- Speaker #0
Soyez toutes et tous les bienvenus sur Entre-Las, le podcast qui tisse des liens pour réconcilier les humains avec les vivants, en eux, autour d'eux.
- Speaker #1
Si les ressources terrestres sont limitées, il existe cependant des espaces sans limite, une immensité à portée de cœur et de main. L'infinie richesse est dans nos liens. C'est cette richesse-là, cette immensité-là que j'ai envie de révéler et de partager avec vous.
- Speaker #3
C'est là, c'est là, même qu'elle peut courir.
- Speaker #0
Dans ce deuxième épisode de notre échange avec Christine Marchand, nous continuons à explorer ce qui nous permet de changer ensemble, de changer vraiment, de baser de la compréhension, de la connaissance à l'action. Christine partage avec nous son expérience de coopération multiculturelle et interdisciplinaire, dont elle a tiré un apprentissage sur la coopération. Avec Humanité 3.0, Christine a développé un laboratoire de recherche-action. Nous avons en effet, nous dit-elle, besoin d'outils et d'approches cognitives, émotionnelles et sociales, pour appréhender la complexité, éviter de tomber dans tout ce qui nous ferait réduire les choses à quelques indicateurs ou quelques idées toutes faites. Elle propose un cursus de 18 mois qui embrasse la totalité de l'être humain, tous ses aspects, toutes ses dimensions, pour à la fois étudier et faire progresser notre potentiel à évoluer ensemble afin de réaliser les changements auxquels nous aspirons. Chère auditrice, cher auditeur, cet épisode et ce podcast sont pour toi. Bonne écoute, entre là !
- Speaker #2
C'est pour ça que je te disais tout à l'heure, il y a un faisceau d'eux. Et quand je dis qu'il y a un faisceau de cause, pour moi, ça ne me coupe pas du tout l'élan d'agir. Non, non. Parce que je sais que ça épuise beaucoup de gens. C'est-à-dire que ce qui est quand même plus simple, c'est d'avoir un problème circonscrit comme ça, avec trois causes, et hop, une solution. Eh bien oui, mais ça ne marche plus comme ça. On n'est plus dans un monde linéaire. On ne l'a sans doute jamais été, mais on en avait cette représentation-là. Donc, on est dans un monde multifactoriel. Et alors ? alors on apprend, on commence à comprendre comment ça marche et on voit où sont les interstices de réaction. Simplement, si on méconnaît trop la variété des causes, on risque de mettre quelque chose en place qui n'a pas marché. C'est juste ça.
- Speaker #1
C'est peut-être justement le moment de parler de coopération transdisciplinaire, d'intelligence collective, on t'en a fait beaucoup. Est-ce que tu veux partager avec nous quelques expériences pour arriver à nous expliquer de ton point de vue qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne pas, qu'est-ce qui permet ? de dépasser les points de vue personnels, d'embrasser la complexité, de ne pas s'y noyer, de décider ensemble et de mettre en place des solutions qui vont fonctionner dans le temps long ?
- Speaker #2
Je vais essayer de te répondre à tout. Merci, parce que ça me permet de partir d'un point qui est que souvent, des managers ou des leaders ont eu du mal avec l'intelligence collective parce qu'ils sont habitués à être en top-down, donc de décider, de dire, etc. Et là, on leur demande de ne pas dire. d'écouter, de laisser de la place et de laisser des choses à devenir. Donc ça, c'est génial parce que, qu'on soit dirigeant ou pas, on peut peut-être avoir vécu ça. C'est-à-dire, mais moi, ça irait plus vite si je le faisais, puis d'abord, je sais, etc. Donc, la merveilleuse expérience intérieure à faire, c'est de changer de posture et de découvrir qu'en laissant de l'espace à plusieurs personnes, il peut se passer des choses magnifiques. Et effectivement, il y a des conditions. Alors, il y a un postulat intérieur que je viens de dire, c'est de croire déjà en l'être humain. Ça, c'est fondamental. C'est-à-dire que plusieurs fois, j'ai refusé dans des entreprises qu'on me dise vous allez avoir affaire à Pierre-Paul et Jacques et on va vous expliquer qui c'est Non, je préférais éviter d'avoir ces étiquettes sur les gens. Donc, c'est avoir une véritable confiance dans l'être humain, croire profondément dans la beauté des personnes. ok on sait qu'on est capable du pire mais on va regarder surtout ce qu'il y a de meilleur et qu'à partir du moment où on croit ça on a une posture différente on a une ouverture différente qui se sent et qui va étayer ce qu'on va mettre en place, c'est-à-dire qu'on va mettre en place les conditions pour qu'émerge une coopération. Et ce degré-là va bouger selon le niveau de connaissance qu'ont les gens de ces modalités-là. Et c'est vrai que dans certains contextes, il faut descendre de niveau et avoir des règles très contenantes pour que les conditions soient posées. Mais ça va apporter quoi ? Ça apporte sécurité et confiance. À partir de là, les gens se sentent bien. et ils peuvent apporter leurs contributions, leurs idées, etc. Donc il y a quelque chose aussi à apprécier en termes de maturité des individus qu'on a en face ou de l'organisation, pour voir comment est-ce qu'on pose les conditions du chaudron, j'appelle ça chaudron, je trouve que c'est plus joli qu'un cadre, mais où il y a à la fois toutes les conditions pour. Ça c'est une chose. Il y a à la fois être outillé pour le faire, avoir un postulat sur l'humanité qui fait qu'on est vraiment… dans une ouverture à l'autre et à ce qui va se passer. Et que même si l'autre est soi-disant le pire, on ne sait jamais, il pourrait peut-être avoir le meilleur. Et donnons les conditions pour que ça émerge. Donc en effet, il y a toute une panoplie de méthodes qui existent pour arriver à dialoguer. Mais la question, c'est qu'il faut aussi être dans la souplesse de ce qui se passe. Voilà, si à un moment donné, on sent qu'on est trop rigide, hop là, il faut aller vers la souplesse. Si au contraire, cette souplesse est en train de dériver, hop, il faut savoir. à nouveau revenir vers ces éléments-là. Et puis aussi, moi, j'aime bien jongler sur nos énergies fondamentales, c'est-à-dire qu'il y a un moment, il faudra une touche d'humour parce que c'est ça qui va faire la différence pour aller toucher chez chacun son enfant intérieur, le désir de changer, la spontanéité que certains endroits corsetés ne permettraient pas. Une touche d'humour permet de façon consciente ou pas chez les gens de dire hop, il y a une autorisation aussi à déployer ça. Donc il y a à la fois des éléments structurants, à la fois des éléments profondément de lien avec l'autre, une écoute très fine de ce qui est en train de se passer tout le temps, parce que ça varie tout le temps un collectif humain. Donc ça peut très bien finir ou poum, déraper. Donc comment faire pour être vraiment à l'écoute et sortir de son sac à dos ce qu'il faut au bon moment. La petite touche d'humour comme une pincée de sel qui va apporter, qui va assouplir les choses et puis évidemment, valoriser tout ce que les gens vont apporter. C'est comment on fait pour valoriser les contributions, pour équilibrer les temps de parole et les temps de contribution et faire en sorte que on puisse aussi s'appuyer sur des talents différents des personnes, entre ceux qui sont très leaders, très dans l'action et qu'il va falloir... apaisés tout en leur proposant d'avoir des champs d'expression après coup parce que sinon ils écrasent tout le monde et puis les monsieur mesdames tortues qui ont du mal à commencer mais qui vont en général jusqu'au bout donc c'est aussi cette conscience de comment est-ce qu'on peut co-créer des espaces pour que chacun ait sa place et se fasse plaisir dans ce qui lui est singulier pour avoir envie de contribuer collectivement Et la valorisation de ce qui va être produit, c'est après d'utiliser toutes les ressources numériques pour les valoriser, les optimiser, les diffuser, etc. Ce qui veut dire aussi parfois une formation rapide à faire, parce qu'il y a vraiment des gens qui sont dans des niveaux très inégaux au niveau numérique, et ça peut être très limitant dans un groupe, et ce n'est pas qu'une question d'âge. On a découvert qu'il y avait des gens… beaucoup plus jeunes que moi qui n'aiment pas ça, qui ont l'air de ça. Et voilà, donc l'agisme sur ces considérations-là, c'est encore une question de ségrégation qui n'a pas de sens. On peut avoir des gens agiles de tous les âges. Voilà, et c'est aussi se dire, bon allez, quelle est l'ambition collective qu'on va avoir ? Qu'est-ce qu'on va chercher à atteindre ? Et comment aller toujours un poil plus loin dans… Dans la satisfaction de ce qu'on a réalisé, dans l'amendement et dans la satisfaction des petits pas qui ont été parcourus, les gens se sentent en puissance en fait. Parce que ce qui freine beaucoup le bénémois là aujourd'hui, c'est la peur de choses très vastes à parcourir ou à réaliser. C'est-à-dire maintenant la plus petite chose que vous allez pouvoir apporter pour ce collectif, en mode abeille, ça sera parfait. vous n'êtes qu'une fois à la rue, vous déposez une petite graine de nectar, c'est parfait, parce que si elle n'y était pas, ça serait vraiment dommageable. Donc c'est vraiment d'encourager, de valoriser. tout ce qui va être produit. Est-ce que ça apporte les éléments de réponse que tu souhaitais ?
- Speaker #1
Oui, absolument. Pour revenir juste rapidement sur un peu l'attitude qu'on a, l'ouverture dont tu parles pour nos auditeurs, moi, je pensais aussi, ça m'est arrivé plusieurs fois, qu'un client me dit, je voudrais que tu sois là juste, je ne te demande pas d'animer, mais juste parce que quand tu es là, il ne se passe pas la même chose. Et des gens qui ne me connaissaient pas forcément beaucoup, alors je ne dis pas ça du tout pour mettre en valeur, mais pour juste appuyer sur le fait que l'attitude qu'on a, elles changent vraiment tout. Moi, pendant longtemps, j'ai travaillé avec des gens de plusieurs pays, de disciplines différentes, des gens qui n'arrivaient pas à travailler ensemble. Et juste le fait d'être curieux de ce qui allait venir d'eux, sans aucun jugement, quand on peut le faire vraiment, pas comme une discipline mentale, mais si on est juste curieux de ce qui va venir des gens, on n'est pas en train de les juger, on est curieux de ce qui se passe, ce qui vient d'eux. Et ça crée une ouverture qui crée vraiment quelque chose de différent. Donc, l'intelligence collective, ce n'est pas juste des outils. Il y a des outils à l'intérieur qui sont utiles. Mais il y a effectivement d'abord sans doute une attitude d'ouverture et puis tout ce dont tu parles après et autour et le fait d'être tellement là avec les gens à chaque instant qu'on va effectivement sentir, enfin percevoir ou comprendre quand il faudrait agir, mettre un peu plus de place à une ou deux personnes, reprendre les choses un peu différemment, éventuellement changer d'outil, des marches parce qu'il y en a une autre qui marcherait mieux ou celle-là ne fonctionne pas forcément hyper bien. Donc, ça nous fait... pas mal de changements possibles. On n'est pas dans des choses qui sont très figées, très linéaires.
- Speaker #2
Et je te remercie beaucoup pour ce point sur la curiosité, parce que j'ai travaillé aussi à l'international, et c'est vraiment une gourmandise de l'autre, quoi. C'est-à-dire, mais qui es-tu, toi ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça, c'est une gourmandise, c'est un très joli mot.
- Speaker #2
Mais pour de vrai, et je me souviens, j'avais un dossier, on était physiquement en Jordanie, mais ça rassemblait 15 pays du Moyen-Orient. et donc j'ai essayé de préparer à l'époque pour dire c'est très bien quand même qu'on va dans une autre culture on était deux, un collègue anglais et moi donc un homme anglais et moi française et je me doutais bien qu'on avait déjà un nombre de billets colossaux avec le fait que je sois une femme alors moi je n'ai pas du tout besoin de me dévaloriser mais du tout mais je me doutais que ça pouvait être présent dans un contexte masculin du Moyen-Orient il y a je ne sais plus combien de temps et en même temps comment faire pour ne pas être prisonnière d'a priori donc il faut quand même que j'y arrive en étant la plus ouverte possible mais en même temps ne pas être niaise non plus et donc mon interface jordanienne m'a dit mais non mais en fait il n'y a pas de problème on est pareil, on pense pareil ils ont tous fait leurs études à l'étranger genre Etats-Unis Angleterre et autres et donc on est pareil oui enfin c'est pas parce qu'on fait ses études à tel endroit que culturellement On a changé. Donc, sa rassurance ne m'a pas rassurée. Donc, je restais à l'écoute et à l'entier. Et donc, on a eu le cliché avec deux Saoudiens dont le chef saoudien était devant, sauf qu'il s'adresse à moi parce que c'était moi la chef de projet, alors que ce n'est juste pas possible. Parler à une femme pour lui expliquer qu'il est le chef et qu'il va me confier ses sbires, c'était du grand… Donc, j'étais consciente que s'il y avait une checklist avec points d'erreur, on devait en avoir fait 48, donc je dis voilà, j'ai posé ça d'entrée, je dis voilà, je pense que sur les erreurs culturelles possibles, on va atteindre des sommets, c'est sans doute fort possible, puisque en tout cas, moi et l'autre personne, on ne vous connaît pas, il y a quand même 15 cultures représentées ici, donc il y a de fortes chances pour qu'on prenne les pieds dans le tapis, donc je vous le dis tout de suite. En revanche, Moi, j'aimerais bien savoir qui vous êtes. Ça m'intéresse vraiment de savoir qui vous êtes. Et à la fin, on était copains comme cochons avec les Saoudiens qui trouvaient que c'était quand même vachement mieux si je pouvais être habillée en noir avec des gants noirs et tout parce que ça créait du désir. J'ai dit, ça tombe bien parce que vous n'avez pas besoin de me désirer. Donc, c'est parfait. On va rester sur le champ pro. Mais on a pu parler des choses avec leur cadre de référence et leur différence. Mais vraiment, en rencontre. Donc, on se disait des trucs, on savait bien qu'on n'allait pas se voir plus longtemps. Oui, mais si, mais venez donner des cours à la fac. Bon, il faudrait juste que vous ayez un homme avec vous. Mais je dis, ben oui, ben ça ne va pas être possible. Donc, je ne vais pas venir à la fac, je ne vais pas venir avec un chaperon. Mais c'était chouette parce qu'on pouvait se dire des choses qui aujourd'hui frisent la guerre ouverte parce qu'il y a eu une rencontre et une curiosité. Et pourquoi vous faites ça et de l'autre côté ? Et pourquoi vous faites ça et comment ça se passe ? Ah oui, alors quand vous faites ça, c'est telle et telle valeur, vous êtes attaché à ça, etc. Et donc ça nous a sauvé la vie, parce qu'effectivement on a fait un nombre incalculable d'erreurs. puisque nous n'avons pas pu partager pour nous acculturer. Et à tel point qu'on a fait une mission en deux parties. Donc la deuxième partie avec un billet d'une personne qui nous dit Ah non, non, mais tout ce que vous avez fait, il faut tout faire autrement. Parce que justement, on était dans quelque chose de très intelligence collective. On les sollicitait, on les mettait au travail. Non, non, mais ils ne sont pas câblés là-dessus, il faut leur faire du descendant, etc. Donc on s'est mis des heures et des heures pour tout mettre en slide et tout comme il faut. Donc, on arrive avec ce package descendant. Et au bout de, je ne sais pas, d'une heure, surtout que la personne qui nous avait demandé de faire ça n'était pas là, elle dit, vous ne pourriez pas revenir comme vous étiez la fois d'avant, c'était mieux quand même. Donc, on a jeté tout ce qu'on avait prévu de faire et on est reparti sur un mode beaucoup plus dialogue et organique. Et on a fait ce qu'on avait à faire, mais ils avaient apprécié le lien et la rencontre. Et il y avait vraiment une curiosité gourmandise de nos différences respectives. C'était fabuleux. Et ça, c'est ce que tu disais juste avant. C'est une question de posture et de rayonnement. La posture, c'est comment consciemment je vais agir avec les autres. Ça se travaille, mais le rayonnement, c'est le fruit de notre évolution intérieure. Et donc, si on a vraiment un alignement entre j'aime les gens et la manière dont je me comporte, ça se sent. on crée un champ informationnel non visible, mais qui fait toute la différence.
- Speaker #1
Alors, l'humanité 3.0, qu'est-ce que c'est, Christine ?
- Speaker #2
Alors, effectivement, merci, j'en ai eu parlé tout à l'heure. Je suis partie du constat suivant, que j'ai déjà mentionné dans l'entretien, mais que je remets ici. Nous sommes à un moment de notre humanité où il y a un tel niveau de complexité que si on ne change pas des paramètres intérieurs, on ne va pas y arriver. Pourquoi est-ce que c'est si complexe ? C'est parce qu'on est interrelié à 8 milliards directement ou indirectement, que ça, on a sans arrêt... comme dans tout système des rétroactions, c'est-à-dire des réactions des uns et des autres qui font bouger le système en permanence. Donc à 4, c'est une chose, à 8 milliards, c'en est une autre. Et quand même, il n'y aurait que 4 milliards qui seraient vraiment interconnectés, c'est déjà énorme. Et donc, on n'est à ce stade pas tellement équipés pour y faire face. La preuve, c'est qu'on a énormément de régressions, de conservatismes, de populismes, de complotismes, des tas de ismes. qui montre que face à ce seuil-là de complexité, on régresse. C'est tellement difficile, enfin on croit que c'est tellement difficile qu'on régresse. Sauf que si nous sommes contemporains de cette complexité, donc ce n'est pas toi Gaëlle et moi qui l'avons co-créé, mais on en est contemporain, on en est maintenant et pas avant ni après. Donc je postule que nous avons potentiellement les capacités pour l'appréhender. des capacités cognitives, émotionnelles, sociales, qui auraient donc un impact sociétal. Simplement, il faut aller les réveiller. Et donc, c'est quoi l'humanité 3.0 ? C'est à la fois, d'un côté, avoir la capacité à comprendre le monde dans lequel on vit. Donc, je suis en train de mettre en place des universitas humanité 3.0 où j'aimerais qu'il y ait des contributions collectives pour asseoir le… Les connaissances dont on a besoin aujourd'hui pour passer le cap, parce qu'un tout seul, même s'il était payé une fortune, il ne pourrait pas. Donc, il faut vraiment qu'on s'associe pour créer ce corpus et revenir à des basiques. Une fois qu'on sait ça, on peut faire autre chose. Et puis, il y a ce cursus. Donc, la traduction de comprendre, c'est comment on fait. Et donc, ce cursus, c'est de dire, sur dix, huit mois, on s'engage à mobiliser et à faire bouger. les différentes facettes que je viens de nommer. Qu'est-ce qu'on peut faire bouger au niveau cognitif, au niveau social, au niveau émotionnel, au niveau corporel, enfin en tout cas en embrassant la totalité de l'être humain, qu'est-ce qu'il faut qu'on monte ? Un peu comme un equalizer, il faudrait monter tout en même temps pour voir ce qui se passe. C'est-à-dire donc, l'idée c'est de l'expérimenter, en même temps de l'observer, pour le documenter par rapport à l'état de la science. C'est-à-dire qu'en gros, tout ce que je veux faire bouger, Les neurosciences disent ben non Parce que les neurosciences, elles observent l'humain que nous sommes aujourd'hui, pas notre potentialité que l'on peut manifester. D'accord ? Et donc, moi, c'est ce postulat. C'est-à-dire, on a soit le choix, et quand je l'ai écrit, ce projet, on était avant Elon Musk de maintenant. Donc, on a soit le transhumanisme qui est loin d'être un projet. Là, maintenant, il va y avoir des milliards et des milliards dessus. Soit on est une humanité 3.0, c'est-à-dire qu'on passe effectivement un seuil et on développe toutes nos capacités qui sont là, par exemple, pour réaliser les changements dont tu parlais tout à l'heure. pour arrêter la dichotomie entre je le pense et je ne le fais pas. Voilà, donc c'est ce postulat-là. Donc pour l'instant, on a testé des morceaux, et donc l'enjeu, c'est de dire quels sont les early adopters, ceux qui veulent vraiment s'engager là-dedans, pour tester comment ça marche, et puis il faut qu'on trouve des financements pour nous soutenir, pour qu'on réalise notre laboratoire de recherche-action hors les murs. qu'on ait toute la liberté pour aller chercher ce qu'on veut chercher, comme on veut le chercher.
- Speaker #1
Donc, c'est à la fois de l'information et de l'université, j'imagine, c'est du partage de savoirs, de connaissances et en même temps de l'expérience collective sur ce qui nous fait vraiment bouger ensemble, c'est ça ?
- Speaker #2
C'est ça, c'est les deux. Il y a de quoi on a besoin pour comprendre tous les enjeux et pas que écologiques. Et puis la traduction, bon allez, maintenant on s'y met et on passe un certain temps pour voir si ça marche. Et je m'appuie pour ça sur plusieurs pédagogies de transformation que j'ai réalisées précédemment et qui ont toutes marché. Je dis, why not celle-ci ? Et effectivement, j'ai parlé transdisciplinaire précédemment, c'est évidemment avec d'autres que je le fais, je ne fais pas ça toute seule.
- Speaker #3
et
- Speaker #1
la logique de transformation est-ce que tu veux nous éclairer un peu sur ce que tu as fait qui a marché
- Speaker #2
Eh bien, par exemple, la première, c'était en 93, au lycée où j'avais fait ma scolarité. Je me suis dit, est-ce qu'on pourrait faire bouger les jeunes au niveau du collège et du lycée ? Donc ça, c'était en 93. C'était sur la connaissance de soi pour le collège, la connaissance de soi adaptée aux collégiens pour leur orientation. Et pour le lycée, c'était apprendre la pensée critique avant d'entrer en philo. c'est-à-dire apprendre à penser, à philosopher avant de rentrer en philo, juste pour embrasser la diversité des choses, parce qu'un sujet juste pour éclairer qui m'avait sidéré, c'est que il y avait des jeunes qui hésitaient entre on descend du singe ou on descend d'Adam et Ève. J'ai dit là on n'est pas sortis de l'auberge puisqu'en fait on n'était pas du tout sur les mêmes niveaux logiques. Je lui ai dit il y a quelque chose à faire parce qu'il n'y a pas besoin de choisir entre Adam et Ève ou du singe. Il faut juste arriver à mettre chaque chose à sa place. Donc ça c'était la... première, j'ai fait une pédagogie sur la paix, la conscience et la liberté. Je me dis, est-ce que ça se transmet ce machin-là ? Et est-ce qu'on peut arriver à faire bouger les lignes sur cette thématique-là ? J'en avais fait une autre pour Capgemini en 99 sur l'anticipation, c'est-à-dire les capacités prospectives et l'imaginaire, on dirait, aujourd'hui. Donc, est-ce qu'on a la capacité à bouger sur ces registres-là et comment ? Il y a AlterCop. qui est pédagogie de l'altérité et de la coopération. Donc, ça, c'est plus récent. On a fait sept modules dans six territoires avec 35 intervenants. Là, c'est pareil, parce que les gens sont parés au début ou à la fin. Et voilà, là, tout de suite, il y en a d'autres, mais là, tout de suite, elles ne me reviennent plus. Mais en tout cas, voilà, c'est de dire qu'est-ce que, en partant dans le constat à chaque fois, qu'est-ce qu'on pourrait arriver à faire pour que ça change ? Et j'utilise une grande brassée de composantes. c'est-à-dire une grande variété de contenus, souvent différents intervenants, en plus une mobilisation dans différents territoires, différents lieux, pour être aussi nourris par eux, et des processus qui viennent toucher les différentes capacités de l'être humain. Et jusqu'ici, ça marche. Alors bon, il y a toujours des gens qui décrochent, qui disent mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Qu'est-ce que je viens de faire là ? Donc en général, ils partent assez vite. Et puis il y a ceux qui se disent ah ben allons-y Voyons ce que ça fait. Et la sortie fait qu'ils ne sont pas au même endroit au début et à la fin.
- Speaker #1
Est-ce que tu as envie là de partager avec nous une de ces expériences, un tout petit peu plus en détail, pour qu'on voit le cheminement que tu as pu mettre en place, les moments de partage de connaissances, les moments d'expérience et quelles expériences tu as pu proposer et mettre en œuvre ?
- Speaker #2
J'ai essayé de répondre de façon un peu synthétique. Si je prends la pédagogie de la… paix, de la conscience et de la liberté. C'était en 2010, ce n'est pas hier. J'avais choisi un petit groupe de personnes qui étaient suffisamment averties pour qu'ils soient bêta-testeurs. La moitié du groupe, c'était ça et la moitié, c'était des gens que je ne connaissais pas. Comme ça, je me suis dit que je me fais mon panel entre ceux qui savent et qui sont avertis, qui me connaissent, etc. Ça donne quoi ? Et ceux qui débarquent, ça donne quoi ? Et donc, j'ai longtemps hésité en me disant par quoi je commence en termes de premier module. Est-ce que je fais un premier module qui donne des éléments de connaissance, donc quand même avec un schéma descendant, ou est-ce que je les mets directement dans le bain avec de l'expérientiel ? Et donc, j'ai choisi le bain expérientiel parce que je me suis dit, sinon on va être dans un format où on utilise la tête d'abord. C'est vraiment un postulat pédagogique, il ne serait pas passé la même chose de toute façon. Et bien c'est comme ça que j'en ai perdu deux, parce que l'expérientiel était suffisamment mobilisateur pour que des personnes aient un peu de mal. Donc on a vécu des situations plutôt autour de… il y avait de la méditation, il y avait du travail avec le corps, avec la danse, il y avait plusieurs choses, mais on était dans une expérience de la paix. intérieure et de la paix dans la relation. Je vais dire ça comme ça. Et c'est le module suivant où il y a eu des connaissances qui ont été apportées pour mettre en résonance ce qui avait été vécu avec des apports et connecter les éléments. Donc là, on était plus dans de la discussion, quoique je l'avais fait dans un lieu où on pouvait aussi aller bénéficier de l'extérieur. Donc il y avait quand même des pauses régulières pour aller marcher ce qu'on avait vécu. et partagé. Donc ça, je sais ça depuis très longtemps cette interface avec le vivant. Et évidemment, il y avait aussi un retour sur le module 1, c'est-à-dire maintenant que vous avez ces connaissances-là, avec ce que vous avez expérimenté, quelles connexions vous faites et qu'est-ce que ça a fait bouger, qu'est-ce que ça a fait changer, qu'est-ce qu'il faudrait faire bouger. Donc voilà, il y a eu 5 modules et donc il y en a eu 2 très expérientiel puisqu'il y en a un qui a duré une semaine. Donc, on fait quand même pas mal d'expériences avec vraiment immersion dans la nature et connexion aux différents éléments et à d'autres dimensions. C'est-à-dire aussi comprendre la part que l'invisible joue dans le visible. Parce que ça, c'est vraiment un médadar. Puisqu'on est occidentaux, c'est d'essayer de donner des clés de lecture des deux éléments. Comment est-ce que... on peut continuer à raisonner par rapport au monde visible, ça c'est celui qu'on connaît, enfin récemment en tout cas, notre pensée dite cartésienne, c'est comme ça qu'elle embrasse le réel, il y a besoin de le comprendre, de le connaître, de le catégoriser, de lui mettre des étiquettes, etc. Donc l'analyse plutôt analytique et objective, et puis l'approche beaucoup plus intuitive, sensorielle, perceptive, mais dont l'essentiel est rarement visible, mais qui est tout aussi opératif. arriver aussi à expliquer ces deux modes de fonctionnement, ces deux types de règles, pour qu'on arrête de dire il y a la rationalité et l'irrationalité, mais de comprendre qu'on a deux types de rationalité qui fonctionnent juste différemment. Et ce qui est bien, c'est qu'on est équipé de ces deux éléments dans notre cerveau, donc autant qu'on s'en serve, mais en conscience. Et résultat, on peut mettre des mots sur du ressenti, on peut mettre du ressenti sur de l'intellect. Et tout devient du coup incarné. Et c'est cette incarnation à plusieurs niveaux qui précisément va permettre des transformations. C'est-à-dire que ce n'est pas un côté ou l'autre, c'est l'ensemble.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, c'est ce qui permet la justesse dont on parlait tout à l'heure, tout au début de notre conversation ensemble. Elle vient du fait qu'on a embrassé les deux façons de capter le monde, on pourrait dire. Je ne sais pas si c'est juste.
- Speaker #2
C'est ça. C'est-à-dire que c'est cette appréhension globale, holistique, qui va permettre des transformations et que peut-être une... même si j'ai bien entendu que nombreux étaient ceux qui avaient essayé de mettre du corps et du sensible.
- Speaker #0
dans certaines démarches pour embarquer les personnes, mais il faut vraiment qu'on ait vécu de l'intérieur des transformations réelles. Et pour ça, ça implique que ce qu'on propose ne soit pas du fake, que ça ne soit pas gadget. Il faut vraiment que les gens rentrent dans l'expérience et qu'ils vivent une transformation réelle, qu'elle soit corporelle, émotionnelle ou autre. Sinon, ça reste en surface, et si ça reste en surface, que ce soit intellectuel ou autre, ça ne permet pas des vraies transformations, ça va revenir. exactement comme avant. Et après, une dernière chose aussi sur toute pédagogie et qui se respecte, on le sait mais on le pratique très peu, que l'on fasse un stage, qu'on fasse 10 jours de méditation ou l'apprentissage du Mouk Tartampion, donc quel que soit le registre dans lequel on va faire quelque chose de nouveau, si on ne l'entraîne pas, eh bien ça ne marche pas. Donc il faut une discipline, ce qu'on n'aime pas comme mot, il faut une discipline pour qu'on arrive à mettre, qu'on remplace un 33 tours par un autre. Je sais que 33 tours c'est une vue d'épinal pour beaucoup, mais qu'on remplace notre disque dur intérieur, enfin certaines facettes de notre disque dur par d'autres. Si on n'entraîne pas aussi souvent, et c'est pour ça que j'aime bien l'image du 33 tours parce qu'il y a des sillons, si on ne nourrit pas le nouveau disque avec de nouveaux sillons de façon régulière, c'est l'ancien 33 tours qui revient. Donc on le sait. mais ça ne nous empêche pas de ne pas le faire. Donc là, ce qui va permettre de pallier ça, c'est le groupe. C'est-à-dire que tout seul, on rentre chez soi et hop, on reprend ses habitudes, on se refait grignoter par le quotidien. Tandis que si on se permet des groupes de pratiques et des rencontres régulières, physiques ou distancielles, on va pouvoir entretenir ce 33 tours jusqu'à ce qu'il devienne un nouveau réflexe et qu'en fait, ce nouveau 33 tours remplace la routine précédente.
- Speaker #1
Oui, puis on a aussi l'avantage avec le collectif, bon d'abord il est effectivement, il met dans une dynamique, mais en plus il y a l'effet mimétique dont tu parlais tout à l'heure, qui fait que quand on est avec des personnes qui ont déjà fait un certain chemin, il est plus facile pour les autres.
- Speaker #0
Là, absolument, là c'est le côté positif du mimétisme, et c'est juste la décision, je t'ai parlé de liberté au tout début, c'est de rendre les gens acteurs de cette liberté en disant voilà, si j'utilise une de mes composantes, comme l'effet mimétique d'apprentissage, c'est en conscience, donc je décide sur quoi. je décide d'imiter les autres et sur quoi je décide de ne pas les imiter.
- Speaker #1
On arrive à la fin de notre conversation. Christine, qu'est-ce qui te donne de l'espoir aujourd'hui ?
- Speaker #0
La puissance de la résilience. On est un petit morceau du vivant et quand on regarde le vivant, ce sont des leçons extraordinaires. J'ai toujours cette image du brin d'herbe qui fait péter le bitume et qui pousse. Voilà. Donc, On a une résilience individuelle et collective phénoménale dont il est question de prendre conscience pour l'organiser, pour qu'elle nous permette de franchir le cap. Mais ça nécessite de savoir vers où on veut aller, ce qui me ramène à ce que je disais tout à l'heure sur la diversité des directions où les gens veulent aller. Donc j'ai beaucoup d'espoir, parce que là, c'est tout l'intérêt des réseaux, c'est que l'information a l'entrée très vite. il y a soit ceux qui vont déprimer tout de suite bon ben au revoir mais il y a tous ceux qui disent non non on ne peut pas laisser les choses se faire comme ça et je pense qu'on va encore avoir un nouvel élan motivationnel de résilience il ne faut juste pas louper le coche parce qu'à force de se mobiliser à faire changer les choses on a des effets forts de démotivation moi je suis une des rares de ma génération à continuer à réagir parce que j'ai plein d'amis qui me disent au bout de 20 ans, 25 ans, on ne peut plus, j'arrête. Et c'est beaucoup de repli sur soi au niveau spirituel. Alors, ce n'est pas un problème si on finit tous en Bouddha parce qu'on aura un effet de rayonnement phénoménal. Mais comme ça, ce n'est pas garanti, il faut quand même essayer encore d'agir avec les autres. Et je vois cette fatigue pour certains. Je vois cette fatigue alors qu'il n'y a pas lieu d'être fatigué. Mais alors, ça revient aussi à quelque chose que j'ai dit au début. C'est un, d'être connecté à la source, parce que si je le fais sur mon énergie personnelle, là c'est sûr que je vais vite m'épuiser. Et deux, effectivement, de croire dans les autres et de se dire, allez hop, on y va, il va bien y avoir des personnes qui ont le même objectif. Et là, il y a la possibilité de se relier à beaucoup plus nombreux. Et j'ai vraiment l'espoir dans cette résilience collective, parce qu'elle est la vivance de la vie. La nature nous donne ça à longueur de journée. Elle repousse tout le temps, même si on lui fait de tout, elle repousse quand même. Même les pierres, c'est plus long, on ne le voit pas, mais même les pierres, ça repousse. Mais bon, il faudra des continuum qu'on n'a pas. Donc, on est capable de ça. Donc, OK, les ronchons, les désespérés, on sait que ça fait partie de nous, mais on peut vraiment faire un choix et dire je mets mon énergie à préserver le vivant, à nourrir le vivant, à le co-alimenter et à faire que si on s'engage à plusieurs, il y ait vraiment de l'espace pour chacun et que ce soit une incarnation réelle de coopération et pas juste des mots.
- Speaker #1
Merci pour tout ça. Est-ce qu'avant qu'on se quitte, il y a quelque chose d'autre dont tu voudrais parler qu'on n'a pas encore évoqué ?
- Speaker #0
Déjà, j'ai envie. te remercier pour cet espace que tu permets que tu crées et où tu donnes la possibilité de tisser dans différents domaines donc voilà je voulais te remercier parce que souvent l'intervieweur il est là mais je pense que c'est parce que tu es là et que tu as fait ce podcast d'entre là qu'il peut se passer des jolies choses et donc si j'avais encore quelque chose à dire plus on arrivera à faire des entrelacs entre les uns et les autres des liens entre qui nous sommes dans nos singularités, dans nos singularités de collectif. Et si on se bouge ensemble, si on se rencontre vraiment, et si on se dit, si on mutualise nos forces et nos ressources, je pense qu'on peut vraiment y arriver. Voilà. Et on a le recul de 40 ans à peu près pour voir un peu toutes les bêtises sur lesquelles il fallait, les pièges sur lesquels il ne fallait pas tomber. Donc, puisqu'on le sait et qu'on le voit, et bien continuons. avec la richesse de cet apprentissage pour faire autrement.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai qu'on a un sacré nombre de points d'appui et de points de référence aussi.
- Speaker #0
Et peut-être le dernier, dernier mot, qui est pourtant l'essentiel, si on a cette connexion à la source, automatiquement on est nourri par l'amour, avec un grand A. Et c'est d'avoir l'humilité du petit être humain de comprendre que si on accepte d'être nourri par plus grand que soi, alors on a des moyens décuplés, on a une énergie de malade, on a... on a de la joie qui balaye tout le reste. Et c'est ça qu'il faut partager aussi. C'est une belle conclusion.
- Speaker #1
Un grand, grand merci à toi, Christine.
- Speaker #0
Merci à toi, Gaëlle.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #2
Si vous voulez en savoir davantage sur Christine Marsan, sur Humanité 3.0, sur toutes ses propositions, vous trouverez, comme d'habitude, toutes les informations qu'il y a dans la description de cet épisode. Ce podcast n'est pas seulement le mien, c'est aussi le vôtre, c'est le nôtre. Si vous voulez contribuer, intervenir, proposer, contactez-moi. Si vous avez aimé cet épisode, partagez-le autour de vous, mettez des étoiles pour le noter et abonnez-vous pour ne pas manquer les prochains. A très bientôt !