- Speaker #0
Bonjour et bienvenue, je suis ravie de t'accueillir sur Exploration Soft Skills. Je suis Morgane Hansperger, je suis une entrepreneuse créative depuis 2020. Je vais recevoir ici des invités inspirants qui tous les 15 jours vont partager leur histoire. Toi, je t'invite à faire comme mes invités, un petit pas vers de nouvelles habitudes pour un grand pas qui va développer des soft skills. TrÚs bonne écoute ! Bonjour, bienvenue à toutes et à tous, je suis vraiment ravie aujourd'hui de vous présenter Clotilde Debrito. Bonjour Clotilde.
- Speaker #1
Bonjour Morgane.
- Speaker #0
Comment vas-tu ?
- Speaker #1
Ăa va, ça va. Un petit peu enrhumĂ©, mais ça va.
- Speaker #0
Ah, et voilĂ . Ăa c'est les petits virus qui arrivent le printemps et ces petites allergies. Je suis toujours ravie d'interviewer des gens qui sont de Bretagne. Ăa me fait toujours un grand plaisir d'interviewer des femmes, ça c'est Ă©vident, mais des femmes bretonnes, toujours un grand plaisir. Eh bien, Clotilde, quand je t'ai demandĂ© ce que tu faisais comme mĂ©tier, tu m'as dit que tu Ă©tais une artiste de l'oralitĂ©. Alors, je vais essayer de ne pas trop faire de « e » , de petit cafouillage d'oral, mais je pense que c'est ta spĂ©cialitĂ© l'oral, n'est-ce pas ?
- Speaker #1
Je ne suis pas Ă l'abri de faire moi-mĂȘme des « e » et des petits cafouillages. Mon mĂ©tier ? consiste en plusieurs choses. Il y a des phases d'Ă©criture, des phases de mise en voie de ce que j'Ă©cris ou de ce que d'autres Ă©crivent. Je fais des lectures, des spectacles qui s'organisent autour du slam, de la poĂ©sie. J'anime Ă©galement des ateliers d'Ă©criture auprĂšs de diffĂ©rents groupes. Mais j'avoue que ce que je prĂ©fĂšre, c'est ĂȘtre sur scĂšne.
- Speaker #0
Ah, trop bien. C'est quoi le slam ?
- Speaker #1
Le slam, c'est un dispositif Les gens pensent savoir ce qu'est le slam, mais rares sont ceux qui le savent vraiment. Le slam est un dispositif, c'est-Ă -dire qu'il y a une unitĂ© de lieu, de temps et de personnes. Ăa se passe dans un lieu, souvent un cafĂ©, un bar ou une mĂ©diathĂšque. Un temps, c'est-Ă -dire que chaque personne qui vient pour une scĂšne slam a trois minutes pour dire un texte qu'il a Ă©crit. Et des personnes, n'importe qui peut venir. que l'on ait 5 ans, que l'on ait 90 ans, que l'on ait une formation d'Ă©criture ou pas du tout, on a 3 minutes pour lire un texte qu'on a Ă©crit et il y a une interaction avec le public. Et c'est ça en fait. C'est un lieu oĂč se regroupent des gens qui viennent lire des textes avec cette limitation de temps de 3 minutes, sans musique d'accompagnement, sans accessoires, sans costumes, juste comme on est. On peut lire le texte, on peut le dire par cĆur, mais en tout cas c'est un beau moment d'Ă©change autour de la pause.
- Speaker #0
C'est fantastique ça comme exercice, parce que tu vois que j'ai participé moi à un groupe ici de prise de parole en public qui s'appelle Toastmaster. Et on avait effectivement différentes catégories de discours. Mais là , ce que je trouve intéressant, c'est que la contrainte, c'est surtout ces trois minutes là , c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Parce qu'en fait, ça vient des Ătats-Unis. C'est un monsieur qui s'appelle Mark Smith, qui Ă©tait ouvrier dans le bĂątiment Ă Chicago, qui aimait beaucoup les soirĂ©es poĂ©siques. Parfois, il trouvait que les gens prenaient le micro pendant un temps indĂ©fini, trĂšs trĂšs trĂšs long, et qu'il n'y avait pas suffisamment d'interaction avec le public. Alors il a imaginĂ© cette forme oĂč les gens sont limitĂ©s dans le temps, mais pas dans ce qu'ils expriment, du moment que l'on reste dans la bien-sĂ©ance, bien sĂ»r. Et pour qu'il y ait plus d'interaction avec le public, le public est invitĂ© Ă mettre des notes. Parce qu'au dĂ©but, ce sont des tournois avec des notes. AprĂšs, il y a des scĂšnes ouvertes aussi oĂč il n'y a pas de notes, mais Ă la base... Ce sont des rencontres notĂ©es. Et le public, les gens qui vont mettre des notes, ce sont des gens lambda, on n'est pas du tout sur des professionnels, c'est ça qui est intĂ©ressant aussi. Et Ă la fin de la soirĂ©e, on dĂ©clare « telle personne a Ă©tĂ© le meilleur poĂšte de la soirĂ©e, mais les meilleurs poĂštes ne gagnent jamais » . On dit ça toujours Ă la fin des Saint-Jean, parce que finalement, ça aurait Ă©tĂ© un autre jury, quelqu'un d'autre aurait pu gagner.
- Speaker #0
Ah d'accord. Mais alors, ils votent sur une échelle de nombre ?
- Speaker #1
Oui, de 0 à 10 avec une décimale. Et souvent, on prend 5 jurés. Et on enlÚve la note la plus haute et la plus basse pour faire une note sur plan.
- Speaker #0
Ok. Et il n'y a pas de critĂšres ?
- Speaker #1
Il n'y a pas de grille,
- Speaker #0
effectivement. C'est ça, il n'y a pas de grille d'évaluation.
- Speaker #1
Non, non, c'est une note complĂštement subjective. C'est vrai qu'on pourrait imaginer qu'on noterait la diction, qu'on noterait la gestion des silences, la posture du corps, etc. Mais tout ça... AprĂšs les gens le font peut-ĂȘtre eux-mĂȘmes, quand tu leur demandes d'ĂȘtre jurĂ©, peut-ĂȘtre qu'ils ont leur propre grille. mais normalement c'est la subjectivitĂ© qui perd de l'Ă©chelle.
- Speaker #0
Et donc ils te donnent juste une note, ils ne te donnent pas de feedback du tout quoi ?
- Speaker #1
Non, non, non. Et il faut l'accepter en fait tout simplement, c'est comme ça. Et ça permet aussi pas mal d'humilité parce que lorsque tu remportes des tournois, tu peux te dire, bon, tel autre candidat était trÚs bon aussi, tel autre s'est trÚs bien débrouillé. Finalement, c'est la subjectivité du jury qui était là ce jour-là qui fait que j'ai gagné ou que telle personne a gagné.
- Speaker #0
Trop bien. Et ça, du coup, tu le fais lĂ oĂč tu habites, Ă Saint-Brieuc, ou est-ce que tu te dĂ©places ? Ăa se passe en physique, d'aprĂšs ce que je comprends ?
- Speaker #1
Oui, c'est en physique. AprĂšs, pendant le Covid, il y a eu quelques rencontres qui se sont faites via Zoom ou d'autres outils, mais sinon, c'est en physique. Moi, j'ai participĂ©. Alors lĂ , ça fait quelques annĂ©es que je ne participe plus. Ăa m'arrive d'animer, par contre, des ateliers dans des Ă©coles. Moi, j'ai commencĂ© le slam en 2013, donc ça fait 12 ans. et j'ai eu la chance de remporter le Grand Slam National en 2014 et la Coupe du Monde en 2015 et le fait d'avoir remportĂ© cette Coupe du Monde en 2015 m'a permis de voyager dans plusieurs pays je suis allĂ©e au Portugal, en Espagne, au Luxembourg en 2023 je suis allĂ©e Ă Madagascar et... 2022 pardon, dĂ©cembre 2022 et puis lĂ en octobre dernier j'Ă©tais en Acadie Wow au Canada donc c'est une vraie chance c'est vraiment quelque chose qui m'a conduite Ă diffĂ©rents endroits que je n'aurais jamais imaginĂ© et dĂ©couvert et voilĂ mais les scĂšnes de SLAM c'est aussi en bas de chez toi dans ta ville j'invite les auditeurs et auditrices Ă se renseigner parce que moi je suis partie avec des a priori de SLAM je pensais pas que c'Ă©tait pour moi, moi j'ai cuivrĂ© de la poĂ©sie depuis trĂšs trĂšs longtemps j'ai commencĂ© Ă Ă©crire quand j'avais 10-11 ans Ă peu prĂšs mais j'Ă©tais vraiment baignĂ©e par l'Alexandra Victor Hugo par vraiment une forme trĂšs trĂšs classique de poĂ©sie, puis aprĂšs je m'en suis libĂ©rĂ©e en fur et Ă mesure des annĂ©es, et je me disais non, ce que j'imagine sur le Slam c'est de prendre du rap, c'est pas du tout ce que j'Ă©cris. Et en fait ce qui est intĂ©ressant c'est que chacun a son style. Et comme on a trois minutes, chaque personne a trois minutes, on voit autant de personnes que de style, que de thĂ©matique, et c'est cette variĂ©tĂ© qui fait la richesse dans le Slam. Et j'ai vraiment adorĂ©. Je me suis dit mais c'est excellent d'avoir cette tribune, d'avoir cette possibilitĂ© de lire les textes. Et de voir aussi des univers diffĂ©rents. Ăa m'a beaucoup ouvert l'esprit sur plein de choses.
- Speaker #0
Parce qu'effectivement, du coup, tu as des thÚmes complÚtement différents, des façons de faire complÚtement différentes. Est-ce qu'au niveau du public, il y a une intention vis-à -vis du public de le faire rire ou de le faire réagir ou de le faire passer un message ? C'est quoi l'intention vis-à -vis du public ?
- Speaker #1
L'intention dĂ©pend de chaque slameur, de chaque slameuse. Il dĂ©pend du texte aussi. Par exemple, dans mon registre, j'ai des textes qui sont... qui disent vraiment Ă faire rire le public, d'autres qui sont plus engagĂ©s, qui tendent Ă faire rĂ©flĂ©chir les gens qui sont devant moi ou Ă Ă©mouvoir. Et je pense qu'on est globalement dans cette mouvance-lĂ , tous les slameurs et les slameuses. AprĂšs, il y a des gens qui sont vraiment davantage dans des textes engagĂ©s, notamment dans d'autres pays qu'en France. En France, on a une certaine diversitĂ©, on a pas mal de textes humanistiques finalement, mais il y a des pays pour lesquels le slam, c'est beaucoup plus sĂ©rieux. Je pense aux pays d'AmĂ©rique du Sud, je n'ai pas eu l'occasion d'aller en AmĂ©rique du Sud, mais je sais que pour eux, le salam c'est aussi un moyen d'exprimer des idĂ©es politiques, Ă la fois politiques et poĂ©tiques, mettre les deux ensemble. Et je sais qu'il y a parfois une certaine incomprĂ©hension, ils se disent « mais pourquoi vous ne profitez pas de ce temps de parole pour lancer des messages, pourquoi juste pour faire rire ? » Alors qu'ici on a beaucoup de chance finalement en France d'avoir cette libertĂ©-lĂ , d'ĂȘtre Quand on prend la parole, on peut aussi parfois dĂ©cider qu'elle soit lĂ©gĂšre. Tandis qu'il y a des pays oĂč, dĂšs qu'il est long, il faut qu'il fasse passer un message. Et je trouve que c'est assez rĂ©vĂ©lateur.
- Speaker #0
Ah oui, super intéressant. Et du coup, toi aussi, j'ai bien compris, tu as commencé par l'écriture jeune, tu es arrivée au slam et tu tournes autour de l'écriture encore aujourd'hui, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, je n'ai jamais arrĂȘtĂ© d'Ă©crire, j'ai toujours continuĂ© l'Ă©criture. J'ai dĂ©couvert le théùtre lorsque j'avais prĂ©sent Edwi, donc l'Ă©criture vers 10-11 ans, le théùtre, je ne l'ai jamais vraiment arrĂȘtĂ©, sauf lorsque j'Ă©tais en prĂ©pa et je n'avais vraiment pas le temps pour le théùtre. Mais sinon, j'ai toujours continuĂ© Ă faire les deux en parallĂšle. Et c'est vrai que le slam, c'est un moyen de mettre en avant ce qu'on a Ă©crit et de le mettre sur scĂšne et de le prĂ©senter Ă un public, sans ĂȘtre obligĂ©e de dĂ©marcher plein de lieux pour pouvoir jouer sous texte, etc. Et voilĂ , je trouve que c'est un dispositif qui est vraiment super.
- Speaker #0
C'est intĂ©ressant parce qu'il y a l'activitĂ© d'Ă©crire et l'activitĂ© de venir le dire, qui n'est pas la mĂȘme que l'activitĂ© d'Ă©crire et de laisser les gens le lire par eux-mĂȘmes.
- Speaker #1
ComplÚtement, oui, complÚtement. AprÚs, chacun crée comme il le sent. Il est vrai que lorsque j'écris, j'écris pour l'oralité. Je sais que ce sont des textes que j'ai envie de mettre en bouche, que j'ai envie de mettre en voix et que d'autres personnes ont.
- Speaker #0
Trop bien, trop trop bien. Est-ce que tu t'astreins à des contraintes dans ton écriture parfois ?
- Speaker #1
Oui, ça m'arrive. Alors parfois des contraintes de forme, ou l'oposyllabe, l'alexandrin, ça c'est assez classique. Parfois des contraintes un peu houlipiennes, je ne sais pas si les auditeurs et les auditrices connaissent beaucoup. C'est un mouvement littĂ©raire qui a Ă©tĂ© créé au XXe siĂšcle. Georges Perrec et Montenot qui faisaient partie du Libo. Par exemple, Perrec avait Ă©crit La Disparition, oĂč il avait enlevĂ© toutes les lettres E de son livre. Donc ça c'est un petit peu... Enfin, non, c'est carrĂ©ment difficile comme contrainte d'Ă©criture, mais ça m'est arrivĂ© d'Ă©crire des textes comme ça, oĂč juste avec la voyelle A, j'ai un texte qui n'a que la voyelle A. Ce genre de contraintes qui sont des contraintes un peu dures, ce qu'on appelle des contraintes dures, pas trĂšs comprĂ©hensibles. Et puis, des contraintes de... Oui, je trouve que la contrainte donne beaucoup de libertĂ©,
- Speaker #0
finalement. Je suis complĂštement d'accord avec toi, parce que moi, dans la crĂ©ativitĂ©, j'utilise Ă©normĂ©ment les contraintes. Les contraintes, elles sĂ©curisent aussi. ComplĂštement. Je sais que quand j'ai travaillĂ© sur l'Ă©criture d'un futur spectacle ou d'un futur texte, on nous avait donnĂ© comme contrainte d'Ă©crire un texte sans verbe. Et donc... cette petite contrainte d'Ă©crire un texte qui, quand mĂȘme, est comprĂ©hensible et qui est surtout entendable, parce que ça restait de la lecture, ça restait Ă ĂȘtre entendu, eh bien, quand aprĂšs, tu reviens Ă ton travail d'Ă©criture et que lĂ , tu as de nouveau le droit de mettre des verbes, ça devient trĂšs intĂ©ressant, parce que du coup, ça devient plus facile, en fait. Tu sais, c'est des espĂšces d'exercices pour dĂ©coincer le crayon, moi, j'appelle ça.
- Speaker #1
Et puis, on se rend compte, peut-ĂȘtre, davantage de la valeur de chaque mot. J'ai enlevĂ© tous les verbes, ça m'a posĂ© telle difficultĂ©, tel problĂšme. Quand je vais les rĂ©intĂ©grer dans un texte, je vais peut-ĂȘtre leur donner plus de valeur. J'imagine que ça peut aussi donner ce genre d'effet.
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Puis aller au mot juste, tu vois, vraiment cibler, enlever ce qui n'est pas nĂ©cessaire et en mĂȘme temps garder l'essentiel du message ou de ce que tu as envie de faire passer. C'est extrĂȘmement intĂ©ressant. Et du coup, alors tu es aussi autrice ?
- Speaker #1
Oui, tout Ă fait.
- Speaker #0
Parle-nous de tes livres.
- Speaker #1
Alors, j'en ai sorti deux l'année derniÚre, en 2024. J'ai sorti Malovide aux éditions Le Coureur de GrÚve et Femmes qui n'en bullent aux éditions Zéro Grave, qui sont dans des styles complÚtement différents, mais toujours avec le goût de la langue, parce que c'est vraiment quelque chose qui me plaßt, de manier les mots, de les faire dire certaines choses et au-delà . Alors, par exemple, Malovide, c'est un... Je te raconte la genÚse, pour ça tu comprendras un peu ce qu'il y a comme texte dedans. Un soir, je me couche et j'ai mal au ventre. Voilà , ça arrive à d'autres personnes. Et je le verbalise. Et au lieu de dire j'ai mal au ventre ou j'ai mal au bide, j'étais vraiment fatiguée, je dis ah j'ai mal au bide. Et je me dis tiens, c'est intéressant, c'est là -dessus ce que je viens de faire. Je l'ai noté sur un bout de papier, tu t'en occupe de moi. Et le lendemain, j'ai repris le bout de papier, Je vais faire un truc là -dessus. je vais changer une lettre. Et qu'est-ce qui se passe quand on change une lettre ? Parler du mal au vide, tout de suite, ça ouvre un gouffre, il y a un vertige qui se crée. Et voilà , j'ai fait pour d'autres choses. Par exemple, il y a un texte, il y a 50 monologues dedans, il y a un texte qui s'appelle Allergie au lait, mais au lait, elle a une idée.
- Speaker #0
Ah !
- Speaker #1
Et quand on change une lettre, ça donne un éclairage nouveau sur... sur le langage et sur ce qu'on peut dire. Et c'est assez plaisant à faire. Les gens l'aiment bien, ce bouquin. Ils me disent qu'ils l'emmÚnent. C'est assez drÎle. J'ai fait un livre qui sert pour des salles d'attente. Plein de gens me disent, je l'emmÚne en salle d'attente, comme ça, c'est court, chaque texte est court. C'est assez rigolo.
- Speaker #0
Je me souviens que je t'avais vue sur scĂšne avec un texte oĂč, justement, tu parlais de ton prĂ©nom et que tu disais... que comme tu t'appelles Clotilde, on te rajoutait souvent cette lettre H. Oui.
- Speaker #1
Oh,
- Speaker #0
c'est vieux ça ce texte. J'avais beaucoup aimé ce texte-là que tu avais raconté et effectivement tu es une Clotilde sans H.
- Speaker #1
Oui, tout Ă fait. Comme dans le calendrier, comme la reine Clotilde, comme Petit-de-Couraulx, comme Petit-de-Sangla. Mais je respecte tout Ă fait celle qui en est. Le seul problĂšme, c'est quand on en met un, alors que j'ai dit plusieurs fois qu'il n'y en avait pas.
- Speaker #0
C'est ça, j'adore. Mais comme quoi, chaque lettre a quand mĂȘme sa place, son importance. C'est vrai. J'aime beaucoup ça.
- Speaker #1
Tu parles de l'importance des lettres. Dans le recueil de Malodie, il y a un texte qui s'appelle... Histoire pour percer un pépé, c'est un texte dans lequel j'ai remplacé toutes les lettres B par la lettre P. Donc une histoire pour mercer un bébé devient une histoire pour percer un pépé.
- Speaker #0
Wow !
- Speaker #1
Et il y a plein de jeux de mots qui sont possibles. Il venait d'un plaid pas trÚs éloigné au lieu d'un bled pas trÚs éloigné. Et ça permet beaucoup de doubles images. Je trouve que c'est assez intéressant.
- Speaker #0
Ăa me fait penser au Prince de Motordu que j'ai lu rĂ©cemment avec ma fille la plus jeune, qui justement habite dans un chapeau. C'Ă©tait trĂšs chouette. Et du coup, parle-nous du deuxiĂšme livre, celui qui est sorti aussi l'annĂ©e derniĂšre.
- Speaker #1
Femmes Funambules, c'est un recueil oĂč il y a des textes, des poĂšmes, des textes de slams et des chansons, dont les personnages principaux sont des femmes. C'est un recueil qui a Ă©tĂ© fait avec une Ă©dition spĂ©cialisĂ©e dans le slam. Il y a des textes Ă la fois engagĂ©s, drĂŽles. Certains sont assez durs. C'est vrai qu'il y a des thĂ©matiques qui sont assez chargĂ©es pour certains textes. Mais l'ensemble fait quelque chose qui ressemble un peu Ă la vie. La vie, c'est Ă la fois la joie, la tristesse, les combats et des moments de douceur. Je pense que dans ce recueil... On fait un peu le tour de toutes ces Ă©motions.
- Speaker #0
J'adore. Et donc, j'imagine que l'écriture a une grande place dans ton quotidien. Comment est-ce que tu t'organises pour écrire ?
- Speaker #1
Je suis trĂšs, trĂšs mal organisĂ©e. C'est terrible. Je n'ai pas du tout la routine de certains auteurs. Parfois, j'entends des Ă©missions de radio et je vois des auteurs qui s'installent Ă leur bureau Ă 5h du matin, qui boivent trois cafĂ©s, qui sortent de leur chambre ou de leur bureau qu'Ă midi. Waouh ! Alors, je suis... absolument incapable de faire ça. J'ai un autre fonctionnement. Je crois que je laisse mes petites veilleuses toujours allumĂ©es. Quand il y a une idĂ©e qui me vient, je la mets sur un papier ou je la mets sur mon tĂ©lĂ©phone. Et ça peut ĂȘtre juste une idĂ©e, ça peut ĂȘtre un mot, ça peut ĂȘtre une phrase, ça peut ĂȘtre un tout dĂ©but de quelque chose, mais rarement quelque chose de trĂšs construit. Et je laisse reposer. C'est un peu comme un jardin, tu sais, tu mets la graine. tu attends un petit peu, puis tu vas arroser de temps en temps. Et de temps en temps, je fais dĂ©filer toutes mes idĂ©es que j'ai dans le rĂ©pertoire, enfin pas dans le rĂ©pertoire, mais dans les notes de mon tĂ©lĂ©phone tout simplement, ou sur mon ordinateur, ou sur mes petits papiers, je les fais dĂ©filer. Et puis quand il y a quelque chose qui m'inspire, je dis « Ah ! » « Ouais, je m'occupe de toi aujourd'hui ! » Et donc je poursuis le texte que j'ai commencĂ©. Ăa permet aussi de faire maturer les idĂ©es. d'avoir rĂ©flĂ©chi plus profondĂ©ment avant vraiment de se mettre Ă l'Ă©criture. Et ça me permet aussi de faire le printemps. Cette graine-lĂ , elle ne va pas germer. Mais je fais comme ça, je sĂšme des graines et puis j'y retourne rĂ©guliĂšrement.
- Speaker #0
Est-ce que tu n'écris que des textes de slam ou de poésie ou est-ce que tu écris d'autres choses ?
- Speaker #1
Des textes de chansons, des textes de... Comme des chroniques aussi, ça m'est arrivé. J'ai eu l'occasion de donner des ateliers en prison.
- Speaker #0
Ok, trop bien.
- Speaker #1
C'Ă©tait il y a un an et demi. Et l'expĂ©rience m'a quand mĂȘme pas mal chamboulĂ©e. Parce que mĂȘme si les ateliers, pendant que je les donnais, c'est comme si je donnais un atelier avec des participants tout Ă fait classiques. Je ne l'ai vraiment pas fait de diffĂ©rente. Ăa s'est trĂšs bien passĂ© d'ailleurs avec les personnes qui s'Ă©taient inscrites. Il n'y a vraiment eu aucun souci. Mais quand mĂȘme, il y a quelque chose dans le fait de passer plusieurs portes. ferme derriĂšre toi, il y a un des prisonniers qui m'avait dit « Tu m'imagines s'il y a le feu ? » Et lĂ , ah oui, effectivement, et plein de petites choses qui rendaient le... Alors j'essayais de donner le maximum de lĂ©gĂšretĂ©, parce que ce sont quand mĂȘme des gens qui vivent la perte de libertĂ© et qui ont besoin d'avoir une fenĂȘtre ouverte vers autre chose, mais moi je prenais tout ce... fois, quand je repartais chez moi, j'avais besoin de dĂ©poser un peu les valises. Et donc, j'ai Ă©crit une chronique sur ces ateliers en cuisine.
- Speaker #0
Je trouve ça hyper intéressant, l'idée d'écrire. Moi, je suis plutÎt du genre to-do list, petit bout de phrase de ci, de là , des idées, des choses comme ça. La gratitude, également. Moi, toutes les semaines, je note les gratitudes de la semaine. Mais je n'en fais pas des textes, tu vois. J'aimerais bien me prendre le temps de prendre ces petits bouts de choses que j'écris pour en faire quelque chose. Mais je trouve qu'écrire prend du temps.
- Speaker #1
Oui, Ă©crire demande du temps et de la disponibilitĂ© d'esprit. C'est vrai que lorsqu'on pense Ă 36 000 choses, c'est dur de se mettre dans cet Ă©tat d'esprit de « je laisse tout de cĂŽtĂ©, je me concentre sur ce texte que j'ai envie de lire » . C'est pour ça que parfois le collectif est utile. Se retrouver Ă plusieurs personnes, 5-6 personnes, et se dire « allez, on fait un petit temps, un petit goĂ»ter, on prend un petit cafĂ©, un petit thĂ© » . Et puis aprĂšs, on se donne une heure pour Ă©crire tous ensemble, tout ensemble. C'est assez prĂ©cieux. J'avais une⊠J'en ai des ateliers prĂšs de Laval il y a quelques annĂ©es et j'avais une participante rĂ©guliĂšre. Tous les ans, elle venait Ă ce rendez-vous-lĂ . Ăa durait trois heures et elle disait « Ce sont les trois heures que je m'accorde dans l'annĂ©e. » C'Ă©tait compliquĂ© pour elle de libĂ©rer du temps. Et lĂ , elle disait « LĂ , je ne pense Ă rien. » Et parfois, ĂȘtre avec d'autres personnes, ça permet justement de se fixer.
- Speaker #0
sur l'écriture. Oui, je trouve ça hyper précieux. D'ailleurs, c'est certainement pour ça que je n'ai fait que des co-écritures de livres. C'est que du coup, déjà , nous, en co-écriture, la charge, elle est divisée parce que forcément, chacun écrit son chapitre, nous, dans notre cas. Et puis, tu as le groupe, donc tu as des deadlines à respecter, tu as des espÚces d'enjeux. Mon propre texte à moi, tu ne prends pas le temps. C'est ça. J'attaquerai demain. et finalement c'est plus difficile mais j'aime bien cette idée de se dire je retrouve d'autres gens et on écrit dans un café,
- Speaker #1
dans un tiers-lieu dans une mĂ©diathĂšque aprĂšs c'est sympa quand mĂȘme d'avoir la possibilitĂ© d'Ă©changer et de lire son texte Ă la fin donc plutĂŽt un lieu oĂč on puisse ensuite faire un dĂ©briefing discuter de ce qu'on a Ă©crit Nous on propose ça Ă la maison de temps en temps, 8 Ă 10 fois par an, les ateliers d'Ă©criture pour les adhĂ©rents de notre association. On a une petite association, on organise des spectacles, des lectures, etc. Et c'est toujours trĂšs trĂšs plaisant d'avoir les univers d'autres personnes sur les mĂȘmes consignes d'Ă©criture, de se dire que le dictionnaire est trĂšs riche finalement, que les idĂ©es sont infinies. parce qu'on parle vraiment tous dans des univers tellement opposĂ©s, tellement variĂ©s, c'est trĂšs enrichissant, Ă la fois pour sa propre Ă©criture et puis dans le lien avec les autres humains.
- Speaker #0
J'adore. Est-ce qu'on pourrait peut-ĂȘtre faire sentir aux auditrices et auditeurs qui nous Ă©coutent aujourd'hui, ce que c'est que l'Ă©criture ? Est-ce qu'on pourrait leur lancer un petit dĂ©fi d'Ă©criture ? Quelque chose qui pourrait justement prendre peut-ĂȘtre 5, 10 minutes maximum ? pour qu'ils essayent quelque chose autour de l'Ă©criture ?
- Speaker #1
Alors, ils peuvent choisir une syllabe qu'ils ont envie de mettre en avant. Je l'ai fait dans Femmes qui l'ambulent. J'ai un texte oĂč j'ai mis en avant la syllabe « peau » parce que « peau » c'est « peau » et j'ai essayĂ© de faire revenir dans ce texte-lĂ le maximum de mots contenant le son « peau » . Mais ça peut ĂȘtre d'autres sons. Ăa peut ĂȘtre le son tu, ça peut ĂȘtre si, en fait une syllabe qui correspond Ă un mot qui peut avoir du sens. Le mot son aussi.
- Speaker #0
Et est-ce que ça doit ĂȘtre un son qui est monosyllabe ou est-ce que ça peut ĂȘtre le dĂ©but d'un mot ?
- Speaker #1
Monosyllabique, c'est plus simple. Le mot cas, par exemple. n'aggrave pas ton K. Il y a plein de mots qui commencent par K, par le son K. Il y a pas mal de possibilitĂ©s. Qu'est-ce que ça pourrait ĂȘtre ?
- Speaker #0
Moi, j'aimais bien « so » parce que je suis Ă fond dans la sororitĂ© en ce moment. Je lis des livres sur la sororitĂ©. Et dans le son « so » , j'aime bien parce qu'il y a aussi le « so » qu'on porte, le fait d'ĂȘtre « so » ou « sot » .
- Speaker #1
Il y a le « so » en anglais aussi. On peut jouer avec d'autres normes.
- Speaker #0
J'aime beaucoup. Ăcoute, moi, je vais faire l'exercice avec le son « so » . Merci.
- Speaker #1
D'accord, ok. Tu es so, so sophistiquée, so, je ne sais pas, solaire.
- Speaker #0
Oui, j'aime beaucoup.
- Speaker #1
On fait une liste de mots et puis on peut ressortir comme ça cette syllabe. et ça donne un cÎté trÚs ludique et puis finalement on arrive à faire ressortir du sens.
- Speaker #0
Et du coup, si on prend une méthodologie, je prends mon son que j'ai choisi, je fais une liste de mots avec ce son-là et aprÚs je cherche comment je peux les mettre ensemble, c'est ça ? Tout à fait. Le processus, j'adore. Et on écrit comme ça le temps que ça vient.
- Speaker #1
Et puis il ne faut pas se mettre de pression. Je trouve que beaucoup de gens se mettent la pression sur l'écriture. Si ça ne vient pas aujourd'hui, ça viendra plus tard. On n'est pas toujours au top de... Voilà , la muse, elle n'est pas toujours là , on n'est pas toujours au top de son inspiration, et il faut aussi accepter ça et ne pas en faire toute une histoire, toute une affaire. Parfois, on a besoin de temps, parfois, on n'est pas tout à fait disponible, et n'oubliez pas, sinon, que votre meilleur ami, c'est le dictionnaire. Un petit Larousse, un petit Robert, qui traßne par là . Et ça ouvre aussi des possibilités.
- Speaker #0
C'est vrai. C'est vrai, c'est vrai. On les a enfermĂ©s, nous, en bas de l'armoire, les dictionnaires. Je pense qu'il faut libĂ©rer les dictionnaires Ă un moment donnĂ©. On a mĂȘme voulu les jeter. Non mais tu te rends compte ? Mon conjoint a voulu jeter nos dictionnaires. Le dictionnaire que j'ai reçu du maire en CM2. AprĂšs,
- Speaker #1
je t'avoue qu'il y a des listes de mots qui se sont rajoutĂ©es depuis. Mais c'est toujours trĂšs trĂšs prĂ©cieux d'avoir vu. dictionnaire. Moi, quand j'Ă©tais plus jeune, quand j'Ă©tais ado, j'ouvrais le dictionnaire, je parcourais des pages comme ça. Je me disais, ah tiens, ce mot-lĂ , c'est intĂ©ressant. Ah tiens, ce mot-lĂ est Ă cĂŽtĂ© de ce mot-lĂ . J'aime bien aussi faire ça. Les voisins improbables. Ăa, c'est un truc gĂ©nial. Vous ouvrez le dictionnaire et vous regardez quels sont les voisins improbables, des mots qui se suivent dans le discours et qui n'ont absolument rien Ă voir. Je vais commencer Ă faire une petite liste comme ça. Et voilĂ , il y a plein de façons de s'amuser avec les mots.
- Speaker #0
GĂ©nial ! Eh bien Ă©coute, moi j'adore ça ! Si certains veulent nous mettre en commentaire le son qu'ils ont choisi ou mĂȘme nous partager leur petit texte, ce sera un grand plaisir pour Clothilde et moi de venir vous lire, avec un grand de joie.
- Speaker #1
Par exemple pour les sons, ça peut ĂȘtre des sons va, c'est va, on encourage quelqu'un Ă y aller, allez va, va, et puis avec tous les tous les mots oĂč il y a le son va qui revient, ça peut faire quelque chose de trĂšs trĂšs dynamique, de trĂšs... TrĂšs vivant.
- Speaker #0
J'adore. Ăcoute, on va se challenger nous-mĂȘmes lĂ -dessus. Et puis, je suis sĂ»re qu'on va avoir des commentaires trĂšs intĂ©ressants de personnes qui ont envie d'Ă©crire et qui, du coup, profitent de ce podcast pour se lancer, pour peut-ĂȘtre essayer des choses. Et il n'y a pas d'enjeu. Si votre texte, ce n'est pas le prochain prix de l'Ă©criture, c'est OK, en fait. D'accord.
- Speaker #1
Tout Ă fait. L'important, c'est de s'amuser et de libĂ©rer la crĂ©ativitĂ©. C'est-Ă -dire, on lĂąche. On oublie toutes les remarques qu'on a pu avoir Ă l'Ă©cole, de cette prof qui nous a dit qu'on n'Ă©tait pas forcĂ©ment assez bons. Parce que c'est ce que je rencontre, moi, dans mes ateliers. Je rencontre des gens, mĂȘme parfois des adultes, qui me disent « Non, mais moi, je ne sais pas Ă©crire. » Mais qui t'a dit ça ? Et ça remonte Ă des souvenirs d'Ă©cole qui ont pu ĂȘtre un peu traumatisants. Moi, j'ai eu la chance de ne pas avoir eu ça. Normalement, j'ai eu des profs qui m'encourageaient plutĂŽt dans l'Ă©criture, mais je me rends compte dans mon activitĂ© d'atelier qu'il y a plein de gens qui ont eu des remarques, qui les ont enfermĂ©es, qui ont enfermĂ© leur crĂ©ativitĂ© et qui ne se sentent pas autorisĂ©s. Moi, je leur dis, autorisez-vous, essayez, amusez-vous, il n'y a pas d'enjeu, la seule chose que vous risquez, c'est de vous prendre compte que vous ĂȘtes crĂ©atif.
- Speaker #0
C'est ça, on est vraiment en train de dĂ©velopper cette soft skills crĂ©ativitĂ©, la soft skills... adaptabilitĂ© aussi, c'est-Ă -dire accepter les mots, ce qui vient, et c'est super. Je pense qu'il y a plein de gens qui ont Ă©tĂ© traumatisĂ©s, tu vois, par les dictĂ©es, par le fait d'avoir des mauvaises notes Ă des rĂ©dactions, de tomber sur des examens oĂč on t'oblige Ă Ă©crire sur un sujet que t'as pas choisi. J'ai l'impression, en tout cas, au vu de mes enfants, je sais pas si je les ai scolarisĂ©s Ă des endroits oĂč c'Ă©tait pas le cas, mais en tout cas, moi, mes enfants, on les laisse Ă©crire. LĂ , elle doit, par exemple, la plus jeune qui est en CM, c'est quand mĂȘme petit, doit Ă©crire des critiques de livres,
- Speaker #1
présenter des personnages,
- Speaker #0
venir raconter pourquoi, justifier pourquoi elle a aimĂ© ce livre, puis le prĂ©senter Ă l'oral. Enfin, tu vois, elle a une enseignante qui vraiment pousse Ă l'expression orale, mais elle prĂ©pare son truc comme si c'Ă©tait un TEDx. Franchement, c'est quelque chose. Donc, je pense que les gens avancent, l'Ă©ducation avance. En tout cas, moi, mes enfants. j'ai l'impression, sont plus poussĂ©es vers la lecture, l'Ă©criture et l'oralitĂ©. Mais j'ai quand mĂȘme l'impression que ça va encore doucement, doucement. C'est-Ă -dire que l'oralitĂ© n'a peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© suffisamment mise en avant dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes, oĂč il fallait que des Ă©lĂšves soient plutĂŽt sages, ne s'expriment pas trop. Mais si cette oralitĂ© est, entre guillemets, canalisĂ©e, et qu'elle permet de faire de belles choses, c'est extraordinaire d'avoir des enfants, des adolescents, qui savent dire ce qu'ils ont Ă dire, s'ils ont des messages Ă faire passer, s'ils ont des histoires qu'ils veulent partager. Je trouve que c'est vraiment gĂ©nial d'avoir cette capacitĂ© de prendre la parole. de ne pas avoir peur du regard de l'autre, parce que souvent c'est ça le problĂšme, notamment Ă l'adolescent. Parfois je vois des gamins qui se dĂ©brouillent trĂšs trĂšs bien en Ă©cole primaire, et on les voit quelques annĂ©es aprĂšs, ils n'osent plus, il y a le regard de l'autre. Il faut se dĂ©faire de ce regard, il faut pas le traire. Je leur dis souvent, et je me permets de dire ça dans ton podcast, s'il y a des gens qui te critiquent quand tu dis un texte, quand tu parles devant les autres, qui ricane bĂȘtement. LĂ , c'est eux qui sont bizarres. Parce que normalement, lorsqu'on voit voir un spectacle, lorsqu'on voit quelqu'un qui s'exprime, on a envie qu'il rĂ©ussisse. Les gens normaux ont envie que les autres personnes rĂ©ussissent. Donc, c'est les autres qui se moquent, qui ont un problĂšme. Et pas toi qui viens dire tout ça.
- Speaker #1
Oui, complĂštement. Je suis complĂštement d'accord avec toi. Et c'est vrai que je fais aussi mon maximum, pour que mes enfants, en l'occurrence, voient un maximum de choses diffĂ©rentes. Et des fois, j'avoue que je les traĂźne dans des salles, voir des choses, oĂč elles disent « mais oĂč elle m'a encore traĂźnĂ© ma mĂšre ? » Mais finalement, ça leur aiguise un peu ce sens critique. Quand elles voient certaines choses, maintenant, elles sont capables de me dire « ça, j'ai aimĂ©, ça, ça m'a touchĂ©, ça, j'ai pas compris. » Elles ont un sens critique. C'est parce que tu as stimulĂ© ça depuis tout petit. Tu as mis l'enfant face Ă ... face Ă des choses diverses. Oui. Et tu lui as permis de voir qu'il y avait autre chose qui existait. Tu vois, par exemple, ma deuxiĂšme, la petite, toujours, elle s'initie au monocycle.
- Speaker #0
Excellent.
- Speaker #1
Mais quel parent se dit, tiens, ma gamine aime bien le cirque, si je lui offrais un monocycle ? Eh bien, ça fait deux mois qu'elle est Ă fond sur son monocycle, oĂč elle l'essaye, elle s'acharne, elle fait des trucs. Je ne sais pas ce qu'elle va faire un jour, cette gamine, avec son monocycle, mais entre-temps, elle apprend un truc nouveau qu'elle ne savait pas faire jusque-lĂ . Et ça, je pense que c'est une grande richesse, tu vois, de se dire je teste un truc que les autres y font pas. Et pour autant, c'est pas parce que les autres le font pas que c'est infaisable, en fait. Et franchement, elle assure sur son monocycle, la gaming. Je voudrais pas y monter sur le monocycle, mais franchement, Ă©patant. Donc, je pense vraiment que ça se stimule la crĂ©ativitĂ©, tu vois. Si tu donnes les clĂ©s, ça s'envole.
- Speaker #0
ComplĂštement. Donner l'autorisation. Simplement dire oui, tu peux. T'as envie, va, essaye. Et juste de savoir qu'on nous a encouragĂ©s, qu'on nous a dit, oui, vas-y, fais-le, si tu as envie. Ăa permet dĂ©jĂ de dĂ©ployer ces bĂȘtes.
- Speaker #1
Oui, ça se tente. En tout cas, avec l'écriture, je pense que vous ne prenez pas trop de risques. Non, non,
- Speaker #0
il y a moins de risques à écrire qu'à faire du monocycle.
- Speaker #1
Oui, je pense, tu vois. C'est sûr que si tu commences à te dire, tiens, je vais tester le son en parachute ou des trucs comme ça... Un peu plus risqué si tu n'es pas accompagné, tu vois. Mais l'écriture, je ne pense pas que tu prennes trop de risques tout seul chez toi avec ton crayon. Il y a peu de chances de blessures, peu de chances d'accidents.
- Speaker #0
Ne mordiez pas trop votre crayon, vous pourriez avaler de l'encre. Mais à part ça, je pense que c'est plutÎt sécure.
- Speaker #1
Oui, je pense quand mĂȘme que ça se tente. Eh bien, Ă©coute Clotilde, je suis ravie qu'on ait eu cet Ă©change aujourd'hui dans le podcast, qu'on ait parlĂ© du slam, de l'Ă©criture, aussi du fait de libĂ©rer sa crĂ©ativitĂ©. de se mettre des contraintes, mais aussi de ne pas se limiter Ă ce qu'on a Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ© ou de ce qu'on nous a dit qu'on Ă©tait ou pas capable petit. J'aime beaucoup ce que tu nous proposes. Je vais tout de suite me challenger Ă l'Ă©criture de petits textes en saut, comme on a dit. Et puis, est-ce que les gens peuvent te retrouver, te suivre quelque part ? Est-ce que tu as un rĂ©seau social prĂ©fĂ©rĂ©, un endroit oĂč ils peuvent Ă©couter, voir ce que tu fais ?
- Speaker #0
Alors, en termes de rĂ©seau social, je suis sĂ»re. Facebook. AprĂšs, je mets des choses en public, mais la plupart des choses sont quand mĂȘme suivĂ©es. Mais on peut voir quand mĂȘme des choses. Sinon, j'ai mon site Internet. Il suffit de taper mon nom, Clotilde Brito, et vous tombez directement sur mon site. C'est la premiĂšre recours. Et voilĂ .
- Speaker #1
Et j'imagine que sur ton site, ils pourront commander tes livres, voir un petit peu ce que tu écris, ce que tu fais.
- Speaker #0
Commander mes livres, ça sera auprÚs des éditeurs. Par contre, voir ce que je fais effectivement dans la rubrique agenda, j'ai toutes les dates qui viennent.
- Speaker #1
Trop bien. Eh bien, écoute, je propose qu'on leur simplifie l'avis, qu'on leur mette tout en description. Comme ça, ils n'ont plus qu'à cliquer pour aller faire un tour par là -bas. Est-ce que tu avais un dernier mot pour conclure cette session qu'on a fait toutes les deux ?
- Speaker #0
Pas vraiment, mais plutĂŽt essayer. Si quelque chose vous tente, essayez.
- Speaker #1
Je suis complĂštement d'accord. Je vous souhaite une trĂšs belle journĂ©e. Merci beaucoup, Clotilde, de t'ĂȘtre prĂȘtĂ©e au jeu, de passer dans le podcast Exploration Soft Skills. C'Ă©tait vraiment un plaisir d'Ă©changer avec toi.
- Speaker #0
Merci Ă toi, Morgane.
- Speaker #1
Belle journée. Au revoir.
- Speaker #2
Je te remercie d'avoir écouté cet épisode. On se retrouve dans 15 jours. Si cet épisode t'a plu, je serais ravie de lire ton commentaire et de voir ton like. Toi aussi, tu peux faire rayonner les soft skills en partageant cet épisode. Et pour continuer à les explorer, tu peux t'abonner à cette chaßne ou me retrouver sur tous mes réseaux sociaux sous le nom Morgane Ansperger ou Morgane Facilitation. Je te souhaite une trÚs belle journée. A trÚs vite !