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Enfance en nature par Claire Velly

#45 Enseigner autrement : comment l'école dehors a transformé sa pratique, avec Marie Deboffles (@les_petits_ecolos)

#45 Enseigner autrement : comment l'école dehors a transformé sa pratique, avec Marie Deboffles (@les_petits_ecolos)

1h06 |02/04/2025
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Enfance en nature par Claire Velly

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1h06 |02/04/2025
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Description

Dans cet épisode, je vous propose un échange avec Marie, enseignante et formatrice, qui accompagne aujourd’hui des professeurs dans la mise en place de la classe dehors.


Marie nous raconte le déclic qu’elle a eu à une période de sa vie d’enseignante où elle se sentait étouffée, et comment faire classe dehors lui a donné un nouveau souffle.


Aujourd’hui, son souhait est de montrer aux enseignant.es qu’il est possible d’accompagner des enfants dehors, sans se compliquer la tâche et en ayant seulement à disposition une cour de récréation.


Un partage à la fois doux et authentique qui en inspirera surement beaucoup d’entre vous..! 🌳


Pour en savoir plus sur mon invitée du jour et retrouver ses références, rendez-vous ici.


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🔥ACCOMPAGNEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS : CREER ET LANCER UN PROJET D'ACCUEIL EN NATURE 🔥


Pour retrouver toutes les informations sur les accompagnements collectifs et individuels destinés aux porteurs et porteuses de projets en nature, rendez-vous ici : https://pedagogieduvivant.fr/accompagnements/


Les inscriptions pour ce printemps sont ouvertes jusqu'au 20 avril, prenez vite votre place !


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Moi, c'est Claire et vous pouvez me retrouver et me contacter sur :

🌱Instagram

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Belle écoute ! 🌳


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marie, avec qui nous avons abordé des sujets assez variés mais qui tournent tous autour de l'accès des enfants à l'extérieur, puisque Marie a été enseignante pendant plusieurs années et vous allez l'entendre, il y a un moment où il y a eu un basculement dans sa manière d'enseigner. Un changement qui est arrivé, j'allais dire d'un jour à l'autre, mais vous allez entendre que c'est même d'une minute à l'autre, où tout d'un coup, elle a eu le besoin et l'envie du coup de sortir et d'emmener ses élèves à l'extérieur, notamment en forêt. Et ce basculement a amené un changement global et profond dans sa manière d'enseigner, puisque... Ça l'a amenée à prendre du recul avec sa pédagogie et sa posture, la façon dont elle s'adressait en tant qu'enseignante aux enfants et la façon dont elle les accompagnait. Voilà pour le portrait très rapide de Marie. Je m'arrête là pour le détail de l'échange et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marie

  • Speaker #1

    Bonjour

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente d'être avec toi ce matin pour un petit moment d'échange. Pour qu'on situe un petit peu ce que tu fais actuellement, est-ce que tu peux nous dire quelle est ton activité professionnelle actuelle et dans quel coin tu es installée

  • Speaker #1

    Alors, je suis installée... dans les Hauts-de-France. De toute façon, je pense que ça va s'entendre pendant le podcast. J'habite à 40 km de Lille. Alors, mon activité professionnelle, c'est un peu les cinq branches d'une étoile. Je ne me restreins pas et je fais quand même beaucoup d'activités différentes. Alors, je forme des enseignants à faire classe dehors. Alors, principalement, déjà, sortir de la classe et oser aller... dans la cour de récréation ou dans un espace naturel proche. Ensuite, je crée du contenu pour faire des séances dehors. Je fais de la vente de fichiers sur mon site internet. Ensuite, j'anime des ateliers qui s'appellent les petits trappeurs. Ça, c'est le mercredi. Une fois de temps en temps, j'ai des enfants de tous les âges et on apprend à reconnecter à la nature et à s'amuser. avec la nature. Et ensuite, j'interviens dans les écoles. Je fais des kermesses écologiques. Donc, je viens animer et installer 8 à 10 ateliers. Et puis voilà, les enfants tournent d'atelier en atelier. Voilà pour ma vie professionnelle et aussi, puisque une étoile, ça a 5 branches, j'écris des livres. Je suis autrice.

  • Speaker #0

    Ok. Bon. On rentrera dans le détail un peu de tout ça tout à l'heure. D'abord, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début d'épisode, que j'aime beaucoup. Est-ce que tu veux bien nous dire quel était ton rapport à la nature quand tu étais enfant

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que je suis une enfant qui a quand même pas mal manqué de nature. En fait, j'avais un tout petit jardin. goudronnée avec presque pas de terre, de fleurs, il n'y avait pas d'arbres. Par contre, j'avais un grand parc derrière. En fait, les seuls souvenirs que j'ai de la nature quand j'étais petite, c'était aller chercher du muguet en forêt avec mon papa. C'était le rituel au 1er mai. Et après, c'était des randonnées en pleine nature, mais assez forcées. Mes parents adoraient marcher, mais je me sentais vraiment obligée. Moi, ce n'était pas quoi Ce n'était pas quelque chose que j'aimais particulièrement. Donc, en fait, je n'ai pas ce truc de j'adore la nature quand je suis petite. Non.

  • Speaker #0

    OK. Tu y es venue plus tard, du coup.

  • Speaker #1

    Oui, largement plus tard.

  • Speaker #0

    OK. Alors, pour qu'on ait aujourd'hui, tu as plusieurs activités professionnelles. Mais au démarrage tu étais enseignante, est-ce que tu peux retracer dans les grandes lignes tes années d'enseignement pour qu'on sache un peu quel niveau tu as eu, dans quel cadre, si c'était plutôt des petites ou grandes écoles, en ville, à la campagne

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai fait mes études à Lille, donc j'ai commencé à enseigner à Lille. Les premières années, à ce moment-là, en fait on avait une classe à mi-temps et une classe à quart-temps. Donc j'avais des CM1, CM2 le mardi et j'avais des tout petits le jeudi et le vendredi. Le lundi c'était un jour réservé à la formation. Ensuite, comme tous les enseignants, j'ai été mutée un peu plus loin, donc j'ai déménagé. Et j'ai été remplaçante pendant un an. Ensuite, j'ai été décharge de directeur pendant deux ans. Donc, j'ai eu vraiment de tous les niveaux, un petit peu dans plein d'écoles différentes, en ville, un peu plus à la campagne, etc. Et en fait, je suis tombée enceinte. J'ai eu mon bébé et j'en avais marre d'avoir mes affaires partout, dans plusieurs écoles différentes, d'avoir des niveaux différents tout le temps. Donc j'ai décidé de prendre la direction d'une école maternelle. Voilà, donc pendant six ans, j'ai été directrice d'une école maternelle. Je ne suis pas allée dans la forêt tout de suite, c'est venu un petit peu après. Et ensuite, j'ai été directrice d'une école élémentaire à la campagne, la dernière année où j'ai enseigné, avec des CM1, CM2, des CM1 pardon, pas des CM1, CM2, des CM1. Et puis voilà, je suis en disponibilité, c'est ma troisième année de dispo là. Donc en fait, j'ai été enseignante dans différents niveaux, maternelle, élémentaire, aussi dans plusieurs milieux sociaux. Donc j'ai plutôt fait 80% de milieux sociaux très défavorisés et très peu de milieux favorisés finalement.

  • Speaker #0

    Ok. Du coup, là, tu as évoqué le fait que tu as parlé de forêt au milieu de tout ça. Et en fait, si aujourd'hui, tu formes des enseignants à faire classe dehors, c'est parce qu'à un moment donné, tu t'es mise à emmener les enfants en extérieur. Est-ce que tu veux bien raconter comment c'est arrivé Qu'est-ce qui t'a donné, à un moment donné, envie de sortir avec les enfants

  • Speaker #1

    En fait, je crois que je supportais plus très bien ma manière d'enseigner, déjà. En fait, il y a eu le déclic, mais avant le déclic, il y a eu beaucoup de moments où je me sentais complètement désalignée avec ma manière de faire, donc je m'observais, un peu comme si on pouvait être capable de sortir de notre corps et de se positionner en tant que caméra. Et il y a eu beaucoup de moments où je me suis sentie très peu à l'aise avec ma manière d'enseigner, de parler aux enfants, de leur demander de se taire, de leur demander d'arrêter de bouger à mes enfants et aussi à mes élèves. Et puis j'ai eu beaucoup de réflexions sur mais qu'est-ce que la vie d'un enfant dans les années 2020 finalement, à quoi ça ressemble une journée d'enfant On se lève... Et puis les parents demandent, fais ci, fais ça, déjeune ci, déjeune ça, dépêche-toi, habille-toi. Et un tas d'ordres en fait, vu que j'étais maman, déjà du réveil jusqu'à mettre les miens à l'école. Et ensuite, j'arrivais en tant que directrice et je m'entendais, on enlève son manteau, on rentre dans la classe, on peut jouer un petit peu. Allez, on range, on s'assoit, tac, tac, tac. Et je pense que c'est plus encore ça qui a contribué que le jour où j'ai eu l'idée de sortir en forêt. Et il y a eu... des semaines, des mois où je me suis sentie pas bien du tout. J'observais, je me mettais dans leur peau, et je me disais, mais c'est horrible d'être enfant, c'est tellement horrible. Et moi, quand j'ai voulu être enseignante, je me faisais des promesses, je me promettais que je ne serais pas une enseignante comme les autres, qu'avec moi, les enfants allaient pouvoir jouer, aimer l'école. Et en fait, je me disais, maintenant, t'es comme tout le monde, tu leur donnes des ordres, tu cries. Et c'est pas drôle d'être ton élève, c'est pas drôle d'être ton enfant. Donc ça, ça a bien maturé. Et puis, en fait, il y a eu le Covid. On a été vraiment empêchés de sortir. Et puis ensuite, on nous avait demandé de faire un hommage à Samuel Paty. En fait, un an... Ah non, c'est pas un an après son décès, c'est... En fait, il est... Il est décédé juste avant les vacances de la Toussaint. Et à la rentrée des vacances de la Toussaint, on nous a demandé de lui faire un hommage, un hommage à la liberté. Et je me suis dit, mais un hommage à la liberté à 4 ans, qu'est-ce que je vais faire avec mes élèves Comment je vais trouver les mots Qu'est-ce que je vais faire de ça Et je n'ai pas trouvé d'idée jusqu'à arriver à l'école ce matin-là, un peu excédé, parce que je n'avais pas d'idée et que comme d'habitude, on nous dit des choses. C'est un hommage à la liberté, mais on nous laisse complètement dans le flou. Comme si, bon allez, vous êtes libres pédagogiquement parlant, faites ce que vous voulez. Et donc en fait, je suis arrivée à l'école et j'ai recommencé, asseyez-vous, taisez-vous, arrêtez de bouger, blablabla. Et là, ça m'a fait un déclic. Je me suis dit, la liberté, c'est quoi la liberté Pour toi, qu'est-ce qui te vient en tête J'ai fermé les yeux, j'entendais le brouhaha dans ma classe. Et je me suis dit, la liberté, c'est la forêt. Et en fait, il y a deux fils qui se sont touchés. On avait fait le World Cleanup Day un mois avant. Je me suis dit, mais si on va ramasser des déchets en forêt, on peut y aller du coup. C'est à 10 minutes à pied. Et donc, j'ai pris mes affaires, tout ce que j'avais préparé pour la matinée. J'ai dit à mon atsem, en fait, on va aller faire classe en forêt. Je vais juste prendre les trucs et on s'en va. Donc, on est parti et on a fait un cercle. dans un chemin forestier, on a fermé les yeux et je leur ai dit le mot de liberté, on a réfléchi à ce que ça signifiait pour nous, un grand espace, des petites maisons d'animaux libres là, dans la nature, et c'était génial. C'est un moment que je n'oublierai jamais de ma vie. On a fait notre matinée d'école en forêt et ensuite les enfants ont réclamé, On ressortait plusieurs fois par semaine pour aller faire classe en forêt. Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire classe dehors.

  • Speaker #0

    C'est vraiment sorti du cœur. C'est la spontanéité totale dans la sortie et ce moment où c'était plus supportable pour toi. Franchement, c'est beau. J'imagine un peu le... l'état dans lequel tu étais, mais là, du coup, de t'entendre le raconter quelques années après, moi, ça me touche beaucoup. Et du coup, donc, les enfants, ce que j'entends, là, c'est qu'ils se sont régalés tout de suite et qu'ils ont eu envie de ressortir. Est-ce qu'il y a eu un moment, du coup, où tu t'es dit, bon, bah, du coup, ok, si on sort davantage, que je fais davantage. davantage classe dehors. Tu vois, j'ai le mot formalisé qui me vient, mais c'est pas vraiment ça. Mais en tout cas, ok, comment est-ce que je me mets à intégrer ces temps de classe en extérieur Comment est-ce que t'as pensé tout ça et du coup, t'as finalement repensé ta manière d'enseigner et de transmettre

  • Speaker #1

    En fait, je pense que ça m'a fait un déclic un peu général sur ma manière d'enseigner. J'ai lâché prise en fait. L'avantage était que j'étais directrice et donc je n'avais pas quelqu'un au-dessus de moi pour me dire non, ce n'est pas possible, c'est trop de contraintes, etc. Ce que j'ai fait, c'est que déjà j'ai prévenu l'inspection le jour où j'ai fait ça parce qu'on devait expliquer un peu ce qu'on avait fait pour cette journée d'hommage. Donc moi... Il y en a qui avaient envoyé des photos. Donc moi, j'ai envoyé ça. Et j'ai dit à l'inspection, en fait, merci. Merci, désolé, parce que je me suis beaucoup plainte. Mais merci, parce que moi, j'ai ouvert les yeux et c'était génial. Voilà notre hommage. J'avais pris des photos. Enfin, j'avais demandé à mon ADSEM de nous prendre en photo. La photo était magnifique. Et donc, c'est tout. J'ai prévenu mon inspectrice que je retournerais faire classe en forêt. Et elle m'a dit... Elle m'a... Elle m'a dit Ok, très bien, faite J'ai prévenu les parents aussi, assez rapidement, que j'allais y aller régulièrement. Mais c'était à 10 minutes, je m'étais renseignée, il n'y a pas de contrainte en fait. Il n'y a pas de demande d'autorisation, c'est sur le temps scolaire. Tant que le taux d'encadrement est respecté, il n'y a aucun problème. Donc aucun frein. Et en fait, j'ai appris à écouter mon cœur plutôt que mon cerveau. J'ai appris à écouter mon intuition et à regarder l'état général. des élèves, l'énergie qui circule. Et j'ai vraiment ouvert le champ des possibilités. Dès que je pouvais aller dehors, j'y allais. Donc soit je transformais un peu et on allait dans la cour de récré, ou soit on partait par demi-journée en forêt. Et en fait, parfois, je n'avais pas prévu d'y aller, et j'y allais parce que, je ne sais pas, j'avais envie. Donc, je me disais, là, on a écriture, on a musique, on a maths. Ouais, bon, il n'y aura pas de jetons, mais il y aura des bâtons. On fera comme ça. J'y allais vraiment à l'arrache. En fait, j'en avais un petit peu marre de mon boulot. Et je me disais, je pense que je suis une assez bonne enseignante de grande section pour être inspirée. Et en fait, à chaque fois que j'allais en forêt, c'est en étant sur le terrain. que je trouvais des manières nouvelles de faire, de l'inspiration. À chaque fois, on devait rentrer et on disait Ah bah non, on va quand même faire la séance de motricité ici, on va se débrouiller. Et je faisais avec les moyens du bord. Et plus j'y allais, plus je me sentais inspirée, plus j'avais de nouvelles idées. Donc, en fait, je n'ai rien formalisé du tout. Et quand je forme les enseignants aujourd'hui, Je sais qu'il y en a que ça rassure de dire le jeudi matin c'est l'école en forêt parce que forcément surtout quand il fait froid il faut des tenues adaptées etc. Mais je trouve que plus on met de contraintes, plus c'est contraignant, moins on a de liberté, moins on a envie d'y aller, plus on se dit que c'est beaucoup de préparation matérielle, plus on s'empêche. Et c'est un peu dommage, du coup il faut écouter ses tripes. Tout comme à l'inverse ça pourrait être... écœurant de se dire on y va coûte que coûte, on y va sous la pluie, on y va s'il y a de la boue. Mais en fait, non. T'as envie d'y aller, t'y vas. T'as pas envie, t'y vas pas. C'est tout, en fait.

  • Speaker #0

    Il y a un mot que t'as employé, t'as parlé de lâcher prise, que toi t'as senti tout de suite que t'avais totalement lâché prise et finalement, c'est souvent ce que... Ce que j'entends moi aussi quand j'accompagne des enseignants à faire classe dehors et dans le podcast, les enseignantes qui sont venues expliquaient bien qu'au démarrage, c'était vraiment le plus difficile, se lâcher prise, de sortir de toutes ces cases, de toutes ces exigences, d'avoir peur de mal faire. Je trouve qu'il y a une... Il y a un truc qui amène les enseignants beaucoup à remettre en question ce qu'ils font, la manière... Alors, tu vois, je pense que c'est important dans la posture et en tant qu'être humain, qu'on soit enseignant ou pas, à partir du moment où on accompagne d'autres êtres humains, il faut s'interroger et prendre du recul, prendre de la hauteur sur notre posture. Mais je trouve que le système et tout ce qui est aujourd'hui demandé... je veux dire à l'école de manière générale a tendance à déstabiliser moi je ne suis pas enseignante et de ce que j'observe il y a beaucoup d'enseignants qui se demandent s'ils sont légitimes s'ils sont tout le temps en train de bien faire et comme si le moindre changement qu'ils allaient apporter ça risquait d'ébranler tout un système et que tout d'un coup ça allait s'effondrer et que ça ne sera pas bien et ça casse vraiment une confiance je trouve que les personnes en elles. Et forcément, là, de passer d'un huis clos à tout d'un coup, je vais dehors et je bouscule tout ce que j'ai appris, c'est hyper déstabilisant. Et se lâcher prise, moi, je l'entends beaucoup pour les enseignants que c'est difficile. Et j'imagine que quand c'est comme pour toi, que ça vient des tripes, en fait, effectivement, c'est ton cœur qui parle, c'est plus ta tête, donc les choses, elles sont... elles viennent beaucoup plus naturellement. Oui,

  • Speaker #1

    il y a toujours la contrainte des programmes, etc. Et en fait, cette pression, on se la met parce qu'on est quand même beaucoup surveillés. Ça va dépendre des écoles, mais par les parents, par la mairie en quelque sorte aussi. Il faut faire des projets, il faut faire rayonner l'école, par l'inspection. On a envie de... En fait, on reste des élèves. On est des enseignants, mais on reste des élèves avec... En fait, la majorité des enseignants étaient des bons petits soldats à l'école, les petits intellos, les petits élèves, et on est quand même assez soumis à une certaine forme d'autorité. Mais en fait, on ne se rend pas compte que toutes les contraintes qu'on se met pour être de bons enseignants, c'est aussi ça qui fait qu'on n'en est pas. Parce qu'en fait, on tire... sur une corde, on tire, on tire, on tire pour être ce qu'on attend de nous sans arrêt. Et puis, c'est un investissement sans limite. Donc, on ne se sent jamais être un bon prof, on ne se sentira jamais être un prof parfait ou avoir fait une séance merveilleuse, parfaite. Il n'y a rien à redire, ça n'existe pas. Tout ça parce qu'en face de nous, on a des humains. Et humain vient de humus et on oublie de où on vient parce que notamment nous sommes complètement déconnectés avec le béton, les bâtiments, les publicités, les écrans. On est déconnecté complètement de ce qui fait de nous, de l'humanité en fait, de nos ressentis, de nos énergies. On oublie de... Il y a un pique-épège dans mon jardin. Vous pouvez pas regarder. On oublie de quoi on est fait, on oublie d'où on vient, on oublie l'essentiel, on oublie notre essence. Et du coup, ça peut pas fonctionner. Et c'est ça. Mais c'est très compliqué d'expliquer ça. Ça fait un peu perché, mais en fait, avant le plaisir et ensuite les apprentissages. Avant le respect de l'enfant et ensuite les apprentissages. Parce qu'en fait, on est en train de se heurter à vouloir enseigner comme on l'enseigne, comme ça, à l'intérieur, avec des chaises. On se heurte à la nature profonde de l'humain. Et en fait, les enfants, c'est très agaçant. Parce qu'un enfant, c'est encore connecté au vivant. Un enfant, c'est encore très créatif, très joyeux. Tout est possible avec un enfant. Un enfant, c'est très inspiré. Donc c'est très agaçant pour un adulte qui a appris. à se conformer, à se conditionner, à se mettre dans un moule, à se couper un peu l'herbe sous le pied, c'est le cas de le dire. C'est très agaçant d'avoir des enfants pleins de vie, tout voyeux. Mais en fait, on a le choix de faire avec cette énergie ou contre cette énergie. Et si on va contre, on est perdant. Donc moi, ce que j'ai remarqué en allant en forêt, c'est qu'en respectant l'envie de bouger, le besoin de mouvement, parce que c'est d'abord un besoin avant une envie, on a tout à gagner. On a tout à gagner au niveau de la concentration des enfants et surtout de la... comment je pourrais dire ça D'abord la motivation et ensuite la mémorisation. J'ai compris que oui, je ferais moins de séances parce qu'il y a un trajet pour aller en forêt, mais que 10 exercices dans un cahier... Ça vaut une séance en forêt. Il n'y a plus besoin de quantité, mais juste de la qualité. Donc j'ai trouvé des subterfuges pour rassurer les parents, rassurer l'inspection. Je prenais des photos de ce qu'on faisait, parce qu'on joue en fait. Pour eux, on joue et on n'apprend pas. Alors qu'en fait, le métier de l'enfant, c'est de jouer. Ça, ça ne vient pas de moi, c'est Pauline Cargomar qui le dit. Je prenais des photos, je prenais des vidéos. Et voilà comment on a appris à compter aujourd'hui. Et en fait, le fait de rendre ça visible, d'expliciter ce qu'on faisait, forcément, j'avais les parents de mon côté, j'avais l'inspection de mon côté. Et je pense que ce qui a terminé de convaincre les parents, c'est leurs enfants pressés d'aller à l'école, leurs enfants crevés le soir, dans le sens où... forcément, lumière du jour, on se dépense, donc on dort beaucoup mieux, on a un sommeil beaucoup plus apaisé. Et puis voilà, sautiller en venant à l'école, je crois que c'est le plus beau des cadeaux.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair. Et dans toute cette spontanéité dans tes sorties, est-ce qu'il y a quand même des... Des rituels que tu as mis en place Est-ce qu'il y a des choses qui sont soit venues de toi, soit des enfants, dans ces sorties en forêt Est-ce qu'il y a des éléments dans les séances qui revenaient de temps en temps, où vraiment à chaque fois, chaque séance était différente

  • Speaker #1

    En fait, en forêt, on avait des tronçons de bois qui étaient éparpillés. Et du coup, j'avais demandé à la mairie si c'était possible pour eux de venir nous faire un espèce de coin regroupement. On avait fabriqué un tipi avec les enfants, démoulis une fois sur deux par les sangliers. C'est pas grave. Mais en tout cas, on avait quand même notre coin regroupement. Donc ça, c'était un point d'ancrage, un point clé pour les enfants. En fait, ça se passait un petit peu comme dans la classe, on va dire. Mais sauf qu'on était dans la forêt, donc on avait beaucoup d'espace. Mais pour les enfants, cet endroit de la forêt-là, c'était notre salle de classe, en fait, un peu. Il savait les limites à ne pas dépasser. Et donc ça, c'est le repère principal. Il est plutôt géographique. Le rituel, non, pas vraiment. On arrivait, on avait un petit temps libre aussi, le temps libre en arrivant, histoire que... Bon, ben voilà, on arrive, on se défoule. Après, on commence les activités, les ateliers. Il y a la récréation. Moi, ce que j'ai remarqué, c'est qu'il n'y a plus aucune dispute, en fait. C'est ce que je disais aux enseignants que j'ai formés ce mercredi. Je leur disais, pour moi, une cour de récréation goudronnée, ça équivaut à un loft story. C'est que vous mettez des enfants dans un espace où il n'y a rien. Mais qu'est-ce qu'ils font Ils se disputent. Il faut bien faire quelque chose. Il faut bien se stimuler d'une manière ou d'une autre. Il faut bien grandir et évoluer. Donc, en fait, si on n'a rien à faire, on va... créer, générer du conflit pour avoir quelque chose à faire, à s'occuper. La forêt, franchement, c'est rigolo parce qu'on est à l'école et on galère pour boire. Sortir avec un café quand on a une cour goudronnée, c'est une galère monumentale. On ne boit jamais le café. Toutes les deux minutes, il y a quelqu'un, il m'a tiré les cheveux, j'ai oublié mon gant, j'ai envie de pipi. Et ça ne s'arrête jamais. En forêt... Je m'ennuie, en fait. Je suis dans la forêt, je regarde les élèves et je suis même, moi, devant un dessin animé. C'était vraiment... Ce que je ressentais au fond de moi, c'est des vibrations très puissantes de... Waouh Ça y est, je suis la maîtresse dont j'ai rêvé. Je les respecte, ils sont bien. Ils sont en train de créer leurs plus beaux souvenirs d'école. J'adore. Et c'était... Il y a plein d'arbres, il y a plein de feuilles, il y a des bâtons, il y a des trous. le terrain il est accidenté donc il y a plein d'histoires en fait c'est ça le rituel c'était vraiment la récréation voilà mais non je sinon on rangeait voilà on disait un peu au revoir au lieu au lieu de la forêt quoi quand on partait mais sinon non autant qu'en classe en fait il y avait la consigne l'activité et puis après on clôturait

  • Speaker #0

    commencer autre chose mais non non ni plus ni moins ritualiser ok et alors tu as parlé de ce que tu observais chez les enfants le fait de répondre à leurs besoins de mouvement qui permet derrière de faciliter les apprentissages bon sur les enfants du coup tu as évoqué ce que tu avais pu observer et toi du coup comment est ce que Comment s'est sentie Marie, l'enseignante, dans les mois qui ont suivi cette mise en place Est-ce qu'il y a des choses qui ont émergé de toi Est-ce que tu t'es mieux sentie Parce que tu disais que depuis quelque temps, tu te sentais quand même assez étouffée et contrainte. Ça a changé quoi sur ton quotidien d'enseignante

  • Speaker #1

    Moi, je me suis sentie très humaine. plus Marie que prof. Je me suis sentie plus entière, en fait. En fait, avant, j'avais l'impression qu'il y avait Marie de la vie quotidienne, la maman et tout et tout, et que quand j'arrivais à l'école, je devais en quelque sorte comme mettre un masque. Je suis la figure d'autorité, en plus directrice, etc. Là, j'avais l'impression de me reconnecter à qui j'étais profondément. Je ressentais à l'intérieur de moi un alignement sans pareil, en fait. Là, je me disais, ce que je vous disais il y a deux, trois minutes, je me sens, je ne peux pas être une meilleure enseignante que maintenant. J'avais l'impression d'être au bon endroit, de faire ce qu'il fallait. Je me sentais excellente. Et surtout, je n'avais plus du tout besoin de validation extérieure. J'aurais pu me faire inspecter en forêt. J'aurais tout assumé. Voilà. Pour moi, j'étais la meilleure version de moi-même.

  • Speaker #0

    Et l'impact que ça a eu sur ma manière d'enseigner, c'est une profonde créativité en fait. Je me sentais très inspirée à tiens, comment je peux faire les compléments à 10 dans la forêt Comment je peux faire graphisme dans la forêt Comment je peux… Je ne refaisais jamais vraiment la même chose, mais il y a des choses qui reviennent quand même. On connaît les compétences par cœur. Et j'avais un éventail des possibilités très élargie. Donc, je me sentais très créative. Ça m'a vraiment fait du bien. Alors après, je ne peux pas dire qu'au niveau de la fatigue, etc. C'était plus... Ça n'a pas enlevé l'épuisement professionnel parce qu'en même temps, c'était des années assez contraignantes. Je devais aller en forêt avec un masque. J'avais une collègue en épuisement professionnel, donc du coup, on devait se répartir ses élèves de petites sections. Donc j'avais des petits, des moyens et des grands. J'avais plus d'élèves. Et donc, c'est quand même une période où j'ai vécu et mes meilleurs moments et mes pires moments parce que j'étais très fatiguée, en fait. Mais quand même, une redécouverte du métier et s'autoriser à créer. Je pense que c'est ça qui manque. En fait, on est vachement sous la contrainte des programmes. On en parlait tout à l'heure, des programmes, des horaires. Et puis, il n'y a plus... Enfin, ils ne se rendent pas compte. La hiérarchie ne se rend pas compte que les contraintes, elles se superposent les unes aux autres. On a un nouveau ministre, il va nous rajouter des contraintes. Mais en fait, au bout d'un moment, il faut enlever les contraintes précédentes pour en rajouter. Et là... Je me disais, allez hop, c'est pas grave. Quand on est enseignant, on a toujours l'impression d'avoir une caméra qui nous filme, et on se juge sans cesse. Là, je me disais, je crois que si quelqu'un me voit, ça va le réveiller. Que ce soit le ministre, que ce soit l'inspecteur d'académie, l'inspecteur de circonscription, le conseiller pédagogique, on ne peut pas voir cette classe qui travaille en forêt, voir ces enfants qui apprennent avec le vivant. Et se dire, mais qu'est-ce qu'elle fait Elle fait n'importe quoi. Non, je pense que ça peut faire vibrer n'importe quel humain de voir ça. Et qu'on se dit, ah ouais, c'est ça qu'il faut. Donc j'avais très confiance en moi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je rebondis sur la créativité parce que, en fait, de manière générale, on grandit quand même dans un système qui est passé les premières années à l'école. on met toute la créativité de côté. D'ailleurs, moi, tu vois, je travaille en partie en lycée et les jeunes qui ont envie de faire des métiers créatifs, on leur dit non, mais tu gagneras jamais ta vie avec ça, laisse tomber, c'est pas la peine. Donc, on est toujours en train d'écarter et en fait d'étouffer la créativité des gens. Et du coup, on se retrouve avec des adultes qui sont... qui n'écoutent plus, qui ne ressentent même plus cette créativité-là. Et moi, je suis toujours émerveillée quand je vois les parents, puisque dans les ateliers que je fais en forêt, pour les 3-6 ans, les parents sont toujours là. Et en fait, ils reconnectent avec la matière, ils reconnectent avec leurs mains. eux-mêmes le disent. La dernière fois, il y avait un papa qui a dessiné un oiseau et il a dit Waouh, mais je ne savais même pas que j'étais capable de faire ça, quoi Et c'est trop beau. Et en fait, cette créativité-là, effectivement, quand tu te connectes à ce qui se passe autour, quand tu te connectes aux humains qui t'entourent, ça la nourrit. Et il y a vraiment un truc, je dirais, peu importe le métier que tu fais, quand l'adulte commence à reconnecter avec cette créativité-là, il se développe beaucoup. Quand on est en extérieur et quand on se connecte à ce qui nous entoure, il se passe des choses incroyables. Et après, tu as juste à tirer le fil. Ça vient tout seul. Plus tu crées, plus tu te laisses porter par cette créativité-là, plus elle grandit. Et ça, je trouve que c'est magnifique à observer chez les enfants. Mais globalement, ils ont tous cet attrait pour créer. Mais chez les adultes, je trouve qu'il y a vraiment un... un avant et un après. Je connecte avec ma créativité.

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que c'est pas pour rien que... que le mot nature ait un double sens. Donc on va dans la nature et on reconnecte à sa propre nature parce que c'est ce dont on parlait tout au début, l'humus, l'humain, l'humus. On vient de là et on est un peu trop déconnectés, mais c'est sûr que la forêt, ça vient stimuler complètement la créativité. Et c'est pour ça que les enseignants qui se mettent un petit peu la pression Mais qu'est-ce que je vais faire Comment Comment Parce que ça peut devenir très contraignant. En fait, pédagogie par la nature, on peut se mettre la pression à se dire Ah, mais il faut absolument que j'utilise la nature. Comment Comment Comment Mais en fait, non. La nature, elle a déjà un rôle super puissant. Juste prendre un livre et faire la lecture dehors ou l'écriture dehors, une rédaction rédigée pour des CM. à l'intérieur et une rédaction rédigée en forêt, ce ne sera pas la même. On est complètement inspiré. Ça fait aller la créativité. Moi, je ne comprends pas. C'est ce que je dis toujours en formation. Je dis, imaginez-vous, parce qu'on ne se met pas à la place des enfants, mais imaginez-vous écrire à côté de 25, 27 autres personnes qui écrivent. Mais c'est terrible. Parce qu'en fait, quand on écrit, on doit d'abord se faire un espèce de dessin animé de ce qu'on a à raconter. Avec un voisin ici et un voisin de l'autre côté, c'est très compliqué. La nature, ça permet ça aussi, de s'isoler. Et c'est là où naissent les histoires. En fait, on a besoin de se sentir quand même dans une bulle. Et puis, il y a l'essence. On a une certaine température, on a le vent, l'odorat. le toucher, on peut se balader aussi pour écrire. Donc forcément, oui, la créativité, elle est fortement stimulée dans un espace naturel.

  • Speaker #1

    Ouais. Par quoi tu commences quand tu fais tes formations auprès des enseignantes Tu démarres tes formations par quoi

  • Speaker #0

    Alors, en général, je prends un oracle avec moi ou alors les cartes du Dixit. et puis je cherche aussi à reconnecter avec qui ils sont et je leur fais tirer une carte. Donc j'ai l'oracle des animaux, j'ai l'oracle des fleurs ou le jeu du Dixit et je leur dis pour vous, l'école dehors, qu'est-ce que c'est Si je leur pose la question comme ça, sans inducteur, ça va être un peu plus... Ils essayent de répondre une réponse attendue. Donc moi, je veux quelque chose qui vient de leur tripe. Je commence en général les formations comme ça. Et quand c'est des formations de 9h, de 18h, quand on se revoit plusieurs fois, j'utilise d'autres techniques. Mais je pars toujours de comment ils se sentent, etc. Donc des fois, c'est aujourd'hui, je me sens être quelle couleur Aujourd'hui, je me sens être quel animal ou quel météo Je commence par quelque chose qui parle d'eux.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des freins que tu entends souvent Quelles sont les problématiques, quelles sont les questions qui reviennent fréquemment quand tu fais ces formations-là

  • Speaker #0

    Alors, la majorité du temps, les enseignants s'imaginent que pour sortir, il faut avoir des connaissances sur le milieu naturel. où ils vont se rendre avec leurs élèves. Je ne peux pas faire école dehors parce que si, par exemple, il y a un élève qui me demande c'est quoi cet arbre, je ne saurais pas. En fait, on pense école dehors, on pense vivant, et tout de suite on relie à sciences de la vie et de la terre, ou SVT, biologie, mais en fait, pas. Donc les freins, c'est ça, c'est le manque de connaissances, de théories. sur le milieu naturel. En fait, la grande majorité des formations que je dispense ne sont pas des formations de pédagogie par la nature et ni même des formations pour aller enseigner en forêt. Il n'y a même pas 5% des écoles qui ont une forêt à proximité et même les écoles qui ont une forêt à proximité ne font quand même pas école dans la forêt. Donc ce que j'ai choisi... de faire de mon côté, étant donné qu'il y a déjà plein de super pédagogues par la nature. J'ai choisi de me spécialiser dans l'école dehors, sur Goudron, on va dire. Donc après être allée en maternelle, je suis allée en élémentaire. Je n'avais pas d'espace naturel à disposition. J'ai recommencé à faire classe dans l'espace d'une salle et c'était horrible. J'ai vraiment galéré, galéré. Et du coup, j'ai décidé de sortir quand même sur le goudron. Et en fait, au début, je me jugeais. Je me disais, oui, mais c'est pas la classe dans la forêt, c'est pas bien. Pour moi, il y avait un peu le bien et le mal. Le bien, c'est la forêt, c'est ce que j'avais vécu avec mes élèves de maternelle, c'est ce qui me faisait vibrer. Et le mal, c'était la salle de classe. Et en fait... J'ai tout fait et je me dis que je ne peux pas faire école sur le goudron parce que je vais me faire critiquer. Si je partage sur les réseaux sociaux, on va me dire oui, mais ce n'est pas classe dans la forêt Et en fait, au bout d'un moment, je me suis dit on s'en fout, moi j'ai besoin de m'amuser Et en fait, la plus-value déjà d'être dehors, parce que j'avais que du gazon, du goudron d'un côté et derrière l'école, on avait quand même du gazon. Je me suis dit hop, on s'en fout Je vais oser, je vais quand même, de toute façon, je le fais pour moi, donc je le fais. Et en fait, j'ai partagé quelques-unes de mes séances sur ma page Instagram, les petits écolos. Et là, j'ai eu énormément de réactions, énormément d'enseignants qui ont commencé à prendre mes séances et à les tester avec leurs élèves. Et plein de remerciements et plein de photos, encore plus que quand je partageais sur l'école dans la forêt. Et je me suis dit, waouh, ah oui, il y a quelque chose à faire aussi là-dessus. Parce qu'en fait, si on se cantonne à la forêt, l'espace naturel, etc., en quelque sorte, on prive 98% des écoles de faire classe dehors. Et après, j'ai beaucoup réfléchi à tout ça. Et je me suis dit, je pense que si on fait classe dehors, dans la cour de récréation, on va créer une contrainte. petit à petit. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'ombre, il n'y a pas de support, il manque des choses, en fait, si on veut faire classe dehors sur le goudron, voilà. Et je me suis dit, s'il y a des enseignants qui sortent, qui font classe dehors, cours de récré, on va vers une végétalisation des espaces de la cour, de l'école, pour avoir de l'ombre, pour avoir des supports, pour avoir des espaces où on s'assoit, etc. Il faut passer par là. Et je pense que là, ce qui me manque actuellement, c'est ça. En fait, je me fais la petite marche d'escalier entre les enseignants de salle de classe, les enseignants qui font classe dehors en forêt, ce qui est le graal et l'objectif absolu. Moi, j'essaie de créer une étape intermédiaire entre les deux et d'assumer cette étape intermédiaire parce que je crois que je suis la seule à proposer des formations dans la cour de récré. Et c'est pas toujours facile à assumer, parce que moi aussi je suis pro forêt. Il faut pas croire, mais par contre je suis carrément pour la liberté, la créativité et le jeu chez les enfants. Et je pense que parfois ça manque un peu de contraste. Et j'ai remarqué la même chose quand je faisais... quand je faisais des conférences sur le zéro déchet, etc. Puisque je ne peux pas faire zéro, alors je ne fais rien. Puisque je ne peux pas tout faire, alors je ne fais rien. Et je trouve ça vraiment extrêmement dommage de se priver de faire classe dehors parce qu'on n'a pas de forêt, parce que bien sûr qu'il n'y a pas toutes les plus-values, il n'y aura pas toute la créativité, il n'y aura pas toutes les vibrations. qu'on a dans un espace naturel, mais il y aura le jeu, le mouvement, la créativité, la lumière naturelle, cette espèce d'énergie de groupe qui se passe entre les enfants quand ils jouent ensemble et qu'ils coopèrent et qu'ils courent. Donc là, je suis un peu plus spécialisée école dehors, cours de récré. Je ne me souviens plus du tout de la question. Je me suis embarquée dans mon truc.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est très bien. Je rebondis sur le fait que, en fait, c'est... C'est précieux d'expliquer qu'effectivement, on peut... En fait, ce qui compte, c'est de sortir après l'environnement. Effectivement, si t'es plongé dans un environnement naturel qui est absolument magnifique, qui est reposant, sans bruit, mais en fait, c'est pas... Déjà, on le voit bien tous, il faut aller chercher la forêt. Selon l'endroit où tu habites, souvent, il faut faire de la route. Et aujourd'hui, les enfants qui sont... Les plus déconnectés et qui ont vraiment besoin juste de prendre l'air, c'est beaucoup d'enfants qui sont dans les grandes villes. Et en fait, si on attend de trouver une forêt pour les emmener dehors, en fait, ils n'iront jamais à l'extérieur. Et du coup, effectivement, ce qui compte en premier lieu, tu le disais, c'est de sortir parce qu'on s'aère, parce que les enfants bougent. Et ça, je crois que tu le disais il y a quelques minutes que... Un enfant, en fait, on va contre l'enfant quand on l'oblige, quand on le contraint à rester assis sur une chaise. Mais rien que ça, il n'y a pas besoin d'être enseignant, pas besoin d'être parent. Il suffit juste de regarder un enfant pour se rendre compte qu'il a la bougeotte tout le temps. Après, ça se tasse un peu avec les années. Et encore que, franchement, moi, j'accueille du 0-16 ans en forêt, pour le coup. En fait, à partir du moment où ils ont la possibilité de bouger, ils bougent tout le temps. Et donc rien que de sortir, oui, même si c'est dans une cour de récré bétonnée, effectivement, peut-être qu'en termes de connaissance du vivant, il y a des choses qui vont être plus limitées, parce qu'on ne va pas pouvoir observer un écureuil forcément dans la cour de récré s'il n'y a pas d'arbre, s'il n'y a rien du tout. Mais déjà, on répond à un besoin qui est essentiel pour les enfants, qui est de sortir. Et je trouve que c'est important ce que tu dis là, parce que c'est vrai que le mouvement des Forest School en France, il amène beaucoup d'inspiration, mais peut-être qu'il amène aussi des complexes et un truc où on se dit, bah oui, mais moi, j'ai pas ça près de chez moi. Et du coup, je pourrais jamais offrir ça aux enfants. Déjà, de sortir, c'est un énorme cadeau qui est fait aux enfants.

  • Speaker #0

    Oui, la question vient de me revenir. En fait, tu me demandais quels sont les freins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Du coup, alors les freins, c'était la connaissance de la nature, aucun espace vert à proximité, la peur de mal faire. Et voilà, il y a quand même un côté puriste à l'école dehors. Donc, c'est pour ça que j'avais rebondi sur sortir dans la cour de récréation. Et moi, je n'ai pas trop envie qu'il y ait une petite bataille classe dehors, classe nature. Parce qu'en fait, à force de mettre les gens dans des cases, dans des moules, il faut faire comme ça, il faut faire comme ça, en fait, on s'empêche. Et donc, moi, je pense qu'il faut écouter ses envies. Il faut essayer, il faut sortir, il faut oser. Et être déjà osé sortir de sa classe, c'est déjà pas mal. Dans les freins que je note aussi le plus souvent, c'est la peur de la perte de temps pour se rendre à un espace ou même pour être dehors parce qu'il faut mettre les manteaux, etc. Donc perdre du temps. Et aussi les autorisations, tout ce qui est de l'ordre du taux d'encadrement. de la loi. En fait, souvent, les profs pensent qu'ils n'ont pas le droit de sortir. Alors qu'ils se rendent à la salle de sport à pied en sortant de l'école. Ils vont au terrain de basket de la ville ou quoi. Là, ils ne se posent pas de questions. Mais par contre, quand c'est pour faire classe dehors, et s'il y a un accident Et c'est pour ça que faire classe, ne serait-ce que dehors, dans la cour de récréation, En fait, c'est comme si on demandait à un enfant de faire des multiplications avant même d'avoir fait l'addition, la soustraction, etc. Ce n'est pas possible. C'est pour ça que je parle de marche d'escalier et je pense que les enseignants ont besoin d'être rassurés. Comment est-ce que je vais gérer ma classe à l'extérieur alors que j'ai déjà des difficultés à la gérer à l'intérieur Ça, c'est la gestion de classe. le comportement des enfants, la gestion de classe, comment je fais pour les élèves qui sont en difficulté, etc. Et c'est rigolo. d'avoir tous ces freins parce que finalement la classe dehors elle est elle est pas là pour guérir ces choses là elle les prévient en fait quand on fait classe dehors on a on n'a pas de souci de comportement parce qu'on fait avec le besoin de mouvement donc voilà et puis ensuite étant donné qu'on prend en compte la nature profonde de l'enfant qui est je veux jouer Quand on fait un jeu sportif sur les tables de multiplication ou de la conjugaison, que les enfants sont en équipe pour conjuguer, ils vont écouter la consigne puisqu'ils vont avoir envie de gagner. Le but, ce n'est pas d'avoir 9 sur 10 à m'addicter ou d'être noté ou de rapporter une bonne note à papa, maman ou d'avoir un bon point. Ce n'est pas une motivation qu'on appelle extrinsèque, à l'extérieur de soi. La motivation, elle est à l'intérieur. C'est-à-dire, moi, je veux gagner. Et c'est puissant, puisque c'est à l'intérieur. Donc, j'ai une motivation de fou. Donc, il n'y a plus de problème de comportement, vu que les enfants trouvent un intérêt personnel à jouer, à apprendre. Voilà, là, c'est en équipe. Il n'y a pas non plus toutes ces questions de mise en échec, de stylo rouge sur le fameux cahier du jour, puisqu'en fait... ça va être écrit nulle part que j'ai perdu. En plus, on travaille beaucoup plus en groupe. Donc quand je gagne, quand mon équipe gagne, c'est un peu grâce à moi puisque je suis dans l'équipe. Mais par contre, si mon équipe, elle perd, ce n'est pas que de ma faute. Du coup, il y a un rapport à l'erreur qui est complètement boustulé en école dehors. Et ça, en fait, il n'y a pas de question à se poser. On s'en aperçoit. qu'en faisant. On se dit, tiens, c'est vrai qu'il n'y a plus ce problème-là. Et c'est vrai que tel enfant hyper stigmatisé à l'intérieur, je n'ai plus rien à faire pour le déstigmatiser. À l'intérieur, il y a des enfants qui sont dyslexiques, dyspraxiques, qui ont parfois des écrans pour écrire. À l'extérieur, non. Ça évite tout un tas de problèmes. Mais il faut essayer pour...

  • Speaker #1

    Moi, je l'observe beaucoup. Alors, du coup, moi, je vais parler des enfants que j'accueille en extrascolaire, donc qui viennent le mercredi. Moi, je ne sais pas comment ils sont à l'école. Et souvent, les parents, en début d'année, quand il y a des soucis de comportement à l'école, ils me préviennent, voire même, souvent, ils... Ils n'inscrivent qu'à un seul atelier parce qu'ils veulent voir si ça va bien se passer, si ça ne va pas être trop difficile. Et voilà, c'est vraiment, c'est quasi systématique. Les parents me préviennent, bon voilà, à l'école, ça se passe comme ça, ce n'est pas évident. Et en fait, moi, je ne le vois pas du tout. Je vois bien les différences entre les enfants qui ont besoin de... beaucoup plus d'activités. Mais en fait, souvent, au bout de 3-4 ateliers, quand on discute avec les parents et qu'ils me demandent ça va presque un peu gêné, il n'y a pas de soucis Mais en fait, non, il n'y a aucun souci parce que l'enfant, il vit. Et effectivement, moi, je ne sais pas comment il est à l'école, mais là, il ne me pose pas plus de problèmes. qu'un autre, il est lui, il est enfant et ils le sont tous. Et je me souviens que les premières fois, ça m'avait vraiment surprise que les parents, parce qu'ils ont beaucoup de pression de la part de l'école et je pense que c'est très très inconfortable en tant que parent, c'est hyper stressant. Quand sans arrêt on te rabâche. que ton enfant, il a des soucis de comportement et que c'est problématique. En fait, on en vient à ne plus oser sortir de chez soi et à prévenir toute personne qui côtoie l'enfant que, attention, c'est difficile. Alors que vraiment, moi, dans 99% des cas, ça se passe très, très bien en forêt. Et moi, je les observe, je vois des enfants différents. Ils sont tous différents, mais il y en a eu. Avec qui ça a été plus challengeant, où il tapait davantage dans les limites et dans le cadre, parce qu'il y en a un qui est posé, même si on est en forêt, mais bien loin du portrait que pouvaient me dresser les parents.

  • Speaker #0

    En fait, oui, oui, je vois complètement ce que tu veux dire. Et moi, j'adore ces enfants-là. Alors, parce que, en fait, c'est eux qui viennent nous alerter sur l'école telle qu'elle est aujourd'hui, ne permet plus de répondre aux besoins fondamentaux des enfants. On devrait se servir de nos observations pour venir changer les choses fondamentalement. Puisqu'on a tous les grands discours sur l'inclusion, ce n'est pas l'élève qui doit s'adapter à l'école, c'est l'école qui doit s'adapter à l'élève, mais on est loin du compte. Et en fait, pour moi, la petite mission de vie de ces enfants-là, c'est de dire qu'il y a quelque chose à changer. Vous n'êtes plus dans les clous, on n'est plus... Là, ça ne fonctionne pas, en fait. N'oubliez pas que ça ne fonctionne pas. Et on devrait vraiment remettre en question le système pour que... En fait, pour moi, ces enfants-là, ils ont juste moins de filtres que les autres. C'est des enfants qui s'adaptent moins au moule. Mais tous les enfants s'adaptent. Ils sont tous au fur et à mesure. Il n'y a qu'à regarder un enfant en petite section et un enfant en CM2. C'est quoi la différence Lui, ils ont plus de patience parce qu'ils sont plus grands, etc. Mais ils sont complètement adaptés au moule. Ils arrivent, ils se transforment d'enfants à élèves, et voilà, c'est tout. Mais en fait, la société, elle a complètement évolué, mais pas l'école. Et c'est ça qui est fou, c'est que le besoin de mouvement des enfants à l'époque de nos parents, il était largement plus respecté, parce qu'il n'y avait pas tant d'écrans, les enfants bougeaient, allaient beaucoup plus dehors, il n'y avait pas autant de bêtises. de bâtiments, c'était un monde beaucoup moins dans la ville en fait. Quand ma mère me raconte son enfance et mon père aussi, il passait beaucoup beaucoup plus de temps dehors et puis il y avait la maman, alors je ne prône pas du tout ce retour en arrière, pas du tout, mais en tout cas la vie, la vie enfantine de nos parents, elle a absolument rien à voir avec la vie de nos enfants. Dans le sens où, et je ne dis pas que c'est mieux ou pas mieux, mais c'est juste différent. Beaucoup plus de mouvements, beaucoup plus de participation aux tâches domestiques, etc. Aujourd'hui, les deux parents travaillent. Donc, la majorité du temps, les deux parents travaillent, sont dans le speed. Il y a de la garderie, il y a de l'école, il y a de la garderie. Et puis pour faire, bon, parents, alors le mercredi, le samedi, ils vont à des activités. sportives, à leur loisir, et puis une surstimulation cérébrale par le nombre d'images que l'on voit maintenant. Il y a des écrans dans les restaurants, il y a des écrans en ville. En fait, le monde est animé. Et qu'est-ce qu'on voudrait On voudrait mettre nos enfants dans des salles de classe, qui elles n'ont pas du tout évolué, et leur demander de se concentrer, de se taire sur une monotâche. Mais en fait, nos enfants ont L'humain est résilient par nature depuis qu'ils sont tout petits, ils sont sur-stimulés et là, il n'y a plus rien. Il faut se taire, il faut rester assis, il faut écouter. C'est impossible de se concentrer dans ces conditions. Donc il faut bien de la stimulation. Il faut du mouvement, de la stimulation, pourquoi pas même plusieurs consignes en même temps. C'est pour ça que j'ai créé des combos de jeux sportifs. avec de la conjugaison, jeux sportifs avec des maths, parce que le monde ne fait que de bouger, mais sauf que quand ils sont à l'école, il faudrait rester statique. Et il n'y a jamais aucun moment dans la journée où ils peuvent se dépenser. En fait, les enfants, vacances scolaires comprises, week-ends compris, ils passent, je crois que c'est 6h30. de leur journée assise, si je ne me trompe pas. Mais même le week-end, parce que forcément, maintenant, après, on est habitués. C'est grave. Ça fait peur, en fait. C'est clair.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je sais. Moi, j'ai l'impression qu'on passe complètement à côté de ce qu'il fait un enfant par nature. Ce n'est pas les dessins animés qui font l'enfance. Il ne retiendra pas le dessin animé. Par contre, il retiendra les balades en forêt, les éclats de rire, les anniversaires, tout ce qui aura profondément marqué ses émotions. Et c'est pour ça qu'on retient 10% de ce qu'on nous dit, on retient 20% de ce qu'on lit et on retient 90% de ce qu'on fait. Donc il faut de l'action. Il faut du mouvement, c'est ce que je pense.

  • Speaker #1

    Ça fait déjà une heure qu'on discute, c'est passé vite. J'avais encore plein de questions, mais je vais t'en poser une dernière. Est-ce que tu veux bien nous dire ce que c'est que les petites rappeurs Puisque ça ne fait pas très longtemps, si je ne me trompe pas, que tu fais ça. Voilà pour terminer si tu veux bien nous dire ce que c'est, ce que tu fais, ce que les enfants font.

  • Speaker #0

    Alors les Petites Rappeurs en fait c'est une école à 40 minutes de chez moi qui m'a contacté, une école qui fait pas mal école dehors, ils ont un grand terrain, quelques arbres etc. Et en fait bon les parents sont à fond pour l'école dehors, ils inscrivent même leurs enfants. exprès dans cette école parce que les enseignants sortent avec leurs élèves. Et donc, on m'a demandé si je serais par contre pour venir le mercredi faire des activités extrascolaires. Donc, j'y vais. Et puis, le matin, j'ai des 4-6 ans. En début d'après-midi, des 6-8 ans. Et en fin d'après-midi, des 8-10 ans. Et en fait, alors là, pour moi, c'est le pied total parce que je me sens complètement libre. Je n'ai aucune contrainte pédagogique. Donc là, reconnecter les enfants aux vivants, à la nature, et leur apprendre les premiers gestes trappeurs. On apprend à faire du feu, on apprend à se servir d'un couteau, on taille des flèches, on apprend à regarder la nature, son évolution, en prendre soin. En fait, il y a des petits thèmes. Des fois, c'est les oiseaux, donc on fait des installations. Pour les oiseaux, on apprend à les nourrir, on apprend à les reconnaître. Donc là, je mixe un peu tout ce que j'ai fait en forêt avec mes élèves, avec des petits jeux d'école dehors. Donc voilà, des relais pour apprendre le nom des oiseaux, de l'observation, etc. Donc c'est un peu école dehors avec moins d'exigences, puisque là, il n'y a pas les programmes. Là, par contre, c'est bien ritualisé. On a toujours un moment où on se dit bonjour. l'humeur du jour, etc. On commence par un jeu sportif en rapport avec la nature. Donc, je cache des figurines. Il faut tout retrouver ou quoi. Un atelier manuel ou créatif. Voilà, un atelier artistique. Et puis, on termine par une collation, soit sur le feu ou de la cuisine, mais on est toujours dehors pour faire la cuisine. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, trop chouette. Bon, écoute, je crois qu'on a fait le tour des sujets que je voulais aborder avant tout avec toi, qui tournaient autour de l'école, parce que tu as eu cette expérience d'école et qu'aujourd'hui tu accompagnes des enseignants. Et j'espère que l'échange qu'on a eu va toucher, et en tout cas peut-être... rassurée parce que j'ai trouvé que tu étais rassurante dans tes mots et dans le fait de voilà de se libérer de certaines choses et que en fait que ça parte du coeur un et que après juste tu ailles dehors peu importe l'environnement que tu as autour c'est déjà beaucoup et je crois qu'on en est encore parce que on a parfois l'impression que Boom, ça y est, la classe dehors est un mouvement qui explose. Et effectivement, ça évolue, mais il y a encore tellement de gens qu'il est important de toucher. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui se privent encore et qui se privent de se lancer. Et que du coup, je trouve que c'est important d'aller les chercher et de leur tendre la main en disant, allez viens, ce n'est pas si difficile que ça, tu verras.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de critères, il n'y a pas de notes, il n'y a pas de jugement. En fait, oui, mais ça, ça ne fait pas assez classe dehors, non. En fait, si pour une séance d'histoire géo, tu vas dans un cimetière militaire, c'est déjà de la classe dehors. Si tu vas prendre des photos de ton quartier pour trier les commerces en géographie, c'est de la classe dehors. Si tu prends un tapis de sol et que tu dis à tes élèves d'aller lire dehors avec pour se mettre dans une posture agréable, c'est de la classe dehors, à partir du moment où tu es dehors. tu fais classe dehors. Et il y a déjà de la plus-value, même si tu fais du calcul mental dehors, que tu dis juste à tes élèves, prenez vos ardoises, prenez vos marqueurs, on va dehors faire la dictée, c'est déjà génial. Et ça, moi, j'essaie de me faire le pont, comme je répétais, libérez-vous de toutes les contraintes, reconnectez avec votre créativité, votre envie et sortez.

  • Speaker #1

    On se quitte sur ces jolis mots. Merci beaucoup Marie pour ton temps et pour ce partage-là. J'ai passé un très bon moment. C'était chouette. J'aurais bien aimé discuter encore plus, mais on aura peut-être d'autres occasions.

  • Speaker #0

    J'aurais voulu avoir les autres questions, mais après je m'emballe. On parle de ma passion, donc tac, tac, tac. J'ai une pensée hyper arborescente à ce sujet-là. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir... de m'avoir invitée. Et oui, ça me fait très plaisir d'avoir pu discuter avec toi.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Passe une bonne journée et puis à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir pris le temps d'écouter cet épisode. J'espère qu'il vous a offert de nouvelles perspectives, voire de nouvelles pistes pour enrichir votre réflexion et votre pratique. Si vous l'avez apprécié, pensez à le... partager et pour aller plus loin et retrouver toutes les infos sur le sujet rendez-vous sur le site pédagogieduvivant.fr Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram pédagogieduvivant tout attaché sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode rappelez-vous sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. À très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentation

    05:02

  • Souvenirs d'enfance en nature

    07:02

  • Parcours dans l'enseignement

    08:19

  • Classe dehors : le déclic

    10:41

  • Lâcher prise pour mieux enseigner

    16:09

  • Contenu des séances classe dehors

    27:38

  • Relation au vivant et bienfaits

    36:03

  • Les formations classe dehors

    40:28

  • Les freins à faire classe dehors

    50:48

  • L'école doit s'adapter aux enfants

    58:22

  • Les petits trappeurs : ateliers extra-scolaire

    01:03:44

  • Conclusion

    01:05:37

Description

Dans cet épisode, je vous propose un échange avec Marie, enseignante et formatrice, qui accompagne aujourd’hui des professeurs dans la mise en place de la classe dehors.


Marie nous raconte le déclic qu’elle a eu à une période de sa vie d’enseignante où elle se sentait étouffée, et comment faire classe dehors lui a donné un nouveau souffle.


Aujourd’hui, son souhait est de montrer aux enseignant.es qu’il est possible d’accompagner des enfants dehors, sans se compliquer la tâche et en ayant seulement à disposition une cour de récréation.


Un partage à la fois doux et authentique qui en inspirera surement beaucoup d’entre vous..! 🌳


Pour en savoir plus sur mon invitée du jour et retrouver ses références, rendez-vous ici.


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🔥ACCOMPAGNEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS : CREER ET LANCER UN PROJET D'ACCUEIL EN NATURE 🔥


Pour retrouver toutes les informations sur les accompagnements collectifs et individuels destinés aux porteurs et porteuses de projets en nature, rendez-vous ici : https://pedagogieduvivant.fr/accompagnements/


Les inscriptions pour ce printemps sont ouvertes jusqu'au 20 avril, prenez vite votre place !


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Moi, c'est Claire et vous pouvez me retrouver et me contacter sur :

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Belle écoute ! 🌳


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marie, avec qui nous avons abordé des sujets assez variés mais qui tournent tous autour de l'accès des enfants à l'extérieur, puisque Marie a été enseignante pendant plusieurs années et vous allez l'entendre, il y a un moment où il y a eu un basculement dans sa manière d'enseigner. Un changement qui est arrivé, j'allais dire d'un jour à l'autre, mais vous allez entendre que c'est même d'une minute à l'autre, où tout d'un coup, elle a eu le besoin et l'envie du coup de sortir et d'emmener ses élèves à l'extérieur, notamment en forêt. Et ce basculement a amené un changement global et profond dans sa manière d'enseigner, puisque... Ça l'a amenée à prendre du recul avec sa pédagogie et sa posture, la façon dont elle s'adressait en tant qu'enseignante aux enfants et la façon dont elle les accompagnait. Voilà pour le portrait très rapide de Marie. Je m'arrête là pour le détail de l'échange et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marie

  • Speaker #1

    Bonjour

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente d'être avec toi ce matin pour un petit moment d'échange. Pour qu'on situe un petit peu ce que tu fais actuellement, est-ce que tu peux nous dire quelle est ton activité professionnelle actuelle et dans quel coin tu es installée

  • Speaker #1

    Alors, je suis installée... dans les Hauts-de-France. De toute façon, je pense que ça va s'entendre pendant le podcast. J'habite à 40 km de Lille. Alors, mon activité professionnelle, c'est un peu les cinq branches d'une étoile. Je ne me restreins pas et je fais quand même beaucoup d'activités différentes. Alors, je forme des enseignants à faire classe dehors. Alors, principalement, déjà, sortir de la classe et oser aller... dans la cour de récréation ou dans un espace naturel proche. Ensuite, je crée du contenu pour faire des séances dehors. Je fais de la vente de fichiers sur mon site internet. Ensuite, j'anime des ateliers qui s'appellent les petits trappeurs. Ça, c'est le mercredi. Une fois de temps en temps, j'ai des enfants de tous les âges et on apprend à reconnecter à la nature et à s'amuser. avec la nature. Et ensuite, j'interviens dans les écoles. Je fais des kermesses écologiques. Donc, je viens animer et installer 8 à 10 ateliers. Et puis voilà, les enfants tournent d'atelier en atelier. Voilà pour ma vie professionnelle et aussi, puisque une étoile, ça a 5 branches, j'écris des livres. Je suis autrice.

  • Speaker #0

    Ok. Bon. On rentrera dans le détail un peu de tout ça tout à l'heure. D'abord, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début d'épisode, que j'aime beaucoup. Est-ce que tu veux bien nous dire quel était ton rapport à la nature quand tu étais enfant

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que je suis une enfant qui a quand même pas mal manqué de nature. En fait, j'avais un tout petit jardin. goudronnée avec presque pas de terre, de fleurs, il n'y avait pas d'arbres. Par contre, j'avais un grand parc derrière. En fait, les seuls souvenirs que j'ai de la nature quand j'étais petite, c'était aller chercher du muguet en forêt avec mon papa. C'était le rituel au 1er mai. Et après, c'était des randonnées en pleine nature, mais assez forcées. Mes parents adoraient marcher, mais je me sentais vraiment obligée. Moi, ce n'était pas quoi Ce n'était pas quelque chose que j'aimais particulièrement. Donc, en fait, je n'ai pas ce truc de j'adore la nature quand je suis petite. Non.

  • Speaker #0

    OK. Tu y es venue plus tard, du coup.

  • Speaker #1

    Oui, largement plus tard.

  • Speaker #0

    OK. Alors, pour qu'on ait aujourd'hui, tu as plusieurs activités professionnelles. Mais au démarrage tu étais enseignante, est-ce que tu peux retracer dans les grandes lignes tes années d'enseignement pour qu'on sache un peu quel niveau tu as eu, dans quel cadre, si c'était plutôt des petites ou grandes écoles, en ville, à la campagne

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai fait mes études à Lille, donc j'ai commencé à enseigner à Lille. Les premières années, à ce moment-là, en fait on avait une classe à mi-temps et une classe à quart-temps. Donc j'avais des CM1, CM2 le mardi et j'avais des tout petits le jeudi et le vendredi. Le lundi c'était un jour réservé à la formation. Ensuite, comme tous les enseignants, j'ai été mutée un peu plus loin, donc j'ai déménagé. Et j'ai été remplaçante pendant un an. Ensuite, j'ai été décharge de directeur pendant deux ans. Donc, j'ai eu vraiment de tous les niveaux, un petit peu dans plein d'écoles différentes, en ville, un peu plus à la campagne, etc. Et en fait, je suis tombée enceinte. J'ai eu mon bébé et j'en avais marre d'avoir mes affaires partout, dans plusieurs écoles différentes, d'avoir des niveaux différents tout le temps. Donc j'ai décidé de prendre la direction d'une école maternelle. Voilà, donc pendant six ans, j'ai été directrice d'une école maternelle. Je ne suis pas allée dans la forêt tout de suite, c'est venu un petit peu après. Et ensuite, j'ai été directrice d'une école élémentaire à la campagne, la dernière année où j'ai enseigné, avec des CM1, CM2, des CM1 pardon, pas des CM1, CM2, des CM1. Et puis voilà, je suis en disponibilité, c'est ma troisième année de dispo là. Donc en fait, j'ai été enseignante dans différents niveaux, maternelle, élémentaire, aussi dans plusieurs milieux sociaux. Donc j'ai plutôt fait 80% de milieux sociaux très défavorisés et très peu de milieux favorisés finalement.

  • Speaker #0

    Ok. Du coup, là, tu as évoqué le fait que tu as parlé de forêt au milieu de tout ça. Et en fait, si aujourd'hui, tu formes des enseignants à faire classe dehors, c'est parce qu'à un moment donné, tu t'es mise à emmener les enfants en extérieur. Est-ce que tu veux bien raconter comment c'est arrivé Qu'est-ce qui t'a donné, à un moment donné, envie de sortir avec les enfants

  • Speaker #1

    En fait, je crois que je supportais plus très bien ma manière d'enseigner, déjà. En fait, il y a eu le déclic, mais avant le déclic, il y a eu beaucoup de moments où je me sentais complètement désalignée avec ma manière de faire, donc je m'observais, un peu comme si on pouvait être capable de sortir de notre corps et de se positionner en tant que caméra. Et il y a eu beaucoup de moments où je me suis sentie très peu à l'aise avec ma manière d'enseigner, de parler aux enfants, de leur demander de se taire, de leur demander d'arrêter de bouger à mes enfants et aussi à mes élèves. Et puis j'ai eu beaucoup de réflexions sur mais qu'est-ce que la vie d'un enfant dans les années 2020 finalement, à quoi ça ressemble une journée d'enfant On se lève... Et puis les parents demandent, fais ci, fais ça, déjeune ci, déjeune ça, dépêche-toi, habille-toi. Et un tas d'ordres en fait, vu que j'étais maman, déjà du réveil jusqu'à mettre les miens à l'école. Et ensuite, j'arrivais en tant que directrice et je m'entendais, on enlève son manteau, on rentre dans la classe, on peut jouer un petit peu. Allez, on range, on s'assoit, tac, tac, tac. Et je pense que c'est plus encore ça qui a contribué que le jour où j'ai eu l'idée de sortir en forêt. Et il y a eu... des semaines, des mois où je me suis sentie pas bien du tout. J'observais, je me mettais dans leur peau, et je me disais, mais c'est horrible d'être enfant, c'est tellement horrible. Et moi, quand j'ai voulu être enseignante, je me faisais des promesses, je me promettais que je ne serais pas une enseignante comme les autres, qu'avec moi, les enfants allaient pouvoir jouer, aimer l'école. Et en fait, je me disais, maintenant, t'es comme tout le monde, tu leur donnes des ordres, tu cries. Et c'est pas drôle d'être ton élève, c'est pas drôle d'être ton enfant. Donc ça, ça a bien maturé. Et puis, en fait, il y a eu le Covid. On a été vraiment empêchés de sortir. Et puis ensuite, on nous avait demandé de faire un hommage à Samuel Paty. En fait, un an... Ah non, c'est pas un an après son décès, c'est... En fait, il est... Il est décédé juste avant les vacances de la Toussaint. Et à la rentrée des vacances de la Toussaint, on nous a demandé de lui faire un hommage, un hommage à la liberté. Et je me suis dit, mais un hommage à la liberté à 4 ans, qu'est-ce que je vais faire avec mes élèves Comment je vais trouver les mots Qu'est-ce que je vais faire de ça Et je n'ai pas trouvé d'idée jusqu'à arriver à l'école ce matin-là, un peu excédé, parce que je n'avais pas d'idée et que comme d'habitude, on nous dit des choses. C'est un hommage à la liberté, mais on nous laisse complètement dans le flou. Comme si, bon allez, vous êtes libres pédagogiquement parlant, faites ce que vous voulez. Et donc en fait, je suis arrivée à l'école et j'ai recommencé, asseyez-vous, taisez-vous, arrêtez de bouger, blablabla. Et là, ça m'a fait un déclic. Je me suis dit, la liberté, c'est quoi la liberté Pour toi, qu'est-ce qui te vient en tête J'ai fermé les yeux, j'entendais le brouhaha dans ma classe. Et je me suis dit, la liberté, c'est la forêt. Et en fait, il y a deux fils qui se sont touchés. On avait fait le World Cleanup Day un mois avant. Je me suis dit, mais si on va ramasser des déchets en forêt, on peut y aller du coup. C'est à 10 minutes à pied. Et donc, j'ai pris mes affaires, tout ce que j'avais préparé pour la matinée. J'ai dit à mon atsem, en fait, on va aller faire classe en forêt. Je vais juste prendre les trucs et on s'en va. Donc, on est parti et on a fait un cercle. dans un chemin forestier, on a fermé les yeux et je leur ai dit le mot de liberté, on a réfléchi à ce que ça signifiait pour nous, un grand espace, des petites maisons d'animaux libres là, dans la nature, et c'était génial. C'est un moment que je n'oublierai jamais de ma vie. On a fait notre matinée d'école en forêt et ensuite les enfants ont réclamé, On ressortait plusieurs fois par semaine pour aller faire classe en forêt. Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire classe dehors.

  • Speaker #0

    C'est vraiment sorti du cœur. C'est la spontanéité totale dans la sortie et ce moment où c'était plus supportable pour toi. Franchement, c'est beau. J'imagine un peu le... l'état dans lequel tu étais, mais là, du coup, de t'entendre le raconter quelques années après, moi, ça me touche beaucoup. Et du coup, donc, les enfants, ce que j'entends, là, c'est qu'ils se sont régalés tout de suite et qu'ils ont eu envie de ressortir. Est-ce qu'il y a eu un moment, du coup, où tu t'es dit, bon, bah, du coup, ok, si on sort davantage, que je fais davantage. davantage classe dehors. Tu vois, j'ai le mot formalisé qui me vient, mais c'est pas vraiment ça. Mais en tout cas, ok, comment est-ce que je me mets à intégrer ces temps de classe en extérieur Comment est-ce que t'as pensé tout ça et du coup, t'as finalement repensé ta manière d'enseigner et de transmettre

  • Speaker #1

    En fait, je pense que ça m'a fait un déclic un peu général sur ma manière d'enseigner. J'ai lâché prise en fait. L'avantage était que j'étais directrice et donc je n'avais pas quelqu'un au-dessus de moi pour me dire non, ce n'est pas possible, c'est trop de contraintes, etc. Ce que j'ai fait, c'est que déjà j'ai prévenu l'inspection le jour où j'ai fait ça parce qu'on devait expliquer un peu ce qu'on avait fait pour cette journée d'hommage. Donc moi... Il y en a qui avaient envoyé des photos. Donc moi, j'ai envoyé ça. Et j'ai dit à l'inspection, en fait, merci. Merci, désolé, parce que je me suis beaucoup plainte. Mais merci, parce que moi, j'ai ouvert les yeux et c'était génial. Voilà notre hommage. J'avais pris des photos. Enfin, j'avais demandé à mon ADSEM de nous prendre en photo. La photo était magnifique. Et donc, c'est tout. J'ai prévenu mon inspectrice que je retournerais faire classe en forêt. Et elle m'a dit... Elle m'a... Elle m'a dit Ok, très bien, faite J'ai prévenu les parents aussi, assez rapidement, que j'allais y aller régulièrement. Mais c'était à 10 minutes, je m'étais renseignée, il n'y a pas de contrainte en fait. Il n'y a pas de demande d'autorisation, c'est sur le temps scolaire. Tant que le taux d'encadrement est respecté, il n'y a aucun problème. Donc aucun frein. Et en fait, j'ai appris à écouter mon cœur plutôt que mon cerveau. J'ai appris à écouter mon intuition et à regarder l'état général. des élèves, l'énergie qui circule. Et j'ai vraiment ouvert le champ des possibilités. Dès que je pouvais aller dehors, j'y allais. Donc soit je transformais un peu et on allait dans la cour de récré, ou soit on partait par demi-journée en forêt. Et en fait, parfois, je n'avais pas prévu d'y aller, et j'y allais parce que, je ne sais pas, j'avais envie. Donc, je me disais, là, on a écriture, on a musique, on a maths. Ouais, bon, il n'y aura pas de jetons, mais il y aura des bâtons. On fera comme ça. J'y allais vraiment à l'arrache. En fait, j'en avais un petit peu marre de mon boulot. Et je me disais, je pense que je suis une assez bonne enseignante de grande section pour être inspirée. Et en fait, à chaque fois que j'allais en forêt, c'est en étant sur le terrain. que je trouvais des manières nouvelles de faire, de l'inspiration. À chaque fois, on devait rentrer et on disait Ah bah non, on va quand même faire la séance de motricité ici, on va se débrouiller. Et je faisais avec les moyens du bord. Et plus j'y allais, plus je me sentais inspirée, plus j'avais de nouvelles idées. Donc, en fait, je n'ai rien formalisé du tout. Et quand je forme les enseignants aujourd'hui, Je sais qu'il y en a que ça rassure de dire le jeudi matin c'est l'école en forêt parce que forcément surtout quand il fait froid il faut des tenues adaptées etc. Mais je trouve que plus on met de contraintes, plus c'est contraignant, moins on a de liberté, moins on a envie d'y aller, plus on se dit que c'est beaucoup de préparation matérielle, plus on s'empêche. Et c'est un peu dommage, du coup il faut écouter ses tripes. Tout comme à l'inverse ça pourrait être... écœurant de se dire on y va coûte que coûte, on y va sous la pluie, on y va s'il y a de la boue. Mais en fait, non. T'as envie d'y aller, t'y vas. T'as pas envie, t'y vas pas. C'est tout, en fait.

  • Speaker #0

    Il y a un mot que t'as employé, t'as parlé de lâcher prise, que toi t'as senti tout de suite que t'avais totalement lâché prise et finalement, c'est souvent ce que... Ce que j'entends moi aussi quand j'accompagne des enseignants à faire classe dehors et dans le podcast, les enseignantes qui sont venues expliquaient bien qu'au démarrage, c'était vraiment le plus difficile, se lâcher prise, de sortir de toutes ces cases, de toutes ces exigences, d'avoir peur de mal faire. Je trouve qu'il y a une... Il y a un truc qui amène les enseignants beaucoup à remettre en question ce qu'ils font, la manière... Alors, tu vois, je pense que c'est important dans la posture et en tant qu'être humain, qu'on soit enseignant ou pas, à partir du moment où on accompagne d'autres êtres humains, il faut s'interroger et prendre du recul, prendre de la hauteur sur notre posture. Mais je trouve que le système et tout ce qui est aujourd'hui demandé... je veux dire à l'école de manière générale a tendance à déstabiliser moi je ne suis pas enseignante et de ce que j'observe il y a beaucoup d'enseignants qui se demandent s'ils sont légitimes s'ils sont tout le temps en train de bien faire et comme si le moindre changement qu'ils allaient apporter ça risquait d'ébranler tout un système et que tout d'un coup ça allait s'effondrer et que ça ne sera pas bien et ça casse vraiment une confiance je trouve que les personnes en elles. Et forcément, là, de passer d'un huis clos à tout d'un coup, je vais dehors et je bouscule tout ce que j'ai appris, c'est hyper déstabilisant. Et se lâcher prise, moi, je l'entends beaucoup pour les enseignants que c'est difficile. Et j'imagine que quand c'est comme pour toi, que ça vient des tripes, en fait, effectivement, c'est ton cœur qui parle, c'est plus ta tête, donc les choses, elles sont... elles viennent beaucoup plus naturellement. Oui,

  • Speaker #1

    il y a toujours la contrainte des programmes, etc. Et en fait, cette pression, on se la met parce qu'on est quand même beaucoup surveillés. Ça va dépendre des écoles, mais par les parents, par la mairie en quelque sorte aussi. Il faut faire des projets, il faut faire rayonner l'école, par l'inspection. On a envie de... En fait, on reste des élèves. On est des enseignants, mais on reste des élèves avec... En fait, la majorité des enseignants étaient des bons petits soldats à l'école, les petits intellos, les petits élèves, et on est quand même assez soumis à une certaine forme d'autorité. Mais en fait, on ne se rend pas compte que toutes les contraintes qu'on se met pour être de bons enseignants, c'est aussi ça qui fait qu'on n'en est pas. Parce qu'en fait, on tire... sur une corde, on tire, on tire, on tire pour être ce qu'on attend de nous sans arrêt. Et puis, c'est un investissement sans limite. Donc, on ne se sent jamais être un bon prof, on ne se sentira jamais être un prof parfait ou avoir fait une séance merveilleuse, parfaite. Il n'y a rien à redire, ça n'existe pas. Tout ça parce qu'en face de nous, on a des humains. Et humain vient de humus et on oublie de où on vient parce que notamment nous sommes complètement déconnectés avec le béton, les bâtiments, les publicités, les écrans. On est déconnecté complètement de ce qui fait de nous, de l'humanité en fait, de nos ressentis, de nos énergies. On oublie de... Il y a un pique-épège dans mon jardin. Vous pouvez pas regarder. On oublie de quoi on est fait, on oublie d'où on vient, on oublie l'essentiel, on oublie notre essence. Et du coup, ça peut pas fonctionner. Et c'est ça. Mais c'est très compliqué d'expliquer ça. Ça fait un peu perché, mais en fait, avant le plaisir et ensuite les apprentissages. Avant le respect de l'enfant et ensuite les apprentissages. Parce qu'en fait, on est en train de se heurter à vouloir enseigner comme on l'enseigne, comme ça, à l'intérieur, avec des chaises. On se heurte à la nature profonde de l'humain. Et en fait, les enfants, c'est très agaçant. Parce qu'un enfant, c'est encore connecté au vivant. Un enfant, c'est encore très créatif, très joyeux. Tout est possible avec un enfant. Un enfant, c'est très inspiré. Donc c'est très agaçant pour un adulte qui a appris. à se conformer, à se conditionner, à se mettre dans un moule, à se couper un peu l'herbe sous le pied, c'est le cas de le dire. C'est très agaçant d'avoir des enfants pleins de vie, tout voyeux. Mais en fait, on a le choix de faire avec cette énergie ou contre cette énergie. Et si on va contre, on est perdant. Donc moi, ce que j'ai remarqué en allant en forêt, c'est qu'en respectant l'envie de bouger, le besoin de mouvement, parce que c'est d'abord un besoin avant une envie, on a tout à gagner. On a tout à gagner au niveau de la concentration des enfants et surtout de la... comment je pourrais dire ça D'abord la motivation et ensuite la mémorisation. J'ai compris que oui, je ferais moins de séances parce qu'il y a un trajet pour aller en forêt, mais que 10 exercices dans un cahier... Ça vaut une séance en forêt. Il n'y a plus besoin de quantité, mais juste de la qualité. Donc j'ai trouvé des subterfuges pour rassurer les parents, rassurer l'inspection. Je prenais des photos de ce qu'on faisait, parce qu'on joue en fait. Pour eux, on joue et on n'apprend pas. Alors qu'en fait, le métier de l'enfant, c'est de jouer. Ça, ça ne vient pas de moi, c'est Pauline Cargomar qui le dit. Je prenais des photos, je prenais des vidéos. Et voilà comment on a appris à compter aujourd'hui. Et en fait, le fait de rendre ça visible, d'expliciter ce qu'on faisait, forcément, j'avais les parents de mon côté, j'avais l'inspection de mon côté. Et je pense que ce qui a terminé de convaincre les parents, c'est leurs enfants pressés d'aller à l'école, leurs enfants crevés le soir, dans le sens où... forcément, lumière du jour, on se dépense, donc on dort beaucoup mieux, on a un sommeil beaucoup plus apaisé. Et puis voilà, sautiller en venant à l'école, je crois que c'est le plus beau des cadeaux.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair. Et dans toute cette spontanéité dans tes sorties, est-ce qu'il y a quand même des... Des rituels que tu as mis en place Est-ce qu'il y a des choses qui sont soit venues de toi, soit des enfants, dans ces sorties en forêt Est-ce qu'il y a des éléments dans les séances qui revenaient de temps en temps, où vraiment à chaque fois, chaque séance était différente

  • Speaker #1

    En fait, en forêt, on avait des tronçons de bois qui étaient éparpillés. Et du coup, j'avais demandé à la mairie si c'était possible pour eux de venir nous faire un espèce de coin regroupement. On avait fabriqué un tipi avec les enfants, démoulis une fois sur deux par les sangliers. C'est pas grave. Mais en tout cas, on avait quand même notre coin regroupement. Donc ça, c'était un point d'ancrage, un point clé pour les enfants. En fait, ça se passait un petit peu comme dans la classe, on va dire. Mais sauf qu'on était dans la forêt, donc on avait beaucoup d'espace. Mais pour les enfants, cet endroit de la forêt-là, c'était notre salle de classe, en fait, un peu. Il savait les limites à ne pas dépasser. Et donc ça, c'est le repère principal. Il est plutôt géographique. Le rituel, non, pas vraiment. On arrivait, on avait un petit temps libre aussi, le temps libre en arrivant, histoire que... Bon, ben voilà, on arrive, on se défoule. Après, on commence les activités, les ateliers. Il y a la récréation. Moi, ce que j'ai remarqué, c'est qu'il n'y a plus aucune dispute, en fait. C'est ce que je disais aux enseignants que j'ai formés ce mercredi. Je leur disais, pour moi, une cour de récréation goudronnée, ça équivaut à un loft story. C'est que vous mettez des enfants dans un espace où il n'y a rien. Mais qu'est-ce qu'ils font Ils se disputent. Il faut bien faire quelque chose. Il faut bien se stimuler d'une manière ou d'une autre. Il faut bien grandir et évoluer. Donc, en fait, si on n'a rien à faire, on va... créer, générer du conflit pour avoir quelque chose à faire, à s'occuper. La forêt, franchement, c'est rigolo parce qu'on est à l'école et on galère pour boire. Sortir avec un café quand on a une cour goudronnée, c'est une galère monumentale. On ne boit jamais le café. Toutes les deux minutes, il y a quelqu'un, il m'a tiré les cheveux, j'ai oublié mon gant, j'ai envie de pipi. Et ça ne s'arrête jamais. En forêt... Je m'ennuie, en fait. Je suis dans la forêt, je regarde les élèves et je suis même, moi, devant un dessin animé. C'était vraiment... Ce que je ressentais au fond de moi, c'est des vibrations très puissantes de... Waouh Ça y est, je suis la maîtresse dont j'ai rêvé. Je les respecte, ils sont bien. Ils sont en train de créer leurs plus beaux souvenirs d'école. J'adore. Et c'était... Il y a plein d'arbres, il y a plein de feuilles, il y a des bâtons, il y a des trous. le terrain il est accidenté donc il y a plein d'histoires en fait c'est ça le rituel c'était vraiment la récréation voilà mais non je sinon on rangeait voilà on disait un peu au revoir au lieu au lieu de la forêt quoi quand on partait mais sinon non autant qu'en classe en fait il y avait la consigne l'activité et puis après on clôturait

  • Speaker #0

    commencer autre chose mais non non ni plus ni moins ritualiser ok et alors tu as parlé de ce que tu observais chez les enfants le fait de répondre à leurs besoins de mouvement qui permet derrière de faciliter les apprentissages bon sur les enfants du coup tu as évoqué ce que tu avais pu observer et toi du coup comment est ce que Comment s'est sentie Marie, l'enseignante, dans les mois qui ont suivi cette mise en place Est-ce qu'il y a des choses qui ont émergé de toi Est-ce que tu t'es mieux sentie Parce que tu disais que depuis quelque temps, tu te sentais quand même assez étouffée et contrainte. Ça a changé quoi sur ton quotidien d'enseignante

  • Speaker #1

    Moi, je me suis sentie très humaine. plus Marie que prof. Je me suis sentie plus entière, en fait. En fait, avant, j'avais l'impression qu'il y avait Marie de la vie quotidienne, la maman et tout et tout, et que quand j'arrivais à l'école, je devais en quelque sorte comme mettre un masque. Je suis la figure d'autorité, en plus directrice, etc. Là, j'avais l'impression de me reconnecter à qui j'étais profondément. Je ressentais à l'intérieur de moi un alignement sans pareil, en fait. Là, je me disais, ce que je vous disais il y a deux, trois minutes, je me sens, je ne peux pas être une meilleure enseignante que maintenant. J'avais l'impression d'être au bon endroit, de faire ce qu'il fallait. Je me sentais excellente. Et surtout, je n'avais plus du tout besoin de validation extérieure. J'aurais pu me faire inspecter en forêt. J'aurais tout assumé. Voilà. Pour moi, j'étais la meilleure version de moi-même.

  • Speaker #0

    Et l'impact que ça a eu sur ma manière d'enseigner, c'est une profonde créativité en fait. Je me sentais très inspirée à tiens, comment je peux faire les compléments à 10 dans la forêt Comment je peux faire graphisme dans la forêt Comment je peux… Je ne refaisais jamais vraiment la même chose, mais il y a des choses qui reviennent quand même. On connaît les compétences par cœur. Et j'avais un éventail des possibilités très élargie. Donc, je me sentais très créative. Ça m'a vraiment fait du bien. Alors après, je ne peux pas dire qu'au niveau de la fatigue, etc. C'était plus... Ça n'a pas enlevé l'épuisement professionnel parce qu'en même temps, c'était des années assez contraignantes. Je devais aller en forêt avec un masque. J'avais une collègue en épuisement professionnel, donc du coup, on devait se répartir ses élèves de petites sections. Donc j'avais des petits, des moyens et des grands. J'avais plus d'élèves. Et donc, c'est quand même une période où j'ai vécu et mes meilleurs moments et mes pires moments parce que j'étais très fatiguée, en fait. Mais quand même, une redécouverte du métier et s'autoriser à créer. Je pense que c'est ça qui manque. En fait, on est vachement sous la contrainte des programmes. On en parlait tout à l'heure, des programmes, des horaires. Et puis, il n'y a plus... Enfin, ils ne se rendent pas compte. La hiérarchie ne se rend pas compte que les contraintes, elles se superposent les unes aux autres. On a un nouveau ministre, il va nous rajouter des contraintes. Mais en fait, au bout d'un moment, il faut enlever les contraintes précédentes pour en rajouter. Et là... Je me disais, allez hop, c'est pas grave. Quand on est enseignant, on a toujours l'impression d'avoir une caméra qui nous filme, et on se juge sans cesse. Là, je me disais, je crois que si quelqu'un me voit, ça va le réveiller. Que ce soit le ministre, que ce soit l'inspecteur d'académie, l'inspecteur de circonscription, le conseiller pédagogique, on ne peut pas voir cette classe qui travaille en forêt, voir ces enfants qui apprennent avec le vivant. Et se dire, mais qu'est-ce qu'elle fait Elle fait n'importe quoi. Non, je pense que ça peut faire vibrer n'importe quel humain de voir ça. Et qu'on se dit, ah ouais, c'est ça qu'il faut. Donc j'avais très confiance en moi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je rebondis sur la créativité parce que, en fait, de manière générale, on grandit quand même dans un système qui est passé les premières années à l'école. on met toute la créativité de côté. D'ailleurs, moi, tu vois, je travaille en partie en lycée et les jeunes qui ont envie de faire des métiers créatifs, on leur dit non, mais tu gagneras jamais ta vie avec ça, laisse tomber, c'est pas la peine. Donc, on est toujours en train d'écarter et en fait d'étouffer la créativité des gens. Et du coup, on se retrouve avec des adultes qui sont... qui n'écoutent plus, qui ne ressentent même plus cette créativité-là. Et moi, je suis toujours émerveillée quand je vois les parents, puisque dans les ateliers que je fais en forêt, pour les 3-6 ans, les parents sont toujours là. Et en fait, ils reconnectent avec la matière, ils reconnectent avec leurs mains. eux-mêmes le disent. La dernière fois, il y avait un papa qui a dessiné un oiseau et il a dit Waouh, mais je ne savais même pas que j'étais capable de faire ça, quoi Et c'est trop beau. Et en fait, cette créativité-là, effectivement, quand tu te connectes à ce qui se passe autour, quand tu te connectes aux humains qui t'entourent, ça la nourrit. Et il y a vraiment un truc, je dirais, peu importe le métier que tu fais, quand l'adulte commence à reconnecter avec cette créativité-là, il se développe beaucoup. Quand on est en extérieur et quand on se connecte à ce qui nous entoure, il se passe des choses incroyables. Et après, tu as juste à tirer le fil. Ça vient tout seul. Plus tu crées, plus tu te laisses porter par cette créativité-là, plus elle grandit. Et ça, je trouve que c'est magnifique à observer chez les enfants. Mais globalement, ils ont tous cet attrait pour créer. Mais chez les adultes, je trouve qu'il y a vraiment un... un avant et un après. Je connecte avec ma créativité.

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que c'est pas pour rien que... que le mot nature ait un double sens. Donc on va dans la nature et on reconnecte à sa propre nature parce que c'est ce dont on parlait tout au début, l'humus, l'humain, l'humus. On vient de là et on est un peu trop déconnectés, mais c'est sûr que la forêt, ça vient stimuler complètement la créativité. Et c'est pour ça que les enseignants qui se mettent un petit peu la pression Mais qu'est-ce que je vais faire Comment Comment Parce que ça peut devenir très contraignant. En fait, pédagogie par la nature, on peut se mettre la pression à se dire Ah, mais il faut absolument que j'utilise la nature. Comment Comment Comment Mais en fait, non. La nature, elle a déjà un rôle super puissant. Juste prendre un livre et faire la lecture dehors ou l'écriture dehors, une rédaction rédigée pour des CM. à l'intérieur et une rédaction rédigée en forêt, ce ne sera pas la même. On est complètement inspiré. Ça fait aller la créativité. Moi, je ne comprends pas. C'est ce que je dis toujours en formation. Je dis, imaginez-vous, parce qu'on ne se met pas à la place des enfants, mais imaginez-vous écrire à côté de 25, 27 autres personnes qui écrivent. Mais c'est terrible. Parce qu'en fait, quand on écrit, on doit d'abord se faire un espèce de dessin animé de ce qu'on a à raconter. Avec un voisin ici et un voisin de l'autre côté, c'est très compliqué. La nature, ça permet ça aussi, de s'isoler. Et c'est là où naissent les histoires. En fait, on a besoin de se sentir quand même dans une bulle. Et puis, il y a l'essence. On a une certaine température, on a le vent, l'odorat. le toucher, on peut se balader aussi pour écrire. Donc forcément, oui, la créativité, elle est fortement stimulée dans un espace naturel.

  • Speaker #1

    Ouais. Par quoi tu commences quand tu fais tes formations auprès des enseignantes Tu démarres tes formations par quoi

  • Speaker #0

    Alors, en général, je prends un oracle avec moi ou alors les cartes du Dixit. et puis je cherche aussi à reconnecter avec qui ils sont et je leur fais tirer une carte. Donc j'ai l'oracle des animaux, j'ai l'oracle des fleurs ou le jeu du Dixit et je leur dis pour vous, l'école dehors, qu'est-ce que c'est Si je leur pose la question comme ça, sans inducteur, ça va être un peu plus... Ils essayent de répondre une réponse attendue. Donc moi, je veux quelque chose qui vient de leur tripe. Je commence en général les formations comme ça. Et quand c'est des formations de 9h, de 18h, quand on se revoit plusieurs fois, j'utilise d'autres techniques. Mais je pars toujours de comment ils se sentent, etc. Donc des fois, c'est aujourd'hui, je me sens être quelle couleur Aujourd'hui, je me sens être quel animal ou quel météo Je commence par quelque chose qui parle d'eux.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des freins que tu entends souvent Quelles sont les problématiques, quelles sont les questions qui reviennent fréquemment quand tu fais ces formations-là

  • Speaker #0

    Alors, la majorité du temps, les enseignants s'imaginent que pour sortir, il faut avoir des connaissances sur le milieu naturel. où ils vont se rendre avec leurs élèves. Je ne peux pas faire école dehors parce que si, par exemple, il y a un élève qui me demande c'est quoi cet arbre, je ne saurais pas. En fait, on pense école dehors, on pense vivant, et tout de suite on relie à sciences de la vie et de la terre, ou SVT, biologie, mais en fait, pas. Donc les freins, c'est ça, c'est le manque de connaissances, de théories. sur le milieu naturel. En fait, la grande majorité des formations que je dispense ne sont pas des formations de pédagogie par la nature et ni même des formations pour aller enseigner en forêt. Il n'y a même pas 5% des écoles qui ont une forêt à proximité et même les écoles qui ont une forêt à proximité ne font quand même pas école dans la forêt. Donc ce que j'ai choisi... de faire de mon côté, étant donné qu'il y a déjà plein de super pédagogues par la nature. J'ai choisi de me spécialiser dans l'école dehors, sur Goudron, on va dire. Donc après être allée en maternelle, je suis allée en élémentaire. Je n'avais pas d'espace naturel à disposition. J'ai recommencé à faire classe dans l'espace d'une salle et c'était horrible. J'ai vraiment galéré, galéré. Et du coup, j'ai décidé de sortir quand même sur le goudron. Et en fait, au début, je me jugeais. Je me disais, oui, mais c'est pas la classe dans la forêt, c'est pas bien. Pour moi, il y avait un peu le bien et le mal. Le bien, c'est la forêt, c'est ce que j'avais vécu avec mes élèves de maternelle, c'est ce qui me faisait vibrer. Et le mal, c'était la salle de classe. Et en fait... J'ai tout fait et je me dis que je ne peux pas faire école sur le goudron parce que je vais me faire critiquer. Si je partage sur les réseaux sociaux, on va me dire oui, mais ce n'est pas classe dans la forêt Et en fait, au bout d'un moment, je me suis dit on s'en fout, moi j'ai besoin de m'amuser Et en fait, la plus-value déjà d'être dehors, parce que j'avais que du gazon, du goudron d'un côté et derrière l'école, on avait quand même du gazon. Je me suis dit hop, on s'en fout Je vais oser, je vais quand même, de toute façon, je le fais pour moi, donc je le fais. Et en fait, j'ai partagé quelques-unes de mes séances sur ma page Instagram, les petits écolos. Et là, j'ai eu énormément de réactions, énormément d'enseignants qui ont commencé à prendre mes séances et à les tester avec leurs élèves. Et plein de remerciements et plein de photos, encore plus que quand je partageais sur l'école dans la forêt. Et je me suis dit, waouh, ah oui, il y a quelque chose à faire aussi là-dessus. Parce qu'en fait, si on se cantonne à la forêt, l'espace naturel, etc., en quelque sorte, on prive 98% des écoles de faire classe dehors. Et après, j'ai beaucoup réfléchi à tout ça. Et je me suis dit, je pense que si on fait classe dehors, dans la cour de récréation, on va créer une contrainte. petit à petit. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'ombre, il n'y a pas de support, il manque des choses, en fait, si on veut faire classe dehors sur le goudron, voilà. Et je me suis dit, s'il y a des enseignants qui sortent, qui font classe dehors, cours de récré, on va vers une végétalisation des espaces de la cour, de l'école, pour avoir de l'ombre, pour avoir des supports, pour avoir des espaces où on s'assoit, etc. Il faut passer par là. Et je pense que là, ce qui me manque actuellement, c'est ça. En fait, je me fais la petite marche d'escalier entre les enseignants de salle de classe, les enseignants qui font classe dehors en forêt, ce qui est le graal et l'objectif absolu. Moi, j'essaie de créer une étape intermédiaire entre les deux et d'assumer cette étape intermédiaire parce que je crois que je suis la seule à proposer des formations dans la cour de récré. Et c'est pas toujours facile à assumer, parce que moi aussi je suis pro forêt. Il faut pas croire, mais par contre je suis carrément pour la liberté, la créativité et le jeu chez les enfants. Et je pense que parfois ça manque un peu de contraste. Et j'ai remarqué la même chose quand je faisais... quand je faisais des conférences sur le zéro déchet, etc. Puisque je ne peux pas faire zéro, alors je ne fais rien. Puisque je ne peux pas tout faire, alors je ne fais rien. Et je trouve ça vraiment extrêmement dommage de se priver de faire classe dehors parce qu'on n'a pas de forêt, parce que bien sûr qu'il n'y a pas toutes les plus-values, il n'y aura pas toute la créativité, il n'y aura pas toutes les vibrations. qu'on a dans un espace naturel, mais il y aura le jeu, le mouvement, la créativité, la lumière naturelle, cette espèce d'énergie de groupe qui se passe entre les enfants quand ils jouent ensemble et qu'ils coopèrent et qu'ils courent. Donc là, je suis un peu plus spécialisée école dehors, cours de récré. Je ne me souviens plus du tout de la question. Je me suis embarquée dans mon truc.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est très bien. Je rebondis sur le fait que, en fait, c'est... C'est précieux d'expliquer qu'effectivement, on peut... En fait, ce qui compte, c'est de sortir après l'environnement. Effectivement, si t'es plongé dans un environnement naturel qui est absolument magnifique, qui est reposant, sans bruit, mais en fait, c'est pas... Déjà, on le voit bien tous, il faut aller chercher la forêt. Selon l'endroit où tu habites, souvent, il faut faire de la route. Et aujourd'hui, les enfants qui sont... Les plus déconnectés et qui ont vraiment besoin juste de prendre l'air, c'est beaucoup d'enfants qui sont dans les grandes villes. Et en fait, si on attend de trouver une forêt pour les emmener dehors, en fait, ils n'iront jamais à l'extérieur. Et du coup, effectivement, ce qui compte en premier lieu, tu le disais, c'est de sortir parce qu'on s'aère, parce que les enfants bougent. Et ça, je crois que tu le disais il y a quelques minutes que... Un enfant, en fait, on va contre l'enfant quand on l'oblige, quand on le contraint à rester assis sur une chaise. Mais rien que ça, il n'y a pas besoin d'être enseignant, pas besoin d'être parent. Il suffit juste de regarder un enfant pour se rendre compte qu'il a la bougeotte tout le temps. Après, ça se tasse un peu avec les années. Et encore que, franchement, moi, j'accueille du 0-16 ans en forêt, pour le coup. En fait, à partir du moment où ils ont la possibilité de bouger, ils bougent tout le temps. Et donc rien que de sortir, oui, même si c'est dans une cour de récré bétonnée, effectivement, peut-être qu'en termes de connaissance du vivant, il y a des choses qui vont être plus limitées, parce qu'on ne va pas pouvoir observer un écureuil forcément dans la cour de récré s'il n'y a pas d'arbre, s'il n'y a rien du tout. Mais déjà, on répond à un besoin qui est essentiel pour les enfants, qui est de sortir. Et je trouve que c'est important ce que tu dis là, parce que c'est vrai que le mouvement des Forest School en France, il amène beaucoup d'inspiration, mais peut-être qu'il amène aussi des complexes et un truc où on se dit, bah oui, mais moi, j'ai pas ça près de chez moi. Et du coup, je pourrais jamais offrir ça aux enfants. Déjà, de sortir, c'est un énorme cadeau qui est fait aux enfants.

  • Speaker #0

    Oui, la question vient de me revenir. En fait, tu me demandais quels sont les freins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Du coup, alors les freins, c'était la connaissance de la nature, aucun espace vert à proximité, la peur de mal faire. Et voilà, il y a quand même un côté puriste à l'école dehors. Donc, c'est pour ça que j'avais rebondi sur sortir dans la cour de récréation. Et moi, je n'ai pas trop envie qu'il y ait une petite bataille classe dehors, classe nature. Parce qu'en fait, à force de mettre les gens dans des cases, dans des moules, il faut faire comme ça, il faut faire comme ça, en fait, on s'empêche. Et donc, moi, je pense qu'il faut écouter ses envies. Il faut essayer, il faut sortir, il faut oser. Et être déjà osé sortir de sa classe, c'est déjà pas mal. Dans les freins que je note aussi le plus souvent, c'est la peur de la perte de temps pour se rendre à un espace ou même pour être dehors parce qu'il faut mettre les manteaux, etc. Donc perdre du temps. Et aussi les autorisations, tout ce qui est de l'ordre du taux d'encadrement. de la loi. En fait, souvent, les profs pensent qu'ils n'ont pas le droit de sortir. Alors qu'ils se rendent à la salle de sport à pied en sortant de l'école. Ils vont au terrain de basket de la ville ou quoi. Là, ils ne se posent pas de questions. Mais par contre, quand c'est pour faire classe dehors, et s'il y a un accident Et c'est pour ça que faire classe, ne serait-ce que dehors, dans la cour de récréation, En fait, c'est comme si on demandait à un enfant de faire des multiplications avant même d'avoir fait l'addition, la soustraction, etc. Ce n'est pas possible. C'est pour ça que je parle de marche d'escalier et je pense que les enseignants ont besoin d'être rassurés. Comment est-ce que je vais gérer ma classe à l'extérieur alors que j'ai déjà des difficultés à la gérer à l'intérieur Ça, c'est la gestion de classe. le comportement des enfants, la gestion de classe, comment je fais pour les élèves qui sont en difficulté, etc. Et c'est rigolo. d'avoir tous ces freins parce que finalement la classe dehors elle est elle est pas là pour guérir ces choses là elle les prévient en fait quand on fait classe dehors on a on n'a pas de souci de comportement parce qu'on fait avec le besoin de mouvement donc voilà et puis ensuite étant donné qu'on prend en compte la nature profonde de l'enfant qui est je veux jouer Quand on fait un jeu sportif sur les tables de multiplication ou de la conjugaison, que les enfants sont en équipe pour conjuguer, ils vont écouter la consigne puisqu'ils vont avoir envie de gagner. Le but, ce n'est pas d'avoir 9 sur 10 à m'addicter ou d'être noté ou de rapporter une bonne note à papa, maman ou d'avoir un bon point. Ce n'est pas une motivation qu'on appelle extrinsèque, à l'extérieur de soi. La motivation, elle est à l'intérieur. C'est-à-dire, moi, je veux gagner. Et c'est puissant, puisque c'est à l'intérieur. Donc, j'ai une motivation de fou. Donc, il n'y a plus de problème de comportement, vu que les enfants trouvent un intérêt personnel à jouer, à apprendre. Voilà, là, c'est en équipe. Il n'y a pas non plus toutes ces questions de mise en échec, de stylo rouge sur le fameux cahier du jour, puisqu'en fait... ça va être écrit nulle part que j'ai perdu. En plus, on travaille beaucoup plus en groupe. Donc quand je gagne, quand mon équipe gagne, c'est un peu grâce à moi puisque je suis dans l'équipe. Mais par contre, si mon équipe, elle perd, ce n'est pas que de ma faute. Du coup, il y a un rapport à l'erreur qui est complètement boustulé en école dehors. Et ça, en fait, il n'y a pas de question à se poser. On s'en aperçoit. qu'en faisant. On se dit, tiens, c'est vrai qu'il n'y a plus ce problème-là. Et c'est vrai que tel enfant hyper stigmatisé à l'intérieur, je n'ai plus rien à faire pour le déstigmatiser. À l'intérieur, il y a des enfants qui sont dyslexiques, dyspraxiques, qui ont parfois des écrans pour écrire. À l'extérieur, non. Ça évite tout un tas de problèmes. Mais il faut essayer pour...

  • Speaker #1

    Moi, je l'observe beaucoup. Alors, du coup, moi, je vais parler des enfants que j'accueille en extrascolaire, donc qui viennent le mercredi. Moi, je ne sais pas comment ils sont à l'école. Et souvent, les parents, en début d'année, quand il y a des soucis de comportement à l'école, ils me préviennent, voire même, souvent, ils... Ils n'inscrivent qu'à un seul atelier parce qu'ils veulent voir si ça va bien se passer, si ça ne va pas être trop difficile. Et voilà, c'est vraiment, c'est quasi systématique. Les parents me préviennent, bon voilà, à l'école, ça se passe comme ça, ce n'est pas évident. Et en fait, moi, je ne le vois pas du tout. Je vois bien les différences entre les enfants qui ont besoin de... beaucoup plus d'activités. Mais en fait, souvent, au bout de 3-4 ateliers, quand on discute avec les parents et qu'ils me demandent ça va presque un peu gêné, il n'y a pas de soucis Mais en fait, non, il n'y a aucun souci parce que l'enfant, il vit. Et effectivement, moi, je ne sais pas comment il est à l'école, mais là, il ne me pose pas plus de problèmes. qu'un autre, il est lui, il est enfant et ils le sont tous. Et je me souviens que les premières fois, ça m'avait vraiment surprise que les parents, parce qu'ils ont beaucoup de pression de la part de l'école et je pense que c'est très très inconfortable en tant que parent, c'est hyper stressant. Quand sans arrêt on te rabâche. que ton enfant, il a des soucis de comportement et que c'est problématique. En fait, on en vient à ne plus oser sortir de chez soi et à prévenir toute personne qui côtoie l'enfant que, attention, c'est difficile. Alors que vraiment, moi, dans 99% des cas, ça se passe très, très bien en forêt. Et moi, je les observe, je vois des enfants différents. Ils sont tous différents, mais il y en a eu. Avec qui ça a été plus challengeant, où il tapait davantage dans les limites et dans le cadre, parce qu'il y en a un qui est posé, même si on est en forêt, mais bien loin du portrait que pouvaient me dresser les parents.

  • Speaker #0

    En fait, oui, oui, je vois complètement ce que tu veux dire. Et moi, j'adore ces enfants-là. Alors, parce que, en fait, c'est eux qui viennent nous alerter sur l'école telle qu'elle est aujourd'hui, ne permet plus de répondre aux besoins fondamentaux des enfants. On devrait se servir de nos observations pour venir changer les choses fondamentalement. Puisqu'on a tous les grands discours sur l'inclusion, ce n'est pas l'élève qui doit s'adapter à l'école, c'est l'école qui doit s'adapter à l'élève, mais on est loin du compte. Et en fait, pour moi, la petite mission de vie de ces enfants-là, c'est de dire qu'il y a quelque chose à changer. Vous n'êtes plus dans les clous, on n'est plus... Là, ça ne fonctionne pas, en fait. N'oubliez pas que ça ne fonctionne pas. Et on devrait vraiment remettre en question le système pour que... En fait, pour moi, ces enfants-là, ils ont juste moins de filtres que les autres. C'est des enfants qui s'adaptent moins au moule. Mais tous les enfants s'adaptent. Ils sont tous au fur et à mesure. Il n'y a qu'à regarder un enfant en petite section et un enfant en CM2. C'est quoi la différence Lui, ils ont plus de patience parce qu'ils sont plus grands, etc. Mais ils sont complètement adaptés au moule. Ils arrivent, ils se transforment d'enfants à élèves, et voilà, c'est tout. Mais en fait, la société, elle a complètement évolué, mais pas l'école. Et c'est ça qui est fou, c'est que le besoin de mouvement des enfants à l'époque de nos parents, il était largement plus respecté, parce qu'il n'y avait pas tant d'écrans, les enfants bougeaient, allaient beaucoup plus dehors, il n'y avait pas autant de bêtises. de bâtiments, c'était un monde beaucoup moins dans la ville en fait. Quand ma mère me raconte son enfance et mon père aussi, il passait beaucoup beaucoup plus de temps dehors et puis il y avait la maman, alors je ne prône pas du tout ce retour en arrière, pas du tout, mais en tout cas la vie, la vie enfantine de nos parents, elle a absolument rien à voir avec la vie de nos enfants. Dans le sens où, et je ne dis pas que c'est mieux ou pas mieux, mais c'est juste différent. Beaucoup plus de mouvements, beaucoup plus de participation aux tâches domestiques, etc. Aujourd'hui, les deux parents travaillent. Donc, la majorité du temps, les deux parents travaillent, sont dans le speed. Il y a de la garderie, il y a de l'école, il y a de la garderie. Et puis pour faire, bon, parents, alors le mercredi, le samedi, ils vont à des activités. sportives, à leur loisir, et puis une surstimulation cérébrale par le nombre d'images que l'on voit maintenant. Il y a des écrans dans les restaurants, il y a des écrans en ville. En fait, le monde est animé. Et qu'est-ce qu'on voudrait On voudrait mettre nos enfants dans des salles de classe, qui elles n'ont pas du tout évolué, et leur demander de se concentrer, de se taire sur une monotâche. Mais en fait, nos enfants ont L'humain est résilient par nature depuis qu'ils sont tout petits, ils sont sur-stimulés et là, il n'y a plus rien. Il faut se taire, il faut rester assis, il faut écouter. C'est impossible de se concentrer dans ces conditions. Donc il faut bien de la stimulation. Il faut du mouvement, de la stimulation, pourquoi pas même plusieurs consignes en même temps. C'est pour ça que j'ai créé des combos de jeux sportifs. avec de la conjugaison, jeux sportifs avec des maths, parce que le monde ne fait que de bouger, mais sauf que quand ils sont à l'école, il faudrait rester statique. Et il n'y a jamais aucun moment dans la journée où ils peuvent se dépenser. En fait, les enfants, vacances scolaires comprises, week-ends compris, ils passent, je crois que c'est 6h30. de leur journée assise, si je ne me trompe pas. Mais même le week-end, parce que forcément, maintenant, après, on est habitués. C'est grave. Ça fait peur, en fait. C'est clair.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je sais. Moi, j'ai l'impression qu'on passe complètement à côté de ce qu'il fait un enfant par nature. Ce n'est pas les dessins animés qui font l'enfance. Il ne retiendra pas le dessin animé. Par contre, il retiendra les balades en forêt, les éclats de rire, les anniversaires, tout ce qui aura profondément marqué ses émotions. Et c'est pour ça qu'on retient 10% de ce qu'on nous dit, on retient 20% de ce qu'on lit et on retient 90% de ce qu'on fait. Donc il faut de l'action. Il faut du mouvement, c'est ce que je pense.

  • Speaker #1

    Ça fait déjà une heure qu'on discute, c'est passé vite. J'avais encore plein de questions, mais je vais t'en poser une dernière. Est-ce que tu veux bien nous dire ce que c'est que les petites rappeurs Puisque ça ne fait pas très longtemps, si je ne me trompe pas, que tu fais ça. Voilà pour terminer si tu veux bien nous dire ce que c'est, ce que tu fais, ce que les enfants font.

  • Speaker #0

    Alors les Petites Rappeurs en fait c'est une école à 40 minutes de chez moi qui m'a contacté, une école qui fait pas mal école dehors, ils ont un grand terrain, quelques arbres etc. Et en fait bon les parents sont à fond pour l'école dehors, ils inscrivent même leurs enfants. exprès dans cette école parce que les enseignants sortent avec leurs élèves. Et donc, on m'a demandé si je serais par contre pour venir le mercredi faire des activités extrascolaires. Donc, j'y vais. Et puis, le matin, j'ai des 4-6 ans. En début d'après-midi, des 6-8 ans. Et en fin d'après-midi, des 8-10 ans. Et en fait, alors là, pour moi, c'est le pied total parce que je me sens complètement libre. Je n'ai aucune contrainte pédagogique. Donc là, reconnecter les enfants aux vivants, à la nature, et leur apprendre les premiers gestes trappeurs. On apprend à faire du feu, on apprend à se servir d'un couteau, on taille des flèches, on apprend à regarder la nature, son évolution, en prendre soin. En fait, il y a des petits thèmes. Des fois, c'est les oiseaux, donc on fait des installations. Pour les oiseaux, on apprend à les nourrir, on apprend à les reconnaître. Donc là, je mixe un peu tout ce que j'ai fait en forêt avec mes élèves, avec des petits jeux d'école dehors. Donc voilà, des relais pour apprendre le nom des oiseaux, de l'observation, etc. Donc c'est un peu école dehors avec moins d'exigences, puisque là, il n'y a pas les programmes. Là, par contre, c'est bien ritualisé. On a toujours un moment où on se dit bonjour. l'humeur du jour, etc. On commence par un jeu sportif en rapport avec la nature. Donc, je cache des figurines. Il faut tout retrouver ou quoi. Un atelier manuel ou créatif. Voilà, un atelier artistique. Et puis, on termine par une collation, soit sur le feu ou de la cuisine, mais on est toujours dehors pour faire la cuisine. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, trop chouette. Bon, écoute, je crois qu'on a fait le tour des sujets que je voulais aborder avant tout avec toi, qui tournaient autour de l'école, parce que tu as eu cette expérience d'école et qu'aujourd'hui tu accompagnes des enseignants. Et j'espère que l'échange qu'on a eu va toucher, et en tout cas peut-être... rassurée parce que j'ai trouvé que tu étais rassurante dans tes mots et dans le fait de voilà de se libérer de certaines choses et que en fait que ça parte du coeur un et que après juste tu ailles dehors peu importe l'environnement que tu as autour c'est déjà beaucoup et je crois qu'on en est encore parce que on a parfois l'impression que Boom, ça y est, la classe dehors est un mouvement qui explose. Et effectivement, ça évolue, mais il y a encore tellement de gens qu'il est important de toucher. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui se privent encore et qui se privent de se lancer. Et que du coup, je trouve que c'est important d'aller les chercher et de leur tendre la main en disant, allez viens, ce n'est pas si difficile que ça, tu verras.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de critères, il n'y a pas de notes, il n'y a pas de jugement. En fait, oui, mais ça, ça ne fait pas assez classe dehors, non. En fait, si pour une séance d'histoire géo, tu vas dans un cimetière militaire, c'est déjà de la classe dehors. Si tu vas prendre des photos de ton quartier pour trier les commerces en géographie, c'est de la classe dehors. Si tu prends un tapis de sol et que tu dis à tes élèves d'aller lire dehors avec pour se mettre dans une posture agréable, c'est de la classe dehors, à partir du moment où tu es dehors. tu fais classe dehors. Et il y a déjà de la plus-value, même si tu fais du calcul mental dehors, que tu dis juste à tes élèves, prenez vos ardoises, prenez vos marqueurs, on va dehors faire la dictée, c'est déjà génial. Et ça, moi, j'essaie de me faire le pont, comme je répétais, libérez-vous de toutes les contraintes, reconnectez avec votre créativité, votre envie et sortez.

  • Speaker #1

    On se quitte sur ces jolis mots. Merci beaucoup Marie pour ton temps et pour ce partage-là. J'ai passé un très bon moment. C'était chouette. J'aurais bien aimé discuter encore plus, mais on aura peut-être d'autres occasions.

  • Speaker #0

    J'aurais voulu avoir les autres questions, mais après je m'emballe. On parle de ma passion, donc tac, tac, tac. J'ai une pensée hyper arborescente à ce sujet-là. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir... de m'avoir invitée. Et oui, ça me fait très plaisir d'avoir pu discuter avec toi.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Passe une bonne journée et puis à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir pris le temps d'écouter cet épisode. J'espère qu'il vous a offert de nouvelles perspectives, voire de nouvelles pistes pour enrichir votre réflexion et votre pratique. Si vous l'avez apprécié, pensez à le... partager et pour aller plus loin et retrouver toutes les infos sur le sujet rendez-vous sur le site pédagogieduvivant.fr Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram pédagogieduvivant tout attaché sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode rappelez-vous sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. À très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentation

    05:02

  • Souvenirs d'enfance en nature

    07:02

  • Parcours dans l'enseignement

    08:19

  • Classe dehors : le déclic

    10:41

  • Lâcher prise pour mieux enseigner

    16:09

  • Contenu des séances classe dehors

    27:38

  • Relation au vivant et bienfaits

    36:03

  • Les formations classe dehors

    40:28

  • Les freins à faire classe dehors

    50:48

  • L'école doit s'adapter aux enfants

    58:22

  • Les petits trappeurs : ateliers extra-scolaire

    01:03:44

  • Conclusion

    01:05:37

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Description

Dans cet épisode, je vous propose un échange avec Marie, enseignante et formatrice, qui accompagne aujourd’hui des professeurs dans la mise en place de la classe dehors.


Marie nous raconte le déclic qu’elle a eu à une période de sa vie d’enseignante où elle se sentait étouffée, et comment faire classe dehors lui a donné un nouveau souffle.


Aujourd’hui, son souhait est de montrer aux enseignant.es qu’il est possible d’accompagner des enfants dehors, sans se compliquer la tâche et en ayant seulement à disposition une cour de récréation.


Un partage à la fois doux et authentique qui en inspirera surement beaucoup d’entre vous..! 🌳


Pour en savoir plus sur mon invitée du jour et retrouver ses références, rendez-vous ici.


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🔥ACCOMPAGNEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS : CREER ET LANCER UN PROJET D'ACCUEIL EN NATURE 🔥


Pour retrouver toutes les informations sur les accompagnements collectifs et individuels destinés aux porteurs et porteuses de projets en nature, rendez-vous ici : https://pedagogieduvivant.fr/accompagnements/


Les inscriptions pour ce printemps sont ouvertes jusqu'au 20 avril, prenez vite votre place !


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Moi, c'est Claire et vous pouvez me retrouver et me contacter sur :

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Belle écoute ! 🌳


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marie, avec qui nous avons abordé des sujets assez variés mais qui tournent tous autour de l'accès des enfants à l'extérieur, puisque Marie a été enseignante pendant plusieurs années et vous allez l'entendre, il y a un moment où il y a eu un basculement dans sa manière d'enseigner. Un changement qui est arrivé, j'allais dire d'un jour à l'autre, mais vous allez entendre que c'est même d'une minute à l'autre, où tout d'un coup, elle a eu le besoin et l'envie du coup de sortir et d'emmener ses élèves à l'extérieur, notamment en forêt. Et ce basculement a amené un changement global et profond dans sa manière d'enseigner, puisque... Ça l'a amenée à prendre du recul avec sa pédagogie et sa posture, la façon dont elle s'adressait en tant qu'enseignante aux enfants et la façon dont elle les accompagnait. Voilà pour le portrait très rapide de Marie. Je m'arrête là pour le détail de l'échange et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marie

  • Speaker #1

    Bonjour

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente d'être avec toi ce matin pour un petit moment d'échange. Pour qu'on situe un petit peu ce que tu fais actuellement, est-ce que tu peux nous dire quelle est ton activité professionnelle actuelle et dans quel coin tu es installée

  • Speaker #1

    Alors, je suis installée... dans les Hauts-de-France. De toute façon, je pense que ça va s'entendre pendant le podcast. J'habite à 40 km de Lille. Alors, mon activité professionnelle, c'est un peu les cinq branches d'une étoile. Je ne me restreins pas et je fais quand même beaucoup d'activités différentes. Alors, je forme des enseignants à faire classe dehors. Alors, principalement, déjà, sortir de la classe et oser aller... dans la cour de récréation ou dans un espace naturel proche. Ensuite, je crée du contenu pour faire des séances dehors. Je fais de la vente de fichiers sur mon site internet. Ensuite, j'anime des ateliers qui s'appellent les petits trappeurs. Ça, c'est le mercredi. Une fois de temps en temps, j'ai des enfants de tous les âges et on apprend à reconnecter à la nature et à s'amuser. avec la nature. Et ensuite, j'interviens dans les écoles. Je fais des kermesses écologiques. Donc, je viens animer et installer 8 à 10 ateliers. Et puis voilà, les enfants tournent d'atelier en atelier. Voilà pour ma vie professionnelle et aussi, puisque une étoile, ça a 5 branches, j'écris des livres. Je suis autrice.

  • Speaker #0

    Ok. Bon. On rentrera dans le détail un peu de tout ça tout à l'heure. D'abord, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début d'épisode, que j'aime beaucoup. Est-ce que tu veux bien nous dire quel était ton rapport à la nature quand tu étais enfant

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que je suis une enfant qui a quand même pas mal manqué de nature. En fait, j'avais un tout petit jardin. goudronnée avec presque pas de terre, de fleurs, il n'y avait pas d'arbres. Par contre, j'avais un grand parc derrière. En fait, les seuls souvenirs que j'ai de la nature quand j'étais petite, c'était aller chercher du muguet en forêt avec mon papa. C'était le rituel au 1er mai. Et après, c'était des randonnées en pleine nature, mais assez forcées. Mes parents adoraient marcher, mais je me sentais vraiment obligée. Moi, ce n'était pas quoi Ce n'était pas quelque chose que j'aimais particulièrement. Donc, en fait, je n'ai pas ce truc de j'adore la nature quand je suis petite. Non.

  • Speaker #0

    OK. Tu y es venue plus tard, du coup.

  • Speaker #1

    Oui, largement plus tard.

  • Speaker #0

    OK. Alors, pour qu'on ait aujourd'hui, tu as plusieurs activités professionnelles. Mais au démarrage tu étais enseignante, est-ce que tu peux retracer dans les grandes lignes tes années d'enseignement pour qu'on sache un peu quel niveau tu as eu, dans quel cadre, si c'était plutôt des petites ou grandes écoles, en ville, à la campagne

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai fait mes études à Lille, donc j'ai commencé à enseigner à Lille. Les premières années, à ce moment-là, en fait on avait une classe à mi-temps et une classe à quart-temps. Donc j'avais des CM1, CM2 le mardi et j'avais des tout petits le jeudi et le vendredi. Le lundi c'était un jour réservé à la formation. Ensuite, comme tous les enseignants, j'ai été mutée un peu plus loin, donc j'ai déménagé. Et j'ai été remplaçante pendant un an. Ensuite, j'ai été décharge de directeur pendant deux ans. Donc, j'ai eu vraiment de tous les niveaux, un petit peu dans plein d'écoles différentes, en ville, un peu plus à la campagne, etc. Et en fait, je suis tombée enceinte. J'ai eu mon bébé et j'en avais marre d'avoir mes affaires partout, dans plusieurs écoles différentes, d'avoir des niveaux différents tout le temps. Donc j'ai décidé de prendre la direction d'une école maternelle. Voilà, donc pendant six ans, j'ai été directrice d'une école maternelle. Je ne suis pas allée dans la forêt tout de suite, c'est venu un petit peu après. Et ensuite, j'ai été directrice d'une école élémentaire à la campagne, la dernière année où j'ai enseigné, avec des CM1, CM2, des CM1 pardon, pas des CM1, CM2, des CM1. Et puis voilà, je suis en disponibilité, c'est ma troisième année de dispo là. Donc en fait, j'ai été enseignante dans différents niveaux, maternelle, élémentaire, aussi dans plusieurs milieux sociaux. Donc j'ai plutôt fait 80% de milieux sociaux très défavorisés et très peu de milieux favorisés finalement.

  • Speaker #0

    Ok. Du coup, là, tu as évoqué le fait que tu as parlé de forêt au milieu de tout ça. Et en fait, si aujourd'hui, tu formes des enseignants à faire classe dehors, c'est parce qu'à un moment donné, tu t'es mise à emmener les enfants en extérieur. Est-ce que tu veux bien raconter comment c'est arrivé Qu'est-ce qui t'a donné, à un moment donné, envie de sortir avec les enfants

  • Speaker #1

    En fait, je crois que je supportais plus très bien ma manière d'enseigner, déjà. En fait, il y a eu le déclic, mais avant le déclic, il y a eu beaucoup de moments où je me sentais complètement désalignée avec ma manière de faire, donc je m'observais, un peu comme si on pouvait être capable de sortir de notre corps et de se positionner en tant que caméra. Et il y a eu beaucoup de moments où je me suis sentie très peu à l'aise avec ma manière d'enseigner, de parler aux enfants, de leur demander de se taire, de leur demander d'arrêter de bouger à mes enfants et aussi à mes élèves. Et puis j'ai eu beaucoup de réflexions sur mais qu'est-ce que la vie d'un enfant dans les années 2020 finalement, à quoi ça ressemble une journée d'enfant On se lève... Et puis les parents demandent, fais ci, fais ça, déjeune ci, déjeune ça, dépêche-toi, habille-toi. Et un tas d'ordres en fait, vu que j'étais maman, déjà du réveil jusqu'à mettre les miens à l'école. Et ensuite, j'arrivais en tant que directrice et je m'entendais, on enlève son manteau, on rentre dans la classe, on peut jouer un petit peu. Allez, on range, on s'assoit, tac, tac, tac. Et je pense que c'est plus encore ça qui a contribué que le jour où j'ai eu l'idée de sortir en forêt. Et il y a eu... des semaines, des mois où je me suis sentie pas bien du tout. J'observais, je me mettais dans leur peau, et je me disais, mais c'est horrible d'être enfant, c'est tellement horrible. Et moi, quand j'ai voulu être enseignante, je me faisais des promesses, je me promettais que je ne serais pas une enseignante comme les autres, qu'avec moi, les enfants allaient pouvoir jouer, aimer l'école. Et en fait, je me disais, maintenant, t'es comme tout le monde, tu leur donnes des ordres, tu cries. Et c'est pas drôle d'être ton élève, c'est pas drôle d'être ton enfant. Donc ça, ça a bien maturé. Et puis, en fait, il y a eu le Covid. On a été vraiment empêchés de sortir. Et puis ensuite, on nous avait demandé de faire un hommage à Samuel Paty. En fait, un an... Ah non, c'est pas un an après son décès, c'est... En fait, il est... Il est décédé juste avant les vacances de la Toussaint. Et à la rentrée des vacances de la Toussaint, on nous a demandé de lui faire un hommage, un hommage à la liberté. Et je me suis dit, mais un hommage à la liberté à 4 ans, qu'est-ce que je vais faire avec mes élèves Comment je vais trouver les mots Qu'est-ce que je vais faire de ça Et je n'ai pas trouvé d'idée jusqu'à arriver à l'école ce matin-là, un peu excédé, parce que je n'avais pas d'idée et que comme d'habitude, on nous dit des choses. C'est un hommage à la liberté, mais on nous laisse complètement dans le flou. Comme si, bon allez, vous êtes libres pédagogiquement parlant, faites ce que vous voulez. Et donc en fait, je suis arrivée à l'école et j'ai recommencé, asseyez-vous, taisez-vous, arrêtez de bouger, blablabla. Et là, ça m'a fait un déclic. Je me suis dit, la liberté, c'est quoi la liberté Pour toi, qu'est-ce qui te vient en tête J'ai fermé les yeux, j'entendais le brouhaha dans ma classe. Et je me suis dit, la liberté, c'est la forêt. Et en fait, il y a deux fils qui se sont touchés. On avait fait le World Cleanup Day un mois avant. Je me suis dit, mais si on va ramasser des déchets en forêt, on peut y aller du coup. C'est à 10 minutes à pied. Et donc, j'ai pris mes affaires, tout ce que j'avais préparé pour la matinée. J'ai dit à mon atsem, en fait, on va aller faire classe en forêt. Je vais juste prendre les trucs et on s'en va. Donc, on est parti et on a fait un cercle. dans un chemin forestier, on a fermé les yeux et je leur ai dit le mot de liberté, on a réfléchi à ce que ça signifiait pour nous, un grand espace, des petites maisons d'animaux libres là, dans la nature, et c'était génial. C'est un moment que je n'oublierai jamais de ma vie. On a fait notre matinée d'école en forêt et ensuite les enfants ont réclamé, On ressortait plusieurs fois par semaine pour aller faire classe en forêt. Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire classe dehors.

  • Speaker #0

    C'est vraiment sorti du cœur. C'est la spontanéité totale dans la sortie et ce moment où c'était plus supportable pour toi. Franchement, c'est beau. J'imagine un peu le... l'état dans lequel tu étais, mais là, du coup, de t'entendre le raconter quelques années après, moi, ça me touche beaucoup. Et du coup, donc, les enfants, ce que j'entends, là, c'est qu'ils se sont régalés tout de suite et qu'ils ont eu envie de ressortir. Est-ce qu'il y a eu un moment, du coup, où tu t'es dit, bon, bah, du coup, ok, si on sort davantage, que je fais davantage. davantage classe dehors. Tu vois, j'ai le mot formalisé qui me vient, mais c'est pas vraiment ça. Mais en tout cas, ok, comment est-ce que je me mets à intégrer ces temps de classe en extérieur Comment est-ce que t'as pensé tout ça et du coup, t'as finalement repensé ta manière d'enseigner et de transmettre

  • Speaker #1

    En fait, je pense que ça m'a fait un déclic un peu général sur ma manière d'enseigner. J'ai lâché prise en fait. L'avantage était que j'étais directrice et donc je n'avais pas quelqu'un au-dessus de moi pour me dire non, ce n'est pas possible, c'est trop de contraintes, etc. Ce que j'ai fait, c'est que déjà j'ai prévenu l'inspection le jour où j'ai fait ça parce qu'on devait expliquer un peu ce qu'on avait fait pour cette journée d'hommage. Donc moi... Il y en a qui avaient envoyé des photos. Donc moi, j'ai envoyé ça. Et j'ai dit à l'inspection, en fait, merci. Merci, désolé, parce que je me suis beaucoup plainte. Mais merci, parce que moi, j'ai ouvert les yeux et c'était génial. Voilà notre hommage. J'avais pris des photos. Enfin, j'avais demandé à mon ADSEM de nous prendre en photo. La photo était magnifique. Et donc, c'est tout. J'ai prévenu mon inspectrice que je retournerais faire classe en forêt. Et elle m'a dit... Elle m'a... Elle m'a dit Ok, très bien, faite J'ai prévenu les parents aussi, assez rapidement, que j'allais y aller régulièrement. Mais c'était à 10 minutes, je m'étais renseignée, il n'y a pas de contrainte en fait. Il n'y a pas de demande d'autorisation, c'est sur le temps scolaire. Tant que le taux d'encadrement est respecté, il n'y a aucun problème. Donc aucun frein. Et en fait, j'ai appris à écouter mon cœur plutôt que mon cerveau. J'ai appris à écouter mon intuition et à regarder l'état général. des élèves, l'énergie qui circule. Et j'ai vraiment ouvert le champ des possibilités. Dès que je pouvais aller dehors, j'y allais. Donc soit je transformais un peu et on allait dans la cour de récré, ou soit on partait par demi-journée en forêt. Et en fait, parfois, je n'avais pas prévu d'y aller, et j'y allais parce que, je ne sais pas, j'avais envie. Donc, je me disais, là, on a écriture, on a musique, on a maths. Ouais, bon, il n'y aura pas de jetons, mais il y aura des bâtons. On fera comme ça. J'y allais vraiment à l'arrache. En fait, j'en avais un petit peu marre de mon boulot. Et je me disais, je pense que je suis une assez bonne enseignante de grande section pour être inspirée. Et en fait, à chaque fois que j'allais en forêt, c'est en étant sur le terrain. que je trouvais des manières nouvelles de faire, de l'inspiration. À chaque fois, on devait rentrer et on disait Ah bah non, on va quand même faire la séance de motricité ici, on va se débrouiller. Et je faisais avec les moyens du bord. Et plus j'y allais, plus je me sentais inspirée, plus j'avais de nouvelles idées. Donc, en fait, je n'ai rien formalisé du tout. Et quand je forme les enseignants aujourd'hui, Je sais qu'il y en a que ça rassure de dire le jeudi matin c'est l'école en forêt parce que forcément surtout quand il fait froid il faut des tenues adaptées etc. Mais je trouve que plus on met de contraintes, plus c'est contraignant, moins on a de liberté, moins on a envie d'y aller, plus on se dit que c'est beaucoup de préparation matérielle, plus on s'empêche. Et c'est un peu dommage, du coup il faut écouter ses tripes. Tout comme à l'inverse ça pourrait être... écœurant de se dire on y va coûte que coûte, on y va sous la pluie, on y va s'il y a de la boue. Mais en fait, non. T'as envie d'y aller, t'y vas. T'as pas envie, t'y vas pas. C'est tout, en fait.

  • Speaker #0

    Il y a un mot que t'as employé, t'as parlé de lâcher prise, que toi t'as senti tout de suite que t'avais totalement lâché prise et finalement, c'est souvent ce que... Ce que j'entends moi aussi quand j'accompagne des enseignants à faire classe dehors et dans le podcast, les enseignantes qui sont venues expliquaient bien qu'au démarrage, c'était vraiment le plus difficile, se lâcher prise, de sortir de toutes ces cases, de toutes ces exigences, d'avoir peur de mal faire. Je trouve qu'il y a une... Il y a un truc qui amène les enseignants beaucoup à remettre en question ce qu'ils font, la manière... Alors, tu vois, je pense que c'est important dans la posture et en tant qu'être humain, qu'on soit enseignant ou pas, à partir du moment où on accompagne d'autres êtres humains, il faut s'interroger et prendre du recul, prendre de la hauteur sur notre posture. Mais je trouve que le système et tout ce qui est aujourd'hui demandé... je veux dire à l'école de manière générale a tendance à déstabiliser moi je ne suis pas enseignante et de ce que j'observe il y a beaucoup d'enseignants qui se demandent s'ils sont légitimes s'ils sont tout le temps en train de bien faire et comme si le moindre changement qu'ils allaient apporter ça risquait d'ébranler tout un système et que tout d'un coup ça allait s'effondrer et que ça ne sera pas bien et ça casse vraiment une confiance je trouve que les personnes en elles. Et forcément, là, de passer d'un huis clos à tout d'un coup, je vais dehors et je bouscule tout ce que j'ai appris, c'est hyper déstabilisant. Et se lâcher prise, moi, je l'entends beaucoup pour les enseignants que c'est difficile. Et j'imagine que quand c'est comme pour toi, que ça vient des tripes, en fait, effectivement, c'est ton cœur qui parle, c'est plus ta tête, donc les choses, elles sont... elles viennent beaucoup plus naturellement. Oui,

  • Speaker #1

    il y a toujours la contrainte des programmes, etc. Et en fait, cette pression, on se la met parce qu'on est quand même beaucoup surveillés. Ça va dépendre des écoles, mais par les parents, par la mairie en quelque sorte aussi. Il faut faire des projets, il faut faire rayonner l'école, par l'inspection. On a envie de... En fait, on reste des élèves. On est des enseignants, mais on reste des élèves avec... En fait, la majorité des enseignants étaient des bons petits soldats à l'école, les petits intellos, les petits élèves, et on est quand même assez soumis à une certaine forme d'autorité. Mais en fait, on ne se rend pas compte que toutes les contraintes qu'on se met pour être de bons enseignants, c'est aussi ça qui fait qu'on n'en est pas. Parce qu'en fait, on tire... sur une corde, on tire, on tire, on tire pour être ce qu'on attend de nous sans arrêt. Et puis, c'est un investissement sans limite. Donc, on ne se sent jamais être un bon prof, on ne se sentira jamais être un prof parfait ou avoir fait une séance merveilleuse, parfaite. Il n'y a rien à redire, ça n'existe pas. Tout ça parce qu'en face de nous, on a des humains. Et humain vient de humus et on oublie de où on vient parce que notamment nous sommes complètement déconnectés avec le béton, les bâtiments, les publicités, les écrans. On est déconnecté complètement de ce qui fait de nous, de l'humanité en fait, de nos ressentis, de nos énergies. On oublie de... Il y a un pique-épège dans mon jardin. Vous pouvez pas regarder. On oublie de quoi on est fait, on oublie d'où on vient, on oublie l'essentiel, on oublie notre essence. Et du coup, ça peut pas fonctionner. Et c'est ça. Mais c'est très compliqué d'expliquer ça. Ça fait un peu perché, mais en fait, avant le plaisir et ensuite les apprentissages. Avant le respect de l'enfant et ensuite les apprentissages. Parce qu'en fait, on est en train de se heurter à vouloir enseigner comme on l'enseigne, comme ça, à l'intérieur, avec des chaises. On se heurte à la nature profonde de l'humain. Et en fait, les enfants, c'est très agaçant. Parce qu'un enfant, c'est encore connecté au vivant. Un enfant, c'est encore très créatif, très joyeux. Tout est possible avec un enfant. Un enfant, c'est très inspiré. Donc c'est très agaçant pour un adulte qui a appris. à se conformer, à se conditionner, à se mettre dans un moule, à se couper un peu l'herbe sous le pied, c'est le cas de le dire. C'est très agaçant d'avoir des enfants pleins de vie, tout voyeux. Mais en fait, on a le choix de faire avec cette énergie ou contre cette énergie. Et si on va contre, on est perdant. Donc moi, ce que j'ai remarqué en allant en forêt, c'est qu'en respectant l'envie de bouger, le besoin de mouvement, parce que c'est d'abord un besoin avant une envie, on a tout à gagner. On a tout à gagner au niveau de la concentration des enfants et surtout de la... comment je pourrais dire ça D'abord la motivation et ensuite la mémorisation. J'ai compris que oui, je ferais moins de séances parce qu'il y a un trajet pour aller en forêt, mais que 10 exercices dans un cahier... Ça vaut une séance en forêt. Il n'y a plus besoin de quantité, mais juste de la qualité. Donc j'ai trouvé des subterfuges pour rassurer les parents, rassurer l'inspection. Je prenais des photos de ce qu'on faisait, parce qu'on joue en fait. Pour eux, on joue et on n'apprend pas. Alors qu'en fait, le métier de l'enfant, c'est de jouer. Ça, ça ne vient pas de moi, c'est Pauline Cargomar qui le dit. Je prenais des photos, je prenais des vidéos. Et voilà comment on a appris à compter aujourd'hui. Et en fait, le fait de rendre ça visible, d'expliciter ce qu'on faisait, forcément, j'avais les parents de mon côté, j'avais l'inspection de mon côté. Et je pense que ce qui a terminé de convaincre les parents, c'est leurs enfants pressés d'aller à l'école, leurs enfants crevés le soir, dans le sens où... forcément, lumière du jour, on se dépense, donc on dort beaucoup mieux, on a un sommeil beaucoup plus apaisé. Et puis voilà, sautiller en venant à l'école, je crois que c'est le plus beau des cadeaux.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair. Et dans toute cette spontanéité dans tes sorties, est-ce qu'il y a quand même des... Des rituels que tu as mis en place Est-ce qu'il y a des choses qui sont soit venues de toi, soit des enfants, dans ces sorties en forêt Est-ce qu'il y a des éléments dans les séances qui revenaient de temps en temps, où vraiment à chaque fois, chaque séance était différente

  • Speaker #1

    En fait, en forêt, on avait des tronçons de bois qui étaient éparpillés. Et du coup, j'avais demandé à la mairie si c'était possible pour eux de venir nous faire un espèce de coin regroupement. On avait fabriqué un tipi avec les enfants, démoulis une fois sur deux par les sangliers. C'est pas grave. Mais en tout cas, on avait quand même notre coin regroupement. Donc ça, c'était un point d'ancrage, un point clé pour les enfants. En fait, ça se passait un petit peu comme dans la classe, on va dire. Mais sauf qu'on était dans la forêt, donc on avait beaucoup d'espace. Mais pour les enfants, cet endroit de la forêt-là, c'était notre salle de classe, en fait, un peu. Il savait les limites à ne pas dépasser. Et donc ça, c'est le repère principal. Il est plutôt géographique. Le rituel, non, pas vraiment. On arrivait, on avait un petit temps libre aussi, le temps libre en arrivant, histoire que... Bon, ben voilà, on arrive, on se défoule. Après, on commence les activités, les ateliers. Il y a la récréation. Moi, ce que j'ai remarqué, c'est qu'il n'y a plus aucune dispute, en fait. C'est ce que je disais aux enseignants que j'ai formés ce mercredi. Je leur disais, pour moi, une cour de récréation goudronnée, ça équivaut à un loft story. C'est que vous mettez des enfants dans un espace où il n'y a rien. Mais qu'est-ce qu'ils font Ils se disputent. Il faut bien faire quelque chose. Il faut bien se stimuler d'une manière ou d'une autre. Il faut bien grandir et évoluer. Donc, en fait, si on n'a rien à faire, on va... créer, générer du conflit pour avoir quelque chose à faire, à s'occuper. La forêt, franchement, c'est rigolo parce qu'on est à l'école et on galère pour boire. Sortir avec un café quand on a une cour goudronnée, c'est une galère monumentale. On ne boit jamais le café. Toutes les deux minutes, il y a quelqu'un, il m'a tiré les cheveux, j'ai oublié mon gant, j'ai envie de pipi. Et ça ne s'arrête jamais. En forêt... Je m'ennuie, en fait. Je suis dans la forêt, je regarde les élèves et je suis même, moi, devant un dessin animé. C'était vraiment... Ce que je ressentais au fond de moi, c'est des vibrations très puissantes de... Waouh Ça y est, je suis la maîtresse dont j'ai rêvé. Je les respecte, ils sont bien. Ils sont en train de créer leurs plus beaux souvenirs d'école. J'adore. Et c'était... Il y a plein d'arbres, il y a plein de feuilles, il y a des bâtons, il y a des trous. le terrain il est accidenté donc il y a plein d'histoires en fait c'est ça le rituel c'était vraiment la récréation voilà mais non je sinon on rangeait voilà on disait un peu au revoir au lieu au lieu de la forêt quoi quand on partait mais sinon non autant qu'en classe en fait il y avait la consigne l'activité et puis après on clôturait

  • Speaker #0

    commencer autre chose mais non non ni plus ni moins ritualiser ok et alors tu as parlé de ce que tu observais chez les enfants le fait de répondre à leurs besoins de mouvement qui permet derrière de faciliter les apprentissages bon sur les enfants du coup tu as évoqué ce que tu avais pu observer et toi du coup comment est ce que Comment s'est sentie Marie, l'enseignante, dans les mois qui ont suivi cette mise en place Est-ce qu'il y a des choses qui ont émergé de toi Est-ce que tu t'es mieux sentie Parce que tu disais que depuis quelque temps, tu te sentais quand même assez étouffée et contrainte. Ça a changé quoi sur ton quotidien d'enseignante

  • Speaker #1

    Moi, je me suis sentie très humaine. plus Marie que prof. Je me suis sentie plus entière, en fait. En fait, avant, j'avais l'impression qu'il y avait Marie de la vie quotidienne, la maman et tout et tout, et que quand j'arrivais à l'école, je devais en quelque sorte comme mettre un masque. Je suis la figure d'autorité, en plus directrice, etc. Là, j'avais l'impression de me reconnecter à qui j'étais profondément. Je ressentais à l'intérieur de moi un alignement sans pareil, en fait. Là, je me disais, ce que je vous disais il y a deux, trois minutes, je me sens, je ne peux pas être une meilleure enseignante que maintenant. J'avais l'impression d'être au bon endroit, de faire ce qu'il fallait. Je me sentais excellente. Et surtout, je n'avais plus du tout besoin de validation extérieure. J'aurais pu me faire inspecter en forêt. J'aurais tout assumé. Voilà. Pour moi, j'étais la meilleure version de moi-même.

  • Speaker #0

    Et l'impact que ça a eu sur ma manière d'enseigner, c'est une profonde créativité en fait. Je me sentais très inspirée à tiens, comment je peux faire les compléments à 10 dans la forêt Comment je peux faire graphisme dans la forêt Comment je peux… Je ne refaisais jamais vraiment la même chose, mais il y a des choses qui reviennent quand même. On connaît les compétences par cœur. Et j'avais un éventail des possibilités très élargie. Donc, je me sentais très créative. Ça m'a vraiment fait du bien. Alors après, je ne peux pas dire qu'au niveau de la fatigue, etc. C'était plus... Ça n'a pas enlevé l'épuisement professionnel parce qu'en même temps, c'était des années assez contraignantes. Je devais aller en forêt avec un masque. J'avais une collègue en épuisement professionnel, donc du coup, on devait se répartir ses élèves de petites sections. Donc j'avais des petits, des moyens et des grands. J'avais plus d'élèves. Et donc, c'est quand même une période où j'ai vécu et mes meilleurs moments et mes pires moments parce que j'étais très fatiguée, en fait. Mais quand même, une redécouverte du métier et s'autoriser à créer. Je pense que c'est ça qui manque. En fait, on est vachement sous la contrainte des programmes. On en parlait tout à l'heure, des programmes, des horaires. Et puis, il n'y a plus... Enfin, ils ne se rendent pas compte. La hiérarchie ne se rend pas compte que les contraintes, elles se superposent les unes aux autres. On a un nouveau ministre, il va nous rajouter des contraintes. Mais en fait, au bout d'un moment, il faut enlever les contraintes précédentes pour en rajouter. Et là... Je me disais, allez hop, c'est pas grave. Quand on est enseignant, on a toujours l'impression d'avoir une caméra qui nous filme, et on se juge sans cesse. Là, je me disais, je crois que si quelqu'un me voit, ça va le réveiller. Que ce soit le ministre, que ce soit l'inspecteur d'académie, l'inspecteur de circonscription, le conseiller pédagogique, on ne peut pas voir cette classe qui travaille en forêt, voir ces enfants qui apprennent avec le vivant. Et se dire, mais qu'est-ce qu'elle fait Elle fait n'importe quoi. Non, je pense que ça peut faire vibrer n'importe quel humain de voir ça. Et qu'on se dit, ah ouais, c'est ça qu'il faut. Donc j'avais très confiance en moi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je rebondis sur la créativité parce que, en fait, de manière générale, on grandit quand même dans un système qui est passé les premières années à l'école. on met toute la créativité de côté. D'ailleurs, moi, tu vois, je travaille en partie en lycée et les jeunes qui ont envie de faire des métiers créatifs, on leur dit non, mais tu gagneras jamais ta vie avec ça, laisse tomber, c'est pas la peine. Donc, on est toujours en train d'écarter et en fait d'étouffer la créativité des gens. Et du coup, on se retrouve avec des adultes qui sont... qui n'écoutent plus, qui ne ressentent même plus cette créativité-là. Et moi, je suis toujours émerveillée quand je vois les parents, puisque dans les ateliers que je fais en forêt, pour les 3-6 ans, les parents sont toujours là. Et en fait, ils reconnectent avec la matière, ils reconnectent avec leurs mains. eux-mêmes le disent. La dernière fois, il y avait un papa qui a dessiné un oiseau et il a dit Waouh, mais je ne savais même pas que j'étais capable de faire ça, quoi Et c'est trop beau. Et en fait, cette créativité-là, effectivement, quand tu te connectes à ce qui se passe autour, quand tu te connectes aux humains qui t'entourent, ça la nourrit. Et il y a vraiment un truc, je dirais, peu importe le métier que tu fais, quand l'adulte commence à reconnecter avec cette créativité-là, il se développe beaucoup. Quand on est en extérieur et quand on se connecte à ce qui nous entoure, il se passe des choses incroyables. Et après, tu as juste à tirer le fil. Ça vient tout seul. Plus tu crées, plus tu te laisses porter par cette créativité-là, plus elle grandit. Et ça, je trouve que c'est magnifique à observer chez les enfants. Mais globalement, ils ont tous cet attrait pour créer. Mais chez les adultes, je trouve qu'il y a vraiment un... un avant et un après. Je connecte avec ma créativité.

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que c'est pas pour rien que... que le mot nature ait un double sens. Donc on va dans la nature et on reconnecte à sa propre nature parce que c'est ce dont on parlait tout au début, l'humus, l'humain, l'humus. On vient de là et on est un peu trop déconnectés, mais c'est sûr que la forêt, ça vient stimuler complètement la créativité. Et c'est pour ça que les enseignants qui se mettent un petit peu la pression Mais qu'est-ce que je vais faire Comment Comment Parce que ça peut devenir très contraignant. En fait, pédagogie par la nature, on peut se mettre la pression à se dire Ah, mais il faut absolument que j'utilise la nature. Comment Comment Comment Mais en fait, non. La nature, elle a déjà un rôle super puissant. Juste prendre un livre et faire la lecture dehors ou l'écriture dehors, une rédaction rédigée pour des CM. à l'intérieur et une rédaction rédigée en forêt, ce ne sera pas la même. On est complètement inspiré. Ça fait aller la créativité. Moi, je ne comprends pas. C'est ce que je dis toujours en formation. Je dis, imaginez-vous, parce qu'on ne se met pas à la place des enfants, mais imaginez-vous écrire à côté de 25, 27 autres personnes qui écrivent. Mais c'est terrible. Parce qu'en fait, quand on écrit, on doit d'abord se faire un espèce de dessin animé de ce qu'on a à raconter. Avec un voisin ici et un voisin de l'autre côté, c'est très compliqué. La nature, ça permet ça aussi, de s'isoler. Et c'est là où naissent les histoires. En fait, on a besoin de se sentir quand même dans une bulle. Et puis, il y a l'essence. On a une certaine température, on a le vent, l'odorat. le toucher, on peut se balader aussi pour écrire. Donc forcément, oui, la créativité, elle est fortement stimulée dans un espace naturel.

  • Speaker #1

    Ouais. Par quoi tu commences quand tu fais tes formations auprès des enseignantes Tu démarres tes formations par quoi

  • Speaker #0

    Alors, en général, je prends un oracle avec moi ou alors les cartes du Dixit. et puis je cherche aussi à reconnecter avec qui ils sont et je leur fais tirer une carte. Donc j'ai l'oracle des animaux, j'ai l'oracle des fleurs ou le jeu du Dixit et je leur dis pour vous, l'école dehors, qu'est-ce que c'est Si je leur pose la question comme ça, sans inducteur, ça va être un peu plus... Ils essayent de répondre une réponse attendue. Donc moi, je veux quelque chose qui vient de leur tripe. Je commence en général les formations comme ça. Et quand c'est des formations de 9h, de 18h, quand on se revoit plusieurs fois, j'utilise d'autres techniques. Mais je pars toujours de comment ils se sentent, etc. Donc des fois, c'est aujourd'hui, je me sens être quelle couleur Aujourd'hui, je me sens être quel animal ou quel météo Je commence par quelque chose qui parle d'eux.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des freins que tu entends souvent Quelles sont les problématiques, quelles sont les questions qui reviennent fréquemment quand tu fais ces formations-là

  • Speaker #0

    Alors, la majorité du temps, les enseignants s'imaginent que pour sortir, il faut avoir des connaissances sur le milieu naturel. où ils vont se rendre avec leurs élèves. Je ne peux pas faire école dehors parce que si, par exemple, il y a un élève qui me demande c'est quoi cet arbre, je ne saurais pas. En fait, on pense école dehors, on pense vivant, et tout de suite on relie à sciences de la vie et de la terre, ou SVT, biologie, mais en fait, pas. Donc les freins, c'est ça, c'est le manque de connaissances, de théories. sur le milieu naturel. En fait, la grande majorité des formations que je dispense ne sont pas des formations de pédagogie par la nature et ni même des formations pour aller enseigner en forêt. Il n'y a même pas 5% des écoles qui ont une forêt à proximité et même les écoles qui ont une forêt à proximité ne font quand même pas école dans la forêt. Donc ce que j'ai choisi... de faire de mon côté, étant donné qu'il y a déjà plein de super pédagogues par la nature. J'ai choisi de me spécialiser dans l'école dehors, sur Goudron, on va dire. Donc après être allée en maternelle, je suis allée en élémentaire. Je n'avais pas d'espace naturel à disposition. J'ai recommencé à faire classe dans l'espace d'une salle et c'était horrible. J'ai vraiment galéré, galéré. Et du coup, j'ai décidé de sortir quand même sur le goudron. Et en fait, au début, je me jugeais. Je me disais, oui, mais c'est pas la classe dans la forêt, c'est pas bien. Pour moi, il y avait un peu le bien et le mal. Le bien, c'est la forêt, c'est ce que j'avais vécu avec mes élèves de maternelle, c'est ce qui me faisait vibrer. Et le mal, c'était la salle de classe. Et en fait... J'ai tout fait et je me dis que je ne peux pas faire école sur le goudron parce que je vais me faire critiquer. Si je partage sur les réseaux sociaux, on va me dire oui, mais ce n'est pas classe dans la forêt Et en fait, au bout d'un moment, je me suis dit on s'en fout, moi j'ai besoin de m'amuser Et en fait, la plus-value déjà d'être dehors, parce que j'avais que du gazon, du goudron d'un côté et derrière l'école, on avait quand même du gazon. Je me suis dit hop, on s'en fout Je vais oser, je vais quand même, de toute façon, je le fais pour moi, donc je le fais. Et en fait, j'ai partagé quelques-unes de mes séances sur ma page Instagram, les petits écolos. Et là, j'ai eu énormément de réactions, énormément d'enseignants qui ont commencé à prendre mes séances et à les tester avec leurs élèves. Et plein de remerciements et plein de photos, encore plus que quand je partageais sur l'école dans la forêt. Et je me suis dit, waouh, ah oui, il y a quelque chose à faire aussi là-dessus. Parce qu'en fait, si on se cantonne à la forêt, l'espace naturel, etc., en quelque sorte, on prive 98% des écoles de faire classe dehors. Et après, j'ai beaucoup réfléchi à tout ça. Et je me suis dit, je pense que si on fait classe dehors, dans la cour de récréation, on va créer une contrainte. petit à petit. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'ombre, il n'y a pas de support, il manque des choses, en fait, si on veut faire classe dehors sur le goudron, voilà. Et je me suis dit, s'il y a des enseignants qui sortent, qui font classe dehors, cours de récré, on va vers une végétalisation des espaces de la cour, de l'école, pour avoir de l'ombre, pour avoir des supports, pour avoir des espaces où on s'assoit, etc. Il faut passer par là. Et je pense que là, ce qui me manque actuellement, c'est ça. En fait, je me fais la petite marche d'escalier entre les enseignants de salle de classe, les enseignants qui font classe dehors en forêt, ce qui est le graal et l'objectif absolu. Moi, j'essaie de créer une étape intermédiaire entre les deux et d'assumer cette étape intermédiaire parce que je crois que je suis la seule à proposer des formations dans la cour de récré. Et c'est pas toujours facile à assumer, parce que moi aussi je suis pro forêt. Il faut pas croire, mais par contre je suis carrément pour la liberté, la créativité et le jeu chez les enfants. Et je pense que parfois ça manque un peu de contraste. Et j'ai remarqué la même chose quand je faisais... quand je faisais des conférences sur le zéro déchet, etc. Puisque je ne peux pas faire zéro, alors je ne fais rien. Puisque je ne peux pas tout faire, alors je ne fais rien. Et je trouve ça vraiment extrêmement dommage de se priver de faire classe dehors parce qu'on n'a pas de forêt, parce que bien sûr qu'il n'y a pas toutes les plus-values, il n'y aura pas toute la créativité, il n'y aura pas toutes les vibrations. qu'on a dans un espace naturel, mais il y aura le jeu, le mouvement, la créativité, la lumière naturelle, cette espèce d'énergie de groupe qui se passe entre les enfants quand ils jouent ensemble et qu'ils coopèrent et qu'ils courent. Donc là, je suis un peu plus spécialisée école dehors, cours de récré. Je ne me souviens plus du tout de la question. Je me suis embarquée dans mon truc.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est très bien. Je rebondis sur le fait que, en fait, c'est... C'est précieux d'expliquer qu'effectivement, on peut... En fait, ce qui compte, c'est de sortir après l'environnement. Effectivement, si t'es plongé dans un environnement naturel qui est absolument magnifique, qui est reposant, sans bruit, mais en fait, c'est pas... Déjà, on le voit bien tous, il faut aller chercher la forêt. Selon l'endroit où tu habites, souvent, il faut faire de la route. Et aujourd'hui, les enfants qui sont... Les plus déconnectés et qui ont vraiment besoin juste de prendre l'air, c'est beaucoup d'enfants qui sont dans les grandes villes. Et en fait, si on attend de trouver une forêt pour les emmener dehors, en fait, ils n'iront jamais à l'extérieur. Et du coup, effectivement, ce qui compte en premier lieu, tu le disais, c'est de sortir parce qu'on s'aère, parce que les enfants bougent. Et ça, je crois que tu le disais il y a quelques minutes que... Un enfant, en fait, on va contre l'enfant quand on l'oblige, quand on le contraint à rester assis sur une chaise. Mais rien que ça, il n'y a pas besoin d'être enseignant, pas besoin d'être parent. Il suffit juste de regarder un enfant pour se rendre compte qu'il a la bougeotte tout le temps. Après, ça se tasse un peu avec les années. Et encore que, franchement, moi, j'accueille du 0-16 ans en forêt, pour le coup. En fait, à partir du moment où ils ont la possibilité de bouger, ils bougent tout le temps. Et donc rien que de sortir, oui, même si c'est dans une cour de récré bétonnée, effectivement, peut-être qu'en termes de connaissance du vivant, il y a des choses qui vont être plus limitées, parce qu'on ne va pas pouvoir observer un écureuil forcément dans la cour de récré s'il n'y a pas d'arbre, s'il n'y a rien du tout. Mais déjà, on répond à un besoin qui est essentiel pour les enfants, qui est de sortir. Et je trouve que c'est important ce que tu dis là, parce que c'est vrai que le mouvement des Forest School en France, il amène beaucoup d'inspiration, mais peut-être qu'il amène aussi des complexes et un truc où on se dit, bah oui, mais moi, j'ai pas ça près de chez moi. Et du coup, je pourrais jamais offrir ça aux enfants. Déjà, de sortir, c'est un énorme cadeau qui est fait aux enfants.

  • Speaker #0

    Oui, la question vient de me revenir. En fait, tu me demandais quels sont les freins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Du coup, alors les freins, c'était la connaissance de la nature, aucun espace vert à proximité, la peur de mal faire. Et voilà, il y a quand même un côté puriste à l'école dehors. Donc, c'est pour ça que j'avais rebondi sur sortir dans la cour de récréation. Et moi, je n'ai pas trop envie qu'il y ait une petite bataille classe dehors, classe nature. Parce qu'en fait, à force de mettre les gens dans des cases, dans des moules, il faut faire comme ça, il faut faire comme ça, en fait, on s'empêche. Et donc, moi, je pense qu'il faut écouter ses envies. Il faut essayer, il faut sortir, il faut oser. Et être déjà osé sortir de sa classe, c'est déjà pas mal. Dans les freins que je note aussi le plus souvent, c'est la peur de la perte de temps pour se rendre à un espace ou même pour être dehors parce qu'il faut mettre les manteaux, etc. Donc perdre du temps. Et aussi les autorisations, tout ce qui est de l'ordre du taux d'encadrement. de la loi. En fait, souvent, les profs pensent qu'ils n'ont pas le droit de sortir. Alors qu'ils se rendent à la salle de sport à pied en sortant de l'école. Ils vont au terrain de basket de la ville ou quoi. Là, ils ne se posent pas de questions. Mais par contre, quand c'est pour faire classe dehors, et s'il y a un accident Et c'est pour ça que faire classe, ne serait-ce que dehors, dans la cour de récréation, En fait, c'est comme si on demandait à un enfant de faire des multiplications avant même d'avoir fait l'addition, la soustraction, etc. Ce n'est pas possible. C'est pour ça que je parle de marche d'escalier et je pense que les enseignants ont besoin d'être rassurés. Comment est-ce que je vais gérer ma classe à l'extérieur alors que j'ai déjà des difficultés à la gérer à l'intérieur Ça, c'est la gestion de classe. le comportement des enfants, la gestion de classe, comment je fais pour les élèves qui sont en difficulté, etc. Et c'est rigolo. d'avoir tous ces freins parce que finalement la classe dehors elle est elle est pas là pour guérir ces choses là elle les prévient en fait quand on fait classe dehors on a on n'a pas de souci de comportement parce qu'on fait avec le besoin de mouvement donc voilà et puis ensuite étant donné qu'on prend en compte la nature profonde de l'enfant qui est je veux jouer Quand on fait un jeu sportif sur les tables de multiplication ou de la conjugaison, que les enfants sont en équipe pour conjuguer, ils vont écouter la consigne puisqu'ils vont avoir envie de gagner. Le but, ce n'est pas d'avoir 9 sur 10 à m'addicter ou d'être noté ou de rapporter une bonne note à papa, maman ou d'avoir un bon point. Ce n'est pas une motivation qu'on appelle extrinsèque, à l'extérieur de soi. La motivation, elle est à l'intérieur. C'est-à-dire, moi, je veux gagner. Et c'est puissant, puisque c'est à l'intérieur. Donc, j'ai une motivation de fou. Donc, il n'y a plus de problème de comportement, vu que les enfants trouvent un intérêt personnel à jouer, à apprendre. Voilà, là, c'est en équipe. Il n'y a pas non plus toutes ces questions de mise en échec, de stylo rouge sur le fameux cahier du jour, puisqu'en fait... ça va être écrit nulle part que j'ai perdu. En plus, on travaille beaucoup plus en groupe. Donc quand je gagne, quand mon équipe gagne, c'est un peu grâce à moi puisque je suis dans l'équipe. Mais par contre, si mon équipe, elle perd, ce n'est pas que de ma faute. Du coup, il y a un rapport à l'erreur qui est complètement boustulé en école dehors. Et ça, en fait, il n'y a pas de question à se poser. On s'en aperçoit. qu'en faisant. On se dit, tiens, c'est vrai qu'il n'y a plus ce problème-là. Et c'est vrai que tel enfant hyper stigmatisé à l'intérieur, je n'ai plus rien à faire pour le déstigmatiser. À l'intérieur, il y a des enfants qui sont dyslexiques, dyspraxiques, qui ont parfois des écrans pour écrire. À l'extérieur, non. Ça évite tout un tas de problèmes. Mais il faut essayer pour...

  • Speaker #1

    Moi, je l'observe beaucoup. Alors, du coup, moi, je vais parler des enfants que j'accueille en extrascolaire, donc qui viennent le mercredi. Moi, je ne sais pas comment ils sont à l'école. Et souvent, les parents, en début d'année, quand il y a des soucis de comportement à l'école, ils me préviennent, voire même, souvent, ils... Ils n'inscrivent qu'à un seul atelier parce qu'ils veulent voir si ça va bien se passer, si ça ne va pas être trop difficile. Et voilà, c'est vraiment, c'est quasi systématique. Les parents me préviennent, bon voilà, à l'école, ça se passe comme ça, ce n'est pas évident. Et en fait, moi, je ne le vois pas du tout. Je vois bien les différences entre les enfants qui ont besoin de... beaucoup plus d'activités. Mais en fait, souvent, au bout de 3-4 ateliers, quand on discute avec les parents et qu'ils me demandent ça va presque un peu gêné, il n'y a pas de soucis Mais en fait, non, il n'y a aucun souci parce que l'enfant, il vit. Et effectivement, moi, je ne sais pas comment il est à l'école, mais là, il ne me pose pas plus de problèmes. qu'un autre, il est lui, il est enfant et ils le sont tous. Et je me souviens que les premières fois, ça m'avait vraiment surprise que les parents, parce qu'ils ont beaucoup de pression de la part de l'école et je pense que c'est très très inconfortable en tant que parent, c'est hyper stressant. Quand sans arrêt on te rabâche. que ton enfant, il a des soucis de comportement et que c'est problématique. En fait, on en vient à ne plus oser sortir de chez soi et à prévenir toute personne qui côtoie l'enfant que, attention, c'est difficile. Alors que vraiment, moi, dans 99% des cas, ça se passe très, très bien en forêt. Et moi, je les observe, je vois des enfants différents. Ils sont tous différents, mais il y en a eu. Avec qui ça a été plus challengeant, où il tapait davantage dans les limites et dans le cadre, parce qu'il y en a un qui est posé, même si on est en forêt, mais bien loin du portrait que pouvaient me dresser les parents.

  • Speaker #0

    En fait, oui, oui, je vois complètement ce que tu veux dire. Et moi, j'adore ces enfants-là. Alors, parce que, en fait, c'est eux qui viennent nous alerter sur l'école telle qu'elle est aujourd'hui, ne permet plus de répondre aux besoins fondamentaux des enfants. On devrait se servir de nos observations pour venir changer les choses fondamentalement. Puisqu'on a tous les grands discours sur l'inclusion, ce n'est pas l'élève qui doit s'adapter à l'école, c'est l'école qui doit s'adapter à l'élève, mais on est loin du compte. Et en fait, pour moi, la petite mission de vie de ces enfants-là, c'est de dire qu'il y a quelque chose à changer. Vous n'êtes plus dans les clous, on n'est plus... Là, ça ne fonctionne pas, en fait. N'oubliez pas que ça ne fonctionne pas. Et on devrait vraiment remettre en question le système pour que... En fait, pour moi, ces enfants-là, ils ont juste moins de filtres que les autres. C'est des enfants qui s'adaptent moins au moule. Mais tous les enfants s'adaptent. Ils sont tous au fur et à mesure. Il n'y a qu'à regarder un enfant en petite section et un enfant en CM2. C'est quoi la différence Lui, ils ont plus de patience parce qu'ils sont plus grands, etc. Mais ils sont complètement adaptés au moule. Ils arrivent, ils se transforment d'enfants à élèves, et voilà, c'est tout. Mais en fait, la société, elle a complètement évolué, mais pas l'école. Et c'est ça qui est fou, c'est que le besoin de mouvement des enfants à l'époque de nos parents, il était largement plus respecté, parce qu'il n'y avait pas tant d'écrans, les enfants bougeaient, allaient beaucoup plus dehors, il n'y avait pas autant de bêtises. de bâtiments, c'était un monde beaucoup moins dans la ville en fait. Quand ma mère me raconte son enfance et mon père aussi, il passait beaucoup beaucoup plus de temps dehors et puis il y avait la maman, alors je ne prône pas du tout ce retour en arrière, pas du tout, mais en tout cas la vie, la vie enfantine de nos parents, elle a absolument rien à voir avec la vie de nos enfants. Dans le sens où, et je ne dis pas que c'est mieux ou pas mieux, mais c'est juste différent. Beaucoup plus de mouvements, beaucoup plus de participation aux tâches domestiques, etc. Aujourd'hui, les deux parents travaillent. Donc, la majorité du temps, les deux parents travaillent, sont dans le speed. Il y a de la garderie, il y a de l'école, il y a de la garderie. Et puis pour faire, bon, parents, alors le mercredi, le samedi, ils vont à des activités. sportives, à leur loisir, et puis une surstimulation cérébrale par le nombre d'images que l'on voit maintenant. Il y a des écrans dans les restaurants, il y a des écrans en ville. En fait, le monde est animé. Et qu'est-ce qu'on voudrait On voudrait mettre nos enfants dans des salles de classe, qui elles n'ont pas du tout évolué, et leur demander de se concentrer, de se taire sur une monotâche. Mais en fait, nos enfants ont L'humain est résilient par nature depuis qu'ils sont tout petits, ils sont sur-stimulés et là, il n'y a plus rien. Il faut se taire, il faut rester assis, il faut écouter. C'est impossible de se concentrer dans ces conditions. Donc il faut bien de la stimulation. Il faut du mouvement, de la stimulation, pourquoi pas même plusieurs consignes en même temps. C'est pour ça que j'ai créé des combos de jeux sportifs. avec de la conjugaison, jeux sportifs avec des maths, parce que le monde ne fait que de bouger, mais sauf que quand ils sont à l'école, il faudrait rester statique. Et il n'y a jamais aucun moment dans la journée où ils peuvent se dépenser. En fait, les enfants, vacances scolaires comprises, week-ends compris, ils passent, je crois que c'est 6h30. de leur journée assise, si je ne me trompe pas. Mais même le week-end, parce que forcément, maintenant, après, on est habitués. C'est grave. Ça fait peur, en fait. C'est clair.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je sais. Moi, j'ai l'impression qu'on passe complètement à côté de ce qu'il fait un enfant par nature. Ce n'est pas les dessins animés qui font l'enfance. Il ne retiendra pas le dessin animé. Par contre, il retiendra les balades en forêt, les éclats de rire, les anniversaires, tout ce qui aura profondément marqué ses émotions. Et c'est pour ça qu'on retient 10% de ce qu'on nous dit, on retient 20% de ce qu'on lit et on retient 90% de ce qu'on fait. Donc il faut de l'action. Il faut du mouvement, c'est ce que je pense.

  • Speaker #1

    Ça fait déjà une heure qu'on discute, c'est passé vite. J'avais encore plein de questions, mais je vais t'en poser une dernière. Est-ce que tu veux bien nous dire ce que c'est que les petites rappeurs Puisque ça ne fait pas très longtemps, si je ne me trompe pas, que tu fais ça. Voilà pour terminer si tu veux bien nous dire ce que c'est, ce que tu fais, ce que les enfants font.

  • Speaker #0

    Alors les Petites Rappeurs en fait c'est une école à 40 minutes de chez moi qui m'a contacté, une école qui fait pas mal école dehors, ils ont un grand terrain, quelques arbres etc. Et en fait bon les parents sont à fond pour l'école dehors, ils inscrivent même leurs enfants. exprès dans cette école parce que les enseignants sortent avec leurs élèves. Et donc, on m'a demandé si je serais par contre pour venir le mercredi faire des activités extrascolaires. Donc, j'y vais. Et puis, le matin, j'ai des 4-6 ans. En début d'après-midi, des 6-8 ans. Et en fin d'après-midi, des 8-10 ans. Et en fait, alors là, pour moi, c'est le pied total parce que je me sens complètement libre. Je n'ai aucune contrainte pédagogique. Donc là, reconnecter les enfants aux vivants, à la nature, et leur apprendre les premiers gestes trappeurs. On apprend à faire du feu, on apprend à se servir d'un couteau, on taille des flèches, on apprend à regarder la nature, son évolution, en prendre soin. En fait, il y a des petits thèmes. Des fois, c'est les oiseaux, donc on fait des installations. Pour les oiseaux, on apprend à les nourrir, on apprend à les reconnaître. Donc là, je mixe un peu tout ce que j'ai fait en forêt avec mes élèves, avec des petits jeux d'école dehors. Donc voilà, des relais pour apprendre le nom des oiseaux, de l'observation, etc. Donc c'est un peu école dehors avec moins d'exigences, puisque là, il n'y a pas les programmes. Là, par contre, c'est bien ritualisé. On a toujours un moment où on se dit bonjour. l'humeur du jour, etc. On commence par un jeu sportif en rapport avec la nature. Donc, je cache des figurines. Il faut tout retrouver ou quoi. Un atelier manuel ou créatif. Voilà, un atelier artistique. Et puis, on termine par une collation, soit sur le feu ou de la cuisine, mais on est toujours dehors pour faire la cuisine. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, trop chouette. Bon, écoute, je crois qu'on a fait le tour des sujets que je voulais aborder avant tout avec toi, qui tournaient autour de l'école, parce que tu as eu cette expérience d'école et qu'aujourd'hui tu accompagnes des enseignants. Et j'espère que l'échange qu'on a eu va toucher, et en tout cas peut-être... rassurée parce que j'ai trouvé que tu étais rassurante dans tes mots et dans le fait de voilà de se libérer de certaines choses et que en fait que ça parte du coeur un et que après juste tu ailles dehors peu importe l'environnement que tu as autour c'est déjà beaucoup et je crois qu'on en est encore parce que on a parfois l'impression que Boom, ça y est, la classe dehors est un mouvement qui explose. Et effectivement, ça évolue, mais il y a encore tellement de gens qu'il est important de toucher. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui se privent encore et qui se privent de se lancer. Et que du coup, je trouve que c'est important d'aller les chercher et de leur tendre la main en disant, allez viens, ce n'est pas si difficile que ça, tu verras.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de critères, il n'y a pas de notes, il n'y a pas de jugement. En fait, oui, mais ça, ça ne fait pas assez classe dehors, non. En fait, si pour une séance d'histoire géo, tu vas dans un cimetière militaire, c'est déjà de la classe dehors. Si tu vas prendre des photos de ton quartier pour trier les commerces en géographie, c'est de la classe dehors. Si tu prends un tapis de sol et que tu dis à tes élèves d'aller lire dehors avec pour se mettre dans une posture agréable, c'est de la classe dehors, à partir du moment où tu es dehors. tu fais classe dehors. Et il y a déjà de la plus-value, même si tu fais du calcul mental dehors, que tu dis juste à tes élèves, prenez vos ardoises, prenez vos marqueurs, on va dehors faire la dictée, c'est déjà génial. Et ça, moi, j'essaie de me faire le pont, comme je répétais, libérez-vous de toutes les contraintes, reconnectez avec votre créativité, votre envie et sortez.

  • Speaker #1

    On se quitte sur ces jolis mots. Merci beaucoup Marie pour ton temps et pour ce partage-là. J'ai passé un très bon moment. C'était chouette. J'aurais bien aimé discuter encore plus, mais on aura peut-être d'autres occasions.

  • Speaker #0

    J'aurais voulu avoir les autres questions, mais après je m'emballe. On parle de ma passion, donc tac, tac, tac. J'ai une pensée hyper arborescente à ce sujet-là. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir... de m'avoir invitée. Et oui, ça me fait très plaisir d'avoir pu discuter avec toi.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Passe une bonne journée et puis à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir pris le temps d'écouter cet épisode. J'espère qu'il vous a offert de nouvelles perspectives, voire de nouvelles pistes pour enrichir votre réflexion et votre pratique. Si vous l'avez apprécié, pensez à le... partager et pour aller plus loin et retrouver toutes les infos sur le sujet rendez-vous sur le site pédagogieduvivant.fr Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram pédagogieduvivant tout attaché sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode rappelez-vous sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. À très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentation

    05:02

  • Souvenirs d'enfance en nature

    07:02

  • Parcours dans l'enseignement

    08:19

  • Classe dehors : le déclic

    10:41

  • Lâcher prise pour mieux enseigner

    16:09

  • Contenu des séances classe dehors

    27:38

  • Relation au vivant et bienfaits

    36:03

  • Les formations classe dehors

    40:28

  • Les freins à faire classe dehors

    50:48

  • L'école doit s'adapter aux enfants

    58:22

  • Les petits trappeurs : ateliers extra-scolaire

    01:03:44

  • Conclusion

    01:05:37

Description

Dans cet épisode, je vous propose un échange avec Marie, enseignante et formatrice, qui accompagne aujourd’hui des professeurs dans la mise en place de la classe dehors.


Marie nous raconte le déclic qu’elle a eu à une période de sa vie d’enseignante où elle se sentait étouffée, et comment faire classe dehors lui a donné un nouveau souffle.


Aujourd’hui, son souhait est de montrer aux enseignant.es qu’il est possible d’accompagner des enfants dehors, sans se compliquer la tâche et en ayant seulement à disposition une cour de récréation.


Un partage à la fois doux et authentique qui en inspirera surement beaucoup d’entre vous..! 🌳


Pour en savoir plus sur mon invitée du jour et retrouver ses références, rendez-vous ici.


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🔥ACCOMPAGNEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS : CREER ET LANCER UN PROJET D'ACCUEIL EN NATURE 🔥


Pour retrouver toutes les informations sur les accompagnements collectifs et individuels destinés aux porteurs et porteuses de projets en nature, rendez-vous ici : https://pedagogieduvivant.fr/accompagnements/


Les inscriptions pour ce printemps sont ouvertes jusqu'au 20 avril, prenez vite votre place !


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Moi, c'est Claire et vous pouvez me retrouver et me contacter sur :

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Belle écoute ! 🌳


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marie, avec qui nous avons abordé des sujets assez variés mais qui tournent tous autour de l'accès des enfants à l'extérieur, puisque Marie a été enseignante pendant plusieurs années et vous allez l'entendre, il y a un moment où il y a eu un basculement dans sa manière d'enseigner. Un changement qui est arrivé, j'allais dire d'un jour à l'autre, mais vous allez entendre que c'est même d'une minute à l'autre, où tout d'un coup, elle a eu le besoin et l'envie du coup de sortir et d'emmener ses élèves à l'extérieur, notamment en forêt. Et ce basculement a amené un changement global et profond dans sa manière d'enseigner, puisque... Ça l'a amenée à prendre du recul avec sa pédagogie et sa posture, la façon dont elle s'adressait en tant qu'enseignante aux enfants et la façon dont elle les accompagnait. Voilà pour le portrait très rapide de Marie. Je m'arrête là pour le détail de l'échange et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marie

  • Speaker #1

    Bonjour

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente d'être avec toi ce matin pour un petit moment d'échange. Pour qu'on situe un petit peu ce que tu fais actuellement, est-ce que tu peux nous dire quelle est ton activité professionnelle actuelle et dans quel coin tu es installée

  • Speaker #1

    Alors, je suis installée... dans les Hauts-de-France. De toute façon, je pense que ça va s'entendre pendant le podcast. J'habite à 40 km de Lille. Alors, mon activité professionnelle, c'est un peu les cinq branches d'une étoile. Je ne me restreins pas et je fais quand même beaucoup d'activités différentes. Alors, je forme des enseignants à faire classe dehors. Alors, principalement, déjà, sortir de la classe et oser aller... dans la cour de récréation ou dans un espace naturel proche. Ensuite, je crée du contenu pour faire des séances dehors. Je fais de la vente de fichiers sur mon site internet. Ensuite, j'anime des ateliers qui s'appellent les petits trappeurs. Ça, c'est le mercredi. Une fois de temps en temps, j'ai des enfants de tous les âges et on apprend à reconnecter à la nature et à s'amuser. avec la nature. Et ensuite, j'interviens dans les écoles. Je fais des kermesses écologiques. Donc, je viens animer et installer 8 à 10 ateliers. Et puis voilà, les enfants tournent d'atelier en atelier. Voilà pour ma vie professionnelle et aussi, puisque une étoile, ça a 5 branches, j'écris des livres. Je suis autrice.

  • Speaker #0

    Ok. Bon. On rentrera dans le détail un peu de tout ça tout à l'heure. D'abord, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début d'épisode, que j'aime beaucoup. Est-ce que tu veux bien nous dire quel était ton rapport à la nature quand tu étais enfant

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que je suis une enfant qui a quand même pas mal manqué de nature. En fait, j'avais un tout petit jardin. goudronnée avec presque pas de terre, de fleurs, il n'y avait pas d'arbres. Par contre, j'avais un grand parc derrière. En fait, les seuls souvenirs que j'ai de la nature quand j'étais petite, c'était aller chercher du muguet en forêt avec mon papa. C'était le rituel au 1er mai. Et après, c'était des randonnées en pleine nature, mais assez forcées. Mes parents adoraient marcher, mais je me sentais vraiment obligée. Moi, ce n'était pas quoi Ce n'était pas quelque chose que j'aimais particulièrement. Donc, en fait, je n'ai pas ce truc de j'adore la nature quand je suis petite. Non.

  • Speaker #0

    OK. Tu y es venue plus tard, du coup.

  • Speaker #1

    Oui, largement plus tard.

  • Speaker #0

    OK. Alors, pour qu'on ait aujourd'hui, tu as plusieurs activités professionnelles. Mais au démarrage tu étais enseignante, est-ce que tu peux retracer dans les grandes lignes tes années d'enseignement pour qu'on sache un peu quel niveau tu as eu, dans quel cadre, si c'était plutôt des petites ou grandes écoles, en ville, à la campagne

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai fait mes études à Lille, donc j'ai commencé à enseigner à Lille. Les premières années, à ce moment-là, en fait on avait une classe à mi-temps et une classe à quart-temps. Donc j'avais des CM1, CM2 le mardi et j'avais des tout petits le jeudi et le vendredi. Le lundi c'était un jour réservé à la formation. Ensuite, comme tous les enseignants, j'ai été mutée un peu plus loin, donc j'ai déménagé. Et j'ai été remplaçante pendant un an. Ensuite, j'ai été décharge de directeur pendant deux ans. Donc, j'ai eu vraiment de tous les niveaux, un petit peu dans plein d'écoles différentes, en ville, un peu plus à la campagne, etc. Et en fait, je suis tombée enceinte. J'ai eu mon bébé et j'en avais marre d'avoir mes affaires partout, dans plusieurs écoles différentes, d'avoir des niveaux différents tout le temps. Donc j'ai décidé de prendre la direction d'une école maternelle. Voilà, donc pendant six ans, j'ai été directrice d'une école maternelle. Je ne suis pas allée dans la forêt tout de suite, c'est venu un petit peu après. Et ensuite, j'ai été directrice d'une école élémentaire à la campagne, la dernière année où j'ai enseigné, avec des CM1, CM2, des CM1 pardon, pas des CM1, CM2, des CM1. Et puis voilà, je suis en disponibilité, c'est ma troisième année de dispo là. Donc en fait, j'ai été enseignante dans différents niveaux, maternelle, élémentaire, aussi dans plusieurs milieux sociaux. Donc j'ai plutôt fait 80% de milieux sociaux très défavorisés et très peu de milieux favorisés finalement.

  • Speaker #0

    Ok. Du coup, là, tu as évoqué le fait que tu as parlé de forêt au milieu de tout ça. Et en fait, si aujourd'hui, tu formes des enseignants à faire classe dehors, c'est parce qu'à un moment donné, tu t'es mise à emmener les enfants en extérieur. Est-ce que tu veux bien raconter comment c'est arrivé Qu'est-ce qui t'a donné, à un moment donné, envie de sortir avec les enfants

  • Speaker #1

    En fait, je crois que je supportais plus très bien ma manière d'enseigner, déjà. En fait, il y a eu le déclic, mais avant le déclic, il y a eu beaucoup de moments où je me sentais complètement désalignée avec ma manière de faire, donc je m'observais, un peu comme si on pouvait être capable de sortir de notre corps et de se positionner en tant que caméra. Et il y a eu beaucoup de moments où je me suis sentie très peu à l'aise avec ma manière d'enseigner, de parler aux enfants, de leur demander de se taire, de leur demander d'arrêter de bouger à mes enfants et aussi à mes élèves. Et puis j'ai eu beaucoup de réflexions sur mais qu'est-ce que la vie d'un enfant dans les années 2020 finalement, à quoi ça ressemble une journée d'enfant On se lève... Et puis les parents demandent, fais ci, fais ça, déjeune ci, déjeune ça, dépêche-toi, habille-toi. Et un tas d'ordres en fait, vu que j'étais maman, déjà du réveil jusqu'à mettre les miens à l'école. Et ensuite, j'arrivais en tant que directrice et je m'entendais, on enlève son manteau, on rentre dans la classe, on peut jouer un petit peu. Allez, on range, on s'assoit, tac, tac, tac. Et je pense que c'est plus encore ça qui a contribué que le jour où j'ai eu l'idée de sortir en forêt. Et il y a eu... des semaines, des mois où je me suis sentie pas bien du tout. J'observais, je me mettais dans leur peau, et je me disais, mais c'est horrible d'être enfant, c'est tellement horrible. Et moi, quand j'ai voulu être enseignante, je me faisais des promesses, je me promettais que je ne serais pas une enseignante comme les autres, qu'avec moi, les enfants allaient pouvoir jouer, aimer l'école. Et en fait, je me disais, maintenant, t'es comme tout le monde, tu leur donnes des ordres, tu cries. Et c'est pas drôle d'être ton élève, c'est pas drôle d'être ton enfant. Donc ça, ça a bien maturé. Et puis, en fait, il y a eu le Covid. On a été vraiment empêchés de sortir. Et puis ensuite, on nous avait demandé de faire un hommage à Samuel Paty. En fait, un an... Ah non, c'est pas un an après son décès, c'est... En fait, il est... Il est décédé juste avant les vacances de la Toussaint. Et à la rentrée des vacances de la Toussaint, on nous a demandé de lui faire un hommage, un hommage à la liberté. Et je me suis dit, mais un hommage à la liberté à 4 ans, qu'est-ce que je vais faire avec mes élèves Comment je vais trouver les mots Qu'est-ce que je vais faire de ça Et je n'ai pas trouvé d'idée jusqu'à arriver à l'école ce matin-là, un peu excédé, parce que je n'avais pas d'idée et que comme d'habitude, on nous dit des choses. C'est un hommage à la liberté, mais on nous laisse complètement dans le flou. Comme si, bon allez, vous êtes libres pédagogiquement parlant, faites ce que vous voulez. Et donc en fait, je suis arrivée à l'école et j'ai recommencé, asseyez-vous, taisez-vous, arrêtez de bouger, blablabla. Et là, ça m'a fait un déclic. Je me suis dit, la liberté, c'est quoi la liberté Pour toi, qu'est-ce qui te vient en tête J'ai fermé les yeux, j'entendais le brouhaha dans ma classe. Et je me suis dit, la liberté, c'est la forêt. Et en fait, il y a deux fils qui se sont touchés. On avait fait le World Cleanup Day un mois avant. Je me suis dit, mais si on va ramasser des déchets en forêt, on peut y aller du coup. C'est à 10 minutes à pied. Et donc, j'ai pris mes affaires, tout ce que j'avais préparé pour la matinée. J'ai dit à mon atsem, en fait, on va aller faire classe en forêt. Je vais juste prendre les trucs et on s'en va. Donc, on est parti et on a fait un cercle. dans un chemin forestier, on a fermé les yeux et je leur ai dit le mot de liberté, on a réfléchi à ce que ça signifiait pour nous, un grand espace, des petites maisons d'animaux libres là, dans la nature, et c'était génial. C'est un moment que je n'oublierai jamais de ma vie. On a fait notre matinée d'école en forêt et ensuite les enfants ont réclamé, On ressortait plusieurs fois par semaine pour aller faire classe en forêt. Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à faire classe dehors.

  • Speaker #0

    C'est vraiment sorti du cœur. C'est la spontanéité totale dans la sortie et ce moment où c'était plus supportable pour toi. Franchement, c'est beau. J'imagine un peu le... l'état dans lequel tu étais, mais là, du coup, de t'entendre le raconter quelques années après, moi, ça me touche beaucoup. Et du coup, donc, les enfants, ce que j'entends, là, c'est qu'ils se sont régalés tout de suite et qu'ils ont eu envie de ressortir. Est-ce qu'il y a eu un moment, du coup, où tu t'es dit, bon, bah, du coup, ok, si on sort davantage, que je fais davantage. davantage classe dehors. Tu vois, j'ai le mot formalisé qui me vient, mais c'est pas vraiment ça. Mais en tout cas, ok, comment est-ce que je me mets à intégrer ces temps de classe en extérieur Comment est-ce que t'as pensé tout ça et du coup, t'as finalement repensé ta manière d'enseigner et de transmettre

  • Speaker #1

    En fait, je pense que ça m'a fait un déclic un peu général sur ma manière d'enseigner. J'ai lâché prise en fait. L'avantage était que j'étais directrice et donc je n'avais pas quelqu'un au-dessus de moi pour me dire non, ce n'est pas possible, c'est trop de contraintes, etc. Ce que j'ai fait, c'est que déjà j'ai prévenu l'inspection le jour où j'ai fait ça parce qu'on devait expliquer un peu ce qu'on avait fait pour cette journée d'hommage. Donc moi... Il y en a qui avaient envoyé des photos. Donc moi, j'ai envoyé ça. Et j'ai dit à l'inspection, en fait, merci. Merci, désolé, parce que je me suis beaucoup plainte. Mais merci, parce que moi, j'ai ouvert les yeux et c'était génial. Voilà notre hommage. J'avais pris des photos. Enfin, j'avais demandé à mon ADSEM de nous prendre en photo. La photo était magnifique. Et donc, c'est tout. J'ai prévenu mon inspectrice que je retournerais faire classe en forêt. Et elle m'a dit... Elle m'a... Elle m'a dit Ok, très bien, faite J'ai prévenu les parents aussi, assez rapidement, que j'allais y aller régulièrement. Mais c'était à 10 minutes, je m'étais renseignée, il n'y a pas de contrainte en fait. Il n'y a pas de demande d'autorisation, c'est sur le temps scolaire. Tant que le taux d'encadrement est respecté, il n'y a aucun problème. Donc aucun frein. Et en fait, j'ai appris à écouter mon cœur plutôt que mon cerveau. J'ai appris à écouter mon intuition et à regarder l'état général. des élèves, l'énergie qui circule. Et j'ai vraiment ouvert le champ des possibilités. Dès que je pouvais aller dehors, j'y allais. Donc soit je transformais un peu et on allait dans la cour de récré, ou soit on partait par demi-journée en forêt. Et en fait, parfois, je n'avais pas prévu d'y aller, et j'y allais parce que, je ne sais pas, j'avais envie. Donc, je me disais, là, on a écriture, on a musique, on a maths. Ouais, bon, il n'y aura pas de jetons, mais il y aura des bâtons. On fera comme ça. J'y allais vraiment à l'arrache. En fait, j'en avais un petit peu marre de mon boulot. Et je me disais, je pense que je suis une assez bonne enseignante de grande section pour être inspirée. Et en fait, à chaque fois que j'allais en forêt, c'est en étant sur le terrain. que je trouvais des manières nouvelles de faire, de l'inspiration. À chaque fois, on devait rentrer et on disait Ah bah non, on va quand même faire la séance de motricité ici, on va se débrouiller. Et je faisais avec les moyens du bord. Et plus j'y allais, plus je me sentais inspirée, plus j'avais de nouvelles idées. Donc, en fait, je n'ai rien formalisé du tout. Et quand je forme les enseignants aujourd'hui, Je sais qu'il y en a que ça rassure de dire le jeudi matin c'est l'école en forêt parce que forcément surtout quand il fait froid il faut des tenues adaptées etc. Mais je trouve que plus on met de contraintes, plus c'est contraignant, moins on a de liberté, moins on a envie d'y aller, plus on se dit que c'est beaucoup de préparation matérielle, plus on s'empêche. Et c'est un peu dommage, du coup il faut écouter ses tripes. Tout comme à l'inverse ça pourrait être... écœurant de se dire on y va coûte que coûte, on y va sous la pluie, on y va s'il y a de la boue. Mais en fait, non. T'as envie d'y aller, t'y vas. T'as pas envie, t'y vas pas. C'est tout, en fait.

  • Speaker #0

    Il y a un mot que t'as employé, t'as parlé de lâcher prise, que toi t'as senti tout de suite que t'avais totalement lâché prise et finalement, c'est souvent ce que... Ce que j'entends moi aussi quand j'accompagne des enseignants à faire classe dehors et dans le podcast, les enseignantes qui sont venues expliquaient bien qu'au démarrage, c'était vraiment le plus difficile, se lâcher prise, de sortir de toutes ces cases, de toutes ces exigences, d'avoir peur de mal faire. Je trouve qu'il y a une... Il y a un truc qui amène les enseignants beaucoup à remettre en question ce qu'ils font, la manière... Alors, tu vois, je pense que c'est important dans la posture et en tant qu'être humain, qu'on soit enseignant ou pas, à partir du moment où on accompagne d'autres êtres humains, il faut s'interroger et prendre du recul, prendre de la hauteur sur notre posture. Mais je trouve que le système et tout ce qui est aujourd'hui demandé... je veux dire à l'école de manière générale a tendance à déstabiliser moi je ne suis pas enseignante et de ce que j'observe il y a beaucoup d'enseignants qui se demandent s'ils sont légitimes s'ils sont tout le temps en train de bien faire et comme si le moindre changement qu'ils allaient apporter ça risquait d'ébranler tout un système et que tout d'un coup ça allait s'effondrer et que ça ne sera pas bien et ça casse vraiment une confiance je trouve que les personnes en elles. Et forcément, là, de passer d'un huis clos à tout d'un coup, je vais dehors et je bouscule tout ce que j'ai appris, c'est hyper déstabilisant. Et se lâcher prise, moi, je l'entends beaucoup pour les enseignants que c'est difficile. Et j'imagine que quand c'est comme pour toi, que ça vient des tripes, en fait, effectivement, c'est ton cœur qui parle, c'est plus ta tête, donc les choses, elles sont... elles viennent beaucoup plus naturellement. Oui,

  • Speaker #1

    il y a toujours la contrainte des programmes, etc. Et en fait, cette pression, on se la met parce qu'on est quand même beaucoup surveillés. Ça va dépendre des écoles, mais par les parents, par la mairie en quelque sorte aussi. Il faut faire des projets, il faut faire rayonner l'école, par l'inspection. On a envie de... En fait, on reste des élèves. On est des enseignants, mais on reste des élèves avec... En fait, la majorité des enseignants étaient des bons petits soldats à l'école, les petits intellos, les petits élèves, et on est quand même assez soumis à une certaine forme d'autorité. Mais en fait, on ne se rend pas compte que toutes les contraintes qu'on se met pour être de bons enseignants, c'est aussi ça qui fait qu'on n'en est pas. Parce qu'en fait, on tire... sur une corde, on tire, on tire, on tire pour être ce qu'on attend de nous sans arrêt. Et puis, c'est un investissement sans limite. Donc, on ne se sent jamais être un bon prof, on ne se sentira jamais être un prof parfait ou avoir fait une séance merveilleuse, parfaite. Il n'y a rien à redire, ça n'existe pas. Tout ça parce qu'en face de nous, on a des humains. Et humain vient de humus et on oublie de où on vient parce que notamment nous sommes complètement déconnectés avec le béton, les bâtiments, les publicités, les écrans. On est déconnecté complètement de ce qui fait de nous, de l'humanité en fait, de nos ressentis, de nos énergies. On oublie de... Il y a un pique-épège dans mon jardin. Vous pouvez pas regarder. On oublie de quoi on est fait, on oublie d'où on vient, on oublie l'essentiel, on oublie notre essence. Et du coup, ça peut pas fonctionner. Et c'est ça. Mais c'est très compliqué d'expliquer ça. Ça fait un peu perché, mais en fait, avant le plaisir et ensuite les apprentissages. Avant le respect de l'enfant et ensuite les apprentissages. Parce qu'en fait, on est en train de se heurter à vouloir enseigner comme on l'enseigne, comme ça, à l'intérieur, avec des chaises. On se heurte à la nature profonde de l'humain. Et en fait, les enfants, c'est très agaçant. Parce qu'un enfant, c'est encore connecté au vivant. Un enfant, c'est encore très créatif, très joyeux. Tout est possible avec un enfant. Un enfant, c'est très inspiré. Donc c'est très agaçant pour un adulte qui a appris. à se conformer, à se conditionner, à se mettre dans un moule, à se couper un peu l'herbe sous le pied, c'est le cas de le dire. C'est très agaçant d'avoir des enfants pleins de vie, tout voyeux. Mais en fait, on a le choix de faire avec cette énergie ou contre cette énergie. Et si on va contre, on est perdant. Donc moi, ce que j'ai remarqué en allant en forêt, c'est qu'en respectant l'envie de bouger, le besoin de mouvement, parce que c'est d'abord un besoin avant une envie, on a tout à gagner. On a tout à gagner au niveau de la concentration des enfants et surtout de la... comment je pourrais dire ça D'abord la motivation et ensuite la mémorisation. J'ai compris que oui, je ferais moins de séances parce qu'il y a un trajet pour aller en forêt, mais que 10 exercices dans un cahier... Ça vaut une séance en forêt. Il n'y a plus besoin de quantité, mais juste de la qualité. Donc j'ai trouvé des subterfuges pour rassurer les parents, rassurer l'inspection. Je prenais des photos de ce qu'on faisait, parce qu'on joue en fait. Pour eux, on joue et on n'apprend pas. Alors qu'en fait, le métier de l'enfant, c'est de jouer. Ça, ça ne vient pas de moi, c'est Pauline Cargomar qui le dit. Je prenais des photos, je prenais des vidéos. Et voilà comment on a appris à compter aujourd'hui. Et en fait, le fait de rendre ça visible, d'expliciter ce qu'on faisait, forcément, j'avais les parents de mon côté, j'avais l'inspection de mon côté. Et je pense que ce qui a terminé de convaincre les parents, c'est leurs enfants pressés d'aller à l'école, leurs enfants crevés le soir, dans le sens où... forcément, lumière du jour, on se dépense, donc on dort beaucoup mieux, on a un sommeil beaucoup plus apaisé. Et puis voilà, sautiller en venant à l'école, je crois que c'est le plus beau des cadeaux.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est clair. Et dans toute cette spontanéité dans tes sorties, est-ce qu'il y a quand même des... Des rituels que tu as mis en place Est-ce qu'il y a des choses qui sont soit venues de toi, soit des enfants, dans ces sorties en forêt Est-ce qu'il y a des éléments dans les séances qui revenaient de temps en temps, où vraiment à chaque fois, chaque séance était différente

  • Speaker #1

    En fait, en forêt, on avait des tronçons de bois qui étaient éparpillés. Et du coup, j'avais demandé à la mairie si c'était possible pour eux de venir nous faire un espèce de coin regroupement. On avait fabriqué un tipi avec les enfants, démoulis une fois sur deux par les sangliers. C'est pas grave. Mais en tout cas, on avait quand même notre coin regroupement. Donc ça, c'était un point d'ancrage, un point clé pour les enfants. En fait, ça se passait un petit peu comme dans la classe, on va dire. Mais sauf qu'on était dans la forêt, donc on avait beaucoup d'espace. Mais pour les enfants, cet endroit de la forêt-là, c'était notre salle de classe, en fait, un peu. Il savait les limites à ne pas dépasser. Et donc ça, c'est le repère principal. Il est plutôt géographique. Le rituel, non, pas vraiment. On arrivait, on avait un petit temps libre aussi, le temps libre en arrivant, histoire que... Bon, ben voilà, on arrive, on se défoule. Après, on commence les activités, les ateliers. Il y a la récréation. Moi, ce que j'ai remarqué, c'est qu'il n'y a plus aucune dispute, en fait. C'est ce que je disais aux enseignants que j'ai formés ce mercredi. Je leur disais, pour moi, une cour de récréation goudronnée, ça équivaut à un loft story. C'est que vous mettez des enfants dans un espace où il n'y a rien. Mais qu'est-ce qu'ils font Ils se disputent. Il faut bien faire quelque chose. Il faut bien se stimuler d'une manière ou d'une autre. Il faut bien grandir et évoluer. Donc, en fait, si on n'a rien à faire, on va... créer, générer du conflit pour avoir quelque chose à faire, à s'occuper. La forêt, franchement, c'est rigolo parce qu'on est à l'école et on galère pour boire. Sortir avec un café quand on a une cour goudronnée, c'est une galère monumentale. On ne boit jamais le café. Toutes les deux minutes, il y a quelqu'un, il m'a tiré les cheveux, j'ai oublié mon gant, j'ai envie de pipi. Et ça ne s'arrête jamais. En forêt... Je m'ennuie, en fait. Je suis dans la forêt, je regarde les élèves et je suis même, moi, devant un dessin animé. C'était vraiment... Ce que je ressentais au fond de moi, c'est des vibrations très puissantes de... Waouh Ça y est, je suis la maîtresse dont j'ai rêvé. Je les respecte, ils sont bien. Ils sont en train de créer leurs plus beaux souvenirs d'école. J'adore. Et c'était... Il y a plein d'arbres, il y a plein de feuilles, il y a des bâtons, il y a des trous. le terrain il est accidenté donc il y a plein d'histoires en fait c'est ça le rituel c'était vraiment la récréation voilà mais non je sinon on rangeait voilà on disait un peu au revoir au lieu au lieu de la forêt quoi quand on partait mais sinon non autant qu'en classe en fait il y avait la consigne l'activité et puis après on clôturait

  • Speaker #0

    commencer autre chose mais non non ni plus ni moins ritualiser ok et alors tu as parlé de ce que tu observais chez les enfants le fait de répondre à leurs besoins de mouvement qui permet derrière de faciliter les apprentissages bon sur les enfants du coup tu as évoqué ce que tu avais pu observer et toi du coup comment est ce que Comment s'est sentie Marie, l'enseignante, dans les mois qui ont suivi cette mise en place Est-ce qu'il y a des choses qui ont émergé de toi Est-ce que tu t'es mieux sentie Parce que tu disais que depuis quelque temps, tu te sentais quand même assez étouffée et contrainte. Ça a changé quoi sur ton quotidien d'enseignante

  • Speaker #1

    Moi, je me suis sentie très humaine. plus Marie que prof. Je me suis sentie plus entière, en fait. En fait, avant, j'avais l'impression qu'il y avait Marie de la vie quotidienne, la maman et tout et tout, et que quand j'arrivais à l'école, je devais en quelque sorte comme mettre un masque. Je suis la figure d'autorité, en plus directrice, etc. Là, j'avais l'impression de me reconnecter à qui j'étais profondément. Je ressentais à l'intérieur de moi un alignement sans pareil, en fait. Là, je me disais, ce que je vous disais il y a deux, trois minutes, je me sens, je ne peux pas être une meilleure enseignante que maintenant. J'avais l'impression d'être au bon endroit, de faire ce qu'il fallait. Je me sentais excellente. Et surtout, je n'avais plus du tout besoin de validation extérieure. J'aurais pu me faire inspecter en forêt. J'aurais tout assumé. Voilà. Pour moi, j'étais la meilleure version de moi-même.

  • Speaker #0

    Et l'impact que ça a eu sur ma manière d'enseigner, c'est une profonde créativité en fait. Je me sentais très inspirée à tiens, comment je peux faire les compléments à 10 dans la forêt Comment je peux faire graphisme dans la forêt Comment je peux… Je ne refaisais jamais vraiment la même chose, mais il y a des choses qui reviennent quand même. On connaît les compétences par cœur. Et j'avais un éventail des possibilités très élargie. Donc, je me sentais très créative. Ça m'a vraiment fait du bien. Alors après, je ne peux pas dire qu'au niveau de la fatigue, etc. C'était plus... Ça n'a pas enlevé l'épuisement professionnel parce qu'en même temps, c'était des années assez contraignantes. Je devais aller en forêt avec un masque. J'avais une collègue en épuisement professionnel, donc du coup, on devait se répartir ses élèves de petites sections. Donc j'avais des petits, des moyens et des grands. J'avais plus d'élèves. Et donc, c'est quand même une période où j'ai vécu et mes meilleurs moments et mes pires moments parce que j'étais très fatiguée, en fait. Mais quand même, une redécouverte du métier et s'autoriser à créer. Je pense que c'est ça qui manque. En fait, on est vachement sous la contrainte des programmes. On en parlait tout à l'heure, des programmes, des horaires. Et puis, il n'y a plus... Enfin, ils ne se rendent pas compte. La hiérarchie ne se rend pas compte que les contraintes, elles se superposent les unes aux autres. On a un nouveau ministre, il va nous rajouter des contraintes. Mais en fait, au bout d'un moment, il faut enlever les contraintes précédentes pour en rajouter. Et là... Je me disais, allez hop, c'est pas grave. Quand on est enseignant, on a toujours l'impression d'avoir une caméra qui nous filme, et on se juge sans cesse. Là, je me disais, je crois que si quelqu'un me voit, ça va le réveiller. Que ce soit le ministre, que ce soit l'inspecteur d'académie, l'inspecteur de circonscription, le conseiller pédagogique, on ne peut pas voir cette classe qui travaille en forêt, voir ces enfants qui apprennent avec le vivant. Et se dire, mais qu'est-ce qu'elle fait Elle fait n'importe quoi. Non, je pense que ça peut faire vibrer n'importe quel humain de voir ça. Et qu'on se dit, ah ouais, c'est ça qu'il faut. Donc j'avais très confiance en moi à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Mais je rebondis sur la créativité parce que, en fait, de manière générale, on grandit quand même dans un système qui est passé les premières années à l'école. on met toute la créativité de côté. D'ailleurs, moi, tu vois, je travaille en partie en lycée et les jeunes qui ont envie de faire des métiers créatifs, on leur dit non, mais tu gagneras jamais ta vie avec ça, laisse tomber, c'est pas la peine. Donc, on est toujours en train d'écarter et en fait d'étouffer la créativité des gens. Et du coup, on se retrouve avec des adultes qui sont... qui n'écoutent plus, qui ne ressentent même plus cette créativité-là. Et moi, je suis toujours émerveillée quand je vois les parents, puisque dans les ateliers que je fais en forêt, pour les 3-6 ans, les parents sont toujours là. Et en fait, ils reconnectent avec la matière, ils reconnectent avec leurs mains. eux-mêmes le disent. La dernière fois, il y avait un papa qui a dessiné un oiseau et il a dit Waouh, mais je ne savais même pas que j'étais capable de faire ça, quoi Et c'est trop beau. Et en fait, cette créativité-là, effectivement, quand tu te connectes à ce qui se passe autour, quand tu te connectes aux humains qui t'entourent, ça la nourrit. Et il y a vraiment un truc, je dirais, peu importe le métier que tu fais, quand l'adulte commence à reconnecter avec cette créativité-là, il se développe beaucoup. Quand on est en extérieur et quand on se connecte à ce qui nous entoure, il se passe des choses incroyables. Et après, tu as juste à tirer le fil. Ça vient tout seul. Plus tu crées, plus tu te laisses porter par cette créativité-là, plus elle grandit. Et ça, je trouve que c'est magnifique à observer chez les enfants. Mais globalement, ils ont tous cet attrait pour créer. Mais chez les adultes, je trouve qu'il y a vraiment un... un avant et un après. Je connecte avec ma créativité.

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que c'est pas pour rien que... que le mot nature ait un double sens. Donc on va dans la nature et on reconnecte à sa propre nature parce que c'est ce dont on parlait tout au début, l'humus, l'humain, l'humus. On vient de là et on est un peu trop déconnectés, mais c'est sûr que la forêt, ça vient stimuler complètement la créativité. Et c'est pour ça que les enseignants qui se mettent un petit peu la pression Mais qu'est-ce que je vais faire Comment Comment Parce que ça peut devenir très contraignant. En fait, pédagogie par la nature, on peut se mettre la pression à se dire Ah, mais il faut absolument que j'utilise la nature. Comment Comment Comment Mais en fait, non. La nature, elle a déjà un rôle super puissant. Juste prendre un livre et faire la lecture dehors ou l'écriture dehors, une rédaction rédigée pour des CM. à l'intérieur et une rédaction rédigée en forêt, ce ne sera pas la même. On est complètement inspiré. Ça fait aller la créativité. Moi, je ne comprends pas. C'est ce que je dis toujours en formation. Je dis, imaginez-vous, parce qu'on ne se met pas à la place des enfants, mais imaginez-vous écrire à côté de 25, 27 autres personnes qui écrivent. Mais c'est terrible. Parce qu'en fait, quand on écrit, on doit d'abord se faire un espèce de dessin animé de ce qu'on a à raconter. Avec un voisin ici et un voisin de l'autre côté, c'est très compliqué. La nature, ça permet ça aussi, de s'isoler. Et c'est là où naissent les histoires. En fait, on a besoin de se sentir quand même dans une bulle. Et puis, il y a l'essence. On a une certaine température, on a le vent, l'odorat. le toucher, on peut se balader aussi pour écrire. Donc forcément, oui, la créativité, elle est fortement stimulée dans un espace naturel.

  • Speaker #1

    Ouais. Par quoi tu commences quand tu fais tes formations auprès des enseignantes Tu démarres tes formations par quoi

  • Speaker #0

    Alors, en général, je prends un oracle avec moi ou alors les cartes du Dixit. et puis je cherche aussi à reconnecter avec qui ils sont et je leur fais tirer une carte. Donc j'ai l'oracle des animaux, j'ai l'oracle des fleurs ou le jeu du Dixit et je leur dis pour vous, l'école dehors, qu'est-ce que c'est Si je leur pose la question comme ça, sans inducteur, ça va être un peu plus... Ils essayent de répondre une réponse attendue. Donc moi, je veux quelque chose qui vient de leur tripe. Je commence en général les formations comme ça. Et quand c'est des formations de 9h, de 18h, quand on se revoit plusieurs fois, j'utilise d'autres techniques. Mais je pars toujours de comment ils se sentent, etc. Donc des fois, c'est aujourd'hui, je me sens être quelle couleur Aujourd'hui, je me sens être quel animal ou quel météo Je commence par quelque chose qui parle d'eux.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des freins que tu entends souvent Quelles sont les problématiques, quelles sont les questions qui reviennent fréquemment quand tu fais ces formations-là

  • Speaker #0

    Alors, la majorité du temps, les enseignants s'imaginent que pour sortir, il faut avoir des connaissances sur le milieu naturel. où ils vont se rendre avec leurs élèves. Je ne peux pas faire école dehors parce que si, par exemple, il y a un élève qui me demande c'est quoi cet arbre, je ne saurais pas. En fait, on pense école dehors, on pense vivant, et tout de suite on relie à sciences de la vie et de la terre, ou SVT, biologie, mais en fait, pas. Donc les freins, c'est ça, c'est le manque de connaissances, de théories. sur le milieu naturel. En fait, la grande majorité des formations que je dispense ne sont pas des formations de pédagogie par la nature et ni même des formations pour aller enseigner en forêt. Il n'y a même pas 5% des écoles qui ont une forêt à proximité et même les écoles qui ont une forêt à proximité ne font quand même pas école dans la forêt. Donc ce que j'ai choisi... de faire de mon côté, étant donné qu'il y a déjà plein de super pédagogues par la nature. J'ai choisi de me spécialiser dans l'école dehors, sur Goudron, on va dire. Donc après être allée en maternelle, je suis allée en élémentaire. Je n'avais pas d'espace naturel à disposition. J'ai recommencé à faire classe dans l'espace d'une salle et c'était horrible. J'ai vraiment galéré, galéré. Et du coup, j'ai décidé de sortir quand même sur le goudron. Et en fait, au début, je me jugeais. Je me disais, oui, mais c'est pas la classe dans la forêt, c'est pas bien. Pour moi, il y avait un peu le bien et le mal. Le bien, c'est la forêt, c'est ce que j'avais vécu avec mes élèves de maternelle, c'est ce qui me faisait vibrer. Et le mal, c'était la salle de classe. Et en fait... J'ai tout fait et je me dis que je ne peux pas faire école sur le goudron parce que je vais me faire critiquer. Si je partage sur les réseaux sociaux, on va me dire oui, mais ce n'est pas classe dans la forêt Et en fait, au bout d'un moment, je me suis dit on s'en fout, moi j'ai besoin de m'amuser Et en fait, la plus-value déjà d'être dehors, parce que j'avais que du gazon, du goudron d'un côté et derrière l'école, on avait quand même du gazon. Je me suis dit hop, on s'en fout Je vais oser, je vais quand même, de toute façon, je le fais pour moi, donc je le fais. Et en fait, j'ai partagé quelques-unes de mes séances sur ma page Instagram, les petits écolos. Et là, j'ai eu énormément de réactions, énormément d'enseignants qui ont commencé à prendre mes séances et à les tester avec leurs élèves. Et plein de remerciements et plein de photos, encore plus que quand je partageais sur l'école dans la forêt. Et je me suis dit, waouh, ah oui, il y a quelque chose à faire aussi là-dessus. Parce qu'en fait, si on se cantonne à la forêt, l'espace naturel, etc., en quelque sorte, on prive 98% des écoles de faire classe dehors. Et après, j'ai beaucoup réfléchi à tout ça. Et je me suis dit, je pense que si on fait classe dehors, dans la cour de récréation, on va créer une contrainte. petit à petit. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'ombre, il n'y a pas de support, il manque des choses, en fait, si on veut faire classe dehors sur le goudron, voilà. Et je me suis dit, s'il y a des enseignants qui sortent, qui font classe dehors, cours de récré, on va vers une végétalisation des espaces de la cour, de l'école, pour avoir de l'ombre, pour avoir des supports, pour avoir des espaces où on s'assoit, etc. Il faut passer par là. Et je pense que là, ce qui me manque actuellement, c'est ça. En fait, je me fais la petite marche d'escalier entre les enseignants de salle de classe, les enseignants qui font classe dehors en forêt, ce qui est le graal et l'objectif absolu. Moi, j'essaie de créer une étape intermédiaire entre les deux et d'assumer cette étape intermédiaire parce que je crois que je suis la seule à proposer des formations dans la cour de récré. Et c'est pas toujours facile à assumer, parce que moi aussi je suis pro forêt. Il faut pas croire, mais par contre je suis carrément pour la liberté, la créativité et le jeu chez les enfants. Et je pense que parfois ça manque un peu de contraste. Et j'ai remarqué la même chose quand je faisais... quand je faisais des conférences sur le zéro déchet, etc. Puisque je ne peux pas faire zéro, alors je ne fais rien. Puisque je ne peux pas tout faire, alors je ne fais rien. Et je trouve ça vraiment extrêmement dommage de se priver de faire classe dehors parce qu'on n'a pas de forêt, parce que bien sûr qu'il n'y a pas toutes les plus-values, il n'y aura pas toute la créativité, il n'y aura pas toutes les vibrations. qu'on a dans un espace naturel, mais il y aura le jeu, le mouvement, la créativité, la lumière naturelle, cette espèce d'énergie de groupe qui se passe entre les enfants quand ils jouent ensemble et qu'ils coopèrent et qu'ils courent. Donc là, je suis un peu plus spécialisée école dehors, cours de récré. Je ne me souviens plus du tout de la question. Je me suis embarquée dans mon truc.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est très bien. Je rebondis sur le fait que, en fait, c'est... C'est précieux d'expliquer qu'effectivement, on peut... En fait, ce qui compte, c'est de sortir après l'environnement. Effectivement, si t'es plongé dans un environnement naturel qui est absolument magnifique, qui est reposant, sans bruit, mais en fait, c'est pas... Déjà, on le voit bien tous, il faut aller chercher la forêt. Selon l'endroit où tu habites, souvent, il faut faire de la route. Et aujourd'hui, les enfants qui sont... Les plus déconnectés et qui ont vraiment besoin juste de prendre l'air, c'est beaucoup d'enfants qui sont dans les grandes villes. Et en fait, si on attend de trouver une forêt pour les emmener dehors, en fait, ils n'iront jamais à l'extérieur. Et du coup, effectivement, ce qui compte en premier lieu, tu le disais, c'est de sortir parce qu'on s'aère, parce que les enfants bougent. Et ça, je crois que tu le disais il y a quelques minutes que... Un enfant, en fait, on va contre l'enfant quand on l'oblige, quand on le contraint à rester assis sur une chaise. Mais rien que ça, il n'y a pas besoin d'être enseignant, pas besoin d'être parent. Il suffit juste de regarder un enfant pour se rendre compte qu'il a la bougeotte tout le temps. Après, ça se tasse un peu avec les années. Et encore que, franchement, moi, j'accueille du 0-16 ans en forêt, pour le coup. En fait, à partir du moment où ils ont la possibilité de bouger, ils bougent tout le temps. Et donc rien que de sortir, oui, même si c'est dans une cour de récré bétonnée, effectivement, peut-être qu'en termes de connaissance du vivant, il y a des choses qui vont être plus limitées, parce qu'on ne va pas pouvoir observer un écureuil forcément dans la cour de récré s'il n'y a pas d'arbre, s'il n'y a rien du tout. Mais déjà, on répond à un besoin qui est essentiel pour les enfants, qui est de sortir. Et je trouve que c'est important ce que tu dis là, parce que c'est vrai que le mouvement des Forest School en France, il amène beaucoup d'inspiration, mais peut-être qu'il amène aussi des complexes et un truc où on se dit, bah oui, mais moi, j'ai pas ça près de chez moi. Et du coup, je pourrais jamais offrir ça aux enfants. Déjà, de sortir, c'est un énorme cadeau qui est fait aux enfants.

  • Speaker #0

    Oui, la question vient de me revenir. En fait, tu me demandais quels sont les freins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Du coup, alors les freins, c'était la connaissance de la nature, aucun espace vert à proximité, la peur de mal faire. Et voilà, il y a quand même un côté puriste à l'école dehors. Donc, c'est pour ça que j'avais rebondi sur sortir dans la cour de récréation. Et moi, je n'ai pas trop envie qu'il y ait une petite bataille classe dehors, classe nature. Parce qu'en fait, à force de mettre les gens dans des cases, dans des moules, il faut faire comme ça, il faut faire comme ça, en fait, on s'empêche. Et donc, moi, je pense qu'il faut écouter ses envies. Il faut essayer, il faut sortir, il faut oser. Et être déjà osé sortir de sa classe, c'est déjà pas mal. Dans les freins que je note aussi le plus souvent, c'est la peur de la perte de temps pour se rendre à un espace ou même pour être dehors parce qu'il faut mettre les manteaux, etc. Donc perdre du temps. Et aussi les autorisations, tout ce qui est de l'ordre du taux d'encadrement. de la loi. En fait, souvent, les profs pensent qu'ils n'ont pas le droit de sortir. Alors qu'ils se rendent à la salle de sport à pied en sortant de l'école. Ils vont au terrain de basket de la ville ou quoi. Là, ils ne se posent pas de questions. Mais par contre, quand c'est pour faire classe dehors, et s'il y a un accident Et c'est pour ça que faire classe, ne serait-ce que dehors, dans la cour de récréation, En fait, c'est comme si on demandait à un enfant de faire des multiplications avant même d'avoir fait l'addition, la soustraction, etc. Ce n'est pas possible. C'est pour ça que je parle de marche d'escalier et je pense que les enseignants ont besoin d'être rassurés. Comment est-ce que je vais gérer ma classe à l'extérieur alors que j'ai déjà des difficultés à la gérer à l'intérieur Ça, c'est la gestion de classe. le comportement des enfants, la gestion de classe, comment je fais pour les élèves qui sont en difficulté, etc. Et c'est rigolo. d'avoir tous ces freins parce que finalement la classe dehors elle est elle est pas là pour guérir ces choses là elle les prévient en fait quand on fait classe dehors on a on n'a pas de souci de comportement parce qu'on fait avec le besoin de mouvement donc voilà et puis ensuite étant donné qu'on prend en compte la nature profonde de l'enfant qui est je veux jouer Quand on fait un jeu sportif sur les tables de multiplication ou de la conjugaison, que les enfants sont en équipe pour conjuguer, ils vont écouter la consigne puisqu'ils vont avoir envie de gagner. Le but, ce n'est pas d'avoir 9 sur 10 à m'addicter ou d'être noté ou de rapporter une bonne note à papa, maman ou d'avoir un bon point. Ce n'est pas une motivation qu'on appelle extrinsèque, à l'extérieur de soi. La motivation, elle est à l'intérieur. C'est-à-dire, moi, je veux gagner. Et c'est puissant, puisque c'est à l'intérieur. Donc, j'ai une motivation de fou. Donc, il n'y a plus de problème de comportement, vu que les enfants trouvent un intérêt personnel à jouer, à apprendre. Voilà, là, c'est en équipe. Il n'y a pas non plus toutes ces questions de mise en échec, de stylo rouge sur le fameux cahier du jour, puisqu'en fait... ça va être écrit nulle part que j'ai perdu. En plus, on travaille beaucoup plus en groupe. Donc quand je gagne, quand mon équipe gagne, c'est un peu grâce à moi puisque je suis dans l'équipe. Mais par contre, si mon équipe, elle perd, ce n'est pas que de ma faute. Du coup, il y a un rapport à l'erreur qui est complètement boustulé en école dehors. Et ça, en fait, il n'y a pas de question à se poser. On s'en aperçoit. qu'en faisant. On se dit, tiens, c'est vrai qu'il n'y a plus ce problème-là. Et c'est vrai que tel enfant hyper stigmatisé à l'intérieur, je n'ai plus rien à faire pour le déstigmatiser. À l'intérieur, il y a des enfants qui sont dyslexiques, dyspraxiques, qui ont parfois des écrans pour écrire. À l'extérieur, non. Ça évite tout un tas de problèmes. Mais il faut essayer pour...

  • Speaker #1

    Moi, je l'observe beaucoup. Alors, du coup, moi, je vais parler des enfants que j'accueille en extrascolaire, donc qui viennent le mercredi. Moi, je ne sais pas comment ils sont à l'école. Et souvent, les parents, en début d'année, quand il y a des soucis de comportement à l'école, ils me préviennent, voire même, souvent, ils... Ils n'inscrivent qu'à un seul atelier parce qu'ils veulent voir si ça va bien se passer, si ça ne va pas être trop difficile. Et voilà, c'est vraiment, c'est quasi systématique. Les parents me préviennent, bon voilà, à l'école, ça se passe comme ça, ce n'est pas évident. Et en fait, moi, je ne le vois pas du tout. Je vois bien les différences entre les enfants qui ont besoin de... beaucoup plus d'activités. Mais en fait, souvent, au bout de 3-4 ateliers, quand on discute avec les parents et qu'ils me demandent ça va presque un peu gêné, il n'y a pas de soucis Mais en fait, non, il n'y a aucun souci parce que l'enfant, il vit. Et effectivement, moi, je ne sais pas comment il est à l'école, mais là, il ne me pose pas plus de problèmes. qu'un autre, il est lui, il est enfant et ils le sont tous. Et je me souviens que les premières fois, ça m'avait vraiment surprise que les parents, parce qu'ils ont beaucoup de pression de la part de l'école et je pense que c'est très très inconfortable en tant que parent, c'est hyper stressant. Quand sans arrêt on te rabâche. que ton enfant, il a des soucis de comportement et que c'est problématique. En fait, on en vient à ne plus oser sortir de chez soi et à prévenir toute personne qui côtoie l'enfant que, attention, c'est difficile. Alors que vraiment, moi, dans 99% des cas, ça se passe très, très bien en forêt. Et moi, je les observe, je vois des enfants différents. Ils sont tous différents, mais il y en a eu. Avec qui ça a été plus challengeant, où il tapait davantage dans les limites et dans le cadre, parce qu'il y en a un qui est posé, même si on est en forêt, mais bien loin du portrait que pouvaient me dresser les parents.

  • Speaker #0

    En fait, oui, oui, je vois complètement ce que tu veux dire. Et moi, j'adore ces enfants-là. Alors, parce que, en fait, c'est eux qui viennent nous alerter sur l'école telle qu'elle est aujourd'hui, ne permet plus de répondre aux besoins fondamentaux des enfants. On devrait se servir de nos observations pour venir changer les choses fondamentalement. Puisqu'on a tous les grands discours sur l'inclusion, ce n'est pas l'élève qui doit s'adapter à l'école, c'est l'école qui doit s'adapter à l'élève, mais on est loin du compte. Et en fait, pour moi, la petite mission de vie de ces enfants-là, c'est de dire qu'il y a quelque chose à changer. Vous n'êtes plus dans les clous, on n'est plus... Là, ça ne fonctionne pas, en fait. N'oubliez pas que ça ne fonctionne pas. Et on devrait vraiment remettre en question le système pour que... En fait, pour moi, ces enfants-là, ils ont juste moins de filtres que les autres. C'est des enfants qui s'adaptent moins au moule. Mais tous les enfants s'adaptent. Ils sont tous au fur et à mesure. Il n'y a qu'à regarder un enfant en petite section et un enfant en CM2. C'est quoi la différence Lui, ils ont plus de patience parce qu'ils sont plus grands, etc. Mais ils sont complètement adaptés au moule. Ils arrivent, ils se transforment d'enfants à élèves, et voilà, c'est tout. Mais en fait, la société, elle a complètement évolué, mais pas l'école. Et c'est ça qui est fou, c'est que le besoin de mouvement des enfants à l'époque de nos parents, il était largement plus respecté, parce qu'il n'y avait pas tant d'écrans, les enfants bougeaient, allaient beaucoup plus dehors, il n'y avait pas autant de bêtises. de bâtiments, c'était un monde beaucoup moins dans la ville en fait. Quand ma mère me raconte son enfance et mon père aussi, il passait beaucoup beaucoup plus de temps dehors et puis il y avait la maman, alors je ne prône pas du tout ce retour en arrière, pas du tout, mais en tout cas la vie, la vie enfantine de nos parents, elle a absolument rien à voir avec la vie de nos enfants. Dans le sens où, et je ne dis pas que c'est mieux ou pas mieux, mais c'est juste différent. Beaucoup plus de mouvements, beaucoup plus de participation aux tâches domestiques, etc. Aujourd'hui, les deux parents travaillent. Donc, la majorité du temps, les deux parents travaillent, sont dans le speed. Il y a de la garderie, il y a de l'école, il y a de la garderie. Et puis pour faire, bon, parents, alors le mercredi, le samedi, ils vont à des activités. sportives, à leur loisir, et puis une surstimulation cérébrale par le nombre d'images que l'on voit maintenant. Il y a des écrans dans les restaurants, il y a des écrans en ville. En fait, le monde est animé. Et qu'est-ce qu'on voudrait On voudrait mettre nos enfants dans des salles de classe, qui elles n'ont pas du tout évolué, et leur demander de se concentrer, de se taire sur une monotâche. Mais en fait, nos enfants ont L'humain est résilient par nature depuis qu'ils sont tout petits, ils sont sur-stimulés et là, il n'y a plus rien. Il faut se taire, il faut rester assis, il faut écouter. C'est impossible de se concentrer dans ces conditions. Donc il faut bien de la stimulation. Il faut du mouvement, de la stimulation, pourquoi pas même plusieurs consignes en même temps. C'est pour ça que j'ai créé des combos de jeux sportifs. avec de la conjugaison, jeux sportifs avec des maths, parce que le monde ne fait que de bouger, mais sauf que quand ils sont à l'école, il faudrait rester statique. Et il n'y a jamais aucun moment dans la journée où ils peuvent se dépenser. En fait, les enfants, vacances scolaires comprises, week-ends compris, ils passent, je crois que c'est 6h30. de leur journée assise, si je ne me trompe pas. Mais même le week-end, parce que forcément, maintenant, après, on est habitués. C'est grave. Ça fait peur, en fait. C'est clair.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    je sais. Moi, j'ai l'impression qu'on passe complètement à côté de ce qu'il fait un enfant par nature. Ce n'est pas les dessins animés qui font l'enfance. Il ne retiendra pas le dessin animé. Par contre, il retiendra les balades en forêt, les éclats de rire, les anniversaires, tout ce qui aura profondément marqué ses émotions. Et c'est pour ça qu'on retient 10% de ce qu'on nous dit, on retient 20% de ce qu'on lit et on retient 90% de ce qu'on fait. Donc il faut de l'action. Il faut du mouvement, c'est ce que je pense.

  • Speaker #1

    Ça fait déjà une heure qu'on discute, c'est passé vite. J'avais encore plein de questions, mais je vais t'en poser une dernière. Est-ce que tu veux bien nous dire ce que c'est que les petites rappeurs Puisque ça ne fait pas très longtemps, si je ne me trompe pas, que tu fais ça. Voilà pour terminer si tu veux bien nous dire ce que c'est, ce que tu fais, ce que les enfants font.

  • Speaker #0

    Alors les Petites Rappeurs en fait c'est une école à 40 minutes de chez moi qui m'a contacté, une école qui fait pas mal école dehors, ils ont un grand terrain, quelques arbres etc. Et en fait bon les parents sont à fond pour l'école dehors, ils inscrivent même leurs enfants. exprès dans cette école parce que les enseignants sortent avec leurs élèves. Et donc, on m'a demandé si je serais par contre pour venir le mercredi faire des activités extrascolaires. Donc, j'y vais. Et puis, le matin, j'ai des 4-6 ans. En début d'après-midi, des 6-8 ans. Et en fin d'après-midi, des 8-10 ans. Et en fait, alors là, pour moi, c'est le pied total parce que je me sens complètement libre. Je n'ai aucune contrainte pédagogique. Donc là, reconnecter les enfants aux vivants, à la nature, et leur apprendre les premiers gestes trappeurs. On apprend à faire du feu, on apprend à se servir d'un couteau, on taille des flèches, on apprend à regarder la nature, son évolution, en prendre soin. En fait, il y a des petits thèmes. Des fois, c'est les oiseaux, donc on fait des installations. Pour les oiseaux, on apprend à les nourrir, on apprend à les reconnaître. Donc là, je mixe un peu tout ce que j'ai fait en forêt avec mes élèves, avec des petits jeux d'école dehors. Donc voilà, des relais pour apprendre le nom des oiseaux, de l'observation, etc. Donc c'est un peu école dehors avec moins d'exigences, puisque là, il n'y a pas les programmes. Là, par contre, c'est bien ritualisé. On a toujours un moment où on se dit bonjour. l'humeur du jour, etc. On commence par un jeu sportif en rapport avec la nature. Donc, je cache des figurines. Il faut tout retrouver ou quoi. Un atelier manuel ou créatif. Voilà, un atelier artistique. Et puis, on termine par une collation, soit sur le feu ou de la cuisine, mais on est toujours dehors pour faire la cuisine. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, trop chouette. Bon, écoute, je crois qu'on a fait le tour des sujets que je voulais aborder avant tout avec toi, qui tournaient autour de l'école, parce que tu as eu cette expérience d'école et qu'aujourd'hui tu accompagnes des enseignants. Et j'espère que l'échange qu'on a eu va toucher, et en tout cas peut-être... rassurée parce que j'ai trouvé que tu étais rassurante dans tes mots et dans le fait de voilà de se libérer de certaines choses et que en fait que ça parte du coeur un et que après juste tu ailles dehors peu importe l'environnement que tu as autour c'est déjà beaucoup et je crois qu'on en est encore parce que on a parfois l'impression que Boom, ça y est, la classe dehors est un mouvement qui explose. Et effectivement, ça évolue, mais il y a encore tellement de gens qu'il est important de toucher. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui se privent encore et qui se privent de se lancer. Et que du coup, je trouve que c'est important d'aller les chercher et de leur tendre la main en disant, allez viens, ce n'est pas si difficile que ça, tu verras.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de critères, il n'y a pas de notes, il n'y a pas de jugement. En fait, oui, mais ça, ça ne fait pas assez classe dehors, non. En fait, si pour une séance d'histoire géo, tu vas dans un cimetière militaire, c'est déjà de la classe dehors. Si tu vas prendre des photos de ton quartier pour trier les commerces en géographie, c'est de la classe dehors. Si tu prends un tapis de sol et que tu dis à tes élèves d'aller lire dehors avec pour se mettre dans une posture agréable, c'est de la classe dehors, à partir du moment où tu es dehors. tu fais classe dehors. Et il y a déjà de la plus-value, même si tu fais du calcul mental dehors, que tu dis juste à tes élèves, prenez vos ardoises, prenez vos marqueurs, on va dehors faire la dictée, c'est déjà génial. Et ça, moi, j'essaie de me faire le pont, comme je répétais, libérez-vous de toutes les contraintes, reconnectez avec votre créativité, votre envie et sortez.

  • Speaker #1

    On se quitte sur ces jolis mots. Merci beaucoup Marie pour ton temps et pour ce partage-là. J'ai passé un très bon moment. C'était chouette. J'aurais bien aimé discuter encore plus, mais on aura peut-être d'autres occasions.

  • Speaker #0

    J'aurais voulu avoir les autres questions, mais après je m'emballe. On parle de ma passion, donc tac, tac, tac. J'ai une pensée hyper arborescente à ce sujet-là. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir... de m'avoir invitée. Et oui, ça me fait très plaisir d'avoir pu discuter avec toi.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Passe une bonne journée et puis à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous d'avoir pris le temps d'écouter cet épisode. J'espère qu'il vous a offert de nouvelles perspectives, voire de nouvelles pistes pour enrichir votre réflexion et votre pratique. Si vous l'avez apprécié, pensez à le... partager et pour aller plus loin et retrouver toutes les infos sur le sujet rendez-vous sur le site pédagogieduvivant.fr Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram pédagogieduvivant tout attaché sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode rappelez-vous sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. À très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentation

    05:02

  • Souvenirs d'enfance en nature

    07:02

  • Parcours dans l'enseignement

    08:19

  • Classe dehors : le déclic

    10:41

  • Lâcher prise pour mieux enseigner

    16:09

  • Contenu des séances classe dehors

    27:38

  • Relation au vivant et bienfaits

    36:03

  • Les formations classe dehors

    40:28

  • Les freins à faire classe dehors

    50:48

  • L'école doit s'adapter aux enfants

    58:22

  • Les petits trappeurs : ateliers extra-scolaire

    01:03:44

  • Conclusion

    01:05:37

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