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ÉTATS DAMES

Au cœur du burn out : quand le corps dit stop

Au cœur du burn out : quand le corps dit stop

53min |19/09/2025|

73

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Description

À 25 ans, Imane pensait avoir « tout fait comme il fallait » : études brillantes, CDI prestigieux, carrière prometteuse.
Jusqu’au jour où son corps a lâché.
Elle ne dormait plus, ne mangeait plus, et pleurait sans comprendre ce qui lui arrivait. Le diagnostic est tombé : burn out.

Dans cet épisode, Imane revient sur ces mois d’épuisement extrême, la difficulté de poser des limites dans le monde de l’entreprise, la honte, la culpabilité… mais aussi sur son lent retour à la vie, la découverte de ses véritables envies et son envie d’aider aujourd’hui celles et ceux qui traversent la même épreuve.

🔹 Un épisode sincère, intime et porteur d’espoir
🔹 Pour rappeler qu’il n’y a pas d’âge pour faire un burn out et qu’on peut s’en relever


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États dames, le podcast au coeur de votre santé.


Stéphanie Jary


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose de plonger au cœur du burn-out, à travers le témoignage d'Imane. A seulement 25 ans, elle a vu son corps et son esprit dire stop. alors qu'elle pensait simplement manquer de sommeil. Dans cet épisode, elle raconte sans filtre la spirale invisible de l'épuisement, de la culpabilité, l'isolement, mais aussi le long chemin vers la reconstruction. Une histoire sincère, puissante et pleine d'espoir, qui rappelle qu'un burn-out peut frapper à tout âge, et qu'on peut s'en relever. Vous êtes sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Excellente écoute.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Imane et j'ai fait un burn-out à 25 ans. Je ne m'y attendais pas, au début je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Il faut savoir que j'ai toujours été une personne qui faisait ce qu'on attendait de moi. C'est-à-dire que j'ai toujours été une bonne élève, j'étais première de la classe au lycée, j'ai fait une prépa parce que les gens qui sont premiers de la classe font une prépa. J'ai passé mes concours, j'ai eu la deuxième meilleure école de commerce de France. J'ai commencé les cours, je suis rentrée dans un moule finalement où Quand on est en école de commerce et qu'on a l'avantage d'être dans une école aussi bien classée, on fait du conseil. Et peut-être moi, à aucun moment, je me suis posé la question de qu'est-ce que j'ai envie de faire dans la vie. Je faisais ce qui était attendu de moi, je faisais ce que les personnes comme moi faisaient. À l'époque, il y avait des choses qui m'intéressaient, j'aimais bien tout ce qui était marketing, luxe, etc. Et en rentrant dans cette école-là, c'était plus... La finance, conseil, ce genre de choses. Et moi, je n'avais pas la force de caractère pour imposer ce que j'avais envie de faire et surtout me poser la question de ce que j'avais envie de faire. En fait, pour moi, c'est marrant, mais ce n'était même pas une option. J'ai fini mes études, j'ai tout fait comme il fallait. Commencer un CDI dans un cabinet de conseil, vraiment le cliché du cabinet dans une tour à la défense. Quand j'ai commencé, j'ai commencé avec... beaucoup de passion, d'ambition. J'étais habituée à être un peu syndrome de la bonne élève, c'est-à-dire que j'étais habituée à toujours être première. Et donc, en arrivant, je voulais prouver que vous avez bien fait de me recruter, vous allez voir, je suis super, etc. Et surtout, j'étais incapable de dire non. En fait, c'est marrant, on parle rarement de ce sujet-là, du passage de l'école au monde du travail. Parce qu'à l'école, on a des profs qui nous donnent des devoirs et quelque part, ils savent notre charge de travail. Ils savent ce qu'on est capable ou en tout cas ce qu'on devrait encaisser comme charge de travail. Alors que dans le monde de l'entreprise, ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe. Les gens veulent se décharger, donc ils proposent, enfin ils demandent, avec un ton un peu qui te fait comprendre que tu n'as pas trop le choix. Et en fait, c'est à ce moment-là où la force de caractère personnel de chacun... devraient rentrer en jeu et devraient dire « Ah non, non, non, mais moi, ça me va pas du tout, etc. » Donc moi, j'étais incapable de faire ça et je restais travaillée très, très tard, parfois sans pause-déj. Mais parce que moi, je me suis jamais dit « Non, il faut que j'impose mes limites. » Je m'étais jamais dit ça. Surtout que les gens, enfin en tout cas mes supérieurs, en apparence, en tout cas sur la forme, demandaient assez gentiment Et en tout cas, je ne sentais pas que j'étais en position de dire non. Donc, ça a fait que rapidement, j'étais surmenée et je ne le savais pas. Parce que pour moi, c'était de ma faute. C'est-à-dire que j'avais encore cette vision du prof et donc dans ce cas-là du manager qui connaît ta charge de travail et qui donc ne peut pas te demander quelque chose que tu n'es pas capable de faire. Donc, si je n'arrive pas à le faire, c'est juste que je n'en suis pas capable. Et donc, c'est un problème personnel et pas le problème de mon... de mon management, et donc c'était de ma faute. Et c'est là où il y a un cercle vicieux qui commence, c'est-à-dire que je ne dis pas non, donc je suis rapidement surmenée, mais je ne peux pas en parler parce que c'est ça le monde de l'entreprise, et donc c'est à moi de m'améliorer. Ce qui est complètement faux, soit dit en passant. Donc voilà, six mois se passent comme ça, sous une pression intense. où vraiment, au moment de dormir, je rêvais du travail. Je me réveillais plusieurs fois dans la nuit en me disant « Ah merde, j'ai oublié de faire ça, j'ai oublié d'envoyer tel ou tel mail, etc. » Les week-ends, j'étais beaucoup trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, pour voir mes potes, pour faire des activités culturelles ou sportives ou quoi que ce soit. Donc je passais mes week-ends à dormir pour pouvoir être en forme en semaine. Et donc, petit à petit, j'ai commencé à refuser des verres avec des copains. J'ai refusé des voyages parce que ce n'était pas le moment de poser des congés. Je m'isolais de plus en plus et je ne m'en rendais même pas compte. Je devenais super irritable. C'est-à-dire que j'avais des réactions complètement démesurées parce que, clairement, ça n'allait pas. Je ne comprenais pas, je ne savais pas que ça n'allait pas. Ça a commencé vraiment de manière très insidieuse. Au début... OK, bon, j'ai fini particulièrement tard, mais ce n'est pas grave parce que mon management m'a dit mais c'est super ce que tu fais. On n'aurait pas pu s'en sortir sans toi, etc. Et je me sentais valorisée. Et donc, c'est vraiment un piège parce que plus on te met dans cette position-là de c'est génial, c'est trop bien ce que tu fais, etc. Plus tu n'as pas envie de décevoir. Et donc, ça renforce ce truc de je ne peux pas dire non. J'ai aimé avoir cette image de la personne qui est capable de tout faire, qui est toujours là. On ne sait pas comment elle fait, mais elle le fait quand même, etc. Et plus le temps passait, plus je devenais en quelque sorte prisonnière de cette image. Petit à petit, je m'isolais, je dormais de moins en moins bien. Et quand je réussissais à dormir, mon sommeil n'était pas du tout réparateur. Donc, j'étais tout le temps épuisée. Ça, c'était vraiment la première mission que j'ai faite au sein de ce cabinet de conseil là, où j'avais vraiment un sujet de charge, c'est-à-dire qu'il y avait énormément de travail. On était clairement sous-staffés et je n'osais rien dire. Ensuite, j'ai été staffée sur une autre mission où il y avait moins un sujet de charge et plus un sujet de management, de micro-management même, je dirais. C'est-à-dire que je sortais d'une mission qui était super... challengeante ou on me donnait un moment de responsabilité à vraiment l'opposé où je ne faisais pas spécialement confiance ne serait-ce que pour envoyer des mails, je devais être relue par mon management, etc. Ça m'a un petit peu fait un choc parce que moi je considérais que j'avais mérité d'avoir des responsabilités c'est-à-dire que j'ai assez donné sur ma première mission là, il faut que je prenne les rênes, etc. C'est surtout parce qu'aussi il y a cette image de responsabilité qui est vu comme un avantage, presque comme une récompense. Et donc ne plus l'avoir, pour moi, ça me crée une autre forme d'angoisse qui est venue s'ajouter à toutes ces somatisations que j'avais avant, qui étaient liées à la charge de travail et qui là, du coup, sont liées à un peu la perte, en tout cas moi, je percevais comme la perte de ce statut un petit peu privilégié que j'avais au sein de l'entreprise. et c'est là où... Ça a été un peu la bascule où en fait tout s'est accéléré très vite. Je pense que mon corps avait tellement encaissé sur la première mission qu'ajouter à ça le stress de la seconde mission où tout ne se passait pas comme je voulais, en fait, ça a clairement explosé. Et c'est marrant parce que c'était en partant en congé qu'en fait... J'ai pu avoir une coupure de mon quotidien. Et quand j'ai repris, après mes congés, je me souviens, c'était les ponts du mois de mai. Après les ponts du mois de mai, en fait, ça n'a plus jamais re-été comme avant. C'est-à-dire que j'étais épuisée tout le temps, tout le temps, tout le temps. Vraiment beaucoup plus qu'avant. Je dormais extrêmement mal. Je commençais à avoir des vertiges, des maux de tête, pour des raisons mystérieuses, c'est-à-dire que je ne savais pas exactement ce que j'avais. Et donc, après les plombs de mer, j'ai fait un peu le tour de tous les médecins. C'est-à-dire que je sentais que physiquement, ça n'allait pas bien. C'est-à-dire que pour moi, j'avais une maladie. J'avais un truc qui coinçait. J'ai fait le tour de tous les médecins et tous me disaient que je n'avais rien. Que, en tout cas, tous les bilans de santé que j'ai pu faire... été positif, tout allait bien. Et ça me rendait folle parce que pour moi, je ne me sens pas bien physiquement, donc forcément, je suis malade, donc je ne peux pas entendre cette réponse-là. Ce n'est pas possible. Pendant que je vivais ça d'un point de vue personnel, d'un point de vue professionnel, la situation continuait à évoluer comme elle était avant. C'est-à-dire que je continuais à me trimballer ce mal-être et cette souffrance au travail et cette blessure de « je n'ai plus les responsabilités et en tout cas la position que j'avais avant » . et ça ne s'arrangeait pas. Et avec du recul, je me rends compte que l'un influençait l'autre. Je ne me sentais pas bien au travail. Clairement, j'étais en situation de souffrance au travail. Et ça alimentait forcément ma souffrance physique, qui elle-même alimentait ma souffrance au travail. Et en fait, ce qui est marrant quand on est managé clairement par des gens qui ne nous font pas confiance, c'est qu'on a l'impression de leur donner raison. dans le sens où, comme on est suivi, qu'on nous fait clairement comprendre qu'on n'est pas à la hauteur parce qu'on a besoin de passer derrière nous, ça devient un peu une espèce de prophétie autoréalisatrice, parce qu'on commence à faire de plus en plus d'erreurs, parce qu'on est mal à l'aise, parce qu'on ne se fait plus confiance, etc. Et donc, on donne raison à ce management-là et, encore une fois, un cercle vicieux. Tout l'été s'est passé comme ça. arrivé le mois d'août, j'étais censée partir en vacances. Et c'était des vacances que j'attendais avec impatience parce que ça allait un peu être un reset pour moi. Ça allait un peu être l'occasion de vraiment couper. Et je pensais sincèrement que c'était ça dont j'avais besoin. J'avais besoin de couper un peu avec mon entreprise, partir, je devais passer ces vacances-là avec mes parents. déconnectée et revenir vraiment en septembre toute pimpante et prête à un peu récupérer ce qui me revient de droit finalement, c'est-à-dire un peu cette position que j'avais dans l'entreprise et surtout un épanouissement professionnel. Donc il faut bien avoir en tête que moi j'avais passé tout cet été-là à voir tous les différents médecins de Paris pour comprendre ce qui n'allait pas et qui bien sûr me disaient toujours tout allait bien. tous mes bilans étaient positifs. Donc je pars en vacances et en fait, je me rends compte que l'effet magique des vacances ne s'est pas produit. C'est-à-dire que la souffrance que j'avais au travail, je la gardais toujours en moi. J'étais toujours dans une situation de mal-être, juste j'étais en vacances sous le soleil avec ma famille. Et j'ai passé toutes ces vacances-là, je me souviens, à dormir. J'étais épuisée. Vraiment, j'ai jamais autant été fatiguée de ma vie. Je me réveillais épuisée déjà. Je me rendormais, je pouvais faire une sieste de 3 à 4 heures l'après-midi et je me recouchais le soir sans problème. Et ça tous les jours, même ma famille ne comprenait pas parce que j'avais tout le temps envie de dormir, même dans la voiture. Je pouvais avoir une micro-sieste, toute occasion était bonne pour moi pour dormir. Ça a un peu commencé à me mettre la puce à l'oreille, mais bon voilà, je disais ok. Je suis fatiguée, c'est à ça que servent les vacances, donc j'en profite. Et petit à petit, la réalisation que je ne profitais pas du tout de mes vacances. Les vacances, c'est quand même aussi pour passer du bon temps. Moi, je le passais à dormir. Plus le temps avançait, plus la rentrée approchait et plus mon angoisse augmentait. La boule au ventre, dès que je pensais au travail et à la reprise, ça n'allait pas du tout. Je me mettais à pleurer, c'est-à-dire qu'on n'était clairement pas dans une situation classique de « oh là là, bientôt le mois de septembre, enfin bientôt la rentrée, flemme » . C'était pas du tout ça, c'était clairement beaucoup plus intense que ça, avec des larmes, la boule au ventre, une angoisse. Je disais à ma famille « j'ai pas envie de repartir, j'ai envie de rester avec vous » , etc. C'était très douloureux, cette période. Donc je retourne chez moi, le week-end juste avant le lundi de la rentrée, et je me dis, bon allez, je me suis reposée, ça va repartir, ok, voilà quoi, j'ai la boule au ventre, mais ça va passer. Sauf que ça ne passe pas du tout, évidemment, et je me souviens que c'était le... La nuit du samedi au dimanche, donc juste avant le lundi de la rentrée, impossible de fermer l'œil de la nuit. Je me tourne et je me retourne dans mon lit, je me sens extrêmement mal, je me sens angoissée, j'ai des palpitations. J'ai vraiment le sentiment qu'un danger immédiat va survenir. J'étais en état d'alerte physique, donc impossible de lâcher prise et de dormir. À ce moment-là, je commence à avoir des pensées, on peut dire, noires. Je commence à me dire, mais c'est ça ma vie ? Est-ce que c'est normal de se sentir comme ça par rapport au travail ? Je commence à culpabiliser énormément, à me dire que forcément, j'étais faible. C'était quand même ma première année dans cette entreprise-là. Ce n'est pas possible pour moi de ressentir ça. Et je n'arrivais pas à mettre de mots sur ce que je ressentais. Pour moi, c'était un mystère. Pourquoi j'agissais comme ça ? Surtout que j'avais cette image de moi comme étant la fille forte qui arrivait à abattre des quantités de travail phénoménales. que ce soit en prépa ou en école ou même au travail. Voilà, c'est-à-dire que ce n'était pas les sujets ou la quantité de travail qui m'angoissaient. C'était tout ce qu'il y avait autour. Donc, impossible de dormir ce week-end-là. Donc, ce samedi-là, je me réveille dimanche. Vous savez, quand on ne dort pas très bien, on n'est pas bien. Je suis constamment, mais vraiment angoissée. C'est-à-dire que je passe la journée à faire les 100 pas, mais comme si, comme j'ai dit, un danger inhumain. imminent allait s'abattre, comme si une catastrophe allait s'abattre à tout moment, vraiment sur le qui-vive, sur mes gardes, alors que j'étais clairement chez moi, tranquille un dimanche et que j'allais reprendre le travail lundi. Ah oui, et je ne mangeais rien. J'étais incapable d'avaler quoi que ce soit à cause de ma boule au ventre. Je ne sais pas comment j'ai survécu physiquement à cette période-là. Donc, on est dimanche, soir, je vais d'un air parce que je travaille le lendemain. Tout ça, pour moi. je continue de me dire que de l'un de l'autre, je vais aller travailler. Je me tourne et je me retourne dans le lit, évidemment. Impossible de trouver le sommeil. Impossible de dormir, comme je l'ai dit. Impossible de retrouver la paix, finalement. Donc, je ne sais pas comment, au milieu de toutes ces angoisses, moi seule dans mon lit en train de me retourner, etc. D'un coup, j'ai comme une espèce d'épiphanie, je me dis, mais en fait, je suis en burn-out. Je mets ces mots-là, c'est moi qui les mets, pour la première fois, et ça a été un soulagement de me dire ça. Ça a été un soulagement parce que j'arrivais enfin à me dire, ok, il y a un truc qui cloche et à mettre un mot dessus. Il était, je crois, vraiment 2h du matin, c'est-à-dire que je me retournais dans mon lit depuis 22h. Et à 1h, 2h du matin, j'ai cette réalisation-là que je ne saurais pas expliquer sincèrement. Je pense que c'est à force de réfléchir, de tourner le problème dans tous les sens, de vivre ce mal-être-là que je me dis « mais en fait, attends, c'est pas normal, ça c'est un burn-out » . J'envoie un message à mon manager pour lui dire que je ne peux pas aller travailler le lendemain. J'allais tellement mal. Ça faisait deux, trois jours que je n'avais pas fermé le lieu de la nuit. Je ne pouvais pas aller travailler. J'envoie ce message-là à mon manager et je prends rendez-vous chez le médecin. Je prends rendez-vous et là, je dors, je crois, trois, quatre heures cette nuit-là. Je me réveille, j'attends le rendez-vous avec impatience. Je suis mis au fond du couvre. Je me sens tellement coupable. Je me dis, mais j'aurais dû aller travailler. Mais qu'est-ce qui me prend ? Je ne peux pas. Ne pas aller travailler, c'est la rentrée, je devais commencer une mission chez un nouveau client, je ne pouvais pas me permettre. Vraiment, je me sens comme une merde toute la journée. Arrive enfin le rendez-vous chez le médecin, je vais voir le médecin. C'était mon médecin traitant qui me suivait depuis déjà un peu quelque temps, donc on me connaissait un petit peu. Il me pose juste une simple question, alors qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Et là, je me mets à pleurer. chez le médecin, mais vraiment toutes les larmes de mon corps. Je pleure toutes les larmes de mon corps et j'essaye de lui expliquer entre mes sanglots tout mon mal-être, toute ma souffrance que j'ai traînée pendant tous ces mois. Mes angoisses, mes palpitations, les vertiges que j'avais, tout ce qui n'allait pas, le fait que je mangeais plus, que je dormais plus, que j'étais fatiguée au bout de... Enfin, que j'étais juste fatiguée, tout simplement, même pas au bout de cinq minutes de marche ou quoi que ce soit. J'étais juste tout le temps fatiguée. La preuve, c'était que pour aller voir mon médecin, j'ai dû prendre un Uber parce qu'impossible de prendre des transports. Parce que pour moi, c'était le parcours du combattant, de sortir, de prendre le métro. Vu que je ne dormais pas et que je ne mangeais pas depuis plusieurs jours. C'était vraiment horrible cette période-là. Je lui raconte tout ça et il me confirme mon autodiagnostic. Donc, c'est effectivement un burn-out. Je lui dis, mais comment c'est possible ? Je ne peux pas faire un burn-out à 25 ans. Il me dit, mais il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. En fait, s'il me dit ça, je crois que je ne le crois pas tout de suite. Parce que je me dis, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Je sais que moi-même, je m'étais dit ça avant, mon médecin me le répète, mais en fait, pour moi, un burn-out, c'est un truc qui t'arrive potentiellement quand t'as 40 ans, quand t'es directeur financier de je sais pas quoi et que t'as trois enfants à charge et que ta vie est éreintante. Ce qui, objectivement, n'était pas mon cas. J'avais pas d'enfants, j'avais pas spécialement plus de responsabilités que ça dans mon entreprise. Comment c'est possible ? Comment c'est possible que ça m'arrive ? Donc il me prescrit un arrêt maladie que je vis vraiment, en fait, plus qu'un soulagement. Pour moi, ce médecin, je le penche encore aujourd'hui, il m'a sauvé la vie. Parce que sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé si j'avais continué à me trimballer ce mal-être-là. Et sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé s'il m'avait dit « Oh, ben ça va, vous pouvez reprendre le travail, cette génération... » Vous devez vous bouger. Enfin, un peu tous les discours qu'on peut entendre. Sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé. Je le pense vraiment, vraiment. Je pense vraiment qu'il m'a sauvé la vie ce jour-là. Une fois que le diagnostic est tombé, donc qu'il a été confirmé par mon généraliste, je pars en arrêt maladie de deux semaines. J'envoie mon arrêt à mon entreprise. J'éteins tout, le téléphone pro, l'ordinateur pro. J'essaye enfin de dormir. J'arrive un petit peu, mais la culpabilité me ronge. Je me dis, c'était la première fois que je posais un arrêt maladie de ma vie. C'est quand même fou. Je me dis, mais c'est pas possible. J'ai fait faux bon à mon client. Je me suis pas présentée. Comment je vais faire ? Et cette période-là, je la vis aussi sous... l'horizon de la fin de l'arrêt maladie, c'est-à-dire que dans deux semaines, je devais retourner en entreprise. En fait, c'était dur parce qu'on ne peut pas clairement et facilement lâcher prise quand on sait que dans deux semaines, on va devoir y retourner. Mais en même temps, il n'y a pas d'autre option. J'étais perdue, je ne savais pas ce que j'allais faire, je ne savais même pas en fait. Moi, j'avais entendu le diagnostic, je l'ai compris, mais je ne comprenais pas encore ce que ça voulait dire concrètement. Donc la seule option, c'était un arrêt maladie. Je me souviens que... J'étais tellement gênée, tellement honteuse, quand mes potes me demandaient, ou alors mes collègues avec qui j'étais proche, avec qui pas forcément, j'ai loué des relations amicales qui sont des gens vraiment très très cool. Quand ils me posaient la question, bah ouais je suis en arrêt maladie, mais j'avais limite envie de mentir, j'avais limite envie de leur dire non non mais j'ai un problème de santé physique, rien à voir, etc. Parce que... utiliser le B-word, le burn-out. Le mot était trop fort. C'est un tabou. C'était comme s'il y avait écrit « fragile » sur mon front, en fait. Et ça ne pouvait pas être moi. Je n'étais pas cette personne. J'étais une personne qui a toujours bien fait, qui arrivait à encaisser, qui pouvait travailler pendant de longues heures. Non, non, non. Moi, je refuse cette étiquette-là. Forcément, je m'isole. J'envoie mon arrêt maladie. Je dis à mes potes Non, non, mais je suis malade, je ne suis pas trop en état de parler, on se parle plus tard. Et même à ma famille, je n'ose pas leur dire. Parce que vis-à-vis de ma famille, encore une fois, je suis un peu l'enfant prodige. J'ai fait des superbes études sans problème, j'ai trouvé un travail sans problème. Tout se passe super bien, je gagnais quand même plutôt bien ma vie par rapport à mon âge. Qu'est-ce que j'allais leur dire ? Et surtout, mes parents ne savaient pas ce qu'était un burn-out. Pour eux, c'est un peu un concept mystérieux, inconnu, on ne sait pas trop ce qu'il y a derrière. Et honnêtement, même pour moi, je ne savais pas trop ce qu'il y avait derrière. Donc, comment je pouvais m'attendre à ce qu'ils comprennent ? J'étais tentée de ne pas leur dire, j'étais tentée de cacher, voire de mentir. Mais ce n'est pas cette relation-là que j'avais avec ma famille. On est quand même plutôt proches, donc j'ai décidé de leur dire la vérité. Ils avaient bien vu que pendant les vacances, ça n'allait pas du tout. Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas dans mon assiette. Donc, ce n'était pas tant une surprise que ça pour eux. Et surtout, ils disaient, tu n'es pas bien, tu n'es pas bien. Ta santé, c'est la priorité, on verra après. Ils étaient quand même... J'ai quand même été agréablement surprise par leur réaction parce que je m'attendais vraiment à plus de, en guillemets, fermeté, un peu comme quand t'es petit et que t'as pas envie d'aller en cours et que tu fais genre t'es malade et que tes parents te disent bon là, allez, ça suffit des conneries, tu vas en cours. Je m'attendais vraiment à cette réaction-là et je trouve que ça en dit long parce que, quelque part pour moi, j'avais encore un peu ce rapport à mes parents d'enfants à parents alors que... J'avais quand même 25 ans, j'avais mon appart, j'avais mon travail, j'étais quand même une adulte. Donc voilà, ça en dit long. J'ai commencé à avoir une psy à ce moment-là. Justement, on a pu en discuter en long, en large et en travers. Et donc ma psy, j'ai commencé à la voir une fois par semaine. Parce que j'avais besoin de comprendre. qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui a pu arriver ? Comment j'ai pu en arriver là ? Comment j'ai fait pour craquer ? Et surtout à mon âge. Pour moi, je pensais dur comme fer que c'était une anomalie, que ce n'était pas possible. Ce n'est pas possible de faire un burn-out à 25 ans pour moi. Donc mes deux semaines d'arrêt maladie, en fait, clairement, deux semaines, ce n'est pas suffisant pour sortir d'une situation comme ça. Ça, c'est évident. Ça permet néanmoins de prendre un temps pour réfléchir à tout ce qui s'est passé. En fait, honnêtement, même pas de réfléchir à ce qui s'est passé, juste recommencer à dormir, manger et penser à autre chose que sa situation. La priorité pour moi, c'était vraiment ça. J'étais dans une souffrance, mais abyssale, vraiment. Une souffrance comme je n'ai jamais souffert de ma vie. Rien, rien, rien n'allait. Je passais ma journée à pleurer. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'ai compris ensuite que c'était une dépression et le burn-out et dépression. J'ai compris du coup après que ça allait de pair, malheureusement. En fait, on ne sait pas trop ce qui, en tout cas selon les médecins, on ne sait pas trop ce qui génère quoi. C'est-à-dire qui précède quoi. Est-ce que c'est le burn-out ou est-ce que c'est la dépression ? Mais en tout cas, voilà, j'étais dans un état vraiment horrible. J'ai eu pas mal de soutien. de la part d'une amie proche et de mon copain qui habitait quasiment avec moi sur cette période-là parce que je ne supportais pas d'être seule. J'avais enfin quelqu'un qui pouvait me faire à manger, qui quand même faisait attention à est-ce que je mange bien, est-ce que je dors bien, enfin juste qui prenait soin de moi finalement parce que clairement, je n'étais pas en état de le faire. Ça rendait aussi les moments plus fun, comme le fait de manger. Par exemple, manger à deux, ce n'est pas comme manger seul. C'est une motivation supplémentaire, on va dire. Parce que clairement, j'étais revenue à un état limite d'enfant, où j'avais besoin d'une motivation, d'une récompense pour manger, pour dormir, etc. Je passais ma journée à regarder des séries pour penser à autre chose, parce que je ne pouvais pas rester deux minutes. toute seule dans ma tête, quoi. Parce que dès que j'étais toute seule, sans distraction, belles pensées très, très, très négatives revenaient tout de suite. Et c'est dire, parce que je trouve que honnêtement, j'ai pas vécu grand-chose dans ma vie, mais de mon expérience, ne pas pouvoir être seule avec soi, c'est le pire sentiment. C'est le pire sentiment parce qu'on est tout le temps, en fait, avec soi. C'est-à-dire que rechercher la compagnie constante des autres et ne pas... supporter être seule avec soi, c'est vraiment horrible et c'est le signe que ça va vraiment, vraiment pas. À part les gens proches, je n'ai pas osé en parler un peu à mon deuxième cercle, on va dire au cercle le plus élargi. Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas expliquer la situation. Même ma famille, en fait, quand ils ont vu que la situation durait, parce que du coup, après mon deuxième...

  • Speaker #0

    Après les deux semaines, je suis retournée voir mon médecin pour lui dire que ça ne va pas du tout. Enfin, ça ne va toujours pas. Donc, il m'a remis deux semaines. Et la situation a continué comme ça jusqu'en décembre. En sachant qu'en novembre, début novembre, j'ai décidé d'arrêter de voir mon médecin traitant, donc un généraliste, pour aller voir un psychiatre qui, lui, était forcément beaucoup plus, j'ai envie de dire compétent sur ce genre de sujet, qui connaît plutôt bien. Et donc, à ce moment-là, j'ai pu avoir des arrêts maladie plus prolongés. Donc, au global, je suis restée en arrêt de début septembre à un peu avant Noël, fin décembre, on va dire. À ce moment-là, comme je disais, comme ma famille voyait que ça durait assez longtemps et que la situation ne s'améliorait pas spécialement, j'ai commencé à avoir des questions du style, mais qu'est-ce qui a généré ça exactement ? Mais comment ta situation ? C'est quoi exactement ? Comment tu te projettes ? Comment t'as fait pour en arriver là ? En fait, c'est des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Je n'ai pas de réponse à ces questions. Moi-même, je ne sais pas. Moi-même, je vais voir ma psy toutes les semaines pour essayer d'avoir une réponse. Donc, très vite, j'ai commencé à éviter les coups de fil de ma famille. Malheureusement, alors qu'on a toujours été proches. En fait, je ne voulais pas qu'on me pose des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Et à un moment, j'étais fatiguée de tout ça. J'avais plus envie d'être... être dans le divertissement, dans la distraction, parce que j'avais envie d'essayer de retrouver une vie à peu près normale où je n'avais pas besoin de motivation ou quoi que ce soit pour juste manger ou dormir. J'avais envie de, au moins que j'arrive à prendre soin de moi seule et que je puisse au moins répondre à mes besoins physiologiques seule, en gros. Donc, à la fin décembre, dès que physiquement, j'ai pu récupérer un petit peu, vu que j'ai recommencé à avoir petit à petit une alimentation saine, j'ai pu déjà m'alimenter, dormir à des horaires réguliers, j'ai repris le yoga à ce moment-là, ça m'a fait énormément de bien. Je me suis dit, OK, ça va mieux, il faut que je retrouve le travail. Parce que pendant cette période-là, moi, j'étais dans un mindset de, il faut que je sauve les meubles de ma carrière. Parce que pour moi, à ce moment-là... J'avais l'impression que tu revenais pas d'une situation comme ça, c'est-à-dire que je pouvais pas avoir la même carrière qu'avant dans cette entreprise-là, ce qui est évidemment complètement faux, parce que la vie n'est pas linéaire, on a des arrêts, on a des moments où on a de l'énergie à revendre et des moments où c'est pas trop le moment parce qu'on a des problèmes perso, etc. Mais moi, c'est un peu bête, mais moi je savais pas du tout ça. Pour moi, ta vie pro, c'est ta vie pro. Tu te donnes à 100% tous les jours. Et après, ta vie perso, c'est ta vie perso. Tu gères ta vie de ton côté. C'était particulièrement toxique comme mindset. Et c'est sûr que mon mindset, à cette époque-là, n'est pas étranger à ce qui m'est arrivé. Petit à petit, j'essayais de dédramatiser la situation. de ne plus avoir honte, parce que clairement, c'était la honte et la culpabilité qui prédominaient à ce moment-là. Je ne connaissais personne. Je ne connaissais personne qui avait déjà vécu ça, vu que je ne connaissais principalement que des gens de mon âge. Personne n'avait vécu ça, j'étais un peu la première. Et donc, comme je l'ai dit, j'avais l'impression qu'il y avait écrit « fragile » sur mon front, et qu'on prenait des pincettes avec moi, et surtout que je n'avais pas... pas d'explication à donner, je ne sais pas pourquoi, mais j'étais obsédée par le fait que je devais donner une explication. Je ne pouvais pas dire aux gens « Ouais, j'ai fait un burn-out. » « Ok, t'as fait un burn-out, mais pourquoi ? » Et à ce moment-là, je ne savais pas. J'avais des pistes de réflexion, mais je ne savais pas clairement ce qui a mené à cette situation-là. Là, ça fait deux ans, avec du recul, honnêtement, je me rends compte que il n'y a pas de réponse. Il n'y a pas de réponse parce que c'est multifactoriel. Parce qu'il y a plusieurs petites choses qui ont fait que, et que la responsabilité est partagée entre moi et mon entreprise, en tout cas pas mon entreprise à propos d'en parler, mais les conditions de travail. Enfin, sincèrement, c'était un cocktail de plein de choses. Mais aussi, je me suis rendue compte que, malheureusement, j'ai été ma propre ennemie à ce moment-là. Je voulais me protéger à tout prix. Je pensais que je me protégeais, mais je ne le faisais pas. Je pensais qu'en me donnant à 100%, en me disant jamais non, j'étais en train de me préparer pour une carrière de fou furieux, mais en fait je ne me rendais pas du tout service, j'étais en train de creuser ma tombe. Et c'est horrible de se rendre compte qu'on est responsable de... je ne vais pas dire échec, parce qu'avec du recul ce n'est pas un échec en soi, au contraire ça m'a redirigée vers d'autres choses. Mais en tout cas que j'ai été responsable de mon malheur sur cette situation-là. Alors je n'étais pas la seule responsable, mais... si j'avais le recul que j'avais maintenant, évidemment, je ne serais pas tombée dans cette situation-là. Donc, le temps est passé. J'ai repris le travail autour de début janvier. J'ai repris le travail, c'était super angoissant. En fait, je n'ai même pas pensé à ne pas reprendre. C'est-à-dire que pour moi, c'était évident que j'allais revenir. J'ai repris le travail. C'était très, très dur. En fait, j'appréhendais énormément de revoir les mêmes personnes. C'était sûr qu'on allait me poser des questions, et on m'a posé des questions. Alors, qu'est-ce qui t'est arrivé, etc. J'avais quand même réussi à préparer des réponses un peu toutes prêtes. Oui, non mais ça n'allait pas, j'étais malade, etc. Je n'étais pas obligée de donner les détails de ma situation à mes collègues. Et voilà, en discutant avec mon management, on a décidé que j'allais reprendre, mais dans des conditions autres, des conditions un petit peu plus aménagées. que j'allais pouvoir faire plus de choses qui me tentaient, qui me faisaient du bien au travail, etc. Et je ne sais pas si ça a marché. Honnêtement, c'est mitigé parce que je voulais que ça marche. C'est-à-dire que je me gaslightais un peu en me disant « Ah, tu vois, là c'est super, ça se passe bien. Tu fais tes horaires, tu ne restes pas particulièrement tard et ça va, etc. » Je continuais d'ignorer les signaux que m'envoyait mon corps. C'est-à-dire que quand j'ai repris, j'avais toujours du mal à m'endormir quand je travaillais le lendemain. Mais vraiment, c'est pas juste « j'ai un peu de mal à m'endormir, bon, je mets une demi-heure au lieu de dix minutes » . Là, c'était vraiment... En fait, j'ai découvert qu'on pouvait dormir, enfin pas vraiment dormir, juste être dans un état de semi-conscience toute la nuit. Vraiment toute la nuit. de ne pas réussir à plonger dans un sommeil profond. Je ne connaissais pas du tout cet état-là. Et c'est comme ça que j'ai vécu pendant à peu près six mois. Pendant six mois, je n'avais pas de sommeil profond. J'étais dans cet état de semi-conscience bizarre, donc un état absolument pas reposant. Et je m'aidais vraiment de compléments alimentaires, de mélatonine, de magnésium, etc. pour essayer de joindre les deux bouts, pour essayer de faire comme si vraiment c'était juste... Je faisais semblant que ça allait bien au travail et que vous avez vu, oui, certes, j'étais en arrêt pendant trois mois, mais là, je suis là, je suis d'attaque, on y va, vous pouvez me refaire confiance comme avant, etc. Alors que ça me coûtait énormément. Je refaisais les mêmes erreurs. Je faisais semblant en entreprise, alors que le soir chez moi, je ne dormais pas. Je faisais beaucoup, beaucoup de crises d'angoisse. J'étais toute angoissée, c'est sûr que j'étais au bureau, je faisais mon travail et d'un coup, palpitations, je regarde autour de moi comme s'il y a encore une fois un danger imminent à aller s'abattre et je me disais ça va passer, ça va passer, ça va passer. Grosse, grosse, grosse erreur parce que ça ne passe pas. Parce que tout simplement ça ne peut pas passer quand tu te mens à toi-même et que tu fais semblant que tout va bien. Ça ne peut pas passer quand il y a un mal-être interne. qui est aussi ancrée que ça. Je continue de faire semblant de janvier à octobre. C'est quand même long. J'ai quand même tenu dix mois, vraiment en me faisant croire à tout le monde que ça y est, c'était reparti de plus belle. À partir de là, c'est une deuxième étape qui s'ouvre. Pour moi, là, c'est vraiment le chapitre 2 qui commence, parce que... en fait j'ai tenté j'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai puisé vraiment dans mes dernières ressources j'étais vraiment dans mes derniers retranchements et clairement non, 10 mois après j'ai tenu et non et non ça ne marche pas ça ne fonctionne pas, c'est pas fait pour moi et là se pose la question c'est pas fait pour moi mais tu vas faire quoi ? et donc commence un tourbillon de questionnements. qui clairement me déprime dans le sens vraiment primaire de je suis en dépression, diagnostiquée par mon psychiatre. Il me met sous antidépresseur, chose que j'avais refusée pour le premier arrêt, parce que ça me faisait un petit peu peur. Tous ces sujets, enfin, ouais, un peu tout cet univers-là, c'est con parce que quand on est clairement ignorant sur ce genre de sujet, on peut vite avoir peur. Moi, dans ma tête, antidépresseur, je pars en hôpital psychiatrique. Et peut-être que j'en avais besoin, j'en sais rien. Je ne pense pas parce que mon handicap ne m'en a pas parlé. Mais ça me faisait peur, je n'avais pas envie d'en arriver là. Au bout du deuxième arrêt, j'ai envie de dire Burnout chapitre 2, je me suis dit non, franchement là, je ne peux pas revivre ce que j'ai vécu l'année dernière. J'utilise vraiment tous les leviers à ma disposition pour aller mieux. Donc antidépresseur, anxiolytique, quand j'en ai besoin, quand je sens vraiment que l'angoisse est grande. Et je sentais que mon corps était épuisé. Il était épuisé parce que je lui infligeais, involontairement bien sûr. Les crises d'angoisse, les palpitations, le fait d'être sur ses gardes H24, c'est un poids pour ton corps qui n'est pas détendu, qui vit sous stress permanent. Et je me dis non, franchement non, est-ce que c'est ça la vie que j'ai envie d'avoir ? Surtout à mon âge, j'avais presque 26 ans à l'époque, un an après. Non, honnêtement... J'en avais marre, ça avait assez duré. Mais d'un autre côté, je ne savais pas comment aller mieux durablement. Donc, sur cette période-là, antidépresseur et dépression. Vraiment, la dépression, comme on voit dans les films, de « je ne peux pas sortir de mon lit » et encore une fois, j'arrête de me nourrir. Mais on mange dormant, c'est déjà ça. Donc, commence une période noire, mais un petit peu moins noire que la première, parce que j'ai envie de dire, bon, c'est du vu et revu. Je sais ce que c'est, j'ai un peu d'expérience. Et là, mon arrêt maladie a duré très très très longtemps. Il a duré presque un an que je suis en arrêt maladie, enfin que j'étais en arrêt maladie. Et sur cette période-là, j'ai vécu plein de choses parce que je me suis dit, je ne vais pas retourner en entreprise comme je pensais avant, le plus vite possible pour sauver les meubles de ma carrière, hors de question. Je sais que je ne resterai plus dans cette entreprise-là parce que j'ai... Je leur ai donné une deuxième chance et que ça n'a pas marché. Et quand je dis ça, je ne considère pas vraiment que c'est la faute de l'entreprise, mais c'est juste qu'il y a une incompatibilité maintenant entre cette entreprise et moi. Et aussi, on ne peut pas guérir dans l'environnement qui nous a rendu malades. Il fallait que je me rende à l'évidence et que je n'allais pas retourner là-bas. Mais maintenant, qu'est-ce que je fais ? Et le truc, c'est qu'on ne peut pas penser sérieusement à ce qu'on veut faire quand on vit une situation de mal-être comme ça. Donc... Première des choses dans l'ordre du jour, aller mieux. Et aller mieux, allez ! Je veux dire, bon courage, il n'y a pas de recette pour aller mieux du jour au lendemain. Donc ça a pris des mois et des mois, ne serait-ce que pour recommencer à sortir de chez moi. J'ai décidé cette fois-ci que j'allais parler de ça honnêtement à mes potes et leur dire, écoutez, c'est la situation, je ne suis pas bien, fuck ! Oh oh ! Voilà, la situation est ce qu'elle est, je ne suis pas bien, je ne m'en excuserai pas. Et ça, c'est vraiment la principale évolution par rapport à la première fois. Donc ça a duré longtemps. La libération de la parole m'a aidée aussi. Enfin, la libération de ma parole m'a aidée. Le fait d'en parler librement autour de moi, d'assumer, c'est comme ça. Un petit peu de sport, une alimentation équilibrée. Je sais que ça fait très cliché, mais ça aide vraiment. J'ai essayé de me reconnecter à des choses que j'aimais faire enfant. Ça, c'est la psychothérapie qui m'a vachement aidée. C'est ma psy qui me donnait beaucoup de conseils, qui me dit justement ce que je viens de dire. Essayer de te reconnecter à des choses qui te plaisaient quand tu étais plus petite, etc. J'ai recommencé à lire. Ça faisait vraiment des années que je n'avais pas lu, alors que j'ai passé littéralement toute mon enfance et adolescence à dévorer des livres. Depuis la prépa, j'étais incapable de prendre un livre et de lire pour le plaisir. Je me suis reconnectée à cette passion-là. J'ai commencé à aller au cinéma très régulièrement, ça m'a fait du bien. L'art me faisait du bien, que ce soit par la littérature ou par le cinéma, ou par les expos, les musées. Enfin, tout cet univers-là me faisait énormément de bien. Et j'ai appris à lâcher prise. Et je n'ai pas malheureusement de recettes magiques. vous communiquer pour vous dire, faites ça et ça ira mieux en une semaine. Parce que moi, ça m'a pris des mois et des mois. Mais pour lâcher prise, en fait, j'ai juste commencé à me répéter des mantras du style tu ne contrôles pas ça, donc c'est ça, viens t'inquiéter. Ça peut paraître extrêmement bateau, mais ça, ça m'a vachement aidée. J'ai travaillé sur le fait d'accepter de ne plus avoir le contrôle, de me dire que peut-être que ma carrière dans cette boîte-là, elle est foutue, mais ça ne veut pas dire que ma carrière dans l'absolu était foutue, surtout que j'avais 26 ans à l'époque. Voilà, il me restait 40 ans à travailler. Je pense que je vais me débrouiller. Et surtout, cette idée de me dire, je dois encore travailler pendant 40 ans. En fait, déjà, il me faisait peur au début parce que je sentais que j'étais physiquement inapte au travail. Donc, je me suis dit, oh là là, comment je vais faire pour travailler pendant 40 ans ? Mais surtout, ça m'a fait prendre conscience que je ne peux pas passer 40 ans à faire un travail que je n'aime pas et qui me met dans cet état-là. Donc, prochaine étape, il faut que je trouve un travail qui me plaise. Et là, bon, c'était un autre... sujet parce que c'est compliqué. C'est-à-dire que jusqu'à présent, je ne sais pas si j'ai trouvé. J'ai des pistes. J'ai beaucoup réfléchi. J'ai envie de tenter quelque chose, mais je ne sais pas si ça va marcher et ce n'est pas grave. Et ça, c'est vraiment une différence majeure avec la personne que j'étais avant. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'accepte l'aléatoire dans ma vie. J'accepte le fait de ne pas tout contrôler. Le fait de ne pas avoir un... un plan prédéfini, parce que c'est aussi ça la vie. Et avant, j'avais un plan prédéfini et regardez où est-ce que ça m'a menée. Donc voilà, c'est un petit peu tout ça. Aujourd'hui, je ne pense plus être en burn-out, même si de temps en temps, je peux avoir des pensées qui sont pas très bonnes, pas ouf, etc. Mais globalement, ça va beaucoup, beaucoup mieux. J'ai de nouvelles ambitions parce que tout ça m'a appris qu'en fait, on est beaucoup à être dans cette situation. Peu importe l'âge, que ce soit à 40 ans ou à 25 ans, un burn-out, ça reste un burn-out. Ça a des effets dévastateurs sur les individus. On le vit tous différemment. Et donc, de là est née une ambition, celle de devenir coach spécialisé en souffrance au travail. en burn-out et plus globalement coach carrière. Donc là, le projet, c'est de passer une certification de coaching. Et en attendant, j'ai lancé mon compte sur les réseaux qui s'appelle Reset du chaos. J'ai créé ce compte-là pour partager mon expérience parce que, comme j'ai pu le dire plus tôt, je me suis rendue compte qu'on était... Beaucoup dans ces situations, des gens que je connaissais personnellement, mais pas que. Ça m'a beaucoup aidée dans mon processus de guérison parce que partager son expérience a un effet thérapeutique, tout simplement. Le fait d'être lu, d'avoir un sentiment, de l'écrire et de le partager, c'est comme si on le sortait physiquement de sa tête et qu'on le balançait comme ça sur les réseaux. C'est très récent, mon compte est très très très jeune. Mais j'ai quand même eu la chance d'avoir rencontré beaucoup de personnes de cette manière-là, des gens qui vivent exactement ce que je vis ou ce que j'ai vécu avant, qui sont à des étapes plus ou moins avancées du burn-out. Et j'avais aussi envie de faire de la prévention, en fait, parce que j'étais tellement ignorante sur ce sujet-là. Et si je ne l'étais pas, ça m'aurait vraiment fait économiser beaucoup de temps. et beaucoup de souffrance, clairement. Globalement, j'ai des retours vraiment positifs par rapport à mon contenu, c'est-à-dire que après, quand on est un petit créateur sur les réseaux, c'est pas facile de toucher un maximum de monde, mais en tout cas, ma petite communauté à son échelle, en tout cas, elle m'a l'air ravie des conseils que je peux transmettre. J'ai rencontré des gens comme ça avec qui je discute. On s'échange nos conseils et à terme, bien sûr, j'aimerais quitter ce compte-là pour parler de mon activité de coaching après ma certification, bien sûr. Et concernant cette activité de coaching, en fait, je voulais préciser qu'avant d'en arriver là, je suis passée par un milliard d'idées. Tous les quatre matins, j'allais voir mes proches pour leur dire si j'ai une super nouvelle idée, c'est sûr, c'est ça ce que je fais, j'ai envie de faire ça de ma vie, etc. Et en fait, non, et je change d'idée, etc. Là, c'est l'idée qui me motive le plus, qui me passionne, qui me donne envie de me réveiller le matin, sincèrement. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. Cette idée d'être passionné par ce qu'on fait dans la vie. Et je le vis vraiment comme une épiphanie de me dire « Ah putain, on peut aimer ce qu'on fait dans la vie ! » Et ça peut nous faire vibrer au point d'être content de se réveiller le matin et se dire « Ok, super, aujourd'hui je vais créer du contenu, je vais voir ce que je peux faire pour faire grossir mon compte, je vais chercher des partenariats, etc. Je vais continuer mes modules de certification, etc. » Et ça me fait un bien fou, vraiment. Parce que je pensais que j'étais condamnée à une vie de bureau où je dois subir un emploi du temps qui ne me convient pas et faire des tâches qui ne me plaisent pas plus que ça. Et en plus, subir la pression du management, un peu de toute la rigidité du monde de l'entreprise. Et attention, je ne dis pas que c'est forcément négatif intrinsèquement. Ça peut être super cool pour d'autres personnes. Les gens peuvent... effectivement, y voir beaucoup d'avantages. Et y en a, comme la sécurité de l'emploi, etc. Mais en tout cas, pour moi, aujourd'hui, après tout ce que j'ai vécu, j'ai envie de vivre plus... Enfin, j'ai envie de prendre des risques, en fait. Et je me dis, si je les prends pas maintenant, à bientôt 27 ans, quand est-ce que je les prendrais ? Aujourd'hui, si je peux partager un message, c'est vraiment de dire qu'il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. Y a des gens qui sont en études qui font des burn-outs. C'est... C'est vraiment complètement décorrélé et indépendant de l'âge. Il y a plusieurs moyens de savoir si on est en train de faire un burn-out, si on se sent complètement épuisé, qu'on n'arrive pas à récupérer son énergie, qu'on commence à avoir des maux physiques un petit peu mystérieux, on ne sait pas trop d'où ça vient, on va chez le médecin, il nous dit que tout va bien, alors qu'on sent que ça ne va pas du tout. Si on commence un petit peu à s'isoler son entourage, à s'éloigner petit à petit, à plus trop répondre aux messages, si on se sent constamment de mauvaise humeur, il y a énormément de signes comme ça qu'il faut connaître. Vous pouvez d'ailleurs jeter un petit coup d'œil à mon compte qui les reprend assez bien, je pense. La vie est beaucoup trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Ça, c'est vraiment la... La principale réalisation, non seulement qui ne nous plaît pas, mais aussi qui clairement nous détruit. En tout cas, moi, c'était clairement mon cas. C'était un travail qui me détruisait physiquement et mentalement. Et encore une fois, c'est de la faute de personne, mais c'était une incompatibilité en fait. Je me sentais emprisonnée, je sentais que je n'avais pas d'autre option que celle-là. Parce que... Toute ma vie, on m'a préparée vers ce genre de poste, vers ce type de vie. Et aujourd'hui, je refuse. Je refuse clairement parce que j'ai envie de faire ce qui me plaît. Et comme j'ai dit, la vie est trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Surtout qu'on passe, encore une fois, il me reste 40 ans de travail. On passe toute la journée au boulot. Donc c'est vraiment trop, trop dommage de se résigner. Si une auditrice qui... peut-être vient de recevoir son diagnostic, tombe sur mon épisode. J'ai envie de lui dire que déjà, il n'est pas seul. On est des milliers et des milliers à avoir vécu ça. Quand on est en plein dedans, on a l'impression qu'on ne va jamais s'en sortir, que ça y est, c'est notre vie, notre vie est foutue, c'est comme ça, bien fait pour nous. Mais en fait, pas du tout, pas du tout. C'est vraiment ce que je ressentais pendant ces deux dernières années. J'étais persuadée que... clairement, que je n'allais plus jamais reconnaître le bonheur de ma vie. Mais notre cerveau nous fait croire ça quand on est dans cet état et que ce n'est absolument pas le cas et qu'une vie merveilleuse t'attend après cette épreuve. Et un jour, peut-être, sûrement, tu verras cette épreuve comme un cadeau.

Description

À 25 ans, Imane pensait avoir « tout fait comme il fallait » : études brillantes, CDI prestigieux, carrière prometteuse.
Jusqu’au jour où son corps a lâché.
Elle ne dormait plus, ne mangeait plus, et pleurait sans comprendre ce qui lui arrivait. Le diagnostic est tombé : burn out.

Dans cet épisode, Imane revient sur ces mois d’épuisement extrême, la difficulté de poser des limites dans le monde de l’entreprise, la honte, la culpabilité… mais aussi sur son lent retour à la vie, la découverte de ses véritables envies et son envie d’aider aujourd’hui celles et ceux qui traversent la même épreuve.

🔹 Un épisode sincère, intime et porteur d’espoir
🔹 Pour rappeler qu’il n’y a pas d’âge pour faire un burn out et qu’on peut s’en relever


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Stéphanie Jary


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Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose de plonger au cœur du burn-out, à travers le témoignage d'Imane. A seulement 25 ans, elle a vu son corps et son esprit dire stop. alors qu'elle pensait simplement manquer de sommeil. Dans cet épisode, elle raconte sans filtre la spirale invisible de l'épuisement, de la culpabilité, l'isolement, mais aussi le long chemin vers la reconstruction. Une histoire sincère, puissante et pleine d'espoir, qui rappelle qu'un burn-out peut frapper à tout âge, et qu'on peut s'en relever. Vous êtes sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Excellente écoute.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Imane et j'ai fait un burn-out à 25 ans. Je ne m'y attendais pas, au début je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Il faut savoir que j'ai toujours été une personne qui faisait ce qu'on attendait de moi. C'est-à-dire que j'ai toujours été une bonne élève, j'étais première de la classe au lycée, j'ai fait une prépa parce que les gens qui sont premiers de la classe font une prépa. J'ai passé mes concours, j'ai eu la deuxième meilleure école de commerce de France. J'ai commencé les cours, je suis rentrée dans un moule finalement où Quand on est en école de commerce et qu'on a l'avantage d'être dans une école aussi bien classée, on fait du conseil. Et peut-être moi, à aucun moment, je me suis posé la question de qu'est-ce que j'ai envie de faire dans la vie. Je faisais ce qui était attendu de moi, je faisais ce que les personnes comme moi faisaient. À l'époque, il y avait des choses qui m'intéressaient, j'aimais bien tout ce qui était marketing, luxe, etc. Et en rentrant dans cette école-là, c'était plus... La finance, conseil, ce genre de choses. Et moi, je n'avais pas la force de caractère pour imposer ce que j'avais envie de faire et surtout me poser la question de ce que j'avais envie de faire. En fait, pour moi, c'est marrant, mais ce n'était même pas une option. J'ai fini mes études, j'ai tout fait comme il fallait. Commencer un CDI dans un cabinet de conseil, vraiment le cliché du cabinet dans une tour à la défense. Quand j'ai commencé, j'ai commencé avec... beaucoup de passion, d'ambition. J'étais habituée à être un peu syndrome de la bonne élève, c'est-à-dire que j'étais habituée à toujours être première. Et donc, en arrivant, je voulais prouver que vous avez bien fait de me recruter, vous allez voir, je suis super, etc. Et surtout, j'étais incapable de dire non. En fait, c'est marrant, on parle rarement de ce sujet-là, du passage de l'école au monde du travail. Parce qu'à l'école, on a des profs qui nous donnent des devoirs et quelque part, ils savent notre charge de travail. Ils savent ce qu'on est capable ou en tout cas ce qu'on devrait encaisser comme charge de travail. Alors que dans le monde de l'entreprise, ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe. Les gens veulent se décharger, donc ils proposent, enfin ils demandent, avec un ton un peu qui te fait comprendre que tu n'as pas trop le choix. Et en fait, c'est à ce moment-là où la force de caractère personnel de chacun... devraient rentrer en jeu et devraient dire « Ah non, non, non, mais moi, ça me va pas du tout, etc. » Donc moi, j'étais incapable de faire ça et je restais travaillée très, très tard, parfois sans pause-déj. Mais parce que moi, je me suis jamais dit « Non, il faut que j'impose mes limites. » Je m'étais jamais dit ça. Surtout que les gens, enfin en tout cas mes supérieurs, en apparence, en tout cas sur la forme, demandaient assez gentiment Et en tout cas, je ne sentais pas que j'étais en position de dire non. Donc, ça a fait que rapidement, j'étais surmenée et je ne le savais pas. Parce que pour moi, c'était de ma faute. C'est-à-dire que j'avais encore cette vision du prof et donc dans ce cas-là du manager qui connaît ta charge de travail et qui donc ne peut pas te demander quelque chose que tu n'es pas capable de faire. Donc, si je n'arrive pas à le faire, c'est juste que je n'en suis pas capable. Et donc, c'est un problème personnel et pas le problème de mon... de mon management, et donc c'était de ma faute. Et c'est là où il y a un cercle vicieux qui commence, c'est-à-dire que je ne dis pas non, donc je suis rapidement surmenée, mais je ne peux pas en parler parce que c'est ça le monde de l'entreprise, et donc c'est à moi de m'améliorer. Ce qui est complètement faux, soit dit en passant. Donc voilà, six mois se passent comme ça, sous une pression intense. où vraiment, au moment de dormir, je rêvais du travail. Je me réveillais plusieurs fois dans la nuit en me disant « Ah merde, j'ai oublié de faire ça, j'ai oublié d'envoyer tel ou tel mail, etc. » Les week-ends, j'étais beaucoup trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, pour voir mes potes, pour faire des activités culturelles ou sportives ou quoi que ce soit. Donc je passais mes week-ends à dormir pour pouvoir être en forme en semaine. Et donc, petit à petit, j'ai commencé à refuser des verres avec des copains. J'ai refusé des voyages parce que ce n'était pas le moment de poser des congés. Je m'isolais de plus en plus et je ne m'en rendais même pas compte. Je devenais super irritable. C'est-à-dire que j'avais des réactions complètement démesurées parce que, clairement, ça n'allait pas. Je ne comprenais pas, je ne savais pas que ça n'allait pas. Ça a commencé vraiment de manière très insidieuse. Au début... OK, bon, j'ai fini particulièrement tard, mais ce n'est pas grave parce que mon management m'a dit mais c'est super ce que tu fais. On n'aurait pas pu s'en sortir sans toi, etc. Et je me sentais valorisée. Et donc, c'est vraiment un piège parce que plus on te met dans cette position-là de c'est génial, c'est trop bien ce que tu fais, etc. Plus tu n'as pas envie de décevoir. Et donc, ça renforce ce truc de je ne peux pas dire non. J'ai aimé avoir cette image de la personne qui est capable de tout faire, qui est toujours là. On ne sait pas comment elle fait, mais elle le fait quand même, etc. Et plus le temps passait, plus je devenais en quelque sorte prisonnière de cette image. Petit à petit, je m'isolais, je dormais de moins en moins bien. Et quand je réussissais à dormir, mon sommeil n'était pas du tout réparateur. Donc, j'étais tout le temps épuisée. Ça, c'était vraiment la première mission que j'ai faite au sein de ce cabinet de conseil là, où j'avais vraiment un sujet de charge, c'est-à-dire qu'il y avait énormément de travail. On était clairement sous-staffés et je n'osais rien dire. Ensuite, j'ai été staffée sur une autre mission où il y avait moins un sujet de charge et plus un sujet de management, de micro-management même, je dirais. C'est-à-dire que je sortais d'une mission qui était super... challengeante ou on me donnait un moment de responsabilité à vraiment l'opposé où je ne faisais pas spécialement confiance ne serait-ce que pour envoyer des mails, je devais être relue par mon management, etc. Ça m'a un petit peu fait un choc parce que moi je considérais que j'avais mérité d'avoir des responsabilités c'est-à-dire que j'ai assez donné sur ma première mission là, il faut que je prenne les rênes, etc. C'est surtout parce qu'aussi il y a cette image de responsabilité qui est vu comme un avantage, presque comme une récompense. Et donc ne plus l'avoir, pour moi, ça me crée une autre forme d'angoisse qui est venue s'ajouter à toutes ces somatisations que j'avais avant, qui étaient liées à la charge de travail et qui là, du coup, sont liées à un peu la perte, en tout cas moi, je percevais comme la perte de ce statut un petit peu privilégié que j'avais au sein de l'entreprise. et c'est là où... Ça a été un peu la bascule où en fait tout s'est accéléré très vite. Je pense que mon corps avait tellement encaissé sur la première mission qu'ajouter à ça le stress de la seconde mission où tout ne se passait pas comme je voulais, en fait, ça a clairement explosé. Et c'est marrant parce que c'était en partant en congé qu'en fait... J'ai pu avoir une coupure de mon quotidien. Et quand j'ai repris, après mes congés, je me souviens, c'était les ponts du mois de mai. Après les ponts du mois de mai, en fait, ça n'a plus jamais re-été comme avant. C'est-à-dire que j'étais épuisée tout le temps, tout le temps, tout le temps. Vraiment beaucoup plus qu'avant. Je dormais extrêmement mal. Je commençais à avoir des vertiges, des maux de tête, pour des raisons mystérieuses, c'est-à-dire que je ne savais pas exactement ce que j'avais. Et donc, après les plombs de mer, j'ai fait un peu le tour de tous les médecins. C'est-à-dire que je sentais que physiquement, ça n'allait pas bien. C'est-à-dire que pour moi, j'avais une maladie. J'avais un truc qui coinçait. J'ai fait le tour de tous les médecins et tous me disaient que je n'avais rien. Que, en tout cas, tous les bilans de santé que j'ai pu faire... été positif, tout allait bien. Et ça me rendait folle parce que pour moi, je ne me sens pas bien physiquement, donc forcément, je suis malade, donc je ne peux pas entendre cette réponse-là. Ce n'est pas possible. Pendant que je vivais ça d'un point de vue personnel, d'un point de vue professionnel, la situation continuait à évoluer comme elle était avant. C'est-à-dire que je continuais à me trimballer ce mal-être et cette souffrance au travail et cette blessure de « je n'ai plus les responsabilités et en tout cas la position que j'avais avant » . et ça ne s'arrangeait pas. Et avec du recul, je me rends compte que l'un influençait l'autre. Je ne me sentais pas bien au travail. Clairement, j'étais en situation de souffrance au travail. Et ça alimentait forcément ma souffrance physique, qui elle-même alimentait ma souffrance au travail. Et en fait, ce qui est marrant quand on est managé clairement par des gens qui ne nous font pas confiance, c'est qu'on a l'impression de leur donner raison. dans le sens où, comme on est suivi, qu'on nous fait clairement comprendre qu'on n'est pas à la hauteur parce qu'on a besoin de passer derrière nous, ça devient un peu une espèce de prophétie autoréalisatrice, parce qu'on commence à faire de plus en plus d'erreurs, parce qu'on est mal à l'aise, parce qu'on ne se fait plus confiance, etc. Et donc, on donne raison à ce management-là et, encore une fois, un cercle vicieux. Tout l'été s'est passé comme ça. arrivé le mois d'août, j'étais censée partir en vacances. Et c'était des vacances que j'attendais avec impatience parce que ça allait un peu être un reset pour moi. Ça allait un peu être l'occasion de vraiment couper. Et je pensais sincèrement que c'était ça dont j'avais besoin. J'avais besoin de couper un peu avec mon entreprise, partir, je devais passer ces vacances-là avec mes parents. déconnectée et revenir vraiment en septembre toute pimpante et prête à un peu récupérer ce qui me revient de droit finalement, c'est-à-dire un peu cette position que j'avais dans l'entreprise et surtout un épanouissement professionnel. Donc il faut bien avoir en tête que moi j'avais passé tout cet été-là à voir tous les différents médecins de Paris pour comprendre ce qui n'allait pas et qui bien sûr me disaient toujours tout allait bien. tous mes bilans étaient positifs. Donc je pars en vacances et en fait, je me rends compte que l'effet magique des vacances ne s'est pas produit. C'est-à-dire que la souffrance que j'avais au travail, je la gardais toujours en moi. J'étais toujours dans une situation de mal-être, juste j'étais en vacances sous le soleil avec ma famille. Et j'ai passé toutes ces vacances-là, je me souviens, à dormir. J'étais épuisée. Vraiment, j'ai jamais autant été fatiguée de ma vie. Je me réveillais épuisée déjà. Je me rendormais, je pouvais faire une sieste de 3 à 4 heures l'après-midi et je me recouchais le soir sans problème. Et ça tous les jours, même ma famille ne comprenait pas parce que j'avais tout le temps envie de dormir, même dans la voiture. Je pouvais avoir une micro-sieste, toute occasion était bonne pour moi pour dormir. Ça a un peu commencé à me mettre la puce à l'oreille, mais bon voilà, je disais ok. Je suis fatiguée, c'est à ça que servent les vacances, donc j'en profite. Et petit à petit, la réalisation que je ne profitais pas du tout de mes vacances. Les vacances, c'est quand même aussi pour passer du bon temps. Moi, je le passais à dormir. Plus le temps avançait, plus la rentrée approchait et plus mon angoisse augmentait. La boule au ventre, dès que je pensais au travail et à la reprise, ça n'allait pas du tout. Je me mettais à pleurer, c'est-à-dire qu'on n'était clairement pas dans une situation classique de « oh là là, bientôt le mois de septembre, enfin bientôt la rentrée, flemme » . C'était pas du tout ça, c'était clairement beaucoup plus intense que ça, avec des larmes, la boule au ventre, une angoisse. Je disais à ma famille « j'ai pas envie de repartir, j'ai envie de rester avec vous » , etc. C'était très douloureux, cette période. Donc je retourne chez moi, le week-end juste avant le lundi de la rentrée, et je me dis, bon allez, je me suis reposée, ça va repartir, ok, voilà quoi, j'ai la boule au ventre, mais ça va passer. Sauf que ça ne passe pas du tout, évidemment, et je me souviens que c'était le... La nuit du samedi au dimanche, donc juste avant le lundi de la rentrée, impossible de fermer l'œil de la nuit. Je me tourne et je me retourne dans mon lit, je me sens extrêmement mal, je me sens angoissée, j'ai des palpitations. J'ai vraiment le sentiment qu'un danger immédiat va survenir. J'étais en état d'alerte physique, donc impossible de lâcher prise et de dormir. À ce moment-là, je commence à avoir des pensées, on peut dire, noires. Je commence à me dire, mais c'est ça ma vie ? Est-ce que c'est normal de se sentir comme ça par rapport au travail ? Je commence à culpabiliser énormément, à me dire que forcément, j'étais faible. C'était quand même ma première année dans cette entreprise-là. Ce n'est pas possible pour moi de ressentir ça. Et je n'arrivais pas à mettre de mots sur ce que je ressentais. Pour moi, c'était un mystère. Pourquoi j'agissais comme ça ? Surtout que j'avais cette image de moi comme étant la fille forte qui arrivait à abattre des quantités de travail phénoménales. que ce soit en prépa ou en école ou même au travail. Voilà, c'est-à-dire que ce n'était pas les sujets ou la quantité de travail qui m'angoissaient. C'était tout ce qu'il y avait autour. Donc, impossible de dormir ce week-end-là. Donc, ce samedi-là, je me réveille dimanche. Vous savez, quand on ne dort pas très bien, on n'est pas bien. Je suis constamment, mais vraiment angoissée. C'est-à-dire que je passe la journée à faire les 100 pas, mais comme si, comme j'ai dit, un danger inhumain. imminent allait s'abattre, comme si une catastrophe allait s'abattre à tout moment, vraiment sur le qui-vive, sur mes gardes, alors que j'étais clairement chez moi, tranquille un dimanche et que j'allais reprendre le travail lundi. Ah oui, et je ne mangeais rien. J'étais incapable d'avaler quoi que ce soit à cause de ma boule au ventre. Je ne sais pas comment j'ai survécu physiquement à cette période-là. Donc, on est dimanche, soir, je vais d'un air parce que je travaille le lendemain. Tout ça, pour moi. je continue de me dire que de l'un de l'autre, je vais aller travailler. Je me tourne et je me retourne dans le lit, évidemment. Impossible de trouver le sommeil. Impossible de dormir, comme je l'ai dit. Impossible de retrouver la paix, finalement. Donc, je ne sais pas comment, au milieu de toutes ces angoisses, moi seule dans mon lit en train de me retourner, etc. D'un coup, j'ai comme une espèce d'épiphanie, je me dis, mais en fait, je suis en burn-out. Je mets ces mots-là, c'est moi qui les mets, pour la première fois, et ça a été un soulagement de me dire ça. Ça a été un soulagement parce que j'arrivais enfin à me dire, ok, il y a un truc qui cloche et à mettre un mot dessus. Il était, je crois, vraiment 2h du matin, c'est-à-dire que je me retournais dans mon lit depuis 22h. Et à 1h, 2h du matin, j'ai cette réalisation-là que je ne saurais pas expliquer sincèrement. Je pense que c'est à force de réfléchir, de tourner le problème dans tous les sens, de vivre ce mal-être-là que je me dis « mais en fait, attends, c'est pas normal, ça c'est un burn-out » . J'envoie un message à mon manager pour lui dire que je ne peux pas aller travailler le lendemain. J'allais tellement mal. Ça faisait deux, trois jours que je n'avais pas fermé le lieu de la nuit. Je ne pouvais pas aller travailler. J'envoie ce message-là à mon manager et je prends rendez-vous chez le médecin. Je prends rendez-vous et là, je dors, je crois, trois, quatre heures cette nuit-là. Je me réveille, j'attends le rendez-vous avec impatience. Je suis mis au fond du couvre. Je me sens tellement coupable. Je me dis, mais j'aurais dû aller travailler. Mais qu'est-ce qui me prend ? Je ne peux pas. Ne pas aller travailler, c'est la rentrée, je devais commencer une mission chez un nouveau client, je ne pouvais pas me permettre. Vraiment, je me sens comme une merde toute la journée. Arrive enfin le rendez-vous chez le médecin, je vais voir le médecin. C'était mon médecin traitant qui me suivait depuis déjà un peu quelque temps, donc on me connaissait un petit peu. Il me pose juste une simple question, alors qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Et là, je me mets à pleurer. chez le médecin, mais vraiment toutes les larmes de mon corps. Je pleure toutes les larmes de mon corps et j'essaye de lui expliquer entre mes sanglots tout mon mal-être, toute ma souffrance que j'ai traînée pendant tous ces mois. Mes angoisses, mes palpitations, les vertiges que j'avais, tout ce qui n'allait pas, le fait que je mangeais plus, que je dormais plus, que j'étais fatiguée au bout de... Enfin, que j'étais juste fatiguée, tout simplement, même pas au bout de cinq minutes de marche ou quoi que ce soit. J'étais juste tout le temps fatiguée. La preuve, c'était que pour aller voir mon médecin, j'ai dû prendre un Uber parce qu'impossible de prendre des transports. Parce que pour moi, c'était le parcours du combattant, de sortir, de prendre le métro. Vu que je ne dormais pas et que je ne mangeais pas depuis plusieurs jours. C'était vraiment horrible cette période-là. Je lui raconte tout ça et il me confirme mon autodiagnostic. Donc, c'est effectivement un burn-out. Je lui dis, mais comment c'est possible ? Je ne peux pas faire un burn-out à 25 ans. Il me dit, mais il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. En fait, s'il me dit ça, je crois que je ne le crois pas tout de suite. Parce que je me dis, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Je sais que moi-même, je m'étais dit ça avant, mon médecin me le répète, mais en fait, pour moi, un burn-out, c'est un truc qui t'arrive potentiellement quand t'as 40 ans, quand t'es directeur financier de je sais pas quoi et que t'as trois enfants à charge et que ta vie est éreintante. Ce qui, objectivement, n'était pas mon cas. J'avais pas d'enfants, j'avais pas spécialement plus de responsabilités que ça dans mon entreprise. Comment c'est possible ? Comment c'est possible que ça m'arrive ? Donc il me prescrit un arrêt maladie que je vis vraiment, en fait, plus qu'un soulagement. Pour moi, ce médecin, je le penche encore aujourd'hui, il m'a sauvé la vie. Parce que sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé si j'avais continué à me trimballer ce mal-être-là. Et sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé s'il m'avait dit « Oh, ben ça va, vous pouvez reprendre le travail, cette génération... » Vous devez vous bouger. Enfin, un peu tous les discours qu'on peut entendre. Sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé. Je le pense vraiment, vraiment. Je pense vraiment qu'il m'a sauvé la vie ce jour-là. Une fois que le diagnostic est tombé, donc qu'il a été confirmé par mon généraliste, je pars en arrêt maladie de deux semaines. J'envoie mon arrêt à mon entreprise. J'éteins tout, le téléphone pro, l'ordinateur pro. J'essaye enfin de dormir. J'arrive un petit peu, mais la culpabilité me ronge. Je me dis, c'était la première fois que je posais un arrêt maladie de ma vie. C'est quand même fou. Je me dis, mais c'est pas possible. J'ai fait faux bon à mon client. Je me suis pas présentée. Comment je vais faire ? Et cette période-là, je la vis aussi sous... l'horizon de la fin de l'arrêt maladie, c'est-à-dire que dans deux semaines, je devais retourner en entreprise. En fait, c'était dur parce qu'on ne peut pas clairement et facilement lâcher prise quand on sait que dans deux semaines, on va devoir y retourner. Mais en même temps, il n'y a pas d'autre option. J'étais perdue, je ne savais pas ce que j'allais faire, je ne savais même pas en fait. Moi, j'avais entendu le diagnostic, je l'ai compris, mais je ne comprenais pas encore ce que ça voulait dire concrètement. Donc la seule option, c'était un arrêt maladie. Je me souviens que... J'étais tellement gênée, tellement honteuse, quand mes potes me demandaient, ou alors mes collègues avec qui j'étais proche, avec qui pas forcément, j'ai loué des relations amicales qui sont des gens vraiment très très cool. Quand ils me posaient la question, bah ouais je suis en arrêt maladie, mais j'avais limite envie de mentir, j'avais limite envie de leur dire non non mais j'ai un problème de santé physique, rien à voir, etc. Parce que... utiliser le B-word, le burn-out. Le mot était trop fort. C'est un tabou. C'était comme s'il y avait écrit « fragile » sur mon front, en fait. Et ça ne pouvait pas être moi. Je n'étais pas cette personne. J'étais une personne qui a toujours bien fait, qui arrivait à encaisser, qui pouvait travailler pendant de longues heures. Non, non, non. Moi, je refuse cette étiquette-là. Forcément, je m'isole. J'envoie mon arrêt maladie. Je dis à mes potes Non, non, mais je suis malade, je ne suis pas trop en état de parler, on se parle plus tard. Et même à ma famille, je n'ose pas leur dire. Parce que vis-à-vis de ma famille, encore une fois, je suis un peu l'enfant prodige. J'ai fait des superbes études sans problème, j'ai trouvé un travail sans problème. Tout se passe super bien, je gagnais quand même plutôt bien ma vie par rapport à mon âge. Qu'est-ce que j'allais leur dire ? Et surtout, mes parents ne savaient pas ce qu'était un burn-out. Pour eux, c'est un peu un concept mystérieux, inconnu, on ne sait pas trop ce qu'il y a derrière. Et honnêtement, même pour moi, je ne savais pas trop ce qu'il y avait derrière. Donc, comment je pouvais m'attendre à ce qu'ils comprennent ? J'étais tentée de ne pas leur dire, j'étais tentée de cacher, voire de mentir. Mais ce n'est pas cette relation-là que j'avais avec ma famille. On est quand même plutôt proches, donc j'ai décidé de leur dire la vérité. Ils avaient bien vu que pendant les vacances, ça n'allait pas du tout. Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas dans mon assiette. Donc, ce n'était pas tant une surprise que ça pour eux. Et surtout, ils disaient, tu n'es pas bien, tu n'es pas bien. Ta santé, c'est la priorité, on verra après. Ils étaient quand même... J'ai quand même été agréablement surprise par leur réaction parce que je m'attendais vraiment à plus de, en guillemets, fermeté, un peu comme quand t'es petit et que t'as pas envie d'aller en cours et que tu fais genre t'es malade et que tes parents te disent bon là, allez, ça suffit des conneries, tu vas en cours. Je m'attendais vraiment à cette réaction-là et je trouve que ça en dit long parce que, quelque part pour moi, j'avais encore un peu ce rapport à mes parents d'enfants à parents alors que... J'avais quand même 25 ans, j'avais mon appart, j'avais mon travail, j'étais quand même une adulte. Donc voilà, ça en dit long. J'ai commencé à avoir une psy à ce moment-là. Justement, on a pu en discuter en long, en large et en travers. Et donc ma psy, j'ai commencé à la voir une fois par semaine. Parce que j'avais besoin de comprendre. qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui a pu arriver ? Comment j'ai pu en arriver là ? Comment j'ai fait pour craquer ? Et surtout à mon âge. Pour moi, je pensais dur comme fer que c'était une anomalie, que ce n'était pas possible. Ce n'est pas possible de faire un burn-out à 25 ans pour moi. Donc mes deux semaines d'arrêt maladie, en fait, clairement, deux semaines, ce n'est pas suffisant pour sortir d'une situation comme ça. Ça, c'est évident. Ça permet néanmoins de prendre un temps pour réfléchir à tout ce qui s'est passé. En fait, honnêtement, même pas de réfléchir à ce qui s'est passé, juste recommencer à dormir, manger et penser à autre chose que sa situation. La priorité pour moi, c'était vraiment ça. J'étais dans une souffrance, mais abyssale, vraiment. Une souffrance comme je n'ai jamais souffert de ma vie. Rien, rien, rien n'allait. Je passais ma journée à pleurer. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'ai compris ensuite que c'était une dépression et le burn-out et dépression. J'ai compris du coup après que ça allait de pair, malheureusement. En fait, on ne sait pas trop ce qui, en tout cas selon les médecins, on ne sait pas trop ce qui génère quoi. C'est-à-dire qui précède quoi. Est-ce que c'est le burn-out ou est-ce que c'est la dépression ? Mais en tout cas, voilà, j'étais dans un état vraiment horrible. J'ai eu pas mal de soutien. de la part d'une amie proche et de mon copain qui habitait quasiment avec moi sur cette période-là parce que je ne supportais pas d'être seule. J'avais enfin quelqu'un qui pouvait me faire à manger, qui quand même faisait attention à est-ce que je mange bien, est-ce que je dors bien, enfin juste qui prenait soin de moi finalement parce que clairement, je n'étais pas en état de le faire. Ça rendait aussi les moments plus fun, comme le fait de manger. Par exemple, manger à deux, ce n'est pas comme manger seul. C'est une motivation supplémentaire, on va dire. Parce que clairement, j'étais revenue à un état limite d'enfant, où j'avais besoin d'une motivation, d'une récompense pour manger, pour dormir, etc. Je passais ma journée à regarder des séries pour penser à autre chose, parce que je ne pouvais pas rester deux minutes. toute seule dans ma tête, quoi. Parce que dès que j'étais toute seule, sans distraction, belles pensées très, très, très négatives revenaient tout de suite. Et c'est dire, parce que je trouve que honnêtement, j'ai pas vécu grand-chose dans ma vie, mais de mon expérience, ne pas pouvoir être seule avec soi, c'est le pire sentiment. C'est le pire sentiment parce qu'on est tout le temps, en fait, avec soi. C'est-à-dire que rechercher la compagnie constante des autres et ne pas... supporter être seule avec soi, c'est vraiment horrible et c'est le signe que ça va vraiment, vraiment pas. À part les gens proches, je n'ai pas osé en parler un peu à mon deuxième cercle, on va dire au cercle le plus élargi. Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas expliquer la situation. Même ma famille, en fait, quand ils ont vu que la situation durait, parce que du coup, après mon deuxième...

  • Speaker #0

    Après les deux semaines, je suis retournée voir mon médecin pour lui dire que ça ne va pas du tout. Enfin, ça ne va toujours pas. Donc, il m'a remis deux semaines. Et la situation a continué comme ça jusqu'en décembre. En sachant qu'en novembre, début novembre, j'ai décidé d'arrêter de voir mon médecin traitant, donc un généraliste, pour aller voir un psychiatre qui, lui, était forcément beaucoup plus, j'ai envie de dire compétent sur ce genre de sujet, qui connaît plutôt bien. Et donc, à ce moment-là, j'ai pu avoir des arrêts maladie plus prolongés. Donc, au global, je suis restée en arrêt de début septembre à un peu avant Noël, fin décembre, on va dire. À ce moment-là, comme je disais, comme ma famille voyait que ça durait assez longtemps et que la situation ne s'améliorait pas spécialement, j'ai commencé à avoir des questions du style, mais qu'est-ce qui a généré ça exactement ? Mais comment ta situation ? C'est quoi exactement ? Comment tu te projettes ? Comment t'as fait pour en arriver là ? En fait, c'est des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Je n'ai pas de réponse à ces questions. Moi-même, je ne sais pas. Moi-même, je vais voir ma psy toutes les semaines pour essayer d'avoir une réponse. Donc, très vite, j'ai commencé à éviter les coups de fil de ma famille. Malheureusement, alors qu'on a toujours été proches. En fait, je ne voulais pas qu'on me pose des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Et à un moment, j'étais fatiguée de tout ça. J'avais plus envie d'être... être dans le divertissement, dans la distraction, parce que j'avais envie d'essayer de retrouver une vie à peu près normale où je n'avais pas besoin de motivation ou quoi que ce soit pour juste manger ou dormir. J'avais envie de, au moins que j'arrive à prendre soin de moi seule et que je puisse au moins répondre à mes besoins physiologiques seule, en gros. Donc, à la fin décembre, dès que physiquement, j'ai pu récupérer un petit peu, vu que j'ai recommencé à avoir petit à petit une alimentation saine, j'ai pu déjà m'alimenter, dormir à des horaires réguliers, j'ai repris le yoga à ce moment-là, ça m'a fait énormément de bien. Je me suis dit, OK, ça va mieux, il faut que je retrouve le travail. Parce que pendant cette période-là, moi, j'étais dans un mindset de, il faut que je sauve les meubles de ma carrière. Parce que pour moi, à ce moment-là... J'avais l'impression que tu revenais pas d'une situation comme ça, c'est-à-dire que je pouvais pas avoir la même carrière qu'avant dans cette entreprise-là, ce qui est évidemment complètement faux, parce que la vie n'est pas linéaire, on a des arrêts, on a des moments où on a de l'énergie à revendre et des moments où c'est pas trop le moment parce qu'on a des problèmes perso, etc. Mais moi, c'est un peu bête, mais moi je savais pas du tout ça. Pour moi, ta vie pro, c'est ta vie pro. Tu te donnes à 100% tous les jours. Et après, ta vie perso, c'est ta vie perso. Tu gères ta vie de ton côté. C'était particulièrement toxique comme mindset. Et c'est sûr que mon mindset, à cette époque-là, n'est pas étranger à ce qui m'est arrivé. Petit à petit, j'essayais de dédramatiser la situation. de ne plus avoir honte, parce que clairement, c'était la honte et la culpabilité qui prédominaient à ce moment-là. Je ne connaissais personne. Je ne connaissais personne qui avait déjà vécu ça, vu que je ne connaissais principalement que des gens de mon âge. Personne n'avait vécu ça, j'étais un peu la première. Et donc, comme je l'ai dit, j'avais l'impression qu'il y avait écrit « fragile » sur mon front, et qu'on prenait des pincettes avec moi, et surtout que je n'avais pas... pas d'explication à donner, je ne sais pas pourquoi, mais j'étais obsédée par le fait que je devais donner une explication. Je ne pouvais pas dire aux gens « Ouais, j'ai fait un burn-out. » « Ok, t'as fait un burn-out, mais pourquoi ? » Et à ce moment-là, je ne savais pas. J'avais des pistes de réflexion, mais je ne savais pas clairement ce qui a mené à cette situation-là. Là, ça fait deux ans, avec du recul, honnêtement, je me rends compte que il n'y a pas de réponse. Il n'y a pas de réponse parce que c'est multifactoriel. Parce qu'il y a plusieurs petites choses qui ont fait que, et que la responsabilité est partagée entre moi et mon entreprise, en tout cas pas mon entreprise à propos d'en parler, mais les conditions de travail. Enfin, sincèrement, c'était un cocktail de plein de choses. Mais aussi, je me suis rendue compte que, malheureusement, j'ai été ma propre ennemie à ce moment-là. Je voulais me protéger à tout prix. Je pensais que je me protégeais, mais je ne le faisais pas. Je pensais qu'en me donnant à 100%, en me disant jamais non, j'étais en train de me préparer pour une carrière de fou furieux, mais en fait je ne me rendais pas du tout service, j'étais en train de creuser ma tombe. Et c'est horrible de se rendre compte qu'on est responsable de... je ne vais pas dire échec, parce qu'avec du recul ce n'est pas un échec en soi, au contraire ça m'a redirigée vers d'autres choses. Mais en tout cas que j'ai été responsable de mon malheur sur cette situation-là. Alors je n'étais pas la seule responsable, mais... si j'avais le recul que j'avais maintenant, évidemment, je ne serais pas tombée dans cette situation-là. Donc, le temps est passé. J'ai repris le travail autour de début janvier. J'ai repris le travail, c'était super angoissant. En fait, je n'ai même pas pensé à ne pas reprendre. C'est-à-dire que pour moi, c'était évident que j'allais revenir. J'ai repris le travail. C'était très, très dur. En fait, j'appréhendais énormément de revoir les mêmes personnes. C'était sûr qu'on allait me poser des questions, et on m'a posé des questions. Alors, qu'est-ce qui t'est arrivé, etc. J'avais quand même réussi à préparer des réponses un peu toutes prêtes. Oui, non mais ça n'allait pas, j'étais malade, etc. Je n'étais pas obligée de donner les détails de ma situation à mes collègues. Et voilà, en discutant avec mon management, on a décidé que j'allais reprendre, mais dans des conditions autres, des conditions un petit peu plus aménagées. que j'allais pouvoir faire plus de choses qui me tentaient, qui me faisaient du bien au travail, etc. Et je ne sais pas si ça a marché. Honnêtement, c'est mitigé parce que je voulais que ça marche. C'est-à-dire que je me gaslightais un peu en me disant « Ah, tu vois, là c'est super, ça se passe bien. Tu fais tes horaires, tu ne restes pas particulièrement tard et ça va, etc. » Je continuais d'ignorer les signaux que m'envoyait mon corps. C'est-à-dire que quand j'ai repris, j'avais toujours du mal à m'endormir quand je travaillais le lendemain. Mais vraiment, c'est pas juste « j'ai un peu de mal à m'endormir, bon, je mets une demi-heure au lieu de dix minutes » . Là, c'était vraiment... En fait, j'ai découvert qu'on pouvait dormir, enfin pas vraiment dormir, juste être dans un état de semi-conscience toute la nuit. Vraiment toute la nuit. de ne pas réussir à plonger dans un sommeil profond. Je ne connaissais pas du tout cet état-là. Et c'est comme ça que j'ai vécu pendant à peu près six mois. Pendant six mois, je n'avais pas de sommeil profond. J'étais dans cet état de semi-conscience bizarre, donc un état absolument pas reposant. Et je m'aidais vraiment de compléments alimentaires, de mélatonine, de magnésium, etc. pour essayer de joindre les deux bouts, pour essayer de faire comme si vraiment c'était juste... Je faisais semblant que ça allait bien au travail et que vous avez vu, oui, certes, j'étais en arrêt pendant trois mois, mais là, je suis là, je suis d'attaque, on y va, vous pouvez me refaire confiance comme avant, etc. Alors que ça me coûtait énormément. Je refaisais les mêmes erreurs. Je faisais semblant en entreprise, alors que le soir chez moi, je ne dormais pas. Je faisais beaucoup, beaucoup de crises d'angoisse. J'étais toute angoissée, c'est sûr que j'étais au bureau, je faisais mon travail et d'un coup, palpitations, je regarde autour de moi comme s'il y a encore une fois un danger imminent à aller s'abattre et je me disais ça va passer, ça va passer, ça va passer. Grosse, grosse, grosse erreur parce que ça ne passe pas. Parce que tout simplement ça ne peut pas passer quand tu te mens à toi-même et que tu fais semblant que tout va bien. Ça ne peut pas passer quand il y a un mal-être interne. qui est aussi ancrée que ça. Je continue de faire semblant de janvier à octobre. C'est quand même long. J'ai quand même tenu dix mois, vraiment en me faisant croire à tout le monde que ça y est, c'était reparti de plus belle. À partir de là, c'est une deuxième étape qui s'ouvre. Pour moi, là, c'est vraiment le chapitre 2 qui commence, parce que... en fait j'ai tenté j'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai puisé vraiment dans mes dernières ressources j'étais vraiment dans mes derniers retranchements et clairement non, 10 mois après j'ai tenu et non et non ça ne marche pas ça ne fonctionne pas, c'est pas fait pour moi et là se pose la question c'est pas fait pour moi mais tu vas faire quoi ? et donc commence un tourbillon de questionnements. qui clairement me déprime dans le sens vraiment primaire de je suis en dépression, diagnostiquée par mon psychiatre. Il me met sous antidépresseur, chose que j'avais refusée pour le premier arrêt, parce que ça me faisait un petit peu peur. Tous ces sujets, enfin, ouais, un peu tout cet univers-là, c'est con parce que quand on est clairement ignorant sur ce genre de sujet, on peut vite avoir peur. Moi, dans ma tête, antidépresseur, je pars en hôpital psychiatrique. Et peut-être que j'en avais besoin, j'en sais rien. Je ne pense pas parce que mon handicap ne m'en a pas parlé. Mais ça me faisait peur, je n'avais pas envie d'en arriver là. Au bout du deuxième arrêt, j'ai envie de dire Burnout chapitre 2, je me suis dit non, franchement là, je ne peux pas revivre ce que j'ai vécu l'année dernière. J'utilise vraiment tous les leviers à ma disposition pour aller mieux. Donc antidépresseur, anxiolytique, quand j'en ai besoin, quand je sens vraiment que l'angoisse est grande. Et je sentais que mon corps était épuisé. Il était épuisé parce que je lui infligeais, involontairement bien sûr. Les crises d'angoisse, les palpitations, le fait d'être sur ses gardes H24, c'est un poids pour ton corps qui n'est pas détendu, qui vit sous stress permanent. Et je me dis non, franchement non, est-ce que c'est ça la vie que j'ai envie d'avoir ? Surtout à mon âge, j'avais presque 26 ans à l'époque, un an après. Non, honnêtement... J'en avais marre, ça avait assez duré. Mais d'un autre côté, je ne savais pas comment aller mieux durablement. Donc, sur cette période-là, antidépresseur et dépression. Vraiment, la dépression, comme on voit dans les films, de « je ne peux pas sortir de mon lit » et encore une fois, j'arrête de me nourrir. Mais on mange dormant, c'est déjà ça. Donc, commence une période noire, mais un petit peu moins noire que la première, parce que j'ai envie de dire, bon, c'est du vu et revu. Je sais ce que c'est, j'ai un peu d'expérience. Et là, mon arrêt maladie a duré très très très longtemps. Il a duré presque un an que je suis en arrêt maladie, enfin que j'étais en arrêt maladie. Et sur cette période-là, j'ai vécu plein de choses parce que je me suis dit, je ne vais pas retourner en entreprise comme je pensais avant, le plus vite possible pour sauver les meubles de ma carrière, hors de question. Je sais que je ne resterai plus dans cette entreprise-là parce que j'ai... Je leur ai donné une deuxième chance et que ça n'a pas marché. Et quand je dis ça, je ne considère pas vraiment que c'est la faute de l'entreprise, mais c'est juste qu'il y a une incompatibilité maintenant entre cette entreprise et moi. Et aussi, on ne peut pas guérir dans l'environnement qui nous a rendu malades. Il fallait que je me rende à l'évidence et que je n'allais pas retourner là-bas. Mais maintenant, qu'est-ce que je fais ? Et le truc, c'est qu'on ne peut pas penser sérieusement à ce qu'on veut faire quand on vit une situation de mal-être comme ça. Donc... Première des choses dans l'ordre du jour, aller mieux. Et aller mieux, allez ! Je veux dire, bon courage, il n'y a pas de recette pour aller mieux du jour au lendemain. Donc ça a pris des mois et des mois, ne serait-ce que pour recommencer à sortir de chez moi. J'ai décidé cette fois-ci que j'allais parler de ça honnêtement à mes potes et leur dire, écoutez, c'est la situation, je ne suis pas bien, fuck ! Oh oh ! Voilà, la situation est ce qu'elle est, je ne suis pas bien, je ne m'en excuserai pas. Et ça, c'est vraiment la principale évolution par rapport à la première fois. Donc ça a duré longtemps. La libération de la parole m'a aidée aussi. Enfin, la libération de ma parole m'a aidée. Le fait d'en parler librement autour de moi, d'assumer, c'est comme ça. Un petit peu de sport, une alimentation équilibrée. Je sais que ça fait très cliché, mais ça aide vraiment. J'ai essayé de me reconnecter à des choses que j'aimais faire enfant. Ça, c'est la psychothérapie qui m'a vachement aidée. C'est ma psy qui me donnait beaucoup de conseils, qui me dit justement ce que je viens de dire. Essayer de te reconnecter à des choses qui te plaisaient quand tu étais plus petite, etc. J'ai recommencé à lire. Ça faisait vraiment des années que je n'avais pas lu, alors que j'ai passé littéralement toute mon enfance et adolescence à dévorer des livres. Depuis la prépa, j'étais incapable de prendre un livre et de lire pour le plaisir. Je me suis reconnectée à cette passion-là. J'ai commencé à aller au cinéma très régulièrement, ça m'a fait du bien. L'art me faisait du bien, que ce soit par la littérature ou par le cinéma, ou par les expos, les musées. Enfin, tout cet univers-là me faisait énormément de bien. Et j'ai appris à lâcher prise. Et je n'ai pas malheureusement de recettes magiques. vous communiquer pour vous dire, faites ça et ça ira mieux en une semaine. Parce que moi, ça m'a pris des mois et des mois. Mais pour lâcher prise, en fait, j'ai juste commencé à me répéter des mantras du style tu ne contrôles pas ça, donc c'est ça, viens t'inquiéter. Ça peut paraître extrêmement bateau, mais ça, ça m'a vachement aidée. J'ai travaillé sur le fait d'accepter de ne plus avoir le contrôle, de me dire que peut-être que ma carrière dans cette boîte-là, elle est foutue, mais ça ne veut pas dire que ma carrière dans l'absolu était foutue, surtout que j'avais 26 ans à l'époque. Voilà, il me restait 40 ans à travailler. Je pense que je vais me débrouiller. Et surtout, cette idée de me dire, je dois encore travailler pendant 40 ans. En fait, déjà, il me faisait peur au début parce que je sentais que j'étais physiquement inapte au travail. Donc, je me suis dit, oh là là, comment je vais faire pour travailler pendant 40 ans ? Mais surtout, ça m'a fait prendre conscience que je ne peux pas passer 40 ans à faire un travail que je n'aime pas et qui me met dans cet état-là. Donc, prochaine étape, il faut que je trouve un travail qui me plaise. Et là, bon, c'était un autre... sujet parce que c'est compliqué. C'est-à-dire que jusqu'à présent, je ne sais pas si j'ai trouvé. J'ai des pistes. J'ai beaucoup réfléchi. J'ai envie de tenter quelque chose, mais je ne sais pas si ça va marcher et ce n'est pas grave. Et ça, c'est vraiment une différence majeure avec la personne que j'étais avant. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'accepte l'aléatoire dans ma vie. J'accepte le fait de ne pas tout contrôler. Le fait de ne pas avoir un... un plan prédéfini, parce que c'est aussi ça la vie. Et avant, j'avais un plan prédéfini et regardez où est-ce que ça m'a menée. Donc voilà, c'est un petit peu tout ça. Aujourd'hui, je ne pense plus être en burn-out, même si de temps en temps, je peux avoir des pensées qui sont pas très bonnes, pas ouf, etc. Mais globalement, ça va beaucoup, beaucoup mieux. J'ai de nouvelles ambitions parce que tout ça m'a appris qu'en fait, on est beaucoup à être dans cette situation. Peu importe l'âge, que ce soit à 40 ans ou à 25 ans, un burn-out, ça reste un burn-out. Ça a des effets dévastateurs sur les individus. On le vit tous différemment. Et donc, de là est née une ambition, celle de devenir coach spécialisé en souffrance au travail. en burn-out et plus globalement coach carrière. Donc là, le projet, c'est de passer une certification de coaching. Et en attendant, j'ai lancé mon compte sur les réseaux qui s'appelle Reset du chaos. J'ai créé ce compte-là pour partager mon expérience parce que, comme j'ai pu le dire plus tôt, je me suis rendue compte qu'on était... Beaucoup dans ces situations, des gens que je connaissais personnellement, mais pas que. Ça m'a beaucoup aidée dans mon processus de guérison parce que partager son expérience a un effet thérapeutique, tout simplement. Le fait d'être lu, d'avoir un sentiment, de l'écrire et de le partager, c'est comme si on le sortait physiquement de sa tête et qu'on le balançait comme ça sur les réseaux. C'est très récent, mon compte est très très très jeune. Mais j'ai quand même eu la chance d'avoir rencontré beaucoup de personnes de cette manière-là, des gens qui vivent exactement ce que je vis ou ce que j'ai vécu avant, qui sont à des étapes plus ou moins avancées du burn-out. Et j'avais aussi envie de faire de la prévention, en fait, parce que j'étais tellement ignorante sur ce sujet-là. Et si je ne l'étais pas, ça m'aurait vraiment fait économiser beaucoup de temps. et beaucoup de souffrance, clairement. Globalement, j'ai des retours vraiment positifs par rapport à mon contenu, c'est-à-dire que après, quand on est un petit créateur sur les réseaux, c'est pas facile de toucher un maximum de monde, mais en tout cas, ma petite communauté à son échelle, en tout cas, elle m'a l'air ravie des conseils que je peux transmettre. J'ai rencontré des gens comme ça avec qui je discute. On s'échange nos conseils et à terme, bien sûr, j'aimerais quitter ce compte-là pour parler de mon activité de coaching après ma certification, bien sûr. Et concernant cette activité de coaching, en fait, je voulais préciser qu'avant d'en arriver là, je suis passée par un milliard d'idées. Tous les quatre matins, j'allais voir mes proches pour leur dire si j'ai une super nouvelle idée, c'est sûr, c'est ça ce que je fais, j'ai envie de faire ça de ma vie, etc. Et en fait, non, et je change d'idée, etc. Là, c'est l'idée qui me motive le plus, qui me passionne, qui me donne envie de me réveiller le matin, sincèrement. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. Cette idée d'être passionné par ce qu'on fait dans la vie. Et je le vis vraiment comme une épiphanie de me dire « Ah putain, on peut aimer ce qu'on fait dans la vie ! » Et ça peut nous faire vibrer au point d'être content de se réveiller le matin et se dire « Ok, super, aujourd'hui je vais créer du contenu, je vais voir ce que je peux faire pour faire grossir mon compte, je vais chercher des partenariats, etc. Je vais continuer mes modules de certification, etc. » Et ça me fait un bien fou, vraiment. Parce que je pensais que j'étais condamnée à une vie de bureau où je dois subir un emploi du temps qui ne me convient pas et faire des tâches qui ne me plaisent pas plus que ça. Et en plus, subir la pression du management, un peu de toute la rigidité du monde de l'entreprise. Et attention, je ne dis pas que c'est forcément négatif intrinsèquement. Ça peut être super cool pour d'autres personnes. Les gens peuvent... effectivement, y voir beaucoup d'avantages. Et y en a, comme la sécurité de l'emploi, etc. Mais en tout cas, pour moi, aujourd'hui, après tout ce que j'ai vécu, j'ai envie de vivre plus... Enfin, j'ai envie de prendre des risques, en fait. Et je me dis, si je les prends pas maintenant, à bientôt 27 ans, quand est-ce que je les prendrais ? Aujourd'hui, si je peux partager un message, c'est vraiment de dire qu'il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. Y a des gens qui sont en études qui font des burn-outs. C'est... C'est vraiment complètement décorrélé et indépendant de l'âge. Il y a plusieurs moyens de savoir si on est en train de faire un burn-out, si on se sent complètement épuisé, qu'on n'arrive pas à récupérer son énergie, qu'on commence à avoir des maux physiques un petit peu mystérieux, on ne sait pas trop d'où ça vient, on va chez le médecin, il nous dit que tout va bien, alors qu'on sent que ça ne va pas du tout. Si on commence un petit peu à s'isoler son entourage, à s'éloigner petit à petit, à plus trop répondre aux messages, si on se sent constamment de mauvaise humeur, il y a énormément de signes comme ça qu'il faut connaître. Vous pouvez d'ailleurs jeter un petit coup d'œil à mon compte qui les reprend assez bien, je pense. La vie est beaucoup trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Ça, c'est vraiment la... La principale réalisation, non seulement qui ne nous plaît pas, mais aussi qui clairement nous détruit. En tout cas, moi, c'était clairement mon cas. C'était un travail qui me détruisait physiquement et mentalement. Et encore une fois, c'est de la faute de personne, mais c'était une incompatibilité en fait. Je me sentais emprisonnée, je sentais que je n'avais pas d'autre option que celle-là. Parce que... Toute ma vie, on m'a préparée vers ce genre de poste, vers ce type de vie. Et aujourd'hui, je refuse. Je refuse clairement parce que j'ai envie de faire ce qui me plaît. Et comme j'ai dit, la vie est trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Surtout qu'on passe, encore une fois, il me reste 40 ans de travail. On passe toute la journée au boulot. Donc c'est vraiment trop, trop dommage de se résigner. Si une auditrice qui... peut-être vient de recevoir son diagnostic, tombe sur mon épisode. J'ai envie de lui dire que déjà, il n'est pas seul. On est des milliers et des milliers à avoir vécu ça. Quand on est en plein dedans, on a l'impression qu'on ne va jamais s'en sortir, que ça y est, c'est notre vie, notre vie est foutue, c'est comme ça, bien fait pour nous. Mais en fait, pas du tout, pas du tout. C'est vraiment ce que je ressentais pendant ces deux dernières années. J'étais persuadée que... clairement, que je n'allais plus jamais reconnaître le bonheur de ma vie. Mais notre cerveau nous fait croire ça quand on est dans cet état et que ce n'est absolument pas le cas et qu'une vie merveilleuse t'attend après cette épreuve. Et un jour, peut-être, sûrement, tu verras cette épreuve comme un cadeau.

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Description

À 25 ans, Imane pensait avoir « tout fait comme il fallait » : études brillantes, CDI prestigieux, carrière prometteuse.
Jusqu’au jour où son corps a lâché.
Elle ne dormait plus, ne mangeait plus, et pleurait sans comprendre ce qui lui arrivait. Le diagnostic est tombé : burn out.

Dans cet épisode, Imane revient sur ces mois d’épuisement extrême, la difficulté de poser des limites dans le monde de l’entreprise, la honte, la culpabilité… mais aussi sur son lent retour à la vie, la découverte de ses véritables envies et son envie d’aider aujourd’hui celles et ceux qui traversent la même épreuve.

🔹 Un épisode sincère, intime et porteur d’espoir
🔹 Pour rappeler qu’il n’y a pas d’âge pour faire un burn out et qu’on peut s’en relever


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Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose de plonger au cœur du burn-out, à travers le témoignage d'Imane. A seulement 25 ans, elle a vu son corps et son esprit dire stop. alors qu'elle pensait simplement manquer de sommeil. Dans cet épisode, elle raconte sans filtre la spirale invisible de l'épuisement, de la culpabilité, l'isolement, mais aussi le long chemin vers la reconstruction. Une histoire sincère, puissante et pleine d'espoir, qui rappelle qu'un burn-out peut frapper à tout âge, et qu'on peut s'en relever. Vous êtes sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Excellente écoute.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Imane et j'ai fait un burn-out à 25 ans. Je ne m'y attendais pas, au début je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Il faut savoir que j'ai toujours été une personne qui faisait ce qu'on attendait de moi. C'est-à-dire que j'ai toujours été une bonne élève, j'étais première de la classe au lycée, j'ai fait une prépa parce que les gens qui sont premiers de la classe font une prépa. J'ai passé mes concours, j'ai eu la deuxième meilleure école de commerce de France. J'ai commencé les cours, je suis rentrée dans un moule finalement où Quand on est en école de commerce et qu'on a l'avantage d'être dans une école aussi bien classée, on fait du conseil. Et peut-être moi, à aucun moment, je me suis posé la question de qu'est-ce que j'ai envie de faire dans la vie. Je faisais ce qui était attendu de moi, je faisais ce que les personnes comme moi faisaient. À l'époque, il y avait des choses qui m'intéressaient, j'aimais bien tout ce qui était marketing, luxe, etc. Et en rentrant dans cette école-là, c'était plus... La finance, conseil, ce genre de choses. Et moi, je n'avais pas la force de caractère pour imposer ce que j'avais envie de faire et surtout me poser la question de ce que j'avais envie de faire. En fait, pour moi, c'est marrant, mais ce n'était même pas une option. J'ai fini mes études, j'ai tout fait comme il fallait. Commencer un CDI dans un cabinet de conseil, vraiment le cliché du cabinet dans une tour à la défense. Quand j'ai commencé, j'ai commencé avec... beaucoup de passion, d'ambition. J'étais habituée à être un peu syndrome de la bonne élève, c'est-à-dire que j'étais habituée à toujours être première. Et donc, en arrivant, je voulais prouver que vous avez bien fait de me recruter, vous allez voir, je suis super, etc. Et surtout, j'étais incapable de dire non. En fait, c'est marrant, on parle rarement de ce sujet-là, du passage de l'école au monde du travail. Parce qu'à l'école, on a des profs qui nous donnent des devoirs et quelque part, ils savent notre charge de travail. Ils savent ce qu'on est capable ou en tout cas ce qu'on devrait encaisser comme charge de travail. Alors que dans le monde de l'entreprise, ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe. Les gens veulent se décharger, donc ils proposent, enfin ils demandent, avec un ton un peu qui te fait comprendre que tu n'as pas trop le choix. Et en fait, c'est à ce moment-là où la force de caractère personnel de chacun... devraient rentrer en jeu et devraient dire « Ah non, non, non, mais moi, ça me va pas du tout, etc. » Donc moi, j'étais incapable de faire ça et je restais travaillée très, très tard, parfois sans pause-déj. Mais parce que moi, je me suis jamais dit « Non, il faut que j'impose mes limites. » Je m'étais jamais dit ça. Surtout que les gens, enfin en tout cas mes supérieurs, en apparence, en tout cas sur la forme, demandaient assez gentiment Et en tout cas, je ne sentais pas que j'étais en position de dire non. Donc, ça a fait que rapidement, j'étais surmenée et je ne le savais pas. Parce que pour moi, c'était de ma faute. C'est-à-dire que j'avais encore cette vision du prof et donc dans ce cas-là du manager qui connaît ta charge de travail et qui donc ne peut pas te demander quelque chose que tu n'es pas capable de faire. Donc, si je n'arrive pas à le faire, c'est juste que je n'en suis pas capable. Et donc, c'est un problème personnel et pas le problème de mon... de mon management, et donc c'était de ma faute. Et c'est là où il y a un cercle vicieux qui commence, c'est-à-dire que je ne dis pas non, donc je suis rapidement surmenée, mais je ne peux pas en parler parce que c'est ça le monde de l'entreprise, et donc c'est à moi de m'améliorer. Ce qui est complètement faux, soit dit en passant. Donc voilà, six mois se passent comme ça, sous une pression intense. où vraiment, au moment de dormir, je rêvais du travail. Je me réveillais plusieurs fois dans la nuit en me disant « Ah merde, j'ai oublié de faire ça, j'ai oublié d'envoyer tel ou tel mail, etc. » Les week-ends, j'étais beaucoup trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, pour voir mes potes, pour faire des activités culturelles ou sportives ou quoi que ce soit. Donc je passais mes week-ends à dormir pour pouvoir être en forme en semaine. Et donc, petit à petit, j'ai commencé à refuser des verres avec des copains. J'ai refusé des voyages parce que ce n'était pas le moment de poser des congés. Je m'isolais de plus en plus et je ne m'en rendais même pas compte. Je devenais super irritable. C'est-à-dire que j'avais des réactions complètement démesurées parce que, clairement, ça n'allait pas. Je ne comprenais pas, je ne savais pas que ça n'allait pas. Ça a commencé vraiment de manière très insidieuse. Au début... OK, bon, j'ai fini particulièrement tard, mais ce n'est pas grave parce que mon management m'a dit mais c'est super ce que tu fais. On n'aurait pas pu s'en sortir sans toi, etc. Et je me sentais valorisée. Et donc, c'est vraiment un piège parce que plus on te met dans cette position-là de c'est génial, c'est trop bien ce que tu fais, etc. Plus tu n'as pas envie de décevoir. Et donc, ça renforce ce truc de je ne peux pas dire non. J'ai aimé avoir cette image de la personne qui est capable de tout faire, qui est toujours là. On ne sait pas comment elle fait, mais elle le fait quand même, etc. Et plus le temps passait, plus je devenais en quelque sorte prisonnière de cette image. Petit à petit, je m'isolais, je dormais de moins en moins bien. Et quand je réussissais à dormir, mon sommeil n'était pas du tout réparateur. Donc, j'étais tout le temps épuisée. Ça, c'était vraiment la première mission que j'ai faite au sein de ce cabinet de conseil là, où j'avais vraiment un sujet de charge, c'est-à-dire qu'il y avait énormément de travail. On était clairement sous-staffés et je n'osais rien dire. Ensuite, j'ai été staffée sur une autre mission où il y avait moins un sujet de charge et plus un sujet de management, de micro-management même, je dirais. C'est-à-dire que je sortais d'une mission qui était super... challengeante ou on me donnait un moment de responsabilité à vraiment l'opposé où je ne faisais pas spécialement confiance ne serait-ce que pour envoyer des mails, je devais être relue par mon management, etc. Ça m'a un petit peu fait un choc parce que moi je considérais que j'avais mérité d'avoir des responsabilités c'est-à-dire que j'ai assez donné sur ma première mission là, il faut que je prenne les rênes, etc. C'est surtout parce qu'aussi il y a cette image de responsabilité qui est vu comme un avantage, presque comme une récompense. Et donc ne plus l'avoir, pour moi, ça me crée une autre forme d'angoisse qui est venue s'ajouter à toutes ces somatisations que j'avais avant, qui étaient liées à la charge de travail et qui là, du coup, sont liées à un peu la perte, en tout cas moi, je percevais comme la perte de ce statut un petit peu privilégié que j'avais au sein de l'entreprise. et c'est là où... Ça a été un peu la bascule où en fait tout s'est accéléré très vite. Je pense que mon corps avait tellement encaissé sur la première mission qu'ajouter à ça le stress de la seconde mission où tout ne se passait pas comme je voulais, en fait, ça a clairement explosé. Et c'est marrant parce que c'était en partant en congé qu'en fait... J'ai pu avoir une coupure de mon quotidien. Et quand j'ai repris, après mes congés, je me souviens, c'était les ponts du mois de mai. Après les ponts du mois de mai, en fait, ça n'a plus jamais re-été comme avant. C'est-à-dire que j'étais épuisée tout le temps, tout le temps, tout le temps. Vraiment beaucoup plus qu'avant. Je dormais extrêmement mal. Je commençais à avoir des vertiges, des maux de tête, pour des raisons mystérieuses, c'est-à-dire que je ne savais pas exactement ce que j'avais. Et donc, après les plombs de mer, j'ai fait un peu le tour de tous les médecins. C'est-à-dire que je sentais que physiquement, ça n'allait pas bien. C'est-à-dire que pour moi, j'avais une maladie. J'avais un truc qui coinçait. J'ai fait le tour de tous les médecins et tous me disaient que je n'avais rien. Que, en tout cas, tous les bilans de santé que j'ai pu faire... été positif, tout allait bien. Et ça me rendait folle parce que pour moi, je ne me sens pas bien physiquement, donc forcément, je suis malade, donc je ne peux pas entendre cette réponse-là. Ce n'est pas possible. Pendant que je vivais ça d'un point de vue personnel, d'un point de vue professionnel, la situation continuait à évoluer comme elle était avant. C'est-à-dire que je continuais à me trimballer ce mal-être et cette souffrance au travail et cette blessure de « je n'ai plus les responsabilités et en tout cas la position que j'avais avant » . et ça ne s'arrangeait pas. Et avec du recul, je me rends compte que l'un influençait l'autre. Je ne me sentais pas bien au travail. Clairement, j'étais en situation de souffrance au travail. Et ça alimentait forcément ma souffrance physique, qui elle-même alimentait ma souffrance au travail. Et en fait, ce qui est marrant quand on est managé clairement par des gens qui ne nous font pas confiance, c'est qu'on a l'impression de leur donner raison. dans le sens où, comme on est suivi, qu'on nous fait clairement comprendre qu'on n'est pas à la hauteur parce qu'on a besoin de passer derrière nous, ça devient un peu une espèce de prophétie autoréalisatrice, parce qu'on commence à faire de plus en plus d'erreurs, parce qu'on est mal à l'aise, parce qu'on ne se fait plus confiance, etc. Et donc, on donne raison à ce management-là et, encore une fois, un cercle vicieux. Tout l'été s'est passé comme ça. arrivé le mois d'août, j'étais censée partir en vacances. Et c'était des vacances que j'attendais avec impatience parce que ça allait un peu être un reset pour moi. Ça allait un peu être l'occasion de vraiment couper. Et je pensais sincèrement que c'était ça dont j'avais besoin. J'avais besoin de couper un peu avec mon entreprise, partir, je devais passer ces vacances-là avec mes parents. déconnectée et revenir vraiment en septembre toute pimpante et prête à un peu récupérer ce qui me revient de droit finalement, c'est-à-dire un peu cette position que j'avais dans l'entreprise et surtout un épanouissement professionnel. Donc il faut bien avoir en tête que moi j'avais passé tout cet été-là à voir tous les différents médecins de Paris pour comprendre ce qui n'allait pas et qui bien sûr me disaient toujours tout allait bien. tous mes bilans étaient positifs. Donc je pars en vacances et en fait, je me rends compte que l'effet magique des vacances ne s'est pas produit. C'est-à-dire que la souffrance que j'avais au travail, je la gardais toujours en moi. J'étais toujours dans une situation de mal-être, juste j'étais en vacances sous le soleil avec ma famille. Et j'ai passé toutes ces vacances-là, je me souviens, à dormir. J'étais épuisée. Vraiment, j'ai jamais autant été fatiguée de ma vie. Je me réveillais épuisée déjà. Je me rendormais, je pouvais faire une sieste de 3 à 4 heures l'après-midi et je me recouchais le soir sans problème. Et ça tous les jours, même ma famille ne comprenait pas parce que j'avais tout le temps envie de dormir, même dans la voiture. Je pouvais avoir une micro-sieste, toute occasion était bonne pour moi pour dormir. Ça a un peu commencé à me mettre la puce à l'oreille, mais bon voilà, je disais ok. Je suis fatiguée, c'est à ça que servent les vacances, donc j'en profite. Et petit à petit, la réalisation que je ne profitais pas du tout de mes vacances. Les vacances, c'est quand même aussi pour passer du bon temps. Moi, je le passais à dormir. Plus le temps avançait, plus la rentrée approchait et plus mon angoisse augmentait. La boule au ventre, dès que je pensais au travail et à la reprise, ça n'allait pas du tout. Je me mettais à pleurer, c'est-à-dire qu'on n'était clairement pas dans une situation classique de « oh là là, bientôt le mois de septembre, enfin bientôt la rentrée, flemme » . C'était pas du tout ça, c'était clairement beaucoup plus intense que ça, avec des larmes, la boule au ventre, une angoisse. Je disais à ma famille « j'ai pas envie de repartir, j'ai envie de rester avec vous » , etc. C'était très douloureux, cette période. Donc je retourne chez moi, le week-end juste avant le lundi de la rentrée, et je me dis, bon allez, je me suis reposée, ça va repartir, ok, voilà quoi, j'ai la boule au ventre, mais ça va passer. Sauf que ça ne passe pas du tout, évidemment, et je me souviens que c'était le... La nuit du samedi au dimanche, donc juste avant le lundi de la rentrée, impossible de fermer l'œil de la nuit. Je me tourne et je me retourne dans mon lit, je me sens extrêmement mal, je me sens angoissée, j'ai des palpitations. J'ai vraiment le sentiment qu'un danger immédiat va survenir. J'étais en état d'alerte physique, donc impossible de lâcher prise et de dormir. À ce moment-là, je commence à avoir des pensées, on peut dire, noires. Je commence à me dire, mais c'est ça ma vie ? Est-ce que c'est normal de se sentir comme ça par rapport au travail ? Je commence à culpabiliser énormément, à me dire que forcément, j'étais faible. C'était quand même ma première année dans cette entreprise-là. Ce n'est pas possible pour moi de ressentir ça. Et je n'arrivais pas à mettre de mots sur ce que je ressentais. Pour moi, c'était un mystère. Pourquoi j'agissais comme ça ? Surtout que j'avais cette image de moi comme étant la fille forte qui arrivait à abattre des quantités de travail phénoménales. que ce soit en prépa ou en école ou même au travail. Voilà, c'est-à-dire que ce n'était pas les sujets ou la quantité de travail qui m'angoissaient. C'était tout ce qu'il y avait autour. Donc, impossible de dormir ce week-end-là. Donc, ce samedi-là, je me réveille dimanche. Vous savez, quand on ne dort pas très bien, on n'est pas bien. Je suis constamment, mais vraiment angoissée. C'est-à-dire que je passe la journée à faire les 100 pas, mais comme si, comme j'ai dit, un danger inhumain. imminent allait s'abattre, comme si une catastrophe allait s'abattre à tout moment, vraiment sur le qui-vive, sur mes gardes, alors que j'étais clairement chez moi, tranquille un dimanche et que j'allais reprendre le travail lundi. Ah oui, et je ne mangeais rien. J'étais incapable d'avaler quoi que ce soit à cause de ma boule au ventre. Je ne sais pas comment j'ai survécu physiquement à cette période-là. Donc, on est dimanche, soir, je vais d'un air parce que je travaille le lendemain. Tout ça, pour moi. je continue de me dire que de l'un de l'autre, je vais aller travailler. Je me tourne et je me retourne dans le lit, évidemment. Impossible de trouver le sommeil. Impossible de dormir, comme je l'ai dit. Impossible de retrouver la paix, finalement. Donc, je ne sais pas comment, au milieu de toutes ces angoisses, moi seule dans mon lit en train de me retourner, etc. D'un coup, j'ai comme une espèce d'épiphanie, je me dis, mais en fait, je suis en burn-out. Je mets ces mots-là, c'est moi qui les mets, pour la première fois, et ça a été un soulagement de me dire ça. Ça a été un soulagement parce que j'arrivais enfin à me dire, ok, il y a un truc qui cloche et à mettre un mot dessus. Il était, je crois, vraiment 2h du matin, c'est-à-dire que je me retournais dans mon lit depuis 22h. Et à 1h, 2h du matin, j'ai cette réalisation-là que je ne saurais pas expliquer sincèrement. Je pense que c'est à force de réfléchir, de tourner le problème dans tous les sens, de vivre ce mal-être-là que je me dis « mais en fait, attends, c'est pas normal, ça c'est un burn-out » . J'envoie un message à mon manager pour lui dire que je ne peux pas aller travailler le lendemain. J'allais tellement mal. Ça faisait deux, trois jours que je n'avais pas fermé le lieu de la nuit. Je ne pouvais pas aller travailler. J'envoie ce message-là à mon manager et je prends rendez-vous chez le médecin. Je prends rendez-vous et là, je dors, je crois, trois, quatre heures cette nuit-là. Je me réveille, j'attends le rendez-vous avec impatience. Je suis mis au fond du couvre. Je me sens tellement coupable. Je me dis, mais j'aurais dû aller travailler. Mais qu'est-ce qui me prend ? Je ne peux pas. Ne pas aller travailler, c'est la rentrée, je devais commencer une mission chez un nouveau client, je ne pouvais pas me permettre. Vraiment, je me sens comme une merde toute la journée. Arrive enfin le rendez-vous chez le médecin, je vais voir le médecin. C'était mon médecin traitant qui me suivait depuis déjà un peu quelque temps, donc on me connaissait un petit peu. Il me pose juste une simple question, alors qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Et là, je me mets à pleurer. chez le médecin, mais vraiment toutes les larmes de mon corps. Je pleure toutes les larmes de mon corps et j'essaye de lui expliquer entre mes sanglots tout mon mal-être, toute ma souffrance que j'ai traînée pendant tous ces mois. Mes angoisses, mes palpitations, les vertiges que j'avais, tout ce qui n'allait pas, le fait que je mangeais plus, que je dormais plus, que j'étais fatiguée au bout de... Enfin, que j'étais juste fatiguée, tout simplement, même pas au bout de cinq minutes de marche ou quoi que ce soit. J'étais juste tout le temps fatiguée. La preuve, c'était que pour aller voir mon médecin, j'ai dû prendre un Uber parce qu'impossible de prendre des transports. Parce que pour moi, c'était le parcours du combattant, de sortir, de prendre le métro. Vu que je ne dormais pas et que je ne mangeais pas depuis plusieurs jours. C'était vraiment horrible cette période-là. Je lui raconte tout ça et il me confirme mon autodiagnostic. Donc, c'est effectivement un burn-out. Je lui dis, mais comment c'est possible ? Je ne peux pas faire un burn-out à 25 ans. Il me dit, mais il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. En fait, s'il me dit ça, je crois que je ne le crois pas tout de suite. Parce que je me dis, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Je sais que moi-même, je m'étais dit ça avant, mon médecin me le répète, mais en fait, pour moi, un burn-out, c'est un truc qui t'arrive potentiellement quand t'as 40 ans, quand t'es directeur financier de je sais pas quoi et que t'as trois enfants à charge et que ta vie est éreintante. Ce qui, objectivement, n'était pas mon cas. J'avais pas d'enfants, j'avais pas spécialement plus de responsabilités que ça dans mon entreprise. Comment c'est possible ? Comment c'est possible que ça m'arrive ? Donc il me prescrit un arrêt maladie que je vis vraiment, en fait, plus qu'un soulagement. Pour moi, ce médecin, je le penche encore aujourd'hui, il m'a sauvé la vie. Parce que sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé si j'avais continué à me trimballer ce mal-être-là. Et sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé s'il m'avait dit « Oh, ben ça va, vous pouvez reprendre le travail, cette génération... » Vous devez vous bouger. Enfin, un peu tous les discours qu'on peut entendre. Sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé. Je le pense vraiment, vraiment. Je pense vraiment qu'il m'a sauvé la vie ce jour-là. Une fois que le diagnostic est tombé, donc qu'il a été confirmé par mon généraliste, je pars en arrêt maladie de deux semaines. J'envoie mon arrêt à mon entreprise. J'éteins tout, le téléphone pro, l'ordinateur pro. J'essaye enfin de dormir. J'arrive un petit peu, mais la culpabilité me ronge. Je me dis, c'était la première fois que je posais un arrêt maladie de ma vie. C'est quand même fou. Je me dis, mais c'est pas possible. J'ai fait faux bon à mon client. Je me suis pas présentée. Comment je vais faire ? Et cette période-là, je la vis aussi sous... l'horizon de la fin de l'arrêt maladie, c'est-à-dire que dans deux semaines, je devais retourner en entreprise. En fait, c'était dur parce qu'on ne peut pas clairement et facilement lâcher prise quand on sait que dans deux semaines, on va devoir y retourner. Mais en même temps, il n'y a pas d'autre option. J'étais perdue, je ne savais pas ce que j'allais faire, je ne savais même pas en fait. Moi, j'avais entendu le diagnostic, je l'ai compris, mais je ne comprenais pas encore ce que ça voulait dire concrètement. Donc la seule option, c'était un arrêt maladie. Je me souviens que... J'étais tellement gênée, tellement honteuse, quand mes potes me demandaient, ou alors mes collègues avec qui j'étais proche, avec qui pas forcément, j'ai loué des relations amicales qui sont des gens vraiment très très cool. Quand ils me posaient la question, bah ouais je suis en arrêt maladie, mais j'avais limite envie de mentir, j'avais limite envie de leur dire non non mais j'ai un problème de santé physique, rien à voir, etc. Parce que... utiliser le B-word, le burn-out. Le mot était trop fort. C'est un tabou. C'était comme s'il y avait écrit « fragile » sur mon front, en fait. Et ça ne pouvait pas être moi. Je n'étais pas cette personne. J'étais une personne qui a toujours bien fait, qui arrivait à encaisser, qui pouvait travailler pendant de longues heures. Non, non, non. Moi, je refuse cette étiquette-là. Forcément, je m'isole. J'envoie mon arrêt maladie. Je dis à mes potes Non, non, mais je suis malade, je ne suis pas trop en état de parler, on se parle plus tard. Et même à ma famille, je n'ose pas leur dire. Parce que vis-à-vis de ma famille, encore une fois, je suis un peu l'enfant prodige. J'ai fait des superbes études sans problème, j'ai trouvé un travail sans problème. Tout se passe super bien, je gagnais quand même plutôt bien ma vie par rapport à mon âge. Qu'est-ce que j'allais leur dire ? Et surtout, mes parents ne savaient pas ce qu'était un burn-out. Pour eux, c'est un peu un concept mystérieux, inconnu, on ne sait pas trop ce qu'il y a derrière. Et honnêtement, même pour moi, je ne savais pas trop ce qu'il y avait derrière. Donc, comment je pouvais m'attendre à ce qu'ils comprennent ? J'étais tentée de ne pas leur dire, j'étais tentée de cacher, voire de mentir. Mais ce n'est pas cette relation-là que j'avais avec ma famille. On est quand même plutôt proches, donc j'ai décidé de leur dire la vérité. Ils avaient bien vu que pendant les vacances, ça n'allait pas du tout. Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas dans mon assiette. Donc, ce n'était pas tant une surprise que ça pour eux. Et surtout, ils disaient, tu n'es pas bien, tu n'es pas bien. Ta santé, c'est la priorité, on verra après. Ils étaient quand même... J'ai quand même été agréablement surprise par leur réaction parce que je m'attendais vraiment à plus de, en guillemets, fermeté, un peu comme quand t'es petit et que t'as pas envie d'aller en cours et que tu fais genre t'es malade et que tes parents te disent bon là, allez, ça suffit des conneries, tu vas en cours. Je m'attendais vraiment à cette réaction-là et je trouve que ça en dit long parce que, quelque part pour moi, j'avais encore un peu ce rapport à mes parents d'enfants à parents alors que... J'avais quand même 25 ans, j'avais mon appart, j'avais mon travail, j'étais quand même une adulte. Donc voilà, ça en dit long. J'ai commencé à avoir une psy à ce moment-là. Justement, on a pu en discuter en long, en large et en travers. Et donc ma psy, j'ai commencé à la voir une fois par semaine. Parce que j'avais besoin de comprendre. qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui a pu arriver ? Comment j'ai pu en arriver là ? Comment j'ai fait pour craquer ? Et surtout à mon âge. Pour moi, je pensais dur comme fer que c'était une anomalie, que ce n'était pas possible. Ce n'est pas possible de faire un burn-out à 25 ans pour moi. Donc mes deux semaines d'arrêt maladie, en fait, clairement, deux semaines, ce n'est pas suffisant pour sortir d'une situation comme ça. Ça, c'est évident. Ça permet néanmoins de prendre un temps pour réfléchir à tout ce qui s'est passé. En fait, honnêtement, même pas de réfléchir à ce qui s'est passé, juste recommencer à dormir, manger et penser à autre chose que sa situation. La priorité pour moi, c'était vraiment ça. J'étais dans une souffrance, mais abyssale, vraiment. Une souffrance comme je n'ai jamais souffert de ma vie. Rien, rien, rien n'allait. Je passais ma journée à pleurer. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'ai compris ensuite que c'était une dépression et le burn-out et dépression. J'ai compris du coup après que ça allait de pair, malheureusement. En fait, on ne sait pas trop ce qui, en tout cas selon les médecins, on ne sait pas trop ce qui génère quoi. C'est-à-dire qui précède quoi. Est-ce que c'est le burn-out ou est-ce que c'est la dépression ? Mais en tout cas, voilà, j'étais dans un état vraiment horrible. J'ai eu pas mal de soutien. de la part d'une amie proche et de mon copain qui habitait quasiment avec moi sur cette période-là parce que je ne supportais pas d'être seule. J'avais enfin quelqu'un qui pouvait me faire à manger, qui quand même faisait attention à est-ce que je mange bien, est-ce que je dors bien, enfin juste qui prenait soin de moi finalement parce que clairement, je n'étais pas en état de le faire. Ça rendait aussi les moments plus fun, comme le fait de manger. Par exemple, manger à deux, ce n'est pas comme manger seul. C'est une motivation supplémentaire, on va dire. Parce que clairement, j'étais revenue à un état limite d'enfant, où j'avais besoin d'une motivation, d'une récompense pour manger, pour dormir, etc. Je passais ma journée à regarder des séries pour penser à autre chose, parce que je ne pouvais pas rester deux minutes. toute seule dans ma tête, quoi. Parce que dès que j'étais toute seule, sans distraction, belles pensées très, très, très négatives revenaient tout de suite. Et c'est dire, parce que je trouve que honnêtement, j'ai pas vécu grand-chose dans ma vie, mais de mon expérience, ne pas pouvoir être seule avec soi, c'est le pire sentiment. C'est le pire sentiment parce qu'on est tout le temps, en fait, avec soi. C'est-à-dire que rechercher la compagnie constante des autres et ne pas... supporter être seule avec soi, c'est vraiment horrible et c'est le signe que ça va vraiment, vraiment pas. À part les gens proches, je n'ai pas osé en parler un peu à mon deuxième cercle, on va dire au cercle le plus élargi. Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas expliquer la situation. Même ma famille, en fait, quand ils ont vu que la situation durait, parce que du coup, après mon deuxième...

  • Speaker #0

    Après les deux semaines, je suis retournée voir mon médecin pour lui dire que ça ne va pas du tout. Enfin, ça ne va toujours pas. Donc, il m'a remis deux semaines. Et la situation a continué comme ça jusqu'en décembre. En sachant qu'en novembre, début novembre, j'ai décidé d'arrêter de voir mon médecin traitant, donc un généraliste, pour aller voir un psychiatre qui, lui, était forcément beaucoup plus, j'ai envie de dire compétent sur ce genre de sujet, qui connaît plutôt bien. Et donc, à ce moment-là, j'ai pu avoir des arrêts maladie plus prolongés. Donc, au global, je suis restée en arrêt de début septembre à un peu avant Noël, fin décembre, on va dire. À ce moment-là, comme je disais, comme ma famille voyait que ça durait assez longtemps et que la situation ne s'améliorait pas spécialement, j'ai commencé à avoir des questions du style, mais qu'est-ce qui a généré ça exactement ? Mais comment ta situation ? C'est quoi exactement ? Comment tu te projettes ? Comment t'as fait pour en arriver là ? En fait, c'est des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Je n'ai pas de réponse à ces questions. Moi-même, je ne sais pas. Moi-même, je vais voir ma psy toutes les semaines pour essayer d'avoir une réponse. Donc, très vite, j'ai commencé à éviter les coups de fil de ma famille. Malheureusement, alors qu'on a toujours été proches. En fait, je ne voulais pas qu'on me pose des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Et à un moment, j'étais fatiguée de tout ça. J'avais plus envie d'être... être dans le divertissement, dans la distraction, parce que j'avais envie d'essayer de retrouver une vie à peu près normale où je n'avais pas besoin de motivation ou quoi que ce soit pour juste manger ou dormir. J'avais envie de, au moins que j'arrive à prendre soin de moi seule et que je puisse au moins répondre à mes besoins physiologiques seule, en gros. Donc, à la fin décembre, dès que physiquement, j'ai pu récupérer un petit peu, vu que j'ai recommencé à avoir petit à petit une alimentation saine, j'ai pu déjà m'alimenter, dormir à des horaires réguliers, j'ai repris le yoga à ce moment-là, ça m'a fait énormément de bien. Je me suis dit, OK, ça va mieux, il faut que je retrouve le travail. Parce que pendant cette période-là, moi, j'étais dans un mindset de, il faut que je sauve les meubles de ma carrière. Parce que pour moi, à ce moment-là... J'avais l'impression que tu revenais pas d'une situation comme ça, c'est-à-dire que je pouvais pas avoir la même carrière qu'avant dans cette entreprise-là, ce qui est évidemment complètement faux, parce que la vie n'est pas linéaire, on a des arrêts, on a des moments où on a de l'énergie à revendre et des moments où c'est pas trop le moment parce qu'on a des problèmes perso, etc. Mais moi, c'est un peu bête, mais moi je savais pas du tout ça. Pour moi, ta vie pro, c'est ta vie pro. Tu te donnes à 100% tous les jours. Et après, ta vie perso, c'est ta vie perso. Tu gères ta vie de ton côté. C'était particulièrement toxique comme mindset. Et c'est sûr que mon mindset, à cette époque-là, n'est pas étranger à ce qui m'est arrivé. Petit à petit, j'essayais de dédramatiser la situation. de ne plus avoir honte, parce que clairement, c'était la honte et la culpabilité qui prédominaient à ce moment-là. Je ne connaissais personne. Je ne connaissais personne qui avait déjà vécu ça, vu que je ne connaissais principalement que des gens de mon âge. Personne n'avait vécu ça, j'étais un peu la première. Et donc, comme je l'ai dit, j'avais l'impression qu'il y avait écrit « fragile » sur mon front, et qu'on prenait des pincettes avec moi, et surtout que je n'avais pas... pas d'explication à donner, je ne sais pas pourquoi, mais j'étais obsédée par le fait que je devais donner une explication. Je ne pouvais pas dire aux gens « Ouais, j'ai fait un burn-out. » « Ok, t'as fait un burn-out, mais pourquoi ? » Et à ce moment-là, je ne savais pas. J'avais des pistes de réflexion, mais je ne savais pas clairement ce qui a mené à cette situation-là. Là, ça fait deux ans, avec du recul, honnêtement, je me rends compte que il n'y a pas de réponse. Il n'y a pas de réponse parce que c'est multifactoriel. Parce qu'il y a plusieurs petites choses qui ont fait que, et que la responsabilité est partagée entre moi et mon entreprise, en tout cas pas mon entreprise à propos d'en parler, mais les conditions de travail. Enfin, sincèrement, c'était un cocktail de plein de choses. Mais aussi, je me suis rendue compte que, malheureusement, j'ai été ma propre ennemie à ce moment-là. Je voulais me protéger à tout prix. Je pensais que je me protégeais, mais je ne le faisais pas. Je pensais qu'en me donnant à 100%, en me disant jamais non, j'étais en train de me préparer pour une carrière de fou furieux, mais en fait je ne me rendais pas du tout service, j'étais en train de creuser ma tombe. Et c'est horrible de se rendre compte qu'on est responsable de... je ne vais pas dire échec, parce qu'avec du recul ce n'est pas un échec en soi, au contraire ça m'a redirigée vers d'autres choses. Mais en tout cas que j'ai été responsable de mon malheur sur cette situation-là. Alors je n'étais pas la seule responsable, mais... si j'avais le recul que j'avais maintenant, évidemment, je ne serais pas tombée dans cette situation-là. Donc, le temps est passé. J'ai repris le travail autour de début janvier. J'ai repris le travail, c'était super angoissant. En fait, je n'ai même pas pensé à ne pas reprendre. C'est-à-dire que pour moi, c'était évident que j'allais revenir. J'ai repris le travail. C'était très, très dur. En fait, j'appréhendais énormément de revoir les mêmes personnes. C'était sûr qu'on allait me poser des questions, et on m'a posé des questions. Alors, qu'est-ce qui t'est arrivé, etc. J'avais quand même réussi à préparer des réponses un peu toutes prêtes. Oui, non mais ça n'allait pas, j'étais malade, etc. Je n'étais pas obligée de donner les détails de ma situation à mes collègues. Et voilà, en discutant avec mon management, on a décidé que j'allais reprendre, mais dans des conditions autres, des conditions un petit peu plus aménagées. que j'allais pouvoir faire plus de choses qui me tentaient, qui me faisaient du bien au travail, etc. Et je ne sais pas si ça a marché. Honnêtement, c'est mitigé parce que je voulais que ça marche. C'est-à-dire que je me gaslightais un peu en me disant « Ah, tu vois, là c'est super, ça se passe bien. Tu fais tes horaires, tu ne restes pas particulièrement tard et ça va, etc. » Je continuais d'ignorer les signaux que m'envoyait mon corps. C'est-à-dire que quand j'ai repris, j'avais toujours du mal à m'endormir quand je travaillais le lendemain. Mais vraiment, c'est pas juste « j'ai un peu de mal à m'endormir, bon, je mets une demi-heure au lieu de dix minutes » . Là, c'était vraiment... En fait, j'ai découvert qu'on pouvait dormir, enfin pas vraiment dormir, juste être dans un état de semi-conscience toute la nuit. Vraiment toute la nuit. de ne pas réussir à plonger dans un sommeil profond. Je ne connaissais pas du tout cet état-là. Et c'est comme ça que j'ai vécu pendant à peu près six mois. Pendant six mois, je n'avais pas de sommeil profond. J'étais dans cet état de semi-conscience bizarre, donc un état absolument pas reposant. Et je m'aidais vraiment de compléments alimentaires, de mélatonine, de magnésium, etc. pour essayer de joindre les deux bouts, pour essayer de faire comme si vraiment c'était juste... Je faisais semblant que ça allait bien au travail et que vous avez vu, oui, certes, j'étais en arrêt pendant trois mois, mais là, je suis là, je suis d'attaque, on y va, vous pouvez me refaire confiance comme avant, etc. Alors que ça me coûtait énormément. Je refaisais les mêmes erreurs. Je faisais semblant en entreprise, alors que le soir chez moi, je ne dormais pas. Je faisais beaucoup, beaucoup de crises d'angoisse. J'étais toute angoissée, c'est sûr que j'étais au bureau, je faisais mon travail et d'un coup, palpitations, je regarde autour de moi comme s'il y a encore une fois un danger imminent à aller s'abattre et je me disais ça va passer, ça va passer, ça va passer. Grosse, grosse, grosse erreur parce que ça ne passe pas. Parce que tout simplement ça ne peut pas passer quand tu te mens à toi-même et que tu fais semblant que tout va bien. Ça ne peut pas passer quand il y a un mal-être interne. qui est aussi ancrée que ça. Je continue de faire semblant de janvier à octobre. C'est quand même long. J'ai quand même tenu dix mois, vraiment en me faisant croire à tout le monde que ça y est, c'était reparti de plus belle. À partir de là, c'est une deuxième étape qui s'ouvre. Pour moi, là, c'est vraiment le chapitre 2 qui commence, parce que... en fait j'ai tenté j'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai puisé vraiment dans mes dernières ressources j'étais vraiment dans mes derniers retranchements et clairement non, 10 mois après j'ai tenu et non et non ça ne marche pas ça ne fonctionne pas, c'est pas fait pour moi et là se pose la question c'est pas fait pour moi mais tu vas faire quoi ? et donc commence un tourbillon de questionnements. qui clairement me déprime dans le sens vraiment primaire de je suis en dépression, diagnostiquée par mon psychiatre. Il me met sous antidépresseur, chose que j'avais refusée pour le premier arrêt, parce que ça me faisait un petit peu peur. Tous ces sujets, enfin, ouais, un peu tout cet univers-là, c'est con parce que quand on est clairement ignorant sur ce genre de sujet, on peut vite avoir peur. Moi, dans ma tête, antidépresseur, je pars en hôpital psychiatrique. Et peut-être que j'en avais besoin, j'en sais rien. Je ne pense pas parce que mon handicap ne m'en a pas parlé. Mais ça me faisait peur, je n'avais pas envie d'en arriver là. Au bout du deuxième arrêt, j'ai envie de dire Burnout chapitre 2, je me suis dit non, franchement là, je ne peux pas revivre ce que j'ai vécu l'année dernière. J'utilise vraiment tous les leviers à ma disposition pour aller mieux. Donc antidépresseur, anxiolytique, quand j'en ai besoin, quand je sens vraiment que l'angoisse est grande. Et je sentais que mon corps était épuisé. Il était épuisé parce que je lui infligeais, involontairement bien sûr. Les crises d'angoisse, les palpitations, le fait d'être sur ses gardes H24, c'est un poids pour ton corps qui n'est pas détendu, qui vit sous stress permanent. Et je me dis non, franchement non, est-ce que c'est ça la vie que j'ai envie d'avoir ? Surtout à mon âge, j'avais presque 26 ans à l'époque, un an après. Non, honnêtement... J'en avais marre, ça avait assez duré. Mais d'un autre côté, je ne savais pas comment aller mieux durablement. Donc, sur cette période-là, antidépresseur et dépression. Vraiment, la dépression, comme on voit dans les films, de « je ne peux pas sortir de mon lit » et encore une fois, j'arrête de me nourrir. Mais on mange dormant, c'est déjà ça. Donc, commence une période noire, mais un petit peu moins noire que la première, parce que j'ai envie de dire, bon, c'est du vu et revu. Je sais ce que c'est, j'ai un peu d'expérience. Et là, mon arrêt maladie a duré très très très longtemps. Il a duré presque un an que je suis en arrêt maladie, enfin que j'étais en arrêt maladie. Et sur cette période-là, j'ai vécu plein de choses parce que je me suis dit, je ne vais pas retourner en entreprise comme je pensais avant, le plus vite possible pour sauver les meubles de ma carrière, hors de question. Je sais que je ne resterai plus dans cette entreprise-là parce que j'ai... Je leur ai donné une deuxième chance et que ça n'a pas marché. Et quand je dis ça, je ne considère pas vraiment que c'est la faute de l'entreprise, mais c'est juste qu'il y a une incompatibilité maintenant entre cette entreprise et moi. Et aussi, on ne peut pas guérir dans l'environnement qui nous a rendu malades. Il fallait que je me rende à l'évidence et que je n'allais pas retourner là-bas. Mais maintenant, qu'est-ce que je fais ? Et le truc, c'est qu'on ne peut pas penser sérieusement à ce qu'on veut faire quand on vit une situation de mal-être comme ça. Donc... Première des choses dans l'ordre du jour, aller mieux. Et aller mieux, allez ! Je veux dire, bon courage, il n'y a pas de recette pour aller mieux du jour au lendemain. Donc ça a pris des mois et des mois, ne serait-ce que pour recommencer à sortir de chez moi. J'ai décidé cette fois-ci que j'allais parler de ça honnêtement à mes potes et leur dire, écoutez, c'est la situation, je ne suis pas bien, fuck ! Oh oh ! Voilà, la situation est ce qu'elle est, je ne suis pas bien, je ne m'en excuserai pas. Et ça, c'est vraiment la principale évolution par rapport à la première fois. Donc ça a duré longtemps. La libération de la parole m'a aidée aussi. Enfin, la libération de ma parole m'a aidée. Le fait d'en parler librement autour de moi, d'assumer, c'est comme ça. Un petit peu de sport, une alimentation équilibrée. Je sais que ça fait très cliché, mais ça aide vraiment. J'ai essayé de me reconnecter à des choses que j'aimais faire enfant. Ça, c'est la psychothérapie qui m'a vachement aidée. C'est ma psy qui me donnait beaucoup de conseils, qui me dit justement ce que je viens de dire. Essayer de te reconnecter à des choses qui te plaisaient quand tu étais plus petite, etc. J'ai recommencé à lire. Ça faisait vraiment des années que je n'avais pas lu, alors que j'ai passé littéralement toute mon enfance et adolescence à dévorer des livres. Depuis la prépa, j'étais incapable de prendre un livre et de lire pour le plaisir. Je me suis reconnectée à cette passion-là. J'ai commencé à aller au cinéma très régulièrement, ça m'a fait du bien. L'art me faisait du bien, que ce soit par la littérature ou par le cinéma, ou par les expos, les musées. Enfin, tout cet univers-là me faisait énormément de bien. Et j'ai appris à lâcher prise. Et je n'ai pas malheureusement de recettes magiques. vous communiquer pour vous dire, faites ça et ça ira mieux en une semaine. Parce que moi, ça m'a pris des mois et des mois. Mais pour lâcher prise, en fait, j'ai juste commencé à me répéter des mantras du style tu ne contrôles pas ça, donc c'est ça, viens t'inquiéter. Ça peut paraître extrêmement bateau, mais ça, ça m'a vachement aidée. J'ai travaillé sur le fait d'accepter de ne plus avoir le contrôle, de me dire que peut-être que ma carrière dans cette boîte-là, elle est foutue, mais ça ne veut pas dire que ma carrière dans l'absolu était foutue, surtout que j'avais 26 ans à l'époque. Voilà, il me restait 40 ans à travailler. Je pense que je vais me débrouiller. Et surtout, cette idée de me dire, je dois encore travailler pendant 40 ans. En fait, déjà, il me faisait peur au début parce que je sentais que j'étais physiquement inapte au travail. Donc, je me suis dit, oh là là, comment je vais faire pour travailler pendant 40 ans ? Mais surtout, ça m'a fait prendre conscience que je ne peux pas passer 40 ans à faire un travail que je n'aime pas et qui me met dans cet état-là. Donc, prochaine étape, il faut que je trouve un travail qui me plaise. Et là, bon, c'était un autre... sujet parce que c'est compliqué. C'est-à-dire que jusqu'à présent, je ne sais pas si j'ai trouvé. J'ai des pistes. J'ai beaucoup réfléchi. J'ai envie de tenter quelque chose, mais je ne sais pas si ça va marcher et ce n'est pas grave. Et ça, c'est vraiment une différence majeure avec la personne que j'étais avant. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'accepte l'aléatoire dans ma vie. J'accepte le fait de ne pas tout contrôler. Le fait de ne pas avoir un... un plan prédéfini, parce que c'est aussi ça la vie. Et avant, j'avais un plan prédéfini et regardez où est-ce que ça m'a menée. Donc voilà, c'est un petit peu tout ça. Aujourd'hui, je ne pense plus être en burn-out, même si de temps en temps, je peux avoir des pensées qui sont pas très bonnes, pas ouf, etc. Mais globalement, ça va beaucoup, beaucoup mieux. J'ai de nouvelles ambitions parce que tout ça m'a appris qu'en fait, on est beaucoup à être dans cette situation. Peu importe l'âge, que ce soit à 40 ans ou à 25 ans, un burn-out, ça reste un burn-out. Ça a des effets dévastateurs sur les individus. On le vit tous différemment. Et donc, de là est née une ambition, celle de devenir coach spécialisé en souffrance au travail. en burn-out et plus globalement coach carrière. Donc là, le projet, c'est de passer une certification de coaching. Et en attendant, j'ai lancé mon compte sur les réseaux qui s'appelle Reset du chaos. J'ai créé ce compte-là pour partager mon expérience parce que, comme j'ai pu le dire plus tôt, je me suis rendue compte qu'on était... Beaucoup dans ces situations, des gens que je connaissais personnellement, mais pas que. Ça m'a beaucoup aidée dans mon processus de guérison parce que partager son expérience a un effet thérapeutique, tout simplement. Le fait d'être lu, d'avoir un sentiment, de l'écrire et de le partager, c'est comme si on le sortait physiquement de sa tête et qu'on le balançait comme ça sur les réseaux. C'est très récent, mon compte est très très très jeune. Mais j'ai quand même eu la chance d'avoir rencontré beaucoup de personnes de cette manière-là, des gens qui vivent exactement ce que je vis ou ce que j'ai vécu avant, qui sont à des étapes plus ou moins avancées du burn-out. Et j'avais aussi envie de faire de la prévention, en fait, parce que j'étais tellement ignorante sur ce sujet-là. Et si je ne l'étais pas, ça m'aurait vraiment fait économiser beaucoup de temps. et beaucoup de souffrance, clairement. Globalement, j'ai des retours vraiment positifs par rapport à mon contenu, c'est-à-dire que après, quand on est un petit créateur sur les réseaux, c'est pas facile de toucher un maximum de monde, mais en tout cas, ma petite communauté à son échelle, en tout cas, elle m'a l'air ravie des conseils que je peux transmettre. J'ai rencontré des gens comme ça avec qui je discute. On s'échange nos conseils et à terme, bien sûr, j'aimerais quitter ce compte-là pour parler de mon activité de coaching après ma certification, bien sûr. Et concernant cette activité de coaching, en fait, je voulais préciser qu'avant d'en arriver là, je suis passée par un milliard d'idées. Tous les quatre matins, j'allais voir mes proches pour leur dire si j'ai une super nouvelle idée, c'est sûr, c'est ça ce que je fais, j'ai envie de faire ça de ma vie, etc. Et en fait, non, et je change d'idée, etc. Là, c'est l'idée qui me motive le plus, qui me passionne, qui me donne envie de me réveiller le matin, sincèrement. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. Cette idée d'être passionné par ce qu'on fait dans la vie. Et je le vis vraiment comme une épiphanie de me dire « Ah putain, on peut aimer ce qu'on fait dans la vie ! » Et ça peut nous faire vibrer au point d'être content de se réveiller le matin et se dire « Ok, super, aujourd'hui je vais créer du contenu, je vais voir ce que je peux faire pour faire grossir mon compte, je vais chercher des partenariats, etc. Je vais continuer mes modules de certification, etc. » Et ça me fait un bien fou, vraiment. Parce que je pensais que j'étais condamnée à une vie de bureau où je dois subir un emploi du temps qui ne me convient pas et faire des tâches qui ne me plaisent pas plus que ça. Et en plus, subir la pression du management, un peu de toute la rigidité du monde de l'entreprise. Et attention, je ne dis pas que c'est forcément négatif intrinsèquement. Ça peut être super cool pour d'autres personnes. Les gens peuvent... effectivement, y voir beaucoup d'avantages. Et y en a, comme la sécurité de l'emploi, etc. Mais en tout cas, pour moi, aujourd'hui, après tout ce que j'ai vécu, j'ai envie de vivre plus... Enfin, j'ai envie de prendre des risques, en fait. Et je me dis, si je les prends pas maintenant, à bientôt 27 ans, quand est-ce que je les prendrais ? Aujourd'hui, si je peux partager un message, c'est vraiment de dire qu'il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. Y a des gens qui sont en études qui font des burn-outs. C'est... C'est vraiment complètement décorrélé et indépendant de l'âge. Il y a plusieurs moyens de savoir si on est en train de faire un burn-out, si on se sent complètement épuisé, qu'on n'arrive pas à récupérer son énergie, qu'on commence à avoir des maux physiques un petit peu mystérieux, on ne sait pas trop d'où ça vient, on va chez le médecin, il nous dit que tout va bien, alors qu'on sent que ça ne va pas du tout. Si on commence un petit peu à s'isoler son entourage, à s'éloigner petit à petit, à plus trop répondre aux messages, si on se sent constamment de mauvaise humeur, il y a énormément de signes comme ça qu'il faut connaître. Vous pouvez d'ailleurs jeter un petit coup d'œil à mon compte qui les reprend assez bien, je pense. La vie est beaucoup trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Ça, c'est vraiment la... La principale réalisation, non seulement qui ne nous plaît pas, mais aussi qui clairement nous détruit. En tout cas, moi, c'était clairement mon cas. C'était un travail qui me détruisait physiquement et mentalement. Et encore une fois, c'est de la faute de personne, mais c'était une incompatibilité en fait. Je me sentais emprisonnée, je sentais que je n'avais pas d'autre option que celle-là. Parce que... Toute ma vie, on m'a préparée vers ce genre de poste, vers ce type de vie. Et aujourd'hui, je refuse. Je refuse clairement parce que j'ai envie de faire ce qui me plaît. Et comme j'ai dit, la vie est trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Surtout qu'on passe, encore une fois, il me reste 40 ans de travail. On passe toute la journée au boulot. Donc c'est vraiment trop, trop dommage de se résigner. Si une auditrice qui... peut-être vient de recevoir son diagnostic, tombe sur mon épisode. J'ai envie de lui dire que déjà, il n'est pas seul. On est des milliers et des milliers à avoir vécu ça. Quand on est en plein dedans, on a l'impression qu'on ne va jamais s'en sortir, que ça y est, c'est notre vie, notre vie est foutue, c'est comme ça, bien fait pour nous. Mais en fait, pas du tout, pas du tout. C'est vraiment ce que je ressentais pendant ces deux dernières années. J'étais persuadée que... clairement, que je n'allais plus jamais reconnaître le bonheur de ma vie. Mais notre cerveau nous fait croire ça quand on est dans cet état et que ce n'est absolument pas le cas et qu'une vie merveilleuse t'attend après cette épreuve. Et un jour, peut-être, sûrement, tu verras cette épreuve comme un cadeau.

Description

À 25 ans, Imane pensait avoir « tout fait comme il fallait » : études brillantes, CDI prestigieux, carrière prometteuse.
Jusqu’au jour où son corps a lâché.
Elle ne dormait plus, ne mangeait plus, et pleurait sans comprendre ce qui lui arrivait. Le diagnostic est tombé : burn out.

Dans cet épisode, Imane revient sur ces mois d’épuisement extrême, la difficulté de poser des limites dans le monde de l’entreprise, la honte, la culpabilité… mais aussi sur son lent retour à la vie, la découverte de ses véritables envies et son envie d’aider aujourd’hui celles et ceux qui traversent la même épreuve.

🔹 Un épisode sincère, intime et porteur d’espoir
🔹 Pour rappeler qu’il n’y a pas d’âge pour faire un burn out et qu’on peut s’en relever


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Stéphanie Jary


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Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je vous propose de plonger au cœur du burn-out, à travers le témoignage d'Imane. A seulement 25 ans, elle a vu son corps et son esprit dire stop. alors qu'elle pensait simplement manquer de sommeil. Dans cet épisode, elle raconte sans filtre la spirale invisible de l'épuisement, de la culpabilité, l'isolement, mais aussi le long chemin vers la reconstruction. Une histoire sincère, puissante et pleine d'espoir, qui rappelle qu'un burn-out peut frapper à tout âge, et qu'on peut s'en relever. Vous êtes sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Excellente écoute.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Imane et j'ai fait un burn-out à 25 ans. Je ne m'y attendais pas, au début je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Il faut savoir que j'ai toujours été une personne qui faisait ce qu'on attendait de moi. C'est-à-dire que j'ai toujours été une bonne élève, j'étais première de la classe au lycée, j'ai fait une prépa parce que les gens qui sont premiers de la classe font une prépa. J'ai passé mes concours, j'ai eu la deuxième meilleure école de commerce de France. J'ai commencé les cours, je suis rentrée dans un moule finalement où Quand on est en école de commerce et qu'on a l'avantage d'être dans une école aussi bien classée, on fait du conseil. Et peut-être moi, à aucun moment, je me suis posé la question de qu'est-ce que j'ai envie de faire dans la vie. Je faisais ce qui était attendu de moi, je faisais ce que les personnes comme moi faisaient. À l'époque, il y avait des choses qui m'intéressaient, j'aimais bien tout ce qui était marketing, luxe, etc. Et en rentrant dans cette école-là, c'était plus... La finance, conseil, ce genre de choses. Et moi, je n'avais pas la force de caractère pour imposer ce que j'avais envie de faire et surtout me poser la question de ce que j'avais envie de faire. En fait, pour moi, c'est marrant, mais ce n'était même pas une option. J'ai fini mes études, j'ai tout fait comme il fallait. Commencer un CDI dans un cabinet de conseil, vraiment le cliché du cabinet dans une tour à la défense. Quand j'ai commencé, j'ai commencé avec... beaucoup de passion, d'ambition. J'étais habituée à être un peu syndrome de la bonne élève, c'est-à-dire que j'étais habituée à toujours être première. Et donc, en arrivant, je voulais prouver que vous avez bien fait de me recruter, vous allez voir, je suis super, etc. Et surtout, j'étais incapable de dire non. En fait, c'est marrant, on parle rarement de ce sujet-là, du passage de l'école au monde du travail. Parce qu'à l'école, on a des profs qui nous donnent des devoirs et quelque part, ils savent notre charge de travail. Ils savent ce qu'on est capable ou en tout cas ce qu'on devrait encaisser comme charge de travail. Alors que dans le monde de l'entreprise, ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe. Les gens veulent se décharger, donc ils proposent, enfin ils demandent, avec un ton un peu qui te fait comprendre que tu n'as pas trop le choix. Et en fait, c'est à ce moment-là où la force de caractère personnel de chacun... devraient rentrer en jeu et devraient dire « Ah non, non, non, mais moi, ça me va pas du tout, etc. » Donc moi, j'étais incapable de faire ça et je restais travaillée très, très tard, parfois sans pause-déj. Mais parce que moi, je me suis jamais dit « Non, il faut que j'impose mes limites. » Je m'étais jamais dit ça. Surtout que les gens, enfin en tout cas mes supérieurs, en apparence, en tout cas sur la forme, demandaient assez gentiment Et en tout cas, je ne sentais pas que j'étais en position de dire non. Donc, ça a fait que rapidement, j'étais surmenée et je ne le savais pas. Parce que pour moi, c'était de ma faute. C'est-à-dire que j'avais encore cette vision du prof et donc dans ce cas-là du manager qui connaît ta charge de travail et qui donc ne peut pas te demander quelque chose que tu n'es pas capable de faire. Donc, si je n'arrive pas à le faire, c'est juste que je n'en suis pas capable. Et donc, c'est un problème personnel et pas le problème de mon... de mon management, et donc c'était de ma faute. Et c'est là où il y a un cercle vicieux qui commence, c'est-à-dire que je ne dis pas non, donc je suis rapidement surmenée, mais je ne peux pas en parler parce que c'est ça le monde de l'entreprise, et donc c'est à moi de m'améliorer. Ce qui est complètement faux, soit dit en passant. Donc voilà, six mois se passent comme ça, sous une pression intense. où vraiment, au moment de dormir, je rêvais du travail. Je me réveillais plusieurs fois dans la nuit en me disant « Ah merde, j'ai oublié de faire ça, j'ai oublié d'envoyer tel ou tel mail, etc. » Les week-ends, j'étais beaucoup trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, pour voir mes potes, pour faire des activités culturelles ou sportives ou quoi que ce soit. Donc je passais mes week-ends à dormir pour pouvoir être en forme en semaine. Et donc, petit à petit, j'ai commencé à refuser des verres avec des copains. J'ai refusé des voyages parce que ce n'était pas le moment de poser des congés. Je m'isolais de plus en plus et je ne m'en rendais même pas compte. Je devenais super irritable. C'est-à-dire que j'avais des réactions complètement démesurées parce que, clairement, ça n'allait pas. Je ne comprenais pas, je ne savais pas que ça n'allait pas. Ça a commencé vraiment de manière très insidieuse. Au début... OK, bon, j'ai fini particulièrement tard, mais ce n'est pas grave parce que mon management m'a dit mais c'est super ce que tu fais. On n'aurait pas pu s'en sortir sans toi, etc. Et je me sentais valorisée. Et donc, c'est vraiment un piège parce que plus on te met dans cette position-là de c'est génial, c'est trop bien ce que tu fais, etc. Plus tu n'as pas envie de décevoir. Et donc, ça renforce ce truc de je ne peux pas dire non. J'ai aimé avoir cette image de la personne qui est capable de tout faire, qui est toujours là. On ne sait pas comment elle fait, mais elle le fait quand même, etc. Et plus le temps passait, plus je devenais en quelque sorte prisonnière de cette image. Petit à petit, je m'isolais, je dormais de moins en moins bien. Et quand je réussissais à dormir, mon sommeil n'était pas du tout réparateur. Donc, j'étais tout le temps épuisée. Ça, c'était vraiment la première mission que j'ai faite au sein de ce cabinet de conseil là, où j'avais vraiment un sujet de charge, c'est-à-dire qu'il y avait énormément de travail. On était clairement sous-staffés et je n'osais rien dire. Ensuite, j'ai été staffée sur une autre mission où il y avait moins un sujet de charge et plus un sujet de management, de micro-management même, je dirais. C'est-à-dire que je sortais d'une mission qui était super... challengeante ou on me donnait un moment de responsabilité à vraiment l'opposé où je ne faisais pas spécialement confiance ne serait-ce que pour envoyer des mails, je devais être relue par mon management, etc. Ça m'a un petit peu fait un choc parce que moi je considérais que j'avais mérité d'avoir des responsabilités c'est-à-dire que j'ai assez donné sur ma première mission là, il faut que je prenne les rênes, etc. C'est surtout parce qu'aussi il y a cette image de responsabilité qui est vu comme un avantage, presque comme une récompense. Et donc ne plus l'avoir, pour moi, ça me crée une autre forme d'angoisse qui est venue s'ajouter à toutes ces somatisations que j'avais avant, qui étaient liées à la charge de travail et qui là, du coup, sont liées à un peu la perte, en tout cas moi, je percevais comme la perte de ce statut un petit peu privilégié que j'avais au sein de l'entreprise. et c'est là où... Ça a été un peu la bascule où en fait tout s'est accéléré très vite. Je pense que mon corps avait tellement encaissé sur la première mission qu'ajouter à ça le stress de la seconde mission où tout ne se passait pas comme je voulais, en fait, ça a clairement explosé. Et c'est marrant parce que c'était en partant en congé qu'en fait... J'ai pu avoir une coupure de mon quotidien. Et quand j'ai repris, après mes congés, je me souviens, c'était les ponts du mois de mai. Après les ponts du mois de mai, en fait, ça n'a plus jamais re-été comme avant. C'est-à-dire que j'étais épuisée tout le temps, tout le temps, tout le temps. Vraiment beaucoup plus qu'avant. Je dormais extrêmement mal. Je commençais à avoir des vertiges, des maux de tête, pour des raisons mystérieuses, c'est-à-dire que je ne savais pas exactement ce que j'avais. Et donc, après les plombs de mer, j'ai fait un peu le tour de tous les médecins. C'est-à-dire que je sentais que physiquement, ça n'allait pas bien. C'est-à-dire que pour moi, j'avais une maladie. J'avais un truc qui coinçait. J'ai fait le tour de tous les médecins et tous me disaient que je n'avais rien. Que, en tout cas, tous les bilans de santé que j'ai pu faire... été positif, tout allait bien. Et ça me rendait folle parce que pour moi, je ne me sens pas bien physiquement, donc forcément, je suis malade, donc je ne peux pas entendre cette réponse-là. Ce n'est pas possible. Pendant que je vivais ça d'un point de vue personnel, d'un point de vue professionnel, la situation continuait à évoluer comme elle était avant. C'est-à-dire que je continuais à me trimballer ce mal-être et cette souffrance au travail et cette blessure de « je n'ai plus les responsabilités et en tout cas la position que j'avais avant » . et ça ne s'arrangeait pas. Et avec du recul, je me rends compte que l'un influençait l'autre. Je ne me sentais pas bien au travail. Clairement, j'étais en situation de souffrance au travail. Et ça alimentait forcément ma souffrance physique, qui elle-même alimentait ma souffrance au travail. Et en fait, ce qui est marrant quand on est managé clairement par des gens qui ne nous font pas confiance, c'est qu'on a l'impression de leur donner raison. dans le sens où, comme on est suivi, qu'on nous fait clairement comprendre qu'on n'est pas à la hauteur parce qu'on a besoin de passer derrière nous, ça devient un peu une espèce de prophétie autoréalisatrice, parce qu'on commence à faire de plus en plus d'erreurs, parce qu'on est mal à l'aise, parce qu'on ne se fait plus confiance, etc. Et donc, on donne raison à ce management-là et, encore une fois, un cercle vicieux. Tout l'été s'est passé comme ça. arrivé le mois d'août, j'étais censée partir en vacances. Et c'était des vacances que j'attendais avec impatience parce que ça allait un peu être un reset pour moi. Ça allait un peu être l'occasion de vraiment couper. Et je pensais sincèrement que c'était ça dont j'avais besoin. J'avais besoin de couper un peu avec mon entreprise, partir, je devais passer ces vacances-là avec mes parents. déconnectée et revenir vraiment en septembre toute pimpante et prête à un peu récupérer ce qui me revient de droit finalement, c'est-à-dire un peu cette position que j'avais dans l'entreprise et surtout un épanouissement professionnel. Donc il faut bien avoir en tête que moi j'avais passé tout cet été-là à voir tous les différents médecins de Paris pour comprendre ce qui n'allait pas et qui bien sûr me disaient toujours tout allait bien. tous mes bilans étaient positifs. Donc je pars en vacances et en fait, je me rends compte que l'effet magique des vacances ne s'est pas produit. C'est-à-dire que la souffrance que j'avais au travail, je la gardais toujours en moi. J'étais toujours dans une situation de mal-être, juste j'étais en vacances sous le soleil avec ma famille. Et j'ai passé toutes ces vacances-là, je me souviens, à dormir. J'étais épuisée. Vraiment, j'ai jamais autant été fatiguée de ma vie. Je me réveillais épuisée déjà. Je me rendormais, je pouvais faire une sieste de 3 à 4 heures l'après-midi et je me recouchais le soir sans problème. Et ça tous les jours, même ma famille ne comprenait pas parce que j'avais tout le temps envie de dormir, même dans la voiture. Je pouvais avoir une micro-sieste, toute occasion était bonne pour moi pour dormir. Ça a un peu commencé à me mettre la puce à l'oreille, mais bon voilà, je disais ok. Je suis fatiguée, c'est à ça que servent les vacances, donc j'en profite. Et petit à petit, la réalisation que je ne profitais pas du tout de mes vacances. Les vacances, c'est quand même aussi pour passer du bon temps. Moi, je le passais à dormir. Plus le temps avançait, plus la rentrée approchait et plus mon angoisse augmentait. La boule au ventre, dès que je pensais au travail et à la reprise, ça n'allait pas du tout. Je me mettais à pleurer, c'est-à-dire qu'on n'était clairement pas dans une situation classique de « oh là là, bientôt le mois de septembre, enfin bientôt la rentrée, flemme » . C'était pas du tout ça, c'était clairement beaucoup plus intense que ça, avec des larmes, la boule au ventre, une angoisse. Je disais à ma famille « j'ai pas envie de repartir, j'ai envie de rester avec vous » , etc. C'était très douloureux, cette période. Donc je retourne chez moi, le week-end juste avant le lundi de la rentrée, et je me dis, bon allez, je me suis reposée, ça va repartir, ok, voilà quoi, j'ai la boule au ventre, mais ça va passer. Sauf que ça ne passe pas du tout, évidemment, et je me souviens que c'était le... La nuit du samedi au dimanche, donc juste avant le lundi de la rentrée, impossible de fermer l'œil de la nuit. Je me tourne et je me retourne dans mon lit, je me sens extrêmement mal, je me sens angoissée, j'ai des palpitations. J'ai vraiment le sentiment qu'un danger immédiat va survenir. J'étais en état d'alerte physique, donc impossible de lâcher prise et de dormir. À ce moment-là, je commence à avoir des pensées, on peut dire, noires. Je commence à me dire, mais c'est ça ma vie ? Est-ce que c'est normal de se sentir comme ça par rapport au travail ? Je commence à culpabiliser énormément, à me dire que forcément, j'étais faible. C'était quand même ma première année dans cette entreprise-là. Ce n'est pas possible pour moi de ressentir ça. Et je n'arrivais pas à mettre de mots sur ce que je ressentais. Pour moi, c'était un mystère. Pourquoi j'agissais comme ça ? Surtout que j'avais cette image de moi comme étant la fille forte qui arrivait à abattre des quantités de travail phénoménales. que ce soit en prépa ou en école ou même au travail. Voilà, c'est-à-dire que ce n'était pas les sujets ou la quantité de travail qui m'angoissaient. C'était tout ce qu'il y avait autour. Donc, impossible de dormir ce week-end-là. Donc, ce samedi-là, je me réveille dimanche. Vous savez, quand on ne dort pas très bien, on n'est pas bien. Je suis constamment, mais vraiment angoissée. C'est-à-dire que je passe la journée à faire les 100 pas, mais comme si, comme j'ai dit, un danger inhumain. imminent allait s'abattre, comme si une catastrophe allait s'abattre à tout moment, vraiment sur le qui-vive, sur mes gardes, alors que j'étais clairement chez moi, tranquille un dimanche et que j'allais reprendre le travail lundi. Ah oui, et je ne mangeais rien. J'étais incapable d'avaler quoi que ce soit à cause de ma boule au ventre. Je ne sais pas comment j'ai survécu physiquement à cette période-là. Donc, on est dimanche, soir, je vais d'un air parce que je travaille le lendemain. Tout ça, pour moi. je continue de me dire que de l'un de l'autre, je vais aller travailler. Je me tourne et je me retourne dans le lit, évidemment. Impossible de trouver le sommeil. Impossible de dormir, comme je l'ai dit. Impossible de retrouver la paix, finalement. Donc, je ne sais pas comment, au milieu de toutes ces angoisses, moi seule dans mon lit en train de me retourner, etc. D'un coup, j'ai comme une espèce d'épiphanie, je me dis, mais en fait, je suis en burn-out. Je mets ces mots-là, c'est moi qui les mets, pour la première fois, et ça a été un soulagement de me dire ça. Ça a été un soulagement parce que j'arrivais enfin à me dire, ok, il y a un truc qui cloche et à mettre un mot dessus. Il était, je crois, vraiment 2h du matin, c'est-à-dire que je me retournais dans mon lit depuis 22h. Et à 1h, 2h du matin, j'ai cette réalisation-là que je ne saurais pas expliquer sincèrement. Je pense que c'est à force de réfléchir, de tourner le problème dans tous les sens, de vivre ce mal-être-là que je me dis « mais en fait, attends, c'est pas normal, ça c'est un burn-out » . J'envoie un message à mon manager pour lui dire que je ne peux pas aller travailler le lendemain. J'allais tellement mal. Ça faisait deux, trois jours que je n'avais pas fermé le lieu de la nuit. Je ne pouvais pas aller travailler. J'envoie ce message-là à mon manager et je prends rendez-vous chez le médecin. Je prends rendez-vous et là, je dors, je crois, trois, quatre heures cette nuit-là. Je me réveille, j'attends le rendez-vous avec impatience. Je suis mis au fond du couvre. Je me sens tellement coupable. Je me dis, mais j'aurais dû aller travailler. Mais qu'est-ce qui me prend ? Je ne peux pas. Ne pas aller travailler, c'est la rentrée, je devais commencer une mission chez un nouveau client, je ne pouvais pas me permettre. Vraiment, je me sens comme une merde toute la journée. Arrive enfin le rendez-vous chez le médecin, je vais voir le médecin. C'était mon médecin traitant qui me suivait depuis déjà un peu quelque temps, donc on me connaissait un petit peu. Il me pose juste une simple question, alors qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Et là, je me mets à pleurer. chez le médecin, mais vraiment toutes les larmes de mon corps. Je pleure toutes les larmes de mon corps et j'essaye de lui expliquer entre mes sanglots tout mon mal-être, toute ma souffrance que j'ai traînée pendant tous ces mois. Mes angoisses, mes palpitations, les vertiges que j'avais, tout ce qui n'allait pas, le fait que je mangeais plus, que je dormais plus, que j'étais fatiguée au bout de... Enfin, que j'étais juste fatiguée, tout simplement, même pas au bout de cinq minutes de marche ou quoi que ce soit. J'étais juste tout le temps fatiguée. La preuve, c'était que pour aller voir mon médecin, j'ai dû prendre un Uber parce qu'impossible de prendre des transports. Parce que pour moi, c'était le parcours du combattant, de sortir, de prendre le métro. Vu que je ne dormais pas et que je ne mangeais pas depuis plusieurs jours. C'était vraiment horrible cette période-là. Je lui raconte tout ça et il me confirme mon autodiagnostic. Donc, c'est effectivement un burn-out. Je lui dis, mais comment c'est possible ? Je ne peux pas faire un burn-out à 25 ans. Il me dit, mais il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. En fait, s'il me dit ça, je crois que je ne le crois pas tout de suite. Parce que je me dis, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Je sais que moi-même, je m'étais dit ça avant, mon médecin me le répète, mais en fait, pour moi, un burn-out, c'est un truc qui t'arrive potentiellement quand t'as 40 ans, quand t'es directeur financier de je sais pas quoi et que t'as trois enfants à charge et que ta vie est éreintante. Ce qui, objectivement, n'était pas mon cas. J'avais pas d'enfants, j'avais pas spécialement plus de responsabilités que ça dans mon entreprise. Comment c'est possible ? Comment c'est possible que ça m'arrive ? Donc il me prescrit un arrêt maladie que je vis vraiment, en fait, plus qu'un soulagement. Pour moi, ce médecin, je le penche encore aujourd'hui, il m'a sauvé la vie. Parce que sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé si j'avais continué à me trimballer ce mal-être-là. Et sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé s'il m'avait dit « Oh, ben ça va, vous pouvez reprendre le travail, cette génération... » Vous devez vous bouger. Enfin, un peu tous les discours qu'on peut entendre. Sincèrement, je ne sais pas ce qui me serait arrivé. Je le pense vraiment, vraiment. Je pense vraiment qu'il m'a sauvé la vie ce jour-là. Une fois que le diagnostic est tombé, donc qu'il a été confirmé par mon généraliste, je pars en arrêt maladie de deux semaines. J'envoie mon arrêt à mon entreprise. J'éteins tout, le téléphone pro, l'ordinateur pro. J'essaye enfin de dormir. J'arrive un petit peu, mais la culpabilité me ronge. Je me dis, c'était la première fois que je posais un arrêt maladie de ma vie. C'est quand même fou. Je me dis, mais c'est pas possible. J'ai fait faux bon à mon client. Je me suis pas présentée. Comment je vais faire ? Et cette période-là, je la vis aussi sous... l'horizon de la fin de l'arrêt maladie, c'est-à-dire que dans deux semaines, je devais retourner en entreprise. En fait, c'était dur parce qu'on ne peut pas clairement et facilement lâcher prise quand on sait que dans deux semaines, on va devoir y retourner. Mais en même temps, il n'y a pas d'autre option. J'étais perdue, je ne savais pas ce que j'allais faire, je ne savais même pas en fait. Moi, j'avais entendu le diagnostic, je l'ai compris, mais je ne comprenais pas encore ce que ça voulait dire concrètement. Donc la seule option, c'était un arrêt maladie. Je me souviens que... J'étais tellement gênée, tellement honteuse, quand mes potes me demandaient, ou alors mes collègues avec qui j'étais proche, avec qui pas forcément, j'ai loué des relations amicales qui sont des gens vraiment très très cool. Quand ils me posaient la question, bah ouais je suis en arrêt maladie, mais j'avais limite envie de mentir, j'avais limite envie de leur dire non non mais j'ai un problème de santé physique, rien à voir, etc. Parce que... utiliser le B-word, le burn-out. Le mot était trop fort. C'est un tabou. C'était comme s'il y avait écrit « fragile » sur mon front, en fait. Et ça ne pouvait pas être moi. Je n'étais pas cette personne. J'étais une personne qui a toujours bien fait, qui arrivait à encaisser, qui pouvait travailler pendant de longues heures. Non, non, non. Moi, je refuse cette étiquette-là. Forcément, je m'isole. J'envoie mon arrêt maladie. Je dis à mes potes Non, non, mais je suis malade, je ne suis pas trop en état de parler, on se parle plus tard. Et même à ma famille, je n'ose pas leur dire. Parce que vis-à-vis de ma famille, encore une fois, je suis un peu l'enfant prodige. J'ai fait des superbes études sans problème, j'ai trouvé un travail sans problème. Tout se passe super bien, je gagnais quand même plutôt bien ma vie par rapport à mon âge. Qu'est-ce que j'allais leur dire ? Et surtout, mes parents ne savaient pas ce qu'était un burn-out. Pour eux, c'est un peu un concept mystérieux, inconnu, on ne sait pas trop ce qu'il y a derrière. Et honnêtement, même pour moi, je ne savais pas trop ce qu'il y avait derrière. Donc, comment je pouvais m'attendre à ce qu'ils comprennent ? J'étais tentée de ne pas leur dire, j'étais tentée de cacher, voire de mentir. Mais ce n'est pas cette relation-là que j'avais avec ma famille. On est quand même plutôt proches, donc j'ai décidé de leur dire la vérité. Ils avaient bien vu que pendant les vacances, ça n'allait pas du tout. Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas dans mon assiette. Donc, ce n'était pas tant une surprise que ça pour eux. Et surtout, ils disaient, tu n'es pas bien, tu n'es pas bien. Ta santé, c'est la priorité, on verra après. Ils étaient quand même... J'ai quand même été agréablement surprise par leur réaction parce que je m'attendais vraiment à plus de, en guillemets, fermeté, un peu comme quand t'es petit et que t'as pas envie d'aller en cours et que tu fais genre t'es malade et que tes parents te disent bon là, allez, ça suffit des conneries, tu vas en cours. Je m'attendais vraiment à cette réaction-là et je trouve que ça en dit long parce que, quelque part pour moi, j'avais encore un peu ce rapport à mes parents d'enfants à parents alors que... J'avais quand même 25 ans, j'avais mon appart, j'avais mon travail, j'étais quand même une adulte. Donc voilà, ça en dit long. J'ai commencé à avoir une psy à ce moment-là. Justement, on a pu en discuter en long, en large et en travers. Et donc ma psy, j'ai commencé à la voir une fois par semaine. Parce que j'avais besoin de comprendre. qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui a pu arriver ? Comment j'ai pu en arriver là ? Comment j'ai fait pour craquer ? Et surtout à mon âge. Pour moi, je pensais dur comme fer que c'était une anomalie, que ce n'était pas possible. Ce n'est pas possible de faire un burn-out à 25 ans pour moi. Donc mes deux semaines d'arrêt maladie, en fait, clairement, deux semaines, ce n'est pas suffisant pour sortir d'une situation comme ça. Ça, c'est évident. Ça permet néanmoins de prendre un temps pour réfléchir à tout ce qui s'est passé. En fait, honnêtement, même pas de réfléchir à ce qui s'est passé, juste recommencer à dormir, manger et penser à autre chose que sa situation. La priorité pour moi, c'était vraiment ça. J'étais dans une souffrance, mais abyssale, vraiment. Une souffrance comme je n'ai jamais souffert de ma vie. Rien, rien, rien n'allait. Je passais ma journée à pleurer. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'ai compris ensuite que c'était une dépression et le burn-out et dépression. J'ai compris du coup après que ça allait de pair, malheureusement. En fait, on ne sait pas trop ce qui, en tout cas selon les médecins, on ne sait pas trop ce qui génère quoi. C'est-à-dire qui précède quoi. Est-ce que c'est le burn-out ou est-ce que c'est la dépression ? Mais en tout cas, voilà, j'étais dans un état vraiment horrible. J'ai eu pas mal de soutien. de la part d'une amie proche et de mon copain qui habitait quasiment avec moi sur cette période-là parce que je ne supportais pas d'être seule. J'avais enfin quelqu'un qui pouvait me faire à manger, qui quand même faisait attention à est-ce que je mange bien, est-ce que je dors bien, enfin juste qui prenait soin de moi finalement parce que clairement, je n'étais pas en état de le faire. Ça rendait aussi les moments plus fun, comme le fait de manger. Par exemple, manger à deux, ce n'est pas comme manger seul. C'est une motivation supplémentaire, on va dire. Parce que clairement, j'étais revenue à un état limite d'enfant, où j'avais besoin d'une motivation, d'une récompense pour manger, pour dormir, etc. Je passais ma journée à regarder des séries pour penser à autre chose, parce que je ne pouvais pas rester deux minutes. toute seule dans ma tête, quoi. Parce que dès que j'étais toute seule, sans distraction, belles pensées très, très, très négatives revenaient tout de suite. Et c'est dire, parce que je trouve que honnêtement, j'ai pas vécu grand-chose dans ma vie, mais de mon expérience, ne pas pouvoir être seule avec soi, c'est le pire sentiment. C'est le pire sentiment parce qu'on est tout le temps, en fait, avec soi. C'est-à-dire que rechercher la compagnie constante des autres et ne pas... supporter être seule avec soi, c'est vraiment horrible et c'est le signe que ça va vraiment, vraiment pas. À part les gens proches, je n'ai pas osé en parler un peu à mon deuxième cercle, on va dire au cercle le plus élargi. Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas expliquer la situation. Même ma famille, en fait, quand ils ont vu que la situation durait, parce que du coup, après mon deuxième...

  • Speaker #0

    Après les deux semaines, je suis retournée voir mon médecin pour lui dire que ça ne va pas du tout. Enfin, ça ne va toujours pas. Donc, il m'a remis deux semaines. Et la situation a continué comme ça jusqu'en décembre. En sachant qu'en novembre, début novembre, j'ai décidé d'arrêter de voir mon médecin traitant, donc un généraliste, pour aller voir un psychiatre qui, lui, était forcément beaucoup plus, j'ai envie de dire compétent sur ce genre de sujet, qui connaît plutôt bien. Et donc, à ce moment-là, j'ai pu avoir des arrêts maladie plus prolongés. Donc, au global, je suis restée en arrêt de début septembre à un peu avant Noël, fin décembre, on va dire. À ce moment-là, comme je disais, comme ma famille voyait que ça durait assez longtemps et que la situation ne s'améliorait pas spécialement, j'ai commencé à avoir des questions du style, mais qu'est-ce qui a généré ça exactement ? Mais comment ta situation ? C'est quoi exactement ? Comment tu te projettes ? Comment t'as fait pour en arriver là ? En fait, c'est des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Je n'ai pas de réponse à ces questions. Moi-même, je ne sais pas. Moi-même, je vais voir ma psy toutes les semaines pour essayer d'avoir une réponse. Donc, très vite, j'ai commencé à éviter les coups de fil de ma famille. Malheureusement, alors qu'on a toujours été proches. En fait, je ne voulais pas qu'on me pose des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Et à un moment, j'étais fatiguée de tout ça. J'avais plus envie d'être... être dans le divertissement, dans la distraction, parce que j'avais envie d'essayer de retrouver une vie à peu près normale où je n'avais pas besoin de motivation ou quoi que ce soit pour juste manger ou dormir. J'avais envie de, au moins que j'arrive à prendre soin de moi seule et que je puisse au moins répondre à mes besoins physiologiques seule, en gros. Donc, à la fin décembre, dès que physiquement, j'ai pu récupérer un petit peu, vu que j'ai recommencé à avoir petit à petit une alimentation saine, j'ai pu déjà m'alimenter, dormir à des horaires réguliers, j'ai repris le yoga à ce moment-là, ça m'a fait énormément de bien. Je me suis dit, OK, ça va mieux, il faut que je retrouve le travail. Parce que pendant cette période-là, moi, j'étais dans un mindset de, il faut que je sauve les meubles de ma carrière. Parce que pour moi, à ce moment-là... J'avais l'impression que tu revenais pas d'une situation comme ça, c'est-à-dire que je pouvais pas avoir la même carrière qu'avant dans cette entreprise-là, ce qui est évidemment complètement faux, parce que la vie n'est pas linéaire, on a des arrêts, on a des moments où on a de l'énergie à revendre et des moments où c'est pas trop le moment parce qu'on a des problèmes perso, etc. Mais moi, c'est un peu bête, mais moi je savais pas du tout ça. Pour moi, ta vie pro, c'est ta vie pro. Tu te donnes à 100% tous les jours. Et après, ta vie perso, c'est ta vie perso. Tu gères ta vie de ton côté. C'était particulièrement toxique comme mindset. Et c'est sûr que mon mindset, à cette époque-là, n'est pas étranger à ce qui m'est arrivé. Petit à petit, j'essayais de dédramatiser la situation. de ne plus avoir honte, parce que clairement, c'était la honte et la culpabilité qui prédominaient à ce moment-là. Je ne connaissais personne. Je ne connaissais personne qui avait déjà vécu ça, vu que je ne connaissais principalement que des gens de mon âge. Personne n'avait vécu ça, j'étais un peu la première. Et donc, comme je l'ai dit, j'avais l'impression qu'il y avait écrit « fragile » sur mon front, et qu'on prenait des pincettes avec moi, et surtout que je n'avais pas... pas d'explication à donner, je ne sais pas pourquoi, mais j'étais obsédée par le fait que je devais donner une explication. Je ne pouvais pas dire aux gens « Ouais, j'ai fait un burn-out. » « Ok, t'as fait un burn-out, mais pourquoi ? » Et à ce moment-là, je ne savais pas. J'avais des pistes de réflexion, mais je ne savais pas clairement ce qui a mené à cette situation-là. Là, ça fait deux ans, avec du recul, honnêtement, je me rends compte que il n'y a pas de réponse. Il n'y a pas de réponse parce que c'est multifactoriel. Parce qu'il y a plusieurs petites choses qui ont fait que, et que la responsabilité est partagée entre moi et mon entreprise, en tout cas pas mon entreprise à propos d'en parler, mais les conditions de travail. Enfin, sincèrement, c'était un cocktail de plein de choses. Mais aussi, je me suis rendue compte que, malheureusement, j'ai été ma propre ennemie à ce moment-là. Je voulais me protéger à tout prix. Je pensais que je me protégeais, mais je ne le faisais pas. Je pensais qu'en me donnant à 100%, en me disant jamais non, j'étais en train de me préparer pour une carrière de fou furieux, mais en fait je ne me rendais pas du tout service, j'étais en train de creuser ma tombe. Et c'est horrible de se rendre compte qu'on est responsable de... je ne vais pas dire échec, parce qu'avec du recul ce n'est pas un échec en soi, au contraire ça m'a redirigée vers d'autres choses. Mais en tout cas que j'ai été responsable de mon malheur sur cette situation-là. Alors je n'étais pas la seule responsable, mais... si j'avais le recul que j'avais maintenant, évidemment, je ne serais pas tombée dans cette situation-là. Donc, le temps est passé. J'ai repris le travail autour de début janvier. J'ai repris le travail, c'était super angoissant. En fait, je n'ai même pas pensé à ne pas reprendre. C'est-à-dire que pour moi, c'était évident que j'allais revenir. J'ai repris le travail. C'était très, très dur. En fait, j'appréhendais énormément de revoir les mêmes personnes. C'était sûr qu'on allait me poser des questions, et on m'a posé des questions. Alors, qu'est-ce qui t'est arrivé, etc. J'avais quand même réussi à préparer des réponses un peu toutes prêtes. Oui, non mais ça n'allait pas, j'étais malade, etc. Je n'étais pas obligée de donner les détails de ma situation à mes collègues. Et voilà, en discutant avec mon management, on a décidé que j'allais reprendre, mais dans des conditions autres, des conditions un petit peu plus aménagées. que j'allais pouvoir faire plus de choses qui me tentaient, qui me faisaient du bien au travail, etc. Et je ne sais pas si ça a marché. Honnêtement, c'est mitigé parce que je voulais que ça marche. C'est-à-dire que je me gaslightais un peu en me disant « Ah, tu vois, là c'est super, ça se passe bien. Tu fais tes horaires, tu ne restes pas particulièrement tard et ça va, etc. » Je continuais d'ignorer les signaux que m'envoyait mon corps. C'est-à-dire que quand j'ai repris, j'avais toujours du mal à m'endormir quand je travaillais le lendemain. Mais vraiment, c'est pas juste « j'ai un peu de mal à m'endormir, bon, je mets une demi-heure au lieu de dix minutes » . Là, c'était vraiment... En fait, j'ai découvert qu'on pouvait dormir, enfin pas vraiment dormir, juste être dans un état de semi-conscience toute la nuit. Vraiment toute la nuit. de ne pas réussir à plonger dans un sommeil profond. Je ne connaissais pas du tout cet état-là. Et c'est comme ça que j'ai vécu pendant à peu près six mois. Pendant six mois, je n'avais pas de sommeil profond. J'étais dans cet état de semi-conscience bizarre, donc un état absolument pas reposant. Et je m'aidais vraiment de compléments alimentaires, de mélatonine, de magnésium, etc. pour essayer de joindre les deux bouts, pour essayer de faire comme si vraiment c'était juste... Je faisais semblant que ça allait bien au travail et que vous avez vu, oui, certes, j'étais en arrêt pendant trois mois, mais là, je suis là, je suis d'attaque, on y va, vous pouvez me refaire confiance comme avant, etc. Alors que ça me coûtait énormément. Je refaisais les mêmes erreurs. Je faisais semblant en entreprise, alors que le soir chez moi, je ne dormais pas. Je faisais beaucoup, beaucoup de crises d'angoisse. J'étais toute angoissée, c'est sûr que j'étais au bureau, je faisais mon travail et d'un coup, palpitations, je regarde autour de moi comme s'il y a encore une fois un danger imminent à aller s'abattre et je me disais ça va passer, ça va passer, ça va passer. Grosse, grosse, grosse erreur parce que ça ne passe pas. Parce que tout simplement ça ne peut pas passer quand tu te mens à toi-même et que tu fais semblant que tout va bien. Ça ne peut pas passer quand il y a un mal-être interne. qui est aussi ancrée que ça. Je continue de faire semblant de janvier à octobre. C'est quand même long. J'ai quand même tenu dix mois, vraiment en me faisant croire à tout le monde que ça y est, c'était reparti de plus belle. À partir de là, c'est une deuxième étape qui s'ouvre. Pour moi, là, c'est vraiment le chapitre 2 qui commence, parce que... en fait j'ai tenté j'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai puisé vraiment dans mes dernières ressources j'étais vraiment dans mes derniers retranchements et clairement non, 10 mois après j'ai tenu et non et non ça ne marche pas ça ne fonctionne pas, c'est pas fait pour moi et là se pose la question c'est pas fait pour moi mais tu vas faire quoi ? et donc commence un tourbillon de questionnements. qui clairement me déprime dans le sens vraiment primaire de je suis en dépression, diagnostiquée par mon psychiatre. Il me met sous antidépresseur, chose que j'avais refusée pour le premier arrêt, parce que ça me faisait un petit peu peur. Tous ces sujets, enfin, ouais, un peu tout cet univers-là, c'est con parce que quand on est clairement ignorant sur ce genre de sujet, on peut vite avoir peur. Moi, dans ma tête, antidépresseur, je pars en hôpital psychiatrique. Et peut-être que j'en avais besoin, j'en sais rien. Je ne pense pas parce que mon handicap ne m'en a pas parlé. Mais ça me faisait peur, je n'avais pas envie d'en arriver là. Au bout du deuxième arrêt, j'ai envie de dire Burnout chapitre 2, je me suis dit non, franchement là, je ne peux pas revivre ce que j'ai vécu l'année dernière. J'utilise vraiment tous les leviers à ma disposition pour aller mieux. Donc antidépresseur, anxiolytique, quand j'en ai besoin, quand je sens vraiment que l'angoisse est grande. Et je sentais que mon corps était épuisé. Il était épuisé parce que je lui infligeais, involontairement bien sûr. Les crises d'angoisse, les palpitations, le fait d'être sur ses gardes H24, c'est un poids pour ton corps qui n'est pas détendu, qui vit sous stress permanent. Et je me dis non, franchement non, est-ce que c'est ça la vie que j'ai envie d'avoir ? Surtout à mon âge, j'avais presque 26 ans à l'époque, un an après. Non, honnêtement... J'en avais marre, ça avait assez duré. Mais d'un autre côté, je ne savais pas comment aller mieux durablement. Donc, sur cette période-là, antidépresseur et dépression. Vraiment, la dépression, comme on voit dans les films, de « je ne peux pas sortir de mon lit » et encore une fois, j'arrête de me nourrir. Mais on mange dormant, c'est déjà ça. Donc, commence une période noire, mais un petit peu moins noire que la première, parce que j'ai envie de dire, bon, c'est du vu et revu. Je sais ce que c'est, j'ai un peu d'expérience. Et là, mon arrêt maladie a duré très très très longtemps. Il a duré presque un an que je suis en arrêt maladie, enfin que j'étais en arrêt maladie. Et sur cette période-là, j'ai vécu plein de choses parce que je me suis dit, je ne vais pas retourner en entreprise comme je pensais avant, le plus vite possible pour sauver les meubles de ma carrière, hors de question. Je sais que je ne resterai plus dans cette entreprise-là parce que j'ai... Je leur ai donné une deuxième chance et que ça n'a pas marché. Et quand je dis ça, je ne considère pas vraiment que c'est la faute de l'entreprise, mais c'est juste qu'il y a une incompatibilité maintenant entre cette entreprise et moi. Et aussi, on ne peut pas guérir dans l'environnement qui nous a rendu malades. Il fallait que je me rende à l'évidence et que je n'allais pas retourner là-bas. Mais maintenant, qu'est-ce que je fais ? Et le truc, c'est qu'on ne peut pas penser sérieusement à ce qu'on veut faire quand on vit une situation de mal-être comme ça. Donc... Première des choses dans l'ordre du jour, aller mieux. Et aller mieux, allez ! Je veux dire, bon courage, il n'y a pas de recette pour aller mieux du jour au lendemain. Donc ça a pris des mois et des mois, ne serait-ce que pour recommencer à sortir de chez moi. J'ai décidé cette fois-ci que j'allais parler de ça honnêtement à mes potes et leur dire, écoutez, c'est la situation, je ne suis pas bien, fuck ! Oh oh ! Voilà, la situation est ce qu'elle est, je ne suis pas bien, je ne m'en excuserai pas. Et ça, c'est vraiment la principale évolution par rapport à la première fois. Donc ça a duré longtemps. La libération de la parole m'a aidée aussi. Enfin, la libération de ma parole m'a aidée. Le fait d'en parler librement autour de moi, d'assumer, c'est comme ça. Un petit peu de sport, une alimentation équilibrée. Je sais que ça fait très cliché, mais ça aide vraiment. J'ai essayé de me reconnecter à des choses que j'aimais faire enfant. Ça, c'est la psychothérapie qui m'a vachement aidée. C'est ma psy qui me donnait beaucoup de conseils, qui me dit justement ce que je viens de dire. Essayer de te reconnecter à des choses qui te plaisaient quand tu étais plus petite, etc. J'ai recommencé à lire. Ça faisait vraiment des années que je n'avais pas lu, alors que j'ai passé littéralement toute mon enfance et adolescence à dévorer des livres. Depuis la prépa, j'étais incapable de prendre un livre et de lire pour le plaisir. Je me suis reconnectée à cette passion-là. J'ai commencé à aller au cinéma très régulièrement, ça m'a fait du bien. L'art me faisait du bien, que ce soit par la littérature ou par le cinéma, ou par les expos, les musées. Enfin, tout cet univers-là me faisait énormément de bien. Et j'ai appris à lâcher prise. Et je n'ai pas malheureusement de recettes magiques. vous communiquer pour vous dire, faites ça et ça ira mieux en une semaine. Parce que moi, ça m'a pris des mois et des mois. Mais pour lâcher prise, en fait, j'ai juste commencé à me répéter des mantras du style tu ne contrôles pas ça, donc c'est ça, viens t'inquiéter. Ça peut paraître extrêmement bateau, mais ça, ça m'a vachement aidée. J'ai travaillé sur le fait d'accepter de ne plus avoir le contrôle, de me dire que peut-être que ma carrière dans cette boîte-là, elle est foutue, mais ça ne veut pas dire que ma carrière dans l'absolu était foutue, surtout que j'avais 26 ans à l'époque. Voilà, il me restait 40 ans à travailler. Je pense que je vais me débrouiller. Et surtout, cette idée de me dire, je dois encore travailler pendant 40 ans. En fait, déjà, il me faisait peur au début parce que je sentais que j'étais physiquement inapte au travail. Donc, je me suis dit, oh là là, comment je vais faire pour travailler pendant 40 ans ? Mais surtout, ça m'a fait prendre conscience que je ne peux pas passer 40 ans à faire un travail que je n'aime pas et qui me met dans cet état-là. Donc, prochaine étape, il faut que je trouve un travail qui me plaise. Et là, bon, c'était un autre... sujet parce que c'est compliqué. C'est-à-dire que jusqu'à présent, je ne sais pas si j'ai trouvé. J'ai des pistes. J'ai beaucoup réfléchi. J'ai envie de tenter quelque chose, mais je ne sais pas si ça va marcher et ce n'est pas grave. Et ça, c'est vraiment une différence majeure avec la personne que j'étais avant. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'accepte l'aléatoire dans ma vie. J'accepte le fait de ne pas tout contrôler. Le fait de ne pas avoir un... un plan prédéfini, parce que c'est aussi ça la vie. Et avant, j'avais un plan prédéfini et regardez où est-ce que ça m'a menée. Donc voilà, c'est un petit peu tout ça. Aujourd'hui, je ne pense plus être en burn-out, même si de temps en temps, je peux avoir des pensées qui sont pas très bonnes, pas ouf, etc. Mais globalement, ça va beaucoup, beaucoup mieux. J'ai de nouvelles ambitions parce que tout ça m'a appris qu'en fait, on est beaucoup à être dans cette situation. Peu importe l'âge, que ce soit à 40 ans ou à 25 ans, un burn-out, ça reste un burn-out. Ça a des effets dévastateurs sur les individus. On le vit tous différemment. Et donc, de là est née une ambition, celle de devenir coach spécialisé en souffrance au travail. en burn-out et plus globalement coach carrière. Donc là, le projet, c'est de passer une certification de coaching. Et en attendant, j'ai lancé mon compte sur les réseaux qui s'appelle Reset du chaos. J'ai créé ce compte-là pour partager mon expérience parce que, comme j'ai pu le dire plus tôt, je me suis rendue compte qu'on était... Beaucoup dans ces situations, des gens que je connaissais personnellement, mais pas que. Ça m'a beaucoup aidée dans mon processus de guérison parce que partager son expérience a un effet thérapeutique, tout simplement. Le fait d'être lu, d'avoir un sentiment, de l'écrire et de le partager, c'est comme si on le sortait physiquement de sa tête et qu'on le balançait comme ça sur les réseaux. C'est très récent, mon compte est très très très jeune. Mais j'ai quand même eu la chance d'avoir rencontré beaucoup de personnes de cette manière-là, des gens qui vivent exactement ce que je vis ou ce que j'ai vécu avant, qui sont à des étapes plus ou moins avancées du burn-out. Et j'avais aussi envie de faire de la prévention, en fait, parce que j'étais tellement ignorante sur ce sujet-là. Et si je ne l'étais pas, ça m'aurait vraiment fait économiser beaucoup de temps. et beaucoup de souffrance, clairement. Globalement, j'ai des retours vraiment positifs par rapport à mon contenu, c'est-à-dire que après, quand on est un petit créateur sur les réseaux, c'est pas facile de toucher un maximum de monde, mais en tout cas, ma petite communauté à son échelle, en tout cas, elle m'a l'air ravie des conseils que je peux transmettre. J'ai rencontré des gens comme ça avec qui je discute. On s'échange nos conseils et à terme, bien sûr, j'aimerais quitter ce compte-là pour parler de mon activité de coaching après ma certification, bien sûr. Et concernant cette activité de coaching, en fait, je voulais préciser qu'avant d'en arriver là, je suis passée par un milliard d'idées. Tous les quatre matins, j'allais voir mes proches pour leur dire si j'ai une super nouvelle idée, c'est sûr, c'est ça ce que je fais, j'ai envie de faire ça de ma vie, etc. Et en fait, non, et je change d'idée, etc. Là, c'est l'idée qui me motive le plus, qui me passionne, qui me donne envie de me réveiller le matin, sincèrement. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. Cette idée d'être passionné par ce qu'on fait dans la vie. Et je le vis vraiment comme une épiphanie de me dire « Ah putain, on peut aimer ce qu'on fait dans la vie ! » Et ça peut nous faire vibrer au point d'être content de se réveiller le matin et se dire « Ok, super, aujourd'hui je vais créer du contenu, je vais voir ce que je peux faire pour faire grossir mon compte, je vais chercher des partenariats, etc. Je vais continuer mes modules de certification, etc. » Et ça me fait un bien fou, vraiment. Parce que je pensais que j'étais condamnée à une vie de bureau où je dois subir un emploi du temps qui ne me convient pas et faire des tâches qui ne me plaisent pas plus que ça. Et en plus, subir la pression du management, un peu de toute la rigidité du monde de l'entreprise. Et attention, je ne dis pas que c'est forcément négatif intrinsèquement. Ça peut être super cool pour d'autres personnes. Les gens peuvent... effectivement, y voir beaucoup d'avantages. Et y en a, comme la sécurité de l'emploi, etc. Mais en tout cas, pour moi, aujourd'hui, après tout ce que j'ai vécu, j'ai envie de vivre plus... Enfin, j'ai envie de prendre des risques, en fait. Et je me dis, si je les prends pas maintenant, à bientôt 27 ans, quand est-ce que je les prendrais ? Aujourd'hui, si je peux partager un message, c'est vraiment de dire qu'il n'y a pas d'âge pour faire un burn-out. Y a des gens qui sont en études qui font des burn-outs. C'est... C'est vraiment complètement décorrélé et indépendant de l'âge. Il y a plusieurs moyens de savoir si on est en train de faire un burn-out, si on se sent complètement épuisé, qu'on n'arrive pas à récupérer son énergie, qu'on commence à avoir des maux physiques un petit peu mystérieux, on ne sait pas trop d'où ça vient, on va chez le médecin, il nous dit que tout va bien, alors qu'on sent que ça ne va pas du tout. Si on commence un petit peu à s'isoler son entourage, à s'éloigner petit à petit, à plus trop répondre aux messages, si on se sent constamment de mauvaise humeur, il y a énormément de signes comme ça qu'il faut connaître. Vous pouvez d'ailleurs jeter un petit coup d'œil à mon compte qui les reprend assez bien, je pense. La vie est beaucoup trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Ça, c'est vraiment la... La principale réalisation, non seulement qui ne nous plaît pas, mais aussi qui clairement nous détruit. En tout cas, moi, c'était clairement mon cas. C'était un travail qui me détruisait physiquement et mentalement. Et encore une fois, c'est de la faute de personne, mais c'était une incompatibilité en fait. Je me sentais emprisonnée, je sentais que je n'avais pas d'autre option que celle-là. Parce que... Toute ma vie, on m'a préparée vers ce genre de poste, vers ce type de vie. Et aujourd'hui, je refuse. Je refuse clairement parce que j'ai envie de faire ce qui me plaît. Et comme j'ai dit, la vie est trop courte pour faire un travail qui ne nous plaît pas. Surtout qu'on passe, encore une fois, il me reste 40 ans de travail. On passe toute la journée au boulot. Donc c'est vraiment trop, trop dommage de se résigner. Si une auditrice qui... peut-être vient de recevoir son diagnostic, tombe sur mon épisode. J'ai envie de lui dire que déjà, il n'est pas seul. On est des milliers et des milliers à avoir vécu ça. Quand on est en plein dedans, on a l'impression qu'on ne va jamais s'en sortir, que ça y est, c'est notre vie, notre vie est foutue, c'est comme ça, bien fait pour nous. Mais en fait, pas du tout, pas du tout. C'est vraiment ce que je ressentais pendant ces deux dernières années. J'étais persuadée que... clairement, que je n'allais plus jamais reconnaître le bonheur de ma vie. Mais notre cerveau nous fait croire ça quand on est dans cet état et que ce n'est absolument pas le cas et qu'une vie merveilleuse t'attend après cette épreuve. Et un jour, peut-être, sûrement, tu verras cette épreuve comme un cadeau.

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