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#44 Une Forest school à visée thérapeutique, une première en France - avec Typhaine, fondatrice de Brins d'Eveil cover
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Enfance en nature par Claire Velly

#44 Une Forest school à visée thérapeutique, une première en France - avec Typhaine, fondatrice de Brins d'Eveil

#44 Une Forest school à visée thérapeutique, une première en France - avec Typhaine, fondatrice de Brins d'Eveil

1h01 |05/03/2025
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Enfance en nature par Claire Velly

#44 Une Forest school à visée thérapeutique, une première en France - avec Typhaine, fondatrice de Brins d'Eveil

#44 Une Forest school à visée thérapeutique, une première en France - avec Typhaine, fondatrice de Brins d'Eveil

1h01 |05/03/2025
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Description

Aujourd'hui, je reçois Typhaine, fondatrice de Brins d’Éveil, une Forest school pas tout à fait comme les autres, située en Bretagne.


Educatrice spécialisée et pédagogue par la nature, Typhaine accueille sur son lieu des enfants à besoins spécifiques, notamment dits neuroatypiques (TSA, TDAH, troubles du comportement...).


Dans cette échange, elle nous partage :

  • Son parcours et l'histoire de sa structure

  • Son approche de la pédagogie par la nature adaptée aux enfants qu'elle accueille.

  • Les spécificités de ses accompagnements, alternant entre séances collectives et séances individuelles

  • Enfin, les outils qu’elle utilise pour soutenir les enfants dans leur développement et leur épanouissement.


Un travail qui mérite d'être connu par le plus grand nombre tant il est nécessaire et urgent de questionner et de favoriser la bonne prise en charge thérapeutique de ces enfants extraordinaires.


Si vous souhaitez soutenir l'association Brins d'Eveil et lui permettre notamment de développer des formations auprès des professionnel.les de santé, vous pouvez faire un don en cliquant ici.


Pour retrouver toutes les références de Typhaine, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute à toutes et à tous 🌱



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Enfance en Nature, le podcast qui explore l'éducation en plein air sous toutes ses formes. Je m'appelle Claire, je suis pédagogue par la nature et ici, je tends le micro à celles et ceux qui permettent aux enfants de vivre des expériences de plein air. Éducateurs, animatrices ou encore professeurs des écoles, Les profils de mes invités sont nombreux, l'occasion d'explorer ensemble des pratiques différentes dans des cadres variés, mais qui tendent toutes vers un même objectif, permettre aux enfants et aux plus âgés de passer un maximum de temps dehors. Il m'arrive aussi parfois de prendre le micro seul pour partager avec vous des réflexions ou des outils concrets de pratiques et de terrain. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à lui donner un petit coup de pouce en vous abonnant, en laissant un avis et en le partageant autour de vous afin que nous fassions grandir cette belle communauté tournée vers le dehors. Merci d'être ici avec moi, je vous laisse découvrir l'épisode du jour. Aujourd'hui, je vous invite à découvrir une dimension encore trop méconnue de la pédagogie par la nature, et pour cela je reçois Tiffen, éducatrice spécialisée et fondatrice de Brun d'éveil, la première forest school thérapeutique en France. Tiffen accompagne des enfants extraordinaires, chacun avec ses besoins et ses défis, et ce, dans un environnement naturel sécurisé. et sécurisant, pensée pour leur offrir un espace de liberté et de découverte. Alors pour comprendre ce qu'est une forest school thérapeutique, Tiffen nous partage son approche de la pédagogie par la nature, son quotidien avec les enfants, ainsi que les outils qu'elle utilise pour les accompagner au mieux. Dans un contexte où bien souvent en France, les familles rencontrent des difficultés dans la bonne prise en charge de leurs enfants, jusqu'à parfois s'entendre dire qu'aucune solution ne peut leur être apportée, Tiffen montre au contraire qu'il est possible d'accompagner ses enfants et leurs parents en leur offrant le temps et l'attention dont ils ont besoin. Et en l'écoutant, nous comprenons aisément dans quelle mesure la pédagogie par la nature offre un cadre propice au développement et au bien-être de ses enfants. Pour tout vous dire, à la fin de mon échange avec Tiffen, j'étais très émue parce que je connais beaucoup d'enfants et de familles qui sont en grande souffrance face aux difficultés que rencontrent ces enfants au quotidien. Et pour avoir la chance moi-même d'en accueillir régulièrement au bois, je sais à quel point cet accompagnement-là est précieux pour beaucoup d'entre eux. Et depuis plusieurs années, Tiffen... par sa présence et son investissement, ouvre des portes et montre qu'il est possible d'accueillir ses enfants dans un espace où ils se sentent compris, valorisés et dans lequel ils peuvent grandir tout simplement. Et je suis très heureuse d'avoir eu l'occasion de mettre en lumière son travail qui est bien connu au sein du réseau de pédagogie par la nature, mais qui mérite de l'être bien au-delà. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Tiffaine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast. Ça fait quelques mois qu'on bataille avec nos plannings pour réussir à nous caler une date. Donc je suis très contente qu'on y soit enfin arrivés et qu'on ait ce temps d'échange toutes les deux. Alors j'ai accueilli il y a quelques semaines Anna. qui est psychomotricienne et qui, depuis quelques années, fait une partie de ses séances avec les enfants en forêt. Donc elle mêle psychomotricité et pédagogie par la nature. Et toi, tu es éducatrice spécialisée et pédagogue par la nature. Donc on va pouvoir aller encore plus loin dans la question de l'accueil en forêt des enfants qui présentent des difficultés quelles qu'elles soient. On va pouvoir approfondir tout ça ensemble. Pour commencer... Est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu es installée et préciser le nom de ta structure pour que tout le monde puisse t'identifier ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors, moi, je suis donc Tiffaine Gaillard. Je suis la créatrice de l'association Brun d'éveil qui porte une forest school dite thérapeutique et éducative à Pambule et qui mère dans le Finistère, en bord d'Aulne-Maritie.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, avant qu'on entre... Dans ta pratique, je te pose ma question rituelle de début de discussion. Tiffaine, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, pour poser un petit peu le contexte, je suis une enfant à particularité moi aussi, parce que j'ai un TDAH, je connais bien mon sujet. Et du coup, mon lien à la nature était crucial, je veux dire, et c'est pour ça que je me bats pour... pour ça un petit peu aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai passé la plus grande partie de mon enfance beaucoup dehors. J'ai eu la chance de grandir dans une famille pour qui la nature était importante aussi. Du coup, j'ai grandi beaucoup sur l'eau et beaucoup en pleine nature à la campagne aussi, avec une maison de campagne et du coup, avec la possibilité de nourrir énormément mon besoin de mouvement, mes besoins sensoriels également. Voilà, ça fait partie des souvenirs positifs de mon enfance. Dès que c'était en nature, c'était tout de suite plus positif et tout de suite plus équilibré. Donc, comme tout le monde, des souvenirs émus, joyeux et riches et nombreux.

  • Speaker #0

    Du coup, je devine un petit peu l'origine de la création de Brun d'éveil. Mais justement, pour qu'on comprenne ton cheminement, Est-ce que tu veux bien nous parler de ton parcours, de tes études jusqu'à la création de cette structure ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, surtout que ça remonte de loin, parce que aussi loin que je me souvienne, tu vois, à 12 ans, je disais déjà que quand je serais grande, j'accueillerais les enfants avec handicap dans la nature, c'était le projet initial. Waouh ! Et j'ai très longtemps à trouver le bon chemin pour faire ça, parce que le modèle des fermes pédagogiques ne correspondait pas forcément à mon ambition. J'avais vraiment... Vraiment, c'est l'idée d'être avec les enfants dans la nature et pas dans une pratique de transmission de savoirs. Du coup, j'ai juste suivi les pas les uns après les autres. À savoir que j'ai commencé à travailler auprès d'enfants handicapés à 12 ans, justement, j'étais bénévole auprès d'enfants INC. Et du coup, d'abord, comme tout le monde un petit peu, j'ai fait de l'animation avec des enfants avec handicap en séjour. Et puis, je me suis orientée vers le... d'éducatrice spécialisée pour me former à l'accompagnement de ces enfants là donc je suis diplômée depuis 14 ans maintenant j'ai travaillé ensuite en individuel à domicile auprès d'enfants autistes pendant enfin depuis depuis 14 ans je travaille toujours en individuel auprès d'enfants autistes et puis j'ai continué à chercher et en 2016 j'ai acheté un lieu magnifique arboré en bord de bord de mer avec un grand terrain de 2 hectares et demi avec l'idée d'accueillir du public sur cet endroit là et en continuant à chercher encore et encore la pédagogie qui pouvait correspondre à ce que j'imaginais j'ai rencontré Julie Ricard la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française voilà qui n'était pas encore la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française à l'époque qui a fait ses premiers ateliers en France sur mon site notamment et puis et puis nos discussions ont amené à un constat qu'on était parfaitement d'accord sur cette pédagogie, sur la manière d'appréhender l'accompagnement des enfants, quel que soit leur profil avec ou sans handicap. Et du coup j'ai enfin trouvé le lien entre ce que je voyais depuis toute petite et ce que je voulais faire réellement. Et du coup je me suis formée d'abord en tant que pédagogue par la nature et ensuite via l'Angleterre en accueil thérapeutique et éducatif en pédagogie par la nature. engrouper en un pour un, ce que je pratique maintenant sur Brun d'éveil depuis cinq ans.

  • Speaker #0

    Ok. Quand on arrive sur le site internet, Brun d'éveil est présenté comme étant la première, et pas une Forest School, la première Forest School à viser thérapeutique et éducative. Est-ce que tu veux bien expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, c'est quelque chose qui se fait pas mal, notamment en Angleterre. Il y a beaucoup de forest school à visiter, à petit cas éducatif en Angleterre. Je n'ai pas trouvé. D'équivalent France pour l'instant, enfin pas il y a cinq ans en tout cas, maintenant ça commence à essaimer, mais en fait la petite particularité c'est effectivement sur Brun des Veilles que j'accueille des enfants soit en 1 pour 1, ce qui se fait pas dans les forest school classiques, soit en tout petit groupe, tu vois là c'est à dire on a un groupe on a dix enfants mais on a cinq adultes pour dix enfants et du coup sont mêlés à la pratique en pédagogie par la nature. avec les mêmes bases que dans n'importe quelle forest school, tous les outils de l'éducation spécialisée, donc tous les outils de communication alternative, tous les outils de régulation des comportements, etc. Plus une partie, du coup, via laquelle je me suis formée via l'Angleterre, sur les outils d'accompagnement thérapeutique du cours. Voilà, et du coup, c'est quelque chose qui m'est beaucoup venu. du Canada et d'Angleterre, puisque quand j'étais éducatrice spécialisée à domicile, un pour un, je travaillais beaucoup sur tout ce qui est intégration sensorielle avec des ergothérapeutes. Et en fait, aux États-Unis et en Angleterre, ça fait maintenant une petite dizaine d'années qu'ils se questionnent beaucoup sur les pratiques d'ergothérapie et d'intégration sensorielle directement en forêt et dans la nature. Et du coup, avant de rencontrer le réseau de pédagogie par la nature français, j'étais déjà dans cette recherche-là. Du coup, j'étais accompagnée et supervisée par des ergothérapeutes qui pratiquaient comme ça. La rééducation d'ergothérapie en forêt. Voilà un petit peu, je ne sais pas si ça répond à ta question.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Oui, oui. On va entrer dans le détail de tes accompagnements dans quelques minutes. Mais d'abord, à quoi ressemble ta Forest School ? Est-ce que tu veux bien présenter le lieu pour qu'on visualise ton cadre d'accueil ?

  • Speaker #1

    Je vais jamais vous y rendre. La forestie de Brun-des-Veilles, c'est un tout petit chemin qui mène quand on arrive chez moi. On a vraiment l'impression d'arriver en bord de Canada, en bord de grande rivière au Canada. Tu vois, cette espèce de zone vallonnée avec une énorme rivière au milieu et pas une seule trace d'être humain sur le chemin. Et du coup, c'est un terrain, une parcelle boisée avec une... entourée d'une haie classée pour le coup de chêne centenaire et du coup qui est assez à la fois fermée sur elle-même et à la fois il y a plein de possibilités de sortir et d'aller explorer la nature autour, ce qui correspondait bien aux enfants que j'accueille. Parce que voilà j'accueille des enfants avec des gros troubles du comportement, des risques de fugue etc donc il fallait un lieu un peu clos quand même qui permette cette réassurance et cette sécurité plutôt qu'une forêt ouverte. Et du coup ce n'est pas une forêt par contre, c'est on va dire une prairie très boisée avec des chênes centenaires et une partie qu'on replante au fur et à mesure en forêt comestible du coup, et en descendant dans ce lieu très vert et de plus en plus sauvage. Il y a cinq ans ce n'était pas si sauvage que ça mais ça avance et c'est vraiment beau. plus en plus sauvages, on arrive sur des installations très discrètes dans l'environnement, avec des filets dans les arbres pour pouvoir grimper. Et le cœur de la Forest School, qui est un grand cercle au milieu des bois, avec un parachute au-dessus et le feu pour nous rassembler, pour cuisiner, etc. Et une cuisine de la gadoue, pas très loin, à portier d'yeux, parce que les enfants de 20-20 ans ont besoin que les choses soient quand même assez proches les unes des autres. se sentir en sécurité. Une serre où on cultive un petit peu des plantes médicinales et des choses à utiliser pendant les goûters. Voilà, il y a plein d'endroits, des petites cabanes, des petits endroits pour se cacher et aller bricoler.

  • Speaker #0

    Ok. Et concernant l'accessibilité, moi, je vais te dire, ça a été une vraie difficulté que j'ai rencontrée quand... J'ai commencé à accueillir du public en forêt puisque pour accéder au bois dans lequel je suis installée actuellement, il faut emprunter un chemin qui est large mais qui commence par une petite côte qui fait 15 mètres mais qui est hyper raide. Et alors là en ce moment, avec le givre et puis quand il pleut, on se casse facilement la margoulette. Donc les petits bouts apprennent très vite à aller grimper avec les mains. Moi je suis en zone montagneuse, donc j'ai des espaces plats mais de différents niveaux. Donc c'est génial pour les petites pattes et pour aller gambader, mais pour certains...

  • Speaker #1

    C'est hyper favorisé comme ça. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait. Mais du coup, dès qu'on a lancé les ateliers, très vite, on a eu des familles avec des enfants porteurs de handicap moteur qui sont venues nous voir parce qu'elles avaient envie que les enfants viennent aux ateliers et savoir si on pouvait les accueillir. Et du coup, ça a vraiment été une difficulté pour nous. Et aujourd'hui encore, suivant... Les handicaps, on ne se sent pas d'accueillir parce que ça nous semble vraiment complexe et on n'a pas encore trouvé de solution pour rendre cet accueil facile. Est-ce que toi, tu as eu à faire des choses particulières pour faciliter cet accès, cette accessibilité ? Ou est-ce que dans ce que tu as pu voir en Angleterre où c'est davantage développé, comment est-ce qu'elle est prise ? en compte cette question de l'accessibilité en forêt, qui est quand même un endroit qui peut présenter un sacré challenge pour les enfants.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, ça dépend beaucoup. Il y a la réalité du site sur lequel tu travailles, qui induit nécessairement des réponses positives ou négatives avant de prendre des gens que tu peux accueillir. Moi, j'ai la chance d'avoir un terrain qui est quand même relativement plat. Et le parking est à l'entrée, et c'est une prairie, donc il n'y a pas forcément autant d'arbres. C'est beaucoup plus de l'herbe. donc les chemins sont plus facilement aménageables j'ai envie de dire après la question se pose pas de manière il n'y a pas d'obstacle à l'heure actuelle parce que je suis vraiment spécialisée sur tout ce qui est TSA et enfin autisme et troubles de l'attention avec hyperactivité et du coup le public que j'accueille dans les enfants avec autisme principalement ont des troubles de la motricité mais je n'ai jamais eu pour l'instant de demandes d'accueil avec fauteuil roulant notamment. Là, j'ai un partenariat avec une association pas très loin d'ici qui s'appelle Miago qui fournit des fauteuils adaptés pour le coup si jamais il y a besoin. Je sais que par exemple, l'année prochaine, on accueille Loisirs Pluriels qui est une structure de loisirs qui accueille tout le public. Peut-être que là, je verrai avec eux pour avoir des fauteuils adaptés. Mais je sais que les fauteuils adaptés passeront sur mon terrain parce qu'il est relativement plat, il n'y a pas de dormière. Tout est accessible à partir du parking. Ce n'est pas un frein à l'accueil.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    ça marche.

  • Speaker #0

    Alors, tu es à l'origine de la création de Brun d'éveil, mais tu n'es pas seule aujourd'hui à travailler sur ce lieu-là. Est-ce que tu veux bien nous présenter l'équipe qui est à tes côtés ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a l'équipe de l'association, parce que du coup, Brun d'éveil, c'est une association avec un super bureau qui gère. Il y a beaucoup de travail pour le coup parce qu'on a de plus en plus de demandes. Il y a beaucoup de devis, de paperasse et de dossiers à remplir. Un bureau assez critique qui représente autant, on a fait le choix d'avoir un bureau où les parents soient représentés, les propriétaires du terrain soient représentés et les professionnels. Donc du coup, on est cinq dans le bureau et il y a une maman d'enfant bénéficiaire, il y a moi-même en tant que représentante des professionnels. Il y a un éducateur jeunes enfants qui n'est pas dans la structure mais qui soutient le projet. Et il y a le propriétaire des lieux et ça marche très bien. Et ensuite, il y a l'équipe de terrain. Du coup, aujourd'hui, sur Brun d'Eveil, on est entre 5 et 7, j'ai envie de dire. Parce que Brun d'Eveil est aussi un site de formation. Et du coup, j'accueille beaucoup de bénévoles qui viennent se former. à l'approche thérapeutique et éducative et du coup des gens qui restent plus ou moins longtemps. Maintenant j'ai des gens qui sont là depuis longtemps, notamment Eva qui elle est de métier AESH et travaille auprès d'enfants autistes en UEMA, donc en classe maternelle adaptée et qui m'accompagne maintenant depuis trois ans et demi sur la Florey School, qui est une des professionnels rémunérés. Cette année on a aussi Julie qui démarre, qui est éducatrice spécialisée et qui qui est pédagogue par la nature depuis déjà trois ans sur d'autres sites mais qui commence là à se former en accompagnement individuel thérapeutique avec moi et avec ça on a une super psychologue et qui est bénévole depuis trois ans sur la structure et qui revient sur les ateliers de groupe et on a deux ou trois autres professionnels qui sont en train d'apprendre à se former qui sont bénévoles pour l'instant et du coup c'est une équipe qui grossit et une structure qui commence à Voilà, avoir des bases solides et une équipe solide, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Je suis persuadée qu'il va y avoir beaucoup de passages. Tu vois, moi, je suis très en demande du coup pour avoir des demandes de familles qui cherchent des solutions. Moi, j'ai entendu que cet été, tu as fait un module.

  • Speaker #1

    Attends, tu vois ce que tu as dit ?

  • Speaker #0

    Mon petit doigt qui me l'a dit et je me suis dit, ah super, ça y est, il va y avoir, il va se passer quelque chose. On va avoir, on va pouvoir nous aussi. nous former parce que clairement la demande elle est importante, il y a beaucoup de familles qui attendent que ça se développe et nous on a besoin de nous former quand on n'a pas suivi un cursus comme le tien quand je ne suis pas éducatrice spécialisée donc je fais au mieux avec mes petites lectures actuellement et beaucoup en discutant avec les familles évidemment mais je sens parfois que je manque d'outils donc c'est chouette effectivement je pense que... Brun d'éveil va forcément continuer à beaucoup bouger dans les prochaines années. On va venir chercher auprès de toi et auprès de toutes celles et ceux que tu accompagnes aujourd'hui et que tu formes des outils pour qu'on puisse, nous aussi, pouvoir accueillir au mieux ces enfants.

  • Speaker #1

    Il y a deux projets, effectivement. Il y a celui que j'ai bêta-testé l'été dernier, comme tu dis, qui est de faire une formation. surtout qui donne les bases de l'inclusion de tous les enfants sur les Forest School classiques. Donc des bases d'outils d'accompagnement spécifique, mais qui permettent en fait juste d'accueillir plus d'enfants et de mieux comprendre leurs particularités et du coup d'avoir des réponses, un peu plus de réponses et un peu plus d'outils dans sa besace de pédagogue par la nature. Et moi mon objectif moyen-long terme c'est aussi de créer la formation. pour les professionnels paramédicaux et éducatifs pour faire de l'accompagnement thérapeutique et pédagogique. C'est ça qui me fait vibrer et qui est mon cœur de métier aujourd'hui. Maintenant, effectivement, il y a encore du chemin, parce qu'avant de faire de l'accompagnement thérapeutique et éducatif, il faut déjà se former en pédagogie par la nature. Ça s'installe tranquillement en France, mais on n'est pas encore des milliers à être formés en pédagogie par la nature pour l'instant sur le territoire français. Et je vois qu'il commence à y avoir sur les formations, parce que je suis aussi formatrice au réseau du coup, il commence à y avoir de plus en plus de professionnels paramédicaux et éducatifs qui arrivent à se former en pédagogie par la nature, mais avec cet objectif-là de faire de l'accompagnement individuel thérapeutique après. Et du coup, le projet, c'est de créer cette formation-là, mais ça va prendre un peu plus de temps, parce que pour le coup, là, c'est la toute première. en France, vraiment. Je n'ai pas de repères, je n'ai pas de point de comparaison et je n'ai pas d'interlocuteur pour m'aider à la monter. Donc, c'est un peu plus... Enfin, je prends mon temps pour faire ça bien.

  • Speaker #0

    Ouais, mais tu as raison. Au-delà de l'équipe que tu as présentée et peut-être même au-delà du coup du lieu, est-ce que tu travailles avec d'autres professionnels au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai plusieurs métiers, enfin j'ai plusieurs métiers depuis l'année dernière, j'ai repris mes plusieurs métiers. En fait je suis aussi éducatrice en un pour un en dehors de la Forest School et je fais de l'accompagnement parental aussi. Et du coup j'ai la chance depuis le début de ma carrière d'être très bien entourée sur le territoire. Dans le Finistère il y a un réseau très solide des professionnels qui gravitent autour des enfants dits neuro-atypiques. Et du coup j'ai la chance d'avoir des personnes ressources. pour à peu près tout, autant en termes d'orthophonie, en termes d'ergothérapie, qu'en termes d'autres éducateurs sur le territoire ou de médecins qui orientent vers nous. Et du coup, le maillage sur le territoire est très large et du coup, j'ai un réseau d'appui qui est quand même non seulement à mon sens indispensable parce que je ne me vois pas travailler sans approche globale et sans regard croisé sur ce que je fais. Et puis, ça nourrit aussi mes réflexions là. Ça nourrit autant ma posture que les accompagnements. C'est-à-dire qu'à Brandeville, les enfants qui viennent, il n'y a pas d'enfants où je travaille toute seule. Je suis toujours en lien étroit avec tous les professionnels qui entourent l'enfant et évidemment les parents. Et du coup, Zo comprend autant les familles que les professionnels des enfants. C'est riche, c'est très riche.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le public que tu accompagnes ? Quels sont les différents troubles qu'il peut y avoir ? Vraiment juste de dresser une œuvre. Ouais, et notamment un peu expliquer pour que les personnes qui ne sont pas familières avec tout ça comprennent un peu.

  • Speaker #1

    Alors, le truc magnifique à Brandeveil, c'est vraiment que j'accueille tous les enfants. Je vais dire presque tous. Il y a des fois où malheureusement la rivière en bas de mon terrain est la seule limite à l'accueil d'enfants. Parce que si j'ai des enfants très très fugueux, ils prennent beaucoup beaucoup de risques. Et bien il y a des fois où je ne peux pas dire oui parce que... garantir leur sécurité mais au delà de ça moi mon parcours fait que j'ai été spécialisée pendant 13 ans sur l'accueil des enfants avec des grosses difficultés comportementales surtout sur l'autisme non verbale donc des enfants sans moyens de communication avec très peu de compréhension verbale avec dans la majorité du temps des troubles du comportement physiquement violent et des gros gros troubles de l'intégration sensorielle une gestion des sens particulière et ça c'est mon public d'origine et c'est aussi le public sur lequel je suis la plus compétente et du coup c'est vrai qu'on m'adresse pas mal d'enfants sur ce type de profil sur ce qu'on appelle malheureusement les enfants sans solution j'ai beaucoup d'enfants qui arrivent à avoir un éveil avec des familles à cours de solutions parce que parce que l'école c'est très compliqué ils sont loin de doigts de ou parce que même l'école c'est pas possible et même l'IME c'est pas possible. Et ouais, j'ai eu et j'ai des enfants sur Brun d'éveil qui n'ont accès à très très peu de choses finalement parce que leur comportement et leur dérégulation mettent à mal beaucoup de prise en charge. Et Brun d'éveil est une des solutions, une des dernières solutions et surtout une des solutions qui marche là où le reste ne marche pas. Voilà. Du coup, les profils d'enfants que je reçois vont d'enfants avec un tout petit niveau de développement où on est dans du sensoriel pur et dur et où là j'utilise mes outils spécialisés sur l'autisme en travaillant sur l'interaction sociale déjà, tout simplement, jusque à des collégiens en phobie scolaire avec un autisme très léger ou de l'hyperactivité qui met à mal leur parcours scolaire ou des phobies scolaires, tu vois. Là, on va être sur des séances beaucoup plus complexes où on va travailler la lecture en rédigeant des recettes medicinales de plantes sauvages, ou en sculptant du bois, ou dans des mathématiques en allant construire des cabanes un peu plus complexes. La palette de ce que je peux avoir comme profil est vraiment très large. Leur point commun, c'est vraiment les difficultés de régulation des émotions et du comportement, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Et comment se présentent, est-ce que ce sont les familles qui viennent vers toi, est-ce qu'elles sont orientées par des professionnels ? Et en termes de fréquence et de durée d'accompagnement, une moyenne évidemment parce que ça va dépendre, mais ça se présente comment ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai fait ce choix à l'ouverture de le brin d'éveil de... pas communiquer du tout, je ne suis pas une grande communicante je fais un réel effort aujourd'hui avec toi parce que et pas parce que je n'aime pas parler de ce que je fais au contraire je pense que ça se sent, j'adore parler de ce que je fais mais parce que j'ai du mal à dire non en fait. Aujourd'hui cette année c'est la première année où on a une liste d'attente sur Brandeveil, on a 9 enfants en liste d'attente pour 14 enfants d'accompagner donc ça dit long du temps que ça mettra déjà pour pouvoir accueillir ces enfants là. Et je n'avais pas envie de faire de la pub, déjà parce que j'étais la première à le faire et que du coup je voulais voir à quel point ça marchait. Et depuis que je vois à quel point ça marche, parce que tant que je n'ai pas formé d'autres gens, je n'ai pas non plus l'ambition que ce soit trop connu et que du coup il y ait trop de gens à se casser le nez en cherchant de l'aide et que je ne puisse pas la fournir. Du coup je ne cherche pas particulièrement la communication sur... Sur Brun des Veilles, je n'ai pas été maître de flyer dans les institutions, je n'en ai pas parlé, je n'ai pas demandé à mes collègues d'orienter vers moi particulièrement. Ça s'est quand même fait tout naturellement, puisque depuis que Brun des Veilles est ouvert, mon planning a toujours été complet. Du coup, c'est les familles qui sont venues Ausha oreille les premières années. Et puis les familles faisant du bouche à oreille, les médecins ont commencé à en parler. Et maintenant, j'ai des structures. J'ai pas mal d'enfants qui viennent de structures de l'aide sociale à l'enfance sur les profils qu'on appelle enfants à besoins multiples, qui sont des enfants associant handicap social, handicap psy et handicap médical. Autisme, plasmas à laser, plus troubles psy associés. Et là, effectivement, c'est beaucoup dans les enfants, où il y a très très très... Sur notre territoire, je pense que c'est un peu partout, mais dans le Finistère, il y a très très peu de solutions.

  • Speaker #0

    d'accompagnement pour ces enfants-là. Et du coup, j'ai beaucoup de demandes sur cette partie-là. Et déjà, malheureusement, cette année, tu vois, j'en ai un et j'en ai quatre en liste d'attente sur ce profil-là. Et cette année, et depuis l'année dernière, on commence aussi à accueillir des structures, parce que même si j'en parle pas, eh bien, on parle entre eux. Et du coup, ils commencent à venir me chercher, sachant que je travaille aussi avec des structures sur la Forest School autour du feu sur laquelle j'ai été formée. depuis 8 ans, 9 ans, 8 ans je pense. Voilà, et du coup, il y a aussi des structures qui viennent maintenant par ce biais-là.

  • Speaker #1

    Et est-ce que du coup, c'est des accompagnements que tu fais à l'année pour les enfants ? Oui,

  • Speaker #0

    alors du coup, basé sur les clés de la pédagogie par la nature que tu connais bien, je pense, la récurrence et le temps lent, c'est mon meilleur ami. Enfin, déjà en tant qu'éducatrice spécialisée, c'est... une conviction. Si je vois peu les enfants, j'ai peu de chance d'avoir un impact sur leur évolution et sur leur parcours. Du coup, un des critères c'est la récurrence et le temps long. Donc la majorité des enfants viennent une fois par semaine et puis quand c'est financièrement ou logistiquement pas possible, c'est tous les 15 jours ou une fois par mois mais c'est le minimum. Je pense que je capturerai difficilement que ce soit moins d'une fois par mois parce que... Si, pour des accueils répit, parce que je fais aussi un peu d'accueil répit, mais sur une pratique éducative et thérapeutique, c'est le strict minimum. Et puis je vois bien que plus ils viennent, plus c'est efficace, effectivement. Maintenant, il y a la question du financement qui limite souvent l'accompagnement. Et du coup, en termes de durée, c'est très variable, puisqu'il y a des enfants... clairement avec des grosses grosses difficultés où je ne m'attends pas à avoir réglé leurs difficultés et où je sais qu'ils vont être présents sur brun d'éveil aussi longtemps qu'ils en auront l'envié le besoin et qu'on sera d'accord sur qu'ils viendront avec plaisir quoi et des enfants je découvre ça dans la pratique par rapport à l'accompagnement domicile que j'avais avant j'ai des enfants qui sortent de brun d'éveil qu'ils vont bien et qu'ils n'ont plus besoin de moi et c'est C'est aussi magnifique que difficile, après des années d'accompagnement, les voir voler leur propre aile, c'est quand même des moments émouvant. J'ai ma première bénéficiaire qui est arrivée il y a 5 ans, tu vois, et qui a terminé la semaine dernière, en disant que bah, elle va bien, elle sait où elle va, elle a des projets, et du coup elle a plus... elle a envie de venir, mais elle a plus besoin de venir. Et du coup, c'est aussi beau de voir qu'il y a des enfants qui... qui se nourrissent de ce que je peux proposer à voir d'éveil et qui au bout d'un moment repartent à elles déployer.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Dans la forme, tu disais tout à l'heure que vous faites de l'accompagnement un pour un et de l'accompagnement en tout petit groupe. Est-ce que tu veux bien expliquer la différence entre ces... Ces ateliers-là, dans quelle mesure un enfant va plutôt être en atelier individuel ou plutôt en groupe ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, surtout que c'est vraiment la spécificité de Brandeveil, puisque ça ne se fait pas ailleurs. En fait, à Brandeveil, on accueille toujours au moins une première fois un pour un pour évaluer les besoins. Dans ma besace d'éducatrice spécialisée, j'ai plein d'outils d'évaluation et j'évalue effectivement les besoins. L'accompagnement un pour un, du coup, ça va être... Souvent des accompagnements hebdomadaires où on va travailler toutes les compétences intrinsèques déjà. Tout ce qui est estime de soi, confiance en soi, régulation et conscience de ses émotions, habilité motrice fine, motricité globale, etc. Et ensuite sur les groupes, on a un groupe qui est un groupe d'habilité sociale. Moi je milite pour les groupes d'habilité sociale qui sont des enfants. autistes et TTH puissent se faire dans la nature et par le jeu directement. Là on va être du coup sur du petit collectif mais notre curseur et les outils qu'on va mettre, qu'on va leur déposer discrètement dans l'environnement sont plus à viser de travailler les compétences sociales, la prise de parole, l'expression de ses besoins, la gestion de conflit, la posture vis-à-vis des autres. le langage. Sur le papier, le contenu d'une séance est globalement le même, puisque c'est des séances de pédagogie par la nature classique. On arrive, il y a un petit rituel de bonjour, on fait un petit point des émotions de comment on va, et ensuite c'est du jeu mené par l'enfant. avec des propositions dans l'environnement, mais c'est toujours du fait de mener par enfant, de la même manière que ce soit un collectif ou un individuel. La différence, c'est plus mon regard porté à moi et les propositions discrètes que je vais choisir d'amener pour développer telle ou telle compétence chez l'enfant.

  • Speaker #1

    Ok. Tu disais tout à l'heure que toi, enfant, tu as eu ce besoin de nature et que tu allais te ressourcer et... en nature, est-ce que il t'est déjà arrivé d'accueillir des enfants pour qui cette immersion en forêt, dans ta prairie, était difficile au démarrage ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai eu, oui, parce qu'il faut dire la réalité, on est aujourd'hui dans une société où il y a beaucoup d'enfants qui sont déconnectés de la nature et qui passent très peu de temps dehors, et alors tant qu'on est en juin ou en septembre et qu'il fait chaud, doux, Ça va et encore ça va non parce que c'est la période des petites bêtes et qu'il y a beaucoup d'enfants qui sont plus habitués aux petites bêtes. Donc j'ai des enfants, on est quand même dans le Finistère, donc j'ai quand même des enfants qui sont assez en contact avec la nature par rapport à d'autres forest schools qui sont dans des zones plus urbaines. Mais il y a beaucoup d'enfants qu'on accueille et qui dans un premier temps sont, et ça fait partie de ma spécificité en intégration sensorielle, qui sont en difficulté. Avec le fait d'être mouillé, avec le fait d'être sale, avec potentiellement le vent fort, avec, enfin, tactilement, c'est vrai que l'accueil en nature, pour des enfants avec des troubles d'intégration sensorielle, c'est un vrai challenge. Et c'est pour ça que Pédagogie par la nature dit motivation intrinsèque. Un enfant qui n'aurait pas de motivation à être dehors du tout, ça n'aurait pas de sens de l'accompagner sur la Forest School. Maintenant, les enfants que j'accueille, j'en ai de nombreux, qui ont des gros troubles d'intégration sensorielle, et pour qui, à l'arrivée... et bah dès que ça Ausha, dès qu'il y avait un petit peu des clagoussures ou dès qu'il y avait des choses sales à toucher c'était compliqué et puis mon parti privé et qui est celui de beaucoup d'herbaux aussi c'est que en fait les particularités sensorielles on peut faire ce qu'on appelle de l'habituation et du coup avec la motivation intrinsèque donc la grande motivation de faire des choses et dans le cadre du groupe d'habité sociale c'est particulièrement parlant parce que la motivation d'être ensemble Chez beaucoup d'enfants, elle est hyper prédominante. Et du coup, pour le plaisir de jouer avec les copains, on arrive petit à petit à oser mettre les mains dans la gadoue, petit à petit à oser faire du ventrigling, c'est se retrouver tout crampé, petit à petit, tu vois, faire de la pâte à pain et se retrouver avec de la farine sur les mains. Et comme c'est toujours à l'initiative de l'enfant, basé sur l'autodétermination et jamais forcé. et bien ça permet en fait, c'est un des leviers qui permet la rééducation des particularités sensorielles. Et là j'ai comme exemple flagrant ma propre fille qui a des troubles sensoriels importants et qui toute petite a été incapable de poser les pieds sur l'herbe nue ou même les pieds sur le sable, c'est pour te dire, et qui maintenant est une des amoureuses de la grimpe d'arbres trempées, de la cuisine de la bagadou et des batailles de feuilles mortes trempées. Donc on est très loin ! de ses particularités étant toute petite. Et du coup, là, je l'ai vue au jour le jour, l'évolution, parce qu'elle a une immersion intensive, mais c'est ce que je constate sur tous les enfants avec des particularités sensorielles, c'est que la motivation à être là met le cerveau en état de disponibilité, d'essayer et du coup de se désensibiliser petit à petit. Sachant qu'en Forest School, le sens qui pose question, c'est vraiment le toucher. Puisque auditivement, on est quand même beaucoup moins sur sollicité qu'en intérieur, visuellement également. En fait, il y a peu de surcharge sensorielle en nature qui se pose à part celle du toucher. Et là, c'est un espace où c'est la motivation intrinsèque qui va faire la rééducation.

  • Speaker #1

    Tu as parlé plusieurs fois d'outils et je suppose que tu en as plein dans ta mallette et que tu adaptes en fonction des besoins des enfants. Mais est-ce que tu peux nous en citer quelques-uns, peut-être parmi ceux que tu utilises le plus souvent ou que tu trouves les plus puissants ?

  • Speaker #0

    Oui. Le problème, c'est que je me rends compte en montrant la formation que maintenant, je suis très peu consciente de mes outils à force de rodage. Et du coup, ce n'est pas forcément simple d'en citer. L'intégration sensorielle est un de mes outils. En fait, c'est plus des outils de... connaissance des outils en outils pragmatiques sur le terrain. Il y a tout ce qui est les outils d'adaptation du langage, notamment pour l'inclusivité, par exemple. Je signe énormément pendant mes séances, c'est devenu naturel avec les années de soutenir la communication avec des signes. Il y a un maximum d'enfants à pouvoir se saisir de ce que je dis et j'ai aussi beaucoup d'outils visuels depuis toujours. À chaque nouvel accueil, il y a un emploi du temps visuel à disposition, il y a des pictogrammes présentant les différentes possibilités sur le site. Donc ça c'est un outil que je peux facilement expliciter et montrer. Et ensuite il y a des outils qui sont maintenant devenus excessivement discrets et qui sont plus difficiles à présenter. Moi j'ai travaillé en analyse du comportement pendant 10 ans, ce qu'on appelle l'ABA, qui a ses détracteurs parce que c'est la base de conditionnement, mais surtout il y a une grande partie observation et analyse des comportements et de ce qu'ils peuvent apporter. Et ça par exemple aujourd'hui c'est toujours très présent dans ma pratique, plus j'ai plus besoin de comment en ABA. en structure de renforcateur, on dit, tangible. Enfin, je n'ai plus besoin d'objet pour renforcer les enfants, en fait. Juste le fait d'être là, c'est le renforcateur. Mais dans ma lecture de mes séances et dans l'analyse de ce qui se passe, et dans mes leviers, c'est de prés-utiliser. Pour te donner un exemple pratique, par exemple, j'ai un enfant qui est arrivé il y a trois ans avec des gros troubles du comportement et ce qu'on appelle un top, un trouble de l'opposition et de la provocation, qui faisait que dès qu'on posait une consigne, en général, il faisait l'inverse. Et puis il lançait tout et puis voilà, il avait des comportements qui faisaient que c'était très compliqué à la maison, très compliqué en collectif. Et ce petit garçon-là, sa passion absolue en arrivant, ça a été de découvrir le fait qu'il pouvait allumer le feu. Oh là là, bonheur intense. Et à partir de ce moment-là, du coup, on analyse du comportement, c'était très simple. Pour pouvoir allumer un feu, il faut être calme. C'est impossible d'allumer un feu... en s'agissant dans tous les sens ou en mettant la consigne à mal, puisque c'est directement sa sécurité qui le mettait en jeu. Donc, ce n'était même pas une injonction de ma part. C'était juste une réalité pragmatique. Si tu allumes le feu et que tu fais n'importe quoi, ça va faire mal. Comment on fait pour faire ça ? Et du coup, cet enfant a commencé à réfléchir avec moi au moyen de réguler son corps pour arriver dans les bonnes dispositions pour être capable d'écouter. Et ensuite, à dérouler lui-même comment les grandes règles de... le PN, prendre soin de soi, prendre soin de la nature et prendre soin des autres. Et du coup, à construire son propre rapport à sa séance et à développer sa propre pensée sur, OK, alors moi, j'ai vraiment envie de faire du feu. Comment je vais faire avec mes besoins pour le faire et être en sécurité ? Et du coup, à développer des trésors de contrôle, de patience, de persévérance et d'écoute juste. pour la motivation d'allumer ce feu et de faire des choses avec. Moi, je le traduis en analyse de comportement avec, j'avais le renforçateur absolu dans l'activité pour que cet enfant vienne développer les compétences que tout le monde voulait qu'il développe. Et ça a marché excessivement bien. Cet enfant, il est resté un an et demi sur la Forest School. Et ensuite, il était tellement impeccable en termes de comportement avec moi que je suis passée à domicile faire de la vie dans ce parental parce que... Sa motivation à être parmi nous sur la Forest School était tellement grande que du coup, il avait développé toutes les compétences de le faire et qu'il fallait juste les généraliser. Et maintenant, c'est un enfant qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de comportement, toujours un peu, mais ça se passe bien à l'école, ça se passe beaucoup mieux à la maison. Et voilà, parce qu'il a développé les compétences dans un cadre naturellement motivant. avec tout ce qui nourrissait son cerveau et son système sensoriel. Et du coup, à partir de là, une fois la compétence acquise, il faut la générer. Voilà, donc ça, c'est deux gros outils qui me servent au quotidien sur Brun d'éveil. Et maintenant, tous les outils de la pédagogie par la nature. Donc, avoir un registre d'activités canaurie qui me permettent d'être ultra flexible sur mes séances. Ça, c'est un peu une des spécificités aussi en pédagogie par la nature adaptée et thérapeutique. C'est que du coup, un pour un, eh bien... je ne peux pas arriver avec une ou deux propositions d'activité et si l'enfant ne veut pas je sais pas quoi faire donc il faut il faut avoir un registre et une grande grande flexibilité pouvoir partir de l'état de l'enfant ce jour là ses besoins sa réalité voilà ce que j'ai envie de dire la prise de risque mesurée est un outil incroyable pour l'accompagnement thérapeutique et éducatif aussi parce que parce que la réalité c'est que les enfants ont besoin spécifique ils arrivent avec souvent une estime de très très dégradée et une très très faible conscience de ce qu'ils sont capables de faire et de comment le faire, et des limites de leur part. Et du coup, l'accompagnement à la crise de risque mesurée est un espace d'évolution incroyable pour beaucoup d'enfants.

  • Speaker #1

    Elles durent combien de temps tes ateliers, tes séances en un pour un ? Ça dure combien de temps ?

  • Speaker #0

    En général, c'est deux heures. La majorité, c'est plus court pour des enfants avec une grosse, grosse fatigabilité, évidemment. J'ai des enfants qui font une heure, une heure et demie et souvent, la séance s'arrête avant, s'ils demandent de l'arrêter avant, c'est déjà trop.

  • Speaker #1

    Ok. Et la tranche d'âge, on n'a pas du tout parlé, grosso modo, de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #0

    Oui, alors voilà. j'ai reçu des... En fait, pour l'instant, je ne reçois pas d'adultes en accompagnement de la petite individuelle, mais j'ai reçu des moins de 3 ans avec leur assistante familiale. J'ai des grands ados autistes non-verbaux de 15-16 ans. Voilà. Donc, tous les âges. La particularité, c'est qu'en dessous de 6 ans, je reçois avec les parents pour une question de cadre légal.

  • Speaker #1

    OK. Et bien, puisque tu en parles, je voulais savoir justement quelle est la place et la relation que tu as, que les familles occupent dans cet accompagnement. Donc là, tu dis que d'un point de vue légal, les parents doivent être présents, mais plus globalement, comment ça se passe avec les familles ? Quels liens tu tisses dans tout ça ?

  • Speaker #0

    C'est une très bonne question parce qu'en plus, c'est une question... qui est vraiment la base de ma pratique d'éducatrice spécialisée. Je suis un peu, enfin je suis très militante sur ce sujet, puisque au lieu de travailler en structure, j'ai choisi dès le début de ma carrière de travailler à domicile auprès d'enfants autistes, ce qui n'est pas une pratique classique en éducation spécialisée, mais parce que j'ai la conviction profonde que le spécialiste d'un enfant, ce n'est pas le pédiatre, ce n'est pas le neuropsychiatre, c'est son parent. Du coup, c'est vraiment... pour moi absolument essentiel et la base dans tous mes accompagnements, de le faire en lien avec les parents, de travailler ensemble, de définir les objectifs ensemble. S'il y a des choses qui ont besoin d'expliquer plus ou d'accompagner, que je puisse aller à la maison aussi accompagner. Il y a beaucoup d'enfants à voir un déjaille, j'irai presque la moitié où j'interviens autant sur la Forest School que je ne peux pas. on peut aller faire des plans à la maison quand il y a besoin. Et de la même manière pour les structures où les enfants sont placés, j'accompagne les équipes aussi, en plus de l'accompagnement à brin d'éveil, parce que pour moi, ça n'a pas de sens. Si, bien sûr, ça a du sens, mais ça a énormément de limites, d'accompagner un enfant pendant deux heures et de le renvoyer chez lui en espérant que ce qu'on a bossé pendant deux heures, hop, ça va passer dans le quotidien, sans être repris une seule fois dans la semaine. Donc pour moi, c'est essentiel que ce soit un travail de collaboration. avec les parents et puis aussi ça fait 13 ans que je travaille dans ce milieu là et je connais la réalité de vie d'un parent à besoin spécifique et puis je m'en suis devenue une moi aussi au passage, je la connais intimement maintenant et souvent un des leviers d'évolution des enfants c'est clairement le soutien à leurs parents parce que parce que l'isolement et l'épuisement c'est pas un facteur aidant pour accompagner son enfant et souvent Juste savoir qu'on a un réseau autour de nous pour nous accompagner dans cette prise en charge, ça change énormément de choses dans le quotidien, dans les ressources qu'on arrive à mobiliser, parce qu'on sait qu'on n'est pas seul. Donc, Brun d'éveil est non seulement un espace d'accompagnement, mais l'association entière a à cœur que ce soit un lieu ressource pour les familles. Il y a un projet sur le haut de la pile actuellement, qui est de construire une cabane un peu isolée dans la nature sur le site. pour proposer des accueils répliques, non pas aux enfants, mais aux parents, par exemple. Des jours, nuits comprises, en pleine nature, pour un peu de ressourcement pour des familles qui sont souvent épuisées à juste titre parce qu'on a un système éducatif, une éducation spécialisée qui, malheureusement, aujourd'hui en France, touche fort à ses limites. Et du coup, il y a beaucoup de gens qui... qui ont très peu de solutions ou reçoivent des accueils pas très bienveillants et qui, du coup, ont vraiment besoin de ces espaces.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais qu'il y a certains enfants pour lesquels tu dis non parce que, suivant le lieu, pour leur sécurité. Est-ce que tu as déjà eu, au cours d'un accompagnement, est-ce que tu t'es déjà trouvée face à un enfant ? où les bras t'en tombent un peu et tu te dis, mais comment je... Tu vois qu'il n'y a pas d'évolution ou en tout cas des blocages. Est-ce que tu as déjà rencontré ces difficultés-là ?

  • Speaker #0

    Il y a deux choses. Déjà, tous les enfants ne répondent pas de la même manière à la pédagogie par la nature. Il ne faut pas se leurrer. Je pense qu'on n'est pas le professionnel idéal pour tous les enfants. Et la pédagogie par la nature n'est pas l'outil magique pour tous les enfants. Donc il y a des enfants où c'est hyper... Dès la première séance, je sais que ça va être très efficace et que ça va marcher à fond. Et d'autres où je vois que potentiellement, ce n'est pas le meilleur espace pour leurs besoins. Je suis très confortable pour réorienter si je vois que je ne suis pas le meilleur interlocuteur et que ce n'est pas moi qui vais aider le plus. Maintenant, que les bras m'en tombent, non, parce que mon parcours, en fait. J'ai été habituée à travailler avec des enfants particulièrement challengeants et c'est ça que j'aime. J'aime les enfants particulièrement difficiles à aller rejoindre ou créer du lien particulièrement complexe. Et quand on y arrive, c'est particulièrement grandiose. coup et du coup il ya il ya eu un enfant en cinq ans où j'ai dû mettre fin à la prise en charge parce que justement il a réussi à traverser un mur de ronces de mettre de haut que j'avais prévu comme limite de gestion de fugue parce que j'ai pas envie de mettre du barbelé et du grillage dans mon site et que je considérais que de mettre devant 6 ans et il lui est passé au travers et là du coup j'ai dû stopper l'accueil parce que je ne peux pas garantir sa sécurité, mais c'était un accueil génial, même si c'était un enfant très challengeant. Mais voilà, je veux garantir des conditions de sécurité, donc vraiment mon sens interdit, mon stop, c'est vraiment une question de mise en danger. Si la mise en danger des enfants, si les enfants se mettent en danger sur le site, et que je n'ai pas d'outil, de levier pour faire évoluer ça, parce que les enfants qui se mettent en danger... Sur les accompagnements que je fais, il y en a beaucoup qui cherchent à se mettre en danger sur les premiers temps, mais j'ai une évaluation des risques qui est très bien faite et plein d'outils pour faire diminuer ces comportements-là rapidement. Donc ça ne me dérange pas. Par contre, si je n'ai pas de levier pour les faire évoluer, alors là, je ne sais pas. À court de solutions, l'association ne veut pas investir dans un mur solide. Donc voilà, je dis arrêtez, mais c'est la seule fois vraiment.

  • Speaker #1

    Ok. Tiffaine, on arrive à la fin de notre échange. Ça passe vite, une heure.

  • Speaker #0

    Super vite.

  • Speaker #1

    Tu le disais tout à l'heure que tu as vraiment envie d'offrir aux professionnels de santé cette fenêtre de la pédagogie par la nature. Mais effectivement, c'est un parcours qui peut être un peu long parce qu'il faut d'abord aller explorer la PPN pour ensuite... mêler tout ça. Aujourd'hui, s'il y a des personnes qui nous écoutent, qui ont envie de démarrer un peu là-dedans, est-ce que tu aurais des conseils, des choses à leur partager ? Comment se lancer ? Ou aller chercher éventuellement des outils ? Où est-ce qu'elles peuvent trouver des premières réponses, en tout cas, des premières informations sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Je suis un peu partie prenante de cette question-là.

  • Speaker #1

    Mais vas-y.

  • Speaker #0

    Je suis formative sur les autres pédagogies par la nature, donc j'imagine que mon avis n'est pas très neutre. Ma première réponse serait très naturellement, pour moi, être pédagogue par la nature, c'est un vrai métier. Ne vous amusez pas nécessairement à aller mettre un enfant autiste en nature en accompagnant de la prise de risque mesurée sans avoir été formé à l'accompagnement de la prise de risque mesurée. Je sais que je suis pour qu'on mette les enfants dehors maintenant être sur du jeu libre en nature avec tout profil sans formation poussée ben moi ça me questionne parce que mine de rien dans la nature il n'y a pas de gros risques quoi un enfant qui met tout à la bouche et qui mettrait une plante toxique à la bouche enfin bref les risques qui sont importants et du coup mon conseil il est clairement de se former vraiment bien déjà parce qu'une fois formé vraiment bien La posture qu'on peut avoir en séance, elle n'a rien à voir. Moi, je ne me suis jamais sentie en insécurité en séance, par exemple. Et j'ai beaucoup de retours de professionnels qui n'ont pas fini leur formation, qui me disent « oui, mais du coup, je n'arrive pas à être détendue, j'ai peur qu'il se passe ci, ci, ci, ça » . Oui, nécessairement, quand ça n'a pas été évalué, j'ai dû me faire surprendre une fois en cinq ans sur une prise de risque que je n'avais pas envisagée. Et elle a un protocole écrit maintenant pour cette prise de risque là parce que je ne l'avais pas imaginé. Et du coup maintenant si elle se reproduit, je suis totalement tranquille parce que je sais que... que ça a été mesuré et protocolé, que tout est écrit sur comment ça peut subvenir et comment je vais l'accompagner quoi qu'il arrive. Et du coup moi je travaille en complète sérénité et vraiment totalement disponible à la relation parce que j'ai cette formation là et ces outils là derrière moi et du coup je conseille vraiment à n'importe qui a envie de se lancer là dedans, de partir sur une formation.

  • Speaker #1

    Et de prendre le temps et qu'effectivement, ce n'est pas pour rien que c'est des formations qui font... Oui, c'est ça. Ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de demandes qu'il faut se précipiter et qu'au contraire, c'est à nous d'intégrer aussi. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais même pire parce que, je me suis fait cette réflexion cette année, répondre à un besoin sans y être préparé, c'est une manière de prendre... C'est prendre le risque que ça ne marche pas et que du coup, cette cartouche-là... se guérir pour ça, cet enfant-là, ça aurait pu l'aider, mais si elle est mal appliquée parce qu'on n'est pas prêts, eh bien, il y a rarement des familles qui tentent deux fois, en fait. Ils tentent une fois, ça se passe mal, ils ne retentent pas. Et du coup, c'est un outil qui ne sera plus investi par ailleurs. Donc, il vaut mieux se sentir solide et en confiance pour commencer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un point ? que j'aurais oublié d'évoquer, que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'on a fait le tour ?

  • Speaker #0

    Non, aujourd'hui, on a la chance d'être un peu soutenus. Je parlais du financement pour les parents. Du coup, il y a des familles qui ont réussi à avoir des financements par la maison départementale du handicap pour les accompagnements à bon détail. J'attends qu'il y ait plus de professionnels qui s'installent. Et avec qui je puisse travailler en réseau pour convaincre la MDPH que la pédagogie par la nature thérapeutique et éducative est un outil à faire reconnaître. Et petit appel, du coup, s'il y a des universités qui veulent faire des études scientifiques sur l'impact, des études françaises, parce que l'HAS a besoin d'études françaises pour reconnaître des choses, eh bien, Brun de Veil est très ouvert à accueillir des professionnels qui viennent valider l'impact de la pratique qu'on a. Voilà, c'est ça que je rajoute.

  • Speaker #1

    Tu n'en as pas eu encore ? Les gens ne sont pas venus te voir pour justement évaluer tout ça ?

  • Speaker #0

    J'ai une demande pour une thèse pour l'année prochaine. On va voir si ça se met en place. On avait un projet avec une université, mais ça ne s'est pas fait non plus. Donc moi, aujourd'hui, comme j'ai à cœur de faire reconnaître, j'ai créé beaucoup d'outils d'évaluation, mais qui pour l'instant restent en interne. Mais le jour où on vient me chercher, je peux fournir. des évaluations codifiées, réglementées, et en fait, par les parents et par les professionnels, on va montrer l'évolution des enfants sur la Forest School, parce que oui, dans le métier d'éducateur spécialisé, on a besoin de chiffres et de résultats. Ce n'est pas le propre de la PPN, effectivement, de viser un objectif. Je ne vise pas d'objectif en soi, mais par contre, d'évaluer l'efficacité et le résultat, l'impact. de notre pratique. Et du coup, ce serait intéressant d'avoir des études de terrain.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. De manière générale, c'est vrai qu'en France, on a besoin d'études sur la PPN largement et évidemment encore plus sur des domaines qui demandent une évaluation pour une prise en charge derrière. Ça commence tout doucement. On voit qu'il y a des chercheurs et des chercheuses qui quand même... lèvent une oreille et se disent, tiens, ça peut être intéressant d'aller... Il se passe des trucs par là-bas, allons voir. Mais

  • Speaker #0

    OK. Sur la PPN Thérapeutique, on est presque moins en retard que d'habitude, tu vois. Parce que c'est en... Ah ! On est... La France est... Enfin, du coup, il y a quelques professionnels en France et il n'y a pas des milliers d'études outre-Atlantique non plus. Sur le TDAH, je commence à y en avoir pas mal sur l'impact... L'impact sur l'attention et la régulation des émotions, il y en a beaucoup, ça y est. Sur l'autisme, j'en ai trouvé une ce matin, il y a six mois, il n'y en avait pas, donc c'est une des premières. D'ailleurs, dites très bien ce qu'on a dit là, oui, ça peut être un outil génial avec la limite de tous les enfants autistes ne sont pas nécessairement bien dans la nature. Il commence à y en avoir, mais je les ai écrites avec moi. Il n'y en a pas des milliers non plus au niveau mondial. Donc, on n'est pas si en retard que ça en France. Mais il n'y en a aucune de française, par contre. Donc, il faudrait en rajouter une française.

  • Speaker #1

    Oui. En même temps, tu disais, il y a encore cinq ans, tu étais toute seule. Pour qu'il y ait des recherches, il faut aussi qu'il y ait de la petite.

  • Speaker #0

    J'ai parlé à la pédagogie par la nature en France. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Bon, petit pas par petit pas. Merci beaucoup Tiffen pour nous avoir partagé ton expérience ta pratique et écoute alors moi je suis dans les Hautes-Alpes donc c'est toujours l'exploration pour venir dans le Finistère mais je repasserai c'est certain et du coup je te ferai peut-être signe à ce moment-là parce que j'avais bien envie de venir te rencontrer déjà et puis de voir ton lieu et merci Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram, sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode, rappelez-vous, sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. A très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentations

    03:56

  • Souvenirs d'enfance en nature

    05:26

  • Parcours et création de Brins d'Eveil

    06:50

  • Le lieu d'accueil à Brins d'Eveil

    11:37

  • La question de l'accessibilité en forêt

    14:04

  • L'équipe de Brins d'Eveil

    17:27

  • Une prise en charge globale

    22:56

  • Le profil des enfants accueillis

    24:31

  • Le cadre des accompagnements

    27:38

  • Séances collectives et séances individuelles

    33:10

  • Des démarrages difficiles

    35:29

  • La boîte à (bons) outils

    39:06

  • La collaboration avec les familles

    46:12

  • La nécessité de se former

    52:23

  • Faire avancer la recherche

    56:02

  • Conclusion

    01:00:00

Description

Aujourd'hui, je reçois Typhaine, fondatrice de Brins d’Éveil, une Forest school pas tout à fait comme les autres, située en Bretagne.


Educatrice spécialisée et pédagogue par la nature, Typhaine accueille sur son lieu des enfants à besoins spécifiques, notamment dits neuroatypiques (TSA, TDAH, troubles du comportement...).


Dans cette échange, elle nous partage :

  • Son parcours et l'histoire de sa structure

  • Son approche de la pédagogie par la nature adaptée aux enfants qu'elle accueille.

  • Les spécificités de ses accompagnements, alternant entre séances collectives et séances individuelles

  • Enfin, les outils qu’elle utilise pour soutenir les enfants dans leur développement et leur épanouissement.


Un travail qui mérite d'être connu par le plus grand nombre tant il est nécessaire et urgent de questionner et de favoriser la bonne prise en charge thérapeutique de ces enfants extraordinaires.


Si vous souhaitez soutenir l'association Brins d'Eveil et lui permettre notamment de développer des formations auprès des professionnel.les de santé, vous pouvez faire un don en cliquant ici.


Pour retrouver toutes les références de Typhaine, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute à toutes et à tous 🌱



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Enfance en Nature, le podcast qui explore l'éducation en plein air sous toutes ses formes. Je m'appelle Claire, je suis pédagogue par la nature et ici, je tends le micro à celles et ceux qui permettent aux enfants de vivre des expériences de plein air. Éducateurs, animatrices ou encore professeurs des écoles, Les profils de mes invités sont nombreux, l'occasion d'explorer ensemble des pratiques différentes dans des cadres variés, mais qui tendent toutes vers un même objectif, permettre aux enfants et aux plus âgés de passer un maximum de temps dehors. Il m'arrive aussi parfois de prendre le micro seul pour partager avec vous des réflexions ou des outils concrets de pratiques et de terrain. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à lui donner un petit coup de pouce en vous abonnant, en laissant un avis et en le partageant autour de vous afin que nous fassions grandir cette belle communauté tournée vers le dehors. Merci d'être ici avec moi, je vous laisse découvrir l'épisode du jour. Aujourd'hui, je vous invite à découvrir une dimension encore trop méconnue de la pédagogie par la nature, et pour cela je reçois Tiffen, éducatrice spécialisée et fondatrice de Brun d'éveil, la première forest school thérapeutique en France. Tiffen accompagne des enfants extraordinaires, chacun avec ses besoins et ses défis, et ce, dans un environnement naturel sécurisé. et sécurisant, pensée pour leur offrir un espace de liberté et de découverte. Alors pour comprendre ce qu'est une forest school thérapeutique, Tiffen nous partage son approche de la pédagogie par la nature, son quotidien avec les enfants, ainsi que les outils qu'elle utilise pour les accompagner au mieux. Dans un contexte où bien souvent en France, les familles rencontrent des difficultés dans la bonne prise en charge de leurs enfants, jusqu'à parfois s'entendre dire qu'aucune solution ne peut leur être apportée, Tiffen montre au contraire qu'il est possible d'accompagner ses enfants et leurs parents en leur offrant le temps et l'attention dont ils ont besoin. Et en l'écoutant, nous comprenons aisément dans quelle mesure la pédagogie par la nature offre un cadre propice au développement et au bien-être de ses enfants. Pour tout vous dire, à la fin de mon échange avec Tiffen, j'étais très émue parce que je connais beaucoup d'enfants et de familles qui sont en grande souffrance face aux difficultés que rencontrent ces enfants au quotidien. Et pour avoir la chance moi-même d'en accueillir régulièrement au bois, je sais à quel point cet accompagnement-là est précieux pour beaucoup d'entre eux. Et depuis plusieurs années, Tiffen... par sa présence et son investissement, ouvre des portes et montre qu'il est possible d'accueillir ses enfants dans un espace où ils se sentent compris, valorisés et dans lequel ils peuvent grandir tout simplement. Et je suis très heureuse d'avoir eu l'occasion de mettre en lumière son travail qui est bien connu au sein du réseau de pédagogie par la nature, mais qui mérite de l'être bien au-delà. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Tiffaine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast. Ça fait quelques mois qu'on bataille avec nos plannings pour réussir à nous caler une date. Donc je suis très contente qu'on y soit enfin arrivés et qu'on ait ce temps d'échange toutes les deux. Alors j'ai accueilli il y a quelques semaines Anna. qui est psychomotricienne et qui, depuis quelques années, fait une partie de ses séances avec les enfants en forêt. Donc elle mêle psychomotricité et pédagogie par la nature. Et toi, tu es éducatrice spécialisée et pédagogue par la nature. Donc on va pouvoir aller encore plus loin dans la question de l'accueil en forêt des enfants qui présentent des difficultés quelles qu'elles soient. On va pouvoir approfondir tout ça ensemble. Pour commencer... Est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu es installée et préciser le nom de ta structure pour que tout le monde puisse t'identifier ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors, moi, je suis donc Tiffaine Gaillard. Je suis la créatrice de l'association Brun d'éveil qui porte une forest school dite thérapeutique et éducative à Pambule et qui mère dans le Finistère, en bord d'Aulne-Maritie.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, avant qu'on entre... Dans ta pratique, je te pose ma question rituelle de début de discussion. Tiffaine, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, pour poser un petit peu le contexte, je suis une enfant à particularité moi aussi, parce que j'ai un TDAH, je connais bien mon sujet. Et du coup, mon lien à la nature était crucial, je veux dire, et c'est pour ça que je me bats pour... pour ça un petit peu aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai passé la plus grande partie de mon enfance beaucoup dehors. J'ai eu la chance de grandir dans une famille pour qui la nature était importante aussi. Du coup, j'ai grandi beaucoup sur l'eau et beaucoup en pleine nature à la campagne aussi, avec une maison de campagne et du coup, avec la possibilité de nourrir énormément mon besoin de mouvement, mes besoins sensoriels également. Voilà, ça fait partie des souvenirs positifs de mon enfance. Dès que c'était en nature, c'était tout de suite plus positif et tout de suite plus équilibré. Donc, comme tout le monde, des souvenirs émus, joyeux et riches et nombreux.

  • Speaker #0

    Du coup, je devine un petit peu l'origine de la création de Brun d'éveil. Mais justement, pour qu'on comprenne ton cheminement, Est-ce que tu veux bien nous parler de ton parcours, de tes études jusqu'à la création de cette structure ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, surtout que ça remonte de loin, parce que aussi loin que je me souvienne, tu vois, à 12 ans, je disais déjà que quand je serais grande, j'accueillerais les enfants avec handicap dans la nature, c'était le projet initial. Waouh ! Et j'ai très longtemps à trouver le bon chemin pour faire ça, parce que le modèle des fermes pédagogiques ne correspondait pas forcément à mon ambition. J'avais vraiment... Vraiment, c'est l'idée d'être avec les enfants dans la nature et pas dans une pratique de transmission de savoirs. Du coup, j'ai juste suivi les pas les uns après les autres. À savoir que j'ai commencé à travailler auprès d'enfants handicapés à 12 ans, justement, j'étais bénévole auprès d'enfants INC. Et du coup, d'abord, comme tout le monde un petit peu, j'ai fait de l'animation avec des enfants avec handicap en séjour. Et puis, je me suis orientée vers le... d'éducatrice spécialisée pour me former à l'accompagnement de ces enfants là donc je suis diplômée depuis 14 ans maintenant j'ai travaillé ensuite en individuel à domicile auprès d'enfants autistes pendant enfin depuis depuis 14 ans je travaille toujours en individuel auprès d'enfants autistes et puis j'ai continué à chercher et en 2016 j'ai acheté un lieu magnifique arboré en bord de bord de mer avec un grand terrain de 2 hectares et demi avec l'idée d'accueillir du public sur cet endroit là et en continuant à chercher encore et encore la pédagogie qui pouvait correspondre à ce que j'imaginais j'ai rencontré Julie Ricard la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française voilà qui n'était pas encore la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française à l'époque qui a fait ses premiers ateliers en France sur mon site notamment et puis et puis nos discussions ont amené à un constat qu'on était parfaitement d'accord sur cette pédagogie, sur la manière d'appréhender l'accompagnement des enfants, quel que soit leur profil avec ou sans handicap. Et du coup j'ai enfin trouvé le lien entre ce que je voyais depuis toute petite et ce que je voulais faire réellement. Et du coup je me suis formée d'abord en tant que pédagogue par la nature et ensuite via l'Angleterre en accueil thérapeutique et éducatif en pédagogie par la nature. engrouper en un pour un, ce que je pratique maintenant sur Brun d'éveil depuis cinq ans.

  • Speaker #0

    Ok. Quand on arrive sur le site internet, Brun d'éveil est présenté comme étant la première, et pas une Forest School, la première Forest School à viser thérapeutique et éducative. Est-ce que tu veux bien expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, c'est quelque chose qui se fait pas mal, notamment en Angleterre. Il y a beaucoup de forest school à visiter, à petit cas éducatif en Angleterre. Je n'ai pas trouvé. D'équivalent France pour l'instant, enfin pas il y a cinq ans en tout cas, maintenant ça commence à essaimer, mais en fait la petite particularité c'est effectivement sur Brun des Veilles que j'accueille des enfants soit en 1 pour 1, ce qui se fait pas dans les forest school classiques, soit en tout petit groupe, tu vois là c'est à dire on a un groupe on a dix enfants mais on a cinq adultes pour dix enfants et du coup sont mêlés à la pratique en pédagogie par la nature. avec les mêmes bases que dans n'importe quelle forest school, tous les outils de l'éducation spécialisée, donc tous les outils de communication alternative, tous les outils de régulation des comportements, etc. Plus une partie, du coup, via laquelle je me suis formée via l'Angleterre, sur les outils d'accompagnement thérapeutique du cours. Voilà, et du coup, c'est quelque chose qui m'est beaucoup venu. du Canada et d'Angleterre, puisque quand j'étais éducatrice spécialisée à domicile, un pour un, je travaillais beaucoup sur tout ce qui est intégration sensorielle avec des ergothérapeutes. Et en fait, aux États-Unis et en Angleterre, ça fait maintenant une petite dizaine d'années qu'ils se questionnent beaucoup sur les pratiques d'ergothérapie et d'intégration sensorielle directement en forêt et dans la nature. Et du coup, avant de rencontrer le réseau de pédagogie par la nature français, j'étais déjà dans cette recherche-là. Du coup, j'étais accompagnée et supervisée par des ergothérapeutes qui pratiquaient comme ça. La rééducation d'ergothérapie en forêt. Voilà un petit peu, je ne sais pas si ça répond à ta question.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Oui, oui. On va entrer dans le détail de tes accompagnements dans quelques minutes. Mais d'abord, à quoi ressemble ta Forest School ? Est-ce que tu veux bien présenter le lieu pour qu'on visualise ton cadre d'accueil ?

  • Speaker #1

    Je vais jamais vous y rendre. La forestie de Brun-des-Veilles, c'est un tout petit chemin qui mène quand on arrive chez moi. On a vraiment l'impression d'arriver en bord de Canada, en bord de grande rivière au Canada. Tu vois, cette espèce de zone vallonnée avec une énorme rivière au milieu et pas une seule trace d'être humain sur le chemin. Et du coup, c'est un terrain, une parcelle boisée avec une... entourée d'une haie classée pour le coup de chêne centenaire et du coup qui est assez à la fois fermée sur elle-même et à la fois il y a plein de possibilités de sortir et d'aller explorer la nature autour, ce qui correspondait bien aux enfants que j'accueille. Parce que voilà j'accueille des enfants avec des gros troubles du comportement, des risques de fugue etc donc il fallait un lieu un peu clos quand même qui permette cette réassurance et cette sécurité plutôt qu'une forêt ouverte. Et du coup ce n'est pas une forêt par contre, c'est on va dire une prairie très boisée avec des chênes centenaires et une partie qu'on replante au fur et à mesure en forêt comestible du coup, et en descendant dans ce lieu très vert et de plus en plus sauvage. Il y a cinq ans ce n'était pas si sauvage que ça mais ça avance et c'est vraiment beau. plus en plus sauvages, on arrive sur des installations très discrètes dans l'environnement, avec des filets dans les arbres pour pouvoir grimper. Et le cœur de la Forest School, qui est un grand cercle au milieu des bois, avec un parachute au-dessus et le feu pour nous rassembler, pour cuisiner, etc. Et une cuisine de la gadoue, pas très loin, à portier d'yeux, parce que les enfants de 20-20 ans ont besoin que les choses soient quand même assez proches les unes des autres. se sentir en sécurité. Une serre où on cultive un petit peu des plantes médicinales et des choses à utiliser pendant les goûters. Voilà, il y a plein d'endroits, des petites cabanes, des petits endroits pour se cacher et aller bricoler.

  • Speaker #0

    Ok. Et concernant l'accessibilité, moi, je vais te dire, ça a été une vraie difficulté que j'ai rencontrée quand... J'ai commencé à accueillir du public en forêt puisque pour accéder au bois dans lequel je suis installée actuellement, il faut emprunter un chemin qui est large mais qui commence par une petite côte qui fait 15 mètres mais qui est hyper raide. Et alors là en ce moment, avec le givre et puis quand il pleut, on se casse facilement la margoulette. Donc les petits bouts apprennent très vite à aller grimper avec les mains. Moi je suis en zone montagneuse, donc j'ai des espaces plats mais de différents niveaux. Donc c'est génial pour les petites pattes et pour aller gambader, mais pour certains...

  • Speaker #1

    C'est hyper favorisé comme ça. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait. Mais du coup, dès qu'on a lancé les ateliers, très vite, on a eu des familles avec des enfants porteurs de handicap moteur qui sont venues nous voir parce qu'elles avaient envie que les enfants viennent aux ateliers et savoir si on pouvait les accueillir. Et du coup, ça a vraiment été une difficulté pour nous. Et aujourd'hui encore, suivant... Les handicaps, on ne se sent pas d'accueillir parce que ça nous semble vraiment complexe et on n'a pas encore trouvé de solution pour rendre cet accueil facile. Est-ce que toi, tu as eu à faire des choses particulières pour faciliter cet accès, cette accessibilité ? Ou est-ce que dans ce que tu as pu voir en Angleterre où c'est davantage développé, comment est-ce qu'elle est prise ? en compte cette question de l'accessibilité en forêt, qui est quand même un endroit qui peut présenter un sacré challenge pour les enfants.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, ça dépend beaucoup. Il y a la réalité du site sur lequel tu travailles, qui induit nécessairement des réponses positives ou négatives avant de prendre des gens que tu peux accueillir. Moi, j'ai la chance d'avoir un terrain qui est quand même relativement plat. Et le parking est à l'entrée, et c'est une prairie, donc il n'y a pas forcément autant d'arbres. C'est beaucoup plus de l'herbe. donc les chemins sont plus facilement aménageables j'ai envie de dire après la question se pose pas de manière il n'y a pas d'obstacle à l'heure actuelle parce que je suis vraiment spécialisée sur tout ce qui est TSA et enfin autisme et troubles de l'attention avec hyperactivité et du coup le public que j'accueille dans les enfants avec autisme principalement ont des troubles de la motricité mais je n'ai jamais eu pour l'instant de demandes d'accueil avec fauteuil roulant notamment. Là, j'ai un partenariat avec une association pas très loin d'ici qui s'appelle Miago qui fournit des fauteuils adaptés pour le coup si jamais il y a besoin. Je sais que par exemple, l'année prochaine, on accueille Loisirs Pluriels qui est une structure de loisirs qui accueille tout le public. Peut-être que là, je verrai avec eux pour avoir des fauteuils adaptés. Mais je sais que les fauteuils adaptés passeront sur mon terrain parce qu'il est relativement plat, il n'y a pas de dormière. Tout est accessible à partir du parking. Ce n'est pas un frein à l'accueil.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    ça marche.

  • Speaker #0

    Alors, tu es à l'origine de la création de Brun d'éveil, mais tu n'es pas seule aujourd'hui à travailler sur ce lieu-là. Est-ce que tu veux bien nous présenter l'équipe qui est à tes côtés ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a l'équipe de l'association, parce que du coup, Brun d'éveil, c'est une association avec un super bureau qui gère. Il y a beaucoup de travail pour le coup parce qu'on a de plus en plus de demandes. Il y a beaucoup de devis, de paperasse et de dossiers à remplir. Un bureau assez critique qui représente autant, on a fait le choix d'avoir un bureau où les parents soient représentés, les propriétaires du terrain soient représentés et les professionnels. Donc du coup, on est cinq dans le bureau et il y a une maman d'enfant bénéficiaire, il y a moi-même en tant que représentante des professionnels. Il y a un éducateur jeunes enfants qui n'est pas dans la structure mais qui soutient le projet. Et il y a le propriétaire des lieux et ça marche très bien. Et ensuite, il y a l'équipe de terrain. Du coup, aujourd'hui, sur Brun d'Eveil, on est entre 5 et 7, j'ai envie de dire. Parce que Brun d'Eveil est aussi un site de formation. Et du coup, j'accueille beaucoup de bénévoles qui viennent se former. à l'approche thérapeutique et éducative et du coup des gens qui restent plus ou moins longtemps. Maintenant j'ai des gens qui sont là depuis longtemps, notamment Eva qui elle est de métier AESH et travaille auprès d'enfants autistes en UEMA, donc en classe maternelle adaptée et qui m'accompagne maintenant depuis trois ans et demi sur la Florey School, qui est une des professionnels rémunérés. Cette année on a aussi Julie qui démarre, qui est éducatrice spécialisée et qui qui est pédagogue par la nature depuis déjà trois ans sur d'autres sites mais qui commence là à se former en accompagnement individuel thérapeutique avec moi et avec ça on a une super psychologue et qui est bénévole depuis trois ans sur la structure et qui revient sur les ateliers de groupe et on a deux ou trois autres professionnels qui sont en train d'apprendre à se former qui sont bénévoles pour l'instant et du coup c'est une équipe qui grossit et une structure qui commence à Voilà, avoir des bases solides et une équipe solide, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Je suis persuadée qu'il va y avoir beaucoup de passages. Tu vois, moi, je suis très en demande du coup pour avoir des demandes de familles qui cherchent des solutions. Moi, j'ai entendu que cet été, tu as fait un module.

  • Speaker #1

    Attends, tu vois ce que tu as dit ?

  • Speaker #0

    Mon petit doigt qui me l'a dit et je me suis dit, ah super, ça y est, il va y avoir, il va se passer quelque chose. On va avoir, on va pouvoir nous aussi. nous former parce que clairement la demande elle est importante, il y a beaucoup de familles qui attendent que ça se développe et nous on a besoin de nous former quand on n'a pas suivi un cursus comme le tien quand je ne suis pas éducatrice spécialisée donc je fais au mieux avec mes petites lectures actuellement et beaucoup en discutant avec les familles évidemment mais je sens parfois que je manque d'outils donc c'est chouette effectivement je pense que... Brun d'éveil va forcément continuer à beaucoup bouger dans les prochaines années. On va venir chercher auprès de toi et auprès de toutes celles et ceux que tu accompagnes aujourd'hui et que tu formes des outils pour qu'on puisse, nous aussi, pouvoir accueillir au mieux ces enfants.

  • Speaker #1

    Il y a deux projets, effectivement. Il y a celui que j'ai bêta-testé l'été dernier, comme tu dis, qui est de faire une formation. surtout qui donne les bases de l'inclusion de tous les enfants sur les Forest School classiques. Donc des bases d'outils d'accompagnement spécifique, mais qui permettent en fait juste d'accueillir plus d'enfants et de mieux comprendre leurs particularités et du coup d'avoir des réponses, un peu plus de réponses et un peu plus d'outils dans sa besace de pédagogue par la nature. Et moi mon objectif moyen-long terme c'est aussi de créer la formation. pour les professionnels paramédicaux et éducatifs pour faire de l'accompagnement thérapeutique et pédagogique. C'est ça qui me fait vibrer et qui est mon cœur de métier aujourd'hui. Maintenant, effectivement, il y a encore du chemin, parce qu'avant de faire de l'accompagnement thérapeutique et éducatif, il faut déjà se former en pédagogie par la nature. Ça s'installe tranquillement en France, mais on n'est pas encore des milliers à être formés en pédagogie par la nature pour l'instant sur le territoire français. Et je vois qu'il commence à y avoir sur les formations, parce que je suis aussi formatrice au réseau du coup, il commence à y avoir de plus en plus de professionnels paramédicaux et éducatifs qui arrivent à se former en pédagogie par la nature, mais avec cet objectif-là de faire de l'accompagnement individuel thérapeutique après. Et du coup, le projet, c'est de créer cette formation-là, mais ça va prendre un peu plus de temps, parce que pour le coup, là, c'est la toute première. en France, vraiment. Je n'ai pas de repères, je n'ai pas de point de comparaison et je n'ai pas d'interlocuteur pour m'aider à la monter. Donc, c'est un peu plus... Enfin, je prends mon temps pour faire ça bien.

  • Speaker #0

    Ouais, mais tu as raison. Au-delà de l'équipe que tu as présentée et peut-être même au-delà du coup du lieu, est-ce que tu travailles avec d'autres professionnels au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai plusieurs métiers, enfin j'ai plusieurs métiers depuis l'année dernière, j'ai repris mes plusieurs métiers. En fait je suis aussi éducatrice en un pour un en dehors de la Forest School et je fais de l'accompagnement parental aussi. Et du coup j'ai la chance depuis le début de ma carrière d'être très bien entourée sur le territoire. Dans le Finistère il y a un réseau très solide des professionnels qui gravitent autour des enfants dits neuro-atypiques. Et du coup j'ai la chance d'avoir des personnes ressources. pour à peu près tout, autant en termes d'orthophonie, en termes d'ergothérapie, qu'en termes d'autres éducateurs sur le territoire ou de médecins qui orientent vers nous. Et du coup, le maillage sur le territoire est très large et du coup, j'ai un réseau d'appui qui est quand même non seulement à mon sens indispensable parce que je ne me vois pas travailler sans approche globale et sans regard croisé sur ce que je fais. Et puis, ça nourrit aussi mes réflexions là. Ça nourrit autant ma posture que les accompagnements. C'est-à-dire qu'à Brandeville, les enfants qui viennent, il n'y a pas d'enfants où je travaille toute seule. Je suis toujours en lien étroit avec tous les professionnels qui entourent l'enfant et évidemment les parents. Et du coup, Zo comprend autant les familles que les professionnels des enfants. C'est riche, c'est très riche.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le public que tu accompagnes ? Quels sont les différents troubles qu'il peut y avoir ? Vraiment juste de dresser une œuvre. Ouais, et notamment un peu expliquer pour que les personnes qui ne sont pas familières avec tout ça comprennent un peu.

  • Speaker #1

    Alors, le truc magnifique à Brandeveil, c'est vraiment que j'accueille tous les enfants. Je vais dire presque tous. Il y a des fois où malheureusement la rivière en bas de mon terrain est la seule limite à l'accueil d'enfants. Parce que si j'ai des enfants très très fugueux, ils prennent beaucoup beaucoup de risques. Et bien il y a des fois où je ne peux pas dire oui parce que... garantir leur sécurité mais au delà de ça moi mon parcours fait que j'ai été spécialisée pendant 13 ans sur l'accueil des enfants avec des grosses difficultés comportementales surtout sur l'autisme non verbale donc des enfants sans moyens de communication avec très peu de compréhension verbale avec dans la majorité du temps des troubles du comportement physiquement violent et des gros gros troubles de l'intégration sensorielle une gestion des sens particulière et ça c'est mon public d'origine et c'est aussi le public sur lequel je suis la plus compétente et du coup c'est vrai qu'on m'adresse pas mal d'enfants sur ce type de profil sur ce qu'on appelle malheureusement les enfants sans solution j'ai beaucoup d'enfants qui arrivent à avoir un éveil avec des familles à cours de solutions parce que parce que l'école c'est très compliqué ils sont loin de doigts de ou parce que même l'école c'est pas possible et même l'IME c'est pas possible. Et ouais, j'ai eu et j'ai des enfants sur Brun d'éveil qui n'ont accès à très très peu de choses finalement parce que leur comportement et leur dérégulation mettent à mal beaucoup de prise en charge. Et Brun d'éveil est une des solutions, une des dernières solutions et surtout une des solutions qui marche là où le reste ne marche pas. Voilà. Du coup, les profils d'enfants que je reçois vont d'enfants avec un tout petit niveau de développement où on est dans du sensoriel pur et dur et où là j'utilise mes outils spécialisés sur l'autisme en travaillant sur l'interaction sociale déjà, tout simplement, jusque à des collégiens en phobie scolaire avec un autisme très léger ou de l'hyperactivité qui met à mal leur parcours scolaire ou des phobies scolaires, tu vois. Là, on va être sur des séances beaucoup plus complexes où on va travailler la lecture en rédigeant des recettes medicinales de plantes sauvages, ou en sculptant du bois, ou dans des mathématiques en allant construire des cabanes un peu plus complexes. La palette de ce que je peux avoir comme profil est vraiment très large. Leur point commun, c'est vraiment les difficultés de régulation des émotions et du comportement, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Et comment se présentent, est-ce que ce sont les familles qui viennent vers toi, est-ce qu'elles sont orientées par des professionnels ? Et en termes de fréquence et de durée d'accompagnement, une moyenne évidemment parce que ça va dépendre, mais ça se présente comment ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai fait ce choix à l'ouverture de le brin d'éveil de... pas communiquer du tout, je ne suis pas une grande communicante je fais un réel effort aujourd'hui avec toi parce que et pas parce que je n'aime pas parler de ce que je fais au contraire je pense que ça se sent, j'adore parler de ce que je fais mais parce que j'ai du mal à dire non en fait. Aujourd'hui cette année c'est la première année où on a une liste d'attente sur Brandeveil, on a 9 enfants en liste d'attente pour 14 enfants d'accompagner donc ça dit long du temps que ça mettra déjà pour pouvoir accueillir ces enfants là. Et je n'avais pas envie de faire de la pub, déjà parce que j'étais la première à le faire et que du coup je voulais voir à quel point ça marchait. Et depuis que je vois à quel point ça marche, parce que tant que je n'ai pas formé d'autres gens, je n'ai pas non plus l'ambition que ce soit trop connu et que du coup il y ait trop de gens à se casser le nez en cherchant de l'aide et que je ne puisse pas la fournir. Du coup je ne cherche pas particulièrement la communication sur... Sur Brun des Veilles, je n'ai pas été maître de flyer dans les institutions, je n'en ai pas parlé, je n'ai pas demandé à mes collègues d'orienter vers moi particulièrement. Ça s'est quand même fait tout naturellement, puisque depuis que Brun des Veilles est ouvert, mon planning a toujours été complet. Du coup, c'est les familles qui sont venues Ausha oreille les premières années. Et puis les familles faisant du bouche à oreille, les médecins ont commencé à en parler. Et maintenant, j'ai des structures. J'ai pas mal d'enfants qui viennent de structures de l'aide sociale à l'enfance sur les profils qu'on appelle enfants à besoins multiples, qui sont des enfants associant handicap social, handicap psy et handicap médical. Autisme, plasmas à laser, plus troubles psy associés. Et là, effectivement, c'est beaucoup dans les enfants, où il y a très très très... Sur notre territoire, je pense que c'est un peu partout, mais dans le Finistère, il y a très très peu de solutions.

  • Speaker #0

    d'accompagnement pour ces enfants-là. Et du coup, j'ai beaucoup de demandes sur cette partie-là. Et déjà, malheureusement, cette année, tu vois, j'en ai un et j'en ai quatre en liste d'attente sur ce profil-là. Et cette année, et depuis l'année dernière, on commence aussi à accueillir des structures, parce que même si j'en parle pas, eh bien, on parle entre eux. Et du coup, ils commencent à venir me chercher, sachant que je travaille aussi avec des structures sur la Forest School autour du feu sur laquelle j'ai été formée. depuis 8 ans, 9 ans, 8 ans je pense. Voilà, et du coup, il y a aussi des structures qui viennent maintenant par ce biais-là.

  • Speaker #1

    Et est-ce que du coup, c'est des accompagnements que tu fais à l'année pour les enfants ? Oui,

  • Speaker #0

    alors du coup, basé sur les clés de la pédagogie par la nature que tu connais bien, je pense, la récurrence et le temps lent, c'est mon meilleur ami. Enfin, déjà en tant qu'éducatrice spécialisée, c'est... une conviction. Si je vois peu les enfants, j'ai peu de chance d'avoir un impact sur leur évolution et sur leur parcours. Du coup, un des critères c'est la récurrence et le temps long. Donc la majorité des enfants viennent une fois par semaine et puis quand c'est financièrement ou logistiquement pas possible, c'est tous les 15 jours ou une fois par mois mais c'est le minimum. Je pense que je capturerai difficilement que ce soit moins d'une fois par mois parce que... Si, pour des accueils répit, parce que je fais aussi un peu d'accueil répit, mais sur une pratique éducative et thérapeutique, c'est le strict minimum. Et puis je vois bien que plus ils viennent, plus c'est efficace, effectivement. Maintenant, il y a la question du financement qui limite souvent l'accompagnement. Et du coup, en termes de durée, c'est très variable, puisqu'il y a des enfants... clairement avec des grosses grosses difficultés où je ne m'attends pas à avoir réglé leurs difficultés et où je sais qu'ils vont être présents sur brun d'éveil aussi longtemps qu'ils en auront l'envié le besoin et qu'on sera d'accord sur qu'ils viendront avec plaisir quoi et des enfants je découvre ça dans la pratique par rapport à l'accompagnement domicile que j'avais avant j'ai des enfants qui sortent de brun d'éveil qu'ils vont bien et qu'ils n'ont plus besoin de moi et c'est C'est aussi magnifique que difficile, après des années d'accompagnement, les voir voler leur propre aile, c'est quand même des moments émouvant. J'ai ma première bénéficiaire qui est arrivée il y a 5 ans, tu vois, et qui a terminé la semaine dernière, en disant que bah, elle va bien, elle sait où elle va, elle a des projets, et du coup elle a plus... elle a envie de venir, mais elle a plus besoin de venir. Et du coup, c'est aussi beau de voir qu'il y a des enfants qui... qui se nourrissent de ce que je peux proposer à voir d'éveil et qui au bout d'un moment repartent à elles déployer.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Dans la forme, tu disais tout à l'heure que vous faites de l'accompagnement un pour un et de l'accompagnement en tout petit groupe. Est-ce que tu veux bien expliquer la différence entre ces... Ces ateliers-là, dans quelle mesure un enfant va plutôt être en atelier individuel ou plutôt en groupe ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, surtout que c'est vraiment la spécificité de Brandeveil, puisque ça ne se fait pas ailleurs. En fait, à Brandeveil, on accueille toujours au moins une première fois un pour un pour évaluer les besoins. Dans ma besace d'éducatrice spécialisée, j'ai plein d'outils d'évaluation et j'évalue effectivement les besoins. L'accompagnement un pour un, du coup, ça va être... Souvent des accompagnements hebdomadaires où on va travailler toutes les compétences intrinsèques déjà. Tout ce qui est estime de soi, confiance en soi, régulation et conscience de ses émotions, habilité motrice fine, motricité globale, etc. Et ensuite sur les groupes, on a un groupe qui est un groupe d'habilité sociale. Moi je milite pour les groupes d'habilité sociale qui sont des enfants. autistes et TTH puissent se faire dans la nature et par le jeu directement. Là on va être du coup sur du petit collectif mais notre curseur et les outils qu'on va mettre, qu'on va leur déposer discrètement dans l'environnement sont plus à viser de travailler les compétences sociales, la prise de parole, l'expression de ses besoins, la gestion de conflit, la posture vis-à-vis des autres. le langage. Sur le papier, le contenu d'une séance est globalement le même, puisque c'est des séances de pédagogie par la nature classique. On arrive, il y a un petit rituel de bonjour, on fait un petit point des émotions de comment on va, et ensuite c'est du jeu mené par l'enfant. avec des propositions dans l'environnement, mais c'est toujours du fait de mener par enfant, de la même manière que ce soit un collectif ou un individuel. La différence, c'est plus mon regard porté à moi et les propositions discrètes que je vais choisir d'amener pour développer telle ou telle compétence chez l'enfant.

  • Speaker #1

    Ok. Tu disais tout à l'heure que toi, enfant, tu as eu ce besoin de nature et que tu allais te ressourcer et... en nature, est-ce que il t'est déjà arrivé d'accueillir des enfants pour qui cette immersion en forêt, dans ta prairie, était difficile au démarrage ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai eu, oui, parce qu'il faut dire la réalité, on est aujourd'hui dans une société où il y a beaucoup d'enfants qui sont déconnectés de la nature et qui passent très peu de temps dehors, et alors tant qu'on est en juin ou en septembre et qu'il fait chaud, doux, Ça va et encore ça va non parce que c'est la période des petites bêtes et qu'il y a beaucoup d'enfants qui sont plus habitués aux petites bêtes. Donc j'ai des enfants, on est quand même dans le Finistère, donc j'ai quand même des enfants qui sont assez en contact avec la nature par rapport à d'autres forest schools qui sont dans des zones plus urbaines. Mais il y a beaucoup d'enfants qu'on accueille et qui dans un premier temps sont, et ça fait partie de ma spécificité en intégration sensorielle, qui sont en difficulté. Avec le fait d'être mouillé, avec le fait d'être sale, avec potentiellement le vent fort, avec, enfin, tactilement, c'est vrai que l'accueil en nature, pour des enfants avec des troubles d'intégration sensorielle, c'est un vrai challenge. Et c'est pour ça que Pédagogie par la nature dit motivation intrinsèque. Un enfant qui n'aurait pas de motivation à être dehors du tout, ça n'aurait pas de sens de l'accompagner sur la Forest School. Maintenant, les enfants que j'accueille, j'en ai de nombreux, qui ont des gros troubles d'intégration sensorielle, et pour qui, à l'arrivée... et bah dès que ça Ausha, dès qu'il y avait un petit peu des clagoussures ou dès qu'il y avait des choses sales à toucher c'était compliqué et puis mon parti privé et qui est celui de beaucoup d'herbaux aussi c'est que en fait les particularités sensorielles on peut faire ce qu'on appelle de l'habituation et du coup avec la motivation intrinsèque donc la grande motivation de faire des choses et dans le cadre du groupe d'habité sociale c'est particulièrement parlant parce que la motivation d'être ensemble Chez beaucoup d'enfants, elle est hyper prédominante. Et du coup, pour le plaisir de jouer avec les copains, on arrive petit à petit à oser mettre les mains dans la gadoue, petit à petit à oser faire du ventrigling, c'est se retrouver tout crampé, petit à petit, tu vois, faire de la pâte à pain et se retrouver avec de la farine sur les mains. Et comme c'est toujours à l'initiative de l'enfant, basé sur l'autodétermination et jamais forcé. et bien ça permet en fait, c'est un des leviers qui permet la rééducation des particularités sensorielles. Et là j'ai comme exemple flagrant ma propre fille qui a des troubles sensoriels importants et qui toute petite a été incapable de poser les pieds sur l'herbe nue ou même les pieds sur le sable, c'est pour te dire, et qui maintenant est une des amoureuses de la grimpe d'arbres trempées, de la cuisine de la bagadou et des batailles de feuilles mortes trempées. Donc on est très loin ! de ses particularités étant toute petite. Et du coup, là, je l'ai vue au jour le jour, l'évolution, parce qu'elle a une immersion intensive, mais c'est ce que je constate sur tous les enfants avec des particularités sensorielles, c'est que la motivation à être là met le cerveau en état de disponibilité, d'essayer et du coup de se désensibiliser petit à petit. Sachant qu'en Forest School, le sens qui pose question, c'est vraiment le toucher. Puisque auditivement, on est quand même beaucoup moins sur sollicité qu'en intérieur, visuellement également. En fait, il y a peu de surcharge sensorielle en nature qui se pose à part celle du toucher. Et là, c'est un espace où c'est la motivation intrinsèque qui va faire la rééducation.

  • Speaker #1

    Tu as parlé plusieurs fois d'outils et je suppose que tu en as plein dans ta mallette et que tu adaptes en fonction des besoins des enfants. Mais est-ce que tu peux nous en citer quelques-uns, peut-être parmi ceux que tu utilises le plus souvent ou que tu trouves les plus puissants ?

  • Speaker #0

    Oui. Le problème, c'est que je me rends compte en montrant la formation que maintenant, je suis très peu consciente de mes outils à force de rodage. Et du coup, ce n'est pas forcément simple d'en citer. L'intégration sensorielle est un de mes outils. En fait, c'est plus des outils de... connaissance des outils en outils pragmatiques sur le terrain. Il y a tout ce qui est les outils d'adaptation du langage, notamment pour l'inclusivité, par exemple. Je signe énormément pendant mes séances, c'est devenu naturel avec les années de soutenir la communication avec des signes. Il y a un maximum d'enfants à pouvoir se saisir de ce que je dis et j'ai aussi beaucoup d'outils visuels depuis toujours. À chaque nouvel accueil, il y a un emploi du temps visuel à disposition, il y a des pictogrammes présentant les différentes possibilités sur le site. Donc ça c'est un outil que je peux facilement expliciter et montrer. Et ensuite il y a des outils qui sont maintenant devenus excessivement discrets et qui sont plus difficiles à présenter. Moi j'ai travaillé en analyse du comportement pendant 10 ans, ce qu'on appelle l'ABA, qui a ses détracteurs parce que c'est la base de conditionnement, mais surtout il y a une grande partie observation et analyse des comportements et de ce qu'ils peuvent apporter. Et ça par exemple aujourd'hui c'est toujours très présent dans ma pratique, plus j'ai plus besoin de comment en ABA. en structure de renforcateur, on dit, tangible. Enfin, je n'ai plus besoin d'objet pour renforcer les enfants, en fait. Juste le fait d'être là, c'est le renforcateur. Mais dans ma lecture de mes séances et dans l'analyse de ce qui se passe, et dans mes leviers, c'est de prés-utiliser. Pour te donner un exemple pratique, par exemple, j'ai un enfant qui est arrivé il y a trois ans avec des gros troubles du comportement et ce qu'on appelle un top, un trouble de l'opposition et de la provocation, qui faisait que dès qu'on posait une consigne, en général, il faisait l'inverse. Et puis il lançait tout et puis voilà, il avait des comportements qui faisaient que c'était très compliqué à la maison, très compliqué en collectif. Et ce petit garçon-là, sa passion absolue en arrivant, ça a été de découvrir le fait qu'il pouvait allumer le feu. Oh là là, bonheur intense. Et à partir de ce moment-là, du coup, on analyse du comportement, c'était très simple. Pour pouvoir allumer un feu, il faut être calme. C'est impossible d'allumer un feu... en s'agissant dans tous les sens ou en mettant la consigne à mal, puisque c'est directement sa sécurité qui le mettait en jeu. Donc, ce n'était même pas une injonction de ma part. C'était juste une réalité pragmatique. Si tu allumes le feu et que tu fais n'importe quoi, ça va faire mal. Comment on fait pour faire ça ? Et du coup, cet enfant a commencé à réfléchir avec moi au moyen de réguler son corps pour arriver dans les bonnes dispositions pour être capable d'écouter. Et ensuite, à dérouler lui-même comment les grandes règles de... le PN, prendre soin de soi, prendre soin de la nature et prendre soin des autres. Et du coup, à construire son propre rapport à sa séance et à développer sa propre pensée sur, OK, alors moi, j'ai vraiment envie de faire du feu. Comment je vais faire avec mes besoins pour le faire et être en sécurité ? Et du coup, à développer des trésors de contrôle, de patience, de persévérance et d'écoute juste. pour la motivation d'allumer ce feu et de faire des choses avec. Moi, je le traduis en analyse de comportement avec, j'avais le renforçateur absolu dans l'activité pour que cet enfant vienne développer les compétences que tout le monde voulait qu'il développe. Et ça a marché excessivement bien. Cet enfant, il est resté un an et demi sur la Forest School. Et ensuite, il était tellement impeccable en termes de comportement avec moi que je suis passée à domicile faire de la vie dans ce parental parce que... Sa motivation à être parmi nous sur la Forest School était tellement grande que du coup, il avait développé toutes les compétences de le faire et qu'il fallait juste les généraliser. Et maintenant, c'est un enfant qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de comportement, toujours un peu, mais ça se passe bien à l'école, ça se passe beaucoup mieux à la maison. Et voilà, parce qu'il a développé les compétences dans un cadre naturellement motivant. avec tout ce qui nourrissait son cerveau et son système sensoriel. Et du coup, à partir de là, une fois la compétence acquise, il faut la générer. Voilà, donc ça, c'est deux gros outils qui me servent au quotidien sur Brun d'éveil. Et maintenant, tous les outils de la pédagogie par la nature. Donc, avoir un registre d'activités canaurie qui me permettent d'être ultra flexible sur mes séances. Ça, c'est un peu une des spécificités aussi en pédagogie par la nature adaptée et thérapeutique. C'est que du coup, un pour un, eh bien... je ne peux pas arriver avec une ou deux propositions d'activité et si l'enfant ne veut pas je sais pas quoi faire donc il faut il faut avoir un registre et une grande grande flexibilité pouvoir partir de l'état de l'enfant ce jour là ses besoins sa réalité voilà ce que j'ai envie de dire la prise de risque mesurée est un outil incroyable pour l'accompagnement thérapeutique et éducatif aussi parce que parce que la réalité c'est que les enfants ont besoin spécifique ils arrivent avec souvent une estime de très très dégradée et une très très faible conscience de ce qu'ils sont capables de faire et de comment le faire, et des limites de leur part. Et du coup, l'accompagnement à la crise de risque mesurée est un espace d'évolution incroyable pour beaucoup d'enfants.

  • Speaker #1

    Elles durent combien de temps tes ateliers, tes séances en un pour un ? Ça dure combien de temps ?

  • Speaker #0

    En général, c'est deux heures. La majorité, c'est plus court pour des enfants avec une grosse, grosse fatigabilité, évidemment. J'ai des enfants qui font une heure, une heure et demie et souvent, la séance s'arrête avant, s'ils demandent de l'arrêter avant, c'est déjà trop.

  • Speaker #1

    Ok. Et la tranche d'âge, on n'a pas du tout parlé, grosso modo, de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #0

    Oui, alors voilà. j'ai reçu des... En fait, pour l'instant, je ne reçois pas d'adultes en accompagnement de la petite individuelle, mais j'ai reçu des moins de 3 ans avec leur assistante familiale. J'ai des grands ados autistes non-verbaux de 15-16 ans. Voilà. Donc, tous les âges. La particularité, c'est qu'en dessous de 6 ans, je reçois avec les parents pour une question de cadre légal.

  • Speaker #1

    OK. Et bien, puisque tu en parles, je voulais savoir justement quelle est la place et la relation que tu as, que les familles occupent dans cet accompagnement. Donc là, tu dis que d'un point de vue légal, les parents doivent être présents, mais plus globalement, comment ça se passe avec les familles ? Quels liens tu tisses dans tout ça ?

  • Speaker #0

    C'est une très bonne question parce qu'en plus, c'est une question... qui est vraiment la base de ma pratique d'éducatrice spécialisée. Je suis un peu, enfin je suis très militante sur ce sujet, puisque au lieu de travailler en structure, j'ai choisi dès le début de ma carrière de travailler à domicile auprès d'enfants autistes, ce qui n'est pas une pratique classique en éducation spécialisée, mais parce que j'ai la conviction profonde que le spécialiste d'un enfant, ce n'est pas le pédiatre, ce n'est pas le neuropsychiatre, c'est son parent. Du coup, c'est vraiment... pour moi absolument essentiel et la base dans tous mes accompagnements, de le faire en lien avec les parents, de travailler ensemble, de définir les objectifs ensemble. S'il y a des choses qui ont besoin d'expliquer plus ou d'accompagner, que je puisse aller à la maison aussi accompagner. Il y a beaucoup d'enfants à voir un déjaille, j'irai presque la moitié où j'interviens autant sur la Forest School que je ne peux pas. on peut aller faire des plans à la maison quand il y a besoin. Et de la même manière pour les structures où les enfants sont placés, j'accompagne les équipes aussi, en plus de l'accompagnement à brin d'éveil, parce que pour moi, ça n'a pas de sens. Si, bien sûr, ça a du sens, mais ça a énormément de limites, d'accompagner un enfant pendant deux heures et de le renvoyer chez lui en espérant que ce qu'on a bossé pendant deux heures, hop, ça va passer dans le quotidien, sans être repris une seule fois dans la semaine. Donc pour moi, c'est essentiel que ce soit un travail de collaboration. avec les parents et puis aussi ça fait 13 ans que je travaille dans ce milieu là et je connais la réalité de vie d'un parent à besoin spécifique et puis je m'en suis devenue une moi aussi au passage, je la connais intimement maintenant et souvent un des leviers d'évolution des enfants c'est clairement le soutien à leurs parents parce que parce que l'isolement et l'épuisement c'est pas un facteur aidant pour accompagner son enfant et souvent Juste savoir qu'on a un réseau autour de nous pour nous accompagner dans cette prise en charge, ça change énormément de choses dans le quotidien, dans les ressources qu'on arrive à mobiliser, parce qu'on sait qu'on n'est pas seul. Donc, Brun d'éveil est non seulement un espace d'accompagnement, mais l'association entière a à cœur que ce soit un lieu ressource pour les familles. Il y a un projet sur le haut de la pile actuellement, qui est de construire une cabane un peu isolée dans la nature sur le site. pour proposer des accueils répliques, non pas aux enfants, mais aux parents, par exemple. Des jours, nuits comprises, en pleine nature, pour un peu de ressourcement pour des familles qui sont souvent épuisées à juste titre parce qu'on a un système éducatif, une éducation spécialisée qui, malheureusement, aujourd'hui en France, touche fort à ses limites. Et du coup, il y a beaucoup de gens qui... qui ont très peu de solutions ou reçoivent des accueils pas très bienveillants et qui, du coup, ont vraiment besoin de ces espaces.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais qu'il y a certains enfants pour lesquels tu dis non parce que, suivant le lieu, pour leur sécurité. Est-ce que tu as déjà eu, au cours d'un accompagnement, est-ce que tu t'es déjà trouvée face à un enfant ? où les bras t'en tombent un peu et tu te dis, mais comment je... Tu vois qu'il n'y a pas d'évolution ou en tout cas des blocages. Est-ce que tu as déjà rencontré ces difficultés-là ?

  • Speaker #0

    Il y a deux choses. Déjà, tous les enfants ne répondent pas de la même manière à la pédagogie par la nature. Il ne faut pas se leurrer. Je pense qu'on n'est pas le professionnel idéal pour tous les enfants. Et la pédagogie par la nature n'est pas l'outil magique pour tous les enfants. Donc il y a des enfants où c'est hyper... Dès la première séance, je sais que ça va être très efficace et que ça va marcher à fond. Et d'autres où je vois que potentiellement, ce n'est pas le meilleur espace pour leurs besoins. Je suis très confortable pour réorienter si je vois que je ne suis pas le meilleur interlocuteur et que ce n'est pas moi qui vais aider le plus. Maintenant, que les bras m'en tombent, non, parce que mon parcours, en fait. J'ai été habituée à travailler avec des enfants particulièrement challengeants et c'est ça que j'aime. J'aime les enfants particulièrement difficiles à aller rejoindre ou créer du lien particulièrement complexe. Et quand on y arrive, c'est particulièrement grandiose. coup et du coup il ya il ya eu un enfant en cinq ans où j'ai dû mettre fin à la prise en charge parce que justement il a réussi à traverser un mur de ronces de mettre de haut que j'avais prévu comme limite de gestion de fugue parce que j'ai pas envie de mettre du barbelé et du grillage dans mon site et que je considérais que de mettre devant 6 ans et il lui est passé au travers et là du coup j'ai dû stopper l'accueil parce que je ne peux pas garantir sa sécurité, mais c'était un accueil génial, même si c'était un enfant très challengeant. Mais voilà, je veux garantir des conditions de sécurité, donc vraiment mon sens interdit, mon stop, c'est vraiment une question de mise en danger. Si la mise en danger des enfants, si les enfants se mettent en danger sur le site, et que je n'ai pas d'outil, de levier pour faire évoluer ça, parce que les enfants qui se mettent en danger... Sur les accompagnements que je fais, il y en a beaucoup qui cherchent à se mettre en danger sur les premiers temps, mais j'ai une évaluation des risques qui est très bien faite et plein d'outils pour faire diminuer ces comportements-là rapidement. Donc ça ne me dérange pas. Par contre, si je n'ai pas de levier pour les faire évoluer, alors là, je ne sais pas. À court de solutions, l'association ne veut pas investir dans un mur solide. Donc voilà, je dis arrêtez, mais c'est la seule fois vraiment.

  • Speaker #1

    Ok. Tiffaine, on arrive à la fin de notre échange. Ça passe vite, une heure.

  • Speaker #0

    Super vite.

  • Speaker #1

    Tu le disais tout à l'heure que tu as vraiment envie d'offrir aux professionnels de santé cette fenêtre de la pédagogie par la nature. Mais effectivement, c'est un parcours qui peut être un peu long parce qu'il faut d'abord aller explorer la PPN pour ensuite... mêler tout ça. Aujourd'hui, s'il y a des personnes qui nous écoutent, qui ont envie de démarrer un peu là-dedans, est-ce que tu aurais des conseils, des choses à leur partager ? Comment se lancer ? Ou aller chercher éventuellement des outils ? Où est-ce qu'elles peuvent trouver des premières réponses, en tout cas, des premières informations sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Je suis un peu partie prenante de cette question-là.

  • Speaker #1

    Mais vas-y.

  • Speaker #0

    Je suis formative sur les autres pédagogies par la nature, donc j'imagine que mon avis n'est pas très neutre. Ma première réponse serait très naturellement, pour moi, être pédagogue par la nature, c'est un vrai métier. Ne vous amusez pas nécessairement à aller mettre un enfant autiste en nature en accompagnant de la prise de risque mesurée sans avoir été formé à l'accompagnement de la prise de risque mesurée. Je sais que je suis pour qu'on mette les enfants dehors maintenant être sur du jeu libre en nature avec tout profil sans formation poussée ben moi ça me questionne parce que mine de rien dans la nature il n'y a pas de gros risques quoi un enfant qui met tout à la bouche et qui mettrait une plante toxique à la bouche enfin bref les risques qui sont importants et du coup mon conseil il est clairement de se former vraiment bien déjà parce qu'une fois formé vraiment bien La posture qu'on peut avoir en séance, elle n'a rien à voir. Moi, je ne me suis jamais sentie en insécurité en séance, par exemple. Et j'ai beaucoup de retours de professionnels qui n'ont pas fini leur formation, qui me disent « oui, mais du coup, je n'arrive pas à être détendue, j'ai peur qu'il se passe ci, ci, ci, ça » . Oui, nécessairement, quand ça n'a pas été évalué, j'ai dû me faire surprendre une fois en cinq ans sur une prise de risque que je n'avais pas envisagée. Et elle a un protocole écrit maintenant pour cette prise de risque là parce que je ne l'avais pas imaginé. Et du coup maintenant si elle se reproduit, je suis totalement tranquille parce que je sais que... que ça a été mesuré et protocolé, que tout est écrit sur comment ça peut subvenir et comment je vais l'accompagner quoi qu'il arrive. Et du coup moi je travaille en complète sérénité et vraiment totalement disponible à la relation parce que j'ai cette formation là et ces outils là derrière moi et du coup je conseille vraiment à n'importe qui a envie de se lancer là dedans, de partir sur une formation.

  • Speaker #1

    Et de prendre le temps et qu'effectivement, ce n'est pas pour rien que c'est des formations qui font... Oui, c'est ça. Ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de demandes qu'il faut se précipiter et qu'au contraire, c'est à nous d'intégrer aussi. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais même pire parce que, je me suis fait cette réflexion cette année, répondre à un besoin sans y être préparé, c'est une manière de prendre... C'est prendre le risque que ça ne marche pas et que du coup, cette cartouche-là... se guérir pour ça, cet enfant-là, ça aurait pu l'aider, mais si elle est mal appliquée parce qu'on n'est pas prêts, eh bien, il y a rarement des familles qui tentent deux fois, en fait. Ils tentent une fois, ça se passe mal, ils ne retentent pas. Et du coup, c'est un outil qui ne sera plus investi par ailleurs. Donc, il vaut mieux se sentir solide et en confiance pour commencer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un point ? que j'aurais oublié d'évoquer, que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'on a fait le tour ?

  • Speaker #0

    Non, aujourd'hui, on a la chance d'être un peu soutenus. Je parlais du financement pour les parents. Du coup, il y a des familles qui ont réussi à avoir des financements par la maison départementale du handicap pour les accompagnements à bon détail. J'attends qu'il y ait plus de professionnels qui s'installent. Et avec qui je puisse travailler en réseau pour convaincre la MDPH que la pédagogie par la nature thérapeutique et éducative est un outil à faire reconnaître. Et petit appel, du coup, s'il y a des universités qui veulent faire des études scientifiques sur l'impact, des études françaises, parce que l'HAS a besoin d'études françaises pour reconnaître des choses, eh bien, Brun de Veil est très ouvert à accueillir des professionnels qui viennent valider l'impact de la pratique qu'on a. Voilà, c'est ça que je rajoute.

  • Speaker #1

    Tu n'en as pas eu encore ? Les gens ne sont pas venus te voir pour justement évaluer tout ça ?

  • Speaker #0

    J'ai une demande pour une thèse pour l'année prochaine. On va voir si ça se met en place. On avait un projet avec une université, mais ça ne s'est pas fait non plus. Donc moi, aujourd'hui, comme j'ai à cœur de faire reconnaître, j'ai créé beaucoup d'outils d'évaluation, mais qui pour l'instant restent en interne. Mais le jour où on vient me chercher, je peux fournir. des évaluations codifiées, réglementées, et en fait, par les parents et par les professionnels, on va montrer l'évolution des enfants sur la Forest School, parce que oui, dans le métier d'éducateur spécialisé, on a besoin de chiffres et de résultats. Ce n'est pas le propre de la PPN, effectivement, de viser un objectif. Je ne vise pas d'objectif en soi, mais par contre, d'évaluer l'efficacité et le résultat, l'impact. de notre pratique. Et du coup, ce serait intéressant d'avoir des études de terrain.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. De manière générale, c'est vrai qu'en France, on a besoin d'études sur la PPN largement et évidemment encore plus sur des domaines qui demandent une évaluation pour une prise en charge derrière. Ça commence tout doucement. On voit qu'il y a des chercheurs et des chercheuses qui quand même... lèvent une oreille et se disent, tiens, ça peut être intéressant d'aller... Il se passe des trucs par là-bas, allons voir. Mais

  • Speaker #0

    OK. Sur la PPN Thérapeutique, on est presque moins en retard que d'habitude, tu vois. Parce que c'est en... Ah ! On est... La France est... Enfin, du coup, il y a quelques professionnels en France et il n'y a pas des milliers d'études outre-Atlantique non plus. Sur le TDAH, je commence à y en avoir pas mal sur l'impact... L'impact sur l'attention et la régulation des émotions, il y en a beaucoup, ça y est. Sur l'autisme, j'en ai trouvé une ce matin, il y a six mois, il n'y en avait pas, donc c'est une des premières. D'ailleurs, dites très bien ce qu'on a dit là, oui, ça peut être un outil génial avec la limite de tous les enfants autistes ne sont pas nécessairement bien dans la nature. Il commence à y en avoir, mais je les ai écrites avec moi. Il n'y en a pas des milliers non plus au niveau mondial. Donc, on n'est pas si en retard que ça en France. Mais il n'y en a aucune de française, par contre. Donc, il faudrait en rajouter une française.

  • Speaker #1

    Oui. En même temps, tu disais, il y a encore cinq ans, tu étais toute seule. Pour qu'il y ait des recherches, il faut aussi qu'il y ait de la petite.

  • Speaker #0

    J'ai parlé à la pédagogie par la nature en France. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Bon, petit pas par petit pas. Merci beaucoup Tiffen pour nous avoir partagé ton expérience ta pratique et écoute alors moi je suis dans les Hautes-Alpes donc c'est toujours l'exploration pour venir dans le Finistère mais je repasserai c'est certain et du coup je te ferai peut-être signe à ce moment-là parce que j'avais bien envie de venir te rencontrer déjà et puis de voir ton lieu et merci Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram, sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode, rappelez-vous, sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. A très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentations

    03:56

  • Souvenirs d'enfance en nature

    05:26

  • Parcours et création de Brins d'Eveil

    06:50

  • Le lieu d'accueil à Brins d'Eveil

    11:37

  • La question de l'accessibilité en forêt

    14:04

  • L'équipe de Brins d'Eveil

    17:27

  • Une prise en charge globale

    22:56

  • Le profil des enfants accueillis

    24:31

  • Le cadre des accompagnements

    27:38

  • Séances collectives et séances individuelles

    33:10

  • Des démarrages difficiles

    35:29

  • La boîte à (bons) outils

    39:06

  • La collaboration avec les familles

    46:12

  • La nécessité de se former

    52:23

  • Faire avancer la recherche

    56:02

  • Conclusion

    01:00:00

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Description

Aujourd'hui, je reçois Typhaine, fondatrice de Brins d’Éveil, une Forest school pas tout à fait comme les autres, située en Bretagne.


Educatrice spécialisée et pédagogue par la nature, Typhaine accueille sur son lieu des enfants à besoins spécifiques, notamment dits neuroatypiques (TSA, TDAH, troubles du comportement...).


Dans cette échange, elle nous partage :

  • Son parcours et l'histoire de sa structure

  • Son approche de la pédagogie par la nature adaptée aux enfants qu'elle accueille.

  • Les spécificités de ses accompagnements, alternant entre séances collectives et séances individuelles

  • Enfin, les outils qu’elle utilise pour soutenir les enfants dans leur développement et leur épanouissement.


Un travail qui mérite d'être connu par le plus grand nombre tant il est nécessaire et urgent de questionner et de favoriser la bonne prise en charge thérapeutique de ces enfants extraordinaires.


Si vous souhaitez soutenir l'association Brins d'Eveil et lui permettre notamment de développer des formations auprès des professionnel.les de santé, vous pouvez faire un don en cliquant ici.


Pour retrouver toutes les références de Typhaine, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute à toutes et à tous 🌱



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Enfance en Nature, le podcast qui explore l'éducation en plein air sous toutes ses formes. Je m'appelle Claire, je suis pédagogue par la nature et ici, je tends le micro à celles et ceux qui permettent aux enfants de vivre des expériences de plein air. Éducateurs, animatrices ou encore professeurs des écoles, Les profils de mes invités sont nombreux, l'occasion d'explorer ensemble des pratiques différentes dans des cadres variés, mais qui tendent toutes vers un même objectif, permettre aux enfants et aux plus âgés de passer un maximum de temps dehors. Il m'arrive aussi parfois de prendre le micro seul pour partager avec vous des réflexions ou des outils concrets de pratiques et de terrain. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à lui donner un petit coup de pouce en vous abonnant, en laissant un avis et en le partageant autour de vous afin que nous fassions grandir cette belle communauté tournée vers le dehors. Merci d'être ici avec moi, je vous laisse découvrir l'épisode du jour. Aujourd'hui, je vous invite à découvrir une dimension encore trop méconnue de la pédagogie par la nature, et pour cela je reçois Tiffen, éducatrice spécialisée et fondatrice de Brun d'éveil, la première forest school thérapeutique en France. Tiffen accompagne des enfants extraordinaires, chacun avec ses besoins et ses défis, et ce, dans un environnement naturel sécurisé. et sécurisant, pensée pour leur offrir un espace de liberté et de découverte. Alors pour comprendre ce qu'est une forest school thérapeutique, Tiffen nous partage son approche de la pédagogie par la nature, son quotidien avec les enfants, ainsi que les outils qu'elle utilise pour les accompagner au mieux. Dans un contexte où bien souvent en France, les familles rencontrent des difficultés dans la bonne prise en charge de leurs enfants, jusqu'à parfois s'entendre dire qu'aucune solution ne peut leur être apportée, Tiffen montre au contraire qu'il est possible d'accompagner ses enfants et leurs parents en leur offrant le temps et l'attention dont ils ont besoin. Et en l'écoutant, nous comprenons aisément dans quelle mesure la pédagogie par la nature offre un cadre propice au développement et au bien-être de ses enfants. Pour tout vous dire, à la fin de mon échange avec Tiffen, j'étais très émue parce que je connais beaucoup d'enfants et de familles qui sont en grande souffrance face aux difficultés que rencontrent ces enfants au quotidien. Et pour avoir la chance moi-même d'en accueillir régulièrement au bois, je sais à quel point cet accompagnement-là est précieux pour beaucoup d'entre eux. Et depuis plusieurs années, Tiffen... par sa présence et son investissement, ouvre des portes et montre qu'il est possible d'accueillir ses enfants dans un espace où ils se sentent compris, valorisés et dans lequel ils peuvent grandir tout simplement. Et je suis très heureuse d'avoir eu l'occasion de mettre en lumière son travail qui est bien connu au sein du réseau de pédagogie par la nature, mais qui mérite de l'être bien au-delà. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Tiffaine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast. Ça fait quelques mois qu'on bataille avec nos plannings pour réussir à nous caler une date. Donc je suis très contente qu'on y soit enfin arrivés et qu'on ait ce temps d'échange toutes les deux. Alors j'ai accueilli il y a quelques semaines Anna. qui est psychomotricienne et qui, depuis quelques années, fait une partie de ses séances avec les enfants en forêt. Donc elle mêle psychomotricité et pédagogie par la nature. Et toi, tu es éducatrice spécialisée et pédagogue par la nature. Donc on va pouvoir aller encore plus loin dans la question de l'accueil en forêt des enfants qui présentent des difficultés quelles qu'elles soient. On va pouvoir approfondir tout ça ensemble. Pour commencer... Est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu es installée et préciser le nom de ta structure pour que tout le monde puisse t'identifier ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors, moi, je suis donc Tiffaine Gaillard. Je suis la créatrice de l'association Brun d'éveil qui porte une forest school dite thérapeutique et éducative à Pambule et qui mère dans le Finistère, en bord d'Aulne-Maritie.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, avant qu'on entre... Dans ta pratique, je te pose ma question rituelle de début de discussion. Tiffaine, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, pour poser un petit peu le contexte, je suis une enfant à particularité moi aussi, parce que j'ai un TDAH, je connais bien mon sujet. Et du coup, mon lien à la nature était crucial, je veux dire, et c'est pour ça que je me bats pour... pour ça un petit peu aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai passé la plus grande partie de mon enfance beaucoup dehors. J'ai eu la chance de grandir dans une famille pour qui la nature était importante aussi. Du coup, j'ai grandi beaucoup sur l'eau et beaucoup en pleine nature à la campagne aussi, avec une maison de campagne et du coup, avec la possibilité de nourrir énormément mon besoin de mouvement, mes besoins sensoriels également. Voilà, ça fait partie des souvenirs positifs de mon enfance. Dès que c'était en nature, c'était tout de suite plus positif et tout de suite plus équilibré. Donc, comme tout le monde, des souvenirs émus, joyeux et riches et nombreux.

  • Speaker #0

    Du coup, je devine un petit peu l'origine de la création de Brun d'éveil. Mais justement, pour qu'on comprenne ton cheminement, Est-ce que tu veux bien nous parler de ton parcours, de tes études jusqu'à la création de cette structure ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, surtout que ça remonte de loin, parce que aussi loin que je me souvienne, tu vois, à 12 ans, je disais déjà que quand je serais grande, j'accueillerais les enfants avec handicap dans la nature, c'était le projet initial. Waouh ! Et j'ai très longtemps à trouver le bon chemin pour faire ça, parce que le modèle des fermes pédagogiques ne correspondait pas forcément à mon ambition. J'avais vraiment... Vraiment, c'est l'idée d'être avec les enfants dans la nature et pas dans une pratique de transmission de savoirs. Du coup, j'ai juste suivi les pas les uns après les autres. À savoir que j'ai commencé à travailler auprès d'enfants handicapés à 12 ans, justement, j'étais bénévole auprès d'enfants INC. Et du coup, d'abord, comme tout le monde un petit peu, j'ai fait de l'animation avec des enfants avec handicap en séjour. Et puis, je me suis orientée vers le... d'éducatrice spécialisée pour me former à l'accompagnement de ces enfants là donc je suis diplômée depuis 14 ans maintenant j'ai travaillé ensuite en individuel à domicile auprès d'enfants autistes pendant enfin depuis depuis 14 ans je travaille toujours en individuel auprès d'enfants autistes et puis j'ai continué à chercher et en 2016 j'ai acheté un lieu magnifique arboré en bord de bord de mer avec un grand terrain de 2 hectares et demi avec l'idée d'accueillir du public sur cet endroit là et en continuant à chercher encore et encore la pédagogie qui pouvait correspondre à ce que j'imaginais j'ai rencontré Julie Ricard la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française voilà qui n'était pas encore la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française à l'époque qui a fait ses premiers ateliers en France sur mon site notamment et puis et puis nos discussions ont amené à un constat qu'on était parfaitement d'accord sur cette pédagogie, sur la manière d'appréhender l'accompagnement des enfants, quel que soit leur profil avec ou sans handicap. Et du coup j'ai enfin trouvé le lien entre ce que je voyais depuis toute petite et ce que je voulais faire réellement. Et du coup je me suis formée d'abord en tant que pédagogue par la nature et ensuite via l'Angleterre en accueil thérapeutique et éducatif en pédagogie par la nature. engrouper en un pour un, ce que je pratique maintenant sur Brun d'éveil depuis cinq ans.

  • Speaker #0

    Ok. Quand on arrive sur le site internet, Brun d'éveil est présenté comme étant la première, et pas une Forest School, la première Forest School à viser thérapeutique et éducative. Est-ce que tu veux bien expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, c'est quelque chose qui se fait pas mal, notamment en Angleterre. Il y a beaucoup de forest school à visiter, à petit cas éducatif en Angleterre. Je n'ai pas trouvé. D'équivalent France pour l'instant, enfin pas il y a cinq ans en tout cas, maintenant ça commence à essaimer, mais en fait la petite particularité c'est effectivement sur Brun des Veilles que j'accueille des enfants soit en 1 pour 1, ce qui se fait pas dans les forest school classiques, soit en tout petit groupe, tu vois là c'est à dire on a un groupe on a dix enfants mais on a cinq adultes pour dix enfants et du coup sont mêlés à la pratique en pédagogie par la nature. avec les mêmes bases que dans n'importe quelle forest school, tous les outils de l'éducation spécialisée, donc tous les outils de communication alternative, tous les outils de régulation des comportements, etc. Plus une partie, du coup, via laquelle je me suis formée via l'Angleterre, sur les outils d'accompagnement thérapeutique du cours. Voilà, et du coup, c'est quelque chose qui m'est beaucoup venu. du Canada et d'Angleterre, puisque quand j'étais éducatrice spécialisée à domicile, un pour un, je travaillais beaucoup sur tout ce qui est intégration sensorielle avec des ergothérapeutes. Et en fait, aux États-Unis et en Angleterre, ça fait maintenant une petite dizaine d'années qu'ils se questionnent beaucoup sur les pratiques d'ergothérapie et d'intégration sensorielle directement en forêt et dans la nature. Et du coup, avant de rencontrer le réseau de pédagogie par la nature français, j'étais déjà dans cette recherche-là. Du coup, j'étais accompagnée et supervisée par des ergothérapeutes qui pratiquaient comme ça. La rééducation d'ergothérapie en forêt. Voilà un petit peu, je ne sais pas si ça répond à ta question.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Oui, oui. On va entrer dans le détail de tes accompagnements dans quelques minutes. Mais d'abord, à quoi ressemble ta Forest School ? Est-ce que tu veux bien présenter le lieu pour qu'on visualise ton cadre d'accueil ?

  • Speaker #1

    Je vais jamais vous y rendre. La forestie de Brun-des-Veilles, c'est un tout petit chemin qui mène quand on arrive chez moi. On a vraiment l'impression d'arriver en bord de Canada, en bord de grande rivière au Canada. Tu vois, cette espèce de zone vallonnée avec une énorme rivière au milieu et pas une seule trace d'être humain sur le chemin. Et du coup, c'est un terrain, une parcelle boisée avec une... entourée d'une haie classée pour le coup de chêne centenaire et du coup qui est assez à la fois fermée sur elle-même et à la fois il y a plein de possibilités de sortir et d'aller explorer la nature autour, ce qui correspondait bien aux enfants que j'accueille. Parce que voilà j'accueille des enfants avec des gros troubles du comportement, des risques de fugue etc donc il fallait un lieu un peu clos quand même qui permette cette réassurance et cette sécurité plutôt qu'une forêt ouverte. Et du coup ce n'est pas une forêt par contre, c'est on va dire une prairie très boisée avec des chênes centenaires et une partie qu'on replante au fur et à mesure en forêt comestible du coup, et en descendant dans ce lieu très vert et de plus en plus sauvage. Il y a cinq ans ce n'était pas si sauvage que ça mais ça avance et c'est vraiment beau. plus en plus sauvages, on arrive sur des installations très discrètes dans l'environnement, avec des filets dans les arbres pour pouvoir grimper. Et le cœur de la Forest School, qui est un grand cercle au milieu des bois, avec un parachute au-dessus et le feu pour nous rassembler, pour cuisiner, etc. Et une cuisine de la gadoue, pas très loin, à portier d'yeux, parce que les enfants de 20-20 ans ont besoin que les choses soient quand même assez proches les unes des autres. se sentir en sécurité. Une serre où on cultive un petit peu des plantes médicinales et des choses à utiliser pendant les goûters. Voilà, il y a plein d'endroits, des petites cabanes, des petits endroits pour se cacher et aller bricoler.

  • Speaker #0

    Ok. Et concernant l'accessibilité, moi, je vais te dire, ça a été une vraie difficulté que j'ai rencontrée quand... J'ai commencé à accueillir du public en forêt puisque pour accéder au bois dans lequel je suis installée actuellement, il faut emprunter un chemin qui est large mais qui commence par une petite côte qui fait 15 mètres mais qui est hyper raide. Et alors là en ce moment, avec le givre et puis quand il pleut, on se casse facilement la margoulette. Donc les petits bouts apprennent très vite à aller grimper avec les mains. Moi je suis en zone montagneuse, donc j'ai des espaces plats mais de différents niveaux. Donc c'est génial pour les petites pattes et pour aller gambader, mais pour certains...

  • Speaker #1

    C'est hyper favorisé comme ça. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait. Mais du coup, dès qu'on a lancé les ateliers, très vite, on a eu des familles avec des enfants porteurs de handicap moteur qui sont venues nous voir parce qu'elles avaient envie que les enfants viennent aux ateliers et savoir si on pouvait les accueillir. Et du coup, ça a vraiment été une difficulté pour nous. Et aujourd'hui encore, suivant... Les handicaps, on ne se sent pas d'accueillir parce que ça nous semble vraiment complexe et on n'a pas encore trouvé de solution pour rendre cet accueil facile. Est-ce que toi, tu as eu à faire des choses particulières pour faciliter cet accès, cette accessibilité ? Ou est-ce que dans ce que tu as pu voir en Angleterre où c'est davantage développé, comment est-ce qu'elle est prise ? en compte cette question de l'accessibilité en forêt, qui est quand même un endroit qui peut présenter un sacré challenge pour les enfants.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, ça dépend beaucoup. Il y a la réalité du site sur lequel tu travailles, qui induit nécessairement des réponses positives ou négatives avant de prendre des gens que tu peux accueillir. Moi, j'ai la chance d'avoir un terrain qui est quand même relativement plat. Et le parking est à l'entrée, et c'est une prairie, donc il n'y a pas forcément autant d'arbres. C'est beaucoup plus de l'herbe. donc les chemins sont plus facilement aménageables j'ai envie de dire après la question se pose pas de manière il n'y a pas d'obstacle à l'heure actuelle parce que je suis vraiment spécialisée sur tout ce qui est TSA et enfin autisme et troubles de l'attention avec hyperactivité et du coup le public que j'accueille dans les enfants avec autisme principalement ont des troubles de la motricité mais je n'ai jamais eu pour l'instant de demandes d'accueil avec fauteuil roulant notamment. Là, j'ai un partenariat avec une association pas très loin d'ici qui s'appelle Miago qui fournit des fauteuils adaptés pour le coup si jamais il y a besoin. Je sais que par exemple, l'année prochaine, on accueille Loisirs Pluriels qui est une structure de loisirs qui accueille tout le public. Peut-être que là, je verrai avec eux pour avoir des fauteuils adaptés. Mais je sais que les fauteuils adaptés passeront sur mon terrain parce qu'il est relativement plat, il n'y a pas de dormière. Tout est accessible à partir du parking. Ce n'est pas un frein à l'accueil.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    ça marche.

  • Speaker #0

    Alors, tu es à l'origine de la création de Brun d'éveil, mais tu n'es pas seule aujourd'hui à travailler sur ce lieu-là. Est-ce que tu veux bien nous présenter l'équipe qui est à tes côtés ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a l'équipe de l'association, parce que du coup, Brun d'éveil, c'est une association avec un super bureau qui gère. Il y a beaucoup de travail pour le coup parce qu'on a de plus en plus de demandes. Il y a beaucoup de devis, de paperasse et de dossiers à remplir. Un bureau assez critique qui représente autant, on a fait le choix d'avoir un bureau où les parents soient représentés, les propriétaires du terrain soient représentés et les professionnels. Donc du coup, on est cinq dans le bureau et il y a une maman d'enfant bénéficiaire, il y a moi-même en tant que représentante des professionnels. Il y a un éducateur jeunes enfants qui n'est pas dans la structure mais qui soutient le projet. Et il y a le propriétaire des lieux et ça marche très bien. Et ensuite, il y a l'équipe de terrain. Du coup, aujourd'hui, sur Brun d'Eveil, on est entre 5 et 7, j'ai envie de dire. Parce que Brun d'Eveil est aussi un site de formation. Et du coup, j'accueille beaucoup de bénévoles qui viennent se former. à l'approche thérapeutique et éducative et du coup des gens qui restent plus ou moins longtemps. Maintenant j'ai des gens qui sont là depuis longtemps, notamment Eva qui elle est de métier AESH et travaille auprès d'enfants autistes en UEMA, donc en classe maternelle adaptée et qui m'accompagne maintenant depuis trois ans et demi sur la Florey School, qui est une des professionnels rémunérés. Cette année on a aussi Julie qui démarre, qui est éducatrice spécialisée et qui qui est pédagogue par la nature depuis déjà trois ans sur d'autres sites mais qui commence là à se former en accompagnement individuel thérapeutique avec moi et avec ça on a une super psychologue et qui est bénévole depuis trois ans sur la structure et qui revient sur les ateliers de groupe et on a deux ou trois autres professionnels qui sont en train d'apprendre à se former qui sont bénévoles pour l'instant et du coup c'est une équipe qui grossit et une structure qui commence à Voilà, avoir des bases solides et une équipe solide, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Je suis persuadée qu'il va y avoir beaucoup de passages. Tu vois, moi, je suis très en demande du coup pour avoir des demandes de familles qui cherchent des solutions. Moi, j'ai entendu que cet été, tu as fait un module.

  • Speaker #1

    Attends, tu vois ce que tu as dit ?

  • Speaker #0

    Mon petit doigt qui me l'a dit et je me suis dit, ah super, ça y est, il va y avoir, il va se passer quelque chose. On va avoir, on va pouvoir nous aussi. nous former parce que clairement la demande elle est importante, il y a beaucoup de familles qui attendent que ça se développe et nous on a besoin de nous former quand on n'a pas suivi un cursus comme le tien quand je ne suis pas éducatrice spécialisée donc je fais au mieux avec mes petites lectures actuellement et beaucoup en discutant avec les familles évidemment mais je sens parfois que je manque d'outils donc c'est chouette effectivement je pense que... Brun d'éveil va forcément continuer à beaucoup bouger dans les prochaines années. On va venir chercher auprès de toi et auprès de toutes celles et ceux que tu accompagnes aujourd'hui et que tu formes des outils pour qu'on puisse, nous aussi, pouvoir accueillir au mieux ces enfants.

  • Speaker #1

    Il y a deux projets, effectivement. Il y a celui que j'ai bêta-testé l'été dernier, comme tu dis, qui est de faire une formation. surtout qui donne les bases de l'inclusion de tous les enfants sur les Forest School classiques. Donc des bases d'outils d'accompagnement spécifique, mais qui permettent en fait juste d'accueillir plus d'enfants et de mieux comprendre leurs particularités et du coup d'avoir des réponses, un peu plus de réponses et un peu plus d'outils dans sa besace de pédagogue par la nature. Et moi mon objectif moyen-long terme c'est aussi de créer la formation. pour les professionnels paramédicaux et éducatifs pour faire de l'accompagnement thérapeutique et pédagogique. C'est ça qui me fait vibrer et qui est mon cœur de métier aujourd'hui. Maintenant, effectivement, il y a encore du chemin, parce qu'avant de faire de l'accompagnement thérapeutique et éducatif, il faut déjà se former en pédagogie par la nature. Ça s'installe tranquillement en France, mais on n'est pas encore des milliers à être formés en pédagogie par la nature pour l'instant sur le territoire français. Et je vois qu'il commence à y avoir sur les formations, parce que je suis aussi formatrice au réseau du coup, il commence à y avoir de plus en plus de professionnels paramédicaux et éducatifs qui arrivent à se former en pédagogie par la nature, mais avec cet objectif-là de faire de l'accompagnement individuel thérapeutique après. Et du coup, le projet, c'est de créer cette formation-là, mais ça va prendre un peu plus de temps, parce que pour le coup, là, c'est la toute première. en France, vraiment. Je n'ai pas de repères, je n'ai pas de point de comparaison et je n'ai pas d'interlocuteur pour m'aider à la monter. Donc, c'est un peu plus... Enfin, je prends mon temps pour faire ça bien.

  • Speaker #0

    Ouais, mais tu as raison. Au-delà de l'équipe que tu as présentée et peut-être même au-delà du coup du lieu, est-ce que tu travailles avec d'autres professionnels au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai plusieurs métiers, enfin j'ai plusieurs métiers depuis l'année dernière, j'ai repris mes plusieurs métiers. En fait je suis aussi éducatrice en un pour un en dehors de la Forest School et je fais de l'accompagnement parental aussi. Et du coup j'ai la chance depuis le début de ma carrière d'être très bien entourée sur le territoire. Dans le Finistère il y a un réseau très solide des professionnels qui gravitent autour des enfants dits neuro-atypiques. Et du coup j'ai la chance d'avoir des personnes ressources. pour à peu près tout, autant en termes d'orthophonie, en termes d'ergothérapie, qu'en termes d'autres éducateurs sur le territoire ou de médecins qui orientent vers nous. Et du coup, le maillage sur le territoire est très large et du coup, j'ai un réseau d'appui qui est quand même non seulement à mon sens indispensable parce que je ne me vois pas travailler sans approche globale et sans regard croisé sur ce que je fais. Et puis, ça nourrit aussi mes réflexions là. Ça nourrit autant ma posture que les accompagnements. C'est-à-dire qu'à Brandeville, les enfants qui viennent, il n'y a pas d'enfants où je travaille toute seule. Je suis toujours en lien étroit avec tous les professionnels qui entourent l'enfant et évidemment les parents. Et du coup, Zo comprend autant les familles que les professionnels des enfants. C'est riche, c'est très riche.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le public que tu accompagnes ? Quels sont les différents troubles qu'il peut y avoir ? Vraiment juste de dresser une œuvre. Ouais, et notamment un peu expliquer pour que les personnes qui ne sont pas familières avec tout ça comprennent un peu.

  • Speaker #1

    Alors, le truc magnifique à Brandeveil, c'est vraiment que j'accueille tous les enfants. Je vais dire presque tous. Il y a des fois où malheureusement la rivière en bas de mon terrain est la seule limite à l'accueil d'enfants. Parce que si j'ai des enfants très très fugueux, ils prennent beaucoup beaucoup de risques. Et bien il y a des fois où je ne peux pas dire oui parce que... garantir leur sécurité mais au delà de ça moi mon parcours fait que j'ai été spécialisée pendant 13 ans sur l'accueil des enfants avec des grosses difficultés comportementales surtout sur l'autisme non verbale donc des enfants sans moyens de communication avec très peu de compréhension verbale avec dans la majorité du temps des troubles du comportement physiquement violent et des gros gros troubles de l'intégration sensorielle une gestion des sens particulière et ça c'est mon public d'origine et c'est aussi le public sur lequel je suis la plus compétente et du coup c'est vrai qu'on m'adresse pas mal d'enfants sur ce type de profil sur ce qu'on appelle malheureusement les enfants sans solution j'ai beaucoup d'enfants qui arrivent à avoir un éveil avec des familles à cours de solutions parce que parce que l'école c'est très compliqué ils sont loin de doigts de ou parce que même l'école c'est pas possible et même l'IME c'est pas possible. Et ouais, j'ai eu et j'ai des enfants sur Brun d'éveil qui n'ont accès à très très peu de choses finalement parce que leur comportement et leur dérégulation mettent à mal beaucoup de prise en charge. Et Brun d'éveil est une des solutions, une des dernières solutions et surtout une des solutions qui marche là où le reste ne marche pas. Voilà. Du coup, les profils d'enfants que je reçois vont d'enfants avec un tout petit niveau de développement où on est dans du sensoriel pur et dur et où là j'utilise mes outils spécialisés sur l'autisme en travaillant sur l'interaction sociale déjà, tout simplement, jusque à des collégiens en phobie scolaire avec un autisme très léger ou de l'hyperactivité qui met à mal leur parcours scolaire ou des phobies scolaires, tu vois. Là, on va être sur des séances beaucoup plus complexes où on va travailler la lecture en rédigeant des recettes medicinales de plantes sauvages, ou en sculptant du bois, ou dans des mathématiques en allant construire des cabanes un peu plus complexes. La palette de ce que je peux avoir comme profil est vraiment très large. Leur point commun, c'est vraiment les difficultés de régulation des émotions et du comportement, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Et comment se présentent, est-ce que ce sont les familles qui viennent vers toi, est-ce qu'elles sont orientées par des professionnels ? Et en termes de fréquence et de durée d'accompagnement, une moyenne évidemment parce que ça va dépendre, mais ça se présente comment ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai fait ce choix à l'ouverture de le brin d'éveil de... pas communiquer du tout, je ne suis pas une grande communicante je fais un réel effort aujourd'hui avec toi parce que et pas parce que je n'aime pas parler de ce que je fais au contraire je pense que ça se sent, j'adore parler de ce que je fais mais parce que j'ai du mal à dire non en fait. Aujourd'hui cette année c'est la première année où on a une liste d'attente sur Brandeveil, on a 9 enfants en liste d'attente pour 14 enfants d'accompagner donc ça dit long du temps que ça mettra déjà pour pouvoir accueillir ces enfants là. Et je n'avais pas envie de faire de la pub, déjà parce que j'étais la première à le faire et que du coup je voulais voir à quel point ça marchait. Et depuis que je vois à quel point ça marche, parce que tant que je n'ai pas formé d'autres gens, je n'ai pas non plus l'ambition que ce soit trop connu et que du coup il y ait trop de gens à se casser le nez en cherchant de l'aide et que je ne puisse pas la fournir. Du coup je ne cherche pas particulièrement la communication sur... Sur Brun des Veilles, je n'ai pas été maître de flyer dans les institutions, je n'en ai pas parlé, je n'ai pas demandé à mes collègues d'orienter vers moi particulièrement. Ça s'est quand même fait tout naturellement, puisque depuis que Brun des Veilles est ouvert, mon planning a toujours été complet. Du coup, c'est les familles qui sont venues Ausha oreille les premières années. Et puis les familles faisant du bouche à oreille, les médecins ont commencé à en parler. Et maintenant, j'ai des structures. J'ai pas mal d'enfants qui viennent de structures de l'aide sociale à l'enfance sur les profils qu'on appelle enfants à besoins multiples, qui sont des enfants associant handicap social, handicap psy et handicap médical. Autisme, plasmas à laser, plus troubles psy associés. Et là, effectivement, c'est beaucoup dans les enfants, où il y a très très très... Sur notre territoire, je pense que c'est un peu partout, mais dans le Finistère, il y a très très peu de solutions.

  • Speaker #0

    d'accompagnement pour ces enfants-là. Et du coup, j'ai beaucoup de demandes sur cette partie-là. Et déjà, malheureusement, cette année, tu vois, j'en ai un et j'en ai quatre en liste d'attente sur ce profil-là. Et cette année, et depuis l'année dernière, on commence aussi à accueillir des structures, parce que même si j'en parle pas, eh bien, on parle entre eux. Et du coup, ils commencent à venir me chercher, sachant que je travaille aussi avec des structures sur la Forest School autour du feu sur laquelle j'ai été formée. depuis 8 ans, 9 ans, 8 ans je pense. Voilà, et du coup, il y a aussi des structures qui viennent maintenant par ce biais-là.

  • Speaker #1

    Et est-ce que du coup, c'est des accompagnements que tu fais à l'année pour les enfants ? Oui,

  • Speaker #0

    alors du coup, basé sur les clés de la pédagogie par la nature que tu connais bien, je pense, la récurrence et le temps lent, c'est mon meilleur ami. Enfin, déjà en tant qu'éducatrice spécialisée, c'est... une conviction. Si je vois peu les enfants, j'ai peu de chance d'avoir un impact sur leur évolution et sur leur parcours. Du coup, un des critères c'est la récurrence et le temps long. Donc la majorité des enfants viennent une fois par semaine et puis quand c'est financièrement ou logistiquement pas possible, c'est tous les 15 jours ou une fois par mois mais c'est le minimum. Je pense que je capturerai difficilement que ce soit moins d'une fois par mois parce que... Si, pour des accueils répit, parce que je fais aussi un peu d'accueil répit, mais sur une pratique éducative et thérapeutique, c'est le strict minimum. Et puis je vois bien que plus ils viennent, plus c'est efficace, effectivement. Maintenant, il y a la question du financement qui limite souvent l'accompagnement. Et du coup, en termes de durée, c'est très variable, puisqu'il y a des enfants... clairement avec des grosses grosses difficultés où je ne m'attends pas à avoir réglé leurs difficultés et où je sais qu'ils vont être présents sur brun d'éveil aussi longtemps qu'ils en auront l'envié le besoin et qu'on sera d'accord sur qu'ils viendront avec plaisir quoi et des enfants je découvre ça dans la pratique par rapport à l'accompagnement domicile que j'avais avant j'ai des enfants qui sortent de brun d'éveil qu'ils vont bien et qu'ils n'ont plus besoin de moi et c'est C'est aussi magnifique que difficile, après des années d'accompagnement, les voir voler leur propre aile, c'est quand même des moments émouvant. J'ai ma première bénéficiaire qui est arrivée il y a 5 ans, tu vois, et qui a terminé la semaine dernière, en disant que bah, elle va bien, elle sait où elle va, elle a des projets, et du coup elle a plus... elle a envie de venir, mais elle a plus besoin de venir. Et du coup, c'est aussi beau de voir qu'il y a des enfants qui... qui se nourrissent de ce que je peux proposer à voir d'éveil et qui au bout d'un moment repartent à elles déployer.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Dans la forme, tu disais tout à l'heure que vous faites de l'accompagnement un pour un et de l'accompagnement en tout petit groupe. Est-ce que tu veux bien expliquer la différence entre ces... Ces ateliers-là, dans quelle mesure un enfant va plutôt être en atelier individuel ou plutôt en groupe ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, surtout que c'est vraiment la spécificité de Brandeveil, puisque ça ne se fait pas ailleurs. En fait, à Brandeveil, on accueille toujours au moins une première fois un pour un pour évaluer les besoins. Dans ma besace d'éducatrice spécialisée, j'ai plein d'outils d'évaluation et j'évalue effectivement les besoins. L'accompagnement un pour un, du coup, ça va être... Souvent des accompagnements hebdomadaires où on va travailler toutes les compétences intrinsèques déjà. Tout ce qui est estime de soi, confiance en soi, régulation et conscience de ses émotions, habilité motrice fine, motricité globale, etc. Et ensuite sur les groupes, on a un groupe qui est un groupe d'habilité sociale. Moi je milite pour les groupes d'habilité sociale qui sont des enfants. autistes et TTH puissent se faire dans la nature et par le jeu directement. Là on va être du coup sur du petit collectif mais notre curseur et les outils qu'on va mettre, qu'on va leur déposer discrètement dans l'environnement sont plus à viser de travailler les compétences sociales, la prise de parole, l'expression de ses besoins, la gestion de conflit, la posture vis-à-vis des autres. le langage. Sur le papier, le contenu d'une séance est globalement le même, puisque c'est des séances de pédagogie par la nature classique. On arrive, il y a un petit rituel de bonjour, on fait un petit point des émotions de comment on va, et ensuite c'est du jeu mené par l'enfant. avec des propositions dans l'environnement, mais c'est toujours du fait de mener par enfant, de la même manière que ce soit un collectif ou un individuel. La différence, c'est plus mon regard porté à moi et les propositions discrètes que je vais choisir d'amener pour développer telle ou telle compétence chez l'enfant.

  • Speaker #1

    Ok. Tu disais tout à l'heure que toi, enfant, tu as eu ce besoin de nature et que tu allais te ressourcer et... en nature, est-ce que il t'est déjà arrivé d'accueillir des enfants pour qui cette immersion en forêt, dans ta prairie, était difficile au démarrage ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai eu, oui, parce qu'il faut dire la réalité, on est aujourd'hui dans une société où il y a beaucoup d'enfants qui sont déconnectés de la nature et qui passent très peu de temps dehors, et alors tant qu'on est en juin ou en septembre et qu'il fait chaud, doux, Ça va et encore ça va non parce que c'est la période des petites bêtes et qu'il y a beaucoup d'enfants qui sont plus habitués aux petites bêtes. Donc j'ai des enfants, on est quand même dans le Finistère, donc j'ai quand même des enfants qui sont assez en contact avec la nature par rapport à d'autres forest schools qui sont dans des zones plus urbaines. Mais il y a beaucoup d'enfants qu'on accueille et qui dans un premier temps sont, et ça fait partie de ma spécificité en intégration sensorielle, qui sont en difficulté. Avec le fait d'être mouillé, avec le fait d'être sale, avec potentiellement le vent fort, avec, enfin, tactilement, c'est vrai que l'accueil en nature, pour des enfants avec des troubles d'intégration sensorielle, c'est un vrai challenge. Et c'est pour ça que Pédagogie par la nature dit motivation intrinsèque. Un enfant qui n'aurait pas de motivation à être dehors du tout, ça n'aurait pas de sens de l'accompagner sur la Forest School. Maintenant, les enfants que j'accueille, j'en ai de nombreux, qui ont des gros troubles d'intégration sensorielle, et pour qui, à l'arrivée... et bah dès que ça Ausha, dès qu'il y avait un petit peu des clagoussures ou dès qu'il y avait des choses sales à toucher c'était compliqué et puis mon parti privé et qui est celui de beaucoup d'herbaux aussi c'est que en fait les particularités sensorielles on peut faire ce qu'on appelle de l'habituation et du coup avec la motivation intrinsèque donc la grande motivation de faire des choses et dans le cadre du groupe d'habité sociale c'est particulièrement parlant parce que la motivation d'être ensemble Chez beaucoup d'enfants, elle est hyper prédominante. Et du coup, pour le plaisir de jouer avec les copains, on arrive petit à petit à oser mettre les mains dans la gadoue, petit à petit à oser faire du ventrigling, c'est se retrouver tout crampé, petit à petit, tu vois, faire de la pâte à pain et se retrouver avec de la farine sur les mains. Et comme c'est toujours à l'initiative de l'enfant, basé sur l'autodétermination et jamais forcé. et bien ça permet en fait, c'est un des leviers qui permet la rééducation des particularités sensorielles. Et là j'ai comme exemple flagrant ma propre fille qui a des troubles sensoriels importants et qui toute petite a été incapable de poser les pieds sur l'herbe nue ou même les pieds sur le sable, c'est pour te dire, et qui maintenant est une des amoureuses de la grimpe d'arbres trempées, de la cuisine de la bagadou et des batailles de feuilles mortes trempées. Donc on est très loin ! de ses particularités étant toute petite. Et du coup, là, je l'ai vue au jour le jour, l'évolution, parce qu'elle a une immersion intensive, mais c'est ce que je constate sur tous les enfants avec des particularités sensorielles, c'est que la motivation à être là met le cerveau en état de disponibilité, d'essayer et du coup de se désensibiliser petit à petit. Sachant qu'en Forest School, le sens qui pose question, c'est vraiment le toucher. Puisque auditivement, on est quand même beaucoup moins sur sollicité qu'en intérieur, visuellement également. En fait, il y a peu de surcharge sensorielle en nature qui se pose à part celle du toucher. Et là, c'est un espace où c'est la motivation intrinsèque qui va faire la rééducation.

  • Speaker #1

    Tu as parlé plusieurs fois d'outils et je suppose que tu en as plein dans ta mallette et que tu adaptes en fonction des besoins des enfants. Mais est-ce que tu peux nous en citer quelques-uns, peut-être parmi ceux que tu utilises le plus souvent ou que tu trouves les plus puissants ?

  • Speaker #0

    Oui. Le problème, c'est que je me rends compte en montrant la formation que maintenant, je suis très peu consciente de mes outils à force de rodage. Et du coup, ce n'est pas forcément simple d'en citer. L'intégration sensorielle est un de mes outils. En fait, c'est plus des outils de... connaissance des outils en outils pragmatiques sur le terrain. Il y a tout ce qui est les outils d'adaptation du langage, notamment pour l'inclusivité, par exemple. Je signe énormément pendant mes séances, c'est devenu naturel avec les années de soutenir la communication avec des signes. Il y a un maximum d'enfants à pouvoir se saisir de ce que je dis et j'ai aussi beaucoup d'outils visuels depuis toujours. À chaque nouvel accueil, il y a un emploi du temps visuel à disposition, il y a des pictogrammes présentant les différentes possibilités sur le site. Donc ça c'est un outil que je peux facilement expliciter et montrer. Et ensuite il y a des outils qui sont maintenant devenus excessivement discrets et qui sont plus difficiles à présenter. Moi j'ai travaillé en analyse du comportement pendant 10 ans, ce qu'on appelle l'ABA, qui a ses détracteurs parce que c'est la base de conditionnement, mais surtout il y a une grande partie observation et analyse des comportements et de ce qu'ils peuvent apporter. Et ça par exemple aujourd'hui c'est toujours très présent dans ma pratique, plus j'ai plus besoin de comment en ABA. en structure de renforcateur, on dit, tangible. Enfin, je n'ai plus besoin d'objet pour renforcer les enfants, en fait. Juste le fait d'être là, c'est le renforcateur. Mais dans ma lecture de mes séances et dans l'analyse de ce qui se passe, et dans mes leviers, c'est de prés-utiliser. Pour te donner un exemple pratique, par exemple, j'ai un enfant qui est arrivé il y a trois ans avec des gros troubles du comportement et ce qu'on appelle un top, un trouble de l'opposition et de la provocation, qui faisait que dès qu'on posait une consigne, en général, il faisait l'inverse. Et puis il lançait tout et puis voilà, il avait des comportements qui faisaient que c'était très compliqué à la maison, très compliqué en collectif. Et ce petit garçon-là, sa passion absolue en arrivant, ça a été de découvrir le fait qu'il pouvait allumer le feu. Oh là là, bonheur intense. Et à partir de ce moment-là, du coup, on analyse du comportement, c'était très simple. Pour pouvoir allumer un feu, il faut être calme. C'est impossible d'allumer un feu... en s'agissant dans tous les sens ou en mettant la consigne à mal, puisque c'est directement sa sécurité qui le mettait en jeu. Donc, ce n'était même pas une injonction de ma part. C'était juste une réalité pragmatique. Si tu allumes le feu et que tu fais n'importe quoi, ça va faire mal. Comment on fait pour faire ça ? Et du coup, cet enfant a commencé à réfléchir avec moi au moyen de réguler son corps pour arriver dans les bonnes dispositions pour être capable d'écouter. Et ensuite, à dérouler lui-même comment les grandes règles de... le PN, prendre soin de soi, prendre soin de la nature et prendre soin des autres. Et du coup, à construire son propre rapport à sa séance et à développer sa propre pensée sur, OK, alors moi, j'ai vraiment envie de faire du feu. Comment je vais faire avec mes besoins pour le faire et être en sécurité ? Et du coup, à développer des trésors de contrôle, de patience, de persévérance et d'écoute juste. pour la motivation d'allumer ce feu et de faire des choses avec. Moi, je le traduis en analyse de comportement avec, j'avais le renforçateur absolu dans l'activité pour que cet enfant vienne développer les compétences que tout le monde voulait qu'il développe. Et ça a marché excessivement bien. Cet enfant, il est resté un an et demi sur la Forest School. Et ensuite, il était tellement impeccable en termes de comportement avec moi que je suis passée à domicile faire de la vie dans ce parental parce que... Sa motivation à être parmi nous sur la Forest School était tellement grande que du coup, il avait développé toutes les compétences de le faire et qu'il fallait juste les généraliser. Et maintenant, c'est un enfant qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de comportement, toujours un peu, mais ça se passe bien à l'école, ça se passe beaucoup mieux à la maison. Et voilà, parce qu'il a développé les compétences dans un cadre naturellement motivant. avec tout ce qui nourrissait son cerveau et son système sensoriel. Et du coup, à partir de là, une fois la compétence acquise, il faut la générer. Voilà, donc ça, c'est deux gros outils qui me servent au quotidien sur Brun d'éveil. Et maintenant, tous les outils de la pédagogie par la nature. Donc, avoir un registre d'activités canaurie qui me permettent d'être ultra flexible sur mes séances. Ça, c'est un peu une des spécificités aussi en pédagogie par la nature adaptée et thérapeutique. C'est que du coup, un pour un, eh bien... je ne peux pas arriver avec une ou deux propositions d'activité et si l'enfant ne veut pas je sais pas quoi faire donc il faut il faut avoir un registre et une grande grande flexibilité pouvoir partir de l'état de l'enfant ce jour là ses besoins sa réalité voilà ce que j'ai envie de dire la prise de risque mesurée est un outil incroyable pour l'accompagnement thérapeutique et éducatif aussi parce que parce que la réalité c'est que les enfants ont besoin spécifique ils arrivent avec souvent une estime de très très dégradée et une très très faible conscience de ce qu'ils sont capables de faire et de comment le faire, et des limites de leur part. Et du coup, l'accompagnement à la crise de risque mesurée est un espace d'évolution incroyable pour beaucoup d'enfants.

  • Speaker #1

    Elles durent combien de temps tes ateliers, tes séances en un pour un ? Ça dure combien de temps ?

  • Speaker #0

    En général, c'est deux heures. La majorité, c'est plus court pour des enfants avec une grosse, grosse fatigabilité, évidemment. J'ai des enfants qui font une heure, une heure et demie et souvent, la séance s'arrête avant, s'ils demandent de l'arrêter avant, c'est déjà trop.

  • Speaker #1

    Ok. Et la tranche d'âge, on n'a pas du tout parlé, grosso modo, de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #0

    Oui, alors voilà. j'ai reçu des... En fait, pour l'instant, je ne reçois pas d'adultes en accompagnement de la petite individuelle, mais j'ai reçu des moins de 3 ans avec leur assistante familiale. J'ai des grands ados autistes non-verbaux de 15-16 ans. Voilà. Donc, tous les âges. La particularité, c'est qu'en dessous de 6 ans, je reçois avec les parents pour une question de cadre légal.

  • Speaker #1

    OK. Et bien, puisque tu en parles, je voulais savoir justement quelle est la place et la relation que tu as, que les familles occupent dans cet accompagnement. Donc là, tu dis que d'un point de vue légal, les parents doivent être présents, mais plus globalement, comment ça se passe avec les familles ? Quels liens tu tisses dans tout ça ?

  • Speaker #0

    C'est une très bonne question parce qu'en plus, c'est une question... qui est vraiment la base de ma pratique d'éducatrice spécialisée. Je suis un peu, enfin je suis très militante sur ce sujet, puisque au lieu de travailler en structure, j'ai choisi dès le début de ma carrière de travailler à domicile auprès d'enfants autistes, ce qui n'est pas une pratique classique en éducation spécialisée, mais parce que j'ai la conviction profonde que le spécialiste d'un enfant, ce n'est pas le pédiatre, ce n'est pas le neuropsychiatre, c'est son parent. Du coup, c'est vraiment... pour moi absolument essentiel et la base dans tous mes accompagnements, de le faire en lien avec les parents, de travailler ensemble, de définir les objectifs ensemble. S'il y a des choses qui ont besoin d'expliquer plus ou d'accompagner, que je puisse aller à la maison aussi accompagner. Il y a beaucoup d'enfants à voir un déjaille, j'irai presque la moitié où j'interviens autant sur la Forest School que je ne peux pas. on peut aller faire des plans à la maison quand il y a besoin. Et de la même manière pour les structures où les enfants sont placés, j'accompagne les équipes aussi, en plus de l'accompagnement à brin d'éveil, parce que pour moi, ça n'a pas de sens. Si, bien sûr, ça a du sens, mais ça a énormément de limites, d'accompagner un enfant pendant deux heures et de le renvoyer chez lui en espérant que ce qu'on a bossé pendant deux heures, hop, ça va passer dans le quotidien, sans être repris une seule fois dans la semaine. Donc pour moi, c'est essentiel que ce soit un travail de collaboration. avec les parents et puis aussi ça fait 13 ans que je travaille dans ce milieu là et je connais la réalité de vie d'un parent à besoin spécifique et puis je m'en suis devenue une moi aussi au passage, je la connais intimement maintenant et souvent un des leviers d'évolution des enfants c'est clairement le soutien à leurs parents parce que parce que l'isolement et l'épuisement c'est pas un facteur aidant pour accompagner son enfant et souvent Juste savoir qu'on a un réseau autour de nous pour nous accompagner dans cette prise en charge, ça change énormément de choses dans le quotidien, dans les ressources qu'on arrive à mobiliser, parce qu'on sait qu'on n'est pas seul. Donc, Brun d'éveil est non seulement un espace d'accompagnement, mais l'association entière a à cœur que ce soit un lieu ressource pour les familles. Il y a un projet sur le haut de la pile actuellement, qui est de construire une cabane un peu isolée dans la nature sur le site. pour proposer des accueils répliques, non pas aux enfants, mais aux parents, par exemple. Des jours, nuits comprises, en pleine nature, pour un peu de ressourcement pour des familles qui sont souvent épuisées à juste titre parce qu'on a un système éducatif, une éducation spécialisée qui, malheureusement, aujourd'hui en France, touche fort à ses limites. Et du coup, il y a beaucoup de gens qui... qui ont très peu de solutions ou reçoivent des accueils pas très bienveillants et qui, du coup, ont vraiment besoin de ces espaces.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais qu'il y a certains enfants pour lesquels tu dis non parce que, suivant le lieu, pour leur sécurité. Est-ce que tu as déjà eu, au cours d'un accompagnement, est-ce que tu t'es déjà trouvée face à un enfant ? où les bras t'en tombent un peu et tu te dis, mais comment je... Tu vois qu'il n'y a pas d'évolution ou en tout cas des blocages. Est-ce que tu as déjà rencontré ces difficultés-là ?

  • Speaker #0

    Il y a deux choses. Déjà, tous les enfants ne répondent pas de la même manière à la pédagogie par la nature. Il ne faut pas se leurrer. Je pense qu'on n'est pas le professionnel idéal pour tous les enfants. Et la pédagogie par la nature n'est pas l'outil magique pour tous les enfants. Donc il y a des enfants où c'est hyper... Dès la première séance, je sais que ça va être très efficace et que ça va marcher à fond. Et d'autres où je vois que potentiellement, ce n'est pas le meilleur espace pour leurs besoins. Je suis très confortable pour réorienter si je vois que je ne suis pas le meilleur interlocuteur et que ce n'est pas moi qui vais aider le plus. Maintenant, que les bras m'en tombent, non, parce que mon parcours, en fait. J'ai été habituée à travailler avec des enfants particulièrement challengeants et c'est ça que j'aime. J'aime les enfants particulièrement difficiles à aller rejoindre ou créer du lien particulièrement complexe. Et quand on y arrive, c'est particulièrement grandiose. coup et du coup il ya il ya eu un enfant en cinq ans où j'ai dû mettre fin à la prise en charge parce que justement il a réussi à traverser un mur de ronces de mettre de haut que j'avais prévu comme limite de gestion de fugue parce que j'ai pas envie de mettre du barbelé et du grillage dans mon site et que je considérais que de mettre devant 6 ans et il lui est passé au travers et là du coup j'ai dû stopper l'accueil parce que je ne peux pas garantir sa sécurité, mais c'était un accueil génial, même si c'était un enfant très challengeant. Mais voilà, je veux garantir des conditions de sécurité, donc vraiment mon sens interdit, mon stop, c'est vraiment une question de mise en danger. Si la mise en danger des enfants, si les enfants se mettent en danger sur le site, et que je n'ai pas d'outil, de levier pour faire évoluer ça, parce que les enfants qui se mettent en danger... Sur les accompagnements que je fais, il y en a beaucoup qui cherchent à se mettre en danger sur les premiers temps, mais j'ai une évaluation des risques qui est très bien faite et plein d'outils pour faire diminuer ces comportements-là rapidement. Donc ça ne me dérange pas. Par contre, si je n'ai pas de levier pour les faire évoluer, alors là, je ne sais pas. À court de solutions, l'association ne veut pas investir dans un mur solide. Donc voilà, je dis arrêtez, mais c'est la seule fois vraiment.

  • Speaker #1

    Ok. Tiffaine, on arrive à la fin de notre échange. Ça passe vite, une heure.

  • Speaker #0

    Super vite.

  • Speaker #1

    Tu le disais tout à l'heure que tu as vraiment envie d'offrir aux professionnels de santé cette fenêtre de la pédagogie par la nature. Mais effectivement, c'est un parcours qui peut être un peu long parce qu'il faut d'abord aller explorer la PPN pour ensuite... mêler tout ça. Aujourd'hui, s'il y a des personnes qui nous écoutent, qui ont envie de démarrer un peu là-dedans, est-ce que tu aurais des conseils, des choses à leur partager ? Comment se lancer ? Ou aller chercher éventuellement des outils ? Où est-ce qu'elles peuvent trouver des premières réponses, en tout cas, des premières informations sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Je suis un peu partie prenante de cette question-là.

  • Speaker #1

    Mais vas-y.

  • Speaker #0

    Je suis formative sur les autres pédagogies par la nature, donc j'imagine que mon avis n'est pas très neutre. Ma première réponse serait très naturellement, pour moi, être pédagogue par la nature, c'est un vrai métier. Ne vous amusez pas nécessairement à aller mettre un enfant autiste en nature en accompagnant de la prise de risque mesurée sans avoir été formé à l'accompagnement de la prise de risque mesurée. Je sais que je suis pour qu'on mette les enfants dehors maintenant être sur du jeu libre en nature avec tout profil sans formation poussée ben moi ça me questionne parce que mine de rien dans la nature il n'y a pas de gros risques quoi un enfant qui met tout à la bouche et qui mettrait une plante toxique à la bouche enfin bref les risques qui sont importants et du coup mon conseil il est clairement de se former vraiment bien déjà parce qu'une fois formé vraiment bien La posture qu'on peut avoir en séance, elle n'a rien à voir. Moi, je ne me suis jamais sentie en insécurité en séance, par exemple. Et j'ai beaucoup de retours de professionnels qui n'ont pas fini leur formation, qui me disent « oui, mais du coup, je n'arrive pas à être détendue, j'ai peur qu'il se passe ci, ci, ci, ça » . Oui, nécessairement, quand ça n'a pas été évalué, j'ai dû me faire surprendre une fois en cinq ans sur une prise de risque que je n'avais pas envisagée. Et elle a un protocole écrit maintenant pour cette prise de risque là parce que je ne l'avais pas imaginé. Et du coup maintenant si elle se reproduit, je suis totalement tranquille parce que je sais que... que ça a été mesuré et protocolé, que tout est écrit sur comment ça peut subvenir et comment je vais l'accompagner quoi qu'il arrive. Et du coup moi je travaille en complète sérénité et vraiment totalement disponible à la relation parce que j'ai cette formation là et ces outils là derrière moi et du coup je conseille vraiment à n'importe qui a envie de se lancer là dedans, de partir sur une formation.

  • Speaker #1

    Et de prendre le temps et qu'effectivement, ce n'est pas pour rien que c'est des formations qui font... Oui, c'est ça. Ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de demandes qu'il faut se précipiter et qu'au contraire, c'est à nous d'intégrer aussi. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais même pire parce que, je me suis fait cette réflexion cette année, répondre à un besoin sans y être préparé, c'est une manière de prendre... C'est prendre le risque que ça ne marche pas et que du coup, cette cartouche-là... se guérir pour ça, cet enfant-là, ça aurait pu l'aider, mais si elle est mal appliquée parce qu'on n'est pas prêts, eh bien, il y a rarement des familles qui tentent deux fois, en fait. Ils tentent une fois, ça se passe mal, ils ne retentent pas. Et du coup, c'est un outil qui ne sera plus investi par ailleurs. Donc, il vaut mieux se sentir solide et en confiance pour commencer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un point ? que j'aurais oublié d'évoquer, que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'on a fait le tour ?

  • Speaker #0

    Non, aujourd'hui, on a la chance d'être un peu soutenus. Je parlais du financement pour les parents. Du coup, il y a des familles qui ont réussi à avoir des financements par la maison départementale du handicap pour les accompagnements à bon détail. J'attends qu'il y ait plus de professionnels qui s'installent. Et avec qui je puisse travailler en réseau pour convaincre la MDPH que la pédagogie par la nature thérapeutique et éducative est un outil à faire reconnaître. Et petit appel, du coup, s'il y a des universités qui veulent faire des études scientifiques sur l'impact, des études françaises, parce que l'HAS a besoin d'études françaises pour reconnaître des choses, eh bien, Brun de Veil est très ouvert à accueillir des professionnels qui viennent valider l'impact de la pratique qu'on a. Voilà, c'est ça que je rajoute.

  • Speaker #1

    Tu n'en as pas eu encore ? Les gens ne sont pas venus te voir pour justement évaluer tout ça ?

  • Speaker #0

    J'ai une demande pour une thèse pour l'année prochaine. On va voir si ça se met en place. On avait un projet avec une université, mais ça ne s'est pas fait non plus. Donc moi, aujourd'hui, comme j'ai à cœur de faire reconnaître, j'ai créé beaucoup d'outils d'évaluation, mais qui pour l'instant restent en interne. Mais le jour où on vient me chercher, je peux fournir. des évaluations codifiées, réglementées, et en fait, par les parents et par les professionnels, on va montrer l'évolution des enfants sur la Forest School, parce que oui, dans le métier d'éducateur spécialisé, on a besoin de chiffres et de résultats. Ce n'est pas le propre de la PPN, effectivement, de viser un objectif. Je ne vise pas d'objectif en soi, mais par contre, d'évaluer l'efficacité et le résultat, l'impact. de notre pratique. Et du coup, ce serait intéressant d'avoir des études de terrain.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. De manière générale, c'est vrai qu'en France, on a besoin d'études sur la PPN largement et évidemment encore plus sur des domaines qui demandent une évaluation pour une prise en charge derrière. Ça commence tout doucement. On voit qu'il y a des chercheurs et des chercheuses qui quand même... lèvent une oreille et se disent, tiens, ça peut être intéressant d'aller... Il se passe des trucs par là-bas, allons voir. Mais

  • Speaker #0

    OK. Sur la PPN Thérapeutique, on est presque moins en retard que d'habitude, tu vois. Parce que c'est en... Ah ! On est... La France est... Enfin, du coup, il y a quelques professionnels en France et il n'y a pas des milliers d'études outre-Atlantique non plus. Sur le TDAH, je commence à y en avoir pas mal sur l'impact... L'impact sur l'attention et la régulation des émotions, il y en a beaucoup, ça y est. Sur l'autisme, j'en ai trouvé une ce matin, il y a six mois, il n'y en avait pas, donc c'est une des premières. D'ailleurs, dites très bien ce qu'on a dit là, oui, ça peut être un outil génial avec la limite de tous les enfants autistes ne sont pas nécessairement bien dans la nature. Il commence à y en avoir, mais je les ai écrites avec moi. Il n'y en a pas des milliers non plus au niveau mondial. Donc, on n'est pas si en retard que ça en France. Mais il n'y en a aucune de française, par contre. Donc, il faudrait en rajouter une française.

  • Speaker #1

    Oui. En même temps, tu disais, il y a encore cinq ans, tu étais toute seule. Pour qu'il y ait des recherches, il faut aussi qu'il y ait de la petite.

  • Speaker #0

    J'ai parlé à la pédagogie par la nature en France. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Bon, petit pas par petit pas. Merci beaucoup Tiffen pour nous avoir partagé ton expérience ta pratique et écoute alors moi je suis dans les Hautes-Alpes donc c'est toujours l'exploration pour venir dans le Finistère mais je repasserai c'est certain et du coup je te ferai peut-être signe à ce moment-là parce que j'avais bien envie de venir te rencontrer déjà et puis de voir ton lieu et merci Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram, sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode, rappelez-vous, sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. A très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentations

    03:56

  • Souvenirs d'enfance en nature

    05:26

  • Parcours et création de Brins d'Eveil

    06:50

  • Le lieu d'accueil à Brins d'Eveil

    11:37

  • La question de l'accessibilité en forêt

    14:04

  • L'équipe de Brins d'Eveil

    17:27

  • Une prise en charge globale

    22:56

  • Le profil des enfants accueillis

    24:31

  • Le cadre des accompagnements

    27:38

  • Séances collectives et séances individuelles

    33:10

  • Des démarrages difficiles

    35:29

  • La boîte à (bons) outils

    39:06

  • La collaboration avec les familles

    46:12

  • La nécessité de se former

    52:23

  • Faire avancer la recherche

    56:02

  • Conclusion

    01:00:00

Description

Aujourd'hui, je reçois Typhaine, fondatrice de Brins d’Éveil, une Forest school pas tout à fait comme les autres, située en Bretagne.


Educatrice spécialisée et pédagogue par la nature, Typhaine accueille sur son lieu des enfants à besoins spécifiques, notamment dits neuroatypiques (TSA, TDAH, troubles du comportement...).


Dans cette échange, elle nous partage :

  • Son parcours et l'histoire de sa structure

  • Son approche de la pédagogie par la nature adaptée aux enfants qu'elle accueille.

  • Les spécificités de ses accompagnements, alternant entre séances collectives et séances individuelles

  • Enfin, les outils qu’elle utilise pour soutenir les enfants dans leur développement et leur épanouissement.


Un travail qui mérite d'être connu par le plus grand nombre tant il est nécessaire et urgent de questionner et de favoriser la bonne prise en charge thérapeutique de ces enfants extraordinaires.


Si vous souhaitez soutenir l'association Brins d'Eveil et lui permettre notamment de développer des formations auprès des professionnel.les de santé, vous pouvez faire un don en cliquant ici.


Pour retrouver toutes les références de Typhaine, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute à toutes et à tous 🌱



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Enfance en Nature, le podcast qui explore l'éducation en plein air sous toutes ses formes. Je m'appelle Claire, je suis pédagogue par la nature et ici, je tends le micro à celles et ceux qui permettent aux enfants de vivre des expériences de plein air. Éducateurs, animatrices ou encore professeurs des écoles, Les profils de mes invités sont nombreux, l'occasion d'explorer ensemble des pratiques différentes dans des cadres variés, mais qui tendent toutes vers un même objectif, permettre aux enfants et aux plus âgés de passer un maximum de temps dehors. Il m'arrive aussi parfois de prendre le micro seul pour partager avec vous des réflexions ou des outils concrets de pratiques et de terrain. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à lui donner un petit coup de pouce en vous abonnant, en laissant un avis et en le partageant autour de vous afin que nous fassions grandir cette belle communauté tournée vers le dehors. Merci d'être ici avec moi, je vous laisse découvrir l'épisode du jour. Aujourd'hui, je vous invite à découvrir une dimension encore trop méconnue de la pédagogie par la nature, et pour cela je reçois Tiffen, éducatrice spécialisée et fondatrice de Brun d'éveil, la première forest school thérapeutique en France. Tiffen accompagne des enfants extraordinaires, chacun avec ses besoins et ses défis, et ce, dans un environnement naturel sécurisé. et sécurisant, pensée pour leur offrir un espace de liberté et de découverte. Alors pour comprendre ce qu'est une forest school thérapeutique, Tiffen nous partage son approche de la pédagogie par la nature, son quotidien avec les enfants, ainsi que les outils qu'elle utilise pour les accompagner au mieux. Dans un contexte où bien souvent en France, les familles rencontrent des difficultés dans la bonne prise en charge de leurs enfants, jusqu'à parfois s'entendre dire qu'aucune solution ne peut leur être apportée, Tiffen montre au contraire qu'il est possible d'accompagner ses enfants et leurs parents en leur offrant le temps et l'attention dont ils ont besoin. Et en l'écoutant, nous comprenons aisément dans quelle mesure la pédagogie par la nature offre un cadre propice au développement et au bien-être de ses enfants. Pour tout vous dire, à la fin de mon échange avec Tiffen, j'étais très émue parce que je connais beaucoup d'enfants et de familles qui sont en grande souffrance face aux difficultés que rencontrent ces enfants au quotidien. Et pour avoir la chance moi-même d'en accueillir régulièrement au bois, je sais à quel point cet accompagnement-là est précieux pour beaucoup d'entre eux. Et depuis plusieurs années, Tiffen... par sa présence et son investissement, ouvre des portes et montre qu'il est possible d'accueillir ses enfants dans un espace où ils se sentent compris, valorisés et dans lequel ils peuvent grandir tout simplement. Et je suis très heureuse d'avoir eu l'occasion de mettre en lumière son travail qui est bien connu au sein du réseau de pédagogie par la nature, mais qui mérite de l'être bien au-delà. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Tiffaine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast. Ça fait quelques mois qu'on bataille avec nos plannings pour réussir à nous caler une date. Donc je suis très contente qu'on y soit enfin arrivés et qu'on ait ce temps d'échange toutes les deux. Alors j'ai accueilli il y a quelques semaines Anna. qui est psychomotricienne et qui, depuis quelques années, fait une partie de ses séances avec les enfants en forêt. Donc elle mêle psychomotricité et pédagogie par la nature. Et toi, tu es éducatrice spécialisée et pédagogue par la nature. Donc on va pouvoir aller encore plus loin dans la question de l'accueil en forêt des enfants qui présentent des difficultés quelles qu'elles soient. On va pouvoir approfondir tout ça ensemble. Pour commencer... Est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu es installée et préciser le nom de ta structure pour que tout le monde puisse t'identifier ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors, moi, je suis donc Tiffaine Gaillard. Je suis la créatrice de l'association Brun d'éveil qui porte une forest school dite thérapeutique et éducative à Pambule et qui mère dans le Finistère, en bord d'Aulne-Maritie.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, avant qu'on entre... Dans ta pratique, je te pose ma question rituelle de début de discussion. Tiffaine, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, pour poser un petit peu le contexte, je suis une enfant à particularité moi aussi, parce que j'ai un TDAH, je connais bien mon sujet. Et du coup, mon lien à la nature était crucial, je veux dire, et c'est pour ça que je me bats pour... pour ça un petit peu aujourd'hui. C'est-à-dire que j'ai passé la plus grande partie de mon enfance beaucoup dehors. J'ai eu la chance de grandir dans une famille pour qui la nature était importante aussi. Du coup, j'ai grandi beaucoup sur l'eau et beaucoup en pleine nature à la campagne aussi, avec une maison de campagne et du coup, avec la possibilité de nourrir énormément mon besoin de mouvement, mes besoins sensoriels également. Voilà, ça fait partie des souvenirs positifs de mon enfance. Dès que c'était en nature, c'était tout de suite plus positif et tout de suite plus équilibré. Donc, comme tout le monde, des souvenirs émus, joyeux et riches et nombreux.

  • Speaker #0

    Du coup, je devine un petit peu l'origine de la création de Brun d'éveil. Mais justement, pour qu'on comprenne ton cheminement, Est-ce que tu veux bien nous parler de ton parcours, de tes études jusqu'à la création de cette structure ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, surtout que ça remonte de loin, parce que aussi loin que je me souvienne, tu vois, à 12 ans, je disais déjà que quand je serais grande, j'accueillerais les enfants avec handicap dans la nature, c'était le projet initial. Waouh ! Et j'ai très longtemps à trouver le bon chemin pour faire ça, parce que le modèle des fermes pédagogiques ne correspondait pas forcément à mon ambition. J'avais vraiment... Vraiment, c'est l'idée d'être avec les enfants dans la nature et pas dans une pratique de transmission de savoirs. Du coup, j'ai juste suivi les pas les uns après les autres. À savoir que j'ai commencé à travailler auprès d'enfants handicapés à 12 ans, justement, j'étais bénévole auprès d'enfants INC. Et du coup, d'abord, comme tout le monde un petit peu, j'ai fait de l'animation avec des enfants avec handicap en séjour. Et puis, je me suis orientée vers le... d'éducatrice spécialisée pour me former à l'accompagnement de ces enfants là donc je suis diplômée depuis 14 ans maintenant j'ai travaillé ensuite en individuel à domicile auprès d'enfants autistes pendant enfin depuis depuis 14 ans je travaille toujours en individuel auprès d'enfants autistes et puis j'ai continué à chercher et en 2016 j'ai acheté un lieu magnifique arboré en bord de bord de mer avec un grand terrain de 2 hectares et demi avec l'idée d'accueillir du public sur cet endroit là et en continuant à chercher encore et encore la pédagogie qui pouvait correspondre à ce que j'imaginais j'ai rencontré Julie Ricard la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française voilà qui n'était pas encore la fondatrice du réseau de pédagogie par la nature française à l'époque qui a fait ses premiers ateliers en France sur mon site notamment et puis et puis nos discussions ont amené à un constat qu'on était parfaitement d'accord sur cette pédagogie, sur la manière d'appréhender l'accompagnement des enfants, quel que soit leur profil avec ou sans handicap. Et du coup j'ai enfin trouvé le lien entre ce que je voyais depuis toute petite et ce que je voulais faire réellement. Et du coup je me suis formée d'abord en tant que pédagogue par la nature et ensuite via l'Angleterre en accueil thérapeutique et éducatif en pédagogie par la nature. engrouper en un pour un, ce que je pratique maintenant sur Brun d'éveil depuis cinq ans.

  • Speaker #0

    Ok. Quand on arrive sur le site internet, Brun d'éveil est présenté comme étant la première, et pas une Forest School, la première Forest School à viser thérapeutique et éducative. Est-ce que tu veux bien expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, c'est quelque chose qui se fait pas mal, notamment en Angleterre. Il y a beaucoup de forest school à visiter, à petit cas éducatif en Angleterre. Je n'ai pas trouvé. D'équivalent France pour l'instant, enfin pas il y a cinq ans en tout cas, maintenant ça commence à essaimer, mais en fait la petite particularité c'est effectivement sur Brun des Veilles que j'accueille des enfants soit en 1 pour 1, ce qui se fait pas dans les forest school classiques, soit en tout petit groupe, tu vois là c'est à dire on a un groupe on a dix enfants mais on a cinq adultes pour dix enfants et du coup sont mêlés à la pratique en pédagogie par la nature. avec les mêmes bases que dans n'importe quelle forest school, tous les outils de l'éducation spécialisée, donc tous les outils de communication alternative, tous les outils de régulation des comportements, etc. Plus une partie, du coup, via laquelle je me suis formée via l'Angleterre, sur les outils d'accompagnement thérapeutique du cours. Voilà, et du coup, c'est quelque chose qui m'est beaucoup venu. du Canada et d'Angleterre, puisque quand j'étais éducatrice spécialisée à domicile, un pour un, je travaillais beaucoup sur tout ce qui est intégration sensorielle avec des ergothérapeutes. Et en fait, aux États-Unis et en Angleterre, ça fait maintenant une petite dizaine d'années qu'ils se questionnent beaucoup sur les pratiques d'ergothérapie et d'intégration sensorielle directement en forêt et dans la nature. Et du coup, avant de rencontrer le réseau de pédagogie par la nature français, j'étais déjà dans cette recherche-là. Du coup, j'étais accompagnée et supervisée par des ergothérapeutes qui pratiquaient comme ça. La rééducation d'ergothérapie en forêt. Voilà un petit peu, je ne sais pas si ça répond à ta question.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Oui, oui. On va entrer dans le détail de tes accompagnements dans quelques minutes. Mais d'abord, à quoi ressemble ta Forest School ? Est-ce que tu veux bien présenter le lieu pour qu'on visualise ton cadre d'accueil ?

  • Speaker #1

    Je vais jamais vous y rendre. La forestie de Brun-des-Veilles, c'est un tout petit chemin qui mène quand on arrive chez moi. On a vraiment l'impression d'arriver en bord de Canada, en bord de grande rivière au Canada. Tu vois, cette espèce de zone vallonnée avec une énorme rivière au milieu et pas une seule trace d'être humain sur le chemin. Et du coup, c'est un terrain, une parcelle boisée avec une... entourée d'une haie classée pour le coup de chêne centenaire et du coup qui est assez à la fois fermée sur elle-même et à la fois il y a plein de possibilités de sortir et d'aller explorer la nature autour, ce qui correspondait bien aux enfants que j'accueille. Parce que voilà j'accueille des enfants avec des gros troubles du comportement, des risques de fugue etc donc il fallait un lieu un peu clos quand même qui permette cette réassurance et cette sécurité plutôt qu'une forêt ouverte. Et du coup ce n'est pas une forêt par contre, c'est on va dire une prairie très boisée avec des chênes centenaires et une partie qu'on replante au fur et à mesure en forêt comestible du coup, et en descendant dans ce lieu très vert et de plus en plus sauvage. Il y a cinq ans ce n'était pas si sauvage que ça mais ça avance et c'est vraiment beau. plus en plus sauvages, on arrive sur des installations très discrètes dans l'environnement, avec des filets dans les arbres pour pouvoir grimper. Et le cœur de la Forest School, qui est un grand cercle au milieu des bois, avec un parachute au-dessus et le feu pour nous rassembler, pour cuisiner, etc. Et une cuisine de la gadoue, pas très loin, à portier d'yeux, parce que les enfants de 20-20 ans ont besoin que les choses soient quand même assez proches les unes des autres. se sentir en sécurité. Une serre où on cultive un petit peu des plantes médicinales et des choses à utiliser pendant les goûters. Voilà, il y a plein d'endroits, des petites cabanes, des petits endroits pour se cacher et aller bricoler.

  • Speaker #0

    Ok. Et concernant l'accessibilité, moi, je vais te dire, ça a été une vraie difficulté que j'ai rencontrée quand... J'ai commencé à accueillir du public en forêt puisque pour accéder au bois dans lequel je suis installée actuellement, il faut emprunter un chemin qui est large mais qui commence par une petite côte qui fait 15 mètres mais qui est hyper raide. Et alors là en ce moment, avec le givre et puis quand il pleut, on se casse facilement la margoulette. Donc les petits bouts apprennent très vite à aller grimper avec les mains. Moi je suis en zone montagneuse, donc j'ai des espaces plats mais de différents niveaux. Donc c'est génial pour les petites pattes et pour aller gambader, mais pour certains...

  • Speaker #1

    C'est hyper favorisé comme ça. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait. Mais du coup, dès qu'on a lancé les ateliers, très vite, on a eu des familles avec des enfants porteurs de handicap moteur qui sont venues nous voir parce qu'elles avaient envie que les enfants viennent aux ateliers et savoir si on pouvait les accueillir. Et du coup, ça a vraiment été une difficulté pour nous. Et aujourd'hui encore, suivant... Les handicaps, on ne se sent pas d'accueillir parce que ça nous semble vraiment complexe et on n'a pas encore trouvé de solution pour rendre cet accueil facile. Est-ce que toi, tu as eu à faire des choses particulières pour faciliter cet accès, cette accessibilité ? Ou est-ce que dans ce que tu as pu voir en Angleterre où c'est davantage développé, comment est-ce qu'elle est prise ? en compte cette question de l'accessibilité en forêt, qui est quand même un endroit qui peut présenter un sacré challenge pour les enfants.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, ça dépend beaucoup. Il y a la réalité du site sur lequel tu travailles, qui induit nécessairement des réponses positives ou négatives avant de prendre des gens que tu peux accueillir. Moi, j'ai la chance d'avoir un terrain qui est quand même relativement plat. Et le parking est à l'entrée, et c'est une prairie, donc il n'y a pas forcément autant d'arbres. C'est beaucoup plus de l'herbe. donc les chemins sont plus facilement aménageables j'ai envie de dire après la question se pose pas de manière il n'y a pas d'obstacle à l'heure actuelle parce que je suis vraiment spécialisée sur tout ce qui est TSA et enfin autisme et troubles de l'attention avec hyperactivité et du coup le public que j'accueille dans les enfants avec autisme principalement ont des troubles de la motricité mais je n'ai jamais eu pour l'instant de demandes d'accueil avec fauteuil roulant notamment. Là, j'ai un partenariat avec une association pas très loin d'ici qui s'appelle Miago qui fournit des fauteuils adaptés pour le coup si jamais il y a besoin. Je sais que par exemple, l'année prochaine, on accueille Loisirs Pluriels qui est une structure de loisirs qui accueille tout le public. Peut-être que là, je verrai avec eux pour avoir des fauteuils adaptés. Mais je sais que les fauteuils adaptés passeront sur mon terrain parce qu'il est relativement plat, il n'y a pas de dormière. Tout est accessible à partir du parking. Ce n'est pas un frein à l'accueil.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    ça marche.

  • Speaker #0

    Alors, tu es à l'origine de la création de Brun d'éveil, mais tu n'es pas seule aujourd'hui à travailler sur ce lieu-là. Est-ce que tu veux bien nous présenter l'équipe qui est à tes côtés ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a l'équipe de l'association, parce que du coup, Brun d'éveil, c'est une association avec un super bureau qui gère. Il y a beaucoup de travail pour le coup parce qu'on a de plus en plus de demandes. Il y a beaucoup de devis, de paperasse et de dossiers à remplir. Un bureau assez critique qui représente autant, on a fait le choix d'avoir un bureau où les parents soient représentés, les propriétaires du terrain soient représentés et les professionnels. Donc du coup, on est cinq dans le bureau et il y a une maman d'enfant bénéficiaire, il y a moi-même en tant que représentante des professionnels. Il y a un éducateur jeunes enfants qui n'est pas dans la structure mais qui soutient le projet. Et il y a le propriétaire des lieux et ça marche très bien. Et ensuite, il y a l'équipe de terrain. Du coup, aujourd'hui, sur Brun d'Eveil, on est entre 5 et 7, j'ai envie de dire. Parce que Brun d'Eveil est aussi un site de formation. Et du coup, j'accueille beaucoup de bénévoles qui viennent se former. à l'approche thérapeutique et éducative et du coup des gens qui restent plus ou moins longtemps. Maintenant j'ai des gens qui sont là depuis longtemps, notamment Eva qui elle est de métier AESH et travaille auprès d'enfants autistes en UEMA, donc en classe maternelle adaptée et qui m'accompagne maintenant depuis trois ans et demi sur la Florey School, qui est une des professionnels rémunérés. Cette année on a aussi Julie qui démarre, qui est éducatrice spécialisée et qui qui est pédagogue par la nature depuis déjà trois ans sur d'autres sites mais qui commence là à se former en accompagnement individuel thérapeutique avec moi et avec ça on a une super psychologue et qui est bénévole depuis trois ans sur la structure et qui revient sur les ateliers de groupe et on a deux ou trois autres professionnels qui sont en train d'apprendre à se former qui sont bénévoles pour l'instant et du coup c'est une équipe qui grossit et une structure qui commence à Voilà, avoir des bases solides et une équipe solide, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Je suis persuadée qu'il va y avoir beaucoup de passages. Tu vois, moi, je suis très en demande du coup pour avoir des demandes de familles qui cherchent des solutions. Moi, j'ai entendu que cet été, tu as fait un module.

  • Speaker #1

    Attends, tu vois ce que tu as dit ?

  • Speaker #0

    Mon petit doigt qui me l'a dit et je me suis dit, ah super, ça y est, il va y avoir, il va se passer quelque chose. On va avoir, on va pouvoir nous aussi. nous former parce que clairement la demande elle est importante, il y a beaucoup de familles qui attendent que ça se développe et nous on a besoin de nous former quand on n'a pas suivi un cursus comme le tien quand je ne suis pas éducatrice spécialisée donc je fais au mieux avec mes petites lectures actuellement et beaucoup en discutant avec les familles évidemment mais je sens parfois que je manque d'outils donc c'est chouette effectivement je pense que... Brun d'éveil va forcément continuer à beaucoup bouger dans les prochaines années. On va venir chercher auprès de toi et auprès de toutes celles et ceux que tu accompagnes aujourd'hui et que tu formes des outils pour qu'on puisse, nous aussi, pouvoir accueillir au mieux ces enfants.

  • Speaker #1

    Il y a deux projets, effectivement. Il y a celui que j'ai bêta-testé l'été dernier, comme tu dis, qui est de faire une formation. surtout qui donne les bases de l'inclusion de tous les enfants sur les Forest School classiques. Donc des bases d'outils d'accompagnement spécifique, mais qui permettent en fait juste d'accueillir plus d'enfants et de mieux comprendre leurs particularités et du coup d'avoir des réponses, un peu plus de réponses et un peu plus d'outils dans sa besace de pédagogue par la nature. Et moi mon objectif moyen-long terme c'est aussi de créer la formation. pour les professionnels paramédicaux et éducatifs pour faire de l'accompagnement thérapeutique et pédagogique. C'est ça qui me fait vibrer et qui est mon cœur de métier aujourd'hui. Maintenant, effectivement, il y a encore du chemin, parce qu'avant de faire de l'accompagnement thérapeutique et éducatif, il faut déjà se former en pédagogie par la nature. Ça s'installe tranquillement en France, mais on n'est pas encore des milliers à être formés en pédagogie par la nature pour l'instant sur le territoire français. Et je vois qu'il commence à y avoir sur les formations, parce que je suis aussi formatrice au réseau du coup, il commence à y avoir de plus en plus de professionnels paramédicaux et éducatifs qui arrivent à se former en pédagogie par la nature, mais avec cet objectif-là de faire de l'accompagnement individuel thérapeutique après. Et du coup, le projet, c'est de créer cette formation-là, mais ça va prendre un peu plus de temps, parce que pour le coup, là, c'est la toute première. en France, vraiment. Je n'ai pas de repères, je n'ai pas de point de comparaison et je n'ai pas d'interlocuteur pour m'aider à la monter. Donc, c'est un peu plus... Enfin, je prends mon temps pour faire ça bien.

  • Speaker #0

    Ouais, mais tu as raison. Au-delà de l'équipe que tu as présentée et peut-être même au-delà du coup du lieu, est-ce que tu travailles avec d'autres professionnels au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai plusieurs métiers, enfin j'ai plusieurs métiers depuis l'année dernière, j'ai repris mes plusieurs métiers. En fait je suis aussi éducatrice en un pour un en dehors de la Forest School et je fais de l'accompagnement parental aussi. Et du coup j'ai la chance depuis le début de ma carrière d'être très bien entourée sur le territoire. Dans le Finistère il y a un réseau très solide des professionnels qui gravitent autour des enfants dits neuro-atypiques. Et du coup j'ai la chance d'avoir des personnes ressources. pour à peu près tout, autant en termes d'orthophonie, en termes d'ergothérapie, qu'en termes d'autres éducateurs sur le territoire ou de médecins qui orientent vers nous. Et du coup, le maillage sur le territoire est très large et du coup, j'ai un réseau d'appui qui est quand même non seulement à mon sens indispensable parce que je ne me vois pas travailler sans approche globale et sans regard croisé sur ce que je fais. Et puis, ça nourrit aussi mes réflexions là. Ça nourrit autant ma posture que les accompagnements. C'est-à-dire qu'à Brandeville, les enfants qui viennent, il n'y a pas d'enfants où je travaille toute seule. Je suis toujours en lien étroit avec tous les professionnels qui entourent l'enfant et évidemment les parents. Et du coup, Zo comprend autant les familles que les professionnels des enfants. C'est riche, c'est très riche.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le public que tu accompagnes ? Quels sont les différents troubles qu'il peut y avoir ? Vraiment juste de dresser une œuvre. Ouais, et notamment un peu expliquer pour que les personnes qui ne sont pas familières avec tout ça comprennent un peu.

  • Speaker #1

    Alors, le truc magnifique à Brandeveil, c'est vraiment que j'accueille tous les enfants. Je vais dire presque tous. Il y a des fois où malheureusement la rivière en bas de mon terrain est la seule limite à l'accueil d'enfants. Parce que si j'ai des enfants très très fugueux, ils prennent beaucoup beaucoup de risques. Et bien il y a des fois où je ne peux pas dire oui parce que... garantir leur sécurité mais au delà de ça moi mon parcours fait que j'ai été spécialisée pendant 13 ans sur l'accueil des enfants avec des grosses difficultés comportementales surtout sur l'autisme non verbale donc des enfants sans moyens de communication avec très peu de compréhension verbale avec dans la majorité du temps des troubles du comportement physiquement violent et des gros gros troubles de l'intégration sensorielle une gestion des sens particulière et ça c'est mon public d'origine et c'est aussi le public sur lequel je suis la plus compétente et du coup c'est vrai qu'on m'adresse pas mal d'enfants sur ce type de profil sur ce qu'on appelle malheureusement les enfants sans solution j'ai beaucoup d'enfants qui arrivent à avoir un éveil avec des familles à cours de solutions parce que parce que l'école c'est très compliqué ils sont loin de doigts de ou parce que même l'école c'est pas possible et même l'IME c'est pas possible. Et ouais, j'ai eu et j'ai des enfants sur Brun d'éveil qui n'ont accès à très très peu de choses finalement parce que leur comportement et leur dérégulation mettent à mal beaucoup de prise en charge. Et Brun d'éveil est une des solutions, une des dernières solutions et surtout une des solutions qui marche là où le reste ne marche pas. Voilà. Du coup, les profils d'enfants que je reçois vont d'enfants avec un tout petit niveau de développement où on est dans du sensoriel pur et dur et où là j'utilise mes outils spécialisés sur l'autisme en travaillant sur l'interaction sociale déjà, tout simplement, jusque à des collégiens en phobie scolaire avec un autisme très léger ou de l'hyperactivité qui met à mal leur parcours scolaire ou des phobies scolaires, tu vois. Là, on va être sur des séances beaucoup plus complexes où on va travailler la lecture en rédigeant des recettes medicinales de plantes sauvages, ou en sculptant du bois, ou dans des mathématiques en allant construire des cabanes un peu plus complexes. La palette de ce que je peux avoir comme profil est vraiment très large. Leur point commun, c'est vraiment les difficultés de régulation des émotions et du comportement, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Et comment se présentent, est-ce que ce sont les familles qui viennent vers toi, est-ce qu'elles sont orientées par des professionnels ? Et en termes de fréquence et de durée d'accompagnement, une moyenne évidemment parce que ça va dépendre, mais ça se présente comment ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai fait ce choix à l'ouverture de le brin d'éveil de... pas communiquer du tout, je ne suis pas une grande communicante je fais un réel effort aujourd'hui avec toi parce que et pas parce que je n'aime pas parler de ce que je fais au contraire je pense que ça se sent, j'adore parler de ce que je fais mais parce que j'ai du mal à dire non en fait. Aujourd'hui cette année c'est la première année où on a une liste d'attente sur Brandeveil, on a 9 enfants en liste d'attente pour 14 enfants d'accompagner donc ça dit long du temps que ça mettra déjà pour pouvoir accueillir ces enfants là. Et je n'avais pas envie de faire de la pub, déjà parce que j'étais la première à le faire et que du coup je voulais voir à quel point ça marchait. Et depuis que je vois à quel point ça marche, parce que tant que je n'ai pas formé d'autres gens, je n'ai pas non plus l'ambition que ce soit trop connu et que du coup il y ait trop de gens à se casser le nez en cherchant de l'aide et que je ne puisse pas la fournir. Du coup je ne cherche pas particulièrement la communication sur... Sur Brun des Veilles, je n'ai pas été maître de flyer dans les institutions, je n'en ai pas parlé, je n'ai pas demandé à mes collègues d'orienter vers moi particulièrement. Ça s'est quand même fait tout naturellement, puisque depuis que Brun des Veilles est ouvert, mon planning a toujours été complet. Du coup, c'est les familles qui sont venues Ausha oreille les premières années. Et puis les familles faisant du bouche à oreille, les médecins ont commencé à en parler. Et maintenant, j'ai des structures. J'ai pas mal d'enfants qui viennent de structures de l'aide sociale à l'enfance sur les profils qu'on appelle enfants à besoins multiples, qui sont des enfants associant handicap social, handicap psy et handicap médical. Autisme, plasmas à laser, plus troubles psy associés. Et là, effectivement, c'est beaucoup dans les enfants, où il y a très très très... Sur notre territoire, je pense que c'est un peu partout, mais dans le Finistère, il y a très très peu de solutions.

  • Speaker #0

    d'accompagnement pour ces enfants-là. Et du coup, j'ai beaucoup de demandes sur cette partie-là. Et déjà, malheureusement, cette année, tu vois, j'en ai un et j'en ai quatre en liste d'attente sur ce profil-là. Et cette année, et depuis l'année dernière, on commence aussi à accueillir des structures, parce que même si j'en parle pas, eh bien, on parle entre eux. Et du coup, ils commencent à venir me chercher, sachant que je travaille aussi avec des structures sur la Forest School autour du feu sur laquelle j'ai été formée. depuis 8 ans, 9 ans, 8 ans je pense. Voilà, et du coup, il y a aussi des structures qui viennent maintenant par ce biais-là.

  • Speaker #1

    Et est-ce que du coup, c'est des accompagnements que tu fais à l'année pour les enfants ? Oui,

  • Speaker #0

    alors du coup, basé sur les clés de la pédagogie par la nature que tu connais bien, je pense, la récurrence et le temps lent, c'est mon meilleur ami. Enfin, déjà en tant qu'éducatrice spécialisée, c'est... une conviction. Si je vois peu les enfants, j'ai peu de chance d'avoir un impact sur leur évolution et sur leur parcours. Du coup, un des critères c'est la récurrence et le temps long. Donc la majorité des enfants viennent une fois par semaine et puis quand c'est financièrement ou logistiquement pas possible, c'est tous les 15 jours ou une fois par mois mais c'est le minimum. Je pense que je capturerai difficilement que ce soit moins d'une fois par mois parce que... Si, pour des accueils répit, parce que je fais aussi un peu d'accueil répit, mais sur une pratique éducative et thérapeutique, c'est le strict minimum. Et puis je vois bien que plus ils viennent, plus c'est efficace, effectivement. Maintenant, il y a la question du financement qui limite souvent l'accompagnement. Et du coup, en termes de durée, c'est très variable, puisqu'il y a des enfants... clairement avec des grosses grosses difficultés où je ne m'attends pas à avoir réglé leurs difficultés et où je sais qu'ils vont être présents sur brun d'éveil aussi longtemps qu'ils en auront l'envié le besoin et qu'on sera d'accord sur qu'ils viendront avec plaisir quoi et des enfants je découvre ça dans la pratique par rapport à l'accompagnement domicile que j'avais avant j'ai des enfants qui sortent de brun d'éveil qu'ils vont bien et qu'ils n'ont plus besoin de moi et c'est C'est aussi magnifique que difficile, après des années d'accompagnement, les voir voler leur propre aile, c'est quand même des moments émouvant. J'ai ma première bénéficiaire qui est arrivée il y a 5 ans, tu vois, et qui a terminé la semaine dernière, en disant que bah, elle va bien, elle sait où elle va, elle a des projets, et du coup elle a plus... elle a envie de venir, mais elle a plus besoin de venir. Et du coup, c'est aussi beau de voir qu'il y a des enfants qui... qui se nourrissent de ce que je peux proposer à voir d'éveil et qui au bout d'un moment repartent à elles déployer.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Dans la forme, tu disais tout à l'heure que vous faites de l'accompagnement un pour un et de l'accompagnement en tout petit groupe. Est-ce que tu veux bien expliquer la différence entre ces... Ces ateliers-là, dans quelle mesure un enfant va plutôt être en atelier individuel ou plutôt en groupe ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, surtout que c'est vraiment la spécificité de Brandeveil, puisque ça ne se fait pas ailleurs. En fait, à Brandeveil, on accueille toujours au moins une première fois un pour un pour évaluer les besoins. Dans ma besace d'éducatrice spécialisée, j'ai plein d'outils d'évaluation et j'évalue effectivement les besoins. L'accompagnement un pour un, du coup, ça va être... Souvent des accompagnements hebdomadaires où on va travailler toutes les compétences intrinsèques déjà. Tout ce qui est estime de soi, confiance en soi, régulation et conscience de ses émotions, habilité motrice fine, motricité globale, etc. Et ensuite sur les groupes, on a un groupe qui est un groupe d'habilité sociale. Moi je milite pour les groupes d'habilité sociale qui sont des enfants. autistes et TTH puissent se faire dans la nature et par le jeu directement. Là on va être du coup sur du petit collectif mais notre curseur et les outils qu'on va mettre, qu'on va leur déposer discrètement dans l'environnement sont plus à viser de travailler les compétences sociales, la prise de parole, l'expression de ses besoins, la gestion de conflit, la posture vis-à-vis des autres. le langage. Sur le papier, le contenu d'une séance est globalement le même, puisque c'est des séances de pédagogie par la nature classique. On arrive, il y a un petit rituel de bonjour, on fait un petit point des émotions de comment on va, et ensuite c'est du jeu mené par l'enfant. avec des propositions dans l'environnement, mais c'est toujours du fait de mener par enfant, de la même manière que ce soit un collectif ou un individuel. La différence, c'est plus mon regard porté à moi et les propositions discrètes que je vais choisir d'amener pour développer telle ou telle compétence chez l'enfant.

  • Speaker #1

    Ok. Tu disais tout à l'heure que toi, enfant, tu as eu ce besoin de nature et que tu allais te ressourcer et... en nature, est-ce que il t'est déjà arrivé d'accueillir des enfants pour qui cette immersion en forêt, dans ta prairie, était difficile au démarrage ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai eu, oui, parce qu'il faut dire la réalité, on est aujourd'hui dans une société où il y a beaucoup d'enfants qui sont déconnectés de la nature et qui passent très peu de temps dehors, et alors tant qu'on est en juin ou en septembre et qu'il fait chaud, doux, Ça va et encore ça va non parce que c'est la période des petites bêtes et qu'il y a beaucoup d'enfants qui sont plus habitués aux petites bêtes. Donc j'ai des enfants, on est quand même dans le Finistère, donc j'ai quand même des enfants qui sont assez en contact avec la nature par rapport à d'autres forest schools qui sont dans des zones plus urbaines. Mais il y a beaucoup d'enfants qu'on accueille et qui dans un premier temps sont, et ça fait partie de ma spécificité en intégration sensorielle, qui sont en difficulté. Avec le fait d'être mouillé, avec le fait d'être sale, avec potentiellement le vent fort, avec, enfin, tactilement, c'est vrai que l'accueil en nature, pour des enfants avec des troubles d'intégration sensorielle, c'est un vrai challenge. Et c'est pour ça que Pédagogie par la nature dit motivation intrinsèque. Un enfant qui n'aurait pas de motivation à être dehors du tout, ça n'aurait pas de sens de l'accompagner sur la Forest School. Maintenant, les enfants que j'accueille, j'en ai de nombreux, qui ont des gros troubles d'intégration sensorielle, et pour qui, à l'arrivée... et bah dès que ça Ausha, dès qu'il y avait un petit peu des clagoussures ou dès qu'il y avait des choses sales à toucher c'était compliqué et puis mon parti privé et qui est celui de beaucoup d'herbaux aussi c'est que en fait les particularités sensorielles on peut faire ce qu'on appelle de l'habituation et du coup avec la motivation intrinsèque donc la grande motivation de faire des choses et dans le cadre du groupe d'habité sociale c'est particulièrement parlant parce que la motivation d'être ensemble Chez beaucoup d'enfants, elle est hyper prédominante. Et du coup, pour le plaisir de jouer avec les copains, on arrive petit à petit à oser mettre les mains dans la gadoue, petit à petit à oser faire du ventrigling, c'est se retrouver tout crampé, petit à petit, tu vois, faire de la pâte à pain et se retrouver avec de la farine sur les mains. Et comme c'est toujours à l'initiative de l'enfant, basé sur l'autodétermination et jamais forcé. et bien ça permet en fait, c'est un des leviers qui permet la rééducation des particularités sensorielles. Et là j'ai comme exemple flagrant ma propre fille qui a des troubles sensoriels importants et qui toute petite a été incapable de poser les pieds sur l'herbe nue ou même les pieds sur le sable, c'est pour te dire, et qui maintenant est une des amoureuses de la grimpe d'arbres trempées, de la cuisine de la bagadou et des batailles de feuilles mortes trempées. Donc on est très loin ! de ses particularités étant toute petite. Et du coup, là, je l'ai vue au jour le jour, l'évolution, parce qu'elle a une immersion intensive, mais c'est ce que je constate sur tous les enfants avec des particularités sensorielles, c'est que la motivation à être là met le cerveau en état de disponibilité, d'essayer et du coup de se désensibiliser petit à petit. Sachant qu'en Forest School, le sens qui pose question, c'est vraiment le toucher. Puisque auditivement, on est quand même beaucoup moins sur sollicité qu'en intérieur, visuellement également. En fait, il y a peu de surcharge sensorielle en nature qui se pose à part celle du toucher. Et là, c'est un espace où c'est la motivation intrinsèque qui va faire la rééducation.

  • Speaker #1

    Tu as parlé plusieurs fois d'outils et je suppose que tu en as plein dans ta mallette et que tu adaptes en fonction des besoins des enfants. Mais est-ce que tu peux nous en citer quelques-uns, peut-être parmi ceux que tu utilises le plus souvent ou que tu trouves les plus puissants ?

  • Speaker #0

    Oui. Le problème, c'est que je me rends compte en montrant la formation que maintenant, je suis très peu consciente de mes outils à force de rodage. Et du coup, ce n'est pas forcément simple d'en citer. L'intégration sensorielle est un de mes outils. En fait, c'est plus des outils de... connaissance des outils en outils pragmatiques sur le terrain. Il y a tout ce qui est les outils d'adaptation du langage, notamment pour l'inclusivité, par exemple. Je signe énormément pendant mes séances, c'est devenu naturel avec les années de soutenir la communication avec des signes. Il y a un maximum d'enfants à pouvoir se saisir de ce que je dis et j'ai aussi beaucoup d'outils visuels depuis toujours. À chaque nouvel accueil, il y a un emploi du temps visuel à disposition, il y a des pictogrammes présentant les différentes possibilités sur le site. Donc ça c'est un outil que je peux facilement expliciter et montrer. Et ensuite il y a des outils qui sont maintenant devenus excessivement discrets et qui sont plus difficiles à présenter. Moi j'ai travaillé en analyse du comportement pendant 10 ans, ce qu'on appelle l'ABA, qui a ses détracteurs parce que c'est la base de conditionnement, mais surtout il y a une grande partie observation et analyse des comportements et de ce qu'ils peuvent apporter. Et ça par exemple aujourd'hui c'est toujours très présent dans ma pratique, plus j'ai plus besoin de comment en ABA. en structure de renforcateur, on dit, tangible. Enfin, je n'ai plus besoin d'objet pour renforcer les enfants, en fait. Juste le fait d'être là, c'est le renforcateur. Mais dans ma lecture de mes séances et dans l'analyse de ce qui se passe, et dans mes leviers, c'est de prés-utiliser. Pour te donner un exemple pratique, par exemple, j'ai un enfant qui est arrivé il y a trois ans avec des gros troubles du comportement et ce qu'on appelle un top, un trouble de l'opposition et de la provocation, qui faisait que dès qu'on posait une consigne, en général, il faisait l'inverse. Et puis il lançait tout et puis voilà, il avait des comportements qui faisaient que c'était très compliqué à la maison, très compliqué en collectif. Et ce petit garçon-là, sa passion absolue en arrivant, ça a été de découvrir le fait qu'il pouvait allumer le feu. Oh là là, bonheur intense. Et à partir de ce moment-là, du coup, on analyse du comportement, c'était très simple. Pour pouvoir allumer un feu, il faut être calme. C'est impossible d'allumer un feu... en s'agissant dans tous les sens ou en mettant la consigne à mal, puisque c'est directement sa sécurité qui le mettait en jeu. Donc, ce n'était même pas une injonction de ma part. C'était juste une réalité pragmatique. Si tu allumes le feu et que tu fais n'importe quoi, ça va faire mal. Comment on fait pour faire ça ? Et du coup, cet enfant a commencé à réfléchir avec moi au moyen de réguler son corps pour arriver dans les bonnes dispositions pour être capable d'écouter. Et ensuite, à dérouler lui-même comment les grandes règles de... le PN, prendre soin de soi, prendre soin de la nature et prendre soin des autres. Et du coup, à construire son propre rapport à sa séance et à développer sa propre pensée sur, OK, alors moi, j'ai vraiment envie de faire du feu. Comment je vais faire avec mes besoins pour le faire et être en sécurité ? Et du coup, à développer des trésors de contrôle, de patience, de persévérance et d'écoute juste. pour la motivation d'allumer ce feu et de faire des choses avec. Moi, je le traduis en analyse de comportement avec, j'avais le renforçateur absolu dans l'activité pour que cet enfant vienne développer les compétences que tout le monde voulait qu'il développe. Et ça a marché excessivement bien. Cet enfant, il est resté un an et demi sur la Forest School. Et ensuite, il était tellement impeccable en termes de comportement avec moi que je suis passée à domicile faire de la vie dans ce parental parce que... Sa motivation à être parmi nous sur la Forest School était tellement grande que du coup, il avait développé toutes les compétences de le faire et qu'il fallait juste les généraliser. Et maintenant, c'est un enfant qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup moins de comportement, toujours un peu, mais ça se passe bien à l'école, ça se passe beaucoup mieux à la maison. Et voilà, parce qu'il a développé les compétences dans un cadre naturellement motivant. avec tout ce qui nourrissait son cerveau et son système sensoriel. Et du coup, à partir de là, une fois la compétence acquise, il faut la générer. Voilà, donc ça, c'est deux gros outils qui me servent au quotidien sur Brun d'éveil. Et maintenant, tous les outils de la pédagogie par la nature. Donc, avoir un registre d'activités canaurie qui me permettent d'être ultra flexible sur mes séances. Ça, c'est un peu une des spécificités aussi en pédagogie par la nature adaptée et thérapeutique. C'est que du coup, un pour un, eh bien... je ne peux pas arriver avec une ou deux propositions d'activité et si l'enfant ne veut pas je sais pas quoi faire donc il faut il faut avoir un registre et une grande grande flexibilité pouvoir partir de l'état de l'enfant ce jour là ses besoins sa réalité voilà ce que j'ai envie de dire la prise de risque mesurée est un outil incroyable pour l'accompagnement thérapeutique et éducatif aussi parce que parce que la réalité c'est que les enfants ont besoin spécifique ils arrivent avec souvent une estime de très très dégradée et une très très faible conscience de ce qu'ils sont capables de faire et de comment le faire, et des limites de leur part. Et du coup, l'accompagnement à la crise de risque mesurée est un espace d'évolution incroyable pour beaucoup d'enfants.

  • Speaker #1

    Elles durent combien de temps tes ateliers, tes séances en un pour un ? Ça dure combien de temps ?

  • Speaker #0

    En général, c'est deux heures. La majorité, c'est plus court pour des enfants avec une grosse, grosse fatigabilité, évidemment. J'ai des enfants qui font une heure, une heure et demie et souvent, la séance s'arrête avant, s'ils demandent de l'arrêter avant, c'est déjà trop.

  • Speaker #1

    Ok. Et la tranche d'âge, on n'a pas du tout parlé, grosso modo, de quel âge à quel âge ?

  • Speaker #0

    Oui, alors voilà. j'ai reçu des... En fait, pour l'instant, je ne reçois pas d'adultes en accompagnement de la petite individuelle, mais j'ai reçu des moins de 3 ans avec leur assistante familiale. J'ai des grands ados autistes non-verbaux de 15-16 ans. Voilà. Donc, tous les âges. La particularité, c'est qu'en dessous de 6 ans, je reçois avec les parents pour une question de cadre légal.

  • Speaker #1

    OK. Et bien, puisque tu en parles, je voulais savoir justement quelle est la place et la relation que tu as, que les familles occupent dans cet accompagnement. Donc là, tu dis que d'un point de vue légal, les parents doivent être présents, mais plus globalement, comment ça se passe avec les familles ? Quels liens tu tisses dans tout ça ?

  • Speaker #0

    C'est une très bonne question parce qu'en plus, c'est une question... qui est vraiment la base de ma pratique d'éducatrice spécialisée. Je suis un peu, enfin je suis très militante sur ce sujet, puisque au lieu de travailler en structure, j'ai choisi dès le début de ma carrière de travailler à domicile auprès d'enfants autistes, ce qui n'est pas une pratique classique en éducation spécialisée, mais parce que j'ai la conviction profonde que le spécialiste d'un enfant, ce n'est pas le pédiatre, ce n'est pas le neuropsychiatre, c'est son parent. Du coup, c'est vraiment... pour moi absolument essentiel et la base dans tous mes accompagnements, de le faire en lien avec les parents, de travailler ensemble, de définir les objectifs ensemble. S'il y a des choses qui ont besoin d'expliquer plus ou d'accompagner, que je puisse aller à la maison aussi accompagner. Il y a beaucoup d'enfants à voir un déjaille, j'irai presque la moitié où j'interviens autant sur la Forest School que je ne peux pas. on peut aller faire des plans à la maison quand il y a besoin. Et de la même manière pour les structures où les enfants sont placés, j'accompagne les équipes aussi, en plus de l'accompagnement à brin d'éveil, parce que pour moi, ça n'a pas de sens. Si, bien sûr, ça a du sens, mais ça a énormément de limites, d'accompagner un enfant pendant deux heures et de le renvoyer chez lui en espérant que ce qu'on a bossé pendant deux heures, hop, ça va passer dans le quotidien, sans être repris une seule fois dans la semaine. Donc pour moi, c'est essentiel que ce soit un travail de collaboration. avec les parents et puis aussi ça fait 13 ans que je travaille dans ce milieu là et je connais la réalité de vie d'un parent à besoin spécifique et puis je m'en suis devenue une moi aussi au passage, je la connais intimement maintenant et souvent un des leviers d'évolution des enfants c'est clairement le soutien à leurs parents parce que parce que l'isolement et l'épuisement c'est pas un facteur aidant pour accompagner son enfant et souvent Juste savoir qu'on a un réseau autour de nous pour nous accompagner dans cette prise en charge, ça change énormément de choses dans le quotidien, dans les ressources qu'on arrive à mobiliser, parce qu'on sait qu'on n'est pas seul. Donc, Brun d'éveil est non seulement un espace d'accompagnement, mais l'association entière a à cœur que ce soit un lieu ressource pour les familles. Il y a un projet sur le haut de la pile actuellement, qui est de construire une cabane un peu isolée dans la nature sur le site. pour proposer des accueils répliques, non pas aux enfants, mais aux parents, par exemple. Des jours, nuits comprises, en pleine nature, pour un peu de ressourcement pour des familles qui sont souvent épuisées à juste titre parce qu'on a un système éducatif, une éducation spécialisée qui, malheureusement, aujourd'hui en France, touche fort à ses limites. Et du coup, il y a beaucoup de gens qui... qui ont très peu de solutions ou reçoivent des accueils pas très bienveillants et qui, du coup, ont vraiment besoin de ces espaces.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais qu'il y a certains enfants pour lesquels tu dis non parce que, suivant le lieu, pour leur sécurité. Est-ce que tu as déjà eu, au cours d'un accompagnement, est-ce que tu t'es déjà trouvée face à un enfant ? où les bras t'en tombent un peu et tu te dis, mais comment je... Tu vois qu'il n'y a pas d'évolution ou en tout cas des blocages. Est-ce que tu as déjà rencontré ces difficultés-là ?

  • Speaker #0

    Il y a deux choses. Déjà, tous les enfants ne répondent pas de la même manière à la pédagogie par la nature. Il ne faut pas se leurrer. Je pense qu'on n'est pas le professionnel idéal pour tous les enfants. Et la pédagogie par la nature n'est pas l'outil magique pour tous les enfants. Donc il y a des enfants où c'est hyper... Dès la première séance, je sais que ça va être très efficace et que ça va marcher à fond. Et d'autres où je vois que potentiellement, ce n'est pas le meilleur espace pour leurs besoins. Je suis très confortable pour réorienter si je vois que je ne suis pas le meilleur interlocuteur et que ce n'est pas moi qui vais aider le plus. Maintenant, que les bras m'en tombent, non, parce que mon parcours, en fait. J'ai été habituée à travailler avec des enfants particulièrement challengeants et c'est ça que j'aime. J'aime les enfants particulièrement difficiles à aller rejoindre ou créer du lien particulièrement complexe. Et quand on y arrive, c'est particulièrement grandiose. coup et du coup il ya il ya eu un enfant en cinq ans où j'ai dû mettre fin à la prise en charge parce que justement il a réussi à traverser un mur de ronces de mettre de haut que j'avais prévu comme limite de gestion de fugue parce que j'ai pas envie de mettre du barbelé et du grillage dans mon site et que je considérais que de mettre devant 6 ans et il lui est passé au travers et là du coup j'ai dû stopper l'accueil parce que je ne peux pas garantir sa sécurité, mais c'était un accueil génial, même si c'était un enfant très challengeant. Mais voilà, je veux garantir des conditions de sécurité, donc vraiment mon sens interdit, mon stop, c'est vraiment une question de mise en danger. Si la mise en danger des enfants, si les enfants se mettent en danger sur le site, et que je n'ai pas d'outil, de levier pour faire évoluer ça, parce que les enfants qui se mettent en danger... Sur les accompagnements que je fais, il y en a beaucoup qui cherchent à se mettre en danger sur les premiers temps, mais j'ai une évaluation des risques qui est très bien faite et plein d'outils pour faire diminuer ces comportements-là rapidement. Donc ça ne me dérange pas. Par contre, si je n'ai pas de levier pour les faire évoluer, alors là, je ne sais pas. À court de solutions, l'association ne veut pas investir dans un mur solide. Donc voilà, je dis arrêtez, mais c'est la seule fois vraiment.

  • Speaker #1

    Ok. Tiffaine, on arrive à la fin de notre échange. Ça passe vite, une heure.

  • Speaker #0

    Super vite.

  • Speaker #1

    Tu le disais tout à l'heure que tu as vraiment envie d'offrir aux professionnels de santé cette fenêtre de la pédagogie par la nature. Mais effectivement, c'est un parcours qui peut être un peu long parce qu'il faut d'abord aller explorer la PPN pour ensuite... mêler tout ça. Aujourd'hui, s'il y a des personnes qui nous écoutent, qui ont envie de démarrer un peu là-dedans, est-ce que tu aurais des conseils, des choses à leur partager ? Comment se lancer ? Ou aller chercher éventuellement des outils ? Où est-ce qu'elles peuvent trouver des premières réponses, en tout cas, des premières informations sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Je suis un peu partie prenante de cette question-là.

  • Speaker #1

    Mais vas-y.

  • Speaker #0

    Je suis formative sur les autres pédagogies par la nature, donc j'imagine que mon avis n'est pas très neutre. Ma première réponse serait très naturellement, pour moi, être pédagogue par la nature, c'est un vrai métier. Ne vous amusez pas nécessairement à aller mettre un enfant autiste en nature en accompagnant de la prise de risque mesurée sans avoir été formé à l'accompagnement de la prise de risque mesurée. Je sais que je suis pour qu'on mette les enfants dehors maintenant être sur du jeu libre en nature avec tout profil sans formation poussée ben moi ça me questionne parce que mine de rien dans la nature il n'y a pas de gros risques quoi un enfant qui met tout à la bouche et qui mettrait une plante toxique à la bouche enfin bref les risques qui sont importants et du coup mon conseil il est clairement de se former vraiment bien déjà parce qu'une fois formé vraiment bien La posture qu'on peut avoir en séance, elle n'a rien à voir. Moi, je ne me suis jamais sentie en insécurité en séance, par exemple. Et j'ai beaucoup de retours de professionnels qui n'ont pas fini leur formation, qui me disent « oui, mais du coup, je n'arrive pas à être détendue, j'ai peur qu'il se passe ci, ci, ci, ça » . Oui, nécessairement, quand ça n'a pas été évalué, j'ai dû me faire surprendre une fois en cinq ans sur une prise de risque que je n'avais pas envisagée. Et elle a un protocole écrit maintenant pour cette prise de risque là parce que je ne l'avais pas imaginé. Et du coup maintenant si elle se reproduit, je suis totalement tranquille parce que je sais que... que ça a été mesuré et protocolé, que tout est écrit sur comment ça peut subvenir et comment je vais l'accompagner quoi qu'il arrive. Et du coup moi je travaille en complète sérénité et vraiment totalement disponible à la relation parce que j'ai cette formation là et ces outils là derrière moi et du coup je conseille vraiment à n'importe qui a envie de se lancer là dedans, de partir sur une formation.

  • Speaker #1

    Et de prendre le temps et qu'effectivement, ce n'est pas pour rien que c'est des formations qui font... Oui, c'est ça. Ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de demandes qu'il faut se précipiter et qu'au contraire, c'est à nous d'intégrer aussi. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais même pire parce que, je me suis fait cette réflexion cette année, répondre à un besoin sans y être préparé, c'est une manière de prendre... C'est prendre le risque que ça ne marche pas et que du coup, cette cartouche-là... se guérir pour ça, cet enfant-là, ça aurait pu l'aider, mais si elle est mal appliquée parce qu'on n'est pas prêts, eh bien, il y a rarement des familles qui tentent deux fois, en fait. Ils tentent une fois, ça se passe mal, ils ne retentent pas. Et du coup, c'est un outil qui ne sera plus investi par ailleurs. Donc, il vaut mieux se sentir solide et en confiance pour commencer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un point ? que j'aurais oublié d'évoquer, que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'on a fait le tour ?

  • Speaker #0

    Non, aujourd'hui, on a la chance d'être un peu soutenus. Je parlais du financement pour les parents. Du coup, il y a des familles qui ont réussi à avoir des financements par la maison départementale du handicap pour les accompagnements à bon détail. J'attends qu'il y ait plus de professionnels qui s'installent. Et avec qui je puisse travailler en réseau pour convaincre la MDPH que la pédagogie par la nature thérapeutique et éducative est un outil à faire reconnaître. Et petit appel, du coup, s'il y a des universités qui veulent faire des études scientifiques sur l'impact, des études françaises, parce que l'HAS a besoin d'études françaises pour reconnaître des choses, eh bien, Brun de Veil est très ouvert à accueillir des professionnels qui viennent valider l'impact de la pratique qu'on a. Voilà, c'est ça que je rajoute.

  • Speaker #1

    Tu n'en as pas eu encore ? Les gens ne sont pas venus te voir pour justement évaluer tout ça ?

  • Speaker #0

    J'ai une demande pour une thèse pour l'année prochaine. On va voir si ça se met en place. On avait un projet avec une université, mais ça ne s'est pas fait non plus. Donc moi, aujourd'hui, comme j'ai à cœur de faire reconnaître, j'ai créé beaucoup d'outils d'évaluation, mais qui pour l'instant restent en interne. Mais le jour où on vient me chercher, je peux fournir. des évaluations codifiées, réglementées, et en fait, par les parents et par les professionnels, on va montrer l'évolution des enfants sur la Forest School, parce que oui, dans le métier d'éducateur spécialisé, on a besoin de chiffres et de résultats. Ce n'est pas le propre de la PPN, effectivement, de viser un objectif. Je ne vise pas d'objectif en soi, mais par contre, d'évaluer l'efficacité et le résultat, l'impact. de notre pratique. Et du coup, ce serait intéressant d'avoir des études de terrain.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. De manière générale, c'est vrai qu'en France, on a besoin d'études sur la PPN largement et évidemment encore plus sur des domaines qui demandent une évaluation pour une prise en charge derrière. Ça commence tout doucement. On voit qu'il y a des chercheurs et des chercheuses qui quand même... lèvent une oreille et se disent, tiens, ça peut être intéressant d'aller... Il se passe des trucs par là-bas, allons voir. Mais

  • Speaker #0

    OK. Sur la PPN Thérapeutique, on est presque moins en retard que d'habitude, tu vois. Parce que c'est en... Ah ! On est... La France est... Enfin, du coup, il y a quelques professionnels en France et il n'y a pas des milliers d'études outre-Atlantique non plus. Sur le TDAH, je commence à y en avoir pas mal sur l'impact... L'impact sur l'attention et la régulation des émotions, il y en a beaucoup, ça y est. Sur l'autisme, j'en ai trouvé une ce matin, il y a six mois, il n'y en avait pas, donc c'est une des premières. D'ailleurs, dites très bien ce qu'on a dit là, oui, ça peut être un outil génial avec la limite de tous les enfants autistes ne sont pas nécessairement bien dans la nature. Il commence à y en avoir, mais je les ai écrites avec moi. Il n'y en a pas des milliers non plus au niveau mondial. Donc, on n'est pas si en retard que ça en France. Mais il n'y en a aucune de française, par contre. Donc, il faudrait en rajouter une française.

  • Speaker #1

    Oui. En même temps, tu disais, il y a encore cinq ans, tu étais toute seule. Pour qu'il y ait des recherches, il faut aussi qu'il y ait de la petite.

  • Speaker #0

    J'ai parlé à la pédagogie par la nature en France. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Bon, petit pas par petit pas. Merci beaucoup Tiffen pour nous avoir partagé ton expérience ta pratique et écoute alors moi je suis dans les Hautes-Alpes donc c'est toujours l'exploration pour venir dans le Finistère mais je repasserai c'est certain et du coup je te ferai peut-être signe à ce moment-là parce que j'avais bien envie de venir te rencontrer déjà et puis de voir ton lieu et merci Vous pouvez aussi me suivre sur mon compte Instagram, sur lequel je partage régulièrement ma pratique de la pédagogie par la nature qui mêle à la fois exploration libre et rencontre avec le vivant. En attendant le prochain épisode, rappelez-vous, sortir doit avant tout rimer avec joie et plaisir. A très bientôt, prenez soin de vous.

Chapters

  • Présentations

    03:56

  • Souvenirs d'enfance en nature

    05:26

  • Parcours et création de Brins d'Eveil

    06:50

  • Le lieu d'accueil à Brins d'Eveil

    11:37

  • La question de l'accessibilité en forêt

    14:04

  • L'équipe de Brins d'Eveil

    17:27

  • Une prise en charge globale

    22:56

  • Le profil des enfants accueillis

    24:31

  • Le cadre des accompagnements

    27:38

  • Séances collectives et séances individuelles

    33:10

  • Des démarrages difficiles

    35:29

  • La boîte à (bons) outils

    39:06

  • La collaboration avec les familles

    46:12

  • La nécessité de se former

    52:23

  • Faire avancer la recherche

    56:02

  • Conclusion

    01:00:00

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