis en anxiété, j'ai une anxiété qui est quotidienne, donc il faut me soulager. Donc moi, quand on aille voir un psychiatre ou n'importe qui, je suis ses recommandations parce que c'est quelqu'un à qui j'ai énormément confiance. Et donc je vais voir un psychiatre qui me dit, en effet, vous avez tout simplement tous les symptômes de... d'une dépression qui est sûrement passagère, mais en tout cas vous êtes en plein dedans. Et donc je prends un traitement antidépresseur, des anxiolytiques, etc. Et puis au fur et à mesure, je commence à me reconstruire, je commence à aller mieux. Déjà je commence à parler, je commence à verbaliser ce qui m'arrive. Et puis on va dire que ça met une année à se soigner. En même temps, je fais l'ESSEC à Paris, donc j'essaie d'avoir mon diplôme. Oui,
- Speaker #0
comment ça se passe justement
- Speaker #1
J'arrive, j'arrive. à bien faire semblant au début, j'arrive à bien cacher tout ça. Et puis j'ai mon diplôme, je me reconstruis, mais c'est une belle cicatrice. C'est une belle cicatrice et puis je commence ma vie professionnelle. Je rentre dans le groupe Lagardère où je suis agent de sportif. Et j'ai des athlètes, ou je représente des athlètes sur la partie publicitaire, la partie image, donc des athlètes plutôt connus, français. Et je me rends compte pendant cette année que... Il y a de nombreux sportifs qui ne vont pas bien. Et donc je témoigne et je discute avec eux sur le fait de les aider à titre perso, de dire moi je suis passé par là, fais attention à ça, fais attention à ça Suite à ce passage dans le groupe Lagardère, je crée mon agence de publicité, de communication qui s'appelle Willy Beeman, ça fait un peu plus de 10 ans. Et donc pendant de nombreuses années avant le Covid. Pareil, je rencontre plein de sportifs, puisque dans nos campagnes de publicité, on a des sportifs qui sont égéries. Et je me rends compte que plein de sportifs ne vont pas bien. Et puis moi, je les aide, je les accompagne, mais totalement à titre perso pour qu'ils aillent mieux, pour leur dire de se prendre en main, de faire attention à ça, de faire attention à ça, parce que je suis passé par là. Arrive le Covid, mon activité professionnelle baisse un petit peu. J'ai un peu plus de temps. Et je ne sais pas, il n'y a pas de raison en particulier, mais j'ai quelque chose d'un peu viscéral qui revient. Je me dis, j'ai envie d'écrire sur ce sujet. Aujourd'hui, c'était il y a trois ans, trois ans avant les Jeux Olympiques de Paris. Et je me dis, on a très peu de parler de ce sujet. Donc, aux États-Unis, certains athlètes ont parlé de ce sujet, comme Michael Phelps, le nageur, Osaka, la joueuse de tennis, Simpax. Café, Mais c'est très dans une culture américaine de parler de ces fragilités. C'est vraiment une force pour eux. Et nous, en France, on est caché, tabou, on n'en parle pas. Et donc, je commence à écrire ce projet du documentaire de Strong. Et je recontacte des sportifs que j'avais croisés dans mon parcours. Et je leur dis, est-ce que ça te dirait de... Tu te rappelles quand on avait passé ce... ce moment ensemble, ça n'allait pas bien, etc. Aujourd'hui ça va mieux, donc c'est que des sportifs qui vont mieux, qui se sont reconstruits. Est-ce que ça te dirait qu'on en parle dans un documentaire Donc ça a pris un an à les convaincre. Donc il y a cinq sportifs dans le documentaire qui ont accepté de témoigner. Donc le nageur Camille Lacour, le surfeur Jérémy Flores, l'escrimeuse Isao Ratibus, la skieuse Périne Laffont et le handballeur Valentin Porte. Donc ces cinq parcours, ces cinq athlètes ont accepté de témoigner. dans le documentaire et ont cinq parcours finalement similaires avec des histoires qui sont différentes mais avec un sujet commun qui est la santé mentale.
- Speaker #0
Donc là tu disais que tu as mis un an à les convaincre, en tout cas c'était assez long, qu'est-ce qui pouvait bloquer, qu'est-ce qui pouvait être effrayant ou est-ce que c'était une question de confiance aussi vis-à-vis de ce qu'ils allaient révéler quelque part aussi
- Speaker #1
Je pense que c'était leur timing aussi à eux.
- Speaker #0
Dans leur processus, tu veux dire Oui,
- Speaker #1
dans leur processus d'accepter de participer à un documentaire. Nous, en tout cas moi, ma relation avec eux, c'était de leur proposer, de leur dire que j'allais être garant de les protéger aussi, de dire ce qu'ils avaient envie de dire avec le plus de pudeur possible. C'est-à-dire de raconter cette histoire, mais comme eux le voulaient le raconter. Et donc, quand je dis un an, c'est... C'est un an d'échange et c'est leur rythme à eux. Il y a des sportifs qui sont à la retraite, mais il y a des sportifs qui sont toujours en activité. C'est leur rythme à eux. Je leur laisse le temps de digérer, de se dire s'ils vont participer ou pas. C'est vraiment un processus qui est très à l'écoute de ce qu'ils ont vécu. Je n'ai pas une temporalité de sortir un documentaire. C'est quand ils décideront.
- Speaker #0
Oui, tu n'avais pas de pression. C'était l'idée,
- Speaker #1
c'était le projet. Non, je n'avais aucune pression. C'était de le faire du mieux possible. Ce qu'on voulait, c'est d'avoir des sportifs, autant des femmes que des hommes, des sportifs différents et des sports collectifs, des sports individuels, pour avoir un panel le plus large possible du sport français. Des sportifs qui ont eu un passage difficile à la retraite, comme moi j'ai pu le vivre juste après ma carrière, ou pendant leur activité, comme Périne, Laffont. Ou Ausha, qui était toujours en activité. Valentin aussi était aux Jeux Olympiques cet été. Donc voilà, c'était un temps nécessaire, surtout pour eux, et pour moi, de construire ce projet.
- Speaker #0
Alors tu viens de le dire, ce projet a commencé à mûrir dans ta tête au moment du Covid, un moment où le temps se ralentissait. Est-ce que ça a été aussi un déclencheur pour toi de te dire, vu que l'activité rebaisse, est-ce que tu avais peur que ça revienne aussi pour toi personnellement Ou est-ce que tu t'es dit, je vais profiter de ce temps aussi pour faire de la prévention que tu n'as peut-être pas eu non plus à l'époque
- Speaker #1
Oui, c'est plutôt ça. En fait, j'étais très attaché à parler de ce sujet de façon positive. Donc Strong, c'est un documentaire positif. Bien sûr qu'on parle de santé mentale et de dépression, mais toute la troisième partie du documentaire, c'est comment ils se sont reconstruits, comment aujourd'hui ils se sentent bien, heureux. et surtout comment ils s'en sont sortis plus fort que ce qu'ils ont pu le penser parce qu'on pense que c'est en effet une période très difficile mais on en sort grandi, on se connait mieux c'est très dur en effet ce sont des périodes qui sont dures à vivre mais par contre je voulais mettre en avant le fait qu'on s'en sort plus fort et et je crois que c'était ça le message le plus important c'est que c'est un documentaire positif on regarde strong on sort pas en dépression le but c'est d'encourager de témoigner de sensibiliser autour de soi de dire que on peut s'en sortir on va s'en sortir qu'il faut être patient qu'il faut se soigner qu'il faut en parler et on en sort plus fort
- Speaker #0
Quand toi tu as appris ce que tu avais et comment t'allais soigner, est-ce que l'entourage a joué un rôle Comment même les joueurs avec qui tu jouais, etc. Est-ce qu'il y a eu quelque chose de collectif aussi autour de toi où tu t'es sentie quand même très seule, à la fois dans la compréhension de ce qui t'est arrivé et après le fait de soigner ça Après tu l'as dit un petit peu tout à l'heure, tu t'es restée très discrète aussi sur ça pendant un temps, faire semblant.
- Speaker #1
Un truc de la dépression Je pense que les gens, les proches veulent nous aider, que ce soit mes anciens coéquipiers ou mes très proches et la famille, bien sûr. Mais c'est ça qui est très dur et souvent, les retours qu'on a eus du documentaire, il y a beaucoup d'entourages qui nous ont écrit sur le fait de nous remercier d'avoir parlé de ce sujet parce que c'est très dur pour les aidants, les proches, d'avoir une prise. On n'a pas de prise puisque c'est très... Alors typiquement pour prendre mon cas, quand je l'ai vécu, déjà j'avais honte de vivre ça, c'est pour ça que je l'ai caché, j'ai mis du temps à assumer en parler, de dire que j'avais traversé ça, je pense que j'ai dû attendre d'être complètement reconstruit et heureux pour pouvoir parler de ça, je pense que c'est plus facile en effet d'en parler au passé avec maintenant une vie qui va mieux, mais je pense que c'est très dur pour l'entourage, on est finalement très seul. Il faut être accompagné, mais plus pour moi de tiers et de thérapeutes, de médecins. Bien évidemment que la famille joue un rôle de soutien.
- Speaker #0
Ce n'est pas l'essentiel à ce moment-là.
- Speaker #1
Ils n'ont pas de prise.
- Speaker #0
Oui, les clés pour t'aider.
- Speaker #1
Ils n'ont pas les clés, puisqu'au final, moi, à l'époque, j'ai eu ma carrière en première division. Je suis pris dans une belle école de commerce. Tout va bien dans ma vie. En fait, il n'y a aucune raison pour que... t'as pas le droit d'aller mal en fait, il y a des gens qui vont plus mal que toi. Donc déjà on a un peu cette chape de je peux pas en parler parce que je... Par contre je me sens très mal, je me sens anxieux toute la journée. Donc je pense que c'est très dur pour les proches et c'est plus pour moi les médecins, que ce soit un psychiatre, un psychologue. Alors souvent la clé d'entrée c'est le médecin généraliste puisque c'est quelqu'un à qui on a confiance et ce qui est très bien. Et c'est très bien si les médecins après peuvent vous réorienter en tout cas sur un sujet. Dans le sport de haut niveau, on est très accompagné sur le corps, mais très peu sur la tête. Et encore maintenant
- Speaker #0
Est-ce que tu sais ça Tu connais encore les sportifs qui sont encore en activité
- Speaker #1
Je pense que ça change, je pense que les gens ont pris conscience qu'être heureux et se sentir bien dans sa tête, c'est aussi un facteur de performance, mais on va dire qu'il y a quand même encore... Se sentir mal, c'est très gris. En fait, ce n'est pas blanc ou ce n'est pas noir. Ce n'est pas comme quand on se fait mal au genou. On va aller chez le médecin, on va chez le chirurgien, etc. C'est très factuel,
- Speaker #0
du coup, une blessure physique.
- Speaker #1
Physique, c'est beaucoup plus factuel. Alors qu'une blessure mentale, psychologique, c'est plus de subtilité. Donc, ça prend plus de temps. Mais le corps et l'esprit sont complètement liés. Souvent, quand on ne va pas bien, on se blesse, typiquement. Donc, je pense que les choses ont évolué depuis maintenant quelques années. Les choses ont évolué. ça reste encore tabou dans beaucoup de sports.
- Speaker #0
Il y avait quand même beaucoup de figures, le fait que ce soit toi qui portes ce documentaire, en tant qu'homme aussi, en tant qu'athlète. Tu parlais dans une autre interview d'image de super-héros, qu'on n'avait pas le droit de casser presque cette image. Tu avais conscience aussi de tout ça, de tout ce que tu pouvais porter aussi comme autre message, avec à la fois la personne que tu es, tu vois.
- Speaker #1
Je ne sais pas si j'en avais conscience, mais j'ai essayé que le message soit le plus accessible possible. Et en effet, quand on a des champions olympiques, des champions du monde qui sont dans le documentaire et qui chutent comme tout le monde, qui tombent comme tout le monde, le but c'était d'essayer que les gens puissent se rendre compte que ça arrive à tout le monde et que même si on est un champion, en tout cas porté par... C'est pour ça que les champions, on le cache souvent, c'est parce que cette image-là, elle est construite, elle nous nourrit au final, elle nourrit l'athlète qu'on est, mais la partie bien séparée, l'homme de l'athlète ou la femme de l'athlète, c'est deux choses différentes et la construction n'est pas tout à fait la même. Donc en effet, vraiment l'objectif, c'était de rendre accessible quelque chose qui était encore tabou et qui l'est encore un petit peu dans le sport, de rendre accessible et surtout... d'avoir le plus de pudeur possible sur ces sujets pour que les gens puissent s'approprier, s'identifier à des mots MAUX de la santé mentale.
- Speaker #0
Tout à l'heure tu le disais qu'effectivement tu avais envie de mettre beaucoup de beauté aussi. Le documentaire est beau, il est je trouve aussi un peu poétique, les images sont douces, c'est presque avec douceur que tout est apporté. C'était une vraie volonté, tu l'as évoqué tout à l'heure, pourquoi tu avais envie d'y aller tout doucement et est-ce que la prochaine étape ça serait de faire quelque chose un peu plus...
- Speaker #1
plus d'aller encore un peu plus loin tu vois ce que je veux dire je vois tout à fait je pense que sur les images on est on était attaché à faire un documentaire et des métaphores à l'image qui était en effet comme tu le dis très douce et on essayait de trouver les quels étaient les meilleures images pour illustrer un témoignage donc les interviews qu'on a qu'on a pu réaliser des athlètes ils étaient très longs donc on avait entre eux 2 et 4 heures d'interview par athlète, par personne, face caméra. Donc c'était des moments d'introspection qui étaient pas faciles.
- Speaker #0
Non, c'est une épreuve aussi pour eux.
- Speaker #1
C'est une épreuve, il faut se replonger dans ce moment, donc il faut se mettre un peu en état, donc ça prend toujours une petite demi-heure, etc. Et puis après, ils ont été tous très forts, et je leur en remercie encore aujourd'hui. Et puis, on a eu la chance aussi de collaborer avec Ben Mazuet, qui nous a... Il nous a accompagné dans l'écriture de la voix off. J'étais très attaché à... On était très attaché à la petite voix qu'on a en nous, qui nous joue des tours quand on ne va pas bien. Donc ça peut être lors d'une rupture, lors d'un accident de vie, d'un deuil. Et quand on va mal, parfois notre petite voix, elle est aimante, et parfois elle est beaucoup plus dure. Donc on a essayé d'écrire cette petite voix un peu universelle, parce que c'était l'objectif. Et donc Ben nous a accompagné là-dessus, donc c'était super, parce qu'on a... On a pu ensemble affiner le poids de chaque mot pour qu'on puisse s'identifier à cette petite voix qu'on peut avoir en nous quand ça va pas bien.
- Speaker #0
Et quels sont les retours que tu as eus, là, ça fait un peu plus d'un an que le documentaire est sorti Est-ce qu'il y a des choses auxquelles tu t'attendais pas et d'autres où tu as pu avoir des déceptions C'est-à-dire que tu attendais que ça bouge peut-être plus les lignes Où est-ce que tu en es, un espèce de bilan autour de la sortie et de l'impact du documentaire
- Speaker #1
Donc les retours ont été très positifs, mais je n'avais pas d'attente particulière sur le changement du sport français sur ce sujet-là. Ce n'était pas pour ça qu'à la base on l'avait fait, c'était plus pour faire un témoignage.
- Speaker #0
Offrir un espace, ce que je disais tout à l'heure, offrir quelque chose, un outil.
- Speaker #1
Voilà, juste de pouvoir l'offrir, de pouvoir le voir, le partager, de pouvoir en parler. Et je pense qu'on a eu énormément de retours très positifs lors de la sortie. les quelques interviews que les athlètes ont pu faire suite au documentaire. Et après, je crois que les retours les plus touchants, on a eu la chance, c'est Amazon Prime qui est notre diffuseur, donc il est toujours sur Amazon Prime, le documentaire, et on a eu la chance de pouvoir faire des projections. Donc ils nous ont autorisé, on a fait plus d'une dizaine de projections partout en France.
- Speaker #0
C'est important, on va vraiment avoir ce travail de prévention aussi, de partage.
- Speaker #1
C'était... On nous contactait, on venait avec soit un des réalisateurs, soit un des athlètes, en fonction des disponibilités de chacun. Et le but c'était que ça soit gratuit et ouvert à tout le monde. Et donc il y avait la projection du documentaire et des questions réponses. Et donc en effet dans le questionnaire réponses, on s'est vraiment rendu compte du poids du documentaire, le fait que les gens étaient très touchés, les gens ont pris beaucoup de temps à nous écrire juste après les projections. Et notamment, il y a une projection qui nous a beaucoup touché, c'était dans la banlieue de Danger, où c'était beaucoup de lycéens. Et donc vraiment, bien sûr, comme d'hab, les lycéens au début, il n'y a personne qui ose poser une question, et puis il y en a un qui pose une question. Il y a 150 questions. Et c'était très touchant, puisque c'est une génération qui souffre, qui, comme tout le monde, c'est difficile, sauf qu'ils ont encore du mal à le verbaliser à l'âge de 15 ans ou de 17 ans. Et donc on a eu des questions super et des retours super sur le fait qu'ils avaient parfois des copains qui n'allaient pas bien, qu'ils allaient peut-être l'appréhender différemment et les accompagner. Donc c'était finalement ce moment avec cette jeune génération où finalement on ne s'attendait pas vraiment, on ne savait pas trop, c'était des lycéens. C'était super, c'était vraiment très touchant et ça nous a, voilà, ça nous a reparté de la projection, le cœur rempli de bonnes énergies, d'avoir été utile en fait.
- Speaker #0
Et comment toi tu te sens par rapport à justement ce vécu Tu parles d'une cicatrice qui est là, qui est j'imagine plus à vif mais peut-être encore par moment. Et tu disais aussi à un moment important que ça fait partie maintenant de toi d'une étape de vie et non pas une finalité. Et ça c'est important. Et comment tu te sens maintenant et comment tu es par rapport à cette expérience de vie
- Speaker #1
Aujourd'hui je vais très bien. J'ai pas eu... J'ai la chance d'avoir tout va très bien dans ma vie. En effet, c'est pour ça que c'est une cicatrice où il faut toujours être vigilant quand on a des passages dans la vie plus ou moins difficiles, qu'elle ne se réouvre pas. Je pense que je suis très attentif à ma santé mentale, peut-être plus que d'autres. Je fais toujours beaucoup de sport, je fais attention, le temps perso, le temps pro. J'essaie d'être le plus équilibré possible. En effet, c'est... C'est pas une cicatrice qui est 100% refermée, c'est toujours, les athlètes le disent aussi dans le documentaire, c'est quelque chose qui reste toujours un petit peu ouvert, il faut être prudent. Mais ça m'a permis de mieux me connaître, et ça m'a permis de travailler sur moi, de mieux, peut-être d'être plus attentif, en tout cas, plus attentif à moi, ma santé, ma santé mentale, et surtout à celle des autres, parce que je pense que quand on a vécu, on est passé par un passage difficile.
- Speaker #0
perçoit très tôt les signaux de quelqu'un qui va pas bien donc voilà donc je pense que c'est on le sent par dans cette démarche que tu es en alerte en fait sur ça je pense que il ya le faire le côté vraiment prévention sensibilisation qui est important pour toi oui parce que je pense que c'est si
- Speaker #1
on le prend tôt c'est comme beaucoup de sujets de santé plus on prend tôt plus on peut être accompagné tôt mais c'est Voilà, ça peut aller loin. On a autour dans le sport, notamment des gens qui se sont suicidés. Donc c'est une maladie. C'est une maladie. On peut l'appeler un burn-out, un mauvais passage. Mais on n'avait pas une sémantique attachée. Chacun, typiquement dans le documentaire, les sportifs ont laissé libre, si vous voulez appeler ça un mauvais passage, un passage à vide, c'est pas grave. Comment ils l'ont vécu,
- Speaker #0
ils l'expriment.
- Speaker #1
Voilà, chacun l'exprime. On n'est pas obligé de... mais c'est une maladie qui se soigne et donc plus on l'apprend tôt mieux c'est je ne suis pas avec mon bâton de pèlerin sur la santé mentale et sur la dépression mais je suis très attentif autour de moi en tout cas autour de nos proches dès que je vois qu'il y a des signaux j'essaie en tout cas d'alerter de dire attention à ça parce que Après, on s'en sort en s'exclamant mieux.
- Speaker #0
Est-ce que ça, tu le ressens aussi dans ton métier maintenant, dans ton agence de com, avec les clients avec lesquels tu travailles Est-ce qu'il y a aussi un état d'esprit à faire ressentir, dans la pub aussi, un aspect Tu as vu une évolution autour justement d'englober la santé mentale ou d'autres sujets de toute manière. Et est-ce que toi, tu apportes aussi quelque chose avec cette agence justement sur ce sujet
- Speaker #1
Ou plus largement Je ne sais pas si on apporte.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
je pense que… Je ne sais pas si on apporte un sujet en particulier sur la santé mentale, mais c'est vrai que quand le doc est sorti, Strong, on a eu la chance de faire une projection au cinéma aussi. On avait invité nos clients et je pense qu'ils ont été touchés par la publicité. C'est une démarche qui est très court-termiste. Un film publicitaire, souvent des 30 secondes, etc. Là, ils ont été touchés, je pense, d'avoir... Qu'on puisse avoir, parce que j'englobe toutes les équipes, parce que je n'ai pas été tout seul. à travailler sur ce projet, très touché par d'avoir une démarche avec du fond, de prendre le temps, c'est un exercice qui est différent. Donc peut-être pas un sujet sur la santé mentale maintenant en particulier, mais par contre de prendre le temps avec les athlètes, de prendre le temps avec les sportifs, ça reste, nous on est une agence de publicité qui travaille exclusivement dans le sport. Toutes nos campagnes publicitaires sont autour du sport et aujourd'hui je pense que... On a la chance d'avoir d'autres projets avec des sportifs sur des formats un peu plus longs. Et peut-être qu'on va plus nous écouter, puisqu'on a eu la chance de faire ce documentaire, de prendre le temps avec les athlètes sur des sujets sociétaux qui en effet recroisent parfois avec de la publicité, d'essayer d'avoir un message fort, un message de communicant, de faire passer un message.
- Speaker #0
Et d'essayer de le faire, j'imagine, aussi en tant que chef d'entreprise, tout simplement.
- Speaker #1
Oui, on essaie d'être le plus humain possible, le plus empathique possible, d'être vigilant avec nos collaborateurs, de savoir comment ça va. Je pense que c'est une agence à taille humaine, une petite agence. Tout le monde se connaît bien et je pense que c'est important de se sentir heureux quand on vient au travail. Oui,
- Speaker #0
c'est important. Est-ce que tu... Autour de l'action, on est dans Elles agissent, est-ce que tu aimerais voir justement d'autres actions, peut-être même dans d'autres domaines d'activité que ceux qu'on a abordés pendant l'épisode, où il y a des choses qui, pour toi, il faudrait vraiment que ça bouge là, dans les moments à venir, sur des sujets qui te tiennent au cœur
- Speaker #1
Oui, je pense qu'il y a, concernant le sport, parce que je vais rester un petit peu dans ce sujet-là, je pense qu'il y a de nombreux sujets à aborder de façon... On a d'autres projets sur le rapport au corps, typiquement. Un autre projet de documentaire qu'on adorerait finir d'écrire.
- Speaker #0
Le rapport au corps avec le sport, c'est ça
- Speaker #1
Oui, le rapport au corps sur une génération d'adolescentes. Comment on va appréhender le sport de haut niveau quand on est adolescent, adolescent et adolescente surtout. Ce sont des sujets... Je pense qu'on est attaché, on a la chance de voir autour de nous, de rencontrer de nombreux athlètes et d'avoir de nombreuses histoires, d'avoir du temps d'écouter de nombreuses histoires. Je pense qu'il y a plusieurs sujets, en effet il y a pas mal de sujets dans le sport.
- Speaker #0
On sent que tu as envie, en tout cas on voit le sourire,
- Speaker #1
tu t'y projettes. J'adorerais, ça serait super de prendre du temps pour ça.
- Speaker #0
Agir pour toi ça veut dire quoi
- Speaker #1
Agir pour moi c'est... C'est écouter ce qu'on a en nous et s'il y a quelque chose qui est viscéralement, qu'on veut témoigner, qu'on veut faire partager, qu'on veut sensibiliser, il faut le faire. Et je pense que c'est juste avant l'action, il y a savoir s'écouter, ce qu'on a au fond du cœur, c'est quelque chose qui ressort en fait. Pour moi, c'est s'écouter et agir dans la flèche.
- Speaker #0
Et le titre du podcast, Elles agissent, justement, ça t'évoque quoi
- Speaker #1
Ça évoque ta démarche et je pense que dans l'échange qu'on a eu et quand tu es venu me contacter, sur le fait de créer un espace pour moi d'écoute des histoires et de mettre en avant ces histoires, je pense que c'est ça l'action, l'action au pluriel, l'action collective. Je me remercie en tout cas de faire cette démarche et je pense que c'est vraiment... Avoir de l'espace pour en parler et prendre le temps d'en parler, c'est le début de l'action et de l'action collective.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Sylvain.
- Speaker #1
Merci.