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#20: Michèle, la fureur de vivre et de vieillir, avec ce petit grain de folie..

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26min |11/11/2024
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Description

Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous entendrez un peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque !

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Bienvenu dans ce 20ème épisode !

Accrochez vous car si Michèle parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire.


Michèle se fout du regard des autres, elle a ce grain de folie, ce petit truc en plus qui nous fait dire "à quand même..." quand on la rencontre pour la première fois.

Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps qui passe et ses rêves !


Découvrez vite ce nouvel épisode qui vous donnera à coup sûr, l'envie de vieillir et de vivre à fond, comme Michèle !


Bonne écoute 💫


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous allez entendre un petit peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque. Bienvenue dans ce vingtième épisode, et oui, déjà vingt épisodes pour le podcast Encore, on peut dire que c'est une adolescence de passé, tant mieux, le podcast vieillit. Et pour ce vingtième épisode, je vous conseille de vous accrocher, car si Michel, qui est au micro d'Encore aujourd'hui, parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire. Michelle, elle se fout du regard des autres, elle a ce petit grain de folie, ce truc en plus, qui nous fait dire « Ah quand même ! » quand on la rencontre pour la première fois. Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice, et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps, sur la transmission, sur le Moyen-Âge, vous verrez aussi, et sur ses rêves. Maintenant, je vous souhaite une bonne écoute, j'espère que, en tout cas moi ça a été le cas, qu'à l'écoute de Michelle, ça vous donnera encore plus l'envie de vieillir et de vivre à fond votre vie. Comme Michel. Bonne écoute. Bonjour Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un infini plaisir.

  • Speaker #0

    Ah là là, tu es en joie d'être dans le podcast encore ?

  • Speaker #1

    C'est plus que de la joie, c'est de l'allégresse.

  • Speaker #0

    Si seulement les gens pouvaient voir ton visage. Mais ils vont entendre ton sourire dans quelques instants, n'est-ce pas ? Bon Michel, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Alors là, c'est une question que je me pose depuis ma naissance. En l'an ?

  • Speaker #0

    En l'an, combien ?

  • Speaker #1

    C'était avant Jésus-Christ.

  • Speaker #0

    Est-ce que, Michel, je vais te poser une question cash, pistache, parce que j'ai l'impression que je peux l'être avec toi. Est-ce que tu te définis comme une vieille ?

  • Speaker #1

    Le sens de vieux dans le sens chronologique est complètement acceptable, ma chère Claire. Évidemment, bien sûr. Mais moi, je vais dire qu'est-ce que c'est qu'être vieux ? Si on prend la tour de... Pise, elle est très vieille. Elle oscille depuis très longtemps la Tour de Pise. Mais elle tient toujours.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es la femme que tu as toujours voulu être à l'âge que tu as aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, je ne savais pas quel genre de femme je pourrais être à mon âge. Pourquoi ? Non, parce que je pense que la vie est toujours une évolution. Et comment savoir à 20 ans, par exemple, comment on va vraiment être à 40, à 60 ou à 80 ? Très difficile, parce que chaque étape de la vie comporte des événements. très difficile de dire. Non, moi, je ne peux pas dire que j'avais anticipé quoi que ce soit. Je savais certainement que je ne serais pas postière. Non. Je savais probablement que je ne serais pas parachutiste. Ça m'avait tenté, mais par exemple, mon docteur actuellement me le déconseille, le parachutisme.

  • Speaker #0

    T'en t'aimerais bien ?

  • Speaker #1

    Ah ben, pourquoi pas ? C'est le seul sport que je n'ai pas pratiqué, pratiquement.

  • Speaker #0

    Bien, on y va après.

  • Speaker #1

    Oui, mais maintenant, ça m'est déconseillé parce que j'ai une hanche en plastoc. Alors, il paraît que les titanes, elles n'aiment pas ça.

  • Speaker #0

    Je crois qu'ils font un mot du médecin pour sauter en parachute.

  • Speaker #1

    Voilà, mais maintenant que je suis devenue une femme titanesque, je n'ai plus besoin de sauter en parachute pour prouver ma titanité.

  • Speaker #0

    Oui, madame, j'attends de voir. Mais dans le sujet de mon podcast, il y a un thème, et je sens que tu vas l'adorer celui-ci, c'est la transmission. Parce que là, je t'ai demandé comment tu t'es projetée. Est-ce que des rôles modèles ont croisé ton chemin ? et t'ont transmis des clés pour vieillir comme tu vieillis.

  • Speaker #1

    Disons que oui, j'ai eu quelques clés référentes parmi les gens avec qui j'ai aussi travaillé. Donc j'ai perdu il n'y a pas très longtemps mon ancienne psychanalyste qui est morte à presque 80 et quelques mouches en plus. Ça m'a beaucoup touchée parce que c'est une femme avec qui j'ai fait un travail de 8 ans quand même et c'est une personne qui m'a marquée. qui m'a fait évoluer très certainement, mais pas qu'elle, pas qu'elle. J'ai eu la chance dans ma vie de rencontrer des gens qui étaient vraiment eux-mêmes des bons transmetteurs. Et ça a commencé à Lyon, parce que je ne suis pas née en France, mais ça ne fait rien.

  • Speaker #0

    Attends, on peut faire une ellipse, hein. T'es née où ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Afrique du Nord. Quel pays ? Le Maroc. Marocco. Et après, j'ai vécu beaucoup en Espagne, puisque une partie de ma famille vivait en Espagne. Donc, je suis, comment dirais-je, issue de... plusieurs cultures, en fait. C'est pour ça que je... T'es un mélange ? Je dirais pas un mélange. Je dirais plutôt une alchimie. Un mélange, c'est un petit côté péjoratif. C'est-à-dire que tout se dilue ? C'est un côté beaucoup plus magique, ésotérique, évolutif. Donc voilà, donc, à Lyon, j'ai fait mes études supérieures, une partie. Une partie. Moi, j'en ai fait ailleurs, bien sûr. Ce serait trop réducteur de rester à Lyon. Parce que je suis d'origine lyonnaise. Enfin, exactement auvergnate, hein. Fouchetras. Oh là là. En boule. Et savoyarde. Et normande. Mon Dieu. Non, je t'ai plu, la cour est pleine. Alors,

  • Speaker #0

    si on mange une galette, je ne sais pas ce que tu mets dedans.

  • Speaker #1

    On parlait des grands transmetteurs. J'ai eu à Lyon l'honneur d'avoir comme... professeur de médiéval, ce qu'on appelle le médiéval, un homme inoubliable à mes yeux, qui s'appelait M. Latuyer, un grand maître. J'ai été marquée d'une façon indélébile. C'est pour ça que je fais des conférences au Moyen-Âge aussi. Indélébile parce que c'était un transmetteur extraordinaire. Et c'est pour ça que je suis attachée à la transmission, parce qu'elle permet parfois de faire entrer dans certaines personnes, chez certaines personnes plutôt, des éléments. de sa formation mentale et parfois physique. Donc plusieurs personnes m'ont marquée profondément et je pense très souvent à elles. Ce sont pour moi des maîtres à penser.

  • Speaker #0

    Est-ce que finalement, parce qu'il y a souvent des adages qui disent « Nous sommes les sommes des individus que nous rencontrons, que nous avons autour de nous » . Toi, tu es la somme aussi des endroits où tu as vécu.

  • Speaker #1

    Évidemment, bien sûr, bien sûr. Je pense que justement, nous sommes à la fois cette addition, cette addition de rencontres, de lieux de vie. d'amour, les amours qu'on a vécues, dont certaines sont marquantes également. Je ne rentre pas dans ce petit secteur, parce que là, il y aurait de quoi passer la nuit, c'est le cas de le dire. Bon, donc, on est quand même effectivement le combiné, le composé de tout ça. Certains souvenirs sont non seulement vivaces, mais ils ont, en moi personnellement, en moi, ils ont donné une flamme pour aller vers certains domaines d'intérêt. Donc, je dois à M. Latuyer mon appétence pour le Moyen-Âge. une appétence phénoménale. Je dois, au lieu où j'ai vécu, dans certains cas, mon appétence pour ces lieux, qui sont des lieux très forts, très chargés. Je dois aussi certaines choses à ma famille, puisque j'ai eu la chance d'appartenir à des familles créatrices. Donc, est-ce inconscient, psychanalyste ? Est-ce génétique, scientifique ? Est-ce aléatoire ? Le hasard est une grande chose, il se joue sur un... « Coup de dé » , disait Malarmé. Un coup de dé n'abolira jamais le hasard, Malarmé. Quoi qu'il en soit, le résultat de tout ça, c'est que je pense vraiment qu'on est le produit de tout un tas de choses. Plus l'imaginaire qu'on met autour de cette salade.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton ingrédient secret dans cette salade ?

  • Speaker #1

    L'ingrédient secret ? La musique me vient alors des femmes de la famille, qui étaient toutes musiciennes. La musique, pour moi, c'est l'alchimie suprême. Quand il ne reste plus rien, je crois qu'on peut se coucher. Se faire brancher un très très bon extrait de Handel, de Brahms, de Gershwin, de Ella Fitzgerald, mais aussi d'un roman de Céleuritano. Et on peut écouter et s'endormir. C'est ce que je me souhaite, en tout cas. C'est ce que je veux. M'endormir en musique.

  • Speaker #0

    De t'endormir en musique ?

  • Speaker #1

    M'endormir en musique, exactement. C'est ça. D'ailleurs, j'espère que le paradis est musicien. Ce qui est absolument prouvé, puisque les anges et les archanges ont toujours été présentés avec des instruments de musique. Donc voilà, ça ouvre un horizon extraordinaire. Bon,

  • Speaker #2

    j'arrête là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, c'est super intéressant parce que tu abordes avec des images la notion de mort.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr. Tu penses souvent ? Oui, la mort. Alors, c'est un autre versant de ma personnalité. Je suis aussi croyante. et pratiquantes, même dans certains cas, pas trop, mais un peu quand même. Et donc, il faut savoir que chez les anciens, les premiers chrétiens, c'est-à-dire les néophytes du temps des Romains, quand ils se faisaient enterrer dans les catacombes, mettaient sur leur tombeau l'oméga avant l'alpha. L'oméga représentant la fin. L'alpha, le début. Il considérait que la mort était le début des choses. L'entrée dans la vraie vie. L'entrée dans la vraie vie. L'alpha étant relégué en clopinette. Donc j'ai gardé cette idée en tête, et je me suis aperçue, j'ai aussi fait de la théologie, pendant quelques années, sérieusement d'ailleurs, et en consultant un petit peu toutes mes données sur les plus grandes religions, les grandes religions... terrestres, disons, que ce soit l'hindouisme dont nous venons, puisque nous sommes des Indo-Européens, que ce soit l'hindouisme, que ce soit le bouddhisme qui en décline, que ce soit l'islamisme, le christianisme, elles ont tout un point commun, c'est qu'elles ouvrent sur un infini après la mort, quelle que soit la religion. Autrement, il n'y a pas de religion. La religion est une espérance pour l'autre monde, quelle que soit la pratique que l'on ait. Alors quand maintenant je regarde avec intérêt certains... Certaines personnes qui parlent de leur témoignage d'outre-mort, etc. Je dis pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Ils ont peut-être vécu quelque chose comme ça. On verra. Il y en a là, dis-toi. Si Dieu le veut.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce qu'avec toutes tes origines, toute ta vie, tu te nourris des civilisations dans lesquelles tu as étudié.

  • Speaker #1

    Je suis très portée sur l'étude des civilisations.

  • Speaker #0

    Donc, tu as plein d'exemples, finalement, vivants ou morts, de personnes qui traversent les âges. qui abordent la notion de mort, et tu arrives, toi, à te créer quelque chose qui finalement...

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire que ce soit forcément tout de suite un ballon. Non, franchement. Il y a des moments où on se dit, il y a quand même des choses chouettes sur la Terre, ce serait bien d'y rester encore un petit peu. Mais d'un autre côté, arrive un moment où on fait quand même un petit bilan, on se dit, peut-être que certaines choses intéressantes que j'ai vécues, ben voilà, je les ai vécues. Il faut accepter qu'on en soit là. à un moment donné de sa vie. Par contre, dans le temps qui nous est donné, autant rester ce temps productif d'une façon positive. Bien sûr que nos moyens, maintenant, je ne vais plus faire une course à pied. J'étais, à un moment donné, championne de tennis et tout le bazar. Oui, ça en plus. J'ai fait aussi Radlopera Allium, ça en plus. C'est pas grave. Tout ça, tout ça, tout ça. Mais maintenant, je ne vais plus le faire. Les pointes, c'est fini. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    C'est les grands écarts encore ?

  • Speaker #1

    Non, je ne peux plus. Ah, mais là...

  • Speaker #0

    C'est à cause de ça. Ils auraient pu te mettre un ongle facile.

  • Speaker #1

    Pauvre Claire. Si on a, nous, certaines des hanches en plastoc, c'est parce qu'on a fait beaucoup de choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    ben oui. C'est ce que m'a dit d'ailleurs. Il m'a dit, mais Madame Servinci, vous n'aviez pas tout fait. Oui, mais j'ai le parachutisme, docteur. Non, mais ça, vous pourrez... Oh, mais docteur, vous n'êtes pas gentil. Je ne suis pas gentil.

  • Speaker #0

    Il faut aller voir un autre docteur.

  • Speaker #1

    Comme il ne veut pas. C'est un homme très charbat, très séduisant. Un bel homme. Comme je les aime, quoi. Bon, quoi qu'il en soit, voilà. Donc, on est le résultat de tout ça. Alors, est-ce que parce qu'on en a fait beaucoup, c'est mieux ? Je ne sais pas. Pour chaque personne, c'est différent. Il y a des personnes qui ont des vies très routinières, très sédentaires, et c'est très bien. Et ils ne vivent pas si mal, et ils meurent bien. Il y a des gens qui ont couru aux quatre coins de la Terre dans tous les sens. Est-ce que ce sera mieux ou pas mieux ? Je ne sais pas. Je pense qu'on a quand même, si je peux me permettre, une forme de destin peut-être.

  • Speaker #0

    Oh, le fameux jeu de dés qui revient. Oui,

  • Speaker #1

    parce que je pense quand même...

  • Speaker #0

    Donc tu es fataliste ?

  • Speaker #1

    Non, pas... Ah non, alors non, pas Mectoub, quand même pas Mectoub. Quoique tout le monde ne veut pas devenir Einstein. Tout le monde ne sera pas Rubens.

  • Speaker #0

    Tout le monde ne sera pas Michel.

  • Speaker #1

    Tout le monde, non. Parce qu'il faut ce qu'on appelle en espagnol, el duende. Et si tu ne tenais duende, tu ne pouvais pas faire le câble. Je te parle en espagnol, c'est pour moi plus simple. Oui, el duende, c'est ce qu'on appelle la petite folie. Le petit farfadet. Duende, ça veut dire un petit fantôme. Duende, ça veut dire fantôme en espagnol. Le tahab en arabe.

  • Speaker #0

    En français, on a un exemple ? Petit diable sur l'épaule ?

  • Speaker #1

    La folie créatrice. La

  • Speaker #0

    Michelle Touch.

  • Speaker #1

    La folie créatrice. Non, non, mais moi j'ai toujours dit à les gens qui travaillent chez moi, que ce soit en théâtre ou autre chose, si tu n'as pas ta petite folie, c'est pas la peine. retourne près arrivage.

  • Speaker #0

    Comment on sait qu'on l'a ?

  • Speaker #1

    On le voit tout de suite.

  • Speaker #0

    Il n'y a que ceux qui l'ont qui savent que les autres l'ont ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis ceux qui sont avec eux. Ça se voit tout de suite. Tu prends un groupe de 20 personnes, tu vois tout de suite ceux qui ont le petit truc. Et attends, ce n'est pas de la folie. C'est la folie du logis, ce qui n'est pas pareil. La folie du logis, c'est ce qu'on appelle le duende, ce qui t'habite et qui te permet d'être créateur.

  • Speaker #0

    Le logis, c'est ton corps et à l'intérieur, c'est la poche.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui est dans l'esprit. qui est dans l'âme, qui est dans le corps aussi parfois, comme les grands danseurs. Pour s'appeler Nourieff, par exemple, il faut être habité. Habiter, être habité. Habiter, tu l'es ou tu ne l'es pas. Si tu es habité, tu l'es jusqu'à la fin des jours. Ça, ça ne changera pas, on ne peut pas te l'enlever. Tu partiras dans une éternité habitée. C'est évident. Vas-y.

  • Speaker #0

    Quand tu retraces un petit peu et quand tu regardes aussi ton quotidien, tu dis « Ah oui, moi je pense que je suis un rôle modèle pour des personnes. »

  • Speaker #1

    Non, là, actuellement, j'ai quelques stagiaires encore, mais beaucoup moins qu'avant. J'ai eu quand même des quantités de gens.

  • Speaker #0

    Des stagiaires pour quoi ? Tu fais quoi par exemple ?

  • Speaker #1

    Théâtre, chant, écriture, danse. Ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça suffit. Ah, il marche ! Non, on a monté beaucoup de pièces, énormément. J'avais un théâtre, j'avais une compagnie, on l'appelait Petite Compagnie, à Valence. Toujours à Valence, mais pas qu'à Valence. Tournait un peu partout.

  • Speaker #0

    Et tu te sentais dans leurs regards ? Avec ces deux gens, il y a beaucoup d'intergénérationnels dans ton métier. Oui, bien sûr. Tu travailles avec des gens qui n'ont pas ton âge.

  • Speaker #1

    Actuellement, je travaille avec des gens qui, la plupart, ont pratiquement mon âge, mais qui ont envie de faire des choses. Autrement, ils ne seraient pas là.

  • Speaker #0

    Avec les plus jeunes générations, est-ce que tu... Est-ce que tu portes un regard différent ?

  • Speaker #1

    Alors avec une génération, moi j'ai aucun problème de relation. Si tu veux, je suis une bête de communication, de toutes les façons. Tu me mets quelques heures à côté, je trouverai toujours le moyen de parler, parce que j'aime parler, comme tu le vois, comme tu l'entends plutôt. Je pense que je pourrais parler chinois avec des phoques, même si les phoques ne sont pas chinois et que je ne parle pas le chinois. Mais ça pourrait marcher. Mon père était déjà comme ça. Nous sommes ce qu'on appelle des parleurs, ça c'est sûr. Ça ne nous empêche pas d'avoir la pensée intellectuelle et artistique. Mais nous sommes des parleurs. Or, le fait d'être des parleurs fait que tu as envie de parler avec tous les gens que tu rencontres. Il y en a moins que d'autres.

  • Speaker #0

    J'aimerais bien qu'on voyage un peu, parce que je sais que tu es la somme de tes voyages et des endroits où tu as habité. Deux voyages, un dans le temps et un dans l'espace géographique. Premier dans le temps. Toi qui as étudié la théologie, tu as étudié le Moyen-Âge. J'imagine que tu es aussi sensible à plein d'autres époques. Tu devais refaire une vie. Tu te transporterais dans quelle...

  • Speaker #1

    Si je devais refaire une vie.

  • Speaker #0

    Ouais, tirer quelle année ?

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Je serais alliée nord d'Aquitaine.

  • Speaker #0

    Ok. Et attendons, ma question c'est, vieillir dans cette époque aussi ? Est-ce que ta réponse est identique ?

  • Speaker #1

    Elle est vieille à 83 ans.

  • Speaker #0

    Ah bah parfait.

  • Speaker #1

    À 83 ans et en allant chercher une fiancée pour son fils Richard Coeur de Lion. Alors à cheval, à cheval, elle est allée se chercher la pépette. À cheval en lui disant « Tu viens, c'est pour mon fils adoré Richard. »

  • Speaker #2

    Elle était contente.

  • Speaker #1

    Tu peux regarder l'histoire. Elle avait plus de 80 ans.

  • Speaker #0

    Et maintenant, deuxième question. On voyage de manière géographique dans notre temps actuel. Pour être la femme que tu es et qui vieillit, tu irais dans quel pays ? Tu peux me dire, je reste là, je reste en France.

  • Speaker #1

    J'irais tout de suite à Paros, dans les Cyclades grecques. Parce qu'à Paros, j'ai vécu une expérience insensée. d'intégration au monde.

  • Speaker #0

    Je veux en savoir plus.

  • Speaker #1

    Paros, tu connais ? Oui.

  • Speaker #0

    Mais après, connaître, c'est quand... Est-ce que vraiment dans nos voyages, on connaît ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un ressenti. Pareil, un ressenti. Je connais toutes les cyclades, mais j'ai adoré Paros. Paros, tu t'imagines la plage, une des plages de Paros. Assise là, en solitaire, personne autour et des tout petits poissons qui viennent... t'embrasser sur les cuisses, te picorer, t'enlever toutes tes mauvaises herbes, mauvaises peaux, etc. Tu te crois dans un pays enchanté.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu dirais aux ceux qui disent, voilà, moi, je ne me parle pas de vieillesse, je ne me parle pas de vieux ou vieille, je n'aime pas ces mots, je n'ai pas envie de vieillir. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendrait des personnes. Je crois qu'il y a des personnes avec qui on peut parler des choses très simplement. Que leur dire que l'aviez, c'est un cap, certainement, mais qu'il y a des choses à faire à l'intérieur de ça. Il y a des autres qui n'ont pas besoin de ça. Je prends l'exemple d'une femme âgée qui habitait à côté de chez moi, à Valencien. Ses enfants l'ont mise dans une maison de retraite. Ils en ont eu marre de s'occuper d'elle, etc. Maintenant, c'est tendance, c'est ce qu'on fait. Elle est très bien. Elle est comme un petit oiseau. Elle a commencé à avoir un petit peu des déperditions mentales. Et comme elle a perdu un peu la mémoire, ça va. Elle a choisi, entre guillemets, elle a choisi, je vais dire quelque chose d'affreux, nous pensons, je dis nous les psys, que les maladies comme ça, Alzheimer et autres, sont aussi quelque part un renoncement. Parfois une situation épouvantable. Parfois au fait de vieillir. Parfois au fait de ne pas supporter certaines situations. Parfois après un veuvage. Je ne pense pas... qu'une personne qui... Attention, je le prends sur moi. Je ne pense pas qu'une personne qui s'entretienne réellement, mentalement, qui continue des activités intellectuelles, etc., puisse arriver à un état grave de Alzheimer. Par contre, une personne qui a des chocs de vie très graves, des décès très graves, qui a envie de se laisser faire, parce qu'elle n'a plus envie de se forcer. Après moi, le déluge, comme disait Louis XV. Oui, d'accord, Louis XVI. Non, c'est Louis XV. Le compte de roi. Donc, voilà. Je crois que... Alors, je vais être encore pire que ça. Pour certaines personnes, Alzheimer peut être un confort. Qu'est-ce qu'il a dit ?

  • Speaker #0

    T'as vu dans mes yeux.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu.

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés.

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un confort parce que...

  • Speaker #0

    Attends, inconfortable ou inconfort ? Inconfort. Je te fais répéter la même chose.

  • Speaker #1

    Non, pas inconfortable. Inconfort. Parce que, d'abord, tout le monde est obligé de s'occuper de toi à un moment donné. Parce que toi, tu n'as plus rien à assumer au niveau responsabilité. Et que tu peux même à la limite, décider de rendre responsables les autres de ton état. Je vais loin, ça n'engage que moi.

  • Speaker #0

    Ça tu le dis parce que tu as, par ton métier de psychanalyste.

  • Speaker #1

    Ah mais oui, ça c'est par rapport à mon état.

  • Speaker #0

    Mais tu as observé, ça fait partie de...

  • Speaker #1

    Je l'ai observé dans deux, trois cas, tu vois, ce que je te dis là. Par contre il y a des cas où non, c'est pas le cas. Par exemple j'ai connu une personne qui avait eu un grave décès, et qui a perdu la tête dans les temps qui ont suivi. ne pouvant pas supporter ce fait, ce fait même.

  • Speaker #0

    Le cerveau, il fait un tac-tac.

  • Speaker #1

    C'est parti en vrai.

  • Speaker #0

    Je comprends. Non, mais c'est hyper riche. Je vois un peu le temps qui défile et j'aimerais aborder d'autres choses. Il y a un autre point qui est clé aussi un peu au centre du podcast, c'est qu'on aborde les rêves et les désirs. Alors, Michel, tu l'as dit tout à l'heure, un de tes rêves, c'est le saut en parachute. Mais j'ai envie de te demander, si tu en as d'autres, c'est quoi tes rêves et tes désirs pour les prochaines années ?

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    c'est très simple.

  • Speaker #1

    Je suis une femme. Je désire toujours. re-rencontrer l'amour.

  • Speaker #0

    Ah, est-ce qu'on ne fait pas une petite annonce ?

  • Speaker #1

    Non, mais parce que, si tu veux, je pense... Bon, moi, je suis croyante. Nous sommes chers et... Donc,

  • Speaker #0

    tu as un cœur à prendre.

  • Speaker #1

    Comment ? Non, mais ce que je veux dire... Je ne sais pas avec qui, je suis très difficile. Non, mais ce que je veux dire, c'est que nous sommes cœur, corps et esprit. Notre corps, nous le portons avec nous jusqu'à la fin des temps, jusqu'à la fin de notre vie terrestre. Il a le droit aussi de vivre et de s'exprimer.

  • Speaker #0

    Comment tu les rencontres, toi, par exemple ? Est-ce que tu as des relations ?

  • Speaker #1

    Je veux rencontrer les gens dans la vie, jusqu'à présent.

  • Speaker #0

    Et là, en ce moment, tu as des... Là,

  • Speaker #1

    en ce moment, non, je suis très occupée par mon travail et je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un qui me convienne vraiment. Donc, je ne veux pas sauter sur les gens non plus. Je vais te dire un truc clair, pour ma vie. On a beau avoir avancé dans l'évolution des sexes, il y a une chose de certaine. Moi, je l'ai constaté pour ma génération. Un homme, traditionnellement, c'est lui qui fait des avances à une femme. Un coq, une poule. Moi, j'ai essayé de faire des avances. Ça n'a pas marché.

  • Speaker #0

    Ça ne prenait pas ?

  • Speaker #1

    Ça ne prend pas.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça, je n'ai jamais pu savoir. Mais ça ne prend pas. Comme si, mais attention, ça s'adressait à des gens de ma génération. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, ça ne prenait pas parce que je pense que certaines personnes de ma génération étaient choquées. Considéraient probablement que ce n'était pas mon rôle. Attention, toi, tu es d'une autre génération. Donc, tu vis à égalité avec des gens de ton âge. Dans ma génération, et c'est pour ça que je suis par moments pas tout à fait d'accord avec ce qu'elle disait, dans les gens de ma génération, il y a encore des choses comme ça qui sont en place, comme des petits barrages si tu veux, tu vois. Il n'est pas traditionnel qu'une femme fasse... Voilà, j'en dis pas plus, tu vois, jusqu'à présent. Alors, dans la vie, enfin dans la vie en général, quand on a une vie où on sort pas mal, où on bouge pas mal, on rencontre finalement toujours quelqu'un, parce que, tu vois... Il y a des appétences communes.

  • Speaker #0

    Tu vas sur des applications de rencontre, par exemple ?

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vas sur des applications ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai toujours rencontré les gens dans la vie courante. Ben oui, les applications... Ma fille, elle a rencontré son Jules comme ça, par application.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que les hommes sortent ? Les hommes d'une génération, est-ce qu'ils vont dans des bars, dans des restos, dans des musées ?

  • Speaker #1

    Il y en a quelques-uns, mais certainement moins que moi.

  • Speaker #0

    Il y a plus de femmes qui cherchent des hommes.

  • Speaker #1

    Non. Moi, j'ai beaucoup de plaisir à aller dans des bars et des trucs comme ça. J'aime beaucoup, j'aime bien. J'aime bien les cafés, les bars, un petit peu de jazz, de swing. Ça ne m'empêche pas d'aller éventuellement à la mèche le lendemain. Ça ne change pas. Je veux dire, ma vie est faite aussi de cette communication, si tu veux. Et je pense que les cafés, les bars sont des lieux de communication, tout simplement. Aussi bien je peux avoir à ce moment-là échangé avec quelqu'un qui est à côté, etc., quelle qu'il soit, tu vois. Ce sont des domaines de relationnel. Et ça me paraît, quand on écrit, moi je crie très souvent. J'adore les bars pour écrire. La plupart des écrivains aiment les bars. On écrit dans les bars, il y a une ambiance, il y a quelque chose qui est stimulant. Il y en a d'autres qui s'installent dans les monastères. Ça m'est arrivé, mais je n'ai pas eu beaucoup d'inspiration. Je préfère les bars quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    Ça va être ma dernière question.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    alors la dernière. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que tu mets derrière ce mot ?

  • Speaker #1

    Encore du temps pour mener à bien mes conférences. national. Encore du temps pour mener à bien mes ateliers de culture générale et d'écriture. Encore du temps pour peut-être rencontrer quelqu'un. Warum nicht, dites-vous en allemand. Pourquoi non, dites-vous en espagnol. Why not, dites-vous en anglais.

  • Speaker #0

    On les a toutes.

  • Speaker #1

    Voilà, encore. Encore du temps pour boire un bon petit coup de temps en temps.

  • Speaker #0

    Du champagne.

  • Speaker #1

    Champagne. De temps en temps, un bon pastis ou un code du Rhône, Val-aux-Listes. Encore du temps pour voyager, des fois. Encore du temps pour apprécier les belles personnes, hommes ou femmes, ou enfants. Encore du temps pour faire chier certains. Encore du temps pour être excentrique. Parce que mon grand-père était anglo-normand et que les Anglais passent aussi pour des excentriques. Encore du temps pour tout ça. Pour m'habiller comme je veux, d'une façon parfois excentrique. J'adore.

  • Speaker #0

    Ton côté anglais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, c'est mon côté anglais. Absolument. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci pour ta folie. Pour la. Pour ta folie.

  • Speaker #1

    Petite folie.

  • Speaker #0

    Petite folie magnifique. Petite folie. Merci pour ce voyage dans le temps.

  • Speaker #1

    Bienvenue à toi Claire aussi, sous le ciel de Valence.

  • Speaker #0

    Ah, ça me fait plaisir.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Et je te dis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt, bien sûr.

  • Speaker #0

    On va se retrouver dans un bar pour boire une coupe de champagne. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

Description

Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous entendrez un peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque !

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Bienvenu dans ce 20ème épisode !

Accrochez vous car si Michèle parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire.


Michèle se fout du regard des autres, elle a ce grain de folie, ce petit truc en plus qui nous fait dire "à quand même..." quand on la rencontre pour la première fois.

Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps qui passe et ses rêves !


Découvrez vite ce nouvel épisode qui vous donnera à coup sûr, l'envie de vieillir et de vivre à fond, comme Michèle !


Bonne écoute 💫


N'oubliez pas de suivre le podcast sur instagram, de vous abonner au programme et de noter l'épisode d'un maximum d'étoiles 🤝



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous allez entendre un petit peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque. Bienvenue dans ce vingtième épisode, et oui, déjà vingt épisodes pour le podcast Encore, on peut dire que c'est une adolescence de passé, tant mieux, le podcast vieillit. Et pour ce vingtième épisode, je vous conseille de vous accrocher, car si Michel, qui est au micro d'Encore aujourd'hui, parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire. Michelle, elle se fout du regard des autres, elle a ce petit grain de folie, ce truc en plus, qui nous fait dire « Ah quand même ! » quand on la rencontre pour la première fois. Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice, et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps, sur la transmission, sur le Moyen-Âge, vous verrez aussi, et sur ses rêves. Maintenant, je vous souhaite une bonne écoute, j'espère que, en tout cas moi ça a été le cas, qu'à l'écoute de Michelle, ça vous donnera encore plus l'envie de vieillir et de vivre à fond votre vie. Comme Michel. Bonne écoute. Bonjour Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un infini plaisir.

  • Speaker #0

    Ah là là, tu es en joie d'être dans le podcast encore ?

  • Speaker #1

    C'est plus que de la joie, c'est de l'allégresse.

  • Speaker #0

    Si seulement les gens pouvaient voir ton visage. Mais ils vont entendre ton sourire dans quelques instants, n'est-ce pas ? Bon Michel, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Alors là, c'est une question que je me pose depuis ma naissance. En l'an ?

  • Speaker #0

    En l'an, combien ?

  • Speaker #1

    C'était avant Jésus-Christ.

  • Speaker #0

    Est-ce que, Michel, je vais te poser une question cash, pistache, parce que j'ai l'impression que je peux l'être avec toi. Est-ce que tu te définis comme une vieille ?

  • Speaker #1

    Le sens de vieux dans le sens chronologique est complètement acceptable, ma chère Claire. Évidemment, bien sûr. Mais moi, je vais dire qu'est-ce que c'est qu'être vieux ? Si on prend la tour de... Pise, elle est très vieille. Elle oscille depuis très longtemps la Tour de Pise. Mais elle tient toujours.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es la femme que tu as toujours voulu être à l'âge que tu as aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, je ne savais pas quel genre de femme je pourrais être à mon âge. Pourquoi ? Non, parce que je pense que la vie est toujours une évolution. Et comment savoir à 20 ans, par exemple, comment on va vraiment être à 40, à 60 ou à 80 ? Très difficile, parce que chaque étape de la vie comporte des événements. très difficile de dire. Non, moi, je ne peux pas dire que j'avais anticipé quoi que ce soit. Je savais certainement que je ne serais pas postière. Non. Je savais probablement que je ne serais pas parachutiste. Ça m'avait tenté, mais par exemple, mon docteur actuellement me le déconseille, le parachutisme.

  • Speaker #0

    T'en t'aimerais bien ?

  • Speaker #1

    Ah ben, pourquoi pas ? C'est le seul sport que je n'ai pas pratiqué, pratiquement.

  • Speaker #0

    Bien, on y va après.

  • Speaker #1

    Oui, mais maintenant, ça m'est déconseillé parce que j'ai une hanche en plastoc. Alors, il paraît que les titanes, elles n'aiment pas ça.

  • Speaker #0

    Je crois qu'ils font un mot du médecin pour sauter en parachute.

  • Speaker #1

    Voilà, mais maintenant que je suis devenue une femme titanesque, je n'ai plus besoin de sauter en parachute pour prouver ma titanité.

  • Speaker #0

    Oui, madame, j'attends de voir. Mais dans le sujet de mon podcast, il y a un thème, et je sens que tu vas l'adorer celui-ci, c'est la transmission. Parce que là, je t'ai demandé comment tu t'es projetée. Est-ce que des rôles modèles ont croisé ton chemin ? et t'ont transmis des clés pour vieillir comme tu vieillis.

  • Speaker #1

    Disons que oui, j'ai eu quelques clés référentes parmi les gens avec qui j'ai aussi travaillé. Donc j'ai perdu il n'y a pas très longtemps mon ancienne psychanalyste qui est morte à presque 80 et quelques mouches en plus. Ça m'a beaucoup touchée parce que c'est une femme avec qui j'ai fait un travail de 8 ans quand même et c'est une personne qui m'a marquée. qui m'a fait évoluer très certainement, mais pas qu'elle, pas qu'elle. J'ai eu la chance dans ma vie de rencontrer des gens qui étaient vraiment eux-mêmes des bons transmetteurs. Et ça a commencé à Lyon, parce que je ne suis pas née en France, mais ça ne fait rien.

  • Speaker #0

    Attends, on peut faire une ellipse, hein. T'es née où ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Afrique du Nord. Quel pays ? Le Maroc. Marocco. Et après, j'ai vécu beaucoup en Espagne, puisque une partie de ma famille vivait en Espagne. Donc, je suis, comment dirais-je, issue de... plusieurs cultures, en fait. C'est pour ça que je... T'es un mélange ? Je dirais pas un mélange. Je dirais plutôt une alchimie. Un mélange, c'est un petit côté péjoratif. C'est-à-dire que tout se dilue ? C'est un côté beaucoup plus magique, ésotérique, évolutif. Donc voilà, donc, à Lyon, j'ai fait mes études supérieures, une partie. Une partie. Moi, j'en ai fait ailleurs, bien sûr. Ce serait trop réducteur de rester à Lyon. Parce que je suis d'origine lyonnaise. Enfin, exactement auvergnate, hein. Fouchetras. Oh là là. En boule. Et savoyarde. Et normande. Mon Dieu. Non, je t'ai plu, la cour est pleine. Alors,

  • Speaker #0

    si on mange une galette, je ne sais pas ce que tu mets dedans.

  • Speaker #1

    On parlait des grands transmetteurs. J'ai eu à Lyon l'honneur d'avoir comme... professeur de médiéval, ce qu'on appelle le médiéval, un homme inoubliable à mes yeux, qui s'appelait M. Latuyer, un grand maître. J'ai été marquée d'une façon indélébile. C'est pour ça que je fais des conférences au Moyen-Âge aussi. Indélébile parce que c'était un transmetteur extraordinaire. Et c'est pour ça que je suis attachée à la transmission, parce qu'elle permet parfois de faire entrer dans certaines personnes, chez certaines personnes plutôt, des éléments. de sa formation mentale et parfois physique. Donc plusieurs personnes m'ont marquée profondément et je pense très souvent à elles. Ce sont pour moi des maîtres à penser.

  • Speaker #0

    Est-ce que finalement, parce qu'il y a souvent des adages qui disent « Nous sommes les sommes des individus que nous rencontrons, que nous avons autour de nous » . Toi, tu es la somme aussi des endroits où tu as vécu.

  • Speaker #1

    Évidemment, bien sûr, bien sûr. Je pense que justement, nous sommes à la fois cette addition, cette addition de rencontres, de lieux de vie. d'amour, les amours qu'on a vécues, dont certaines sont marquantes également. Je ne rentre pas dans ce petit secteur, parce que là, il y aurait de quoi passer la nuit, c'est le cas de le dire. Bon, donc, on est quand même effectivement le combiné, le composé de tout ça. Certains souvenirs sont non seulement vivaces, mais ils ont, en moi personnellement, en moi, ils ont donné une flamme pour aller vers certains domaines d'intérêt. Donc, je dois à M. Latuyer mon appétence pour le Moyen-Âge. une appétence phénoménale. Je dois, au lieu où j'ai vécu, dans certains cas, mon appétence pour ces lieux, qui sont des lieux très forts, très chargés. Je dois aussi certaines choses à ma famille, puisque j'ai eu la chance d'appartenir à des familles créatrices. Donc, est-ce inconscient, psychanalyste ? Est-ce génétique, scientifique ? Est-ce aléatoire ? Le hasard est une grande chose, il se joue sur un... « Coup de dé » , disait Malarmé. Un coup de dé n'abolira jamais le hasard, Malarmé. Quoi qu'il en soit, le résultat de tout ça, c'est que je pense vraiment qu'on est le produit de tout un tas de choses. Plus l'imaginaire qu'on met autour de cette salade.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton ingrédient secret dans cette salade ?

  • Speaker #1

    L'ingrédient secret ? La musique me vient alors des femmes de la famille, qui étaient toutes musiciennes. La musique, pour moi, c'est l'alchimie suprême. Quand il ne reste plus rien, je crois qu'on peut se coucher. Se faire brancher un très très bon extrait de Handel, de Brahms, de Gershwin, de Ella Fitzgerald, mais aussi d'un roman de Céleuritano. Et on peut écouter et s'endormir. C'est ce que je me souhaite, en tout cas. C'est ce que je veux. M'endormir en musique.

  • Speaker #0

    De t'endormir en musique ?

  • Speaker #1

    M'endormir en musique, exactement. C'est ça. D'ailleurs, j'espère que le paradis est musicien. Ce qui est absolument prouvé, puisque les anges et les archanges ont toujours été présentés avec des instruments de musique. Donc voilà, ça ouvre un horizon extraordinaire. Bon,

  • Speaker #2

    j'arrête là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, c'est super intéressant parce que tu abordes avec des images la notion de mort.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr. Tu penses souvent ? Oui, la mort. Alors, c'est un autre versant de ma personnalité. Je suis aussi croyante. et pratiquantes, même dans certains cas, pas trop, mais un peu quand même. Et donc, il faut savoir que chez les anciens, les premiers chrétiens, c'est-à-dire les néophytes du temps des Romains, quand ils se faisaient enterrer dans les catacombes, mettaient sur leur tombeau l'oméga avant l'alpha. L'oméga représentant la fin. L'alpha, le début. Il considérait que la mort était le début des choses. L'entrée dans la vraie vie. L'entrée dans la vraie vie. L'alpha étant relégué en clopinette. Donc j'ai gardé cette idée en tête, et je me suis aperçue, j'ai aussi fait de la théologie, pendant quelques années, sérieusement d'ailleurs, et en consultant un petit peu toutes mes données sur les plus grandes religions, les grandes religions... terrestres, disons, que ce soit l'hindouisme dont nous venons, puisque nous sommes des Indo-Européens, que ce soit l'hindouisme, que ce soit le bouddhisme qui en décline, que ce soit l'islamisme, le christianisme, elles ont tout un point commun, c'est qu'elles ouvrent sur un infini après la mort, quelle que soit la religion. Autrement, il n'y a pas de religion. La religion est une espérance pour l'autre monde, quelle que soit la pratique que l'on ait. Alors quand maintenant je regarde avec intérêt certains... Certaines personnes qui parlent de leur témoignage d'outre-mort, etc. Je dis pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Ils ont peut-être vécu quelque chose comme ça. On verra. Il y en a là, dis-toi. Si Dieu le veut.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce qu'avec toutes tes origines, toute ta vie, tu te nourris des civilisations dans lesquelles tu as étudié.

  • Speaker #1

    Je suis très portée sur l'étude des civilisations.

  • Speaker #0

    Donc, tu as plein d'exemples, finalement, vivants ou morts, de personnes qui traversent les âges. qui abordent la notion de mort, et tu arrives, toi, à te créer quelque chose qui finalement...

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire que ce soit forcément tout de suite un ballon. Non, franchement. Il y a des moments où on se dit, il y a quand même des choses chouettes sur la Terre, ce serait bien d'y rester encore un petit peu. Mais d'un autre côté, arrive un moment où on fait quand même un petit bilan, on se dit, peut-être que certaines choses intéressantes que j'ai vécues, ben voilà, je les ai vécues. Il faut accepter qu'on en soit là. à un moment donné de sa vie. Par contre, dans le temps qui nous est donné, autant rester ce temps productif d'une façon positive. Bien sûr que nos moyens, maintenant, je ne vais plus faire une course à pied. J'étais, à un moment donné, championne de tennis et tout le bazar. Oui, ça en plus. J'ai fait aussi Radlopera Allium, ça en plus. C'est pas grave. Tout ça, tout ça, tout ça. Mais maintenant, je ne vais plus le faire. Les pointes, c'est fini. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    C'est les grands écarts encore ?

  • Speaker #1

    Non, je ne peux plus. Ah, mais là...

  • Speaker #0

    C'est à cause de ça. Ils auraient pu te mettre un ongle facile.

  • Speaker #1

    Pauvre Claire. Si on a, nous, certaines des hanches en plastoc, c'est parce qu'on a fait beaucoup de choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    ben oui. C'est ce que m'a dit d'ailleurs. Il m'a dit, mais Madame Servinci, vous n'aviez pas tout fait. Oui, mais j'ai le parachutisme, docteur. Non, mais ça, vous pourrez... Oh, mais docteur, vous n'êtes pas gentil. Je ne suis pas gentil.

  • Speaker #0

    Il faut aller voir un autre docteur.

  • Speaker #1

    Comme il ne veut pas. C'est un homme très charbat, très séduisant. Un bel homme. Comme je les aime, quoi. Bon, quoi qu'il en soit, voilà. Donc, on est le résultat de tout ça. Alors, est-ce que parce qu'on en a fait beaucoup, c'est mieux ? Je ne sais pas. Pour chaque personne, c'est différent. Il y a des personnes qui ont des vies très routinières, très sédentaires, et c'est très bien. Et ils ne vivent pas si mal, et ils meurent bien. Il y a des gens qui ont couru aux quatre coins de la Terre dans tous les sens. Est-ce que ce sera mieux ou pas mieux ? Je ne sais pas. Je pense qu'on a quand même, si je peux me permettre, une forme de destin peut-être.

  • Speaker #0

    Oh, le fameux jeu de dés qui revient. Oui,

  • Speaker #1

    parce que je pense quand même...

  • Speaker #0

    Donc tu es fataliste ?

  • Speaker #1

    Non, pas... Ah non, alors non, pas Mectoub, quand même pas Mectoub. Quoique tout le monde ne veut pas devenir Einstein. Tout le monde ne sera pas Rubens.

  • Speaker #0

    Tout le monde ne sera pas Michel.

  • Speaker #1

    Tout le monde, non. Parce qu'il faut ce qu'on appelle en espagnol, el duende. Et si tu ne tenais duende, tu ne pouvais pas faire le câble. Je te parle en espagnol, c'est pour moi plus simple. Oui, el duende, c'est ce qu'on appelle la petite folie. Le petit farfadet. Duende, ça veut dire un petit fantôme. Duende, ça veut dire fantôme en espagnol. Le tahab en arabe.

  • Speaker #0

    En français, on a un exemple ? Petit diable sur l'épaule ?

  • Speaker #1

    La folie créatrice. La

  • Speaker #0

    Michelle Touch.

  • Speaker #1

    La folie créatrice. Non, non, mais moi j'ai toujours dit à les gens qui travaillent chez moi, que ce soit en théâtre ou autre chose, si tu n'as pas ta petite folie, c'est pas la peine. retourne près arrivage.

  • Speaker #0

    Comment on sait qu'on l'a ?

  • Speaker #1

    On le voit tout de suite.

  • Speaker #0

    Il n'y a que ceux qui l'ont qui savent que les autres l'ont ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis ceux qui sont avec eux. Ça se voit tout de suite. Tu prends un groupe de 20 personnes, tu vois tout de suite ceux qui ont le petit truc. Et attends, ce n'est pas de la folie. C'est la folie du logis, ce qui n'est pas pareil. La folie du logis, c'est ce qu'on appelle le duende, ce qui t'habite et qui te permet d'être créateur.

  • Speaker #0

    Le logis, c'est ton corps et à l'intérieur, c'est la poche.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui est dans l'esprit. qui est dans l'âme, qui est dans le corps aussi parfois, comme les grands danseurs. Pour s'appeler Nourieff, par exemple, il faut être habité. Habiter, être habité. Habiter, tu l'es ou tu ne l'es pas. Si tu es habité, tu l'es jusqu'à la fin des jours. Ça, ça ne changera pas, on ne peut pas te l'enlever. Tu partiras dans une éternité habitée. C'est évident. Vas-y.

  • Speaker #0

    Quand tu retraces un petit peu et quand tu regardes aussi ton quotidien, tu dis « Ah oui, moi je pense que je suis un rôle modèle pour des personnes. »

  • Speaker #1

    Non, là, actuellement, j'ai quelques stagiaires encore, mais beaucoup moins qu'avant. J'ai eu quand même des quantités de gens.

  • Speaker #0

    Des stagiaires pour quoi ? Tu fais quoi par exemple ?

  • Speaker #1

    Théâtre, chant, écriture, danse. Ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça suffit. Ah, il marche ! Non, on a monté beaucoup de pièces, énormément. J'avais un théâtre, j'avais une compagnie, on l'appelait Petite Compagnie, à Valence. Toujours à Valence, mais pas qu'à Valence. Tournait un peu partout.

  • Speaker #0

    Et tu te sentais dans leurs regards ? Avec ces deux gens, il y a beaucoup d'intergénérationnels dans ton métier. Oui, bien sûr. Tu travailles avec des gens qui n'ont pas ton âge.

  • Speaker #1

    Actuellement, je travaille avec des gens qui, la plupart, ont pratiquement mon âge, mais qui ont envie de faire des choses. Autrement, ils ne seraient pas là.

  • Speaker #0

    Avec les plus jeunes générations, est-ce que tu... Est-ce que tu portes un regard différent ?

  • Speaker #1

    Alors avec une génération, moi j'ai aucun problème de relation. Si tu veux, je suis une bête de communication, de toutes les façons. Tu me mets quelques heures à côté, je trouverai toujours le moyen de parler, parce que j'aime parler, comme tu le vois, comme tu l'entends plutôt. Je pense que je pourrais parler chinois avec des phoques, même si les phoques ne sont pas chinois et que je ne parle pas le chinois. Mais ça pourrait marcher. Mon père était déjà comme ça. Nous sommes ce qu'on appelle des parleurs, ça c'est sûr. Ça ne nous empêche pas d'avoir la pensée intellectuelle et artistique. Mais nous sommes des parleurs. Or, le fait d'être des parleurs fait que tu as envie de parler avec tous les gens que tu rencontres. Il y en a moins que d'autres.

  • Speaker #0

    J'aimerais bien qu'on voyage un peu, parce que je sais que tu es la somme de tes voyages et des endroits où tu as habité. Deux voyages, un dans le temps et un dans l'espace géographique. Premier dans le temps. Toi qui as étudié la théologie, tu as étudié le Moyen-Âge. J'imagine que tu es aussi sensible à plein d'autres époques. Tu devais refaire une vie. Tu te transporterais dans quelle...

  • Speaker #1

    Si je devais refaire une vie.

  • Speaker #0

    Ouais, tirer quelle année ?

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Je serais alliée nord d'Aquitaine.

  • Speaker #0

    Ok. Et attendons, ma question c'est, vieillir dans cette époque aussi ? Est-ce que ta réponse est identique ?

  • Speaker #1

    Elle est vieille à 83 ans.

  • Speaker #0

    Ah bah parfait.

  • Speaker #1

    À 83 ans et en allant chercher une fiancée pour son fils Richard Coeur de Lion. Alors à cheval, à cheval, elle est allée se chercher la pépette. À cheval en lui disant « Tu viens, c'est pour mon fils adoré Richard. »

  • Speaker #2

    Elle était contente.

  • Speaker #1

    Tu peux regarder l'histoire. Elle avait plus de 80 ans.

  • Speaker #0

    Et maintenant, deuxième question. On voyage de manière géographique dans notre temps actuel. Pour être la femme que tu es et qui vieillit, tu irais dans quel pays ? Tu peux me dire, je reste là, je reste en France.

  • Speaker #1

    J'irais tout de suite à Paros, dans les Cyclades grecques. Parce qu'à Paros, j'ai vécu une expérience insensée. d'intégration au monde.

  • Speaker #0

    Je veux en savoir plus.

  • Speaker #1

    Paros, tu connais ? Oui.

  • Speaker #0

    Mais après, connaître, c'est quand... Est-ce que vraiment dans nos voyages, on connaît ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un ressenti. Pareil, un ressenti. Je connais toutes les cyclades, mais j'ai adoré Paros. Paros, tu t'imagines la plage, une des plages de Paros. Assise là, en solitaire, personne autour et des tout petits poissons qui viennent... t'embrasser sur les cuisses, te picorer, t'enlever toutes tes mauvaises herbes, mauvaises peaux, etc. Tu te crois dans un pays enchanté.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu dirais aux ceux qui disent, voilà, moi, je ne me parle pas de vieillesse, je ne me parle pas de vieux ou vieille, je n'aime pas ces mots, je n'ai pas envie de vieillir. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendrait des personnes. Je crois qu'il y a des personnes avec qui on peut parler des choses très simplement. Que leur dire que l'aviez, c'est un cap, certainement, mais qu'il y a des choses à faire à l'intérieur de ça. Il y a des autres qui n'ont pas besoin de ça. Je prends l'exemple d'une femme âgée qui habitait à côté de chez moi, à Valencien. Ses enfants l'ont mise dans une maison de retraite. Ils en ont eu marre de s'occuper d'elle, etc. Maintenant, c'est tendance, c'est ce qu'on fait. Elle est très bien. Elle est comme un petit oiseau. Elle a commencé à avoir un petit peu des déperditions mentales. Et comme elle a perdu un peu la mémoire, ça va. Elle a choisi, entre guillemets, elle a choisi, je vais dire quelque chose d'affreux, nous pensons, je dis nous les psys, que les maladies comme ça, Alzheimer et autres, sont aussi quelque part un renoncement. Parfois une situation épouvantable. Parfois au fait de vieillir. Parfois au fait de ne pas supporter certaines situations. Parfois après un veuvage. Je ne pense pas... qu'une personne qui... Attention, je le prends sur moi. Je ne pense pas qu'une personne qui s'entretienne réellement, mentalement, qui continue des activités intellectuelles, etc., puisse arriver à un état grave de Alzheimer. Par contre, une personne qui a des chocs de vie très graves, des décès très graves, qui a envie de se laisser faire, parce qu'elle n'a plus envie de se forcer. Après moi, le déluge, comme disait Louis XV. Oui, d'accord, Louis XVI. Non, c'est Louis XV. Le compte de roi. Donc, voilà. Je crois que... Alors, je vais être encore pire que ça. Pour certaines personnes, Alzheimer peut être un confort. Qu'est-ce qu'il a dit ?

  • Speaker #0

    T'as vu dans mes yeux.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu.

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés.

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un confort parce que...

  • Speaker #0

    Attends, inconfortable ou inconfort ? Inconfort. Je te fais répéter la même chose.

  • Speaker #1

    Non, pas inconfortable. Inconfort. Parce que, d'abord, tout le monde est obligé de s'occuper de toi à un moment donné. Parce que toi, tu n'as plus rien à assumer au niveau responsabilité. Et que tu peux même à la limite, décider de rendre responsables les autres de ton état. Je vais loin, ça n'engage que moi.

  • Speaker #0

    Ça tu le dis parce que tu as, par ton métier de psychanalyste.

  • Speaker #1

    Ah mais oui, ça c'est par rapport à mon état.

  • Speaker #0

    Mais tu as observé, ça fait partie de...

  • Speaker #1

    Je l'ai observé dans deux, trois cas, tu vois, ce que je te dis là. Par contre il y a des cas où non, c'est pas le cas. Par exemple j'ai connu une personne qui avait eu un grave décès, et qui a perdu la tête dans les temps qui ont suivi. ne pouvant pas supporter ce fait, ce fait même.

  • Speaker #0

    Le cerveau, il fait un tac-tac.

  • Speaker #1

    C'est parti en vrai.

  • Speaker #0

    Je comprends. Non, mais c'est hyper riche. Je vois un peu le temps qui défile et j'aimerais aborder d'autres choses. Il y a un autre point qui est clé aussi un peu au centre du podcast, c'est qu'on aborde les rêves et les désirs. Alors, Michel, tu l'as dit tout à l'heure, un de tes rêves, c'est le saut en parachute. Mais j'ai envie de te demander, si tu en as d'autres, c'est quoi tes rêves et tes désirs pour les prochaines années ?

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    c'est très simple.

  • Speaker #1

    Je suis une femme. Je désire toujours. re-rencontrer l'amour.

  • Speaker #0

    Ah, est-ce qu'on ne fait pas une petite annonce ?

  • Speaker #1

    Non, mais parce que, si tu veux, je pense... Bon, moi, je suis croyante. Nous sommes chers et... Donc,

  • Speaker #0

    tu as un cœur à prendre.

  • Speaker #1

    Comment ? Non, mais ce que je veux dire... Je ne sais pas avec qui, je suis très difficile. Non, mais ce que je veux dire, c'est que nous sommes cœur, corps et esprit. Notre corps, nous le portons avec nous jusqu'à la fin des temps, jusqu'à la fin de notre vie terrestre. Il a le droit aussi de vivre et de s'exprimer.

  • Speaker #0

    Comment tu les rencontres, toi, par exemple ? Est-ce que tu as des relations ?

  • Speaker #1

    Je veux rencontrer les gens dans la vie, jusqu'à présent.

  • Speaker #0

    Et là, en ce moment, tu as des... Là,

  • Speaker #1

    en ce moment, non, je suis très occupée par mon travail et je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un qui me convienne vraiment. Donc, je ne veux pas sauter sur les gens non plus. Je vais te dire un truc clair, pour ma vie. On a beau avoir avancé dans l'évolution des sexes, il y a une chose de certaine. Moi, je l'ai constaté pour ma génération. Un homme, traditionnellement, c'est lui qui fait des avances à une femme. Un coq, une poule. Moi, j'ai essayé de faire des avances. Ça n'a pas marché.

  • Speaker #0

    Ça ne prenait pas ?

  • Speaker #1

    Ça ne prend pas.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça, je n'ai jamais pu savoir. Mais ça ne prend pas. Comme si, mais attention, ça s'adressait à des gens de ma génération. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, ça ne prenait pas parce que je pense que certaines personnes de ma génération étaient choquées. Considéraient probablement que ce n'était pas mon rôle. Attention, toi, tu es d'une autre génération. Donc, tu vis à égalité avec des gens de ton âge. Dans ma génération, et c'est pour ça que je suis par moments pas tout à fait d'accord avec ce qu'elle disait, dans les gens de ma génération, il y a encore des choses comme ça qui sont en place, comme des petits barrages si tu veux, tu vois. Il n'est pas traditionnel qu'une femme fasse... Voilà, j'en dis pas plus, tu vois, jusqu'à présent. Alors, dans la vie, enfin dans la vie en général, quand on a une vie où on sort pas mal, où on bouge pas mal, on rencontre finalement toujours quelqu'un, parce que, tu vois... Il y a des appétences communes.

  • Speaker #0

    Tu vas sur des applications de rencontre, par exemple ?

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vas sur des applications ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai toujours rencontré les gens dans la vie courante. Ben oui, les applications... Ma fille, elle a rencontré son Jules comme ça, par application.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que les hommes sortent ? Les hommes d'une génération, est-ce qu'ils vont dans des bars, dans des restos, dans des musées ?

  • Speaker #1

    Il y en a quelques-uns, mais certainement moins que moi.

  • Speaker #0

    Il y a plus de femmes qui cherchent des hommes.

  • Speaker #1

    Non. Moi, j'ai beaucoup de plaisir à aller dans des bars et des trucs comme ça. J'aime beaucoup, j'aime bien. J'aime bien les cafés, les bars, un petit peu de jazz, de swing. Ça ne m'empêche pas d'aller éventuellement à la mèche le lendemain. Ça ne change pas. Je veux dire, ma vie est faite aussi de cette communication, si tu veux. Et je pense que les cafés, les bars sont des lieux de communication, tout simplement. Aussi bien je peux avoir à ce moment-là échangé avec quelqu'un qui est à côté, etc., quelle qu'il soit, tu vois. Ce sont des domaines de relationnel. Et ça me paraît, quand on écrit, moi je crie très souvent. J'adore les bars pour écrire. La plupart des écrivains aiment les bars. On écrit dans les bars, il y a une ambiance, il y a quelque chose qui est stimulant. Il y en a d'autres qui s'installent dans les monastères. Ça m'est arrivé, mais je n'ai pas eu beaucoup d'inspiration. Je préfère les bars quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    Ça va être ma dernière question.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    alors la dernière. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que tu mets derrière ce mot ?

  • Speaker #1

    Encore du temps pour mener à bien mes conférences. national. Encore du temps pour mener à bien mes ateliers de culture générale et d'écriture. Encore du temps pour peut-être rencontrer quelqu'un. Warum nicht, dites-vous en allemand. Pourquoi non, dites-vous en espagnol. Why not, dites-vous en anglais.

  • Speaker #0

    On les a toutes.

  • Speaker #1

    Voilà, encore. Encore du temps pour boire un bon petit coup de temps en temps.

  • Speaker #0

    Du champagne.

  • Speaker #1

    Champagne. De temps en temps, un bon pastis ou un code du Rhône, Val-aux-Listes. Encore du temps pour voyager, des fois. Encore du temps pour apprécier les belles personnes, hommes ou femmes, ou enfants. Encore du temps pour faire chier certains. Encore du temps pour être excentrique. Parce que mon grand-père était anglo-normand et que les Anglais passent aussi pour des excentriques. Encore du temps pour tout ça. Pour m'habiller comme je veux, d'une façon parfois excentrique. J'adore.

  • Speaker #0

    Ton côté anglais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, c'est mon côté anglais. Absolument. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci pour ta folie. Pour la. Pour ta folie.

  • Speaker #1

    Petite folie.

  • Speaker #0

    Petite folie magnifique. Petite folie. Merci pour ce voyage dans le temps.

  • Speaker #1

    Bienvenue à toi Claire aussi, sous le ciel de Valence.

  • Speaker #0

    Ah, ça me fait plaisir.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Et je te dis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt, bien sûr.

  • Speaker #0

    On va se retrouver dans un bar pour boire une coupe de champagne. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

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Description

Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous entendrez un peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque !

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Bienvenu dans ce 20ème épisode !

Accrochez vous car si Michèle parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire.


Michèle se fout du regard des autres, elle a ce grain de folie, ce petit truc en plus qui nous fait dire "à quand même..." quand on la rencontre pour la première fois.

Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps qui passe et ses rêves !


Découvrez vite ce nouvel épisode qui vous donnera à coup sûr, l'envie de vieillir et de vivre à fond, comme Michèle !


Bonne écoute 💫


N'oubliez pas de suivre le podcast sur instagram, de vous abonner au programme et de noter l'épisode d'un maximum d'étoiles 🤝



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous allez entendre un petit peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque. Bienvenue dans ce vingtième épisode, et oui, déjà vingt épisodes pour le podcast Encore, on peut dire que c'est une adolescence de passé, tant mieux, le podcast vieillit. Et pour ce vingtième épisode, je vous conseille de vous accrocher, car si Michel, qui est au micro d'Encore aujourd'hui, parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire. Michelle, elle se fout du regard des autres, elle a ce petit grain de folie, ce truc en plus, qui nous fait dire « Ah quand même ! » quand on la rencontre pour la première fois. Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice, et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps, sur la transmission, sur le Moyen-Âge, vous verrez aussi, et sur ses rêves. Maintenant, je vous souhaite une bonne écoute, j'espère que, en tout cas moi ça a été le cas, qu'à l'écoute de Michelle, ça vous donnera encore plus l'envie de vieillir et de vivre à fond votre vie. Comme Michel. Bonne écoute. Bonjour Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un infini plaisir.

  • Speaker #0

    Ah là là, tu es en joie d'être dans le podcast encore ?

  • Speaker #1

    C'est plus que de la joie, c'est de l'allégresse.

  • Speaker #0

    Si seulement les gens pouvaient voir ton visage. Mais ils vont entendre ton sourire dans quelques instants, n'est-ce pas ? Bon Michel, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Alors là, c'est une question que je me pose depuis ma naissance. En l'an ?

  • Speaker #0

    En l'an, combien ?

  • Speaker #1

    C'était avant Jésus-Christ.

  • Speaker #0

    Est-ce que, Michel, je vais te poser une question cash, pistache, parce que j'ai l'impression que je peux l'être avec toi. Est-ce que tu te définis comme une vieille ?

  • Speaker #1

    Le sens de vieux dans le sens chronologique est complètement acceptable, ma chère Claire. Évidemment, bien sûr. Mais moi, je vais dire qu'est-ce que c'est qu'être vieux ? Si on prend la tour de... Pise, elle est très vieille. Elle oscille depuis très longtemps la Tour de Pise. Mais elle tient toujours.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es la femme que tu as toujours voulu être à l'âge que tu as aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, je ne savais pas quel genre de femme je pourrais être à mon âge. Pourquoi ? Non, parce que je pense que la vie est toujours une évolution. Et comment savoir à 20 ans, par exemple, comment on va vraiment être à 40, à 60 ou à 80 ? Très difficile, parce que chaque étape de la vie comporte des événements. très difficile de dire. Non, moi, je ne peux pas dire que j'avais anticipé quoi que ce soit. Je savais certainement que je ne serais pas postière. Non. Je savais probablement que je ne serais pas parachutiste. Ça m'avait tenté, mais par exemple, mon docteur actuellement me le déconseille, le parachutisme.

  • Speaker #0

    T'en t'aimerais bien ?

  • Speaker #1

    Ah ben, pourquoi pas ? C'est le seul sport que je n'ai pas pratiqué, pratiquement.

  • Speaker #0

    Bien, on y va après.

  • Speaker #1

    Oui, mais maintenant, ça m'est déconseillé parce que j'ai une hanche en plastoc. Alors, il paraît que les titanes, elles n'aiment pas ça.

  • Speaker #0

    Je crois qu'ils font un mot du médecin pour sauter en parachute.

  • Speaker #1

    Voilà, mais maintenant que je suis devenue une femme titanesque, je n'ai plus besoin de sauter en parachute pour prouver ma titanité.

  • Speaker #0

    Oui, madame, j'attends de voir. Mais dans le sujet de mon podcast, il y a un thème, et je sens que tu vas l'adorer celui-ci, c'est la transmission. Parce que là, je t'ai demandé comment tu t'es projetée. Est-ce que des rôles modèles ont croisé ton chemin ? et t'ont transmis des clés pour vieillir comme tu vieillis.

  • Speaker #1

    Disons que oui, j'ai eu quelques clés référentes parmi les gens avec qui j'ai aussi travaillé. Donc j'ai perdu il n'y a pas très longtemps mon ancienne psychanalyste qui est morte à presque 80 et quelques mouches en plus. Ça m'a beaucoup touchée parce que c'est une femme avec qui j'ai fait un travail de 8 ans quand même et c'est une personne qui m'a marquée. qui m'a fait évoluer très certainement, mais pas qu'elle, pas qu'elle. J'ai eu la chance dans ma vie de rencontrer des gens qui étaient vraiment eux-mêmes des bons transmetteurs. Et ça a commencé à Lyon, parce que je ne suis pas née en France, mais ça ne fait rien.

  • Speaker #0

    Attends, on peut faire une ellipse, hein. T'es née où ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Afrique du Nord. Quel pays ? Le Maroc. Marocco. Et après, j'ai vécu beaucoup en Espagne, puisque une partie de ma famille vivait en Espagne. Donc, je suis, comment dirais-je, issue de... plusieurs cultures, en fait. C'est pour ça que je... T'es un mélange ? Je dirais pas un mélange. Je dirais plutôt une alchimie. Un mélange, c'est un petit côté péjoratif. C'est-à-dire que tout se dilue ? C'est un côté beaucoup plus magique, ésotérique, évolutif. Donc voilà, donc, à Lyon, j'ai fait mes études supérieures, une partie. Une partie. Moi, j'en ai fait ailleurs, bien sûr. Ce serait trop réducteur de rester à Lyon. Parce que je suis d'origine lyonnaise. Enfin, exactement auvergnate, hein. Fouchetras. Oh là là. En boule. Et savoyarde. Et normande. Mon Dieu. Non, je t'ai plu, la cour est pleine. Alors,

  • Speaker #0

    si on mange une galette, je ne sais pas ce que tu mets dedans.

  • Speaker #1

    On parlait des grands transmetteurs. J'ai eu à Lyon l'honneur d'avoir comme... professeur de médiéval, ce qu'on appelle le médiéval, un homme inoubliable à mes yeux, qui s'appelait M. Latuyer, un grand maître. J'ai été marquée d'une façon indélébile. C'est pour ça que je fais des conférences au Moyen-Âge aussi. Indélébile parce que c'était un transmetteur extraordinaire. Et c'est pour ça que je suis attachée à la transmission, parce qu'elle permet parfois de faire entrer dans certaines personnes, chez certaines personnes plutôt, des éléments. de sa formation mentale et parfois physique. Donc plusieurs personnes m'ont marquée profondément et je pense très souvent à elles. Ce sont pour moi des maîtres à penser.

  • Speaker #0

    Est-ce que finalement, parce qu'il y a souvent des adages qui disent « Nous sommes les sommes des individus que nous rencontrons, que nous avons autour de nous » . Toi, tu es la somme aussi des endroits où tu as vécu.

  • Speaker #1

    Évidemment, bien sûr, bien sûr. Je pense que justement, nous sommes à la fois cette addition, cette addition de rencontres, de lieux de vie. d'amour, les amours qu'on a vécues, dont certaines sont marquantes également. Je ne rentre pas dans ce petit secteur, parce que là, il y aurait de quoi passer la nuit, c'est le cas de le dire. Bon, donc, on est quand même effectivement le combiné, le composé de tout ça. Certains souvenirs sont non seulement vivaces, mais ils ont, en moi personnellement, en moi, ils ont donné une flamme pour aller vers certains domaines d'intérêt. Donc, je dois à M. Latuyer mon appétence pour le Moyen-Âge. une appétence phénoménale. Je dois, au lieu où j'ai vécu, dans certains cas, mon appétence pour ces lieux, qui sont des lieux très forts, très chargés. Je dois aussi certaines choses à ma famille, puisque j'ai eu la chance d'appartenir à des familles créatrices. Donc, est-ce inconscient, psychanalyste ? Est-ce génétique, scientifique ? Est-ce aléatoire ? Le hasard est une grande chose, il se joue sur un... « Coup de dé » , disait Malarmé. Un coup de dé n'abolira jamais le hasard, Malarmé. Quoi qu'il en soit, le résultat de tout ça, c'est que je pense vraiment qu'on est le produit de tout un tas de choses. Plus l'imaginaire qu'on met autour de cette salade.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton ingrédient secret dans cette salade ?

  • Speaker #1

    L'ingrédient secret ? La musique me vient alors des femmes de la famille, qui étaient toutes musiciennes. La musique, pour moi, c'est l'alchimie suprême. Quand il ne reste plus rien, je crois qu'on peut se coucher. Se faire brancher un très très bon extrait de Handel, de Brahms, de Gershwin, de Ella Fitzgerald, mais aussi d'un roman de Céleuritano. Et on peut écouter et s'endormir. C'est ce que je me souhaite, en tout cas. C'est ce que je veux. M'endormir en musique.

  • Speaker #0

    De t'endormir en musique ?

  • Speaker #1

    M'endormir en musique, exactement. C'est ça. D'ailleurs, j'espère que le paradis est musicien. Ce qui est absolument prouvé, puisque les anges et les archanges ont toujours été présentés avec des instruments de musique. Donc voilà, ça ouvre un horizon extraordinaire. Bon,

  • Speaker #2

    j'arrête là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, c'est super intéressant parce que tu abordes avec des images la notion de mort.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr. Tu penses souvent ? Oui, la mort. Alors, c'est un autre versant de ma personnalité. Je suis aussi croyante. et pratiquantes, même dans certains cas, pas trop, mais un peu quand même. Et donc, il faut savoir que chez les anciens, les premiers chrétiens, c'est-à-dire les néophytes du temps des Romains, quand ils se faisaient enterrer dans les catacombes, mettaient sur leur tombeau l'oméga avant l'alpha. L'oméga représentant la fin. L'alpha, le début. Il considérait que la mort était le début des choses. L'entrée dans la vraie vie. L'entrée dans la vraie vie. L'alpha étant relégué en clopinette. Donc j'ai gardé cette idée en tête, et je me suis aperçue, j'ai aussi fait de la théologie, pendant quelques années, sérieusement d'ailleurs, et en consultant un petit peu toutes mes données sur les plus grandes religions, les grandes religions... terrestres, disons, que ce soit l'hindouisme dont nous venons, puisque nous sommes des Indo-Européens, que ce soit l'hindouisme, que ce soit le bouddhisme qui en décline, que ce soit l'islamisme, le christianisme, elles ont tout un point commun, c'est qu'elles ouvrent sur un infini après la mort, quelle que soit la religion. Autrement, il n'y a pas de religion. La religion est une espérance pour l'autre monde, quelle que soit la pratique que l'on ait. Alors quand maintenant je regarde avec intérêt certains... Certaines personnes qui parlent de leur témoignage d'outre-mort, etc. Je dis pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Ils ont peut-être vécu quelque chose comme ça. On verra. Il y en a là, dis-toi. Si Dieu le veut.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce qu'avec toutes tes origines, toute ta vie, tu te nourris des civilisations dans lesquelles tu as étudié.

  • Speaker #1

    Je suis très portée sur l'étude des civilisations.

  • Speaker #0

    Donc, tu as plein d'exemples, finalement, vivants ou morts, de personnes qui traversent les âges. qui abordent la notion de mort, et tu arrives, toi, à te créer quelque chose qui finalement...

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire que ce soit forcément tout de suite un ballon. Non, franchement. Il y a des moments où on se dit, il y a quand même des choses chouettes sur la Terre, ce serait bien d'y rester encore un petit peu. Mais d'un autre côté, arrive un moment où on fait quand même un petit bilan, on se dit, peut-être que certaines choses intéressantes que j'ai vécues, ben voilà, je les ai vécues. Il faut accepter qu'on en soit là. à un moment donné de sa vie. Par contre, dans le temps qui nous est donné, autant rester ce temps productif d'une façon positive. Bien sûr que nos moyens, maintenant, je ne vais plus faire une course à pied. J'étais, à un moment donné, championne de tennis et tout le bazar. Oui, ça en plus. J'ai fait aussi Radlopera Allium, ça en plus. C'est pas grave. Tout ça, tout ça, tout ça. Mais maintenant, je ne vais plus le faire. Les pointes, c'est fini. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    C'est les grands écarts encore ?

  • Speaker #1

    Non, je ne peux plus. Ah, mais là...

  • Speaker #0

    C'est à cause de ça. Ils auraient pu te mettre un ongle facile.

  • Speaker #1

    Pauvre Claire. Si on a, nous, certaines des hanches en plastoc, c'est parce qu'on a fait beaucoup de choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    ben oui. C'est ce que m'a dit d'ailleurs. Il m'a dit, mais Madame Servinci, vous n'aviez pas tout fait. Oui, mais j'ai le parachutisme, docteur. Non, mais ça, vous pourrez... Oh, mais docteur, vous n'êtes pas gentil. Je ne suis pas gentil.

  • Speaker #0

    Il faut aller voir un autre docteur.

  • Speaker #1

    Comme il ne veut pas. C'est un homme très charbat, très séduisant. Un bel homme. Comme je les aime, quoi. Bon, quoi qu'il en soit, voilà. Donc, on est le résultat de tout ça. Alors, est-ce que parce qu'on en a fait beaucoup, c'est mieux ? Je ne sais pas. Pour chaque personne, c'est différent. Il y a des personnes qui ont des vies très routinières, très sédentaires, et c'est très bien. Et ils ne vivent pas si mal, et ils meurent bien. Il y a des gens qui ont couru aux quatre coins de la Terre dans tous les sens. Est-ce que ce sera mieux ou pas mieux ? Je ne sais pas. Je pense qu'on a quand même, si je peux me permettre, une forme de destin peut-être.

  • Speaker #0

    Oh, le fameux jeu de dés qui revient. Oui,

  • Speaker #1

    parce que je pense quand même...

  • Speaker #0

    Donc tu es fataliste ?

  • Speaker #1

    Non, pas... Ah non, alors non, pas Mectoub, quand même pas Mectoub. Quoique tout le monde ne veut pas devenir Einstein. Tout le monde ne sera pas Rubens.

  • Speaker #0

    Tout le monde ne sera pas Michel.

  • Speaker #1

    Tout le monde, non. Parce qu'il faut ce qu'on appelle en espagnol, el duende. Et si tu ne tenais duende, tu ne pouvais pas faire le câble. Je te parle en espagnol, c'est pour moi plus simple. Oui, el duende, c'est ce qu'on appelle la petite folie. Le petit farfadet. Duende, ça veut dire un petit fantôme. Duende, ça veut dire fantôme en espagnol. Le tahab en arabe.

  • Speaker #0

    En français, on a un exemple ? Petit diable sur l'épaule ?

  • Speaker #1

    La folie créatrice. La

  • Speaker #0

    Michelle Touch.

  • Speaker #1

    La folie créatrice. Non, non, mais moi j'ai toujours dit à les gens qui travaillent chez moi, que ce soit en théâtre ou autre chose, si tu n'as pas ta petite folie, c'est pas la peine. retourne près arrivage.

  • Speaker #0

    Comment on sait qu'on l'a ?

  • Speaker #1

    On le voit tout de suite.

  • Speaker #0

    Il n'y a que ceux qui l'ont qui savent que les autres l'ont ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis ceux qui sont avec eux. Ça se voit tout de suite. Tu prends un groupe de 20 personnes, tu vois tout de suite ceux qui ont le petit truc. Et attends, ce n'est pas de la folie. C'est la folie du logis, ce qui n'est pas pareil. La folie du logis, c'est ce qu'on appelle le duende, ce qui t'habite et qui te permet d'être créateur.

  • Speaker #0

    Le logis, c'est ton corps et à l'intérieur, c'est la poche.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui est dans l'esprit. qui est dans l'âme, qui est dans le corps aussi parfois, comme les grands danseurs. Pour s'appeler Nourieff, par exemple, il faut être habité. Habiter, être habité. Habiter, tu l'es ou tu ne l'es pas. Si tu es habité, tu l'es jusqu'à la fin des jours. Ça, ça ne changera pas, on ne peut pas te l'enlever. Tu partiras dans une éternité habitée. C'est évident. Vas-y.

  • Speaker #0

    Quand tu retraces un petit peu et quand tu regardes aussi ton quotidien, tu dis « Ah oui, moi je pense que je suis un rôle modèle pour des personnes. »

  • Speaker #1

    Non, là, actuellement, j'ai quelques stagiaires encore, mais beaucoup moins qu'avant. J'ai eu quand même des quantités de gens.

  • Speaker #0

    Des stagiaires pour quoi ? Tu fais quoi par exemple ?

  • Speaker #1

    Théâtre, chant, écriture, danse. Ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça suffit. Ah, il marche ! Non, on a monté beaucoup de pièces, énormément. J'avais un théâtre, j'avais une compagnie, on l'appelait Petite Compagnie, à Valence. Toujours à Valence, mais pas qu'à Valence. Tournait un peu partout.

  • Speaker #0

    Et tu te sentais dans leurs regards ? Avec ces deux gens, il y a beaucoup d'intergénérationnels dans ton métier. Oui, bien sûr. Tu travailles avec des gens qui n'ont pas ton âge.

  • Speaker #1

    Actuellement, je travaille avec des gens qui, la plupart, ont pratiquement mon âge, mais qui ont envie de faire des choses. Autrement, ils ne seraient pas là.

  • Speaker #0

    Avec les plus jeunes générations, est-ce que tu... Est-ce que tu portes un regard différent ?

  • Speaker #1

    Alors avec une génération, moi j'ai aucun problème de relation. Si tu veux, je suis une bête de communication, de toutes les façons. Tu me mets quelques heures à côté, je trouverai toujours le moyen de parler, parce que j'aime parler, comme tu le vois, comme tu l'entends plutôt. Je pense que je pourrais parler chinois avec des phoques, même si les phoques ne sont pas chinois et que je ne parle pas le chinois. Mais ça pourrait marcher. Mon père était déjà comme ça. Nous sommes ce qu'on appelle des parleurs, ça c'est sûr. Ça ne nous empêche pas d'avoir la pensée intellectuelle et artistique. Mais nous sommes des parleurs. Or, le fait d'être des parleurs fait que tu as envie de parler avec tous les gens que tu rencontres. Il y en a moins que d'autres.

  • Speaker #0

    J'aimerais bien qu'on voyage un peu, parce que je sais que tu es la somme de tes voyages et des endroits où tu as habité. Deux voyages, un dans le temps et un dans l'espace géographique. Premier dans le temps. Toi qui as étudié la théologie, tu as étudié le Moyen-Âge. J'imagine que tu es aussi sensible à plein d'autres époques. Tu devais refaire une vie. Tu te transporterais dans quelle...

  • Speaker #1

    Si je devais refaire une vie.

  • Speaker #0

    Ouais, tirer quelle année ?

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Je serais alliée nord d'Aquitaine.

  • Speaker #0

    Ok. Et attendons, ma question c'est, vieillir dans cette époque aussi ? Est-ce que ta réponse est identique ?

  • Speaker #1

    Elle est vieille à 83 ans.

  • Speaker #0

    Ah bah parfait.

  • Speaker #1

    À 83 ans et en allant chercher une fiancée pour son fils Richard Coeur de Lion. Alors à cheval, à cheval, elle est allée se chercher la pépette. À cheval en lui disant « Tu viens, c'est pour mon fils adoré Richard. »

  • Speaker #2

    Elle était contente.

  • Speaker #1

    Tu peux regarder l'histoire. Elle avait plus de 80 ans.

  • Speaker #0

    Et maintenant, deuxième question. On voyage de manière géographique dans notre temps actuel. Pour être la femme que tu es et qui vieillit, tu irais dans quel pays ? Tu peux me dire, je reste là, je reste en France.

  • Speaker #1

    J'irais tout de suite à Paros, dans les Cyclades grecques. Parce qu'à Paros, j'ai vécu une expérience insensée. d'intégration au monde.

  • Speaker #0

    Je veux en savoir plus.

  • Speaker #1

    Paros, tu connais ? Oui.

  • Speaker #0

    Mais après, connaître, c'est quand... Est-ce que vraiment dans nos voyages, on connaît ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un ressenti. Pareil, un ressenti. Je connais toutes les cyclades, mais j'ai adoré Paros. Paros, tu t'imagines la plage, une des plages de Paros. Assise là, en solitaire, personne autour et des tout petits poissons qui viennent... t'embrasser sur les cuisses, te picorer, t'enlever toutes tes mauvaises herbes, mauvaises peaux, etc. Tu te crois dans un pays enchanté.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu dirais aux ceux qui disent, voilà, moi, je ne me parle pas de vieillesse, je ne me parle pas de vieux ou vieille, je n'aime pas ces mots, je n'ai pas envie de vieillir. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendrait des personnes. Je crois qu'il y a des personnes avec qui on peut parler des choses très simplement. Que leur dire que l'aviez, c'est un cap, certainement, mais qu'il y a des choses à faire à l'intérieur de ça. Il y a des autres qui n'ont pas besoin de ça. Je prends l'exemple d'une femme âgée qui habitait à côté de chez moi, à Valencien. Ses enfants l'ont mise dans une maison de retraite. Ils en ont eu marre de s'occuper d'elle, etc. Maintenant, c'est tendance, c'est ce qu'on fait. Elle est très bien. Elle est comme un petit oiseau. Elle a commencé à avoir un petit peu des déperditions mentales. Et comme elle a perdu un peu la mémoire, ça va. Elle a choisi, entre guillemets, elle a choisi, je vais dire quelque chose d'affreux, nous pensons, je dis nous les psys, que les maladies comme ça, Alzheimer et autres, sont aussi quelque part un renoncement. Parfois une situation épouvantable. Parfois au fait de vieillir. Parfois au fait de ne pas supporter certaines situations. Parfois après un veuvage. Je ne pense pas... qu'une personne qui... Attention, je le prends sur moi. Je ne pense pas qu'une personne qui s'entretienne réellement, mentalement, qui continue des activités intellectuelles, etc., puisse arriver à un état grave de Alzheimer. Par contre, une personne qui a des chocs de vie très graves, des décès très graves, qui a envie de se laisser faire, parce qu'elle n'a plus envie de se forcer. Après moi, le déluge, comme disait Louis XV. Oui, d'accord, Louis XVI. Non, c'est Louis XV. Le compte de roi. Donc, voilà. Je crois que... Alors, je vais être encore pire que ça. Pour certaines personnes, Alzheimer peut être un confort. Qu'est-ce qu'il a dit ?

  • Speaker #0

    T'as vu dans mes yeux.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu.

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés.

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un confort parce que...

  • Speaker #0

    Attends, inconfortable ou inconfort ? Inconfort. Je te fais répéter la même chose.

  • Speaker #1

    Non, pas inconfortable. Inconfort. Parce que, d'abord, tout le monde est obligé de s'occuper de toi à un moment donné. Parce que toi, tu n'as plus rien à assumer au niveau responsabilité. Et que tu peux même à la limite, décider de rendre responsables les autres de ton état. Je vais loin, ça n'engage que moi.

  • Speaker #0

    Ça tu le dis parce que tu as, par ton métier de psychanalyste.

  • Speaker #1

    Ah mais oui, ça c'est par rapport à mon état.

  • Speaker #0

    Mais tu as observé, ça fait partie de...

  • Speaker #1

    Je l'ai observé dans deux, trois cas, tu vois, ce que je te dis là. Par contre il y a des cas où non, c'est pas le cas. Par exemple j'ai connu une personne qui avait eu un grave décès, et qui a perdu la tête dans les temps qui ont suivi. ne pouvant pas supporter ce fait, ce fait même.

  • Speaker #0

    Le cerveau, il fait un tac-tac.

  • Speaker #1

    C'est parti en vrai.

  • Speaker #0

    Je comprends. Non, mais c'est hyper riche. Je vois un peu le temps qui défile et j'aimerais aborder d'autres choses. Il y a un autre point qui est clé aussi un peu au centre du podcast, c'est qu'on aborde les rêves et les désirs. Alors, Michel, tu l'as dit tout à l'heure, un de tes rêves, c'est le saut en parachute. Mais j'ai envie de te demander, si tu en as d'autres, c'est quoi tes rêves et tes désirs pour les prochaines années ?

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    c'est très simple.

  • Speaker #1

    Je suis une femme. Je désire toujours. re-rencontrer l'amour.

  • Speaker #0

    Ah, est-ce qu'on ne fait pas une petite annonce ?

  • Speaker #1

    Non, mais parce que, si tu veux, je pense... Bon, moi, je suis croyante. Nous sommes chers et... Donc,

  • Speaker #0

    tu as un cœur à prendre.

  • Speaker #1

    Comment ? Non, mais ce que je veux dire... Je ne sais pas avec qui, je suis très difficile. Non, mais ce que je veux dire, c'est que nous sommes cœur, corps et esprit. Notre corps, nous le portons avec nous jusqu'à la fin des temps, jusqu'à la fin de notre vie terrestre. Il a le droit aussi de vivre et de s'exprimer.

  • Speaker #0

    Comment tu les rencontres, toi, par exemple ? Est-ce que tu as des relations ?

  • Speaker #1

    Je veux rencontrer les gens dans la vie, jusqu'à présent.

  • Speaker #0

    Et là, en ce moment, tu as des... Là,

  • Speaker #1

    en ce moment, non, je suis très occupée par mon travail et je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un qui me convienne vraiment. Donc, je ne veux pas sauter sur les gens non plus. Je vais te dire un truc clair, pour ma vie. On a beau avoir avancé dans l'évolution des sexes, il y a une chose de certaine. Moi, je l'ai constaté pour ma génération. Un homme, traditionnellement, c'est lui qui fait des avances à une femme. Un coq, une poule. Moi, j'ai essayé de faire des avances. Ça n'a pas marché.

  • Speaker #0

    Ça ne prenait pas ?

  • Speaker #1

    Ça ne prend pas.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça, je n'ai jamais pu savoir. Mais ça ne prend pas. Comme si, mais attention, ça s'adressait à des gens de ma génération. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, ça ne prenait pas parce que je pense que certaines personnes de ma génération étaient choquées. Considéraient probablement que ce n'était pas mon rôle. Attention, toi, tu es d'une autre génération. Donc, tu vis à égalité avec des gens de ton âge. Dans ma génération, et c'est pour ça que je suis par moments pas tout à fait d'accord avec ce qu'elle disait, dans les gens de ma génération, il y a encore des choses comme ça qui sont en place, comme des petits barrages si tu veux, tu vois. Il n'est pas traditionnel qu'une femme fasse... Voilà, j'en dis pas plus, tu vois, jusqu'à présent. Alors, dans la vie, enfin dans la vie en général, quand on a une vie où on sort pas mal, où on bouge pas mal, on rencontre finalement toujours quelqu'un, parce que, tu vois... Il y a des appétences communes.

  • Speaker #0

    Tu vas sur des applications de rencontre, par exemple ?

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vas sur des applications ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai toujours rencontré les gens dans la vie courante. Ben oui, les applications... Ma fille, elle a rencontré son Jules comme ça, par application.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que les hommes sortent ? Les hommes d'une génération, est-ce qu'ils vont dans des bars, dans des restos, dans des musées ?

  • Speaker #1

    Il y en a quelques-uns, mais certainement moins que moi.

  • Speaker #0

    Il y a plus de femmes qui cherchent des hommes.

  • Speaker #1

    Non. Moi, j'ai beaucoup de plaisir à aller dans des bars et des trucs comme ça. J'aime beaucoup, j'aime bien. J'aime bien les cafés, les bars, un petit peu de jazz, de swing. Ça ne m'empêche pas d'aller éventuellement à la mèche le lendemain. Ça ne change pas. Je veux dire, ma vie est faite aussi de cette communication, si tu veux. Et je pense que les cafés, les bars sont des lieux de communication, tout simplement. Aussi bien je peux avoir à ce moment-là échangé avec quelqu'un qui est à côté, etc., quelle qu'il soit, tu vois. Ce sont des domaines de relationnel. Et ça me paraît, quand on écrit, moi je crie très souvent. J'adore les bars pour écrire. La plupart des écrivains aiment les bars. On écrit dans les bars, il y a une ambiance, il y a quelque chose qui est stimulant. Il y en a d'autres qui s'installent dans les monastères. Ça m'est arrivé, mais je n'ai pas eu beaucoup d'inspiration. Je préfère les bars quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    Ça va être ma dernière question.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    alors la dernière. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que tu mets derrière ce mot ?

  • Speaker #1

    Encore du temps pour mener à bien mes conférences. national. Encore du temps pour mener à bien mes ateliers de culture générale et d'écriture. Encore du temps pour peut-être rencontrer quelqu'un. Warum nicht, dites-vous en allemand. Pourquoi non, dites-vous en espagnol. Why not, dites-vous en anglais.

  • Speaker #0

    On les a toutes.

  • Speaker #1

    Voilà, encore. Encore du temps pour boire un bon petit coup de temps en temps.

  • Speaker #0

    Du champagne.

  • Speaker #1

    Champagne. De temps en temps, un bon pastis ou un code du Rhône, Val-aux-Listes. Encore du temps pour voyager, des fois. Encore du temps pour apprécier les belles personnes, hommes ou femmes, ou enfants. Encore du temps pour faire chier certains. Encore du temps pour être excentrique. Parce que mon grand-père était anglo-normand et que les Anglais passent aussi pour des excentriques. Encore du temps pour tout ça. Pour m'habiller comme je veux, d'une façon parfois excentrique. J'adore.

  • Speaker #0

    Ton côté anglais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, c'est mon côté anglais. Absolument. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci pour ta folie. Pour la. Pour ta folie.

  • Speaker #1

    Petite folie.

  • Speaker #0

    Petite folie magnifique. Petite folie. Merci pour ce voyage dans le temps.

  • Speaker #1

    Bienvenue à toi Claire aussi, sous le ciel de Valence.

  • Speaker #0

    Ah, ça me fait plaisir.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Et je te dis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt, bien sûr.

  • Speaker #0

    On va se retrouver dans un bar pour boire une coupe de champagne. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

Description

Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous entendrez un peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque !

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Bienvenu dans ce 20ème épisode !

Accrochez vous car si Michèle parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire.


Michèle se fout du regard des autres, elle a ce grain de folie, ce petit truc en plus qui nous fait dire "à quand même..." quand on la rencontre pour la première fois.

Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps qui passe et ses rêves !


Découvrez vite ce nouvel épisode qui vous donnera à coup sûr, l'envie de vieillir et de vivre à fond, comme Michèle !


Bonne écoute 💫


N'oubliez pas de suivre le podcast sur instagram, de vous abonner au programme et de noter l'épisode d'un maximum d'étoiles 🤝



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet enregistrement a été réalisé dans une médiathèque, ce n'est pas habituel dans ce podcast, vous allez entendre un petit peu de bruit, mais c'est un joli habillage sonore pour cet épisode dantesque. Bienvenue dans ce vingtième épisode, et oui, déjà vingt épisodes pour le podcast Encore, on peut dire que c'est une adolescence de passé, tant mieux, le podcast vieillit. Et pour ce vingtième épisode, je vous conseille de vous accrocher, car si Michel, qui est au micro d'Encore aujourd'hui, parle aussi vite, c'est qu'elle a tant à faire. Michelle, elle se fout du regard des autres, elle a ce petit grain de folie, ce truc en plus, qui nous fait dire « Ah quand même ! » quand on la rencontre pour la première fois. Et ensuite, il suffit qu'elle plonge son regard rempli de malice, et c'est parti pour un échange complice sur la vieillesse, sur sa notion du temps, sur la transmission, sur le Moyen-Âge, vous verrez aussi, et sur ses rêves. Maintenant, je vous souhaite une bonne écoute, j'espère que, en tout cas moi ça a été le cas, qu'à l'écoute de Michelle, ça vous donnera encore plus l'envie de vieillir et de vivre à fond votre vie. Comme Michel. Bonne écoute. Bonjour Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un infini plaisir.

  • Speaker #0

    Ah là là, tu es en joie d'être dans le podcast encore ?

  • Speaker #1

    C'est plus que de la joie, c'est de l'allégresse.

  • Speaker #0

    Si seulement les gens pouvaient voir ton visage. Mais ils vont entendre ton sourire dans quelques instants, n'est-ce pas ? Bon Michel, qui es-tu ?

  • Speaker #1

    Alors là, c'est une question que je me pose depuis ma naissance. En l'an ?

  • Speaker #0

    En l'an, combien ?

  • Speaker #1

    C'était avant Jésus-Christ.

  • Speaker #0

    Est-ce que, Michel, je vais te poser une question cash, pistache, parce que j'ai l'impression que je peux l'être avec toi. Est-ce que tu te définis comme une vieille ?

  • Speaker #1

    Le sens de vieux dans le sens chronologique est complètement acceptable, ma chère Claire. Évidemment, bien sûr. Mais moi, je vais dire qu'est-ce que c'est qu'être vieux ? Si on prend la tour de... Pise, elle est très vieille. Elle oscille depuis très longtemps la Tour de Pise. Mais elle tient toujours.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es la femme que tu as toujours voulu être à l'âge que tu as aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, je ne savais pas quel genre de femme je pourrais être à mon âge. Pourquoi ? Non, parce que je pense que la vie est toujours une évolution. Et comment savoir à 20 ans, par exemple, comment on va vraiment être à 40, à 60 ou à 80 ? Très difficile, parce que chaque étape de la vie comporte des événements. très difficile de dire. Non, moi, je ne peux pas dire que j'avais anticipé quoi que ce soit. Je savais certainement que je ne serais pas postière. Non. Je savais probablement que je ne serais pas parachutiste. Ça m'avait tenté, mais par exemple, mon docteur actuellement me le déconseille, le parachutisme.

  • Speaker #0

    T'en t'aimerais bien ?

  • Speaker #1

    Ah ben, pourquoi pas ? C'est le seul sport que je n'ai pas pratiqué, pratiquement.

  • Speaker #0

    Bien, on y va après.

  • Speaker #1

    Oui, mais maintenant, ça m'est déconseillé parce que j'ai une hanche en plastoc. Alors, il paraît que les titanes, elles n'aiment pas ça.

  • Speaker #0

    Je crois qu'ils font un mot du médecin pour sauter en parachute.

  • Speaker #1

    Voilà, mais maintenant que je suis devenue une femme titanesque, je n'ai plus besoin de sauter en parachute pour prouver ma titanité.

  • Speaker #0

    Oui, madame, j'attends de voir. Mais dans le sujet de mon podcast, il y a un thème, et je sens que tu vas l'adorer celui-ci, c'est la transmission. Parce que là, je t'ai demandé comment tu t'es projetée. Est-ce que des rôles modèles ont croisé ton chemin ? et t'ont transmis des clés pour vieillir comme tu vieillis.

  • Speaker #1

    Disons que oui, j'ai eu quelques clés référentes parmi les gens avec qui j'ai aussi travaillé. Donc j'ai perdu il n'y a pas très longtemps mon ancienne psychanalyste qui est morte à presque 80 et quelques mouches en plus. Ça m'a beaucoup touchée parce que c'est une femme avec qui j'ai fait un travail de 8 ans quand même et c'est une personne qui m'a marquée. qui m'a fait évoluer très certainement, mais pas qu'elle, pas qu'elle. J'ai eu la chance dans ma vie de rencontrer des gens qui étaient vraiment eux-mêmes des bons transmetteurs. Et ça a commencé à Lyon, parce que je ne suis pas née en France, mais ça ne fait rien.

  • Speaker #0

    Attends, on peut faire une ellipse, hein. T'es née où ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née en Afrique du Nord. Quel pays ? Le Maroc. Marocco. Et après, j'ai vécu beaucoup en Espagne, puisque une partie de ma famille vivait en Espagne. Donc, je suis, comment dirais-je, issue de... plusieurs cultures, en fait. C'est pour ça que je... T'es un mélange ? Je dirais pas un mélange. Je dirais plutôt une alchimie. Un mélange, c'est un petit côté péjoratif. C'est-à-dire que tout se dilue ? C'est un côté beaucoup plus magique, ésotérique, évolutif. Donc voilà, donc, à Lyon, j'ai fait mes études supérieures, une partie. Une partie. Moi, j'en ai fait ailleurs, bien sûr. Ce serait trop réducteur de rester à Lyon. Parce que je suis d'origine lyonnaise. Enfin, exactement auvergnate, hein. Fouchetras. Oh là là. En boule. Et savoyarde. Et normande. Mon Dieu. Non, je t'ai plu, la cour est pleine. Alors,

  • Speaker #0

    si on mange une galette, je ne sais pas ce que tu mets dedans.

  • Speaker #1

    On parlait des grands transmetteurs. J'ai eu à Lyon l'honneur d'avoir comme... professeur de médiéval, ce qu'on appelle le médiéval, un homme inoubliable à mes yeux, qui s'appelait M. Latuyer, un grand maître. J'ai été marquée d'une façon indélébile. C'est pour ça que je fais des conférences au Moyen-Âge aussi. Indélébile parce que c'était un transmetteur extraordinaire. Et c'est pour ça que je suis attachée à la transmission, parce qu'elle permet parfois de faire entrer dans certaines personnes, chez certaines personnes plutôt, des éléments. de sa formation mentale et parfois physique. Donc plusieurs personnes m'ont marquée profondément et je pense très souvent à elles. Ce sont pour moi des maîtres à penser.

  • Speaker #0

    Est-ce que finalement, parce qu'il y a souvent des adages qui disent « Nous sommes les sommes des individus que nous rencontrons, que nous avons autour de nous » . Toi, tu es la somme aussi des endroits où tu as vécu.

  • Speaker #1

    Évidemment, bien sûr, bien sûr. Je pense que justement, nous sommes à la fois cette addition, cette addition de rencontres, de lieux de vie. d'amour, les amours qu'on a vécues, dont certaines sont marquantes également. Je ne rentre pas dans ce petit secteur, parce que là, il y aurait de quoi passer la nuit, c'est le cas de le dire. Bon, donc, on est quand même effectivement le combiné, le composé de tout ça. Certains souvenirs sont non seulement vivaces, mais ils ont, en moi personnellement, en moi, ils ont donné une flamme pour aller vers certains domaines d'intérêt. Donc, je dois à M. Latuyer mon appétence pour le Moyen-Âge. une appétence phénoménale. Je dois, au lieu où j'ai vécu, dans certains cas, mon appétence pour ces lieux, qui sont des lieux très forts, très chargés. Je dois aussi certaines choses à ma famille, puisque j'ai eu la chance d'appartenir à des familles créatrices. Donc, est-ce inconscient, psychanalyste ? Est-ce génétique, scientifique ? Est-ce aléatoire ? Le hasard est une grande chose, il se joue sur un... « Coup de dé » , disait Malarmé. Un coup de dé n'abolira jamais le hasard, Malarmé. Quoi qu'il en soit, le résultat de tout ça, c'est que je pense vraiment qu'on est le produit de tout un tas de choses. Plus l'imaginaire qu'on met autour de cette salade.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton ingrédient secret dans cette salade ?

  • Speaker #1

    L'ingrédient secret ? La musique me vient alors des femmes de la famille, qui étaient toutes musiciennes. La musique, pour moi, c'est l'alchimie suprême. Quand il ne reste plus rien, je crois qu'on peut se coucher. Se faire brancher un très très bon extrait de Handel, de Brahms, de Gershwin, de Ella Fitzgerald, mais aussi d'un roman de Céleuritano. Et on peut écouter et s'endormir. C'est ce que je me souhaite, en tout cas. C'est ce que je veux. M'endormir en musique.

  • Speaker #0

    De t'endormir en musique ?

  • Speaker #1

    M'endormir en musique, exactement. C'est ça. D'ailleurs, j'espère que le paradis est musicien. Ce qui est absolument prouvé, puisque les anges et les archanges ont toujours été présentés avec des instruments de musique. Donc voilà, ça ouvre un horizon extraordinaire. Bon,

  • Speaker #2

    j'arrête là-dessus.

  • Speaker #0

    Non, c'est super intéressant parce que tu abordes avec des images la notion de mort.

  • Speaker #1

    Bien sûr, bien sûr. Tu penses souvent ? Oui, la mort. Alors, c'est un autre versant de ma personnalité. Je suis aussi croyante. et pratiquantes, même dans certains cas, pas trop, mais un peu quand même. Et donc, il faut savoir que chez les anciens, les premiers chrétiens, c'est-à-dire les néophytes du temps des Romains, quand ils se faisaient enterrer dans les catacombes, mettaient sur leur tombeau l'oméga avant l'alpha. L'oméga représentant la fin. L'alpha, le début. Il considérait que la mort était le début des choses. L'entrée dans la vraie vie. L'entrée dans la vraie vie. L'alpha étant relégué en clopinette. Donc j'ai gardé cette idée en tête, et je me suis aperçue, j'ai aussi fait de la théologie, pendant quelques années, sérieusement d'ailleurs, et en consultant un petit peu toutes mes données sur les plus grandes religions, les grandes religions... terrestres, disons, que ce soit l'hindouisme dont nous venons, puisque nous sommes des Indo-Européens, que ce soit l'hindouisme, que ce soit le bouddhisme qui en décline, que ce soit l'islamisme, le christianisme, elles ont tout un point commun, c'est qu'elles ouvrent sur un infini après la mort, quelle que soit la religion. Autrement, il n'y a pas de religion. La religion est une espérance pour l'autre monde, quelle que soit la pratique que l'on ait. Alors quand maintenant je regarde avec intérêt certains... Certaines personnes qui parlent de leur témoignage d'outre-mort, etc. Je dis pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Ils ont peut-être vécu quelque chose comme ça. On verra. Il y en a là, dis-toi. Si Dieu le veut.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce qu'avec toutes tes origines, toute ta vie, tu te nourris des civilisations dans lesquelles tu as étudié.

  • Speaker #1

    Je suis très portée sur l'étude des civilisations.

  • Speaker #0

    Donc, tu as plein d'exemples, finalement, vivants ou morts, de personnes qui traversent les âges. qui abordent la notion de mort, et tu arrives, toi, à te créer quelque chose qui finalement...

  • Speaker #1

    Je ne peux pas dire que ce soit forcément tout de suite un ballon. Non, franchement. Il y a des moments où on se dit, il y a quand même des choses chouettes sur la Terre, ce serait bien d'y rester encore un petit peu. Mais d'un autre côté, arrive un moment où on fait quand même un petit bilan, on se dit, peut-être que certaines choses intéressantes que j'ai vécues, ben voilà, je les ai vécues. Il faut accepter qu'on en soit là. à un moment donné de sa vie. Par contre, dans le temps qui nous est donné, autant rester ce temps productif d'une façon positive. Bien sûr que nos moyens, maintenant, je ne vais plus faire une course à pied. J'étais, à un moment donné, championne de tennis et tout le bazar. Oui, ça en plus. J'ai fait aussi Radlopera Allium, ça en plus. C'est pas grave. Tout ça, tout ça, tout ça. Mais maintenant, je ne vais plus le faire. Les pointes, c'est fini. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    C'est les grands écarts encore ?

  • Speaker #1

    Non, je ne peux plus. Ah, mais là...

  • Speaker #0

    C'est à cause de ça. Ils auraient pu te mettre un ongle facile.

  • Speaker #1

    Pauvre Claire. Si on a, nous, certaines des hanches en plastoc, c'est parce qu'on a fait beaucoup de choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    ben oui. C'est ce que m'a dit d'ailleurs. Il m'a dit, mais Madame Servinci, vous n'aviez pas tout fait. Oui, mais j'ai le parachutisme, docteur. Non, mais ça, vous pourrez... Oh, mais docteur, vous n'êtes pas gentil. Je ne suis pas gentil.

  • Speaker #0

    Il faut aller voir un autre docteur.

  • Speaker #1

    Comme il ne veut pas. C'est un homme très charbat, très séduisant. Un bel homme. Comme je les aime, quoi. Bon, quoi qu'il en soit, voilà. Donc, on est le résultat de tout ça. Alors, est-ce que parce qu'on en a fait beaucoup, c'est mieux ? Je ne sais pas. Pour chaque personne, c'est différent. Il y a des personnes qui ont des vies très routinières, très sédentaires, et c'est très bien. Et ils ne vivent pas si mal, et ils meurent bien. Il y a des gens qui ont couru aux quatre coins de la Terre dans tous les sens. Est-ce que ce sera mieux ou pas mieux ? Je ne sais pas. Je pense qu'on a quand même, si je peux me permettre, une forme de destin peut-être.

  • Speaker #0

    Oh, le fameux jeu de dés qui revient. Oui,

  • Speaker #1

    parce que je pense quand même...

  • Speaker #0

    Donc tu es fataliste ?

  • Speaker #1

    Non, pas... Ah non, alors non, pas Mectoub, quand même pas Mectoub. Quoique tout le monde ne veut pas devenir Einstein. Tout le monde ne sera pas Rubens.

  • Speaker #0

    Tout le monde ne sera pas Michel.

  • Speaker #1

    Tout le monde, non. Parce qu'il faut ce qu'on appelle en espagnol, el duende. Et si tu ne tenais duende, tu ne pouvais pas faire le câble. Je te parle en espagnol, c'est pour moi plus simple. Oui, el duende, c'est ce qu'on appelle la petite folie. Le petit farfadet. Duende, ça veut dire un petit fantôme. Duende, ça veut dire fantôme en espagnol. Le tahab en arabe.

  • Speaker #0

    En français, on a un exemple ? Petit diable sur l'épaule ?

  • Speaker #1

    La folie créatrice. La

  • Speaker #0

    Michelle Touch.

  • Speaker #1

    La folie créatrice. Non, non, mais moi j'ai toujours dit à les gens qui travaillent chez moi, que ce soit en théâtre ou autre chose, si tu n'as pas ta petite folie, c'est pas la peine. retourne près arrivage.

  • Speaker #0

    Comment on sait qu'on l'a ?

  • Speaker #1

    On le voit tout de suite.

  • Speaker #0

    Il n'y a que ceux qui l'ont qui savent que les autres l'ont ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis ceux qui sont avec eux. Ça se voit tout de suite. Tu prends un groupe de 20 personnes, tu vois tout de suite ceux qui ont le petit truc. Et attends, ce n'est pas de la folie. C'est la folie du logis, ce qui n'est pas pareil. La folie du logis, c'est ce qu'on appelle le duende, ce qui t'habite et qui te permet d'être créateur.

  • Speaker #0

    Le logis, c'est ton corps et à l'intérieur, c'est la poche.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui est dans l'esprit. qui est dans l'âme, qui est dans le corps aussi parfois, comme les grands danseurs. Pour s'appeler Nourieff, par exemple, il faut être habité. Habiter, être habité. Habiter, tu l'es ou tu ne l'es pas. Si tu es habité, tu l'es jusqu'à la fin des jours. Ça, ça ne changera pas, on ne peut pas te l'enlever. Tu partiras dans une éternité habitée. C'est évident. Vas-y.

  • Speaker #0

    Quand tu retraces un petit peu et quand tu regardes aussi ton quotidien, tu dis « Ah oui, moi je pense que je suis un rôle modèle pour des personnes. »

  • Speaker #1

    Non, là, actuellement, j'ai quelques stagiaires encore, mais beaucoup moins qu'avant. J'ai eu quand même des quantités de gens.

  • Speaker #0

    Des stagiaires pour quoi ? Tu fais quoi par exemple ?

  • Speaker #1

    Théâtre, chant, écriture, danse. Ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça suffit. Ah, il marche ! Non, on a monté beaucoup de pièces, énormément. J'avais un théâtre, j'avais une compagnie, on l'appelait Petite Compagnie, à Valence. Toujours à Valence, mais pas qu'à Valence. Tournait un peu partout.

  • Speaker #0

    Et tu te sentais dans leurs regards ? Avec ces deux gens, il y a beaucoup d'intergénérationnels dans ton métier. Oui, bien sûr. Tu travailles avec des gens qui n'ont pas ton âge.

  • Speaker #1

    Actuellement, je travaille avec des gens qui, la plupart, ont pratiquement mon âge, mais qui ont envie de faire des choses. Autrement, ils ne seraient pas là.

  • Speaker #0

    Avec les plus jeunes générations, est-ce que tu... Est-ce que tu portes un regard différent ?

  • Speaker #1

    Alors avec une génération, moi j'ai aucun problème de relation. Si tu veux, je suis une bête de communication, de toutes les façons. Tu me mets quelques heures à côté, je trouverai toujours le moyen de parler, parce que j'aime parler, comme tu le vois, comme tu l'entends plutôt. Je pense que je pourrais parler chinois avec des phoques, même si les phoques ne sont pas chinois et que je ne parle pas le chinois. Mais ça pourrait marcher. Mon père était déjà comme ça. Nous sommes ce qu'on appelle des parleurs, ça c'est sûr. Ça ne nous empêche pas d'avoir la pensée intellectuelle et artistique. Mais nous sommes des parleurs. Or, le fait d'être des parleurs fait que tu as envie de parler avec tous les gens que tu rencontres. Il y en a moins que d'autres.

  • Speaker #0

    J'aimerais bien qu'on voyage un peu, parce que je sais que tu es la somme de tes voyages et des endroits où tu as habité. Deux voyages, un dans le temps et un dans l'espace géographique. Premier dans le temps. Toi qui as étudié la théologie, tu as étudié le Moyen-Âge. J'imagine que tu es aussi sensible à plein d'autres époques. Tu devais refaire une vie. Tu te transporterais dans quelle...

  • Speaker #1

    Si je devais refaire une vie.

  • Speaker #0

    Ouais, tirer quelle année ?

  • Speaker #1

    Et pourquoi ? Je serais alliée nord d'Aquitaine.

  • Speaker #0

    Ok. Et attendons, ma question c'est, vieillir dans cette époque aussi ? Est-ce que ta réponse est identique ?

  • Speaker #1

    Elle est vieille à 83 ans.

  • Speaker #0

    Ah bah parfait.

  • Speaker #1

    À 83 ans et en allant chercher une fiancée pour son fils Richard Coeur de Lion. Alors à cheval, à cheval, elle est allée se chercher la pépette. À cheval en lui disant « Tu viens, c'est pour mon fils adoré Richard. »

  • Speaker #2

    Elle était contente.

  • Speaker #1

    Tu peux regarder l'histoire. Elle avait plus de 80 ans.

  • Speaker #0

    Et maintenant, deuxième question. On voyage de manière géographique dans notre temps actuel. Pour être la femme que tu es et qui vieillit, tu irais dans quel pays ? Tu peux me dire, je reste là, je reste en France.

  • Speaker #1

    J'irais tout de suite à Paros, dans les Cyclades grecques. Parce qu'à Paros, j'ai vécu une expérience insensée. d'intégration au monde.

  • Speaker #0

    Je veux en savoir plus.

  • Speaker #1

    Paros, tu connais ? Oui.

  • Speaker #0

    Mais après, connaître, c'est quand... Est-ce que vraiment dans nos voyages, on connaît ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un ressenti. Pareil, un ressenti. Je connais toutes les cyclades, mais j'ai adoré Paros. Paros, tu t'imagines la plage, une des plages de Paros. Assise là, en solitaire, personne autour et des tout petits poissons qui viennent... t'embrasser sur les cuisses, te picorer, t'enlever toutes tes mauvaises herbes, mauvaises peaux, etc. Tu te crois dans un pays enchanté.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu dirais aux ceux qui disent, voilà, moi, je ne me parle pas de vieillesse, je ne me parle pas de vieux ou vieille, je n'aime pas ces mots, je n'ai pas envie de vieillir. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépendrait des personnes. Je crois qu'il y a des personnes avec qui on peut parler des choses très simplement. Que leur dire que l'aviez, c'est un cap, certainement, mais qu'il y a des choses à faire à l'intérieur de ça. Il y a des autres qui n'ont pas besoin de ça. Je prends l'exemple d'une femme âgée qui habitait à côté de chez moi, à Valencien. Ses enfants l'ont mise dans une maison de retraite. Ils en ont eu marre de s'occuper d'elle, etc. Maintenant, c'est tendance, c'est ce qu'on fait. Elle est très bien. Elle est comme un petit oiseau. Elle a commencé à avoir un petit peu des déperditions mentales. Et comme elle a perdu un peu la mémoire, ça va. Elle a choisi, entre guillemets, elle a choisi, je vais dire quelque chose d'affreux, nous pensons, je dis nous les psys, que les maladies comme ça, Alzheimer et autres, sont aussi quelque part un renoncement. Parfois une situation épouvantable. Parfois au fait de vieillir. Parfois au fait de ne pas supporter certaines situations. Parfois après un veuvage. Je ne pense pas... qu'une personne qui... Attention, je le prends sur moi. Je ne pense pas qu'une personne qui s'entretienne réellement, mentalement, qui continue des activités intellectuelles, etc., puisse arriver à un état grave de Alzheimer. Par contre, une personne qui a des chocs de vie très graves, des décès très graves, qui a envie de se laisser faire, parce qu'elle n'a plus envie de se forcer. Après moi, le déluge, comme disait Louis XV. Oui, d'accord, Louis XVI. Non, c'est Louis XV. Le compte de roi. Donc, voilà. Je crois que... Alors, je vais être encore pire que ça. Pour certaines personnes, Alzheimer peut être un confort. Qu'est-ce qu'il a dit ?

  • Speaker #0

    T'as vu dans mes yeux.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu.

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés.

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Ces deux mots-là, je ne les ai jamais vus associés ensemble.

  • Speaker #1

    C'est un confort parce que...

  • Speaker #0

    Attends, inconfortable ou inconfort ? Inconfort. Je te fais répéter la même chose.

  • Speaker #1

    Non, pas inconfortable. Inconfort. Parce que, d'abord, tout le monde est obligé de s'occuper de toi à un moment donné. Parce que toi, tu n'as plus rien à assumer au niveau responsabilité. Et que tu peux même à la limite, décider de rendre responsables les autres de ton état. Je vais loin, ça n'engage que moi.

  • Speaker #0

    Ça tu le dis parce que tu as, par ton métier de psychanalyste.

  • Speaker #1

    Ah mais oui, ça c'est par rapport à mon état.

  • Speaker #0

    Mais tu as observé, ça fait partie de...

  • Speaker #1

    Je l'ai observé dans deux, trois cas, tu vois, ce que je te dis là. Par contre il y a des cas où non, c'est pas le cas. Par exemple j'ai connu une personne qui avait eu un grave décès, et qui a perdu la tête dans les temps qui ont suivi. ne pouvant pas supporter ce fait, ce fait même.

  • Speaker #0

    Le cerveau, il fait un tac-tac.

  • Speaker #1

    C'est parti en vrai.

  • Speaker #0

    Je comprends. Non, mais c'est hyper riche. Je vois un peu le temps qui défile et j'aimerais aborder d'autres choses. Il y a un autre point qui est clé aussi un peu au centre du podcast, c'est qu'on aborde les rêves et les désirs. Alors, Michel, tu l'as dit tout à l'heure, un de tes rêves, c'est le saut en parachute. Mais j'ai envie de te demander, si tu en as d'autres, c'est quoi tes rêves et tes désirs pour les prochaines années ?

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    c'est très simple.

  • Speaker #1

    Je suis une femme. Je désire toujours. re-rencontrer l'amour.

  • Speaker #0

    Ah, est-ce qu'on ne fait pas une petite annonce ?

  • Speaker #1

    Non, mais parce que, si tu veux, je pense... Bon, moi, je suis croyante. Nous sommes chers et... Donc,

  • Speaker #0

    tu as un cœur à prendre.

  • Speaker #1

    Comment ? Non, mais ce que je veux dire... Je ne sais pas avec qui, je suis très difficile. Non, mais ce que je veux dire, c'est que nous sommes cœur, corps et esprit. Notre corps, nous le portons avec nous jusqu'à la fin des temps, jusqu'à la fin de notre vie terrestre. Il a le droit aussi de vivre et de s'exprimer.

  • Speaker #0

    Comment tu les rencontres, toi, par exemple ? Est-ce que tu as des relations ?

  • Speaker #1

    Je veux rencontrer les gens dans la vie, jusqu'à présent.

  • Speaker #0

    Et là, en ce moment, tu as des... Là,

  • Speaker #1

    en ce moment, non, je suis très occupée par mon travail et je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un qui me convienne vraiment. Donc, je ne veux pas sauter sur les gens non plus. Je vais te dire un truc clair, pour ma vie. On a beau avoir avancé dans l'évolution des sexes, il y a une chose de certaine. Moi, je l'ai constaté pour ma génération. Un homme, traditionnellement, c'est lui qui fait des avances à une femme. Un coq, une poule. Moi, j'ai essayé de faire des avances. Ça n'a pas marché.

  • Speaker #0

    Ça ne prenait pas ?

  • Speaker #1

    Ça ne prend pas.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça, je n'ai jamais pu savoir. Mais ça ne prend pas. Comme si, mais attention, ça s'adressait à des gens de ma génération. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, ça ne prenait pas parce que je pense que certaines personnes de ma génération étaient choquées. Considéraient probablement que ce n'était pas mon rôle. Attention, toi, tu es d'une autre génération. Donc, tu vis à égalité avec des gens de ton âge. Dans ma génération, et c'est pour ça que je suis par moments pas tout à fait d'accord avec ce qu'elle disait, dans les gens de ma génération, il y a encore des choses comme ça qui sont en place, comme des petits barrages si tu veux, tu vois. Il n'est pas traditionnel qu'une femme fasse... Voilà, j'en dis pas plus, tu vois, jusqu'à présent. Alors, dans la vie, enfin dans la vie en général, quand on a une vie où on sort pas mal, où on bouge pas mal, on rencontre finalement toujours quelqu'un, parce que, tu vois... Il y a des appétences communes.

  • Speaker #0

    Tu vas sur des applications de rencontre, par exemple ?

  • Speaker #1

    Comment ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vas sur des applications ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Moi, j'ai toujours rencontré les gens dans la vie courante. Ben oui, les applications... Ma fille, elle a rencontré son Jules comme ça, par application.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que les hommes sortent ? Les hommes d'une génération, est-ce qu'ils vont dans des bars, dans des restos, dans des musées ?

  • Speaker #1

    Il y en a quelques-uns, mais certainement moins que moi.

  • Speaker #0

    Il y a plus de femmes qui cherchent des hommes.

  • Speaker #1

    Non. Moi, j'ai beaucoup de plaisir à aller dans des bars et des trucs comme ça. J'aime beaucoup, j'aime bien. J'aime bien les cafés, les bars, un petit peu de jazz, de swing. Ça ne m'empêche pas d'aller éventuellement à la mèche le lendemain. Ça ne change pas. Je veux dire, ma vie est faite aussi de cette communication, si tu veux. Et je pense que les cafés, les bars sont des lieux de communication, tout simplement. Aussi bien je peux avoir à ce moment-là échangé avec quelqu'un qui est à côté, etc., quelle qu'il soit, tu vois. Ce sont des domaines de relationnel. Et ça me paraît, quand on écrit, moi je crie très souvent. J'adore les bars pour écrire. La plupart des écrivains aiment les bars. On écrit dans les bars, il y a une ambiance, il y a quelque chose qui est stimulant. Il y en a d'autres qui s'installent dans les monastères. Ça m'est arrivé, mais je n'ai pas eu beaucoup d'inspiration. Je préfère les bars quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    Ça va être ma dernière question.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    alors la dernière. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que tu mets derrière ce mot ?

  • Speaker #1

    Encore du temps pour mener à bien mes conférences. national. Encore du temps pour mener à bien mes ateliers de culture générale et d'écriture. Encore du temps pour peut-être rencontrer quelqu'un. Warum nicht, dites-vous en allemand. Pourquoi non, dites-vous en espagnol. Why not, dites-vous en anglais.

  • Speaker #0

    On les a toutes.

  • Speaker #1

    Voilà, encore. Encore du temps pour boire un bon petit coup de temps en temps.

  • Speaker #0

    Du champagne.

  • Speaker #1

    Champagne. De temps en temps, un bon pastis ou un code du Rhône, Val-aux-Listes. Encore du temps pour voyager, des fois. Encore du temps pour apprécier les belles personnes, hommes ou femmes, ou enfants. Encore du temps pour faire chier certains. Encore du temps pour être excentrique. Parce que mon grand-père était anglo-normand et que les Anglais passent aussi pour des excentriques. Encore du temps pour tout ça. Pour m'habiller comme je veux, d'une façon parfois excentrique. J'adore.

  • Speaker #0

    Ton côté anglais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, c'est mon côté anglais. Absolument. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci pour ta folie. Pour la. Pour ta folie.

  • Speaker #1

    Petite folie.

  • Speaker #0

    Petite folie magnifique. Petite folie. Merci pour ce voyage dans le temps.

  • Speaker #1

    Bienvenue à toi Claire aussi, sous le ciel de Valence.

  • Speaker #0

    Ah, ça me fait plaisir.

  • Speaker #1

    Bienvenue.

  • Speaker #0

    Et je te dis à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt, bien sûr.

  • Speaker #0

    On va se retrouver dans un bar pour boire une coupe de champagne. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

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