- Speaker #0
Aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Il est le papa des sisters les plus connues de France. Avec 8 millions de BD vendus, un dessin animé quotidien à la télé, une série dans le top 10 Netflix, William Morey a fait de ses vraies filles, Wendy et Marine, des héroïnes que les ados s'arrachent depuis 2007. C'est dire qu'il en a bercé, des générations, bien heureux dans son discret atelier miyavois. Et s'il a toujours dessiné, du plus loin qu'il s'en souvienne, William Morey a d'abord travaillé à l'usine pendant dix ans et couru les fêtes de villages du coin pour croquer des visages et faire vivre ses personnages de papier. Il a connu des flops d'édition, à arpenter les festivals de la région sans jamais renoncer à son rêve de gosse, vivre de sa passion de la BD. Profitant d'un congé paternité, il a mis toutes les chances de son côté. Et c'est en 2007 que les gags de ses filles, qu'il partageait sur les premiers forums du web, tombent entre les mains d'un éditeur. Tirés à 20 000 exemplaires dès le premier tome, les Sisters paraissent aujourd'hui à 200 000 exemplaires dans leur 19e opus. Et si William Mori préfère largement rester dans sa bulle, il a tout de même accepté de me recevoir. Je mesure ma chance. Et c'est dans sa chambre d'ado qu'il m'a donné rendez-vous. Enfin, presque.
- Speaker #1
Alors là , on est dans ma chambre d'ado. Je l'appelle comme ça, c'est mon atelier. Donc, vous voyez, il y a des posters, des figurines. C'est là que je me sens bien, en fait. J'ai remarqué que tous les auteurs de bandes dessinées ou dessinateurs, on est un petit peu... peu geek en fait. On aime bien tout ce qui est lié à la pop culture. C'est là que j'aime bien travailler. Je ne pourrais pas travailler... J'ai des collègues qui travaillent dans leur salon ou dans leur cuisine et moi, il me faut un univers qui reflète ma personnalité et ce que j'aime pour être bien.
- Speaker #0
Donc on a le viaduc de Millau dans une fenêtre, la punche d'Auguste dans l'autre. Entre ces deux fenêtres, est-ce que vous pouvez décrire aux auditeurs ce qu'on voit ? Vous venez de l'aborder brièvement, mais quelles sont les références qui sont un peu partout au mur autour de nous ?
- Speaker #1
Alors, il y a quelques bibliothèques en bois. J'aime bien le bois. Et avec toutes mes collections de bandes dessinées et aussi des artbooks avec des biographies d'auteurs. Donc, les auteurs que j'apprécie comme, par exemple, H.R. Giger qui a créé le Alien dans le film. Uderzo, entre autres, Franquin, tous les grands. Puis sur les étagères, nous voyons des figurines. Il y a un peu de tout. Je ne suis pas monomaniac, mais j'adore Retour vers le futur. On peut voir quelques figurines avec ces personnages-là . Sinon, tout ce qui concerne la pop culture, et notamment les films ou les BD d'horreur. J'ai même créé un personnage qui s'appelle T-Zombie, donc c'est un univers assez glauque. Et puis après, on peut voir des figurines des Sisters aussi, faites soit par des fans, ou alors des figurines qui ont servi de promo pour le jeu vidéo, par exemple. Et tout ce petit univers-là , ça m'arrive bien, je trouve. Ça me permet de m'évader, puis quand je n'ai pas d'inspiration, je prends un bouquin, je prends une BD, et puis ça revient.
- Speaker #0
Mio, vous y avez grandi, vous y vivez encore. Est-ce que c'est un choix d'être resté ici et d'y être toujours resté ? Ou est-ce que vous en êtes parti à certains moments ?
- Speaker #1
Je suis né à Mio, dans le quartier de Malortet. Ma mère est miaboise, mon père de Saint-Georges, de Lusanson. J'ai toujours aimé cette région. C'est vrai que pour pratiquer un sport... Il y a moyen d'aller sur les cosses, le cosse du Larzac, le cosse Méjean, le cosse Rouge. Je fais beaucoup de VTT, je faisais de la course à pied à une époque, j'ai arrêté suite à un accident. J'ai le plaisir de me balader et quand je vais ailleurs, c'est vrai que la région me manque.
- Speaker #0
Vous avez précisé que vous êtes originaire du quartier de Malourté. Dans quelle famille est-ce que vous avez grandi, vous ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai été élevé par ma mère. Je vis avec ma mère et ma sœur. Ma sœur qui est plus jeune d'un an. Et Malourté, c'est un quartier, c'est populaire. Et j'ai toujours dessiné. De ma fenêtre, je voyais la poncho d'Agast. puis je m'inspirais pour créer des personnages, des situations.
- Speaker #0
Du plus loin que vous vous souveniez, vous avez toujours dessiné ?
- Speaker #1
J'ai toujours dessiné, oui. Même ma mère me disait, quand j'étais dans le parc, je dessinais sur les murs de ma chambre, avec des crayons à base de cire, et je redécorais.
- Speaker #0
Et pourtant, vous avez fait des études d'hôtellerie, puis votre service militaire, puis vous avez travaillé à l'usine ITA. C'est vrai ? Est-ce que c'était des Ausha que ces choix-là ?
- Speaker #1
Ce sont les choix du moment, parce que je ne travaille pas à l'école, pas parce que je ne comprenais pas, mais parce que je n'étais pas attentif. Moi, j'étais concentré sur mes dessins, sur les caricatures des profs, c'était plus important que d'écouter les théorèmes, par exemple, en cours de maths ou d'algèbre, je ne trouvais pas ça intéressant. Alors, est-ce que le prof n'était pas intéressant ? Je ne sais pas. vu que moi, j'étais dans ma bulle. Et donc voilà , quand tu ne travailles pas bien à l'école, à un moment donné, il faut faire un choix et s'orienter. Bon, mais à partir de la troisième, quand j'ai vu que ça n'allait pas du tout, j'ai décidé de faire hôtellerie, comme j'aurais pu prendre mécanique, par exemple. Et au bout d'un an, après un stage, j'ai vu que ce n'était vraiment pas pour moi. Puisque là , c'est pareil, quand il fallait faire les bonnes d'économa, par exemple, moi, je dessinais dessus. Donc forcément les recettes, ce n'était pas ça. Et j'ai dû abandonner. Pendant mon service militaire, j'ai eu la chance de travailler dans une imprimerie avec des civils. Et là , ça a été la révélation. Dès que je suis rentré dans l'imprimerie, j'avais cette odeur d'encre. Et j'ai dit, c'est vraiment ce que je veux faire comme métier, travailler dans le milieu du livre, de la presse. Peu importe, il fallait que... Il y avait quelque chose qui m'attirait là -dedans. Déjà , j'avais le goût du dessin, le goût de la bande dessinée, et puis je faisais beaucoup de caricatures, que ce soit à l'école ou pendant mes études en hôtellerie ou à l'armée. J'ai toujours caricaturé, que ce soit les profs, les camarades, les collègues, tout ça. Et ça m'a suivi. Et quand je travaillais à l'imprimerie, à l'armée, les collègues n'y ont pas échappé. Ils sont tous dans un requêt que j'ai encore là .
- Speaker #0
Et qu'est-ce que vous en faites alors de cette odeur de l'encre qui vous suit ? À la fin du service militaire, vous ne vous orientez pas tout de suite vers...
- Speaker #1
À la fin du service militaire, il y a le commandant qui m'a recommandé. Et il m'a fait une gentille lettre, comme quoi j'étais capable de travailler dans ce milieu-là , puisque je n'avais pas de diplôme. Et pour moi, c'était un diplôme déjà , de pouvoir me présenter à un imprimeur, dire que je suis recommandé par le commandant en tel. Puis... Il fallait trouver un travail. J'étais déjà avec Sandrine, la maman de Wendy Mine. Elle comptait devenir infirmière et elle passait le diplôme. Moi, j'ai pris le premier travail qu'il y avait. Puis, il s'est trouvé qu'Aïtéa allait chercher quelqu'un, donc entre 8. Je l'ai fait et puis ça a duré 10 ans. Pendant 10 ans, je me posais la question tous les matins, mais est-ce que tu es vraiment dans ton aimant ? Alors, je caricaturais aussi les collègues du travail, bien sûr. pendant la pause café, donc ça m'a toujours suivi. Puis à un moment donné, à la naissance de ma deuxième fille, Marine, on avait droit à un congé parental de 3 ans. Donc ma femme était infirmière. Je dis pourquoi pas, la première on n'en a pas profité trop, vu qu'on travaillait la nuit tous les deux. Elle a été pas mal chez la nourrice. Et il a fallu à un moment donné que quelqu'un choisisse. Donc voilà , j'ai été... Pendant trois ans, je me suis occupé de marine. Et pendant ces siestes, ça m'a permis de préparer des dossiers. Alors, au départ, pour animer des ateliers. Et c'est arrivé comme ça, petit à petit.
- Speaker #0
Pas forcément avec l'idée de transformer l'essai au bout des trois ans du congé parental et vous lancer complètement dans la baie. Ce n'était pas forcément décidé ?
- Speaker #1
Je ne pouvais absolument pas reprendre le travail à l'usine. Ça, c'est dur. Et je me suis... toujours dit je veux pas revenir à l'usine je vois là je veux faire mes preuves donc que ce soit dans la peinture parce que je peins aussi dans la caricature alors j'ai un copain déjà qui travaille dans la caricature sur mio qui s'appelle daf je voulais pas lui prendre un petit peu à marcher sur ces plates-bandes, je me suis dit tu vas faire du portrait. Donc j'ai été dans les petites fêtes, les fêtes du village, je faisais des portraits. J'ai fait ça pendant quelques années et ça m'a mis un peu le pied à l'étrier. Et puis est venu plus tard le festival de Comper où là j'ai vraiment eu le déclic. En voyant les auteurs dédicacés, je me suis dit ce que tu veux faire c'est de la bande dessinée. En fait, c'était mon désir d'enfance qui est revenu en 1996 pour le premier festival de Comper. Et de les voir là comme ça délicacés devant moi, de savoir que certains pouvaient en vivre.
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'elle a de plus la bande dessinée que le portrait, la caricature que vous faisiez ?
- Speaker #1
Le fait de pouvoir faire vivre des personnages avec très peu de moyens. Si vous voulez, c'est un film que vous regardez, mais à tout moment, vous pouvez faire un arrêt sur l'image et puis revenir en arrière. Il n'y a pas d'effort à faire, il n'y a pas de branchement. Et l'histoire peut vous porter, le dessin, vous y revenez si vous avez apprécié l'histoire. Alors c'est vrai qu'on achète un album, on l'achète en premier pour le dessin, on ne connaît pas l'histoire, même en feuilletant, ce n'est pas possible. Puis on accroche avec l'histoire.
- Speaker #0
Et pourquoi vous parlez de peu de moyens alors ?
- Speaker #1
Une feuille et un crayon.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Voilà . Alors que si vous voulez faire un film avec les mêmes effets, par exemple vous prenez la bande dessinée de Moebius, l'Incal. puis vous voulez le transposer au cinéma, ça va coûter des millions. Alors comme dans les ciné, il y a besoin d'une feuille, d'un crayon.
- Speaker #0
Et donc, suite au festival de BD de Compeyre, vous remettez les pieds dedans. Vous avez des premières expériences d'édition à ce moment-là ?
- Speaker #1
Alors oui, j'ai fait du fanzine grâce au festival. qui a été édité à peu près à 300 exemplaires. Donc ça m'a permis d'aller faire des festivals, de dédicacer, de me confronter un petit peu au train-train quotidien du dessinateur. Voilà , c'était ma première expérience. Donc le fanzina, ça s'appelait Mystic Compere. On en a fait deux, on en a fait un en 99 et un en 2001. Maintenant ils sont au collector. C'est vrai qu'à 35 exemplaires c'est peu. Mais pour nous à l'époque, on avait déjà un pied dedans. Et je me souviens, le premier festival que j'ai fait, c'était La Fouillade. Un petit village à côté de Najac, dans l'Aveyron. On allait dédicacer juste pour rembourser l'imprimeur, qui a fait une avance. Mais c'était une super expérience. Et puis voilà , un pied à l'étrier. J'ai fait un album avec André Triana, qui était l'animateur du Festival de Compères, et qui avait un scénario déjà , et qui me l'a proposé. Donc c'était des enfants qui étaient envoyés sur une île déserte, ça s'appelait Atros, cité des ados. C'était bien avant Koh Lanta. Et moi, je suis parti sans contrat, sans rien, et puis on s'est dit, on va aller à Angoulême le présenter. Seulement à Angoulême, quand on arrive, on arrive avec le sourire, puis les éditeurs, de suite... ils nous cassent, ils ne vont pas forcément dans le sens du poil. Et c'est là qu'on se dit, c'est peut-être plus dur que ce qu'on imaginait pour arriver à être édité.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui vous a fait tenir, vous ?
- Speaker #1
Un éditeur qui m'a proposé de faire un essai sur une petite bande dessinée très courte, avec une ambiance Tonton Flinger. Je suis rentré chez moi, je crois que j'ai fait les quatre pages en trois jours. Je lui ai envoyé de suite, il a vu que j'étais réactif et que je savais mettre en scène aussi, parce qu'un dessinateur de BD, il faut qu'il sache dessiner, mais aussi il faut connaître la narration. C'est pas évident, c'est pas donné à tout le monde. Donc voilà , moi j'avais ça depuis tout petit, je recopiais des bandes dessinées, donc j'avais appris tout seul. le fait d'être autodidacte, on essaie de s'inspirer un peu partout, de droite à gauche. Et c'est là qu'il m'annonce qu'il a un projet avec le réalisateur Georges Lautner, qui était le réalisateur des Tontos Flungers. C'est pour ça qu'il m'avait dit tu fais une planche qui est inspirée de ce milieu-là . Et ça s'est enchaîné, donc il m'a signé un contrat, il m'a dit tu as quatre mois pour faire l'album. qui s'appelait Baraka, vraiment le Graal pour moi, avec Trédité. Et j'ai eu vraiment beaucoup de chance de le rencontrer, de travailler avec lui. Donc sur ce diptyque, il y a eu deux albums de Baraka. Bon, le ton 3 ne s'est pas fait, c'est vrai que moi j'avais bien avancé dessus, en plus je participais au scénario.
- Speaker #0
Ok, comment vous rebondissez alors sur le fait qu'il n'y a pas de tome 3 ? Vers quoi vous allez ?
- Speaker #1
Forcément, surtout quand l'éditeur m'appelle et qu'il me dit que ça part au pilon, parce que bon, en principe on fait un album pour que ce soit lu, vendu ou donné, mais pas pour qu'il soit détruit. Et il m'a dit, écoute, désolé, ça ne le fait pas, mais si tu veux, j'ai des boulots pour toi en tant que coloriste. Je lui ai dit, pourquoi pas. De toute façon, il faut que je travaille, donc donne-moi ce qu'il y a à faire. Et j'ai enchaîné les petits travaux. Ça m'a permis de travailler et puis à côté de ça, de penser à de nouveaux projets.
- Speaker #0
Donc c'est à ce moment-là que vous commencez à nourrir les premières planches d'un art de famille ?
- Speaker #1
Oui, tout Ă fait.
- Speaker #0
Sur un blog ?
- Speaker #1
Sur un forum qui s'appelait Baywin, qui a été créé par Franck Tourneret, qui est un passionné, on a la chance de le publier. Et d'être vu, à mon époque, il n'y avait pas internet quand j'étais gamin. Et c'est vrai que mes dessins restaient dans les tiroirs. Là , la moindre personne pouvait montrer ce dont il était capable et rencontrer. Voilà , c'est ça qui est enrichissant aussi. C'est de rencontrer des gens passionnés.
- Speaker #0
Et donc, vous dessiniez déjà à ce moment-là vos deux filles, Wendy et Marine, dans une vie quotidienne.
- Speaker #1
Voilà , c'était tout simplement le quotidien de deux sœurs qui s'adorent et qui se détestent. Comme tous les gamins, forcément, il y a quatre ans d'écart entre les deux. Dès qu'il y avait une dispute, ça me donnait une idée. Donc, j'ai dit, il y a quelque chose à faire. Je notais dans un petit carnet, ça me donnait des idées de gags. Mais je ne savais pas comment tourner ça en trois images, quatre cases. C'était un peu foodtruck tout ça, mais je postais, je postais sans arrêt. Et puis, vous voyez bien quand même qu'il y avait quelque chose de magique là -dedans, dans cette relation-là . Les duos en bande dessinée...
- Speaker #0
Et comment est-ce que vous vous êtes repéré à ce moment-là ? Qu'est-ce qui se passe le jour où ça devient un projet d'une plus grande ampleur ?
- Speaker #1
Alors, à un moment donné, j'avais marre de faire de la couleur. Et j'ai envoyé un message à un copain qui travaillait chez Bambou. Voilà , Bambou Éditions. Et il m'a dit, ah mais ça tient la route ton projet. Franchement, tu devrais essayer de l'envoyer à Olivier.
- Speaker #0
Et donc les sisters, très vite quand elles arrivent en bande dessinée, le succès il est immédiat ?
- Speaker #1
Immédiat. Ça m'a surpris déjà qu'ils sortent à 20 000 exemplaires. Jusque-là , le plus gros tirage, c'était 3000 exemplaires. L'éditeur y croyait fortement. D'ailleurs, il m'a appelé de suite quand je lui ai proposé le projet par mail. Il m'a appelé dans la minute pour me dire que vraiment, c'était un projet dans lequel il croyait. Il m'a dit qu'on allait le sortir à 2000 exemplaires. Il m'a dit que j'y croyais. On va voir si ça plaît. Et puis, il m'a dit, éclate-toi et fais ce que tu sais faire. Je suis juste rentré dans les cases. J'ai juste changé mon format de page. Et depuis, c'est exponentiel. En fait, c'est édité chaque fois un peu plus. Là , par exemple, le tome 19 a été imprimé à 200 000 exemplaires. Donc 200 000, c'est incroyable. Surtout en ce moment, parce qu'il y a eu la crise dans la bande dessinée aussi, dans la presse, que ce soit. Et surtout avec Internet et puis les médias. Mais ça fait 17 ans qu'on travaille à peu près sur les BD, les Seaters. Et il y a des projets qui se sont ajoutés, comme le dessin animé, etc.
- Speaker #0
Juste en quelques chiffres, on approche des 8 millions, je pense, de BD exemplaires vendus. Sur la totalité ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
sur les 19 hommes. Le 19e est sorti en octobre dernier. C'est la BD préférée des petites filles de 7 à 12 ans, sur ce segment-là , d'après le Centre National du Livre. C'est aussi devenu un dessin animé qui est diffusé quotidiennement aujourd'hui. C'est devenu une série sur Netflix qui s'est hissée dans le top 10 des séries les plus regardées en France aussi. Et c'est sans compter le magazine qui est édité par Milan sous licence, les jeux vidéo, les figurines, les jeux de cartes. Bon voilà , il y a des produits dérivés plus qu'il n'en faut aujourd'hui. Et vous dites d'ailleurs William que vous vous pincez encore 17 ans après pour le croire. Je les vois. comment vous l'expliquez vous justement ce succès,
- Speaker #1
le fait que l'éditeur continue à vous faire confiance du 7 ans après ça ne s'explique pas sinon il y aurait une recette au succès c'est vrai que Quand je vois les ventes, je reçois les droits. Je suis toujours impressionné. Mais est-ce que vraiment on peut l'expliquer ? Est-ce que, je ne sais pas, demain il y a une BD sur les frangins qui s'appelle Les Brothers ? Voilà , on ne sait pas. On ne sait pas pourquoi il y a des lecteurs qui s'attachent à tel ou tel personnage. Alors peut-être qu'il y a le côté vécu qui parle aussi aux parents et aux grands-parents. Je sais que souvent, en dédicace, on me dit... Ça reflète vraiment la réalité, ce qu'on vit à la maison. On a l'impression que vous êtes venus et que vous avez mis une petite caméra et que vous observez notre quotidien. Après, je pense que les lecteurs se reconnaissent, que ce soit les enfants. Je privilégie les personnages. Je privilégie Wendy et Marine aux parents. Pour moi, les parents, c'est en retrait. Dans le dessin animé, il a fallu faire quelques petits réglages et puis quelques négociations aussi. Parce que M6 tenait absolument à ce qu'on voit une famille classique avec des parents, des épisodes de 11 minutes, des enfants liés vers eux-mêmes. Ce n'était pas crédible. Et voilà , donc on a dit OK pour le dessin animé. D'accord, il y aura les parents. Et puis finalement, je trouve que ça s'est... Ça va bien pour ce média-là . Le fait qu'on voit que ce soit une famille complète. Les parents dans la BD, on les voit, mais ce sont souvent des ombres chinoises, ou de dos, ou trois quarts. Je voulais vraiment axer la série sur les filles, et non sur une vie familiale. Ce qui m'intéressait, c'est la relation complexe, compliquée et tendre qu'il y a entre Wendy et Marine. C'est ça, c'était le but.
- Speaker #0
C'est un peu surprenant justement avec l'univers dans lequel on est. Vous parliez de l'univers de l'horreur qui vous entoure aussi de super-héros, de héros et de héroïnes de la pop culture. Là pour le coup, Wendy et Marine, elles ne sont pas des super-héroïnes ?
- Speaker #1
Non, elles réunissent tous les points là . Dans la chambre de Marine, on peut voir des peluches. Et voilà , les peluches, ce sont des personnages de comics. Par exemple, on a fait une bande dessinée avec Christophe qui s'appelle T-Zombie. Et là , on se fait plaisir aussi. Il sait mon goût pour ce genre-là , le genre de l'horreur. Donc on fait plein de petits clins d'œil. On n'a fait pas dans la bande dessinée des Sisters, vu que c'est un public quand même assez jeune. Mais il y a d'autres clins d'œil, des clins d'œil à la pop culture, des clins d'œil aux personnages de BD connus.
- Speaker #0
Donc Christophe Cazeneuve qui est votre co-scénariste encore aujourd'hui. Comment vous amusez encore vous avec les sisters dix-sept ans après ?
- Speaker #1
C'est grâce à Christophe ça, beaucoup. Je pense que si je l'avais fait seul à un moment donné, la source aurait pu se tarir. Mais là , lui il amène quelque chose en plus. Donc il a un frère et c'est vrai qu'il a des souvenirs aussi qui mêlent à mes souvenirs à moi. Et je ne me rends pas compte des fois, j'ai l'impression d'avoir vécu cette situation. Et puis en fait, c'est lui qui a apporté quelque chose de nouveau. Donc j'ai toujours aimé travailler avec un scénariste parce que ça enrichit. Et Christophe, voilà , amène quelque chose de frais. Et ça évite les répétitions. Moi, j'aurais peut-être tendance à me répéter. Et de travailler à deux comme ça, on se lance la balle. Moi, je lui envoie le thème de l'album prochain. avec des pistes, des gags qui sont écrits ou pas. Et à partir de là , de cette matière, lui, il crée des gags pour l'album qui vient ou l'album qui sera publié dans deux, trois ans.
- Speaker #0
C'est-à -dire que là , le tome 19, le thème, c'est le déménagement. Ça colle avec votre vie avant.
- Speaker #1
C'est du vécu. Donc chaque fois, je lui propose un thème qui correspond à notre vécu. Donc là , on a déménagé l'an dernier. J'ai appelé l'éditeur, j'ai dit... En principe, j'en parle à Christophe, et c'est Christophe qui en parle à l'éditeur. Mais là , j'avais parlé à l'éditeur, j'ai dit on va déménager. Donc c'est vraiment un gros changement de la série. Parce que même dans le dessin animé, on reconnaît la maison qu'on avait à Chryssel. Et là , j'ai dit ça va peut-être chambouler un petit peu le lecteur. Est-ce qu'il va se reconnaître ? Je sais qu'il y avait un confort à lire. Une bande dessinée comme Calvin et Hobbes ou Boulay et Bill, où ils étaient toujours dans le même décor, on était vraiment installés, on lisait la BD, ça y est, on était vraiment dans les pantoufles. Et là , bon, on va voir.
- Speaker #0
Donc là , vous dites par exemple à Christophe, le thème c'est le déménagement. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Lui, il s'en empare ?
- Speaker #1
Alors, je ne lui dis pas comme ça, le thème c'est le déménagement, débrouille-toi. Je lui envoie des pistes, je lui dis, bon là on va déménager, donc il va y avoir le côté nostalgie, en même temps Marine qui veut garder sa chambre, donc on a fait un gag là -dessus, où elle veut garder les murs de sa chambre, mais en fait elle veut éviter de changer, en même temps. de cuisine et tout. Donc non, il y a des trucs sympas. On a créé... On a fait un album, voilà , assez nouveau et en même temps dans la lignée des précédents, quoi. Avec la même relation, les disputes, les running gags, quoi.
- Speaker #0
Aujourd'hui, vos filles, elles sont adultes, largement adultes. Pourtant, dans la BD, elles n'ont pas bougé. comment vous gérez ce sentiment de surplace peut-être avec vos personnages dans le sens où elles ne grandissent pas au rythme de vos vraies filles ?
- Speaker #1
J'ai toujours eu l'envie d'arrêter le temps et à cet âge-là de profiter vraiment du papa et puis ses filles. Je savais qu'un jour ou l'autre elles grandiraient et quitteraient le nid. C'est ce qui est arrivé d'ailleurs. Marine l'a quitté récemment. La plus petite, oui. Et voilà , j'ai toujours mes filles de papier. Et j'ai fait ça vraiment pour elles.
- Speaker #0
Comment elles le vivent, elles ?
- Speaker #1
Elles le vivent très bien. Je sais qu'Owenji était ado quand est sorti le premier tome. Elle était au collège, donc elle devait être en 6e ou en 5e. Donc elle avait peut-être un peu plus de mal, parce que à cet âge-là ... On dit souvent aux parents, tu me laisseras à 30 mètres de l'école et puis j'irai tout seul au collège. Par contre, Marine, elle, n'hésitait pas à ouvrir le journal de Mickey, parce qu'on a été pré-publié un an avant l'édition dans le journal de Mickey. Donc elle allait en classe, elle était au primaire, bien sûr, et elle ouvrait de façon ostentatoire devant la maîtresse et les copines, « Regardez, c'est mon papa qui l'a fait » . Avec fierté. Et maintenant, elles ont des copines qui les ont connues sur papier, qui les connaissent maintenant, et quand elles leur disent, voilà , elles n'en revenaient pas. Je t'ai connue sur papier avant de te connaître dans la vie. Mais ce n'est pas vrai ce qu'ils disent, tu n'es pas comme ça. Si elles savaient.
- Speaker #0
Ça doit être vertigineux, non, de se rendre compte que là , il y a peut-être 8 millions de jeunes filles, plus leurs parents, plus les grands-parents, que vous avez fait rentrer chez vous, d'une certaine manière.
- Speaker #1
Alors là , je ne sais pas, elle ne s'en rend peut-être pas compte. Moi, je me rends compte en festival, quand je vais rencontrer, ou quand il y a des gamins ou des voisins qui viennent, qui viennent avec un album en me disant, voilà , j'ai toujours lu cette BD. Des mamans qui viennent aussi en me disant, je disais ça quand j'étais ado, je le passe à ma petite qui commence juste à lire. Bon, là , je prends un coup sur le casque, mais je me dis... Ouais, c'est gratifiant et puis en même temps ça fait peur. Parce qu'on se dit, les années passent. Moi j'aime bien le fait que les personnages ne grandissent pas. C'est mon côté classique de la bande dessinée. J'aime retrouver des albums et puis je prends un album, je sais pas, peu importe. Gaston Lagaffe, par exemple, c'est toujours le Gaston de l'époque. Il n'a pas évolué, Tintin non plus. Il y a des personnages qui évoluent et ça s'y prête bien. Par exemple, la bande dessinée Lou, le personnage grandit, devient adulte. Ça, c'est très intéressant. Après, chacun doit s'y retrouver.
- Speaker #0
Vous, vous vous concentrez précisément sur les bandes dessinées. Après, tous les produits dérivés qui viennent se greffer, qui... Vous êtes un peu plus loin de leur processus de création, vous pouvez vous en détacher un petit peu, votre travail à vous reste la BD. L'ampleur qu'ont pris les sisters, justement, sous toutes leurs formes, reste fidèle à ce que vous aviez imaginé. Est-ce que vous les reconnaissez toujours et vous gardez quand même la paternité de vos sisters, malgré tout ? Oui.
- Speaker #1
En fait, on est vraiment impliqués par tout ce qui sort et tous les produits dérivés. Ça nous touche vraiment de près. Chaque fois qu'il y a un projet, l'éditeur nous envoie le projet et nous, on doit valider, Christophe et moi. Donc on fait ça sérieusement, que ce soit pour le dessin animé ou pour les jeux de société, le jeu vidéo. Et puis là il y a le film qui est en préparation, un projet, c'est un projet. Donc voilà , nous on doit valider, avec l'éditeur bien sûr aussi, pour que ça corresponde vraiment à ce qu'on veut. Il ne faut pas dénaturer, c'est très important surtout pour moi. Déjà , le fait qu'il y ait une adaptation en dessin animé, j'avais un petit peu peur qu'il parte un peu dans tous les sens et que ça ne corresponde pas du tout au projet initial. Ensuite... De savoir qu'il y a un jeu de cartes qui est sorti, que certains vont jouer, pour nous c'est la cerise sur le gâteau. Que ce soit des figurines, que ce soit... Là on a un magazine, c'est un bimestriel chez Milan Press. Je crois qu'il y a déjà une vingtaine de numéros à peu près. Il marche bien.
- Speaker #0
C'est un des plus vendus chez Milan.
- Speaker #1
C'est génial. C'est que du bonheur.
- Speaker #0
Elles sont vraiment devenues, et c'est le propre en plus de la presse jeunesse et du public jeune, vos sisters sont des compagnons de route pour des générations entières d'adolescents.
- Speaker #1
Oui, c'est marrant, parce qu'il y avait plusieurs fois, on m'a dit, vous savez ma fille, vos BD ce sont ces doudous. Il y en a même qui dorment avec les albums. Je me suis dit, il va se faire mal, parce que c'est quand même du carton, c'est dur. Non, c'est ça. Il y a un rapport au livre qui me plaît. Le fait que les enfants lisent encore. C'est chouette.
- Speaker #0
Et quand vous repensez au festival de BD de Compère, qu'est-ce que vous vous dites ? Vous, vous êtes sur Petit Dulot de manière ahurissante, mais il y a aussi beaucoup d'auteurs qui ne reconnaîtront jamais cette trajectoire-là . Est-ce que vous avez des relations encore avec eux ? notamment sur une terre de BD, qu'est l'Aveyron, puisqu'il y a beaucoup d'auteurs ici.
- Speaker #1
Oui, j'en croise pas mal d'ailleurs. Après un festival, je les vois professionnellement, et puis c'est devenu des copains. J'ai la chance de pouvoir vivre de ce métier, et c'est le mâche parce que c'est un métier qui se paupérise, et beaucoup d'auteurs n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Il faut savoir qu'un album, en fait, les avances sur droit apportent à peu près, on dirait, je ne sais pas, en moyenne 10 000 euros sur une année. Ce n'est pas possible de vivre avec 10 000 euros par an. Et donc voilà , si une BD marche, oui, mais c'est pour ça que certains auteurs arrêtent et puis vont faire des interventions ou autre chose qui correspond à leur passion, au dessin. Ce n'est pas tout le monde qui peut vivre de ce métier.
- Speaker #0
Est-ce que vous, à un moment, vous avez senti que ça allait trop loin, trop vite, trop fort ? Et il y a eu peut-être un petit pas en arrière, un moment de vertige comme ça, où on se demande si c'est vraiment ce dont on rêvait, un succès aussi gros que celui-là ?
- Speaker #1
Non, parce que ça s'est fait petit à petit. Il y a eu un succès, mais ça n'a pas été des millions de ventes d'un coup. Si on regarde certaines BD, c'est énorme. Mais là ça a été doucement. 20 000 exemplaires, c'est énorme. Ça s'est fait petit à petit. On n'est pas arrivé à 8 millions d'un coup. C'est 8 millions sur la totalité. Là , le dernier album est imprimé à 200 000 exemplaires. Et l'an prochain, il sera réimprimé par exemple. Donc on sait qu'on a vendu 200 000. À partir de là , on sait qu'une bande dessinée marche ou pas.
- Speaker #0
Donc ça a été crescendo et il a rendu une veste.
- Speaker #1
Ce qui a permis qu'on garde la tĂŞte froide et les pieds sur terre.
- Speaker #0
Parce qu'il y a aussi ce décalage, c'est que vous vivez de manière très simple. Je suis presque sûre que quand vous vous baladez à Millau, vous ne créez pas des accidents sur la route a priori. Vous pouvez garder cette vie très simple.
- Speaker #1
Oui, oui, tout à fait. Vous n'êtes pas une rockstar. Il arrive des fois à Millau qu'on m'arrête. Ma fille adore ce que vous faites. Parce qu'ils m'ont vu à la télé ou sur le journal. On peut faire une photo, oui. Ça ne m'arrive pas à chaque fois que je vais en ville. Je veux dire, c'est rare, c'est très rare. C'est le côté qui me plaît aussi de ce métier, que ce soit écrivain ou dessinateur. On est vraiment dans notre milieu, dans l'ombre. Et c'est un travail de l'ombre, qui est après mis en lumière grâce à un éditeur qui publie les albums.
- Speaker #0
C'est pour ça que vous m'avez dit que l'exercice de l'interview était douloureux, particulièrement. Vous aimez bien cette bulle-là ?
- Speaker #1
J'aimais cette bulle-là . Après, je fais un effort quand il faut faire de la promotion, parler de l'album. Mais en même temps, il y a le fait aussi du passage et de la transmission. Chacun son truc. Il y en a qui aiment bien se mettre en avant. Ils sont comédiens, ils font des one-man-show. Moi, mon truc, c'est de dessiner.
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter ? avec les Sisters ou avec d'autres personnages ?
- Speaker #1
Avec la bande dessinée, pas forcément avec les Sisters parce qu'un jour ça s'arrêtera. Si la BD ne marche plus, je ferai autre chose. Par exemple, on a essayé avec Christophe de partir dans des univers différents comme T-Zombie, un univers un peu plus ado. Et avec What, la fée aussi. C'est une histoire en deux tomes. Donc je sais que si les sisters ne marchent plus, je suis capable d'aller dans d'autres univers vraiment différents, pas forcément dans un style réaliste. J'ai déjà fait ça avec Baraka ou Albin de Moncosson, c'était des BD très réalistes. Mais j'aime bien varier les univers et je sais que du moment que je fais de la mise en scène de la bande dessinée et quelque chose qui me plaît,
- Speaker #0
Peut-être une dernière question sur les sisters. En 17 ans, là encore, de l'eau a coulé sous les ponts. Est-ce que vous vous sentez une responsabilité différente dans la manière de vous adresser à votre lecteur ? Est-ce qu'il y a, parce que les sujets qui traversent les enfants, avec des enfants plus connectés, un monde qui évolue, est-ce que vous leur parlez différemment ou pas ?
- Speaker #1
Il faut faire attention à ce qu'on dit. C'est vrai qu'au départ, je faisais les albums pour moi. Je me suis rendu compte qu'il y avait un impact sur la jeunesse. Il y a des choses qu'on peut faire et d'autres qu'on ne peut pas faire. On a reçu quelques lettres critiques et constructives en même temps. Et on a fait attention à ça justement, parce qu'il y a des enfants qui peuvent être touchés par tel ou tel événement. Et on ne peut pas non plus trop se freiner pour se dire, tiens, est-ce que ça va plaire ou est-ce que ça ne va pas plaire ? Il faut travailler et se faire plaisir aussi. Et puis l'éditeur est là aussi, il est là et c'est un frein. Dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas, il nous le dit. Par exemple, quand je dessine à la plage, dans certains pays, ils refolent les maillots. Parce que Wendy, par exemple, qui est ado, elle a un maillot de pièce. Dans les pays, ça ne va pas. Donc on a été édité en Indonésie. Et c'est vrai que là -bas, le maillot de pièce, le bikini... Faut pas. Donc ils ont redessiné, ils ont fait un maillot, une pièce. C'est des trucs comme ça. Mais on n'est pas toujours là à se dire, est-ce qu'on peut le faire ? Est-ce que ça ne va pas choquer ? Il n'y a rien de choquant. Mais on ne peut pas plaire à tout le monde. Il y aura toujours des gens qui vont critiquer, qui vont dire, il ne faut pas dire ça, c'est vulgaire, etc. Il faut rester dans le politiquement correct. C'est une bande dessinée avant tout familiale, et donc il n'y a rien de graveleux. Mais on fait attention quand même.
- Speaker #0
C'est l'occasion, je n'ai pas précisé tout à l'heure, en parlant du nombre de ventes, que c'est aussi la BD la plus empruntée en médiathèque.
- Speaker #1
Oui, je crois.
- Speaker #0
Donc il y a aussi tous ceux qui vous lisent en vous empruntant.
- Speaker #1
Je suis impressionné quand je vais à la bibliothèque, des fois je regarde, il y a des bouquins qui sont réservés, c'est les Sisters. Moi j'allais à la bibliothèque à l'époque. J'ai réservé les Adèle Blancet, que moi, autre bonne dessinée que je lisais. Ça m'impressionne toujours, ça.
- Speaker #0
Une dernière question William, c'est une question que je pose à tous les invités du podcast, c'est en quoi est-ce que vous croyez ?
- Speaker #1
En quoi est-ce que je crois ? Alors je crois en l'humain, c'est déjà beaucoup de croire en l'humain.
- Speaker #0
Pourquoi en lui-mĂŞme ?
- Speaker #1
Parce qu'il n'est pas forcément mauvais ni bon. Il peut avoir de l'empathie et il y a de bonnes choses qui peuvent en ressortir, que ce soit dans la politique, dans le métier artistique. Et de toute façon, on est là , on est sur cette terre et puis il faut faire avec. Il y a des choses qui se passent, des choses graves qui se passent, mais on ne peut pas tout contrôler. Je pense que les médias en rajoutent beaucoup. Et en même temps, il faut qu'il y ait des gens passionnés aussi pour transmettre autre chose que la misère et la guerre. Je pense qu'il y a quand même du bon dans chacun.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'elle peut, la BD, dans ce monde ?
- Speaker #1
C'est une récréation. Je dirais que c'est quelque chose pour se faire plaisir. Et puis, si on peut apporter un peu de rêve avec nos rêves à nous, c'est bien. C'est beaucoup, déjà .
- Speaker #0
C'est quoi votre rĂŞve Ă vous ?
- Speaker #1
Mon rêve à moi ? Alors là , c'est quoi mon rêve ? Déjà , je le vis. Je le vis pleinement. Tous les matins, je me réveille et je me dis, est-ce que tu es en train de rêver ou pas ? Est-ce que tu vas te réveiller à l'usine ? et te dire que tout ça, c'était dans ton imagination. J'ai la chance vraiment de vivre mon rêve. J'ai voyagé, j'ai fait pas mal de trucs, mais de vivre déjà de ma passion, parce que depuis tout petit, je veux faire ce métier-là . C'est une chance pour ceux qui veulent être journalistes, ceux qui veulent être comédiens, s'ils arrivent vers leur fin, tant mieux.
- Speaker #0
Et une dernière question. Là , quand vous dites que vous vous levez le matin, vous vivez votre rêve, vous avez travaillé sur quoi ce matin, vous, maintenant que le 19e tome est sorti, que vous êtes un peu dans la promo ?
- Speaker #1
Oui, c'est une période de transition. En ce moment, je travaille, donc pour Milan, je fais des couvertures pour le magazine en avance, puisqu'on va travailler sur le tome 20 à partir de lundi. Et je travaille aussi pour Achète Éducation, pour les cahiers de vacances. Il y a eu 4 ou 5 cahiers de vacances l'an dernier, puis il réitère. Et là , j'ai fait des couvertures en ce moment. Ça me change un petit peu. C'est plus un travail de dessinateur, plus que d'auteur de BD. Mais lundi, on attaque le tome 20. Le tome 20, ça sera sur la jalousie. Voilà , exclu.
- Speaker #0
Donc, ce sera pour l'automne prochain ?
- Speaker #1
Il sortira, oui. Fin octobre 2020. Et le titre, j'amène un titre tout le temps comme ça en amont. Ça sera Fais pas ta jalouse. Normalement, ça sera ça. En principe, on s'y tient.
- Speaker #0
Donc, il y aura encore un tome des Sisters sous le sapin en Noël 2025 ?
- Speaker #1
Oui, tome 20. Incroyable. 20 albums. C'est passé si vite. C'est un temps. Je n'en reviens pas. Il ne faut pas se freiner. Il faut profiter. Surtout si on peut le faire et si on a le pouvoir de le faire et que ça marche, il ne faut pas hésiter. Et si ça ne marche pas, comme moi, mes premières BD ne marchaient pas. Il faut insister et il ne faut pas baisser les bras.
- Speaker #0
Vous n'avez aucun regret ?
- Speaker #1
Non, je n'ai pas de regret. Pour les études, peut-être j'aurais aimé, mais faire plus d'études, faire une école d'art, faire les beaux-arts. Mais voilà , il faut un niveau bac. Donc c'est pour ça que je dis souvent aux gamins, travaille à l'école, tu auras ton bac. Et après, il y a des portes qui vont s'ouvrir et tu pourras choisir une voie. C'est vrai que moi, j'ai un parcours chaotique. Le fait d'avoir été en troisième et puis de choisir cette voie-là , qui ne me plaisait pas. Donc, si on peut travailler à l'école et puis après choisir sa voie, c'est mieux.
- Speaker #0
Donc, il y avait donc la dernière question du podcast et les cinq questions bonus. Merci William d'être arrivé jusque là . Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci Ă vous de l'invitation.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, Partagez-le autour de vous, transférez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.