- Speaker #0
Le musée SACEM présente La boîte à frissons, histoire d'accordéon, un podcast présenté par Philippe Krümm. Michel Pruveau, artiste de variété, 71 ans.
- Speaker #1
Nathalie Bernat, musicienne, 28 ans.
- Speaker #2
Première question, c'est Michel, ta première rencontre avec l'instrument.
- Speaker #0
Ma première rencontre avec l'accordéon, c'était très simple, puisque mon père était accordéoniste. Donc, vers l'âge de 3 ans, 4 ans, je l'ai vu jouer dans le café de mes grands-parents. Et donc, tout de suite, j'étais très étonné. Et un jour, il est rentré, 2 ans après, avec un tout petit accordéon, que j'ai toujours d'ailleurs. Et il m'a dit, voilà ce qui va se passer dans quelques temps. Et moi, j'ai commencé à pianoter là-dessus. Et j'avais ma grand-mère qui était fan de Tino Rossi et qui mettait sur son électrophone les disques de Tino. Et moi, j'écoutais et j'essayais d'oreille. Et j'ai commencé à jouer comme ça dans le café de ma grand-mère pour les clients qui me disaient, tu peux nous jouer ça, étoile des neiges ? Allez, hop, un doigt avec deux doigts. C'est parti comme ça.
- Speaker #2
Et vous, chère Nathalie ?
- Speaker #1
J'entendais beaucoup d'accordéons à la radio dans ma famille et je jouais déjà de la cabrette donc je voulais découvrir un nouveau répertoire avec l'accordéon.
- Speaker #2
Et ton premier accordéon ?
- Speaker #1
Mon premier accordéon, c'était un petit Pierre Maria que m'avaient acheté mes parents pour m'encourager.
- Speaker #2
Et le premier air que tu as travaillé sur ce merveilleux instrument ?
- Speaker #1
C'est une marche folklorique qui s'appelle Belle Rose.
- Speaker #2
Donc on est dans la musique régionale.
- Speaker #1
Oui, voilà, dans le folklore auvergnat.
- Speaker #2
Et d'entrée, toi, l'idée, c'est d'en faire un métier ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. Moi, c'était vraiment secondaire. J'aimais beaucoup travailler à l'école, les études, on va dire. Et puis je m'étais dit que ça faisait un passe-temps, une passion, comme il y en a d'autres qui font du sport. Et du coup, après, petit à petit, j'ai eu des contrats, des opportunités. Je me suis rendue compte que j'aimais ça.
- Speaker #2
Michel, toi quand tu te mets à l'accordéon Tout de suite, t'as envie de pas le quitter, t'en joues, tu te fais pas moquer par tes copains, comment ça se passe ?
- Speaker #0
Moi, j'ai commencé à jouer de l'accordéon, bon, contraint forcé, mais je suis tout de suite tombé dessus, j'ai gémé ça, et puis j'allais traîner déjà un peu gamin dans les balles où mon père jouait, donc je voyais les gens qui dansaient, j'écoutais ce qu'ils faisaient, les succès d'époque. Et puis les gamins, moi mes copains, j'habitais à la campagne, un petit village machi à côté de rue dans la Somme. Et les copains étaient fiers que je joue de l'accordéon, même l'instituteur me demandait de l'amener à l'école. Je pense que maintenant ça a changé ça. Et donc je commençais à jouer et puis j'ai commencé à travailler l'accordéon dès que j'ai su lire. le solfège, les méthodes Ferrero avec mon père, les concours d'accordéon les concours de l'UNAF ici avec tous les stars qui étaient au jury Astier, Baseli Vetterner, Marcel Azola, j'en passais des meilleurs et donc voilà l'accordéon sérieux mais j'étais quand même très attiré par un mec qui faisait une émission d'accordéon tous les dimanches midi qui s'appelait André Verschuren. Il s'appelait Leroy d'accordéon. Moi, j'écoutais ça et ça ne plaisait pas du tout à mon père. Ils étaient très copains, tous les deux. À chaque fois que Verschuren venait jouer chez moi, à côté, il venait manger à la maison et pour boire le coup, pour raconter les histoires, ça, d'accord. Ils avaient fait les concours d'accordéon ensemble en 1937. Mais musicalement opposés. Un trémusette commercial populaire. Et mon père... À l'inverse, très classique, on jouait avec un son américain. Donc c'est parti comme ça.
- Speaker #2
Et alors justement, du coup, tu étais bicéphale. Tu avais le répertoire de ton père d'un côté, puis en cachette, tu travaillais le répertoire du musette style Verschuren, le balbal.
- Speaker #0
Ça s'est passé d'une façon terrible. J'ai commencé à jouer ça, mais avec mon père, on jouait la petite musique de nuit, on jouait Beethoven, on jouait tout ça. Donc là, ça ne rigolait pas. Et puis il m'avait mis chez Jacques Mandel pour me perfectionner, qui était son prof à l'époque, qui était le prof de toute cette génération. Et ma grand-mère, qui savait que j'aimais Verschuren, écrivait à Francis Baxter, rue du Faubourg Saint-Martin, édition présence, en lui disant d'envoyer les partitions à son nom à elle, qu'elle me donnait, et je les cachais sous mon lit, et moi je jouais les machins comme ça, sans qu'il le sache, jusqu'au jour où il est tombé dessus, alors là c'était catastrophique.
- Speaker #2
Et toi Nathalie, alors un prof tout de suite, c'est ton répertoire, tu le constitues comment ?
- Speaker #1
Moi comme je jouais déjà de la cabrette, je connaissais les morceaux du folklore auvergnat, les grands standards, les bourrés, les airs... traditionnel populaire que j'avais dans la tête depuis longtemps puis je me dépatouillais un peu avec ça et ensuite c'est par comme c'était vraiment au début juste un passe temps c'est un copain de mon père qui m'a fait voir à temps perdu on va dire alors par exemple il y avait quoi dans ton répertoire ton premier répertoire il n'y a pas que des bourrés ?
Ah bah si il y avait beaucoup beaucoup d'airs traditionnels comme ça de scotiche de mazurka c'était essentiellement ça du folklore et puis après j'ai attaqué un peu de un peu de musette, un 2-3 classiques, on va dire, pour voir.
- Speaker #2
Tu te souviens de ta première montée sur scène ?
- Speaker #1
Oui, je m'en souviens bien. C'était pour un réveillon, il y a quelques années.
- Speaker #2
Et ton premier orchestre, quand tu décides de tourner ton premier orchestre ?
- Speaker #1
Je ne l'ai pas vraiment décidé en fait, j'avais des demandes pour jouer et puis je comprenais bien qu'il fallait que je m'entoure un peu, il n'y avait pas du tout dans mon esprit, ce n'était pas possible de jouer avec un ordinateur des séquences, je ne sais pas. Et du coup c'était avec des copains au départ, à la cabrette notamment, un batteur. On avait une première formule très auvergnate avec deux accordéons et une cabrette, ça marchait bien la preuve.
- Speaker #2
Et Michel, ton premier orchestre ? Le premier orchestre de Michel Pruveau ?
Le premier orchestre de Michel Pruveau, c'était après le service militaire. Mais j'ai commencé, j'ai mis le doigt dedans bien avant. Et moi, quand j'étais gamin, j'avais gagné quelques concours d'accordéon. Et mon père me faisait jouer. Alors j'étais coiffé à la brosse et en short. Et moi, je jouais et je voyais les gens qui pleuraient. Moi, ça m'amusait. Et puis, j'avais appris tout son répertoire. Qui était, par exemple, c'était quoi ton tube ?
- Speaker #0
Il jouait tous les succès d'époque dans les bals populaires. Moi j'avais appris ça, puis mon père lui, il avait une... Si j'allais bien travailler à l'école, il m'emmenait le 14 juillet voir l'arrivée du Tour de France au Parc des Princes. Parce que j'étais amoureux de vélo. Et puis on jouait le soir, et le lendemain il partait en vacances pendant deux mois. Parce qu'il faut savoir qu'à cette période-là, on était en vacances du 1er juillet au 1er octobre. Donc il partait deux mois dans un petit village qui s'appelle Bidart, donc près de Saint-Jean-de-Luz. et les musiciens ne travaillaient pas pendant l'été. Et un jour, ils lui ont dit, attends, lui, il connaît le répertoire par cœur, beaucoup il reste pas avec nous. Et alors, je suis resté avec eux. Et alors là, à 13 ans, j'ai démarré les Baloches, à bloc. Et quand il est rentré, donc de vacances, il m'a dit, bon ben là, ça s'arrête, on reprend l'école de Sarge. J'ai dit, non, non, non, moi j'arrête pas, je continue. Et je suis resté dans son orchestre. Il faisait exprès de rentrer à 5-6 heures du matin. Il disait à ma mère, tu mets sa blouse, parce qu'on mettait une blouse à l'école, dans son sac. Et puis, des fois qu'on soit un peu à la bourre, je le dépose. il faisait exprès, il disait à son copain l'instituteur tous les lundis Tu le questionnes à bloc, Je suis resté comme ça, au service militaire. Donc, j'ai monté un orchestre là-bas, à Baden-Baden, avec le général Massu, pendant 18 mois. Et au retour, j'ai monté mon propre orchestre, et ça s'est appelé, ça va vous faire tous rigoler, Michel Pruveau et ses Playboys.
- Speaker #1
C'est pas mal, moi, je trouve.
- Speaker #2
Et alors, les tubes de Michel Pruveau et ses playboys c'était quoi ?
- Speaker #0
Bah à l'époque déjà je jouais toutes les mélodies de Verchuren et tout ce qui marchait dans le musette.
- Speaker #2
Par exemple il y avait quoi ? Tu te souviens ?
- Speaker #0
C'était Fiancé Louvergne, C'était Si j'étais resté célibataire, Un petit chapeau tyrolien, Au plaisir des bois. Et puis les succès que mon père, mon père est compositeur donc il avait écrit quelques trucs au marché très fort par exemple. Son gros succès c'est Mon Inconnu, une valse musette extraordinaire. Donc voilà, jouer tout ça, toutes ces compositions. Et puis ce que j'entendais à la radio. Au bout d'un moment, je me suis dit, j'avais appris à jouer la guitare et le clavier. Dans ces années-là, je me suis dit, bon, l'accordéon, ras-le-bol. J'en fais depuis X temps. Et à l'époque des concours, ils me faisaient jouer 6-7 heures par jour. Donc, ras-le-bol. Et là, je me suis mis à la guitare et au clavier. Et je me suis débaptisé. J'ai rencontré une femme qui était à Pressario, en Bretagne. À Ploézac, elle me dit « Michel, j'ai vu votre orchestre, c'est terrible. » Elle était en vacances dans le Nord. « J'aimerais vous faire travailler. Je vous donne 2-3 ans de contrat d'avance, mais il faut changer de nom. » Parce que Michel Pruveau, ça veut rien dire, tu vois, c'était les années 60's. Alors Michel, c'est devenu Mike, et puis comme j'aimais aussi les Harley Davidson, Mike Davidson. Et on est parti comme ça, des cheveux sur les épaules, des blousons noirs avec des aigles dans le dos et machin. Et là on a fait, pendant dix ans, ça a été la folie. Mike Davidson, chaud.
- Speaker #2
Et donc là, à cette époque-là, tu faisais des reprises de tout ce qui marchait dans le rock, quoi.
- Speaker #0
Johnny... Johnny, j'étais fan de Johnny. Alors que là, il s'est passé un truc terrible. j'ai fait ça pendant 10 ans Et puis j'avais juré que je ne jouerai plus jamais d'accordéon. Et alors au grand dame de mon père qui disait c'est pas possible. Et là j'ai arrêté complètement. J'ai tout lâché. Au bout de dix ans tout ça s'est tombé. Les orchestres modernes tout ça il n'y en avait plus. Pourquoi ? Parce que c'était l'arrivée des discothèques. Et donc je me suis retrouvé dans une boîte de nuit. D'abord j'ai fait le casino Rulles de Nice qui a fermé en 81 aux élections suite aux histoires politiques. Et je me suis retrouvé dans un dansigne à menton qui s'appelait le Namuna sur la plage de Sablette. Et là, le mec m'a dit, ici, il faut jouer de l'accordéon. Alors, je téléphonais à mon père, j'ai eu besoin d'un accordéon. Donc, j'ai pris l'avion, je suis venu chez Pierre-Maria, ils m'ont filé un accordéon, et j'ai recommencé à jouer du jour au lendemain. Et c'est parti. Là, derrière, il y a eu le record avec tout ce qu'on en sait.
- Speaker #2
Tu vas nous en parler après. Donc, Nathalie, toi, tu arrives sur scène, tu te constitues un répertoire et tu tournes de plus en plus. Là aussi, tu fais comme Michel, tu décides que ce sera ton métier ?
- Speaker #1
Oui, voilà, j'ai compris que... C'est quelles années ? Ça c'est les années 2000. Je ne connaissais pas trop le milieu du bal vraiment, parce que mes parents n'étaient pas musiciens ni rien, et je pensais que c'était vraiment quelque chose qu'on faisait à temps perdu. Puis je me suis aperçue en en faisant qu'il y avait vraiment un filon pour que ça devienne ma profession, et que si je faisais ça bien, ça pouvait cartonner. Et donc ouais, j'ai monté un répertoire. Au départ on faisait vraiment que du folklore auvergnat, tu vois tous les standards. traditionnelle et puis après j'ai bien compris qu'il fallait que je joue des tangos, des passos.
- Speaker #2
L'idole de Michel, c'est Verchuren. Toi c'est qui ? Parce que les femmes, il n'y en avait pas tant que ça dans l'accordéon.
- Speaker #1
Moi j'aime bien Rina Ketty mais c'est pas une accordéoniste.
- Speaker #2
Pas vraiment mais tu jouais des répertoires de Rina Ketty ?
- Speaker #1
Ouais un peu.
- Speaker #2
Et Yvette, ton regard sur Yvette Horner ?
- Speaker #0
C'est formidable, comment on peut dire le contraire ?
- Speaker #1
Mais tu écoutais ? C'est des disques que t'écoutais ?
- Speaker #0
Pas beaucoup non, parce que moi, dans ma famille, dans ma culture et tout, c'était vraiment folklore, folklore, folklore.
- Speaker #1
Oui parce que toi Michel, dans ton coin, folklore, il y en avait plus vraiment, il y a peut-être quelques airs un peu...
- Speaker #2
Le petit quinquain, les trucs du nord.
- Speaker #1
Quand la mer monte ?
- Speaker #2
C'est devenu bien près ça, Raoul de Godvergel. Mais moi j'étais fan de Verchuren parce que je l'entendais à la radio. J'ai été très étonné aussi, un jour je suis allé voir Emile Prudhomme et quand j'ai vu Emile Prudhomme jouer comme ça, cette cadence, Musette, il était le seul à savoir le faire. J'avais trouvé ça et à l'époque il y avait une réunion de tous les accordéonistes, ça se faisait rue du Faubourg Saint-Martin chez Batifolles. Donc ils se réunissaient là et là avec mon père j'ai eu la chance de voir Emile Vaché, Adolphe de Prince, les Carrara, tout ça, tout le monde était là. Ils faisaient la fête, ils jouaient de l'accordéon, c'est formidable.
- Speaker #1
Donc ton répertoire, tu reprends l'accordéon, ça c'est quelles années quand tu reprends l'accordéon et tu te coupes les cheveux ?
- Speaker #2
Je reprends l'accordéon, je coupe les cheveux, je mets un costume et une cravate, tout ça, donc c'est en 1981, après les élections, parce que je suis obligé, voilà. Donc je fais ça, mais petit aparté, j'étais très amoureux du vélo, et en 1964 je suis devenu coureur cycliste, et j'avais décidé, et mon père était d'accord, pour que je sois coureur cycliste. Lui il aurait voulu être coureur cycliste, mais il est tombé dans les années de la guerre, pas possible. Et donc, j'étais jusqu'au moment de passer pro. Et j'avais signé un contrat avec Maurice Dumuer et qui disait « Alors maintenant, c'est fini la musique. C'est vélo, vélo, vélo. » Et donc, un jour, j'ai dit à Maurice « Je veux championnat de France. Si je suis champion de France, j'arrête la musique. Et si je perds le championnat de France, j'arrête le vélo. » Et là, paf, je fais deuxième derrière Bernard Thelney. Et Thelney, après, quand il était à la télé, il disait toujours « Vous savez que si Prouivaud fait le métier, c'est grâce à moi. »
- Speaker #1
Alors justement, là, tu parlais de tout ce répertoire que tu jouais. En fait, tu copiais un peu tes idoles et tout. Quand est-ce que tu te mets à te dire, mais dans le fond, je peux peut-être moi aussi avoir mon répertoire et que tu commences à écrire ?
- Speaker #2
Le jour où j'ai vu le relevé SACEM de mon père. Là, ce jour-là, je me suis dit, mon père, mais c'est quoi ça ? Alors, on connaissait tous ses succès, tout ce qu'il y avait écrit, les tangos, tout ça. Je me dis, ça s'appelle les droits d'auteur. C'est-à-dire, tout ce qu'on joue, les organisateurs payent des droits d'auteur et nous, on retouche tous les six mois. à bout. Alors j'ai commencé à écrire et le premier truc que j'ai écrit c'était donc l'équipe de France qui faisait le mondial en 81 ça s'appelle Aller la France voilà on a fait ça puis après il y a eu ce fameux record d'accordéon.
- Speaker #1
Alors parle nous en c'est quoi ces histoires de record ? L'accordéon il y a plein de champions du monde et il y a des recordman. Alors ça se passe comment ?
- Speaker #2
Il y a plein de champions du monde mais des recordman il n'y a pas beaucoup. Donc moi je joue au namuna et là les gens me disent monsieur vous n'avez pas un 33 tours à l'époque ? Ben non, au bout d'un moment, je vais dans un studio en Italie, j'enregistre un 33 tours, Versu vient toutes les semaines à Cannes se reposer, et il voit dans le livre ce matin Michel Pruveau au Namuna tous les soirs. Donc il téléphone, Michel Pruveau, d'accord, je viens, faut pas lui dire. Et là, il arrive en surprise, et on fait la fête, et à 5h du matin, je lui glisse dans l'oreille, j'écoute, j'ai fait une bande, je sais pas quand je suis novice pour faire un disque. Oh, t'appelleras Jean-Claude Gagneux chez Discaz de ma part. Et moi le lendemain j'appelle Gagné Qui me dit bon alors venez-moi Et alors je prends l'avion, je viens, je fais l'aller-retour Et là Gagné prend ma bande Il le met sur son Révox Et là il regarde le tracklisting, il me dit Oh comment, vous avez la danse des canards Mais on la cherche partout, on la trouve pas Et là il a rien écouté d'autre, il a mis la danse des canards Hop, il écoute ça, il m'a dit C'est le même, bah oui j'avais fait un cover Hop, on dit je vous signe Alors Jacqueline, faites-moi un contrat, on signe Pruveau Il me dit seulement le problème c'est que vous n'êtes pas connu Michel Prévost-Verschuren. C'est très bien, mais vous n'avez pas connu. Alors, il faut trouver un truc. Bon, j'y vais réfléchir. Je repars, hors lit. Et en attendant mon avion, je vais à la boutique et je vois Guinness Record. Là, je feuillette à accordéon et je vois un Américain, Rick Tegarden, qui avait joué 62 heures. Alors, j'ai dit, ça y est, ça, je sais le faire. Je ne dure pas beaucoup. Donc, j'appelle. Je dis, Jean-Claude, je viens de trouver. J'ai fait le record du monde d'endurance à l'accordéon. Et j'entends qu'il dit, Jacqueline, faites presser le 10 de Prévost. vous mettez en gros raccordement du monde de l'accordéon je l'avais pas fait et là je fais ça Et donc je fais 77 heures. Et là il y a un mec qui écrit, qui voit ça par l'agence France Presse, à R sur la liste, donc dans le Pas-de-Calais, qui écrit à la Maison 10 en disant je félicite Michel Pruveau, mais moi je lui signale qu'en 1955, j'ai joué 155 heures. Mais le Guinness n'existait pas, donc il envoie le papier et tout ça, et forcément AZ me dit, hé Coco, ton record c'est bidon, faut le refaire. Et donc là je l'ai refait, et j'ai fait 177 heures 30. C'est-à-dire que j'ai commencé un dimanche à 15 heures, Et j'ai fini le dimanche après à 0h30. Et alors là, c'était l'explosion. RTL, Europe, Jacques Martin m'invite à Incroyable mais vrai. Quand je fais Incroyable mais vrai, Patrick Sabatier est en train de préparer son émission Porte Bonheur où il marie un couple d'orphelins et il dit tiens je veux ce mec là, donc je viens, il me donne 3 minutes un vendredi soir dans Porte Bonheur j'ai jamais reçu autant de courriers de ma vie et quand je passe à Porte Bonheur, Pascal Sevran démarre la chanson, le chanson me fait venir une semaine et voilà, c'est parti c'est parti comme ça
- Speaker #1
Et qu'est-ce qu'on joue pendant 177 heures ?
- Speaker #2
Bah tout le répertoire, tout ce que j'ai appris, attention parce que tu joues, faut jouer faut jouer pour que les gens dansent parce que c'est en public Et tu dors pas rien, on te donne à manger d'une main, machin,
- Speaker #1
tout. C'était du répertoire, tu l'avais sur partition ?
- Speaker #2
Alors rien, tout dans la tête.
- Speaker #1
Tout dans la tête.
- Speaker #2
Je suis capable de jouer toute une semaine sans partoche. Ah ouais, pour ça ouais. J'ai plus de difficultés avec les paroles, mais avec la musique.
- Speaker #1
Pour hardcore, on chante aussi ?
- Speaker #2
Non, je la chantais pas. Il faudrait quand même se préserver un petit peu. Mais j'avais refait avant le record un peu de vélo pour me mettre en condition.
- Speaker #1
Nathalie, 180 heures.
- Speaker #0
Ça fait rêver ! Non,
- Speaker #1
tu veux pas essayer 180 pour battre Michel ?
- Speaker #0
Allez, non.
- Speaker #2
Je vais le prendre... Je vais me mettre coach.
- Speaker #0
Pourquoi pas.
- Speaker #1
Et là, on parlait de répertoire. Toi aussi, à un moment, tu t'es mis à écrire, à composer des mélodies ? Oui. Alors, ça se passe comment ?
- Speaker #0
Moi, c'est pas trop la même démarche. Quand j'ai commencé à écrire mes premiers morceaux, je savais même pas que l'assassin existait. Comme je te disais, j'étais pas du tout dans le...
- Speaker #1
Je te coupe une seconde. Donc, du coup, tu rentres à l'assassin en quelle année ?
- Speaker #2
Je sais plus.
- Speaker #1
82 ?
- Speaker #2
Ouais. J'avais écrit déjà pas mal de trucs mais je n'avais jamais déposé. Et là, j'ai donc passé un examen. À l'époque, maintenant, ça ne se fait plus. Mais à l'époque, tu passais un examen et on t'enfermait dans une pièce pendant deux heures. Et pendant deux heures, on te donnait un thème et il fallait écrire. Et là, tout était bon. Et tu avais l'examen où tu l'avais pas.
- Speaker #1
Donc voilà, on a une jeune fille. bien dans son temps et qui ne sait pas que la Sacem existe.
- Speaker #0
Non, vraiment pas du tout. Je te dis, moi, dans ma famille, la musique que j'écoutais, les musiciens que je fréquentais dans les petits bals de chez nous, moi je jouais dans les petits villages autour de Saint-Flour, dans le Cantal, personne, aucun accordioniste même du coin m'avait dit « tu connais la Sacem ou quoi ? » Pas du tout. Et du coup, moi j'avais des idées, il me semblait qu'elles étaient pas mal d'ailleurs, pour écrire des chansonnettes. Le premier morceau que j'ai écrit s'appelle « Au pays des volcans » , tu vois, j'étais vraiment dans le truc. Auvergnat, c'est un Boston, c'était pour changer un peu. Et l'idée, c'était ça. C'était qu'en fait, j'ai compris au bout d'un moment, en faisant des balles, je le voyais par A plus B que je ne pouvais pas faire que du folklore sur le balle. Les gens, ils n'en pouvaient plus, parce que c'est assez rythmé quand même. Il fallait des trucs lents, des boléros, des tangos et tout. Mais comme je ne les connaissais pas bien, je me suis dit que je ne voulais pas les faire moi-même. Je n'avais pas peur. Et voilà, j'ai fait un Boston, un boléro, des airs comme ça. parce qu'en fait ces morceaux-là, ils me manquaient.
- Speaker #1
Et alors tu découvres la Sacem comment ?
- Speaker #0
Alors attends, j'ai sorti d'abord, donc je fais après un premier disque et puis je sais pas si c'était un oubli ou si c'était fortuit ou pas, mais personne m'expliquait trop quoi tu vois, puis je te dis j'avais pas de relation dans la musique vraiment quoi. Et au bout d'un moment, en discutant avec des copains, pareil, ils m'ont dit mais alors combien tu touches de Sacem ? Moi je disais je sais pas, j'en sais rien, je fais un CD mais je reçois rien, j'étais pas inscrite ni rien quoi. Ils m'ont dit, t'as fait un disque, mais j'avais mis des compositions sur ce CD et tout, mais tu vois, vraiment, je planais. Et alors après, par contre, moi, quand je m'occupe des trucs, je m'y suis mise. Voilà, après la démarche, évidemment, je jouais mes compos, parce que c'est quand même le nerf de la guerre. Moi, c'est mon métier, donc je n'allais pas non plus. Mais je joue aussi les morceaux célèbres des autres. Je joue Bravo l'Espagne, plein de morceaux de Michel Pruveau. Parce que tu ne peux pas jouer... Moi, mes compos, je les joue parce que je me dis, si je ne les joue pas moi, les autres ne vont pas les jouer forcément. Mais t'as des morceaux, c'est des tubes, t'es obligé de les faire, donc voilà.
- Speaker #2
Une auvergnate qui touche pas d'argent sur la sace, ça n'existe pas.
- Speaker #0
Ah bah ça a failli, mais bon, je me suis rattrapée.
- Speaker #1
Et donc ton premier 10, c'est quelle année ?
- Speaker #2
Donc 81.
- Speaker #1
Donc 81.
- Speaker #2
Ça s'appelle Aller la France.
- Speaker #1
Et tu as encore un vinyle.
- Speaker #2
Ah oui, bien sûr, évidemment.
- Speaker #1
Alors toi, tu vas quand même avoir une belle évolution, donc vinyle, CD, tout ça.
- Speaker #2
Oui, 45 tours. Et puis donc,
- Speaker #1
tu as vu une évolution du bal, puisque tu démarres bal, tu pars rock, tu... Oui.
- Speaker #2
Et je reviens à Musette.
- Speaker #1
Et quand tu reviens à Musette, donc ça, Musette, c'est les années 80, qu'est-ce que tu vois comme évolution, là, en 40 ans presque ?
- Speaker #2
Moi, je reviens...
- Speaker #1
Dans le répertoire.
- Speaker #2
Dans le répertoire a bougé. Et là, maintenant, tout le monde a compris que c'est bien d'écrire des chansons, de les jouer, de les défendre, et de toucher un peu de sa sème, et de les faire connaître ailleurs aux autres accordéonistes. Donc, édition, disque ambiance, expédition aux gens, aux accordéonistes. Moi, ça a changé parce que, quand je suis revenu dans le Musette, donc après le fameux record, Je rentre, je quitte Menton, je rentre chez moi parce que mon père est malade et va décéder. Un jour je suis appelé par un copain d'école. Je suis né à la rue. Contrairement à Johnny qui est né dans la rue, c'est facile à faire. Et donc mon copain d'école, en 1986, me dit « On fait une grande fête pour les 50 ans du congé payé. Est-ce que tu viendrais jouer un petit coup d'accordéon ? » « Ouais, ok. » Et là j'arrive, c'est à Formaron-Plage, donc au bord de la mer. Ce jour-là, il tombe des cornes. Et ce jour-là, il y a Guy Lux qui est venu et qui a fait venir une dizaine de chanteurs. Mais il pleut tellement qu'il n'y a pas un seul chanteur qui chante, tout le monde se casse. Et là, il y a 5000 personnes devant. Et Guy Lux arrive et moi je suis là avec mon accordéon, il me dit Coco, est-ce que tu saurais m'accompagner toi à l'accordéoniste là ? Bon alors, Monsieur Lux, peut-être, je vais chanter le dénicheur. Alors il va sur la scène, il explique aux gens que les chanteurs sont pas sympas, que lui va chanter. Et un mec avec son accordéon, je sais pas son nom mais c'est marqué dessus comme le port salut, allez arrive là ! Et là, paf, c'est parti, et là on fait une heure. Je sais pas que Guy Lux chantait, moi je le voyais interviller, je sais pas qu'il chantait, mais on fait une heure, et en sortant il me dit, Alors dis donc Coco, donne moi ton adresse, on a sauvé la situation Et j'ai fout mon numéro de téléphone comme ça dans sa poche et dans ma tête j'ai assorti le format O, il prend le téléphone et il balance, on n'en parle plus quoi toi. Et deux mois après, téléphone sonne, j'avais donné le téléphone de ma mère, téléphone sonne chez ma mère, elle dit alors madame Pruyvaud je voulais parler à votre mari, elle dit mon mari est décédé, Michel Pruyvaud, non c'est mon fils, passez-le moi. Elle lui dit bah écoutez il n'est pas là mais il vient de faire une folie, il s'est acheté un téléphone portable et j'avais acheté les valises, on va tracom 2000 là. et moi j'étais venu à Paris et elle lui a dit qu'elle est partie à Paris, ah bon d'accord Et j'avais le téléphone dans ma fuée eau, je montais les Champs-Elysées et d'un seul coup le téléphone sonne. Je décroche, alors j'entends « Allô, alors la campagne vient à la ville, c'est Guilux ça ! » « Alors t'es où ? » Je dis « Je monte les Champs-Elysées. » « Moi aussi. » Et là, lui il est dans sa Mercedes, 6 portes, et moi je suis dans ma petite fuée Ausha côté. Il me dit « Coco, garde-toi, tu vas descendre de voiture, tu vas me serrer la main, ta vie va changer. » Alors je me garde, il s'amène, il me dit « Salut. » « Bon alors, ton accordéon là, dans ma bagnole, tes affaires ? » tu peux pas, j'ai des rendez-vous. T'as pas de rendez-vous, machin. Hop. il prend tout lui-même, il me fout tout dans la bagnole il me dit tu montes, mais j'ai ma bagnole, laisse-la là la fourrière va te l'emmener, t'auras jamais été aussi bien garé et je monte avec lui et là il m'explique qu'il va chez Martin pour faire à la queuleuleu avec Bézu et Bézu complètement gazé avec les danseuses, il dit il connait pas les paroles, il faut que t'apprennes les paroles donc il me donne un manche-disque avec un 45 tours il me fout dans une loge chez Martin avec Soudaka Et Charles me dit, démerde-toi, c'est à 2h. Alors j'apprends les paroles, et je fais le grand escalier chez Martin avec lui. Et quand on descend de là, il me dit, hop, en voiture, on va chez Sabatier. Donc là, à Boulogne, hop, on va chez Sabatier au studio. On sort de l'aile, il me dit, tu dors à la maison demain, l'Académie des Neufs. Avec Foucault, toujours avec, bisous. Bon, et puis après il me dit, je t'emmène dans une émission. Et là il m'emmène, il me dépose au magasin Généraux. Il me dit, tu vois, tu vas au fond du couloir là, Tu vas faire une émission qui s'appelle La Classe Je suis sûr que je connaissais pas Donc j'arrive là avec mon accordéon Et là, il y a un mec qui me dit, monsieur, qu'est-ce que vous faites là ? C'est un accordéon, ça ? Oui. Ah, vous êtes trompé. La pente à gauche tourne et manège. Et alors ? Alors, j'explique, c'est Guy Lux. Il prend un téléphone, il n'est pas portable comme maintenant. Et je l'entends qui dit, monsieur Lux, il y a un imposteur avec un accordéon qui dit qu'il vient faire la classe. Oui, c'est moi qui l'ai. Et là, il arrive. Il dit, bon alors, madame Sandra, faites maquiller, prouvez-vous, prêtez-lui une chemise, il va faire la classe. et il dit M. Fabrice, tout le monde est installé M. Fabrice je viens d'avoir une nouvelle idée enfin oui mais monsieur Lux on a eu des bonnes idées nous allons faire la munite musicale tous les soirs dans la classe parfait et là il y a une femme qui se lève qui dit écoutez monsieur Lux on peut pas là on peut pas parce que tout est prêt on va tourner et qu'à ça ne tienne j'en vis rien et là il vise un mec il dit toi tu te lèves c'est fini pour toi le roi du musette va prendre ta place et là je me suis installé je suis resté là pendant 7 ans tous les soirs comme ça formidable extraordinaire Alors là on faisait tous les chansons, quand on se promène au bord de l'eau, Fabrice qui était un connaisseur, un mec qui connaît bien la chanson puisqu'il était les cours Simon, c'est le fils, il connaissait ça, il me disait Fabrice tu sais quoi, tu vas pas faire tes coups d'accordéon au fond de la classe, quand je t'appelle tu viens tu te mets à côté de moi, comme ça on me verra encore aussi, puis chanter avec nous, c'était bien, une ambiance ça marchait, et pendant que je suis là, donc Guilux un jour arrive, il s'appuie comme ça sur mes épaules, j'étais au fond de la Avec Bézu, avec Pascal Brunner, avec Pompon, avec Jean-Louis Blaise. Alors Marie, c'était sa secrétaire, la femme de Reichman à l'époque. Et il lui dit, notez un peu qui a demandé pour faire Interville. Et moi je suis avec El Chato, avec sa guitare, qui est en train de me chanter une chanson de Roulou Inglesias. Moi je suis en train de copier la mélodie pour la faire dans l'émission et moi je lève pas le bras. Bon alors il y en a qu'un qui n'a pas levé son bras c'est Pruvo, c'est donc lui qui fera tous les intervilles. Je raconte pas. Donc je me suis tapé tous les intervilles sur TF1 et pendant que j'étais là un jour je lui dis tu sais Guy j'ai une idée. Ah Coco si t'avais des idées ça se saurait. J'ai un projet sur un air d'accordéon. Oh mais dis écoute arrête. arrête avec ça, c'est mort ça, c'est fini ça peut plus marcher une émission d'accordéon à la télé donc une fois, deux fois, bon il a pas voulu après j'ai passé derrière lui Sabine Mignot m'a dit France 3 et on est démarré sur un air d'accordéon et là, faut que je vous raconte ça parce que c'est important la première réponse qu'il m'a fait il m'a dit alors j'arrive, c'était le début des audimaths alors j'arrive le jeudi à la classe avec mes audimaths du week-end, je lui ai dit t'as vu on est numéro 1 du samedi après-midi ouais alors écoute faut que je te dise là ça Les gens qui ont regardé, ne garderont plus jamais. Donc toi, n'en tiens pas compte. La semaine après, j'arrive avec mes audimates, ils me disent, ah oui, attends, il faut que je te dise, là, c'est les mecs qui n'ont pas regardé la première fois. Et la troisième semaine que j'ai été, regarde, il a pris les audimates, il s'est arraché, puis après il m'a avoué, il a dit, putain, si j'avais su, je l'aurais fait l'émission.
- Speaker #1
Donc en fait, tu es accordoniste, animateur, c'est comme ça qu'on s'en sort.
- Speaker #2
Animateur, chanteur, battleur, tu sais, moi je dois, alors je dois beaucoup à deux personnes 3 mon père qui m'a appris ce métier 2. André Verschuren, mon idole je me suis inspiré j'ai beaucoup piqué de trucs après avec l'orchestre les attractions, parce que c'était le seul Verschuren à faire des attractions du spectacle sur scène, il faisait pas que jouer et puis il avait fait des tubes alors que tous les accordéonistes jouaient de l'accordéon mais là lui il avait compris qu'il fallait faire des paroles et puis évidemment Guilux parce que Guilux, lui alors la télé, machin, c'est lui qui m'a donné le virus Donc après sur un air d'accordéon, il me restait 10 ans sur France 3.
- Speaker #1
En parlant de Versuren, tu lui as appris le fait de tenir ton accordéon très bas.
- Speaker #2
Oui, bien sûr. Et ça va mieux pour jouer. Parce que tu sais, quand tu joues, tu plies le coude, mais quand tu joues en bas comme ça, ça permettait à un moment, quand tu retires les bretelles, de le mettre en l'air, au-dessus de la tête. Comme à la guitare Jimi Hendrix.
- Speaker #1
Alors Nathalie, tu as... pas eu la chance de connaître Guy Lux ?
- Speaker #0
Ah bah non, j'ai connu Donan, si tu veux, mais pas personnellement.
- Speaker #2
Elle est toute jeune, elle est toute jeune.
- Speaker #1
Moi, j'ai croisé Michel Pruveau, quand même. Comment on fait sa promo ? En croyant Michel Pruveau, c'est ça ?
- Speaker #0
Comment on fait sa promo ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Comment on fait sa promo ? Bah, en jouant. En jouant, moi, je fais beaucoup de dates. C'est ça, un peu. Combien de dates ? Trois fois par semaine, du calcul, à peu près. Trois, quatre fois.
- Speaker #1
Ton année record Michel de date ?
- Speaker #2
Moi 253 dates la même année avec l'orchestre, 14 musiciens, la folie, les kilomètres, tout ce que tu veux.
- Speaker #1
Ta danse préférée ?
- Speaker #2
Moi j'aime bien jouer le boston. Je trouve que c'est une belle danse et quand on voit ça et les valses viennoises, quand on regarde parce qu'on joue mais on regarde les danseurs, quand on les voit évoluer avec la grâce, ils mettent tous leurs sentiments. Faut jouer, on joue, on se fait plaisir mais il faut regarder aussi comment les gens dansent. Et je pense que la façon où on joue, eux le ressentent aussi pour danser.
- Speaker #1
Ta danse préférée, Nathalie ?
- Speaker #0
Moi, j'aime bien les danses en ronde, les cercles, les danses comme ça, du folklore. C'est pour la même raison, parce que je trouve que les chorégraphies sont jolies.
- Speaker #1
Et dans les balles aujourd'hui, les danses en ligne, un maximum pour un danseur, pour un musicien de balle, qui justement, c'est pas un peu une régression du balle, comment vous ressentez ça ?
- Speaker #2
Moi ça me fâche un peu ça parce que bon alors je peux comprendre les danses en ligne de Madison, Bachata tout ça mais quand je les vois maintenant danser le tango en ligne, le boston en ligne, la valse en ligne, je dis non je suis obligé de me retenir pour pas leur dire bon eh oh faites un effort on n'est pas là quand même pour déconner alors à contre temps on va te dire les femmes vont me dire oui mais on est obligé on n'a pas de cavalier il n'y a pas d'homme C'est vrai qu'il y a beaucoup dans un bal, beaucoup de femmes. D'ailleurs, moi, je vois souvent des femmes qui me disent, on ne viendra plus. Il n'y a personne qui nous invite à danser. Les femmes font disparaître les hommes plus facilement, chers enfants.
- Speaker #1
Ça aussi, tu as ça dans tes bals, Nathalie ?
- Speaker #0
Pas beaucoup, parce que nous, c'est marqué comme répertoire. Si tu veux, moi, les gens qui m'appellent pour faire une animation, un bal, un thé dansant, ils savent qu'on a un répertoire quand même avec beaucoup de... de folklore traditionnel, un peu de musette, et les gens qui viennent nous voir, ils aiment ça. Après, oui, des fois je joue des baillons, comme disait Michel, des valses, des tangos, même, oui, qui se mettent à danser en ligne, mais c'est pas toute la salle. Et après, il y a quand même, oui, quatre ou cinq tubes, on va dire, sur cinq heures, en ligne spécialement, qu'on joue, parce que sinon les gens nous les demandent. Moi, ça me dérange pas outre mesure, ce qui me plaît, c'est que les gens s'amusent, tu vois, c'est cinq morceaux sur une après-midi, ça va.
- Speaker #2
Si Carlos Gardel revenait, il ne serait pas tellement content de voir danser les dangos.
- Speaker #1
Le disque, ça a été important pour la promo. Tu en as fait combien, Michel ?
- Speaker #2
Alors, je viens d'enregistrer mon CD. Quand je parle CD, 45 tours, vinyles, 33, tout ça. 184e CD qui sort en septembre.
- Speaker #1
Nathalie ?
- Speaker #0
Moi, je prépare le 15e, alors c'est moins important.
- Speaker #2
Mais elle est toute jeune, c'est une jeunette.
- Speaker #1
Et alors, il y a toujours la phrase qui traîne, qu'on entend partout. De toute façon, le musette, c'est fini maintenant. Tu répondrais quoi, toi, à ça ? Mais c'est vrai qu'on l'entend. Moi, je l'entends depuis 40 ans. Oui,
- Speaker #2
mais moi, il y a très longtemps qu'on me dit, les balles, c'est fini, tu verras, tu ne vas pas tenir jusqu'au bout. Moi, je n'ai fait que ça. Je ne sais rien faire d'autre. J'ai voulu aller à l'usine, ils n'ont pas voulu de moi. Non, mais je veux dire, moi, c'est mon métier, c'est musicien. Je ne sais rien faire d'autre, à part animer. mais je veux dire, j'ai vécu de ça, et alors, c'est vrai, il y a moins de monde. Il y a moins de monde dans les balles. Pourquoi ? Parce que malheureusement, notre clientèle disparaît. Moi, à chaque fois que je vais faire un gala, j'arrive, tiens, j'ai pas vu un tel, j'ai pas vu un tel, maintenant, il est décédé. Et il n'y a pas le renouvellement. Le point le plus grave, c'est ça. Il y a toujours des gens qui dansent, parce que moi, j'ai plein de copains qui sont profs de danse. Leur école, ils sont pleines, mais ils viennent apprendre à danser, puis après, non, ils ne viennent pas danser dans les balles populaires.
- Speaker #1
Alors souvent, dans la musique, il y a des espèces de renouveaux tous les 20 ans, tous les 30 ans. Est-ce que tu as espoir qu'un jour, le musette revienne à la mode et que les jeunes s'en en parlent, retravaillent différemment peut-être, peut-être avec un peu de machine ou je ne sais pas, et que du coup, les jeunes se mettent à redanser des danses en couple et que le musette devienne une musique branchée ?
- Speaker #2
Moi, je pense que c'est cyclique, tout ça. Moi, j'avais un rêve que je n'ai pas pu réaliser. Enfin, je l'ai réalisé parce que je suis venu faire des émissions dans ce lieu magique. Et mon père m'avait emmené voir Joe Privat jouer au balajo. Je suis rentré là-dedans. Je ne voyais pas l'orchestre tellement il y avait de la fumée. Et moi, c'était mon rêve, ça. Un jour, de venir à Paris. À l'époque où j'ai travaillé à Radio Montmartre, on faisait 5e Avenue. Et c'est une autre clientèle, c'est une autre façon de jouer. Et Mal me disait toujours, attention, quand tu viens jouer à Paris, tu ne joues pas pour les campagnards. Tu joues pour les parisiens, du musette parisien. Et moi, j'aimais ça. Ce style d'accordéon un peu sautillant, à la bruit d'or. Et mon rêve serait de jouer dans un dancing parisien, style Balajo. Voilà, tous les dancing qu'il y avait à l'époque, qui malheureusement n'existent plus. Mais ça, je pense que sait-on jamais, ça pourrait revenir, hormis les guinguettes qui existent sur les bords de Marne, encore un petit peu.
- Speaker #1
Alors Nathalie, le musette, c'est fini. Qu'est-ce que tu vas faire dans les années à venir ?
- Speaker #0
Moi, je ne crois pas que c'est fini. Regarde, j'ai plein de boulot. Ça marche bien.
- Speaker #1
Mais le fait que le répertoire, comme tu disais, tu joues quand même du vieux répertoire et quelques créations. Et des gens, c'est ce qu'ils veulent. Et toi, tu sens aussi un vieillissement notoire ?
- Speaker #0
Ça dépend des coins, mais majoritairement, oui. Mais je ne sais pas si c'est possible de le remodeler, le musette. Je crois que le musette, c'est vraiment bien comme c'est.
- Speaker #1
Le musette, le son du musette, on l'a toujours reproché. C'est devenu presque un péjoratif. Ouais, tu sonnes comme du musette. Et toi, tu es toujours fan du son musette de l'accordéon ? Moi,
- Speaker #2
je suis fan musette, vibration.
- Speaker #1
Vibration.
- Speaker #2
Forcément, Verchuren, mais tous, Aimable avait son style. Yvette a joué avec un accordéon musette pendant un moment alors peut-être pas tellement à son goût mais quand on veut faire le métier et vivre de ça, il faut s'adapter même Prudhomme il était musette bon après les mecs comme Gus Visser dans le jazz avaient un autre son ou tous ces mecs là, Muraina moi je pense que le seul problème actuellement pour le bal populaire et pour eux, pour les filles ou les garçons de la génération de Nathalie, le seul problème, ce qui nous manque Merci. le média. Moi, j'ai la chance d'animer une émission de télé où je les fais tous venir. On passe tous les jours à 14h sur la télé. Je leur fais leur promo. Mais on n'a plus comme avant la radio. Toutes les radios. Moi, je me rappelle, pour revenir à Versuren, ils faisaient l'émission. Ils disaient « Alors, samedi, je vous attends à tel endroit. » Et maintenant, on n'a plus d'émission de radio accordéon. Même les radios France, je trouve ça lamentable qu'on n'entende plus. Moi, je suis invité, par exemple, j'habite en Picardie. Je suis invité très souvent pour parler de mes activités à France Bleu Picardie. On me dit écoute, on parle, on annonce tout ce que tu veux, mais on ne passe pas l'accordéon. Parce que c'est la playlist de Paris. Je trouve ça lamentable.
- Speaker #1
De ton côté, pareil, les radios aussi, il y a encore des radios qui passent.
- Speaker #0
Des radios très locales. Donc l'onde de portée, elle est moindre ?
- Speaker #2
Mais le rave-nir, c'est ça. Le rave-nir, c'est les radios qui les diffusent pour pouvoir se faire connaître et faire connaître le nouveau répertoire. Pendant des années, on a dit, on joue toujours Rennes de Musette, Père le Gris, ça, ça. Forcément, il n'y a que ça qui passait. Mais là, maintenant que les radios, c'était pendant une quinzaine d'années, j'ai fait plein d'émissions de radio, on passait les nouveaux morceaux. Et on a pu imposer un nouveau répertoire. Moi, j'ai travaillé beaucoup avec Musiquini, avec James Hussert, on a fait des nouveautés qu'on a fait découvrir aux gens. Mais là maintenant c'est fini, il n'y a plus ça.
- Speaker #1
Ça c'est une chose, les accordés sont toujours co-signés, beaucoup de titres. Ça continue chez les jeunes, on co-signe beaucoup ces titres ?
- Speaker #0
Oui, on co-signe beaucoup, on a plus d'idées dans deux têtes que dans une.
- Speaker #1
Mais la co-signature c'est pas aussi une idée de promo ? C'est pas une idée de promo derrière ?
- Speaker #2
Moi je pense que co-signer c'est pas une question d'idée, parce que souvent, moi j'ai fait des morceaux tout seul que j'ai co-signé avec Musiquini ou avec un autre, lui Musiquini faisait des morceaux tout seul qu'on co-signait, parce que quand on est deux... On est deux à les jouer, deux à les défendre, et on touche deux fois, voire trois, voire quatre. Après, c'est notre métier. Quand on est à la SSM et qu'on défend notre répertoire, je pense que l'idéal, c'est de jouer nos morceaux. Maintenant, moi, quand je fais les... Là, j'ai plus l'orchestre, mais je faisais les galas. Je faisais à peu près 120, 130 titres. J'en jouais 95 à moi. Voilà. Il faut jouer ses morceaux.
- Speaker #1
Nathalie, combien de pourcents de... tes morceaux ?
- Speaker #0
Moi, c'est pareil. À part vraiment les gros classiques, les indétrônables, on va dire, que j'aime jouer d'ailleurs aussi parce que c'est des tubes qui me plaisent. Je joue mes morceaux, tu vois, s'il y a besoin d'un nouveau titre ou quoi. Je joue mes morceaux à moi parce que déjà, ça me fait plaisir de jouer ma musique. Puis c'est vachement intéressant de voir les gens danser sur les morceaux que tu as écrits. Donc, c'est un gros pourcentage aussi.
- Speaker #1
Pour conclure, peut-être pour radoter, un nom d'accordéoniste ?
- Speaker #2
Un nom d'accordéoniste ?
- Speaker #1
Pour moi, l'accordéon, c'est...
- Speaker #2
Pour moi, l'accordéon, c'est Mimi le prud'homme.
- Speaker #0
Nathalie ? Je ne sais pas, il est là, mais moi j'aurais peut-être dit Michel Prévost.
- Speaker #2
Donc c'est moi le vieux.
- Speaker #1
Donc tu es le prud'homme de Nathalie Bernat.
- Speaker #2
Quand j'ai fait la plus grande... Moi, vers Churen, on a fait plein de galas, 150 ensemble. On a fait la plus grande guinguette du monde ensemble, dans les Zéniths de France. Et à chaque fois, le soir, quand on mangeait, il me disait, bon Michel, faut que je te dise un truc il faut que tu te rendes compte c'est toi qui va fermer la porte du métier et là bon tout le monde était là et là maintenant quand je vois tout le monde Yvette, Marcel, tout ça, tous disparus et là je commence à moi j'ai 71 ans, je me dis tiens devant moi il n'y en a plus beaucoup apparemment la SAG tu crois que c'est elle qui va fermer la porte du métier ? non je crois pas moi elle a tout l'avenir ils sont toute une bande de jeunes moi je suis allé faire un gala à Aurillac il y a pas longtemps où il y avait tous ses copains du coin Bon ben ça joue, ça danse, et puis voilà. Ce qui leur manque, c'est le coup de média. À suivre.
- Speaker #1
Eh ben merci.
- Speaker #2
C'était La Boîte à Frissons, Histoire d'Accordéon. Un podcast du Musée SACEM présenté par Philippe Krümm.