- Speaker #0
hors série d'Encore, hors tienne, encore. Bonjour Guillaume.
- Speaker #1
Bonjour Claire.
- Speaker #0
Merci de venir au micro d'Encore.
- Speaker #1
Merci de m'inviter.
- Speaker #0
Écoute, c'est avec grande joie que je te reçois aujourd'hui. Pareil, les auditeurs et auditrices ont l'habitude que je tutoie mes invités, donc je ne vais pas y échapper, tu ne vas pas y échapper. On s'est rencontrés il y a quelques temps, on a pu discuter ensemble, notamment sur le sujet du jour, à savoir la parution de ton livre que tu as co-écrit avec Thibaut et Clément. qui sont également les cofondateurs de certaines de tes sociétés.
- Speaker #1
Oui, de toutes les entreprises, des deux entreprises qu'on développe.
- Speaker #0
Qui sont tes vieux copains quoi. Voilà,
- Speaker #1
tes vieux copains d'école.
- Speaker #0
Avec qui tu as monté plusieurs structures. Justement, est-ce que tu peux te présenter, donner un petit peu un cadre de qui tu es, la manière dont tu souhaites et le temps que tu veux ?
- Speaker #1
Donc Guillaume Desnaux, j'ai 43 ans, je suis marié, j'ai trois jeunes enfants. j'habite depuis peu sur le golfe du Morbihan, mais sinon avant j'étais parisien. Et depuis 2008, je suis entrepreneur dans des projets à impact. Donc ça a d'abord été Alvarom, une entreprise qui fait de la collecte de dons pour les associations caritatives, en particulier à l'occasion d'événements sportifs. Et puis depuis 9 ans maintenant, l'aventure à l'envie avec Thibaut et Clément. On va en parler aujourd'hui, mais on essaye... Avec ce projet d'apporter du changement dans le secteur du grand âge et du médico-social, du prendre soin en général.
- Speaker #0
Alors, à l'envie, je précise, c'est A-L-E-N-V-I. De toute façon, je mettrai tous les liens des différentes structures. Moi, j'ai tout de suite envie de te demander, avant qu'on rentre dans le vif du sujet du livre Bonjour Vieillesse, et d'ailleurs, on parlera de ce titre, comment tu es tombé dans la marmite de la vieillesse ? Comment ça t'est venu ?
- Speaker #1
Alors, par plein de raisons différentes. Alors, il se trouve que moi, mes grands-parents, je les ai perdus quand j'étais assez jeune. Je ne peux pas dire, j'ai créé à l'envie, j'étais en train de m'occuper de ma grand-mère. Ce n'est pas vrai. Par contre, il y avait les grands-mères de ma femme qui étaient très âgées au moment où on a créé à l'envie. Donc, j'ai vu quand même la difficulté pour la famille de trouver des personnes pour venir apporter l'aide du quotidien. Après, je pense que par des expériences bénévoles, j'avais aussi été sensibilisé au grand âge, un peu plus jeune. Je pense que ça m'avait touché. Et puis après, il y a une partie aussi un peu plus... entrepreneurial, cerveau gauche, j'ai envie de dire. Moi, c'est un secteur que je trouve magnifique parce qu'il s'agit de la place qu'on donne aux personnes âgées dans notre société, de manière générale, de la place qu'on donne aux personnes fragiles, vulnérables. Et puis, c'est aussi quel type de job on veut créer dans notre économie de service. Et en fait, le grand âge, ce qui est fascinant, c'est qu'on se dit, si on apporte le début d'une solution, ça peut tout de suite prendre une ampleur assez importante, directement ou indirectement, je ne parle pas forcément de l'entreprise, mais en tout cas de l'impact qu'on peut avoir.
- Speaker #0
Ces secteurs, tu as vu ces grandes mutations, parce que j'imagine que depuis 2008, et on le sait, d'ailleurs tu l'abordes assez rapidement dans le livre, il y a eu un certain nombre de mutations, même si tu viens de dire que ça ne bouge peut-être pas aussi vite que certains autres pays.
- Speaker #1
Effectivement, je pense que nous ce qu'on raconte dans le livre, c'est qu'on est passé un peu de l'ère de la prise en charge à l'ère du bien vieillir. La prise en charge... C'était parce que nous, on avait un peu marre, même s'il y a eu un scandale pour en partie des bonnes raisons avec Orpea, on en avait un peu marre de ce truc où on cherche à tout prix un coupable, on a un discours un peu en boucle depuis l'affaire Orpea, très négatif sur le grand âge. Nous, on voulait dire, en fait déjà, même s'il y a eu des abus, des scandales, par rapport aux attentes qui étaient celles de la société dans les années 60-70, quand il y avait encore des gens qui dormaient dans des hospices à 10 par chambre. À l'époque, l'attente, c'était comment on fait pour que le confort matériel, qui est globalement en train de se développer dans la société, l'accès aux soins, qui est pareil, en train de se développer dans les années 60-70, c'était un acquis tout récent pour l'ensemble de la population. Comment on fait pour que les personnes, y compris âgées, y compris en situation de précarité, puissent l'avoir ? Et en fait, globalement, on a réussi. C'est-à-dire qu'à l'époque, les gens qui auraient dit, dans 40 ans, tout le monde, quels que soient ses moyens, pourra avoir une chambre simple ou double dans un EHPAD, où il sera nourri, logé, blanchi. et soignés, à l'époque on ne l'aurait peut-être pas cru. Et globalement, on a réussi à mettre en place ce système. Alors évidemment, les attentes se sont déplacées, et c'est bien normal parce qu'on s'est rendu compte qu'aujourd'hui, on ne gagnait plus d'années d'espérance de vie, et que l'enjeu ce n'était pas juste le confort, un minimum de confort matériel et d'accès aux soins, mais c'était le bien vieillir. Et derrière le bien vieillir, il y a bien autre chose que le matériel ou le sanitaire. Il y a la participation sociale, l'utilité, les liens avec les autres générations. Et l'attente aujourd'hui, elle est là. Et donc, c'est ça qui est en train de muter, c'est qu'en fait, ce secteur qui était un peu construit pour réparer finalement ce que la société laissait de côté, ce secteur du grand âge, il est en train de devenir, moi c'est ma conviction, alors c'est très militant de dire ça, mais un secteur de pointe, où en fait, on est en train d'inventer une société. En pensant réparer un secteur, on est en train de créer une nouvelle société qui soit basée sur le care. Donc je pense que le secteur est en train de muter. Il a fini d'appliquer des normes pour répondre à un enjeu purement matériel. Il a envie maintenant d'une quête, plutôt. Il est plutôt dans une quête vers quelque chose d'immatériel, de bien vieillir. C'est en tout cas, nous, la vision qu'on a envie de propager et qu'on a envie d'aider à propager avec d'autres. Et je pense que...
- Speaker #0
Tu viens de nous faire une super synthèse en quelques minutes du livre. Mais on va rentrer dans le livre du sujet sur certaines thématiques parce que j'ai vraiment envie qu'on aborde ensemble déjà le titre. Bonjour vieillesse, pourquoi il s'appelle comme ça ?
- Speaker #1
Je ne vais pas faire l'exégèse de Bonjour Tristesse, le fameux livre de François Trégan. J'y ai pensé, c'est bon. C'était un clin d'œil. Si, peut-être ce qui est intéressant, c'est que je pense que la génération qui aujourd'hui va rentrer dans le grand âge, c'est une génération qui a des attentes et qui arrive aujourd'hui peut-être aussi avec une attente nouvelle sur le grand âge. Donc voilà, c'est un peu ce clin d'œil-là.
- Speaker #0
D'après toi, c'est quoi le regard que la majorité des Françaises et des Français portent sur la vieillesse aujourd'hui ?
- Speaker #1
Dans le livre, on dit, c'est un peu une de nos punchlines, on n'aime pas la vieillesse, mais on aime les vieux. Je pense que ça résume pas mal les choses, c'est-à-dire qu'on sait tous... Effectivement, j'enfonce un peu des portes ouvertes en disant qu'on veut mettre la vieillesse à l'écart, la mort, notre société occidentale, qui sait plus... Oui, c'est en partie vrai, mais malgré tout, on aime fondamentalement les vieux, et de plus en plus, peut-être. Et ça, je le perçois à travers certains signaux faibles. Le premier, c'est tout simplement ce qui s'est passé avec l'affaire Orpair. En deux jours, des cours de bourse ont chuté dans des entreprises qui n'étaient même pas impactées réellement sur leur business model. C'est peut-être un secteur où on a encore une capacité d'indignation et pourquoi pas d'action suite à l'indignation. C'est quand même une bonne nouvelle. Et le deuxième signal faible peut-être que je perçois... C'est que moi, nous, quand on s'est lancé dans ce secteur il y a neuf ans avec mes amis, nos amis autour de nous, entrepreneurs, cadres, etc., ils nous disaient « mais qu'est-ce que vous allez foutre dans cette galère ? » Déjà, ce n'est pas glamour, le grand âge, mais ce regard-là, il a complètement changé, notamment avec le Covid, qui a quand même beaucoup changé la perception des gens, notamment sur ce sujet. Maintenant, au contraire, ces personnes, j'ai l'impression que leur regard a changé et qu'ils nous voient plus. Comme une forme d'avant-garde, parce qu'on est peut-être en train de creuser un sillon qui est pertinent et que la pétance de Caire, ce n'est pas juste les personnes âgées qui ont besoin qu'on prenne soin d'elles. Toute la société a besoin qu'on prenne soin d'elles, les personnes, la société, l'environnement. J'ai l'impression qu'on est passé de secteur, parfois je dis, qui répare, à secteur qui prépare.
- Speaker #0
Quand tu parles d'indignation, parce qu'à un moment dans le livre, d'ailleurs, tu parles autant des bienfaits qu'a eu le livre de Victor. Victor Castaner, les Fossoyeurs, que les méfaits. On a un peu tapé aussi sur les gens qui prennent soin et on a tapé sur une masse alors qu'il y avait des établissements qui font très bien les choses. Il y a du personnel qui fait très bien les choses. Il y a du personnel aussi qui est en burn-out. Il y a des familles d'aidants qui sont en burn-out. Cette indignation-là de la société, est-ce que c'est un soufflé ? Tu sens qu'elle perdure depuis l'affaire Orpéa ?
- Speaker #1
Oui, je pense qu'il y a beaucoup d'actions, il y a beaucoup de projets qu'on essaye de raconter dans le livre. J'en étais un peu parlé. qui se mettent en place, de crèches intergénérationnelles, d'habitats inclusifs, de gens qui font les choses différemment. Je pense que oui, ça crée un engouement pour ça. Il ne faut pas regarder ce qui se dit dans les journaux, il faut regarder ce qui se passe dans la ville. Si toi tu vas dans la Sarthe, il y a des habitats partagés, je suis sûr dans des villages pas loin. C'est ça qui est intéressant. Et ça se passe. Maintenant, il faut que ça s'amplifie.
- Speaker #0
Avec les labels aussi des villes qui aiment les seniors. Oui, voilà.
- Speaker #1
Oui, ville aimée des aînés. Donc, il se passe plein de choses. Maintenant, ce qui est intéressant, c'est d'essayer que tout ça fasse un peu un système et qu'on casse certains freins qui sont peut-être parfois d'ordre réglementaire, d'ordre économique, parce que les modèles économiques, on n'arrive pas à percevoir la valeur de ces projets qui sont intangibles, qui créent les liens intergénérationnels, etc. mais Moi, je pense que les choses bougent.
- Speaker #0
Comment on fait pour embarquer ? Moi, une de mes lubies aujourd'hui, c'est de réussir à embarquer comme l'écologie à la belle époque. Parce que maintenant, on tape quand même beaucoup sur l'écologie. C'est d'une tristesse absolue. Mais comment on embarque les gens dans un mouvement citoyen pour réenchanter la vieillesse ? Comment on fait pour que quelqu'un qui a 20 ans, 30 ans, 50 ans, n'ait pas peur de dire que je vieillis ? N'ait pas peur de dire à un moment, je suis vieille ou je suis vieux ? Parce qu'aujourd'hui, il y a aussi cette notion de mot qui est importante. Quand tu dis bonjour vieillesse dans ton livre, tu as aussi envie que ce ne soit pas un problème de dire vieillesse. Alors, beaucoup ont cette crainte aujourd'hui de prononcer ce mot.
- Speaker #1
Je pense que ça passe par plein de micro-initiatives. Donc c'est... À l'échelle de l'école, dès l'école, aller organiser des rencontres entre les enfants et les personnes âgées qui peuvent se passer soit dans les EHPAD, mais aussi des personnes âgées qui vivent encore chez elles. J'ai entendu parler d'une initiative comme ça, qui viennent un peu isolées, mais qui viennent partager un repas à la cantine de l'école une fois par semaine. Plein de micro-initiatives avant d'aller essayer d'embarquer les gens dans un grand concept nouveau, comme quoi la vie, ça aurait une nouvelle définition. Je pense que c'est plus par la pratique. et après les concepts... Les choses se font ensemble. Nous, modestement, on essaie de faire un peu les deux. On développe des choses, des habitats partagés, on fait plein de choses. Mais après, on essaye de mettre des mots là-dessus parce que c'est intéressant. Mais je pense que c'est quand même avant tout toutes ces initiatives qui font un changement de regard. Je pense que la société est mûre. Et même les jeunes aussi. Parfois, on se dit que les jeunes ne pensent pas aux vieux. Ce n'est pas vrai.
- Speaker #0
Oui, d'ailleurs, il y a des récits hyper touchants dans le livre de jeunes qui... qui s'embarque dans l'aventure et qui... On a le récit d'un jeune homme... C'est génial. Et qui vient... Je n'avais pas connaissance, justement, de cette haute école du soin. C'est ça, le nom du...
- Speaker #1
C'est une utopie, ça. Nous, on fait de la formation, on a créé une entreprise de formation qui s'appelle Compagnie, qui forme beaucoup aux soft skills. Parce qu'on s'est rendu compte que, paradoxalement, dans ces métiers humains, on formait peu les gens. à tout ce qui est empathie, gestion de leurs émotions, etc. C'est très paradoxal. Aujourd'hui, on forme les cadres aux soft skills, mais pas les gens qui sont dans les métiers humains, au contact de personnes qui ont des troubles cognitifs, des dents familiaux, qui sont en burn-out, qui sont des professionnels souvent eux-mêmes avec une vie difficile. Donc, nous, on a créé des formations sur ces soft skills. Mais du coup, effectivement, notre rêve, c'est que les métiers de l'empathie soient aussi des métiers d'excellence. Et donc, on dit souvent, parce qu'un des enjeux, c'est de revaloriser les métiers du care. Tout le monde est d'accord avec ça. mais en fait... pour revaloriser les métiers du CAIR, il faut revaloriser le CAIR dans les métiers. Parce qu'il faut que ça soit une compétence reconnue. Et ça, je pense aussi que la société est prête. Parce qu'encore une fois, quand je disais que ce secteur était peut-être prêt non pas pour gérer ce que la société laisse de côté, mais apprendre des choses à la société, aujourd'hui, on est dans un métier où s'il n'y a pas un cadre de travail, c'est ce qu'on essaie de développer chez Alenvy, mais qui épanouit les gens, qui fait qu'ils sont bien, ils n'ont pas du tout la possibilité d'aller eux-mêmes être dans la bonne posture pour bien accompagner une personne âgée, une personne fragile, créer un lien, créer de l'empathie. Et du coup, c'est très nécessaire dans notre métier, quand on veut bien le faire, que de fournir un cadre, de créer un cadre de travail bienveillant, responsabilisant, épanouissant. Et ça, c'est une attente forte de l'ensemble des métiers, en réalité. Et on peut peut-être, en faisant les choses mieux dans le CAIR aussi, créer des exemples pour d'autres secteurs. Donc c'est ça, nous, qu'on appelle vraiment le secteur à changer globalement, à changer de... posture. Vous n'êtes pas là pour gérer à moindre coût possible les problèmes, les choses que ça ne sait pas gérer, l'économie capitaliste ou même le service public. On est là pour changer la société dans son ensemble et la rendre plus capable de valoriser la vulnérabilité, du coup elle-même peut-être devenir moins fragile, moins obsédée par la performance, moins dopée à la croissance.
- Speaker #0
Si on fait le parallèle avec l'écologie, Jean Covici par exemple, il parle Il a dépostulé très fort sur l'écologie et sur l'économie, qu'on ne peut pas casser tous les systèmes aujourd'hui qui ont été créés parce qu'il y a toute une économie, tout un pan de la société qui dépend. Comment on fait aussi ? Alors toi, tu as plusieurs entreprises, donc il y a une vision business que tu as et tu travailles aujourd'hui dans des entreprises et tu as créé des entreprises à impact. Souvent, on fait l'amalgame entre les entreprises à impact, ta mission et la potentielle différence de rémunération pour ceux qui travaillent dans la PAC et dans le CAIR. Comment on fait demain ou comment toi, tu fais, toi et tes entreprises ? pour valoriser ces salariés qui travaillent dans le CAIR, et notamment toi, en termes de rémunération pure et dure ?
- Speaker #1
Oui, alors nous, chez Alenvie, notre point de départ, au départ, notre métier, c'est l'aide à domicile aux personnes âgées, avec le constat que les salariés ne sont pas assez valorisés, d'un point de vue matériel, évidemment, par les rémunérations trop faibles, et aussi le temps partiel subi, qui est un élément très important dans l'aide à domicile. Mais le manque de valorisation n'est pas que matériel, il est aussi... dans l'organisation du travail par l'infantilisation, le fait qu'il y ait des structures un peu tayloristes, où on donne peu d'autonomie aux gens alors qu'en réalité, ils savent eux-mêmes mieux ce qu'il faut faire quand il s'agit de s'occuper des personnes âgées. Donc nous, on a créé, on n'a pas fait des miracles absolus sur la valorisation financière, parce qu'on est quand même très contraints par les systèmes d'aide publique qui permettent de financer les heures d'aide à domicile chez les personnes âgées, mais on arrive à rémunérer un peu mieux que le marché en taux horaire, et surtout, on arrive à avoir une majorité de temps plein dans les personnes qui travaillent chez nous dans l'aide à domicile, ce qui n'est pas le cas forcément chez nos confrères. Et notamment parce qu'on a créé un système où les auxiliaires de vie sont en grande partie auto-organisés en petites équipes. Et donc, ils ou elles, souvent elles, parce que c'est plus souvent des femmes. vont gérer en autonomie la relation avec les familles, les plannings, décider qui elles recrutent dans leurs équipes. Et du coup, elles font aussi plus d'heures parce qu'elles gèrent aussi l'équipe. Globalement, nous, on a ça. Après, derrière, on est entreprise à mission, on est entreprise de l'économie sociale et solidaire. On a des investisseurs à impact qui attendent des rentabilités mesurées et sur le long terme. Donc, ça permet, et dans nos engagements de mission, on a le fait d'améliorer les conditions de travail des professionnels. Donc, on essaye d'équilibrer. au maximum les objectifs économiques et les objectifs d'impact social. Il faut quand même qu'il y ait une rentabilité, parce qu'on veut pouvoir développer l'entreprise, innover. Mais on essaie qu'elle soit, grâce à ces investisseurs à impact, au bon niveau pour qu'on puisse aussi améliorer les conditions de travail des professionnels, innover, partager aussi les recettes qu'on va trouver avec d'autres acteurs pour que ça profite à l'ensemble du secteur et qu'on ne soit pas dans une logique de protection de la moindre innovation.
- Speaker #0
Ce qui est hyper intéressant dans le livre, c'est que tu parles de toutes les parties prenantes qui sont liées au secteur du bienveillir, parce qu'il y a l'entreprise, il y a la collectivité, il y a les villes, il y a tout ce monde-là, la personne en tant que telle. Ça, c'est un sujet que moi, j'adore aborder, qui n'est pas forcément très présent dans le livre, parce que ce n'est pas le cœur du sujet. Mais quand on parle de bienveillir à certaines personnes qui sont vieilles et qui sont vieux, parfois, ils le prennent comme une espèce d'injonction. Genre, on m'impose des dictates pour que je sois dans cette bienveillir que je coûte. pas trop à la société, on reparle des charges, parce qu'il y a aussi des personnes âgées qui se sentent devenir une charge pour leur famille, pour la société, alors qu'on sait, et tu le parles beaucoup, vous en parlez beaucoup dans le livre, que le lien social va être prédominant. Comment, quand on vieillit, on s'en sort dans tout ça, entre ces dictates, son sentiment de ne pas vouloir déranger, comment on fait ?
- Speaker #1
Je comprends, quand on est une personne qui vieillit, et moi j'en discute avec mes parents, avec des gens de la génération du dessus, Je pense que c'est difficile dans la société actuelle, parce qu'il y a ce truc où soit vous êtes un fardeau globalement, donc les retraites, le choc démographique, soit vous êtes un eldorado, vous allez être silver economy, donc vous allez avoir des pubs. Donc oui, je te rejoins, mais je pense que... Déjà, nous, on dit bien dans le livre, au début, qu'on ne s'exprime pas à la place des personnes âgées, ni à la place des gens qui sont auxiliaires de vie, qui sont beaucoup des femmes. travailleurs, on va dire, si on prend un terme marxiste, c'est quand même une classe de travailleurs pauvres aujourd'hui. On ne cherche pas à les représenter. Nous, on représente ce qu'on est, des entrepreneurs dans le secteur, et on s'exprime à travers notre propre prisme. Mais quand même, j'observe qu'ils parlent, parce qu'on en discute beaucoup avec des personnes âgées qui viennent écouter quand on parle du livre, etc. Il ne faut pas chercher à les réduire à quoi que ce soit, ni dans le coup, ni dans le dire, vous allez servir à quelque chose. Ça peut être un peu une injonction. Même l'intergénérationnel peut être une injonction aussi. C'est-à-dire que vous avez eu des enfants, des petits-enfants, et puis vous êtes au dernier moment et on vous remet des... Des gamins sur les genoux. Des gamins sur les genoux à la crèche, zut ! Donc ça, c'est la vision. Mais bon, en réalité, moi, j'y crois quand même beaucoup, parce que quand vous le faites, vous vous rendez compte qu'il y a des étincelles qui se passent, il y a des trucs presque mystiques qui se passent.
- Speaker #0
D'ailleurs, il y a des super belles anecdotes dans le livre là-dessus. Ouais.
- Speaker #1
Mais oui, je suis d'accord, il ne faut pas être dans l'injonction. Après, c'est aussi où les personnes âgées s'autodéterminent aussi de plus en plus. Il y a des mouvements... connaît, de personnes âgées qui s'organisent.
- Speaker #0
Tu parles du contre-salon des vieilles et des vieux ?
- Speaker #1
Ouais, par exemple. Donc, je pense que tous ces mouvements, on leur place quand nécessaire, mais il va falloir... Effectivement, il faudrait que ça ne soit quasiment pas un sujet. Bien sûr. J'ai pas la solution. Nous, on essaye de... Encore une fois, je pense que que les projets se fassent... Moi, ce que j'essaie de faire dans nos projets et d'observer dans d'autres projets, c'est que les projets qui ont beaucoup de sens aujourd'hui, c'est souvent des projets... Ils ne sont pas là pour aider les personnes âgées. Quand on fait un projet qui implique des personnes âgées, y compris avec des pertes d'autonomie avancées, on ne le fait pas pour les aider, on le fait pour leur donner une place dans quelque chose qui sert aussi d'hôte public. Que ce soit les enfants dans les crèches intergénérationnelles, des gens qui bossent, des quartiers, parce qu'un lieu de vie de personnes âgées peut rayonner sur un quartier et créer du lien social dans le quartier. Moi, je crois beaucoup à ça, un peu à la révolution copernicienne. Encore une fois, on n'est plus là pour prendre en charge. Je ne sais pas si c'est... On est là pour aider les gens à bien vieillir, on est plus là pour créer une nouvelle société où la personne fragilisée n'est pas stigmatisée, mais elle a sa place. On y arrivera.
- Speaker #0
Non, mais tu en parles beaucoup, c'est aussi de remettre de la lumière sur la vulnérabilité. C'est qu'aujourd'hui, on a mis... Et ça revient au même, c'est la même chose que de ne pas oser dire vieux ou vieille ou ne pas oser dire vieillesse. Ou quand on le dit, c'est teinté de... On va le dire de manière très lointaine et avec parfois une certaine forme de dégoût.
- Speaker #1
Oui, mais là encore, il y a heureusement beaucoup de signaux de moins en moins faibles sur une société qui change, sur la vulnérabilité. Nous, on a eu la chance de participer un peu à une campagne que tu l'as peut-être suivie, qui s'est faite... à l'occasion du dernier Vendée Globe, où il y avait deux bateaux qui s'appelaient Vulnérables. Et on a participé à l'élaboration d'un programme qui s'appelait Le Tour du Monde des Vulnérables, qui consistait à un programme en ligne que j'invite tout le monde à suivre. Il est encore disponible avec des témoignages incroyables de gens qui ont justement accepté leur vulnérabilité sans même chercher forcément à en faire une force, mais qui la vivent et qui, en tout cas, ne cherchent pas à la cacher. Et l'affirment comme quelque chose qui les construit, et les construit, y compris en positif. Et notre société...
- Speaker #0
C'est l'année de la santé mentale en même temps. Oui,
- Speaker #1
voilà, santé mentale. Mais quand on parle de troubles cognitifs, ce ne sont pas des troubles psychiatriques, mais les deux, souvent, s'associent assez vite. Donc, on est quand même à briser un peu le même tabou qui fait peur de la folie, qui fait peur... Il y a tout un tas de choses. Michel Foucault a beaucoup écrit là-dessus. On brise des tabous. et qui sont extrêmement nécessaires de les briser, surtout dans la société française, d'aller en retard par rapport à la société anglo-saxonne.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui t'inspire justement ? Il y a un chapitre entier sur la prospective et dessiner 2035. Allons plus loin que 2035. Guillaume, je t'invite à me décrire ta société idéale quand tu auras 90 ans, à quoi elle ressemble, avec tout ce que tu auras mis en place là, avec tes associés, mais aussi... Avec le mouvement qui est en train de se créer, dans une cinquantaine d'années, il se passe quoi ?
- Speaker #1
Je pense que c'est une société où on a un peu réinventé une manière de vivre où l'âge n'est plus... On se segmente moins en fonction de l'âge dans la vie qu'on a. On avait le modèle ancien qu'on connaissait où les personnes âgées restaient à la maison. C'était logique et voilà. Aujourd'hui, on a un système extrême où, en tout cas en France, elles ne sont plus du tout à la maison. On habite souvent loin, chez ses parents, etc. Que ce soit parents ou pas, d'ailleurs, je pense que, j'imagine qu'on aurait quand même intérêt à construire une société où on vit un peu plus en lien les uns aux autres. En communauté. Notamment avec les gens avec qui on a une proximité géographique. on est peut-être, je pense que ça demande du coup d'aller assez loin, réinventer l'habitat, on est peut-être déjà en train de le faire, on voit assez bien, après ça devient culturel, c'est-à-dire qu'on est à nouveau en vie, plus peut-être d'aller recréer du lien, moi je trouve que je suis assez inspiré même par d'autres, il y a des pays tout proches d'ici où on se rend compte que déjà les gens ont beaucoup moins de frontières, et j'étais moi, je pense à un pays comme les Pays-Bas, où j'ai pu aller de temps en temps. Je trouve que beaucoup plus de liens sociaux, encore de proximité, même dans les villes. Et comment on réinvente ça ? Ce n'est pas si simple. On en parle dans le bouquin, je disais, moi, je pense que par exemple, à l'échelle de l'école, il faudrait qu'il y ait une heure par semaine de contact avec des personnes âgées. Ça me paraît plus efficace que des cours d'empathie dans une classe, parce que je ne pense pas que l'empathie s'apprenne par la théorie, mais par la pratique. Ça ferait vraiment beaucoup de temps, en fait, passer entre générations. C'est un exemple, mais qui du coup... On pourrait créer une habitude pour toute la vie. Et après, je pense qu'il y a aussi des choses à repenser dans le modèle du travail, et du travail bénévolat, comment on repense un peu tout ça. Parce que finalement, on voit bien qu'en professionnalisant tout, on a créé des classes, je ne sais même pas trop ce terme, mais c'est quand même des classes de travailleuses, parce que c'est encore les femmes qui se sont tapées le boulot, pauvres, peu qualifiées, qui n'ont pas d'évolution professionnelle, etc. Donc, ce n'est pas satisfaisant et en plus, c'est même plus le payer. Donc, ils sont sous-payés et ça crée plein de problèmes. Ils ont des vies difficiles, des risques psychosociaux, des accidentologies. C'est un peu le carnage si on regarde les choses froidement. Et donc, comment à l'avenir, on repense un peu ça pour que les gens dont c'est la vocation de s'occuper des autres, de faire du care qui a une énorme valeur pour la société, ils soient valorisés ? C'est tout un long chantier. Je n'ai pas toutes les réponses.
- Speaker #0
Non, mais tu regardes... t'observe, et tu as aujourd'hui des loupes à ta disposition pour justement faire état. Donc le livre Bonjour Vieillesse, aujourd'hui, fait état de choses très concrètes, mais fait état aussi de trajectoires qu'on peut changer aujourd'hui. On a la capacité aujourd'hui de procéder à des changements pour dévier, et c'est urgent de dévier, non ?
- Speaker #1
Oui, c'est totalement urgent, évidemment. Encore une fois, il y a une attente des gens. Ce qui est frustrant parfois, c'est que tous ces projets qui sur le papier paraissent géniaux, un habitat partagé, un habitat intergénérationnel, c'est génial. Que tu le montres à ton voisin de palier ou à un ministre qui te dit c'est génial. Puis entre-temps, entre les deux, t'as quoi ? T'as des financiers à convaincre qui n'ont jamais financé un truc comme ça et qui ne savent pas faire. Des administrations, qu'elles soient locales ou nationales, qui n'ont jamais réglementé un truc comme ça et qui ne savent pas faire. Il y a des zones grises. et tout ça te... Il faut quand même déplacer des montagnes, mais bon, il ne faut pas perdre des temps. Mais il y a des problèmes aujourd'hui. C'est-à-dire que toi,
- Speaker #0
dans les entreprises que tu as créées, tu as aussi modifié des systèmes existants, des pads classiques. Tu as créé aujourd'hui des habitats qui correspondent à des nouvelles demandes de la société, que ce soit les personnes âgées elles-mêmes ou les familles, parce qu'on n'a pas parlé aussi du burn-out des familles ou de la pénibilité des familles parfois déléguées, en disant qu'il y a cette culpabilité qu'on a de mettre son parc.
- Speaker #1
Et moi, on a même un discours. qui va même au-delà de la culpabilité. Évidemment, on pense à la culpabilité. Je pense qu'il y a autre chose qu'il faut aborder, qui est en fait les excès du consumérisme qu'on observe dans toute la société, mais en particulier dans le soin. Le soin et l'accompagnement ne se consomment pas. Accompagner une personne âgée... Pourquoi il y a des EHPAD, pourquoi il y a des services d'aide à domicile ? C'est qu'en fait, accompagner une personne âgée qui a une perte d'autonomie avancée, notamment cognitive, c'est très difficile. C'est tout de suite du domaine du dilemme éthique, quand on le vit. C'est ce que je dois priver cette personne de la liberté pour sa sécurité, c'est souvent ça. Et parfois, on a l'impression qu'il y a une espèce d'illusion collective qui est que je vais confier ça à des professionnels. On a vu qu'en plus, ils sont sous le pays, ils m'ont mal considéré, etc. Je vais confier ça à des professionnels. Et puis du coup, le dilemme, je ne sais pas, il va disparaître. Je vais pouvoir considérer que c'est un service qu'on m'a vendu. Donc, je dois exiger une qualité parfaite. Puis, je peux taper sur les doigts des gens qui font ça. En fait, ça, ça ne marche pas. Et c'est même délétère. Parce qu'en fait, quand on fait ça, qu'est-ce qu'on fait ? On incite l'entreprise à vous pipoter pour faire les choses avec des espèces de critères de qualité complètement... On a fait remplir tel questionnaire, on a coché telle case. Puis du coup, après, vous avez des professionnels à qui on demande de cocher des cases pour vous montrer des plaquettes où on a rempli des trucs, plutôt que de vraiment s'occuper des personnes en bon professionnel. Et donc, nous, on croit beaucoup à la co-responsabilité. C'est-à-dire qu'en fait, il ne faut pas consommer, il faut dialoguer avec les professionnels. C'est très difficile à l'échelle d'un grand. C'est possible dans un EHPAD et tout, d'aller parler avec les personnes, essayer de comprendre les gens qui s'occupent de votre proche. quelles sont les situations qu'ils vivent, pourquoi ils ont des difficultés de dialoguer avec eux. Mais c'est encore plus simple. À l'échelle d'un habitat partagé, c'est plus simple et c'est presque automatique parce que vous êtes à l'échelle d'une petite maison, vous allez arriver, vous partagez un repas, vous faites la vaisselle avec l'auxiliaire de vie. Bon, vous discutez et vous comprenez et vous n'avez pas la même relation. Et en fait, nous, on croit beaucoup à ça. Et là aussi, le secteur peut être, encore une fois, une inspiration pour la société parce que cette approche trop consumériste des choses... Elle est souvent un peu délétère.
- Speaker #0
Mais il y a aussi ce terme qui est hyper intéressant de « consomme-acteur » . Parce qu'en plus, ce livre s'adresse à des personnes qui, dans 10 ou 20 ans, vont être concernées par ce grand âge. Moi, je pense aussi à mes parents qui sont à l'aube de leurs 70 ans. Ils ont déjà ces discussions aujourd'hui avec leurs amis de « qu'est-ce qu'on va faire dans 10 ou 20 ans ? » « Qu'est-ce qu'on va faire ? Qu'est-ce qu'on va construire ? » Donc, il y a aussi ce grand changement, je trouve, et pour l'avoir entendu au micro d'encore, où les personnes deviennent de plus en plus acteurs et actrices. de leur propre vieillesse. De dire, après, tu as un sort qui t'arrive sur la tête et une maladie qui peut arriver, et ça, tu auras beau rayer tous les ans pour une bonne santé, une bonne année, ça peut tomber dessus. Mais il y a quand même aussi quelque chose qui est en train de changer, de muter, c'est cette prise de conscience individuelle de son propre sort.
- Speaker #1
De toute façon, les chiffres parlent d'eux-mêmes. C'est-à-dire que le grand âge, statistiquement, alors il y a plein de situations différentes, mais statistiquement, c'est un peu une nouveauté dans le sens où... La génération des fameux boomers, dont on parle, des parents ou des miens, pour certains, ont connu l'accompagnement du grand âge de leurs parents. Bien sûr. Alors que leurs parents, à eux, étaient beaucoup moins nombreux à l'avoir connu, tout simplement parce qu'on vivait beaucoup moins l'expérience de vie. Elle a pris quasiment 20 ans, 50 ans. Donc les grands-parents...
- Speaker #0
Et en bonne santé.
- Speaker #1
Voilà, de nos parents, vivaient beaucoup moins vieux. Donc les problématiques étaient différentes. Et donc là... Effectivement, les boomers qui ont vu leurs parents parfois avoir des pertes d'autonomie très importantes à la fin de leur vie réfléchissent pas mal à la leur. Donc c'est bien. Effectivement, ils ont tendance à être plus préventifs à la fois dans l'aménagement de leur domicile, des choses toutes bêtes qui peuvent changer beaucoup de choses. Parce que c'est un truc tout con, mais la douche à l'italienne, il ne faut pas la faire le jour où vous avez le fémur cassé. Il faut le faire avant parce qu'après, c'est trop tard. Et le fait de le faire avant, ça fait peut-être que quand vous allez avoir une chute, vous allez pouvoir rester chez vous, vous rééduquer, continuer à être dans votre environnement, ne pas être déraciné et ça va changer beaucoup de choses. Donc voilà, il y a évidemment...
- Speaker #0
Une culture préventive qui s'installe.
- Speaker #1
Qui est quand même un peu le parent pauvre de la prévention aujourd'hui en France. C'est un peu une cata sur la santé. Ce n'est pas quelque chose qui est inscrit. On guérit plus qu'on prévient aujourd'hui.
- Speaker #0
C'est ça. Mais toujours pareil. Je ne sais pas si tu as vu le film Les Esprits Libres. Non. Mais je t'enverrai là. Parce que les auteurs ont écrit un manifeste aussi assez extraordinaire. C'est un film sur des personnes âgées qui ont la maladie d'Alzheimer, qui font de l'art, accompagnés. C'est un film magnifique. et Eux, ils insistent, comme d'autres, sur une vision positive. Même la prévention doit être vue comme quelque chose de positif. On est là. La prévention, ce n'est pas prévenir la maladie, c'est continuer à maximiser de manière positive les potentialités qu'on a. Et ça, c'est vachement important. Parce que sinon, ça peut être anxiogène, la prévention. Aller faire tes bilans, tes machins, aller voir le type qui te dit qu'il faut ramener le béton domicile avant d'avoir le moindre problème, c'est horrible. Le voir comme, en fait, comme quand je fais un programme d'entretien physique, même je développe, mais je peux encore développer des choses nouvelles. à tout âge, c'est ça aussi.
- Speaker #1
C'est là où la tendance du biohacking, c'est intéressant, c'est une tendance qui est très poussée dans les pays anglo-saxons, qui commence à arriver aussi en France. Tu vois ce que c'est, ces personnes qui veulent absolument hacker la biologie et très tôt...
- Speaker #0
Oui, comme le milliardaire de Ticone Valley qui fait transfuser du sang... Voilà,
- Speaker #1
c'est la star, c'est le pente du biohacking, c'est pas une référence pour tout le monde, mais on sent quand même... Pour le coup, là, c'est extrême. Je trouve qu'il y a des choses qui sont faites et qui méritent... Bon, ça fait peur, limite. C'est dystopique et t'as l'impression d'être dans un mauvais film. Mais ça existe. Il y a des gens très jeunes maintenant qui veulent hacker ce vieillissement naturel aussi de leur corps.
- Speaker #0
Ouais, mais non, mais moi, je trouve ça très bien. Après, je pense que là-dedans, il faut avoir une vision vraiment holistique et intégrer l'humain. Parce qu'on sait les vertus, par exemple, du lien social, de l'humain, de la participation sociale sur la prévention, par exemple, sur les troubles cognitifs maladie d'Alzheimer. L'isolement social est un facteur, comme pour beaucoup de maladies d'ailleurs, un facteur aggravant. Je pense qu'il faut, à mon avis, pas juste être un geek en faisant du crossfit et en buvant des jus dans son coin, ça ne suffit pas. Je pense qu'il faut aussi partager, être actif dans la société, avoir une utilité, ça a aussi beaucoup de vertus. Mais évidemment, il faut prendre soin de son corps également.
- Speaker #1
Complètement. Est-ce qu'il y a d'autres choses dont on n'aurait pas parlé du livre, ou tu aurais envie d'évoquer à des auditeurs, auditrices ? leur donner envie de lire aussi le livre ? Est-ce que tu as des choses que tu aimerais leur transmettre ?
- Speaker #0
Non, mais ce livre, je pense que tous les gens qui se posent des questions sur ce secteur, qui ont envie d'un récit positif, c'est ça. Parce que ce n'est pas toujours simple de percer dans les médias avec un discours positif, donc merci de nous l'inviter. Et voilà, j'ai envie de dire, les gens qui se demandent comment, qu'est-ce qui peut les motiver à agir dans le monde d'aujourd'hui, je pense que de manière... peut-être insoupçonnée, la vieillesse est un moteur. Assumer les années qui passent, en fait, ça rend heureux. Et être acteur là-dedans, je pense que c'est positif, c'est sympa.
- Speaker #1
Oui. Il y a même un mot que j'ai adoré, je crois que c'est en quatrième de couvre, ou en conclusion, c'est tu dévis un moment du bien vieillir en disant juste bien vivre. Et ça, c'est quelque chose, moi, que j'ai à peu près eu une soixantaine de personnes au micro. Donc beaucoup... plus de 70 ans et quand je pose à chaque fois la question de qu'est-ce que c'est vieillir, la réponse que j'ai quasiment 100% des fois, c'est vivre. Point. Et ça, c'est un beau message qu'on a envie de transmettre et qu'on ressent aussi à la lecture de cible. On parle beaucoup d'infrastructures, on parle beaucoup de choses qui sont tangibles, on parle beaucoup d'accompagnement, on parle beaucoup de la complexité, mais finalement, on en revient à la simplicité qu'à un moment, oui, on va finir par mourir, faisant en sorte que ce soit le plus longtemps possible et faisant en sorte que... Toutes les étapes qui nous amènent à ce moment-là, elles puissent être accompagnées, on puisse être entouré, dignement comme tout être humain. Finalement, c'est ça.
- Speaker #0
Oui, exactement. Et puis, continuer soi-même à accompagner, avoir une utilité, c'est ça. En fait, je pense que c'est profondément humaniste de chercher soi-même et pour les autres, d'avoir une utilité sociale tout au long de sa vie. Cette quête ne peut pas s'arrêter parce qu'il y a des ennuis de santé, des choses qui viennent et bâtir cette idée.
- Speaker #1
Complètement, à fond. Parce que tu l'as dit tout à l'heure en préambule où tes amis, ton entourage, disaient mais qu'est-ce que tu vas faire dans ce secteur ? Moi, quand j'ai lancé mon podcast sur la vieillesse et ce podcast continue parce que parfois tu lances un truc et ça ne perdure pas et je continue à produire des projets à impact dans ce secteur. Quand souvent on me dit mais t'es jeune, pourquoi ? Et c'est de l'agisme qu'on me dit. Pourquoi tu bosses là-dedans ? À chaque fois, je me raccroche à l'idée de ces petits récits qui évoluent. Parce que quand on écoute les grandes masses, quand on écoute ce qui nous entoure, c'est sûr que ça peut être triste. Mais il y a tellement de jolis récits aujourd'hui qui concernent la vieillesse et qu'on a à portée de main. C'est-à-dire aussi remettre... du lien dans nos propres filiations, s'intéresser différemment à nos personnes âgées autour de nous, à nos aînés. On part toujours du principe... Pour le coup, moi, c'est ma dernière grand-mère qui est décédée qui m'a inspirée ce podcast. Avant qu'elle décède, je suis allée lui poser des questions que je ne lui avais jamais posées. Et j'ai réagi tard, mais au moins j'ai réagi. Et j'ai eu des réponses. Et si elle était là avec tout le projet que j'ai fait maintenant, je lui poserais sans doute des milliers d'autres questions. Et beaucoup plus centré sur le présent et le futur. Moi, je milite pour qu'on parle au présent, au futur, aux personnes plus âgées qu'on rencontre. C'est intéressant de savoir ce qu'elles faisaient avant, mais ce n'est pas que ça. Et remettre du présent, du désir, des rêves aux personnes plus âgées qu'on rencontre, je trouve que ça crée aussi quelque chose qui est fabuleux.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Est-ce que toi, tu sens le changement de regard actuellement, justement, des gens qui te disaient pourquoi tu es jeune et tu fais un truc sur la vie ?
- Speaker #1
Et pour moi, il y a un véritable mouvement qui se met en place. Oui, je le sens. Et je le sens aussi dans les entreprises. On va beaucoup plus considérer maintenant aussi l'employé qui est potentiellement aidant à une partie de sa carrière. Donc il y a des mécanismes qui sont en train de sauter et on regarde différemment. Après, quand on baigne dans ce sujet, on est forcément très intéressé. Et donc moi, je rencontre encore parfois des gens, quand je prononce le mot agisme, ils ne savent pas ce que c'est. Donc on n'a pas non plus atteint le point comme l'écologie ou la lutte contre l'égalité homme-femme ou des sujets qui sont aujourd'hui très présents. On a atteint, je pense, un niveau de connaissance assez identique. Sur la vieillesse, sur l'interjet, sur la lutte contre l'âgisme, je pense qu'on n'a pas encore atteint ce niveau. Mais ça augmente, c'est sûr. Donc, merci à toi de produire ces projets à impact.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #1
J'ai deux dernières questions. Je propose toujours à mes invités de me parler de leurs rêves et de leurs désirs. Moi, j'aimerais bien que tu me parles aussi des tiens, que ce soit pour tes projets... pro tes entreprises ou pour ce livre ou pour la société ? Qu'est-ce que tu aurais en rêve et en désir ?
- Speaker #0
Le rêve, c'est effectivement que les projets continuent à se développer, mais parce que le secteur bouge vraiment et de voir le secteur, l'accompagnement des personnes âgées en perte d'autonomie, je suis précis, pas juste le rapport à la vie, mais précisément ce secteur-là changer. J'abonde dans le sens qu'il y a un mouvement, mais il y a des inerties liées à des réglementations, des modèles économiques qui sont lourdes à changer, qui mettent trop de temps à changer.
- Speaker #1
Tu as une carrière de politicien qui s'annonce.
- Speaker #0
Je ne sais pas, mais il y a un rêve de vraiment faire changer ça. Et après, les désirs. Moi, personnellement, c'est vrai que j'aime bien lancer des projets innovés. Donc, je vois encore plein de choses. On va suivre alors les prochaines années. Je pense qu'il y a plein de choses à faire et c'est passionnant. Et je pense surtout qu'il y a de la... Le désir, c'est aussi d'être entouré, de voir d'autres personnes. Tu parlais de transmission tout à l'heure. plus jeunes ou moins jeunes d'ailleurs, ne faisons pas de l'agisme sur l'entrepreneuriat, parce que c'est aussi un peu classique, on a pris un peu moins de 25 ans pour créer une boîte, mais en réalité il y en a pour tout le monde. Il y a plein de choses à faire dans ce secteur. Et puis la transition démographique, sans se dire que c'est un eldorado, parce que ça peut être des associations, ça peut être des entreprises de impact, ça peut être plein de choses, il y a beaucoup d'initiatives. à mener au niveau local, au niveau national, dans l'habitat, dans l'utilisation éthique et pertinente de la technologie, dans le côté financier, parce qu'en fait, les poches de l'État, on voit bien qu'elles ne vont pas être assez profondes pour la transition démographique. Donc, il va falloir inventer autre chose. Il y a énormément de choses à réfléchir. Il ne faut pas le voir comme forcément une crise à venir. mais énormément d'opportunités de lancer des nouveaux services, des innovations.
- Speaker #1
Et tu as expliqué dans un des derniers chapitres tous les bénéfices qu'il y avait à réfléchir, non plus en tant que charge, mais en tant que véritable valeur ajoutée, bénéfice pour tout le monde.
- Speaker #0
Oui, exactement. Je pense que ça peut être un des endroits où aussi, enfin, on invente une économie qui n'est pas complètement borgne, qui ne regarde juste à travers un prisme, qui est le compte de résultats, mais qui voit tous les impacts. positif ou négatif sur l'ensemble des parties prenantes. On est obligé de le faire pour démontrer qu'un, par exemple, qu'un habitat partagé avec une crèche intergénérationnelle à côté, ça crée énormément de valeur, même si elle est contenue absolument pas dans le modèle éco, mais ça crée énormément de valeur sociale qui mérite d'être valorisée et d'être encouragée du coup, parce qu'en réalité, c'est plein de coûts évités derrière pour la collectivité. De coûts sociaux, médicaux, environnementaux, etc. C'est ça qui est passionnant, c'est que Merci. À un moment, on n'a plus le choix que d'inventer une nouvelle manière de regarder l'économie et notre secteur. Et sans doute, moi c'est ma conviction, un des endroits où ça va s'inventer, parce qu'il n'y a pas d'issue autre. Bien sûr. Et que, heureusement, on est encore, et j'espère pour le plus longtemps possible, sensibles à cette cause. Ça nous touche, c'est encore notre famille, etc. C'est pas les enfants qui travaillent à l'autre bout du monde, ça nous indigne, mais en fait, c'est bien faire l'autruche. Pour les personnes âgées, on... La bonne nouvelle, c'est qu'on ne fait pas trop le truc. On a quand même encore une capacité à se bouger.
- Speaker #1
Et tant mieux.
- Speaker #0
Tant mieux, exactement.
- Speaker #1
Dernière question, le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que tu mets derrière ce mot ? Qu'est-ce que ça t'évoque ?
- Speaker #0
Encore plus de positifs, de nouveaux regards sur la vieillesse, les personnes âgées. Encore plus d'épisodes d'un podcast qui s'appelle Encore. Non, mais bravo, parce que je pense vraiment qu'on a besoin... de récits positifs et on sait que c'est pas toujours ceux qui percent le plus vite c'est plus simple de faire du sensationnel de la dénonciation ou autre et bravo parce que je pense que ça on a besoin de tous ces micro-contenus et de raconter des histoires, on est quand même on se met en mouvement grâce aux récits des récits qui inspirent merci pour ton récit qui inspire pour le livre Bonjour Vieillesse,
- Speaker #1
je remettrai le lien c'est l'édition l'aube il a été publié récemment tu fais une tournée des libraires comment ça se passe ? on nous invite on vient avec plaisir ok trop bien j'espère que tu seras invité moi j'invite toutes les personnes auditeurs, auditrices tous les âges confondus à lire ce livre il se lit très très bien il y a des très très belles anecdotes et surtout il y a des solutions moi j'aime bien aussi quand il y a des solutions parce que porter des constats c'est très intéressant je pense que chacun peut y retrouver une petite graine et il y a des actes qui sont super simples parce que parler de bénévolat parfois il y a des gens qui vont avoir des freins à s'inscrire dans une démarche bénévole pour x ou y raisons, mais juste des changements de regard, juste s'intéresser à l'autre, un bonjour à un voisin plus âgé.
- Speaker #0
On raconte, il y a des EHPAD qui font des to-go-to-go. C'est tout bête, mais aller prendre un to-go-to-go dans un EHPAD et dire bonjour à trois personnes âgées au passage, ça ne paraît rien, mais c'est multiplié par 70 millions.
- Speaker #1
Il peut y avoir des histoires, moi j'ai pris le bus récemment avec Annette, une voisine que j'ai rencontrée, qui n'est pas voisine, je ne l'avais jamais croisée, mais elle est à peut-être 500 mètres de chez moi Et j'ai discuté un quart d'heure dans le bus avec elle. Et c'était fabuleux. Et pas une question n'a été évoquée sur son passé. Je me suis aussi, mais j'ai appris sur elle. J'ai énormément appris sur elle. Et j'espère la recroiser. J'ai oublié de prendre son numéro, donc si Annette m'écoute, je vais squatter son arrêt de bus pour essayer de la retrouver. Mais voilà, il y a des belles histoires qui peuvent être possibles. Et globalement, remettre de l'humanité aussi un petit peu partout. Ça, je pense que ça s'ouvrira à l'autre. Être curieux de l'autre. C'est une phrase que j'ai entendue d'Edouard Stagg que j'ai eu à mon micro il y a quelque temps. Cultiver sa curiosité de l'autre jusqu'au bout. Ça, c'est beau. Est-ce qu'on termine là-dessus ?
- Speaker #0
Ça me paraît...
- Speaker #1
Ça te va ? Merci beaucoup, Guillaume.
- Speaker #0
Merci,
- Speaker #1
Claire. Bon retour. Puis, longue vie à Bonjour Vieillesse. Je pense qu'il y en aura d'autres parce que c'est le deuxième livre que tu as écrit avec tes compères.
- Speaker #0
Oui, on ne va pas s'arrêter là.
- Speaker #1
L'autre, c'était sur la...
- Speaker #0
La Société du lien. C'était plus spécifiquement sur les métiers d'auxiliaire de vie. Comment on pouvait imaginer le revaloriser et comment en faisant ça, on développait aussi une autre vision du travail applicable, c'est toujours l'ensemble de la société.
- Speaker #1
On va déjà laisser celui-ci vivre, parce qu'écrire un livre, c'est quand même une étape. Et donc, longue vie à celui qui existe. Et d'ailleurs, je dis que la couverture, elle est très belle.
- Speaker #0
Très bon choix. Ce sont deux colocataires d'une de nos maisons. Ce n'est pas une image sur Getty.
- Speaker #1
Ça se voit que c'est du vrai. Donc, bon choix de couverture et bon choix de titre. Merci beaucoup, Guillaume. Merci d'avoir écouté cet épisode j'espère qu'il vous a plu si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout, parlez-en autour de vous et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram, à bientôt hors série d'Encore, hors série d'Encore