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En un battement d'aile

26. Les stations de ski face au défi du dérèglement climatique

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36min |19/02/2025
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Description

❄️ Les vacances d’hiver battent leur plein, mais sur les pistes, une réalité s’impose : la neige se fait plus rare, et l’avenir du ski est en suspens. Le dérèglement climatique menace les stations, en particulier celles de moyenne altitude.


🌍 En France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu’ailleurs : au cours du XXème siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2°C, contre +1,4°C en moyenne dans le reste du pays. Et la neige artificielle, coûteuse et incertaine, ne suffira pas à enrayer la tendance. Face à cette impasse, certaines stations, comme La Sambuy en Haute-Savoie, ont fermé. D’autres, à l’image de Métabief dans le Jura, anticipent l’inévitable et engagent une transition vers un autre modèle économique et touristique.


🎧 Dans cette première partie, nous explorons la situation des stations de ski face au défi climatique : quels sont les impacts du réchauffement en montagne ? Et quelles réponses commencent à émerger ? Et à noter que vous pourrez retrouver dès la semaine prochaine la suite de cet épisode.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Les vacances d'hiver ont débuté la semaine dernière et avec elles l'arrivée des premiers vacanciers. Pourtant, selon une récente étude du Credoc, moins de 10% des Français partent au ski. Depuis la fin des années 2000, la pratique du ski stagne, voire recule. Les habitudes des Français évoluent alors que les stations font face à un défi majeur, le réchauffement climatique. En Europe, la plupart des stations de ski sont directement menacées par la diminution de l'enneigement. Et en France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu'ailleurs. Au cours du XXe siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2 degrés contre 1,4 en moyenne dans le reste du pays. Aujourd'hui, 40% des pistes dépendent des canons à neige, une solution coûteuse en eau, en énergie et surtout incertaine car elle repose sur des températures suffisamment basses de plus en plus rares. Dans ces conditions, les stations de moyenne altitude, c'est-à-dire sous 2000 mètres, sont à un tournant, s'adapter ou disparaître. Certaines, comme la Sambuy en Haute-Savoie, ont déjà fermé leur remontée mécanique faute d'enneigement suffisant, tandis que d'autres cherchent des alternatives. Métabief, dans le Jura fait figure de pionnière, en 2020, elle prend acte de la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et engage sa transition vers un modèle 4 saisons. Alors quel avenir pour les stations de ski dans un monde qui se réchauffe ? C'est la question que nous allons explorer dans cet épisode d'En un battement d'ailes. La route est étroite pour monter jusqu'à la Sambuie, une toute petite station située à 1100 m d'altitude au bout du lac d'Annecy dans les Boges. Il s'agit en réalité d'un stade de neige, pas d'hébergement, un seul télésiège, trois téléskis. Le 14 juin 2023, le conseil municipal de Faverge-Seythenex, dont dépend la station, votait sa fermeture en cause l'absence de neige et un lourd déficit. Bonjour Valérie, ça va ?

  • Valérie Paumier

    ça va ! Et vous ?

  • Florence Gault

    Enchantée. Désolée pour le retard. Quelques bouchons sur la route et me voilà avec un léger retard. Sur le parking des airs, l'ambiance est étrange, presque irréelle. Valérie Paumier m'attend, elle est la fondatrice de l'association Résilience Montagne qui lutte pour protéger la montagne des conséquences du dérèglement climatique. C'est là,

  • Valérie Paumier

    c'est là. Vous étiez déjà venue ?

  • Florence Gault

    Dans ce coin-là, non...

  • Valérie Paumier

    La Sambuy, on est au bout du lac. Moi, je me rappelle gamine. Je suis de Saint-Joriot, moi. Donc, je me rappelle gamine. C'est la station où on venait quand il venait de neiger. Il fallait être bon skieur. Ce n'était pas tracé. Ce n'était pas damé. C'est le coin des randos. Là, je voyais des gens qui montaient en ski de rando.

  • Florence Gault

    Courageux.

  • Valérie Paumier

    Oui, mais bon, la balade est jolie. Parce que quand on est en haut, c'est magnifique. On voit les bauges de l'autre côté. On voit le Mont Blanc au loin. Il y a le lac dans le temps. Et on voit tout autour, il y a une vue plongeante sur la vallée d'Annecy, sur la vallée du lac. C'est superbe.

  • Florence Gault

    Vous avez appris à skier ici ?

  • Valérie Paumier

    J'ai appris à faire du ski de rando avec mon père. Ce qui est étonnant, c'est qu'on est fin janvier. S'il a neigé à Noël, on s'aperçoit quand même que ce n'est pas skiable.

  • Florence Gault

    On peut essayer d'aller voir si c'est ouvert. Donc là on est devant le restaurant L'Avalanche, fermé aujourd'hui.

  • Valérie Paumier

    On comprend l'inquiétude de ce restaurant finalement,

  • Florence Gault

    pour un restaurant qui était ouvert 7 jours sur 7. On imagine à quel point ça peut être compliqué pour les professionnels du secteur.

  • Valérie Paumier

    C'est sûr, mais d'un autre côté, vu l'enneigement aujourd'hui, si on reste sur ces infrastructures sans investissement, de fabriquer la neige, ça... Comment il équilibre son bilan avec des frais de fonctionnement et le peu de passage occasionné par cette météo et ce climat ?

  • Florence Gault

    Ça oblige nécessairement en tout cas à se réinventer, à faire des choses différemment, c'est impossible à maintenir en état.

  • Valérie Paumier

    En fait c'est triste parce qu'on se rappelle avant qu'on est là. Et en fait, on se prend le climat dans la figure. Quand on voit, on voit tous les lichens, on voit tous les... Il y a tout qui ressort. Là, ce n'est pas skiable, en fait.

  • Florence Gault

    Ca vous procure de l'émotion, là ?

  • Valérie Paumier

    Oui, parce qu'en fait, on dit toujours que la montagne rend visible l'invisible. Et là, moi, je vois les sapins morts. Il y a plein d'épicéas scolités et malades partout. Regardez en face. Ce n'est pas l'hiver, ça. C'est forêt malade. Le manque de neige.

  • Florence Gault

    Vous, votre carrière, elle démarre assez loin des enjeux écologiques. Vous avez travaillé pour la Commission européenne au Gabon, pour le Consulat de France à Hong Kong, puis dans le développement immobilier en montagne en Suisse. Et vous dites que vous avez shifté à un moment. Il se passe quoi dans votre vie pour vous dire « Ok, j'arrête tout et là, il faut que j'aille me battre pour défendre la montagne. »

  • Valérie Paumier

    Pas soudain. Je me posais déjà quelques questions en interne. J'ai fini dans la promotion immobilière en montagne. Ou lorsque je pose des questions aux dirigeants ou au bureau d'études ou aux architectes sur la nécessité d'aller péter une forêt pour y mettre 400 chambres, 5 étoiles et donc amener la neige artificielle qui va avec et tout ce qu'on connaît. J'interroge déjà en fait. Et on me dit c'est comme ça et c'est comme ça. Je vois dans ces entreprises des employés qui se posent des questions. C'est-à-dire que les bureaux d'études le font parce qu'il faut manger à la fin du mois. Les ingénieurs qui utilisent la faisabilité des projets le font, mais sont en dissonance tous. Finalement, il n'y a que les dirigeants qui y vont parce que les bilans sont bons. Mais le reste de la boîte est en souffrance. Et il y a un moment... On n'est plus en accord avec ça, donc je freine des cas de fer, je pose des questions qui dérangent, je me dis est-ce qu'on cherche des solutions alternatives, est-ce qu'on ne peut pas construire de propre ? Et quand le sujet c'est l'artificialisation, quand on comprend les sujets de biodiversité qu'il y a derrière, d'eau, d'émissions, de voitures, de mobilité, en fait on ne peut plus dire qu'on trouve la solution à construire en bois qui serait plus propre que du béton. Et donc oui, j'entends cette conférence. qui se déroule aux mines Paris Tech. C'est Jancovici, qu'on n'aime pas, n'empêche c'est lui qui me donne une réponse à toutes mes questions qui commencent à être prégnantes et je n'arrive plus à vivre avec.

  • Florence Gault

    Et vous créez Résilience Montagne ?

  • Valérie Paumier

    Alors pas tout de suite. Au début, je me dis, je vais aller les voir là tous, les copains des ministères, les copains dans le business qui gagnent 8 millions de dollars. Je vais aller les voir et leur dire, c'est grave. Eh ben, je prends quelques baffes, je me dis mais pour que je prends, mais n'importe quoi, et tu manges de quoi, et tu deviens écolo, tu te Ausha, des mots qui n'étaient pas de mon vocabulaire ou de ma compréhension du problème, et je m'aperçois qu'ils sont comme moi 15 jours avant, et que qui je suis ? pour prétendre amener une parole différente à des gens qui ont tout le temps fait comme ça, et c'est ce que je faisais avant. Donc je me mets sur LinkedIn, et tous ceux qui sont appelés des experts de la montagne, je leur rappelle qu'ils sont lobbyistes. Et ça commence comme ça en fait. Non, toi, tu n'es pas le syndicat qui veut le bien en montagne, tu es le syndicat pro-ski et tu es toi-même promoteur immobilier. Et puis, je me suis fait un petit peu taper dessus sur LinkedIn, mais ça m'était égal en fait, tant que j'étais en ligne. L'idée, ce n'était pas non plus de faire du lancement d'alerte, c'était de dénoncer le modèle en fait et d'expliquer le modèle tel que je l'avais vu moi. Et à un moment, elle dit « mais tu parles au nom de qui ? » Je dis « bah ouais, qui je suis en fait ? » « Bah rien. » Alors soit je montais un cabinet de conseil, et je ne savais pas quel modèle j'allais mettre, mais je faisais du conseil, soit je faisais une association, et j'ai dit « s'il faut une entité qui représente ma parole, ça sera une association, et elle est résilience montagne. »

  • Florence Gault

    Donc le but, c'est à la fois de faire du plaidoyer autour de ces enjeux-là, de sensibiliser aussi le grand public via les réseaux sociaux, via des actions que vous menez en place pour alerter. On voit sur les réseaux sociaux qu'à des moments, ça vient bousculer, répondre de manière un peu virulente. C'est difficile de porter cette parole-là ?

  • Valérie Paumier

    Ce n'est pas difficile, parce que j'essaie de me dire que c'est la vérité.

  • Florence Gault

    C'est violent,

  • Valérie Paumier

    ça peut être violent que ce soit comme on le prend. Moi, je vais bien dans ma vie. quand ça ne va pas, je quitte mon écran, je prends mon vélo, je monte en montagne, je fais autre chose, et j'ai une autre vie que d'être derrière mon écran à dire « qu'est-ce qu'il fait celui-là ? » . Alors oui, là ça se tend, surtout que géopolitiquement ça se tend. Donc les personnes qui n'osaient pas trop parler avant, ou qui mettaient en doute une parole, ou qui étaient un peu sceptiques sur les sujets, aujourd'hui sont confortées par un contexte géopolitique qui leur donne raison. Donc là, il n'y a plus de filtre. Et il n'y a vraiment plus de filtre. Et je l'ai vu récemment à la Clusaz, on avait monté Sauvon-Bourgard avec un multi-collectif et d'associations pour lutter contre une bassine d'altitude. où ça a chauffé fort en fait. Il y a une famille qui a dû déménager, des enfants qui ont été pris à partie à l'école, des gens qui habitent dans le village qui ont du mal à continuer à y vivre. Un monsieur moniteur et moi-même qui avons été menacés de mort dans un restaurant par un conseiller municipal qui est toujours en place. Ça peut être très violent. Et puis, on apprend ça au fur et à mesure, mais au départ, bêtement et naïvement. Je m'étais dit que tant qu'on ne va pas dans la diffamation, tant qu'on ne va pas dans le mensonge et honté, et tant qu'on ne dit pas aux gens « tiens sale con, il ne faut pas le faire, il ne faut pas le dire » , de toute façon on n'agressait pas et on a le droit de donner notre avis, et on a le droit de se battre contre un projet qui n'est pas dans les clous au niveau du droit. Pour moi, j'avais cette idée-là, sauf que ce n'est pas ça idéologiquement.

  • Florence Gault

    Alors revenons sur ici la Sambuy, station de ski qui a fermé ses portes. La décision a été prise à l'été 2023. Vous avez donc choisi, quand on a préparé cette interview, qu'on se retrouve ici. Pourquoi ce lieu ? En quoi il est le reflet aujourd'hui de ce qui se joue en matière de transition dans les stations de ski ?

  • Valérie Paumier

    Ici, on n'est pas à proprement parlé dans une station, c'est un stade de neige. Et ce qui se joue là ? C'est qu'est-ce qu'on fait de ce qu'on sait en matière de météo déréglée par le climat ? Donc là, on est mi-juin, mi-janvier, il n'y a pas de neige, quasi pas. Ça va s'accentuer. Donc, qu'est-ce qu'on fait des infrastructures ? Est-ce qu'on se dit qu'on a ces infrastructures-là et on les recycle vers un modèle plus estival, sachant qu'ici, d'un point de vue chiffre, on fonctionne mieux l'été que l'hiver ? Donc, il y avait probablement un truc à faire. Sur du court terme, mais ça peut exister. On peut être un laboratoire de transition quand on se dit « Oups, on arrête parce qu'on ne peut plus continuer avec la neige, mais on a l'été qui est là. » Qu'est-ce qu'un modèle de transition sur un petit endroit comme ça, sachant qu'on ne doit pas construire plus ? Ici, s'il y avait des hôtels en construction ou même en haut, ce serait vraiment dommage, ce serait bon pour le bilan. Mais c'est juste de se dire « Est-ce qu'il faut le faire ? » Donc, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    La station de la Sambuy était en sursis. Son déficit d'exploitation atteignait près de 500 000 euros par an, une situation devenue intenable pour la mairie de Faverges-Seythenex qui décide alors de tout arrêter. Fini les remontées mécaniques, fini les pistes. Pourtant, la Sambuy faisait figure d'exception. Contrairement à beaucoup d'autres stations, elle réalisait l'essentiel de son chiffre d'affaires en été et fonctionnait sans neige artificielle. Un modèle atypique, mais qui n'a pas réussi à la sauver. Je fais un détour par Faverges pour rencontrer Jacques Dalex, le maire de la commune.

  • Jacques Dalex

    Bonjour. Bonjour. Je suis à vous tout de suite. Bonjour, Jacques Dalex, maire de Faverges et président de la communauté de communes des Sources du Lac d'Annecy.

  • Florence Gault

    En 2023, entre le coût d'entretien du télésiège, le changement je crois à venir de la dameuse, vous chiffrez finalement à plus d'un million d'euros le montant de dépenses à prévoir pour 2024 et donc c'est à ce moment-là que vous vous dites, ça n'est pas réaliste, il faut arrêter.

  • Jacques Dalex

    Il y a un déficit d'exploitation de 500 000 euros. Même à... un petit peu plus parce qu'il y a des services que la commune rendait à la station qui n'étaient pas facturés. Oui, une dameuse, c'est 600 000 euros. Quand il en faut deux et qu'elles sont très anciennes, il faut prendre des décisions. On avait aussi un problème de la grande visite qui a lieu toutes les cinq ans et qui devait avoir lieu là. La grande visite, c'est 350 à 400 000 euros. Donc, il se rajoutait aux 500 000. Aujourd'hui, on paye encore l'emprunt effectué par mes prédécesseurs pour la précédente visite de 2019. Donc, vous voyez, on ne pouvait pas à la fois continuer à financer après avoir fait un emprunt pour la révision de 2019. embrayer sur la révision de 2024, changer le matériel qui n'avait pas été changé, là encore, par mes prédécesseurs. Donc ça, ça fait partie aussi des choses... Alors c'est vrai que c'est surtout un problème économique.

  • Florence Gault

    Donc à l'été 2023, vous annoncez que la décision est actée au Conseil municipal, la fermeture de l'Assemblée. Décision évidemment qui ne se fait pas sans opposition. Cette séance-là d'ailleurs a été particulièrement... mouvementés, notamment les plus en colère se sont fait entendre en créant une association tous ensemble pour l'assemblée. Vous entendez finalement cette colère qui est aussi une forme de désarroi des professionnels qui se retrouvent impactés par cette décision ?

  • Jacques Dalex

    Bien sûr qu'on entend, je ne suis pas sourd, j'écoute, je regarde, voilà, ça a été créé, alors, un peu. éventuellement beaucoup sur la déception que certaines personnes avaient, qui n'étaient pas tous des habitants de la commune. L'action de Tepes n'est pas dénuée d'arrière-pensée politique aussi, parce qu'on retrouve dans ce dossier... Pratiquement toute mon opposition locale. Il y a à la fois des gens de bonne foi, et puis des gens qui manipulent les autres un petit peu. Bon, cette bonne guerre, mais on est conscient de ça.

  • Florence Gault

    Ce qui a pu vous être reproché, c'est aussi un manque de concertation en amont de cette décision, et peut-être pour imaginer autre chose autour de l'assemblée. On en parlait par exemple un peu plus tôt avec Valérie Pommier, qui évoquait qu'on aurait pu imaginer soit un laboratoire d'expérimentation, soit une transformation des équipements existants. Est-ce qu'on aurait pu imaginer d'autres choses ? Certains disaient que les remontées mécaniques auraient pu rester ouvertes l'été.

  • Jacques Dalex

    Je crois qu'on peut difficilement, et c'est un reproche que je n'accepte pas, difficilement faire mieux, puisqu'on a eu une concertation d'une année. Et c'est là... où la fabrique des transitions est venue nous aider, parce que pour faire vivre un débat démocratique, on ne pouvait pas être... partie prenante, donc il était difficile pour nous d'animer les débats, il nous fallait une organisation neutre pour écouter les gens, on a fait des rapports on a écouté, on a écouté l'association TEPS qui avait des propositions à faire et qui les a fait on a écouté tout le monde et on n'a pas eu de proposition miraculeuse, personne n'est venu nous dire, et notamment l'association TEPS ne nous a pas dit nous on va mettre des bénévoles, on va organiser les choses on est en capacité de le faire Donc si vous voulez, la concertation a eu lieu. À un moment donné, on se concerte. Quand la concertation dure pratiquement 10 mois, presque 12 mois, à un moment donné, il faut décider. Et ce n'est pas une décision sur un coup de tête. Nous avons fait de nombreuses réunions avec l'ensemble de nos conseillers municipaux. Et à un moment donné, ils ont voté à bulletin secret. Donc en toute liberté.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Jacques Dalex.

  • Jacques Dalex

    Ça a été avec plaisir. Merci.

  • Florence Gault

    Cette décision de la commune de Faverges-Seytenex a d'ailleurs été saluée par le rapport de la Cour des Comptes en 2024 qui s'est intéressée aux stations de montagne. Un rapport qui n'est pas tendre, la Cour des Comptes dénonce un modèle à bout de souffle estimant que les stations n'ont pas suffisamment pris la mesure du changement climatique. Elle affirme que seules quelques stations pourront maintenir leur exploitation au-delà de 2050. Le rapport avait fait bondir le syndicat des remontées mécaniques, Domaine Skiable de France, qui avait dénoncé des erreurs et des approximations. Arrêtons-nous un instant pour remonter dans le temps et comprendre avec Valérie Paumier comment se sont développées les stations de montagne. En France, le ski connaît un véritable essor après la Seconde Guerre mondiale. L'État lance les plans neige entre 1964 et 1977, visant à développer des stations, parfois de toutes pièces, pour positionner la France sur le marché européen du ski et dynamiser des vallées rurales isolées. En 15 ans, le nombre de stations passe d'une cinquantaine à près de 200.

  • Valérie Paumier

    En 1977, le président VGE explique qu'il met fin aux plans neige. Il dit... ne rend probablement pas service aux écosystèmes et aux populations. On fait dépendre les populations d'une richesse soudaine en déshumanisant les lieux. Il annonce la fin du plan neige en 1977.

  • Florence Gault

    Les stations sont construites grâce aux promoteurs immobiliers. Les remontées mécaniques relèvent du service public, une approche qui contraste avec celle de la Suisse ou de l'Autriche où les infrastructures se sont développées autour des hôtels et des chalets. et non sur la vente de forfaits. Les années 90-2000 marquent l'âge d'or du ski, les stations tournent à plein régime, les vacanciers réservent une semaine entière et l'économie locale en profite largement. Mais depuis une quinzaine d'années, la tendance inverse, les Français skient moins et moins longtemps.

  • Valérie Paumier

    On dit qu'on est dans un marché mûr qui atteint ses limites aujourd'hui de clients. Aujourd'hui, pour remplir une station, on va chercher une clientèle à l'international qui a les moyens de se payer des logements qui sont devenus très chers. Quand on investit dans un télésiège débrayable 8 places, avec des canons tout autour, parce qu'il faut que les canons à neige permettent de relier les pistes aux stations, il faut rentabiliser ces infrastructures, on augmente le prix des forfaits. Quand on augmente un prix de forfait, quand on est à 70 euros la journée et on veut un logement chouette, parce qu'on a les moyens d'avoir une journée chouette, on monte en gamme. Et cette montée en gamme va changer une clientèle lointaine.

  • Florence Gault

    À cela s'ajoute aujourd'hui le manque de neige. Résultat, les stations peinent à rentabiliser leurs infrastructures. Un plan Avenir Montagne a été lancé en 2021 par Jean Castex, qui était alors Premier ministre, avec pour objectif de favoriser la diversification de l'offre touristique et la conquête de nouvelles clientèles. Objectif supplémentaire, accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagne et dynamiser l'immobilier de loisirs afin d'enrayer la formation de lits froids. 50% des appartements... Dans les stations des Alpes sont des appartements dont les fenêtres s'ouvrent moins de 4 semaines par an.

  • Valérie Paumier

    Tant qu'on ne gèlera pas les PLU, les plans locaux d'urbanisme qui permettent de densifier, tant qu'on ne gèle pas les PLU en montagne, on augmente la problématique de l'ifro.

  • Florence Gault

    Alors que faut-il faire ? Faut-il complètement oublier le ski et voir à terme disparaître les stations ? Ou bien leur est-il possible de s'adapter ? Parmi les expériences pionnières en France, il y a celle de Métabier, une station du Jura située dans le Doubs. En 2015, elle prend acte de la fin annoncée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et s'engage dans une transition ambitieuse avec un masterplan, devenir une station de montagne 4 saisons. A la manœuvre, un duo, Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d'Or, chargé de la gestion du domaine skiable de Métabief, et son président Philippe Alpy. Glaciologue formé dans les Andes boliviennes, Olivier Erard avait déjà mené le dossier de la neige de culture dans la station. Il partage son retour d'expérience dans "Le Passeur", publié aux éditions Inverse. De retour d'une formation à Grenoble, il s'arrête à Lyon pour nous rencontrer et nous revenons ensemble sur les grandes étapes qui ont permis d'entamer cette transition. Bonjour Olivier. Bonjour. En 2016 se pose la question du remplacement des remontées mécaniques. qui nécessite un investissement de 15 millions d'euros du conseil départemental. En fait, ces remontées datent des années 80. Visiblement, elles s'usent un peu anormalement. Elles ont des soucis de stabilité et de sécurité. Et dans la question qui se pose, c'est en fait, est-ce qu'on a 20 ans de neige devant nous pour amortir l'investissement financier que demande ce changement de remontée ? Pour bien comprendre, je le redis, on l'a déjà évoqué en première partie de reportage, mais les stations de ski en France sont largement subventionnées par l'État. 23% du chiffre d'affaires des opérateurs de remontée mécanique des petites ou moyennes stations est issu des subventions publiques. Et de plus en plus de stations sont déficitaires. Et donc, il y a tout un jeu d'équilibre.

  • Olivier Erard

    Oui, c'est même pire que ça. Ce que j'ai envie de dire, c'est que la Cour des comptes le soulève. Le contrôle de l'égalité est très généreux par rapport à tout ça, puisqu'il faut rappeler quand même que le service de remontée mécanique, c'était un service public, industriel et commercial, qui doit l'équilibre financier ponctuellement. Si l'équilibre doit être assuré par une hausse anormale du tarif, la collectivité peut venir abonder. Mais c'est devenu le sport national en fait. Donc si aujourd'hui vous appliquez effectivement la loi stricto sensu, vous avez trois quarts des stations qui ferment. Donc en fait, ce n'est même pas tant de savoir est-ce qu'il faut que la collectivité abonde, mais c'est jusqu'à quel point on peut la saigner. C'est un peu ça. Ou jusqu'à quel point on peut vivre sous perfusion. Donc quand on a eu cette question de l'amortissement... de notre installation. On ne s'est pas posé la question de on peut l'amortir peut-être avec le VTT. On le sait qu'on ne peut pas amortir avec le VTT. On n'a pas du tout le même volume. C'est pour ça qu'on n'a pas du tout mis sur la table le côté qu'est-ce qu'il faut faire comme activité de diversification pour amortir les mauvais hivers ? Non. On a dit ça, c'est gadget. Le VTT, ça s'équilibre en soi. C'est le ski qui permet d'amortir la remontée mécanique. Point. Donc la question, c'était est-ce qu'on a 20 ans de ski ? Garantie. C'est là que c'est parti, effectivement.

  • Florence Gault

    Ça n'est pas une préoccupation écologique qui vient guider une réflexion à un moment donné, en se disant « Ah là là, la planète se réchauffe, on risque d'avoir moins de neige, qu'est-ce qu'on va faire ? » La réflexion, et même quand vous lancez toute la démarche de réflexion, vous allez mettre certes tous les scénarios sur la table, mais au départ... Vous ne vous dites pas que c'est ce scénario-là qui va être retenu ?

  • Olivier Erard

    Non, et c'est un peu la surprise que j'ai eue sur moi-même. C'est un peu ce que j'explique dans le livre. C'est que moi-même, je me suis laissé embarquer par cette euphorie. Parce que je l'ai vécu, moi, une fois qu'on a fait la neige de culture. On a eu notamment un hiver 2014-2015. Donc juste avant la descente, c'était l'hiver parfait. L'hiver parfait. Et j'en avais oublié que potentiellement, il y avait... Voilà, il y avait un risque climatique. Il y avait aussi le fait que, quand j'ai porté le dossier de neige de culture, c'était à partir de 2006, en fait, à cette époque-là, bien sûr, le GIEC était là, bien sûr, il projetait des évolutions de température globales, mais elles restaient globales. Il y avait quelques études de l'OCDE sur des stations de Bavière qui projetaient des horizons de difficultés 2050, 2060. C'est tout ce qu'on avait, en fait. Le premier rapport du GIEC sur la cryosphère, c'est septembre 2019. Donc on avait presque oublié, effectivement, ou en tout cas on avait la certitude que la neige du culture nous avait sauvés.

  • Florence Gault

    En 2017, le scénario devient clair. Vous risquez d'avoir un hiver sur deux sans neige en dessous de 1000 mètres, et ce bien avant 2030. Et là, c'est le choc.

  • Olivier Erard

    Oui, oui, et juste, je le dis comme ça, c'est que ce scénario-là, il est co-construit avec... mes collègues de terrain. J'ai utilisé des données météo-historiques. À ce moment-là aussi arrive le portail des climats DRIAS. Donc on a effectivement la transcription des modèles globaux à des échelles plus fines. Et donc on bricole quelque chose et moi j'arrive avec ces données scientifiques en leur disant les gars qu'est-ce que vous en pensez ? Voilà, en fait c'est comme ça que ça se passe. Et donc eux me renvoient des « ah ouais mais oui effectivement maintenant on a du mal même avec la neige de culture à cet endroit-là, on voit que c'est difficile etc. » Et c'est comme ça en fait qu'on construit ce scénario climatique avec... toute l'humilité en disant aux élus « Ce qu'on fait, c'est faux, mais en fait, on ne peut pas faire beaucoup mieux aujourd'hui. Donc, nous, si vous nous posez la question, il ne faut pas y aller. » Parce qu'effectivement, ça ne s'exprime pas. Au début, ça s'exprime du fait « On aurait l'air fin avec nos super appareils et à ne pas pouvoir les ouvrir un hiver sur deux. » C'est comme ça qu'on l'a exprimé. Et voilà. Donc, effectivement, 2017, allez. Eh bien, non, il ne faut pas investir. Bon, oui, mais nos appareils sont toujours pas trop en forme. Qu'est-ce qu'on fait ? Donc...

  • Florence Gault

    Vous optez plutôt à ce moment-là pour de la maintenance ?

  • Olivier Erard

    Oui. Et ce n'était pas évident parce qu'en gros, on est quand même dans le secteur des transports publics, donc avec énormément de responsabilités de sécurité. Et quand vous avez des vibrations, forcément, la tutelle des transports, le ministère des Transports, peut à tout moment vous dire « c'est bon, vous arrêtez d'exploiter, il y a trop de risques pour les clients » . Donc… Et je pense que là aussi, c'est un des points clés dans les transformations, c'est cette idée de la maintenance, les métiers de la maintenance. C'est fondamental, en fait. Comment je fais durer le plus longtemps possible ce qui existe ? Comment je peux le transformer, mais comment je le fais avant de faire du neuf ? Comment je fais durer ? Comment je peux faire transformer, etc. Et en fait, c'est pas bankable, ça. Là, on est à l'encontre de la culture classique de l'industrie, qu'il faut se renouveler. Et puis... Les domaines skiables, c'est comme tout. Les techniques évoluent, le confort évolue. Donc, il est de bon ton de renouveler régulièrement des remontées mécaniques. Et nous, on a cassé ça.

  • Florence Gault

    Donc, vous partez là-dessus. À quel moment intervient dans tout ce processus l'idée que... Il va peut-être falloir arrêter le ski alpin.

  • Olivier Erard

    L'urgence a été de dire, d'abord, on a remonté mécanique. Une fois que ça, ça a été passé, finalement, c'est à partir de mi-2018 où on s'est dit comme ça, qu'est-ce qu'on raconte là ? Parce qu'on est en train de renoncer à un programme d'investissement sur lequel on a déjà communiqué, qui a donné de l'impulsion à sans doute des sociopros, peut-être de l'espoir. Puis là, on est en train de marquer un coup d'arrêt, ce qu'on appelle en fait un renoncement. Et maintenant, je le sais, c'est un renoncement. Et comment on le raconte ? Et là, je me souviens tout le temps, la présidente du département qui me dit « Olivier, c'est bien, mais moi, là, je ne raconte pas la suite. C'est-à-dire que je ne parle pas de cette idée potentielle de fin du ski. Ce n'est pas possible parce que je ne sais pas ce que je raconte, en fait. Donc, je veux bien qu'on marque une étape en disant on renonce aux remontées mécaniques, mais on ne renonce pas au ski. Donc, il faut tourner ça d'une manière sympa. » Audible.

  • Florence Gault

    D'ailleurs, vous en parlez assez peu des habitants, de la réaction que ça a suscité. Vous restez vraiment dans les réactions à l'échelle professionnelle. Oui,

  • Olivier Erard

    parce qu'en fait, il n'y a pas eu de réaction de la population, puisqu'on les a un peu leurrés jusqu'à l'année dernière. C'était après l'apparition du livre. Et la fermeture de Piquemiette.

  • Florence Gault

    Il faut peut-être, juste pour les auditeurs qui ne connaissent pas, recontextualiser la fermeture de Piquemiette.

  • Olivier Erard

    L'année dernière, au mois de septembre, il a été décidé que 30% du domaine skiable serait fermé. Alors, dans les éléments de langage, c'est exploitation suspendue. Donc, c'est le secteur de Piquemiette. C'est celui, d'ailleurs, dans le scénario de 2017, qu'on avait ciblé comme étant le premier qui allait fermer. On n'imaginait pas que ça allait être tout de suite. Mais voilà, donc là, effectivement, c'est une annonce très marquante. Le renoncement à des remontées mécaniques neuves, je dirais que l'habitant lambda n'avait pas forcément percuté qu'on avait communiqué sur on va faire des remontées mécaniques, etc. Les sociopros l'avaient bien intégré. Donc ça, effectivement, c'était autre chose. Mais ce renoncement-là, il est passé un peu inaperçu. On a plutôt une évolution. d'un noyau, comment on commençait à diffuser cette idée de la fin du ski. Et ça, c'est moi la première fois où j'ai posé un graphique avec les élus. Non mais Olivier, tu ne présentes pas ça, quoi. Ce n'est pas possible. Donc je le présentais, il y avait deux courbes qui se croisaient. Et qu'en fait, il y avait un effet ciseau qui montrait qu'à un moment donné, boum, ça s'effondrait. Température, chiffre d'affaires. Voilà, boum. Et donc, parce que j'avais fait des scénarios, j'en ai fait, je ne sais pas combien, des hypothèses. Avoir un scénario climatique et le retranscrire en hypothèse de chiffre d'affaires, il y a plein de possibilités. Et quand même, à force de toucher du doigt cette idée-là, fin 2018, ça a été... Non mais OK, on n'investit pas dans les remontées mécaniques, mais on a injecté quand même cette idée de la fin du ski. Donc on ne peut pas rester sans ça. Voilà, donc... Donc voilà, c'est comme ça qu'elle est arrivée, mais de manière disquette, en disant, ok, on n'a pas l'histoire d'après. Donc Olivier, toi qui es ingénieur, tu vas nous trouver des solutions. Donc là, moi, fin 2018, je dis, non mais, c'est pas moi. Donc je m'en vais, parce que moi, je sais pas. Si vous trouvez quelqu'un qui sait, parce que, bien sûr, on a fait toutes les hypothèses des tyroliennes, tout le bazar Disneyland et machin. Et on sait très bien que ça, en soi, ça peut être équilibré, mais ça ne suffit pas à remplacer le ski. D'ailleurs, tout le monde est d'accord aujourd'hui. Rien ne peut remplacer le ski.

  • Florence Gault

    Donc Olivier Erard, vous finissez par quitter Metabief en 2023. Il y a une chose en tout cas qu'on ne peut pas nier en lisant votre livre, c'est votre engagement, votre capacité à essayer de faire bouger les choses, les nombreuses émotions aussi qui les parcourent. Qu'est-ce qu'il vous reste de cette expérience ?

  • Olivier Erard

    Alors je suis parti en 2024. J'ai décidé en 2023 effectivement de partir en disant je pars dans un an, donc il a fallu... Mon président. Ça a été difficile. (il pleure) Difficile. Pardon.

  • Florence Gault

    Il reste ça. De l'émotion.

  • Olivier Erard

    Beaucoup d'émotion. Pardon. Donc, c'est cet attachement à une aventure humaine extraordinaire. Oui, c'est vraiment ce qui me reste. Oui, l'humain est capable d'eux, malgré tout. J'aime bien dire croire en l'humain malgré tout, qu'il a les capacités de se transformer. Il faut juste qu'il arrête d'être feignant. Il a tout pour. Et c'est vrai que le cerveau humain est un peu feignant. Il vise l'économie d'énergie. Il y a plein de bonnes raisons objectives de ne pas y aller. Donc c'est comment on arrive à casser ces... C'est un peu comme l'épigénétique. On sait très bien qu'on est programmé génétiquement, mais on sait très bien qu'on peut déprogrammer. C'est la plasticité du cerveau. On sait très bien qu'on peut y arriver. Mais il faut quand même amener de l'énergie et de le faire de manière délicate. Et de la pédagogue, etc. C'est vraiment tout ça qui me reste et que j'essaye aujourd'hui de dupliquer sur la thématique de l'eau, qui est aussi un sujet complexe et qui finalement, là pour le coup, est plutôt mon ADN.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Olivier.

  • Olivier Erard

    Merci.

  • Florence Gault

    Ce retour d'expérience, Olivier Erard le raconte donc en détail dans son livre « Le passeur » publié aux éditions Inverse. Un décryptage passionnant que vous pourrez bientôt retrouver en un battement d'aile à travers une interview exclusive diffusée en intégralité. Aujourd'hui, nous avons esquissé à grands traits, vraiment à très grands traits, les étapes qui ont mené Métabier à acter en 2020 la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035. Mais cette décision n'était qu'un point de départ. Depuis cinq ans, un nouveau chapitre s'écrit. Imaginer l'avenir autrement, transformer la station, accompagner les professionnels dans leur adaptation au changement climatique, voire leur reconversion. La transition est en marche, mais concrètement, où en est Métabier aujourd'hui ? J'ai eu envie de me rendre sur place pour le découvrir et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir la suite de cet épisode. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Sandra, Nadia et Loïc. Merci !

Description

❄️ Les vacances d’hiver battent leur plein, mais sur les pistes, une réalité s’impose : la neige se fait plus rare, et l’avenir du ski est en suspens. Le dérèglement climatique menace les stations, en particulier celles de moyenne altitude.


🌍 En France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu’ailleurs : au cours du XXème siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2°C, contre +1,4°C en moyenne dans le reste du pays. Et la neige artificielle, coûteuse et incertaine, ne suffira pas à enrayer la tendance. Face à cette impasse, certaines stations, comme La Sambuy en Haute-Savoie, ont fermé. D’autres, à l’image de Métabief dans le Jura, anticipent l’inévitable et engagent une transition vers un autre modèle économique et touristique.


🎧 Dans cette première partie, nous explorons la situation des stations de ski face au défi climatique : quels sont les impacts du réchauffement en montagne ? Et quelles réponses commencent à émerger ? Et à noter que vous pourrez retrouver dès la semaine prochaine la suite de cet épisode.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Les vacances d'hiver ont débuté la semaine dernière et avec elles l'arrivée des premiers vacanciers. Pourtant, selon une récente étude du Credoc, moins de 10% des Français partent au ski. Depuis la fin des années 2000, la pratique du ski stagne, voire recule. Les habitudes des Français évoluent alors que les stations font face à un défi majeur, le réchauffement climatique. En Europe, la plupart des stations de ski sont directement menacées par la diminution de l'enneigement. Et en France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu'ailleurs. Au cours du XXe siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2 degrés contre 1,4 en moyenne dans le reste du pays. Aujourd'hui, 40% des pistes dépendent des canons à neige, une solution coûteuse en eau, en énergie et surtout incertaine car elle repose sur des températures suffisamment basses de plus en plus rares. Dans ces conditions, les stations de moyenne altitude, c'est-à-dire sous 2000 mètres, sont à un tournant, s'adapter ou disparaître. Certaines, comme la Sambuy en Haute-Savoie, ont déjà fermé leur remontée mécanique faute d'enneigement suffisant, tandis que d'autres cherchent des alternatives. Métabief, dans le Jura fait figure de pionnière, en 2020, elle prend acte de la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et engage sa transition vers un modèle 4 saisons. Alors quel avenir pour les stations de ski dans un monde qui se réchauffe ? C'est la question que nous allons explorer dans cet épisode d'En un battement d'ailes. La route est étroite pour monter jusqu'à la Sambuie, une toute petite station située à 1100 m d'altitude au bout du lac d'Annecy dans les Boges. Il s'agit en réalité d'un stade de neige, pas d'hébergement, un seul télésiège, trois téléskis. Le 14 juin 2023, le conseil municipal de Faverge-Seythenex, dont dépend la station, votait sa fermeture en cause l'absence de neige et un lourd déficit. Bonjour Valérie, ça va ?

  • Valérie Paumier

    ça va ! Et vous ?

  • Florence Gault

    Enchantée. Désolée pour le retard. Quelques bouchons sur la route et me voilà avec un léger retard. Sur le parking des airs, l'ambiance est étrange, presque irréelle. Valérie Paumier m'attend, elle est la fondatrice de l'association Résilience Montagne qui lutte pour protéger la montagne des conséquences du dérèglement climatique. C'est là,

  • Valérie Paumier

    c'est là. Vous étiez déjà venue ?

  • Florence Gault

    Dans ce coin-là, non...

  • Valérie Paumier

    La Sambuy, on est au bout du lac. Moi, je me rappelle gamine. Je suis de Saint-Joriot, moi. Donc, je me rappelle gamine. C'est la station où on venait quand il venait de neiger. Il fallait être bon skieur. Ce n'était pas tracé. Ce n'était pas damé. C'est le coin des randos. Là, je voyais des gens qui montaient en ski de rando.

  • Florence Gault

    Courageux.

  • Valérie Paumier

    Oui, mais bon, la balade est jolie. Parce que quand on est en haut, c'est magnifique. On voit les bauges de l'autre côté. On voit le Mont Blanc au loin. Il y a le lac dans le temps. Et on voit tout autour, il y a une vue plongeante sur la vallée d'Annecy, sur la vallée du lac. C'est superbe.

  • Florence Gault

    Vous avez appris à skier ici ?

  • Valérie Paumier

    J'ai appris à faire du ski de rando avec mon père. Ce qui est étonnant, c'est qu'on est fin janvier. S'il a neigé à Noël, on s'aperçoit quand même que ce n'est pas skiable.

  • Florence Gault

    On peut essayer d'aller voir si c'est ouvert. Donc là on est devant le restaurant L'Avalanche, fermé aujourd'hui.

  • Valérie Paumier

    On comprend l'inquiétude de ce restaurant finalement,

  • Florence Gault

    pour un restaurant qui était ouvert 7 jours sur 7. On imagine à quel point ça peut être compliqué pour les professionnels du secteur.

  • Valérie Paumier

    C'est sûr, mais d'un autre côté, vu l'enneigement aujourd'hui, si on reste sur ces infrastructures sans investissement, de fabriquer la neige, ça... Comment il équilibre son bilan avec des frais de fonctionnement et le peu de passage occasionné par cette météo et ce climat ?

  • Florence Gault

    Ça oblige nécessairement en tout cas à se réinventer, à faire des choses différemment, c'est impossible à maintenir en état.

  • Valérie Paumier

    En fait c'est triste parce qu'on se rappelle avant qu'on est là. Et en fait, on se prend le climat dans la figure. Quand on voit, on voit tous les lichens, on voit tous les... Il y a tout qui ressort. Là, ce n'est pas skiable, en fait.

  • Florence Gault

    Ca vous procure de l'émotion, là ?

  • Valérie Paumier

    Oui, parce qu'en fait, on dit toujours que la montagne rend visible l'invisible. Et là, moi, je vois les sapins morts. Il y a plein d'épicéas scolités et malades partout. Regardez en face. Ce n'est pas l'hiver, ça. C'est forêt malade. Le manque de neige.

  • Florence Gault

    Vous, votre carrière, elle démarre assez loin des enjeux écologiques. Vous avez travaillé pour la Commission européenne au Gabon, pour le Consulat de France à Hong Kong, puis dans le développement immobilier en montagne en Suisse. Et vous dites que vous avez shifté à un moment. Il se passe quoi dans votre vie pour vous dire « Ok, j'arrête tout et là, il faut que j'aille me battre pour défendre la montagne. »

  • Valérie Paumier

    Pas soudain. Je me posais déjà quelques questions en interne. J'ai fini dans la promotion immobilière en montagne. Ou lorsque je pose des questions aux dirigeants ou au bureau d'études ou aux architectes sur la nécessité d'aller péter une forêt pour y mettre 400 chambres, 5 étoiles et donc amener la neige artificielle qui va avec et tout ce qu'on connaît. J'interroge déjà en fait. Et on me dit c'est comme ça et c'est comme ça. Je vois dans ces entreprises des employés qui se posent des questions. C'est-à-dire que les bureaux d'études le font parce qu'il faut manger à la fin du mois. Les ingénieurs qui utilisent la faisabilité des projets le font, mais sont en dissonance tous. Finalement, il n'y a que les dirigeants qui y vont parce que les bilans sont bons. Mais le reste de la boîte est en souffrance. Et il y a un moment... On n'est plus en accord avec ça, donc je freine des cas de fer, je pose des questions qui dérangent, je me dis est-ce qu'on cherche des solutions alternatives, est-ce qu'on ne peut pas construire de propre ? Et quand le sujet c'est l'artificialisation, quand on comprend les sujets de biodiversité qu'il y a derrière, d'eau, d'émissions, de voitures, de mobilité, en fait on ne peut plus dire qu'on trouve la solution à construire en bois qui serait plus propre que du béton. Et donc oui, j'entends cette conférence. qui se déroule aux mines Paris Tech. C'est Jancovici, qu'on n'aime pas, n'empêche c'est lui qui me donne une réponse à toutes mes questions qui commencent à être prégnantes et je n'arrive plus à vivre avec.

  • Florence Gault

    Et vous créez Résilience Montagne ?

  • Valérie Paumier

    Alors pas tout de suite. Au début, je me dis, je vais aller les voir là tous, les copains des ministères, les copains dans le business qui gagnent 8 millions de dollars. Je vais aller les voir et leur dire, c'est grave. Eh ben, je prends quelques baffes, je me dis mais pour que je prends, mais n'importe quoi, et tu manges de quoi, et tu deviens écolo, tu te Ausha, des mots qui n'étaient pas de mon vocabulaire ou de ma compréhension du problème, et je m'aperçois qu'ils sont comme moi 15 jours avant, et que qui je suis ? pour prétendre amener une parole différente à des gens qui ont tout le temps fait comme ça, et c'est ce que je faisais avant. Donc je me mets sur LinkedIn, et tous ceux qui sont appelés des experts de la montagne, je leur rappelle qu'ils sont lobbyistes. Et ça commence comme ça en fait. Non, toi, tu n'es pas le syndicat qui veut le bien en montagne, tu es le syndicat pro-ski et tu es toi-même promoteur immobilier. Et puis, je me suis fait un petit peu taper dessus sur LinkedIn, mais ça m'était égal en fait, tant que j'étais en ligne. L'idée, ce n'était pas non plus de faire du lancement d'alerte, c'était de dénoncer le modèle en fait et d'expliquer le modèle tel que je l'avais vu moi. Et à un moment, elle dit « mais tu parles au nom de qui ? » Je dis « bah ouais, qui je suis en fait ? » « Bah rien. » Alors soit je montais un cabinet de conseil, et je ne savais pas quel modèle j'allais mettre, mais je faisais du conseil, soit je faisais une association, et j'ai dit « s'il faut une entité qui représente ma parole, ça sera une association, et elle est résilience montagne. »

  • Florence Gault

    Donc le but, c'est à la fois de faire du plaidoyer autour de ces enjeux-là, de sensibiliser aussi le grand public via les réseaux sociaux, via des actions que vous menez en place pour alerter. On voit sur les réseaux sociaux qu'à des moments, ça vient bousculer, répondre de manière un peu virulente. C'est difficile de porter cette parole-là ?

  • Valérie Paumier

    Ce n'est pas difficile, parce que j'essaie de me dire que c'est la vérité.

  • Florence Gault

    C'est violent,

  • Valérie Paumier

    ça peut être violent que ce soit comme on le prend. Moi, je vais bien dans ma vie. quand ça ne va pas, je quitte mon écran, je prends mon vélo, je monte en montagne, je fais autre chose, et j'ai une autre vie que d'être derrière mon écran à dire « qu'est-ce qu'il fait celui-là ? » . Alors oui, là ça se tend, surtout que géopolitiquement ça se tend. Donc les personnes qui n'osaient pas trop parler avant, ou qui mettaient en doute une parole, ou qui étaient un peu sceptiques sur les sujets, aujourd'hui sont confortées par un contexte géopolitique qui leur donne raison. Donc là, il n'y a plus de filtre. Et il n'y a vraiment plus de filtre. Et je l'ai vu récemment à la Clusaz, on avait monté Sauvon-Bourgard avec un multi-collectif et d'associations pour lutter contre une bassine d'altitude. où ça a chauffé fort en fait. Il y a une famille qui a dû déménager, des enfants qui ont été pris à partie à l'école, des gens qui habitent dans le village qui ont du mal à continuer à y vivre. Un monsieur moniteur et moi-même qui avons été menacés de mort dans un restaurant par un conseiller municipal qui est toujours en place. Ça peut être très violent. Et puis, on apprend ça au fur et à mesure, mais au départ, bêtement et naïvement. Je m'étais dit que tant qu'on ne va pas dans la diffamation, tant qu'on ne va pas dans le mensonge et honté, et tant qu'on ne dit pas aux gens « tiens sale con, il ne faut pas le faire, il ne faut pas le dire » , de toute façon on n'agressait pas et on a le droit de donner notre avis, et on a le droit de se battre contre un projet qui n'est pas dans les clous au niveau du droit. Pour moi, j'avais cette idée-là, sauf que ce n'est pas ça idéologiquement.

  • Florence Gault

    Alors revenons sur ici la Sambuy, station de ski qui a fermé ses portes. La décision a été prise à l'été 2023. Vous avez donc choisi, quand on a préparé cette interview, qu'on se retrouve ici. Pourquoi ce lieu ? En quoi il est le reflet aujourd'hui de ce qui se joue en matière de transition dans les stations de ski ?

  • Valérie Paumier

    Ici, on n'est pas à proprement parlé dans une station, c'est un stade de neige. Et ce qui se joue là ? C'est qu'est-ce qu'on fait de ce qu'on sait en matière de météo déréglée par le climat ? Donc là, on est mi-juin, mi-janvier, il n'y a pas de neige, quasi pas. Ça va s'accentuer. Donc, qu'est-ce qu'on fait des infrastructures ? Est-ce qu'on se dit qu'on a ces infrastructures-là et on les recycle vers un modèle plus estival, sachant qu'ici, d'un point de vue chiffre, on fonctionne mieux l'été que l'hiver ? Donc, il y avait probablement un truc à faire. Sur du court terme, mais ça peut exister. On peut être un laboratoire de transition quand on se dit « Oups, on arrête parce qu'on ne peut plus continuer avec la neige, mais on a l'été qui est là. » Qu'est-ce qu'un modèle de transition sur un petit endroit comme ça, sachant qu'on ne doit pas construire plus ? Ici, s'il y avait des hôtels en construction ou même en haut, ce serait vraiment dommage, ce serait bon pour le bilan. Mais c'est juste de se dire « Est-ce qu'il faut le faire ? » Donc, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    La station de la Sambuy était en sursis. Son déficit d'exploitation atteignait près de 500 000 euros par an, une situation devenue intenable pour la mairie de Faverges-Seythenex qui décide alors de tout arrêter. Fini les remontées mécaniques, fini les pistes. Pourtant, la Sambuy faisait figure d'exception. Contrairement à beaucoup d'autres stations, elle réalisait l'essentiel de son chiffre d'affaires en été et fonctionnait sans neige artificielle. Un modèle atypique, mais qui n'a pas réussi à la sauver. Je fais un détour par Faverges pour rencontrer Jacques Dalex, le maire de la commune.

  • Jacques Dalex

    Bonjour. Bonjour. Je suis à vous tout de suite. Bonjour, Jacques Dalex, maire de Faverges et président de la communauté de communes des Sources du Lac d'Annecy.

  • Florence Gault

    En 2023, entre le coût d'entretien du télésiège, le changement je crois à venir de la dameuse, vous chiffrez finalement à plus d'un million d'euros le montant de dépenses à prévoir pour 2024 et donc c'est à ce moment-là que vous vous dites, ça n'est pas réaliste, il faut arrêter.

  • Jacques Dalex

    Il y a un déficit d'exploitation de 500 000 euros. Même à... un petit peu plus parce qu'il y a des services que la commune rendait à la station qui n'étaient pas facturés. Oui, une dameuse, c'est 600 000 euros. Quand il en faut deux et qu'elles sont très anciennes, il faut prendre des décisions. On avait aussi un problème de la grande visite qui a lieu toutes les cinq ans et qui devait avoir lieu là. La grande visite, c'est 350 à 400 000 euros. Donc, il se rajoutait aux 500 000. Aujourd'hui, on paye encore l'emprunt effectué par mes prédécesseurs pour la précédente visite de 2019. Donc, vous voyez, on ne pouvait pas à la fois continuer à financer après avoir fait un emprunt pour la révision de 2019. embrayer sur la révision de 2024, changer le matériel qui n'avait pas été changé, là encore, par mes prédécesseurs. Donc ça, ça fait partie aussi des choses... Alors c'est vrai que c'est surtout un problème économique.

  • Florence Gault

    Donc à l'été 2023, vous annoncez que la décision est actée au Conseil municipal, la fermeture de l'Assemblée. Décision évidemment qui ne se fait pas sans opposition. Cette séance-là d'ailleurs a été particulièrement... mouvementés, notamment les plus en colère se sont fait entendre en créant une association tous ensemble pour l'assemblée. Vous entendez finalement cette colère qui est aussi une forme de désarroi des professionnels qui se retrouvent impactés par cette décision ?

  • Jacques Dalex

    Bien sûr qu'on entend, je ne suis pas sourd, j'écoute, je regarde, voilà, ça a été créé, alors, un peu. éventuellement beaucoup sur la déception que certaines personnes avaient, qui n'étaient pas tous des habitants de la commune. L'action de Tepes n'est pas dénuée d'arrière-pensée politique aussi, parce qu'on retrouve dans ce dossier... Pratiquement toute mon opposition locale. Il y a à la fois des gens de bonne foi, et puis des gens qui manipulent les autres un petit peu. Bon, cette bonne guerre, mais on est conscient de ça.

  • Florence Gault

    Ce qui a pu vous être reproché, c'est aussi un manque de concertation en amont de cette décision, et peut-être pour imaginer autre chose autour de l'assemblée. On en parlait par exemple un peu plus tôt avec Valérie Pommier, qui évoquait qu'on aurait pu imaginer soit un laboratoire d'expérimentation, soit une transformation des équipements existants. Est-ce qu'on aurait pu imaginer d'autres choses ? Certains disaient que les remontées mécaniques auraient pu rester ouvertes l'été.

  • Jacques Dalex

    Je crois qu'on peut difficilement, et c'est un reproche que je n'accepte pas, difficilement faire mieux, puisqu'on a eu une concertation d'une année. Et c'est là... où la fabrique des transitions est venue nous aider, parce que pour faire vivre un débat démocratique, on ne pouvait pas être... partie prenante, donc il était difficile pour nous d'animer les débats, il nous fallait une organisation neutre pour écouter les gens, on a fait des rapports on a écouté, on a écouté l'association TEPS qui avait des propositions à faire et qui les a fait on a écouté tout le monde et on n'a pas eu de proposition miraculeuse, personne n'est venu nous dire, et notamment l'association TEPS ne nous a pas dit nous on va mettre des bénévoles, on va organiser les choses on est en capacité de le faire Donc si vous voulez, la concertation a eu lieu. À un moment donné, on se concerte. Quand la concertation dure pratiquement 10 mois, presque 12 mois, à un moment donné, il faut décider. Et ce n'est pas une décision sur un coup de tête. Nous avons fait de nombreuses réunions avec l'ensemble de nos conseillers municipaux. Et à un moment donné, ils ont voté à bulletin secret. Donc en toute liberté.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Jacques Dalex.

  • Jacques Dalex

    Ça a été avec plaisir. Merci.

  • Florence Gault

    Cette décision de la commune de Faverges-Seytenex a d'ailleurs été saluée par le rapport de la Cour des Comptes en 2024 qui s'est intéressée aux stations de montagne. Un rapport qui n'est pas tendre, la Cour des Comptes dénonce un modèle à bout de souffle estimant que les stations n'ont pas suffisamment pris la mesure du changement climatique. Elle affirme que seules quelques stations pourront maintenir leur exploitation au-delà de 2050. Le rapport avait fait bondir le syndicat des remontées mécaniques, Domaine Skiable de France, qui avait dénoncé des erreurs et des approximations. Arrêtons-nous un instant pour remonter dans le temps et comprendre avec Valérie Paumier comment se sont développées les stations de montagne. En France, le ski connaît un véritable essor après la Seconde Guerre mondiale. L'État lance les plans neige entre 1964 et 1977, visant à développer des stations, parfois de toutes pièces, pour positionner la France sur le marché européen du ski et dynamiser des vallées rurales isolées. En 15 ans, le nombre de stations passe d'une cinquantaine à près de 200.

  • Valérie Paumier

    En 1977, le président VGE explique qu'il met fin aux plans neige. Il dit... ne rend probablement pas service aux écosystèmes et aux populations. On fait dépendre les populations d'une richesse soudaine en déshumanisant les lieux. Il annonce la fin du plan neige en 1977.

  • Florence Gault

    Les stations sont construites grâce aux promoteurs immobiliers. Les remontées mécaniques relèvent du service public, une approche qui contraste avec celle de la Suisse ou de l'Autriche où les infrastructures se sont développées autour des hôtels et des chalets. et non sur la vente de forfaits. Les années 90-2000 marquent l'âge d'or du ski, les stations tournent à plein régime, les vacanciers réservent une semaine entière et l'économie locale en profite largement. Mais depuis une quinzaine d'années, la tendance inverse, les Français skient moins et moins longtemps.

  • Valérie Paumier

    On dit qu'on est dans un marché mûr qui atteint ses limites aujourd'hui de clients. Aujourd'hui, pour remplir une station, on va chercher une clientèle à l'international qui a les moyens de se payer des logements qui sont devenus très chers. Quand on investit dans un télésiège débrayable 8 places, avec des canons tout autour, parce qu'il faut que les canons à neige permettent de relier les pistes aux stations, il faut rentabiliser ces infrastructures, on augmente le prix des forfaits. Quand on augmente un prix de forfait, quand on est à 70 euros la journée et on veut un logement chouette, parce qu'on a les moyens d'avoir une journée chouette, on monte en gamme. Et cette montée en gamme va changer une clientèle lointaine.

  • Florence Gault

    À cela s'ajoute aujourd'hui le manque de neige. Résultat, les stations peinent à rentabiliser leurs infrastructures. Un plan Avenir Montagne a été lancé en 2021 par Jean Castex, qui était alors Premier ministre, avec pour objectif de favoriser la diversification de l'offre touristique et la conquête de nouvelles clientèles. Objectif supplémentaire, accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagne et dynamiser l'immobilier de loisirs afin d'enrayer la formation de lits froids. 50% des appartements... Dans les stations des Alpes sont des appartements dont les fenêtres s'ouvrent moins de 4 semaines par an.

  • Valérie Paumier

    Tant qu'on ne gèlera pas les PLU, les plans locaux d'urbanisme qui permettent de densifier, tant qu'on ne gèle pas les PLU en montagne, on augmente la problématique de l'ifro.

  • Florence Gault

    Alors que faut-il faire ? Faut-il complètement oublier le ski et voir à terme disparaître les stations ? Ou bien leur est-il possible de s'adapter ? Parmi les expériences pionnières en France, il y a celle de Métabier, une station du Jura située dans le Doubs. En 2015, elle prend acte de la fin annoncée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et s'engage dans une transition ambitieuse avec un masterplan, devenir une station de montagne 4 saisons. A la manœuvre, un duo, Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d'Or, chargé de la gestion du domaine skiable de Métabief, et son président Philippe Alpy. Glaciologue formé dans les Andes boliviennes, Olivier Erard avait déjà mené le dossier de la neige de culture dans la station. Il partage son retour d'expérience dans "Le Passeur", publié aux éditions Inverse. De retour d'une formation à Grenoble, il s'arrête à Lyon pour nous rencontrer et nous revenons ensemble sur les grandes étapes qui ont permis d'entamer cette transition. Bonjour Olivier. Bonjour. En 2016 se pose la question du remplacement des remontées mécaniques. qui nécessite un investissement de 15 millions d'euros du conseil départemental. En fait, ces remontées datent des années 80. Visiblement, elles s'usent un peu anormalement. Elles ont des soucis de stabilité et de sécurité. Et dans la question qui se pose, c'est en fait, est-ce qu'on a 20 ans de neige devant nous pour amortir l'investissement financier que demande ce changement de remontée ? Pour bien comprendre, je le redis, on l'a déjà évoqué en première partie de reportage, mais les stations de ski en France sont largement subventionnées par l'État. 23% du chiffre d'affaires des opérateurs de remontée mécanique des petites ou moyennes stations est issu des subventions publiques. Et de plus en plus de stations sont déficitaires. Et donc, il y a tout un jeu d'équilibre.

  • Olivier Erard

    Oui, c'est même pire que ça. Ce que j'ai envie de dire, c'est que la Cour des comptes le soulève. Le contrôle de l'égalité est très généreux par rapport à tout ça, puisqu'il faut rappeler quand même que le service de remontée mécanique, c'était un service public, industriel et commercial, qui doit l'équilibre financier ponctuellement. Si l'équilibre doit être assuré par une hausse anormale du tarif, la collectivité peut venir abonder. Mais c'est devenu le sport national en fait. Donc si aujourd'hui vous appliquez effectivement la loi stricto sensu, vous avez trois quarts des stations qui ferment. Donc en fait, ce n'est même pas tant de savoir est-ce qu'il faut que la collectivité abonde, mais c'est jusqu'à quel point on peut la saigner. C'est un peu ça. Ou jusqu'à quel point on peut vivre sous perfusion. Donc quand on a eu cette question de l'amortissement... de notre installation. On ne s'est pas posé la question de on peut l'amortir peut-être avec le VTT. On le sait qu'on ne peut pas amortir avec le VTT. On n'a pas du tout le même volume. C'est pour ça qu'on n'a pas du tout mis sur la table le côté qu'est-ce qu'il faut faire comme activité de diversification pour amortir les mauvais hivers ? Non. On a dit ça, c'est gadget. Le VTT, ça s'équilibre en soi. C'est le ski qui permet d'amortir la remontée mécanique. Point. Donc la question, c'était est-ce qu'on a 20 ans de ski ? Garantie. C'est là que c'est parti, effectivement.

  • Florence Gault

    Ça n'est pas une préoccupation écologique qui vient guider une réflexion à un moment donné, en se disant « Ah là là, la planète se réchauffe, on risque d'avoir moins de neige, qu'est-ce qu'on va faire ? » La réflexion, et même quand vous lancez toute la démarche de réflexion, vous allez mettre certes tous les scénarios sur la table, mais au départ... Vous ne vous dites pas que c'est ce scénario-là qui va être retenu ?

  • Olivier Erard

    Non, et c'est un peu la surprise que j'ai eue sur moi-même. C'est un peu ce que j'explique dans le livre. C'est que moi-même, je me suis laissé embarquer par cette euphorie. Parce que je l'ai vécu, moi, une fois qu'on a fait la neige de culture. On a eu notamment un hiver 2014-2015. Donc juste avant la descente, c'était l'hiver parfait. L'hiver parfait. Et j'en avais oublié que potentiellement, il y avait... Voilà, il y avait un risque climatique. Il y avait aussi le fait que, quand j'ai porté le dossier de neige de culture, c'était à partir de 2006, en fait, à cette époque-là, bien sûr, le GIEC était là, bien sûr, il projetait des évolutions de température globales, mais elles restaient globales. Il y avait quelques études de l'OCDE sur des stations de Bavière qui projetaient des horizons de difficultés 2050, 2060. C'est tout ce qu'on avait, en fait. Le premier rapport du GIEC sur la cryosphère, c'est septembre 2019. Donc on avait presque oublié, effectivement, ou en tout cas on avait la certitude que la neige du culture nous avait sauvés.

  • Florence Gault

    En 2017, le scénario devient clair. Vous risquez d'avoir un hiver sur deux sans neige en dessous de 1000 mètres, et ce bien avant 2030. Et là, c'est le choc.

  • Olivier Erard

    Oui, oui, et juste, je le dis comme ça, c'est que ce scénario-là, il est co-construit avec... mes collègues de terrain. J'ai utilisé des données météo-historiques. À ce moment-là aussi arrive le portail des climats DRIAS. Donc on a effectivement la transcription des modèles globaux à des échelles plus fines. Et donc on bricole quelque chose et moi j'arrive avec ces données scientifiques en leur disant les gars qu'est-ce que vous en pensez ? Voilà, en fait c'est comme ça que ça se passe. Et donc eux me renvoient des « ah ouais mais oui effectivement maintenant on a du mal même avec la neige de culture à cet endroit-là, on voit que c'est difficile etc. » Et c'est comme ça en fait qu'on construit ce scénario climatique avec... toute l'humilité en disant aux élus « Ce qu'on fait, c'est faux, mais en fait, on ne peut pas faire beaucoup mieux aujourd'hui. Donc, nous, si vous nous posez la question, il ne faut pas y aller. » Parce qu'effectivement, ça ne s'exprime pas. Au début, ça s'exprime du fait « On aurait l'air fin avec nos super appareils et à ne pas pouvoir les ouvrir un hiver sur deux. » C'est comme ça qu'on l'a exprimé. Et voilà. Donc, effectivement, 2017, allez. Eh bien, non, il ne faut pas investir. Bon, oui, mais nos appareils sont toujours pas trop en forme. Qu'est-ce qu'on fait ? Donc...

  • Florence Gault

    Vous optez plutôt à ce moment-là pour de la maintenance ?

  • Olivier Erard

    Oui. Et ce n'était pas évident parce qu'en gros, on est quand même dans le secteur des transports publics, donc avec énormément de responsabilités de sécurité. Et quand vous avez des vibrations, forcément, la tutelle des transports, le ministère des Transports, peut à tout moment vous dire « c'est bon, vous arrêtez d'exploiter, il y a trop de risques pour les clients » . Donc… Et je pense que là aussi, c'est un des points clés dans les transformations, c'est cette idée de la maintenance, les métiers de la maintenance. C'est fondamental, en fait. Comment je fais durer le plus longtemps possible ce qui existe ? Comment je peux le transformer, mais comment je le fais avant de faire du neuf ? Comment je fais durer ? Comment je peux faire transformer, etc. Et en fait, c'est pas bankable, ça. Là, on est à l'encontre de la culture classique de l'industrie, qu'il faut se renouveler. Et puis... Les domaines skiables, c'est comme tout. Les techniques évoluent, le confort évolue. Donc, il est de bon ton de renouveler régulièrement des remontées mécaniques. Et nous, on a cassé ça.

  • Florence Gault

    Donc, vous partez là-dessus. À quel moment intervient dans tout ce processus l'idée que... Il va peut-être falloir arrêter le ski alpin.

  • Olivier Erard

    L'urgence a été de dire, d'abord, on a remonté mécanique. Une fois que ça, ça a été passé, finalement, c'est à partir de mi-2018 où on s'est dit comme ça, qu'est-ce qu'on raconte là ? Parce qu'on est en train de renoncer à un programme d'investissement sur lequel on a déjà communiqué, qui a donné de l'impulsion à sans doute des sociopros, peut-être de l'espoir. Puis là, on est en train de marquer un coup d'arrêt, ce qu'on appelle en fait un renoncement. Et maintenant, je le sais, c'est un renoncement. Et comment on le raconte ? Et là, je me souviens tout le temps, la présidente du département qui me dit « Olivier, c'est bien, mais moi, là, je ne raconte pas la suite. C'est-à-dire que je ne parle pas de cette idée potentielle de fin du ski. Ce n'est pas possible parce que je ne sais pas ce que je raconte, en fait. Donc, je veux bien qu'on marque une étape en disant on renonce aux remontées mécaniques, mais on ne renonce pas au ski. Donc, il faut tourner ça d'une manière sympa. » Audible.

  • Florence Gault

    D'ailleurs, vous en parlez assez peu des habitants, de la réaction que ça a suscité. Vous restez vraiment dans les réactions à l'échelle professionnelle. Oui,

  • Olivier Erard

    parce qu'en fait, il n'y a pas eu de réaction de la population, puisqu'on les a un peu leurrés jusqu'à l'année dernière. C'était après l'apparition du livre. Et la fermeture de Piquemiette.

  • Florence Gault

    Il faut peut-être, juste pour les auditeurs qui ne connaissent pas, recontextualiser la fermeture de Piquemiette.

  • Olivier Erard

    L'année dernière, au mois de septembre, il a été décidé que 30% du domaine skiable serait fermé. Alors, dans les éléments de langage, c'est exploitation suspendue. Donc, c'est le secteur de Piquemiette. C'est celui, d'ailleurs, dans le scénario de 2017, qu'on avait ciblé comme étant le premier qui allait fermer. On n'imaginait pas que ça allait être tout de suite. Mais voilà, donc là, effectivement, c'est une annonce très marquante. Le renoncement à des remontées mécaniques neuves, je dirais que l'habitant lambda n'avait pas forcément percuté qu'on avait communiqué sur on va faire des remontées mécaniques, etc. Les sociopros l'avaient bien intégré. Donc ça, effectivement, c'était autre chose. Mais ce renoncement-là, il est passé un peu inaperçu. On a plutôt une évolution. d'un noyau, comment on commençait à diffuser cette idée de la fin du ski. Et ça, c'est moi la première fois où j'ai posé un graphique avec les élus. Non mais Olivier, tu ne présentes pas ça, quoi. Ce n'est pas possible. Donc je le présentais, il y avait deux courbes qui se croisaient. Et qu'en fait, il y avait un effet ciseau qui montrait qu'à un moment donné, boum, ça s'effondrait. Température, chiffre d'affaires. Voilà, boum. Et donc, parce que j'avais fait des scénarios, j'en ai fait, je ne sais pas combien, des hypothèses. Avoir un scénario climatique et le retranscrire en hypothèse de chiffre d'affaires, il y a plein de possibilités. Et quand même, à force de toucher du doigt cette idée-là, fin 2018, ça a été... Non mais OK, on n'investit pas dans les remontées mécaniques, mais on a injecté quand même cette idée de la fin du ski. Donc on ne peut pas rester sans ça. Voilà, donc... Donc voilà, c'est comme ça qu'elle est arrivée, mais de manière disquette, en disant, ok, on n'a pas l'histoire d'après. Donc Olivier, toi qui es ingénieur, tu vas nous trouver des solutions. Donc là, moi, fin 2018, je dis, non mais, c'est pas moi. Donc je m'en vais, parce que moi, je sais pas. Si vous trouvez quelqu'un qui sait, parce que, bien sûr, on a fait toutes les hypothèses des tyroliennes, tout le bazar Disneyland et machin. Et on sait très bien que ça, en soi, ça peut être équilibré, mais ça ne suffit pas à remplacer le ski. D'ailleurs, tout le monde est d'accord aujourd'hui. Rien ne peut remplacer le ski.

  • Florence Gault

    Donc Olivier Erard, vous finissez par quitter Metabief en 2023. Il y a une chose en tout cas qu'on ne peut pas nier en lisant votre livre, c'est votre engagement, votre capacité à essayer de faire bouger les choses, les nombreuses émotions aussi qui les parcourent. Qu'est-ce qu'il vous reste de cette expérience ?

  • Olivier Erard

    Alors je suis parti en 2024. J'ai décidé en 2023 effectivement de partir en disant je pars dans un an, donc il a fallu... Mon président. Ça a été difficile. (il pleure) Difficile. Pardon.

  • Florence Gault

    Il reste ça. De l'émotion.

  • Olivier Erard

    Beaucoup d'émotion. Pardon. Donc, c'est cet attachement à une aventure humaine extraordinaire. Oui, c'est vraiment ce qui me reste. Oui, l'humain est capable d'eux, malgré tout. J'aime bien dire croire en l'humain malgré tout, qu'il a les capacités de se transformer. Il faut juste qu'il arrête d'être feignant. Il a tout pour. Et c'est vrai que le cerveau humain est un peu feignant. Il vise l'économie d'énergie. Il y a plein de bonnes raisons objectives de ne pas y aller. Donc c'est comment on arrive à casser ces... C'est un peu comme l'épigénétique. On sait très bien qu'on est programmé génétiquement, mais on sait très bien qu'on peut déprogrammer. C'est la plasticité du cerveau. On sait très bien qu'on peut y arriver. Mais il faut quand même amener de l'énergie et de le faire de manière délicate. Et de la pédagogue, etc. C'est vraiment tout ça qui me reste et que j'essaye aujourd'hui de dupliquer sur la thématique de l'eau, qui est aussi un sujet complexe et qui finalement, là pour le coup, est plutôt mon ADN.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Olivier.

  • Olivier Erard

    Merci.

  • Florence Gault

    Ce retour d'expérience, Olivier Erard le raconte donc en détail dans son livre « Le passeur » publié aux éditions Inverse. Un décryptage passionnant que vous pourrez bientôt retrouver en un battement d'aile à travers une interview exclusive diffusée en intégralité. Aujourd'hui, nous avons esquissé à grands traits, vraiment à très grands traits, les étapes qui ont mené Métabier à acter en 2020 la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035. Mais cette décision n'était qu'un point de départ. Depuis cinq ans, un nouveau chapitre s'écrit. Imaginer l'avenir autrement, transformer la station, accompagner les professionnels dans leur adaptation au changement climatique, voire leur reconversion. La transition est en marche, mais concrètement, où en est Métabier aujourd'hui ? J'ai eu envie de me rendre sur place pour le découvrir et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir la suite de cet épisode. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Sandra, Nadia et Loïc. Merci !

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Description

❄️ Les vacances d’hiver battent leur plein, mais sur les pistes, une réalité s’impose : la neige se fait plus rare, et l’avenir du ski est en suspens. Le dérèglement climatique menace les stations, en particulier celles de moyenne altitude.


🌍 En France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu’ailleurs : au cours du XXème siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2°C, contre +1,4°C en moyenne dans le reste du pays. Et la neige artificielle, coûteuse et incertaine, ne suffira pas à enrayer la tendance. Face à cette impasse, certaines stations, comme La Sambuy en Haute-Savoie, ont fermé. D’autres, à l’image de Métabief dans le Jura, anticipent l’inévitable et engagent une transition vers un autre modèle économique et touristique.


🎧 Dans cette première partie, nous explorons la situation des stations de ski face au défi climatique : quels sont les impacts du réchauffement en montagne ? Et quelles réponses commencent à émerger ? Et à noter que vous pourrez retrouver dès la semaine prochaine la suite de cet épisode.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Les vacances d'hiver ont débuté la semaine dernière et avec elles l'arrivée des premiers vacanciers. Pourtant, selon une récente étude du Credoc, moins de 10% des Français partent au ski. Depuis la fin des années 2000, la pratique du ski stagne, voire recule. Les habitudes des Français évoluent alors que les stations font face à un défi majeur, le réchauffement climatique. En Europe, la plupart des stations de ski sont directement menacées par la diminution de l'enneigement. Et en France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu'ailleurs. Au cours du XXe siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2 degrés contre 1,4 en moyenne dans le reste du pays. Aujourd'hui, 40% des pistes dépendent des canons à neige, une solution coûteuse en eau, en énergie et surtout incertaine car elle repose sur des températures suffisamment basses de plus en plus rares. Dans ces conditions, les stations de moyenne altitude, c'est-à-dire sous 2000 mètres, sont à un tournant, s'adapter ou disparaître. Certaines, comme la Sambuy en Haute-Savoie, ont déjà fermé leur remontée mécanique faute d'enneigement suffisant, tandis que d'autres cherchent des alternatives. Métabief, dans le Jura fait figure de pionnière, en 2020, elle prend acte de la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et engage sa transition vers un modèle 4 saisons. Alors quel avenir pour les stations de ski dans un monde qui se réchauffe ? C'est la question que nous allons explorer dans cet épisode d'En un battement d'ailes. La route est étroite pour monter jusqu'à la Sambuie, une toute petite station située à 1100 m d'altitude au bout du lac d'Annecy dans les Boges. Il s'agit en réalité d'un stade de neige, pas d'hébergement, un seul télésiège, trois téléskis. Le 14 juin 2023, le conseil municipal de Faverge-Seythenex, dont dépend la station, votait sa fermeture en cause l'absence de neige et un lourd déficit. Bonjour Valérie, ça va ?

  • Valérie Paumier

    ça va ! Et vous ?

  • Florence Gault

    Enchantée. Désolée pour le retard. Quelques bouchons sur la route et me voilà avec un léger retard. Sur le parking des airs, l'ambiance est étrange, presque irréelle. Valérie Paumier m'attend, elle est la fondatrice de l'association Résilience Montagne qui lutte pour protéger la montagne des conséquences du dérèglement climatique. C'est là,

  • Valérie Paumier

    c'est là. Vous étiez déjà venue ?

  • Florence Gault

    Dans ce coin-là, non...

  • Valérie Paumier

    La Sambuy, on est au bout du lac. Moi, je me rappelle gamine. Je suis de Saint-Joriot, moi. Donc, je me rappelle gamine. C'est la station où on venait quand il venait de neiger. Il fallait être bon skieur. Ce n'était pas tracé. Ce n'était pas damé. C'est le coin des randos. Là, je voyais des gens qui montaient en ski de rando.

  • Florence Gault

    Courageux.

  • Valérie Paumier

    Oui, mais bon, la balade est jolie. Parce que quand on est en haut, c'est magnifique. On voit les bauges de l'autre côté. On voit le Mont Blanc au loin. Il y a le lac dans le temps. Et on voit tout autour, il y a une vue plongeante sur la vallée d'Annecy, sur la vallée du lac. C'est superbe.

  • Florence Gault

    Vous avez appris à skier ici ?

  • Valérie Paumier

    J'ai appris à faire du ski de rando avec mon père. Ce qui est étonnant, c'est qu'on est fin janvier. S'il a neigé à Noël, on s'aperçoit quand même que ce n'est pas skiable.

  • Florence Gault

    On peut essayer d'aller voir si c'est ouvert. Donc là on est devant le restaurant L'Avalanche, fermé aujourd'hui.

  • Valérie Paumier

    On comprend l'inquiétude de ce restaurant finalement,

  • Florence Gault

    pour un restaurant qui était ouvert 7 jours sur 7. On imagine à quel point ça peut être compliqué pour les professionnels du secteur.

  • Valérie Paumier

    C'est sûr, mais d'un autre côté, vu l'enneigement aujourd'hui, si on reste sur ces infrastructures sans investissement, de fabriquer la neige, ça... Comment il équilibre son bilan avec des frais de fonctionnement et le peu de passage occasionné par cette météo et ce climat ?

  • Florence Gault

    Ça oblige nécessairement en tout cas à se réinventer, à faire des choses différemment, c'est impossible à maintenir en état.

  • Valérie Paumier

    En fait c'est triste parce qu'on se rappelle avant qu'on est là. Et en fait, on se prend le climat dans la figure. Quand on voit, on voit tous les lichens, on voit tous les... Il y a tout qui ressort. Là, ce n'est pas skiable, en fait.

  • Florence Gault

    Ca vous procure de l'émotion, là ?

  • Valérie Paumier

    Oui, parce qu'en fait, on dit toujours que la montagne rend visible l'invisible. Et là, moi, je vois les sapins morts. Il y a plein d'épicéas scolités et malades partout. Regardez en face. Ce n'est pas l'hiver, ça. C'est forêt malade. Le manque de neige.

  • Florence Gault

    Vous, votre carrière, elle démarre assez loin des enjeux écologiques. Vous avez travaillé pour la Commission européenne au Gabon, pour le Consulat de France à Hong Kong, puis dans le développement immobilier en montagne en Suisse. Et vous dites que vous avez shifté à un moment. Il se passe quoi dans votre vie pour vous dire « Ok, j'arrête tout et là, il faut que j'aille me battre pour défendre la montagne. »

  • Valérie Paumier

    Pas soudain. Je me posais déjà quelques questions en interne. J'ai fini dans la promotion immobilière en montagne. Ou lorsque je pose des questions aux dirigeants ou au bureau d'études ou aux architectes sur la nécessité d'aller péter une forêt pour y mettre 400 chambres, 5 étoiles et donc amener la neige artificielle qui va avec et tout ce qu'on connaît. J'interroge déjà en fait. Et on me dit c'est comme ça et c'est comme ça. Je vois dans ces entreprises des employés qui se posent des questions. C'est-à-dire que les bureaux d'études le font parce qu'il faut manger à la fin du mois. Les ingénieurs qui utilisent la faisabilité des projets le font, mais sont en dissonance tous. Finalement, il n'y a que les dirigeants qui y vont parce que les bilans sont bons. Mais le reste de la boîte est en souffrance. Et il y a un moment... On n'est plus en accord avec ça, donc je freine des cas de fer, je pose des questions qui dérangent, je me dis est-ce qu'on cherche des solutions alternatives, est-ce qu'on ne peut pas construire de propre ? Et quand le sujet c'est l'artificialisation, quand on comprend les sujets de biodiversité qu'il y a derrière, d'eau, d'émissions, de voitures, de mobilité, en fait on ne peut plus dire qu'on trouve la solution à construire en bois qui serait plus propre que du béton. Et donc oui, j'entends cette conférence. qui se déroule aux mines Paris Tech. C'est Jancovici, qu'on n'aime pas, n'empêche c'est lui qui me donne une réponse à toutes mes questions qui commencent à être prégnantes et je n'arrive plus à vivre avec.

  • Florence Gault

    Et vous créez Résilience Montagne ?

  • Valérie Paumier

    Alors pas tout de suite. Au début, je me dis, je vais aller les voir là tous, les copains des ministères, les copains dans le business qui gagnent 8 millions de dollars. Je vais aller les voir et leur dire, c'est grave. Eh ben, je prends quelques baffes, je me dis mais pour que je prends, mais n'importe quoi, et tu manges de quoi, et tu deviens écolo, tu te Ausha, des mots qui n'étaient pas de mon vocabulaire ou de ma compréhension du problème, et je m'aperçois qu'ils sont comme moi 15 jours avant, et que qui je suis ? pour prétendre amener une parole différente à des gens qui ont tout le temps fait comme ça, et c'est ce que je faisais avant. Donc je me mets sur LinkedIn, et tous ceux qui sont appelés des experts de la montagne, je leur rappelle qu'ils sont lobbyistes. Et ça commence comme ça en fait. Non, toi, tu n'es pas le syndicat qui veut le bien en montagne, tu es le syndicat pro-ski et tu es toi-même promoteur immobilier. Et puis, je me suis fait un petit peu taper dessus sur LinkedIn, mais ça m'était égal en fait, tant que j'étais en ligne. L'idée, ce n'était pas non plus de faire du lancement d'alerte, c'était de dénoncer le modèle en fait et d'expliquer le modèle tel que je l'avais vu moi. Et à un moment, elle dit « mais tu parles au nom de qui ? » Je dis « bah ouais, qui je suis en fait ? » « Bah rien. » Alors soit je montais un cabinet de conseil, et je ne savais pas quel modèle j'allais mettre, mais je faisais du conseil, soit je faisais une association, et j'ai dit « s'il faut une entité qui représente ma parole, ça sera une association, et elle est résilience montagne. »

  • Florence Gault

    Donc le but, c'est à la fois de faire du plaidoyer autour de ces enjeux-là, de sensibiliser aussi le grand public via les réseaux sociaux, via des actions que vous menez en place pour alerter. On voit sur les réseaux sociaux qu'à des moments, ça vient bousculer, répondre de manière un peu virulente. C'est difficile de porter cette parole-là ?

  • Valérie Paumier

    Ce n'est pas difficile, parce que j'essaie de me dire que c'est la vérité.

  • Florence Gault

    C'est violent,

  • Valérie Paumier

    ça peut être violent que ce soit comme on le prend. Moi, je vais bien dans ma vie. quand ça ne va pas, je quitte mon écran, je prends mon vélo, je monte en montagne, je fais autre chose, et j'ai une autre vie que d'être derrière mon écran à dire « qu'est-ce qu'il fait celui-là ? » . Alors oui, là ça se tend, surtout que géopolitiquement ça se tend. Donc les personnes qui n'osaient pas trop parler avant, ou qui mettaient en doute une parole, ou qui étaient un peu sceptiques sur les sujets, aujourd'hui sont confortées par un contexte géopolitique qui leur donne raison. Donc là, il n'y a plus de filtre. Et il n'y a vraiment plus de filtre. Et je l'ai vu récemment à la Clusaz, on avait monté Sauvon-Bourgard avec un multi-collectif et d'associations pour lutter contre une bassine d'altitude. où ça a chauffé fort en fait. Il y a une famille qui a dû déménager, des enfants qui ont été pris à partie à l'école, des gens qui habitent dans le village qui ont du mal à continuer à y vivre. Un monsieur moniteur et moi-même qui avons été menacés de mort dans un restaurant par un conseiller municipal qui est toujours en place. Ça peut être très violent. Et puis, on apprend ça au fur et à mesure, mais au départ, bêtement et naïvement. Je m'étais dit que tant qu'on ne va pas dans la diffamation, tant qu'on ne va pas dans le mensonge et honté, et tant qu'on ne dit pas aux gens « tiens sale con, il ne faut pas le faire, il ne faut pas le dire » , de toute façon on n'agressait pas et on a le droit de donner notre avis, et on a le droit de se battre contre un projet qui n'est pas dans les clous au niveau du droit. Pour moi, j'avais cette idée-là, sauf que ce n'est pas ça idéologiquement.

  • Florence Gault

    Alors revenons sur ici la Sambuy, station de ski qui a fermé ses portes. La décision a été prise à l'été 2023. Vous avez donc choisi, quand on a préparé cette interview, qu'on se retrouve ici. Pourquoi ce lieu ? En quoi il est le reflet aujourd'hui de ce qui se joue en matière de transition dans les stations de ski ?

  • Valérie Paumier

    Ici, on n'est pas à proprement parlé dans une station, c'est un stade de neige. Et ce qui se joue là ? C'est qu'est-ce qu'on fait de ce qu'on sait en matière de météo déréglée par le climat ? Donc là, on est mi-juin, mi-janvier, il n'y a pas de neige, quasi pas. Ça va s'accentuer. Donc, qu'est-ce qu'on fait des infrastructures ? Est-ce qu'on se dit qu'on a ces infrastructures-là et on les recycle vers un modèle plus estival, sachant qu'ici, d'un point de vue chiffre, on fonctionne mieux l'été que l'hiver ? Donc, il y avait probablement un truc à faire. Sur du court terme, mais ça peut exister. On peut être un laboratoire de transition quand on se dit « Oups, on arrête parce qu'on ne peut plus continuer avec la neige, mais on a l'été qui est là. » Qu'est-ce qu'un modèle de transition sur un petit endroit comme ça, sachant qu'on ne doit pas construire plus ? Ici, s'il y avait des hôtels en construction ou même en haut, ce serait vraiment dommage, ce serait bon pour le bilan. Mais c'est juste de se dire « Est-ce qu'il faut le faire ? » Donc, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    La station de la Sambuy était en sursis. Son déficit d'exploitation atteignait près de 500 000 euros par an, une situation devenue intenable pour la mairie de Faverges-Seythenex qui décide alors de tout arrêter. Fini les remontées mécaniques, fini les pistes. Pourtant, la Sambuy faisait figure d'exception. Contrairement à beaucoup d'autres stations, elle réalisait l'essentiel de son chiffre d'affaires en été et fonctionnait sans neige artificielle. Un modèle atypique, mais qui n'a pas réussi à la sauver. Je fais un détour par Faverges pour rencontrer Jacques Dalex, le maire de la commune.

  • Jacques Dalex

    Bonjour. Bonjour. Je suis à vous tout de suite. Bonjour, Jacques Dalex, maire de Faverges et président de la communauté de communes des Sources du Lac d'Annecy.

  • Florence Gault

    En 2023, entre le coût d'entretien du télésiège, le changement je crois à venir de la dameuse, vous chiffrez finalement à plus d'un million d'euros le montant de dépenses à prévoir pour 2024 et donc c'est à ce moment-là que vous vous dites, ça n'est pas réaliste, il faut arrêter.

  • Jacques Dalex

    Il y a un déficit d'exploitation de 500 000 euros. Même à... un petit peu plus parce qu'il y a des services que la commune rendait à la station qui n'étaient pas facturés. Oui, une dameuse, c'est 600 000 euros. Quand il en faut deux et qu'elles sont très anciennes, il faut prendre des décisions. On avait aussi un problème de la grande visite qui a lieu toutes les cinq ans et qui devait avoir lieu là. La grande visite, c'est 350 à 400 000 euros. Donc, il se rajoutait aux 500 000. Aujourd'hui, on paye encore l'emprunt effectué par mes prédécesseurs pour la précédente visite de 2019. Donc, vous voyez, on ne pouvait pas à la fois continuer à financer après avoir fait un emprunt pour la révision de 2019. embrayer sur la révision de 2024, changer le matériel qui n'avait pas été changé, là encore, par mes prédécesseurs. Donc ça, ça fait partie aussi des choses... Alors c'est vrai que c'est surtout un problème économique.

  • Florence Gault

    Donc à l'été 2023, vous annoncez que la décision est actée au Conseil municipal, la fermeture de l'Assemblée. Décision évidemment qui ne se fait pas sans opposition. Cette séance-là d'ailleurs a été particulièrement... mouvementés, notamment les plus en colère se sont fait entendre en créant une association tous ensemble pour l'assemblée. Vous entendez finalement cette colère qui est aussi une forme de désarroi des professionnels qui se retrouvent impactés par cette décision ?

  • Jacques Dalex

    Bien sûr qu'on entend, je ne suis pas sourd, j'écoute, je regarde, voilà, ça a été créé, alors, un peu. éventuellement beaucoup sur la déception que certaines personnes avaient, qui n'étaient pas tous des habitants de la commune. L'action de Tepes n'est pas dénuée d'arrière-pensée politique aussi, parce qu'on retrouve dans ce dossier... Pratiquement toute mon opposition locale. Il y a à la fois des gens de bonne foi, et puis des gens qui manipulent les autres un petit peu. Bon, cette bonne guerre, mais on est conscient de ça.

  • Florence Gault

    Ce qui a pu vous être reproché, c'est aussi un manque de concertation en amont de cette décision, et peut-être pour imaginer autre chose autour de l'assemblée. On en parlait par exemple un peu plus tôt avec Valérie Pommier, qui évoquait qu'on aurait pu imaginer soit un laboratoire d'expérimentation, soit une transformation des équipements existants. Est-ce qu'on aurait pu imaginer d'autres choses ? Certains disaient que les remontées mécaniques auraient pu rester ouvertes l'été.

  • Jacques Dalex

    Je crois qu'on peut difficilement, et c'est un reproche que je n'accepte pas, difficilement faire mieux, puisqu'on a eu une concertation d'une année. Et c'est là... où la fabrique des transitions est venue nous aider, parce que pour faire vivre un débat démocratique, on ne pouvait pas être... partie prenante, donc il était difficile pour nous d'animer les débats, il nous fallait une organisation neutre pour écouter les gens, on a fait des rapports on a écouté, on a écouté l'association TEPS qui avait des propositions à faire et qui les a fait on a écouté tout le monde et on n'a pas eu de proposition miraculeuse, personne n'est venu nous dire, et notamment l'association TEPS ne nous a pas dit nous on va mettre des bénévoles, on va organiser les choses on est en capacité de le faire Donc si vous voulez, la concertation a eu lieu. À un moment donné, on se concerte. Quand la concertation dure pratiquement 10 mois, presque 12 mois, à un moment donné, il faut décider. Et ce n'est pas une décision sur un coup de tête. Nous avons fait de nombreuses réunions avec l'ensemble de nos conseillers municipaux. Et à un moment donné, ils ont voté à bulletin secret. Donc en toute liberté.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Jacques Dalex.

  • Jacques Dalex

    Ça a été avec plaisir. Merci.

  • Florence Gault

    Cette décision de la commune de Faverges-Seytenex a d'ailleurs été saluée par le rapport de la Cour des Comptes en 2024 qui s'est intéressée aux stations de montagne. Un rapport qui n'est pas tendre, la Cour des Comptes dénonce un modèle à bout de souffle estimant que les stations n'ont pas suffisamment pris la mesure du changement climatique. Elle affirme que seules quelques stations pourront maintenir leur exploitation au-delà de 2050. Le rapport avait fait bondir le syndicat des remontées mécaniques, Domaine Skiable de France, qui avait dénoncé des erreurs et des approximations. Arrêtons-nous un instant pour remonter dans le temps et comprendre avec Valérie Paumier comment se sont développées les stations de montagne. En France, le ski connaît un véritable essor après la Seconde Guerre mondiale. L'État lance les plans neige entre 1964 et 1977, visant à développer des stations, parfois de toutes pièces, pour positionner la France sur le marché européen du ski et dynamiser des vallées rurales isolées. En 15 ans, le nombre de stations passe d'une cinquantaine à près de 200.

  • Valérie Paumier

    En 1977, le président VGE explique qu'il met fin aux plans neige. Il dit... ne rend probablement pas service aux écosystèmes et aux populations. On fait dépendre les populations d'une richesse soudaine en déshumanisant les lieux. Il annonce la fin du plan neige en 1977.

  • Florence Gault

    Les stations sont construites grâce aux promoteurs immobiliers. Les remontées mécaniques relèvent du service public, une approche qui contraste avec celle de la Suisse ou de l'Autriche où les infrastructures se sont développées autour des hôtels et des chalets. et non sur la vente de forfaits. Les années 90-2000 marquent l'âge d'or du ski, les stations tournent à plein régime, les vacanciers réservent une semaine entière et l'économie locale en profite largement. Mais depuis une quinzaine d'années, la tendance inverse, les Français skient moins et moins longtemps.

  • Valérie Paumier

    On dit qu'on est dans un marché mûr qui atteint ses limites aujourd'hui de clients. Aujourd'hui, pour remplir une station, on va chercher une clientèle à l'international qui a les moyens de se payer des logements qui sont devenus très chers. Quand on investit dans un télésiège débrayable 8 places, avec des canons tout autour, parce qu'il faut que les canons à neige permettent de relier les pistes aux stations, il faut rentabiliser ces infrastructures, on augmente le prix des forfaits. Quand on augmente un prix de forfait, quand on est à 70 euros la journée et on veut un logement chouette, parce qu'on a les moyens d'avoir une journée chouette, on monte en gamme. Et cette montée en gamme va changer une clientèle lointaine.

  • Florence Gault

    À cela s'ajoute aujourd'hui le manque de neige. Résultat, les stations peinent à rentabiliser leurs infrastructures. Un plan Avenir Montagne a été lancé en 2021 par Jean Castex, qui était alors Premier ministre, avec pour objectif de favoriser la diversification de l'offre touristique et la conquête de nouvelles clientèles. Objectif supplémentaire, accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagne et dynamiser l'immobilier de loisirs afin d'enrayer la formation de lits froids. 50% des appartements... Dans les stations des Alpes sont des appartements dont les fenêtres s'ouvrent moins de 4 semaines par an.

  • Valérie Paumier

    Tant qu'on ne gèlera pas les PLU, les plans locaux d'urbanisme qui permettent de densifier, tant qu'on ne gèle pas les PLU en montagne, on augmente la problématique de l'ifro.

  • Florence Gault

    Alors que faut-il faire ? Faut-il complètement oublier le ski et voir à terme disparaître les stations ? Ou bien leur est-il possible de s'adapter ? Parmi les expériences pionnières en France, il y a celle de Métabier, une station du Jura située dans le Doubs. En 2015, elle prend acte de la fin annoncée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et s'engage dans une transition ambitieuse avec un masterplan, devenir une station de montagne 4 saisons. A la manœuvre, un duo, Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d'Or, chargé de la gestion du domaine skiable de Métabief, et son président Philippe Alpy. Glaciologue formé dans les Andes boliviennes, Olivier Erard avait déjà mené le dossier de la neige de culture dans la station. Il partage son retour d'expérience dans "Le Passeur", publié aux éditions Inverse. De retour d'une formation à Grenoble, il s'arrête à Lyon pour nous rencontrer et nous revenons ensemble sur les grandes étapes qui ont permis d'entamer cette transition. Bonjour Olivier. Bonjour. En 2016 se pose la question du remplacement des remontées mécaniques. qui nécessite un investissement de 15 millions d'euros du conseil départemental. En fait, ces remontées datent des années 80. Visiblement, elles s'usent un peu anormalement. Elles ont des soucis de stabilité et de sécurité. Et dans la question qui se pose, c'est en fait, est-ce qu'on a 20 ans de neige devant nous pour amortir l'investissement financier que demande ce changement de remontée ? Pour bien comprendre, je le redis, on l'a déjà évoqué en première partie de reportage, mais les stations de ski en France sont largement subventionnées par l'État. 23% du chiffre d'affaires des opérateurs de remontée mécanique des petites ou moyennes stations est issu des subventions publiques. Et de plus en plus de stations sont déficitaires. Et donc, il y a tout un jeu d'équilibre.

  • Olivier Erard

    Oui, c'est même pire que ça. Ce que j'ai envie de dire, c'est que la Cour des comptes le soulève. Le contrôle de l'égalité est très généreux par rapport à tout ça, puisqu'il faut rappeler quand même que le service de remontée mécanique, c'était un service public, industriel et commercial, qui doit l'équilibre financier ponctuellement. Si l'équilibre doit être assuré par une hausse anormale du tarif, la collectivité peut venir abonder. Mais c'est devenu le sport national en fait. Donc si aujourd'hui vous appliquez effectivement la loi stricto sensu, vous avez trois quarts des stations qui ferment. Donc en fait, ce n'est même pas tant de savoir est-ce qu'il faut que la collectivité abonde, mais c'est jusqu'à quel point on peut la saigner. C'est un peu ça. Ou jusqu'à quel point on peut vivre sous perfusion. Donc quand on a eu cette question de l'amortissement... de notre installation. On ne s'est pas posé la question de on peut l'amortir peut-être avec le VTT. On le sait qu'on ne peut pas amortir avec le VTT. On n'a pas du tout le même volume. C'est pour ça qu'on n'a pas du tout mis sur la table le côté qu'est-ce qu'il faut faire comme activité de diversification pour amortir les mauvais hivers ? Non. On a dit ça, c'est gadget. Le VTT, ça s'équilibre en soi. C'est le ski qui permet d'amortir la remontée mécanique. Point. Donc la question, c'était est-ce qu'on a 20 ans de ski ? Garantie. C'est là que c'est parti, effectivement.

  • Florence Gault

    Ça n'est pas une préoccupation écologique qui vient guider une réflexion à un moment donné, en se disant « Ah là là, la planète se réchauffe, on risque d'avoir moins de neige, qu'est-ce qu'on va faire ? » La réflexion, et même quand vous lancez toute la démarche de réflexion, vous allez mettre certes tous les scénarios sur la table, mais au départ... Vous ne vous dites pas que c'est ce scénario-là qui va être retenu ?

  • Olivier Erard

    Non, et c'est un peu la surprise que j'ai eue sur moi-même. C'est un peu ce que j'explique dans le livre. C'est que moi-même, je me suis laissé embarquer par cette euphorie. Parce que je l'ai vécu, moi, une fois qu'on a fait la neige de culture. On a eu notamment un hiver 2014-2015. Donc juste avant la descente, c'était l'hiver parfait. L'hiver parfait. Et j'en avais oublié que potentiellement, il y avait... Voilà, il y avait un risque climatique. Il y avait aussi le fait que, quand j'ai porté le dossier de neige de culture, c'était à partir de 2006, en fait, à cette époque-là, bien sûr, le GIEC était là, bien sûr, il projetait des évolutions de température globales, mais elles restaient globales. Il y avait quelques études de l'OCDE sur des stations de Bavière qui projetaient des horizons de difficultés 2050, 2060. C'est tout ce qu'on avait, en fait. Le premier rapport du GIEC sur la cryosphère, c'est septembre 2019. Donc on avait presque oublié, effectivement, ou en tout cas on avait la certitude que la neige du culture nous avait sauvés.

  • Florence Gault

    En 2017, le scénario devient clair. Vous risquez d'avoir un hiver sur deux sans neige en dessous de 1000 mètres, et ce bien avant 2030. Et là, c'est le choc.

  • Olivier Erard

    Oui, oui, et juste, je le dis comme ça, c'est que ce scénario-là, il est co-construit avec... mes collègues de terrain. J'ai utilisé des données météo-historiques. À ce moment-là aussi arrive le portail des climats DRIAS. Donc on a effectivement la transcription des modèles globaux à des échelles plus fines. Et donc on bricole quelque chose et moi j'arrive avec ces données scientifiques en leur disant les gars qu'est-ce que vous en pensez ? Voilà, en fait c'est comme ça que ça se passe. Et donc eux me renvoient des « ah ouais mais oui effectivement maintenant on a du mal même avec la neige de culture à cet endroit-là, on voit que c'est difficile etc. » Et c'est comme ça en fait qu'on construit ce scénario climatique avec... toute l'humilité en disant aux élus « Ce qu'on fait, c'est faux, mais en fait, on ne peut pas faire beaucoup mieux aujourd'hui. Donc, nous, si vous nous posez la question, il ne faut pas y aller. » Parce qu'effectivement, ça ne s'exprime pas. Au début, ça s'exprime du fait « On aurait l'air fin avec nos super appareils et à ne pas pouvoir les ouvrir un hiver sur deux. » C'est comme ça qu'on l'a exprimé. Et voilà. Donc, effectivement, 2017, allez. Eh bien, non, il ne faut pas investir. Bon, oui, mais nos appareils sont toujours pas trop en forme. Qu'est-ce qu'on fait ? Donc...

  • Florence Gault

    Vous optez plutôt à ce moment-là pour de la maintenance ?

  • Olivier Erard

    Oui. Et ce n'était pas évident parce qu'en gros, on est quand même dans le secteur des transports publics, donc avec énormément de responsabilités de sécurité. Et quand vous avez des vibrations, forcément, la tutelle des transports, le ministère des Transports, peut à tout moment vous dire « c'est bon, vous arrêtez d'exploiter, il y a trop de risques pour les clients » . Donc… Et je pense que là aussi, c'est un des points clés dans les transformations, c'est cette idée de la maintenance, les métiers de la maintenance. C'est fondamental, en fait. Comment je fais durer le plus longtemps possible ce qui existe ? Comment je peux le transformer, mais comment je le fais avant de faire du neuf ? Comment je fais durer ? Comment je peux faire transformer, etc. Et en fait, c'est pas bankable, ça. Là, on est à l'encontre de la culture classique de l'industrie, qu'il faut se renouveler. Et puis... Les domaines skiables, c'est comme tout. Les techniques évoluent, le confort évolue. Donc, il est de bon ton de renouveler régulièrement des remontées mécaniques. Et nous, on a cassé ça.

  • Florence Gault

    Donc, vous partez là-dessus. À quel moment intervient dans tout ce processus l'idée que... Il va peut-être falloir arrêter le ski alpin.

  • Olivier Erard

    L'urgence a été de dire, d'abord, on a remonté mécanique. Une fois que ça, ça a été passé, finalement, c'est à partir de mi-2018 où on s'est dit comme ça, qu'est-ce qu'on raconte là ? Parce qu'on est en train de renoncer à un programme d'investissement sur lequel on a déjà communiqué, qui a donné de l'impulsion à sans doute des sociopros, peut-être de l'espoir. Puis là, on est en train de marquer un coup d'arrêt, ce qu'on appelle en fait un renoncement. Et maintenant, je le sais, c'est un renoncement. Et comment on le raconte ? Et là, je me souviens tout le temps, la présidente du département qui me dit « Olivier, c'est bien, mais moi, là, je ne raconte pas la suite. C'est-à-dire que je ne parle pas de cette idée potentielle de fin du ski. Ce n'est pas possible parce que je ne sais pas ce que je raconte, en fait. Donc, je veux bien qu'on marque une étape en disant on renonce aux remontées mécaniques, mais on ne renonce pas au ski. Donc, il faut tourner ça d'une manière sympa. » Audible.

  • Florence Gault

    D'ailleurs, vous en parlez assez peu des habitants, de la réaction que ça a suscité. Vous restez vraiment dans les réactions à l'échelle professionnelle. Oui,

  • Olivier Erard

    parce qu'en fait, il n'y a pas eu de réaction de la population, puisqu'on les a un peu leurrés jusqu'à l'année dernière. C'était après l'apparition du livre. Et la fermeture de Piquemiette.

  • Florence Gault

    Il faut peut-être, juste pour les auditeurs qui ne connaissent pas, recontextualiser la fermeture de Piquemiette.

  • Olivier Erard

    L'année dernière, au mois de septembre, il a été décidé que 30% du domaine skiable serait fermé. Alors, dans les éléments de langage, c'est exploitation suspendue. Donc, c'est le secteur de Piquemiette. C'est celui, d'ailleurs, dans le scénario de 2017, qu'on avait ciblé comme étant le premier qui allait fermer. On n'imaginait pas que ça allait être tout de suite. Mais voilà, donc là, effectivement, c'est une annonce très marquante. Le renoncement à des remontées mécaniques neuves, je dirais que l'habitant lambda n'avait pas forcément percuté qu'on avait communiqué sur on va faire des remontées mécaniques, etc. Les sociopros l'avaient bien intégré. Donc ça, effectivement, c'était autre chose. Mais ce renoncement-là, il est passé un peu inaperçu. On a plutôt une évolution. d'un noyau, comment on commençait à diffuser cette idée de la fin du ski. Et ça, c'est moi la première fois où j'ai posé un graphique avec les élus. Non mais Olivier, tu ne présentes pas ça, quoi. Ce n'est pas possible. Donc je le présentais, il y avait deux courbes qui se croisaient. Et qu'en fait, il y avait un effet ciseau qui montrait qu'à un moment donné, boum, ça s'effondrait. Température, chiffre d'affaires. Voilà, boum. Et donc, parce que j'avais fait des scénarios, j'en ai fait, je ne sais pas combien, des hypothèses. Avoir un scénario climatique et le retranscrire en hypothèse de chiffre d'affaires, il y a plein de possibilités. Et quand même, à force de toucher du doigt cette idée-là, fin 2018, ça a été... Non mais OK, on n'investit pas dans les remontées mécaniques, mais on a injecté quand même cette idée de la fin du ski. Donc on ne peut pas rester sans ça. Voilà, donc... Donc voilà, c'est comme ça qu'elle est arrivée, mais de manière disquette, en disant, ok, on n'a pas l'histoire d'après. Donc Olivier, toi qui es ingénieur, tu vas nous trouver des solutions. Donc là, moi, fin 2018, je dis, non mais, c'est pas moi. Donc je m'en vais, parce que moi, je sais pas. Si vous trouvez quelqu'un qui sait, parce que, bien sûr, on a fait toutes les hypothèses des tyroliennes, tout le bazar Disneyland et machin. Et on sait très bien que ça, en soi, ça peut être équilibré, mais ça ne suffit pas à remplacer le ski. D'ailleurs, tout le monde est d'accord aujourd'hui. Rien ne peut remplacer le ski.

  • Florence Gault

    Donc Olivier Erard, vous finissez par quitter Metabief en 2023. Il y a une chose en tout cas qu'on ne peut pas nier en lisant votre livre, c'est votre engagement, votre capacité à essayer de faire bouger les choses, les nombreuses émotions aussi qui les parcourent. Qu'est-ce qu'il vous reste de cette expérience ?

  • Olivier Erard

    Alors je suis parti en 2024. J'ai décidé en 2023 effectivement de partir en disant je pars dans un an, donc il a fallu... Mon président. Ça a été difficile. (il pleure) Difficile. Pardon.

  • Florence Gault

    Il reste ça. De l'émotion.

  • Olivier Erard

    Beaucoup d'émotion. Pardon. Donc, c'est cet attachement à une aventure humaine extraordinaire. Oui, c'est vraiment ce qui me reste. Oui, l'humain est capable d'eux, malgré tout. J'aime bien dire croire en l'humain malgré tout, qu'il a les capacités de se transformer. Il faut juste qu'il arrête d'être feignant. Il a tout pour. Et c'est vrai que le cerveau humain est un peu feignant. Il vise l'économie d'énergie. Il y a plein de bonnes raisons objectives de ne pas y aller. Donc c'est comment on arrive à casser ces... C'est un peu comme l'épigénétique. On sait très bien qu'on est programmé génétiquement, mais on sait très bien qu'on peut déprogrammer. C'est la plasticité du cerveau. On sait très bien qu'on peut y arriver. Mais il faut quand même amener de l'énergie et de le faire de manière délicate. Et de la pédagogue, etc. C'est vraiment tout ça qui me reste et que j'essaye aujourd'hui de dupliquer sur la thématique de l'eau, qui est aussi un sujet complexe et qui finalement, là pour le coup, est plutôt mon ADN.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Olivier.

  • Olivier Erard

    Merci.

  • Florence Gault

    Ce retour d'expérience, Olivier Erard le raconte donc en détail dans son livre « Le passeur » publié aux éditions Inverse. Un décryptage passionnant que vous pourrez bientôt retrouver en un battement d'aile à travers une interview exclusive diffusée en intégralité. Aujourd'hui, nous avons esquissé à grands traits, vraiment à très grands traits, les étapes qui ont mené Métabier à acter en 2020 la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035. Mais cette décision n'était qu'un point de départ. Depuis cinq ans, un nouveau chapitre s'écrit. Imaginer l'avenir autrement, transformer la station, accompagner les professionnels dans leur adaptation au changement climatique, voire leur reconversion. La transition est en marche, mais concrètement, où en est Métabier aujourd'hui ? J'ai eu envie de me rendre sur place pour le découvrir et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir la suite de cet épisode. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Sandra, Nadia et Loïc. Merci !

Description

❄️ Les vacances d’hiver battent leur plein, mais sur les pistes, une réalité s’impose : la neige se fait plus rare, et l’avenir du ski est en suspens. Le dérèglement climatique menace les stations, en particulier celles de moyenne altitude.


🌍 En France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu’ailleurs : au cours du XXème siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2°C, contre +1,4°C en moyenne dans le reste du pays. Et la neige artificielle, coûteuse et incertaine, ne suffira pas à enrayer la tendance. Face à cette impasse, certaines stations, comme La Sambuy en Haute-Savoie, ont fermé. D’autres, à l’image de Métabief dans le Jura, anticipent l’inévitable et engagent une transition vers un autre modèle économique et touristique.


🎧 Dans cette première partie, nous explorons la situation des stations de ski face au défi climatique : quels sont les impacts du réchauffement en montagne ? Et quelles réponses commencent à émerger ? Et à noter que vous pourrez retrouver dès la semaine prochaine la suite de cet épisode.


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Les vacances d'hiver ont débuté la semaine dernière et avec elles l'arrivée des premiers vacanciers. Pourtant, selon une récente étude du Credoc, moins de 10% des Français partent au ski. Depuis la fin des années 2000, la pratique du ski stagne, voire recule. Les habitudes des Français évoluent alors que les stations font face à un défi majeur, le réchauffement climatique. En Europe, la plupart des stations de ski sont directement menacées par la diminution de l'enneigement. Et en France, le réchauffement est encore plus marqué en montagne qu'ailleurs. Au cours du XXe siècle, les Alpes et les Pyrénées ont gagné 2 degrés contre 1,4 en moyenne dans le reste du pays. Aujourd'hui, 40% des pistes dépendent des canons à neige, une solution coûteuse en eau, en énergie et surtout incertaine car elle repose sur des températures suffisamment basses de plus en plus rares. Dans ces conditions, les stations de moyenne altitude, c'est-à-dire sous 2000 mètres, sont à un tournant, s'adapter ou disparaître. Certaines, comme la Sambuy en Haute-Savoie, ont déjà fermé leur remontée mécanique faute d'enneigement suffisant, tandis que d'autres cherchent des alternatives. Métabief, dans le Jura fait figure de pionnière, en 2020, elle prend acte de la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et engage sa transition vers un modèle 4 saisons. Alors quel avenir pour les stations de ski dans un monde qui se réchauffe ? C'est la question que nous allons explorer dans cet épisode d'En un battement d'ailes. La route est étroite pour monter jusqu'à la Sambuie, une toute petite station située à 1100 m d'altitude au bout du lac d'Annecy dans les Boges. Il s'agit en réalité d'un stade de neige, pas d'hébergement, un seul télésiège, trois téléskis. Le 14 juin 2023, le conseil municipal de Faverge-Seythenex, dont dépend la station, votait sa fermeture en cause l'absence de neige et un lourd déficit. Bonjour Valérie, ça va ?

  • Valérie Paumier

    ça va ! Et vous ?

  • Florence Gault

    Enchantée. Désolée pour le retard. Quelques bouchons sur la route et me voilà avec un léger retard. Sur le parking des airs, l'ambiance est étrange, presque irréelle. Valérie Paumier m'attend, elle est la fondatrice de l'association Résilience Montagne qui lutte pour protéger la montagne des conséquences du dérèglement climatique. C'est là,

  • Valérie Paumier

    c'est là. Vous étiez déjà venue ?

  • Florence Gault

    Dans ce coin-là, non...

  • Valérie Paumier

    La Sambuy, on est au bout du lac. Moi, je me rappelle gamine. Je suis de Saint-Joriot, moi. Donc, je me rappelle gamine. C'est la station où on venait quand il venait de neiger. Il fallait être bon skieur. Ce n'était pas tracé. Ce n'était pas damé. C'est le coin des randos. Là, je voyais des gens qui montaient en ski de rando.

  • Florence Gault

    Courageux.

  • Valérie Paumier

    Oui, mais bon, la balade est jolie. Parce que quand on est en haut, c'est magnifique. On voit les bauges de l'autre côté. On voit le Mont Blanc au loin. Il y a le lac dans le temps. Et on voit tout autour, il y a une vue plongeante sur la vallée d'Annecy, sur la vallée du lac. C'est superbe.

  • Florence Gault

    Vous avez appris à skier ici ?

  • Valérie Paumier

    J'ai appris à faire du ski de rando avec mon père. Ce qui est étonnant, c'est qu'on est fin janvier. S'il a neigé à Noël, on s'aperçoit quand même que ce n'est pas skiable.

  • Florence Gault

    On peut essayer d'aller voir si c'est ouvert. Donc là on est devant le restaurant L'Avalanche, fermé aujourd'hui.

  • Valérie Paumier

    On comprend l'inquiétude de ce restaurant finalement,

  • Florence Gault

    pour un restaurant qui était ouvert 7 jours sur 7. On imagine à quel point ça peut être compliqué pour les professionnels du secteur.

  • Valérie Paumier

    C'est sûr, mais d'un autre côté, vu l'enneigement aujourd'hui, si on reste sur ces infrastructures sans investissement, de fabriquer la neige, ça... Comment il équilibre son bilan avec des frais de fonctionnement et le peu de passage occasionné par cette météo et ce climat ?

  • Florence Gault

    Ça oblige nécessairement en tout cas à se réinventer, à faire des choses différemment, c'est impossible à maintenir en état.

  • Valérie Paumier

    En fait c'est triste parce qu'on se rappelle avant qu'on est là. Et en fait, on se prend le climat dans la figure. Quand on voit, on voit tous les lichens, on voit tous les... Il y a tout qui ressort. Là, ce n'est pas skiable, en fait.

  • Florence Gault

    Ca vous procure de l'émotion, là ?

  • Valérie Paumier

    Oui, parce qu'en fait, on dit toujours que la montagne rend visible l'invisible. Et là, moi, je vois les sapins morts. Il y a plein d'épicéas scolités et malades partout. Regardez en face. Ce n'est pas l'hiver, ça. C'est forêt malade. Le manque de neige.

  • Florence Gault

    Vous, votre carrière, elle démarre assez loin des enjeux écologiques. Vous avez travaillé pour la Commission européenne au Gabon, pour le Consulat de France à Hong Kong, puis dans le développement immobilier en montagne en Suisse. Et vous dites que vous avez shifté à un moment. Il se passe quoi dans votre vie pour vous dire « Ok, j'arrête tout et là, il faut que j'aille me battre pour défendre la montagne. »

  • Valérie Paumier

    Pas soudain. Je me posais déjà quelques questions en interne. J'ai fini dans la promotion immobilière en montagne. Ou lorsque je pose des questions aux dirigeants ou au bureau d'études ou aux architectes sur la nécessité d'aller péter une forêt pour y mettre 400 chambres, 5 étoiles et donc amener la neige artificielle qui va avec et tout ce qu'on connaît. J'interroge déjà en fait. Et on me dit c'est comme ça et c'est comme ça. Je vois dans ces entreprises des employés qui se posent des questions. C'est-à-dire que les bureaux d'études le font parce qu'il faut manger à la fin du mois. Les ingénieurs qui utilisent la faisabilité des projets le font, mais sont en dissonance tous. Finalement, il n'y a que les dirigeants qui y vont parce que les bilans sont bons. Mais le reste de la boîte est en souffrance. Et il y a un moment... On n'est plus en accord avec ça, donc je freine des cas de fer, je pose des questions qui dérangent, je me dis est-ce qu'on cherche des solutions alternatives, est-ce qu'on ne peut pas construire de propre ? Et quand le sujet c'est l'artificialisation, quand on comprend les sujets de biodiversité qu'il y a derrière, d'eau, d'émissions, de voitures, de mobilité, en fait on ne peut plus dire qu'on trouve la solution à construire en bois qui serait plus propre que du béton. Et donc oui, j'entends cette conférence. qui se déroule aux mines Paris Tech. C'est Jancovici, qu'on n'aime pas, n'empêche c'est lui qui me donne une réponse à toutes mes questions qui commencent à être prégnantes et je n'arrive plus à vivre avec.

  • Florence Gault

    Et vous créez Résilience Montagne ?

  • Valérie Paumier

    Alors pas tout de suite. Au début, je me dis, je vais aller les voir là tous, les copains des ministères, les copains dans le business qui gagnent 8 millions de dollars. Je vais aller les voir et leur dire, c'est grave. Eh ben, je prends quelques baffes, je me dis mais pour que je prends, mais n'importe quoi, et tu manges de quoi, et tu deviens écolo, tu te Ausha, des mots qui n'étaient pas de mon vocabulaire ou de ma compréhension du problème, et je m'aperçois qu'ils sont comme moi 15 jours avant, et que qui je suis ? pour prétendre amener une parole différente à des gens qui ont tout le temps fait comme ça, et c'est ce que je faisais avant. Donc je me mets sur LinkedIn, et tous ceux qui sont appelés des experts de la montagne, je leur rappelle qu'ils sont lobbyistes. Et ça commence comme ça en fait. Non, toi, tu n'es pas le syndicat qui veut le bien en montagne, tu es le syndicat pro-ski et tu es toi-même promoteur immobilier. Et puis, je me suis fait un petit peu taper dessus sur LinkedIn, mais ça m'était égal en fait, tant que j'étais en ligne. L'idée, ce n'était pas non plus de faire du lancement d'alerte, c'était de dénoncer le modèle en fait et d'expliquer le modèle tel que je l'avais vu moi. Et à un moment, elle dit « mais tu parles au nom de qui ? » Je dis « bah ouais, qui je suis en fait ? » « Bah rien. » Alors soit je montais un cabinet de conseil, et je ne savais pas quel modèle j'allais mettre, mais je faisais du conseil, soit je faisais une association, et j'ai dit « s'il faut une entité qui représente ma parole, ça sera une association, et elle est résilience montagne. »

  • Florence Gault

    Donc le but, c'est à la fois de faire du plaidoyer autour de ces enjeux-là, de sensibiliser aussi le grand public via les réseaux sociaux, via des actions que vous menez en place pour alerter. On voit sur les réseaux sociaux qu'à des moments, ça vient bousculer, répondre de manière un peu virulente. C'est difficile de porter cette parole-là ?

  • Valérie Paumier

    Ce n'est pas difficile, parce que j'essaie de me dire que c'est la vérité.

  • Florence Gault

    C'est violent,

  • Valérie Paumier

    ça peut être violent que ce soit comme on le prend. Moi, je vais bien dans ma vie. quand ça ne va pas, je quitte mon écran, je prends mon vélo, je monte en montagne, je fais autre chose, et j'ai une autre vie que d'être derrière mon écran à dire « qu'est-ce qu'il fait celui-là ? » . Alors oui, là ça se tend, surtout que géopolitiquement ça se tend. Donc les personnes qui n'osaient pas trop parler avant, ou qui mettaient en doute une parole, ou qui étaient un peu sceptiques sur les sujets, aujourd'hui sont confortées par un contexte géopolitique qui leur donne raison. Donc là, il n'y a plus de filtre. Et il n'y a vraiment plus de filtre. Et je l'ai vu récemment à la Clusaz, on avait monté Sauvon-Bourgard avec un multi-collectif et d'associations pour lutter contre une bassine d'altitude. où ça a chauffé fort en fait. Il y a une famille qui a dû déménager, des enfants qui ont été pris à partie à l'école, des gens qui habitent dans le village qui ont du mal à continuer à y vivre. Un monsieur moniteur et moi-même qui avons été menacés de mort dans un restaurant par un conseiller municipal qui est toujours en place. Ça peut être très violent. Et puis, on apprend ça au fur et à mesure, mais au départ, bêtement et naïvement. Je m'étais dit que tant qu'on ne va pas dans la diffamation, tant qu'on ne va pas dans le mensonge et honté, et tant qu'on ne dit pas aux gens « tiens sale con, il ne faut pas le faire, il ne faut pas le dire » , de toute façon on n'agressait pas et on a le droit de donner notre avis, et on a le droit de se battre contre un projet qui n'est pas dans les clous au niveau du droit. Pour moi, j'avais cette idée-là, sauf que ce n'est pas ça idéologiquement.

  • Florence Gault

    Alors revenons sur ici la Sambuy, station de ski qui a fermé ses portes. La décision a été prise à l'été 2023. Vous avez donc choisi, quand on a préparé cette interview, qu'on se retrouve ici. Pourquoi ce lieu ? En quoi il est le reflet aujourd'hui de ce qui se joue en matière de transition dans les stations de ski ?

  • Valérie Paumier

    Ici, on n'est pas à proprement parlé dans une station, c'est un stade de neige. Et ce qui se joue là ? C'est qu'est-ce qu'on fait de ce qu'on sait en matière de météo déréglée par le climat ? Donc là, on est mi-juin, mi-janvier, il n'y a pas de neige, quasi pas. Ça va s'accentuer. Donc, qu'est-ce qu'on fait des infrastructures ? Est-ce qu'on se dit qu'on a ces infrastructures-là et on les recycle vers un modèle plus estival, sachant qu'ici, d'un point de vue chiffre, on fonctionne mieux l'été que l'hiver ? Donc, il y avait probablement un truc à faire. Sur du court terme, mais ça peut exister. On peut être un laboratoire de transition quand on se dit « Oups, on arrête parce qu'on ne peut plus continuer avec la neige, mais on a l'été qui est là. » Qu'est-ce qu'un modèle de transition sur un petit endroit comme ça, sachant qu'on ne doit pas construire plus ? Ici, s'il y avait des hôtels en construction ou même en haut, ce serait vraiment dommage, ce serait bon pour le bilan. Mais c'est juste de se dire « Est-ce qu'il faut le faire ? » Donc, qu'est-ce qu'on fait ?

  • Florence Gault

    La station de la Sambuy était en sursis. Son déficit d'exploitation atteignait près de 500 000 euros par an, une situation devenue intenable pour la mairie de Faverges-Seythenex qui décide alors de tout arrêter. Fini les remontées mécaniques, fini les pistes. Pourtant, la Sambuy faisait figure d'exception. Contrairement à beaucoup d'autres stations, elle réalisait l'essentiel de son chiffre d'affaires en été et fonctionnait sans neige artificielle. Un modèle atypique, mais qui n'a pas réussi à la sauver. Je fais un détour par Faverges pour rencontrer Jacques Dalex, le maire de la commune.

  • Jacques Dalex

    Bonjour. Bonjour. Je suis à vous tout de suite. Bonjour, Jacques Dalex, maire de Faverges et président de la communauté de communes des Sources du Lac d'Annecy.

  • Florence Gault

    En 2023, entre le coût d'entretien du télésiège, le changement je crois à venir de la dameuse, vous chiffrez finalement à plus d'un million d'euros le montant de dépenses à prévoir pour 2024 et donc c'est à ce moment-là que vous vous dites, ça n'est pas réaliste, il faut arrêter.

  • Jacques Dalex

    Il y a un déficit d'exploitation de 500 000 euros. Même à... un petit peu plus parce qu'il y a des services que la commune rendait à la station qui n'étaient pas facturés. Oui, une dameuse, c'est 600 000 euros. Quand il en faut deux et qu'elles sont très anciennes, il faut prendre des décisions. On avait aussi un problème de la grande visite qui a lieu toutes les cinq ans et qui devait avoir lieu là. La grande visite, c'est 350 à 400 000 euros. Donc, il se rajoutait aux 500 000. Aujourd'hui, on paye encore l'emprunt effectué par mes prédécesseurs pour la précédente visite de 2019. Donc, vous voyez, on ne pouvait pas à la fois continuer à financer après avoir fait un emprunt pour la révision de 2019. embrayer sur la révision de 2024, changer le matériel qui n'avait pas été changé, là encore, par mes prédécesseurs. Donc ça, ça fait partie aussi des choses... Alors c'est vrai que c'est surtout un problème économique.

  • Florence Gault

    Donc à l'été 2023, vous annoncez que la décision est actée au Conseil municipal, la fermeture de l'Assemblée. Décision évidemment qui ne se fait pas sans opposition. Cette séance-là d'ailleurs a été particulièrement... mouvementés, notamment les plus en colère se sont fait entendre en créant une association tous ensemble pour l'assemblée. Vous entendez finalement cette colère qui est aussi une forme de désarroi des professionnels qui se retrouvent impactés par cette décision ?

  • Jacques Dalex

    Bien sûr qu'on entend, je ne suis pas sourd, j'écoute, je regarde, voilà, ça a été créé, alors, un peu. éventuellement beaucoup sur la déception que certaines personnes avaient, qui n'étaient pas tous des habitants de la commune. L'action de Tepes n'est pas dénuée d'arrière-pensée politique aussi, parce qu'on retrouve dans ce dossier... Pratiquement toute mon opposition locale. Il y a à la fois des gens de bonne foi, et puis des gens qui manipulent les autres un petit peu. Bon, cette bonne guerre, mais on est conscient de ça.

  • Florence Gault

    Ce qui a pu vous être reproché, c'est aussi un manque de concertation en amont de cette décision, et peut-être pour imaginer autre chose autour de l'assemblée. On en parlait par exemple un peu plus tôt avec Valérie Pommier, qui évoquait qu'on aurait pu imaginer soit un laboratoire d'expérimentation, soit une transformation des équipements existants. Est-ce qu'on aurait pu imaginer d'autres choses ? Certains disaient que les remontées mécaniques auraient pu rester ouvertes l'été.

  • Jacques Dalex

    Je crois qu'on peut difficilement, et c'est un reproche que je n'accepte pas, difficilement faire mieux, puisqu'on a eu une concertation d'une année. Et c'est là... où la fabrique des transitions est venue nous aider, parce que pour faire vivre un débat démocratique, on ne pouvait pas être... partie prenante, donc il était difficile pour nous d'animer les débats, il nous fallait une organisation neutre pour écouter les gens, on a fait des rapports on a écouté, on a écouté l'association TEPS qui avait des propositions à faire et qui les a fait on a écouté tout le monde et on n'a pas eu de proposition miraculeuse, personne n'est venu nous dire, et notamment l'association TEPS ne nous a pas dit nous on va mettre des bénévoles, on va organiser les choses on est en capacité de le faire Donc si vous voulez, la concertation a eu lieu. À un moment donné, on se concerte. Quand la concertation dure pratiquement 10 mois, presque 12 mois, à un moment donné, il faut décider. Et ce n'est pas une décision sur un coup de tête. Nous avons fait de nombreuses réunions avec l'ensemble de nos conseillers municipaux. Et à un moment donné, ils ont voté à bulletin secret. Donc en toute liberté.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Jacques Dalex.

  • Jacques Dalex

    Ça a été avec plaisir. Merci.

  • Florence Gault

    Cette décision de la commune de Faverges-Seytenex a d'ailleurs été saluée par le rapport de la Cour des Comptes en 2024 qui s'est intéressée aux stations de montagne. Un rapport qui n'est pas tendre, la Cour des Comptes dénonce un modèle à bout de souffle estimant que les stations n'ont pas suffisamment pris la mesure du changement climatique. Elle affirme que seules quelques stations pourront maintenir leur exploitation au-delà de 2050. Le rapport avait fait bondir le syndicat des remontées mécaniques, Domaine Skiable de France, qui avait dénoncé des erreurs et des approximations. Arrêtons-nous un instant pour remonter dans le temps et comprendre avec Valérie Paumier comment se sont développées les stations de montagne. En France, le ski connaît un véritable essor après la Seconde Guerre mondiale. L'État lance les plans neige entre 1964 et 1977, visant à développer des stations, parfois de toutes pièces, pour positionner la France sur le marché européen du ski et dynamiser des vallées rurales isolées. En 15 ans, le nombre de stations passe d'une cinquantaine à près de 200.

  • Valérie Paumier

    En 1977, le président VGE explique qu'il met fin aux plans neige. Il dit... ne rend probablement pas service aux écosystèmes et aux populations. On fait dépendre les populations d'une richesse soudaine en déshumanisant les lieux. Il annonce la fin du plan neige en 1977.

  • Florence Gault

    Les stations sont construites grâce aux promoteurs immobiliers. Les remontées mécaniques relèvent du service public, une approche qui contraste avec celle de la Suisse ou de l'Autriche où les infrastructures se sont développées autour des hôtels et des chalets. et non sur la vente de forfaits. Les années 90-2000 marquent l'âge d'or du ski, les stations tournent à plein régime, les vacanciers réservent une semaine entière et l'économie locale en profite largement. Mais depuis une quinzaine d'années, la tendance inverse, les Français skient moins et moins longtemps.

  • Valérie Paumier

    On dit qu'on est dans un marché mûr qui atteint ses limites aujourd'hui de clients. Aujourd'hui, pour remplir une station, on va chercher une clientèle à l'international qui a les moyens de se payer des logements qui sont devenus très chers. Quand on investit dans un télésiège débrayable 8 places, avec des canons tout autour, parce qu'il faut que les canons à neige permettent de relier les pistes aux stations, il faut rentabiliser ces infrastructures, on augmente le prix des forfaits. Quand on augmente un prix de forfait, quand on est à 70 euros la journée et on veut un logement chouette, parce qu'on a les moyens d'avoir une journée chouette, on monte en gamme. Et cette montée en gamme va changer une clientèle lointaine.

  • Florence Gault

    À cela s'ajoute aujourd'hui le manque de neige. Résultat, les stations peinent à rentabiliser leurs infrastructures. Un plan Avenir Montagne a été lancé en 2021 par Jean Castex, qui était alors Premier ministre, avec pour objectif de favoriser la diversification de l'offre touristique et la conquête de nouvelles clientèles. Objectif supplémentaire, accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagne et dynamiser l'immobilier de loisirs afin d'enrayer la formation de lits froids. 50% des appartements... Dans les stations des Alpes sont des appartements dont les fenêtres s'ouvrent moins de 4 semaines par an.

  • Valérie Paumier

    Tant qu'on ne gèlera pas les PLU, les plans locaux d'urbanisme qui permettent de densifier, tant qu'on ne gèle pas les PLU en montagne, on augmente la problématique de l'ifro.

  • Florence Gault

    Alors que faut-il faire ? Faut-il complètement oublier le ski et voir à terme disparaître les stations ? Ou bien leur est-il possible de s'adapter ? Parmi les expériences pionnières en France, il y a celle de Métabier, une station du Jura située dans le Doubs. En 2015, elle prend acte de la fin annoncée du ski alpin à l'horizon 2030-2035 et s'engage dans une transition ambitieuse avec un masterplan, devenir une station de montagne 4 saisons. A la manœuvre, un duo, Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d'Or, chargé de la gestion du domaine skiable de Métabief, et son président Philippe Alpy. Glaciologue formé dans les Andes boliviennes, Olivier Erard avait déjà mené le dossier de la neige de culture dans la station. Il partage son retour d'expérience dans "Le Passeur", publié aux éditions Inverse. De retour d'une formation à Grenoble, il s'arrête à Lyon pour nous rencontrer et nous revenons ensemble sur les grandes étapes qui ont permis d'entamer cette transition. Bonjour Olivier. Bonjour. En 2016 se pose la question du remplacement des remontées mécaniques. qui nécessite un investissement de 15 millions d'euros du conseil départemental. En fait, ces remontées datent des années 80. Visiblement, elles s'usent un peu anormalement. Elles ont des soucis de stabilité et de sécurité. Et dans la question qui se pose, c'est en fait, est-ce qu'on a 20 ans de neige devant nous pour amortir l'investissement financier que demande ce changement de remontée ? Pour bien comprendre, je le redis, on l'a déjà évoqué en première partie de reportage, mais les stations de ski en France sont largement subventionnées par l'État. 23% du chiffre d'affaires des opérateurs de remontée mécanique des petites ou moyennes stations est issu des subventions publiques. Et de plus en plus de stations sont déficitaires. Et donc, il y a tout un jeu d'équilibre.

  • Olivier Erard

    Oui, c'est même pire que ça. Ce que j'ai envie de dire, c'est que la Cour des comptes le soulève. Le contrôle de l'égalité est très généreux par rapport à tout ça, puisqu'il faut rappeler quand même que le service de remontée mécanique, c'était un service public, industriel et commercial, qui doit l'équilibre financier ponctuellement. Si l'équilibre doit être assuré par une hausse anormale du tarif, la collectivité peut venir abonder. Mais c'est devenu le sport national en fait. Donc si aujourd'hui vous appliquez effectivement la loi stricto sensu, vous avez trois quarts des stations qui ferment. Donc en fait, ce n'est même pas tant de savoir est-ce qu'il faut que la collectivité abonde, mais c'est jusqu'à quel point on peut la saigner. C'est un peu ça. Ou jusqu'à quel point on peut vivre sous perfusion. Donc quand on a eu cette question de l'amortissement... de notre installation. On ne s'est pas posé la question de on peut l'amortir peut-être avec le VTT. On le sait qu'on ne peut pas amortir avec le VTT. On n'a pas du tout le même volume. C'est pour ça qu'on n'a pas du tout mis sur la table le côté qu'est-ce qu'il faut faire comme activité de diversification pour amortir les mauvais hivers ? Non. On a dit ça, c'est gadget. Le VTT, ça s'équilibre en soi. C'est le ski qui permet d'amortir la remontée mécanique. Point. Donc la question, c'était est-ce qu'on a 20 ans de ski ? Garantie. C'est là que c'est parti, effectivement.

  • Florence Gault

    Ça n'est pas une préoccupation écologique qui vient guider une réflexion à un moment donné, en se disant « Ah là là, la planète se réchauffe, on risque d'avoir moins de neige, qu'est-ce qu'on va faire ? » La réflexion, et même quand vous lancez toute la démarche de réflexion, vous allez mettre certes tous les scénarios sur la table, mais au départ... Vous ne vous dites pas que c'est ce scénario-là qui va être retenu ?

  • Olivier Erard

    Non, et c'est un peu la surprise que j'ai eue sur moi-même. C'est un peu ce que j'explique dans le livre. C'est que moi-même, je me suis laissé embarquer par cette euphorie. Parce que je l'ai vécu, moi, une fois qu'on a fait la neige de culture. On a eu notamment un hiver 2014-2015. Donc juste avant la descente, c'était l'hiver parfait. L'hiver parfait. Et j'en avais oublié que potentiellement, il y avait... Voilà, il y avait un risque climatique. Il y avait aussi le fait que, quand j'ai porté le dossier de neige de culture, c'était à partir de 2006, en fait, à cette époque-là, bien sûr, le GIEC était là, bien sûr, il projetait des évolutions de température globales, mais elles restaient globales. Il y avait quelques études de l'OCDE sur des stations de Bavière qui projetaient des horizons de difficultés 2050, 2060. C'est tout ce qu'on avait, en fait. Le premier rapport du GIEC sur la cryosphère, c'est septembre 2019. Donc on avait presque oublié, effectivement, ou en tout cas on avait la certitude que la neige du culture nous avait sauvés.

  • Florence Gault

    En 2017, le scénario devient clair. Vous risquez d'avoir un hiver sur deux sans neige en dessous de 1000 mètres, et ce bien avant 2030. Et là, c'est le choc.

  • Olivier Erard

    Oui, oui, et juste, je le dis comme ça, c'est que ce scénario-là, il est co-construit avec... mes collègues de terrain. J'ai utilisé des données météo-historiques. À ce moment-là aussi arrive le portail des climats DRIAS. Donc on a effectivement la transcription des modèles globaux à des échelles plus fines. Et donc on bricole quelque chose et moi j'arrive avec ces données scientifiques en leur disant les gars qu'est-ce que vous en pensez ? Voilà, en fait c'est comme ça que ça se passe. Et donc eux me renvoient des « ah ouais mais oui effectivement maintenant on a du mal même avec la neige de culture à cet endroit-là, on voit que c'est difficile etc. » Et c'est comme ça en fait qu'on construit ce scénario climatique avec... toute l'humilité en disant aux élus « Ce qu'on fait, c'est faux, mais en fait, on ne peut pas faire beaucoup mieux aujourd'hui. Donc, nous, si vous nous posez la question, il ne faut pas y aller. » Parce qu'effectivement, ça ne s'exprime pas. Au début, ça s'exprime du fait « On aurait l'air fin avec nos super appareils et à ne pas pouvoir les ouvrir un hiver sur deux. » C'est comme ça qu'on l'a exprimé. Et voilà. Donc, effectivement, 2017, allez. Eh bien, non, il ne faut pas investir. Bon, oui, mais nos appareils sont toujours pas trop en forme. Qu'est-ce qu'on fait ? Donc...

  • Florence Gault

    Vous optez plutôt à ce moment-là pour de la maintenance ?

  • Olivier Erard

    Oui. Et ce n'était pas évident parce qu'en gros, on est quand même dans le secteur des transports publics, donc avec énormément de responsabilités de sécurité. Et quand vous avez des vibrations, forcément, la tutelle des transports, le ministère des Transports, peut à tout moment vous dire « c'est bon, vous arrêtez d'exploiter, il y a trop de risques pour les clients » . Donc… Et je pense que là aussi, c'est un des points clés dans les transformations, c'est cette idée de la maintenance, les métiers de la maintenance. C'est fondamental, en fait. Comment je fais durer le plus longtemps possible ce qui existe ? Comment je peux le transformer, mais comment je le fais avant de faire du neuf ? Comment je fais durer ? Comment je peux faire transformer, etc. Et en fait, c'est pas bankable, ça. Là, on est à l'encontre de la culture classique de l'industrie, qu'il faut se renouveler. Et puis... Les domaines skiables, c'est comme tout. Les techniques évoluent, le confort évolue. Donc, il est de bon ton de renouveler régulièrement des remontées mécaniques. Et nous, on a cassé ça.

  • Florence Gault

    Donc, vous partez là-dessus. À quel moment intervient dans tout ce processus l'idée que... Il va peut-être falloir arrêter le ski alpin.

  • Olivier Erard

    L'urgence a été de dire, d'abord, on a remonté mécanique. Une fois que ça, ça a été passé, finalement, c'est à partir de mi-2018 où on s'est dit comme ça, qu'est-ce qu'on raconte là ? Parce qu'on est en train de renoncer à un programme d'investissement sur lequel on a déjà communiqué, qui a donné de l'impulsion à sans doute des sociopros, peut-être de l'espoir. Puis là, on est en train de marquer un coup d'arrêt, ce qu'on appelle en fait un renoncement. Et maintenant, je le sais, c'est un renoncement. Et comment on le raconte ? Et là, je me souviens tout le temps, la présidente du département qui me dit « Olivier, c'est bien, mais moi, là, je ne raconte pas la suite. C'est-à-dire que je ne parle pas de cette idée potentielle de fin du ski. Ce n'est pas possible parce que je ne sais pas ce que je raconte, en fait. Donc, je veux bien qu'on marque une étape en disant on renonce aux remontées mécaniques, mais on ne renonce pas au ski. Donc, il faut tourner ça d'une manière sympa. » Audible.

  • Florence Gault

    D'ailleurs, vous en parlez assez peu des habitants, de la réaction que ça a suscité. Vous restez vraiment dans les réactions à l'échelle professionnelle. Oui,

  • Olivier Erard

    parce qu'en fait, il n'y a pas eu de réaction de la population, puisqu'on les a un peu leurrés jusqu'à l'année dernière. C'était après l'apparition du livre. Et la fermeture de Piquemiette.

  • Florence Gault

    Il faut peut-être, juste pour les auditeurs qui ne connaissent pas, recontextualiser la fermeture de Piquemiette.

  • Olivier Erard

    L'année dernière, au mois de septembre, il a été décidé que 30% du domaine skiable serait fermé. Alors, dans les éléments de langage, c'est exploitation suspendue. Donc, c'est le secteur de Piquemiette. C'est celui, d'ailleurs, dans le scénario de 2017, qu'on avait ciblé comme étant le premier qui allait fermer. On n'imaginait pas que ça allait être tout de suite. Mais voilà, donc là, effectivement, c'est une annonce très marquante. Le renoncement à des remontées mécaniques neuves, je dirais que l'habitant lambda n'avait pas forcément percuté qu'on avait communiqué sur on va faire des remontées mécaniques, etc. Les sociopros l'avaient bien intégré. Donc ça, effectivement, c'était autre chose. Mais ce renoncement-là, il est passé un peu inaperçu. On a plutôt une évolution. d'un noyau, comment on commençait à diffuser cette idée de la fin du ski. Et ça, c'est moi la première fois où j'ai posé un graphique avec les élus. Non mais Olivier, tu ne présentes pas ça, quoi. Ce n'est pas possible. Donc je le présentais, il y avait deux courbes qui se croisaient. Et qu'en fait, il y avait un effet ciseau qui montrait qu'à un moment donné, boum, ça s'effondrait. Température, chiffre d'affaires. Voilà, boum. Et donc, parce que j'avais fait des scénarios, j'en ai fait, je ne sais pas combien, des hypothèses. Avoir un scénario climatique et le retranscrire en hypothèse de chiffre d'affaires, il y a plein de possibilités. Et quand même, à force de toucher du doigt cette idée-là, fin 2018, ça a été... Non mais OK, on n'investit pas dans les remontées mécaniques, mais on a injecté quand même cette idée de la fin du ski. Donc on ne peut pas rester sans ça. Voilà, donc... Donc voilà, c'est comme ça qu'elle est arrivée, mais de manière disquette, en disant, ok, on n'a pas l'histoire d'après. Donc Olivier, toi qui es ingénieur, tu vas nous trouver des solutions. Donc là, moi, fin 2018, je dis, non mais, c'est pas moi. Donc je m'en vais, parce que moi, je sais pas. Si vous trouvez quelqu'un qui sait, parce que, bien sûr, on a fait toutes les hypothèses des tyroliennes, tout le bazar Disneyland et machin. Et on sait très bien que ça, en soi, ça peut être équilibré, mais ça ne suffit pas à remplacer le ski. D'ailleurs, tout le monde est d'accord aujourd'hui. Rien ne peut remplacer le ski.

  • Florence Gault

    Donc Olivier Erard, vous finissez par quitter Metabief en 2023. Il y a une chose en tout cas qu'on ne peut pas nier en lisant votre livre, c'est votre engagement, votre capacité à essayer de faire bouger les choses, les nombreuses émotions aussi qui les parcourent. Qu'est-ce qu'il vous reste de cette expérience ?

  • Olivier Erard

    Alors je suis parti en 2024. J'ai décidé en 2023 effectivement de partir en disant je pars dans un an, donc il a fallu... Mon président. Ça a été difficile. (il pleure) Difficile. Pardon.

  • Florence Gault

    Il reste ça. De l'émotion.

  • Olivier Erard

    Beaucoup d'émotion. Pardon. Donc, c'est cet attachement à une aventure humaine extraordinaire. Oui, c'est vraiment ce qui me reste. Oui, l'humain est capable d'eux, malgré tout. J'aime bien dire croire en l'humain malgré tout, qu'il a les capacités de se transformer. Il faut juste qu'il arrête d'être feignant. Il a tout pour. Et c'est vrai que le cerveau humain est un peu feignant. Il vise l'économie d'énergie. Il y a plein de bonnes raisons objectives de ne pas y aller. Donc c'est comment on arrive à casser ces... C'est un peu comme l'épigénétique. On sait très bien qu'on est programmé génétiquement, mais on sait très bien qu'on peut déprogrammer. C'est la plasticité du cerveau. On sait très bien qu'on peut y arriver. Mais il faut quand même amener de l'énergie et de le faire de manière délicate. Et de la pédagogue, etc. C'est vraiment tout ça qui me reste et que j'essaye aujourd'hui de dupliquer sur la thématique de l'eau, qui est aussi un sujet complexe et qui finalement, là pour le coup, est plutôt mon ADN.

  • Florence Gault

    Merci beaucoup Olivier.

  • Olivier Erard

    Merci.

  • Florence Gault

    Ce retour d'expérience, Olivier Erard le raconte donc en détail dans son livre « Le passeur » publié aux éditions Inverse. Un décryptage passionnant que vous pourrez bientôt retrouver en un battement d'aile à travers une interview exclusive diffusée en intégralité. Aujourd'hui, nous avons esquissé à grands traits, vraiment à très grands traits, les étapes qui ont mené Métabier à acter en 2020 la fin programmée du ski alpin à l'horizon 2030-2035. Mais cette décision n'était qu'un point de départ. Depuis cinq ans, un nouveau chapitre s'écrit. Imaginer l'avenir autrement, transformer la station, accompagner les professionnels dans leur adaptation au changement climatique, voire leur reconversion. La transition est en marche, mais concrètement, où en est Métabier aujourd'hui ? J'ai eu envie de me rendre sur place pour le découvrir et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir la suite de cet épisode. Un épisode rendu possible grâce au soutien de Sandra, Nadia et Loïc. Merci !

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