- Speaker #0
J'ai vu Elvis à la télé le jour où il est mort, j'ai pris une grosse claque, j'ai dit « Waouh, c'est quoi ce mec ? » Il y avait quand même beaucoup de musique à la maison avant, mais quand j'ai vu Elvis, j'ai vraiment pris une grosse claque et j'ai eu envie de faire pareil, j'ai eu envie de me mettre là-dedans. Du coup, après, j'ai découvert tous les autres artistes et c'est comme ça que j'ai vraiment nourri ma passion pour le rock et pour la musique en général.
- Speaker #1
Musique Je suis Julien Bordier et je suis ravi de vous retrouver pour cette nouvelle saison de Dans le Décor avec la Sacem. Dans chaque épisode, je vous emmène dans le lieu de création d'un artiste pour une visite en sa compagnie. Dans le décor, c'est une rencontre en forme d'exploration sonore pour redécouvrir le parcours d'une personnalité, sonder ses inspirations et faire l'état des lieux de ses projets. Les murs avaient des oreilles, maintenant, ils ont une voix. La musique accompagne nos vies et, depuis 170 ans, la SACEM accompagne celles et ceux qui la créent. 182 520 auteurs, compositeurs et éditeurs de musique l'ont choisi pour gérer leurs droits d'auteur et représenter leurs œuvres. La SACEM contribue à la vitalité et au rayonnement de la création sur tous les territoires via un soutien à des projets culturels et artistiques. Société engagée, elle offre des dispositifs d'entraide et de solidarité à ses membres.
Cette guitare qui miaule, c'est celle de Yarol Poupaud. Comme les chats, le musicien de 53 ans a au moins vécu cette vie. Il a fondé le groupe FFF, accompagné Niagara, joué avec ses frères Melville et César Poupot au sein de Mud, il a aussi prêté son art du riff au DJ David Guetta, produit les albums du reggae man Winston McEnough ou du chanteur Gauvin Sers, enfin chaperonné la génération des baby-rockers avant de devenir le directeur musical du patron Johnny Hallyday. Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Yarol Poupot au studio Salam, dans le 18e arrondissement de Paris. C'est ici qu'il répète avec ses musiciens les morceaux de ses deux premiers albums solos, Yarol et Hot Like Dynamite. Le gang vient justement de terminer sa séance, histoire de faire tourner les titres avant un concert dans la salle du bus Palladium. Fini de jouer, il est maintenant l'heure de ranger sa chambre.
- Speaker #0
On vient de finir la répète et là on passe à travers le rituel qui fait partie aussi de l'histoire du rock'n'roll, de ranger son matos, de plier son matos, de le conditionner et puis ensuite on va le mettre dans une camionnette, on va l'amener à la salle de concert, on va le sortir de la camionnette, on va le sortir de boîte, on va l'installer, on va le remettre dans les boîtes, on va le remettre dans la camionnette, on va le ramener ici, on va le ressortir des boîtes. Enfin voilà, on pourrait presque même, comment dire, mesurer le succès d'un groupe de rock au nombre de personnes qui travaillent pour eux et qui n'ont plus besoin de le faire eux-mêmes. Voilà. Là, alors, si tu veux, nous, au stade où on en est là aujourd'hui, alors moi, c'est sûr qu'il y a eu des... J'ai bossé sur des tournées, que ce soit avec FFF ou avec Johnny, où effectivement, on avait des équipes techniques. Donc nous, on terminait la répète, on disait « Salut les mecs ! » Et puis là, tout le monde pliait le matos pour nous. Mais là, si tu veux... Avec cette histoire qui recommence, qui redémarre autour de mes albums solos et des trucs que je produis, et notamment Victor Mécanique avec qui on travaille, il y a un espèce de retour à la base qui veut dire qu'on range nous-mêmes notre matos. Il y a un truc un petit peu manutentionnaire, manuel, qui ne me dérange pas. Générique On se trouve dans les studios Salam Aleikum, qui sont rue Stephenson, en 18ème, et qui sont un complexe dans lequel il y a... Plusieurs studios qu'on avait montés en 97-18 autour d'FFF. Nous on répétait pendant des années dans un endroit qui s'appelait l'hôpital éphémère. Il y en a peut-être qui se rappellent de ce lieu fantastique. C'était un espèce de centre d'art complètement éclaté où il y avait évidemment des musiciens, mais aussi des gens qui faisaient du théâtre, des plasticiens, des artistes, des créateurs de mode. C'était vraiment un truc... C'était pas un squat, c'était vraiment un endroit qui était mis à la disposition des artistes par la ville de Paris et c'était un endroit fantastique. Et en fait quand ça a fermé, on a retrouvé cette ancienne usine ici et on l'avait complètement réaménagée en en faisant plusieurs studios et qui étaient pour des artistes qui gravitaient autour de la galaxie FFF. Donc nous à l'époque on avait le studio du fond, pas celui-ci, qui était le studio du fond là-bas, qui a été récupéré maintenant par un autre collectif de musiciens, un label qui s'appelle Pain Surprise. Et puis il y a plein d'autres musiciens qui sont là. Il y a des gens qui font de l'électro à côté. Il y a un chanteur d'opéra là-bas. En face, là, ils font des trucs un peu plus jazz. J'avais quitté ce lieu pendant dix ans parce que je n'en avais plus l'utilité. Et en fait, là, pour préparer les tournées, et puis c'est surtout quand on s'est retrouvés en janvier dernier confinés à Paris avec pas grand-chose à faire, on s'est dit, voilà, c'était l'occasion. Il y avait un studio qui s'était libéré ici. et on s'est dit qu'est-ce qu'on va faire plutôt que de rester chacun dans notre coin à glander à la maison. Installons-nous ici, on met le matos et puis on joue, on répète, on fait les chansons, on apprend à jouer, enfin on joue des nouveaux trucs, on cherche des idées.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux me décrire tout autour de toi alors ?
- Speaker #0
On a une pièce carrée qui fait à peu près 30 mètres carrés. Quand on rentre tout de suite sur la gauche, on a un rack avec les guitares qui nous servent pour les concerts et les répètes qui sont rangées dans un très joli râtelier. On a un ampli guitare, on a ensuite les claviers tout le long du mur, on a la sono dans l'angle. Face à la porte d'entrée, on a le kit de batterie. A sa droite, quand on le regarde, on a l'ampli basse et le reste de la sono. Ensuite, si on continue de faire le carré, on tourne et on a ce qui nous sert de sono-voix pour les micros, la table de mixage. Une petite régie si jamais on veut s'enregistrer avec un ordi et une carte son. Un petit canapé sur lequel nous sommes assis très confortablement pour discuter tous les deux qui fait l'angle. Et juste pour terminer ce tour de la pièce, on a mon ampli qui est là. Et on a aussi des caisses marron d'une bière à mon nom.
- Speaker #1
Oui, j'ai vu ça en entrant, la Yarole.
- Speaker #0
Voilà, exactement. Donc c'est une collaboration que j'ai faite avec des brasseurs dans les Deux-Sèvres. Les Deux-Sèvres, c'est une région dans laquelle moi je vais souvent parce que j'ai une maison là-bas et j'ai la famille qui est originaire de là-bas. Donc c'est un coin que j'aime beaucoup, moi. Et j'y vais souvent justement pour écrire, pour me ressourcer, pour enregistrer des trucs. Et donc avec mes potes, là, on s'est amusés à faire une série limitée. De leur bière, c'est des brasseries artisanales, bio.
- Speaker #1
4 degrés ?
- Speaker #0
Il y a 3 modèles, il y a celle à 4 degrés, la blonde, il y a la IPA qui grimpe un peu, et il y a la triple.
- Speaker #1
D'accord, ça dépend de l'heure à laquelle on boit.
- Speaker #0
Exactement, et puis des goûts, il y a des gens qui préfèrent une blonde un peu plus légère et plus light, il y en a qui préfèrent un peu l'amertume.
- Speaker #1
Aujourd'hui c'était une journée de répétition, mais ça représente quoi pour toi le studio d'enregistrement ?
- Speaker #0
Moi, c'est un outil de travail fantastique. D'ailleurs, là, c'était peut-être la dernière répétition dans cette configuration-là, parce qu'à partir du mois de janvier, je pense, vu que là, il faut que je passe un petit peu en période d'enregistrement de mon prochain album et puis du prochain album aussi de Victor. Donc, je pense qu'on va remanier le studio différemment. Donc, la description que je vous en ai faite il y a cinq minutes ne sera totalement obsolète à partir du mois de janvier, je pense, parce que je pense qu'on va le retransformer plus en studio d'enregistrement. Moi, j'adore les studios dans l'industrie. J'ai passé ma vie dedans depuis que je suis môme. Ça m'a toujours fasciné. La première fois que j'ai mis les pieds, quand je devais avoir 15-16 ans dans un vrai studio professionnel, j'ai halluciné. J'avais l'impression d'être dans le vaisseau de Star Wars. J'aime aussi les studios qui ont une histoire, qui ont un vécu, qui ont une patine. Il s'est passé des trucs ici. Il y a des studios qui ont une âme plus que d'autres. Je ne sais pas si c'est des fantômes ou quoi. Je sais que j'étais allé... travaillé par exemple en Jamaïque avec mon copain Camille Bazbaz et Winston McEnough, on avait enregistré dans un studio qui s'appelle Harry J qui est à Kingston et ce studio, en rentrant dans la pièce, il y a un truc vraiment étrange qui se passe et donc le mec me racontait que c'était un studio dans lequel la plus grande partie des productions de reggae de la fin des années 60 et jusqu'au milieu des années 70 avant qu'ils montent Tof Gong, était faite donc beaucoup d'albums des grands classiques du reggae même des albums de Marley et tout ça Et les reggae et les rastaman étant tous assez mystiques, il y avait des mecs qui faisaient des espèces d'incantations, des prières qui faisaient brûler des trucs de l'encens, enfin qui faisaient brûler des trucs en dehors de trucs à fumer. Il y avait toute une espèce de mec qui venait pour purifier l'endroit avant de faire de la musique dedans, qui faisait des espèces de prières rastas, des chants de Naya Bing et tout. Et c'est vrai que la pièce, elle avait une espèce de...
- Speaker #1
Il y avait des bonnes vibrations.
- Speaker #0
Il y avait des vibrations de dingue, il y avait un truc très fort. Et donc il y a des studios comme ça, qui sont des... des lieux où la création est aidée non seulement par le matériel qui est mis à disposition et l'acoustique des lieux, mais aussi peut-être par des forces un peu mystiques ou je ne sais quoi, qui font qu'il va se passer des trucs plus facilement dans ce studio que dans d'autres.
- Speaker #1
Alors est-ce que tu vas faire appel ?
- Speaker #0
Alors là on est dans le quartier où on est, ouais possible, mais il y a déjà pas mal de trucs qui sont passés ici, il y a quand même une bonne vibration.
- Speaker #1
Il y a des histoires qui se sont déroulées ici ?
- Speaker #0
Ah, plutôt dans celui du fond avec FFF, on en a fait des trucs. Je sais que là, moi, je suis en train de chercher des riffs pour mon prochain disque. Là, du coup, j'ai une méthode pour un truc. Je me mets à jouer de la guitare, je branche la guitare, je joue une heure, deux heures. Et puis, au bout du moment où j'ai fait le tour de tous les trucs qui me passent par la tête, c'est là que je commence à avoir des idées.
- Speaker #1
Il en reste encore des riffs à aller creuser. Il y a une mine de riffs, là, quelque part. Oui, j'espère,
- Speaker #0
j'espère. Bien sûr, mais il faut creuser. Parce qu'effectivement, comme tu dis, le filon a été quand même bien creusé. Il faut descendre profond dans la mine pour trouver... Des riffs, tu vois, on n'y croyait plus, tu vois, mais Seven Nation Army, ça a détrôné Smoke on the Water, pratiquement, voilà. Quand moi, j'ai commencé la guitare, le premier truc qu'on t'apprenait, c'était Starway to Heaven ou Smoke on the Water. Voilà, maintenant, c'est Seven Nation Army, c'est quand même dément, c'est la classe.
- Speaker #1
Et toi c'est quoi les riffs qui t'ont le plus marqué ? Une fois que t'avais la guitare entre les mains.
- Speaker #0
Quand j'ai commencé, les riffs, les morceaux de Chuck Berry, les petits plans, l'intro de Johnny Bigoud, l'intro de O'Carroll, des trucs comme ça. Vraiment les morceaux de Chuck Berry qui m'ont marqué. Et puis ensuite très vite les riffs d'ACDC, ou certains trucs de Black Sabbath, ou des trucs un peu de hard rock comme ça.
- Speaker #1
Quel est le morceau dont tu es le plus fier ?
- Speaker #0
Alors, je vais te dire un truc, c'est toujours le dernier que je viens de faire.
- Speaker #1
Alors c'est quoi le dernier ?
- Speaker #0
Bon là c'est un des trucs sur lesquels je suis en train de bosser pour mon prochain album. Il y a une chanson, une balade d'ailleurs, dont je suis assez content, qui est cool. En fait, alors là, si tu veux savoir, je suis en train de vraiment essayer de travailler sur l'écriture des textes en français. Truc que j'ai jamais développé tant que ça. J'ai écrit plein de chansons en anglais. J'ai co-écrit pas mal de chansons en français. j'en avais écrit à l'époque avec Mudd mais bon on les écrivait un peu à trois En général, quand je fais des chansons françaises sur mes albums, je travaille avec quelqu'un qui file un coup de main. Alors ça a pu être Benjamin Biolay sur le premier ou Lescopes sur celui-ci. Mais là, j'ai vraiment envie de passer du temps sur l'écriture des textes, d'aller fouiller, d'aller vraiment... Voilà, alors je rature, je rature, je rature, je recommence. Et puis je réécoute et c'est nul et je recommence à zéro et je me dis non, là, ce n'est pas possible. Mais si tu veux... notamment réussi à en faire une dont je suis assez content du texte et donc j'étais là genre putain j'ai un côté, j'ai fait ça tout seul wow, tu vois c'est quoi tes références en termes d'écriture de texte franchement je sais pas il y en a plein parce qu'on a tous les mêmes tu vois je vais pas te dire Gainsbourg, Bachung et compagnie c'est la sincérité t'influencer de Gainsbourg quand tu veux écrire des paroles en français c'est comme écouter les Beatles avant de te mettre à écrire une chanson chercher une grille d'accords quoi Laisse tomber, t'es face à un truc, tu te dis, laisse tomber, j'allais vendre des glaces sur la plage. C'est trop. Donc, fuck les références, fuck... Je l'ai fait, hein. Je parle de ça parce que ça fait plein de fois que j'essaye, ça fait 20 ans que j'essaye. À l'époque, à la FNAC, je me rappelle, une fois, j'étais reparti, j'avais acheté Georges Brassens, Jacques Brel, tu vois, tous les auteurs français, les grandes chansons françaises, les trucs, j'avais... Je n'ai pas geeké tout ça, j'avais passé des heures. Juste le plus dur là-dedans, c'est d'essayer de savoir moi ce que j'ai à dire, ce que j'ai envie d'exprimer moi. Après, ça peut être tourné maladroitement, tu trouves le bon truc, mais de quoi tu as envie de parler ? Et c'est ça qui, je pense, est le plus important. Plutôt que de trouver la bonne...
- Speaker #1
Tu n'as pas besoin du dictionnaire de rimes forcément à côté de toi.
- Speaker #0
Je suis, parce que ça peut aider, ça peut débloquer des trucs, tu vois, effectivement. Mais tu vois, donc je pense que vraiment la démarche, elle est... De la sincérité, c'est... Et sinon, alors si, si tu veux, moi, je suis vraiment très fan de ce qu'écrit Benjamin Biolay, par exemple, en français. Je trouve que c'est vraiment toujours très malin, bien tourné, assez intelligent. Et mon pote, dans un autre genre, Gauvain aussi, Gauvain Sers, je suis allé le voir encore l'autre jour, et j'ai toujours assez bluffé par ses chansons, parce qu'il y a un côté, bon alors c'est toujours des galeries de portraits et tout, mais c'est bien tourné, il y a du suspense, un petit peu, qu'est-ce qui va se passer au troisième couplet, comment ça va finir ? Il nous raconte une petite histoire,
- Speaker #1
et surtout en prise avec l'actualité ou en prise avec son époque.
- Speaker #0
Complètement, et puis si tu veux, il y a toujours un suspense un peu...
- Speaker #1
Une résolution. Ouais,
- Speaker #0
qu'est-ce qui va se passer à la fin de la chanson, tu vois, il te tient quoi.
- Speaker #1
Quand je regarde le nombre de tes collaborations bon évidemment il y a FFF ça c'est évident tu es accompagné de Johnny Hallyday mais il y a eu aussi le groupe MUD avec tes frangins il y a eu aussi des collaborations avec Camille Basse-Basse, avec Winston McAnoe avec David Guetta les musiciens africains de Staffé Benda-Bidili bien sûr au Quest aussi, au Quest international avec Jupiter aussi quel est le point commun par toi si je puis dire euh... de toutes ces collaborations ? C'est quoi le fil conducteur qui relie tout ça ?
- Speaker #0
C'est le partage, c'est le feeling, c'est la curiosité, c'est l'envie justement de découvrir d'autres cultures musicales, une autre manière d'approcher, de faire de la musique. À chaque fois, j'ai l'impression que ça m'enrichit. Le point de départ de tout ça, c'est FFF. FFF, c'était complètement éclaté. C'est-à-dire qu'on écoutait aussi bien des trucs de punk rock que des trucs de fela, que beaucoup de funk, que du reggae, que les bad brains, que moi qui écoutais des trucs... Donc moi, j'ai toujours eu une espèce de curiosité musicale. Il y a des trucs que j'aime et des trucs que je n'aime pas, mais ce n'est pas une histoire de style. C'est une histoire d'artiste ou de chanson. Non, c'est des rencontres, c'est du feeling. Comme peut-être ce qui nous a reliés avec Johnny, c'est peut-être une façon aussi de lâcher prise, de prendre un petit peu des risques musicalement, de prendre vraiment beaucoup de plaisir à jouer, à faire de la musique.
- Speaker #1
Le rock, c'est un produit dangereux ? C'est un produit à manipuler avec précaution ?
- Speaker #0
J'aime considérer que oui, c'est un peu dangereux. De toute façon, j'ai toujours l'impression que ça a fait. Alors maintenant, c'est devenu un truc un peu plus clean, un peu plus d'establishment, le rock. C'est un truc un peu de daron, comme on dit. Mais heureusement, il y a toute une relève de jeunes groupes. qui reprennent le flambeau d'un rock un peu plus dangereux, surtout en Angleterre, beaucoup. Je pense à des groupes comme Fountain DC ou Shame ou Idols ou des trucs comme ça, qui ont vraiment une espèce d'énergie et de dangerosité un petit peu. Et quand on a vu débarquer Elvis Presley les premières fois, ou les Stones, ou même peut-être les Beatles au début, il y avait un côté genre « Oulala, c'est quoi ce truc ? Ça fait peur, c'est dangereux ! » voilà ils sont mal peignés enfin ou alors ils ont les cheveux trop longs et puis ils bougent d'une manière un petit peu trop suggestive et les punks c'est pareil et voilà donc moi j'aime effectivement qu'il y ait un côté un petit peu qui dangereux c'est peut-être un grand mot mais oui en tout cas une prise de risque c'est encore une fois pour parler de lui c'est ce qu'aimait Johnny quand il montait sur scène il se mettait en danger c'est ce qu'il aimait il aimait pas que ce soit plan plan et que ce soit la sécurité c'est pas le meilleur copain du rock and roll on va dire Et toi comment as-tu découvert les effets explosifs du rock ? Moi j'ai découvert ça quand j'étais gamin avec Elvis. C'est d'une manière très classique, comme beaucoup de musiciens qui ont fait du rock and roll après. J'ai vu Elvis à la télé le jour où il est mort, j'ai pris une grosse claque. Je me suis dit, waouh, c'est quoi ce mec ? Il y avait quand même beaucoup de musique à la maison avant, mais quand j'ai vu Elvis, j'ai vraiment pris une grosse claque et j'ai eu envie de faire pareil. J'ai eu envie de me mettre là-dedans. Du coup après, j'ai découvert tous les autres artistes et c'est comme ça que j'ai vraiment nourri ma passion. pour le rock et pour la musique en général.
- Speaker #2
Aux Etats-Unis, des centaines et des centaines d'Américains ont téléphoné à la Maison Blanche pour demander au président Carter une journée de deuil national à l'occasion de la mort d'Elvis Presley, décédé hier soir donc à l'hôpital de Memphis, dans le Tennessee.
- Speaker #0
J'ai découvert Le Jour de sa Mort, ils ont passé un film à la télé, j'ai eu un gros flash, et donc du coup après j'ai voulu me tout savoir sur ce mec, écouter tous ses disques, et effectivement remonter le temps, et puis je me suis retrouvé au début des années 50, au milieu des années 50, à découvrir, grâce à Elvis aussi, on en parlait tout à l'heure, Chuck Berry, Eddie Cochrane, Little Richard, enfin tous les pionniers, et puis ensuite, d'une manière assez logique, les Stones, les Beatles, Jimi Hendrix, Led Zeppelin... ACDC, Teen Lady, et puis ensuite aussi, parallèlement à ça, tout ce qui était la musique nord-américaine, le soul, le rhythm and blues, James Brown, Ray Charles, le funk, George Clinton, Sly and the Family Stone et tout ça.
- Speaker #1
Moi j'ai une théorie, je pense que le Covid a sauvé le rock peut-être d'une certaine manière.
- Speaker #0
Ce serait bien.
- Speaker #1
Parce que beaucoup de gens se sont remis à la guitare.
- Speaker #0
Alors ça c'est vrai.
- Speaker #1
Et les ventes de guitare ont augmenté, ont explosé même en 2020.
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
Alors soit parce que c'était des gens qui, à 30 ou 40 ans, se disaient, je vais reprendre ma guitare que je jouais quand j'avais 15 ans. Ou alors des gamins qui s'ennuyaient, qui se sont dit, tiens, j'ai du temps. Peut-être que dans 3-4 ans, on va voir arriver des groupes.
- Speaker #0
Eh bien écoute, ce serait bien. Regarde notamment, on a l'exemple de The Odds, justement, qui joue avec nous jeudi. Tu m'arrêtes si je me trompe, mais quand on s'est rencontrés, vous faisiez du rap. Le confinement arrive, ils se sont mis à la guitare et puis ils se sont dit qu'en fait, c'était assez sympa de se retrouver tous ensemble. à quatre dans la même pièce avec les guitares et de jouer avec la batterie et le truc, plutôt que d'être derrière un ordi à faire des sons de rap. Du coup, ils ont démarré leur histoire de groupe comme ça récemment. Mais le cheminement est marrant parce qu'effectivement, il y a deux ans, ils faisaient du rap.
- Speaker #1
Et on remarque aussi, par contre...
- Speaker #0
Maintenant, ils font du rock.
- Speaker #1
C'est bien, peut-être que dans deux ans, des albums qui vont arriver, des lives. Mais beaucoup d'artistes aujourd'hui sont des artistes solo. Quand on regarde les charts, quand on regarde les classements, il y a peu de groupes.
- Speaker #0
toi tu viens de cet esprit là ça s'appelle YAROL mais bon là je vous vois vous répétez avec une culture de groupe quand même effectivement pour moi dans cette notion de rock'n'roll il y a aussi l'idée d'être plusieurs de jouer ensemble qu'il y ait une interaction qui se passe moi j'ai besoin d'être confronté à mes potes à d'autres musiciens qui vont nourrir par exemple j'ai une idée, lui il va me dire on devrait plutôt faire comme ci, attends là on devrait essayer ça il y a ce truc aussi de hum De prendre son pied, de déconner, de monter dans la camionnette tous ensemble, de dire des conneries pendant 4 heures de route, de regarder un film, de vivre les trucs ensemble. Quand j'ai commencé à travailler avec Johnny, c'est ce qu'il me disait, moi je veux qu'on soit un groupe, je veux pas être le chanteur avec les musiciens, je veux vraiment qu'on soit un groupe. Et donc du coup, tout mon travail de direction musicale avec lui, c'était d'essayer de faire sonner ça comme un groupe, et ça passait aussi par passer du temps ensemble, par qu'on aille boire des coups ensemble après, qu'on se retrouve pour déjeuner, qu'on aille au resto.
- Speaker #1
Johnny la première fois que tu le vois sur scène c'est quand vous jouez avec FFF en première partie au concert au Stade de France le 5 septembre 1998 tu me rappelles que c'était en 1998 le 5 septembre c'était quoi Johnny pour toi avant de le voir déjà ne serait-ce que sur cette scène écoute moi Johnny c'était déjà quand j'étais gamin on en parlait tout à l'heure j'écoutais Elvis,
- Speaker #0
Eddie Cochrane, Gene Vincent et tout ça c'était un peu le seul français que je trouvais cool quand j'avais 10-12 ans parce que Euh... Voilà, ses versions de O'Carroll et tout, puis c'était un vrai rocker, il avait la banane. J'aimais beaucoup ses disques des années 70, notamment j'avais un live au Palais des Sports en 71, qui est incendiaire, c'est un espèce de... Rock'n'roll, rythm and blues, complètement punk, ils jouent à 200 à l'heure les mecs. Moi j'aimais beaucoup ce disque-là, et avec notamment mes potes du Cri de la Mouche et des trucs comme ça, on écoutait beaucoup euh Aussi sa période Ritman Blues, ses chansons comme Les Coups, des trucs comme Voyage au pays des vivants, un peu plus psyché. Moi je m'intéressais quand même à toute cette période. Fin des années 60, début 70 de Johnny, qui reste d'ailleurs ma période préférée. Après, c'est sûr que moi j'étais moins fan, surtout à l'époque, des chansons. Maintenant, à force d'avoir bossé dessus et de les avoir chantées avec lui, je les trouve vraiment très très balèzes. Mais si tu veux, à l'époque, moi, tant que rocker pur et dur, j'étais moins fan des chansons de Berger ou de Goldman qu'on cartonnait dans les années 80. Je m'étais intéressé au mec et je savais qu'il y avait des trucs démons.
- Speaker #1
Et la première fois que tu jouais avec lui, je crois que c'est sur le tournage de Jean-Philippe.
- Speaker #0
Jean-Philippe, c'est un film qui a été réalisé par mon pote Laurent Tuel, qui est un super copain à moi. Et donc il y avait cette scène à la fin où il fallait recréer le Stade de France, recréer un concert. Johnny, enfin Jean-Philippe Smith montait sur scène et puis à ce moment-là redevenait Johnny Hallyday. Mais il y avait donc une scène de concert et il fallait donc des musiciens. Et donc il m'a proposé, ou je me crois même que c'est moi qui lui ai proposé, enfin qui ne lui a même pas proposé, qui lui a dit je serai le guitariste de la scène, ok d'accord.
- Speaker #1
On se marrait au début,
- Speaker #0
soit par défis comme ça Il y avait Johnny dans le truc Si je veux participer, je veux venir Trop cool même si nous pendant les scènes on jouait en playback on avait quand même des guitares, on avait des amplis on avait du vrai matos sur scène, donc entre les prises vous connaissez comment ça se passe dans le cinéma il y a toujours beaucoup d'attentes entre les prises donc on a commencé à discuter le truc Eddie Cochrane tu connais bien sûr tu connais celle-là le summertime et c'était parti, on a passé la nuit à jammer sur des classiques du rock'n'roll avec les autres musiciens qui étaient là qui revenaient pas, il y avait une chorale de gospel aussi qui chantait super donc ils nous accompagnaient, des duos, enfin c'était C'était dément, on a passé la nuit complètement oublié qu'on était là pour venir faire un film. On était tous en train de déconner. Johnny hyper détendu, hyper cool. On a fait ce truc-là et c'était dément. On s'est éclaté. Puis moi, je suis rentré. Je m'étais dit, putain, j'ai bossé avec Johnny. C'était mortel. Et en fait, non, moi, j'ai commencé à travailler avec lui au moment où il avait fait cet album avec Mathieu Chédide. après avoir eu des problèmes santé en 2009. Donc il revient avec cet album et puis Mathieu ne pouvait pas assurer toutes les promos télé qu'il y avait autour de la sortie de l'album. Donc Warner m'ont contacté, il fallait un autre mec qui soit guitariste avec un petit peu de personnalité. Donc ils m'ont contacté pour faire le truc, évidemment j'ai dit oui et c'est là qu'on a commencé à travailler ensemble et c'est là que notre collaboration a vraiment est née.
- Speaker #1
Mais ton rôle ne s'est pas limité après à être uniquement le guitariste. Tu as pris la direction aussi musicale de la tournée ? Voilà,
- Speaker #0
parce que petit à petit, on avançait sur les répétitions, il n'y avait pas vraiment de directeur musical, et puis moi j'avais quand même plein d'idées, puis lui aussi. Puis en fait, notre connaissance commune du rock'n'roll lui a fait se dire qu'il avait envie de revenir vers un truc assez brut, assez direct, assez rock. Voilà, il s'est dit, bon bah écoute, il m'a dit un jour, t'inquiète, démerde-toi avec la direction musicale, vas-y, c'est toi qui vas le faire, au moins comme ça, ce sera rock.
- Speaker #1
C'est une proposition difficilement refusable, mais c'est pas forcément évident de prendre cette place-là.
- Speaker #0
Comment dire, c'est alors oui, c'est pas évident, mais en même temps, moi je préférais le faire moi plutôt qu'un autre mec qui allait amener le truc ailleurs, parce que je savais un petit peu où j'avais envie de l'amener, moi, le show. Je sais que j'avais envie de revenir vers des trucs assez organiques, je sais que j'avais envie qu'il y ait beaucoup de guitare, qui est... qui est un petit peu de prise de risque, justement un peu de danger, qui n'est pas forcément un clic, comme on dit sur toutes les chansons, qui a un côté un peu plus organique, enfin tu vois, j'avais envie d'aller chercher des vieilles chansons un peu plus rock, il n'avait pas chanté depuis longtemps, ça n'était pas évident parce qu'il a fallu que je me fasse accepter par tout ce qui est la production et les gens qu'il y avait autour, à l'entourage. professionnel, parce qu'effectivement donner les clés à un mec, bon même si j'avais fait FFF, je suis pas, tu vois ce que je veux dire, c'était pas non plus un énorme truc, j'avais jamais fait ça moi.
- Speaker #1
C'est une industrie Johnny Hallyday. Voilà,
- Speaker #0
voilà et puis c'était le grand retour et tout, donc ils ont un peu flippé, mais dès les premiers concerts en voyant que lui il prenait son pied et que les fans surtout étaient hyper contents justement qu'on revienne vers cette énergie beaucoup plus rock et beaucoup plus brute. Très vite, en fait, j'ai été accepté. Mais c'est sûr qu'au début, ce n'était pas facile. Certains des musiciens qui étaient avec lui depuis longtemps, notamment des musiciens américains, qui n'avaient pas l'habitude d'avoir, en général, un directeur musical, arrivent et disent, avec des partitions limite, et puis ils leur disent, vous allez jouer ça, vous allez jouer ça. Moi, j'allais voir le mec, je dis, bon, écoute, la chanson est faite comme ça, qu'est-ce que tu as envie de jouer, toi ? Parce que c'est une notion de groupe de rock.
- Speaker #1
Tu as une vision démocratique de la musique. Oui,
- Speaker #0
démocratique. Et puis le but du jeu, c'est que chacun y mette son grain de sel, que chacun mette son identité, sa personnalité et c'est comme ça que ça va être plus riche. Du coup, sur scène, t'es plus impliqué quand t'es... Tu joues les trucs que t'as envie de jouer toi, plutôt que tu joues un truc, ah putain moi j'aurais pas joué comme ça, je l'aurais pu jouer plutôt comme ça. Bon bah tu joues le comme tu veux mec,
- Speaker #1
tu vois ? Mais c'est ce que dit Johnny à la fin du concert quand il dit le chanteur du groupe ça peut être Johnny Didier. Voilà,
- Speaker #0
voilà, exactement.
- Speaker #1
C'est l'état d'esprit.
- Speaker #0
Voilà, ouais.
- Speaker #1
Désormais, à la fin de chaque épisode de Dans le Décor, je propose à mon hôte de piocher un document sur les étagères de l'Assasem. L'Assasem dispose en effet d'un impressionnant fond d'archives dont beaucoup sont numérisés et disponibles sur son musée en ligne. Harold Poupot a choisi de consulter sa demande d'admission en tant que compositeur, déposée en 1991.
- Speaker #0
Remonte alors à la surface, quelques souvenirs avec FFF.
- Speaker #1
À la SACEM, je me rappelle très bien, on avait passé un examen pour être admis en tant que groupe. Donc il y avait un mec qui était venu dans notre local, à l'hôpital éphémère, et qui nous avait donné, genre, je sais plus quoi, un thème, un tempo, une tonalité ou je sais pas quoi. Vous avez deux heures, il s'était barré, il fallait qu'on fasse une chanson avec, effectivement, son thème, son idée, du genre, je sais pas, le mois de mai, par exemple, voilà, il fallait que ce soit en français. Tu vois, il faudrait que ce soit en ré avec un tempo à 120 ou je sais pas quoi.
- Speaker #0
Ça représente quoi pour un artiste d'être inscrit à la SACEM comme compositeur ?
- Speaker #1
Moi, comme je l'ai vécu à l'époque, c'était tout d'un coup, je deviens entre guillemets professionnel. Je fais partie d'une grande famille. J'ai été admis à la SACEM, c'est-à-dire que ça y est maintenant, voilà, c'est-à-dire que c'est plus de la gnognotte. C'est-à-dire que tu vois, je peux déposer mes chansons, je toucherai peut-être des droits d'auteur un jour. Non, c'est effectivement une concrétisation de ces années que tu as passé à galérer quand tu étais môme, à apprendre à jouer des chansons ou à en composer ou à en écrire. Et c'est tout d'un coup, tu rentres dans la cour des grands et tu es accepté par tes pères, entre guillemets. Voilà, tu vois, il y a un côté un petit peu comme dans un gang où tu rentres dans un gang.
- Speaker #0
Tu es fait chevalier. Oui,
- Speaker #1
un peu de ça. Musique Musique