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#26: Marielle, vieille et fière de l'être

#26: Marielle, vieille et fière de l'être

41min |20/11/2025
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#26: Marielle, vieille et fière de l'être

#26: Marielle, vieille et fière de l'être

41min |20/11/2025
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Description

« Oui, je suis vieille — et j’ai la chance de l’être. » Marielle ouvre ce podcast avec cette phrase. 
Monteuse de cinéma depuis 1966, militante de la liberté (Algérie, désobéissance civile), compagne et collaboratrice de Charles Belmont, elle raconte une vie intense et vibrante: des années contre-culture aux salles obscures, des amitiés intergénérationnelles à la transmission, des deuils à la réouverture du désir.

Dans cet épisode, nous parlerons de sexualité après la perte, du refus de l’âgisme (y compris le nôtre) et de ces injonctions à “bien vieillir”.


Surtout, on parle de sa mission : faire revivre les 7 films de Charles Belmont — rééditions, projections, bonus, coffret — pour que l’œuvre continue à circuler et que la mémoire travaille.

« Encore », pour Marielle, ce n’est pas recommencer : c’est continuer.


Continuer à aimer, à apprendre, à marcher, à tisser des liens entre 20 et 90 ans, à garder l’appétit. Un épisode vibrant, franc, qui donne envie de vieillir… et de vivre.


Invitée : Marielle Issartel 

Découvrez son univers ici 

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Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand mon petit-fils dit « t'es vieille, mamie mort » , je lui dis « oui, oui, c'est vrai, je suis vieille » . Il dit ça un petit peu pour provoquer, pour voir ce que ça va donner. Si c'est considéré comme un peu insultant ou un tout petit peu tisant ou quelque chose comme ça, je lui dis « non, c'est vrai, je suis vieille, c'est vrai, j'ai la chance d'être vieille, parce que sinon je serais morte » . Et puis je lui explique que dans certains pays, comme la Nouvelle-Calédonie et sans doute d'autres, on dit « vieux » pour les personnes sages. des hommes, on ne dit jamais les vieilles, on dit les vieux, c'est ceux qui dirigent les tribus. Et à ce moment-là, ils ont 40 ans et on les appelle déjà les vieux parce que ça veut dire sagesse. Donc moi, dans mon cas, je ne sais pas très bien où je me situe par rapport à la vieillesse parce que je me suis toujours dit que j'étais plutôt fière de vieillir, c'est-à-dire d'être encore debout.

  • Speaker #1

    Bonjour Marielle. Bonjour Claire. Comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je vais bien. Après une chose qui m'est arrivée, alors que je n'ai jamais de problème de santé, j'ai eu une opération de prothèse de hanche. Et curieusement, j'ai fêté mes 80 ans, je ne fais pas souvent des grandes fêtes pour mon anniversaire, je l'ai fêté deux fois, une fois à Paris où j'ai fait une très grande fête, et à Perpignan où je vis, où des gens ont organisé une fête pour moi. Et 15 jours après, j'avais mal à la hanche, que je n'avais jamais eue. Et j'ai passé un an, maintenant, à trouver ce qu'il fallait faire, chercher le bon chirurgien et la bonne méthode, me faire opérer, etc. et remarcher, ce qui est le cas maintenant. Et je me suis dit, ces anniversaires, qui sont rares pour moi, les grandes fêtes, ben je sais pas, ça a déclenché un truc. Parce que je m'étais dit, ou bien je fais comme si de rien n'était. Mais quelque chose est G80, ce qui n'est pas 70, ce qui n'est pas 60, qui est un truc d'entrée du quatrième âge, si on veut bien dire, auquel je n'avais jamais réfléchi. Il me dit, ou bien je fais comme si de rien n'était, ou bien je fais un petit voyage avec mes proches pour fêter ça, ou bien je fais ce que j'ai envie de faire, je réunis mes amis. Donc, j'ai fait ça, ça s'est très bien passé, tout le monde était content, c'était chez mes amis Mickaël et Sandrine, tout s'était très bien. Et puis après, je me suis dit, ben voilà, je me suis mis face à face et mon corps a dit, ben oui, tu as 80 ans. Donc, je suis après un an de ça. Maintenant, je remarche, les choses sont bien, mais j'ai, moi qui n'ai pas de problème de santé.

  • Speaker #1

    T'en as eu là ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai eu, bon, pour la première fois, donc je sais pas, faut que je réfléchisse là-dessus.

  • Speaker #1

    Il y a des significations avec la hanche. Faut que tu regardes de ce côté-là. Est-ce que, Marielle, tu peux, en amont, j'ai... tort, comment on a attaqué l'entretien direct avec des anecdotes. Est-ce que tu peux donner quelques indices sur qui est Marielle, face au micro, pour que les auditeurs, auditrices, se disent on a déjà quelques indices.

  • Speaker #0

    Je suis la cinquième d'une famille nombreuse de sept. Mes parents étaient au départ des instituteurs type freinet. J'étais élevée avec un père très sévère, mais sévère et erratique, donc on comprenait très bien pas pourquoi ça a été permis et pas ça, etc. C'était très déstabilisant et c'était assez sombre. Et puis j'ai été sauvée à plusieurs reprises, psychologiquement. La première, c'est qu'ils m'ont mis à l'école de Crowley, qui tout d'un coup, je me suis complètement épanouie, alors que le primaire, je le détestais. Je n'avais pas d'amis, je ne parlais à personne, je faisais ma rebelle, mais toute seule. Et Crowley m'a permis de me nourrir psychiquement, de reprendre confiance en moi et d'être vraiment très très heureuse pendant quatre ans. Après, c'était le lycée. Alors là, j'étais toujours punie, etc. Mais bon, je m'en fichais complètement. Et c'était la guerre d'Algérie. Donc, j'ai milité assez jeune contre la guerre d'Algérie, pour l'Algérie libre. Et puis après, je ne savais pas trop quoi faire. J'ai quand même réussi à obtenir mon bac, mais c'était juste 10,5, ce que j'avais prévu. Parce que je ne voulais pas redoubler, mais je ne voulais pas non plus travailler. et ensuite j'ai eu quelques années a traîné dans la contre-culture des années 60, qui était quand même génial. Donc beaucoup, beaucoup de cinéma, les festivals, les trucs où on part en stop. On a créé un ciné-club qui était le plus snob de la capitale, je peux dire, parce qu'il faisait tout ce que font pas les autres. On montrait aussi bien de l'expérimental, expérimental, mais comme un peplum, comme une série B, comme on faisait notre sauce, et ça marchait très, très bien. Mais en parallèle, il fallait quand même manger un peu. Alors, j'essayais de temps en temps. Je faisais un peu d'écrès sur le pont des Arts, mais ça ne rendait pas beaucoup. Alors, je faisais des petits boulots horribles. Mais, ayant rencontré le cinéma, je voulais travailler dans le cinéma. J'ai fait un essai de script pour des copains. J'ai tout de suite vu que ce n'était pas du tout du tout ce qui me plaisait. Ayant rencontré le montage, finalement, j'ai réussi, mais c'était assez long, à mettre mon pied dans une salle de montage. Et là, je ne l'ai plus retiré. Ça, c'était en 60... 1966, je suis née en 1944. Là, après, j'ai été monteuse, c'est vraiment mon métier tout le temps, mais j'ai aussi écrit des scénarios, j'ai aussi un peu réalisé, j'ai aussi enseigné, j'ai écrit quelques livres, enfin, il y a eu différentes choses, mais le cœur, je ne sais pas comment on dit maintenant, le cœur du métier, je ne sais pas, il y a des termes professionnels, c'était le montage. Ensuite, j'ai fini de monter, la dernière fois, c'était en 2010. Et mon mari était malade, je m'en suis occupée, ensuite il est mort de façon très brutale, puisque c'est lui qui s'est donné la mort, de façon brutale, parce qu'il n'y a pas de façon pas brutale de se la donner. Donc c'était malheureusement, le suicide assisté reste interdit, donc c'est le suicide non assisté. Et ensuite je me suis dit, je me suis donné comme mission de faire revivre ces films dont lui-même ne s'occupait pas. pas une fois qu'ils étaient sortis, ils s'occupaient que des projets suivants. Donc ils étaient toujours devant, devant, et les autres, ça y est, ils avaient fait tout ce qu'ils avaient envie de faire, ils avaient beaucoup travaillé. Tu peux nous donner le nom de ton mari ? Charles Belmont. Il s'appelle Charles Belmont, donc mon mari Charles Belmont, après avoir été acteur, a fait un certain nombre de films, sept longs-métrages, un court-métrage, et... Il travaillait beaucoup pour les faire. Parfois, il a réussi à les produire seul. Enfin, on les produisait, on avait une petite société. Et puis, il a fait faillite parce qu'il a oublié d'ouvrir les lettres commandées. Et donc, après, il devait retrouver des producteurs, ce qui n'est pas le plus drôle dans la vie d'un cinéaste. Et ensuite, moi, je me suis dit, j'ai envie que ces films revivent. Ils sont un peu oubliés parce qu'ils ne s'en sont jamais occupés. Certains ont fait beaucoup de bruit. comme un qu'on a co-réalisé qui s'appelle Histoire d'A. Là, il continue à être montré tout le temps. Il a toujours été montré pendant 50 ans. Mais il y en a d'autres. Comme j'ai toujours travaillé sur ces films, à un poste ou à deux postes, ça dépend, en tout cas au montage et à d'autres postes en plus parfois, c'est une façon pour moi de faire revivre notre relation, de faire revivre mon admiration, parce que je trouve que c'est un cinéaste extraordinaire. et... Il se trouve que ça fonctionne, c'est-à-dire que j'arrive à faire revivre ces films qui sont très appréciés. Alors des fois c'est un peu lourd parce que quand je n'ai pas de distributrice ou de distributeur, je ne peux pas le faire toute seule. Donc je ne fais pas assez, mais bon, là ça va bien. Donc je suis en phase de faire revivre le cinquième de ces films. Mes regrets dépendent d'avoir fait plus, mais pour moi ça suffit. Et puis après, je ferai un coffret. Puis après, je ferai ce que je n'ai pas le temps de faire actuellement ou ce que je ne sais pas faire actuellement, c'est-à-dire faire ce que je n'ai pas assez fait dans ma vie, c'est-à-dire voyager.

  • Speaker #1

    Ah, tu as des projets de voyage.

  • Speaker #0

    J'ai des petits projets de voyage. D'abord, moi, je ne voyage pas seule. Il faut trouver des gens avec qui on a envie de voyager, qui ont envie de voyager avec vous. Et puis là encore, pour retrouver le sujet, je me suis rendue compte il y a quelques années Quand j'imaginais que j'allais voyager, je n'imaginais jamais que j'allais voyager en tant que troisième âge. Je me voyais voyager en tant que mon âge normal, qui n'est pas fixé, mais qui n'est pas troisième âge en tout cas. Je me suis dit, zut, je vais visiter. Je vais voyager en tant que troisième âge avec tout ce que ça suppose. De toute façon, je n'ai pas beaucoup voyagé. Là, j'ai des projets très courts. Cinq jours à Turin, cinq jours à Tolède, je ne sais pas quoi. Les voyages jointins pour l'instant. depuis... Que je suis allée à New York quelques semaines après la mort de mon mari, j'ai pas fait de grand voyage.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu parles de cette notion de tranche, de troisième âge. C'est quelque chose que tu entends ? Tu t'es acculturée sur cette terminologie ou c'est une manière de ne pas dire autre chose ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une manière de ne pas dire autre chose, mais ce qui est sûr, c'est que je le reprends de la vox populi. Je n'aime pas du tout ces termes qui disent quadragénaire, quadragénaire, etc. Je n'aime pas du tout ça. Et un jour, au Maroc, j'avais témoigné sur un riad que j'aimais beaucoup et je vois dans... Je vois la sexagénaire, nanana, je dis, je ne dirai plus jamais ça. donc Forcément, il y a un rapport ambigu. Moi, je dis, je m'en fisse de l'âge, je suis très contente de vieillir, je ne m'en préoccupe pas tant que ça, tant que je n'ai pas le rappel du corps, et comme je l'ai dit, j'ai rarement des problèmes, je ne suis jamais malade, donc je m'occupe de moi. Ça fait déjà très longtemps que je prends des compléments alimentaires sous contrôle médical, tout ça, je suis dans les médecines alternatives, donc je ne me fais pas bousiller par les médecines conventionnelles. Les gens parlent comme ça, donc là je le reprends pour parler en effet de la façon dont s'est perçue l'idée de Troisième âge. Parce que quand on regarde un peu les voyages et tout, c'est un petit peu découpé quand même. Bon, mais de toute façon, le fait est que je ne marche pas très bien, je ne marche pas, j'ai des copines, elles galopent, moi je ne galope pas. Pour visiter, je peux visiter les villes et tout ça,

  • Speaker #1

    mais pas la course.

  • Speaker #0

    Pas la course et pas non plus trop l'abondance, donc avec mes amis, j'ai jamais de problème avec les gens avec qui je voyage, sauf une personne.

  • Speaker #1

    On ne donnera pas de son nom.

  • Speaker #0

    Je suis considérée comme toxique, donc j'ai plus vieille amie.

  • Speaker #1

    T'as coupé.

  • Speaker #0

    J'ai coupé. En général, bon, ça range, t'as encore envie de visiter cette église, ben moi je vais aller prendre un camp Paris, quoi. Ouais. En gros.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à ta propre vieillesse ? Est-ce que c'est des choses que tu avais préparées ? Parce que tu en parles avec des termes très positifs, en disant, d'ailleurs, la première anecdote avec ton petit-fils, tu dis, mais moi, c'est pas un sujet, je suis vieille, je suis heureuse. On l'entend dans des termes très positifs. Est-ce que c'est ta personnalité ou est-ce qu'au fur et à mesure de ta vie, c'est quelque chose que tu t'es dit, moi, je veux vieillir et je veux être vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai jamais pensé à ça, en fait. moi j'ai toujours pensé en termes de d'action et de relation. Donc comme j'ai la chance, et que je me fais aussi, d'avoir des relations amicales avec des gens qui ne sont pas de mon âge, alors j'ai plein de relations amicales avec des gens de mon âge, et même plus âgés, j'ai une de mes meilleures amies qui a 90 ans, qu'une discrimination là-dessus, mais, de par mes activités, j'ai plein d'amis jeunes. Et ma meilleure amie à Perpignan, elle a 27 ans. Après, elle vient de partir à Toulouse, on se voit moins, malheureusement, mais c'est une fille absolument formidable avec qui j'ai... J'ai établi des liens en rejoignant Extinction Rebellion en arrivant à Perpignan. Après, j'ai quitté parce que c'est trop physique et pas assez politique. Depuis qu'elle n'est plus là, ce n'est pas assez politique à mon goût. Donc, j'ai quitté. Ma fille me dit, mais va dans les associations, parce que je n'ai finalement pas d'amis à Perpignan, depuis cinq ans que j'y suis. Va dans les associations et tout. Mais moi, je dis, je ne veux pas aller là où il n'y a que des vieux, à la CIMAD, à je ne sais pas quoi, je ne sais pas quoi. j'ai pas envie de me retrouver en train de me faire en groupe de vieux. Et là, elle a déclaré l'autre jour, d'une façon péremptoire, et mon gendre a surenchéri, je croyais que tu n'avais pas de problème d'âge, mais tu as un problème d'âge. Elle a un problème d'âge. Oui, tu as un problème d'âge. Bon. Mais en fait, le fait de ne pas pouvoir me retrouver avec des personnes qui sont du même âge, parce que ça n'a jamais été le cas dans ma vie, je ne considère pas que c'est forcément avoir un problème d'âge. C'est avoir un problème, enfin, c'est peut-être avoir un problème d'âge. Si elles le disent, peut-être qu'elle a raison et que je suis dans le déni. Mais surtout, pour moi, ce qui est intéressant, c'est d'avoir plein de gens d'âges différents. Et quand je vois mon anniversaire, il y a des gens vraiment d'âges différents.

  • Speaker #1

    Mais finalement, c'est quelque chose qui t'a construit, qui t'accompagne depuis que t'es né ?

  • Speaker #0

    Déjà dans le montage.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai toujours eu des assistantes, des stagiaires, souvent des personnes qui sont devenues mes meilleures amies. Parmi mes meilleurs amis, elles ont toujours une vingtaine ou 15 ans de moins. Ça, c'est le fait de travailler avec des gens d'âge différent. Ça a toujours été mon cop. C'était presque obligatoire, puisqu'il fallait structurer les équipes. Souvent, je me dis, tiens, un tel m'appelle, tu passes à Paris, on pourrait se voir. C'est quelqu'un qui a 40 ans. Je me dis, mais qu'est-ce qu'il me trouve ? Qu'est-ce qui me trouve ? Parce que souvent c'est eux qui proposent. Bien sûr j'établis des liens et quand on parle on échange beaucoup. C'est quand même eux qui me proposent, c'est pas moi qui leur cours derrière. Et donc je me dis, mes amis, je m'ouvre de cette interrogation, me disent peut-être qu'ils trouvent intéressant ce que tu racontes. Et puis à le fait, ça beaucoup pensent, mais je les détrompe, que j'ai... quelques années de moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, on peut aborder un autre sujet qui m'intéresse vivement ? Il y a beaucoup d'études qui tombent, parce que c'est un sujet, je pense, qui intéresse, et tant mieux, sur la sexualité, les rencontres amoureuses, les liens. On a parlé de l'amitié, l'amitié intergénérationnelle, ton rôle aussi dans la transmission. Est-ce que tu es OK qu'on ouvre ce sujet-là ? Est-ce que tu as... Des rencontres ? Est-ce que tu as des amours, des amourettes ? Est-ce que tu peux me parler un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors, avec Charles Belmont, on vivait... On a vécu, disons, deux décennies en couple un peu libre.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    On a vécu à trois pendant un an et demi. C'était, comme on dit maintenant, en trouble. C'était très, très sympa. Et puis, à partir des années sida, c'était quand même plus compliqué. Donc, j'ai eu un enfant. J'ai plus trop envie d'avoir des histoires. Et lui non plus. Donc, cette période qu'on a vécue, je souhaite, avec des contrats. Ça se fait parce que ça se fait ou parce que j'ai envie. Est-ce que t'es ok que j'ai des aventures et toi, oui ? Bon, c'était pas non plus effréné, c'était simplement, de temps en temps, des petites histoires sexuelles. Même pas des amourettes, c'était des aventures plutôt. Et puis, il y a eu toute la période sida qui m'a fait dire que c'est plus marrant, qu'il faut commencer à se faire ceci, cela, cela. Et puis avec Charles Bellemont, on a toujours eu une vie sexuelle très riche. jusqu'à la fin de sa vie en fait. Mais quand il est mort, mon corps s'est totalement... Du point de vue sexuel, c'était comme s'il y avait un rideau noir qui tombait. Et c'était terminé. Il n'y avait plus rien.

  • Speaker #1

    Tu parles en termes de désir ?

  • Speaker #0

    Oui, en termes de désir. Puisque 15 jours avant sa mort, on était encore en train de faire l'amour. Donc après, il n'y avait plus rien. Un jour, enfin une nuit, j'ai eu un rêve avec un petit orgasme comme ça, tout petit fugitif et c'est tout. Et donc pendant plusieurs années c'était rien du tout. Alors moi je trouvais ça dommage, mais en même temps... Les réseaux sur lesquels mes copines plus jeunes me disaient « Mais va voir là, là, là et là. » Le problème, c'est que moi, je n'aime pas les vieux bonhommes. Ils sont tous sauvougros ou je ne sais pas quoi. Je n'aime pas les vieux bonhommes. Je suis toujours attirée normalement par des hommes plus jeunes. Je ne dis pas à 25 ans, mais bon, pas à 75. Et j'ai rencontré un homme très bien de sa personne. qui avait mon âge, qui était grand, beau, mince, qui faisait des sports et qui avait une vie très intéressante, qui avait fait partie des services d'ordre de Gougou Chiz, dont je faisais partie moi aussi, mais pas dans le service d'ordre, puisque j'étais maoïste, et puis qui avait fait des tas de choses très intéressantes, qui continuait et tout. Et il m'a dragué. Il est venu chez moi, il m'a laissé draguer, il m'a vraiment dragué, je me suis laissé draguer en me disant, ben, il me plaît bien, il s'approche de moi, il m'embrasse et tout d'un coup, c'est pouf ! Les digues qui cèdent, on se précipite sur le lit, voilà, voilà, puis finalement il part parce que je sais pas quoi, dernier métro, ce que j'ai trouvé d'un goût douteux, enfin bon. Après ? il devait revenir trois jours plus tard je ne pouvais plus attendre je me suis précipité passage du dégir qu'avant je m'étais dit jamais je n'oserais aller acheter un sextoy une copine me disait mais vas-y j'oserais jamais et là je me précipite et je commence à examiner tout et il arrive, c'était bien on a eu une vie sexuelle de six mois Pas totalement satisfaisante, parce que c'était quand même un mec de cet âge et qui n'avait pas dû avoir suffisamment bien s'entretenir. Et puis différentes choses m'ont déplu. J'étais un peu radin tout au long. Et au bout de six mois, j'ai mis fin à cette relation. Mais c'était le moment où le corps s'est réveillé. Donc j'ai dit merci, merci, merci.

  • Speaker #1

    Mais t'aimerais aujourd'hui avoir une relation suivie, je ne sais pas comment on pourrait l'appeler, mais d'être en couple ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'aimerais être amoureuse ? Il y a deux choses. Est-ce que j'aimerais coucher avec un mec qui me fait plaisir ? Oui. Est-ce que j'aimerais être amoureuse si ça ne s'assortit pas de souffrance et de frustration et de on va se voir et c'est bon et on vient me parler ? Bon, je ne sais pas. En tout cas, vivre avec quelqu'un, non. Bon d'abord, je vis déjà avec ma fille, mon gendre, le chien et l'enfant, donc ça va. Mais même avant qu'il soit installé chez moi, quand je vivais seule, parce que pendant plusieurs années... J'ai vécu seule à Perpignan, où je suis descendue sur les instances de ma fille, qui maintenant habite chez moi avec toute sa famille. Même avant, je n'avais pas du tout envie d'avoir quelqu'un à la maison. Mais oui, c'est quelqu'un. Ah si, ce n'est pas trop compliqué. Si ça ne me fait pas souffrir, avoir un amoureux avec qui je fais l'amour, oui, ça me plairait. Parce que malgré tout, ça s'éteint. C'est-à-dire que c'est bien joli, les sex toys et tout, mais malgré tout, il y a un côté un peu volontariste aussi, parce qu'au fond, il faut s'y mettre. Enfin bon, j'en sais rien, mais... L'anecdote que je voulais raconter, c'est sur ça. Sur ce mec qui a tout réveillé, mais le fait que les mecs de mon âge ne me plaisent pas. Et c'est pareil pour les hommes, mais eux, ils choisissent des jeunesses sans difficulté. Alors, il y a le sexe tarifé. Les hommes, on sait bien qu'ils choisissent des jeunesses, c'est courant, dans les films, dans la vie, tout le temps. Et puis, personne n'est vraiment choqué qu'ils aient 30 ans de différence. Mais il y a le sexe tarifé. C'est bien du souci pour rien.

  • Speaker #1

    Comment tu... Parce que tu nous as parlé de tes rêves, de tes désirs. Comment tu navigues dans la vie, dans ce troisième âge que tu as toi-même cité tout à l'heure ? Comment tu abordes les choses ? Est-ce que tu te dis qu'il y aura une fin ? Est-ce que tu y penses parfois ? Que finalement, la vie, à un moment, va s'arrêter, ou c'est quelque chose qui ne fait pas partie de ta visibilité, de ta vision ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux. C'est-à-dire que moi, j'avançais, on va dire, jusqu'en 2020, absolument sans penser à la suite. Et ma fille, qui depuis dix ans me disait « viens vivre à Perpignan » , ceci, c'est cela, bon... Moi j'adore Paris, tout mon tissu amical et culturel, et éventuellement politique on va dire, au sens large, c'est Paris. Donc je lui disais « ma fille, tu veux ma mort ? » Et c'est normal, toutes les filles veulent tuer leur mère, donc c'est normal, ça la rendait furieuse. Mais au moment du Covid, elle m'a écrit une lettre, un mail mais sensible là. Au lieu de le prendre sur le thème « Maman, t'es dans ton joli appartement, mais t'es dans le rouge à chaque mois, etc. » Là, elle m'a parlé d'elle. Elle m'a dit à quel point elle était angoissée de me voir vieillir seule. Et dans la période du Covid, j'étais effectivement seule, puisque j'ai obéi comme une imbécile. C'est-à-dire que je n'ai même pas été voir mes amis qui étaient à côté, on ne se voyait pas alors qu'on était des proches. Et donc, j'étais vraiment seule. Et tout d'un coup... Elle a pu exprimer son inquiétude. Elle dit, moi je veux pouvoir m'occuper de toi quand t'auras besoin qu'on s'occupe de toi. Je veux pas que t'ailles dans un EHPAD parce qu'ici à Paris, personne ne peut s'occuper de toi, ce qui est vrai. Donc c'est moi qui m'occuperai de toi. Elle est fille unique. Donc, il faut que tu saches maintenant, si tu vas décider de venir à Perpignan, et puis je m'occuperai de toi si tu as besoin, et puis voilà. Ou sinon, tu iras dans un Ehpad, il faut que tu décides. Pas tout à fait maintenant, mais elle exprimait quelque chose qui était une vraie angoisse, et elle n'avait jamais pris sur ce ton. Parce qu'elle, elle me voyait vieillir. Et moi, je ne me voyais pas vieillir. J'y pensais pas. Elle, elle anticipait. Et comme j'ai entendu à la radio ce confinement rendra fin, mais ce n'est pas sans doute pas le seul, il y en aura d'autres. Je me suis dit, oh là là, c'est pas drôle les confinements à Paris. J'ai commencé à regarder tout bêtement, tout pragmatiquement, le prix des maisons à Perpignan. Je me suis rendu compte que c'était... 10 fois moins cher des prix de Paris. Et je me suis dit, tiens, je vais essayer de voir ce qui peut se passer. Et j'ai envoyé à ma fille un lien sur une belle maison. Elle m'a répondu, une chape de plomb qui s'est... Elle est partie de mes épaules parce que j'ai vu que peut-être tu envisageais. Et moi, j'ai twisté en deux jours. J'ai dit, je pars.

  • Speaker #1

    J'y vais.

  • Speaker #0

    J'y vais. J'achète une maison, je vends l'appartement, j'achète une maison et je pars.

  • Speaker #1

    Elle a dû halluciner ta fille.

  • Speaker #0

    Ah oui, elle était trop trop contente. Elle a passé 15 jours à visiter des maisons parce que j'ai mis des contraintes très grandes. Si je quitte un appartement que j'adore à Paris, que j'adore, ce n'est pas pour aller dans une moche maison. Donc, j'avais mis des contraintes. Elle a visité, visité. Plusieurs de mes amis m'ont dit, mais écoute, fais un essai, loue ton appartement et loue là-bas et tu verras si tu t'y plais. Et pour moi, c'était impossible de faire ça. C'était impossible parce que ça n'aurait pas été les conditions.

  • Speaker #1

    Tu avais besoin d'un truc franc peut-être aussi ?

  • Speaker #0

    J'avais besoin d'un truc franc, de brûler mes vaisseaux. Bon, si j'avais eu des sous, j'aurais peut-être gardé un petit truc à Paris, mais bon, c'est même pas nécessaire parce que j'ai des amis qui m'hébergent. donc pour moi c'était impossible de ne pas me mettre dans les meilleures conditions, celles que je souhaitais pour habiter à Perpignan, et de trouver une location. Donc j'ai dit non, non, non, je vends, j'achète, hop, voilà. J'ai tout fait, très très vite, vraiment très vite. Et donc, mon petit-fils a cessé depuis quelques temps de le dire, mais il me disait tout le temps que comme j'allais mourir, il était très triste, est-ce que je pense qu'il y a une vie après la mort ? Il me parlait beaucoup de ma mort. Parce qu'il avait peur que je meure. Donc, forcément, je commençais à y penser un petit peu. Moi, j'ai des parents qui ont vécu vraiment vieux. J'ai des grands-parents qui ont vécu vraiment vieux. Je ne me sens pas prête à mourir. Mais je trouve que les années, là, j'ai eu un petit peu un choc sur les cinq dernières années parce que je trouve qu'elles ont passé très, très, très, très vite. Et je me dis, ça va peut-être être comme ça tout le temps maintenant. Je vais peut-être prendre mon petit déjeuner tous les quarts d'heure. Et ça va être très, très, très rapide. Donc ça, ça me fait un petit peu peur,

  • Speaker #1

    c'est la rapidité du temps.

  • Speaker #0

    C'est l'accélération du temps. Ça, j'ai pris conscience que le temps s'accélère énormément. Et pourtant, il est bien rempli. C'est-à-dire que je travaille, je fais des choses qui m'intéressent, j'ai des sortes de succès dans ce travail, je fais des projections, les gens adorent les films, etc. Il y a un aspect créatif, puisque je fais les bonus, c'est moi qui décide des jaquettes, qui choisis les graphistes et tout ça. donc c'est une à une occupation du temps qui est si peu monotone que ça lui donne que ça donne pas l'impression que ça file tant que ça mais quand même ça va vite et ça ça me fait un petit peu peur parce que je me dis peut-être que je vais mourir finalement dans 5 ans quoi, 85 ans il y a beaucoup de gens qui meurent à cet âge là puis on dit bah oui ça va c'est cette accélération pour pouvoir encore faire les choses que j'ai envie de faire finir cette mission qui va me demander encore à peu près un an ou deux donc la mission on la rappelle c'est de

  • Speaker #1

    de sortir les 7 films ?

  • Speaker #0

    Donc, la mission que je me suis choisie étant de sortir les 7 films, de les éditer, de les faire ressortir en salle quand c'est possible. Donc, il t'en reste 2 ? Il m'en reste 2 que je vais grouper en un seul coffret. Ça sera ça de gagné. Parce que l'un avait déjà été édité. Donc, ça, on est en train de discuter des droits pour celui-là. Enfin, j'ai d'abord à vraiment sortir... Le cinquième, je suis en train de le faire, il n'est pas sorti encore. Il commence juste sa vie. Après, je commence à penser à l'autre. J'ai déjà fait une très bonne brochure sur le film, donc ça sera le bonus. Je n'aurai pas besoin de faire un bonus à vrai film. Je vais sortir cette brochure qui est déjà très bien. Le septième, qui est un film très différent parce qu'il a été écrit par notre fille quand elle avait 17 ans et joué quand elle avait 18. Donc c'est vraiment un film sur l'adolescence. Mais réalisé par son père, donc avec... Pas sa marque de fabrique, parce qu'il a un peu une marque de fabrique dans ses films, qui est l'hybridation, fiction, documentaire, tout ça. Bon, là, non, parce que c'est respecter au maximum ce qu'a fait sa fille, quoi. Ça, c'est le dernier. Il a déjà été édité. Enfin, bon, je vais essayer de grouper. Ça sera une sorte de super bonus. Puis après tout ça, il faut tout réunir et faire un coffret. Et après, je ferai peut-être des confitures. Bon, mais il ne faut pas que ça soit trop long, parce qu'il faut, comme je le disais, il faut quand même que je m'arrange pour voyager un peu. Donc, j'ai déjà prévu deux petits voyages, là, au printemps. Je l'avais prévu avant, mais comme j'ai eu mal, j'ai été obligée d'annuler. Mais je reprends et j'ai vraiment l'intention, en tout cas, sinon de faire des grands voyages, du moins de multiplier les petits voyages.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un grand voyage qui te fait vraiment, vraiment envie ?

  • Speaker #0

    J'ai personne autour de moi avec qui je me sens l'envie, et je pense que c'est réciproque, de faire un voyage de trois semaines au Laos.

  • Speaker #1

    Mais tu le ferais seul ?

  • Speaker #0

    Ah non, je ne fais rien seul moi. Enfin si, je travaille seul et tout, mais je vais au restaurant seul, j'aime beaucoup ça, je vais voir des films seul, mais je ne peux même pas...

  • Speaker #1

    Le voyage seul, ce n'est pas quelque chose que tu envisages ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le voyage, c'est un partage. Et j'ai toujours beaucoup partagé avec Charles. d'abord compagnon pendant 27 ans, puis mari, on partageait beaucoup. Et d'ailleurs, là, ça demeure que quand j'ai vécu un truc chouette ou à la fin de la journée, je me couche et je me dis, mais il y a quelque chose qui n'est pas fini, il y a un tiroir qui n'est pas refermé, il y a quelque chose... J'ai quelque chose à faire. Et ce quelque chose à faire, c'est de lui raconter. Ça continue, quoi, 12 ans après sa mort. On a toujours tellement partagé. Un voyage sans partager ne m'intéresse pas du tout. Ma sœur faisait ça, des copines font ça, mais moi ça ne m'intéresse pas du tout. Et en revanche, même aller au théâtre, je ne peux pas seule.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de partager après ce que tu viens de vivre ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas aller au spectacle vivant, je ne peux pas y aller seule, parce que j'ai l'impression qu'il y a une chape de solitude qui me tombe dessus.

  • Speaker #1

    Par rapport à un ciné ?

  • Speaker #0

    Cinéma, j'y vais. Exposition, j'y vais. Je ne sais pas pourquoi. Ça, ça va très bien, j'aime bien. Bon, j'aime bien aller aussi avec des gens, mais j'aime bien aller seule. Le spectacle vivant, je ne sais pas, c'est pas très intéressant d'analyser pourquoi. Ce que je veux dire, c'est que... Les voyages avec des amis, il faut qu'on s'entende bien. Et je n'en ai pas tant que ça qui ferait des grands voyages. Et puis de toute façon, j'ai un petit problème de sous quand même, parce que ma société me coûte cher. Fabriquer et vendre des DVD, ce n'est pas l'idée de 2025. Pas du tout. Donc je remets de l'argent tout le temps. À un moment donné, je ne vais plus en avoir.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut les trouver si on cherche ? à les acheter ? Est-ce qu'il y a un site sur lequel on peut... Alors,

  • Speaker #0

    il y a mon site qui est... Alors, je suis entre deux sites, mais l'autre, le vieux, il marche encore, qui s'appelle charlesbelmont.com.

  • Speaker #1

    Je le mettrai en lien.

  • Speaker #0

    Et mon gendre, Jean Carénard, m'en a refait un autre beaucoup plus moderne, mais comme je ne veux pas payer, il n'est pas commercial, donc il renvoie à celui-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il n'est pas fini, j'ai encore des textes à écrire.

  • Speaker #1

    ça va bientôt être la fin de l'épisode j'aimerais bien Marielle que tu me dises que le mot encore qui est le nom du podcast te fait penser ça

  • Speaker #0

    dépend comment il est prononcé si c'est ro encore c'est juste une lassitude mais sinon encore ouvert comme ça c'est l'idée de de continuer, c'est pas l'idée de recommencer pour moi, c'est plutôt l'idée de continuer. Donc moi, j'ai beaucoup aimé ma vie, en fait, qui était mal barrée, mais qui a été rétablie parce que je disais que j'avais eu la chance d'être sauvée par l'école de Groli, mais après, j'ai été aussi sauvée par moi-même, parce que j'ai choisi un métier que j'ai aimé faire énormément, que vraiment, j'adorais le montage. Je continue à monter un peu les bonus que je fabrique, et puis j'ai eu la chance de rencontrer Charles Belmont. qui a été vraiment quelqu'un pour moi, qui m'a redonné une très grande confiance en moi. Parce que pour revenir sur le sujet, je ne sais pas où ça se placera, ici ça se placera, moi quand j'ai rencontré Charles Bellemont, j'avais presque 23 ans, j'avais un métier, j'étais dans le montage déjà, j'avais un mari, je ne sais pas pourquoi, un mari... Pas du tout un mari bourgeois, tout ça, un mari un peu à la cloche de bois, comme ça, un bohème comme moi. Et j'avais une idéologie, j'étais maoïste. Et je me disais, bon, c'est bon, il n'y a plus qu'à se laisser rouler jusqu'à la fin. Donc voilà, ça y est, tout est en place. Ouf, ça n'a pas été facile. J'ai eu beaucoup de différents problèmes d'adolescence. Bon, mais moi maintenant, j'ai les trois trucs, je roule. Et puis je m'endors un peu, c'était mon idée. Et en fait, j'ai rencontré Charles, qui était plus âgé que moi de 8 ans, et qui m'a considéré comme une jeunesse. Et tout s'est réouvert à ce moment-là. Et on a travaillé ensemble, et après il m'a proposé d'écrire avec lui. Il m'a redonné beaucoup de confiance. Moi j'ai beaucoup aidé aussi, parce que comme souvent, il ne gagnait pas bien sa vie, moi je la gagnais bien. Enfin, je le gagnais, oui, je travaillais beaucoup. Donc, on s'est équilibré comme ça. Et donc, encore, ça serait continuer à faire ce que j'aime beaucoup et surtout consolider les amitiés. Mais il y en a plein qui veulent mourir. Les gens meurent quand même souvent en ce moment. Enfin, toujours, mais pour moi, en ce moment. Et c'est avoir de l'appétit, quoi. C'est surtout ça, encore, c'est avoir de l'appétit. Pour l'instant, j'ai de l'appétit.

  • Speaker #1

    Merci Marielle pour ce partage.

  • Speaker #0

    C'était cool ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai passé un moment exceptionnel. C'est vrai, non vraiment, je te le dis et je suis convaincue que les auditeurs et auditrices auront envie de te rencontrer peut-être dans un resto ou au ciné ou t'accompagner à un théâtre parce que si tu veux pas aller toute seule, on adorait te passer un moment avec toi.

  • Speaker #0

    C'est cool ce que tu me dis, ça me fait même les larmes aux yeux tellement...

  • Speaker #1

    ça me fait des compliments merci beaucoup vraiment un partage très très chaleureux sur ton regard sur la vie, sur toi ton rapport à ce que t'as vécu, ton rapport à l'avenir aussi, ton rapport à ce que t'as encore envie de faire et ça c'est exceptionnel,

  • Speaker #0

    c'est vraiment un cadeau que tu fais j'espère que c'est pas trop égotiste Asiographique de moi-même. Non,

  • Speaker #1

    on a fait une balade là, je trouve, avec la saveur de ta personne et de ta personnalité. Mais on a abordé des sujets de société, des sujets de rencontres, d'amitié intergénérationnelle, de sexualité. Et ça, c'est des cadeaux qu'on fait à des gens qui peuvent, par exemple, avoir peur de vieillir, qui peuvent ne pas vouloir se projeter ou qui peuvent avoir des propos agistes vis-à-vis d'autres personnes ou vis-à-vis d'eux-mêmes. Et ce genre de témoignage, je trouve, est éclairant. vibrant et plein de vie. Moi, ça me remplit personnellement. Donc, si tu as déjà une personne en face de toi qui est convaincue, c'est que la vieillesse vaut le coup d'être vécue et que c'est cool de la réenchanter. Je trouve que c'est ce qu'on vient de faire.

  • Speaker #0

    J'ai vraiment l'impression que tous ces gens qui meurent de solitude vieille, dont on parle dans les journaux, mais je ne comprends pas, ils sont cassés avant. Ils ne sont pas cassés par la vieillesse. Parce que s'ils n'étaient pas cassés, ils iraient vite... Faire un truc d'association ne serait-ce qu'où culturel, ou politique, ou humanitaire.

  • Speaker #1

    Sur la solitude et ce qui s'appelle la mort sociale, tu as tellement d'enjeux et tu as tellement de choses qui rentrent en compte, qui peuvent expliquer les ruptures.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi ils ne sortent pas de chez eux pour aller voir une association ?

  • Speaker #1

    Parfois, ils n'ont pas la possibilité de s'en sortir de chez eux. Je vais inciter d'ailleurs à aller lire un rapport qui est diffusé par les petits frères des pauvres qui font un baromètre chaque année justement sur la mort et l'isolement. La mort sociale et l'isolement social. Il y a des gens qui vivent au 18ème étage d'une tour et qui, une fois sur deux, n'ont pas d'ascenseur. Mais c'est des petites réalités comme ça. Aujourd'hui, la vie citadine, elle est pour les valides. Elle est très difficile pour les non-valides. Et parfois, quand on vieillit, on n'a plus la même possibilité de déambuler. Et donc, petit à petit, on se crée des mini-coupures. L'isolement avec les familles, les problèmes financiers qui peuvent aussi arriver. On peut parfois avoir beaucoup de moyens financiers, mais être isolé quand même. C'est terrible, mais parce que la société aussi a créé des ruptures. Aujourd'hui, si on n'est pas adepte des technologies, on peut ne pas s'en sortir parce qu'on ne peut plus prendre un rendez-vous parce que tout se fait avec un téléphone et un ordinateur. On a cassé aussi la relation humaine dans les services qui permettaient à certaines personnes de rencontrer quelqu'un dans la journée. Maintenant, on peut passer des jours entiers sans voir un humain. Et ça, petit à petit, ça crée la pente descendante vers l'isolement. Donc, à retenir.

  • Speaker #0

    Il faut que j'apprenne ce nouveau logiciel. Il n'y a pas de doute.

  • Speaker #1

    Non, mais à retenir, Marielle, et c'est ce que tu as confié tout au long de cet épisode, c'est toi, ta volonté de rester contemporaine dans ta vie d'aujourd'hui, tout en te projetant avec des super projets, mais en étant entourée de gens divers et variés, qui n'ont pas forcément ton âge, d'avoir encore plein de désirs et en fait, de vivre juste ta vie sans répondre à des dictates. Parce qu'on parlait d'une amie commune, Sandrine, qui ouvre les yeux aujourd'hui sur eux. avec son collectif C'est pas demain la vieille, sur toutes les formes que peuvent prendre justement cette libération des femmes à partir de 50 ans, parce qu'on les a beaucoup invisibilisées. Et c'est marrant, j'avais une discussion avec elle sur maintenant qu'elles sont beaucoup plus visibles, on attend d'elles qu'elles soient hyper dans la performance, très belles, on va les regarder comme un objet qui doit vieillir de telle manière. Et c'est super intéressant, parce qu'il y a plein de formes aujourd'hui qui existent.

  • Speaker #0

    Quand tu as dit ta volonté de rester contemporaine, je n'ai pas cette volonté de rester contemporaine. J'ai des projets, dont essentiellement ces projets de remettre des films de Charles Bellemont en lumière, et ça remet aussi mon travail en lumière, puisqu'on travaillait ensemble. Et c'était très heureux notre travail ensemble, on pouvait se disputer dans l'escalier, mais quand on arrivait à la salle de montage, on ne se disputait plus. Et en fait, je n'ai jamais eu la volonté d'être contemporaine, c'est que mes projets impliquent que je sois contemporaine. Mes projets impliquent que j'apprenne des nouveaux logiciels. Je vais apprendre Resolve, je ne le connais pas encore. Alors, des fois, au contraire, je ne veux pas être, ce n'est pas le mot contemporain, mais je ne veux pas être jeune. C'est-à-dire que comme je vis avec des gens qui utilisent un langage particulier, forcément, je me mets à l'utiliser aussi. Et puis, à un moment donné, je me dis, arrête, tu peux arrêter de dire chelou, je ne sais pas quoi, parce que j'ai peur que ça fasse... Enfin, j'ai peur. Disons que je n'ai pas envie... de me mettre à les copier. Mais de fait, ça s'instille puisqu'ils parlent comme ça. Et ils parlent même d'une façon tellement compliquée parfois que je demande des traductions. Et là, c'est parce qu'ils emploient les mots anglais, etc. Ils les torturent dans tous les sens. Ils changent beaucoup la syntaxe aussi, parce que maintenant, ils ne mettent plus l'infinitif. Mais ce n'est pas du tout une volonté. C'est plutôt subi ? Non, mais ça se passe comme ça, quoi. Alors pour le vocabulaire, en même temps, je ne vais pas non plus refuser. Quand ça me vient de dire de ouf, je dis de ouf. Mais ça me vient, je ne cherche pas du tout. Mais ça me vient. Ça peut paraître parfois, j'ai des copines qui rigolent parce que t'as dit de base, machin, je dis oui, je dis de base. Alors là, je ne dirais pas autrement parce que je ne vois pas ce que je dirais d'autre. Pour tout ce qui est les techniques et tout que je dois apprendre pour pouvoir faire ce que j'ai décidé, ça ne m'amuse pas spécialement d'apprendre ces techniques-là. D'être contemporaine, ça ne m'amuse pas tellement. Au sens technique, c'est que je suis obligée.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas le choix.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas le choix, et puis je l'accepte, et voilà.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marielle j'étais très très touchée et heureuse de t'avoir au micro d'encore je mettrai le lien vers les différents sites que tu m'as donné et s'il y en a d'autres que tu as envie que les gens creusent peut-être certains sujets, tu parlais de désobéissance civile est-ce que tu souhaiterais peut-être ouvrir ce point-là, on verra on en discutera sur comment on peut donner un peu plus d'épaisseur à ce qu'on vient de se dire Merci beaucoup, bon retour à Perpignan

  • Speaker #0

    Merci Claire, c'est moi qui te remercie

  • Speaker #1

    et bon voyage en Italie, tu vas te régaler

Description

« Oui, je suis vieille — et j’ai la chance de l’être. » Marielle ouvre ce podcast avec cette phrase. 
Monteuse de cinéma depuis 1966, militante de la liberté (Algérie, désobéissance civile), compagne et collaboratrice de Charles Belmont, elle raconte une vie intense et vibrante: des années contre-culture aux salles obscures, des amitiés intergénérationnelles à la transmission, des deuils à la réouverture du désir.

Dans cet épisode, nous parlerons de sexualité après la perte, du refus de l’âgisme (y compris le nôtre) et de ces injonctions à “bien vieillir”.


Surtout, on parle de sa mission : faire revivre les 7 films de Charles Belmont — rééditions, projections, bonus, coffret — pour que l’œuvre continue à circuler et que la mémoire travaille.

« Encore », pour Marielle, ce n’est pas recommencer : c’est continuer.


Continuer à aimer, à apprendre, à marcher, à tisser des liens entre 20 et 90 ans, à garder l’appétit. Un épisode vibrant, franc, qui donne envie de vieillir… et de vivre.


Invitée : Marielle Issartel 

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Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand mon petit-fils dit « t'es vieille, mamie mort » , je lui dis « oui, oui, c'est vrai, je suis vieille » . Il dit ça un petit peu pour provoquer, pour voir ce que ça va donner. Si c'est considéré comme un peu insultant ou un tout petit peu tisant ou quelque chose comme ça, je lui dis « non, c'est vrai, je suis vieille, c'est vrai, j'ai la chance d'être vieille, parce que sinon je serais morte » . Et puis je lui explique que dans certains pays, comme la Nouvelle-Calédonie et sans doute d'autres, on dit « vieux » pour les personnes sages. des hommes, on ne dit jamais les vieilles, on dit les vieux, c'est ceux qui dirigent les tribus. Et à ce moment-là, ils ont 40 ans et on les appelle déjà les vieux parce que ça veut dire sagesse. Donc moi, dans mon cas, je ne sais pas très bien où je me situe par rapport à la vieillesse parce que je me suis toujours dit que j'étais plutôt fière de vieillir, c'est-à-dire d'être encore debout.

  • Speaker #1

    Bonjour Marielle. Bonjour Claire. Comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je vais bien. Après une chose qui m'est arrivée, alors que je n'ai jamais de problème de santé, j'ai eu une opération de prothèse de hanche. Et curieusement, j'ai fêté mes 80 ans, je ne fais pas souvent des grandes fêtes pour mon anniversaire, je l'ai fêté deux fois, une fois à Paris où j'ai fait une très grande fête, et à Perpignan où je vis, où des gens ont organisé une fête pour moi. Et 15 jours après, j'avais mal à la hanche, que je n'avais jamais eue. Et j'ai passé un an, maintenant, à trouver ce qu'il fallait faire, chercher le bon chirurgien et la bonne méthode, me faire opérer, etc. et remarcher, ce qui est le cas maintenant. Et je me suis dit, ces anniversaires, qui sont rares pour moi, les grandes fêtes, ben je sais pas, ça a déclenché un truc. Parce que je m'étais dit, ou bien je fais comme si de rien n'était. Mais quelque chose est G80, ce qui n'est pas 70, ce qui n'est pas 60, qui est un truc d'entrée du quatrième âge, si on veut bien dire, auquel je n'avais jamais réfléchi. Il me dit, ou bien je fais comme si de rien n'était, ou bien je fais un petit voyage avec mes proches pour fêter ça, ou bien je fais ce que j'ai envie de faire, je réunis mes amis. Donc, j'ai fait ça, ça s'est très bien passé, tout le monde était content, c'était chez mes amis Mickaël et Sandrine, tout s'était très bien. Et puis après, je me suis dit, ben voilà, je me suis mis face à face et mon corps a dit, ben oui, tu as 80 ans. Donc, je suis après un an de ça. Maintenant, je remarche, les choses sont bien, mais j'ai, moi qui n'ai pas de problème de santé.

  • Speaker #1

    T'en as eu là ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai eu, bon, pour la première fois, donc je sais pas, faut que je réfléchisse là-dessus.

  • Speaker #1

    Il y a des significations avec la hanche. Faut que tu regardes de ce côté-là. Est-ce que, Marielle, tu peux, en amont, j'ai... tort, comment on a attaqué l'entretien direct avec des anecdotes. Est-ce que tu peux donner quelques indices sur qui est Marielle, face au micro, pour que les auditeurs, auditrices, se disent on a déjà quelques indices.

  • Speaker #0

    Je suis la cinquième d'une famille nombreuse de sept. Mes parents étaient au départ des instituteurs type freinet. J'étais élevée avec un père très sévère, mais sévère et erratique, donc on comprenait très bien pas pourquoi ça a été permis et pas ça, etc. C'était très déstabilisant et c'était assez sombre. Et puis j'ai été sauvée à plusieurs reprises, psychologiquement. La première, c'est qu'ils m'ont mis à l'école de Crowley, qui tout d'un coup, je me suis complètement épanouie, alors que le primaire, je le détestais. Je n'avais pas d'amis, je ne parlais à personne, je faisais ma rebelle, mais toute seule. Et Crowley m'a permis de me nourrir psychiquement, de reprendre confiance en moi et d'être vraiment très très heureuse pendant quatre ans. Après, c'était le lycée. Alors là, j'étais toujours punie, etc. Mais bon, je m'en fichais complètement. Et c'était la guerre d'Algérie. Donc, j'ai milité assez jeune contre la guerre d'Algérie, pour l'Algérie libre. Et puis après, je ne savais pas trop quoi faire. J'ai quand même réussi à obtenir mon bac, mais c'était juste 10,5, ce que j'avais prévu. Parce que je ne voulais pas redoubler, mais je ne voulais pas non plus travailler. et ensuite j'ai eu quelques années a traîné dans la contre-culture des années 60, qui était quand même génial. Donc beaucoup, beaucoup de cinéma, les festivals, les trucs où on part en stop. On a créé un ciné-club qui était le plus snob de la capitale, je peux dire, parce qu'il faisait tout ce que font pas les autres. On montrait aussi bien de l'expérimental, expérimental, mais comme un peplum, comme une série B, comme on faisait notre sauce, et ça marchait très, très bien. Mais en parallèle, il fallait quand même manger un peu. Alors, j'essayais de temps en temps. Je faisais un peu d'écrès sur le pont des Arts, mais ça ne rendait pas beaucoup. Alors, je faisais des petits boulots horribles. Mais, ayant rencontré le cinéma, je voulais travailler dans le cinéma. J'ai fait un essai de script pour des copains. J'ai tout de suite vu que ce n'était pas du tout du tout ce qui me plaisait. Ayant rencontré le montage, finalement, j'ai réussi, mais c'était assez long, à mettre mon pied dans une salle de montage. Et là, je ne l'ai plus retiré. Ça, c'était en 60... 1966, je suis née en 1944. Là, après, j'ai été monteuse, c'est vraiment mon métier tout le temps, mais j'ai aussi écrit des scénarios, j'ai aussi un peu réalisé, j'ai aussi enseigné, j'ai écrit quelques livres, enfin, il y a eu différentes choses, mais le cœur, je ne sais pas comment on dit maintenant, le cœur du métier, je ne sais pas, il y a des termes professionnels, c'était le montage. Ensuite, j'ai fini de monter, la dernière fois, c'était en 2010. Et mon mari était malade, je m'en suis occupée, ensuite il est mort de façon très brutale, puisque c'est lui qui s'est donné la mort, de façon brutale, parce qu'il n'y a pas de façon pas brutale de se la donner. Donc c'était malheureusement, le suicide assisté reste interdit, donc c'est le suicide non assisté. Et ensuite je me suis dit, je me suis donné comme mission de faire revivre ces films dont lui-même ne s'occupait pas. pas une fois qu'ils étaient sortis, ils s'occupaient que des projets suivants. Donc ils étaient toujours devant, devant, et les autres, ça y est, ils avaient fait tout ce qu'ils avaient envie de faire, ils avaient beaucoup travaillé. Tu peux nous donner le nom de ton mari ? Charles Belmont. Il s'appelle Charles Belmont, donc mon mari Charles Belmont, après avoir été acteur, a fait un certain nombre de films, sept longs-métrages, un court-métrage, et... Il travaillait beaucoup pour les faire. Parfois, il a réussi à les produire seul. Enfin, on les produisait, on avait une petite société. Et puis, il a fait faillite parce qu'il a oublié d'ouvrir les lettres commandées. Et donc, après, il devait retrouver des producteurs, ce qui n'est pas le plus drôle dans la vie d'un cinéaste. Et ensuite, moi, je me suis dit, j'ai envie que ces films revivent. Ils sont un peu oubliés parce qu'ils ne s'en sont jamais occupés. Certains ont fait beaucoup de bruit. comme un qu'on a co-réalisé qui s'appelle Histoire d'A. Là, il continue à être montré tout le temps. Il a toujours été montré pendant 50 ans. Mais il y en a d'autres. Comme j'ai toujours travaillé sur ces films, à un poste ou à deux postes, ça dépend, en tout cas au montage et à d'autres postes en plus parfois, c'est une façon pour moi de faire revivre notre relation, de faire revivre mon admiration, parce que je trouve que c'est un cinéaste extraordinaire. et... Il se trouve que ça fonctionne, c'est-à-dire que j'arrive à faire revivre ces films qui sont très appréciés. Alors des fois c'est un peu lourd parce que quand je n'ai pas de distributrice ou de distributeur, je ne peux pas le faire toute seule. Donc je ne fais pas assez, mais bon, là ça va bien. Donc je suis en phase de faire revivre le cinquième de ces films. Mes regrets dépendent d'avoir fait plus, mais pour moi ça suffit. Et puis après, je ferai un coffret. Puis après, je ferai ce que je n'ai pas le temps de faire actuellement ou ce que je ne sais pas faire actuellement, c'est-à-dire faire ce que je n'ai pas assez fait dans ma vie, c'est-à-dire voyager.

  • Speaker #1

    Ah, tu as des projets de voyage.

  • Speaker #0

    J'ai des petits projets de voyage. D'abord, moi, je ne voyage pas seule. Il faut trouver des gens avec qui on a envie de voyager, qui ont envie de voyager avec vous. Et puis là encore, pour retrouver le sujet, je me suis rendue compte il y a quelques années Quand j'imaginais que j'allais voyager, je n'imaginais jamais que j'allais voyager en tant que troisième âge. Je me voyais voyager en tant que mon âge normal, qui n'est pas fixé, mais qui n'est pas troisième âge en tout cas. Je me suis dit, zut, je vais visiter. Je vais voyager en tant que troisième âge avec tout ce que ça suppose. De toute façon, je n'ai pas beaucoup voyagé. Là, j'ai des projets très courts. Cinq jours à Turin, cinq jours à Tolède, je ne sais pas quoi. Les voyages jointins pour l'instant. depuis... Que je suis allée à New York quelques semaines après la mort de mon mari, j'ai pas fait de grand voyage.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu parles de cette notion de tranche, de troisième âge. C'est quelque chose que tu entends ? Tu t'es acculturée sur cette terminologie ou c'est une manière de ne pas dire autre chose ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une manière de ne pas dire autre chose, mais ce qui est sûr, c'est que je le reprends de la vox populi. Je n'aime pas du tout ces termes qui disent quadragénaire, quadragénaire, etc. Je n'aime pas du tout ça. Et un jour, au Maroc, j'avais témoigné sur un riad que j'aimais beaucoup et je vois dans... Je vois la sexagénaire, nanana, je dis, je ne dirai plus jamais ça. donc Forcément, il y a un rapport ambigu. Moi, je dis, je m'en fisse de l'âge, je suis très contente de vieillir, je ne m'en préoccupe pas tant que ça, tant que je n'ai pas le rappel du corps, et comme je l'ai dit, j'ai rarement des problèmes, je ne suis jamais malade, donc je m'occupe de moi. Ça fait déjà très longtemps que je prends des compléments alimentaires sous contrôle médical, tout ça, je suis dans les médecines alternatives, donc je ne me fais pas bousiller par les médecines conventionnelles. Les gens parlent comme ça, donc là je le reprends pour parler en effet de la façon dont s'est perçue l'idée de Troisième âge. Parce que quand on regarde un peu les voyages et tout, c'est un petit peu découpé quand même. Bon, mais de toute façon, le fait est que je ne marche pas très bien, je ne marche pas, j'ai des copines, elles galopent, moi je ne galope pas. Pour visiter, je peux visiter les villes et tout ça,

  • Speaker #1

    mais pas la course.

  • Speaker #0

    Pas la course et pas non plus trop l'abondance, donc avec mes amis, j'ai jamais de problème avec les gens avec qui je voyage, sauf une personne.

  • Speaker #1

    On ne donnera pas de son nom.

  • Speaker #0

    Je suis considérée comme toxique, donc j'ai plus vieille amie.

  • Speaker #1

    T'as coupé.

  • Speaker #0

    J'ai coupé. En général, bon, ça range, t'as encore envie de visiter cette église, ben moi je vais aller prendre un camp Paris, quoi. Ouais. En gros.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à ta propre vieillesse ? Est-ce que c'est des choses que tu avais préparées ? Parce que tu en parles avec des termes très positifs, en disant, d'ailleurs, la première anecdote avec ton petit-fils, tu dis, mais moi, c'est pas un sujet, je suis vieille, je suis heureuse. On l'entend dans des termes très positifs. Est-ce que c'est ta personnalité ou est-ce qu'au fur et à mesure de ta vie, c'est quelque chose que tu t'es dit, moi, je veux vieillir et je veux être vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai jamais pensé à ça, en fait. moi j'ai toujours pensé en termes de d'action et de relation. Donc comme j'ai la chance, et que je me fais aussi, d'avoir des relations amicales avec des gens qui ne sont pas de mon âge, alors j'ai plein de relations amicales avec des gens de mon âge, et même plus âgés, j'ai une de mes meilleures amies qui a 90 ans, qu'une discrimination là-dessus, mais, de par mes activités, j'ai plein d'amis jeunes. Et ma meilleure amie à Perpignan, elle a 27 ans. Après, elle vient de partir à Toulouse, on se voit moins, malheureusement, mais c'est une fille absolument formidable avec qui j'ai... J'ai établi des liens en rejoignant Extinction Rebellion en arrivant à Perpignan. Après, j'ai quitté parce que c'est trop physique et pas assez politique. Depuis qu'elle n'est plus là, ce n'est pas assez politique à mon goût. Donc, j'ai quitté. Ma fille me dit, mais va dans les associations, parce que je n'ai finalement pas d'amis à Perpignan, depuis cinq ans que j'y suis. Va dans les associations et tout. Mais moi, je dis, je ne veux pas aller là où il n'y a que des vieux, à la CIMAD, à je ne sais pas quoi, je ne sais pas quoi. j'ai pas envie de me retrouver en train de me faire en groupe de vieux. Et là, elle a déclaré l'autre jour, d'une façon péremptoire, et mon gendre a surenchéri, je croyais que tu n'avais pas de problème d'âge, mais tu as un problème d'âge. Elle a un problème d'âge. Oui, tu as un problème d'âge. Bon. Mais en fait, le fait de ne pas pouvoir me retrouver avec des personnes qui sont du même âge, parce que ça n'a jamais été le cas dans ma vie, je ne considère pas que c'est forcément avoir un problème d'âge. C'est avoir un problème, enfin, c'est peut-être avoir un problème d'âge. Si elles le disent, peut-être qu'elle a raison et que je suis dans le déni. Mais surtout, pour moi, ce qui est intéressant, c'est d'avoir plein de gens d'âges différents. Et quand je vois mon anniversaire, il y a des gens vraiment d'âges différents.

  • Speaker #1

    Mais finalement, c'est quelque chose qui t'a construit, qui t'accompagne depuis que t'es né ?

  • Speaker #0

    Déjà dans le montage.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai toujours eu des assistantes, des stagiaires, souvent des personnes qui sont devenues mes meilleures amies. Parmi mes meilleurs amis, elles ont toujours une vingtaine ou 15 ans de moins. Ça, c'est le fait de travailler avec des gens d'âge différent. Ça a toujours été mon cop. C'était presque obligatoire, puisqu'il fallait structurer les équipes. Souvent, je me dis, tiens, un tel m'appelle, tu passes à Paris, on pourrait se voir. C'est quelqu'un qui a 40 ans. Je me dis, mais qu'est-ce qu'il me trouve ? Qu'est-ce qui me trouve ? Parce que souvent c'est eux qui proposent. Bien sûr j'établis des liens et quand on parle on échange beaucoup. C'est quand même eux qui me proposent, c'est pas moi qui leur cours derrière. Et donc je me dis, mes amis, je m'ouvre de cette interrogation, me disent peut-être qu'ils trouvent intéressant ce que tu racontes. Et puis à le fait, ça beaucoup pensent, mais je les détrompe, que j'ai... quelques années de moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, on peut aborder un autre sujet qui m'intéresse vivement ? Il y a beaucoup d'études qui tombent, parce que c'est un sujet, je pense, qui intéresse, et tant mieux, sur la sexualité, les rencontres amoureuses, les liens. On a parlé de l'amitié, l'amitié intergénérationnelle, ton rôle aussi dans la transmission. Est-ce que tu es OK qu'on ouvre ce sujet-là ? Est-ce que tu as... Des rencontres ? Est-ce que tu as des amours, des amourettes ? Est-ce que tu peux me parler un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors, avec Charles Belmont, on vivait... On a vécu, disons, deux décennies en couple un peu libre.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    On a vécu à trois pendant un an et demi. C'était, comme on dit maintenant, en trouble. C'était très, très sympa. Et puis, à partir des années sida, c'était quand même plus compliqué. Donc, j'ai eu un enfant. J'ai plus trop envie d'avoir des histoires. Et lui non plus. Donc, cette période qu'on a vécue, je souhaite, avec des contrats. Ça se fait parce que ça se fait ou parce que j'ai envie. Est-ce que t'es ok que j'ai des aventures et toi, oui ? Bon, c'était pas non plus effréné, c'était simplement, de temps en temps, des petites histoires sexuelles. Même pas des amourettes, c'était des aventures plutôt. Et puis, il y a eu toute la période sida qui m'a fait dire que c'est plus marrant, qu'il faut commencer à se faire ceci, cela, cela. Et puis avec Charles Bellemont, on a toujours eu une vie sexuelle très riche. jusqu'à la fin de sa vie en fait. Mais quand il est mort, mon corps s'est totalement... Du point de vue sexuel, c'était comme s'il y avait un rideau noir qui tombait. Et c'était terminé. Il n'y avait plus rien.

  • Speaker #1

    Tu parles en termes de désir ?

  • Speaker #0

    Oui, en termes de désir. Puisque 15 jours avant sa mort, on était encore en train de faire l'amour. Donc après, il n'y avait plus rien. Un jour, enfin une nuit, j'ai eu un rêve avec un petit orgasme comme ça, tout petit fugitif et c'est tout. Et donc pendant plusieurs années c'était rien du tout. Alors moi je trouvais ça dommage, mais en même temps... Les réseaux sur lesquels mes copines plus jeunes me disaient « Mais va voir là, là, là et là. » Le problème, c'est que moi, je n'aime pas les vieux bonhommes. Ils sont tous sauvougros ou je ne sais pas quoi. Je n'aime pas les vieux bonhommes. Je suis toujours attirée normalement par des hommes plus jeunes. Je ne dis pas à 25 ans, mais bon, pas à 75. Et j'ai rencontré un homme très bien de sa personne. qui avait mon âge, qui était grand, beau, mince, qui faisait des sports et qui avait une vie très intéressante, qui avait fait partie des services d'ordre de Gougou Chiz, dont je faisais partie moi aussi, mais pas dans le service d'ordre, puisque j'étais maoïste, et puis qui avait fait des tas de choses très intéressantes, qui continuait et tout. Et il m'a dragué. Il est venu chez moi, il m'a laissé draguer, il m'a vraiment dragué, je me suis laissé draguer en me disant, ben, il me plaît bien, il s'approche de moi, il m'embrasse et tout d'un coup, c'est pouf ! Les digues qui cèdent, on se précipite sur le lit, voilà, voilà, puis finalement il part parce que je sais pas quoi, dernier métro, ce que j'ai trouvé d'un goût douteux, enfin bon. Après ? il devait revenir trois jours plus tard je ne pouvais plus attendre je me suis précipité passage du dégir qu'avant je m'étais dit jamais je n'oserais aller acheter un sextoy une copine me disait mais vas-y j'oserais jamais et là je me précipite et je commence à examiner tout et il arrive, c'était bien on a eu une vie sexuelle de six mois Pas totalement satisfaisante, parce que c'était quand même un mec de cet âge et qui n'avait pas dû avoir suffisamment bien s'entretenir. Et puis différentes choses m'ont déplu. J'étais un peu radin tout au long. Et au bout de six mois, j'ai mis fin à cette relation. Mais c'était le moment où le corps s'est réveillé. Donc j'ai dit merci, merci, merci.

  • Speaker #1

    Mais t'aimerais aujourd'hui avoir une relation suivie, je ne sais pas comment on pourrait l'appeler, mais d'être en couple ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'aimerais être amoureuse ? Il y a deux choses. Est-ce que j'aimerais coucher avec un mec qui me fait plaisir ? Oui. Est-ce que j'aimerais être amoureuse si ça ne s'assortit pas de souffrance et de frustration et de on va se voir et c'est bon et on vient me parler ? Bon, je ne sais pas. En tout cas, vivre avec quelqu'un, non. Bon d'abord, je vis déjà avec ma fille, mon gendre, le chien et l'enfant, donc ça va. Mais même avant qu'il soit installé chez moi, quand je vivais seule, parce que pendant plusieurs années... J'ai vécu seule à Perpignan, où je suis descendue sur les instances de ma fille, qui maintenant habite chez moi avec toute sa famille. Même avant, je n'avais pas du tout envie d'avoir quelqu'un à la maison. Mais oui, c'est quelqu'un. Ah si, ce n'est pas trop compliqué. Si ça ne me fait pas souffrir, avoir un amoureux avec qui je fais l'amour, oui, ça me plairait. Parce que malgré tout, ça s'éteint. C'est-à-dire que c'est bien joli, les sex toys et tout, mais malgré tout, il y a un côté un peu volontariste aussi, parce qu'au fond, il faut s'y mettre. Enfin bon, j'en sais rien, mais... L'anecdote que je voulais raconter, c'est sur ça. Sur ce mec qui a tout réveillé, mais le fait que les mecs de mon âge ne me plaisent pas. Et c'est pareil pour les hommes, mais eux, ils choisissent des jeunesses sans difficulté. Alors, il y a le sexe tarifé. Les hommes, on sait bien qu'ils choisissent des jeunesses, c'est courant, dans les films, dans la vie, tout le temps. Et puis, personne n'est vraiment choqué qu'ils aient 30 ans de différence. Mais il y a le sexe tarifé. C'est bien du souci pour rien.

  • Speaker #1

    Comment tu... Parce que tu nous as parlé de tes rêves, de tes désirs. Comment tu navigues dans la vie, dans ce troisième âge que tu as toi-même cité tout à l'heure ? Comment tu abordes les choses ? Est-ce que tu te dis qu'il y aura une fin ? Est-ce que tu y penses parfois ? Que finalement, la vie, à un moment, va s'arrêter, ou c'est quelque chose qui ne fait pas partie de ta visibilité, de ta vision ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux. C'est-à-dire que moi, j'avançais, on va dire, jusqu'en 2020, absolument sans penser à la suite. Et ma fille, qui depuis dix ans me disait « viens vivre à Perpignan » , ceci, c'est cela, bon... Moi j'adore Paris, tout mon tissu amical et culturel, et éventuellement politique on va dire, au sens large, c'est Paris. Donc je lui disais « ma fille, tu veux ma mort ? » Et c'est normal, toutes les filles veulent tuer leur mère, donc c'est normal, ça la rendait furieuse. Mais au moment du Covid, elle m'a écrit une lettre, un mail mais sensible là. Au lieu de le prendre sur le thème « Maman, t'es dans ton joli appartement, mais t'es dans le rouge à chaque mois, etc. » Là, elle m'a parlé d'elle. Elle m'a dit à quel point elle était angoissée de me voir vieillir seule. Et dans la période du Covid, j'étais effectivement seule, puisque j'ai obéi comme une imbécile. C'est-à-dire que je n'ai même pas été voir mes amis qui étaient à côté, on ne se voyait pas alors qu'on était des proches. Et donc, j'étais vraiment seule. Et tout d'un coup... Elle a pu exprimer son inquiétude. Elle dit, moi je veux pouvoir m'occuper de toi quand t'auras besoin qu'on s'occupe de toi. Je veux pas que t'ailles dans un EHPAD parce qu'ici à Paris, personne ne peut s'occuper de toi, ce qui est vrai. Donc c'est moi qui m'occuperai de toi. Elle est fille unique. Donc, il faut que tu saches maintenant, si tu vas décider de venir à Perpignan, et puis je m'occuperai de toi si tu as besoin, et puis voilà. Ou sinon, tu iras dans un Ehpad, il faut que tu décides. Pas tout à fait maintenant, mais elle exprimait quelque chose qui était une vraie angoisse, et elle n'avait jamais pris sur ce ton. Parce qu'elle, elle me voyait vieillir. Et moi, je ne me voyais pas vieillir. J'y pensais pas. Elle, elle anticipait. Et comme j'ai entendu à la radio ce confinement rendra fin, mais ce n'est pas sans doute pas le seul, il y en aura d'autres. Je me suis dit, oh là là, c'est pas drôle les confinements à Paris. J'ai commencé à regarder tout bêtement, tout pragmatiquement, le prix des maisons à Perpignan. Je me suis rendu compte que c'était... 10 fois moins cher des prix de Paris. Et je me suis dit, tiens, je vais essayer de voir ce qui peut se passer. Et j'ai envoyé à ma fille un lien sur une belle maison. Elle m'a répondu, une chape de plomb qui s'est... Elle est partie de mes épaules parce que j'ai vu que peut-être tu envisageais. Et moi, j'ai twisté en deux jours. J'ai dit, je pars.

  • Speaker #1

    J'y vais.

  • Speaker #0

    J'y vais. J'achète une maison, je vends l'appartement, j'achète une maison et je pars.

  • Speaker #1

    Elle a dû halluciner ta fille.

  • Speaker #0

    Ah oui, elle était trop trop contente. Elle a passé 15 jours à visiter des maisons parce que j'ai mis des contraintes très grandes. Si je quitte un appartement que j'adore à Paris, que j'adore, ce n'est pas pour aller dans une moche maison. Donc, j'avais mis des contraintes. Elle a visité, visité. Plusieurs de mes amis m'ont dit, mais écoute, fais un essai, loue ton appartement et loue là-bas et tu verras si tu t'y plais. Et pour moi, c'était impossible de faire ça. C'était impossible parce que ça n'aurait pas été les conditions.

  • Speaker #1

    Tu avais besoin d'un truc franc peut-être aussi ?

  • Speaker #0

    J'avais besoin d'un truc franc, de brûler mes vaisseaux. Bon, si j'avais eu des sous, j'aurais peut-être gardé un petit truc à Paris, mais bon, c'est même pas nécessaire parce que j'ai des amis qui m'hébergent. donc pour moi c'était impossible de ne pas me mettre dans les meilleures conditions, celles que je souhaitais pour habiter à Perpignan, et de trouver une location. Donc j'ai dit non, non, non, je vends, j'achète, hop, voilà. J'ai tout fait, très très vite, vraiment très vite. Et donc, mon petit-fils a cessé depuis quelques temps de le dire, mais il me disait tout le temps que comme j'allais mourir, il était très triste, est-ce que je pense qu'il y a une vie après la mort ? Il me parlait beaucoup de ma mort. Parce qu'il avait peur que je meure. Donc, forcément, je commençais à y penser un petit peu. Moi, j'ai des parents qui ont vécu vraiment vieux. J'ai des grands-parents qui ont vécu vraiment vieux. Je ne me sens pas prête à mourir. Mais je trouve que les années, là, j'ai eu un petit peu un choc sur les cinq dernières années parce que je trouve qu'elles ont passé très, très, très, très vite. Et je me dis, ça va peut-être être comme ça tout le temps maintenant. Je vais peut-être prendre mon petit déjeuner tous les quarts d'heure. Et ça va être très, très, très rapide. Donc ça, ça me fait un petit peu peur,

  • Speaker #1

    c'est la rapidité du temps.

  • Speaker #0

    C'est l'accélération du temps. Ça, j'ai pris conscience que le temps s'accélère énormément. Et pourtant, il est bien rempli. C'est-à-dire que je travaille, je fais des choses qui m'intéressent, j'ai des sortes de succès dans ce travail, je fais des projections, les gens adorent les films, etc. Il y a un aspect créatif, puisque je fais les bonus, c'est moi qui décide des jaquettes, qui choisis les graphistes et tout ça. donc c'est une à une occupation du temps qui est si peu monotone que ça lui donne que ça donne pas l'impression que ça file tant que ça mais quand même ça va vite et ça ça me fait un petit peu peur parce que je me dis peut-être que je vais mourir finalement dans 5 ans quoi, 85 ans il y a beaucoup de gens qui meurent à cet âge là puis on dit bah oui ça va c'est cette accélération pour pouvoir encore faire les choses que j'ai envie de faire finir cette mission qui va me demander encore à peu près un an ou deux donc la mission on la rappelle c'est de

  • Speaker #1

    de sortir les 7 films ?

  • Speaker #0

    Donc, la mission que je me suis choisie étant de sortir les 7 films, de les éditer, de les faire ressortir en salle quand c'est possible. Donc, il t'en reste 2 ? Il m'en reste 2 que je vais grouper en un seul coffret. Ça sera ça de gagné. Parce que l'un avait déjà été édité. Donc, ça, on est en train de discuter des droits pour celui-là. Enfin, j'ai d'abord à vraiment sortir... Le cinquième, je suis en train de le faire, il n'est pas sorti encore. Il commence juste sa vie. Après, je commence à penser à l'autre. J'ai déjà fait une très bonne brochure sur le film, donc ça sera le bonus. Je n'aurai pas besoin de faire un bonus à vrai film. Je vais sortir cette brochure qui est déjà très bien. Le septième, qui est un film très différent parce qu'il a été écrit par notre fille quand elle avait 17 ans et joué quand elle avait 18. Donc c'est vraiment un film sur l'adolescence. Mais réalisé par son père, donc avec... Pas sa marque de fabrique, parce qu'il a un peu une marque de fabrique dans ses films, qui est l'hybridation, fiction, documentaire, tout ça. Bon, là, non, parce que c'est respecter au maximum ce qu'a fait sa fille, quoi. Ça, c'est le dernier. Il a déjà été édité. Enfin, bon, je vais essayer de grouper. Ça sera une sorte de super bonus. Puis après tout ça, il faut tout réunir et faire un coffret. Et après, je ferai peut-être des confitures. Bon, mais il ne faut pas que ça soit trop long, parce qu'il faut, comme je le disais, il faut quand même que je m'arrange pour voyager un peu. Donc, j'ai déjà prévu deux petits voyages, là, au printemps. Je l'avais prévu avant, mais comme j'ai eu mal, j'ai été obligée d'annuler. Mais je reprends et j'ai vraiment l'intention, en tout cas, sinon de faire des grands voyages, du moins de multiplier les petits voyages.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un grand voyage qui te fait vraiment, vraiment envie ?

  • Speaker #0

    J'ai personne autour de moi avec qui je me sens l'envie, et je pense que c'est réciproque, de faire un voyage de trois semaines au Laos.

  • Speaker #1

    Mais tu le ferais seul ?

  • Speaker #0

    Ah non, je ne fais rien seul moi. Enfin si, je travaille seul et tout, mais je vais au restaurant seul, j'aime beaucoup ça, je vais voir des films seul, mais je ne peux même pas...

  • Speaker #1

    Le voyage seul, ce n'est pas quelque chose que tu envisages ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le voyage, c'est un partage. Et j'ai toujours beaucoup partagé avec Charles. d'abord compagnon pendant 27 ans, puis mari, on partageait beaucoup. Et d'ailleurs, là, ça demeure que quand j'ai vécu un truc chouette ou à la fin de la journée, je me couche et je me dis, mais il y a quelque chose qui n'est pas fini, il y a un tiroir qui n'est pas refermé, il y a quelque chose... J'ai quelque chose à faire. Et ce quelque chose à faire, c'est de lui raconter. Ça continue, quoi, 12 ans après sa mort. On a toujours tellement partagé. Un voyage sans partager ne m'intéresse pas du tout. Ma sœur faisait ça, des copines font ça, mais moi ça ne m'intéresse pas du tout. Et en revanche, même aller au théâtre, je ne peux pas seule.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de partager après ce que tu viens de vivre ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas aller au spectacle vivant, je ne peux pas y aller seule, parce que j'ai l'impression qu'il y a une chape de solitude qui me tombe dessus.

  • Speaker #1

    Par rapport à un ciné ?

  • Speaker #0

    Cinéma, j'y vais. Exposition, j'y vais. Je ne sais pas pourquoi. Ça, ça va très bien, j'aime bien. Bon, j'aime bien aller aussi avec des gens, mais j'aime bien aller seule. Le spectacle vivant, je ne sais pas, c'est pas très intéressant d'analyser pourquoi. Ce que je veux dire, c'est que... Les voyages avec des amis, il faut qu'on s'entende bien. Et je n'en ai pas tant que ça qui ferait des grands voyages. Et puis de toute façon, j'ai un petit problème de sous quand même, parce que ma société me coûte cher. Fabriquer et vendre des DVD, ce n'est pas l'idée de 2025. Pas du tout. Donc je remets de l'argent tout le temps. À un moment donné, je ne vais plus en avoir.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut les trouver si on cherche ? à les acheter ? Est-ce qu'il y a un site sur lequel on peut... Alors,

  • Speaker #0

    il y a mon site qui est... Alors, je suis entre deux sites, mais l'autre, le vieux, il marche encore, qui s'appelle charlesbelmont.com.

  • Speaker #1

    Je le mettrai en lien.

  • Speaker #0

    Et mon gendre, Jean Carénard, m'en a refait un autre beaucoup plus moderne, mais comme je ne veux pas payer, il n'est pas commercial, donc il renvoie à celui-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il n'est pas fini, j'ai encore des textes à écrire.

  • Speaker #1

    ça va bientôt être la fin de l'épisode j'aimerais bien Marielle que tu me dises que le mot encore qui est le nom du podcast te fait penser ça

  • Speaker #0

    dépend comment il est prononcé si c'est ro encore c'est juste une lassitude mais sinon encore ouvert comme ça c'est l'idée de de continuer, c'est pas l'idée de recommencer pour moi, c'est plutôt l'idée de continuer. Donc moi, j'ai beaucoup aimé ma vie, en fait, qui était mal barrée, mais qui a été rétablie parce que je disais que j'avais eu la chance d'être sauvée par l'école de Groli, mais après, j'ai été aussi sauvée par moi-même, parce que j'ai choisi un métier que j'ai aimé faire énormément, que vraiment, j'adorais le montage. Je continue à monter un peu les bonus que je fabrique, et puis j'ai eu la chance de rencontrer Charles Belmont. qui a été vraiment quelqu'un pour moi, qui m'a redonné une très grande confiance en moi. Parce que pour revenir sur le sujet, je ne sais pas où ça se placera, ici ça se placera, moi quand j'ai rencontré Charles Bellemont, j'avais presque 23 ans, j'avais un métier, j'étais dans le montage déjà, j'avais un mari, je ne sais pas pourquoi, un mari... Pas du tout un mari bourgeois, tout ça, un mari un peu à la cloche de bois, comme ça, un bohème comme moi. Et j'avais une idéologie, j'étais maoïste. Et je me disais, bon, c'est bon, il n'y a plus qu'à se laisser rouler jusqu'à la fin. Donc voilà, ça y est, tout est en place. Ouf, ça n'a pas été facile. J'ai eu beaucoup de différents problèmes d'adolescence. Bon, mais moi maintenant, j'ai les trois trucs, je roule. Et puis je m'endors un peu, c'était mon idée. Et en fait, j'ai rencontré Charles, qui était plus âgé que moi de 8 ans, et qui m'a considéré comme une jeunesse. Et tout s'est réouvert à ce moment-là. Et on a travaillé ensemble, et après il m'a proposé d'écrire avec lui. Il m'a redonné beaucoup de confiance. Moi j'ai beaucoup aidé aussi, parce que comme souvent, il ne gagnait pas bien sa vie, moi je la gagnais bien. Enfin, je le gagnais, oui, je travaillais beaucoup. Donc, on s'est équilibré comme ça. Et donc, encore, ça serait continuer à faire ce que j'aime beaucoup et surtout consolider les amitiés. Mais il y en a plein qui veulent mourir. Les gens meurent quand même souvent en ce moment. Enfin, toujours, mais pour moi, en ce moment. Et c'est avoir de l'appétit, quoi. C'est surtout ça, encore, c'est avoir de l'appétit. Pour l'instant, j'ai de l'appétit.

  • Speaker #1

    Merci Marielle pour ce partage.

  • Speaker #0

    C'était cool ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai passé un moment exceptionnel. C'est vrai, non vraiment, je te le dis et je suis convaincue que les auditeurs et auditrices auront envie de te rencontrer peut-être dans un resto ou au ciné ou t'accompagner à un théâtre parce que si tu veux pas aller toute seule, on adorait te passer un moment avec toi.

  • Speaker #0

    C'est cool ce que tu me dis, ça me fait même les larmes aux yeux tellement...

  • Speaker #1

    ça me fait des compliments merci beaucoup vraiment un partage très très chaleureux sur ton regard sur la vie, sur toi ton rapport à ce que t'as vécu, ton rapport à l'avenir aussi, ton rapport à ce que t'as encore envie de faire et ça c'est exceptionnel,

  • Speaker #0

    c'est vraiment un cadeau que tu fais j'espère que c'est pas trop égotiste Asiographique de moi-même. Non,

  • Speaker #1

    on a fait une balade là, je trouve, avec la saveur de ta personne et de ta personnalité. Mais on a abordé des sujets de société, des sujets de rencontres, d'amitié intergénérationnelle, de sexualité. Et ça, c'est des cadeaux qu'on fait à des gens qui peuvent, par exemple, avoir peur de vieillir, qui peuvent ne pas vouloir se projeter ou qui peuvent avoir des propos agistes vis-à-vis d'autres personnes ou vis-à-vis d'eux-mêmes. Et ce genre de témoignage, je trouve, est éclairant. vibrant et plein de vie. Moi, ça me remplit personnellement. Donc, si tu as déjà une personne en face de toi qui est convaincue, c'est que la vieillesse vaut le coup d'être vécue et que c'est cool de la réenchanter. Je trouve que c'est ce qu'on vient de faire.

  • Speaker #0

    J'ai vraiment l'impression que tous ces gens qui meurent de solitude vieille, dont on parle dans les journaux, mais je ne comprends pas, ils sont cassés avant. Ils ne sont pas cassés par la vieillesse. Parce que s'ils n'étaient pas cassés, ils iraient vite... Faire un truc d'association ne serait-ce qu'où culturel, ou politique, ou humanitaire.

  • Speaker #1

    Sur la solitude et ce qui s'appelle la mort sociale, tu as tellement d'enjeux et tu as tellement de choses qui rentrent en compte, qui peuvent expliquer les ruptures.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi ils ne sortent pas de chez eux pour aller voir une association ?

  • Speaker #1

    Parfois, ils n'ont pas la possibilité de s'en sortir de chez eux. Je vais inciter d'ailleurs à aller lire un rapport qui est diffusé par les petits frères des pauvres qui font un baromètre chaque année justement sur la mort et l'isolement. La mort sociale et l'isolement social. Il y a des gens qui vivent au 18ème étage d'une tour et qui, une fois sur deux, n'ont pas d'ascenseur. Mais c'est des petites réalités comme ça. Aujourd'hui, la vie citadine, elle est pour les valides. Elle est très difficile pour les non-valides. Et parfois, quand on vieillit, on n'a plus la même possibilité de déambuler. Et donc, petit à petit, on se crée des mini-coupures. L'isolement avec les familles, les problèmes financiers qui peuvent aussi arriver. On peut parfois avoir beaucoup de moyens financiers, mais être isolé quand même. C'est terrible, mais parce que la société aussi a créé des ruptures. Aujourd'hui, si on n'est pas adepte des technologies, on peut ne pas s'en sortir parce qu'on ne peut plus prendre un rendez-vous parce que tout se fait avec un téléphone et un ordinateur. On a cassé aussi la relation humaine dans les services qui permettaient à certaines personnes de rencontrer quelqu'un dans la journée. Maintenant, on peut passer des jours entiers sans voir un humain. Et ça, petit à petit, ça crée la pente descendante vers l'isolement. Donc, à retenir.

  • Speaker #0

    Il faut que j'apprenne ce nouveau logiciel. Il n'y a pas de doute.

  • Speaker #1

    Non, mais à retenir, Marielle, et c'est ce que tu as confié tout au long de cet épisode, c'est toi, ta volonté de rester contemporaine dans ta vie d'aujourd'hui, tout en te projetant avec des super projets, mais en étant entourée de gens divers et variés, qui n'ont pas forcément ton âge, d'avoir encore plein de désirs et en fait, de vivre juste ta vie sans répondre à des dictates. Parce qu'on parlait d'une amie commune, Sandrine, qui ouvre les yeux aujourd'hui sur eux. avec son collectif C'est pas demain la vieille, sur toutes les formes que peuvent prendre justement cette libération des femmes à partir de 50 ans, parce qu'on les a beaucoup invisibilisées. Et c'est marrant, j'avais une discussion avec elle sur maintenant qu'elles sont beaucoup plus visibles, on attend d'elles qu'elles soient hyper dans la performance, très belles, on va les regarder comme un objet qui doit vieillir de telle manière. Et c'est super intéressant, parce qu'il y a plein de formes aujourd'hui qui existent.

  • Speaker #0

    Quand tu as dit ta volonté de rester contemporaine, je n'ai pas cette volonté de rester contemporaine. J'ai des projets, dont essentiellement ces projets de remettre des films de Charles Bellemont en lumière, et ça remet aussi mon travail en lumière, puisqu'on travaillait ensemble. Et c'était très heureux notre travail ensemble, on pouvait se disputer dans l'escalier, mais quand on arrivait à la salle de montage, on ne se disputait plus. Et en fait, je n'ai jamais eu la volonté d'être contemporaine, c'est que mes projets impliquent que je sois contemporaine. Mes projets impliquent que j'apprenne des nouveaux logiciels. Je vais apprendre Resolve, je ne le connais pas encore. Alors, des fois, au contraire, je ne veux pas être, ce n'est pas le mot contemporain, mais je ne veux pas être jeune. C'est-à-dire que comme je vis avec des gens qui utilisent un langage particulier, forcément, je me mets à l'utiliser aussi. Et puis, à un moment donné, je me dis, arrête, tu peux arrêter de dire chelou, je ne sais pas quoi, parce que j'ai peur que ça fasse... Enfin, j'ai peur. Disons que je n'ai pas envie... de me mettre à les copier. Mais de fait, ça s'instille puisqu'ils parlent comme ça. Et ils parlent même d'une façon tellement compliquée parfois que je demande des traductions. Et là, c'est parce qu'ils emploient les mots anglais, etc. Ils les torturent dans tous les sens. Ils changent beaucoup la syntaxe aussi, parce que maintenant, ils ne mettent plus l'infinitif. Mais ce n'est pas du tout une volonté. C'est plutôt subi ? Non, mais ça se passe comme ça, quoi. Alors pour le vocabulaire, en même temps, je ne vais pas non plus refuser. Quand ça me vient de dire de ouf, je dis de ouf. Mais ça me vient, je ne cherche pas du tout. Mais ça me vient. Ça peut paraître parfois, j'ai des copines qui rigolent parce que t'as dit de base, machin, je dis oui, je dis de base. Alors là, je ne dirais pas autrement parce que je ne vois pas ce que je dirais d'autre. Pour tout ce qui est les techniques et tout que je dois apprendre pour pouvoir faire ce que j'ai décidé, ça ne m'amuse pas spécialement d'apprendre ces techniques-là. D'être contemporaine, ça ne m'amuse pas tellement. Au sens technique, c'est que je suis obligée.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas le choix.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas le choix, et puis je l'accepte, et voilà.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marielle j'étais très très touchée et heureuse de t'avoir au micro d'encore je mettrai le lien vers les différents sites que tu m'as donné et s'il y en a d'autres que tu as envie que les gens creusent peut-être certains sujets, tu parlais de désobéissance civile est-ce que tu souhaiterais peut-être ouvrir ce point-là, on verra on en discutera sur comment on peut donner un peu plus d'épaisseur à ce qu'on vient de se dire Merci beaucoup, bon retour à Perpignan

  • Speaker #0

    Merci Claire, c'est moi qui te remercie

  • Speaker #1

    et bon voyage en Italie, tu vas te régaler

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Description

« Oui, je suis vieille — et j’ai la chance de l’être. » Marielle ouvre ce podcast avec cette phrase. 
Monteuse de cinéma depuis 1966, militante de la liberté (Algérie, désobéissance civile), compagne et collaboratrice de Charles Belmont, elle raconte une vie intense et vibrante: des années contre-culture aux salles obscures, des amitiés intergénérationnelles à la transmission, des deuils à la réouverture du désir.

Dans cet épisode, nous parlerons de sexualité après la perte, du refus de l’âgisme (y compris le nôtre) et de ces injonctions à “bien vieillir”.


Surtout, on parle de sa mission : faire revivre les 7 films de Charles Belmont — rééditions, projections, bonus, coffret — pour que l’œuvre continue à circuler et que la mémoire travaille.

« Encore », pour Marielle, ce n’est pas recommencer : c’est continuer.


Continuer à aimer, à apprendre, à marcher, à tisser des liens entre 20 et 90 ans, à garder l’appétit. Un épisode vibrant, franc, qui donne envie de vieillir… et de vivre.


Invitée : Marielle Issartel 

Découvrez son univers ici 

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Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand mon petit-fils dit « t'es vieille, mamie mort » , je lui dis « oui, oui, c'est vrai, je suis vieille » . Il dit ça un petit peu pour provoquer, pour voir ce que ça va donner. Si c'est considéré comme un peu insultant ou un tout petit peu tisant ou quelque chose comme ça, je lui dis « non, c'est vrai, je suis vieille, c'est vrai, j'ai la chance d'être vieille, parce que sinon je serais morte » . Et puis je lui explique que dans certains pays, comme la Nouvelle-Calédonie et sans doute d'autres, on dit « vieux » pour les personnes sages. des hommes, on ne dit jamais les vieilles, on dit les vieux, c'est ceux qui dirigent les tribus. Et à ce moment-là, ils ont 40 ans et on les appelle déjà les vieux parce que ça veut dire sagesse. Donc moi, dans mon cas, je ne sais pas très bien où je me situe par rapport à la vieillesse parce que je me suis toujours dit que j'étais plutôt fière de vieillir, c'est-à-dire d'être encore debout.

  • Speaker #1

    Bonjour Marielle. Bonjour Claire. Comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je vais bien. Après une chose qui m'est arrivée, alors que je n'ai jamais de problème de santé, j'ai eu une opération de prothèse de hanche. Et curieusement, j'ai fêté mes 80 ans, je ne fais pas souvent des grandes fêtes pour mon anniversaire, je l'ai fêté deux fois, une fois à Paris où j'ai fait une très grande fête, et à Perpignan où je vis, où des gens ont organisé une fête pour moi. Et 15 jours après, j'avais mal à la hanche, que je n'avais jamais eue. Et j'ai passé un an, maintenant, à trouver ce qu'il fallait faire, chercher le bon chirurgien et la bonne méthode, me faire opérer, etc. et remarcher, ce qui est le cas maintenant. Et je me suis dit, ces anniversaires, qui sont rares pour moi, les grandes fêtes, ben je sais pas, ça a déclenché un truc. Parce que je m'étais dit, ou bien je fais comme si de rien n'était. Mais quelque chose est G80, ce qui n'est pas 70, ce qui n'est pas 60, qui est un truc d'entrée du quatrième âge, si on veut bien dire, auquel je n'avais jamais réfléchi. Il me dit, ou bien je fais comme si de rien n'était, ou bien je fais un petit voyage avec mes proches pour fêter ça, ou bien je fais ce que j'ai envie de faire, je réunis mes amis. Donc, j'ai fait ça, ça s'est très bien passé, tout le monde était content, c'était chez mes amis Mickaël et Sandrine, tout s'était très bien. Et puis après, je me suis dit, ben voilà, je me suis mis face à face et mon corps a dit, ben oui, tu as 80 ans. Donc, je suis après un an de ça. Maintenant, je remarche, les choses sont bien, mais j'ai, moi qui n'ai pas de problème de santé.

  • Speaker #1

    T'en as eu là ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai eu, bon, pour la première fois, donc je sais pas, faut que je réfléchisse là-dessus.

  • Speaker #1

    Il y a des significations avec la hanche. Faut que tu regardes de ce côté-là. Est-ce que, Marielle, tu peux, en amont, j'ai... tort, comment on a attaqué l'entretien direct avec des anecdotes. Est-ce que tu peux donner quelques indices sur qui est Marielle, face au micro, pour que les auditeurs, auditrices, se disent on a déjà quelques indices.

  • Speaker #0

    Je suis la cinquième d'une famille nombreuse de sept. Mes parents étaient au départ des instituteurs type freinet. J'étais élevée avec un père très sévère, mais sévère et erratique, donc on comprenait très bien pas pourquoi ça a été permis et pas ça, etc. C'était très déstabilisant et c'était assez sombre. Et puis j'ai été sauvée à plusieurs reprises, psychologiquement. La première, c'est qu'ils m'ont mis à l'école de Crowley, qui tout d'un coup, je me suis complètement épanouie, alors que le primaire, je le détestais. Je n'avais pas d'amis, je ne parlais à personne, je faisais ma rebelle, mais toute seule. Et Crowley m'a permis de me nourrir psychiquement, de reprendre confiance en moi et d'être vraiment très très heureuse pendant quatre ans. Après, c'était le lycée. Alors là, j'étais toujours punie, etc. Mais bon, je m'en fichais complètement. Et c'était la guerre d'Algérie. Donc, j'ai milité assez jeune contre la guerre d'Algérie, pour l'Algérie libre. Et puis après, je ne savais pas trop quoi faire. J'ai quand même réussi à obtenir mon bac, mais c'était juste 10,5, ce que j'avais prévu. Parce que je ne voulais pas redoubler, mais je ne voulais pas non plus travailler. et ensuite j'ai eu quelques années a traîné dans la contre-culture des années 60, qui était quand même génial. Donc beaucoup, beaucoup de cinéma, les festivals, les trucs où on part en stop. On a créé un ciné-club qui était le plus snob de la capitale, je peux dire, parce qu'il faisait tout ce que font pas les autres. On montrait aussi bien de l'expérimental, expérimental, mais comme un peplum, comme une série B, comme on faisait notre sauce, et ça marchait très, très bien. Mais en parallèle, il fallait quand même manger un peu. Alors, j'essayais de temps en temps. Je faisais un peu d'écrès sur le pont des Arts, mais ça ne rendait pas beaucoup. Alors, je faisais des petits boulots horribles. Mais, ayant rencontré le cinéma, je voulais travailler dans le cinéma. J'ai fait un essai de script pour des copains. J'ai tout de suite vu que ce n'était pas du tout du tout ce qui me plaisait. Ayant rencontré le montage, finalement, j'ai réussi, mais c'était assez long, à mettre mon pied dans une salle de montage. Et là, je ne l'ai plus retiré. Ça, c'était en 60... 1966, je suis née en 1944. Là, après, j'ai été monteuse, c'est vraiment mon métier tout le temps, mais j'ai aussi écrit des scénarios, j'ai aussi un peu réalisé, j'ai aussi enseigné, j'ai écrit quelques livres, enfin, il y a eu différentes choses, mais le cœur, je ne sais pas comment on dit maintenant, le cœur du métier, je ne sais pas, il y a des termes professionnels, c'était le montage. Ensuite, j'ai fini de monter, la dernière fois, c'était en 2010. Et mon mari était malade, je m'en suis occupée, ensuite il est mort de façon très brutale, puisque c'est lui qui s'est donné la mort, de façon brutale, parce qu'il n'y a pas de façon pas brutale de se la donner. Donc c'était malheureusement, le suicide assisté reste interdit, donc c'est le suicide non assisté. Et ensuite je me suis dit, je me suis donné comme mission de faire revivre ces films dont lui-même ne s'occupait pas. pas une fois qu'ils étaient sortis, ils s'occupaient que des projets suivants. Donc ils étaient toujours devant, devant, et les autres, ça y est, ils avaient fait tout ce qu'ils avaient envie de faire, ils avaient beaucoup travaillé. Tu peux nous donner le nom de ton mari ? Charles Belmont. Il s'appelle Charles Belmont, donc mon mari Charles Belmont, après avoir été acteur, a fait un certain nombre de films, sept longs-métrages, un court-métrage, et... Il travaillait beaucoup pour les faire. Parfois, il a réussi à les produire seul. Enfin, on les produisait, on avait une petite société. Et puis, il a fait faillite parce qu'il a oublié d'ouvrir les lettres commandées. Et donc, après, il devait retrouver des producteurs, ce qui n'est pas le plus drôle dans la vie d'un cinéaste. Et ensuite, moi, je me suis dit, j'ai envie que ces films revivent. Ils sont un peu oubliés parce qu'ils ne s'en sont jamais occupés. Certains ont fait beaucoup de bruit. comme un qu'on a co-réalisé qui s'appelle Histoire d'A. Là, il continue à être montré tout le temps. Il a toujours été montré pendant 50 ans. Mais il y en a d'autres. Comme j'ai toujours travaillé sur ces films, à un poste ou à deux postes, ça dépend, en tout cas au montage et à d'autres postes en plus parfois, c'est une façon pour moi de faire revivre notre relation, de faire revivre mon admiration, parce que je trouve que c'est un cinéaste extraordinaire. et... Il se trouve que ça fonctionne, c'est-à-dire que j'arrive à faire revivre ces films qui sont très appréciés. Alors des fois c'est un peu lourd parce que quand je n'ai pas de distributrice ou de distributeur, je ne peux pas le faire toute seule. Donc je ne fais pas assez, mais bon, là ça va bien. Donc je suis en phase de faire revivre le cinquième de ces films. Mes regrets dépendent d'avoir fait plus, mais pour moi ça suffit. Et puis après, je ferai un coffret. Puis après, je ferai ce que je n'ai pas le temps de faire actuellement ou ce que je ne sais pas faire actuellement, c'est-à-dire faire ce que je n'ai pas assez fait dans ma vie, c'est-à-dire voyager.

  • Speaker #1

    Ah, tu as des projets de voyage.

  • Speaker #0

    J'ai des petits projets de voyage. D'abord, moi, je ne voyage pas seule. Il faut trouver des gens avec qui on a envie de voyager, qui ont envie de voyager avec vous. Et puis là encore, pour retrouver le sujet, je me suis rendue compte il y a quelques années Quand j'imaginais que j'allais voyager, je n'imaginais jamais que j'allais voyager en tant que troisième âge. Je me voyais voyager en tant que mon âge normal, qui n'est pas fixé, mais qui n'est pas troisième âge en tout cas. Je me suis dit, zut, je vais visiter. Je vais voyager en tant que troisième âge avec tout ce que ça suppose. De toute façon, je n'ai pas beaucoup voyagé. Là, j'ai des projets très courts. Cinq jours à Turin, cinq jours à Tolède, je ne sais pas quoi. Les voyages jointins pour l'instant. depuis... Que je suis allée à New York quelques semaines après la mort de mon mari, j'ai pas fait de grand voyage.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu parles de cette notion de tranche, de troisième âge. C'est quelque chose que tu entends ? Tu t'es acculturée sur cette terminologie ou c'est une manière de ne pas dire autre chose ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une manière de ne pas dire autre chose, mais ce qui est sûr, c'est que je le reprends de la vox populi. Je n'aime pas du tout ces termes qui disent quadragénaire, quadragénaire, etc. Je n'aime pas du tout ça. Et un jour, au Maroc, j'avais témoigné sur un riad que j'aimais beaucoup et je vois dans... Je vois la sexagénaire, nanana, je dis, je ne dirai plus jamais ça. donc Forcément, il y a un rapport ambigu. Moi, je dis, je m'en fisse de l'âge, je suis très contente de vieillir, je ne m'en préoccupe pas tant que ça, tant que je n'ai pas le rappel du corps, et comme je l'ai dit, j'ai rarement des problèmes, je ne suis jamais malade, donc je m'occupe de moi. Ça fait déjà très longtemps que je prends des compléments alimentaires sous contrôle médical, tout ça, je suis dans les médecines alternatives, donc je ne me fais pas bousiller par les médecines conventionnelles. Les gens parlent comme ça, donc là je le reprends pour parler en effet de la façon dont s'est perçue l'idée de Troisième âge. Parce que quand on regarde un peu les voyages et tout, c'est un petit peu découpé quand même. Bon, mais de toute façon, le fait est que je ne marche pas très bien, je ne marche pas, j'ai des copines, elles galopent, moi je ne galope pas. Pour visiter, je peux visiter les villes et tout ça,

  • Speaker #1

    mais pas la course.

  • Speaker #0

    Pas la course et pas non plus trop l'abondance, donc avec mes amis, j'ai jamais de problème avec les gens avec qui je voyage, sauf une personne.

  • Speaker #1

    On ne donnera pas de son nom.

  • Speaker #0

    Je suis considérée comme toxique, donc j'ai plus vieille amie.

  • Speaker #1

    T'as coupé.

  • Speaker #0

    J'ai coupé. En général, bon, ça range, t'as encore envie de visiter cette église, ben moi je vais aller prendre un camp Paris, quoi. Ouais. En gros.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à ta propre vieillesse ? Est-ce que c'est des choses que tu avais préparées ? Parce que tu en parles avec des termes très positifs, en disant, d'ailleurs, la première anecdote avec ton petit-fils, tu dis, mais moi, c'est pas un sujet, je suis vieille, je suis heureuse. On l'entend dans des termes très positifs. Est-ce que c'est ta personnalité ou est-ce qu'au fur et à mesure de ta vie, c'est quelque chose que tu t'es dit, moi, je veux vieillir et je veux être vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai jamais pensé à ça, en fait. moi j'ai toujours pensé en termes de d'action et de relation. Donc comme j'ai la chance, et que je me fais aussi, d'avoir des relations amicales avec des gens qui ne sont pas de mon âge, alors j'ai plein de relations amicales avec des gens de mon âge, et même plus âgés, j'ai une de mes meilleures amies qui a 90 ans, qu'une discrimination là-dessus, mais, de par mes activités, j'ai plein d'amis jeunes. Et ma meilleure amie à Perpignan, elle a 27 ans. Après, elle vient de partir à Toulouse, on se voit moins, malheureusement, mais c'est une fille absolument formidable avec qui j'ai... J'ai établi des liens en rejoignant Extinction Rebellion en arrivant à Perpignan. Après, j'ai quitté parce que c'est trop physique et pas assez politique. Depuis qu'elle n'est plus là, ce n'est pas assez politique à mon goût. Donc, j'ai quitté. Ma fille me dit, mais va dans les associations, parce que je n'ai finalement pas d'amis à Perpignan, depuis cinq ans que j'y suis. Va dans les associations et tout. Mais moi, je dis, je ne veux pas aller là où il n'y a que des vieux, à la CIMAD, à je ne sais pas quoi, je ne sais pas quoi. j'ai pas envie de me retrouver en train de me faire en groupe de vieux. Et là, elle a déclaré l'autre jour, d'une façon péremptoire, et mon gendre a surenchéri, je croyais que tu n'avais pas de problème d'âge, mais tu as un problème d'âge. Elle a un problème d'âge. Oui, tu as un problème d'âge. Bon. Mais en fait, le fait de ne pas pouvoir me retrouver avec des personnes qui sont du même âge, parce que ça n'a jamais été le cas dans ma vie, je ne considère pas que c'est forcément avoir un problème d'âge. C'est avoir un problème, enfin, c'est peut-être avoir un problème d'âge. Si elles le disent, peut-être qu'elle a raison et que je suis dans le déni. Mais surtout, pour moi, ce qui est intéressant, c'est d'avoir plein de gens d'âges différents. Et quand je vois mon anniversaire, il y a des gens vraiment d'âges différents.

  • Speaker #1

    Mais finalement, c'est quelque chose qui t'a construit, qui t'accompagne depuis que t'es né ?

  • Speaker #0

    Déjà dans le montage.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai toujours eu des assistantes, des stagiaires, souvent des personnes qui sont devenues mes meilleures amies. Parmi mes meilleurs amis, elles ont toujours une vingtaine ou 15 ans de moins. Ça, c'est le fait de travailler avec des gens d'âge différent. Ça a toujours été mon cop. C'était presque obligatoire, puisqu'il fallait structurer les équipes. Souvent, je me dis, tiens, un tel m'appelle, tu passes à Paris, on pourrait se voir. C'est quelqu'un qui a 40 ans. Je me dis, mais qu'est-ce qu'il me trouve ? Qu'est-ce qui me trouve ? Parce que souvent c'est eux qui proposent. Bien sûr j'établis des liens et quand on parle on échange beaucoup. C'est quand même eux qui me proposent, c'est pas moi qui leur cours derrière. Et donc je me dis, mes amis, je m'ouvre de cette interrogation, me disent peut-être qu'ils trouvent intéressant ce que tu racontes. Et puis à le fait, ça beaucoup pensent, mais je les détrompe, que j'ai... quelques années de moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, on peut aborder un autre sujet qui m'intéresse vivement ? Il y a beaucoup d'études qui tombent, parce que c'est un sujet, je pense, qui intéresse, et tant mieux, sur la sexualité, les rencontres amoureuses, les liens. On a parlé de l'amitié, l'amitié intergénérationnelle, ton rôle aussi dans la transmission. Est-ce que tu es OK qu'on ouvre ce sujet-là ? Est-ce que tu as... Des rencontres ? Est-ce que tu as des amours, des amourettes ? Est-ce que tu peux me parler un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors, avec Charles Belmont, on vivait... On a vécu, disons, deux décennies en couple un peu libre.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    On a vécu à trois pendant un an et demi. C'était, comme on dit maintenant, en trouble. C'était très, très sympa. Et puis, à partir des années sida, c'était quand même plus compliqué. Donc, j'ai eu un enfant. J'ai plus trop envie d'avoir des histoires. Et lui non plus. Donc, cette période qu'on a vécue, je souhaite, avec des contrats. Ça se fait parce que ça se fait ou parce que j'ai envie. Est-ce que t'es ok que j'ai des aventures et toi, oui ? Bon, c'était pas non plus effréné, c'était simplement, de temps en temps, des petites histoires sexuelles. Même pas des amourettes, c'était des aventures plutôt. Et puis, il y a eu toute la période sida qui m'a fait dire que c'est plus marrant, qu'il faut commencer à se faire ceci, cela, cela. Et puis avec Charles Bellemont, on a toujours eu une vie sexuelle très riche. jusqu'à la fin de sa vie en fait. Mais quand il est mort, mon corps s'est totalement... Du point de vue sexuel, c'était comme s'il y avait un rideau noir qui tombait. Et c'était terminé. Il n'y avait plus rien.

  • Speaker #1

    Tu parles en termes de désir ?

  • Speaker #0

    Oui, en termes de désir. Puisque 15 jours avant sa mort, on était encore en train de faire l'amour. Donc après, il n'y avait plus rien. Un jour, enfin une nuit, j'ai eu un rêve avec un petit orgasme comme ça, tout petit fugitif et c'est tout. Et donc pendant plusieurs années c'était rien du tout. Alors moi je trouvais ça dommage, mais en même temps... Les réseaux sur lesquels mes copines plus jeunes me disaient « Mais va voir là, là, là et là. » Le problème, c'est que moi, je n'aime pas les vieux bonhommes. Ils sont tous sauvougros ou je ne sais pas quoi. Je n'aime pas les vieux bonhommes. Je suis toujours attirée normalement par des hommes plus jeunes. Je ne dis pas à 25 ans, mais bon, pas à 75. Et j'ai rencontré un homme très bien de sa personne. qui avait mon âge, qui était grand, beau, mince, qui faisait des sports et qui avait une vie très intéressante, qui avait fait partie des services d'ordre de Gougou Chiz, dont je faisais partie moi aussi, mais pas dans le service d'ordre, puisque j'étais maoïste, et puis qui avait fait des tas de choses très intéressantes, qui continuait et tout. Et il m'a dragué. Il est venu chez moi, il m'a laissé draguer, il m'a vraiment dragué, je me suis laissé draguer en me disant, ben, il me plaît bien, il s'approche de moi, il m'embrasse et tout d'un coup, c'est pouf ! Les digues qui cèdent, on se précipite sur le lit, voilà, voilà, puis finalement il part parce que je sais pas quoi, dernier métro, ce que j'ai trouvé d'un goût douteux, enfin bon. Après ? il devait revenir trois jours plus tard je ne pouvais plus attendre je me suis précipité passage du dégir qu'avant je m'étais dit jamais je n'oserais aller acheter un sextoy une copine me disait mais vas-y j'oserais jamais et là je me précipite et je commence à examiner tout et il arrive, c'était bien on a eu une vie sexuelle de six mois Pas totalement satisfaisante, parce que c'était quand même un mec de cet âge et qui n'avait pas dû avoir suffisamment bien s'entretenir. Et puis différentes choses m'ont déplu. J'étais un peu radin tout au long. Et au bout de six mois, j'ai mis fin à cette relation. Mais c'était le moment où le corps s'est réveillé. Donc j'ai dit merci, merci, merci.

  • Speaker #1

    Mais t'aimerais aujourd'hui avoir une relation suivie, je ne sais pas comment on pourrait l'appeler, mais d'être en couple ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'aimerais être amoureuse ? Il y a deux choses. Est-ce que j'aimerais coucher avec un mec qui me fait plaisir ? Oui. Est-ce que j'aimerais être amoureuse si ça ne s'assortit pas de souffrance et de frustration et de on va se voir et c'est bon et on vient me parler ? Bon, je ne sais pas. En tout cas, vivre avec quelqu'un, non. Bon d'abord, je vis déjà avec ma fille, mon gendre, le chien et l'enfant, donc ça va. Mais même avant qu'il soit installé chez moi, quand je vivais seule, parce que pendant plusieurs années... J'ai vécu seule à Perpignan, où je suis descendue sur les instances de ma fille, qui maintenant habite chez moi avec toute sa famille. Même avant, je n'avais pas du tout envie d'avoir quelqu'un à la maison. Mais oui, c'est quelqu'un. Ah si, ce n'est pas trop compliqué. Si ça ne me fait pas souffrir, avoir un amoureux avec qui je fais l'amour, oui, ça me plairait. Parce que malgré tout, ça s'éteint. C'est-à-dire que c'est bien joli, les sex toys et tout, mais malgré tout, il y a un côté un peu volontariste aussi, parce qu'au fond, il faut s'y mettre. Enfin bon, j'en sais rien, mais... L'anecdote que je voulais raconter, c'est sur ça. Sur ce mec qui a tout réveillé, mais le fait que les mecs de mon âge ne me plaisent pas. Et c'est pareil pour les hommes, mais eux, ils choisissent des jeunesses sans difficulté. Alors, il y a le sexe tarifé. Les hommes, on sait bien qu'ils choisissent des jeunesses, c'est courant, dans les films, dans la vie, tout le temps. Et puis, personne n'est vraiment choqué qu'ils aient 30 ans de différence. Mais il y a le sexe tarifé. C'est bien du souci pour rien.

  • Speaker #1

    Comment tu... Parce que tu nous as parlé de tes rêves, de tes désirs. Comment tu navigues dans la vie, dans ce troisième âge que tu as toi-même cité tout à l'heure ? Comment tu abordes les choses ? Est-ce que tu te dis qu'il y aura une fin ? Est-ce que tu y penses parfois ? Que finalement, la vie, à un moment, va s'arrêter, ou c'est quelque chose qui ne fait pas partie de ta visibilité, de ta vision ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux. C'est-à-dire que moi, j'avançais, on va dire, jusqu'en 2020, absolument sans penser à la suite. Et ma fille, qui depuis dix ans me disait « viens vivre à Perpignan » , ceci, c'est cela, bon... Moi j'adore Paris, tout mon tissu amical et culturel, et éventuellement politique on va dire, au sens large, c'est Paris. Donc je lui disais « ma fille, tu veux ma mort ? » Et c'est normal, toutes les filles veulent tuer leur mère, donc c'est normal, ça la rendait furieuse. Mais au moment du Covid, elle m'a écrit une lettre, un mail mais sensible là. Au lieu de le prendre sur le thème « Maman, t'es dans ton joli appartement, mais t'es dans le rouge à chaque mois, etc. » Là, elle m'a parlé d'elle. Elle m'a dit à quel point elle était angoissée de me voir vieillir seule. Et dans la période du Covid, j'étais effectivement seule, puisque j'ai obéi comme une imbécile. C'est-à-dire que je n'ai même pas été voir mes amis qui étaient à côté, on ne se voyait pas alors qu'on était des proches. Et donc, j'étais vraiment seule. Et tout d'un coup... Elle a pu exprimer son inquiétude. Elle dit, moi je veux pouvoir m'occuper de toi quand t'auras besoin qu'on s'occupe de toi. Je veux pas que t'ailles dans un EHPAD parce qu'ici à Paris, personne ne peut s'occuper de toi, ce qui est vrai. Donc c'est moi qui m'occuperai de toi. Elle est fille unique. Donc, il faut que tu saches maintenant, si tu vas décider de venir à Perpignan, et puis je m'occuperai de toi si tu as besoin, et puis voilà. Ou sinon, tu iras dans un Ehpad, il faut que tu décides. Pas tout à fait maintenant, mais elle exprimait quelque chose qui était une vraie angoisse, et elle n'avait jamais pris sur ce ton. Parce qu'elle, elle me voyait vieillir. Et moi, je ne me voyais pas vieillir. J'y pensais pas. Elle, elle anticipait. Et comme j'ai entendu à la radio ce confinement rendra fin, mais ce n'est pas sans doute pas le seul, il y en aura d'autres. Je me suis dit, oh là là, c'est pas drôle les confinements à Paris. J'ai commencé à regarder tout bêtement, tout pragmatiquement, le prix des maisons à Perpignan. Je me suis rendu compte que c'était... 10 fois moins cher des prix de Paris. Et je me suis dit, tiens, je vais essayer de voir ce qui peut se passer. Et j'ai envoyé à ma fille un lien sur une belle maison. Elle m'a répondu, une chape de plomb qui s'est... Elle est partie de mes épaules parce que j'ai vu que peut-être tu envisageais. Et moi, j'ai twisté en deux jours. J'ai dit, je pars.

  • Speaker #1

    J'y vais.

  • Speaker #0

    J'y vais. J'achète une maison, je vends l'appartement, j'achète une maison et je pars.

  • Speaker #1

    Elle a dû halluciner ta fille.

  • Speaker #0

    Ah oui, elle était trop trop contente. Elle a passé 15 jours à visiter des maisons parce que j'ai mis des contraintes très grandes. Si je quitte un appartement que j'adore à Paris, que j'adore, ce n'est pas pour aller dans une moche maison. Donc, j'avais mis des contraintes. Elle a visité, visité. Plusieurs de mes amis m'ont dit, mais écoute, fais un essai, loue ton appartement et loue là-bas et tu verras si tu t'y plais. Et pour moi, c'était impossible de faire ça. C'était impossible parce que ça n'aurait pas été les conditions.

  • Speaker #1

    Tu avais besoin d'un truc franc peut-être aussi ?

  • Speaker #0

    J'avais besoin d'un truc franc, de brûler mes vaisseaux. Bon, si j'avais eu des sous, j'aurais peut-être gardé un petit truc à Paris, mais bon, c'est même pas nécessaire parce que j'ai des amis qui m'hébergent. donc pour moi c'était impossible de ne pas me mettre dans les meilleures conditions, celles que je souhaitais pour habiter à Perpignan, et de trouver une location. Donc j'ai dit non, non, non, je vends, j'achète, hop, voilà. J'ai tout fait, très très vite, vraiment très vite. Et donc, mon petit-fils a cessé depuis quelques temps de le dire, mais il me disait tout le temps que comme j'allais mourir, il était très triste, est-ce que je pense qu'il y a une vie après la mort ? Il me parlait beaucoup de ma mort. Parce qu'il avait peur que je meure. Donc, forcément, je commençais à y penser un petit peu. Moi, j'ai des parents qui ont vécu vraiment vieux. J'ai des grands-parents qui ont vécu vraiment vieux. Je ne me sens pas prête à mourir. Mais je trouve que les années, là, j'ai eu un petit peu un choc sur les cinq dernières années parce que je trouve qu'elles ont passé très, très, très, très vite. Et je me dis, ça va peut-être être comme ça tout le temps maintenant. Je vais peut-être prendre mon petit déjeuner tous les quarts d'heure. Et ça va être très, très, très rapide. Donc ça, ça me fait un petit peu peur,

  • Speaker #1

    c'est la rapidité du temps.

  • Speaker #0

    C'est l'accélération du temps. Ça, j'ai pris conscience que le temps s'accélère énormément. Et pourtant, il est bien rempli. C'est-à-dire que je travaille, je fais des choses qui m'intéressent, j'ai des sortes de succès dans ce travail, je fais des projections, les gens adorent les films, etc. Il y a un aspect créatif, puisque je fais les bonus, c'est moi qui décide des jaquettes, qui choisis les graphistes et tout ça. donc c'est une à une occupation du temps qui est si peu monotone que ça lui donne que ça donne pas l'impression que ça file tant que ça mais quand même ça va vite et ça ça me fait un petit peu peur parce que je me dis peut-être que je vais mourir finalement dans 5 ans quoi, 85 ans il y a beaucoup de gens qui meurent à cet âge là puis on dit bah oui ça va c'est cette accélération pour pouvoir encore faire les choses que j'ai envie de faire finir cette mission qui va me demander encore à peu près un an ou deux donc la mission on la rappelle c'est de

  • Speaker #1

    de sortir les 7 films ?

  • Speaker #0

    Donc, la mission que je me suis choisie étant de sortir les 7 films, de les éditer, de les faire ressortir en salle quand c'est possible. Donc, il t'en reste 2 ? Il m'en reste 2 que je vais grouper en un seul coffret. Ça sera ça de gagné. Parce que l'un avait déjà été édité. Donc, ça, on est en train de discuter des droits pour celui-là. Enfin, j'ai d'abord à vraiment sortir... Le cinquième, je suis en train de le faire, il n'est pas sorti encore. Il commence juste sa vie. Après, je commence à penser à l'autre. J'ai déjà fait une très bonne brochure sur le film, donc ça sera le bonus. Je n'aurai pas besoin de faire un bonus à vrai film. Je vais sortir cette brochure qui est déjà très bien. Le septième, qui est un film très différent parce qu'il a été écrit par notre fille quand elle avait 17 ans et joué quand elle avait 18. Donc c'est vraiment un film sur l'adolescence. Mais réalisé par son père, donc avec... Pas sa marque de fabrique, parce qu'il a un peu une marque de fabrique dans ses films, qui est l'hybridation, fiction, documentaire, tout ça. Bon, là, non, parce que c'est respecter au maximum ce qu'a fait sa fille, quoi. Ça, c'est le dernier. Il a déjà été édité. Enfin, bon, je vais essayer de grouper. Ça sera une sorte de super bonus. Puis après tout ça, il faut tout réunir et faire un coffret. Et après, je ferai peut-être des confitures. Bon, mais il ne faut pas que ça soit trop long, parce qu'il faut, comme je le disais, il faut quand même que je m'arrange pour voyager un peu. Donc, j'ai déjà prévu deux petits voyages, là, au printemps. Je l'avais prévu avant, mais comme j'ai eu mal, j'ai été obligée d'annuler. Mais je reprends et j'ai vraiment l'intention, en tout cas, sinon de faire des grands voyages, du moins de multiplier les petits voyages.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un grand voyage qui te fait vraiment, vraiment envie ?

  • Speaker #0

    J'ai personne autour de moi avec qui je me sens l'envie, et je pense que c'est réciproque, de faire un voyage de trois semaines au Laos.

  • Speaker #1

    Mais tu le ferais seul ?

  • Speaker #0

    Ah non, je ne fais rien seul moi. Enfin si, je travaille seul et tout, mais je vais au restaurant seul, j'aime beaucoup ça, je vais voir des films seul, mais je ne peux même pas...

  • Speaker #1

    Le voyage seul, ce n'est pas quelque chose que tu envisages ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le voyage, c'est un partage. Et j'ai toujours beaucoup partagé avec Charles. d'abord compagnon pendant 27 ans, puis mari, on partageait beaucoup. Et d'ailleurs, là, ça demeure que quand j'ai vécu un truc chouette ou à la fin de la journée, je me couche et je me dis, mais il y a quelque chose qui n'est pas fini, il y a un tiroir qui n'est pas refermé, il y a quelque chose... J'ai quelque chose à faire. Et ce quelque chose à faire, c'est de lui raconter. Ça continue, quoi, 12 ans après sa mort. On a toujours tellement partagé. Un voyage sans partager ne m'intéresse pas du tout. Ma sœur faisait ça, des copines font ça, mais moi ça ne m'intéresse pas du tout. Et en revanche, même aller au théâtre, je ne peux pas seule.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de partager après ce que tu viens de vivre ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas aller au spectacle vivant, je ne peux pas y aller seule, parce que j'ai l'impression qu'il y a une chape de solitude qui me tombe dessus.

  • Speaker #1

    Par rapport à un ciné ?

  • Speaker #0

    Cinéma, j'y vais. Exposition, j'y vais. Je ne sais pas pourquoi. Ça, ça va très bien, j'aime bien. Bon, j'aime bien aller aussi avec des gens, mais j'aime bien aller seule. Le spectacle vivant, je ne sais pas, c'est pas très intéressant d'analyser pourquoi. Ce que je veux dire, c'est que... Les voyages avec des amis, il faut qu'on s'entende bien. Et je n'en ai pas tant que ça qui ferait des grands voyages. Et puis de toute façon, j'ai un petit problème de sous quand même, parce que ma société me coûte cher. Fabriquer et vendre des DVD, ce n'est pas l'idée de 2025. Pas du tout. Donc je remets de l'argent tout le temps. À un moment donné, je ne vais plus en avoir.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut les trouver si on cherche ? à les acheter ? Est-ce qu'il y a un site sur lequel on peut... Alors,

  • Speaker #0

    il y a mon site qui est... Alors, je suis entre deux sites, mais l'autre, le vieux, il marche encore, qui s'appelle charlesbelmont.com.

  • Speaker #1

    Je le mettrai en lien.

  • Speaker #0

    Et mon gendre, Jean Carénard, m'en a refait un autre beaucoup plus moderne, mais comme je ne veux pas payer, il n'est pas commercial, donc il renvoie à celui-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il n'est pas fini, j'ai encore des textes à écrire.

  • Speaker #1

    ça va bientôt être la fin de l'épisode j'aimerais bien Marielle que tu me dises que le mot encore qui est le nom du podcast te fait penser ça

  • Speaker #0

    dépend comment il est prononcé si c'est ro encore c'est juste une lassitude mais sinon encore ouvert comme ça c'est l'idée de de continuer, c'est pas l'idée de recommencer pour moi, c'est plutôt l'idée de continuer. Donc moi, j'ai beaucoup aimé ma vie, en fait, qui était mal barrée, mais qui a été rétablie parce que je disais que j'avais eu la chance d'être sauvée par l'école de Groli, mais après, j'ai été aussi sauvée par moi-même, parce que j'ai choisi un métier que j'ai aimé faire énormément, que vraiment, j'adorais le montage. Je continue à monter un peu les bonus que je fabrique, et puis j'ai eu la chance de rencontrer Charles Belmont. qui a été vraiment quelqu'un pour moi, qui m'a redonné une très grande confiance en moi. Parce que pour revenir sur le sujet, je ne sais pas où ça se placera, ici ça se placera, moi quand j'ai rencontré Charles Bellemont, j'avais presque 23 ans, j'avais un métier, j'étais dans le montage déjà, j'avais un mari, je ne sais pas pourquoi, un mari... Pas du tout un mari bourgeois, tout ça, un mari un peu à la cloche de bois, comme ça, un bohème comme moi. Et j'avais une idéologie, j'étais maoïste. Et je me disais, bon, c'est bon, il n'y a plus qu'à se laisser rouler jusqu'à la fin. Donc voilà, ça y est, tout est en place. Ouf, ça n'a pas été facile. J'ai eu beaucoup de différents problèmes d'adolescence. Bon, mais moi maintenant, j'ai les trois trucs, je roule. Et puis je m'endors un peu, c'était mon idée. Et en fait, j'ai rencontré Charles, qui était plus âgé que moi de 8 ans, et qui m'a considéré comme une jeunesse. Et tout s'est réouvert à ce moment-là. Et on a travaillé ensemble, et après il m'a proposé d'écrire avec lui. Il m'a redonné beaucoup de confiance. Moi j'ai beaucoup aidé aussi, parce que comme souvent, il ne gagnait pas bien sa vie, moi je la gagnais bien. Enfin, je le gagnais, oui, je travaillais beaucoup. Donc, on s'est équilibré comme ça. Et donc, encore, ça serait continuer à faire ce que j'aime beaucoup et surtout consolider les amitiés. Mais il y en a plein qui veulent mourir. Les gens meurent quand même souvent en ce moment. Enfin, toujours, mais pour moi, en ce moment. Et c'est avoir de l'appétit, quoi. C'est surtout ça, encore, c'est avoir de l'appétit. Pour l'instant, j'ai de l'appétit.

  • Speaker #1

    Merci Marielle pour ce partage.

  • Speaker #0

    C'était cool ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai passé un moment exceptionnel. C'est vrai, non vraiment, je te le dis et je suis convaincue que les auditeurs et auditrices auront envie de te rencontrer peut-être dans un resto ou au ciné ou t'accompagner à un théâtre parce que si tu veux pas aller toute seule, on adorait te passer un moment avec toi.

  • Speaker #0

    C'est cool ce que tu me dis, ça me fait même les larmes aux yeux tellement...

  • Speaker #1

    ça me fait des compliments merci beaucoup vraiment un partage très très chaleureux sur ton regard sur la vie, sur toi ton rapport à ce que t'as vécu, ton rapport à l'avenir aussi, ton rapport à ce que t'as encore envie de faire et ça c'est exceptionnel,

  • Speaker #0

    c'est vraiment un cadeau que tu fais j'espère que c'est pas trop égotiste Asiographique de moi-même. Non,

  • Speaker #1

    on a fait une balade là, je trouve, avec la saveur de ta personne et de ta personnalité. Mais on a abordé des sujets de société, des sujets de rencontres, d'amitié intergénérationnelle, de sexualité. Et ça, c'est des cadeaux qu'on fait à des gens qui peuvent, par exemple, avoir peur de vieillir, qui peuvent ne pas vouloir se projeter ou qui peuvent avoir des propos agistes vis-à-vis d'autres personnes ou vis-à-vis d'eux-mêmes. Et ce genre de témoignage, je trouve, est éclairant. vibrant et plein de vie. Moi, ça me remplit personnellement. Donc, si tu as déjà une personne en face de toi qui est convaincue, c'est que la vieillesse vaut le coup d'être vécue et que c'est cool de la réenchanter. Je trouve que c'est ce qu'on vient de faire.

  • Speaker #0

    J'ai vraiment l'impression que tous ces gens qui meurent de solitude vieille, dont on parle dans les journaux, mais je ne comprends pas, ils sont cassés avant. Ils ne sont pas cassés par la vieillesse. Parce que s'ils n'étaient pas cassés, ils iraient vite... Faire un truc d'association ne serait-ce qu'où culturel, ou politique, ou humanitaire.

  • Speaker #1

    Sur la solitude et ce qui s'appelle la mort sociale, tu as tellement d'enjeux et tu as tellement de choses qui rentrent en compte, qui peuvent expliquer les ruptures.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi ils ne sortent pas de chez eux pour aller voir une association ?

  • Speaker #1

    Parfois, ils n'ont pas la possibilité de s'en sortir de chez eux. Je vais inciter d'ailleurs à aller lire un rapport qui est diffusé par les petits frères des pauvres qui font un baromètre chaque année justement sur la mort et l'isolement. La mort sociale et l'isolement social. Il y a des gens qui vivent au 18ème étage d'une tour et qui, une fois sur deux, n'ont pas d'ascenseur. Mais c'est des petites réalités comme ça. Aujourd'hui, la vie citadine, elle est pour les valides. Elle est très difficile pour les non-valides. Et parfois, quand on vieillit, on n'a plus la même possibilité de déambuler. Et donc, petit à petit, on se crée des mini-coupures. L'isolement avec les familles, les problèmes financiers qui peuvent aussi arriver. On peut parfois avoir beaucoup de moyens financiers, mais être isolé quand même. C'est terrible, mais parce que la société aussi a créé des ruptures. Aujourd'hui, si on n'est pas adepte des technologies, on peut ne pas s'en sortir parce qu'on ne peut plus prendre un rendez-vous parce que tout se fait avec un téléphone et un ordinateur. On a cassé aussi la relation humaine dans les services qui permettaient à certaines personnes de rencontrer quelqu'un dans la journée. Maintenant, on peut passer des jours entiers sans voir un humain. Et ça, petit à petit, ça crée la pente descendante vers l'isolement. Donc, à retenir.

  • Speaker #0

    Il faut que j'apprenne ce nouveau logiciel. Il n'y a pas de doute.

  • Speaker #1

    Non, mais à retenir, Marielle, et c'est ce que tu as confié tout au long de cet épisode, c'est toi, ta volonté de rester contemporaine dans ta vie d'aujourd'hui, tout en te projetant avec des super projets, mais en étant entourée de gens divers et variés, qui n'ont pas forcément ton âge, d'avoir encore plein de désirs et en fait, de vivre juste ta vie sans répondre à des dictates. Parce qu'on parlait d'une amie commune, Sandrine, qui ouvre les yeux aujourd'hui sur eux. avec son collectif C'est pas demain la vieille, sur toutes les formes que peuvent prendre justement cette libération des femmes à partir de 50 ans, parce qu'on les a beaucoup invisibilisées. Et c'est marrant, j'avais une discussion avec elle sur maintenant qu'elles sont beaucoup plus visibles, on attend d'elles qu'elles soient hyper dans la performance, très belles, on va les regarder comme un objet qui doit vieillir de telle manière. Et c'est super intéressant, parce qu'il y a plein de formes aujourd'hui qui existent.

  • Speaker #0

    Quand tu as dit ta volonté de rester contemporaine, je n'ai pas cette volonté de rester contemporaine. J'ai des projets, dont essentiellement ces projets de remettre des films de Charles Bellemont en lumière, et ça remet aussi mon travail en lumière, puisqu'on travaillait ensemble. Et c'était très heureux notre travail ensemble, on pouvait se disputer dans l'escalier, mais quand on arrivait à la salle de montage, on ne se disputait plus. Et en fait, je n'ai jamais eu la volonté d'être contemporaine, c'est que mes projets impliquent que je sois contemporaine. Mes projets impliquent que j'apprenne des nouveaux logiciels. Je vais apprendre Resolve, je ne le connais pas encore. Alors, des fois, au contraire, je ne veux pas être, ce n'est pas le mot contemporain, mais je ne veux pas être jeune. C'est-à-dire que comme je vis avec des gens qui utilisent un langage particulier, forcément, je me mets à l'utiliser aussi. Et puis, à un moment donné, je me dis, arrête, tu peux arrêter de dire chelou, je ne sais pas quoi, parce que j'ai peur que ça fasse... Enfin, j'ai peur. Disons que je n'ai pas envie... de me mettre à les copier. Mais de fait, ça s'instille puisqu'ils parlent comme ça. Et ils parlent même d'une façon tellement compliquée parfois que je demande des traductions. Et là, c'est parce qu'ils emploient les mots anglais, etc. Ils les torturent dans tous les sens. Ils changent beaucoup la syntaxe aussi, parce que maintenant, ils ne mettent plus l'infinitif. Mais ce n'est pas du tout une volonté. C'est plutôt subi ? Non, mais ça se passe comme ça, quoi. Alors pour le vocabulaire, en même temps, je ne vais pas non plus refuser. Quand ça me vient de dire de ouf, je dis de ouf. Mais ça me vient, je ne cherche pas du tout. Mais ça me vient. Ça peut paraître parfois, j'ai des copines qui rigolent parce que t'as dit de base, machin, je dis oui, je dis de base. Alors là, je ne dirais pas autrement parce que je ne vois pas ce que je dirais d'autre. Pour tout ce qui est les techniques et tout que je dois apprendre pour pouvoir faire ce que j'ai décidé, ça ne m'amuse pas spécialement d'apprendre ces techniques-là. D'être contemporaine, ça ne m'amuse pas tellement. Au sens technique, c'est que je suis obligée.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas le choix.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas le choix, et puis je l'accepte, et voilà.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marielle j'étais très très touchée et heureuse de t'avoir au micro d'encore je mettrai le lien vers les différents sites que tu m'as donné et s'il y en a d'autres que tu as envie que les gens creusent peut-être certains sujets, tu parlais de désobéissance civile est-ce que tu souhaiterais peut-être ouvrir ce point-là, on verra on en discutera sur comment on peut donner un peu plus d'épaisseur à ce qu'on vient de se dire Merci beaucoup, bon retour à Perpignan

  • Speaker #0

    Merci Claire, c'est moi qui te remercie

  • Speaker #1

    et bon voyage en Italie, tu vas te régaler

Description

« Oui, je suis vieille — et j’ai la chance de l’être. » Marielle ouvre ce podcast avec cette phrase. 
Monteuse de cinéma depuis 1966, militante de la liberté (Algérie, désobéissance civile), compagne et collaboratrice de Charles Belmont, elle raconte une vie intense et vibrante: des années contre-culture aux salles obscures, des amitiés intergénérationnelles à la transmission, des deuils à la réouverture du désir.

Dans cet épisode, nous parlerons de sexualité après la perte, du refus de l’âgisme (y compris le nôtre) et de ces injonctions à “bien vieillir”.


Surtout, on parle de sa mission : faire revivre les 7 films de Charles Belmont — rééditions, projections, bonus, coffret — pour que l’œuvre continue à circuler et que la mémoire travaille.

« Encore », pour Marielle, ce n’est pas recommencer : c’est continuer.


Continuer à aimer, à apprendre, à marcher, à tisser des liens entre 20 et 90 ans, à garder l’appétit. Un épisode vibrant, franc, qui donne envie de vieillir… et de vivre.


Invitée : Marielle Issartel 

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Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Quand mon petit-fils dit « t'es vieille, mamie mort » , je lui dis « oui, oui, c'est vrai, je suis vieille » . Il dit ça un petit peu pour provoquer, pour voir ce que ça va donner. Si c'est considéré comme un peu insultant ou un tout petit peu tisant ou quelque chose comme ça, je lui dis « non, c'est vrai, je suis vieille, c'est vrai, j'ai la chance d'être vieille, parce que sinon je serais morte » . Et puis je lui explique que dans certains pays, comme la Nouvelle-Calédonie et sans doute d'autres, on dit « vieux » pour les personnes sages. des hommes, on ne dit jamais les vieilles, on dit les vieux, c'est ceux qui dirigent les tribus. Et à ce moment-là, ils ont 40 ans et on les appelle déjà les vieux parce que ça veut dire sagesse. Donc moi, dans mon cas, je ne sais pas très bien où je me situe par rapport à la vieillesse parce que je me suis toujours dit que j'étais plutôt fière de vieillir, c'est-à-dire d'être encore debout.

  • Speaker #1

    Bonjour Marielle. Bonjour Claire. Comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je vais bien. Après une chose qui m'est arrivée, alors que je n'ai jamais de problème de santé, j'ai eu une opération de prothèse de hanche. Et curieusement, j'ai fêté mes 80 ans, je ne fais pas souvent des grandes fêtes pour mon anniversaire, je l'ai fêté deux fois, une fois à Paris où j'ai fait une très grande fête, et à Perpignan où je vis, où des gens ont organisé une fête pour moi. Et 15 jours après, j'avais mal à la hanche, que je n'avais jamais eue. Et j'ai passé un an, maintenant, à trouver ce qu'il fallait faire, chercher le bon chirurgien et la bonne méthode, me faire opérer, etc. et remarcher, ce qui est le cas maintenant. Et je me suis dit, ces anniversaires, qui sont rares pour moi, les grandes fêtes, ben je sais pas, ça a déclenché un truc. Parce que je m'étais dit, ou bien je fais comme si de rien n'était. Mais quelque chose est G80, ce qui n'est pas 70, ce qui n'est pas 60, qui est un truc d'entrée du quatrième âge, si on veut bien dire, auquel je n'avais jamais réfléchi. Il me dit, ou bien je fais comme si de rien n'était, ou bien je fais un petit voyage avec mes proches pour fêter ça, ou bien je fais ce que j'ai envie de faire, je réunis mes amis. Donc, j'ai fait ça, ça s'est très bien passé, tout le monde était content, c'était chez mes amis Mickaël et Sandrine, tout s'était très bien. Et puis après, je me suis dit, ben voilà, je me suis mis face à face et mon corps a dit, ben oui, tu as 80 ans. Donc, je suis après un an de ça. Maintenant, je remarche, les choses sont bien, mais j'ai, moi qui n'ai pas de problème de santé.

  • Speaker #1

    T'en as eu là ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai eu, bon, pour la première fois, donc je sais pas, faut que je réfléchisse là-dessus.

  • Speaker #1

    Il y a des significations avec la hanche. Faut que tu regardes de ce côté-là. Est-ce que, Marielle, tu peux, en amont, j'ai... tort, comment on a attaqué l'entretien direct avec des anecdotes. Est-ce que tu peux donner quelques indices sur qui est Marielle, face au micro, pour que les auditeurs, auditrices, se disent on a déjà quelques indices.

  • Speaker #0

    Je suis la cinquième d'une famille nombreuse de sept. Mes parents étaient au départ des instituteurs type freinet. J'étais élevée avec un père très sévère, mais sévère et erratique, donc on comprenait très bien pas pourquoi ça a été permis et pas ça, etc. C'était très déstabilisant et c'était assez sombre. Et puis j'ai été sauvée à plusieurs reprises, psychologiquement. La première, c'est qu'ils m'ont mis à l'école de Crowley, qui tout d'un coup, je me suis complètement épanouie, alors que le primaire, je le détestais. Je n'avais pas d'amis, je ne parlais à personne, je faisais ma rebelle, mais toute seule. Et Crowley m'a permis de me nourrir psychiquement, de reprendre confiance en moi et d'être vraiment très très heureuse pendant quatre ans. Après, c'était le lycée. Alors là, j'étais toujours punie, etc. Mais bon, je m'en fichais complètement. Et c'était la guerre d'Algérie. Donc, j'ai milité assez jeune contre la guerre d'Algérie, pour l'Algérie libre. Et puis après, je ne savais pas trop quoi faire. J'ai quand même réussi à obtenir mon bac, mais c'était juste 10,5, ce que j'avais prévu. Parce que je ne voulais pas redoubler, mais je ne voulais pas non plus travailler. et ensuite j'ai eu quelques années a traîné dans la contre-culture des années 60, qui était quand même génial. Donc beaucoup, beaucoup de cinéma, les festivals, les trucs où on part en stop. On a créé un ciné-club qui était le plus snob de la capitale, je peux dire, parce qu'il faisait tout ce que font pas les autres. On montrait aussi bien de l'expérimental, expérimental, mais comme un peplum, comme une série B, comme on faisait notre sauce, et ça marchait très, très bien. Mais en parallèle, il fallait quand même manger un peu. Alors, j'essayais de temps en temps. Je faisais un peu d'écrès sur le pont des Arts, mais ça ne rendait pas beaucoup. Alors, je faisais des petits boulots horribles. Mais, ayant rencontré le cinéma, je voulais travailler dans le cinéma. J'ai fait un essai de script pour des copains. J'ai tout de suite vu que ce n'était pas du tout du tout ce qui me plaisait. Ayant rencontré le montage, finalement, j'ai réussi, mais c'était assez long, à mettre mon pied dans une salle de montage. Et là, je ne l'ai plus retiré. Ça, c'était en 60... 1966, je suis née en 1944. Là, après, j'ai été monteuse, c'est vraiment mon métier tout le temps, mais j'ai aussi écrit des scénarios, j'ai aussi un peu réalisé, j'ai aussi enseigné, j'ai écrit quelques livres, enfin, il y a eu différentes choses, mais le cœur, je ne sais pas comment on dit maintenant, le cœur du métier, je ne sais pas, il y a des termes professionnels, c'était le montage. Ensuite, j'ai fini de monter, la dernière fois, c'était en 2010. Et mon mari était malade, je m'en suis occupée, ensuite il est mort de façon très brutale, puisque c'est lui qui s'est donné la mort, de façon brutale, parce qu'il n'y a pas de façon pas brutale de se la donner. Donc c'était malheureusement, le suicide assisté reste interdit, donc c'est le suicide non assisté. Et ensuite je me suis dit, je me suis donné comme mission de faire revivre ces films dont lui-même ne s'occupait pas. pas une fois qu'ils étaient sortis, ils s'occupaient que des projets suivants. Donc ils étaient toujours devant, devant, et les autres, ça y est, ils avaient fait tout ce qu'ils avaient envie de faire, ils avaient beaucoup travaillé. Tu peux nous donner le nom de ton mari ? Charles Belmont. Il s'appelle Charles Belmont, donc mon mari Charles Belmont, après avoir été acteur, a fait un certain nombre de films, sept longs-métrages, un court-métrage, et... Il travaillait beaucoup pour les faire. Parfois, il a réussi à les produire seul. Enfin, on les produisait, on avait une petite société. Et puis, il a fait faillite parce qu'il a oublié d'ouvrir les lettres commandées. Et donc, après, il devait retrouver des producteurs, ce qui n'est pas le plus drôle dans la vie d'un cinéaste. Et ensuite, moi, je me suis dit, j'ai envie que ces films revivent. Ils sont un peu oubliés parce qu'ils ne s'en sont jamais occupés. Certains ont fait beaucoup de bruit. comme un qu'on a co-réalisé qui s'appelle Histoire d'A. Là, il continue à être montré tout le temps. Il a toujours été montré pendant 50 ans. Mais il y en a d'autres. Comme j'ai toujours travaillé sur ces films, à un poste ou à deux postes, ça dépend, en tout cas au montage et à d'autres postes en plus parfois, c'est une façon pour moi de faire revivre notre relation, de faire revivre mon admiration, parce que je trouve que c'est un cinéaste extraordinaire. et... Il se trouve que ça fonctionne, c'est-à-dire que j'arrive à faire revivre ces films qui sont très appréciés. Alors des fois c'est un peu lourd parce que quand je n'ai pas de distributrice ou de distributeur, je ne peux pas le faire toute seule. Donc je ne fais pas assez, mais bon, là ça va bien. Donc je suis en phase de faire revivre le cinquième de ces films. Mes regrets dépendent d'avoir fait plus, mais pour moi ça suffit. Et puis après, je ferai un coffret. Puis après, je ferai ce que je n'ai pas le temps de faire actuellement ou ce que je ne sais pas faire actuellement, c'est-à-dire faire ce que je n'ai pas assez fait dans ma vie, c'est-à-dire voyager.

  • Speaker #1

    Ah, tu as des projets de voyage.

  • Speaker #0

    J'ai des petits projets de voyage. D'abord, moi, je ne voyage pas seule. Il faut trouver des gens avec qui on a envie de voyager, qui ont envie de voyager avec vous. Et puis là encore, pour retrouver le sujet, je me suis rendue compte il y a quelques années Quand j'imaginais que j'allais voyager, je n'imaginais jamais que j'allais voyager en tant que troisième âge. Je me voyais voyager en tant que mon âge normal, qui n'est pas fixé, mais qui n'est pas troisième âge en tout cas. Je me suis dit, zut, je vais visiter. Je vais voyager en tant que troisième âge avec tout ce que ça suppose. De toute façon, je n'ai pas beaucoup voyagé. Là, j'ai des projets très courts. Cinq jours à Turin, cinq jours à Tolède, je ne sais pas quoi. Les voyages jointins pour l'instant. depuis... Que je suis allée à New York quelques semaines après la mort de mon mari, j'ai pas fait de grand voyage.

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu parles de cette notion de tranche, de troisième âge. C'est quelque chose que tu entends ? Tu t'es acculturée sur cette terminologie ou c'est une manière de ne pas dire autre chose ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une manière de ne pas dire autre chose, mais ce qui est sûr, c'est que je le reprends de la vox populi. Je n'aime pas du tout ces termes qui disent quadragénaire, quadragénaire, etc. Je n'aime pas du tout ça. Et un jour, au Maroc, j'avais témoigné sur un riad que j'aimais beaucoup et je vois dans... Je vois la sexagénaire, nanana, je dis, je ne dirai plus jamais ça. donc Forcément, il y a un rapport ambigu. Moi, je dis, je m'en fisse de l'âge, je suis très contente de vieillir, je ne m'en préoccupe pas tant que ça, tant que je n'ai pas le rappel du corps, et comme je l'ai dit, j'ai rarement des problèmes, je ne suis jamais malade, donc je m'occupe de moi. Ça fait déjà très longtemps que je prends des compléments alimentaires sous contrôle médical, tout ça, je suis dans les médecines alternatives, donc je ne me fais pas bousiller par les médecines conventionnelles. Les gens parlent comme ça, donc là je le reprends pour parler en effet de la façon dont s'est perçue l'idée de Troisième âge. Parce que quand on regarde un peu les voyages et tout, c'est un petit peu découpé quand même. Bon, mais de toute façon, le fait est que je ne marche pas très bien, je ne marche pas, j'ai des copines, elles galopent, moi je ne galope pas. Pour visiter, je peux visiter les villes et tout ça,

  • Speaker #1

    mais pas la course.

  • Speaker #0

    Pas la course et pas non plus trop l'abondance, donc avec mes amis, j'ai jamais de problème avec les gens avec qui je voyage, sauf une personne.

  • Speaker #1

    On ne donnera pas de son nom.

  • Speaker #0

    Je suis considérée comme toxique, donc j'ai plus vieille amie.

  • Speaker #1

    T'as coupé.

  • Speaker #0

    J'ai coupé. En général, bon, ça range, t'as encore envie de visiter cette église, ben moi je vais aller prendre un camp Paris, quoi. Ouais. En gros.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à ta propre vieillesse ? Est-ce que c'est des choses que tu avais préparées ? Parce que tu en parles avec des termes très positifs, en disant, d'ailleurs, la première anecdote avec ton petit-fils, tu dis, mais moi, c'est pas un sujet, je suis vieille, je suis heureuse. On l'entend dans des termes très positifs. Est-ce que c'est ta personnalité ou est-ce qu'au fur et à mesure de ta vie, c'est quelque chose que tu t'es dit, moi, je veux vieillir et je veux être vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai jamais pensé à ça, en fait. moi j'ai toujours pensé en termes de d'action et de relation. Donc comme j'ai la chance, et que je me fais aussi, d'avoir des relations amicales avec des gens qui ne sont pas de mon âge, alors j'ai plein de relations amicales avec des gens de mon âge, et même plus âgés, j'ai une de mes meilleures amies qui a 90 ans, qu'une discrimination là-dessus, mais, de par mes activités, j'ai plein d'amis jeunes. Et ma meilleure amie à Perpignan, elle a 27 ans. Après, elle vient de partir à Toulouse, on se voit moins, malheureusement, mais c'est une fille absolument formidable avec qui j'ai... J'ai établi des liens en rejoignant Extinction Rebellion en arrivant à Perpignan. Après, j'ai quitté parce que c'est trop physique et pas assez politique. Depuis qu'elle n'est plus là, ce n'est pas assez politique à mon goût. Donc, j'ai quitté. Ma fille me dit, mais va dans les associations, parce que je n'ai finalement pas d'amis à Perpignan, depuis cinq ans que j'y suis. Va dans les associations et tout. Mais moi, je dis, je ne veux pas aller là où il n'y a que des vieux, à la CIMAD, à je ne sais pas quoi, je ne sais pas quoi. j'ai pas envie de me retrouver en train de me faire en groupe de vieux. Et là, elle a déclaré l'autre jour, d'une façon péremptoire, et mon gendre a surenchéri, je croyais que tu n'avais pas de problème d'âge, mais tu as un problème d'âge. Elle a un problème d'âge. Oui, tu as un problème d'âge. Bon. Mais en fait, le fait de ne pas pouvoir me retrouver avec des personnes qui sont du même âge, parce que ça n'a jamais été le cas dans ma vie, je ne considère pas que c'est forcément avoir un problème d'âge. C'est avoir un problème, enfin, c'est peut-être avoir un problème d'âge. Si elles le disent, peut-être qu'elle a raison et que je suis dans le déni. Mais surtout, pour moi, ce qui est intéressant, c'est d'avoir plein de gens d'âges différents. Et quand je vois mon anniversaire, il y a des gens vraiment d'âges différents.

  • Speaker #1

    Mais finalement, c'est quelque chose qui t'a construit, qui t'accompagne depuis que t'es né ?

  • Speaker #0

    Déjà dans le montage.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai toujours eu des assistantes, des stagiaires, souvent des personnes qui sont devenues mes meilleures amies. Parmi mes meilleurs amis, elles ont toujours une vingtaine ou 15 ans de moins. Ça, c'est le fait de travailler avec des gens d'âge différent. Ça a toujours été mon cop. C'était presque obligatoire, puisqu'il fallait structurer les équipes. Souvent, je me dis, tiens, un tel m'appelle, tu passes à Paris, on pourrait se voir. C'est quelqu'un qui a 40 ans. Je me dis, mais qu'est-ce qu'il me trouve ? Qu'est-ce qui me trouve ? Parce que souvent c'est eux qui proposent. Bien sûr j'établis des liens et quand on parle on échange beaucoup. C'est quand même eux qui me proposent, c'est pas moi qui leur cours derrière. Et donc je me dis, mes amis, je m'ouvre de cette interrogation, me disent peut-être qu'ils trouvent intéressant ce que tu racontes. Et puis à le fait, ça beaucoup pensent, mais je les détrompe, que j'ai... quelques années de moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, on peut aborder un autre sujet qui m'intéresse vivement ? Il y a beaucoup d'études qui tombent, parce que c'est un sujet, je pense, qui intéresse, et tant mieux, sur la sexualité, les rencontres amoureuses, les liens. On a parlé de l'amitié, l'amitié intergénérationnelle, ton rôle aussi dans la transmission. Est-ce que tu es OK qu'on ouvre ce sujet-là ? Est-ce que tu as... Des rencontres ? Est-ce que tu as des amours, des amourettes ? Est-ce que tu peux me parler un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors, avec Charles Belmont, on vivait... On a vécu, disons, deux décennies en couple un peu libre.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    On a vécu à trois pendant un an et demi. C'était, comme on dit maintenant, en trouble. C'était très, très sympa. Et puis, à partir des années sida, c'était quand même plus compliqué. Donc, j'ai eu un enfant. J'ai plus trop envie d'avoir des histoires. Et lui non plus. Donc, cette période qu'on a vécue, je souhaite, avec des contrats. Ça se fait parce que ça se fait ou parce que j'ai envie. Est-ce que t'es ok que j'ai des aventures et toi, oui ? Bon, c'était pas non plus effréné, c'était simplement, de temps en temps, des petites histoires sexuelles. Même pas des amourettes, c'était des aventures plutôt. Et puis, il y a eu toute la période sida qui m'a fait dire que c'est plus marrant, qu'il faut commencer à se faire ceci, cela, cela. Et puis avec Charles Bellemont, on a toujours eu une vie sexuelle très riche. jusqu'à la fin de sa vie en fait. Mais quand il est mort, mon corps s'est totalement... Du point de vue sexuel, c'était comme s'il y avait un rideau noir qui tombait. Et c'était terminé. Il n'y avait plus rien.

  • Speaker #1

    Tu parles en termes de désir ?

  • Speaker #0

    Oui, en termes de désir. Puisque 15 jours avant sa mort, on était encore en train de faire l'amour. Donc après, il n'y avait plus rien. Un jour, enfin une nuit, j'ai eu un rêve avec un petit orgasme comme ça, tout petit fugitif et c'est tout. Et donc pendant plusieurs années c'était rien du tout. Alors moi je trouvais ça dommage, mais en même temps... Les réseaux sur lesquels mes copines plus jeunes me disaient « Mais va voir là, là, là et là. » Le problème, c'est que moi, je n'aime pas les vieux bonhommes. Ils sont tous sauvougros ou je ne sais pas quoi. Je n'aime pas les vieux bonhommes. Je suis toujours attirée normalement par des hommes plus jeunes. Je ne dis pas à 25 ans, mais bon, pas à 75. Et j'ai rencontré un homme très bien de sa personne. qui avait mon âge, qui était grand, beau, mince, qui faisait des sports et qui avait une vie très intéressante, qui avait fait partie des services d'ordre de Gougou Chiz, dont je faisais partie moi aussi, mais pas dans le service d'ordre, puisque j'étais maoïste, et puis qui avait fait des tas de choses très intéressantes, qui continuait et tout. Et il m'a dragué. Il est venu chez moi, il m'a laissé draguer, il m'a vraiment dragué, je me suis laissé draguer en me disant, ben, il me plaît bien, il s'approche de moi, il m'embrasse et tout d'un coup, c'est pouf ! Les digues qui cèdent, on se précipite sur le lit, voilà, voilà, puis finalement il part parce que je sais pas quoi, dernier métro, ce que j'ai trouvé d'un goût douteux, enfin bon. Après ? il devait revenir trois jours plus tard je ne pouvais plus attendre je me suis précipité passage du dégir qu'avant je m'étais dit jamais je n'oserais aller acheter un sextoy une copine me disait mais vas-y j'oserais jamais et là je me précipite et je commence à examiner tout et il arrive, c'était bien on a eu une vie sexuelle de six mois Pas totalement satisfaisante, parce que c'était quand même un mec de cet âge et qui n'avait pas dû avoir suffisamment bien s'entretenir. Et puis différentes choses m'ont déplu. J'étais un peu radin tout au long. Et au bout de six mois, j'ai mis fin à cette relation. Mais c'était le moment où le corps s'est réveillé. Donc j'ai dit merci, merci, merci.

  • Speaker #1

    Mais t'aimerais aujourd'hui avoir une relation suivie, je ne sais pas comment on pourrait l'appeler, mais d'être en couple ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'aimerais être amoureuse ? Il y a deux choses. Est-ce que j'aimerais coucher avec un mec qui me fait plaisir ? Oui. Est-ce que j'aimerais être amoureuse si ça ne s'assortit pas de souffrance et de frustration et de on va se voir et c'est bon et on vient me parler ? Bon, je ne sais pas. En tout cas, vivre avec quelqu'un, non. Bon d'abord, je vis déjà avec ma fille, mon gendre, le chien et l'enfant, donc ça va. Mais même avant qu'il soit installé chez moi, quand je vivais seule, parce que pendant plusieurs années... J'ai vécu seule à Perpignan, où je suis descendue sur les instances de ma fille, qui maintenant habite chez moi avec toute sa famille. Même avant, je n'avais pas du tout envie d'avoir quelqu'un à la maison. Mais oui, c'est quelqu'un. Ah si, ce n'est pas trop compliqué. Si ça ne me fait pas souffrir, avoir un amoureux avec qui je fais l'amour, oui, ça me plairait. Parce que malgré tout, ça s'éteint. C'est-à-dire que c'est bien joli, les sex toys et tout, mais malgré tout, il y a un côté un peu volontariste aussi, parce qu'au fond, il faut s'y mettre. Enfin bon, j'en sais rien, mais... L'anecdote que je voulais raconter, c'est sur ça. Sur ce mec qui a tout réveillé, mais le fait que les mecs de mon âge ne me plaisent pas. Et c'est pareil pour les hommes, mais eux, ils choisissent des jeunesses sans difficulté. Alors, il y a le sexe tarifé. Les hommes, on sait bien qu'ils choisissent des jeunesses, c'est courant, dans les films, dans la vie, tout le temps. Et puis, personne n'est vraiment choqué qu'ils aient 30 ans de différence. Mais il y a le sexe tarifé. C'est bien du souci pour rien.

  • Speaker #1

    Comment tu... Parce que tu nous as parlé de tes rêves, de tes désirs. Comment tu navigues dans la vie, dans ce troisième âge que tu as toi-même cité tout à l'heure ? Comment tu abordes les choses ? Est-ce que tu te dis qu'il y aura une fin ? Est-ce que tu y penses parfois ? Que finalement, la vie, à un moment, va s'arrêter, ou c'est quelque chose qui ne fait pas partie de ta visibilité, de ta vision ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux. C'est-à-dire que moi, j'avançais, on va dire, jusqu'en 2020, absolument sans penser à la suite. Et ma fille, qui depuis dix ans me disait « viens vivre à Perpignan » , ceci, c'est cela, bon... Moi j'adore Paris, tout mon tissu amical et culturel, et éventuellement politique on va dire, au sens large, c'est Paris. Donc je lui disais « ma fille, tu veux ma mort ? » Et c'est normal, toutes les filles veulent tuer leur mère, donc c'est normal, ça la rendait furieuse. Mais au moment du Covid, elle m'a écrit une lettre, un mail mais sensible là. Au lieu de le prendre sur le thème « Maman, t'es dans ton joli appartement, mais t'es dans le rouge à chaque mois, etc. » Là, elle m'a parlé d'elle. Elle m'a dit à quel point elle était angoissée de me voir vieillir seule. Et dans la période du Covid, j'étais effectivement seule, puisque j'ai obéi comme une imbécile. C'est-à-dire que je n'ai même pas été voir mes amis qui étaient à côté, on ne se voyait pas alors qu'on était des proches. Et donc, j'étais vraiment seule. Et tout d'un coup... Elle a pu exprimer son inquiétude. Elle dit, moi je veux pouvoir m'occuper de toi quand t'auras besoin qu'on s'occupe de toi. Je veux pas que t'ailles dans un EHPAD parce qu'ici à Paris, personne ne peut s'occuper de toi, ce qui est vrai. Donc c'est moi qui m'occuperai de toi. Elle est fille unique. Donc, il faut que tu saches maintenant, si tu vas décider de venir à Perpignan, et puis je m'occuperai de toi si tu as besoin, et puis voilà. Ou sinon, tu iras dans un Ehpad, il faut que tu décides. Pas tout à fait maintenant, mais elle exprimait quelque chose qui était une vraie angoisse, et elle n'avait jamais pris sur ce ton. Parce qu'elle, elle me voyait vieillir. Et moi, je ne me voyais pas vieillir. J'y pensais pas. Elle, elle anticipait. Et comme j'ai entendu à la radio ce confinement rendra fin, mais ce n'est pas sans doute pas le seul, il y en aura d'autres. Je me suis dit, oh là là, c'est pas drôle les confinements à Paris. J'ai commencé à regarder tout bêtement, tout pragmatiquement, le prix des maisons à Perpignan. Je me suis rendu compte que c'était... 10 fois moins cher des prix de Paris. Et je me suis dit, tiens, je vais essayer de voir ce qui peut se passer. Et j'ai envoyé à ma fille un lien sur une belle maison. Elle m'a répondu, une chape de plomb qui s'est... Elle est partie de mes épaules parce que j'ai vu que peut-être tu envisageais. Et moi, j'ai twisté en deux jours. J'ai dit, je pars.

  • Speaker #1

    J'y vais.

  • Speaker #0

    J'y vais. J'achète une maison, je vends l'appartement, j'achète une maison et je pars.

  • Speaker #1

    Elle a dû halluciner ta fille.

  • Speaker #0

    Ah oui, elle était trop trop contente. Elle a passé 15 jours à visiter des maisons parce que j'ai mis des contraintes très grandes. Si je quitte un appartement que j'adore à Paris, que j'adore, ce n'est pas pour aller dans une moche maison. Donc, j'avais mis des contraintes. Elle a visité, visité. Plusieurs de mes amis m'ont dit, mais écoute, fais un essai, loue ton appartement et loue là-bas et tu verras si tu t'y plais. Et pour moi, c'était impossible de faire ça. C'était impossible parce que ça n'aurait pas été les conditions.

  • Speaker #1

    Tu avais besoin d'un truc franc peut-être aussi ?

  • Speaker #0

    J'avais besoin d'un truc franc, de brûler mes vaisseaux. Bon, si j'avais eu des sous, j'aurais peut-être gardé un petit truc à Paris, mais bon, c'est même pas nécessaire parce que j'ai des amis qui m'hébergent. donc pour moi c'était impossible de ne pas me mettre dans les meilleures conditions, celles que je souhaitais pour habiter à Perpignan, et de trouver une location. Donc j'ai dit non, non, non, je vends, j'achète, hop, voilà. J'ai tout fait, très très vite, vraiment très vite. Et donc, mon petit-fils a cessé depuis quelques temps de le dire, mais il me disait tout le temps que comme j'allais mourir, il était très triste, est-ce que je pense qu'il y a une vie après la mort ? Il me parlait beaucoup de ma mort. Parce qu'il avait peur que je meure. Donc, forcément, je commençais à y penser un petit peu. Moi, j'ai des parents qui ont vécu vraiment vieux. J'ai des grands-parents qui ont vécu vraiment vieux. Je ne me sens pas prête à mourir. Mais je trouve que les années, là, j'ai eu un petit peu un choc sur les cinq dernières années parce que je trouve qu'elles ont passé très, très, très, très vite. Et je me dis, ça va peut-être être comme ça tout le temps maintenant. Je vais peut-être prendre mon petit déjeuner tous les quarts d'heure. Et ça va être très, très, très rapide. Donc ça, ça me fait un petit peu peur,

  • Speaker #1

    c'est la rapidité du temps.

  • Speaker #0

    C'est l'accélération du temps. Ça, j'ai pris conscience que le temps s'accélère énormément. Et pourtant, il est bien rempli. C'est-à-dire que je travaille, je fais des choses qui m'intéressent, j'ai des sortes de succès dans ce travail, je fais des projections, les gens adorent les films, etc. Il y a un aspect créatif, puisque je fais les bonus, c'est moi qui décide des jaquettes, qui choisis les graphistes et tout ça. donc c'est une à une occupation du temps qui est si peu monotone que ça lui donne que ça donne pas l'impression que ça file tant que ça mais quand même ça va vite et ça ça me fait un petit peu peur parce que je me dis peut-être que je vais mourir finalement dans 5 ans quoi, 85 ans il y a beaucoup de gens qui meurent à cet âge là puis on dit bah oui ça va c'est cette accélération pour pouvoir encore faire les choses que j'ai envie de faire finir cette mission qui va me demander encore à peu près un an ou deux donc la mission on la rappelle c'est de

  • Speaker #1

    de sortir les 7 films ?

  • Speaker #0

    Donc, la mission que je me suis choisie étant de sortir les 7 films, de les éditer, de les faire ressortir en salle quand c'est possible. Donc, il t'en reste 2 ? Il m'en reste 2 que je vais grouper en un seul coffret. Ça sera ça de gagné. Parce que l'un avait déjà été édité. Donc, ça, on est en train de discuter des droits pour celui-là. Enfin, j'ai d'abord à vraiment sortir... Le cinquième, je suis en train de le faire, il n'est pas sorti encore. Il commence juste sa vie. Après, je commence à penser à l'autre. J'ai déjà fait une très bonne brochure sur le film, donc ça sera le bonus. Je n'aurai pas besoin de faire un bonus à vrai film. Je vais sortir cette brochure qui est déjà très bien. Le septième, qui est un film très différent parce qu'il a été écrit par notre fille quand elle avait 17 ans et joué quand elle avait 18. Donc c'est vraiment un film sur l'adolescence. Mais réalisé par son père, donc avec... Pas sa marque de fabrique, parce qu'il a un peu une marque de fabrique dans ses films, qui est l'hybridation, fiction, documentaire, tout ça. Bon, là, non, parce que c'est respecter au maximum ce qu'a fait sa fille, quoi. Ça, c'est le dernier. Il a déjà été édité. Enfin, bon, je vais essayer de grouper. Ça sera une sorte de super bonus. Puis après tout ça, il faut tout réunir et faire un coffret. Et après, je ferai peut-être des confitures. Bon, mais il ne faut pas que ça soit trop long, parce qu'il faut, comme je le disais, il faut quand même que je m'arrange pour voyager un peu. Donc, j'ai déjà prévu deux petits voyages, là, au printemps. Je l'avais prévu avant, mais comme j'ai eu mal, j'ai été obligée d'annuler. Mais je reprends et j'ai vraiment l'intention, en tout cas, sinon de faire des grands voyages, du moins de multiplier les petits voyages.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un grand voyage qui te fait vraiment, vraiment envie ?

  • Speaker #0

    J'ai personne autour de moi avec qui je me sens l'envie, et je pense que c'est réciproque, de faire un voyage de trois semaines au Laos.

  • Speaker #1

    Mais tu le ferais seul ?

  • Speaker #0

    Ah non, je ne fais rien seul moi. Enfin si, je travaille seul et tout, mais je vais au restaurant seul, j'aime beaucoup ça, je vais voir des films seul, mais je ne peux même pas...

  • Speaker #1

    Le voyage seul, ce n'est pas quelque chose que tu envisages ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le voyage, c'est un partage. Et j'ai toujours beaucoup partagé avec Charles. d'abord compagnon pendant 27 ans, puis mari, on partageait beaucoup. Et d'ailleurs, là, ça demeure que quand j'ai vécu un truc chouette ou à la fin de la journée, je me couche et je me dis, mais il y a quelque chose qui n'est pas fini, il y a un tiroir qui n'est pas refermé, il y a quelque chose... J'ai quelque chose à faire. Et ce quelque chose à faire, c'est de lui raconter. Ça continue, quoi, 12 ans après sa mort. On a toujours tellement partagé. Un voyage sans partager ne m'intéresse pas du tout. Ma sœur faisait ça, des copines font ça, mais moi ça ne m'intéresse pas du tout. Et en revanche, même aller au théâtre, je ne peux pas seule.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de partager après ce que tu viens de vivre ?

  • Speaker #0

    Je ne peux pas aller au spectacle vivant, je ne peux pas y aller seule, parce que j'ai l'impression qu'il y a une chape de solitude qui me tombe dessus.

  • Speaker #1

    Par rapport à un ciné ?

  • Speaker #0

    Cinéma, j'y vais. Exposition, j'y vais. Je ne sais pas pourquoi. Ça, ça va très bien, j'aime bien. Bon, j'aime bien aller aussi avec des gens, mais j'aime bien aller seule. Le spectacle vivant, je ne sais pas, c'est pas très intéressant d'analyser pourquoi. Ce que je veux dire, c'est que... Les voyages avec des amis, il faut qu'on s'entende bien. Et je n'en ai pas tant que ça qui ferait des grands voyages. Et puis de toute façon, j'ai un petit problème de sous quand même, parce que ma société me coûte cher. Fabriquer et vendre des DVD, ce n'est pas l'idée de 2025. Pas du tout. Donc je remets de l'argent tout le temps. À un moment donné, je ne vais plus en avoir.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut les trouver si on cherche ? à les acheter ? Est-ce qu'il y a un site sur lequel on peut... Alors,

  • Speaker #0

    il y a mon site qui est... Alors, je suis entre deux sites, mais l'autre, le vieux, il marche encore, qui s'appelle charlesbelmont.com.

  • Speaker #1

    Je le mettrai en lien.

  • Speaker #0

    Et mon gendre, Jean Carénard, m'en a refait un autre beaucoup plus moderne, mais comme je ne veux pas payer, il n'est pas commercial, donc il renvoie à celui-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il n'est pas fini, j'ai encore des textes à écrire.

  • Speaker #1

    ça va bientôt être la fin de l'épisode j'aimerais bien Marielle que tu me dises que le mot encore qui est le nom du podcast te fait penser ça

  • Speaker #0

    dépend comment il est prononcé si c'est ro encore c'est juste une lassitude mais sinon encore ouvert comme ça c'est l'idée de de continuer, c'est pas l'idée de recommencer pour moi, c'est plutôt l'idée de continuer. Donc moi, j'ai beaucoup aimé ma vie, en fait, qui était mal barrée, mais qui a été rétablie parce que je disais que j'avais eu la chance d'être sauvée par l'école de Groli, mais après, j'ai été aussi sauvée par moi-même, parce que j'ai choisi un métier que j'ai aimé faire énormément, que vraiment, j'adorais le montage. Je continue à monter un peu les bonus que je fabrique, et puis j'ai eu la chance de rencontrer Charles Belmont. qui a été vraiment quelqu'un pour moi, qui m'a redonné une très grande confiance en moi. Parce que pour revenir sur le sujet, je ne sais pas où ça se placera, ici ça se placera, moi quand j'ai rencontré Charles Bellemont, j'avais presque 23 ans, j'avais un métier, j'étais dans le montage déjà, j'avais un mari, je ne sais pas pourquoi, un mari... Pas du tout un mari bourgeois, tout ça, un mari un peu à la cloche de bois, comme ça, un bohème comme moi. Et j'avais une idéologie, j'étais maoïste. Et je me disais, bon, c'est bon, il n'y a plus qu'à se laisser rouler jusqu'à la fin. Donc voilà, ça y est, tout est en place. Ouf, ça n'a pas été facile. J'ai eu beaucoup de différents problèmes d'adolescence. Bon, mais moi maintenant, j'ai les trois trucs, je roule. Et puis je m'endors un peu, c'était mon idée. Et en fait, j'ai rencontré Charles, qui était plus âgé que moi de 8 ans, et qui m'a considéré comme une jeunesse. Et tout s'est réouvert à ce moment-là. Et on a travaillé ensemble, et après il m'a proposé d'écrire avec lui. Il m'a redonné beaucoup de confiance. Moi j'ai beaucoup aidé aussi, parce que comme souvent, il ne gagnait pas bien sa vie, moi je la gagnais bien. Enfin, je le gagnais, oui, je travaillais beaucoup. Donc, on s'est équilibré comme ça. Et donc, encore, ça serait continuer à faire ce que j'aime beaucoup et surtout consolider les amitiés. Mais il y en a plein qui veulent mourir. Les gens meurent quand même souvent en ce moment. Enfin, toujours, mais pour moi, en ce moment. Et c'est avoir de l'appétit, quoi. C'est surtout ça, encore, c'est avoir de l'appétit. Pour l'instant, j'ai de l'appétit.

  • Speaker #1

    Merci Marielle pour ce partage.

  • Speaker #0

    C'était cool ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai passé un moment exceptionnel. C'est vrai, non vraiment, je te le dis et je suis convaincue que les auditeurs et auditrices auront envie de te rencontrer peut-être dans un resto ou au ciné ou t'accompagner à un théâtre parce que si tu veux pas aller toute seule, on adorait te passer un moment avec toi.

  • Speaker #0

    C'est cool ce que tu me dis, ça me fait même les larmes aux yeux tellement...

  • Speaker #1

    ça me fait des compliments merci beaucoup vraiment un partage très très chaleureux sur ton regard sur la vie, sur toi ton rapport à ce que t'as vécu, ton rapport à l'avenir aussi, ton rapport à ce que t'as encore envie de faire et ça c'est exceptionnel,

  • Speaker #0

    c'est vraiment un cadeau que tu fais j'espère que c'est pas trop égotiste Asiographique de moi-même. Non,

  • Speaker #1

    on a fait une balade là, je trouve, avec la saveur de ta personne et de ta personnalité. Mais on a abordé des sujets de société, des sujets de rencontres, d'amitié intergénérationnelle, de sexualité. Et ça, c'est des cadeaux qu'on fait à des gens qui peuvent, par exemple, avoir peur de vieillir, qui peuvent ne pas vouloir se projeter ou qui peuvent avoir des propos agistes vis-à-vis d'autres personnes ou vis-à-vis d'eux-mêmes. Et ce genre de témoignage, je trouve, est éclairant. vibrant et plein de vie. Moi, ça me remplit personnellement. Donc, si tu as déjà une personne en face de toi qui est convaincue, c'est que la vieillesse vaut le coup d'être vécue et que c'est cool de la réenchanter. Je trouve que c'est ce qu'on vient de faire.

  • Speaker #0

    J'ai vraiment l'impression que tous ces gens qui meurent de solitude vieille, dont on parle dans les journaux, mais je ne comprends pas, ils sont cassés avant. Ils ne sont pas cassés par la vieillesse. Parce que s'ils n'étaient pas cassés, ils iraient vite... Faire un truc d'association ne serait-ce qu'où culturel, ou politique, ou humanitaire.

  • Speaker #1

    Sur la solitude et ce qui s'appelle la mort sociale, tu as tellement d'enjeux et tu as tellement de choses qui rentrent en compte, qui peuvent expliquer les ruptures.

  • Speaker #0

    Mais pourquoi ils ne sortent pas de chez eux pour aller voir une association ?

  • Speaker #1

    Parfois, ils n'ont pas la possibilité de s'en sortir de chez eux. Je vais inciter d'ailleurs à aller lire un rapport qui est diffusé par les petits frères des pauvres qui font un baromètre chaque année justement sur la mort et l'isolement. La mort sociale et l'isolement social. Il y a des gens qui vivent au 18ème étage d'une tour et qui, une fois sur deux, n'ont pas d'ascenseur. Mais c'est des petites réalités comme ça. Aujourd'hui, la vie citadine, elle est pour les valides. Elle est très difficile pour les non-valides. Et parfois, quand on vieillit, on n'a plus la même possibilité de déambuler. Et donc, petit à petit, on se crée des mini-coupures. L'isolement avec les familles, les problèmes financiers qui peuvent aussi arriver. On peut parfois avoir beaucoup de moyens financiers, mais être isolé quand même. C'est terrible, mais parce que la société aussi a créé des ruptures. Aujourd'hui, si on n'est pas adepte des technologies, on peut ne pas s'en sortir parce qu'on ne peut plus prendre un rendez-vous parce que tout se fait avec un téléphone et un ordinateur. On a cassé aussi la relation humaine dans les services qui permettaient à certaines personnes de rencontrer quelqu'un dans la journée. Maintenant, on peut passer des jours entiers sans voir un humain. Et ça, petit à petit, ça crée la pente descendante vers l'isolement. Donc, à retenir.

  • Speaker #0

    Il faut que j'apprenne ce nouveau logiciel. Il n'y a pas de doute.

  • Speaker #1

    Non, mais à retenir, Marielle, et c'est ce que tu as confié tout au long de cet épisode, c'est toi, ta volonté de rester contemporaine dans ta vie d'aujourd'hui, tout en te projetant avec des super projets, mais en étant entourée de gens divers et variés, qui n'ont pas forcément ton âge, d'avoir encore plein de désirs et en fait, de vivre juste ta vie sans répondre à des dictates. Parce qu'on parlait d'une amie commune, Sandrine, qui ouvre les yeux aujourd'hui sur eux. avec son collectif C'est pas demain la vieille, sur toutes les formes que peuvent prendre justement cette libération des femmes à partir de 50 ans, parce qu'on les a beaucoup invisibilisées. Et c'est marrant, j'avais une discussion avec elle sur maintenant qu'elles sont beaucoup plus visibles, on attend d'elles qu'elles soient hyper dans la performance, très belles, on va les regarder comme un objet qui doit vieillir de telle manière. Et c'est super intéressant, parce qu'il y a plein de formes aujourd'hui qui existent.

  • Speaker #0

    Quand tu as dit ta volonté de rester contemporaine, je n'ai pas cette volonté de rester contemporaine. J'ai des projets, dont essentiellement ces projets de remettre des films de Charles Bellemont en lumière, et ça remet aussi mon travail en lumière, puisqu'on travaillait ensemble. Et c'était très heureux notre travail ensemble, on pouvait se disputer dans l'escalier, mais quand on arrivait à la salle de montage, on ne se disputait plus. Et en fait, je n'ai jamais eu la volonté d'être contemporaine, c'est que mes projets impliquent que je sois contemporaine. Mes projets impliquent que j'apprenne des nouveaux logiciels. Je vais apprendre Resolve, je ne le connais pas encore. Alors, des fois, au contraire, je ne veux pas être, ce n'est pas le mot contemporain, mais je ne veux pas être jeune. C'est-à-dire que comme je vis avec des gens qui utilisent un langage particulier, forcément, je me mets à l'utiliser aussi. Et puis, à un moment donné, je me dis, arrête, tu peux arrêter de dire chelou, je ne sais pas quoi, parce que j'ai peur que ça fasse... Enfin, j'ai peur. Disons que je n'ai pas envie... de me mettre à les copier. Mais de fait, ça s'instille puisqu'ils parlent comme ça. Et ils parlent même d'une façon tellement compliquée parfois que je demande des traductions. Et là, c'est parce qu'ils emploient les mots anglais, etc. Ils les torturent dans tous les sens. Ils changent beaucoup la syntaxe aussi, parce que maintenant, ils ne mettent plus l'infinitif. Mais ce n'est pas du tout une volonté. C'est plutôt subi ? Non, mais ça se passe comme ça, quoi. Alors pour le vocabulaire, en même temps, je ne vais pas non plus refuser. Quand ça me vient de dire de ouf, je dis de ouf. Mais ça me vient, je ne cherche pas du tout. Mais ça me vient. Ça peut paraître parfois, j'ai des copines qui rigolent parce que t'as dit de base, machin, je dis oui, je dis de base. Alors là, je ne dirais pas autrement parce que je ne vois pas ce que je dirais d'autre. Pour tout ce qui est les techniques et tout que je dois apprendre pour pouvoir faire ce que j'ai décidé, ça ne m'amuse pas spécialement d'apprendre ces techniques-là. D'être contemporaine, ça ne m'amuse pas tellement. Au sens technique, c'est que je suis obligée.

  • Speaker #1

    Mais tu n'as pas le choix.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas le choix, et puis je l'accepte, et voilà.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marielle j'étais très très touchée et heureuse de t'avoir au micro d'encore je mettrai le lien vers les différents sites que tu m'as donné et s'il y en a d'autres que tu as envie que les gens creusent peut-être certains sujets, tu parlais de désobéissance civile est-ce que tu souhaiterais peut-être ouvrir ce point-là, on verra on en discutera sur comment on peut donner un peu plus d'épaisseur à ce qu'on vient de se dire Merci beaucoup, bon retour à Perpignan

  • Speaker #0

    Merci Claire, c'est moi qui te remercie

  • Speaker #1

    et bon voyage en Italie, tu vas te régaler

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