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Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem

Improvisation et succès : Gérard Calvi dévoile l'univers des Branquignols - Les arrangeurs

Improvisation et succès : Gérard Calvi dévoile l'univers des Branquignols - Les arrangeurs

32min |27/09/2022
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Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem

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32min |27/09/2022
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Description

Quel impact a eu Gérard Calvi sur le paysage musical français ? Dans cet épisode captivant du podcast "Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem", Serge Elhaïc vous invite à plonger dans l'univers fascinant de ce compositeur et chef d'orchestre de renom. À travers une conversation enrichissante, découvrez les débuts de Calvi, ses collaborations mémorables avec des artistes emblématiques tels qu'Édith Piaf et Francis Blanche, et les défis qu'il a relevés tout au long de sa carrière.


Le podcast s'ouvre sur une rétrospective de la rencontre décisive entre Gérard Calvi et Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignols. Ensemble, ils ont révolutionné le théâtre musical français, notamment avec le spectacle "Allez, belles bacantes". Gérard partage des anecdotes inédites sur ces spectacles qui ont marqué une génération, ainsi que sur la musique qu'il a composée, révélant les coulisses de sa créativité débordante.


Au fil de cet épisode, vous découvrirez comment Calvi a su naviguer entre Paris, Londres et Broadway, où ses œuvres ont connu un immense succès. Grâce à des extraits musicaux soigneusement sélectionnés, chaque histoire prend vie, illustrant l'impact indélébile de la musique de Calvi sur le théâtre français. Ce deuxième épisode est non seulement une plongée dans l'univers musical des Branquignols, mais aussi un hommage vibrant à la créativité et à l'innovation de Gérard Calvi dans le monde du spectacle.


Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir les coulisses de la création musicale et théâtrale, et laissez-vous inspirer par le parcours exceptionnel d'un artiste qui a su marquer son époque. Que vous soyez passionné de musique, de théâtre ou simplement curieux d'en savoir plus sur l'univers des auteurs et compositeurs, cet épisode est fait pour vous.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le Musée Sacem présente un podcast imaginé et raconté par Serge Elhaïc, les arrangeurs de la chanson française.

  • Speaker #1

    Lors du premier épisode de ce podcast consacré aux compositeurs et chefs d'orchestre Gérard Calvi, nous avons évoqué sa formation musicale, ses débuts comme pianiste ou ses rencontres avec Francis Blanche et Edith Piaf entre autres. Gérard Calvi nous a raconté sa belle aventure avec la troupe des Branquignols. Et ce second épisode débute au moment où Grégoire Krettly, alias Gérard Calvi, rencontre Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignoles.

  • Speaker #0

    Alors, à quelle occasion avez-vous rencontré Robert Derry pour la première fois ?

  • Speaker #2

    Nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c'était la fameuse année 39-40. Je trouve qu'à l'époque, le conservatoire était le conservatoire national de musique et de déclamation. Donc, il y avait encore les comédiens. Ça m'a fait connaître plein de comédiens. Et notamment, nous déjeunions à la cantine, à la cantine du conservatoire. On avait fait une table multidisciplinaire. Parce que les musiciens et ceux qui jouaient des instruments... Avant, ils étaient ensemble, les comédiens étaient ensemble, les chanteurs étaient ensemble. Et alors, nous, il y avait une table où il y avait un comédien, Robert Derry, Georges Oprette, un instrumentiste qui allait devenir un célèbre chef d'orchestre. Il y avait encore, je ne sais plus qui, un chanteur à l'opéra, un ténor, un ténor ! Et puis,

  • Speaker #0

    il y avait Gérard Krettly.

  • Speaker #2

    Il y avait Gérard Krettly. Et donc, avec Robert, on a tout de suite sympathisé. Et tout de suite, il a dit, oh mais Gérard, dis donc, j'étais en Angleterre, je veux faire du burlesque, etc. T'es le musicien. Et donc, on ne s'est plus quittés.

  • Speaker #3

    C'est la chanson du rap !

  • Speaker #0

    C'était donc deux courts extraits du premier spectacle dont vous aviez composé la musique pour Robert Derrier et ses Branquignoles. C'était successivement Branquignoles, bien sûr, et... La chanson du Rhin. Quelques souvenirs de ce premier spectacle qui s'est donc passé au Théâtre La Bruyère, je crois.

  • Speaker #2

    Et ça a été extraordinaire. On a eu un subterfuge formidable. Alors, le beau-père de Robert Derry, M. Brossé, est travaillé au HAL. Robert avait proposé son spectacle à tous les théâtres de Paris, personne n'avait voulu le monter. Or, M. Herbert fermait son théâtre car il ne savait plus quoi faire dans son théâtre. Robert lui fait rouvrir son théâtre, on monte notre spectacle. Herbert dit, je vais me ridiculiser aux yeux de tout Paris. Et on dit, mais non, effectivement, le spectacle n'était pas possible sans spectateur. Bon, on fait une générale. On avait fait venir trois copains, on disait, vous allez rire très fort. Très, très fort, pour rassurer un... un peu notre directeur. Et on fait une soirée, et alors le père Brossé dit, écoutez, moi je vais vous amener mes copains des Halles, je vais leur faire la consigne, et vous allez voir, ça va rigoler dur, d'autant plus qu'avant on se dit, ça peut faire un petit coup, et puis qu'après on y rentre quand on t'a fait un autre. Et effectivement, ça a été extraordinaire, je sais pas, Christian levait un petit doigt, ça a été un tabac extraordinaire.

  • Speaker #0

    C'était le 20 avril 1940.

  • Speaker #2

    Exactement. On a eu Jean Carmé, on a eu Jacques-Édouard Maillan, on est On a eu de Funès, oui, de Funès. Alors, plein. Il y a une collette brossée. Bien sûr. Il y a un bon travers, naturellement. Et puis, bon, je crois que j'en ai oublié plein.

  • Speaker #0

    Alors, le spectacle suivant est également très connu, puisqu'il s'est intitulé « Allez, belles bacantes » et un des airs célèbres que vous avez écrits pour ce spectacle est « Belle, belle boogie » que nous écoutons. Eh bien, Jean-Michel Defaille a participé à cette aventure de Halle et Bellevacante puisqu'on pouvait le voir dans le film qui avait été tiré de ce spectacle en 1954. Jean-Michel est avec nous en ligne. Jean-Michel, bonjour !

  • Speaker #4

    Branquignol, j'écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour, Jean-Michel !

  • Speaker #4

    Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va et toi ?

  • Speaker #4

    Ça va, ça va.

  • Speaker #2

    Bon.

  • Speaker #0

    Alors, Jean-Michel, nous parlons aujourd'hui avec Gérard Calvi de tous les spectacles des Branquignols. Et je suppose qu'entre Grand Prix de Rome de composition musicale, vous étiez à votre aise pour travailler avec lui ?

  • Speaker #5

    Absolument, oui.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous de cette époque d'Allez Belle Bacante.

  • Speaker #5

    Ça a été une époque formidable. C'était dans les années 50-55 par là.

  • Speaker #2

    Exactement. Et alors ça tombait bien parce qu'on avait les mêmes goûts en musique. Alors le jour où il est arrivé pour me remplacer et pour travailler avec moi, ça ne pouvait que marcher. J'étais tellement heureux.

  • Speaker #5

    On était comme deux frères.

  • Speaker #2

    Oui, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Alors, parlez-nous de votre participation au spectacle, enfin au film de Alé Belbacante et au spectacle.

  • Speaker #5

    Le spectacle dont j'ai remplacé Gérard pendant un an, parce que lui était parti à Juponvol, au Théâtre de la Réalité. Alors j'étais chef d'orchestre, pianiste et puis un petit peu comédien, j'avais des petites interventions. Oh, c'était formidable !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous faisiez comme intervention ?

  • Speaker #5

    Oh, je ne sais plus. À un moment donné, par exemple, Jacqueline Maillan disait « Oh zut, j'ai perdu le fil ! » Alors, faut dire qu'en soir, j'avais apporté une ploude de ficelle. Alors, la fille, elle l'a tirée pendant 5 minutes. C'est pas triste. Oui, parce qu'on se faisait des blagues entre nous, hein, bien sûr. Et puis, il se passait aussi pas mal de choses dans la... La fosse d'orchestre en dessous. Ah oui ? Ah oui, des fois le spectacle était au-dessus et en dessous. C'était un double spectacle. Ça a été un moment formidable.

  • Speaker #0

    Finalement, vous ne vous êtes pas croisé sur la scène avec Gérard Calvi.

  • Speaker #5

    Ah non, ce n'est pas possible. On était séparés de quelques kilomètres.

  • Speaker #2

    Non, mais on s'est retrouvés quand même à chaque fois. Le tournage du film, quoi.

  • Speaker #5

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Oui, on vous voit d'ailleurs dans le tournage du film.

  • Speaker #5

    Ah, dans le film, on m'aperçoit, on voit une espèce de squelette avec une paire de lunettes. La fausse, c'était drôle. Parce qu'il faut vous dire qu'à l'époque, moi, je faisais déjà 1m84, mais à cette époque-là, je pesais 55 kilos. J'étais plutôt fil de fer.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce que vous avez comme souvenir de la musique qu'avait composée Gérard Calvi ? Parce que finalement, vous vous interprétiez, vous dirigez la musique que Gérard avait composée.

  • Speaker #5

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Vous avez interprété forcément Belle Belle Bougie que nous venons d'écouter.

  • Speaker #5

    qui était un des thèmes principaux c'était le ballet des moines voilà exactement bonne mémoire Jean-Michel bravo ah oui j'ai une bonne mémoire musicale c'est vrai que je le répète entre Grand Prix de Rome vous étiez très à l'aise tous les deux ah bah oui absolument on avait les mêmes origines,

  • Speaker #2

    on avait les mêmes goûts Jean-Michel avait une passion pour la trompette ah je l'ai toujours tu l'as toujours ta trompette ?

  • Speaker #5

    ah j'en ai une mieux ah bon ? Oui, parce que j'avais récupéré à l'époque la trompette que jouait Lallouette. Est-ce que tu te souviens de Lallouette ?

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Expliquez à notre auditoire ce qu'était Lallouette.

  • Speaker #2

    Il était souvent mon premier trompette. C'est lui qui était trompette, d'ailleurs, pendant les belles vacances.

  • Speaker #5

    C'est-à-dire qu'il avait remplacé Georges Jouvin, qui était au départ le titulaire.

  • Speaker #0

    Et c'est vous qui aviez pris la trompette de M. Lallouette.

  • Speaker #5

    Alors Lallouette, à force de souffler dans sa trompette, elle était fatiguée. Il m'a dit, tiens, je vais t'en faire cadeau. et puis lui on a acheté une neuve et il m'a donné sa trompette que j'ai jouée pendant des années Et puis elle a fini en abat-jour.

  • Speaker #0

    Jean-Michel, je vous remercie vivement.

  • Speaker #2

    Je te remercie aussi surtout d'avoir fait tout le reste. Au revoir.

  • Speaker #4

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Oh ! Et bien c'était sur... La plage, un second extrait musical du spectacle de Roger Derry et Gérard Calvi à les belles vacances. Je vais signaler que ce titre a été un grand succès, un autre grand succès pour Gérard Calvi puisque le grand chef d'orchestre américain Percy Face l'a interprété d'ailleurs. Alors il y a deux chanteurs que nous avons écoutés dans cette remarquable mélodie que vous avez composée. Gérard, qui étaient-ce ?

  • Speaker #2

    Les chanteurs, c'était Janine de Valen qui joue aussi le nom de Martineau et puis un certain, je ne sais pas, quelqu'un qui se mêlait de chanter, je crois qu'il s'appelle Calvi.

  • Speaker #0

    C'est pas vrai ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Eh bien écoutez, il chantait très bien. On ne l'a pas entendu souvent, finalement, Calvi chanter ?

  • Speaker #2

    Non, parce qu'en principe, il chante mal. Mais là, je ne sais pas, je devais être inspiré.

  • Speaker #0

    Jean, nous en arrivons à présent à Juponvol, et c'est dans cette partition musicale d'un nouveau spectacle des Branquignoles. Jean-Michel Defay venait de nous en parler, puisqu'il vous avait remplacé dans Allez Belle Bacante pendant que vous, vous dirigez Juponvol. Et c'est pour cette partition musicale que vous avez composé le fameux air qui a fait le tour du monde, le bal chez Madame de Mortemouille.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors Qui était cette fameuse Madame de Mortemouille ? Et pourquoi vous avez composé cette ère ? Il y a une histoire là-dessus.

  • Speaker #2

    Une histoire, c'est très simple. C'est que pour un des sketchs, Robert m'a dit, tu sais, je trouve que dans les balmondins, on voit des gens, il est intéressant, etc. Et alors il avait trouvé cette idée de génie qui consistait à quelqu'un qui dansait. Il est avec une danseuse et puis il passe derrière une porte et puis c'est une autre danseuse et puis il passe en arrière-garde, c'est encore une troisième danseuse, etc. Et il m'a dit, je veux que tu me fasses l'air le plus bête du monde. Tu sais, dans les surprises parties, il y a des airs comme ça qui... Je me suis dit, ouais, bon, l'air le plus bête du monde. Dans le lendemain, j'ai dit, je t'amène l'air le plus bête du monde, et il est sur trois notes, c'est tout le temps la même note, etc. Je ne pensais vraiment pas que ça... Eh bien, cet air le plus bête du monde est celui qui est un des mieux fonctionnés que j'ai écrit, et qui m'a rapporté plus d'art. Et puis, il y a le tour du monde. Ah oui, c'est exact. Musique

  • Speaker #0

    Cette musique a été rebaptisée, alors il y a eu Made in France, il y a eu One of the Songs, The Girl of Folies Bergères. On peut dire qu'au Royaume-Uni, sa très gracieuse majesté Elisabeth a fait interpréter ce titre sous le titre de Oh là là, vous saviez cela ?

  • Speaker #2

    Elle aimait beaucoup cette musique, qu'elle trouvait très entraînante.

  • Speaker #0

    Alors Gérard, vous avez une idée du nombre de versions approximativement qui ont été interprétées ?

  • Speaker #2

    Aucune.

  • Speaker #0

    Aucune ? Je dirais une petite centaine, moi, à mon avis.

  • Speaker #2

    Oui, ça doit être... Tous les plus grands orchestres américains l'ont interprété. Oui, exactement. Il y a des versions mexicaines, des versions finlandaises. Ça m'a bien aidé à vivre.

  • Speaker #0

    C'est tant mieux. Alors, quels ont été les principaux chanteurs qui ont interprété ce titre du bal chez Mme de Mortemouille ?

  • Speaker #2

    Écoutez, là, j'ai Jimmy Durante. C'est moi, Durante. C'est formidable. Et alors, il y a un Anglais qui est très, très distingué, qui a enregistré. C'est vrai que ça résonne. Bon, formidable. Et puis il y en a plein d'autres. C'était l'air qu'il fallait chanter à un moment. Tout le monde l'a chanté. Exactement.

  • Speaker #0

    Et tout le monde l'a interprété, tout le monde l'a orchestré. Alors, le bal chez Madame de Mortemouille a été l'occasion d'un disque 33 tours en 1957. Je rappelle que ce titre est extrait du spectacle des branquignoles Jupponvol. Et sur ce 33 tours de Gérard Calvi, il y avait une caricature de Madame de Mortemouille par le célèbre dessinateur Barberou. C'est vous qui aviez demandé ?

  • Speaker #2

    Barberou, c'est un génie. Tout à fait. Philippe Barberousse. C'était formidable parce que dans le dessin, on sentait qu'elle dansait cette musique-là et qu'elle ne dansait pas une autre.

  • Speaker #0

    Eh bien, Gérard, j'ai eu l'occasion de questionner Micheline Dax, qui a été la personne qui interprétait Madame de Mortemouille. Quel souvenir avez-vous de Micheline Dax avant que nous l'écoutions ? Parlez de vous, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Écoutez, je crois que c'est intéressant de savoir comment Micheline Dax est devenue banquignole. Robert, quand nous avons eu la possibilité de monter notre spectacle, m'a dit, écoute... J'ai des burlesques, j'ai tout ce qu'il faut au point de vue comédien. Mais je voudrais un chanteur et une chanteuse ridicules. Et j'ai dit très bien, j'ai ce qu'il faut. Alors j'ai amené un chanteur ridicule, c'était Robert Destin, et quelqu'un que j'avais rencontré pour faire des émissions au Club d'essai, le fameux Club d'essai dont Tchernia vous parlera certainement. Elle vient, il était superbe. Très jolis yeux, là, qui ouvrent la porte, et elle me dit « Bonjour, monsieur ! » Alors j'ai dit « Oui, attendez, je vous ai demandé de venir me voir parce que je cherche des voix d'enfant pour la... » Et alors elle me dit, oui, parce que je suis spécialiste. À la radio, c'est moi qui fais les voix d'enfants. Ah bon, très bien. Et pour le reste ? Et bien, elle me dit, pour le reste, je peux vous chanter, etc. Enfin bon. Mais j'ai dit, mais alors, ça se traduit comment musicalement ? Et alors, je me suis mis au piano. Elle a commencé à me chanter quelque chose. Et j'ai découvert cette voix sublime de Micheline Dax. C'est quelque chose d'exceptionnel.

  • Speaker #0

    Eh bien, il y a quelques soirs, nous avions appelé Micheline Dax pour qu'elle nous parle de Gérard Calvi. Micheline Dax, bonsoir. Bonsoir. Micheline, comment êtes-vous devenue Madame de Mortemouille, la célèbre Madame de Mortemouille ?

  • Speaker #6

    C'est toute une histoire. J'étais chanteuse classique, chanteuse d'église, j'ai commencé comme ça. J'avais une toute petite voix haute, très haute, d'enfant. J'ai fait plusieurs voix d'enfant. Et c'est Henri Dutilleux qui m'a mise dans le circuit. Dutilleux dirigeait à l'époque tout le circuit musique classique, musique sérieuse, etc. de l'ORTF. Sur quoi Henri Dutilleux ? toujours lui, il m'a dit, voilà, il y a un jeune compositeur qui s'appelle Grégoire Crétly, il a écrit une musique pour une pièce de Georges Neveu qui s'appelle Juliette ou la clé des songes, et la jeune première qui s'appelait France Descaux ne chantait pas. Il m'a dit, voilà, je vous envoie chez lui, il va vous jouer sa musique, c'est tout à fait pour votre voix. Moi j'arrive chez ce monsieur Crétly, et dès qu'il me voit, je dis bonjour monsieur, il me fait, ah non, ah non ! Je n'ai pas demandé une voix comme la vôtre, mademoiselle. J'ai demandé une voix d'enfant, une voix plate, une voix comme les petits chanteurs à la croix de bois. Et je dis, c'est moi, monsieur. Non, non, mademoiselle, c'est pas possible. Et puis je connais Henri, c'est pas le genre à faire des plaisanteries. Il y a une erreur, j'ai dit, il n'y a sûrement pas une erreur. Et puis il me dit, écoutez, j'ai un copain qui monte un spectacle avec la musique que je vais écrire pour ce spectacle. Je vais vous le présenter, je demande si ça ne pourrait pas être dedans. Et il m'emmène et il me présente à Robert Berry. qui me regarde et qui a dit cette phrase mystérieuse, ça pourrait aller à l'alloy triste. Je me suis dit, voilà, c'est une pièce dramatique avec de la musique. Je suis rentré enchanté chez moi et j'ai dit à mon pauvre père, je vais jouer, je vais chanter un ouvrage dramatique et musical. Imaginez la tête de mon pauvre père quand il est venu voir le spectacle qui était donc grand quillant. C'est une horreur. Alors ça a commencé comme ça. A l'époque, je n'étais donc que chanteuse. Et puis nous avons joué avec le succès que vous savez, et puis je les ai quittés moi quand ils sont partis faire des trillions sans précédent en Amérique et en Angleterre. Pendant ce temps-là, je les suivais une autre voie, c'est-à-dire que j'ai fait moi-même un tour de champ, j'ai fait du théâtre, j'ai fait du cinéma. Et 25 ans plus tard, ce qui est quand même unique dans les aveugles du théâtre, dans le même théâtre, nous avons repris Branquignol, et je suis reparti avec eux bien sûr. Alors là, Mme de Mortemouille avait pris... De l'ampleur, si j'ose dire, c'est-à-dire qu'elle parlait beaucoup. Elle chantait, mais elle parlait. J'étais la marraine d'Olaf, et tout le spectacle, je le présentais en... Il lui arrivait de nouveau quelques malheurs. Voilà l'histoire de Mme de Mortemoux, et en plusieurs épisodes.

  • Speaker #0

    Gérard, je crois que vous aviez quelque chose à rajouter sur Miss Lynn.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que Miss Lynn est une des plus grandes professionnelles que j'ai rencontrées dans ma vie. Elle venait de la musique, elle est arrivée au théâtre, elle a fait une carrière exceptionnelle. C'est une véritable artiste. qui a créé un style. Et donc, Micheline Dax, elle a marqué son époque, et ça me fait plaisir de le dire.

  • Speaker #0

    Alors, en 1955-56, La plume de ma tante, c'est un autre spectacle, mais qui était en fait un condensé des quatre premiers spectacles que vous aviez concoctés avec Robert Derry. Alors rappelez-nous les titres pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    La Plume de ma Tante, c'est parce que c'est le titre anglais.

  • Speaker #0

    C'est cela, oui, tout à fait.

  • Speaker #2

    Le titre anglais. Jack Hilton était venu voir nos spectacles.

  • Speaker #0

    Jack Hilton, c'était un grand chef d'orchestre anglais.

  • Speaker #2

    Un grand chef d'orchestre et qui était aussi, à cette époque-là, il était devenu le gros producteur à Londres. Et donc, il y a eu ce spectacle qui a commencé à Londres sous le nom de La Plume de ma Tante, qui était une sélection de nos meilleurs sketchs.

  • Speaker #0

    Alors, Branquignoles, Dugudu, Allez Belle Bacante et Juppon Vol. Voilà. C'était un condensé des quatre premiers spectacles des Manquignols. Et cette représentation a eu lieu à Londres, au Théâtre Garrick de Londres.

  • Speaker #2

    Plus de trois ans, oui.

  • Speaker #0

    Voilà, alors nous allons écouter à présent le titre que vous aviez composé finalement. C'était un titre à part, La Plume de ma Tante, que vous aviez composé spécifiquement pour ce spectacle. La Plume de ma Tante, nous l'écoutons. Gérard, vraiment, je vous félicite. C'était vraiment formidable. Formidable.

  • Speaker #2

    Bon, écoutez, moi, je me régalais. Vous savez que les musiciens qui venaient à la séance avec moi, ils se battaient pour venir parce qu'ils étaient heureux. D'ailleurs, ça se sent. Et alors, ce qui est terrible, c'est qu'on m'a dit, mais il faut que tu fasses des tournées, etc. Et j'ai tellement fait de choses dans la vie, je n'ai jamais pu faire de tournées. J'aurais pu faire un spectacle, un show.

  • Speaker #0

    Donc, je répète, c'était la plume de ma tente. C'était la musique que vous aviez composée spécifiquement pour le grand spectacle londonien, tiré des Branquignoles. Alors, en 1957, pendant que la plume de Matante fait un triomphe à Londres, les branquignoles, eux, continuent sur leur lancée. En rentrant de Londres, vous allez travailler sur le spectacle suivant, c'est Pomme à l'anglaise, et c'est au Théâtre de Paris, d'Élvire Popesco et d'Hubert Devalais que vous allez vous retrouver Gérard

  • Speaker #2

    Donc c'est imprégné de l'ambiance londonienne C'est-à-dire qu'effectivement on a utilisé Des choses un peu bizarres de nos chers amis anglais Que nous avions vus Et avec cette formidable invention qu'avait Robert Collette On a fait un petit spectacle Qui relevait bien Ce qui nous avait le plus amusé Et d'ailleurs on avait fait venir avec nous Un artiste anglais qui s'appelait M.

  • Speaker #0

    Ross Parker Auteur de chansons d'ailleurs célèbres Et comment vous faisiez pour composer avec Robert ? Il vous demandait des thèmes particuliers ? Ou si vous aviez, en dehors de Mme de Mortemoux Il nous avait expliqué tout à l'heure qu'il vous avait demandé la musique la plus bête du monde, mais vous aviez carte blanche pour composer ?

  • Speaker #2

    Il y avait un conducteur, et en fonction de ce conducteur, de ses idées, du décor, etc. Là, on discutait, là on peut mettre une chanson, là on peut faire un ballet, là... Vous savez, les spectacles se construisaient ensemble, on était là...

  • Speaker #0

    Hyde Park, ça vous rappelle quelque chose ?

  • Speaker #2

    Oui, j'aime beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est formidable, nous l'écoutons. Musique de générique Musique de générique C'était Hyde Park, écrit par Gérard Calvi, donc pour Pomme à l'anglaise, des branquignoles, et c'était vraiment tout à fait dans le style de la musique légère anglaise de l'époque. Je trouve que vraiment là, vous aviez vraiment tout à fait reproduit, avec une mélodie que vous aviez inventée, le style anglais, puisque c'était Pomme à l'anglaise.

  • Speaker #2

    Ben écoutez, j'avais bien aimé l'Angleterre, on a été très heureux en Angleterre, et donc je n'avais rien à souvenir de tendresse.

  • Speaker #0

    Gérard, alors maintenant une petite surprise, je vais vous faire une petite surprise, puisque nous avons en ligne avec nous, eh bien, Colette Brossé, la femme de Robert Derry. Alors Colette Brossé, bonjour, eh bien, je vous laisse parler un instant tout d'abord avec Gérard qui est à côté de nous.

  • Speaker #2

    Alors, bonjour ma Colette. Bonjour mon Gérard, comment tu vas ? Je vais bien, je vais bien. Je suis très ému parce que, tu vois, on est en train d'écouter toutes les musiques que j'ai eu le plaisir de faire avec vous, pour vous. Et donc, ça me rappelle des souvenirs de grande tendresse, de grand bonheur. De grand bonheur.

  • Speaker #7

    Et nous, on a eu le bonheur de t'avoir comme musicien.

  • Speaker #2

    Alors là, tu vois, là on vient de passer à Hyde Park et tu sais que cette musique a été directement inspirée par toi et par l'Angleterre.

  • Speaker #7

    Je ne peux pas l'entendre sans avoir la larme à l'œil. C'est tellement beau.

  • Speaker #0

    C'est tout à fait vrai ce que vous dites. Oui,

  • Speaker #7

    ça fait des larmes aux yeux. Eric Bale, il a des thèmes superbes, notre Gérard.

  • Speaker #0

    On est en train de les écouter tous les uns après les autres, et je crois vraiment que nous avons avec nous aujourd'hui un des plus grands musiciens français.

  • Speaker #2

    Oui. Je le fais tout petit là. Non, non,

  • Speaker #7

    c'est un de nos plus grands musiciens français.

  • Speaker #0

    Alors, Colette, nous venions d'écouter donc Pomme à l'anglaise, enfin Hyde Park, et je suis certain que vous avez d'autres souvenirs avec Gérard.

  • Speaker #7

    Mais j'ai le souvenir d'un essai, le spectacle avant New York, à Philadelphie, où le producteur nous faisait changer d'ordre tous les soirs, vous savez l'ordre des sketchs. Et il n'y en avait qu'un seul qui était très ponctuel et qui notait tout, parce qu'on en avait assez de changer les ordres du spectacle, donc il était fait, qu'il était bon. Mais Jacques Legras, toujours le méticuleux Legras, avait tout l'ordre dans le fond de son haute forme. Et on ne comptait que sur Jacques, on disait qu'est-ce qu'on joue derrière, qu'est-ce qu'on joue derrière ça. Et au début du 2, il levait son haute forme, me saluait d'un grand coup de chapeau et dire Madame. Et on a vu l'ordre de Legras s'envoler au-dessus de la salle. qu'est-ce qu'on joue après et c'est Gérard qui est allé le chercher à 4 pattes qu'on prenait en notre détresse qu'il partageait avec nous il nous a récupéré l'ordre on ne savait plus ce qu'on allait jouer après on nous changeait tous les soirs oui je me souviens que n'est-ce que je fais quand on a fait des brocignoles on a tout fait pardon monsieur pardon madame dans les spectateurs tu avais tout compris Merci. Il n'y avait que le gras, le méticuleux qui avait l'ordre.

  • Speaker #0

    Alors justement, à propos de ce que vous disiez, quelle part était donnée à l'improvisation dans les spectacles que vous aviez inventé avec Robert Derry ?

  • Speaker #7

    C'est difficile à dire. Il y avait d'énormes improvisations en cours de répétition. Quand on avait gelé et fixé, vous savez, les choses, après, on ne bougeait plus jamais.

  • Speaker #0

    Ça n'était plus débridé en cours de séance, après ?

  • Speaker #7

    En rien du tout.

  • Speaker #0

    Ça avait l'air débridé, mais en réalité, c'était parfaitement...

  • Speaker #7

    Ça s'était fait pour avoir l'air débridé. mais tout était gelé à partir du moment où Gérard et Robert nous avaient dit c'est bien comme ça on ne bougeait plus,

  • Speaker #0

    mais on avait le droit d'essayer en cours de répétition de faire des propositions bonnes ou absurdes après ils nous gelaient tous les deux ils nous disaient changez rien alors nous allons écouter à présent ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue et bien cet extrait de Alé Belbacan d'ailleurs tout à l'heure nous avions eu Jean-Michel Defay qui faisait Oui, il était avec nous il y a quelques minutes pour discourir avec Gérard. Donc nous écoutons à présent, ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue, c'est vous qui chantez.

  • Speaker #7

    Hélas, Gérard va vous dire hélas.

  • Speaker #2

    Non, moi je dis pas hélas, moi je dis hélas, hélas que c'est dommage qu'elle n'ait pas voulu se montrer toute nue.

  • Speaker #7

    Oh, ben je... Non, je gardais ça pour Robin.

  • Speaker #2

    Ben oui, je sais, tu me l'as dit, tu me l'as dit, oui, je le sais.

  • Speaker #7

    Et puis je me montrais relativement toute nue dans le numéro d'Akrobats.

  • Speaker #2

    Oui, c'était déjà pas mal.

  • Speaker #7

    À j'allais, s'appelait la musique.

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #7

    Je t'embrasse.

  • Speaker #2

    Moi aussi, je t'embrasse très fort. On passera le verre.

  • Speaker #8

    Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Mon papa veut pas, maman me l'a défendue. Non, n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus. Je suis plutôt du genre plus digne. Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Regardez bien ça, moi j'ai fait ce que j'ai pu. Après ça, ma foi, ce que vous n'aurez pas vu, imaginez que vous l'avez vu. Je serais pas si bête, ce serait malhonnête, moi je garderai mes choses tinettes vous ne verrez pas mes troubles en affaires on n'a pas le droit de montrer tout ce que l'on a, n'a, comptez pas sur moi pour me montrer toute nue mon papa veut pas, maman me l'a défendue, non n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus non n'y comptez pas non n'y comptez pas comptez pas sur moi pour ça non

  • Speaker #0

    Je profite de la désannonce de ce titre, qui était donc « Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue » , pour remercier à nouveau et Gérard Calvi, qui a composé cette musique, et Colette Brossé, qui a bien voulu rendre hommage à son ami Gérard Calvi.

  • Speaker #2

    Texte de Francis Blanche, hein ?

  • Speaker #0

    Texte de Francis Blanche, il faut effectivement le rappeler. Gérard, en 1959, les branquignoles vont traverser l'Atlantique, on vient d'en parler avec Colette Brossé. pour y représenter à nouveau le spectacle La Plume de Matante. Et je crois que là, vous avez eu un succès colossal à Broadway.

  • Speaker #2

    C'était complètement inespéré. C'était formidable parce que le premier soir, les New-Yorkais ne voulaient plus nous lâcher. Je vois mon bassiste qui faisait la queue. Je lui dis, mais qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, tu ne te rends pas compte ? J'achète des places, j'achète des places, et puis après je vais aller revoir nos machines noires. Nous, là, on va jouer pendant trois heures. Tu te rends compte ? Je vais me faire une fortune, mon vieux.

  • Speaker #0

    Qui dirigeait l'orchestre ?

  • Speaker #2

    Gershon Kingsley.

  • Speaker #0

    Alors je crois qu'il y a une anecdote à propos de Gershon Kingsley. Il vous en vient un peu d'avoir inventé Madame de Mortemouille, je crois.

  • Speaker #2

    Gershon, qui était d'origine allemande, il était ravi de diriger ce spectacle.

  • Speaker #0

    Quand je vous disais qu'il vous enviait, c'était une envie gentille. Oui, c'est ça.

  • Speaker #2

    Il voulait avoir son succès. Il voulait avoir son succès. Et à chaque fois, très gentiment, il est venu à Paris enregistrer. Il me dit, oh dis donc Gérard, tu te rends compte quelle veine. Et finalement... Il a eu son succès. J'ai été rétravé, c'est Popcorn.

  • Speaker #0

    Tout simplement. En 1963, le couple d'Eric Alvis se remet à l'ouvrage et avec une musique cocasse, parfois, ou tendre d'autres fois, ils vont concocter la grosse valse qui est créée au Théâtre des Variétés, Gérard.

  • Speaker #2

    On était à des variétés, effectivement. Tous nos spectacles étaient des spectacles d'été. On commençait en fin avril, au mois de juin, ce qui était contre toutes les règles. Et nous, on bourrait. On bourrait parce que c'était un spectacle qui était... C'était français et en même temps, les étrangers pouvaient venir voir ce spectacle.

  • Speaker #0

    Gérard, vous vous êtes également produit aux Etats-Unis avec la grosse valse.

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, c'était un succès formidable.

  • Speaker #0

    Je crois que vous avez également joué à Stockholm, à Gothenburg, enfin un peu partout dans le monde.

  • Speaker #2

    Oui, on a été en Suède, on a été dans beaucoup de pays, oui.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'était un extrait de la grosse valse, Gérard.

  • Speaker #2

    Oui, c'est un petit air tyrolien, quoi.

  • Speaker #0

    Alors voilà, cette évocation de votre parfait mariage, on va appeler ça comme ça, avec Robert Derry et Colette Brossé se termine. Je vais remercier Jean-Michel Defay et Colette Brossé qui nous ont permis de remonter le temps. Gérard, je vous dis à la prochaine fois pour le troisième programme qui vous sera consacré. A très bientôt.

  • Speaker #2

    Moi, je vous dis merci à vous, aux techniciens. Il a bien passé un bon moment.

  • Speaker #0

    Nous aussi, vous pouvez vous en douter.

  • Speaker #1

    À côté de cette formidable aventure avec Robert Derry et la troupe des Branquignols, l'éclectique Gérard Calvi noircira d'innombrables partitions ayant permis d'illustrer musicalement de nombreux films français. Ce sera le thème du troisième épisode de ce podcast.

Chapters

  • Introduction à Gérard Calvi et ses débuts

    00:20

  • La rencontre avec Robert Derry

    00:39

  • Les premiers spectacles et anecdotes

    02:27

  • Collaboration avec Jean-Michel Defay

    05:10

  • Succès à Broadway et souvenirs

    10:00

  • Évocation des spectacles internationaux

    30:04

Description

Quel impact a eu Gérard Calvi sur le paysage musical français ? Dans cet épisode captivant du podcast "Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem", Serge Elhaïc vous invite à plonger dans l'univers fascinant de ce compositeur et chef d'orchestre de renom. À travers une conversation enrichissante, découvrez les débuts de Calvi, ses collaborations mémorables avec des artistes emblématiques tels qu'Édith Piaf et Francis Blanche, et les défis qu'il a relevés tout au long de sa carrière.


Le podcast s'ouvre sur une rétrospective de la rencontre décisive entre Gérard Calvi et Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignols. Ensemble, ils ont révolutionné le théâtre musical français, notamment avec le spectacle "Allez, belles bacantes". Gérard partage des anecdotes inédites sur ces spectacles qui ont marqué une génération, ainsi que sur la musique qu'il a composée, révélant les coulisses de sa créativité débordante.


Au fil de cet épisode, vous découvrirez comment Calvi a su naviguer entre Paris, Londres et Broadway, où ses œuvres ont connu un immense succès. Grâce à des extraits musicaux soigneusement sélectionnés, chaque histoire prend vie, illustrant l'impact indélébile de la musique de Calvi sur le théâtre français. Ce deuxième épisode est non seulement une plongée dans l'univers musical des Branquignols, mais aussi un hommage vibrant à la créativité et à l'innovation de Gérard Calvi dans le monde du spectacle.


Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir les coulisses de la création musicale et théâtrale, et laissez-vous inspirer par le parcours exceptionnel d'un artiste qui a su marquer son époque. Que vous soyez passionné de musique, de théâtre ou simplement curieux d'en savoir plus sur l'univers des auteurs et compositeurs, cet épisode est fait pour vous.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le Musée Sacem présente un podcast imaginé et raconté par Serge Elhaïc, les arrangeurs de la chanson française.

  • Speaker #1

    Lors du premier épisode de ce podcast consacré aux compositeurs et chefs d'orchestre Gérard Calvi, nous avons évoqué sa formation musicale, ses débuts comme pianiste ou ses rencontres avec Francis Blanche et Edith Piaf entre autres. Gérard Calvi nous a raconté sa belle aventure avec la troupe des Branquignols. Et ce second épisode débute au moment où Grégoire Krettly, alias Gérard Calvi, rencontre Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignoles.

  • Speaker #0

    Alors, à quelle occasion avez-vous rencontré Robert Derry pour la première fois ?

  • Speaker #2

    Nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c'était la fameuse année 39-40. Je trouve qu'à l'époque, le conservatoire était le conservatoire national de musique et de déclamation. Donc, il y avait encore les comédiens. Ça m'a fait connaître plein de comédiens. Et notamment, nous déjeunions à la cantine, à la cantine du conservatoire. On avait fait une table multidisciplinaire. Parce que les musiciens et ceux qui jouaient des instruments... Avant, ils étaient ensemble, les comédiens étaient ensemble, les chanteurs étaient ensemble. Et alors, nous, il y avait une table où il y avait un comédien, Robert Derry, Georges Oprette, un instrumentiste qui allait devenir un célèbre chef d'orchestre. Il y avait encore, je ne sais plus qui, un chanteur à l'opéra, un ténor, un ténor ! Et puis,

  • Speaker #0

    il y avait Gérard Krettly.

  • Speaker #2

    Il y avait Gérard Krettly. Et donc, avec Robert, on a tout de suite sympathisé. Et tout de suite, il a dit, oh mais Gérard, dis donc, j'étais en Angleterre, je veux faire du burlesque, etc. T'es le musicien. Et donc, on ne s'est plus quittés.

  • Speaker #3

    C'est la chanson du rap !

  • Speaker #0

    C'était donc deux courts extraits du premier spectacle dont vous aviez composé la musique pour Robert Derrier et ses Branquignoles. C'était successivement Branquignoles, bien sûr, et... La chanson du Rhin. Quelques souvenirs de ce premier spectacle qui s'est donc passé au Théâtre La Bruyère, je crois.

  • Speaker #2

    Et ça a été extraordinaire. On a eu un subterfuge formidable. Alors, le beau-père de Robert Derry, M. Brossé, est travaillé au HAL. Robert avait proposé son spectacle à tous les théâtres de Paris, personne n'avait voulu le monter. Or, M. Herbert fermait son théâtre car il ne savait plus quoi faire dans son théâtre. Robert lui fait rouvrir son théâtre, on monte notre spectacle. Herbert dit, je vais me ridiculiser aux yeux de tout Paris. Et on dit, mais non, effectivement, le spectacle n'était pas possible sans spectateur. Bon, on fait une générale. On avait fait venir trois copains, on disait, vous allez rire très fort. Très, très fort, pour rassurer un... un peu notre directeur. Et on fait une soirée, et alors le père Brossé dit, écoutez, moi je vais vous amener mes copains des Halles, je vais leur faire la consigne, et vous allez voir, ça va rigoler dur, d'autant plus qu'avant on se dit, ça peut faire un petit coup, et puis qu'après on y rentre quand on t'a fait un autre. Et effectivement, ça a été extraordinaire, je sais pas, Christian levait un petit doigt, ça a été un tabac extraordinaire.

  • Speaker #0

    C'était le 20 avril 1940.

  • Speaker #2

    Exactement. On a eu Jean Carmé, on a eu Jacques-Édouard Maillan, on est On a eu de Funès, oui, de Funès. Alors, plein. Il y a une collette brossée. Bien sûr. Il y a un bon travers, naturellement. Et puis, bon, je crois que j'en ai oublié plein.

  • Speaker #0

    Alors, le spectacle suivant est également très connu, puisqu'il s'est intitulé « Allez, belles bacantes » et un des airs célèbres que vous avez écrits pour ce spectacle est « Belle, belle boogie » que nous écoutons. Eh bien, Jean-Michel Defaille a participé à cette aventure de Halle et Bellevacante puisqu'on pouvait le voir dans le film qui avait été tiré de ce spectacle en 1954. Jean-Michel est avec nous en ligne. Jean-Michel, bonjour !

  • Speaker #4

    Branquignol, j'écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour, Jean-Michel !

  • Speaker #4

    Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va et toi ?

  • Speaker #4

    Ça va, ça va.

  • Speaker #2

    Bon.

  • Speaker #0

    Alors, Jean-Michel, nous parlons aujourd'hui avec Gérard Calvi de tous les spectacles des Branquignols. Et je suppose qu'entre Grand Prix de Rome de composition musicale, vous étiez à votre aise pour travailler avec lui ?

  • Speaker #5

    Absolument, oui.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous de cette époque d'Allez Belle Bacante.

  • Speaker #5

    Ça a été une époque formidable. C'était dans les années 50-55 par là.

  • Speaker #2

    Exactement. Et alors ça tombait bien parce qu'on avait les mêmes goûts en musique. Alors le jour où il est arrivé pour me remplacer et pour travailler avec moi, ça ne pouvait que marcher. J'étais tellement heureux.

  • Speaker #5

    On était comme deux frères.

  • Speaker #2

    Oui, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Alors, parlez-nous de votre participation au spectacle, enfin au film de Alé Belbacante et au spectacle.

  • Speaker #5

    Le spectacle dont j'ai remplacé Gérard pendant un an, parce que lui était parti à Juponvol, au Théâtre de la Réalité. Alors j'étais chef d'orchestre, pianiste et puis un petit peu comédien, j'avais des petites interventions. Oh, c'était formidable !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous faisiez comme intervention ?

  • Speaker #5

    Oh, je ne sais plus. À un moment donné, par exemple, Jacqueline Maillan disait « Oh zut, j'ai perdu le fil ! » Alors, faut dire qu'en soir, j'avais apporté une ploude de ficelle. Alors, la fille, elle l'a tirée pendant 5 minutes. C'est pas triste. Oui, parce qu'on se faisait des blagues entre nous, hein, bien sûr. Et puis, il se passait aussi pas mal de choses dans la... La fosse d'orchestre en dessous. Ah oui ? Ah oui, des fois le spectacle était au-dessus et en dessous. C'était un double spectacle. Ça a été un moment formidable.

  • Speaker #0

    Finalement, vous ne vous êtes pas croisé sur la scène avec Gérard Calvi.

  • Speaker #5

    Ah non, ce n'est pas possible. On était séparés de quelques kilomètres.

  • Speaker #2

    Non, mais on s'est retrouvés quand même à chaque fois. Le tournage du film, quoi.

  • Speaker #5

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Oui, on vous voit d'ailleurs dans le tournage du film.

  • Speaker #5

    Ah, dans le film, on m'aperçoit, on voit une espèce de squelette avec une paire de lunettes. La fausse, c'était drôle. Parce qu'il faut vous dire qu'à l'époque, moi, je faisais déjà 1m84, mais à cette époque-là, je pesais 55 kilos. J'étais plutôt fil de fer.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce que vous avez comme souvenir de la musique qu'avait composée Gérard Calvi ? Parce que finalement, vous vous interprétiez, vous dirigez la musique que Gérard avait composée.

  • Speaker #5

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Vous avez interprété forcément Belle Belle Bougie que nous venons d'écouter.

  • Speaker #5

    qui était un des thèmes principaux c'était le ballet des moines voilà exactement bonne mémoire Jean-Michel bravo ah oui j'ai une bonne mémoire musicale c'est vrai que je le répète entre Grand Prix de Rome vous étiez très à l'aise tous les deux ah bah oui absolument on avait les mêmes origines,

  • Speaker #2

    on avait les mêmes goûts Jean-Michel avait une passion pour la trompette ah je l'ai toujours tu l'as toujours ta trompette ?

  • Speaker #5

    ah j'en ai une mieux ah bon ? Oui, parce que j'avais récupéré à l'époque la trompette que jouait Lallouette. Est-ce que tu te souviens de Lallouette ?

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Expliquez à notre auditoire ce qu'était Lallouette.

  • Speaker #2

    Il était souvent mon premier trompette. C'est lui qui était trompette, d'ailleurs, pendant les belles vacances.

  • Speaker #5

    C'est-à-dire qu'il avait remplacé Georges Jouvin, qui était au départ le titulaire.

  • Speaker #0

    Et c'est vous qui aviez pris la trompette de M. Lallouette.

  • Speaker #5

    Alors Lallouette, à force de souffler dans sa trompette, elle était fatiguée. Il m'a dit, tiens, je vais t'en faire cadeau. et puis lui on a acheté une neuve et il m'a donné sa trompette que j'ai jouée pendant des années Et puis elle a fini en abat-jour.

  • Speaker #0

    Jean-Michel, je vous remercie vivement.

  • Speaker #2

    Je te remercie aussi surtout d'avoir fait tout le reste. Au revoir.

  • Speaker #4

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Oh ! Et bien c'était sur... La plage, un second extrait musical du spectacle de Roger Derry et Gérard Calvi à les belles vacances. Je vais signaler que ce titre a été un grand succès, un autre grand succès pour Gérard Calvi puisque le grand chef d'orchestre américain Percy Face l'a interprété d'ailleurs. Alors il y a deux chanteurs que nous avons écoutés dans cette remarquable mélodie que vous avez composée. Gérard, qui étaient-ce ?

  • Speaker #2

    Les chanteurs, c'était Janine de Valen qui joue aussi le nom de Martineau et puis un certain, je ne sais pas, quelqu'un qui se mêlait de chanter, je crois qu'il s'appelle Calvi.

  • Speaker #0

    C'est pas vrai ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Eh bien écoutez, il chantait très bien. On ne l'a pas entendu souvent, finalement, Calvi chanter ?

  • Speaker #2

    Non, parce qu'en principe, il chante mal. Mais là, je ne sais pas, je devais être inspiré.

  • Speaker #0

    Jean, nous en arrivons à présent à Juponvol, et c'est dans cette partition musicale d'un nouveau spectacle des Branquignoles. Jean-Michel Defay venait de nous en parler, puisqu'il vous avait remplacé dans Allez Belle Bacante pendant que vous, vous dirigez Juponvol. Et c'est pour cette partition musicale que vous avez composé le fameux air qui a fait le tour du monde, le bal chez Madame de Mortemouille.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors Qui était cette fameuse Madame de Mortemouille ? Et pourquoi vous avez composé cette ère ? Il y a une histoire là-dessus.

  • Speaker #2

    Une histoire, c'est très simple. C'est que pour un des sketchs, Robert m'a dit, tu sais, je trouve que dans les balmondins, on voit des gens, il est intéressant, etc. Et alors il avait trouvé cette idée de génie qui consistait à quelqu'un qui dansait. Il est avec une danseuse et puis il passe derrière une porte et puis c'est une autre danseuse et puis il passe en arrière-garde, c'est encore une troisième danseuse, etc. Et il m'a dit, je veux que tu me fasses l'air le plus bête du monde. Tu sais, dans les surprises parties, il y a des airs comme ça qui... Je me suis dit, ouais, bon, l'air le plus bête du monde. Dans le lendemain, j'ai dit, je t'amène l'air le plus bête du monde, et il est sur trois notes, c'est tout le temps la même note, etc. Je ne pensais vraiment pas que ça... Eh bien, cet air le plus bête du monde est celui qui est un des mieux fonctionnés que j'ai écrit, et qui m'a rapporté plus d'art. Et puis, il y a le tour du monde. Ah oui, c'est exact. Musique

  • Speaker #0

    Cette musique a été rebaptisée, alors il y a eu Made in France, il y a eu One of the Songs, The Girl of Folies Bergères. On peut dire qu'au Royaume-Uni, sa très gracieuse majesté Elisabeth a fait interpréter ce titre sous le titre de Oh là là, vous saviez cela ?

  • Speaker #2

    Elle aimait beaucoup cette musique, qu'elle trouvait très entraînante.

  • Speaker #0

    Alors Gérard, vous avez une idée du nombre de versions approximativement qui ont été interprétées ?

  • Speaker #2

    Aucune.

  • Speaker #0

    Aucune ? Je dirais une petite centaine, moi, à mon avis.

  • Speaker #2

    Oui, ça doit être... Tous les plus grands orchestres américains l'ont interprété. Oui, exactement. Il y a des versions mexicaines, des versions finlandaises. Ça m'a bien aidé à vivre.

  • Speaker #0

    C'est tant mieux. Alors, quels ont été les principaux chanteurs qui ont interprété ce titre du bal chez Mme de Mortemouille ?

  • Speaker #2

    Écoutez, là, j'ai Jimmy Durante. C'est moi, Durante. C'est formidable. Et alors, il y a un Anglais qui est très, très distingué, qui a enregistré. C'est vrai que ça résonne. Bon, formidable. Et puis il y en a plein d'autres. C'était l'air qu'il fallait chanter à un moment. Tout le monde l'a chanté. Exactement.

  • Speaker #0

    Et tout le monde l'a interprété, tout le monde l'a orchestré. Alors, le bal chez Madame de Mortemouille a été l'occasion d'un disque 33 tours en 1957. Je rappelle que ce titre est extrait du spectacle des branquignoles Jupponvol. Et sur ce 33 tours de Gérard Calvi, il y avait une caricature de Madame de Mortemouille par le célèbre dessinateur Barberou. C'est vous qui aviez demandé ?

  • Speaker #2

    Barberou, c'est un génie. Tout à fait. Philippe Barberousse. C'était formidable parce que dans le dessin, on sentait qu'elle dansait cette musique-là et qu'elle ne dansait pas une autre.

  • Speaker #0

    Eh bien, Gérard, j'ai eu l'occasion de questionner Micheline Dax, qui a été la personne qui interprétait Madame de Mortemouille. Quel souvenir avez-vous de Micheline Dax avant que nous l'écoutions ? Parlez de vous, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Écoutez, je crois que c'est intéressant de savoir comment Micheline Dax est devenue banquignole. Robert, quand nous avons eu la possibilité de monter notre spectacle, m'a dit, écoute... J'ai des burlesques, j'ai tout ce qu'il faut au point de vue comédien. Mais je voudrais un chanteur et une chanteuse ridicules. Et j'ai dit très bien, j'ai ce qu'il faut. Alors j'ai amené un chanteur ridicule, c'était Robert Destin, et quelqu'un que j'avais rencontré pour faire des émissions au Club d'essai, le fameux Club d'essai dont Tchernia vous parlera certainement. Elle vient, il était superbe. Très jolis yeux, là, qui ouvrent la porte, et elle me dit « Bonjour, monsieur ! » Alors j'ai dit « Oui, attendez, je vous ai demandé de venir me voir parce que je cherche des voix d'enfant pour la... » Et alors elle me dit, oui, parce que je suis spécialiste. À la radio, c'est moi qui fais les voix d'enfants. Ah bon, très bien. Et pour le reste ? Et bien, elle me dit, pour le reste, je peux vous chanter, etc. Enfin bon. Mais j'ai dit, mais alors, ça se traduit comment musicalement ? Et alors, je me suis mis au piano. Elle a commencé à me chanter quelque chose. Et j'ai découvert cette voix sublime de Micheline Dax. C'est quelque chose d'exceptionnel.

  • Speaker #0

    Eh bien, il y a quelques soirs, nous avions appelé Micheline Dax pour qu'elle nous parle de Gérard Calvi. Micheline Dax, bonsoir. Bonsoir. Micheline, comment êtes-vous devenue Madame de Mortemouille, la célèbre Madame de Mortemouille ?

  • Speaker #6

    C'est toute une histoire. J'étais chanteuse classique, chanteuse d'église, j'ai commencé comme ça. J'avais une toute petite voix haute, très haute, d'enfant. J'ai fait plusieurs voix d'enfant. Et c'est Henri Dutilleux qui m'a mise dans le circuit. Dutilleux dirigeait à l'époque tout le circuit musique classique, musique sérieuse, etc. de l'ORTF. Sur quoi Henri Dutilleux ? toujours lui, il m'a dit, voilà, il y a un jeune compositeur qui s'appelle Grégoire Crétly, il a écrit une musique pour une pièce de Georges Neveu qui s'appelle Juliette ou la clé des songes, et la jeune première qui s'appelait France Descaux ne chantait pas. Il m'a dit, voilà, je vous envoie chez lui, il va vous jouer sa musique, c'est tout à fait pour votre voix. Moi j'arrive chez ce monsieur Crétly, et dès qu'il me voit, je dis bonjour monsieur, il me fait, ah non, ah non ! Je n'ai pas demandé une voix comme la vôtre, mademoiselle. J'ai demandé une voix d'enfant, une voix plate, une voix comme les petits chanteurs à la croix de bois. Et je dis, c'est moi, monsieur. Non, non, mademoiselle, c'est pas possible. Et puis je connais Henri, c'est pas le genre à faire des plaisanteries. Il y a une erreur, j'ai dit, il n'y a sûrement pas une erreur. Et puis il me dit, écoutez, j'ai un copain qui monte un spectacle avec la musique que je vais écrire pour ce spectacle. Je vais vous le présenter, je demande si ça ne pourrait pas être dedans. Et il m'emmène et il me présente à Robert Berry. qui me regarde et qui a dit cette phrase mystérieuse, ça pourrait aller à l'alloy triste. Je me suis dit, voilà, c'est une pièce dramatique avec de la musique. Je suis rentré enchanté chez moi et j'ai dit à mon pauvre père, je vais jouer, je vais chanter un ouvrage dramatique et musical. Imaginez la tête de mon pauvre père quand il est venu voir le spectacle qui était donc grand quillant. C'est une horreur. Alors ça a commencé comme ça. A l'époque, je n'étais donc que chanteuse. Et puis nous avons joué avec le succès que vous savez, et puis je les ai quittés moi quand ils sont partis faire des trillions sans précédent en Amérique et en Angleterre. Pendant ce temps-là, je les suivais une autre voie, c'est-à-dire que j'ai fait moi-même un tour de champ, j'ai fait du théâtre, j'ai fait du cinéma. Et 25 ans plus tard, ce qui est quand même unique dans les aveugles du théâtre, dans le même théâtre, nous avons repris Branquignol, et je suis reparti avec eux bien sûr. Alors là, Mme de Mortemouille avait pris... De l'ampleur, si j'ose dire, c'est-à-dire qu'elle parlait beaucoup. Elle chantait, mais elle parlait. J'étais la marraine d'Olaf, et tout le spectacle, je le présentais en... Il lui arrivait de nouveau quelques malheurs. Voilà l'histoire de Mme de Mortemoux, et en plusieurs épisodes.

  • Speaker #0

    Gérard, je crois que vous aviez quelque chose à rajouter sur Miss Lynn.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que Miss Lynn est une des plus grandes professionnelles que j'ai rencontrées dans ma vie. Elle venait de la musique, elle est arrivée au théâtre, elle a fait une carrière exceptionnelle. C'est une véritable artiste. qui a créé un style. Et donc, Micheline Dax, elle a marqué son époque, et ça me fait plaisir de le dire.

  • Speaker #0

    Alors, en 1955-56, La plume de ma tante, c'est un autre spectacle, mais qui était en fait un condensé des quatre premiers spectacles que vous aviez concoctés avec Robert Derry. Alors rappelez-nous les titres pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    La Plume de ma Tante, c'est parce que c'est le titre anglais.

  • Speaker #0

    C'est cela, oui, tout à fait.

  • Speaker #2

    Le titre anglais. Jack Hilton était venu voir nos spectacles.

  • Speaker #0

    Jack Hilton, c'était un grand chef d'orchestre anglais.

  • Speaker #2

    Un grand chef d'orchestre et qui était aussi, à cette époque-là, il était devenu le gros producteur à Londres. Et donc, il y a eu ce spectacle qui a commencé à Londres sous le nom de La Plume de ma Tante, qui était une sélection de nos meilleurs sketchs.

  • Speaker #0

    Alors, Branquignoles, Dugudu, Allez Belle Bacante et Juppon Vol. Voilà. C'était un condensé des quatre premiers spectacles des Manquignols. Et cette représentation a eu lieu à Londres, au Théâtre Garrick de Londres.

  • Speaker #2

    Plus de trois ans, oui.

  • Speaker #0

    Voilà, alors nous allons écouter à présent le titre que vous aviez composé finalement. C'était un titre à part, La Plume de ma Tante, que vous aviez composé spécifiquement pour ce spectacle. La Plume de ma Tante, nous l'écoutons. Gérard, vraiment, je vous félicite. C'était vraiment formidable. Formidable.

  • Speaker #2

    Bon, écoutez, moi, je me régalais. Vous savez que les musiciens qui venaient à la séance avec moi, ils se battaient pour venir parce qu'ils étaient heureux. D'ailleurs, ça se sent. Et alors, ce qui est terrible, c'est qu'on m'a dit, mais il faut que tu fasses des tournées, etc. Et j'ai tellement fait de choses dans la vie, je n'ai jamais pu faire de tournées. J'aurais pu faire un spectacle, un show.

  • Speaker #0

    Donc, je répète, c'était la plume de ma tente. C'était la musique que vous aviez composée spécifiquement pour le grand spectacle londonien, tiré des Branquignoles. Alors, en 1957, pendant que la plume de Matante fait un triomphe à Londres, les branquignoles, eux, continuent sur leur lancée. En rentrant de Londres, vous allez travailler sur le spectacle suivant, c'est Pomme à l'anglaise, et c'est au Théâtre de Paris, d'Élvire Popesco et d'Hubert Devalais que vous allez vous retrouver Gérard

  • Speaker #2

    Donc c'est imprégné de l'ambiance londonienne C'est-à-dire qu'effectivement on a utilisé Des choses un peu bizarres de nos chers amis anglais Que nous avions vus Et avec cette formidable invention qu'avait Robert Collette On a fait un petit spectacle Qui relevait bien Ce qui nous avait le plus amusé Et d'ailleurs on avait fait venir avec nous Un artiste anglais qui s'appelait M.

  • Speaker #0

    Ross Parker Auteur de chansons d'ailleurs célèbres Et comment vous faisiez pour composer avec Robert ? Il vous demandait des thèmes particuliers ? Ou si vous aviez, en dehors de Mme de Mortemoux Il nous avait expliqué tout à l'heure qu'il vous avait demandé la musique la plus bête du monde, mais vous aviez carte blanche pour composer ?

  • Speaker #2

    Il y avait un conducteur, et en fonction de ce conducteur, de ses idées, du décor, etc. Là, on discutait, là on peut mettre une chanson, là on peut faire un ballet, là... Vous savez, les spectacles se construisaient ensemble, on était là...

  • Speaker #0

    Hyde Park, ça vous rappelle quelque chose ?

  • Speaker #2

    Oui, j'aime beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est formidable, nous l'écoutons. Musique de générique Musique de générique C'était Hyde Park, écrit par Gérard Calvi, donc pour Pomme à l'anglaise, des branquignoles, et c'était vraiment tout à fait dans le style de la musique légère anglaise de l'époque. Je trouve que vraiment là, vous aviez vraiment tout à fait reproduit, avec une mélodie que vous aviez inventée, le style anglais, puisque c'était Pomme à l'anglaise.

  • Speaker #2

    Ben écoutez, j'avais bien aimé l'Angleterre, on a été très heureux en Angleterre, et donc je n'avais rien à souvenir de tendresse.

  • Speaker #0

    Gérard, alors maintenant une petite surprise, je vais vous faire une petite surprise, puisque nous avons en ligne avec nous, eh bien, Colette Brossé, la femme de Robert Derry. Alors Colette Brossé, bonjour, eh bien, je vous laisse parler un instant tout d'abord avec Gérard qui est à côté de nous.

  • Speaker #2

    Alors, bonjour ma Colette. Bonjour mon Gérard, comment tu vas ? Je vais bien, je vais bien. Je suis très ému parce que, tu vois, on est en train d'écouter toutes les musiques que j'ai eu le plaisir de faire avec vous, pour vous. Et donc, ça me rappelle des souvenirs de grande tendresse, de grand bonheur. De grand bonheur.

  • Speaker #7

    Et nous, on a eu le bonheur de t'avoir comme musicien.

  • Speaker #2

    Alors là, tu vois, là on vient de passer à Hyde Park et tu sais que cette musique a été directement inspirée par toi et par l'Angleterre.

  • Speaker #7

    Je ne peux pas l'entendre sans avoir la larme à l'œil. C'est tellement beau.

  • Speaker #0

    C'est tout à fait vrai ce que vous dites. Oui,

  • Speaker #7

    ça fait des larmes aux yeux. Eric Bale, il a des thèmes superbes, notre Gérard.

  • Speaker #0

    On est en train de les écouter tous les uns après les autres, et je crois vraiment que nous avons avec nous aujourd'hui un des plus grands musiciens français.

  • Speaker #2

    Oui. Je le fais tout petit là. Non, non,

  • Speaker #7

    c'est un de nos plus grands musiciens français.

  • Speaker #0

    Alors, Colette, nous venions d'écouter donc Pomme à l'anglaise, enfin Hyde Park, et je suis certain que vous avez d'autres souvenirs avec Gérard.

  • Speaker #7

    Mais j'ai le souvenir d'un essai, le spectacle avant New York, à Philadelphie, où le producteur nous faisait changer d'ordre tous les soirs, vous savez l'ordre des sketchs. Et il n'y en avait qu'un seul qui était très ponctuel et qui notait tout, parce qu'on en avait assez de changer les ordres du spectacle, donc il était fait, qu'il était bon. Mais Jacques Legras, toujours le méticuleux Legras, avait tout l'ordre dans le fond de son haute forme. Et on ne comptait que sur Jacques, on disait qu'est-ce qu'on joue derrière, qu'est-ce qu'on joue derrière ça. Et au début du 2, il levait son haute forme, me saluait d'un grand coup de chapeau et dire Madame. Et on a vu l'ordre de Legras s'envoler au-dessus de la salle. qu'est-ce qu'on joue après et c'est Gérard qui est allé le chercher à 4 pattes qu'on prenait en notre détresse qu'il partageait avec nous il nous a récupéré l'ordre on ne savait plus ce qu'on allait jouer après on nous changeait tous les soirs oui je me souviens que n'est-ce que je fais quand on a fait des brocignoles on a tout fait pardon monsieur pardon madame dans les spectateurs tu avais tout compris Merci. Il n'y avait que le gras, le méticuleux qui avait l'ordre.

  • Speaker #0

    Alors justement, à propos de ce que vous disiez, quelle part était donnée à l'improvisation dans les spectacles que vous aviez inventé avec Robert Derry ?

  • Speaker #7

    C'est difficile à dire. Il y avait d'énormes improvisations en cours de répétition. Quand on avait gelé et fixé, vous savez, les choses, après, on ne bougeait plus jamais.

  • Speaker #0

    Ça n'était plus débridé en cours de séance, après ?

  • Speaker #7

    En rien du tout.

  • Speaker #0

    Ça avait l'air débridé, mais en réalité, c'était parfaitement...

  • Speaker #7

    Ça s'était fait pour avoir l'air débridé. mais tout était gelé à partir du moment où Gérard et Robert nous avaient dit c'est bien comme ça on ne bougeait plus,

  • Speaker #0

    mais on avait le droit d'essayer en cours de répétition de faire des propositions bonnes ou absurdes après ils nous gelaient tous les deux ils nous disaient changez rien alors nous allons écouter à présent ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue et bien cet extrait de Alé Belbacan d'ailleurs tout à l'heure nous avions eu Jean-Michel Defay qui faisait Oui, il était avec nous il y a quelques minutes pour discourir avec Gérard. Donc nous écoutons à présent, ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue, c'est vous qui chantez.

  • Speaker #7

    Hélas, Gérard va vous dire hélas.

  • Speaker #2

    Non, moi je dis pas hélas, moi je dis hélas, hélas que c'est dommage qu'elle n'ait pas voulu se montrer toute nue.

  • Speaker #7

    Oh, ben je... Non, je gardais ça pour Robin.

  • Speaker #2

    Ben oui, je sais, tu me l'as dit, tu me l'as dit, oui, je le sais.

  • Speaker #7

    Et puis je me montrais relativement toute nue dans le numéro d'Akrobats.

  • Speaker #2

    Oui, c'était déjà pas mal.

  • Speaker #7

    À j'allais, s'appelait la musique.

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #7

    Je t'embrasse.

  • Speaker #2

    Moi aussi, je t'embrasse très fort. On passera le verre.

  • Speaker #8

    Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Mon papa veut pas, maman me l'a défendue. Non, n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus. Je suis plutôt du genre plus digne. Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Regardez bien ça, moi j'ai fait ce que j'ai pu. Après ça, ma foi, ce que vous n'aurez pas vu, imaginez que vous l'avez vu. Je serais pas si bête, ce serait malhonnête, moi je garderai mes choses tinettes vous ne verrez pas mes troubles en affaires on n'a pas le droit de montrer tout ce que l'on a, n'a, comptez pas sur moi pour me montrer toute nue mon papa veut pas, maman me l'a défendue, non n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus non n'y comptez pas non n'y comptez pas comptez pas sur moi pour ça non

  • Speaker #0

    Je profite de la désannonce de ce titre, qui était donc « Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue » , pour remercier à nouveau et Gérard Calvi, qui a composé cette musique, et Colette Brossé, qui a bien voulu rendre hommage à son ami Gérard Calvi.

  • Speaker #2

    Texte de Francis Blanche, hein ?

  • Speaker #0

    Texte de Francis Blanche, il faut effectivement le rappeler. Gérard, en 1959, les branquignoles vont traverser l'Atlantique, on vient d'en parler avec Colette Brossé. pour y représenter à nouveau le spectacle La Plume de Matante. Et je crois que là, vous avez eu un succès colossal à Broadway.

  • Speaker #2

    C'était complètement inespéré. C'était formidable parce que le premier soir, les New-Yorkais ne voulaient plus nous lâcher. Je vois mon bassiste qui faisait la queue. Je lui dis, mais qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, tu ne te rends pas compte ? J'achète des places, j'achète des places, et puis après je vais aller revoir nos machines noires. Nous, là, on va jouer pendant trois heures. Tu te rends compte ? Je vais me faire une fortune, mon vieux.

  • Speaker #0

    Qui dirigeait l'orchestre ?

  • Speaker #2

    Gershon Kingsley.

  • Speaker #0

    Alors je crois qu'il y a une anecdote à propos de Gershon Kingsley. Il vous en vient un peu d'avoir inventé Madame de Mortemouille, je crois.

  • Speaker #2

    Gershon, qui était d'origine allemande, il était ravi de diriger ce spectacle.

  • Speaker #0

    Quand je vous disais qu'il vous enviait, c'était une envie gentille. Oui, c'est ça.

  • Speaker #2

    Il voulait avoir son succès. Il voulait avoir son succès. Et à chaque fois, très gentiment, il est venu à Paris enregistrer. Il me dit, oh dis donc Gérard, tu te rends compte quelle veine. Et finalement... Il a eu son succès. J'ai été rétravé, c'est Popcorn.

  • Speaker #0

    Tout simplement. En 1963, le couple d'Eric Alvis se remet à l'ouvrage et avec une musique cocasse, parfois, ou tendre d'autres fois, ils vont concocter la grosse valse qui est créée au Théâtre des Variétés, Gérard.

  • Speaker #2

    On était à des variétés, effectivement. Tous nos spectacles étaient des spectacles d'été. On commençait en fin avril, au mois de juin, ce qui était contre toutes les règles. Et nous, on bourrait. On bourrait parce que c'était un spectacle qui était... C'était français et en même temps, les étrangers pouvaient venir voir ce spectacle.

  • Speaker #0

    Gérard, vous vous êtes également produit aux Etats-Unis avec la grosse valse.

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, c'était un succès formidable.

  • Speaker #0

    Je crois que vous avez également joué à Stockholm, à Gothenburg, enfin un peu partout dans le monde.

  • Speaker #2

    Oui, on a été en Suède, on a été dans beaucoup de pays, oui.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'était un extrait de la grosse valse, Gérard.

  • Speaker #2

    Oui, c'est un petit air tyrolien, quoi.

  • Speaker #0

    Alors voilà, cette évocation de votre parfait mariage, on va appeler ça comme ça, avec Robert Derry et Colette Brossé se termine. Je vais remercier Jean-Michel Defay et Colette Brossé qui nous ont permis de remonter le temps. Gérard, je vous dis à la prochaine fois pour le troisième programme qui vous sera consacré. A très bientôt.

  • Speaker #2

    Moi, je vous dis merci à vous, aux techniciens. Il a bien passé un bon moment.

  • Speaker #0

    Nous aussi, vous pouvez vous en douter.

  • Speaker #1

    À côté de cette formidable aventure avec Robert Derry et la troupe des Branquignols, l'éclectique Gérard Calvi noircira d'innombrables partitions ayant permis d'illustrer musicalement de nombreux films français. Ce sera le thème du troisième épisode de ce podcast.

Chapters

  • Introduction à Gérard Calvi et ses débuts

    00:20

  • La rencontre avec Robert Derry

    00:39

  • Les premiers spectacles et anecdotes

    02:27

  • Collaboration avec Jean-Michel Defay

    05:10

  • Succès à Broadway et souvenirs

    10:00

  • Évocation des spectacles internationaux

    30:04

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Description

Quel impact a eu Gérard Calvi sur le paysage musical français ? Dans cet épisode captivant du podcast "Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem", Serge Elhaïc vous invite à plonger dans l'univers fascinant de ce compositeur et chef d'orchestre de renom. À travers une conversation enrichissante, découvrez les débuts de Calvi, ses collaborations mémorables avec des artistes emblématiques tels qu'Édith Piaf et Francis Blanche, et les défis qu'il a relevés tout au long de sa carrière.


Le podcast s'ouvre sur une rétrospective de la rencontre décisive entre Gérard Calvi et Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignols. Ensemble, ils ont révolutionné le théâtre musical français, notamment avec le spectacle "Allez, belles bacantes". Gérard partage des anecdotes inédites sur ces spectacles qui ont marqué une génération, ainsi que sur la musique qu'il a composée, révélant les coulisses de sa créativité débordante.


Au fil de cet épisode, vous découvrirez comment Calvi a su naviguer entre Paris, Londres et Broadway, où ses œuvres ont connu un immense succès. Grâce à des extraits musicaux soigneusement sélectionnés, chaque histoire prend vie, illustrant l'impact indélébile de la musique de Calvi sur le théâtre français. Ce deuxième épisode est non seulement une plongée dans l'univers musical des Branquignols, mais aussi un hommage vibrant à la créativité et à l'innovation de Gérard Calvi dans le monde du spectacle.


Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir les coulisses de la création musicale et théâtrale, et laissez-vous inspirer par le parcours exceptionnel d'un artiste qui a su marquer son époque. Que vous soyez passionné de musique, de théâtre ou simplement curieux d'en savoir plus sur l'univers des auteurs et compositeurs, cet épisode est fait pour vous.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le Musée Sacem présente un podcast imaginé et raconté par Serge Elhaïc, les arrangeurs de la chanson française.

  • Speaker #1

    Lors du premier épisode de ce podcast consacré aux compositeurs et chefs d'orchestre Gérard Calvi, nous avons évoqué sa formation musicale, ses débuts comme pianiste ou ses rencontres avec Francis Blanche et Edith Piaf entre autres. Gérard Calvi nous a raconté sa belle aventure avec la troupe des Branquignols. Et ce second épisode débute au moment où Grégoire Krettly, alias Gérard Calvi, rencontre Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignoles.

  • Speaker #0

    Alors, à quelle occasion avez-vous rencontré Robert Derry pour la première fois ?

  • Speaker #2

    Nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c'était la fameuse année 39-40. Je trouve qu'à l'époque, le conservatoire était le conservatoire national de musique et de déclamation. Donc, il y avait encore les comédiens. Ça m'a fait connaître plein de comédiens. Et notamment, nous déjeunions à la cantine, à la cantine du conservatoire. On avait fait une table multidisciplinaire. Parce que les musiciens et ceux qui jouaient des instruments... Avant, ils étaient ensemble, les comédiens étaient ensemble, les chanteurs étaient ensemble. Et alors, nous, il y avait une table où il y avait un comédien, Robert Derry, Georges Oprette, un instrumentiste qui allait devenir un célèbre chef d'orchestre. Il y avait encore, je ne sais plus qui, un chanteur à l'opéra, un ténor, un ténor ! Et puis,

  • Speaker #0

    il y avait Gérard Krettly.

  • Speaker #2

    Il y avait Gérard Krettly. Et donc, avec Robert, on a tout de suite sympathisé. Et tout de suite, il a dit, oh mais Gérard, dis donc, j'étais en Angleterre, je veux faire du burlesque, etc. T'es le musicien. Et donc, on ne s'est plus quittés.

  • Speaker #3

    C'est la chanson du rap !

  • Speaker #0

    C'était donc deux courts extraits du premier spectacle dont vous aviez composé la musique pour Robert Derrier et ses Branquignoles. C'était successivement Branquignoles, bien sûr, et... La chanson du Rhin. Quelques souvenirs de ce premier spectacle qui s'est donc passé au Théâtre La Bruyère, je crois.

  • Speaker #2

    Et ça a été extraordinaire. On a eu un subterfuge formidable. Alors, le beau-père de Robert Derry, M. Brossé, est travaillé au HAL. Robert avait proposé son spectacle à tous les théâtres de Paris, personne n'avait voulu le monter. Or, M. Herbert fermait son théâtre car il ne savait plus quoi faire dans son théâtre. Robert lui fait rouvrir son théâtre, on monte notre spectacle. Herbert dit, je vais me ridiculiser aux yeux de tout Paris. Et on dit, mais non, effectivement, le spectacle n'était pas possible sans spectateur. Bon, on fait une générale. On avait fait venir trois copains, on disait, vous allez rire très fort. Très, très fort, pour rassurer un... un peu notre directeur. Et on fait une soirée, et alors le père Brossé dit, écoutez, moi je vais vous amener mes copains des Halles, je vais leur faire la consigne, et vous allez voir, ça va rigoler dur, d'autant plus qu'avant on se dit, ça peut faire un petit coup, et puis qu'après on y rentre quand on t'a fait un autre. Et effectivement, ça a été extraordinaire, je sais pas, Christian levait un petit doigt, ça a été un tabac extraordinaire.

  • Speaker #0

    C'était le 20 avril 1940.

  • Speaker #2

    Exactement. On a eu Jean Carmé, on a eu Jacques-Édouard Maillan, on est On a eu de Funès, oui, de Funès. Alors, plein. Il y a une collette brossée. Bien sûr. Il y a un bon travers, naturellement. Et puis, bon, je crois que j'en ai oublié plein.

  • Speaker #0

    Alors, le spectacle suivant est également très connu, puisqu'il s'est intitulé « Allez, belles bacantes » et un des airs célèbres que vous avez écrits pour ce spectacle est « Belle, belle boogie » que nous écoutons. Eh bien, Jean-Michel Defaille a participé à cette aventure de Halle et Bellevacante puisqu'on pouvait le voir dans le film qui avait été tiré de ce spectacle en 1954. Jean-Michel est avec nous en ligne. Jean-Michel, bonjour !

  • Speaker #4

    Branquignol, j'écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour, Jean-Michel !

  • Speaker #4

    Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va et toi ?

  • Speaker #4

    Ça va, ça va.

  • Speaker #2

    Bon.

  • Speaker #0

    Alors, Jean-Michel, nous parlons aujourd'hui avec Gérard Calvi de tous les spectacles des Branquignols. Et je suppose qu'entre Grand Prix de Rome de composition musicale, vous étiez à votre aise pour travailler avec lui ?

  • Speaker #5

    Absolument, oui.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous de cette époque d'Allez Belle Bacante.

  • Speaker #5

    Ça a été une époque formidable. C'était dans les années 50-55 par là.

  • Speaker #2

    Exactement. Et alors ça tombait bien parce qu'on avait les mêmes goûts en musique. Alors le jour où il est arrivé pour me remplacer et pour travailler avec moi, ça ne pouvait que marcher. J'étais tellement heureux.

  • Speaker #5

    On était comme deux frères.

  • Speaker #2

    Oui, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Alors, parlez-nous de votre participation au spectacle, enfin au film de Alé Belbacante et au spectacle.

  • Speaker #5

    Le spectacle dont j'ai remplacé Gérard pendant un an, parce que lui était parti à Juponvol, au Théâtre de la Réalité. Alors j'étais chef d'orchestre, pianiste et puis un petit peu comédien, j'avais des petites interventions. Oh, c'était formidable !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous faisiez comme intervention ?

  • Speaker #5

    Oh, je ne sais plus. À un moment donné, par exemple, Jacqueline Maillan disait « Oh zut, j'ai perdu le fil ! » Alors, faut dire qu'en soir, j'avais apporté une ploude de ficelle. Alors, la fille, elle l'a tirée pendant 5 minutes. C'est pas triste. Oui, parce qu'on se faisait des blagues entre nous, hein, bien sûr. Et puis, il se passait aussi pas mal de choses dans la... La fosse d'orchestre en dessous. Ah oui ? Ah oui, des fois le spectacle était au-dessus et en dessous. C'était un double spectacle. Ça a été un moment formidable.

  • Speaker #0

    Finalement, vous ne vous êtes pas croisé sur la scène avec Gérard Calvi.

  • Speaker #5

    Ah non, ce n'est pas possible. On était séparés de quelques kilomètres.

  • Speaker #2

    Non, mais on s'est retrouvés quand même à chaque fois. Le tournage du film, quoi.

  • Speaker #5

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Oui, on vous voit d'ailleurs dans le tournage du film.

  • Speaker #5

    Ah, dans le film, on m'aperçoit, on voit une espèce de squelette avec une paire de lunettes. La fausse, c'était drôle. Parce qu'il faut vous dire qu'à l'époque, moi, je faisais déjà 1m84, mais à cette époque-là, je pesais 55 kilos. J'étais plutôt fil de fer.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce que vous avez comme souvenir de la musique qu'avait composée Gérard Calvi ? Parce que finalement, vous vous interprétiez, vous dirigez la musique que Gérard avait composée.

  • Speaker #5

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Vous avez interprété forcément Belle Belle Bougie que nous venons d'écouter.

  • Speaker #5

    qui était un des thèmes principaux c'était le ballet des moines voilà exactement bonne mémoire Jean-Michel bravo ah oui j'ai une bonne mémoire musicale c'est vrai que je le répète entre Grand Prix de Rome vous étiez très à l'aise tous les deux ah bah oui absolument on avait les mêmes origines,

  • Speaker #2

    on avait les mêmes goûts Jean-Michel avait une passion pour la trompette ah je l'ai toujours tu l'as toujours ta trompette ?

  • Speaker #5

    ah j'en ai une mieux ah bon ? Oui, parce que j'avais récupéré à l'époque la trompette que jouait Lallouette. Est-ce que tu te souviens de Lallouette ?

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Expliquez à notre auditoire ce qu'était Lallouette.

  • Speaker #2

    Il était souvent mon premier trompette. C'est lui qui était trompette, d'ailleurs, pendant les belles vacances.

  • Speaker #5

    C'est-à-dire qu'il avait remplacé Georges Jouvin, qui était au départ le titulaire.

  • Speaker #0

    Et c'est vous qui aviez pris la trompette de M. Lallouette.

  • Speaker #5

    Alors Lallouette, à force de souffler dans sa trompette, elle était fatiguée. Il m'a dit, tiens, je vais t'en faire cadeau. et puis lui on a acheté une neuve et il m'a donné sa trompette que j'ai jouée pendant des années Et puis elle a fini en abat-jour.

  • Speaker #0

    Jean-Michel, je vous remercie vivement.

  • Speaker #2

    Je te remercie aussi surtout d'avoir fait tout le reste. Au revoir.

  • Speaker #4

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Oh ! Et bien c'était sur... La plage, un second extrait musical du spectacle de Roger Derry et Gérard Calvi à les belles vacances. Je vais signaler que ce titre a été un grand succès, un autre grand succès pour Gérard Calvi puisque le grand chef d'orchestre américain Percy Face l'a interprété d'ailleurs. Alors il y a deux chanteurs que nous avons écoutés dans cette remarquable mélodie que vous avez composée. Gérard, qui étaient-ce ?

  • Speaker #2

    Les chanteurs, c'était Janine de Valen qui joue aussi le nom de Martineau et puis un certain, je ne sais pas, quelqu'un qui se mêlait de chanter, je crois qu'il s'appelle Calvi.

  • Speaker #0

    C'est pas vrai ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Eh bien écoutez, il chantait très bien. On ne l'a pas entendu souvent, finalement, Calvi chanter ?

  • Speaker #2

    Non, parce qu'en principe, il chante mal. Mais là, je ne sais pas, je devais être inspiré.

  • Speaker #0

    Jean, nous en arrivons à présent à Juponvol, et c'est dans cette partition musicale d'un nouveau spectacle des Branquignoles. Jean-Michel Defay venait de nous en parler, puisqu'il vous avait remplacé dans Allez Belle Bacante pendant que vous, vous dirigez Juponvol. Et c'est pour cette partition musicale que vous avez composé le fameux air qui a fait le tour du monde, le bal chez Madame de Mortemouille.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors Qui était cette fameuse Madame de Mortemouille ? Et pourquoi vous avez composé cette ère ? Il y a une histoire là-dessus.

  • Speaker #2

    Une histoire, c'est très simple. C'est que pour un des sketchs, Robert m'a dit, tu sais, je trouve que dans les balmondins, on voit des gens, il est intéressant, etc. Et alors il avait trouvé cette idée de génie qui consistait à quelqu'un qui dansait. Il est avec une danseuse et puis il passe derrière une porte et puis c'est une autre danseuse et puis il passe en arrière-garde, c'est encore une troisième danseuse, etc. Et il m'a dit, je veux que tu me fasses l'air le plus bête du monde. Tu sais, dans les surprises parties, il y a des airs comme ça qui... Je me suis dit, ouais, bon, l'air le plus bête du monde. Dans le lendemain, j'ai dit, je t'amène l'air le plus bête du monde, et il est sur trois notes, c'est tout le temps la même note, etc. Je ne pensais vraiment pas que ça... Eh bien, cet air le plus bête du monde est celui qui est un des mieux fonctionnés que j'ai écrit, et qui m'a rapporté plus d'art. Et puis, il y a le tour du monde. Ah oui, c'est exact. Musique

  • Speaker #0

    Cette musique a été rebaptisée, alors il y a eu Made in France, il y a eu One of the Songs, The Girl of Folies Bergères. On peut dire qu'au Royaume-Uni, sa très gracieuse majesté Elisabeth a fait interpréter ce titre sous le titre de Oh là là, vous saviez cela ?

  • Speaker #2

    Elle aimait beaucoup cette musique, qu'elle trouvait très entraînante.

  • Speaker #0

    Alors Gérard, vous avez une idée du nombre de versions approximativement qui ont été interprétées ?

  • Speaker #2

    Aucune.

  • Speaker #0

    Aucune ? Je dirais une petite centaine, moi, à mon avis.

  • Speaker #2

    Oui, ça doit être... Tous les plus grands orchestres américains l'ont interprété. Oui, exactement. Il y a des versions mexicaines, des versions finlandaises. Ça m'a bien aidé à vivre.

  • Speaker #0

    C'est tant mieux. Alors, quels ont été les principaux chanteurs qui ont interprété ce titre du bal chez Mme de Mortemouille ?

  • Speaker #2

    Écoutez, là, j'ai Jimmy Durante. C'est moi, Durante. C'est formidable. Et alors, il y a un Anglais qui est très, très distingué, qui a enregistré. C'est vrai que ça résonne. Bon, formidable. Et puis il y en a plein d'autres. C'était l'air qu'il fallait chanter à un moment. Tout le monde l'a chanté. Exactement.

  • Speaker #0

    Et tout le monde l'a interprété, tout le monde l'a orchestré. Alors, le bal chez Madame de Mortemouille a été l'occasion d'un disque 33 tours en 1957. Je rappelle que ce titre est extrait du spectacle des branquignoles Jupponvol. Et sur ce 33 tours de Gérard Calvi, il y avait une caricature de Madame de Mortemouille par le célèbre dessinateur Barberou. C'est vous qui aviez demandé ?

  • Speaker #2

    Barberou, c'est un génie. Tout à fait. Philippe Barberousse. C'était formidable parce que dans le dessin, on sentait qu'elle dansait cette musique-là et qu'elle ne dansait pas une autre.

  • Speaker #0

    Eh bien, Gérard, j'ai eu l'occasion de questionner Micheline Dax, qui a été la personne qui interprétait Madame de Mortemouille. Quel souvenir avez-vous de Micheline Dax avant que nous l'écoutions ? Parlez de vous, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Écoutez, je crois que c'est intéressant de savoir comment Micheline Dax est devenue banquignole. Robert, quand nous avons eu la possibilité de monter notre spectacle, m'a dit, écoute... J'ai des burlesques, j'ai tout ce qu'il faut au point de vue comédien. Mais je voudrais un chanteur et une chanteuse ridicules. Et j'ai dit très bien, j'ai ce qu'il faut. Alors j'ai amené un chanteur ridicule, c'était Robert Destin, et quelqu'un que j'avais rencontré pour faire des émissions au Club d'essai, le fameux Club d'essai dont Tchernia vous parlera certainement. Elle vient, il était superbe. Très jolis yeux, là, qui ouvrent la porte, et elle me dit « Bonjour, monsieur ! » Alors j'ai dit « Oui, attendez, je vous ai demandé de venir me voir parce que je cherche des voix d'enfant pour la... » Et alors elle me dit, oui, parce que je suis spécialiste. À la radio, c'est moi qui fais les voix d'enfants. Ah bon, très bien. Et pour le reste ? Et bien, elle me dit, pour le reste, je peux vous chanter, etc. Enfin bon. Mais j'ai dit, mais alors, ça se traduit comment musicalement ? Et alors, je me suis mis au piano. Elle a commencé à me chanter quelque chose. Et j'ai découvert cette voix sublime de Micheline Dax. C'est quelque chose d'exceptionnel.

  • Speaker #0

    Eh bien, il y a quelques soirs, nous avions appelé Micheline Dax pour qu'elle nous parle de Gérard Calvi. Micheline Dax, bonsoir. Bonsoir. Micheline, comment êtes-vous devenue Madame de Mortemouille, la célèbre Madame de Mortemouille ?

  • Speaker #6

    C'est toute une histoire. J'étais chanteuse classique, chanteuse d'église, j'ai commencé comme ça. J'avais une toute petite voix haute, très haute, d'enfant. J'ai fait plusieurs voix d'enfant. Et c'est Henri Dutilleux qui m'a mise dans le circuit. Dutilleux dirigeait à l'époque tout le circuit musique classique, musique sérieuse, etc. de l'ORTF. Sur quoi Henri Dutilleux ? toujours lui, il m'a dit, voilà, il y a un jeune compositeur qui s'appelle Grégoire Crétly, il a écrit une musique pour une pièce de Georges Neveu qui s'appelle Juliette ou la clé des songes, et la jeune première qui s'appelait France Descaux ne chantait pas. Il m'a dit, voilà, je vous envoie chez lui, il va vous jouer sa musique, c'est tout à fait pour votre voix. Moi j'arrive chez ce monsieur Crétly, et dès qu'il me voit, je dis bonjour monsieur, il me fait, ah non, ah non ! Je n'ai pas demandé une voix comme la vôtre, mademoiselle. J'ai demandé une voix d'enfant, une voix plate, une voix comme les petits chanteurs à la croix de bois. Et je dis, c'est moi, monsieur. Non, non, mademoiselle, c'est pas possible. Et puis je connais Henri, c'est pas le genre à faire des plaisanteries. Il y a une erreur, j'ai dit, il n'y a sûrement pas une erreur. Et puis il me dit, écoutez, j'ai un copain qui monte un spectacle avec la musique que je vais écrire pour ce spectacle. Je vais vous le présenter, je demande si ça ne pourrait pas être dedans. Et il m'emmène et il me présente à Robert Berry. qui me regarde et qui a dit cette phrase mystérieuse, ça pourrait aller à l'alloy triste. Je me suis dit, voilà, c'est une pièce dramatique avec de la musique. Je suis rentré enchanté chez moi et j'ai dit à mon pauvre père, je vais jouer, je vais chanter un ouvrage dramatique et musical. Imaginez la tête de mon pauvre père quand il est venu voir le spectacle qui était donc grand quillant. C'est une horreur. Alors ça a commencé comme ça. A l'époque, je n'étais donc que chanteuse. Et puis nous avons joué avec le succès que vous savez, et puis je les ai quittés moi quand ils sont partis faire des trillions sans précédent en Amérique et en Angleterre. Pendant ce temps-là, je les suivais une autre voie, c'est-à-dire que j'ai fait moi-même un tour de champ, j'ai fait du théâtre, j'ai fait du cinéma. Et 25 ans plus tard, ce qui est quand même unique dans les aveugles du théâtre, dans le même théâtre, nous avons repris Branquignol, et je suis reparti avec eux bien sûr. Alors là, Mme de Mortemouille avait pris... De l'ampleur, si j'ose dire, c'est-à-dire qu'elle parlait beaucoup. Elle chantait, mais elle parlait. J'étais la marraine d'Olaf, et tout le spectacle, je le présentais en... Il lui arrivait de nouveau quelques malheurs. Voilà l'histoire de Mme de Mortemoux, et en plusieurs épisodes.

  • Speaker #0

    Gérard, je crois que vous aviez quelque chose à rajouter sur Miss Lynn.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que Miss Lynn est une des plus grandes professionnelles que j'ai rencontrées dans ma vie. Elle venait de la musique, elle est arrivée au théâtre, elle a fait une carrière exceptionnelle. C'est une véritable artiste. qui a créé un style. Et donc, Micheline Dax, elle a marqué son époque, et ça me fait plaisir de le dire.

  • Speaker #0

    Alors, en 1955-56, La plume de ma tante, c'est un autre spectacle, mais qui était en fait un condensé des quatre premiers spectacles que vous aviez concoctés avec Robert Derry. Alors rappelez-nous les titres pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    La Plume de ma Tante, c'est parce que c'est le titre anglais.

  • Speaker #0

    C'est cela, oui, tout à fait.

  • Speaker #2

    Le titre anglais. Jack Hilton était venu voir nos spectacles.

  • Speaker #0

    Jack Hilton, c'était un grand chef d'orchestre anglais.

  • Speaker #2

    Un grand chef d'orchestre et qui était aussi, à cette époque-là, il était devenu le gros producteur à Londres. Et donc, il y a eu ce spectacle qui a commencé à Londres sous le nom de La Plume de ma Tante, qui était une sélection de nos meilleurs sketchs.

  • Speaker #0

    Alors, Branquignoles, Dugudu, Allez Belle Bacante et Juppon Vol. Voilà. C'était un condensé des quatre premiers spectacles des Manquignols. Et cette représentation a eu lieu à Londres, au Théâtre Garrick de Londres.

  • Speaker #2

    Plus de trois ans, oui.

  • Speaker #0

    Voilà, alors nous allons écouter à présent le titre que vous aviez composé finalement. C'était un titre à part, La Plume de ma Tante, que vous aviez composé spécifiquement pour ce spectacle. La Plume de ma Tante, nous l'écoutons. Gérard, vraiment, je vous félicite. C'était vraiment formidable. Formidable.

  • Speaker #2

    Bon, écoutez, moi, je me régalais. Vous savez que les musiciens qui venaient à la séance avec moi, ils se battaient pour venir parce qu'ils étaient heureux. D'ailleurs, ça se sent. Et alors, ce qui est terrible, c'est qu'on m'a dit, mais il faut que tu fasses des tournées, etc. Et j'ai tellement fait de choses dans la vie, je n'ai jamais pu faire de tournées. J'aurais pu faire un spectacle, un show.

  • Speaker #0

    Donc, je répète, c'était la plume de ma tente. C'était la musique que vous aviez composée spécifiquement pour le grand spectacle londonien, tiré des Branquignoles. Alors, en 1957, pendant que la plume de Matante fait un triomphe à Londres, les branquignoles, eux, continuent sur leur lancée. En rentrant de Londres, vous allez travailler sur le spectacle suivant, c'est Pomme à l'anglaise, et c'est au Théâtre de Paris, d'Élvire Popesco et d'Hubert Devalais que vous allez vous retrouver Gérard

  • Speaker #2

    Donc c'est imprégné de l'ambiance londonienne C'est-à-dire qu'effectivement on a utilisé Des choses un peu bizarres de nos chers amis anglais Que nous avions vus Et avec cette formidable invention qu'avait Robert Collette On a fait un petit spectacle Qui relevait bien Ce qui nous avait le plus amusé Et d'ailleurs on avait fait venir avec nous Un artiste anglais qui s'appelait M.

  • Speaker #0

    Ross Parker Auteur de chansons d'ailleurs célèbres Et comment vous faisiez pour composer avec Robert ? Il vous demandait des thèmes particuliers ? Ou si vous aviez, en dehors de Mme de Mortemoux Il nous avait expliqué tout à l'heure qu'il vous avait demandé la musique la plus bête du monde, mais vous aviez carte blanche pour composer ?

  • Speaker #2

    Il y avait un conducteur, et en fonction de ce conducteur, de ses idées, du décor, etc. Là, on discutait, là on peut mettre une chanson, là on peut faire un ballet, là... Vous savez, les spectacles se construisaient ensemble, on était là...

  • Speaker #0

    Hyde Park, ça vous rappelle quelque chose ?

  • Speaker #2

    Oui, j'aime beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est formidable, nous l'écoutons. Musique de générique Musique de générique C'était Hyde Park, écrit par Gérard Calvi, donc pour Pomme à l'anglaise, des branquignoles, et c'était vraiment tout à fait dans le style de la musique légère anglaise de l'époque. Je trouve que vraiment là, vous aviez vraiment tout à fait reproduit, avec une mélodie que vous aviez inventée, le style anglais, puisque c'était Pomme à l'anglaise.

  • Speaker #2

    Ben écoutez, j'avais bien aimé l'Angleterre, on a été très heureux en Angleterre, et donc je n'avais rien à souvenir de tendresse.

  • Speaker #0

    Gérard, alors maintenant une petite surprise, je vais vous faire une petite surprise, puisque nous avons en ligne avec nous, eh bien, Colette Brossé, la femme de Robert Derry. Alors Colette Brossé, bonjour, eh bien, je vous laisse parler un instant tout d'abord avec Gérard qui est à côté de nous.

  • Speaker #2

    Alors, bonjour ma Colette. Bonjour mon Gérard, comment tu vas ? Je vais bien, je vais bien. Je suis très ému parce que, tu vois, on est en train d'écouter toutes les musiques que j'ai eu le plaisir de faire avec vous, pour vous. Et donc, ça me rappelle des souvenirs de grande tendresse, de grand bonheur. De grand bonheur.

  • Speaker #7

    Et nous, on a eu le bonheur de t'avoir comme musicien.

  • Speaker #2

    Alors là, tu vois, là on vient de passer à Hyde Park et tu sais que cette musique a été directement inspirée par toi et par l'Angleterre.

  • Speaker #7

    Je ne peux pas l'entendre sans avoir la larme à l'œil. C'est tellement beau.

  • Speaker #0

    C'est tout à fait vrai ce que vous dites. Oui,

  • Speaker #7

    ça fait des larmes aux yeux. Eric Bale, il a des thèmes superbes, notre Gérard.

  • Speaker #0

    On est en train de les écouter tous les uns après les autres, et je crois vraiment que nous avons avec nous aujourd'hui un des plus grands musiciens français.

  • Speaker #2

    Oui. Je le fais tout petit là. Non, non,

  • Speaker #7

    c'est un de nos plus grands musiciens français.

  • Speaker #0

    Alors, Colette, nous venions d'écouter donc Pomme à l'anglaise, enfin Hyde Park, et je suis certain que vous avez d'autres souvenirs avec Gérard.

  • Speaker #7

    Mais j'ai le souvenir d'un essai, le spectacle avant New York, à Philadelphie, où le producteur nous faisait changer d'ordre tous les soirs, vous savez l'ordre des sketchs. Et il n'y en avait qu'un seul qui était très ponctuel et qui notait tout, parce qu'on en avait assez de changer les ordres du spectacle, donc il était fait, qu'il était bon. Mais Jacques Legras, toujours le méticuleux Legras, avait tout l'ordre dans le fond de son haute forme. Et on ne comptait que sur Jacques, on disait qu'est-ce qu'on joue derrière, qu'est-ce qu'on joue derrière ça. Et au début du 2, il levait son haute forme, me saluait d'un grand coup de chapeau et dire Madame. Et on a vu l'ordre de Legras s'envoler au-dessus de la salle. qu'est-ce qu'on joue après et c'est Gérard qui est allé le chercher à 4 pattes qu'on prenait en notre détresse qu'il partageait avec nous il nous a récupéré l'ordre on ne savait plus ce qu'on allait jouer après on nous changeait tous les soirs oui je me souviens que n'est-ce que je fais quand on a fait des brocignoles on a tout fait pardon monsieur pardon madame dans les spectateurs tu avais tout compris Merci. Il n'y avait que le gras, le méticuleux qui avait l'ordre.

  • Speaker #0

    Alors justement, à propos de ce que vous disiez, quelle part était donnée à l'improvisation dans les spectacles que vous aviez inventé avec Robert Derry ?

  • Speaker #7

    C'est difficile à dire. Il y avait d'énormes improvisations en cours de répétition. Quand on avait gelé et fixé, vous savez, les choses, après, on ne bougeait plus jamais.

  • Speaker #0

    Ça n'était plus débridé en cours de séance, après ?

  • Speaker #7

    En rien du tout.

  • Speaker #0

    Ça avait l'air débridé, mais en réalité, c'était parfaitement...

  • Speaker #7

    Ça s'était fait pour avoir l'air débridé. mais tout était gelé à partir du moment où Gérard et Robert nous avaient dit c'est bien comme ça on ne bougeait plus,

  • Speaker #0

    mais on avait le droit d'essayer en cours de répétition de faire des propositions bonnes ou absurdes après ils nous gelaient tous les deux ils nous disaient changez rien alors nous allons écouter à présent ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue et bien cet extrait de Alé Belbacan d'ailleurs tout à l'heure nous avions eu Jean-Michel Defay qui faisait Oui, il était avec nous il y a quelques minutes pour discourir avec Gérard. Donc nous écoutons à présent, ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue, c'est vous qui chantez.

  • Speaker #7

    Hélas, Gérard va vous dire hélas.

  • Speaker #2

    Non, moi je dis pas hélas, moi je dis hélas, hélas que c'est dommage qu'elle n'ait pas voulu se montrer toute nue.

  • Speaker #7

    Oh, ben je... Non, je gardais ça pour Robin.

  • Speaker #2

    Ben oui, je sais, tu me l'as dit, tu me l'as dit, oui, je le sais.

  • Speaker #7

    Et puis je me montrais relativement toute nue dans le numéro d'Akrobats.

  • Speaker #2

    Oui, c'était déjà pas mal.

  • Speaker #7

    À j'allais, s'appelait la musique.

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #7

    Je t'embrasse.

  • Speaker #2

    Moi aussi, je t'embrasse très fort. On passera le verre.

  • Speaker #8

    Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Mon papa veut pas, maman me l'a défendue. Non, n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus. Je suis plutôt du genre plus digne. Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Regardez bien ça, moi j'ai fait ce que j'ai pu. Après ça, ma foi, ce que vous n'aurez pas vu, imaginez que vous l'avez vu. Je serais pas si bête, ce serait malhonnête, moi je garderai mes choses tinettes vous ne verrez pas mes troubles en affaires on n'a pas le droit de montrer tout ce que l'on a, n'a, comptez pas sur moi pour me montrer toute nue mon papa veut pas, maman me l'a défendue, non n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus non n'y comptez pas non n'y comptez pas comptez pas sur moi pour ça non

  • Speaker #0

    Je profite de la désannonce de ce titre, qui était donc « Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue » , pour remercier à nouveau et Gérard Calvi, qui a composé cette musique, et Colette Brossé, qui a bien voulu rendre hommage à son ami Gérard Calvi.

  • Speaker #2

    Texte de Francis Blanche, hein ?

  • Speaker #0

    Texte de Francis Blanche, il faut effectivement le rappeler. Gérard, en 1959, les branquignoles vont traverser l'Atlantique, on vient d'en parler avec Colette Brossé. pour y représenter à nouveau le spectacle La Plume de Matante. Et je crois que là, vous avez eu un succès colossal à Broadway.

  • Speaker #2

    C'était complètement inespéré. C'était formidable parce que le premier soir, les New-Yorkais ne voulaient plus nous lâcher. Je vois mon bassiste qui faisait la queue. Je lui dis, mais qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, tu ne te rends pas compte ? J'achète des places, j'achète des places, et puis après je vais aller revoir nos machines noires. Nous, là, on va jouer pendant trois heures. Tu te rends compte ? Je vais me faire une fortune, mon vieux.

  • Speaker #0

    Qui dirigeait l'orchestre ?

  • Speaker #2

    Gershon Kingsley.

  • Speaker #0

    Alors je crois qu'il y a une anecdote à propos de Gershon Kingsley. Il vous en vient un peu d'avoir inventé Madame de Mortemouille, je crois.

  • Speaker #2

    Gershon, qui était d'origine allemande, il était ravi de diriger ce spectacle.

  • Speaker #0

    Quand je vous disais qu'il vous enviait, c'était une envie gentille. Oui, c'est ça.

  • Speaker #2

    Il voulait avoir son succès. Il voulait avoir son succès. Et à chaque fois, très gentiment, il est venu à Paris enregistrer. Il me dit, oh dis donc Gérard, tu te rends compte quelle veine. Et finalement... Il a eu son succès. J'ai été rétravé, c'est Popcorn.

  • Speaker #0

    Tout simplement. En 1963, le couple d'Eric Alvis se remet à l'ouvrage et avec une musique cocasse, parfois, ou tendre d'autres fois, ils vont concocter la grosse valse qui est créée au Théâtre des Variétés, Gérard.

  • Speaker #2

    On était à des variétés, effectivement. Tous nos spectacles étaient des spectacles d'été. On commençait en fin avril, au mois de juin, ce qui était contre toutes les règles. Et nous, on bourrait. On bourrait parce que c'était un spectacle qui était... C'était français et en même temps, les étrangers pouvaient venir voir ce spectacle.

  • Speaker #0

    Gérard, vous vous êtes également produit aux Etats-Unis avec la grosse valse.

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, c'était un succès formidable.

  • Speaker #0

    Je crois que vous avez également joué à Stockholm, à Gothenburg, enfin un peu partout dans le monde.

  • Speaker #2

    Oui, on a été en Suède, on a été dans beaucoup de pays, oui.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'était un extrait de la grosse valse, Gérard.

  • Speaker #2

    Oui, c'est un petit air tyrolien, quoi.

  • Speaker #0

    Alors voilà, cette évocation de votre parfait mariage, on va appeler ça comme ça, avec Robert Derry et Colette Brossé se termine. Je vais remercier Jean-Michel Defay et Colette Brossé qui nous ont permis de remonter le temps. Gérard, je vous dis à la prochaine fois pour le troisième programme qui vous sera consacré. A très bientôt.

  • Speaker #2

    Moi, je vous dis merci à vous, aux techniciens. Il a bien passé un bon moment.

  • Speaker #0

    Nous aussi, vous pouvez vous en douter.

  • Speaker #1

    À côté de cette formidable aventure avec Robert Derry et la troupe des Branquignols, l'éclectique Gérard Calvi noircira d'innombrables partitions ayant permis d'illustrer musicalement de nombreux films français. Ce sera le thème du troisième épisode de ce podcast.

Chapters

  • Introduction à Gérard Calvi et ses débuts

    00:20

  • La rencontre avec Robert Derry

    00:39

  • Les premiers spectacles et anecdotes

    02:27

  • Collaboration avec Jean-Michel Defay

    05:10

  • Succès à Broadway et souvenirs

    10:00

  • Évocation des spectacles internationaux

    30:04

Description

Quel impact a eu Gérard Calvi sur le paysage musical français ? Dans cet épisode captivant du podcast "Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem", Serge Elhaïc vous invite à plonger dans l'univers fascinant de ce compositeur et chef d'orchestre de renom. À travers une conversation enrichissante, découvrez les débuts de Calvi, ses collaborations mémorables avec des artistes emblématiques tels qu'Édith Piaf et Francis Blanche, et les défis qu'il a relevés tout au long de sa carrière.


Le podcast s'ouvre sur une rétrospective de la rencontre décisive entre Gérard Calvi et Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignols. Ensemble, ils ont révolutionné le théâtre musical français, notamment avec le spectacle "Allez, belles bacantes". Gérard partage des anecdotes inédites sur ces spectacles qui ont marqué une génération, ainsi que sur la musique qu'il a composée, révélant les coulisses de sa créativité débordante.


Au fil de cet épisode, vous découvrirez comment Calvi a su naviguer entre Paris, Londres et Broadway, où ses œuvres ont connu un immense succès. Grâce à des extraits musicaux soigneusement sélectionnés, chaque histoire prend vie, illustrant l'impact indélébile de la musique de Calvi sur le théâtre français. Ce deuxième épisode est non seulement une plongée dans l'univers musical des Branquignols, mais aussi un hommage vibrant à la créativité et à l'innovation de Gérard Calvi dans le monde du spectacle.


Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir les coulisses de la création musicale et théâtrale, et laissez-vous inspirer par le parcours exceptionnel d'un artiste qui a su marquer son époque. Que vous soyez passionné de musique, de théâtre ou simplement curieux d'en savoir plus sur l'univers des auteurs et compositeurs, cet épisode est fait pour vous.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le Musée Sacem présente un podcast imaginé et raconté par Serge Elhaïc, les arrangeurs de la chanson française.

  • Speaker #1

    Lors du premier épisode de ce podcast consacré aux compositeurs et chefs d'orchestre Gérard Calvi, nous avons évoqué sa formation musicale, ses débuts comme pianiste ou ses rencontres avec Francis Blanche et Edith Piaf entre autres. Gérard Calvi nous a raconté sa belle aventure avec la troupe des Branquignols. Et ce second épisode débute au moment où Grégoire Krettly, alias Gérard Calvi, rencontre Robert Derry, le créateur de la troupe des Branquignoles.

  • Speaker #0

    Alors, à quelle occasion avez-vous rencontré Robert Derry pour la première fois ?

  • Speaker #2

    Nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c'était la fameuse année 39-40. Je trouve qu'à l'époque, le conservatoire était le conservatoire national de musique et de déclamation. Donc, il y avait encore les comédiens. Ça m'a fait connaître plein de comédiens. Et notamment, nous déjeunions à la cantine, à la cantine du conservatoire. On avait fait une table multidisciplinaire. Parce que les musiciens et ceux qui jouaient des instruments... Avant, ils étaient ensemble, les comédiens étaient ensemble, les chanteurs étaient ensemble. Et alors, nous, il y avait une table où il y avait un comédien, Robert Derry, Georges Oprette, un instrumentiste qui allait devenir un célèbre chef d'orchestre. Il y avait encore, je ne sais plus qui, un chanteur à l'opéra, un ténor, un ténor ! Et puis,

  • Speaker #0

    il y avait Gérard Krettly.

  • Speaker #2

    Il y avait Gérard Krettly. Et donc, avec Robert, on a tout de suite sympathisé. Et tout de suite, il a dit, oh mais Gérard, dis donc, j'étais en Angleterre, je veux faire du burlesque, etc. T'es le musicien. Et donc, on ne s'est plus quittés.

  • Speaker #3

    C'est la chanson du rap !

  • Speaker #0

    C'était donc deux courts extraits du premier spectacle dont vous aviez composé la musique pour Robert Derrier et ses Branquignoles. C'était successivement Branquignoles, bien sûr, et... La chanson du Rhin. Quelques souvenirs de ce premier spectacle qui s'est donc passé au Théâtre La Bruyère, je crois.

  • Speaker #2

    Et ça a été extraordinaire. On a eu un subterfuge formidable. Alors, le beau-père de Robert Derry, M. Brossé, est travaillé au HAL. Robert avait proposé son spectacle à tous les théâtres de Paris, personne n'avait voulu le monter. Or, M. Herbert fermait son théâtre car il ne savait plus quoi faire dans son théâtre. Robert lui fait rouvrir son théâtre, on monte notre spectacle. Herbert dit, je vais me ridiculiser aux yeux de tout Paris. Et on dit, mais non, effectivement, le spectacle n'était pas possible sans spectateur. Bon, on fait une générale. On avait fait venir trois copains, on disait, vous allez rire très fort. Très, très fort, pour rassurer un... un peu notre directeur. Et on fait une soirée, et alors le père Brossé dit, écoutez, moi je vais vous amener mes copains des Halles, je vais leur faire la consigne, et vous allez voir, ça va rigoler dur, d'autant plus qu'avant on se dit, ça peut faire un petit coup, et puis qu'après on y rentre quand on t'a fait un autre. Et effectivement, ça a été extraordinaire, je sais pas, Christian levait un petit doigt, ça a été un tabac extraordinaire.

  • Speaker #0

    C'était le 20 avril 1940.

  • Speaker #2

    Exactement. On a eu Jean Carmé, on a eu Jacques-Édouard Maillan, on est On a eu de Funès, oui, de Funès. Alors, plein. Il y a une collette brossée. Bien sûr. Il y a un bon travers, naturellement. Et puis, bon, je crois que j'en ai oublié plein.

  • Speaker #0

    Alors, le spectacle suivant est également très connu, puisqu'il s'est intitulé « Allez, belles bacantes » et un des airs célèbres que vous avez écrits pour ce spectacle est « Belle, belle boogie » que nous écoutons. Eh bien, Jean-Michel Defaille a participé à cette aventure de Halle et Bellevacante puisqu'on pouvait le voir dans le film qui avait été tiré de ce spectacle en 1954. Jean-Michel est avec nous en ligne. Jean-Michel, bonjour !

  • Speaker #4

    Branquignol, j'écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour, Jean-Michel !

  • Speaker #4

    Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va et toi ?

  • Speaker #4

    Ça va, ça va.

  • Speaker #2

    Bon.

  • Speaker #0

    Alors, Jean-Michel, nous parlons aujourd'hui avec Gérard Calvi de tous les spectacles des Branquignols. Et je suppose qu'entre Grand Prix de Rome de composition musicale, vous étiez à votre aise pour travailler avec lui ?

  • Speaker #5

    Absolument, oui.

  • Speaker #0

    Alors parlez-nous de cette époque d'Allez Belle Bacante.

  • Speaker #5

    Ça a été une époque formidable. C'était dans les années 50-55 par là.

  • Speaker #2

    Exactement. Et alors ça tombait bien parce qu'on avait les mêmes goûts en musique. Alors le jour où il est arrivé pour me remplacer et pour travailler avec moi, ça ne pouvait que marcher. J'étais tellement heureux.

  • Speaker #5

    On était comme deux frères.

  • Speaker #2

    Oui, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Alors, parlez-nous de votre participation au spectacle, enfin au film de Alé Belbacante et au spectacle.

  • Speaker #5

    Le spectacle dont j'ai remplacé Gérard pendant un an, parce que lui était parti à Juponvol, au Théâtre de la Réalité. Alors j'étais chef d'orchestre, pianiste et puis un petit peu comédien, j'avais des petites interventions. Oh, c'était formidable !

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que vous faisiez comme intervention ?

  • Speaker #5

    Oh, je ne sais plus. À un moment donné, par exemple, Jacqueline Maillan disait « Oh zut, j'ai perdu le fil ! » Alors, faut dire qu'en soir, j'avais apporté une ploude de ficelle. Alors, la fille, elle l'a tirée pendant 5 minutes. C'est pas triste. Oui, parce qu'on se faisait des blagues entre nous, hein, bien sûr. Et puis, il se passait aussi pas mal de choses dans la... La fosse d'orchestre en dessous. Ah oui ? Ah oui, des fois le spectacle était au-dessus et en dessous. C'était un double spectacle. Ça a été un moment formidable.

  • Speaker #0

    Finalement, vous ne vous êtes pas croisé sur la scène avec Gérard Calvi.

  • Speaker #5

    Ah non, ce n'est pas possible. On était séparés de quelques kilomètres.

  • Speaker #2

    Non, mais on s'est retrouvés quand même à chaque fois. Le tournage du film, quoi.

  • Speaker #5

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Oui, on vous voit d'ailleurs dans le tournage du film.

  • Speaker #5

    Ah, dans le film, on m'aperçoit, on voit une espèce de squelette avec une paire de lunettes. La fausse, c'était drôle. Parce qu'il faut vous dire qu'à l'époque, moi, je faisais déjà 1m84, mais à cette époque-là, je pesais 55 kilos. J'étais plutôt fil de fer.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce que vous avez comme souvenir de la musique qu'avait composée Gérard Calvi ? Parce que finalement, vous vous interprétiez, vous dirigez la musique que Gérard avait composée.

  • Speaker #5

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Vous avez interprété forcément Belle Belle Bougie que nous venons d'écouter.

  • Speaker #5

    qui était un des thèmes principaux c'était le ballet des moines voilà exactement bonne mémoire Jean-Michel bravo ah oui j'ai une bonne mémoire musicale c'est vrai que je le répète entre Grand Prix de Rome vous étiez très à l'aise tous les deux ah bah oui absolument on avait les mêmes origines,

  • Speaker #2

    on avait les mêmes goûts Jean-Michel avait une passion pour la trompette ah je l'ai toujours tu l'as toujours ta trompette ?

  • Speaker #5

    ah j'en ai une mieux ah bon ? Oui, parce que j'avais récupéré à l'époque la trompette que jouait Lallouette. Est-ce que tu te souviens de Lallouette ?

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Expliquez à notre auditoire ce qu'était Lallouette.

  • Speaker #2

    Il était souvent mon premier trompette. C'est lui qui était trompette, d'ailleurs, pendant les belles vacances.

  • Speaker #5

    C'est-à-dire qu'il avait remplacé Georges Jouvin, qui était au départ le titulaire.

  • Speaker #0

    Et c'est vous qui aviez pris la trompette de M. Lallouette.

  • Speaker #5

    Alors Lallouette, à force de souffler dans sa trompette, elle était fatiguée. Il m'a dit, tiens, je vais t'en faire cadeau. et puis lui on a acheté une neuve et il m'a donné sa trompette que j'ai jouée pendant des années Et puis elle a fini en abat-jour.

  • Speaker #0

    Jean-Michel, je vous remercie vivement.

  • Speaker #2

    Je te remercie aussi surtout d'avoir fait tout le reste. Au revoir.

  • Speaker #4

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Oh ! Et bien c'était sur... La plage, un second extrait musical du spectacle de Roger Derry et Gérard Calvi à les belles vacances. Je vais signaler que ce titre a été un grand succès, un autre grand succès pour Gérard Calvi puisque le grand chef d'orchestre américain Percy Face l'a interprété d'ailleurs. Alors il y a deux chanteurs que nous avons écoutés dans cette remarquable mélodie que vous avez composée. Gérard, qui étaient-ce ?

  • Speaker #2

    Les chanteurs, c'était Janine de Valen qui joue aussi le nom de Martineau et puis un certain, je ne sais pas, quelqu'un qui se mêlait de chanter, je crois qu'il s'appelle Calvi.

  • Speaker #0

    C'est pas vrai ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Eh bien écoutez, il chantait très bien. On ne l'a pas entendu souvent, finalement, Calvi chanter ?

  • Speaker #2

    Non, parce qu'en principe, il chante mal. Mais là, je ne sais pas, je devais être inspiré.

  • Speaker #0

    Jean, nous en arrivons à présent à Juponvol, et c'est dans cette partition musicale d'un nouveau spectacle des Branquignoles. Jean-Michel Defay venait de nous en parler, puisqu'il vous avait remplacé dans Allez Belle Bacante pendant que vous, vous dirigez Juponvol. Et c'est pour cette partition musicale que vous avez composé le fameux air qui a fait le tour du monde, le bal chez Madame de Mortemouille.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors Qui était cette fameuse Madame de Mortemouille ? Et pourquoi vous avez composé cette ère ? Il y a une histoire là-dessus.

  • Speaker #2

    Une histoire, c'est très simple. C'est que pour un des sketchs, Robert m'a dit, tu sais, je trouve que dans les balmondins, on voit des gens, il est intéressant, etc. Et alors il avait trouvé cette idée de génie qui consistait à quelqu'un qui dansait. Il est avec une danseuse et puis il passe derrière une porte et puis c'est une autre danseuse et puis il passe en arrière-garde, c'est encore une troisième danseuse, etc. Et il m'a dit, je veux que tu me fasses l'air le plus bête du monde. Tu sais, dans les surprises parties, il y a des airs comme ça qui... Je me suis dit, ouais, bon, l'air le plus bête du monde. Dans le lendemain, j'ai dit, je t'amène l'air le plus bête du monde, et il est sur trois notes, c'est tout le temps la même note, etc. Je ne pensais vraiment pas que ça... Eh bien, cet air le plus bête du monde est celui qui est un des mieux fonctionnés que j'ai écrit, et qui m'a rapporté plus d'art. Et puis, il y a le tour du monde. Ah oui, c'est exact. Musique

  • Speaker #0

    Cette musique a été rebaptisée, alors il y a eu Made in France, il y a eu One of the Songs, The Girl of Folies Bergères. On peut dire qu'au Royaume-Uni, sa très gracieuse majesté Elisabeth a fait interpréter ce titre sous le titre de Oh là là, vous saviez cela ?

  • Speaker #2

    Elle aimait beaucoup cette musique, qu'elle trouvait très entraînante.

  • Speaker #0

    Alors Gérard, vous avez une idée du nombre de versions approximativement qui ont été interprétées ?

  • Speaker #2

    Aucune.

  • Speaker #0

    Aucune ? Je dirais une petite centaine, moi, à mon avis.

  • Speaker #2

    Oui, ça doit être... Tous les plus grands orchestres américains l'ont interprété. Oui, exactement. Il y a des versions mexicaines, des versions finlandaises. Ça m'a bien aidé à vivre.

  • Speaker #0

    C'est tant mieux. Alors, quels ont été les principaux chanteurs qui ont interprété ce titre du bal chez Mme de Mortemouille ?

  • Speaker #2

    Écoutez, là, j'ai Jimmy Durante. C'est moi, Durante. C'est formidable. Et alors, il y a un Anglais qui est très, très distingué, qui a enregistré. C'est vrai que ça résonne. Bon, formidable. Et puis il y en a plein d'autres. C'était l'air qu'il fallait chanter à un moment. Tout le monde l'a chanté. Exactement.

  • Speaker #0

    Et tout le monde l'a interprété, tout le monde l'a orchestré. Alors, le bal chez Madame de Mortemouille a été l'occasion d'un disque 33 tours en 1957. Je rappelle que ce titre est extrait du spectacle des branquignoles Jupponvol. Et sur ce 33 tours de Gérard Calvi, il y avait une caricature de Madame de Mortemouille par le célèbre dessinateur Barberou. C'est vous qui aviez demandé ?

  • Speaker #2

    Barberou, c'est un génie. Tout à fait. Philippe Barberousse. C'était formidable parce que dans le dessin, on sentait qu'elle dansait cette musique-là et qu'elle ne dansait pas une autre.

  • Speaker #0

    Eh bien, Gérard, j'ai eu l'occasion de questionner Micheline Dax, qui a été la personne qui interprétait Madame de Mortemouille. Quel souvenir avez-vous de Micheline Dax avant que nous l'écoutions ? Parlez de vous, d'ailleurs.

  • Speaker #2

    Écoutez, je crois que c'est intéressant de savoir comment Micheline Dax est devenue banquignole. Robert, quand nous avons eu la possibilité de monter notre spectacle, m'a dit, écoute... J'ai des burlesques, j'ai tout ce qu'il faut au point de vue comédien. Mais je voudrais un chanteur et une chanteuse ridicules. Et j'ai dit très bien, j'ai ce qu'il faut. Alors j'ai amené un chanteur ridicule, c'était Robert Destin, et quelqu'un que j'avais rencontré pour faire des émissions au Club d'essai, le fameux Club d'essai dont Tchernia vous parlera certainement. Elle vient, il était superbe. Très jolis yeux, là, qui ouvrent la porte, et elle me dit « Bonjour, monsieur ! » Alors j'ai dit « Oui, attendez, je vous ai demandé de venir me voir parce que je cherche des voix d'enfant pour la... » Et alors elle me dit, oui, parce que je suis spécialiste. À la radio, c'est moi qui fais les voix d'enfants. Ah bon, très bien. Et pour le reste ? Et bien, elle me dit, pour le reste, je peux vous chanter, etc. Enfin bon. Mais j'ai dit, mais alors, ça se traduit comment musicalement ? Et alors, je me suis mis au piano. Elle a commencé à me chanter quelque chose. Et j'ai découvert cette voix sublime de Micheline Dax. C'est quelque chose d'exceptionnel.

  • Speaker #0

    Eh bien, il y a quelques soirs, nous avions appelé Micheline Dax pour qu'elle nous parle de Gérard Calvi. Micheline Dax, bonsoir. Bonsoir. Micheline, comment êtes-vous devenue Madame de Mortemouille, la célèbre Madame de Mortemouille ?

  • Speaker #6

    C'est toute une histoire. J'étais chanteuse classique, chanteuse d'église, j'ai commencé comme ça. J'avais une toute petite voix haute, très haute, d'enfant. J'ai fait plusieurs voix d'enfant. Et c'est Henri Dutilleux qui m'a mise dans le circuit. Dutilleux dirigeait à l'époque tout le circuit musique classique, musique sérieuse, etc. de l'ORTF. Sur quoi Henri Dutilleux ? toujours lui, il m'a dit, voilà, il y a un jeune compositeur qui s'appelle Grégoire Crétly, il a écrit une musique pour une pièce de Georges Neveu qui s'appelle Juliette ou la clé des songes, et la jeune première qui s'appelait France Descaux ne chantait pas. Il m'a dit, voilà, je vous envoie chez lui, il va vous jouer sa musique, c'est tout à fait pour votre voix. Moi j'arrive chez ce monsieur Crétly, et dès qu'il me voit, je dis bonjour monsieur, il me fait, ah non, ah non ! Je n'ai pas demandé une voix comme la vôtre, mademoiselle. J'ai demandé une voix d'enfant, une voix plate, une voix comme les petits chanteurs à la croix de bois. Et je dis, c'est moi, monsieur. Non, non, mademoiselle, c'est pas possible. Et puis je connais Henri, c'est pas le genre à faire des plaisanteries. Il y a une erreur, j'ai dit, il n'y a sûrement pas une erreur. Et puis il me dit, écoutez, j'ai un copain qui monte un spectacle avec la musique que je vais écrire pour ce spectacle. Je vais vous le présenter, je demande si ça ne pourrait pas être dedans. Et il m'emmène et il me présente à Robert Berry. qui me regarde et qui a dit cette phrase mystérieuse, ça pourrait aller à l'alloy triste. Je me suis dit, voilà, c'est une pièce dramatique avec de la musique. Je suis rentré enchanté chez moi et j'ai dit à mon pauvre père, je vais jouer, je vais chanter un ouvrage dramatique et musical. Imaginez la tête de mon pauvre père quand il est venu voir le spectacle qui était donc grand quillant. C'est une horreur. Alors ça a commencé comme ça. A l'époque, je n'étais donc que chanteuse. Et puis nous avons joué avec le succès que vous savez, et puis je les ai quittés moi quand ils sont partis faire des trillions sans précédent en Amérique et en Angleterre. Pendant ce temps-là, je les suivais une autre voie, c'est-à-dire que j'ai fait moi-même un tour de champ, j'ai fait du théâtre, j'ai fait du cinéma. Et 25 ans plus tard, ce qui est quand même unique dans les aveugles du théâtre, dans le même théâtre, nous avons repris Branquignol, et je suis reparti avec eux bien sûr. Alors là, Mme de Mortemouille avait pris... De l'ampleur, si j'ose dire, c'est-à-dire qu'elle parlait beaucoup. Elle chantait, mais elle parlait. J'étais la marraine d'Olaf, et tout le spectacle, je le présentais en... Il lui arrivait de nouveau quelques malheurs. Voilà l'histoire de Mme de Mortemoux, et en plusieurs épisodes.

  • Speaker #0

    Gérard, je crois que vous aviez quelque chose à rajouter sur Miss Lynn.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que Miss Lynn est une des plus grandes professionnelles que j'ai rencontrées dans ma vie. Elle venait de la musique, elle est arrivée au théâtre, elle a fait une carrière exceptionnelle. C'est une véritable artiste. qui a créé un style. Et donc, Micheline Dax, elle a marqué son époque, et ça me fait plaisir de le dire.

  • Speaker #0

    Alors, en 1955-56, La plume de ma tante, c'est un autre spectacle, mais qui était en fait un condensé des quatre premiers spectacles que vous aviez concoctés avec Robert Derry. Alors rappelez-nous les titres pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    La Plume de ma Tante, c'est parce que c'est le titre anglais.

  • Speaker #0

    C'est cela, oui, tout à fait.

  • Speaker #2

    Le titre anglais. Jack Hilton était venu voir nos spectacles.

  • Speaker #0

    Jack Hilton, c'était un grand chef d'orchestre anglais.

  • Speaker #2

    Un grand chef d'orchestre et qui était aussi, à cette époque-là, il était devenu le gros producteur à Londres. Et donc, il y a eu ce spectacle qui a commencé à Londres sous le nom de La Plume de ma Tante, qui était une sélection de nos meilleurs sketchs.

  • Speaker #0

    Alors, Branquignoles, Dugudu, Allez Belle Bacante et Juppon Vol. Voilà. C'était un condensé des quatre premiers spectacles des Manquignols. Et cette représentation a eu lieu à Londres, au Théâtre Garrick de Londres.

  • Speaker #2

    Plus de trois ans, oui.

  • Speaker #0

    Voilà, alors nous allons écouter à présent le titre que vous aviez composé finalement. C'était un titre à part, La Plume de ma Tante, que vous aviez composé spécifiquement pour ce spectacle. La Plume de ma Tante, nous l'écoutons. Gérard, vraiment, je vous félicite. C'était vraiment formidable. Formidable.

  • Speaker #2

    Bon, écoutez, moi, je me régalais. Vous savez que les musiciens qui venaient à la séance avec moi, ils se battaient pour venir parce qu'ils étaient heureux. D'ailleurs, ça se sent. Et alors, ce qui est terrible, c'est qu'on m'a dit, mais il faut que tu fasses des tournées, etc. Et j'ai tellement fait de choses dans la vie, je n'ai jamais pu faire de tournées. J'aurais pu faire un spectacle, un show.

  • Speaker #0

    Donc, je répète, c'était la plume de ma tente. C'était la musique que vous aviez composée spécifiquement pour le grand spectacle londonien, tiré des Branquignoles. Alors, en 1957, pendant que la plume de Matante fait un triomphe à Londres, les branquignoles, eux, continuent sur leur lancée. En rentrant de Londres, vous allez travailler sur le spectacle suivant, c'est Pomme à l'anglaise, et c'est au Théâtre de Paris, d'Élvire Popesco et d'Hubert Devalais que vous allez vous retrouver Gérard

  • Speaker #2

    Donc c'est imprégné de l'ambiance londonienne C'est-à-dire qu'effectivement on a utilisé Des choses un peu bizarres de nos chers amis anglais Que nous avions vus Et avec cette formidable invention qu'avait Robert Collette On a fait un petit spectacle Qui relevait bien Ce qui nous avait le plus amusé Et d'ailleurs on avait fait venir avec nous Un artiste anglais qui s'appelait M.

  • Speaker #0

    Ross Parker Auteur de chansons d'ailleurs célèbres Et comment vous faisiez pour composer avec Robert ? Il vous demandait des thèmes particuliers ? Ou si vous aviez, en dehors de Mme de Mortemoux Il nous avait expliqué tout à l'heure qu'il vous avait demandé la musique la plus bête du monde, mais vous aviez carte blanche pour composer ?

  • Speaker #2

    Il y avait un conducteur, et en fonction de ce conducteur, de ses idées, du décor, etc. Là, on discutait, là on peut mettre une chanson, là on peut faire un ballet, là... Vous savez, les spectacles se construisaient ensemble, on était là...

  • Speaker #0

    Hyde Park, ça vous rappelle quelque chose ?

  • Speaker #2

    Oui, j'aime beaucoup.

  • Speaker #0

    C'est formidable, nous l'écoutons. Musique de générique Musique de générique C'était Hyde Park, écrit par Gérard Calvi, donc pour Pomme à l'anglaise, des branquignoles, et c'était vraiment tout à fait dans le style de la musique légère anglaise de l'époque. Je trouve que vraiment là, vous aviez vraiment tout à fait reproduit, avec une mélodie que vous aviez inventée, le style anglais, puisque c'était Pomme à l'anglaise.

  • Speaker #2

    Ben écoutez, j'avais bien aimé l'Angleterre, on a été très heureux en Angleterre, et donc je n'avais rien à souvenir de tendresse.

  • Speaker #0

    Gérard, alors maintenant une petite surprise, je vais vous faire une petite surprise, puisque nous avons en ligne avec nous, eh bien, Colette Brossé, la femme de Robert Derry. Alors Colette Brossé, bonjour, eh bien, je vous laisse parler un instant tout d'abord avec Gérard qui est à côté de nous.

  • Speaker #2

    Alors, bonjour ma Colette. Bonjour mon Gérard, comment tu vas ? Je vais bien, je vais bien. Je suis très ému parce que, tu vois, on est en train d'écouter toutes les musiques que j'ai eu le plaisir de faire avec vous, pour vous. Et donc, ça me rappelle des souvenirs de grande tendresse, de grand bonheur. De grand bonheur.

  • Speaker #7

    Et nous, on a eu le bonheur de t'avoir comme musicien.

  • Speaker #2

    Alors là, tu vois, là on vient de passer à Hyde Park et tu sais que cette musique a été directement inspirée par toi et par l'Angleterre.

  • Speaker #7

    Je ne peux pas l'entendre sans avoir la larme à l'œil. C'est tellement beau.

  • Speaker #0

    C'est tout à fait vrai ce que vous dites. Oui,

  • Speaker #7

    ça fait des larmes aux yeux. Eric Bale, il a des thèmes superbes, notre Gérard.

  • Speaker #0

    On est en train de les écouter tous les uns après les autres, et je crois vraiment que nous avons avec nous aujourd'hui un des plus grands musiciens français.

  • Speaker #2

    Oui. Je le fais tout petit là. Non, non,

  • Speaker #7

    c'est un de nos plus grands musiciens français.

  • Speaker #0

    Alors, Colette, nous venions d'écouter donc Pomme à l'anglaise, enfin Hyde Park, et je suis certain que vous avez d'autres souvenirs avec Gérard.

  • Speaker #7

    Mais j'ai le souvenir d'un essai, le spectacle avant New York, à Philadelphie, où le producteur nous faisait changer d'ordre tous les soirs, vous savez l'ordre des sketchs. Et il n'y en avait qu'un seul qui était très ponctuel et qui notait tout, parce qu'on en avait assez de changer les ordres du spectacle, donc il était fait, qu'il était bon. Mais Jacques Legras, toujours le méticuleux Legras, avait tout l'ordre dans le fond de son haute forme. Et on ne comptait que sur Jacques, on disait qu'est-ce qu'on joue derrière, qu'est-ce qu'on joue derrière ça. Et au début du 2, il levait son haute forme, me saluait d'un grand coup de chapeau et dire Madame. Et on a vu l'ordre de Legras s'envoler au-dessus de la salle. qu'est-ce qu'on joue après et c'est Gérard qui est allé le chercher à 4 pattes qu'on prenait en notre détresse qu'il partageait avec nous il nous a récupéré l'ordre on ne savait plus ce qu'on allait jouer après on nous changeait tous les soirs oui je me souviens que n'est-ce que je fais quand on a fait des brocignoles on a tout fait pardon monsieur pardon madame dans les spectateurs tu avais tout compris Merci. Il n'y avait que le gras, le méticuleux qui avait l'ordre.

  • Speaker #0

    Alors justement, à propos de ce que vous disiez, quelle part était donnée à l'improvisation dans les spectacles que vous aviez inventé avec Robert Derry ?

  • Speaker #7

    C'est difficile à dire. Il y avait d'énormes improvisations en cours de répétition. Quand on avait gelé et fixé, vous savez, les choses, après, on ne bougeait plus jamais.

  • Speaker #0

    Ça n'était plus débridé en cours de séance, après ?

  • Speaker #7

    En rien du tout.

  • Speaker #0

    Ça avait l'air débridé, mais en réalité, c'était parfaitement...

  • Speaker #7

    Ça s'était fait pour avoir l'air débridé. mais tout était gelé à partir du moment où Gérard et Robert nous avaient dit c'est bien comme ça on ne bougeait plus,

  • Speaker #0

    mais on avait le droit d'essayer en cours de répétition de faire des propositions bonnes ou absurdes après ils nous gelaient tous les deux ils nous disaient changez rien alors nous allons écouter à présent ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue et bien cet extrait de Alé Belbacan d'ailleurs tout à l'heure nous avions eu Jean-Michel Defay qui faisait Oui, il était avec nous il y a quelques minutes pour discourir avec Gérard. Donc nous écoutons à présent, ne comptez pas sur moi pour me montrer toute nue, c'est vous qui chantez.

  • Speaker #7

    Hélas, Gérard va vous dire hélas.

  • Speaker #2

    Non, moi je dis pas hélas, moi je dis hélas, hélas que c'est dommage qu'elle n'ait pas voulu se montrer toute nue.

  • Speaker #7

    Oh, ben je... Non, je gardais ça pour Robin.

  • Speaker #2

    Ben oui, je sais, tu me l'as dit, tu me l'as dit, oui, je le sais.

  • Speaker #7

    Et puis je me montrais relativement toute nue dans le numéro d'Akrobats.

  • Speaker #2

    Oui, c'était déjà pas mal.

  • Speaker #7

    À j'allais, s'appelait la musique.

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #7

    Je t'embrasse.

  • Speaker #2

    Moi aussi, je t'embrasse très fort. On passera le verre.

  • Speaker #8

    Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Mon papa veut pas, maman me l'a défendue. Non, n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus. Je suis plutôt du genre plus digne. Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue. Regardez bien ça, moi j'ai fait ce que j'ai pu. Après ça, ma foi, ce que vous n'aurez pas vu, imaginez que vous l'avez vu. Je serais pas si bête, ce serait malhonnête, moi je garderai mes choses tinettes vous ne verrez pas mes troubles en affaires on n'a pas le droit de montrer tout ce que l'on a, n'a, comptez pas sur moi pour me montrer toute nue mon papa veut pas, maman me l'a défendue, non n'insistez pas, vous n'en verrez pas plus non n'y comptez pas non n'y comptez pas comptez pas sur moi pour ça non

  • Speaker #0

    Je profite de la désannonce de ce titre, qui était donc « Comptez pas sur moi pour me montrer toute nue » , pour remercier à nouveau et Gérard Calvi, qui a composé cette musique, et Colette Brossé, qui a bien voulu rendre hommage à son ami Gérard Calvi.

  • Speaker #2

    Texte de Francis Blanche, hein ?

  • Speaker #0

    Texte de Francis Blanche, il faut effectivement le rappeler. Gérard, en 1959, les branquignoles vont traverser l'Atlantique, on vient d'en parler avec Colette Brossé. pour y représenter à nouveau le spectacle La Plume de Matante. Et je crois que là, vous avez eu un succès colossal à Broadway.

  • Speaker #2

    C'était complètement inespéré. C'était formidable parce que le premier soir, les New-Yorkais ne voulaient plus nous lâcher. Je vois mon bassiste qui faisait la queue. Je lui dis, mais qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, tu ne te rends pas compte ? J'achète des places, j'achète des places, et puis après je vais aller revoir nos machines noires. Nous, là, on va jouer pendant trois heures. Tu te rends compte ? Je vais me faire une fortune, mon vieux.

  • Speaker #0

    Qui dirigeait l'orchestre ?

  • Speaker #2

    Gershon Kingsley.

  • Speaker #0

    Alors je crois qu'il y a une anecdote à propos de Gershon Kingsley. Il vous en vient un peu d'avoir inventé Madame de Mortemouille, je crois.

  • Speaker #2

    Gershon, qui était d'origine allemande, il était ravi de diriger ce spectacle.

  • Speaker #0

    Quand je vous disais qu'il vous enviait, c'était une envie gentille. Oui, c'est ça.

  • Speaker #2

    Il voulait avoir son succès. Il voulait avoir son succès. Et à chaque fois, très gentiment, il est venu à Paris enregistrer. Il me dit, oh dis donc Gérard, tu te rends compte quelle veine. Et finalement... Il a eu son succès. J'ai été rétravé, c'est Popcorn.

  • Speaker #0

    Tout simplement. En 1963, le couple d'Eric Alvis se remet à l'ouvrage et avec une musique cocasse, parfois, ou tendre d'autres fois, ils vont concocter la grosse valse qui est créée au Théâtre des Variétés, Gérard.

  • Speaker #2

    On était à des variétés, effectivement. Tous nos spectacles étaient des spectacles d'été. On commençait en fin avril, au mois de juin, ce qui était contre toutes les règles. Et nous, on bourrait. On bourrait parce que c'était un spectacle qui était... C'était français et en même temps, les étrangers pouvaient venir voir ce spectacle.

  • Speaker #0

    Gérard, vous vous êtes également produit aux Etats-Unis avec la grosse valse.

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, c'était un succès formidable.

  • Speaker #0

    Je crois que vous avez également joué à Stockholm, à Gothenburg, enfin un peu partout dans le monde.

  • Speaker #2

    Oui, on a été en Suède, on a été dans beaucoup de pays, oui.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'était un extrait de la grosse valse, Gérard.

  • Speaker #2

    Oui, c'est un petit air tyrolien, quoi.

  • Speaker #0

    Alors voilà, cette évocation de votre parfait mariage, on va appeler ça comme ça, avec Robert Derry et Colette Brossé se termine. Je vais remercier Jean-Michel Defay et Colette Brossé qui nous ont permis de remonter le temps. Gérard, je vous dis à la prochaine fois pour le troisième programme qui vous sera consacré. A très bientôt.

  • Speaker #2

    Moi, je vous dis merci à vous, aux techniciens. Il a bien passé un bon moment.

  • Speaker #0

    Nous aussi, vous pouvez vous en douter.

  • Speaker #1

    À côté de cette formidable aventure avec Robert Derry et la troupe des Branquignols, l'éclectique Gérard Calvi noircira d'innombrables partitions ayant permis d'illustrer musicalement de nombreux films français. Ce sera le thème du troisième épisode de ce podcast.

Chapters

  • Introduction à Gérard Calvi et ses débuts

    00:20

  • La rencontre avec Robert Derry

    00:39

  • Les premiers spectacles et anecdotes

    02:27

  • Collaboration avec Jean-Michel Defay

    05:10

  • Succès à Broadway et souvenirs

    10:00

  • Évocation des spectacles internationaux

    30:04

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