- Speaker #0
Écoutez, agir. Je pense que vous réagissez tous sur la matière et sur le monde en permanence. Agir, c'est aimer. Être soi, c'est agir. C'est pour ça qu'il ne faut jamais faire de concessions sur ce qu'on est. Jamais, jamais, jamais, jamais. Agir, c'est mettre en œuvre une réflexion qui répond à un besoin sociétal. Il faut y aller. On s'en fout, on casse tout, on y va, on rêve grand. Hello, je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode et aujourd'hui, très contente de recevoir... à la fois l'ambitieux et le talentueux Karim Benani à mon micro. Karim est journaliste, chroniqueur, producteur et bien plus encore, et vous le découvrirez dans cet épisode. Et d'ailleurs, si vous doutiez que l'action passe pour à la fois la détermination, le travail et l'ambition, je peux vous assurer que cet épisode va lever vos derniers doutes. On va revenir évidemment ensemble sur son parcours de son enfance, marqué par une passion très forte, très présente pour le sport et particulièrement le foot. Et jusqu'à, on va revenir, ces réussites actuelles et ces nouveaux projets, notamment, vous le découvrez maintenant tous les matins dans l'émission Bonjour, la matinale de TF1. Cet épisode sera aussi l'occasion d'entendre Karim sur des sujets forts, comme je vous disais, l'ambition, mais aussi la discrimination. La notion de motivation et la valeur du travail, une notion assez importante pour lui. On aborde aussi la libération de la parole, notamment autour des sujets... d'impunité, d'égalité. On aborde aussi le travail de son ami, Marie Portolano, qui a dénoncé lors de son livre et de son documentaire des inégalités sexistes autour de ce secteur d'activité. Vous le verrez dans cet épisode, car il me transmet vraiment un message d'ambition, je le dis souvent, mais c'est vraiment ce qui est important dans cet épisode, des possibilités. Et qu'ils se sont désormais légitimes à porter la voix des plus jeunes. grâce notamment à la carrière qu'il a construite. Donc pour lui, vous l'aurez compris, agir, c'est ne jamais, jamais renoncer. Je vous souhaite un très bon épisode en compagnie de Karim. Salut Karim !
- Speaker #1
Salut Emy, ça va ?
- Speaker #0
Merci, oui ça va ! Merci d'avoir accepté mon invitation dans Elles agissent, un hors-série encore avec un homme, et j'en suis ravie. Merci beaucoup !
- Speaker #1
Merci pour l'invite.
- Speaker #0
Est-ce qu'en première question, tu peux te présenter de la manière dont tu souhaites pour les personnes qui ne te connaissent pas et qui vont te découvrir autour de cet épisode ? Qui es-tu personnellement, professionnellement ? Qu'est-ce que tu as envie de nous dire pour te connaître ?
- Speaker #1
Prénom Karim, nom de famille Benani. Je suis journaliste depuis presque 20 ans et ça me fait mal de le dire. Ça veut dire qu'on va calculer l'âge que j'ai, mais j'ai 40 ans, presque 41. Donc journaliste de sport essentiellement à la base et j'insiste vachement sur... L'appellation journaliste de sport, on entend souvent journaliste sportif et moi j'insiste sur journaliste de sport parce qu'on est journaliste avant tout et on peut se spécialiser dans une discipline ou une autre. Moi ça a été le sport pendant pas mal d'années, on y reviendra mais j'essaie de m'en affranchir aussi maintenant. Donc je fais un métier qui est un métier fabuleux, qui est un peu le métier de mes rêves quand j'étais plus jeune et on y reviendra j'imagine. Et pour terminer la présentation, j'ai écumé pas mal de rédactions. par le passé, passé par Canal+, Antelé, Canal+, BFM TV, Beansport, récemment Amazon, l'équipe, et encore plus récemment TF1. Et puis j'ai commencé à la radio, voilà pourquoi ce podcast m'intéresse.
- Speaker #0
Par retour aux sources. Oui,
- Speaker #1
exactement, j'ai toujours rêvé de la radio, c'était le métier que j'envisageais de faire quand j'étais plus jeune pour plus tard, et c'est ce que j'ai fait, j'ai commencé par la radio. à RMC et c'est vrai que c'est un média qui me manque. J'écoute énormément la radio, je crois que j'écoute plus la radio que je ne regarde la télé. J'écoute plus de podcasts que je ne regarde la télé parce que tout se transmet par la voix, les émotions également. Je sais que je prêche une convaincance. Donc voilà.
- Speaker #0
Et pourquoi pas ton podcast à toi ?
- Speaker #1
Tu y as pensé ? Oui, complètement. C'est dans les tuyaux. Je t'inviterai du coup. On fera à l'heure osée, à l'heure osée. Donc, oui, c'est dans les tuyaux. Après, il faut un peu de temps. Je ne dis pas que tu en as plus que moi, pas du tout. Non, non,
- Speaker #0
non, mais on emploie du temps,
- Speaker #1
c'est compliqué. Il faut faire quelque chose de qualité, c'est ce que tu fais. À la preuve, avec tous les épisodes que tu as faits déjà. Mais je n'ai pas envie de faire quelque chose au rabais. Donc, voilà, c'est un projet et c'est cool que ce soit encore un projet parce que ça me donne envie de l'atteindre et de le réaliser. Donc, j'espère dans quelques mois ou quelques années.
- Speaker #0
Bon, à suivre alors. Oui, carrément. Alors donc effectivement, on va revenir sur le sport, la notion du sport. Est-ce que ça a toujours été une passion, le foot notamment ? Est-ce que tu te projetais en tant que journaliste autour du sport depuis toujours ou c'est venu à toi aussi ? Comment ça s'est passé pour toi ?
- Speaker #1
Je dis toujours, quand on me pose la question, que c'est un peu toute ma vie en fait le sport. Parce que tout... Tout tourne autour de ce sport en question, le foot dont tu me parles. Tout petit déjà, je crois qu'à l'âge de 4-5 ans, on me voyait avec un ballon à la maison avec mes parents. Mon père qui n'est pas spécialement fan absolu de foot d'ailleurs, c'est assez marrant, j'ai eu la passion un peu tout seul.
- Speaker #0
Oui, ça vient d'où, tu ne sais pas ?
- Speaker #1
Aucune idée, j'ai dû voir des potes jouer en bas de chez moi ou à l'école et ça a dû me plaire. Et c'est vrai que ça fait partie de ma vie depuis maintenant. J'ai 40 ans, presque 35 ans, parce que le foot, je m'y suis intéressé à 5-6 ans. Très vite, le métier de journaliste m'a attiré. J'ai commencé à écouter la radio. Je devais avoir 7 ans, je pense, 7-8 ans. Mon père m'avait acheté une sorte de baladeur, tu dois t'en souvenir, un baladeur Walkman on appelait, avec le fameux casque, avec les écouteurs orange en mousse. Et j'écoutais ça et je ne pouvais pas. plus du tout m'en passer. J'écoutais énormément Europe 1 à l'époque, qui avait une émission de sport le soir à 20 heures. Et j'ai découvert vraiment le sport, le foot comme ça en écoutant le soir ces émissions-là, à l'adolescence aussi où là beaucoup écoutaient Skyrock avec D-Foul. Moi je n'écoutais pas du tout ça. J'étais totalement à la marge de mes potes qui eux découvraient un peu la vie grâce à ça. Moi je découvrais le métier que j'allais faire plus tard et j'étais fasciné par cette voix. Il y avait un journaliste... émérite qui bossait le soir sur Europe 1 qui était génial et qui faisait passer des émotions incroyables par la voix et moi j'ai vraiment voulu faire ce métier son métier parce que je ne savais pas exactement quel était le métier quelles études il fallait faire mais j'avais peut-être 12 ans 11-12 ans et je me disais mais c'est vraiment ça je veux vraiment faire ça je trouve ça génial d'être payé pour parler de sport et de foot à la radio je pensais même pas à l'argent à ce moment là je pensais vraiment à la notion de plaisir je me dis mais ça doit être génial tous les jours d'aller au boulot pour faire ça. Et donc, ça a été presque une vocation finalement. Quand on me demandait à l'école, on remplissait ces fameuses...
- Speaker #0
Oui, parce que c'est quand même rare à 12 ans d'avoir déjà ça en soi.
- Speaker #1
Dès que je suis entré au collège, 6e, on me demandait quel métier je voulais faire. J'avais déjà journaliste à la radio. Je m'étais journaliste à la radio. Ça me faisait marrer, mais ça a toujours été une vocation. Donc, le sport, évidemment, je me suis dirigé naturellement au tout début de ma carrière vers ça, parce que je me disais c'est génial de pouvoir être journaliste de sport, parler de...
- Speaker #0
de faire un métier et d'en faire enfin ma passion en faire un métier et inversement je trouvais ça mais les deux fabuleux donc voilà pourquoi je me suis dirigé tout de suite vers le foot parce que ça faisait partie de ma vie depuis depuis pas mal d'années maintenant mais alors entre le vouloir être passionné et y arriver comment comment tu as réussi à te détacher du lot aussi quelque part comment tu réussis à à te démarquer tu sais je pense que on dit souvent que les gens sont
- Speaker #1
programmé. C'est le cas par exemple, je ne me compare pas du tout à lui évidemment, mais c'est une comparaison qui puisse être compréhensible. Mbappé dit souvent, j'étais programmé pour être joueur de foot professionnel parce qu'il avait cette envie, ambition et surtout cette certitude. Moi, je n'avais évidemment aucune certitude que j'allais faire ce métier-là, d'autant que je vivais dans un quartier sensible à Marseille, donc très loin de Paris, très loin de ce métier. Je ne connaissais pas du tout ça, mes parents étaient à cent mille lieues de connaître une personne qui gravitait autour. Mais j'ai eu un Finalement dans ton malheur parfois tu y trouves du bonheur. J'ai été hospitalisé pour un problème de hanche quand j'étais plus jeune. Et en fait j'ai fait la connaissance à l'hôpital d'un mec, d'un homme qui était là pour son fils, qui avait le même âge que moi, qui avait peu ou le coup le même problème que moi. On était dans la même chambre, une dizaine d'années je devais avoir. Et j'ai eu un souci assez important, j'avais un problème au niveau des os qui s'est résorbé. mais le gars le met, voilà exactement c'était assez dur et ce gars là, le mec qui était là, qui était là pour son fils s'appelait, puisqu'il n'est plus là malheureusement, Georges Matera qui était le journaliste phare numéro un de France 3 Région à Marseille. Donc on regardait Georges Matera tous les soirs avec mon père et donc en fait je le vois entrer ce jour là pour voir son fils et c'est la première fois qu'on le voyait et je me disais on le connaît lui et donc effectivement c'était lui et en fait ce gars là ce jour-là m'a expliqué comment faire pour devenir journaliste et en fait il m'a un peu matrixé le cerveau en me disant tu dois faire une école de journalisme il faut être hyper assidu il faut être hyper curieux il faut beaucoup lire il faut t'intéresser à tout et j'ai gardé en mémoire ces mots parfois il suit d'une rencontre et c'est vrai que j'étais sur un lit d'hôpital je ne marchais pas ce jour là j'étais pas très content d'être là et finalement comme si ça avait été un cadeau qu'on me faisait devoir entrer ce journaliste qui était quelqu'un de reconnu dans la région.
- Speaker #0
Tu l'avais vu comme un signe, toi,
- Speaker #1
qui parlait de signe. Oui, carrément, je suis superstitieux, je dessine, j'attache vachement d'importance. J'ai compris que ce mec-là était envoyé pour moi à ce moment-là pour m'expliquer quel était ce métier et comment faire. Donc, y arriver, j'étais... persuadé que j'allais y arriver. Comment ? Je ne savais pas encore, mais je savais à peu près ce que je devais faire pour y arriver. Et c'est vrai que j'ai été vachement sérieux après à l'école. J'étais programmé pour faire ce métier-là. Je savais que j'allais faire ce bac-là, aller à la fac pour faire ça, et après la fac, faire une école de journalisme. Mais ça, je le savais déjà dès que j'avais 12-13 ans. Et en fait, 10 ans plus tard, je suis devenu journaliste après ma rencontre avec ce journaliste-là.
- Speaker #0
T'as pas eu l'occasion de dire ?
- Speaker #1
Non malheureusement mais ça a été quelqu'un d'important alors qu'on s'est vu deux fois dans notre vie mais ça a été quelqu'un d'important dans mon parcours il le sait pas évidemment, il ne l'a jamais su mais moi ça m'a programmé et rien ne pouvait me faire dévier de mon chemin à ce moment là parce que je venais d'un milieu modeste je savais pas comment faire pour m'en sortir entre guillemets et mon ascenseur social passait par les études et par ce métier que je voulais absolument faire
- Speaker #0
Et du coup tes parents ils étaient étonnés de te voir aussi déterminé ou c'était aussi une évidence pour eux parce qu'ils te connaissent et que pour eux c'était aussi fluide que pour toi ?
- Speaker #1
Non, ça l'était pas. Je suis pas sûr que mes parents se soient dit quand j'avais 12, 13, 14, jusqu'à mes 20 ans, il fera ce métier. Vraiment ils ont compris, ils ont pris conscience que je voulais vraiment faire ce métier quand à la fac, année après année je leur disais... Dans deux ans, je vais partir à Paris. Dans un an, je vais partir à Paris. Et en fait, là, il se rendait compte vraiment. Et finalement, jusqu'au jour où j'ai vraiment intégré une école de journalisme et de radio, je ne suis pas sûr qu'avant ça, il disait qu'il aurait une carrière dans ce milieu-là. Parce qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. C'est compliqué de sortir du lot, comme tu le disais. Et surtout à l'époque, il n'y avait quand même pas beaucoup de chaînes, de radio. Ce n'était pas la même chose qu'aujourd'hui. autant internet, les podcasts ça n'existait pas vraiment donc non je suis pas sûr qu'il se soit dit ok il y arrivera, en revanche ma mère m'a ressorti une petite cassette audio que j'ai pu réécouter récemment et c'est vrai qu'à 12 ans je m'étais enregistré un peu comme on le fait là avec un micro et un post cassette où je faisais semblant d'animer une émission avec l'ancien entraîneur de Marseille à l'époque, il s'appelle Roland Courvis qui était à l'OM fin des années 90 Et je m'étais enregistré comme si je jouais le rôle de journaliste sur Europe 1. Et l'ironie de l'histoire, c'est que dix ans après, j'ai fait vraiment une émission avec lui et c'est devenu un ami. En fait, ce qui est dingue, c'est qu'à l'époque, je n'aurais jamais pensé pouvoir faire ce métier-là. Et dix ans après, je l'ai fait en faisant exactement la même chose que ce que j'avais fait sur la cassette audio. Et ma mère m'avait retrouvé ça. C'est fou. Elle m'a fait écouter ça et c'était mignon en fait parce que j'ai une voix évidemment totalement nasillarde. Retravaillée. Retravaillée, oui. Vachement retravaillée. J'étais tout jeune et avec un accent marseillais à couper au couteau en plus. Tu n'as pu ? Non, j'ai bossé pour le perdre. J'étais un peu obligé.
- Speaker #0
Tu as bossé pour le perdre.
- Speaker #1
Je te raconterai si tu veux. C'était marrant de se retrouver dix ans après. Mes parents, je ne pense pas qu'ils se soient dit ça à l'époque, mais ils savaient que c'était mon ambition et je pense que je n'aurais pas pu faire un autre métier que celui-ci.
- Speaker #0
Entre le rêve et la réalité, est-ce que c'est ce que tu espérais ? C'est encore mieux ? Est-ce que tu es complètement épanouie dans ce que tu fais ?
- Speaker #1
En fait, j'ai toujours voulu avoir une feuille de route avec des cases à cocher. Et honnêtement, sans prétention, je suis hyper heureux aujourd'hui de me dire que j'ai pu cocher ces cases-là, que je suis encore en train de cocher d'autres cases. Il y a encore d'autres cases, je te rassure, pour les 20 ans à venir. Mais il y a eu des embûches. Franchement, j'ai perdu du temps à un moment donné. Mais comme dans tout parcours, tu passes par des étapes plus difficiles que d'autres. Mais mine de rien, à l'heure où je te parle, je suis exactement à l'endroit où je voulais être à cet âge-là. Et ça, c'est un vrai luxe. Je m'en suis donné les moyens. Je bosse énormément. Mais j'aime ça. Je suis staccanovis, donc ça me va. Mais en termes d'ambition, oui, je voulais commencer à la radio, à RMC. C'est ce que j'ai fait. Je voulais atteindre Canal à un moment donné parce que c'était le Graal pour un journaliste de sport. C'est ce que j'ai fait. J'ai présenté des émissions que je regardais avec mon père et mon frère quand j'étais plus jeune. Donc rien que ça, c'était juste incroyable. Et puis j'intègre aujourd'hui TF1 qui représente aussi un graal absolu pour un journaliste. Donc oui, les cases sont cochées, mais il y en a plein d'autres encore à cocher. Et heureusement d'ailleurs, parce que sinon, ce serait triste de ne plus avoir d'ambition et de rêve. Je ne me plains pas, je suis hyper content aujourd'hui professionnellement.
- Speaker #0
Et justement, est-ce que là, tu donnes un peu un nouvel élan dans ta carrière, dans tes perspectives, en t'éloignant un petit peu du sport aussi, en allant chercher d'autres choses ? Est-ce que... C'est parce que ça vient à toi ou est-ce que c'est une volonté aussi d'aller découvrir de nouvelles perspectives ?
- Speaker #1
Non, ça fait pas mal d'années que j'ai envie de sortir de... Enfin, pas de sortir du sport, je ne veux pas m'en affranchir totalement. C'est mon ADN, je te le disais au début, c'est un peu toute ma vie et ça le sera jusqu'à la fin de ma carrière et de ma vie certainement. Parce que j'aime ça, c'est une vraie passion que je partage autour de moi, avec mes proches et que je partagerai toujours. En revanche, j'avais... J'ai envie de me challenger et c'est plus dur. Effectivement, quand tu as bossé dans le sport, moi, ça fait presque 20 ans maintenant que je fais ce métier, 18 ans. Dans le sport, c'est très compliqué ensuite d'avoir une image hors sport. Dans ce métier, on met beaucoup d'étiquettes, mais comme dans tout.
- Speaker #0
Oui, c'est marrant parce que c'est un peu comme dans tous les métiers. Dans tous les métiers, une fois que tu es dans une branche, c'est quand même très français.
- Speaker #1
On te met une étiquette et c'est très difficile de décoller. Justement, c'est parce que c'est difficile de la décoller que j'ai envie d'explorer autre chose. Et donc oui, c'est vrai que cette dernière année, je l'ai passé à me tester sur de l'actu générale, sur de l'actu sociétale. Et ça a fonctionné, ça a plutôt bien marché. Et donc effectivement, sur TF1, c'est ce que je ferai, même si je ne quitte pas totalement le milieu du sport, puisque je bosse depuis trois ans, je travaille sur la chaîne L'Équipe, où je donne mon avis sur des matchs de foot, sur des débats foot. Et je continuerai quand même à le faire l'année prochaine, tout en étant en parallèle à TF1. Donc ça, c'est génial de pouvoir continuer ma passion. Je voulais le garder parce que l'équipe est populaire c'est une chaîne qui est vachement regardée et j'ai des super retours depuis que j'y suis, depuis 3 ans de gens qui regardent ça, autour de moi mes proches, des gens dans la rue qui parfois peuvent m'en parler et je voulais pas du tout perdre ça, je trouve que c'est quelque chose qui permet d'être connecté à la réalité et paradoxalement et moi j'ai besoin de ça je viens d'en bas entre guillemets d'un milieu social pas très haut. Et j'ai besoin d'être connecté à ça. Et c'est vrai que l'équipe m'apporte ça. Moi, j'adore y bosser. Et j'adore l'image qu'elle véhicule à l'extérieur. Donc voilà pourquoi je voulais rester aussi là-bas.
- Speaker #0
Et donc, nouveau challenge. Sur quoi tu as envie de te challenger justement en tant que journaliste, en tant que professionnel ?
- Speaker #1
Là, je vais être sur une matinale à partir de la saison prochaine. Donc en termes d'horaire, ça va être... C'est un challenge.
- Speaker #0
C'est un challenge.
- Speaker #1
Pas compliqué, mais différent. C'est déjà une première partie du challenge. Se lever tout le matin. Je n'ai jamais fait ça. J'ai essentiellement travaillé le soir, moi. Le week-end, le soir. Donc, ça n'a rien à voir. Ce serait la semaine, le matin. À l'opposé de ce que j'ai toujours connu. Donc, c'est un premier challenge, effectivement. Et puis, essayer de voir si ma manière de présenter peut se réinventer. Ma manière de raconter les choses. Est-ce que je peux le faire de manière différente sur des sujets qui sont même parfois un peu plus lourds que le sport. Parce que le sport... Évidemment qu'il y a des gens qui prennent ça à cœur et ils ont bien raison, mais ça reste un peu plus léger que l'actu générale qui parfois est vachement anxiogène. Donc l'idée c'est de voir comment je peux raconter ça d'une manière différente, avec un ton différent. Ça c'est un vrai challenge pour moi et de voir jusqu'où ça peut me mener finalement d'avoir une carrière légèrement différente maintenant dans un média vachement mainstream en fait. C'est quand même une chaîne qui est regardée par pas mal de français, c'est considéré comme la plus grande chaîne d'Europe. Donc... Enjeu d'audience tous les matins, savoir l'audience qu'on a fait la veille. Moi, je n'avais pas vraiment ça.
- Speaker #0
Tu n'avais pas vraiment ça ?
- Speaker #1
Non, parce que j'étais sur une chaîne cryptée à Canal+, pendant pas mal d'années. Alors évidemment, on regardait l'audience, mais c'est l'audience de tes abonnés. Donc c'est différent de l'audience des Français qui viennent, qui regardent la télé, qui potentiellement peuvent zapper sur la chaîne sur laquelle tu te trouves. Donc voilà, c'est un vrai challenge tout ça de me dire où est-ce que je serai dans un an, dans deux, dans trois, dans quatre, dans cinq, sur une chaîne comme ça.
- Speaker #0
Et dans tout ce parcours qu'on vient de retracer, Donc là on est dans Elsa Gide, est-ce qu'il y a une action particulière que toi tu avais menée, une décision que tu avais prise à un moment qui peut te revenir là spontanément, en te disant ok c'est aussi grâce à ça, grâce à ce pas ou à cette décision, à ce changement que j'ai effectué, que j'en suis arrivée là où je suis maintenant ?
- Speaker #1
En fait je me souviens d'une action en particulier qui a été une sorte de tournant aussi dans la suite de mes études. C'est que l'école de journalisme, je savais que j'allais en faire une, mais je ne savais pas laquelle, je ne savais pas comment, pourquoi. Et c'est vrai qu'il y a un matin où j'étais seul avec mon frère, mon jeune frère, dont je suis proche, et je regardais un peu sur Internet, sur mon énorme ordinateur, parce qu'on avait des ordinateurs assez gros à l'époque, pour voir où est-ce que je pouvais aller. Et j'en avais trouvé une qui était à Paris. Et en fait, ça m'a travaillé vachement toute la journée en me disant Je vais partir peut-être à Paris et quitter ma famille dans le sud. On était vachement soudés, on l'est toujours. C'était compliqué pour moi de me dire je vais atterrir dans une grande ville, un peu comme un indien dans la ville. Moi, je n'étais jamais venu à Paris. Venir à Paris seul... C'est super dur. Honnêtement, ce n'est pas du tout un cliché, c'est vraiment dur. Le climat, tout, l'accent, la ville, le métro, enfin bref. J'ai vraiment pris conscience que pour réussir dans ce métier-là, en tout cas, réussir comme je voulais le faire et comme je l'entendais, il fallait que je prenne cette décision-là. Et c'est vrai que ça m'avait travaillé toute la journée, alors que pourtant, je n'avais pas du tout candidaté pour cette école. Mais ça devenait réel. Et en fait, j'en ai parlé à mes parents ce soir-là. Et j'ai trouvé ça génial de leur part de me soutenir dans cette décision-là et dans cette envie-là, alors qu'eux ne voulaient pas du tout que je parte. On a toujours été proches.
- Speaker #0
Ils ont compris aussi ?
- Speaker #1
Oui, mais ils ont compris que je devais voler de mes propres ailes et qu'il fallait que je parte pour réussir, en tout cas essayer de réussir dans ce métier-là. Donc ça a été une décision difficile à prendre, mais je l'ai prise et je ne le regrette pas aujourd'hui. Je ne serai pas en face de toi par exemple.
- Speaker #0
Entre autres. Et est-ce qu'il y a dans le domaine, entre professionnels, entre... Autre journaliste, etc. Il y a quelqu'un ou quelque chose qui t'a poussé, t'a soutenu ? Est-ce que tu as une anecdote particulière autour d'un petit plus ? On parle de signe de la vie ou un petit peu de choses que tu as poussé aussi.
- Speaker #1
Il y a une anecdote que je prends plaisir à raconter souvent quand on me pose ce type de questions. Ma carrière a vraiment décollé grâce à une personnalité que tu connais, que tout le monde connaît en France. Et... presque dans le monde entier, un ancien joueur de foot qui s'appelle Thierry Henry, champion du monde 98 avec l'équipe de France, notamment ancien joueur d'Arsenal, qui était consultant récemment pour Amazon. Thierry Henry était joueur encore en 2006. Moi, j'intègre RMC en 2006 en stage. Je dois être en stage depuis une petite semaine, je crois, à peu près là-bas. Donc évidemment, on te donne le travail ingrat à faire. Je n'avais jamais fait de conférence de presse de ma vie. C'est-à-dire conférence de presse dans mon métier, c'est... aller sur place à un événement, tendre le micro, essayer d'avoir une ou deux réactions, et puis ramener ce contenu-là et le proposer à la radio dans laquelle tu bosses. Moi, je ne l'avais jamais fait ça. J'avais une sorte de matériel comme tu as aujourd'hui. Et on me dit en conférence de rédaction le matin, écoute Karim, cet après-midi, il y a une conférence de presse de Thierry Henry qui va présenter son nouvel équipementier de foot. Est-ce que tu veux y aller ? Moi, je dis oui, carrément. Je n'étais jamais sorti de ma vie faire ça. J'étais en stage à l'époque et je dis avec plaisir. Et ils me disent à l'époque, si tu arrives à le mettre en direct sur RMC, lors de cette conférence de presse, qu'ils nous disent deux, trois mots avec les consultants qui étaient en direct à 18h à cette époque-là, tu es un génie, mais tu n'y arriveras pas. Donc évidemment, en me disant ça, j'avais qu'une envie, c'était de réussir ça. Mais c'est très compliqué parce qu'il y avait beaucoup de journalistes qui étaient là, présents dans cette salle. Moi, tout jeune journaliste débarquant de Marseille, très compliqué de me faire une place. Et en fait... J'ai été assez malin, je me suis engouffré dans les coulisses en fait. Je n'ai pas du tout assisté à la conférence de presse, je me suis dit en attendant dans les coulisses, le seul objectif plutôt que d'avoir du son un peu moyen, blabla de ce qu'il devait raconter, autant essayer de le mettre en direct directement à l'antenne et tenter ma chance. Donc j'ai appelé RMC, c'était la radio RMC, j'ai appelé la régie d'RMC en leur disant restez en alerte au cas où le fameux tyran ripasse et que je vous le mette en direct. Et donc il passe devant moi, je le prends par le bras. et je lui dis monsieur Henri est-ce que c'est possible de faire un direct pour RMC donc il me toise vraiment il me regarde à peine il me dit mais quoi il comprend pas trop et là je lui dis je suis stagiaire je viens de commencer RMC honnêtement si vous prenez ce téléphone ça change un peu ma vie quoi et il me regarde vraiment ça dure peut-être 4 secondes mais j'ai l'impression que ça durait 2 heures et il me jauge en fait et il se dit vraiment je fais ouais vraiment en rigolant il me dit ok donc il prend le téléphone et il fait euh 30 minutes de direct sur RMC. Il n'avait plus parlé à la presse française depuis deux ans. Presse française confondue. Et il raccroche le téléphone au bout d'une demi-heure. Moi, je jubile, évidemment, intérieurement. Je suis comme un dingue. Et il me dit, j'espère que ce coup de fil, enfin ce direct, changera ta vie, du coup. Et je récupère le téléphone. Je fais merci, merci. Et je rentre à la rédaction, tout content, évidemment. Une heure après, je me fais applaudir par toute la rédaction.
- Speaker #0
Ah là là, énorme.
- Speaker #1
Et trois jours après, j'obtiens mon premier contrat. RMC, dix jours après je commence à l'entraîner chez eux parce qu'ils me considéraient vraiment quoi ils se sont dit c'est le mec qui a mis Thierry Henry en direct sur RMC alors qu'il n'avait plus parlé depuis deux ans à la radio quoi à la presse française en général et en fait ça a été un accélérateur de carrière incroyable c'est à dire que le culot m'a aidé moi j'avais encore mon accent marseillais mon culot m'a aidé à avoir à avoir ce moment là privilégié avec lui ça m'a aidé dans ma carrière parce qu'ils m'ont considéré ils m'ont trouvé crédible tout de suite parce que j'ai réussi à avec panache à mettre ce mec là à l'antenne qui est quand même une personnalité reconnue mondialement et j'ai obtenu mon premier contrat et c'est vrai que ça m'a mis en confiance parce que derrière en étant sur l'antenne d'RMC très vite j'ai pris confiance à l'antenne et en fait j'ai bénéficié d'opportunités à chaque fois j'ai été là au bon moment.
- Speaker #0
Tu étais crédible très rapidement en fait avec cette audace que tu as vu. Oui, le côté je vais ailleurs par rapport aux autres. Il y a eu plein d'éléments. Tu nous as raconté.
- Speaker #1
Exactement. Et en fait, ça m'a aidé. Ça m'a suivi. quasiment toute ma carrière parce que je me suis dit tout est possible en fait maintenant j'ai juste allé taper aux portes et ça marche ça marche ça marche pas tant pis un peu comme dans tout et boucler cette histoire il est devenu un ami donc ça c'est marrant on a bossé ensemble on a travaillé ensemble sur amazon pendant trois ans quasiment c'est la belle histoire ouais et il s'en souvient c'est ça qui est dingue c'est qu'il se souvient de ce moment il se souvient de qui j'étais comme vous avez reparlé de comment lui l'a vécu par lui il s'est dit en fait il me dit on peut fait passer des émotions parfois, on entend des choses. C'est pas toi que je vais l'apprendre. En fait, il y a eu un feeling tout de suite entre lui et moi là-dessus. Il a compris qu'il pouvait m'aider vachement sur ce moment-là, et ça a été le cas. Ça m'a permis de présenter bien plus tard des émissions avec lui, où j'en étais le présentateur et lui mon consultant. C'était génial. C'était fou. C'est devenu un pote. J'ai été chez lui à Londres. On se parle encore quasiment toutes les semaines. C'est top de pouvoir vivre ça. Et moi, ça m'a mis en confiance vraiment dans ma carrière d'avoir vécu ce moment-là privilégié. Et toi, finalement, quasiment au tout début de ma carrière, ce qui m'a aidé après derrière dans tout ce que j'ai pu entreprendre.
- Speaker #0
Merci pour cette anecdote. Je voulais revenir aussi sur un autre sujet d'actualité, de société autour de l'action des femmes dans ton métier, journaliste. Je pense au travail de Marie Portolano. Je vois ton sourire.
- Speaker #1
Je savais que tu allais me parler de ça. C'est vrai ? Bah oui, bien évidemment.
- Speaker #0
Surtout que c'est d'actualité, elle sort son livre. Et je voulais savoir, alors, à la fois ton positionnement, mais aussi, puisque ça fait 20 ans que t'es dans le métier, ce que tu as vu comme évolution, ce qui reste peut-être encore à changer, ton point de vue, voilà, comment tu te situes par rapport à tout ça ?
- Speaker #1
Et avant son livre, il y avait son documentaire qui avait été fait à l'époque où il était encore à Canal, qui s'intitule... Je suis journaliste, je ne suis pas une salope. C'est un documentaire qui a fait beaucoup de bruit, et d'ailleurs, tu en parles aujourd'hui aussi, Émilie, son livre a été une sorte de suite à ce documentaire. Ce doc a fait prendre conscience à beaucoup d'hommes et de femmes, au final, qu'il y avait un vrai problème dans notre société de manière générale, mais elle a mis le doigt et l'accent à la pointée du doigt dans ma corporation, le journalisme de sport, où effectivement... Les femmes subissent un matisme exacerbé, important depuis de nombreuses années. Il y a de plus en plus de femmes, et on s'en félicite, qui accèdent maintenant à des postes importants dans ce milieu-là, mais pas assez, et Marie a voulu donner la parole à ces femmes qui ont subi des pressions, des violences sexistes, des remarques sexistes dans le milieu du journalisme de sport. Et ce doc a fait un bien fou, je pense, à mon métier. Moi, j'étais évidemment pour. Elle m'a parlé de ce documentaire bien en amont. On est très amis tous les deux. On se connaît depuis, je crois, 2010, donc 14 ans. Et Marie m'en a parlé peut-être 2-3 ans avant de le sortir. Elle avait déjà envie de faire ça. Elle avait pris quelques remarques sexistes à Canal. J'en avais été témoin. Je m'en étais offusqué, d'ailleurs, auprès des principaux intéressés. Avec Marie, on a toujours eu cette relation-là au boulot très proche. Une relation d'ailleurs non genrée. Ce n'est pas parce qu'elle s'appelle Marie Portolano, ce n'est pas parce que c'est une femme que je suis obligé de genrer ma relation avec elle. C'était un pote en fait, Marie, c'était un pote. Un très bon ami, je veux le dire comme ça, même si c'est une très bonne amie. Et on a souvent travaillé en duo. D'ailleurs, c'est la seule personne avec laquelle j'ai pu faire des duos à Canal. Et ça s'est toujours, toujours très bien passé. En priorité grâce à Marie, parce que Marie est quelqu'un d'intelligent. et grâce à elle les émissions se passaient bien mais aussi je pense et elle me l'a dit donc je me permets de le dire parce que je ne genrais pas ma relation
- Speaker #0
en plateau avec elle. Les journalistes de sport, les hommes ont tendance à vouloir avoir le lead quand ils sont en duo avec une femme. Mais j'allais dire peut-être dans la société de manière générale, moi je ne voulais pas forcément être leader de l'émission quand j'étais avec Marie. Marie et moi, on était deux journalistes à cet instant-là qui présentaient une émission et ce n'est pas parce que je suis un homme que je devais forcément dire bonjour et au revoir à la fin. et d'ailleurs c'était l'inverse, Marie accueillait les gens et je disais parfois au revoir, enfin bref on ne gérait pas du tout notre relation notre duo à l'antenne et je trouve que c'était une bonne chose, c'est un beau message que l'on délivrait de manière générale aussi à Canal et puis à l'extérieur donc je trouve que ce doc là, je trouve que ce que Marie a pu laisser comme héritage aux futurs journalistes journalistes femmes qui accéderont à ce milieu est primordial, c'est vraiment essentiel et Il faut montrer ce documentaire dans les écoles de journalisme aujourd'hui. Je pense que c'est une nécessité pour que les femmes se sentent en confiance, les apprentis journalistes, femmes se sentent en confiance avant d'arriver dans un milieu comme ça.
- Speaker #1
Et toi, tu as vu une évolution aussi entre tes débuts et maintenant sur ces sujets ou même un peu plus large sur l'intégrer plusieurs personnes, différentes personnes, l'égalité, etc.
- Speaker #0
Alors sur l'égalité homme-femme, après je parlerai d'autres discriminations. Oui, il y a une évolution parce que ma génération est celle qui arrive en dessous. Moi, j'ai 40 ans. Celle qui arrive encore en dessous, je vais dire celle de 30 ans, a conscience que, grâce à MeToo, on peut faire n'importe quoi, en fait. Et heureusement. Et donc, je pense que ça a freiné les ardeurs de beaucoup, beaucoup d'hommes au boulot, mais de manière générale, en dehors même du journalisme de sport, dans le cinéma notamment, je pense que la libération de la parole à des femmes fait prendre conscience à certains hommes qu'il n'y a plus d'impunité. On ne peut plus agir en toute impunité. Donc, Je trouve que oui, il y a eu une évolution positive, parce que fatalement, le temps avançant, les journalistes de l'époque qui se permettaient ce genre de choses, soit partent à la retraite, soit ont arrêté ce job, soit sont en fin de carrière. Et donc ceux qui les remplacent ont conscience maintenant qu'ils ne peuvent plus faire n'importe quoi sous peine d'être sanctionnés. Et je trouve que c'est une bonne chose. En revanche, sur les autres discriminations, je pense qu'il y a encore un travail à faire. des gens d'origine étrangère, sur des gens d'orientation sexuelle différente. Je pense qu'il n'y a pas assez de représentativité dans les médias. Je pense qu'il faut qu'il y en ait plus. Il y a beaucoup trop de tabous encore et d'omerta autour de ces sujets-là. La libération de la parole des femmes, c'est bien. Il faut qu'il y ait d'autres libérations, entre guillemets. Et il faut qu'on prenne ce sujet à bras-le-corps et de manière très sérieuse. Et comme ça a été fait, pourquoi pas faire un documentaire un jour, peut-être que je le ferai, sur les autres discriminations vécues par certaines personnes dans ces jobs-là. Donc voilà, il y a encore du travail à faire là-dessus, je pense, mais je suis content qu'il y ait cette évolution positive pour les femmes, parce que ça appelle une autre évolution positive pour les autres discriminés dont je parle.
- Speaker #1
Oui, et puis effectivement, il y a des mouvements et des faits marquants comme ce qu'on vient d'évoquer avec Marie, mais aussi toi, quand tu prends la parole et que tu dis ce genre de choses, tu es quand même suivi sur les réseaux, il y a des jeunes qui te suivent, etc. Donc ta parole a aussi une valeur et tu as ton impact aussi dans cette action finalement, en ayant ces propos et en ayant cette envie en tout cas de partager cette idée.
- Speaker #0
C'est clair, merci Amélie de le dire parce que c'est vrai qu'il y a peut-être dix ans... Je n'avais pas conscience de ça. Je n'ai jamais voulu être une sorte de porte-drapeau. Loin de moi, cette idée. En revanche, je me rends compte maintenant, après quasiment 20 ans de carrière, que je peux le faire. Je suis légitime de le faire. Et surtout, je me dis, si je peux aider un gamin qui a un prénom à consonance maghrébine, par exemple, ou africaine, ou même étrangère, quel que soit le pays, et qui a envie de faire ce métier-là, qu'il se dise... ok c'est possible, je ne suis pas le seul d'ailleurs et heureusement, mais ok c'est possible je peux m'appeler comme ça et pourquoi pas aussi réussir dans cette voie là, il n'y aura pas de barrière si il y en aura, mais il faudra les éviter, les sauter mais c'est possible, on peut y arriver et c'est vrai qu'il y a 10 ans je ne me sentais pas légitime de pouvoir dire hé les gars c'est possible de le faire regardez, écoutez, regardez-moi écoutez-moi, je trouvais que ça faisait prétentieux de le dire et de le faire, aujourd'hui je ne pense plus que ça Ça fasse prétentieux, je pense que ça peut aider dans la mentalité de certaines personnes, de certains étudiants qui hésiteraient à faire ce job-là, qui hésiteraient à faire des métiers d'image parce qu'ils ont peur, ils auraient peur de ne pas y arriver. Je pense qu'aujourd'hui, moi entre autres, avec beaucoup d'autres personnes, et je suis content de dire beaucoup d'autres personnes, on montre que c'est possible d'y arriver même quand vous êtes issu d'une mixité, moi c'est mon cas, avec des parents ou un... un des deux parents d'origine étrangère.
- Speaker #1
Et autour de l'action, toujours, j'avais envie de savoir si tu avais des femmes qui t'ont inspiré ou qui t'ont donné envie d'agir, ou en tout cas qui ont été moteurs dans celui que tu es maintenant, dans ton métier ou autre.
- Speaker #0
La première, ma mère déjà. Je ne serais rien sans elle. Et elle a une force, une abnégation que je n'ai jamais vue chez une autre femme. Et donc pour ça, je la remercie. Je ne la remercierai jamais assez. parce que j'ai vu ses combats et ça m'a aidé à être ce que je suis aujourd'hui. Et c'est vraiment pas galvaudé de dire ça, honnêtement. Et puis l'une des femmes qui m'a inspiré pour mon boulot, pour être journaliste, je regardais un peu avec des yeux écarquillés les émissions de Canal+, au début des années 2000, et il y avait une femme qui s'est tout de suite détachée, avec laquelle j'ai travaillé par la suite, avec laquelle j'ai fait de l'antenne par la suite, qui s'est tout de suite démarquée par son tempérament, par son... Son bagou à l'antenne, c'est Nathalie Yaneta, qui est aujourd'hui la patronne des sports de Radio France, qui a été longtemps présentatrice phare à Canal+, qui a été aussi sur TF1 récemment, qui a bossé dans les institutions aussi pour l'Euro 2016 aux côtés de François Hollande. Elle a été une sorte de conseillère sport de François Hollande à l'époque du quinquennat Hollande. Donc une femme multi-casquette, multi-facette, et c'est logique vu la qualité et le talent qu'elle a. Elle a dû pousser des barrières, on en a parlé ensemble longtemps. Elle a vécu dans un milieu machiste de journaliste. D'ailleurs, elle témoigne dans le documentaire de Marie où il fallait faire sa place. Et franchement, je pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui voulaient l'embêter, Nathalie. Parce qu'elle avait une telle gouaille que les mecs de l'époque évitaient, à mon avis, de l'embêter. Mais oui, elle m'a inspirée. comme d'autres, mais elle en particulier, parce que c'est mon job.
- Speaker #1
Tu t'en souviens aussi. Oui,
- Speaker #0
mon métier, mais je peux citer Estelle Denis, par exemple, que j'ai connue aussi, avec laquelle j'ai aussi travaillé. On se connaît bien. Et pareil, Estelle a été une sorte de femme inspirante, parce que beaucoup de talent à l'antenne, beaucoup de bagout. Je parle souvent de bagout et d'aisance à l'antenne. Et Nathalie et Estelle sont deux femmes dans ma corporation, mon métier, qui sont hyper inspirantes, qui ont inspiré, non pas... Enfin... pas que des femmes, mais aussi beaucoup d'hommes, et ça c'est une vraie victoire pour elles pour les deux donner envie à des journalistes mecs de faire ce métier là, ça prouve que les mentalités ont changé et voilà, elles font partie des journalistes qui m'ont donné envie d'être là et de te parler de ma carrière et ma fierté ça a été de faire de l'antenne après avec ces femmes là et de travailler à leur côté aussi donc ça a prouvé peut-être que j'avais réussi dans ce métier parce que j'avais réussi à les rejoindre...
- Speaker #1
C'est très fort d'avoir cette inspiration autour de figures féminines, surtout que là on parle de foot autour d'un milieu où c'est quand même encore...
- Speaker #0
Plein de femmes qui m'ont inspiré dans le journalisme et même ailleurs.
- Speaker #1
Oui, mais là en plus c'est encore plus fort, toi, cette parole. D'ailleurs, est-ce que tu pourrais nous donner ta définition d'agir ? Qu'est-ce que ça signifie pour toi ? Comment ça résonne pour toi dans ta vie, l'action ?
- Speaker #0
En fait... C'est un terme noble en fait, agir, c'est un verbe hyper fort. Mais moi, je vais prendre le contre-pied, je te dirais, agir, c'est ne pas renoncer, pour moi. Agir, c'est d'être toujours dans l'action, évidemment, par définition. Et notamment quand tu te heurtes à plusieurs difficultés dans la vie, dans ma vie professionnelle par exemple, je vais rester sur ce thème-là, j'ai dû être systématiquement dans l'action, parce que sinon, ça voulait dire que je renonçais. Et donc j'ai pu renoncer, j'aurais pu renoncer à de nombreuses reprises à mon arrivée à Paris. Moi je viens de Marseille, à mon arrivée à Paris avec toutes les difficultés que j'ai pu rencontrer. Certaines personnes qui voulaient peut-être me mettre des bâtons dans les roues. Et non, je ne renonçais pas, donc j'étais dans l'action. Pour moi, agir c'est ne jamais renoncer. Et c'est un peu mon leitmotiv, c'est ma principale source de motivation, c'est de ne jamais renoncer. Pouvoir être dans l'action en permanence. Et c'est le cas encore aujourd'hui. Et ce sera, je l'espère, le cas jusqu'à la fin de ma carrière, ce qui me donnera des objectifs. En fait, quand tu ne renonces pas, par opposition, tu te fixes de nombreux objectifs. Et en fait, c'est ce qui me permet, moi, d'avancer dans mon job. Jamais je me suis senti arriver en me disant Ok, c'est bon, j'ai signé tel contrat à tel endroit, c'est cool, j'ai atteint ce que je voulais atteindre. Canal+, c'était une sorte d'objectif presque absolu pour moi de travailler. De graal. Oui, un peu, dans mon métier, de travailler avec les personnes dont je viens de te parler. présentait des émissions que je regardais quand j'étais plus jeune à la télé. Bon bah c'est bon, comme disent les jeunes, j'ai fini le jeu. Mais en fait non, j'ai pas fini le jeu, le jeu est extensible et infini et moi c'est ce que je me dis maintenant. Il faut absolument que j'arrive à atteindre des objectifs tous les ans, tous les 2, 3, 4, 5 ans, donc je me fixe ces objectifs là. Donc agir pour moi c'est ne jamais renoncer, ne jamais t'appuyer sur tes acquis et te reposer sur tes acquis en te disant ok c'est bon le jeu est terminé. je peux me reposer maintenant, je fais mes trucs jour le jour, au quotidien. Moi, je ne renonce pas.
- Speaker #1
Alors, tu vas aller jusqu'où ?
- Speaker #0
Le plus loin possible.
- Speaker #1
Tu as des choses en tête ?
- Speaker #0
Oui, honnêtement, je ne vais pas me fixer d'objectifs à court terme. Je vise toujours les années qui arrivent dans les 10 ans à venir où je me vois. Si tu me posais cette question dans les 10 ans à venir, Je vais être très franc avec toi et je n'y arriverai peut-être pas. Mais je dis juste peut-être. Je suis très ambitieux et je me dis pourquoi pas présenter un jour le 20h sur une grande chaîne RDN. Enfin, quand je dis RDN, France 2, TF1, M6, pourquoi pas, parce qu'il y a aussi des éditions le soir.
- Speaker #1
On revient à ce que tu disais au début de l'épisode avec la mentalité un peu comme Mpapé où quand tu es focus sur un objectif, toi, tu lâches pas.
- Speaker #0
Mais tu vois, c'est un vrai... Parfois, en France, on dit... Je trouve ça arrogant de dire que l'on ressent. J'étais aux Etats-Unis récemment, en Californie, et ils n'ont absolument pas la même mentalité. C'est-à-dire que eux, quand ils affichent leurs ambitions, c'est noble, c'est vertueux, bravo, on leur dit bravo, c'est cool, les gens sont contents de la réussite des voisins et des gens qui les entourent. En France, quand tu affiches un peu trop tes ambitions, on va tout de suite te ranger dans la catégorie des gens vaniteux et ceux qui se la racontent pour parler vulgairement ou ceux qui sont arrogants. et en fait non, moi j'ai pas envie d'être arrogant je pense pas l'être j'ai juste envie d'être ambitieux ce qui me motive au quotidien et ça me permet de me lever chaque jour pour me dire j'ai la niaque il faut que je fasse le meilleur job possible, la meilleure émission possible la meilleure chronique possible et donc les objectifs que je me fixe maintenant ce sont ceux-là et ça ne marchera peut-être pas mais je m'étais fixé comme objectif d'arriver un jour sur TF1 pour être franc avec toi, j'y ai signé je suis très heureux d'avoir signé à TF1... Parce que c'était un vrai objectif de vie dans ma vie professionnelle qui est arrivé une fois que j'avais été à Canal. Je ne m'étais jamais fixé comme objectif avant d'arriver à Canal+, d'aller à TF1. Mais une fois à Canal, je me suis dit qu'est-ce qu'il y a de plus fort, de plus grand, de plus haut ? La plus grande chaîne d'Europe, c'est TF1. Donc, il va falloir que j'aille un jour sur cette chaîne-là. Donc, aujourd'hui, j'en suis très heureux. Mais je ne m'arrête pas là. Il faut que j'arrive à performer là-bas pour qu'on reconnaisse mon travail au mieux.
- Speaker #1
Tu arrives à savourer quand même. La réussite, le moment ?
- Speaker #0
Non. Non, franchement, non. C'est mon problème, mais c'est aussi une force, je pense, de ne pas... En fait, c'est pas juste avouer. J'ai peur de renoncer, entre guillemets. J'ai peur de ne plus agir et de ne plus être dans l'action. C'est-à-dire me poser un jour, avoir un verre à côté de moi et me dire, bon, c'est bon, je peux savourer maintenant, je suis arrivé. En fait, non, on n'est jamais vraiment arrivé. Enfin, comme toi, comme les gens qui nous entourent. C'est ce qu'on inculque aux enfants qui nous entourent. Donc, on leur dit, il faut aller encore plus loin, encore plus haut. C'est pareil pour nous, on est des éternels enfants et il faut se fixer des objectifs. Pour moi, en tout cas, c'est ma manière de fonctionner en permanence. Donc non, je savoure pas trop, mais je suis toujours très reconnaissant de la réussite qui peut m'accompagner, que j'ai provoquée aussi parce que je travaille pour. Oui,
- Speaker #1
oui. Merci beaucoup Karim.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
C'était un vrai plaisir.
- Speaker #0
Pareil, de même.
- Speaker #2
J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter. Et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com A très bientôt !