Speaker #02016, j'ai 21. Ma vie bascule en une simple consultation médicale. Mon ventre gonfle, je m'essouffle, mais je trouve toujours une excuse. La fatigue, la nourriture, le stress. Jusqu'au jour où un médecin m'arrête net, ce n'est pas rien. C'est un kyste, immense, et une opération urgente s'impose. Ce que je ne savais pas encore. C'est que derrière ce mot banal se cachait une tumeur rare de l'ovaire, qui allait bouleverser mon corps et ma vie. Aujourd'hui, je vous raconte mon histoire. 2016. Une année assez marquante pour moi. J'étais étudiante à la fac, j'avais mes habitudes. Souvent, je mangeais dans des fast-foods pas chers. Mais ces derniers mois, quelque chose a changé. Mon ventre a pris du volume. Dans les transports en commun, certaines personnes pensaient que j'étais enceinte. Elles insistaient pour que je prenne leur place. Au début, je souriais. Puis à un moment, c'est devenu gênant. Vexant. Alors j'ai décidé de réagir. Je me motive. Je me dis, allez, faut que je reprenne le sport. Je prends rendez-vous avec un médecin pour obtenir un certificat médical et puis recommencer la danse. Mais cette consultation ne va pas se passer comme prévu. L'ambiance se tend. Le médecin m'examine puis s'arrête. Et là, il me dit, avec un air très grave, « Je pense que vous avez un kyste. Je vous envoie en urgence chez un confrère pour une prise en charge immédiate. » Il me tend les ordonnances, le visage fermé. Et il me dit, « Vous êtes toute fine. Mais votre ventre gros et dur, ça ne vous a pas alerté. » Alors là, je suis choquée. Pourquoi il me crie dessus comme ça ? On est en 2016, j'ai 20 ans, je ne suis plus une enfant, clairement. Et il se prend pour qui à me parler comme ça ? Soit il exagère, soit c'est vraiment très grave. En tout cas, j'allais très vite le découvrir. De retour à la maison, j'en parle à mes parents. Ils sont tous aussi surpris que moi. Quelques jours plus tard, le verdict tombe. Oui, j'ai bien acquis ce tovarien, et pas un petit. Mon IRM montre une masse énorme. plus de 11 cm de large et de long. Purée, mais comment ce médecin généraliste a réussi à détecter ça rien qu'au toucher de mon ventre ? Ce jour-là, quand je suis sortie de son cabinet, j'étais très énervée de la manière dont il m'a parlé. Mais en fait, il m'a sûrement sauvé la vie. En tout cas, une opération d'urgence s'impose. Tout va s'enchaîner très vite. On m'explique que le kyste est si gros que l'opération sera délicate et que mon ovaire gauche pourrait être touchée. Il commence à comprimer d'autres organes, même ma respiration. Ok, c'était donc ça, tous ces essoufflements sans effort. Je n'arrive pas à croire que ça ait pu évoluer à ce point-là sans que je le comprenne. Enfin si. En fait, à chaque fois, je me trouvais des excuses. J'ai trop mangé. Je suis trop fatiguée. J'ai dormi dans une mauvaise position. Le jour de l'opération arrive. Le personnel médical est direct. Madame, normalement, ce genre d'intervention se fait en ambulatoire. Mais pour vous ? Ce ne sera pas le cas. On va devoir vous ouvrir au-dessus de la zone intime. Ok. Certaines opérations sont même déplacées pour que je passe en priorité. Mon Dieu, j'ai peur. C'est si urgent que ça ? L'angoisse commence à monter. Je suis allongée sur un lit. Vous savez, leur lit, là, qui peut se déplacer. On se dirige vers l'ascenseur. On descend. Je commence à avoir froid. J'ai l'impression qu'on m'emmène dans les profondeurs de l'hôpital. Dans une salle, on me prépare. Le matériel médical m'impressionne. Les chirurgiens sont concentrés. L'heure sérieux est palpable. Pour détendre un peu l'atmosphère, je lance timidement et en souriant, j'ai un peu l'impression d'être dans un gaz anatomie. Mais non, ça ne marche pas. Leur visage reste concentré. Je suis un peu tremblante. J'ai une angoisse et de me réveiller pendant l'opération, alors je leur demande « Vous êtes sûr que je ne vais pas me réveiller pendant l'opération ? » Ils placent le masque sur mon visage. Je leur pose la question une dernière fois, vous êtes sûr que... Et puis je me rappelle juste fermer les yeux, avoir comme une sensation de partir, comme si je quittais mon corps, puis pleurer. Quelques heures plus tard, j'ouvre les yeux, je me souviens de rien, tout est flou. J'angoisse, je vois des silhouettes autour de moi, j'imagine que je suis en salle de réveil. En tout cas, je ne sais pas pourquoi, mais je commence à faire une crise de panique. J'arrive plus à respirer. Une infirmière arrivera à me calmer en me parlant de mes proches qui doivent sûrement m'attendre impatiemment, qu'ils m'aiment, qu'ils vont être fiers de moi. On me ramène dans ma chambre. Je ne peux pas encore marcher seule. Par curiosité, je soulève le drap sous les pansements. C'est une mare de sang. de cicatrice. Je vais appeler une infirmière, elle change mes pansements et du coup j'en profite pour observer. Des agrafes. Oui, oui, vous avez bien entendu. Des agrafes maintiennent une longue incision juste au-dessus de ma zone intime. Alors clairement, j'étais très très étonnée parce que je ne savais pas qu'on pouvait faire ça pour une cicatrisation. Et je pleure. C'est trop. Trop impressionnant. Mais je vais vite m'arrêter, parce que la douleur est encore plus insupportable quand je pleure. J'ai l'impression que mon ventre va se déchirer. Deux semaines d'hospitalisation. J'aurais pu sortir plus tôt, mais à cause de mes évanouissements, on a retardé la sortie. Petit à petit, je vais recommencer à remarcher, mais toujours le dos très très courbé. Un infirmier vient chaque jour pour les faire les soins à domicile. À la visite de contrôle, le diagnostic est confirmé, le kiss était immense. Jamais ils n'avaient vu ça, m'ont-ils dit. Pour eux, c'était un kiss d'hermoïde. Ils ont réussi à tout retirer. Enfin ça, c'est ce qu'on croyait. Grâce au l'hôpital Tenon plus tard, on découvrira que c'était en réalité un stroma ovari, appelé aussi goitre ovarien. Une tumeur rare de l'ovaire composée en partie de tissus thyroïdiens. Le stroma ovari va récidiver, encore et encore, jusqu'à m'enlever mon ovaire gauche et ma trompe en 2022.