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Lola Dewaere: Portrait d'une actrice hors norme. cover
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Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Lola Dewaere: Portrait d'une actrice hors norme.

Lola Dewaere: Portrait d'une actrice hors norme.

51min |15/09/2024
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Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Lola Dewaere: Portrait d'une actrice hors norme.

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51min |15/09/2024
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Description

La flamme de la Carrière: Quand une femme nous livre son parcours.


Sara et Angélica ont reçu Lola Deweare, actrice, pour cette émission exceptionnelle où elle est seule dans la tente.


Elle nous a livré ses moments de doutes, de galères, son rapport au succès et ses prises de position.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:


Lola

« J’ai commencé tard ce métier vers 33 ans ... J’ai fait plein de métiers et je pense que c’est pour ça,  sans prétention, que ça m’aide beaucoup dans mon métier de comédienne.  Je sens que je peux m’adapter à plein de choses du fait que j’ai bien bourlingué avant.”


« L’ombre paternel planait, est-ce que j’allais être la digne fille de mon père? Ça aussi ça pesait un peu. »


« Mon père m’a pas laissé grand chose, il est parti très tôt, il me devait bien de me laisser son nom. »


« J’étais sélectionnée au César, tout le monde s’est dit c’est bon, suis lancée et là, traversée du désert, j’ai dû reprendre un taf dans les assurances. »


« J’ai entendu à l’époque dans des  bureaux de casting, à propos de mon poids, « tu sais Lola faut que tu comprennes que dans le cinéma et la tv, les gens ont besoin de rêver et tu ne fais pas rêver… »


«Là où  j’ai réussi a chopper les gens c’est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire mais dans le bon terme et que les gens se sont enfin identifiés, moi suis foutue comme madame tout le monde. »


« J’ai ce truc  de l’imposteur, je n’accepte toujours pas de bien gagner ma vie et c’est un problème car j’ai honte d’aussi bien gagner ma vie par rapport à beaucoup de gens. Je me dis que c’est un luxe de bien gagner sa vie en faisant un métier qu’on aime. »


« Mes amis ont toujours été là , c’est toujours les mêmes, c’est mon ciment, ils ont les pieds sur terre et ils m’aident à ne pas être déconnectée. »


« Je ne suis pas formatée et je refuse de l’être. »


« Aujourd’hui le monde va tellement mal, on est à un carrefour, on ne peut pas , nous personnes publiques, ne pas prendre parties et ne pas dire les choses. »


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières.

Changement de carrières. Idées. Buisness. Conseils. Entreprises. Entrepreneur.


Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


D'une petite flamme peut naître un grand feu alors abonnez vous  ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Alors bonjour, donc on est toujours au mois de septembre, on parle toujours de carrière et on a la chance de recevoir encore pour une émission spéciale, oui on vous adore, on a fait plein d'émissions spéciales au mois de septembre, donc Lola Devers, comédienne. Et j'ai une question, est-ce que ça a toujours été comédienne justement Lola ?

  • Speaker #2

    Eh ben non, non non, j'ai démarré assez tard ce métier et j'ai fait plein plein... plein d'autres métiers bien avant de me lancer dans cette carrière de comédienne. Je crois que j'ai tout fait. J'ai fait nounou, j'ai récuré des chiottes, je me suis occupée de personnes âgées, j'ai sorti des chiens, j'ai été serveuse. Le seul truc que je n'ai pas fait, c'est ouvreuse dans un théâtre. Je crois que c'est la seule chose. Vendeuse fringues. premier taf, boulangerie, c'était un bordel au niveau de la caisse, donc ils m'ont vite virée, parce que je rendais trop d'argent. Je suis très très nulle en calcul mental. Tu es très généreuse en fait. Mais je suis généreuse, c'est pour ça, je n'ai pas compris quoi. Mais oui, j'ai fait plein de métiers, et je pense que c'est pour ça aussi, sans prétention aucune, mais que dans mon travail, ça m'aide beaucoup, maintenant en tant que comédienne, c'est-à-dire que j'ai tellement fréquenté tous les milieux et un tas de métiers. que j'ai une perception assez pointue. Quand on m'offre des rôles, je joue principalement des flics. Ah, tu n'as jamais fait flic ? Je n'ai jamais fait flic, alors ça, dis donc. Mais voilà, en tout cas, je sens que je peux m'adapter à beaucoup de choses de par le fait que j'ai bien bourlingué avant.

  • Speaker #0

    Et jusqu'à quel âge, à peu près ?

  • Speaker #2

    Alors, mon dernier métier, c'est... c'était dans l'immobilier où on vendait des bureaux et j'étais assistante de direction. Et c'était... Waouh ! Je crois que c'était en 2008. Voilà, j'ai arrêté de taffer. J'ai commencé vraiment ma carrière de comédienne en 2009-2010. Donc, c'était mon dernier taf. Normal, on va dire.

  • Speaker #0

    Et à l'époque, tu avais envie d'être comédienne ? C'était quelque chose que tu n'avais pas du tout traversé la tête ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours eu envie d'être comédienne. Seulement, je voyais bien le physique des actrices. Et je me disais que jamais j'y arriverais parce que je n'étais pas faite comme une espèce de caricature d'actrice. Mais très filiforme, très belle, très glamour. J'ai toujours eu du poids en trop. Depuis que j'ai l'âge de 10 ans, je suis en surpoids. poids. Donc, je me disais que je n'étais pas assez belle et en plus certainement pas assez talentueuse. Et pour avoir fait du théâtre quand j'étais jeune au collège, j'avais du mal. Je ne savais pas quoi faire de mon corps. Je ne savais pas comment me bouger sur une scène. J'ai toujours été assez embarrassée par mon corps jusqu'à un certain âge. J'ai été guérie il n'y a pas si longtemps que ça, on peut en parler après. Mais j'ai toujours voulu, mais je n'ai jamais osé. Et puis en plus, L'ombre paternelle qui planait, est-ce que j'allais être la digne fille de mon père, tout ça, ça aussi pesait. Alors, moins que les problèmes physiques, mais c'était quand même un peu là aussi. Mais dans ma famille, quand j'étais petite, j'ai toujours entendu, elle sera comédienne comme son père. Donc, j'avais aussi besoin, moi, de me retrouver et de savoir si c'est parce que je l'avais trop entendu quand j'étais gamine, si c'était du bourrage de crâne ou si c'était vraiment ce que je voulais faire. Je me suis inscrite au cours Florent quand j'avais 17 ans. Et puis, je ne passais jamais sur la scène. J'avais une peur monstre de parler devant les gens. J'avais peur de tout. Je me retrouvais avec des comédiens qui étaient vachement libérés. Pour moi, je les voyais comme des espèces de bitniques. J'avais l'impression d'être une vieille. Et en plus, j'ai toujours été levée jusqu'à l'âge de mes 10 ans. par des grands-parents. Donc, mon éducation, la jeunesse de mon éducation a été faite par des personnes âgées et très intellos, très... Donc, je suis arrivée vraiment avec une mentalité très fermée, donc se lâcher prise, je ne l'avais pas. Donc, c'était complètement lunaire pour moi de me retrouver là-dedans. Donc, ça a été des débuts où oui, je voulais être comédienne, je savais que c'était en moi. Mais quand je voyais tout le taf et ce que c'était vraiment, réellement que d'être comédienne, j'étais persuadée que je n'étais pas capable de ça.

  • Speaker #1

    Et comment tu as créé du coup le Déclic alors, parce que tu étais dans l'immobilier ?

  • Speaker #2

    Alors le Déclic, c'est assez marrant. Le Déclic, je travaille toujours dans cette boîte dans l'immobilier. Et un jour, il y a Laurent Delahousse qui m'appelle et qui me dit, on va faire un... Comment ça s'appelait son émission à l'époque ? Un jour, un destin. Oui. On va faire un jour, un destin sur Patrick Devers. Est-ce qu'on peut t'interviewer ? Je dis oui, OK. Donc, l'émission se fait. Et puis, il y a le chef-op. Ça va paraître très prétentieux ce que je vais dire. Vas-y. Non, mais tu vois, c'est des petites phrases comme ça qui te donnent du beau moqueur. Je vais vous expliquer. Donc, ils installent les lumières, la caméra. Ils disent, c'est quand même dommage que tu ne sois pas comédienne. Tu prends vraiment bien la lumière. Et c'était la première fois qu'on me disait ça. Moi, toute petite, j'ai toujours entendu elle est rigolote elle a pas ça dans sa poche elle est complètement fantastique Mais jamais on m'avait dit que j'étais jolie à la caméra. Jamais j'ai eu ce rôle de jolie fille ou de quelqu'un qui prend bien la lumière.

  • Speaker #1

    Surtout toi, avec ce que tu projetais toi sur ton corps.

  • Speaker #2

    Et surtout ce que je projetais sur mon corps. Donc, cette parole, grâce à cette émission de Laurent Delahousse, ça a été tellement fort que... Les pauvres, je les ai fait vraiment... Deux semaines après, j'ai démissionné de mon taf. Ils n'étaient pas contents. Si jamais ils m'écoutent, je suis encore désolée, mais vraiment, mes excuses. Mais je suis vraiment partie comme une voleuse. Et je me suis dit, je vais être comédienne. Et là, j'ai commencé à démarcher des agents, mais pas en disant que je voulais être comédienne. Parce que j'y croyais un petit peu, mais pas encore tout à fait, malgré cette petite phrase magique. Je suis passée, j'ai un peu fait le snake. J'allais voir les agents en disant, je veux être agent. Jusqu'à ce que je tombe sur mon premier agent, qui me dit, alors je fais le rendez-vous avec elle, donc elle me dit qu'il faut que je retourne, il faut une convention de stage, que machin. Évidemment, moi, je n'ai même pas mon brevet des collèges. J'ai arrêté l'école en troisième, c'était une catastrophe à l'école, donc je n'avais rien. Donc il fallait que je reprenne des cours, tu vois, que je me réinscrive à l'université de Créteil. C'était un bordel pas possible. Donc, je fais ce rendez-vous. Et puis, le lendemain, je rappelle cet agent en disant que c'est compliqué. Convention de stage et tout ça. Je n'ai aucun diplôme. Bref, c'est compliqué. Il va falloir que je reprenne des cours. Et elle me dit...

  • Speaker #0

    En plus, tu avais le village.

  • Speaker #2

    C'est ça. C'est-à-dire que je vais avoir 33 ans. Et cet agent me dit... On va arrêter de tourner autour du pour. On peut parler franchement, toi et moi ? Oui. Qu'est-ce qui va me sortir ? Tu ne veux pas être agent. Tu veux être comédienne. On le sait, toutes les deux. On va arrêter de se mentir. J'ai fait, putain. Elle est... Mais même moi, inconsciemment, j'avais cette demi-conscience. Et en même temps, cette phrase qui m'a foutu une claque, je me suis dit, oui, je veux être comédienne. Elle me dit, tu sais quoi ? Je te prends dans l'agence. Si ça marche, c'est bien. Si j'ai des mauvais retours en casting... On va pas faire du concours et on arrête là. Et j'ai commencé comme ça.

  • Speaker #0

    C'était difficile,

  • Speaker #2

    je savais pas trop en discuter. Sophie Lemaitre, super agent. J'étais vraiment très heureuse de démarrer avec elle. Et il faudrait que je vous raconte mon premier casting. Bah vas-y. Je vais raconter mon premier casting. C'est pas très drôle. Je vais sur-vendre le truc, si ça se trouve ça va tomber à plat. Donc Sophie Lemaitre m'envoie sur ce premier casting. Où je devais faire, c'était, elle m'envoie le pitch du truc, c'était une fille qui avait l'accent du Sud. Donc c'était un truc qui se passait en Provence et je devais prendre l'accent du Sud, d'accord ? Donc j'arrive au casting, le castron me reçoit, machin, et me dit, est-ce que tu veux faire une italienne ? Je fais quoi ? Comment ? Quoi ? Une italienne ? Attends, mon agent m'a dit que je devais faire une fille qui vient du sud de la France. Comment ça, une italienne ? C'est inadmissible. En plus, hyper, tu vois, genre, je ne me démonte pas. Je suis hyper... Non, non, mais c'est pas... Au moins, on ne m'a pas prévenu. Je n'ai pas bossé mon accent italien.

  • Speaker #1

    Alors, pour les auditrices et les auditeurs qui nous écoutent, qui ne sont pas dans le métier, parce que c'est vrai, tout le monde ne le sait pas. Faire une italienne, ça veut dire faire le texte sans y mettre des intentions. Donc, à plat. Et ça se dit à chaque fois, on fait des italiennes avant de commencer pour se mettre le texte en bouche en fait.

  • Speaker #2

    Et les allemandes,

  • Speaker #0

    c'est que les moules.

  • Speaker #2

    Non, mais attendez quoi ? Non, non, non. Si je m'étais sortie d'allemande, je serais tombée de ma chaise. C'est plus dans le théâtre,

  • Speaker #0

    je n'ai rien à dire.

  • Speaker #2

    Voilà, l'italienne. Donc, mon agent de l'an-main me rappelle. Il me dit, bon écoute, ça s'est très bien passé. Il voit que tu as du potentiel. Tu as du potentiel, c'est sûr, mais tu es un peu verte. Il me dit que tu es un peu verte. Alors, il me dit que tu es un peu verte. C'est pareil, qu'est-ce que c'est que ce terme ? Comment ça, je suis un peu verte ? Je suis une espèce de plante, ça veut dire quoi ? Donc, un peu verte, pour les auditeurs, veut dire que trop d'expérience, évidemment. Et puis alors, c'est très drôle. Et elle m'a gardée, Sophie Lemaitre. Donc, force à Sophie Lemaitre, bravo. Je crois qu'un autre agent m'aurait peut-être virée, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En plus, c'est une copine, donc je l'embrasse. Tant qu'à le faire.

  • Speaker #2

    Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des casquings. Est-ce que tu crois qu'à ce moment-là, ton nom te sert ou te dessert ? Est-ce qu'ils ont la curiosité de toi ?

  • Speaker #2

    Est-ce qu'ils te passent le talent ?

  • Speaker #1

    Ils font un rapport ? Comment tu ressens ça ?

  • Speaker #2

    Mon nom me sert beaucoup. Et je savais que ce nom allait me servir. Et avec Sophie Demeître, on l'a savamment pesé. Parce que moi, sur ma carte d'identité, ce n'est pas marqué le la de verre. De verre, déjà pour mon père, un nom d'emprunt. Donc j'ai emprunté le nom d'acteur de mon père, qui est un nom d'acteur et pas un nom... C'est pas sur ma carte d'identité. Donc ça a été savamment pesé avec mon premier agent qui était Sophie Lemaitre. Et on s'est dit, on y va, on fonce. Et en plus, moi, je ne voulais pas qu'il y ait une sorte d'hypocrisie. C'est-à-dire, je suis la fille de mon père, je suis contente. Je ne suis ni la fille de Maurice Papon, ni la fille d'Hitler. On peut être fière. Donc je ne voulais rien cacher, être très transparente. Et en plus, je savais très bien... qu'en prenant mon nom, ça allait aller plus vite. Alors, peut-être pas sur la durée d'une carrière, mais en tout cas, on allait me recevoir plus vite en casting. Curiosité malsaine ou curiosité, simplement curiosité. Et en effet, ça a marché parce que du coup, j'ai eu toutes les portes ouvertes de tous les castings. Tiens, la fille de verre, on va voir ce qu'elle donne la petite. Bon, je crois qu'une Italienne, c'est... Mais bon. Et donc, oui, oui. Et ça, j'ai toujours été très transparente là-dessus. Mon père ne m'a pas laissé beaucoup de choses. Il est parti très tôt et il me devait bien ça. Donc voilà. Et en plus, je suis très fière d'être la fille de mon père.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu l'impression qu'il y avait une plus grosse attente sur toi ? Ou est-ce que les gens étaient trop intérêts avec ça ?

  • Speaker #2

    Non, certainement. Mais par contre, on ne me l'a jamais fait ressentir. Même au niveau des gens, des spectateurs. Ça m'est arrivé d'avoir quelques fois des mauvais commentaires, des choses un peu méchantes, mais c'était quand même plutôt rare et je m'attendais plus à avoir ce genre de choses, de passer par ce truc-là. Et en fait, non. Alors peut-être que les gens se disaient, mais en tout cas, moi, on ne me l'a jamais fait ressentir. Par contre, j'ai bien vu qu'avant de démarrer ma carrière, si vous voulez, j'ai commencé, je me suis lancée vers trop. 33-34 ans, il a fallu un petit bout de temps. C'est-à-dire que tous les castings sur lesquels m'a envoyé Sophie Lemaitre, je ne les avais pas. Je ne les avais pas parce que je manquais d'expérience, parce que je n'avais pas cette expérience que j'ai aujourd'hui. Et d'ailleurs, toutes les expériences de casting, tous les castings valent pour moi toutes les écoles de théâtre ou de cinéma du monde. Mais ça, ce n'est que mon avis personnel. Mais non, non, ça a été... Il a fallu qu'après que je travaille comme tout le monde. Donc oui, ça m'a ouvert les portes. Et ça, c'était bien. Et je n'ai pas galéré parce que je sais qu'aujourd'hui, même pour accéder à un casting des gens qui n'ont pas de nom, c'est très compliqué. Et je sais la chance que j'ai. Et je ne remercierai jamais assez mon père pour ça. D'être la fille de mon père, je le dis très franchement. Après, il a fallu que je fasse un boulot comme tout le monde. que je fasse mes preuves. Mais on ne me l'a jamais vraiment fait ressentir.

  • Speaker #1

    Et arrive donc Mince-Alors, c'est ça ?

  • Speaker #2

    L'explosion. Alors arrive d'abord cette idée de monter une troupe. J'avais été voir des copains jouer dans une petite salle à Paris, je ne me souviens plus laquelle c'était. Et puis je vois ces mecs-là et je me dis j'ai trop envie de faire partie de cette troupe. Donc on commence à monter une troupe et on veut commencer, on commence à monter une pièce de théâtre. On la propose à plein de théâtres, ils n'ont pas la place, ils ne veulent pas, ils n'ont pas le temps, bref, ils ne veulent pas la lire. Et puis, on tombe sur le théâtre du Temple, à l'époque, qui était dirigé par Jacques Daron. Il ne veut pas, machin, donc il éclate complètement la troupe, il propose une autre pièce à mes potes, et puis moi, une autre pièce pour boucher les trous en été, pour une reprise d'une pièce qui s'appelle La Biscotte. Donc, la nana qui avait l'habitude de jouer ce rôle était enceinte, donc ne pouvait pas jouer à cette époque-là. ils avaient deux mois à boucher au Théâtre du Temple. Ils me le proposent, donc je commence sur cette pièce de théâtre. Évidemment, Lola de Verre au théâtre, il y a de la presse à foison, parce que là, par contre, je pense qu'on m'attend au tournant, tu vois. C'est plus la presse, je pense, qui m'attend au tournant. Mais ça n'a jamais été fait avec malveillance, mais c'est sûr, on m'attendait au tournant. Donc je fais cette pièce, et puis comme j'avais beaucoup de prêtres, de presse, Charlotte, entend parler de ça. Elle cherche à l'époque, ça fait quand même un petit bout de temps qu'elle cherchait sa Nina pour mince à l'or. Elle avait proposé Émilie Decaigne. Bref, ça n'allait pas, elle ne trouvait pas le perso et tout ça. Et elle vient me voir un soir au théâtre. Et dans ma loge, elle vient, je la reçois dans ma loge et elle me file le scénario. Elle me dit c'est toi, lis-le. Et ça commence comme ça. Voilà. Donc là, je me dis, putain, c'est lancé. C'est parti. Ça y est, c'est parti. Je fais mon salor. Ça se passe super bien. Un gros carton, le film cartonne.

  • Speaker #1

    T'es sélectionnée au César.

  • Speaker #2

    Je suis sélectionnée au César. Je suis dans les cinq nommés. Pour les Césars, avec Hélia Higelin et puis, je ne sais plus, Alice Delancsin, il me semble. Si je ne m'écorche pas ce nom, pardon. Donc, j'étais quand même dans les cinq. Bon, je ne l'ai pas eu, mais voilà. Donc, quand même...

  • Speaker #0

    Une petite fierté, quand même.

  • Speaker #2

    Une petite fierté. Et puis là, les gens commencent à me dire, oh là là, ça porte malheur d'être dans les Jeunes Espoirs. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Les gens sont fous.

  • Speaker #2

    Ça y est. Non, non, tu vas voir, il est arrivé ça, machin. L'autre, il a eu le César du Jeunes Espoirs. Et puis après, il n'a plus du tout travaillé. Je dis, qu'est-ce que c'est que cette connerie ? Puis ça a commencé à me faire flipper. Je me suis dit, putain, je ne veux pas avoir le César. Je ne veux vraiment pas avoir le César, ça va me porter l'œil. Bon, je n'ai pas eu le César et en fait, ça m'a porté l'œil quand même. Parce que ça a été la traversée du désert, alors que le film avait vachement marché. Et puis, j'ai rien eu derrière, quoi. Rien, tu vois, pas de... Bon, et puis après, ça s'est relancé quelques années plus tard. Mais j'ai eu encore des petites galères. Alors que je pensais que ça allait être lancé, j'étais au théâtre. On proposait un premier long-métrage. Je me suis dit, ça y est, c'est tout fait. J'ai mes grands-parents qui étaient là. Ouais, ça y est, c'est bon. On ne va plus l'aider à compléter ses découvertes. C'est super, c'est génial. Bon, ben non. Voilà. Donc, j'ai dû reprendre un taf. Entre temps ? Ouais, entre temps. Ça, c'est vachement intéressant. Dans une boîte d'assurance.

  • Speaker #0

    Ouais. C'est rare qu'on imagine que quand on a fait un long-métrage au cinéma, on n'a plus de...

  • Speaker #2

    Ah ben... Non, si... Ben voilà, ben non. C'est le dur, ouais. Ouais, c'est ça qui est dur dans ce métier. C'est que tu peux tout avoir d'un coup, après... Il n'y a plus rien, tu ne sais pas pourquoi. Il n'y a pas de recette, il n'y a pas de règle. Tu ne sais pas pourquoi. Ou alors, s'il y a une raison, je ne la connais pas. Et un jour, j'aimerais bien la connaître. Mais ça a été renouveau de la galère. Tous les trois mois, j'allais pleurer dans le bureau de mon agent. Je vais repartir dans l'immobilier. Je vais être boulangère. Je vais ouvrir une boutique de chaussures. Là, patience, patience, patience. Elle me dit, tu viens d'arriver dans ce métier. Ça ne se fait pas comme ça. Oui, mais comment ça ? J'ai été nommée au César. Je ne comprenais rien.

  • Speaker #0

    C'est déboussolant quand même.

  • Speaker #2

    C'est déboussolant. C'est tellement dur, dur, dur. Et puis, il s'est passé un temps. Et après, la télé est venue vers moi. Moi, je me voyais faire une carrière au cinéma, du coup, pour le coup. Et puis, c'est la télé, en fait, qui est venue me chercher.

  • Speaker #1

    Et dans ce petit creux, je reviens juste là-dessus, parce que nous, on se connaît. Du coup, on te fait chier avec ton poids un peu quand même, non ? Parce que Mince à l'or,

  • Speaker #2

    on dit ça avant,

  • Speaker #1

    mais derrière...

  • Speaker #2

    Alors ça, ça a été très problématique. Ça a été problématique déjà sur Mince à l'or. Je vais balancer un peu. J'adore Dominique Bessner. J'adore les producteurs de Mince à l'or. Christine Gauzlan, que j'aime, qui est une sorte de deuxième maman pour moi. Mais du coup, on faisait un film sur les filles, sur les femmes et les hommes qui avaient du poids en trop. voire obèse. Et on m'avait demandé de maigrir pour ce film. Parce que c'est-à-dire, j'avais passé le cast. Donc Charlotte me propose ce truc au théâtre. D'accord ? Je passe des essais un mois après qu'elle m'ait proposé ce rôle. Je me dis, je vais jouer le rôle d'une fille en surpoids. Donc je ne vais pas faire un régime, je ne vais pas regarder ce que je bouffe. Le film se faisait six mois après. En six mois, j'avais pris dix kilos. C'est déranger dans ton rôle. Voilà.

  • Speaker #1

    Actor studio.

  • Speaker #2

    Actor studio, très inconscient quand même, il faut le dire. La prod me revoit six mois après. Mon Dieu, j'avais pris 10 kilos. Toute la prod a follé, mon Dieu. Parce qu'en fait, il y avait les trois personnages, tout ce qui tourne autour de ma salon. J'étais le fil rouge, le fil conducteur. Donc, il y avait la très, très grosse qui était incarnée par Catherine Ousmalin. Il y avait la bimbo qui était incarnée par... Victoria Abril et moi qui étais entre les deux. Donc il fallait pas que... Il fallait que je reste juste ronde, tu vois. Et j'avais vraiment atteint... Là, je rentrais plus dans les costumes. Donc ils m'ont vraiment... J'ai vraiment fait la cure. Ils m'ont envoyée là, à la montagne, faire la cure de mince alors. Et j'ai perdu 9 centimètres de tour de taille en un mois et demi. Je ne bouffais que des rondelles de tomates avec une tranche de viande de grison. C'était l'horreur. J'avais un coach où je faisais 5 heures de sport par jour. Je me souviens, je pleurais toutes les larmes de mon corps dans le métro pour aller voir le coach. Je ne fais pas de sport, il faut le savoir. Je déteste le sport, c'est mal. Il faut faire du sport. Mais je ne suis pas quelqu'un de bien tout le temps. Je fais des choses très, très mal. Je ne fais pas de sport. Alors, pour moi, ça fait du sport 4 heures, 4, 5 heures de sport par jour sur un temps très, très restreint. Mais ça a été un enfer. Donc là, on peut franchement me féliciter pour la préparation de ce rôle. Bravo, Lola. Voilà.

  • Speaker #1

    Et après ?

  • Speaker #2

    Et donc, après, j'ai bien maigri pour ce rôle. Évidemment, quand tu fais un régime très, très… Plastique. Très drastique. Tu reprends le double après, n'est-ce pas ? Moi, ça m'a complètement déréglée. Déjà que j'ai des problèmes à la base, mais là, ça a été foutoir. Et donc, j'ai repris tout ce poids. Et c'est vrai que quand je repassais, je passe en casting, Sophie, le maître m'envoyait sur les castings. Moi, j'ai entendu des casteuses et des casteurs me dire Oh là là, c'est dommage quand même avec un visage pareil Tu sais Lola, je vais te dire un truc, il faut que tu comprennes que le cinéma, la télé, les gens ont besoin de rêver. Et tu ne fais pas rêver. Je te jure, je sortais de là, j'avais l'impression de ne pas passer entre les portes, d'avoir besoin d'une espèce de camion pelleteuse pour me sortir du bureau, d'être un espèce d'énorme truc, tu vois, et quand bien même j'aurais été un énorme truc, déjà je trouvais que ça va entre perdre 10 kilos et avoir 150 kilos de plus. Et quand bien même, même si vous avez vu les 50 kilos de pichon, c'est des trucs vraiment qui aujourd'hui, je pense, ne se diraient plus. Mais c'était encore hier qu'on disait des choses comme ça. Bien sûr. Tu vois, ce n'est pas si loin. Je te parle de ça, c'était une petite dizaine d'années. Donc, on sortait encore ce genre de choses à des comédiennes ou à des comédiens. C'est vachement violent. Donc, il a fallu que je compose avec tout ça. Et puis, ça n'a été qu'un... Ça a gravé mon problème.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais envie de manger ?

  • Speaker #2

    En fait, moi, mes problèmes de poids, ça a toujours été par gourmandise. J'ai toujours comblé un manque par la bouffe. Alors, si on connaît un peu mon histoire, on comprend. Pas eu de papa, pas eu de maman, élevé par des grands-parents. Donc, je comblais émotionnellement un truc. Donc, si en plus, par-dessus ça, tu rajoutes un truc, tu ne pourras pas arriver en tant que comédienne parce que tu es trop grosse. Et en plus, on me disait, il faut choisir. C'est soit t'es grosse et tu fais des rôles de cochonne, de soubrette, parce que ça, on me l'a sorti aussi. Des rôles de cochonne, de soubrette, parce que t'as un joli visage, donc quand même, tu donnes envie. Mais tu vois, t'as des seins, t'as un cul, t'as des cuisses. Donc, soit t'auras que des rôles très sexués, de cochonne et des trucs très légers. Soit tu vas être la comique de service. C'était soit... Tu vois, donc on me foutait dans... J'étais complètement perdue. Et ça, très, très, très violent. Ça a été vraiment des années de violence. Voilà. Et Charlotte, c'est marrant parce que quand je suis sortie, Charlotte de Turquem, quand je suis sortie du film L'Insalor, elle m'a dit, je te parie, toi, que le métier va t'avoir et que tu vas finir par être maigre. Ben, ça n'est jamais arrivé. Voilà. J'ai réussi à contrer, enfin, même pas à contrer, c'était... J'ai jamais... En tout cas, moi, je n'ai jamais... enclencher des régimes pour pouvoir perdre du poids pour faire ce métier. Jamais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que tu as contribué à changer un peu les... entre guillemets, les mentalités ? Parce qu'en plus, pour le coup, tu n'es pas grosse,

  • Speaker #2

    en plus,

  • Speaker #0

    au cas où les auditeurs nous écoutent. Elle n'a pas changé depuis la semaine dernière. C'est toujours la même. Elle n'a pas pris 15 kilos. Elle est toujours aussi magnifique. Mais est-ce que ça...

  • Speaker #2

    Est-ce que j'ai contribué ? Je ne pense pas avoir eu ce... pouvoir. En tout cas, pour un certain public qui ont aimé le film Mince à l'or, il y avait un espèce de truc de Big is beautiful et c'est vachement bien. Et moi, j'expliquais justement quand je faisais toutes les promos du film Mince à l'or, et on y tenait avec Charlotte de Turquem à dire que ce film n'est pas, le message n'est pas Big is beautiful parce que l'obésité c'est un vrai problème de santé. Être ronde de... être en chair, c'est pas être obèse. Et nous, on voulait alerter sur le problème qu'on ne faisait pas de la publicité pour soyez obèse et tout va bien dans la vie Évidemment que quand t'es obèse, il faut être conscient qu'il y a un problème et que ça peut être dangereux pour le cœur, ça peut être dangereux pour les articulations, ça peut être dangereux pour la santé. Nous, ce qu'on voulait faire passer comme message, c'est que il faut perdre du poids pour être bien en... dans son corps et au niveau de sa santé, mais que même avec du poids en trop, on pouvait trouver des astuces. pour être crédible et trouver quand même sa place dans la société. Même si tu as un corps différent. C'est pour ça qu'il y avait aussi le personnage de Victoria Abril dans ce film qui n'avait pas de problème de poids, mais qui était complètement barjot sur ces problèmes de poids qu'elle n'avait pas. Parce que c'est aussi un problème de vision et de perception que tu as par rapport à toi-même. Et c'était plus ça. C'était plus sur le caractère psychologique de la façon dont les gens se voient. Mais jamais. Nous avons dit dans ma salle or, soyez obèses et c'est bien, jamais. Donc quand les gens dans la rue, donc ce public, cette tranche de public-là, venaient me voir et me soutenaient en me disant, oui, ne changez jamais, ne maigrissez jamais, c'est super. Donc oui, je pense que j'ai eu un impact, mais peut-être pas dans le bon sens. Ce n'était pas dans ce message-là que je voulais faire passer ce truc. De là à avoir introduit les femmes en chair. Dans ce métier, je ne pense pas que j'ai eu ce pouvoir. En tout cas,

  • Speaker #0

    tu fais partie, durant ces années-là, tu fais partie d'une des femmes qui a été introduite.

  • Speaker #2

    Mais en tout cas, avec la fille de Balasco, avec Marie Louberry. Et moi, je crois qu'on était les seules à avoir ce physique, avant que Marie Lou ne maigrisse, de femme ronde. Et en effet, c'est là-dessus qu'a joué Sophie Lemaitre. En disant que tu es un physique... quand j'allais chialer dans son bureau tous les trois mois, il me disait Lola, tu as une place à prendre, tu as un physique que personne n'a pour l'instant dans le cinéma et la télé, on va en profiter, c'était pas encore la mode, donc j'ai galéré. Voilà, aujourd'hui, ça n'a plus d'importance.

  • Speaker #1

    Et puis aujourd'hui même, je trouve que t'es hyper suivie aussi parce qu'on dit que le public a besoin de rêver. Non, le public a besoin de s'identifier.

  • Speaker #2

    Évidemment, c'est ce qui a changé entre-temps. C'est que quand les vieux casters, les vieilles directrices de casters, j'appelle ça le vieux monde, Excusez-moi, il y a des gens vieux qui sont très bien, mais vraiment, quand je dis le vieux monde, ce n'est pas forcément par rapport à l'âge, c'est par rapport à une mentalité. Et moi, j'avais remarqué que ceux qui me castaient ou les réalisateurs qui me castaient pour leurs films étaient des gens d'une autre époque. D'accord ? Et qu'aujourd'hui, les mentalités ont changé et que tous ces réalisateurs font... de moins en moins, tu vois par exemple un film pour Blié jamais j'aurais décroché, tu vois le Brut des glaçons par exemple, jamais j'aurais eu un rôle dans un film de Blié, parce qu'il est resté sur ce fantasme des actrices des années 70, toutes fluettes avec une petite voix comme ça, la Miu Miu qui est la mère de ma soeur que je connais bien, mais tu vois avec ces actrices filiformes et en effet je pense que là où j'ai réussi à choper les gens, c'est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire, mais dans le bon sens du terme, et que les gens se sont enfin identifiés. Et qu'il y a eu un switch par rapport à ça, parce que les gens en avaient marre de ne pas pouvoir s'identifier, de regarder des films, et de ne pas pouvoir s'identifier. Voilà, moi je suis Madame Tout-le-Monde, quoi. Je suis foutue comme tout le monde. J'ai une vie, j'ai eu mille vies, aussi comme tout le monde. J'ai l'impression de parler comme Isabelle Adjani. Je me fais des tartines de rat le matin. comme tout le monde. J'emmène mes enfants au calèche le matin comme tout le monde. Non mais voilà, je pense que ce qui a fait ma force, c'est en effet le fait que je ressemble aux femmes d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et que tu donnes une autre image, parce que c'est vrai qu'on nous a toujours vendu des femmes finiformes. Et puis en plus, ça n'a pas toujours été comme ça, parce que finalement, quand tu regardes Sophia Loren, quand tu regardes Marine Marceau...

  • Speaker #2

    Mais ça a toujours été des modes. Les années, tu vois, dans les années 20-30, on était revenus à de l'ultra minceur.

  • Speaker #0

    D'ultra minceur. Après, il y a eu les années 45-50, où on a eu des Sophia Lorenz, des femmes pas grosses, mais très en forme. On montrait...

  • Speaker #1

    Et Marilyn a fait monter jusqu'au 46.

  • Speaker #0

    Voilà, tu vois. Mais avec des seins... Oui, mais on les avait quand même. Elle avait la tête. De Marilyn. On les étriquait avec des corsets. Donc, c'était encore... Tu vois ? C'était encore là.

  • Speaker #1

    On les cachait.

  • Speaker #0

    Après, on a eu la mode touillis, les années 60, où on est revenu à quelque chose de très androgyne. où c'était les jambes burkines qui marchaient, c'était les tweeds, tu vois. Puis après, ça n'a été que ça, que des modes, grosse mince, grosse mince. Et là, je regrette. Mais parce que là, on a dit, bon ça y est, c'est fini maintenant, les femmes en chair sont reconnues comme des femmes très belles. Et là, on repart. J'ai vu dans les magazines ou dans des sujets de société où on repart dans le sens inverse, où ça y est, les mannequins recommencent à repartir dans la maigreur. Je me dis, mais putain, c'est pas possible. C'est un cycle interminable, ce truc, quoi. Il ne faut pas lâcher, il ne faut pas lâcher parce qu'il faut avoir cette conscience où on peut être différente et on peut être belle. Et il faut arrêter aussi de poser le doigt sur la minceur et la maigreur, sauf quand c'est contre nature, là c'est dangereux. Mais la maigreur peut être beau aussi chez une femme, la minceur peut être beau aussi chez une femme, une fille en chair peut être belle, une fille obèse peut être belle.

  • Speaker #1

    En fait, il faut accepter qu'il y ait plusieurs corps, pas qu'un seul corps.

  • Speaker #0

    Il faut accepter qu'il y ait plusieurs physiques et plusieurs beautés et point, tu vois. Il faut arrêter que cette mono-pensée, c'est la pensée unique, le problème du XXIe siècle.

  • Speaker #2

    Et du coup, ça a été quoi, après, dans ta carrière, le rôle qui a fait en sorte qu'on t'a pris parce que tu étais ronde, justement, pas comme dans Mince-Alors ? Pourquoi on t'a choisi,

  • Speaker #0

    tu penses ? Je pense qu'on m'a pris pour cette espèce de bonhomie, et puis justement, c'est cette popularité qui fait que les prods, les chaînes, les distributeurs se sont rendus compte que j'avais une capitale sympathie beaucoup par rapport à ça, par rapport à l'image. de mon corps que je dégageais, mais qui est aussi, on revient à une chose quelque part discriminatoire, tu vois. C'est-à-dire que du coup, on va la prendre parce qu'elle est grosse. Donc, ça m'a servi, mais on revient encore dans un truc discriminatoire. Moi, je ne veux pas comprendre parce que je suis grosse, c'est parce que je dégage une bonhomie, que tiens, elle ferait une bonne maman. Tiens, elle ferait une bonne fille bien jouasse, elle va nous apporter du bonheur dans la série. Non, enfin, tu vois, on est encore dans un truc, donc tout ça, c'est vraiment le serpent qui se porte la queue. Et c'est encore très compliqué. Aujourd'hui, je pense qu'on me prend parce que je fais des séries à succès et que maintenant, on est dans un autre truc et qu'on me prend parce que, sans prétention aucune encore une fois, on me prend parce que je fais des séries qui marchent. Voilà, donc là, on est sur un autre truc, ce que j'appelle le truc de marchand de tapis, où on va prendre cette comédienne parce qu'on est sûr qu'au niveau de l'audimat, elle a tant de followers et tout ça. Mais évidemment que ça part, la jeunesse de tout ça part. de l'image que j'ai dégagée et de cette popularité que j'ai réamenée dans le monde de la télé ou du cinéma. Oui, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    Et comment on gère une carrière du coup comme la tienne aujourd'hui ? Parce qu'on te voit quand même dans beaucoup de séries télé,

  • Speaker #0

    dans beaucoup d'unités. Putain, on gère, c'est vachement bien. Moi déjà, je laisse mon agent gérer.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup, il n'y a pas un changement de genre, il y a beaucoup de galères et là, d'un coup, il y a beaucoup de choses en même temps ? Est-ce que du coup, des fois, ça te...

  • Speaker #0

    Moi, j'ai toujours, même quand je travaillais avant dans un milieu qui n'avait rien à voir, j'ai toujours été dépassée par les événements. C'est-à-dire, moi, je me noie dans un verre d'eau. Donc là, vous imaginez bien que là, le verre d'eau est immense.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que tu es un peu sale.

  • Speaker #0

    Et je me noie toujours, ça n'a pas changé. Je pars toujours dans tous les sens. Mais en attendant, il y a une plénitude que je n'avais pas avant et une place que j'ai trouvée que je n'avais pas avant, du fait que j'ai fait plein, plein, plein de boulot. Je n'arrivais pas à trouver ma place et tout ça. Et là, aujourd'hui, je sais que ma place, alors on peut ne pas m'aimer comme comédienne, je le conçois. Mais en tout cas, moi, en tant qu'être humain, je sais que je suis à ma place aujourd'hui et c'est la première fois que je le ressens. Donc, en tout cas, aujourd'hui, je suis équilibrée, même si... tout part tout le temps dans tous les sens. Et encore plus maintenant, il y a beaucoup de pression par rapport à l'image, par rapport à la carrière, par rapport à l'angoisse de faire ce métier de comédienne qui est un métier où ça marche très fort et puis ça peut ne plus marcher. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'il y a l'angoisse de ne pas avoir de travail et souvent on retrouve l'angoisse de ne plus avoir de travail.

  • Speaker #0

    Et en plus, moi, je suis un vrai panier percé, c'est-à-dire que je ne sais pas gérer ma thune. Et que, en plus, je suis très généreuse avec mes potes et que je fréquente que des gens qui n'ont pas mon niveau de vie, si tu veux. Donc, moi, je passe mon temps à... Tu sais, c'est comme un jeu. J'ai tant d'argent sur mon compte, il faut que je le redistribue. Mais d'ailleurs, c'est ma veine aussi politique et de vie. C'est-à-dire que moi, je suis pour la répartition des richesses et je l'applique déjà à moi-même. Donc, moi, je répartis ma richesse. Et c'est aussi ce... Et ça, je pense que je l'aurais toujours. C'est ce truc d'imposteur que j'ai. C'est-à-dire que je n'accepte toujours pas de bien gagner ma vie. Et c'est toujours un vrai problème. Et je ne me sens pas alignée par rapport aux gens. Voilà, et j'ai toujours honte de bien, bien gagner ma vie. Et c'est pour ça que je passe mon temps à dépenser l'argent, à essayer d'aider au maximum les gens. Et un jour, ça va se retourner contre moi, parce qu'à un moment donné, il faudrait que moi je sache une baraque. Toujours pas de baraque.

  • Speaker #1

    Donc, malgré ton niveau, là, où on se dit assez bon et tout, tu gardes encore ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Je garde ce syndrome de l'imposteur, mais pas par rapport à mon père, pas par rapport au fait. Ça n'a rien à voir. C'est pas du tout l'ombre de mon père, tu vois. que peuvent avoir ces filles et ces filles de comédiens. Je n'ai pas du tout ce problème-là. C'est un problème d'être devenue une petite bourgeoise et je ne veux pas devenir une petite bourgeoise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois, si tu faisais un métier qui n'était pas un métier de passion, donc si tu faisais un métier où tu en chiais et que tu n'aimais pas, mais que tu gagnais la même chose, est-ce que tu aurais ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Non, je pense beaucoup moins. Parce qu'en plus, je gagne cet argent, j'ai l'impression de voler, c'est-à-dire que je m'éclate, je m'éclate sur les plateaux et je me dis que c'est un luxe. de pouvoir bien gagner sa vie en faisant un métier qu'on aime. Et je me dis que je n'ai pas le droit, en fait. Je n'ai pas le droit parce que le monde est à feu et à sang. Les gens sont malheureux, ont même plus 100 euros à la fin du mois pour faire bouffer leurs gosses. Et c'est là où je ne suis pas complètement alignée sur le métier, sur ma passion. Ça y est, je suis alignée. Je sais que je suis une comédienne et je sais que j'ai ma place. Mais au niveau de mon train de vie, je ne suis pas du tout alignée. C'est un vrai problème.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que c'est un truc qu'on retrouve souvent dans les métiers passion. Parce qu'on a l'impression qu'on nous a toujours enseigné. C'est bien d'en parler dans la carrière parce qu'on nous a toujours enseigné qu'il fallait en chier pour avoir de l'argent et tout. Et plein de gens qui font un métier passion, qu'ils aiment, qui sont heureux d'aller travailler. S'ils gagnent beaucoup d'argent, ils culpabilisent parce qu'ils font un truc.

  • Speaker #0

    Qu'ils aiment. Et attention, parce que ça, je veux quand même le dire aussi. C'est-à-dire que oui, je fais un métier passion. Oui, c'est un luxe. J'aime mon métier. Mais comédien... s'imaginent que t'as que les strass, les paillettes, qu'on te filme, que tu fais la conne ou le con devant une caméra et que c'est vachement de taf d'être un comédien. C'est beaucoup de pression. Psychologiquement, c'est vachement dur. Moi, il y a des moments... Après, je me réaligne dans mon truc parce que ce serait quand même très culotté de ma part de rester sur ce truc-là. Mais il y a des moments où j'en chie, où je suis fatiguée, où t'es douze heures debout non-stop, on reprend, machin...... surtout pour la télé où ça va vachement vite où tu dois être une machine de guerre et c'est des périodes intenses, surtout que moi je suis dans deux séries en rôle principal et puis t'apprends des textes aussi voilà tu vois donc il y a un vrai travail et ce que les gens ne comprennent pas c'est que souvent moi je me fais emmerder où il y a des gens qui disent oui t'as pas le droit de te plaindre t'es comédienne, tu gagnes plein de fric, donc qu'est-ce que tu viens de plaindre les gars venez sur un plateau mais même jusqu'à ma propre famille où j'avais ma cousine qui me disait, ça va, t'es tranquille, tu gagnes vachement de fric. Qu'est-ce que tu viens me regarder ? Moi, quand mon réveil sonne à 6h, je t'assure que j'ai la boule au ventre, j'ai pas envie d'être à l'étranger. J'ai dit, écoute, moi, ça m'arrive aussi d'avoir la boule au ventre. Elle me dit, ah ouais, t'es gonflée. Viens sur un plateau. Elle est venue sur un plateau, elle a vu le taf que c'était, elle a fait, oh ! C'est ça, c'est ça être comédien. Et les gens ne s'imaginent pas tout le boulot qu'il y a derrière. Et toute la pression de l'image et tout ça. Mais, là où j'ai de la chance... Et là où j'arrive à contrebalancer et me dire, bon Lola, calme-toi, ok, parfois c'est dur, mais c'est que je me lève toujours le matin en me disant, j'aime mon métier et je vais m'éclater. Ce qui n'est pas le cas des personnes en général, tu vois. Et c'est pour ça que j'aurais toujours ce syndrome de l'imposteur qui n'est pas dû encore une fois à mon père et au fait que je m'appelle Devers, mais qui est dû au fait que j'ai de la chance de me lever le matin et d'aller travailler avec... plein d'énergie et plein de bonheur. Et ça, je me sens coupable de ça parce que le monde ne fonctionne pas comme ça aujourd'hui, encore plus aujourd'hui. Et c'est pour ça que je suis tellement engagée politiquement et que je me bats et qu'il y a des gens qui me reprochent, qui me disent Oui, soyez comédienne, vous êtes une bonne comédienne et c'est tout fait. Mais moi, je ne suis pas le bouffon du roi, en fait, les gars. Et justement, je leur explique à ces gens-là, je dis Vous savez, moi, ce n'est pas moi qui vais plus souffrir avec l'argent que je gagne aujourd'hui. Parce que je gagne bien, je suis chez les riches. Alors, je ne suis pas milliardaire, tu vois. Mais aujourd'hui, je suis chez les riches. C'est très confort pour moi. Je pourrais fermer ma gueule et ne jamais aller manifester. Mais moi, aujourd'hui, je me bats pour les gens qui n'arrivent plus à faire bouffer leurs gosses à la fin du mois. Et c'est important. Et je ne suis pas directement concernée. Et c'est là où je... Tu vois, les gens, j'essaie de leur faire comprendre ça. Que justement, le problème aujourd'hui, c'est qu'on est... individualiste.

  • Speaker #1

    Que chacun est sur son ombre.

  • Speaker #0

    Et chacun est sur son ombre. Et quand on me dit, mais ferme ta gueule, sois comédienne et tais-toi, t'as pas le plein, de quoi tu te plains, tu connais pas la vie. Moi, la vie, la merde, je l'ai connue, j'en ai bouffé de la vache enragée. Même si j'ai toujours eu, attention, mes grands-parents, quand j'étais à Découvert, mais il y a aussi une sorte, c'est dur d'aller demander à des gens de sa famille, est-ce que vous pouvez m'aider, je suis à Découvert. Attends, t'as fait mince alors, comment ça se fait ? Ta femme, elle s'alorte, tu devrais décoller, pourquoi on t'aide encore ? C'est vachement dur de demander à combler un découvert quand t'as 34 ans et que putain, t'es toujours pas en train de décoller, tu vois. Bon, donc moi aussi, j'ai eu des moments, donc je sais ce que c'est. J'ai fréquenté tous les milieux et je continue de fréquenter encore des gens qui sont mes meilleurs amis. J'ai jamais quitté mes meilleurs amis. Je fréquente très peu de gens qui sont riches ou qui sont des comédiens connus. Moi, j'ai toujours ma même base d'amis. Et donc, je sais ce que c'est que de galérer. Je suis encore dans le réel. Et je ne veux jamais partir de ce réel. Jamais. C'est pour ça que je suis très engagée politiquement.

  • Speaker #2

    Et tu parlais des amis. C'est un socle qui a été vachement important quand ça a décollé, du coup.

  • Speaker #0

    Ils ont toujours été là. Ils ont toujours été là. Et j'ai toujours été là pour eux aussi. Ça n'a jamais changé. Ça a toujours été mon ciment. Je les ai jamais évincés de ma vie. Ce sont des gens bien. Ce sont des gens qui ont les pieds sur terre. Et je pense que c'est... Et c'est pour ça aussi que j'ai encore les pieds sur terre. C'est ces gens-là qui ont forgé mon caractère aussi. C'est parce que je suis passée par des galères et que j'ai fréquenté ces gens-là. Et ces gens-là, je te dis, qui ne sont pas heureux de se lever le matin et qui sont mes amis pour aller bosser, et j'en ai plein, me rappellent la dureté de la vie, mais aussi la beauté de la vie. Parce que c'est des gens qui continuent de s'entraider, c'est des gens qui continuent de me demander, même si eux galèrent, comment ça va Lola aujourd'hui ? Est-ce que c'est pas trop dur ton métier ? 12 heures debout, sans déconner, sans t'arrêter. Et tu vois, ils me jugent pas et je les juge pas. Et c'est ça qui est beau aussi, c'est ça qui fait que je suis pas déconnectée. J'espère ne pas être déconnectée, ça peut arriver très vite. Dans ce métier, la frontière est très, très, très, très mince. Et donc, j'espère que ces gens-là seront toujours dans mes vies.

  • Speaker #2

    Je pense qu'ils seront encore là.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #0

    C'est des familles de cœur, ça. Avec des vraies valeurs. Donc c'est pour ça que ça ne m'a pas encore fait tourner la tête.

  • Speaker #1

    Et là, c'est quoi du coup l'actu ? Donc c'est deux séries, c'est Mademoiselle Holmes et Astrid et Raphaël.

  • Speaker #0

    Astrid et Raphaël, que je continue. Mademoiselle Holmes, là je suis en train de tourner la saison 2. Et puis après, il y a un 4x52 qui arrive aussi, que je vais tourner après Mademoiselle Holmes, juste avant de redémarrer la saison 6 d'Astrid et Raphaël. Ça bosse.

  • Speaker #2

    Là,

  • Speaker #0

    c'est le planning jusqu'à l'année prochaine. Ah bah non, mais c'est même pas l'année prochaine. C'est-à-dire que là, normalement, si tout va bien, si c'est pas la fin du monde, bien qu'on soit proches. Non, non. Si tout se passe bien, moi je suis bookée jusqu'à... Les cinq ans à venir, là, je suis méga bookée. Encore une fois, si tout se passe bien, ce métier peut nous donner des surprises. Voilà. tu vois par exemple moi je voudrais revenir au théâtre moi j'adore le théâtre c'est ça ma vraie passion c'est le théâtre sur un plateau j'adore ce que je fais mais c'est à dire qu'il faut beaucoup de patience, je suis quelqu'un de très impatient le théâtre c'est one shot c'est ma vraie passion le théâtre et là par exemple on me propose des pièces de théâtre et c'est vraiment la mort dans l'âme que je refuse des projets parce que je suis trop bouclée et tout ça mais après je me dis t'as eu pas de taf pendant très longtemps donc soit heureuse, c'est bien. Mais j'aimerais bien faire du théâtre.

  • Speaker #2

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent, on se dit c'est quoi une team d'actrices ? Donc maintenant, t'as un agent qui n'est plus le même agent qu'au début.

  • Speaker #0

    Non, c'est plus le même agent parce que j'aspirais à autre chose. Moi, j'ai toujours entendu dire, oui, tu sais, si ça ne marche pas, ce n'est pas de la faute de l'agent. C'est comme changer de transat sur un Titanic, ça coulera quand même si ta carrière doit. doit couler ou ne jamais démarrer, elle ne démarrera pas. J'avais besoin, très franchement, Sophie Lemaitre est formidable, formidable. Mais il y a un moment donné, j'avais besoin, ça faisait neuf ans que j'étais chez elle, et j'avais besoin, je voyais que je ne redémarrais pas. Et je sais que ce n'est pas de la faute de mon agence. Je pense à la question de visibilité aussi, où en France, c'est très prétentieux. C'est-à-dire que si tu es dans une petite agence, et on ne peut pas dire que Sophie Lemaitre soit une petite agence pourtant. Mais comme les gens du milieu sont très prétentieux, il faut que tu sois dans une agence qui a pignon sur rue. Donc, il y a 4-5 agences comme ça sur Paris qui brillent beaucoup. Ça ne veut pas dire que tu travailles plus parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir. Ça peut être très dangereux parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir et tu as des Marion Cotillard qui vont te... Vous voulez... Lola, qui ? Devers ? Non, non, on veut Marion Cotillard. En effet, je n'ai jamais passé les castings de Marion Cotillard, certes. Mais en tout cas, j'ai remarqué que depuis que j'ai changé d'agent, pour des raisons personnelles, qui sont les miennes, il y a eu un pic de redémarrage. Je ne me suis plus jamais arrêtée. Est-ce que c'est mon agence ? Est-ce que c'est mon agent ? Est-ce que c'est moi ? Je ne sais pas. Parfois,

  • Speaker #1

    le changement aussi,

  • Speaker #0

    ça change de dynamique. Il y a eu un renouveau et j'avais besoin de ce renouveau. Mais ça a été très, très dur de quitter Sophie Lemaitre. Très, très dur. C'est comme une histoire d'amour où tu ronds avec quelqu'un et c'est un vrai... C'est très violent, quoi. Ça a été très violent.

  • Speaker #2

    C'est un coup de poker, en plus.

  • Speaker #0

    Et c'est un coup de poker. Mais j'avais besoin de ce coup de poker. Je voulais que ça redémarre et pareil. Et j'avais besoin de ce coup de poker. Est-ce que c'est la chance ? On ne saura jamais. Mais en tout cas, moi, ça a été bénéfique.

  • Speaker #2

    Et donc, du coup, tu as ton agent et est-ce que tu as d'autres personnes qui t'aident à gérer ? Ou c'est juste...

  • Speaker #0

    Que mon agent. J'ai toujours refusé d'avoir un attaché de presse. parce que je veux pas moi je suis un électron libre peut-être un peu trop libre ça va peut-être me porter préjudice à un moment ou un autre je sais pas mais en tout cas aujourd'hui je fonctionne comme ça moi ça m'emmerde d'aller faire de la pub pour porter des sacs à main en soirée ou des vêtements et faire la promo d'un truc juste pour des fringues ou des produits de coiffure je veux pas que ça m'enferme dans quelque chose je veux pouvoir continuer à poster ce que j'ai envie de poster sans avoir un espèce de chaperon derrière moi... qui me disent quoi faire, comment faire. Je pense que je suis assez intuitive avec les gens. Je me prends des baves dans la gueule, mais ce n'est pas grave. Et je pense que c'est aussi pour ça que j'ai les pieds sur terre. Parce que moi, je continue, je parle beaucoup avec les gens sur les réseaux. Je suis quelqu'un de très accessible. J'estime que je suis très accessible. Bon, je ne peux pas répondre à tout le monde, mais je reste très accessible sur les réseaux sociaux et je suis sûre que si j'avais un attaché de presse... Il y aura un espèce de truc chaperon, voire de très calculé dans la carrière. Bon, alors là, il faut aller là, de ce côté-là, parce que là, peut-être que tu peux avoir un tremplin pour aller là. Moi, tout ce que je vis aujourd'hui me convient. Ce n'est pas que je n'ai pas d'ambition, j'ai de l'ambition, mais par contre, ça arrivera par moi. Je ne veux pas que ce soit quelqu'un qui me dise où aller pour pouvoir dépasser un truc. Je sais, je sais comment ça fonctionne. Enfin, je crois savoir, je me trompe peut-être. Mais en tout cas, jusqu'ici, je me démerde bien. Je tourne dans des... truc de qualité, je vais au feeling, je suis quelqu'un qui va au feeling. Et d'avoir quelqu'un à rendre des comptes, et surtout d'avoir quelqu'un qui t'appelle quatre fois par jour, où tu es, comment ça se fait, comment on attaque si on fait ça. Non, ce podcast, là, par exemple, j'aurais dû passer par une attachée de presse pour demander si c'était possible que je le fasse. Non, je fais ce que je veux. Et c'est ma liberté. Et j'ai encore cette liberté de pouvoir le faire. Et mon agent me fait hyper confiance, on est sur la même longueur d'onde. j'estime pas trop déconner.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça aussi, je pense que les gens t'aiment aussi, c'est pour ça aussi qu'il y a ce rapport,

  • Speaker #0

    c'est parce que t'es vrai. Et je ne suis pas formatée, et je refuse d'être formatée. Et quand bien même, on a... Pardon, je fume une cigarette électronique, donc du coup ça... Pardon. Voilà.

  • Speaker #1

    Faut pas fumer, c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #0

    Non, cigarette électronique sans nicotine, parce que j'essaie d'arrêter de fumer. Attention. Ah d'accord, très bien. Et justement, je ne veux pas être formatée. Et je pense que c'est ça aussi, c'est ce côté... vrai, si je ne me trompe pas, que les gens apprécient, ou pas, parce que je me suis aussi cassée la gueule sur des trucs, les gens me reprochaient des choses, notamment tout ce qui se passe dans le pays, où je l'ouvre. Oui, je suis vraie, quoi. Mais on ne peut pas dire, parce que souvent on m'a dit que j'étais une comédienne sans filtre, et que c'était génial, parce que j'étais sans filtre. Pas du tout, j'ai beaucoup plus de filtres qu'on ne le pense. Tout ce que je poste est très réfléchi. Par contre, je me rends compte que j'ai... C'est une certaine caste de gens qui me suivent à la télé, sur Astrid et Raphaël, sur TF1. C'est un certain public qui peut être très politisé aussi, disons-le. Et je me rends compte que je me suis heurtée à beaucoup de monde qui m'ont envoyé des messages en me disant Oh là là, vous êtes une super comédienne, mais qu'est-ce que vous nous décevez ? Arrêtez de faire de la politique ! J'ai dit Mais attendez, faire de la politique, c'est pas ça les gars ! Moi, je ne fais pas de propagande. J'essaie d'ouvrir, sans prétention aucune, avec mon petit statut, d'ouvrir les yeux de quelques personnes, notamment quand on a eu peur que le RN passe, tout ça. Ça a été très, très chaud. Et je ne pouvais pas ne pas l'ouvrir.

  • Speaker #1

    Mais après, de toute façon, c'est ça, tu as deux styles de personnes qui suivent. Il y a ceux qui aiment ton travail et qui aiment la personne que tu es, la vraie personne. Et après, il y a ceux qui...

  • Speaker #0

    te mettent sur un pied de l'actrice et donc ne veulent voir que l'actrice et qui ne veulent pas que l'actrice qui regarde, qui leur change les idées, soit politisée et une couleur politique parce que là, ça peut les sortir de tout et je comprends. Mais aujourd'hui, ce que je voudrais faire passer comme message, c'est que le monde va tellement mal, on est tellement à un carrefour. C'est très grave ce qui se passe aujourd'hui, qu'on ne peut pas, nous, personnes publiques, à un moment donné, ne pas prendre parti et ne pas dire les choses. On est d'accord, on n'est pas d'accord. Et c'est pour ça que je reviens à cette caste de gens qui me suivent. C'est que j'ai perdu beaucoup de gens, un certain public. C'est connu, il y a le public d'une chaîne, le public d'une autre, voilà, ça diffère. J'en ai perdu beaucoup et j'en ai rattrapé beaucoup de l'autre côté. Et si mon public, ce sont des gens qui sont racistes, qui n'ont pas d'ouverture d'esprit, qui sont individualistes, qui ne pensent qu'à leur gueule, je ne veux pas de ce public-là. Je ne fais pas ce métier pour n'être qu'une poupée et que je ne suis pas la bouffonne du roi. Donc, je ne fais pas des choses non plus à caractère politique. Mais en tout cas, laissez-moi l'ouvrir quand je veux l'ouvrir. Je suis une personne à part entière. Je ne suis pas là que pour amuser la galerie. Et ça n'empêche pas les gens qui m'écoutent. Si jamais vous m'écoutez, on peut être de droite, on peut être de gauche, mais on peut aussi aimer le métier de comédienne qui n'est pas du tout politisée et accepter qu'à côté, je suis une femme comme une autre et que j'ai le droit d'avoir des idées.

  • Speaker #2

    C'était super.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complet parce qu'on arrive à la fin.

  • Speaker #2

    On était ravies de t'avoir sous notre temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un petit mot de la fin ?

  • Speaker #0

    Tu voudrais nous partager quelque chose que tu n'as pas encore dit ? Je crois que j'ai tout dit. Je crois que j'étais très bavarde. On est dans un contexte, cette petite tente, on a envie de parler avec vous deux, et puis avec vous qui nous écoutez. Et j'espère que le message est bien passé, qu'on soit d'accord ou qu'on ne soit pas d'accord. Et j'espère vous avoir intéressé sur mon petit pan de vie, à ma petite hauteur, avec ma petite vie.

  • Speaker #1

    C'était hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci à ceux qui nous écoutent.

  • Speaker #2

    En tout cas, merci Lola, c'était vraiment génial. Et puis, on se retrouve très bientôt. Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

Description

La flamme de la Carrière: Quand une femme nous livre son parcours.


Sara et Angélica ont reçu Lola Deweare, actrice, pour cette émission exceptionnelle où elle est seule dans la tente.


Elle nous a livré ses moments de doutes, de galères, son rapport au succès et ses prises de position.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:


Lola

« J’ai commencé tard ce métier vers 33 ans ... J’ai fait plein de métiers et je pense que c’est pour ça,  sans prétention, que ça m’aide beaucoup dans mon métier de comédienne.  Je sens que je peux m’adapter à plein de choses du fait que j’ai bien bourlingué avant.”


« L’ombre paternel planait, est-ce que j’allais être la digne fille de mon père? Ça aussi ça pesait un peu. »


« Mon père m’a pas laissé grand chose, il est parti très tôt, il me devait bien de me laisser son nom. »


« J’étais sélectionnée au César, tout le monde s’est dit c’est bon, suis lancée et là, traversée du désert, j’ai dû reprendre un taf dans les assurances. »


« J’ai entendu à l’époque dans des  bureaux de casting, à propos de mon poids, « tu sais Lola faut que tu comprennes que dans le cinéma et la tv, les gens ont besoin de rêver et tu ne fais pas rêver… »


«Là où  j’ai réussi a chopper les gens c’est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire mais dans le bon terme et que les gens se sont enfin identifiés, moi suis foutue comme madame tout le monde. »


« J’ai ce truc  de l’imposteur, je n’accepte toujours pas de bien gagner ma vie et c’est un problème car j’ai honte d’aussi bien gagner ma vie par rapport à beaucoup de gens. Je me dis que c’est un luxe de bien gagner sa vie en faisant un métier qu’on aime. »


« Mes amis ont toujours été là , c’est toujours les mêmes, c’est mon ciment, ils ont les pieds sur terre et ils m’aident à ne pas être déconnectée. »


« Je ne suis pas formatée et je refuse de l’être. »


« Aujourd’hui le monde va tellement mal, on est à un carrefour, on ne peut pas , nous personnes publiques, ne pas prendre parties et ne pas dire les choses. »


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières.

Changement de carrières. Idées. Buisness. Conseils. Entreprises. Entrepreneur.


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Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Alors bonjour, donc on est toujours au mois de septembre, on parle toujours de carrière et on a la chance de recevoir encore pour une émission spéciale, oui on vous adore, on a fait plein d'émissions spéciales au mois de septembre, donc Lola Devers, comédienne. Et j'ai une question, est-ce que ça a toujours été comédienne justement Lola ?

  • Speaker #2

    Eh ben non, non non, j'ai démarré assez tard ce métier et j'ai fait plein plein... plein d'autres métiers bien avant de me lancer dans cette carrière de comédienne. Je crois que j'ai tout fait. J'ai fait nounou, j'ai récuré des chiottes, je me suis occupée de personnes âgées, j'ai sorti des chiens, j'ai été serveuse. Le seul truc que je n'ai pas fait, c'est ouvreuse dans un théâtre. Je crois que c'est la seule chose. Vendeuse fringues. premier taf, boulangerie, c'était un bordel au niveau de la caisse, donc ils m'ont vite virée, parce que je rendais trop d'argent. Je suis très très nulle en calcul mental. Tu es très généreuse en fait. Mais je suis généreuse, c'est pour ça, je n'ai pas compris quoi. Mais oui, j'ai fait plein de métiers, et je pense que c'est pour ça aussi, sans prétention aucune, mais que dans mon travail, ça m'aide beaucoup, maintenant en tant que comédienne, c'est-à-dire que j'ai tellement fréquenté tous les milieux et un tas de métiers. que j'ai une perception assez pointue. Quand on m'offre des rôles, je joue principalement des flics. Ah, tu n'as jamais fait flic ? Je n'ai jamais fait flic, alors ça, dis donc. Mais voilà, en tout cas, je sens que je peux m'adapter à beaucoup de choses de par le fait que j'ai bien bourlingué avant.

  • Speaker #0

    Et jusqu'à quel âge, à peu près ?

  • Speaker #2

    Alors, mon dernier métier, c'est... c'était dans l'immobilier où on vendait des bureaux et j'étais assistante de direction. Et c'était... Waouh ! Je crois que c'était en 2008. Voilà, j'ai arrêté de taffer. J'ai commencé vraiment ma carrière de comédienne en 2009-2010. Donc, c'était mon dernier taf. Normal, on va dire.

  • Speaker #0

    Et à l'époque, tu avais envie d'être comédienne ? C'était quelque chose que tu n'avais pas du tout traversé la tête ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours eu envie d'être comédienne. Seulement, je voyais bien le physique des actrices. Et je me disais que jamais j'y arriverais parce que je n'étais pas faite comme une espèce de caricature d'actrice. Mais très filiforme, très belle, très glamour. J'ai toujours eu du poids en trop. Depuis que j'ai l'âge de 10 ans, je suis en surpoids. poids. Donc, je me disais que je n'étais pas assez belle et en plus certainement pas assez talentueuse. Et pour avoir fait du théâtre quand j'étais jeune au collège, j'avais du mal. Je ne savais pas quoi faire de mon corps. Je ne savais pas comment me bouger sur une scène. J'ai toujours été assez embarrassée par mon corps jusqu'à un certain âge. J'ai été guérie il n'y a pas si longtemps que ça, on peut en parler après. Mais j'ai toujours voulu, mais je n'ai jamais osé. Et puis en plus, L'ombre paternelle qui planait, est-ce que j'allais être la digne fille de mon père, tout ça, ça aussi pesait. Alors, moins que les problèmes physiques, mais c'était quand même un peu là aussi. Mais dans ma famille, quand j'étais petite, j'ai toujours entendu, elle sera comédienne comme son père. Donc, j'avais aussi besoin, moi, de me retrouver et de savoir si c'est parce que je l'avais trop entendu quand j'étais gamine, si c'était du bourrage de crâne ou si c'était vraiment ce que je voulais faire. Je me suis inscrite au cours Florent quand j'avais 17 ans. Et puis, je ne passais jamais sur la scène. J'avais une peur monstre de parler devant les gens. J'avais peur de tout. Je me retrouvais avec des comédiens qui étaient vachement libérés. Pour moi, je les voyais comme des espèces de bitniques. J'avais l'impression d'être une vieille. Et en plus, j'ai toujours été levée jusqu'à l'âge de mes 10 ans. par des grands-parents. Donc, mon éducation, la jeunesse de mon éducation a été faite par des personnes âgées et très intellos, très... Donc, je suis arrivée vraiment avec une mentalité très fermée, donc se lâcher prise, je ne l'avais pas. Donc, c'était complètement lunaire pour moi de me retrouver là-dedans. Donc, ça a été des débuts où oui, je voulais être comédienne, je savais que c'était en moi. Mais quand je voyais tout le taf et ce que c'était vraiment, réellement que d'être comédienne, j'étais persuadée que je n'étais pas capable de ça.

  • Speaker #1

    Et comment tu as créé du coup le Déclic alors, parce que tu étais dans l'immobilier ?

  • Speaker #2

    Alors le Déclic, c'est assez marrant. Le Déclic, je travaille toujours dans cette boîte dans l'immobilier. Et un jour, il y a Laurent Delahousse qui m'appelle et qui me dit, on va faire un... Comment ça s'appelait son émission à l'époque ? Un jour, un destin. Oui. On va faire un jour, un destin sur Patrick Devers. Est-ce qu'on peut t'interviewer ? Je dis oui, OK. Donc, l'émission se fait. Et puis, il y a le chef-op. Ça va paraître très prétentieux ce que je vais dire. Vas-y. Non, mais tu vois, c'est des petites phrases comme ça qui te donnent du beau moqueur. Je vais vous expliquer. Donc, ils installent les lumières, la caméra. Ils disent, c'est quand même dommage que tu ne sois pas comédienne. Tu prends vraiment bien la lumière. Et c'était la première fois qu'on me disait ça. Moi, toute petite, j'ai toujours entendu elle est rigolote elle a pas ça dans sa poche elle est complètement fantastique Mais jamais on m'avait dit que j'étais jolie à la caméra. Jamais j'ai eu ce rôle de jolie fille ou de quelqu'un qui prend bien la lumière.

  • Speaker #1

    Surtout toi, avec ce que tu projetais toi sur ton corps.

  • Speaker #2

    Et surtout ce que je projetais sur mon corps. Donc, cette parole, grâce à cette émission de Laurent Delahousse, ça a été tellement fort que... Les pauvres, je les ai fait vraiment... Deux semaines après, j'ai démissionné de mon taf. Ils n'étaient pas contents. Si jamais ils m'écoutent, je suis encore désolée, mais vraiment, mes excuses. Mais je suis vraiment partie comme une voleuse. Et je me suis dit, je vais être comédienne. Et là, j'ai commencé à démarcher des agents, mais pas en disant que je voulais être comédienne. Parce que j'y croyais un petit peu, mais pas encore tout à fait, malgré cette petite phrase magique. Je suis passée, j'ai un peu fait le snake. J'allais voir les agents en disant, je veux être agent. Jusqu'à ce que je tombe sur mon premier agent, qui me dit, alors je fais le rendez-vous avec elle, donc elle me dit qu'il faut que je retourne, il faut une convention de stage, que machin. Évidemment, moi, je n'ai même pas mon brevet des collèges. J'ai arrêté l'école en troisième, c'était une catastrophe à l'école, donc je n'avais rien. Donc il fallait que je reprenne des cours, tu vois, que je me réinscrive à l'université de Créteil. C'était un bordel pas possible. Donc, je fais ce rendez-vous. Et puis, le lendemain, je rappelle cet agent en disant que c'est compliqué. Convention de stage et tout ça. Je n'ai aucun diplôme. Bref, c'est compliqué. Il va falloir que je reprenne des cours. Et elle me dit...

  • Speaker #0

    En plus, tu avais le village.

  • Speaker #2

    C'est ça. C'est-à-dire que je vais avoir 33 ans. Et cet agent me dit... On va arrêter de tourner autour du pour. On peut parler franchement, toi et moi ? Oui. Qu'est-ce qui va me sortir ? Tu ne veux pas être agent. Tu veux être comédienne. On le sait, toutes les deux. On va arrêter de se mentir. J'ai fait, putain. Elle est... Mais même moi, inconsciemment, j'avais cette demi-conscience. Et en même temps, cette phrase qui m'a foutu une claque, je me suis dit, oui, je veux être comédienne. Elle me dit, tu sais quoi ? Je te prends dans l'agence. Si ça marche, c'est bien. Si j'ai des mauvais retours en casting... On va pas faire du concours et on arrête là. Et j'ai commencé comme ça.

  • Speaker #0

    C'était difficile,

  • Speaker #2

    je savais pas trop en discuter. Sophie Lemaitre, super agent. J'étais vraiment très heureuse de démarrer avec elle. Et il faudrait que je vous raconte mon premier casting. Bah vas-y. Je vais raconter mon premier casting. C'est pas très drôle. Je vais sur-vendre le truc, si ça se trouve ça va tomber à plat. Donc Sophie Lemaitre m'envoie sur ce premier casting. Où je devais faire, c'était, elle m'envoie le pitch du truc, c'était une fille qui avait l'accent du Sud. Donc c'était un truc qui se passait en Provence et je devais prendre l'accent du Sud, d'accord ? Donc j'arrive au casting, le castron me reçoit, machin, et me dit, est-ce que tu veux faire une italienne ? Je fais quoi ? Comment ? Quoi ? Une italienne ? Attends, mon agent m'a dit que je devais faire une fille qui vient du sud de la France. Comment ça, une italienne ? C'est inadmissible. En plus, hyper, tu vois, genre, je ne me démonte pas. Je suis hyper... Non, non, mais c'est pas... Au moins, on ne m'a pas prévenu. Je n'ai pas bossé mon accent italien.

  • Speaker #1

    Alors, pour les auditrices et les auditeurs qui nous écoutent, qui ne sont pas dans le métier, parce que c'est vrai, tout le monde ne le sait pas. Faire une italienne, ça veut dire faire le texte sans y mettre des intentions. Donc, à plat. Et ça se dit à chaque fois, on fait des italiennes avant de commencer pour se mettre le texte en bouche en fait.

  • Speaker #2

    Et les allemandes,

  • Speaker #0

    c'est que les moules.

  • Speaker #2

    Non, mais attendez quoi ? Non, non, non. Si je m'étais sortie d'allemande, je serais tombée de ma chaise. C'est plus dans le théâtre,

  • Speaker #0

    je n'ai rien à dire.

  • Speaker #2

    Voilà, l'italienne. Donc, mon agent de l'an-main me rappelle. Il me dit, bon écoute, ça s'est très bien passé. Il voit que tu as du potentiel. Tu as du potentiel, c'est sûr, mais tu es un peu verte. Il me dit que tu es un peu verte. Alors, il me dit que tu es un peu verte. C'est pareil, qu'est-ce que c'est que ce terme ? Comment ça, je suis un peu verte ? Je suis une espèce de plante, ça veut dire quoi ? Donc, un peu verte, pour les auditeurs, veut dire que trop d'expérience, évidemment. Et puis alors, c'est très drôle. Et elle m'a gardée, Sophie Lemaitre. Donc, force à Sophie Lemaitre, bravo. Je crois qu'un autre agent m'aurait peut-être virée, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En plus, c'est une copine, donc je l'embrasse. Tant qu'à le faire.

  • Speaker #2

    Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des casquings. Est-ce que tu crois qu'à ce moment-là, ton nom te sert ou te dessert ? Est-ce qu'ils ont la curiosité de toi ?

  • Speaker #2

    Est-ce qu'ils te passent le talent ?

  • Speaker #1

    Ils font un rapport ? Comment tu ressens ça ?

  • Speaker #2

    Mon nom me sert beaucoup. Et je savais que ce nom allait me servir. Et avec Sophie Demeître, on l'a savamment pesé. Parce que moi, sur ma carte d'identité, ce n'est pas marqué le la de verre. De verre, déjà pour mon père, un nom d'emprunt. Donc j'ai emprunté le nom d'acteur de mon père, qui est un nom d'acteur et pas un nom... C'est pas sur ma carte d'identité. Donc ça a été savamment pesé avec mon premier agent qui était Sophie Lemaitre. Et on s'est dit, on y va, on fonce. Et en plus, moi, je ne voulais pas qu'il y ait une sorte d'hypocrisie. C'est-à-dire, je suis la fille de mon père, je suis contente. Je ne suis ni la fille de Maurice Papon, ni la fille d'Hitler. On peut être fière. Donc je ne voulais rien cacher, être très transparente. Et en plus, je savais très bien... qu'en prenant mon nom, ça allait aller plus vite. Alors, peut-être pas sur la durée d'une carrière, mais en tout cas, on allait me recevoir plus vite en casting. Curiosité malsaine ou curiosité, simplement curiosité. Et en effet, ça a marché parce que du coup, j'ai eu toutes les portes ouvertes de tous les castings. Tiens, la fille de verre, on va voir ce qu'elle donne la petite. Bon, je crois qu'une Italienne, c'est... Mais bon. Et donc, oui, oui. Et ça, j'ai toujours été très transparente là-dessus. Mon père ne m'a pas laissé beaucoup de choses. Il est parti très tôt et il me devait bien ça. Donc voilà. Et en plus, je suis très fière d'être la fille de mon père.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu l'impression qu'il y avait une plus grosse attente sur toi ? Ou est-ce que les gens étaient trop intérêts avec ça ?

  • Speaker #2

    Non, certainement. Mais par contre, on ne me l'a jamais fait ressentir. Même au niveau des gens, des spectateurs. Ça m'est arrivé d'avoir quelques fois des mauvais commentaires, des choses un peu méchantes, mais c'était quand même plutôt rare et je m'attendais plus à avoir ce genre de choses, de passer par ce truc-là. Et en fait, non. Alors peut-être que les gens se disaient, mais en tout cas, moi, on ne me l'a jamais fait ressentir. Par contre, j'ai bien vu qu'avant de démarrer ma carrière, si vous voulez, j'ai commencé, je me suis lancée vers trop. 33-34 ans, il a fallu un petit bout de temps. C'est-à-dire que tous les castings sur lesquels m'a envoyé Sophie Lemaitre, je ne les avais pas. Je ne les avais pas parce que je manquais d'expérience, parce que je n'avais pas cette expérience que j'ai aujourd'hui. Et d'ailleurs, toutes les expériences de casting, tous les castings valent pour moi toutes les écoles de théâtre ou de cinéma du monde. Mais ça, ce n'est que mon avis personnel. Mais non, non, ça a été... Il a fallu qu'après que je travaille comme tout le monde. Donc oui, ça m'a ouvert les portes. Et ça, c'était bien. Et je n'ai pas galéré parce que je sais qu'aujourd'hui, même pour accéder à un casting des gens qui n'ont pas de nom, c'est très compliqué. Et je sais la chance que j'ai. Et je ne remercierai jamais assez mon père pour ça. D'être la fille de mon père, je le dis très franchement. Après, il a fallu que je fasse un boulot comme tout le monde. que je fasse mes preuves. Mais on ne me l'a jamais vraiment fait ressentir.

  • Speaker #1

    Et arrive donc Mince-Alors, c'est ça ?

  • Speaker #2

    L'explosion. Alors arrive d'abord cette idée de monter une troupe. J'avais été voir des copains jouer dans une petite salle à Paris, je ne me souviens plus laquelle c'était. Et puis je vois ces mecs-là et je me dis j'ai trop envie de faire partie de cette troupe. Donc on commence à monter une troupe et on veut commencer, on commence à monter une pièce de théâtre. On la propose à plein de théâtres, ils n'ont pas la place, ils ne veulent pas, ils n'ont pas le temps, bref, ils ne veulent pas la lire. Et puis, on tombe sur le théâtre du Temple, à l'époque, qui était dirigé par Jacques Daron. Il ne veut pas, machin, donc il éclate complètement la troupe, il propose une autre pièce à mes potes, et puis moi, une autre pièce pour boucher les trous en été, pour une reprise d'une pièce qui s'appelle La Biscotte. Donc, la nana qui avait l'habitude de jouer ce rôle était enceinte, donc ne pouvait pas jouer à cette époque-là. ils avaient deux mois à boucher au Théâtre du Temple. Ils me le proposent, donc je commence sur cette pièce de théâtre. Évidemment, Lola de Verre au théâtre, il y a de la presse à foison, parce que là, par contre, je pense qu'on m'attend au tournant, tu vois. C'est plus la presse, je pense, qui m'attend au tournant. Mais ça n'a jamais été fait avec malveillance, mais c'est sûr, on m'attendait au tournant. Donc je fais cette pièce, et puis comme j'avais beaucoup de prêtres, de presse, Charlotte, entend parler de ça. Elle cherche à l'époque, ça fait quand même un petit bout de temps qu'elle cherchait sa Nina pour mince à l'or. Elle avait proposé Émilie Decaigne. Bref, ça n'allait pas, elle ne trouvait pas le perso et tout ça. Et elle vient me voir un soir au théâtre. Et dans ma loge, elle vient, je la reçois dans ma loge et elle me file le scénario. Elle me dit c'est toi, lis-le. Et ça commence comme ça. Voilà. Donc là, je me dis, putain, c'est lancé. C'est parti. Ça y est, c'est parti. Je fais mon salor. Ça se passe super bien. Un gros carton, le film cartonne.

  • Speaker #1

    T'es sélectionnée au César.

  • Speaker #2

    Je suis sélectionnée au César. Je suis dans les cinq nommés. Pour les Césars, avec Hélia Higelin et puis, je ne sais plus, Alice Delancsin, il me semble. Si je ne m'écorche pas ce nom, pardon. Donc, j'étais quand même dans les cinq. Bon, je ne l'ai pas eu, mais voilà. Donc, quand même...

  • Speaker #0

    Une petite fierté, quand même.

  • Speaker #2

    Une petite fierté. Et puis là, les gens commencent à me dire, oh là là, ça porte malheur d'être dans les Jeunes Espoirs. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Les gens sont fous.

  • Speaker #2

    Ça y est. Non, non, tu vas voir, il est arrivé ça, machin. L'autre, il a eu le César du Jeunes Espoirs. Et puis après, il n'a plus du tout travaillé. Je dis, qu'est-ce que c'est que cette connerie ? Puis ça a commencé à me faire flipper. Je me suis dit, putain, je ne veux pas avoir le César. Je ne veux vraiment pas avoir le César, ça va me porter l'œil. Bon, je n'ai pas eu le César et en fait, ça m'a porté l'œil quand même. Parce que ça a été la traversée du désert, alors que le film avait vachement marché. Et puis, j'ai rien eu derrière, quoi. Rien, tu vois, pas de... Bon, et puis après, ça s'est relancé quelques années plus tard. Mais j'ai eu encore des petites galères. Alors que je pensais que ça allait être lancé, j'étais au théâtre. On proposait un premier long-métrage. Je me suis dit, ça y est, c'est tout fait. J'ai mes grands-parents qui étaient là. Ouais, ça y est, c'est bon. On ne va plus l'aider à compléter ses découvertes. C'est super, c'est génial. Bon, ben non. Voilà. Donc, j'ai dû reprendre un taf. Entre temps ? Ouais, entre temps. Ça, c'est vachement intéressant. Dans une boîte d'assurance.

  • Speaker #0

    Ouais. C'est rare qu'on imagine que quand on a fait un long-métrage au cinéma, on n'a plus de...

  • Speaker #2

    Ah ben... Non, si... Ben voilà, ben non. C'est le dur, ouais. Ouais, c'est ça qui est dur dans ce métier. C'est que tu peux tout avoir d'un coup, après... Il n'y a plus rien, tu ne sais pas pourquoi. Il n'y a pas de recette, il n'y a pas de règle. Tu ne sais pas pourquoi. Ou alors, s'il y a une raison, je ne la connais pas. Et un jour, j'aimerais bien la connaître. Mais ça a été renouveau de la galère. Tous les trois mois, j'allais pleurer dans le bureau de mon agent. Je vais repartir dans l'immobilier. Je vais être boulangère. Je vais ouvrir une boutique de chaussures. Là, patience, patience, patience. Elle me dit, tu viens d'arriver dans ce métier. Ça ne se fait pas comme ça. Oui, mais comment ça ? J'ai été nommée au César. Je ne comprenais rien.

  • Speaker #0

    C'est déboussolant quand même.

  • Speaker #2

    C'est déboussolant. C'est tellement dur, dur, dur. Et puis, il s'est passé un temps. Et après, la télé est venue vers moi. Moi, je me voyais faire une carrière au cinéma, du coup, pour le coup. Et puis, c'est la télé, en fait, qui est venue me chercher.

  • Speaker #1

    Et dans ce petit creux, je reviens juste là-dessus, parce que nous, on se connaît. Du coup, on te fait chier avec ton poids un peu quand même, non ? Parce que Mince à l'or,

  • Speaker #2

    on dit ça avant,

  • Speaker #1

    mais derrière...

  • Speaker #2

    Alors ça, ça a été très problématique. Ça a été problématique déjà sur Mince à l'or. Je vais balancer un peu. J'adore Dominique Bessner. J'adore les producteurs de Mince à l'or. Christine Gauzlan, que j'aime, qui est une sorte de deuxième maman pour moi. Mais du coup, on faisait un film sur les filles, sur les femmes et les hommes qui avaient du poids en trop. voire obèse. Et on m'avait demandé de maigrir pour ce film. Parce que c'est-à-dire, j'avais passé le cast. Donc Charlotte me propose ce truc au théâtre. D'accord ? Je passe des essais un mois après qu'elle m'ait proposé ce rôle. Je me dis, je vais jouer le rôle d'une fille en surpoids. Donc je ne vais pas faire un régime, je ne vais pas regarder ce que je bouffe. Le film se faisait six mois après. En six mois, j'avais pris dix kilos. C'est déranger dans ton rôle. Voilà.

  • Speaker #1

    Actor studio.

  • Speaker #2

    Actor studio, très inconscient quand même, il faut le dire. La prod me revoit six mois après. Mon Dieu, j'avais pris 10 kilos. Toute la prod a follé, mon Dieu. Parce qu'en fait, il y avait les trois personnages, tout ce qui tourne autour de ma salon. J'étais le fil rouge, le fil conducteur. Donc, il y avait la très, très grosse qui était incarnée par Catherine Ousmalin. Il y avait la bimbo qui était incarnée par... Victoria Abril et moi qui étais entre les deux. Donc il fallait pas que... Il fallait que je reste juste ronde, tu vois. Et j'avais vraiment atteint... Là, je rentrais plus dans les costumes. Donc ils m'ont vraiment... J'ai vraiment fait la cure. Ils m'ont envoyée là, à la montagne, faire la cure de mince alors. Et j'ai perdu 9 centimètres de tour de taille en un mois et demi. Je ne bouffais que des rondelles de tomates avec une tranche de viande de grison. C'était l'horreur. J'avais un coach où je faisais 5 heures de sport par jour. Je me souviens, je pleurais toutes les larmes de mon corps dans le métro pour aller voir le coach. Je ne fais pas de sport, il faut le savoir. Je déteste le sport, c'est mal. Il faut faire du sport. Mais je ne suis pas quelqu'un de bien tout le temps. Je fais des choses très, très mal. Je ne fais pas de sport. Alors, pour moi, ça fait du sport 4 heures, 4, 5 heures de sport par jour sur un temps très, très restreint. Mais ça a été un enfer. Donc là, on peut franchement me féliciter pour la préparation de ce rôle. Bravo, Lola. Voilà.

  • Speaker #1

    Et après ?

  • Speaker #2

    Et donc, après, j'ai bien maigri pour ce rôle. Évidemment, quand tu fais un régime très, très… Plastique. Très drastique. Tu reprends le double après, n'est-ce pas ? Moi, ça m'a complètement déréglée. Déjà que j'ai des problèmes à la base, mais là, ça a été foutoir. Et donc, j'ai repris tout ce poids. Et c'est vrai que quand je repassais, je passe en casting, Sophie, le maître m'envoyait sur les castings. Moi, j'ai entendu des casteuses et des casteurs me dire Oh là là, c'est dommage quand même avec un visage pareil Tu sais Lola, je vais te dire un truc, il faut que tu comprennes que le cinéma, la télé, les gens ont besoin de rêver. Et tu ne fais pas rêver. Je te jure, je sortais de là, j'avais l'impression de ne pas passer entre les portes, d'avoir besoin d'une espèce de camion pelleteuse pour me sortir du bureau, d'être un espèce d'énorme truc, tu vois, et quand bien même j'aurais été un énorme truc, déjà je trouvais que ça va entre perdre 10 kilos et avoir 150 kilos de plus. Et quand bien même, même si vous avez vu les 50 kilos de pichon, c'est des trucs vraiment qui aujourd'hui, je pense, ne se diraient plus. Mais c'était encore hier qu'on disait des choses comme ça. Bien sûr. Tu vois, ce n'est pas si loin. Je te parle de ça, c'était une petite dizaine d'années. Donc, on sortait encore ce genre de choses à des comédiennes ou à des comédiens. C'est vachement violent. Donc, il a fallu que je compose avec tout ça. Et puis, ça n'a été qu'un... Ça a gravé mon problème.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais envie de manger ?

  • Speaker #2

    En fait, moi, mes problèmes de poids, ça a toujours été par gourmandise. J'ai toujours comblé un manque par la bouffe. Alors, si on connaît un peu mon histoire, on comprend. Pas eu de papa, pas eu de maman, élevé par des grands-parents. Donc, je comblais émotionnellement un truc. Donc, si en plus, par-dessus ça, tu rajoutes un truc, tu ne pourras pas arriver en tant que comédienne parce que tu es trop grosse. Et en plus, on me disait, il faut choisir. C'est soit t'es grosse et tu fais des rôles de cochonne, de soubrette, parce que ça, on me l'a sorti aussi. Des rôles de cochonne, de soubrette, parce que t'as un joli visage, donc quand même, tu donnes envie. Mais tu vois, t'as des seins, t'as un cul, t'as des cuisses. Donc, soit t'auras que des rôles très sexués, de cochonne et des trucs très légers. Soit tu vas être la comique de service. C'était soit... Tu vois, donc on me foutait dans... J'étais complètement perdue. Et ça, très, très, très violent. Ça a été vraiment des années de violence. Voilà. Et Charlotte, c'est marrant parce que quand je suis sortie, Charlotte de Turquem, quand je suis sortie du film L'Insalor, elle m'a dit, je te parie, toi, que le métier va t'avoir et que tu vas finir par être maigre. Ben, ça n'est jamais arrivé. Voilà. J'ai réussi à contrer, enfin, même pas à contrer, c'était... J'ai jamais... En tout cas, moi, je n'ai jamais... enclencher des régimes pour pouvoir perdre du poids pour faire ce métier. Jamais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que tu as contribué à changer un peu les... entre guillemets, les mentalités ? Parce qu'en plus, pour le coup, tu n'es pas grosse,

  • Speaker #2

    en plus,

  • Speaker #0

    au cas où les auditeurs nous écoutent. Elle n'a pas changé depuis la semaine dernière. C'est toujours la même. Elle n'a pas pris 15 kilos. Elle est toujours aussi magnifique. Mais est-ce que ça...

  • Speaker #2

    Est-ce que j'ai contribué ? Je ne pense pas avoir eu ce... pouvoir. En tout cas, pour un certain public qui ont aimé le film Mince à l'or, il y avait un espèce de truc de Big is beautiful et c'est vachement bien. Et moi, j'expliquais justement quand je faisais toutes les promos du film Mince à l'or, et on y tenait avec Charlotte de Turquem à dire que ce film n'est pas, le message n'est pas Big is beautiful parce que l'obésité c'est un vrai problème de santé. Être ronde de... être en chair, c'est pas être obèse. Et nous, on voulait alerter sur le problème qu'on ne faisait pas de la publicité pour soyez obèse et tout va bien dans la vie Évidemment que quand t'es obèse, il faut être conscient qu'il y a un problème et que ça peut être dangereux pour le cœur, ça peut être dangereux pour les articulations, ça peut être dangereux pour la santé. Nous, ce qu'on voulait faire passer comme message, c'est que il faut perdre du poids pour être bien en... dans son corps et au niveau de sa santé, mais que même avec du poids en trop, on pouvait trouver des astuces. pour être crédible et trouver quand même sa place dans la société. Même si tu as un corps différent. C'est pour ça qu'il y avait aussi le personnage de Victoria Abril dans ce film qui n'avait pas de problème de poids, mais qui était complètement barjot sur ces problèmes de poids qu'elle n'avait pas. Parce que c'est aussi un problème de vision et de perception que tu as par rapport à toi-même. Et c'était plus ça. C'était plus sur le caractère psychologique de la façon dont les gens se voient. Mais jamais. Nous avons dit dans ma salle or, soyez obèses et c'est bien, jamais. Donc quand les gens dans la rue, donc ce public, cette tranche de public-là, venaient me voir et me soutenaient en me disant, oui, ne changez jamais, ne maigrissez jamais, c'est super. Donc oui, je pense que j'ai eu un impact, mais peut-être pas dans le bon sens. Ce n'était pas dans ce message-là que je voulais faire passer ce truc. De là à avoir introduit les femmes en chair. Dans ce métier, je ne pense pas que j'ai eu ce pouvoir. En tout cas,

  • Speaker #0

    tu fais partie, durant ces années-là, tu fais partie d'une des femmes qui a été introduite.

  • Speaker #2

    Mais en tout cas, avec la fille de Balasco, avec Marie Louberry. Et moi, je crois qu'on était les seules à avoir ce physique, avant que Marie Lou ne maigrisse, de femme ronde. Et en effet, c'est là-dessus qu'a joué Sophie Lemaitre. En disant que tu es un physique... quand j'allais chialer dans son bureau tous les trois mois, il me disait Lola, tu as une place à prendre, tu as un physique que personne n'a pour l'instant dans le cinéma et la télé, on va en profiter, c'était pas encore la mode, donc j'ai galéré. Voilà, aujourd'hui, ça n'a plus d'importance.

  • Speaker #1

    Et puis aujourd'hui même, je trouve que t'es hyper suivie aussi parce qu'on dit que le public a besoin de rêver. Non, le public a besoin de s'identifier.

  • Speaker #2

    Évidemment, c'est ce qui a changé entre-temps. C'est que quand les vieux casters, les vieilles directrices de casters, j'appelle ça le vieux monde, Excusez-moi, il y a des gens vieux qui sont très bien, mais vraiment, quand je dis le vieux monde, ce n'est pas forcément par rapport à l'âge, c'est par rapport à une mentalité. Et moi, j'avais remarqué que ceux qui me castaient ou les réalisateurs qui me castaient pour leurs films étaient des gens d'une autre époque. D'accord ? Et qu'aujourd'hui, les mentalités ont changé et que tous ces réalisateurs font... de moins en moins, tu vois par exemple un film pour Blié jamais j'aurais décroché, tu vois le Brut des glaçons par exemple, jamais j'aurais eu un rôle dans un film de Blié, parce qu'il est resté sur ce fantasme des actrices des années 70, toutes fluettes avec une petite voix comme ça, la Miu Miu qui est la mère de ma soeur que je connais bien, mais tu vois avec ces actrices filiformes et en effet je pense que là où j'ai réussi à choper les gens, c'est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire, mais dans le bon sens du terme, et que les gens se sont enfin identifiés. Et qu'il y a eu un switch par rapport à ça, parce que les gens en avaient marre de ne pas pouvoir s'identifier, de regarder des films, et de ne pas pouvoir s'identifier. Voilà, moi je suis Madame Tout-le-Monde, quoi. Je suis foutue comme tout le monde. J'ai une vie, j'ai eu mille vies, aussi comme tout le monde. J'ai l'impression de parler comme Isabelle Adjani. Je me fais des tartines de rat le matin. comme tout le monde. J'emmène mes enfants au calèche le matin comme tout le monde. Non mais voilà, je pense que ce qui a fait ma force, c'est en effet le fait que je ressemble aux femmes d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et que tu donnes une autre image, parce que c'est vrai qu'on nous a toujours vendu des femmes finiformes. Et puis en plus, ça n'a pas toujours été comme ça, parce que finalement, quand tu regardes Sophia Loren, quand tu regardes Marine Marceau...

  • Speaker #2

    Mais ça a toujours été des modes. Les années, tu vois, dans les années 20-30, on était revenus à de l'ultra minceur.

  • Speaker #0

    D'ultra minceur. Après, il y a eu les années 45-50, où on a eu des Sophia Lorenz, des femmes pas grosses, mais très en forme. On montrait...

  • Speaker #1

    Et Marilyn a fait monter jusqu'au 46.

  • Speaker #0

    Voilà, tu vois. Mais avec des seins... Oui, mais on les avait quand même. Elle avait la tête. De Marilyn. On les étriquait avec des corsets. Donc, c'était encore... Tu vois ? C'était encore là.

  • Speaker #1

    On les cachait.

  • Speaker #0

    Après, on a eu la mode touillis, les années 60, où on est revenu à quelque chose de très androgyne. où c'était les jambes burkines qui marchaient, c'était les tweeds, tu vois. Puis après, ça n'a été que ça, que des modes, grosse mince, grosse mince. Et là, je regrette. Mais parce que là, on a dit, bon ça y est, c'est fini maintenant, les femmes en chair sont reconnues comme des femmes très belles. Et là, on repart. J'ai vu dans les magazines ou dans des sujets de société où on repart dans le sens inverse, où ça y est, les mannequins recommencent à repartir dans la maigreur. Je me dis, mais putain, c'est pas possible. C'est un cycle interminable, ce truc, quoi. Il ne faut pas lâcher, il ne faut pas lâcher parce qu'il faut avoir cette conscience où on peut être différente et on peut être belle. Et il faut arrêter aussi de poser le doigt sur la minceur et la maigreur, sauf quand c'est contre nature, là c'est dangereux. Mais la maigreur peut être beau aussi chez une femme, la minceur peut être beau aussi chez une femme, une fille en chair peut être belle, une fille obèse peut être belle.

  • Speaker #1

    En fait, il faut accepter qu'il y ait plusieurs corps, pas qu'un seul corps.

  • Speaker #0

    Il faut accepter qu'il y ait plusieurs physiques et plusieurs beautés et point, tu vois. Il faut arrêter que cette mono-pensée, c'est la pensée unique, le problème du XXIe siècle.

  • Speaker #2

    Et du coup, ça a été quoi, après, dans ta carrière, le rôle qui a fait en sorte qu'on t'a pris parce que tu étais ronde, justement, pas comme dans Mince-Alors ? Pourquoi on t'a choisi,

  • Speaker #0

    tu penses ? Je pense qu'on m'a pris pour cette espèce de bonhomie, et puis justement, c'est cette popularité qui fait que les prods, les chaînes, les distributeurs se sont rendus compte que j'avais une capitale sympathie beaucoup par rapport à ça, par rapport à l'image. de mon corps que je dégageais, mais qui est aussi, on revient à une chose quelque part discriminatoire, tu vois. C'est-à-dire que du coup, on va la prendre parce qu'elle est grosse. Donc, ça m'a servi, mais on revient encore dans un truc discriminatoire. Moi, je ne veux pas comprendre parce que je suis grosse, c'est parce que je dégage une bonhomie, que tiens, elle ferait une bonne maman. Tiens, elle ferait une bonne fille bien jouasse, elle va nous apporter du bonheur dans la série. Non, enfin, tu vois, on est encore dans un truc, donc tout ça, c'est vraiment le serpent qui se porte la queue. Et c'est encore très compliqué. Aujourd'hui, je pense qu'on me prend parce que je fais des séries à succès et que maintenant, on est dans un autre truc et qu'on me prend parce que, sans prétention aucune encore une fois, on me prend parce que je fais des séries qui marchent. Voilà, donc là, on est sur un autre truc, ce que j'appelle le truc de marchand de tapis, où on va prendre cette comédienne parce qu'on est sûr qu'au niveau de l'audimat, elle a tant de followers et tout ça. Mais évidemment que ça part, la jeunesse de tout ça part. de l'image que j'ai dégagée et de cette popularité que j'ai réamenée dans le monde de la télé ou du cinéma. Oui, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    Et comment on gère une carrière du coup comme la tienne aujourd'hui ? Parce qu'on te voit quand même dans beaucoup de séries télé,

  • Speaker #0

    dans beaucoup d'unités. Putain, on gère, c'est vachement bien. Moi déjà, je laisse mon agent gérer.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup, il n'y a pas un changement de genre, il y a beaucoup de galères et là, d'un coup, il y a beaucoup de choses en même temps ? Est-ce que du coup, des fois, ça te...

  • Speaker #0

    Moi, j'ai toujours, même quand je travaillais avant dans un milieu qui n'avait rien à voir, j'ai toujours été dépassée par les événements. C'est-à-dire, moi, je me noie dans un verre d'eau. Donc là, vous imaginez bien que là, le verre d'eau est immense.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que tu es un peu sale.

  • Speaker #0

    Et je me noie toujours, ça n'a pas changé. Je pars toujours dans tous les sens. Mais en attendant, il y a une plénitude que je n'avais pas avant et une place que j'ai trouvée que je n'avais pas avant, du fait que j'ai fait plein, plein, plein de boulot. Je n'arrivais pas à trouver ma place et tout ça. Et là, aujourd'hui, je sais que ma place, alors on peut ne pas m'aimer comme comédienne, je le conçois. Mais en tout cas, moi, en tant qu'être humain, je sais que je suis à ma place aujourd'hui et c'est la première fois que je le ressens. Donc, en tout cas, aujourd'hui, je suis équilibrée, même si... tout part tout le temps dans tous les sens. Et encore plus maintenant, il y a beaucoup de pression par rapport à l'image, par rapport à la carrière, par rapport à l'angoisse de faire ce métier de comédienne qui est un métier où ça marche très fort et puis ça peut ne plus marcher. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'il y a l'angoisse de ne pas avoir de travail et souvent on retrouve l'angoisse de ne plus avoir de travail.

  • Speaker #0

    Et en plus, moi, je suis un vrai panier percé, c'est-à-dire que je ne sais pas gérer ma thune. Et que, en plus, je suis très généreuse avec mes potes et que je fréquente que des gens qui n'ont pas mon niveau de vie, si tu veux. Donc, moi, je passe mon temps à... Tu sais, c'est comme un jeu. J'ai tant d'argent sur mon compte, il faut que je le redistribue. Mais d'ailleurs, c'est ma veine aussi politique et de vie. C'est-à-dire que moi, je suis pour la répartition des richesses et je l'applique déjà à moi-même. Donc, moi, je répartis ma richesse. Et c'est aussi ce... Et ça, je pense que je l'aurais toujours. C'est ce truc d'imposteur que j'ai. C'est-à-dire que je n'accepte toujours pas de bien gagner ma vie. Et c'est toujours un vrai problème. Et je ne me sens pas alignée par rapport aux gens. Voilà, et j'ai toujours honte de bien, bien gagner ma vie. Et c'est pour ça que je passe mon temps à dépenser l'argent, à essayer d'aider au maximum les gens. Et un jour, ça va se retourner contre moi, parce qu'à un moment donné, il faudrait que moi je sache une baraque. Toujours pas de baraque.

  • Speaker #1

    Donc, malgré ton niveau, là, où on se dit assez bon et tout, tu gardes encore ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Je garde ce syndrome de l'imposteur, mais pas par rapport à mon père, pas par rapport au fait. Ça n'a rien à voir. C'est pas du tout l'ombre de mon père, tu vois. que peuvent avoir ces filles et ces filles de comédiens. Je n'ai pas du tout ce problème-là. C'est un problème d'être devenue une petite bourgeoise et je ne veux pas devenir une petite bourgeoise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois, si tu faisais un métier qui n'était pas un métier de passion, donc si tu faisais un métier où tu en chiais et que tu n'aimais pas, mais que tu gagnais la même chose, est-ce que tu aurais ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Non, je pense beaucoup moins. Parce qu'en plus, je gagne cet argent, j'ai l'impression de voler, c'est-à-dire que je m'éclate, je m'éclate sur les plateaux et je me dis que c'est un luxe. de pouvoir bien gagner sa vie en faisant un métier qu'on aime. Et je me dis que je n'ai pas le droit, en fait. Je n'ai pas le droit parce que le monde est à feu et à sang. Les gens sont malheureux, ont même plus 100 euros à la fin du mois pour faire bouffer leurs gosses. Et c'est là où je ne suis pas complètement alignée sur le métier, sur ma passion. Ça y est, je suis alignée. Je sais que je suis une comédienne et je sais que j'ai ma place. Mais au niveau de mon train de vie, je ne suis pas du tout alignée. C'est un vrai problème.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que c'est un truc qu'on retrouve souvent dans les métiers passion. Parce qu'on a l'impression qu'on nous a toujours enseigné. C'est bien d'en parler dans la carrière parce qu'on nous a toujours enseigné qu'il fallait en chier pour avoir de l'argent et tout. Et plein de gens qui font un métier passion, qu'ils aiment, qui sont heureux d'aller travailler. S'ils gagnent beaucoup d'argent, ils culpabilisent parce qu'ils font un truc.

  • Speaker #0

    Qu'ils aiment. Et attention, parce que ça, je veux quand même le dire aussi. C'est-à-dire que oui, je fais un métier passion. Oui, c'est un luxe. J'aime mon métier. Mais comédien... s'imaginent que t'as que les strass, les paillettes, qu'on te filme, que tu fais la conne ou le con devant une caméra et que c'est vachement de taf d'être un comédien. C'est beaucoup de pression. Psychologiquement, c'est vachement dur. Moi, il y a des moments... Après, je me réaligne dans mon truc parce que ce serait quand même très culotté de ma part de rester sur ce truc-là. Mais il y a des moments où j'en chie, où je suis fatiguée, où t'es douze heures debout non-stop, on reprend, machin...... surtout pour la télé où ça va vachement vite où tu dois être une machine de guerre et c'est des périodes intenses, surtout que moi je suis dans deux séries en rôle principal et puis t'apprends des textes aussi voilà tu vois donc il y a un vrai travail et ce que les gens ne comprennent pas c'est que souvent moi je me fais emmerder où il y a des gens qui disent oui t'as pas le droit de te plaindre t'es comédienne, tu gagnes plein de fric, donc qu'est-ce que tu viens de plaindre les gars venez sur un plateau mais même jusqu'à ma propre famille où j'avais ma cousine qui me disait, ça va, t'es tranquille, tu gagnes vachement de fric. Qu'est-ce que tu viens me regarder ? Moi, quand mon réveil sonne à 6h, je t'assure que j'ai la boule au ventre, j'ai pas envie d'être à l'étranger. J'ai dit, écoute, moi, ça m'arrive aussi d'avoir la boule au ventre. Elle me dit, ah ouais, t'es gonflée. Viens sur un plateau. Elle est venue sur un plateau, elle a vu le taf que c'était, elle a fait, oh ! C'est ça, c'est ça être comédien. Et les gens ne s'imaginent pas tout le boulot qu'il y a derrière. Et toute la pression de l'image et tout ça. Mais, là où j'ai de la chance... Et là où j'arrive à contrebalancer et me dire, bon Lola, calme-toi, ok, parfois c'est dur, mais c'est que je me lève toujours le matin en me disant, j'aime mon métier et je vais m'éclater. Ce qui n'est pas le cas des personnes en général, tu vois. Et c'est pour ça que j'aurais toujours ce syndrome de l'imposteur qui n'est pas dû encore une fois à mon père et au fait que je m'appelle Devers, mais qui est dû au fait que j'ai de la chance de me lever le matin et d'aller travailler avec... plein d'énergie et plein de bonheur. Et ça, je me sens coupable de ça parce que le monde ne fonctionne pas comme ça aujourd'hui, encore plus aujourd'hui. Et c'est pour ça que je suis tellement engagée politiquement et que je me bats et qu'il y a des gens qui me reprochent, qui me disent Oui, soyez comédienne, vous êtes une bonne comédienne et c'est tout fait. Mais moi, je ne suis pas le bouffon du roi, en fait, les gars. Et justement, je leur explique à ces gens-là, je dis Vous savez, moi, ce n'est pas moi qui vais plus souffrir avec l'argent que je gagne aujourd'hui. Parce que je gagne bien, je suis chez les riches. Alors, je ne suis pas milliardaire, tu vois. Mais aujourd'hui, je suis chez les riches. C'est très confort pour moi. Je pourrais fermer ma gueule et ne jamais aller manifester. Mais moi, aujourd'hui, je me bats pour les gens qui n'arrivent plus à faire bouffer leurs gosses à la fin du mois. Et c'est important. Et je ne suis pas directement concernée. Et c'est là où je... Tu vois, les gens, j'essaie de leur faire comprendre ça. Que justement, le problème aujourd'hui, c'est qu'on est... individualiste.

  • Speaker #1

    Que chacun est sur son ombre.

  • Speaker #0

    Et chacun est sur son ombre. Et quand on me dit, mais ferme ta gueule, sois comédienne et tais-toi, t'as pas le plein, de quoi tu te plains, tu connais pas la vie. Moi, la vie, la merde, je l'ai connue, j'en ai bouffé de la vache enragée. Même si j'ai toujours eu, attention, mes grands-parents, quand j'étais à Découvert, mais il y a aussi une sorte, c'est dur d'aller demander à des gens de sa famille, est-ce que vous pouvez m'aider, je suis à Découvert. Attends, t'as fait mince alors, comment ça se fait ? Ta femme, elle s'alorte, tu devrais décoller, pourquoi on t'aide encore ? C'est vachement dur de demander à combler un découvert quand t'as 34 ans et que putain, t'es toujours pas en train de décoller, tu vois. Bon, donc moi aussi, j'ai eu des moments, donc je sais ce que c'est. J'ai fréquenté tous les milieux et je continue de fréquenter encore des gens qui sont mes meilleurs amis. J'ai jamais quitté mes meilleurs amis. Je fréquente très peu de gens qui sont riches ou qui sont des comédiens connus. Moi, j'ai toujours ma même base d'amis. Et donc, je sais ce que c'est que de galérer. Je suis encore dans le réel. Et je ne veux jamais partir de ce réel. Jamais. C'est pour ça que je suis très engagée politiquement.

  • Speaker #2

    Et tu parlais des amis. C'est un socle qui a été vachement important quand ça a décollé, du coup.

  • Speaker #0

    Ils ont toujours été là. Ils ont toujours été là. Et j'ai toujours été là pour eux aussi. Ça n'a jamais changé. Ça a toujours été mon ciment. Je les ai jamais évincés de ma vie. Ce sont des gens bien. Ce sont des gens qui ont les pieds sur terre. Et je pense que c'est... Et c'est pour ça aussi que j'ai encore les pieds sur terre. C'est ces gens-là qui ont forgé mon caractère aussi. C'est parce que je suis passée par des galères et que j'ai fréquenté ces gens-là. Et ces gens-là, je te dis, qui ne sont pas heureux de se lever le matin et qui sont mes amis pour aller bosser, et j'en ai plein, me rappellent la dureté de la vie, mais aussi la beauté de la vie. Parce que c'est des gens qui continuent de s'entraider, c'est des gens qui continuent de me demander, même si eux galèrent, comment ça va Lola aujourd'hui ? Est-ce que c'est pas trop dur ton métier ? 12 heures debout, sans déconner, sans t'arrêter. Et tu vois, ils me jugent pas et je les juge pas. Et c'est ça qui est beau aussi, c'est ça qui fait que je suis pas déconnectée. J'espère ne pas être déconnectée, ça peut arriver très vite. Dans ce métier, la frontière est très, très, très, très mince. Et donc, j'espère que ces gens-là seront toujours dans mes vies.

  • Speaker #2

    Je pense qu'ils seront encore là.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #0

    C'est des familles de cœur, ça. Avec des vraies valeurs. Donc c'est pour ça que ça ne m'a pas encore fait tourner la tête.

  • Speaker #1

    Et là, c'est quoi du coup l'actu ? Donc c'est deux séries, c'est Mademoiselle Holmes et Astrid et Raphaël.

  • Speaker #0

    Astrid et Raphaël, que je continue. Mademoiselle Holmes, là je suis en train de tourner la saison 2. Et puis après, il y a un 4x52 qui arrive aussi, que je vais tourner après Mademoiselle Holmes, juste avant de redémarrer la saison 6 d'Astrid et Raphaël. Ça bosse.

  • Speaker #2

    Là,

  • Speaker #0

    c'est le planning jusqu'à l'année prochaine. Ah bah non, mais c'est même pas l'année prochaine. C'est-à-dire que là, normalement, si tout va bien, si c'est pas la fin du monde, bien qu'on soit proches. Non, non. Si tout se passe bien, moi je suis bookée jusqu'à... Les cinq ans à venir, là, je suis méga bookée. Encore une fois, si tout se passe bien, ce métier peut nous donner des surprises. Voilà. tu vois par exemple moi je voudrais revenir au théâtre moi j'adore le théâtre c'est ça ma vraie passion c'est le théâtre sur un plateau j'adore ce que je fais mais c'est à dire qu'il faut beaucoup de patience, je suis quelqu'un de très impatient le théâtre c'est one shot c'est ma vraie passion le théâtre et là par exemple on me propose des pièces de théâtre et c'est vraiment la mort dans l'âme que je refuse des projets parce que je suis trop bouclée et tout ça mais après je me dis t'as eu pas de taf pendant très longtemps donc soit heureuse, c'est bien. Mais j'aimerais bien faire du théâtre.

  • Speaker #2

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent, on se dit c'est quoi une team d'actrices ? Donc maintenant, t'as un agent qui n'est plus le même agent qu'au début.

  • Speaker #0

    Non, c'est plus le même agent parce que j'aspirais à autre chose. Moi, j'ai toujours entendu dire, oui, tu sais, si ça ne marche pas, ce n'est pas de la faute de l'agent. C'est comme changer de transat sur un Titanic, ça coulera quand même si ta carrière doit. doit couler ou ne jamais démarrer, elle ne démarrera pas. J'avais besoin, très franchement, Sophie Lemaitre est formidable, formidable. Mais il y a un moment donné, j'avais besoin, ça faisait neuf ans que j'étais chez elle, et j'avais besoin, je voyais que je ne redémarrais pas. Et je sais que ce n'est pas de la faute de mon agence. Je pense à la question de visibilité aussi, où en France, c'est très prétentieux. C'est-à-dire que si tu es dans une petite agence, et on ne peut pas dire que Sophie Lemaitre soit une petite agence pourtant. Mais comme les gens du milieu sont très prétentieux, il faut que tu sois dans une agence qui a pignon sur rue. Donc, il y a 4-5 agences comme ça sur Paris qui brillent beaucoup. Ça ne veut pas dire que tu travailles plus parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir. Ça peut être très dangereux parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir et tu as des Marion Cotillard qui vont te... Vous voulez... Lola, qui ? Devers ? Non, non, on veut Marion Cotillard. En effet, je n'ai jamais passé les castings de Marion Cotillard, certes. Mais en tout cas, j'ai remarqué que depuis que j'ai changé d'agent, pour des raisons personnelles, qui sont les miennes, il y a eu un pic de redémarrage. Je ne me suis plus jamais arrêtée. Est-ce que c'est mon agence ? Est-ce que c'est mon agent ? Est-ce que c'est moi ? Je ne sais pas. Parfois,

  • Speaker #1

    le changement aussi,

  • Speaker #0

    ça change de dynamique. Il y a eu un renouveau et j'avais besoin de ce renouveau. Mais ça a été très, très dur de quitter Sophie Lemaitre. Très, très dur. C'est comme une histoire d'amour où tu ronds avec quelqu'un et c'est un vrai... C'est très violent, quoi. Ça a été très violent.

  • Speaker #2

    C'est un coup de poker, en plus.

  • Speaker #0

    Et c'est un coup de poker. Mais j'avais besoin de ce coup de poker. Je voulais que ça redémarre et pareil. Et j'avais besoin de ce coup de poker. Est-ce que c'est la chance ? On ne saura jamais. Mais en tout cas, moi, ça a été bénéfique.

  • Speaker #2

    Et donc, du coup, tu as ton agent et est-ce que tu as d'autres personnes qui t'aident à gérer ? Ou c'est juste...

  • Speaker #0

    Que mon agent. J'ai toujours refusé d'avoir un attaché de presse. parce que je veux pas moi je suis un électron libre peut-être un peu trop libre ça va peut-être me porter préjudice à un moment ou un autre je sais pas mais en tout cas aujourd'hui je fonctionne comme ça moi ça m'emmerde d'aller faire de la pub pour porter des sacs à main en soirée ou des vêtements et faire la promo d'un truc juste pour des fringues ou des produits de coiffure je veux pas que ça m'enferme dans quelque chose je veux pouvoir continuer à poster ce que j'ai envie de poster sans avoir un espèce de chaperon derrière moi... qui me disent quoi faire, comment faire. Je pense que je suis assez intuitive avec les gens. Je me prends des baves dans la gueule, mais ce n'est pas grave. Et je pense que c'est aussi pour ça que j'ai les pieds sur terre. Parce que moi, je continue, je parle beaucoup avec les gens sur les réseaux. Je suis quelqu'un de très accessible. J'estime que je suis très accessible. Bon, je ne peux pas répondre à tout le monde, mais je reste très accessible sur les réseaux sociaux et je suis sûre que si j'avais un attaché de presse... Il y aura un espèce de truc chaperon, voire de très calculé dans la carrière. Bon, alors là, il faut aller là, de ce côté-là, parce que là, peut-être que tu peux avoir un tremplin pour aller là. Moi, tout ce que je vis aujourd'hui me convient. Ce n'est pas que je n'ai pas d'ambition, j'ai de l'ambition, mais par contre, ça arrivera par moi. Je ne veux pas que ce soit quelqu'un qui me dise où aller pour pouvoir dépasser un truc. Je sais, je sais comment ça fonctionne. Enfin, je crois savoir, je me trompe peut-être. Mais en tout cas, jusqu'ici, je me démerde bien. Je tourne dans des... truc de qualité, je vais au feeling, je suis quelqu'un qui va au feeling. Et d'avoir quelqu'un à rendre des comptes, et surtout d'avoir quelqu'un qui t'appelle quatre fois par jour, où tu es, comment ça se fait, comment on attaque si on fait ça. Non, ce podcast, là, par exemple, j'aurais dû passer par une attachée de presse pour demander si c'était possible que je le fasse. Non, je fais ce que je veux. Et c'est ma liberté. Et j'ai encore cette liberté de pouvoir le faire. Et mon agent me fait hyper confiance, on est sur la même longueur d'onde. j'estime pas trop déconner.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça aussi, je pense que les gens t'aiment aussi, c'est pour ça aussi qu'il y a ce rapport,

  • Speaker #0

    c'est parce que t'es vrai. Et je ne suis pas formatée, et je refuse d'être formatée. Et quand bien même, on a... Pardon, je fume une cigarette électronique, donc du coup ça... Pardon. Voilà.

  • Speaker #1

    Faut pas fumer, c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #0

    Non, cigarette électronique sans nicotine, parce que j'essaie d'arrêter de fumer. Attention. Ah d'accord, très bien. Et justement, je ne veux pas être formatée. Et je pense que c'est ça aussi, c'est ce côté... vrai, si je ne me trompe pas, que les gens apprécient, ou pas, parce que je me suis aussi cassée la gueule sur des trucs, les gens me reprochaient des choses, notamment tout ce qui se passe dans le pays, où je l'ouvre. Oui, je suis vraie, quoi. Mais on ne peut pas dire, parce que souvent on m'a dit que j'étais une comédienne sans filtre, et que c'était génial, parce que j'étais sans filtre. Pas du tout, j'ai beaucoup plus de filtres qu'on ne le pense. Tout ce que je poste est très réfléchi. Par contre, je me rends compte que j'ai... C'est une certaine caste de gens qui me suivent à la télé, sur Astrid et Raphaël, sur TF1. C'est un certain public qui peut être très politisé aussi, disons-le. Et je me rends compte que je me suis heurtée à beaucoup de monde qui m'ont envoyé des messages en me disant Oh là là, vous êtes une super comédienne, mais qu'est-ce que vous nous décevez ? Arrêtez de faire de la politique ! J'ai dit Mais attendez, faire de la politique, c'est pas ça les gars ! Moi, je ne fais pas de propagande. J'essaie d'ouvrir, sans prétention aucune, avec mon petit statut, d'ouvrir les yeux de quelques personnes, notamment quand on a eu peur que le RN passe, tout ça. Ça a été très, très chaud. Et je ne pouvais pas ne pas l'ouvrir.

  • Speaker #1

    Mais après, de toute façon, c'est ça, tu as deux styles de personnes qui suivent. Il y a ceux qui aiment ton travail et qui aiment la personne que tu es, la vraie personne. Et après, il y a ceux qui...

  • Speaker #0

    te mettent sur un pied de l'actrice et donc ne veulent voir que l'actrice et qui ne veulent pas que l'actrice qui regarde, qui leur change les idées, soit politisée et une couleur politique parce que là, ça peut les sortir de tout et je comprends. Mais aujourd'hui, ce que je voudrais faire passer comme message, c'est que le monde va tellement mal, on est tellement à un carrefour. C'est très grave ce qui se passe aujourd'hui, qu'on ne peut pas, nous, personnes publiques, à un moment donné, ne pas prendre parti et ne pas dire les choses. On est d'accord, on n'est pas d'accord. Et c'est pour ça que je reviens à cette caste de gens qui me suivent. C'est que j'ai perdu beaucoup de gens, un certain public. C'est connu, il y a le public d'une chaîne, le public d'une autre, voilà, ça diffère. J'en ai perdu beaucoup et j'en ai rattrapé beaucoup de l'autre côté. Et si mon public, ce sont des gens qui sont racistes, qui n'ont pas d'ouverture d'esprit, qui sont individualistes, qui ne pensent qu'à leur gueule, je ne veux pas de ce public-là. Je ne fais pas ce métier pour n'être qu'une poupée et que je ne suis pas la bouffonne du roi. Donc, je ne fais pas des choses non plus à caractère politique. Mais en tout cas, laissez-moi l'ouvrir quand je veux l'ouvrir. Je suis une personne à part entière. Je ne suis pas là que pour amuser la galerie. Et ça n'empêche pas les gens qui m'écoutent. Si jamais vous m'écoutez, on peut être de droite, on peut être de gauche, mais on peut aussi aimer le métier de comédienne qui n'est pas du tout politisée et accepter qu'à côté, je suis une femme comme une autre et que j'ai le droit d'avoir des idées.

  • Speaker #2

    C'était super.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complet parce qu'on arrive à la fin.

  • Speaker #2

    On était ravies de t'avoir sous notre temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un petit mot de la fin ?

  • Speaker #0

    Tu voudrais nous partager quelque chose que tu n'as pas encore dit ? Je crois que j'ai tout dit. Je crois que j'étais très bavarde. On est dans un contexte, cette petite tente, on a envie de parler avec vous deux, et puis avec vous qui nous écoutez. Et j'espère que le message est bien passé, qu'on soit d'accord ou qu'on ne soit pas d'accord. Et j'espère vous avoir intéressé sur mon petit pan de vie, à ma petite hauteur, avec ma petite vie.

  • Speaker #1

    C'était hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci à ceux qui nous écoutent.

  • Speaker #2

    En tout cas, merci Lola, c'était vraiment génial. Et puis, on se retrouve très bientôt. Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

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Description

La flamme de la Carrière: Quand une femme nous livre son parcours.


Sara et Angélica ont reçu Lola Deweare, actrice, pour cette émission exceptionnelle où elle est seule dans la tente.


Elle nous a livré ses moments de doutes, de galères, son rapport au succès et ses prises de position.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:


Lola

« J’ai commencé tard ce métier vers 33 ans ... J’ai fait plein de métiers et je pense que c’est pour ça,  sans prétention, que ça m’aide beaucoup dans mon métier de comédienne.  Je sens que je peux m’adapter à plein de choses du fait que j’ai bien bourlingué avant.”


« L’ombre paternel planait, est-ce que j’allais être la digne fille de mon père? Ça aussi ça pesait un peu. »


« Mon père m’a pas laissé grand chose, il est parti très tôt, il me devait bien de me laisser son nom. »


« J’étais sélectionnée au César, tout le monde s’est dit c’est bon, suis lancée et là, traversée du désert, j’ai dû reprendre un taf dans les assurances. »


« J’ai entendu à l’époque dans des  bureaux de casting, à propos de mon poids, « tu sais Lola faut que tu comprennes que dans le cinéma et la tv, les gens ont besoin de rêver et tu ne fais pas rêver… »


«Là où  j’ai réussi a chopper les gens c’est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire mais dans le bon terme et que les gens se sont enfin identifiés, moi suis foutue comme madame tout le monde. »


« J’ai ce truc  de l’imposteur, je n’accepte toujours pas de bien gagner ma vie et c’est un problème car j’ai honte d’aussi bien gagner ma vie par rapport à beaucoup de gens. Je me dis que c’est un luxe de bien gagner sa vie en faisant un métier qu’on aime. »


« Mes amis ont toujours été là , c’est toujours les mêmes, c’est mon ciment, ils ont les pieds sur terre et ils m’aident à ne pas être déconnectée. »


« Je ne suis pas formatée et je refuse de l’être. »


« Aujourd’hui le monde va tellement mal, on est à un carrefour, on ne peut pas , nous personnes publiques, ne pas prendre parties et ne pas dire les choses. »


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières.

Changement de carrières. Idées. Buisness. Conseils. Entreprises. Entrepreneur.


Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Alors bonjour, donc on est toujours au mois de septembre, on parle toujours de carrière et on a la chance de recevoir encore pour une émission spéciale, oui on vous adore, on a fait plein d'émissions spéciales au mois de septembre, donc Lola Devers, comédienne. Et j'ai une question, est-ce que ça a toujours été comédienne justement Lola ?

  • Speaker #2

    Eh ben non, non non, j'ai démarré assez tard ce métier et j'ai fait plein plein... plein d'autres métiers bien avant de me lancer dans cette carrière de comédienne. Je crois que j'ai tout fait. J'ai fait nounou, j'ai récuré des chiottes, je me suis occupée de personnes âgées, j'ai sorti des chiens, j'ai été serveuse. Le seul truc que je n'ai pas fait, c'est ouvreuse dans un théâtre. Je crois que c'est la seule chose. Vendeuse fringues. premier taf, boulangerie, c'était un bordel au niveau de la caisse, donc ils m'ont vite virée, parce que je rendais trop d'argent. Je suis très très nulle en calcul mental. Tu es très généreuse en fait. Mais je suis généreuse, c'est pour ça, je n'ai pas compris quoi. Mais oui, j'ai fait plein de métiers, et je pense que c'est pour ça aussi, sans prétention aucune, mais que dans mon travail, ça m'aide beaucoup, maintenant en tant que comédienne, c'est-à-dire que j'ai tellement fréquenté tous les milieux et un tas de métiers. que j'ai une perception assez pointue. Quand on m'offre des rôles, je joue principalement des flics. Ah, tu n'as jamais fait flic ? Je n'ai jamais fait flic, alors ça, dis donc. Mais voilà, en tout cas, je sens que je peux m'adapter à beaucoup de choses de par le fait que j'ai bien bourlingué avant.

  • Speaker #0

    Et jusqu'à quel âge, à peu près ?

  • Speaker #2

    Alors, mon dernier métier, c'est... c'était dans l'immobilier où on vendait des bureaux et j'étais assistante de direction. Et c'était... Waouh ! Je crois que c'était en 2008. Voilà, j'ai arrêté de taffer. J'ai commencé vraiment ma carrière de comédienne en 2009-2010. Donc, c'était mon dernier taf. Normal, on va dire.

  • Speaker #0

    Et à l'époque, tu avais envie d'être comédienne ? C'était quelque chose que tu n'avais pas du tout traversé la tête ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours eu envie d'être comédienne. Seulement, je voyais bien le physique des actrices. Et je me disais que jamais j'y arriverais parce que je n'étais pas faite comme une espèce de caricature d'actrice. Mais très filiforme, très belle, très glamour. J'ai toujours eu du poids en trop. Depuis que j'ai l'âge de 10 ans, je suis en surpoids. poids. Donc, je me disais que je n'étais pas assez belle et en plus certainement pas assez talentueuse. Et pour avoir fait du théâtre quand j'étais jeune au collège, j'avais du mal. Je ne savais pas quoi faire de mon corps. Je ne savais pas comment me bouger sur une scène. J'ai toujours été assez embarrassée par mon corps jusqu'à un certain âge. J'ai été guérie il n'y a pas si longtemps que ça, on peut en parler après. Mais j'ai toujours voulu, mais je n'ai jamais osé. Et puis en plus, L'ombre paternelle qui planait, est-ce que j'allais être la digne fille de mon père, tout ça, ça aussi pesait. Alors, moins que les problèmes physiques, mais c'était quand même un peu là aussi. Mais dans ma famille, quand j'étais petite, j'ai toujours entendu, elle sera comédienne comme son père. Donc, j'avais aussi besoin, moi, de me retrouver et de savoir si c'est parce que je l'avais trop entendu quand j'étais gamine, si c'était du bourrage de crâne ou si c'était vraiment ce que je voulais faire. Je me suis inscrite au cours Florent quand j'avais 17 ans. Et puis, je ne passais jamais sur la scène. J'avais une peur monstre de parler devant les gens. J'avais peur de tout. Je me retrouvais avec des comédiens qui étaient vachement libérés. Pour moi, je les voyais comme des espèces de bitniques. J'avais l'impression d'être une vieille. Et en plus, j'ai toujours été levée jusqu'à l'âge de mes 10 ans. par des grands-parents. Donc, mon éducation, la jeunesse de mon éducation a été faite par des personnes âgées et très intellos, très... Donc, je suis arrivée vraiment avec une mentalité très fermée, donc se lâcher prise, je ne l'avais pas. Donc, c'était complètement lunaire pour moi de me retrouver là-dedans. Donc, ça a été des débuts où oui, je voulais être comédienne, je savais que c'était en moi. Mais quand je voyais tout le taf et ce que c'était vraiment, réellement que d'être comédienne, j'étais persuadée que je n'étais pas capable de ça.

  • Speaker #1

    Et comment tu as créé du coup le Déclic alors, parce que tu étais dans l'immobilier ?

  • Speaker #2

    Alors le Déclic, c'est assez marrant. Le Déclic, je travaille toujours dans cette boîte dans l'immobilier. Et un jour, il y a Laurent Delahousse qui m'appelle et qui me dit, on va faire un... Comment ça s'appelait son émission à l'époque ? Un jour, un destin. Oui. On va faire un jour, un destin sur Patrick Devers. Est-ce qu'on peut t'interviewer ? Je dis oui, OK. Donc, l'émission se fait. Et puis, il y a le chef-op. Ça va paraître très prétentieux ce que je vais dire. Vas-y. Non, mais tu vois, c'est des petites phrases comme ça qui te donnent du beau moqueur. Je vais vous expliquer. Donc, ils installent les lumières, la caméra. Ils disent, c'est quand même dommage que tu ne sois pas comédienne. Tu prends vraiment bien la lumière. Et c'était la première fois qu'on me disait ça. Moi, toute petite, j'ai toujours entendu elle est rigolote elle a pas ça dans sa poche elle est complètement fantastique Mais jamais on m'avait dit que j'étais jolie à la caméra. Jamais j'ai eu ce rôle de jolie fille ou de quelqu'un qui prend bien la lumière.

  • Speaker #1

    Surtout toi, avec ce que tu projetais toi sur ton corps.

  • Speaker #2

    Et surtout ce que je projetais sur mon corps. Donc, cette parole, grâce à cette émission de Laurent Delahousse, ça a été tellement fort que... Les pauvres, je les ai fait vraiment... Deux semaines après, j'ai démissionné de mon taf. Ils n'étaient pas contents. Si jamais ils m'écoutent, je suis encore désolée, mais vraiment, mes excuses. Mais je suis vraiment partie comme une voleuse. Et je me suis dit, je vais être comédienne. Et là, j'ai commencé à démarcher des agents, mais pas en disant que je voulais être comédienne. Parce que j'y croyais un petit peu, mais pas encore tout à fait, malgré cette petite phrase magique. Je suis passée, j'ai un peu fait le snake. J'allais voir les agents en disant, je veux être agent. Jusqu'à ce que je tombe sur mon premier agent, qui me dit, alors je fais le rendez-vous avec elle, donc elle me dit qu'il faut que je retourne, il faut une convention de stage, que machin. Évidemment, moi, je n'ai même pas mon brevet des collèges. J'ai arrêté l'école en troisième, c'était une catastrophe à l'école, donc je n'avais rien. Donc il fallait que je reprenne des cours, tu vois, que je me réinscrive à l'université de Créteil. C'était un bordel pas possible. Donc, je fais ce rendez-vous. Et puis, le lendemain, je rappelle cet agent en disant que c'est compliqué. Convention de stage et tout ça. Je n'ai aucun diplôme. Bref, c'est compliqué. Il va falloir que je reprenne des cours. Et elle me dit...

  • Speaker #0

    En plus, tu avais le village.

  • Speaker #2

    C'est ça. C'est-à-dire que je vais avoir 33 ans. Et cet agent me dit... On va arrêter de tourner autour du pour. On peut parler franchement, toi et moi ? Oui. Qu'est-ce qui va me sortir ? Tu ne veux pas être agent. Tu veux être comédienne. On le sait, toutes les deux. On va arrêter de se mentir. J'ai fait, putain. Elle est... Mais même moi, inconsciemment, j'avais cette demi-conscience. Et en même temps, cette phrase qui m'a foutu une claque, je me suis dit, oui, je veux être comédienne. Elle me dit, tu sais quoi ? Je te prends dans l'agence. Si ça marche, c'est bien. Si j'ai des mauvais retours en casting... On va pas faire du concours et on arrête là. Et j'ai commencé comme ça.

  • Speaker #0

    C'était difficile,

  • Speaker #2

    je savais pas trop en discuter. Sophie Lemaitre, super agent. J'étais vraiment très heureuse de démarrer avec elle. Et il faudrait que je vous raconte mon premier casting. Bah vas-y. Je vais raconter mon premier casting. C'est pas très drôle. Je vais sur-vendre le truc, si ça se trouve ça va tomber à plat. Donc Sophie Lemaitre m'envoie sur ce premier casting. Où je devais faire, c'était, elle m'envoie le pitch du truc, c'était une fille qui avait l'accent du Sud. Donc c'était un truc qui se passait en Provence et je devais prendre l'accent du Sud, d'accord ? Donc j'arrive au casting, le castron me reçoit, machin, et me dit, est-ce que tu veux faire une italienne ? Je fais quoi ? Comment ? Quoi ? Une italienne ? Attends, mon agent m'a dit que je devais faire une fille qui vient du sud de la France. Comment ça, une italienne ? C'est inadmissible. En plus, hyper, tu vois, genre, je ne me démonte pas. Je suis hyper... Non, non, mais c'est pas... Au moins, on ne m'a pas prévenu. Je n'ai pas bossé mon accent italien.

  • Speaker #1

    Alors, pour les auditrices et les auditeurs qui nous écoutent, qui ne sont pas dans le métier, parce que c'est vrai, tout le monde ne le sait pas. Faire une italienne, ça veut dire faire le texte sans y mettre des intentions. Donc, à plat. Et ça se dit à chaque fois, on fait des italiennes avant de commencer pour se mettre le texte en bouche en fait.

  • Speaker #2

    Et les allemandes,

  • Speaker #0

    c'est que les moules.

  • Speaker #2

    Non, mais attendez quoi ? Non, non, non. Si je m'étais sortie d'allemande, je serais tombée de ma chaise. C'est plus dans le théâtre,

  • Speaker #0

    je n'ai rien à dire.

  • Speaker #2

    Voilà, l'italienne. Donc, mon agent de l'an-main me rappelle. Il me dit, bon écoute, ça s'est très bien passé. Il voit que tu as du potentiel. Tu as du potentiel, c'est sûr, mais tu es un peu verte. Il me dit que tu es un peu verte. Alors, il me dit que tu es un peu verte. C'est pareil, qu'est-ce que c'est que ce terme ? Comment ça, je suis un peu verte ? Je suis une espèce de plante, ça veut dire quoi ? Donc, un peu verte, pour les auditeurs, veut dire que trop d'expérience, évidemment. Et puis alors, c'est très drôle. Et elle m'a gardée, Sophie Lemaitre. Donc, force à Sophie Lemaitre, bravo. Je crois qu'un autre agent m'aurait peut-être virée, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En plus, c'est une copine, donc je l'embrasse. Tant qu'à le faire.

  • Speaker #2

    Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des casquings. Est-ce que tu crois qu'à ce moment-là, ton nom te sert ou te dessert ? Est-ce qu'ils ont la curiosité de toi ?

  • Speaker #2

    Est-ce qu'ils te passent le talent ?

  • Speaker #1

    Ils font un rapport ? Comment tu ressens ça ?

  • Speaker #2

    Mon nom me sert beaucoup. Et je savais que ce nom allait me servir. Et avec Sophie Demeître, on l'a savamment pesé. Parce que moi, sur ma carte d'identité, ce n'est pas marqué le la de verre. De verre, déjà pour mon père, un nom d'emprunt. Donc j'ai emprunté le nom d'acteur de mon père, qui est un nom d'acteur et pas un nom... C'est pas sur ma carte d'identité. Donc ça a été savamment pesé avec mon premier agent qui était Sophie Lemaitre. Et on s'est dit, on y va, on fonce. Et en plus, moi, je ne voulais pas qu'il y ait une sorte d'hypocrisie. C'est-à-dire, je suis la fille de mon père, je suis contente. Je ne suis ni la fille de Maurice Papon, ni la fille d'Hitler. On peut être fière. Donc je ne voulais rien cacher, être très transparente. Et en plus, je savais très bien... qu'en prenant mon nom, ça allait aller plus vite. Alors, peut-être pas sur la durée d'une carrière, mais en tout cas, on allait me recevoir plus vite en casting. Curiosité malsaine ou curiosité, simplement curiosité. Et en effet, ça a marché parce que du coup, j'ai eu toutes les portes ouvertes de tous les castings. Tiens, la fille de verre, on va voir ce qu'elle donne la petite. Bon, je crois qu'une Italienne, c'est... Mais bon. Et donc, oui, oui. Et ça, j'ai toujours été très transparente là-dessus. Mon père ne m'a pas laissé beaucoup de choses. Il est parti très tôt et il me devait bien ça. Donc voilà. Et en plus, je suis très fière d'être la fille de mon père.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu l'impression qu'il y avait une plus grosse attente sur toi ? Ou est-ce que les gens étaient trop intérêts avec ça ?

  • Speaker #2

    Non, certainement. Mais par contre, on ne me l'a jamais fait ressentir. Même au niveau des gens, des spectateurs. Ça m'est arrivé d'avoir quelques fois des mauvais commentaires, des choses un peu méchantes, mais c'était quand même plutôt rare et je m'attendais plus à avoir ce genre de choses, de passer par ce truc-là. Et en fait, non. Alors peut-être que les gens se disaient, mais en tout cas, moi, on ne me l'a jamais fait ressentir. Par contre, j'ai bien vu qu'avant de démarrer ma carrière, si vous voulez, j'ai commencé, je me suis lancée vers trop. 33-34 ans, il a fallu un petit bout de temps. C'est-à-dire que tous les castings sur lesquels m'a envoyé Sophie Lemaitre, je ne les avais pas. Je ne les avais pas parce que je manquais d'expérience, parce que je n'avais pas cette expérience que j'ai aujourd'hui. Et d'ailleurs, toutes les expériences de casting, tous les castings valent pour moi toutes les écoles de théâtre ou de cinéma du monde. Mais ça, ce n'est que mon avis personnel. Mais non, non, ça a été... Il a fallu qu'après que je travaille comme tout le monde. Donc oui, ça m'a ouvert les portes. Et ça, c'était bien. Et je n'ai pas galéré parce que je sais qu'aujourd'hui, même pour accéder à un casting des gens qui n'ont pas de nom, c'est très compliqué. Et je sais la chance que j'ai. Et je ne remercierai jamais assez mon père pour ça. D'être la fille de mon père, je le dis très franchement. Après, il a fallu que je fasse un boulot comme tout le monde. que je fasse mes preuves. Mais on ne me l'a jamais vraiment fait ressentir.

  • Speaker #1

    Et arrive donc Mince-Alors, c'est ça ?

  • Speaker #2

    L'explosion. Alors arrive d'abord cette idée de monter une troupe. J'avais été voir des copains jouer dans une petite salle à Paris, je ne me souviens plus laquelle c'était. Et puis je vois ces mecs-là et je me dis j'ai trop envie de faire partie de cette troupe. Donc on commence à monter une troupe et on veut commencer, on commence à monter une pièce de théâtre. On la propose à plein de théâtres, ils n'ont pas la place, ils ne veulent pas, ils n'ont pas le temps, bref, ils ne veulent pas la lire. Et puis, on tombe sur le théâtre du Temple, à l'époque, qui était dirigé par Jacques Daron. Il ne veut pas, machin, donc il éclate complètement la troupe, il propose une autre pièce à mes potes, et puis moi, une autre pièce pour boucher les trous en été, pour une reprise d'une pièce qui s'appelle La Biscotte. Donc, la nana qui avait l'habitude de jouer ce rôle était enceinte, donc ne pouvait pas jouer à cette époque-là. ils avaient deux mois à boucher au Théâtre du Temple. Ils me le proposent, donc je commence sur cette pièce de théâtre. Évidemment, Lola de Verre au théâtre, il y a de la presse à foison, parce que là, par contre, je pense qu'on m'attend au tournant, tu vois. C'est plus la presse, je pense, qui m'attend au tournant. Mais ça n'a jamais été fait avec malveillance, mais c'est sûr, on m'attendait au tournant. Donc je fais cette pièce, et puis comme j'avais beaucoup de prêtres, de presse, Charlotte, entend parler de ça. Elle cherche à l'époque, ça fait quand même un petit bout de temps qu'elle cherchait sa Nina pour mince à l'or. Elle avait proposé Émilie Decaigne. Bref, ça n'allait pas, elle ne trouvait pas le perso et tout ça. Et elle vient me voir un soir au théâtre. Et dans ma loge, elle vient, je la reçois dans ma loge et elle me file le scénario. Elle me dit c'est toi, lis-le. Et ça commence comme ça. Voilà. Donc là, je me dis, putain, c'est lancé. C'est parti. Ça y est, c'est parti. Je fais mon salor. Ça se passe super bien. Un gros carton, le film cartonne.

  • Speaker #1

    T'es sélectionnée au César.

  • Speaker #2

    Je suis sélectionnée au César. Je suis dans les cinq nommés. Pour les Césars, avec Hélia Higelin et puis, je ne sais plus, Alice Delancsin, il me semble. Si je ne m'écorche pas ce nom, pardon. Donc, j'étais quand même dans les cinq. Bon, je ne l'ai pas eu, mais voilà. Donc, quand même...

  • Speaker #0

    Une petite fierté, quand même.

  • Speaker #2

    Une petite fierté. Et puis là, les gens commencent à me dire, oh là là, ça porte malheur d'être dans les Jeunes Espoirs. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Les gens sont fous.

  • Speaker #2

    Ça y est. Non, non, tu vas voir, il est arrivé ça, machin. L'autre, il a eu le César du Jeunes Espoirs. Et puis après, il n'a plus du tout travaillé. Je dis, qu'est-ce que c'est que cette connerie ? Puis ça a commencé à me faire flipper. Je me suis dit, putain, je ne veux pas avoir le César. Je ne veux vraiment pas avoir le César, ça va me porter l'œil. Bon, je n'ai pas eu le César et en fait, ça m'a porté l'œil quand même. Parce que ça a été la traversée du désert, alors que le film avait vachement marché. Et puis, j'ai rien eu derrière, quoi. Rien, tu vois, pas de... Bon, et puis après, ça s'est relancé quelques années plus tard. Mais j'ai eu encore des petites galères. Alors que je pensais que ça allait être lancé, j'étais au théâtre. On proposait un premier long-métrage. Je me suis dit, ça y est, c'est tout fait. J'ai mes grands-parents qui étaient là. Ouais, ça y est, c'est bon. On ne va plus l'aider à compléter ses découvertes. C'est super, c'est génial. Bon, ben non. Voilà. Donc, j'ai dû reprendre un taf. Entre temps ? Ouais, entre temps. Ça, c'est vachement intéressant. Dans une boîte d'assurance.

  • Speaker #0

    Ouais. C'est rare qu'on imagine que quand on a fait un long-métrage au cinéma, on n'a plus de...

  • Speaker #2

    Ah ben... Non, si... Ben voilà, ben non. C'est le dur, ouais. Ouais, c'est ça qui est dur dans ce métier. C'est que tu peux tout avoir d'un coup, après... Il n'y a plus rien, tu ne sais pas pourquoi. Il n'y a pas de recette, il n'y a pas de règle. Tu ne sais pas pourquoi. Ou alors, s'il y a une raison, je ne la connais pas. Et un jour, j'aimerais bien la connaître. Mais ça a été renouveau de la galère. Tous les trois mois, j'allais pleurer dans le bureau de mon agent. Je vais repartir dans l'immobilier. Je vais être boulangère. Je vais ouvrir une boutique de chaussures. Là, patience, patience, patience. Elle me dit, tu viens d'arriver dans ce métier. Ça ne se fait pas comme ça. Oui, mais comment ça ? J'ai été nommée au César. Je ne comprenais rien.

  • Speaker #0

    C'est déboussolant quand même.

  • Speaker #2

    C'est déboussolant. C'est tellement dur, dur, dur. Et puis, il s'est passé un temps. Et après, la télé est venue vers moi. Moi, je me voyais faire une carrière au cinéma, du coup, pour le coup. Et puis, c'est la télé, en fait, qui est venue me chercher.

  • Speaker #1

    Et dans ce petit creux, je reviens juste là-dessus, parce que nous, on se connaît. Du coup, on te fait chier avec ton poids un peu quand même, non ? Parce que Mince à l'or,

  • Speaker #2

    on dit ça avant,

  • Speaker #1

    mais derrière...

  • Speaker #2

    Alors ça, ça a été très problématique. Ça a été problématique déjà sur Mince à l'or. Je vais balancer un peu. J'adore Dominique Bessner. J'adore les producteurs de Mince à l'or. Christine Gauzlan, que j'aime, qui est une sorte de deuxième maman pour moi. Mais du coup, on faisait un film sur les filles, sur les femmes et les hommes qui avaient du poids en trop. voire obèse. Et on m'avait demandé de maigrir pour ce film. Parce que c'est-à-dire, j'avais passé le cast. Donc Charlotte me propose ce truc au théâtre. D'accord ? Je passe des essais un mois après qu'elle m'ait proposé ce rôle. Je me dis, je vais jouer le rôle d'une fille en surpoids. Donc je ne vais pas faire un régime, je ne vais pas regarder ce que je bouffe. Le film se faisait six mois après. En six mois, j'avais pris dix kilos. C'est déranger dans ton rôle. Voilà.

  • Speaker #1

    Actor studio.

  • Speaker #2

    Actor studio, très inconscient quand même, il faut le dire. La prod me revoit six mois après. Mon Dieu, j'avais pris 10 kilos. Toute la prod a follé, mon Dieu. Parce qu'en fait, il y avait les trois personnages, tout ce qui tourne autour de ma salon. J'étais le fil rouge, le fil conducteur. Donc, il y avait la très, très grosse qui était incarnée par Catherine Ousmalin. Il y avait la bimbo qui était incarnée par... Victoria Abril et moi qui étais entre les deux. Donc il fallait pas que... Il fallait que je reste juste ronde, tu vois. Et j'avais vraiment atteint... Là, je rentrais plus dans les costumes. Donc ils m'ont vraiment... J'ai vraiment fait la cure. Ils m'ont envoyée là, à la montagne, faire la cure de mince alors. Et j'ai perdu 9 centimètres de tour de taille en un mois et demi. Je ne bouffais que des rondelles de tomates avec une tranche de viande de grison. C'était l'horreur. J'avais un coach où je faisais 5 heures de sport par jour. Je me souviens, je pleurais toutes les larmes de mon corps dans le métro pour aller voir le coach. Je ne fais pas de sport, il faut le savoir. Je déteste le sport, c'est mal. Il faut faire du sport. Mais je ne suis pas quelqu'un de bien tout le temps. Je fais des choses très, très mal. Je ne fais pas de sport. Alors, pour moi, ça fait du sport 4 heures, 4, 5 heures de sport par jour sur un temps très, très restreint. Mais ça a été un enfer. Donc là, on peut franchement me féliciter pour la préparation de ce rôle. Bravo, Lola. Voilà.

  • Speaker #1

    Et après ?

  • Speaker #2

    Et donc, après, j'ai bien maigri pour ce rôle. Évidemment, quand tu fais un régime très, très… Plastique. Très drastique. Tu reprends le double après, n'est-ce pas ? Moi, ça m'a complètement déréglée. Déjà que j'ai des problèmes à la base, mais là, ça a été foutoir. Et donc, j'ai repris tout ce poids. Et c'est vrai que quand je repassais, je passe en casting, Sophie, le maître m'envoyait sur les castings. Moi, j'ai entendu des casteuses et des casteurs me dire Oh là là, c'est dommage quand même avec un visage pareil Tu sais Lola, je vais te dire un truc, il faut que tu comprennes que le cinéma, la télé, les gens ont besoin de rêver. Et tu ne fais pas rêver. Je te jure, je sortais de là, j'avais l'impression de ne pas passer entre les portes, d'avoir besoin d'une espèce de camion pelleteuse pour me sortir du bureau, d'être un espèce d'énorme truc, tu vois, et quand bien même j'aurais été un énorme truc, déjà je trouvais que ça va entre perdre 10 kilos et avoir 150 kilos de plus. Et quand bien même, même si vous avez vu les 50 kilos de pichon, c'est des trucs vraiment qui aujourd'hui, je pense, ne se diraient plus. Mais c'était encore hier qu'on disait des choses comme ça. Bien sûr. Tu vois, ce n'est pas si loin. Je te parle de ça, c'était une petite dizaine d'années. Donc, on sortait encore ce genre de choses à des comédiennes ou à des comédiens. C'est vachement violent. Donc, il a fallu que je compose avec tout ça. Et puis, ça n'a été qu'un... Ça a gravé mon problème.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais envie de manger ?

  • Speaker #2

    En fait, moi, mes problèmes de poids, ça a toujours été par gourmandise. J'ai toujours comblé un manque par la bouffe. Alors, si on connaît un peu mon histoire, on comprend. Pas eu de papa, pas eu de maman, élevé par des grands-parents. Donc, je comblais émotionnellement un truc. Donc, si en plus, par-dessus ça, tu rajoutes un truc, tu ne pourras pas arriver en tant que comédienne parce que tu es trop grosse. Et en plus, on me disait, il faut choisir. C'est soit t'es grosse et tu fais des rôles de cochonne, de soubrette, parce que ça, on me l'a sorti aussi. Des rôles de cochonne, de soubrette, parce que t'as un joli visage, donc quand même, tu donnes envie. Mais tu vois, t'as des seins, t'as un cul, t'as des cuisses. Donc, soit t'auras que des rôles très sexués, de cochonne et des trucs très légers. Soit tu vas être la comique de service. C'était soit... Tu vois, donc on me foutait dans... J'étais complètement perdue. Et ça, très, très, très violent. Ça a été vraiment des années de violence. Voilà. Et Charlotte, c'est marrant parce que quand je suis sortie, Charlotte de Turquem, quand je suis sortie du film L'Insalor, elle m'a dit, je te parie, toi, que le métier va t'avoir et que tu vas finir par être maigre. Ben, ça n'est jamais arrivé. Voilà. J'ai réussi à contrer, enfin, même pas à contrer, c'était... J'ai jamais... En tout cas, moi, je n'ai jamais... enclencher des régimes pour pouvoir perdre du poids pour faire ce métier. Jamais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que tu as contribué à changer un peu les... entre guillemets, les mentalités ? Parce qu'en plus, pour le coup, tu n'es pas grosse,

  • Speaker #2

    en plus,

  • Speaker #0

    au cas où les auditeurs nous écoutent. Elle n'a pas changé depuis la semaine dernière. C'est toujours la même. Elle n'a pas pris 15 kilos. Elle est toujours aussi magnifique. Mais est-ce que ça...

  • Speaker #2

    Est-ce que j'ai contribué ? Je ne pense pas avoir eu ce... pouvoir. En tout cas, pour un certain public qui ont aimé le film Mince à l'or, il y avait un espèce de truc de Big is beautiful et c'est vachement bien. Et moi, j'expliquais justement quand je faisais toutes les promos du film Mince à l'or, et on y tenait avec Charlotte de Turquem à dire que ce film n'est pas, le message n'est pas Big is beautiful parce que l'obésité c'est un vrai problème de santé. Être ronde de... être en chair, c'est pas être obèse. Et nous, on voulait alerter sur le problème qu'on ne faisait pas de la publicité pour soyez obèse et tout va bien dans la vie Évidemment que quand t'es obèse, il faut être conscient qu'il y a un problème et que ça peut être dangereux pour le cœur, ça peut être dangereux pour les articulations, ça peut être dangereux pour la santé. Nous, ce qu'on voulait faire passer comme message, c'est que il faut perdre du poids pour être bien en... dans son corps et au niveau de sa santé, mais que même avec du poids en trop, on pouvait trouver des astuces. pour être crédible et trouver quand même sa place dans la société. Même si tu as un corps différent. C'est pour ça qu'il y avait aussi le personnage de Victoria Abril dans ce film qui n'avait pas de problème de poids, mais qui était complètement barjot sur ces problèmes de poids qu'elle n'avait pas. Parce que c'est aussi un problème de vision et de perception que tu as par rapport à toi-même. Et c'était plus ça. C'était plus sur le caractère psychologique de la façon dont les gens se voient. Mais jamais. Nous avons dit dans ma salle or, soyez obèses et c'est bien, jamais. Donc quand les gens dans la rue, donc ce public, cette tranche de public-là, venaient me voir et me soutenaient en me disant, oui, ne changez jamais, ne maigrissez jamais, c'est super. Donc oui, je pense que j'ai eu un impact, mais peut-être pas dans le bon sens. Ce n'était pas dans ce message-là que je voulais faire passer ce truc. De là à avoir introduit les femmes en chair. Dans ce métier, je ne pense pas que j'ai eu ce pouvoir. En tout cas,

  • Speaker #0

    tu fais partie, durant ces années-là, tu fais partie d'une des femmes qui a été introduite.

  • Speaker #2

    Mais en tout cas, avec la fille de Balasco, avec Marie Louberry. Et moi, je crois qu'on était les seules à avoir ce physique, avant que Marie Lou ne maigrisse, de femme ronde. Et en effet, c'est là-dessus qu'a joué Sophie Lemaitre. En disant que tu es un physique... quand j'allais chialer dans son bureau tous les trois mois, il me disait Lola, tu as une place à prendre, tu as un physique que personne n'a pour l'instant dans le cinéma et la télé, on va en profiter, c'était pas encore la mode, donc j'ai galéré. Voilà, aujourd'hui, ça n'a plus d'importance.

  • Speaker #1

    Et puis aujourd'hui même, je trouve que t'es hyper suivie aussi parce qu'on dit que le public a besoin de rêver. Non, le public a besoin de s'identifier.

  • Speaker #2

    Évidemment, c'est ce qui a changé entre-temps. C'est que quand les vieux casters, les vieilles directrices de casters, j'appelle ça le vieux monde, Excusez-moi, il y a des gens vieux qui sont très bien, mais vraiment, quand je dis le vieux monde, ce n'est pas forcément par rapport à l'âge, c'est par rapport à une mentalité. Et moi, j'avais remarqué que ceux qui me castaient ou les réalisateurs qui me castaient pour leurs films étaient des gens d'une autre époque. D'accord ? Et qu'aujourd'hui, les mentalités ont changé et que tous ces réalisateurs font... de moins en moins, tu vois par exemple un film pour Blié jamais j'aurais décroché, tu vois le Brut des glaçons par exemple, jamais j'aurais eu un rôle dans un film de Blié, parce qu'il est resté sur ce fantasme des actrices des années 70, toutes fluettes avec une petite voix comme ça, la Miu Miu qui est la mère de ma soeur que je connais bien, mais tu vois avec ces actrices filiformes et en effet je pense que là où j'ai réussi à choper les gens, c'est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire, mais dans le bon sens du terme, et que les gens se sont enfin identifiés. Et qu'il y a eu un switch par rapport à ça, parce que les gens en avaient marre de ne pas pouvoir s'identifier, de regarder des films, et de ne pas pouvoir s'identifier. Voilà, moi je suis Madame Tout-le-Monde, quoi. Je suis foutue comme tout le monde. J'ai une vie, j'ai eu mille vies, aussi comme tout le monde. J'ai l'impression de parler comme Isabelle Adjani. Je me fais des tartines de rat le matin. comme tout le monde. J'emmène mes enfants au calèche le matin comme tout le monde. Non mais voilà, je pense que ce qui a fait ma force, c'est en effet le fait que je ressemble aux femmes d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et que tu donnes une autre image, parce que c'est vrai qu'on nous a toujours vendu des femmes finiformes. Et puis en plus, ça n'a pas toujours été comme ça, parce que finalement, quand tu regardes Sophia Loren, quand tu regardes Marine Marceau...

  • Speaker #2

    Mais ça a toujours été des modes. Les années, tu vois, dans les années 20-30, on était revenus à de l'ultra minceur.

  • Speaker #0

    D'ultra minceur. Après, il y a eu les années 45-50, où on a eu des Sophia Lorenz, des femmes pas grosses, mais très en forme. On montrait...

  • Speaker #1

    Et Marilyn a fait monter jusqu'au 46.

  • Speaker #0

    Voilà, tu vois. Mais avec des seins... Oui, mais on les avait quand même. Elle avait la tête. De Marilyn. On les étriquait avec des corsets. Donc, c'était encore... Tu vois ? C'était encore là.

  • Speaker #1

    On les cachait.

  • Speaker #0

    Après, on a eu la mode touillis, les années 60, où on est revenu à quelque chose de très androgyne. où c'était les jambes burkines qui marchaient, c'était les tweeds, tu vois. Puis après, ça n'a été que ça, que des modes, grosse mince, grosse mince. Et là, je regrette. Mais parce que là, on a dit, bon ça y est, c'est fini maintenant, les femmes en chair sont reconnues comme des femmes très belles. Et là, on repart. J'ai vu dans les magazines ou dans des sujets de société où on repart dans le sens inverse, où ça y est, les mannequins recommencent à repartir dans la maigreur. Je me dis, mais putain, c'est pas possible. C'est un cycle interminable, ce truc, quoi. Il ne faut pas lâcher, il ne faut pas lâcher parce qu'il faut avoir cette conscience où on peut être différente et on peut être belle. Et il faut arrêter aussi de poser le doigt sur la minceur et la maigreur, sauf quand c'est contre nature, là c'est dangereux. Mais la maigreur peut être beau aussi chez une femme, la minceur peut être beau aussi chez une femme, une fille en chair peut être belle, une fille obèse peut être belle.

  • Speaker #1

    En fait, il faut accepter qu'il y ait plusieurs corps, pas qu'un seul corps.

  • Speaker #0

    Il faut accepter qu'il y ait plusieurs physiques et plusieurs beautés et point, tu vois. Il faut arrêter que cette mono-pensée, c'est la pensée unique, le problème du XXIe siècle.

  • Speaker #2

    Et du coup, ça a été quoi, après, dans ta carrière, le rôle qui a fait en sorte qu'on t'a pris parce que tu étais ronde, justement, pas comme dans Mince-Alors ? Pourquoi on t'a choisi,

  • Speaker #0

    tu penses ? Je pense qu'on m'a pris pour cette espèce de bonhomie, et puis justement, c'est cette popularité qui fait que les prods, les chaînes, les distributeurs se sont rendus compte que j'avais une capitale sympathie beaucoup par rapport à ça, par rapport à l'image. de mon corps que je dégageais, mais qui est aussi, on revient à une chose quelque part discriminatoire, tu vois. C'est-à-dire que du coup, on va la prendre parce qu'elle est grosse. Donc, ça m'a servi, mais on revient encore dans un truc discriminatoire. Moi, je ne veux pas comprendre parce que je suis grosse, c'est parce que je dégage une bonhomie, que tiens, elle ferait une bonne maman. Tiens, elle ferait une bonne fille bien jouasse, elle va nous apporter du bonheur dans la série. Non, enfin, tu vois, on est encore dans un truc, donc tout ça, c'est vraiment le serpent qui se porte la queue. Et c'est encore très compliqué. Aujourd'hui, je pense qu'on me prend parce que je fais des séries à succès et que maintenant, on est dans un autre truc et qu'on me prend parce que, sans prétention aucune encore une fois, on me prend parce que je fais des séries qui marchent. Voilà, donc là, on est sur un autre truc, ce que j'appelle le truc de marchand de tapis, où on va prendre cette comédienne parce qu'on est sûr qu'au niveau de l'audimat, elle a tant de followers et tout ça. Mais évidemment que ça part, la jeunesse de tout ça part. de l'image que j'ai dégagée et de cette popularité que j'ai réamenée dans le monde de la télé ou du cinéma. Oui, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    Et comment on gère une carrière du coup comme la tienne aujourd'hui ? Parce qu'on te voit quand même dans beaucoup de séries télé,

  • Speaker #0

    dans beaucoup d'unités. Putain, on gère, c'est vachement bien. Moi déjà, je laisse mon agent gérer.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup, il n'y a pas un changement de genre, il y a beaucoup de galères et là, d'un coup, il y a beaucoup de choses en même temps ? Est-ce que du coup, des fois, ça te...

  • Speaker #0

    Moi, j'ai toujours, même quand je travaillais avant dans un milieu qui n'avait rien à voir, j'ai toujours été dépassée par les événements. C'est-à-dire, moi, je me noie dans un verre d'eau. Donc là, vous imaginez bien que là, le verre d'eau est immense.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que tu es un peu sale.

  • Speaker #0

    Et je me noie toujours, ça n'a pas changé. Je pars toujours dans tous les sens. Mais en attendant, il y a une plénitude que je n'avais pas avant et une place que j'ai trouvée que je n'avais pas avant, du fait que j'ai fait plein, plein, plein de boulot. Je n'arrivais pas à trouver ma place et tout ça. Et là, aujourd'hui, je sais que ma place, alors on peut ne pas m'aimer comme comédienne, je le conçois. Mais en tout cas, moi, en tant qu'être humain, je sais que je suis à ma place aujourd'hui et c'est la première fois que je le ressens. Donc, en tout cas, aujourd'hui, je suis équilibrée, même si... tout part tout le temps dans tous les sens. Et encore plus maintenant, il y a beaucoup de pression par rapport à l'image, par rapport à la carrière, par rapport à l'angoisse de faire ce métier de comédienne qui est un métier où ça marche très fort et puis ça peut ne plus marcher. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'il y a l'angoisse de ne pas avoir de travail et souvent on retrouve l'angoisse de ne plus avoir de travail.

  • Speaker #0

    Et en plus, moi, je suis un vrai panier percé, c'est-à-dire que je ne sais pas gérer ma thune. Et que, en plus, je suis très généreuse avec mes potes et que je fréquente que des gens qui n'ont pas mon niveau de vie, si tu veux. Donc, moi, je passe mon temps à... Tu sais, c'est comme un jeu. J'ai tant d'argent sur mon compte, il faut que je le redistribue. Mais d'ailleurs, c'est ma veine aussi politique et de vie. C'est-à-dire que moi, je suis pour la répartition des richesses et je l'applique déjà à moi-même. Donc, moi, je répartis ma richesse. Et c'est aussi ce... Et ça, je pense que je l'aurais toujours. C'est ce truc d'imposteur que j'ai. C'est-à-dire que je n'accepte toujours pas de bien gagner ma vie. Et c'est toujours un vrai problème. Et je ne me sens pas alignée par rapport aux gens. Voilà, et j'ai toujours honte de bien, bien gagner ma vie. Et c'est pour ça que je passe mon temps à dépenser l'argent, à essayer d'aider au maximum les gens. Et un jour, ça va se retourner contre moi, parce qu'à un moment donné, il faudrait que moi je sache une baraque. Toujours pas de baraque.

  • Speaker #1

    Donc, malgré ton niveau, là, où on se dit assez bon et tout, tu gardes encore ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Je garde ce syndrome de l'imposteur, mais pas par rapport à mon père, pas par rapport au fait. Ça n'a rien à voir. C'est pas du tout l'ombre de mon père, tu vois. que peuvent avoir ces filles et ces filles de comédiens. Je n'ai pas du tout ce problème-là. C'est un problème d'être devenue une petite bourgeoise et je ne veux pas devenir une petite bourgeoise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois, si tu faisais un métier qui n'était pas un métier de passion, donc si tu faisais un métier où tu en chiais et que tu n'aimais pas, mais que tu gagnais la même chose, est-ce que tu aurais ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Non, je pense beaucoup moins. Parce qu'en plus, je gagne cet argent, j'ai l'impression de voler, c'est-à-dire que je m'éclate, je m'éclate sur les plateaux et je me dis que c'est un luxe. de pouvoir bien gagner sa vie en faisant un métier qu'on aime. Et je me dis que je n'ai pas le droit, en fait. Je n'ai pas le droit parce que le monde est à feu et à sang. Les gens sont malheureux, ont même plus 100 euros à la fin du mois pour faire bouffer leurs gosses. Et c'est là où je ne suis pas complètement alignée sur le métier, sur ma passion. Ça y est, je suis alignée. Je sais que je suis une comédienne et je sais que j'ai ma place. Mais au niveau de mon train de vie, je ne suis pas du tout alignée. C'est un vrai problème.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que c'est un truc qu'on retrouve souvent dans les métiers passion. Parce qu'on a l'impression qu'on nous a toujours enseigné. C'est bien d'en parler dans la carrière parce qu'on nous a toujours enseigné qu'il fallait en chier pour avoir de l'argent et tout. Et plein de gens qui font un métier passion, qu'ils aiment, qui sont heureux d'aller travailler. S'ils gagnent beaucoup d'argent, ils culpabilisent parce qu'ils font un truc.

  • Speaker #0

    Qu'ils aiment. Et attention, parce que ça, je veux quand même le dire aussi. C'est-à-dire que oui, je fais un métier passion. Oui, c'est un luxe. J'aime mon métier. Mais comédien... s'imaginent que t'as que les strass, les paillettes, qu'on te filme, que tu fais la conne ou le con devant une caméra et que c'est vachement de taf d'être un comédien. C'est beaucoup de pression. Psychologiquement, c'est vachement dur. Moi, il y a des moments... Après, je me réaligne dans mon truc parce que ce serait quand même très culotté de ma part de rester sur ce truc-là. Mais il y a des moments où j'en chie, où je suis fatiguée, où t'es douze heures debout non-stop, on reprend, machin...... surtout pour la télé où ça va vachement vite où tu dois être une machine de guerre et c'est des périodes intenses, surtout que moi je suis dans deux séries en rôle principal et puis t'apprends des textes aussi voilà tu vois donc il y a un vrai travail et ce que les gens ne comprennent pas c'est que souvent moi je me fais emmerder où il y a des gens qui disent oui t'as pas le droit de te plaindre t'es comédienne, tu gagnes plein de fric, donc qu'est-ce que tu viens de plaindre les gars venez sur un plateau mais même jusqu'à ma propre famille où j'avais ma cousine qui me disait, ça va, t'es tranquille, tu gagnes vachement de fric. Qu'est-ce que tu viens me regarder ? Moi, quand mon réveil sonne à 6h, je t'assure que j'ai la boule au ventre, j'ai pas envie d'être à l'étranger. J'ai dit, écoute, moi, ça m'arrive aussi d'avoir la boule au ventre. Elle me dit, ah ouais, t'es gonflée. Viens sur un plateau. Elle est venue sur un plateau, elle a vu le taf que c'était, elle a fait, oh ! C'est ça, c'est ça être comédien. Et les gens ne s'imaginent pas tout le boulot qu'il y a derrière. Et toute la pression de l'image et tout ça. Mais, là où j'ai de la chance... Et là où j'arrive à contrebalancer et me dire, bon Lola, calme-toi, ok, parfois c'est dur, mais c'est que je me lève toujours le matin en me disant, j'aime mon métier et je vais m'éclater. Ce qui n'est pas le cas des personnes en général, tu vois. Et c'est pour ça que j'aurais toujours ce syndrome de l'imposteur qui n'est pas dû encore une fois à mon père et au fait que je m'appelle Devers, mais qui est dû au fait que j'ai de la chance de me lever le matin et d'aller travailler avec... plein d'énergie et plein de bonheur. Et ça, je me sens coupable de ça parce que le monde ne fonctionne pas comme ça aujourd'hui, encore plus aujourd'hui. Et c'est pour ça que je suis tellement engagée politiquement et que je me bats et qu'il y a des gens qui me reprochent, qui me disent Oui, soyez comédienne, vous êtes une bonne comédienne et c'est tout fait. Mais moi, je ne suis pas le bouffon du roi, en fait, les gars. Et justement, je leur explique à ces gens-là, je dis Vous savez, moi, ce n'est pas moi qui vais plus souffrir avec l'argent que je gagne aujourd'hui. Parce que je gagne bien, je suis chez les riches. Alors, je ne suis pas milliardaire, tu vois. Mais aujourd'hui, je suis chez les riches. C'est très confort pour moi. Je pourrais fermer ma gueule et ne jamais aller manifester. Mais moi, aujourd'hui, je me bats pour les gens qui n'arrivent plus à faire bouffer leurs gosses à la fin du mois. Et c'est important. Et je ne suis pas directement concernée. Et c'est là où je... Tu vois, les gens, j'essaie de leur faire comprendre ça. Que justement, le problème aujourd'hui, c'est qu'on est... individualiste.

  • Speaker #1

    Que chacun est sur son ombre.

  • Speaker #0

    Et chacun est sur son ombre. Et quand on me dit, mais ferme ta gueule, sois comédienne et tais-toi, t'as pas le plein, de quoi tu te plains, tu connais pas la vie. Moi, la vie, la merde, je l'ai connue, j'en ai bouffé de la vache enragée. Même si j'ai toujours eu, attention, mes grands-parents, quand j'étais à Découvert, mais il y a aussi une sorte, c'est dur d'aller demander à des gens de sa famille, est-ce que vous pouvez m'aider, je suis à Découvert. Attends, t'as fait mince alors, comment ça se fait ? Ta femme, elle s'alorte, tu devrais décoller, pourquoi on t'aide encore ? C'est vachement dur de demander à combler un découvert quand t'as 34 ans et que putain, t'es toujours pas en train de décoller, tu vois. Bon, donc moi aussi, j'ai eu des moments, donc je sais ce que c'est. J'ai fréquenté tous les milieux et je continue de fréquenter encore des gens qui sont mes meilleurs amis. J'ai jamais quitté mes meilleurs amis. Je fréquente très peu de gens qui sont riches ou qui sont des comédiens connus. Moi, j'ai toujours ma même base d'amis. Et donc, je sais ce que c'est que de galérer. Je suis encore dans le réel. Et je ne veux jamais partir de ce réel. Jamais. C'est pour ça que je suis très engagée politiquement.

  • Speaker #2

    Et tu parlais des amis. C'est un socle qui a été vachement important quand ça a décollé, du coup.

  • Speaker #0

    Ils ont toujours été là. Ils ont toujours été là. Et j'ai toujours été là pour eux aussi. Ça n'a jamais changé. Ça a toujours été mon ciment. Je les ai jamais évincés de ma vie. Ce sont des gens bien. Ce sont des gens qui ont les pieds sur terre. Et je pense que c'est... Et c'est pour ça aussi que j'ai encore les pieds sur terre. C'est ces gens-là qui ont forgé mon caractère aussi. C'est parce que je suis passée par des galères et que j'ai fréquenté ces gens-là. Et ces gens-là, je te dis, qui ne sont pas heureux de se lever le matin et qui sont mes amis pour aller bosser, et j'en ai plein, me rappellent la dureté de la vie, mais aussi la beauté de la vie. Parce que c'est des gens qui continuent de s'entraider, c'est des gens qui continuent de me demander, même si eux galèrent, comment ça va Lola aujourd'hui ? Est-ce que c'est pas trop dur ton métier ? 12 heures debout, sans déconner, sans t'arrêter. Et tu vois, ils me jugent pas et je les juge pas. Et c'est ça qui est beau aussi, c'est ça qui fait que je suis pas déconnectée. J'espère ne pas être déconnectée, ça peut arriver très vite. Dans ce métier, la frontière est très, très, très, très mince. Et donc, j'espère que ces gens-là seront toujours dans mes vies.

  • Speaker #2

    Je pense qu'ils seront encore là.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #0

    C'est des familles de cœur, ça. Avec des vraies valeurs. Donc c'est pour ça que ça ne m'a pas encore fait tourner la tête.

  • Speaker #1

    Et là, c'est quoi du coup l'actu ? Donc c'est deux séries, c'est Mademoiselle Holmes et Astrid et Raphaël.

  • Speaker #0

    Astrid et Raphaël, que je continue. Mademoiselle Holmes, là je suis en train de tourner la saison 2. Et puis après, il y a un 4x52 qui arrive aussi, que je vais tourner après Mademoiselle Holmes, juste avant de redémarrer la saison 6 d'Astrid et Raphaël. Ça bosse.

  • Speaker #2

    Là,

  • Speaker #0

    c'est le planning jusqu'à l'année prochaine. Ah bah non, mais c'est même pas l'année prochaine. C'est-à-dire que là, normalement, si tout va bien, si c'est pas la fin du monde, bien qu'on soit proches. Non, non. Si tout se passe bien, moi je suis bookée jusqu'à... Les cinq ans à venir, là, je suis méga bookée. Encore une fois, si tout se passe bien, ce métier peut nous donner des surprises. Voilà. tu vois par exemple moi je voudrais revenir au théâtre moi j'adore le théâtre c'est ça ma vraie passion c'est le théâtre sur un plateau j'adore ce que je fais mais c'est à dire qu'il faut beaucoup de patience, je suis quelqu'un de très impatient le théâtre c'est one shot c'est ma vraie passion le théâtre et là par exemple on me propose des pièces de théâtre et c'est vraiment la mort dans l'âme que je refuse des projets parce que je suis trop bouclée et tout ça mais après je me dis t'as eu pas de taf pendant très longtemps donc soit heureuse, c'est bien. Mais j'aimerais bien faire du théâtre.

  • Speaker #2

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent, on se dit c'est quoi une team d'actrices ? Donc maintenant, t'as un agent qui n'est plus le même agent qu'au début.

  • Speaker #0

    Non, c'est plus le même agent parce que j'aspirais à autre chose. Moi, j'ai toujours entendu dire, oui, tu sais, si ça ne marche pas, ce n'est pas de la faute de l'agent. C'est comme changer de transat sur un Titanic, ça coulera quand même si ta carrière doit. doit couler ou ne jamais démarrer, elle ne démarrera pas. J'avais besoin, très franchement, Sophie Lemaitre est formidable, formidable. Mais il y a un moment donné, j'avais besoin, ça faisait neuf ans que j'étais chez elle, et j'avais besoin, je voyais que je ne redémarrais pas. Et je sais que ce n'est pas de la faute de mon agence. Je pense à la question de visibilité aussi, où en France, c'est très prétentieux. C'est-à-dire que si tu es dans une petite agence, et on ne peut pas dire que Sophie Lemaitre soit une petite agence pourtant. Mais comme les gens du milieu sont très prétentieux, il faut que tu sois dans une agence qui a pignon sur rue. Donc, il y a 4-5 agences comme ça sur Paris qui brillent beaucoup. Ça ne veut pas dire que tu travailles plus parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir. Ça peut être très dangereux parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir et tu as des Marion Cotillard qui vont te... Vous voulez... Lola, qui ? Devers ? Non, non, on veut Marion Cotillard. En effet, je n'ai jamais passé les castings de Marion Cotillard, certes. Mais en tout cas, j'ai remarqué que depuis que j'ai changé d'agent, pour des raisons personnelles, qui sont les miennes, il y a eu un pic de redémarrage. Je ne me suis plus jamais arrêtée. Est-ce que c'est mon agence ? Est-ce que c'est mon agent ? Est-ce que c'est moi ? Je ne sais pas. Parfois,

  • Speaker #1

    le changement aussi,

  • Speaker #0

    ça change de dynamique. Il y a eu un renouveau et j'avais besoin de ce renouveau. Mais ça a été très, très dur de quitter Sophie Lemaitre. Très, très dur. C'est comme une histoire d'amour où tu ronds avec quelqu'un et c'est un vrai... C'est très violent, quoi. Ça a été très violent.

  • Speaker #2

    C'est un coup de poker, en plus.

  • Speaker #0

    Et c'est un coup de poker. Mais j'avais besoin de ce coup de poker. Je voulais que ça redémarre et pareil. Et j'avais besoin de ce coup de poker. Est-ce que c'est la chance ? On ne saura jamais. Mais en tout cas, moi, ça a été bénéfique.

  • Speaker #2

    Et donc, du coup, tu as ton agent et est-ce que tu as d'autres personnes qui t'aident à gérer ? Ou c'est juste...

  • Speaker #0

    Que mon agent. J'ai toujours refusé d'avoir un attaché de presse. parce que je veux pas moi je suis un électron libre peut-être un peu trop libre ça va peut-être me porter préjudice à un moment ou un autre je sais pas mais en tout cas aujourd'hui je fonctionne comme ça moi ça m'emmerde d'aller faire de la pub pour porter des sacs à main en soirée ou des vêtements et faire la promo d'un truc juste pour des fringues ou des produits de coiffure je veux pas que ça m'enferme dans quelque chose je veux pouvoir continuer à poster ce que j'ai envie de poster sans avoir un espèce de chaperon derrière moi... qui me disent quoi faire, comment faire. Je pense que je suis assez intuitive avec les gens. Je me prends des baves dans la gueule, mais ce n'est pas grave. Et je pense que c'est aussi pour ça que j'ai les pieds sur terre. Parce que moi, je continue, je parle beaucoup avec les gens sur les réseaux. Je suis quelqu'un de très accessible. J'estime que je suis très accessible. Bon, je ne peux pas répondre à tout le monde, mais je reste très accessible sur les réseaux sociaux et je suis sûre que si j'avais un attaché de presse... Il y aura un espèce de truc chaperon, voire de très calculé dans la carrière. Bon, alors là, il faut aller là, de ce côté-là, parce que là, peut-être que tu peux avoir un tremplin pour aller là. Moi, tout ce que je vis aujourd'hui me convient. Ce n'est pas que je n'ai pas d'ambition, j'ai de l'ambition, mais par contre, ça arrivera par moi. Je ne veux pas que ce soit quelqu'un qui me dise où aller pour pouvoir dépasser un truc. Je sais, je sais comment ça fonctionne. Enfin, je crois savoir, je me trompe peut-être. Mais en tout cas, jusqu'ici, je me démerde bien. Je tourne dans des... truc de qualité, je vais au feeling, je suis quelqu'un qui va au feeling. Et d'avoir quelqu'un à rendre des comptes, et surtout d'avoir quelqu'un qui t'appelle quatre fois par jour, où tu es, comment ça se fait, comment on attaque si on fait ça. Non, ce podcast, là, par exemple, j'aurais dû passer par une attachée de presse pour demander si c'était possible que je le fasse. Non, je fais ce que je veux. Et c'est ma liberté. Et j'ai encore cette liberté de pouvoir le faire. Et mon agent me fait hyper confiance, on est sur la même longueur d'onde. j'estime pas trop déconner.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça aussi, je pense que les gens t'aiment aussi, c'est pour ça aussi qu'il y a ce rapport,

  • Speaker #0

    c'est parce que t'es vrai. Et je ne suis pas formatée, et je refuse d'être formatée. Et quand bien même, on a... Pardon, je fume une cigarette électronique, donc du coup ça... Pardon. Voilà.

  • Speaker #1

    Faut pas fumer, c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #0

    Non, cigarette électronique sans nicotine, parce que j'essaie d'arrêter de fumer. Attention. Ah d'accord, très bien. Et justement, je ne veux pas être formatée. Et je pense que c'est ça aussi, c'est ce côté... vrai, si je ne me trompe pas, que les gens apprécient, ou pas, parce que je me suis aussi cassée la gueule sur des trucs, les gens me reprochaient des choses, notamment tout ce qui se passe dans le pays, où je l'ouvre. Oui, je suis vraie, quoi. Mais on ne peut pas dire, parce que souvent on m'a dit que j'étais une comédienne sans filtre, et que c'était génial, parce que j'étais sans filtre. Pas du tout, j'ai beaucoup plus de filtres qu'on ne le pense. Tout ce que je poste est très réfléchi. Par contre, je me rends compte que j'ai... C'est une certaine caste de gens qui me suivent à la télé, sur Astrid et Raphaël, sur TF1. C'est un certain public qui peut être très politisé aussi, disons-le. Et je me rends compte que je me suis heurtée à beaucoup de monde qui m'ont envoyé des messages en me disant Oh là là, vous êtes une super comédienne, mais qu'est-ce que vous nous décevez ? Arrêtez de faire de la politique ! J'ai dit Mais attendez, faire de la politique, c'est pas ça les gars ! Moi, je ne fais pas de propagande. J'essaie d'ouvrir, sans prétention aucune, avec mon petit statut, d'ouvrir les yeux de quelques personnes, notamment quand on a eu peur que le RN passe, tout ça. Ça a été très, très chaud. Et je ne pouvais pas ne pas l'ouvrir.

  • Speaker #1

    Mais après, de toute façon, c'est ça, tu as deux styles de personnes qui suivent. Il y a ceux qui aiment ton travail et qui aiment la personne que tu es, la vraie personne. Et après, il y a ceux qui...

  • Speaker #0

    te mettent sur un pied de l'actrice et donc ne veulent voir que l'actrice et qui ne veulent pas que l'actrice qui regarde, qui leur change les idées, soit politisée et une couleur politique parce que là, ça peut les sortir de tout et je comprends. Mais aujourd'hui, ce que je voudrais faire passer comme message, c'est que le monde va tellement mal, on est tellement à un carrefour. C'est très grave ce qui se passe aujourd'hui, qu'on ne peut pas, nous, personnes publiques, à un moment donné, ne pas prendre parti et ne pas dire les choses. On est d'accord, on n'est pas d'accord. Et c'est pour ça que je reviens à cette caste de gens qui me suivent. C'est que j'ai perdu beaucoup de gens, un certain public. C'est connu, il y a le public d'une chaîne, le public d'une autre, voilà, ça diffère. J'en ai perdu beaucoup et j'en ai rattrapé beaucoup de l'autre côté. Et si mon public, ce sont des gens qui sont racistes, qui n'ont pas d'ouverture d'esprit, qui sont individualistes, qui ne pensent qu'à leur gueule, je ne veux pas de ce public-là. Je ne fais pas ce métier pour n'être qu'une poupée et que je ne suis pas la bouffonne du roi. Donc, je ne fais pas des choses non plus à caractère politique. Mais en tout cas, laissez-moi l'ouvrir quand je veux l'ouvrir. Je suis une personne à part entière. Je ne suis pas là que pour amuser la galerie. Et ça n'empêche pas les gens qui m'écoutent. Si jamais vous m'écoutez, on peut être de droite, on peut être de gauche, mais on peut aussi aimer le métier de comédienne qui n'est pas du tout politisée et accepter qu'à côté, je suis une femme comme une autre et que j'ai le droit d'avoir des idées.

  • Speaker #2

    C'était super.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complet parce qu'on arrive à la fin.

  • Speaker #2

    On était ravies de t'avoir sous notre temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un petit mot de la fin ?

  • Speaker #0

    Tu voudrais nous partager quelque chose que tu n'as pas encore dit ? Je crois que j'ai tout dit. Je crois que j'étais très bavarde. On est dans un contexte, cette petite tente, on a envie de parler avec vous deux, et puis avec vous qui nous écoutez. Et j'espère que le message est bien passé, qu'on soit d'accord ou qu'on ne soit pas d'accord. Et j'espère vous avoir intéressé sur mon petit pan de vie, à ma petite hauteur, avec ma petite vie.

  • Speaker #1

    C'était hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci à ceux qui nous écoutent.

  • Speaker #2

    En tout cas, merci Lola, c'était vraiment génial. Et puis, on se retrouve très bientôt. Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

Description

La flamme de la Carrière: Quand une femme nous livre son parcours.


Sara et Angélica ont reçu Lola Deweare, actrice, pour cette émission exceptionnelle où elle est seule dans la tente.


Elle nous a livré ses moments de doutes, de galères, son rapport au succès et ses prises de position.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:


Lola

« J’ai commencé tard ce métier vers 33 ans ... J’ai fait plein de métiers et je pense que c’est pour ça,  sans prétention, que ça m’aide beaucoup dans mon métier de comédienne.  Je sens que je peux m’adapter à plein de choses du fait que j’ai bien bourlingué avant.”


« L’ombre paternel planait, est-ce que j’allais être la digne fille de mon père? Ça aussi ça pesait un peu. »


« Mon père m’a pas laissé grand chose, il est parti très tôt, il me devait bien de me laisser son nom. »


« J’étais sélectionnée au César, tout le monde s’est dit c’est bon, suis lancée et là, traversée du désert, j’ai dû reprendre un taf dans les assurances. »


« J’ai entendu à l’époque dans des  bureaux de casting, à propos de mon poids, « tu sais Lola faut que tu comprennes que dans le cinéma et la tv, les gens ont besoin de rêver et tu ne fais pas rêver… »


«Là où  j’ai réussi a chopper les gens c’est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire mais dans le bon terme et que les gens se sont enfin identifiés, moi suis foutue comme madame tout le monde. »


« J’ai ce truc  de l’imposteur, je n’accepte toujours pas de bien gagner ma vie et c’est un problème car j’ai honte d’aussi bien gagner ma vie par rapport à beaucoup de gens. Je me dis que c’est un luxe de bien gagner sa vie en faisant un métier qu’on aime. »


« Mes amis ont toujours été là , c’est toujours les mêmes, c’est mon ciment, ils ont les pieds sur terre et ils m’aident à ne pas être déconnectée. »


« Je ne suis pas formatée et je refuse de l’être. »


« Aujourd’hui le monde va tellement mal, on est à un carrefour, on ne peut pas , nous personnes publiques, ne pas prendre parties et ne pas dire les choses. »


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières.

Changement de carrières. Idées. Buisness. Conseils. Entreprises. Entrepreneur.


Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


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Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Alors bonjour, donc on est toujours au mois de septembre, on parle toujours de carrière et on a la chance de recevoir encore pour une émission spéciale, oui on vous adore, on a fait plein d'émissions spéciales au mois de septembre, donc Lola Devers, comédienne. Et j'ai une question, est-ce que ça a toujours été comédienne justement Lola ?

  • Speaker #2

    Eh ben non, non non, j'ai démarré assez tard ce métier et j'ai fait plein plein... plein d'autres métiers bien avant de me lancer dans cette carrière de comédienne. Je crois que j'ai tout fait. J'ai fait nounou, j'ai récuré des chiottes, je me suis occupée de personnes âgées, j'ai sorti des chiens, j'ai été serveuse. Le seul truc que je n'ai pas fait, c'est ouvreuse dans un théâtre. Je crois que c'est la seule chose. Vendeuse fringues. premier taf, boulangerie, c'était un bordel au niveau de la caisse, donc ils m'ont vite virée, parce que je rendais trop d'argent. Je suis très très nulle en calcul mental. Tu es très généreuse en fait. Mais je suis généreuse, c'est pour ça, je n'ai pas compris quoi. Mais oui, j'ai fait plein de métiers, et je pense que c'est pour ça aussi, sans prétention aucune, mais que dans mon travail, ça m'aide beaucoup, maintenant en tant que comédienne, c'est-à-dire que j'ai tellement fréquenté tous les milieux et un tas de métiers. que j'ai une perception assez pointue. Quand on m'offre des rôles, je joue principalement des flics. Ah, tu n'as jamais fait flic ? Je n'ai jamais fait flic, alors ça, dis donc. Mais voilà, en tout cas, je sens que je peux m'adapter à beaucoup de choses de par le fait que j'ai bien bourlingué avant.

  • Speaker #0

    Et jusqu'à quel âge, à peu près ?

  • Speaker #2

    Alors, mon dernier métier, c'est... c'était dans l'immobilier où on vendait des bureaux et j'étais assistante de direction. Et c'était... Waouh ! Je crois que c'était en 2008. Voilà, j'ai arrêté de taffer. J'ai commencé vraiment ma carrière de comédienne en 2009-2010. Donc, c'était mon dernier taf. Normal, on va dire.

  • Speaker #0

    Et à l'époque, tu avais envie d'être comédienne ? C'était quelque chose que tu n'avais pas du tout traversé la tête ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours eu envie d'être comédienne. Seulement, je voyais bien le physique des actrices. Et je me disais que jamais j'y arriverais parce que je n'étais pas faite comme une espèce de caricature d'actrice. Mais très filiforme, très belle, très glamour. J'ai toujours eu du poids en trop. Depuis que j'ai l'âge de 10 ans, je suis en surpoids. poids. Donc, je me disais que je n'étais pas assez belle et en plus certainement pas assez talentueuse. Et pour avoir fait du théâtre quand j'étais jeune au collège, j'avais du mal. Je ne savais pas quoi faire de mon corps. Je ne savais pas comment me bouger sur une scène. J'ai toujours été assez embarrassée par mon corps jusqu'à un certain âge. J'ai été guérie il n'y a pas si longtemps que ça, on peut en parler après. Mais j'ai toujours voulu, mais je n'ai jamais osé. Et puis en plus, L'ombre paternelle qui planait, est-ce que j'allais être la digne fille de mon père, tout ça, ça aussi pesait. Alors, moins que les problèmes physiques, mais c'était quand même un peu là aussi. Mais dans ma famille, quand j'étais petite, j'ai toujours entendu, elle sera comédienne comme son père. Donc, j'avais aussi besoin, moi, de me retrouver et de savoir si c'est parce que je l'avais trop entendu quand j'étais gamine, si c'était du bourrage de crâne ou si c'était vraiment ce que je voulais faire. Je me suis inscrite au cours Florent quand j'avais 17 ans. Et puis, je ne passais jamais sur la scène. J'avais une peur monstre de parler devant les gens. J'avais peur de tout. Je me retrouvais avec des comédiens qui étaient vachement libérés. Pour moi, je les voyais comme des espèces de bitniques. J'avais l'impression d'être une vieille. Et en plus, j'ai toujours été levée jusqu'à l'âge de mes 10 ans. par des grands-parents. Donc, mon éducation, la jeunesse de mon éducation a été faite par des personnes âgées et très intellos, très... Donc, je suis arrivée vraiment avec une mentalité très fermée, donc se lâcher prise, je ne l'avais pas. Donc, c'était complètement lunaire pour moi de me retrouver là-dedans. Donc, ça a été des débuts où oui, je voulais être comédienne, je savais que c'était en moi. Mais quand je voyais tout le taf et ce que c'était vraiment, réellement que d'être comédienne, j'étais persuadée que je n'étais pas capable de ça.

  • Speaker #1

    Et comment tu as créé du coup le Déclic alors, parce que tu étais dans l'immobilier ?

  • Speaker #2

    Alors le Déclic, c'est assez marrant. Le Déclic, je travaille toujours dans cette boîte dans l'immobilier. Et un jour, il y a Laurent Delahousse qui m'appelle et qui me dit, on va faire un... Comment ça s'appelait son émission à l'époque ? Un jour, un destin. Oui. On va faire un jour, un destin sur Patrick Devers. Est-ce qu'on peut t'interviewer ? Je dis oui, OK. Donc, l'émission se fait. Et puis, il y a le chef-op. Ça va paraître très prétentieux ce que je vais dire. Vas-y. Non, mais tu vois, c'est des petites phrases comme ça qui te donnent du beau moqueur. Je vais vous expliquer. Donc, ils installent les lumières, la caméra. Ils disent, c'est quand même dommage que tu ne sois pas comédienne. Tu prends vraiment bien la lumière. Et c'était la première fois qu'on me disait ça. Moi, toute petite, j'ai toujours entendu elle est rigolote elle a pas ça dans sa poche elle est complètement fantastique Mais jamais on m'avait dit que j'étais jolie à la caméra. Jamais j'ai eu ce rôle de jolie fille ou de quelqu'un qui prend bien la lumière.

  • Speaker #1

    Surtout toi, avec ce que tu projetais toi sur ton corps.

  • Speaker #2

    Et surtout ce que je projetais sur mon corps. Donc, cette parole, grâce à cette émission de Laurent Delahousse, ça a été tellement fort que... Les pauvres, je les ai fait vraiment... Deux semaines après, j'ai démissionné de mon taf. Ils n'étaient pas contents. Si jamais ils m'écoutent, je suis encore désolée, mais vraiment, mes excuses. Mais je suis vraiment partie comme une voleuse. Et je me suis dit, je vais être comédienne. Et là, j'ai commencé à démarcher des agents, mais pas en disant que je voulais être comédienne. Parce que j'y croyais un petit peu, mais pas encore tout à fait, malgré cette petite phrase magique. Je suis passée, j'ai un peu fait le snake. J'allais voir les agents en disant, je veux être agent. Jusqu'à ce que je tombe sur mon premier agent, qui me dit, alors je fais le rendez-vous avec elle, donc elle me dit qu'il faut que je retourne, il faut une convention de stage, que machin. Évidemment, moi, je n'ai même pas mon brevet des collèges. J'ai arrêté l'école en troisième, c'était une catastrophe à l'école, donc je n'avais rien. Donc il fallait que je reprenne des cours, tu vois, que je me réinscrive à l'université de Créteil. C'était un bordel pas possible. Donc, je fais ce rendez-vous. Et puis, le lendemain, je rappelle cet agent en disant que c'est compliqué. Convention de stage et tout ça. Je n'ai aucun diplôme. Bref, c'est compliqué. Il va falloir que je reprenne des cours. Et elle me dit...

  • Speaker #0

    En plus, tu avais le village.

  • Speaker #2

    C'est ça. C'est-à-dire que je vais avoir 33 ans. Et cet agent me dit... On va arrêter de tourner autour du pour. On peut parler franchement, toi et moi ? Oui. Qu'est-ce qui va me sortir ? Tu ne veux pas être agent. Tu veux être comédienne. On le sait, toutes les deux. On va arrêter de se mentir. J'ai fait, putain. Elle est... Mais même moi, inconsciemment, j'avais cette demi-conscience. Et en même temps, cette phrase qui m'a foutu une claque, je me suis dit, oui, je veux être comédienne. Elle me dit, tu sais quoi ? Je te prends dans l'agence. Si ça marche, c'est bien. Si j'ai des mauvais retours en casting... On va pas faire du concours et on arrête là. Et j'ai commencé comme ça.

  • Speaker #0

    C'était difficile,

  • Speaker #2

    je savais pas trop en discuter. Sophie Lemaitre, super agent. J'étais vraiment très heureuse de démarrer avec elle. Et il faudrait que je vous raconte mon premier casting. Bah vas-y. Je vais raconter mon premier casting. C'est pas très drôle. Je vais sur-vendre le truc, si ça se trouve ça va tomber à plat. Donc Sophie Lemaitre m'envoie sur ce premier casting. Où je devais faire, c'était, elle m'envoie le pitch du truc, c'était une fille qui avait l'accent du Sud. Donc c'était un truc qui se passait en Provence et je devais prendre l'accent du Sud, d'accord ? Donc j'arrive au casting, le castron me reçoit, machin, et me dit, est-ce que tu veux faire une italienne ? Je fais quoi ? Comment ? Quoi ? Une italienne ? Attends, mon agent m'a dit que je devais faire une fille qui vient du sud de la France. Comment ça, une italienne ? C'est inadmissible. En plus, hyper, tu vois, genre, je ne me démonte pas. Je suis hyper... Non, non, mais c'est pas... Au moins, on ne m'a pas prévenu. Je n'ai pas bossé mon accent italien.

  • Speaker #1

    Alors, pour les auditrices et les auditeurs qui nous écoutent, qui ne sont pas dans le métier, parce que c'est vrai, tout le monde ne le sait pas. Faire une italienne, ça veut dire faire le texte sans y mettre des intentions. Donc, à plat. Et ça se dit à chaque fois, on fait des italiennes avant de commencer pour se mettre le texte en bouche en fait.

  • Speaker #2

    Et les allemandes,

  • Speaker #0

    c'est que les moules.

  • Speaker #2

    Non, mais attendez quoi ? Non, non, non. Si je m'étais sortie d'allemande, je serais tombée de ma chaise. C'est plus dans le théâtre,

  • Speaker #0

    je n'ai rien à dire.

  • Speaker #2

    Voilà, l'italienne. Donc, mon agent de l'an-main me rappelle. Il me dit, bon écoute, ça s'est très bien passé. Il voit que tu as du potentiel. Tu as du potentiel, c'est sûr, mais tu es un peu verte. Il me dit que tu es un peu verte. Alors, il me dit que tu es un peu verte. C'est pareil, qu'est-ce que c'est que ce terme ? Comment ça, je suis un peu verte ? Je suis une espèce de plante, ça veut dire quoi ? Donc, un peu verte, pour les auditeurs, veut dire que trop d'expérience, évidemment. Et puis alors, c'est très drôle. Et elle m'a gardée, Sophie Lemaitre. Donc, force à Sophie Lemaitre, bravo. Je crois qu'un autre agent m'aurait peut-être virée, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En plus, c'est une copine, donc je l'embrasse. Tant qu'à le faire.

  • Speaker #2

    Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des casquings. Est-ce que tu crois qu'à ce moment-là, ton nom te sert ou te dessert ? Est-ce qu'ils ont la curiosité de toi ?

  • Speaker #2

    Est-ce qu'ils te passent le talent ?

  • Speaker #1

    Ils font un rapport ? Comment tu ressens ça ?

  • Speaker #2

    Mon nom me sert beaucoup. Et je savais que ce nom allait me servir. Et avec Sophie Demeître, on l'a savamment pesé. Parce que moi, sur ma carte d'identité, ce n'est pas marqué le la de verre. De verre, déjà pour mon père, un nom d'emprunt. Donc j'ai emprunté le nom d'acteur de mon père, qui est un nom d'acteur et pas un nom... C'est pas sur ma carte d'identité. Donc ça a été savamment pesé avec mon premier agent qui était Sophie Lemaitre. Et on s'est dit, on y va, on fonce. Et en plus, moi, je ne voulais pas qu'il y ait une sorte d'hypocrisie. C'est-à-dire, je suis la fille de mon père, je suis contente. Je ne suis ni la fille de Maurice Papon, ni la fille d'Hitler. On peut être fière. Donc je ne voulais rien cacher, être très transparente. Et en plus, je savais très bien... qu'en prenant mon nom, ça allait aller plus vite. Alors, peut-être pas sur la durée d'une carrière, mais en tout cas, on allait me recevoir plus vite en casting. Curiosité malsaine ou curiosité, simplement curiosité. Et en effet, ça a marché parce que du coup, j'ai eu toutes les portes ouvertes de tous les castings. Tiens, la fille de verre, on va voir ce qu'elle donne la petite. Bon, je crois qu'une Italienne, c'est... Mais bon. Et donc, oui, oui. Et ça, j'ai toujours été très transparente là-dessus. Mon père ne m'a pas laissé beaucoup de choses. Il est parti très tôt et il me devait bien ça. Donc voilà. Et en plus, je suis très fière d'être la fille de mon père.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu l'impression qu'il y avait une plus grosse attente sur toi ? Ou est-ce que les gens étaient trop intérêts avec ça ?

  • Speaker #2

    Non, certainement. Mais par contre, on ne me l'a jamais fait ressentir. Même au niveau des gens, des spectateurs. Ça m'est arrivé d'avoir quelques fois des mauvais commentaires, des choses un peu méchantes, mais c'était quand même plutôt rare et je m'attendais plus à avoir ce genre de choses, de passer par ce truc-là. Et en fait, non. Alors peut-être que les gens se disaient, mais en tout cas, moi, on ne me l'a jamais fait ressentir. Par contre, j'ai bien vu qu'avant de démarrer ma carrière, si vous voulez, j'ai commencé, je me suis lancée vers trop. 33-34 ans, il a fallu un petit bout de temps. C'est-à-dire que tous les castings sur lesquels m'a envoyé Sophie Lemaitre, je ne les avais pas. Je ne les avais pas parce que je manquais d'expérience, parce que je n'avais pas cette expérience que j'ai aujourd'hui. Et d'ailleurs, toutes les expériences de casting, tous les castings valent pour moi toutes les écoles de théâtre ou de cinéma du monde. Mais ça, ce n'est que mon avis personnel. Mais non, non, ça a été... Il a fallu qu'après que je travaille comme tout le monde. Donc oui, ça m'a ouvert les portes. Et ça, c'était bien. Et je n'ai pas galéré parce que je sais qu'aujourd'hui, même pour accéder à un casting des gens qui n'ont pas de nom, c'est très compliqué. Et je sais la chance que j'ai. Et je ne remercierai jamais assez mon père pour ça. D'être la fille de mon père, je le dis très franchement. Après, il a fallu que je fasse un boulot comme tout le monde. que je fasse mes preuves. Mais on ne me l'a jamais vraiment fait ressentir.

  • Speaker #1

    Et arrive donc Mince-Alors, c'est ça ?

  • Speaker #2

    L'explosion. Alors arrive d'abord cette idée de monter une troupe. J'avais été voir des copains jouer dans une petite salle à Paris, je ne me souviens plus laquelle c'était. Et puis je vois ces mecs-là et je me dis j'ai trop envie de faire partie de cette troupe. Donc on commence à monter une troupe et on veut commencer, on commence à monter une pièce de théâtre. On la propose à plein de théâtres, ils n'ont pas la place, ils ne veulent pas, ils n'ont pas le temps, bref, ils ne veulent pas la lire. Et puis, on tombe sur le théâtre du Temple, à l'époque, qui était dirigé par Jacques Daron. Il ne veut pas, machin, donc il éclate complètement la troupe, il propose une autre pièce à mes potes, et puis moi, une autre pièce pour boucher les trous en été, pour une reprise d'une pièce qui s'appelle La Biscotte. Donc, la nana qui avait l'habitude de jouer ce rôle était enceinte, donc ne pouvait pas jouer à cette époque-là. ils avaient deux mois à boucher au Théâtre du Temple. Ils me le proposent, donc je commence sur cette pièce de théâtre. Évidemment, Lola de Verre au théâtre, il y a de la presse à foison, parce que là, par contre, je pense qu'on m'attend au tournant, tu vois. C'est plus la presse, je pense, qui m'attend au tournant. Mais ça n'a jamais été fait avec malveillance, mais c'est sûr, on m'attendait au tournant. Donc je fais cette pièce, et puis comme j'avais beaucoup de prêtres, de presse, Charlotte, entend parler de ça. Elle cherche à l'époque, ça fait quand même un petit bout de temps qu'elle cherchait sa Nina pour mince à l'or. Elle avait proposé Émilie Decaigne. Bref, ça n'allait pas, elle ne trouvait pas le perso et tout ça. Et elle vient me voir un soir au théâtre. Et dans ma loge, elle vient, je la reçois dans ma loge et elle me file le scénario. Elle me dit c'est toi, lis-le. Et ça commence comme ça. Voilà. Donc là, je me dis, putain, c'est lancé. C'est parti. Ça y est, c'est parti. Je fais mon salor. Ça se passe super bien. Un gros carton, le film cartonne.

  • Speaker #1

    T'es sélectionnée au César.

  • Speaker #2

    Je suis sélectionnée au César. Je suis dans les cinq nommés. Pour les Césars, avec Hélia Higelin et puis, je ne sais plus, Alice Delancsin, il me semble. Si je ne m'écorche pas ce nom, pardon. Donc, j'étais quand même dans les cinq. Bon, je ne l'ai pas eu, mais voilà. Donc, quand même...

  • Speaker #0

    Une petite fierté, quand même.

  • Speaker #2

    Une petite fierté. Et puis là, les gens commencent à me dire, oh là là, ça porte malheur d'être dans les Jeunes Espoirs. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Les gens sont fous.

  • Speaker #2

    Ça y est. Non, non, tu vas voir, il est arrivé ça, machin. L'autre, il a eu le César du Jeunes Espoirs. Et puis après, il n'a plus du tout travaillé. Je dis, qu'est-ce que c'est que cette connerie ? Puis ça a commencé à me faire flipper. Je me suis dit, putain, je ne veux pas avoir le César. Je ne veux vraiment pas avoir le César, ça va me porter l'œil. Bon, je n'ai pas eu le César et en fait, ça m'a porté l'œil quand même. Parce que ça a été la traversée du désert, alors que le film avait vachement marché. Et puis, j'ai rien eu derrière, quoi. Rien, tu vois, pas de... Bon, et puis après, ça s'est relancé quelques années plus tard. Mais j'ai eu encore des petites galères. Alors que je pensais que ça allait être lancé, j'étais au théâtre. On proposait un premier long-métrage. Je me suis dit, ça y est, c'est tout fait. J'ai mes grands-parents qui étaient là. Ouais, ça y est, c'est bon. On ne va plus l'aider à compléter ses découvertes. C'est super, c'est génial. Bon, ben non. Voilà. Donc, j'ai dû reprendre un taf. Entre temps ? Ouais, entre temps. Ça, c'est vachement intéressant. Dans une boîte d'assurance.

  • Speaker #0

    Ouais. C'est rare qu'on imagine que quand on a fait un long-métrage au cinéma, on n'a plus de...

  • Speaker #2

    Ah ben... Non, si... Ben voilà, ben non. C'est le dur, ouais. Ouais, c'est ça qui est dur dans ce métier. C'est que tu peux tout avoir d'un coup, après... Il n'y a plus rien, tu ne sais pas pourquoi. Il n'y a pas de recette, il n'y a pas de règle. Tu ne sais pas pourquoi. Ou alors, s'il y a une raison, je ne la connais pas. Et un jour, j'aimerais bien la connaître. Mais ça a été renouveau de la galère. Tous les trois mois, j'allais pleurer dans le bureau de mon agent. Je vais repartir dans l'immobilier. Je vais être boulangère. Je vais ouvrir une boutique de chaussures. Là, patience, patience, patience. Elle me dit, tu viens d'arriver dans ce métier. Ça ne se fait pas comme ça. Oui, mais comment ça ? J'ai été nommée au César. Je ne comprenais rien.

  • Speaker #0

    C'est déboussolant quand même.

  • Speaker #2

    C'est déboussolant. C'est tellement dur, dur, dur. Et puis, il s'est passé un temps. Et après, la télé est venue vers moi. Moi, je me voyais faire une carrière au cinéma, du coup, pour le coup. Et puis, c'est la télé, en fait, qui est venue me chercher.

  • Speaker #1

    Et dans ce petit creux, je reviens juste là-dessus, parce que nous, on se connaît. Du coup, on te fait chier avec ton poids un peu quand même, non ? Parce que Mince à l'or,

  • Speaker #2

    on dit ça avant,

  • Speaker #1

    mais derrière...

  • Speaker #2

    Alors ça, ça a été très problématique. Ça a été problématique déjà sur Mince à l'or. Je vais balancer un peu. J'adore Dominique Bessner. J'adore les producteurs de Mince à l'or. Christine Gauzlan, que j'aime, qui est une sorte de deuxième maman pour moi. Mais du coup, on faisait un film sur les filles, sur les femmes et les hommes qui avaient du poids en trop. voire obèse. Et on m'avait demandé de maigrir pour ce film. Parce que c'est-à-dire, j'avais passé le cast. Donc Charlotte me propose ce truc au théâtre. D'accord ? Je passe des essais un mois après qu'elle m'ait proposé ce rôle. Je me dis, je vais jouer le rôle d'une fille en surpoids. Donc je ne vais pas faire un régime, je ne vais pas regarder ce que je bouffe. Le film se faisait six mois après. En six mois, j'avais pris dix kilos. C'est déranger dans ton rôle. Voilà.

  • Speaker #1

    Actor studio.

  • Speaker #2

    Actor studio, très inconscient quand même, il faut le dire. La prod me revoit six mois après. Mon Dieu, j'avais pris 10 kilos. Toute la prod a follé, mon Dieu. Parce qu'en fait, il y avait les trois personnages, tout ce qui tourne autour de ma salon. J'étais le fil rouge, le fil conducteur. Donc, il y avait la très, très grosse qui était incarnée par Catherine Ousmalin. Il y avait la bimbo qui était incarnée par... Victoria Abril et moi qui étais entre les deux. Donc il fallait pas que... Il fallait que je reste juste ronde, tu vois. Et j'avais vraiment atteint... Là, je rentrais plus dans les costumes. Donc ils m'ont vraiment... J'ai vraiment fait la cure. Ils m'ont envoyée là, à la montagne, faire la cure de mince alors. Et j'ai perdu 9 centimètres de tour de taille en un mois et demi. Je ne bouffais que des rondelles de tomates avec une tranche de viande de grison. C'était l'horreur. J'avais un coach où je faisais 5 heures de sport par jour. Je me souviens, je pleurais toutes les larmes de mon corps dans le métro pour aller voir le coach. Je ne fais pas de sport, il faut le savoir. Je déteste le sport, c'est mal. Il faut faire du sport. Mais je ne suis pas quelqu'un de bien tout le temps. Je fais des choses très, très mal. Je ne fais pas de sport. Alors, pour moi, ça fait du sport 4 heures, 4, 5 heures de sport par jour sur un temps très, très restreint. Mais ça a été un enfer. Donc là, on peut franchement me féliciter pour la préparation de ce rôle. Bravo, Lola. Voilà.

  • Speaker #1

    Et après ?

  • Speaker #2

    Et donc, après, j'ai bien maigri pour ce rôle. Évidemment, quand tu fais un régime très, très… Plastique. Très drastique. Tu reprends le double après, n'est-ce pas ? Moi, ça m'a complètement déréglée. Déjà que j'ai des problèmes à la base, mais là, ça a été foutoir. Et donc, j'ai repris tout ce poids. Et c'est vrai que quand je repassais, je passe en casting, Sophie, le maître m'envoyait sur les castings. Moi, j'ai entendu des casteuses et des casteurs me dire Oh là là, c'est dommage quand même avec un visage pareil Tu sais Lola, je vais te dire un truc, il faut que tu comprennes que le cinéma, la télé, les gens ont besoin de rêver. Et tu ne fais pas rêver. Je te jure, je sortais de là, j'avais l'impression de ne pas passer entre les portes, d'avoir besoin d'une espèce de camion pelleteuse pour me sortir du bureau, d'être un espèce d'énorme truc, tu vois, et quand bien même j'aurais été un énorme truc, déjà je trouvais que ça va entre perdre 10 kilos et avoir 150 kilos de plus. Et quand bien même, même si vous avez vu les 50 kilos de pichon, c'est des trucs vraiment qui aujourd'hui, je pense, ne se diraient plus. Mais c'était encore hier qu'on disait des choses comme ça. Bien sûr. Tu vois, ce n'est pas si loin. Je te parle de ça, c'était une petite dizaine d'années. Donc, on sortait encore ce genre de choses à des comédiennes ou à des comédiens. C'est vachement violent. Donc, il a fallu que je compose avec tout ça. Et puis, ça n'a été qu'un... Ça a gravé mon problème.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais envie de manger ?

  • Speaker #2

    En fait, moi, mes problèmes de poids, ça a toujours été par gourmandise. J'ai toujours comblé un manque par la bouffe. Alors, si on connaît un peu mon histoire, on comprend. Pas eu de papa, pas eu de maman, élevé par des grands-parents. Donc, je comblais émotionnellement un truc. Donc, si en plus, par-dessus ça, tu rajoutes un truc, tu ne pourras pas arriver en tant que comédienne parce que tu es trop grosse. Et en plus, on me disait, il faut choisir. C'est soit t'es grosse et tu fais des rôles de cochonne, de soubrette, parce que ça, on me l'a sorti aussi. Des rôles de cochonne, de soubrette, parce que t'as un joli visage, donc quand même, tu donnes envie. Mais tu vois, t'as des seins, t'as un cul, t'as des cuisses. Donc, soit t'auras que des rôles très sexués, de cochonne et des trucs très légers. Soit tu vas être la comique de service. C'était soit... Tu vois, donc on me foutait dans... J'étais complètement perdue. Et ça, très, très, très violent. Ça a été vraiment des années de violence. Voilà. Et Charlotte, c'est marrant parce que quand je suis sortie, Charlotte de Turquem, quand je suis sortie du film L'Insalor, elle m'a dit, je te parie, toi, que le métier va t'avoir et que tu vas finir par être maigre. Ben, ça n'est jamais arrivé. Voilà. J'ai réussi à contrer, enfin, même pas à contrer, c'était... J'ai jamais... En tout cas, moi, je n'ai jamais... enclencher des régimes pour pouvoir perdre du poids pour faire ce métier. Jamais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que tu as contribué à changer un peu les... entre guillemets, les mentalités ? Parce qu'en plus, pour le coup, tu n'es pas grosse,

  • Speaker #2

    en plus,

  • Speaker #0

    au cas où les auditeurs nous écoutent. Elle n'a pas changé depuis la semaine dernière. C'est toujours la même. Elle n'a pas pris 15 kilos. Elle est toujours aussi magnifique. Mais est-ce que ça...

  • Speaker #2

    Est-ce que j'ai contribué ? Je ne pense pas avoir eu ce... pouvoir. En tout cas, pour un certain public qui ont aimé le film Mince à l'or, il y avait un espèce de truc de Big is beautiful et c'est vachement bien. Et moi, j'expliquais justement quand je faisais toutes les promos du film Mince à l'or, et on y tenait avec Charlotte de Turquem à dire que ce film n'est pas, le message n'est pas Big is beautiful parce que l'obésité c'est un vrai problème de santé. Être ronde de... être en chair, c'est pas être obèse. Et nous, on voulait alerter sur le problème qu'on ne faisait pas de la publicité pour soyez obèse et tout va bien dans la vie Évidemment que quand t'es obèse, il faut être conscient qu'il y a un problème et que ça peut être dangereux pour le cœur, ça peut être dangereux pour les articulations, ça peut être dangereux pour la santé. Nous, ce qu'on voulait faire passer comme message, c'est que il faut perdre du poids pour être bien en... dans son corps et au niveau de sa santé, mais que même avec du poids en trop, on pouvait trouver des astuces. pour être crédible et trouver quand même sa place dans la société. Même si tu as un corps différent. C'est pour ça qu'il y avait aussi le personnage de Victoria Abril dans ce film qui n'avait pas de problème de poids, mais qui était complètement barjot sur ces problèmes de poids qu'elle n'avait pas. Parce que c'est aussi un problème de vision et de perception que tu as par rapport à toi-même. Et c'était plus ça. C'était plus sur le caractère psychologique de la façon dont les gens se voient. Mais jamais. Nous avons dit dans ma salle or, soyez obèses et c'est bien, jamais. Donc quand les gens dans la rue, donc ce public, cette tranche de public-là, venaient me voir et me soutenaient en me disant, oui, ne changez jamais, ne maigrissez jamais, c'est super. Donc oui, je pense que j'ai eu un impact, mais peut-être pas dans le bon sens. Ce n'était pas dans ce message-là que je voulais faire passer ce truc. De là à avoir introduit les femmes en chair. Dans ce métier, je ne pense pas que j'ai eu ce pouvoir. En tout cas,

  • Speaker #0

    tu fais partie, durant ces années-là, tu fais partie d'une des femmes qui a été introduite.

  • Speaker #2

    Mais en tout cas, avec la fille de Balasco, avec Marie Louberry. Et moi, je crois qu'on était les seules à avoir ce physique, avant que Marie Lou ne maigrisse, de femme ronde. Et en effet, c'est là-dessus qu'a joué Sophie Lemaitre. En disant que tu es un physique... quand j'allais chialer dans son bureau tous les trois mois, il me disait Lola, tu as une place à prendre, tu as un physique que personne n'a pour l'instant dans le cinéma et la télé, on va en profiter, c'était pas encore la mode, donc j'ai galéré. Voilà, aujourd'hui, ça n'a plus d'importance.

  • Speaker #1

    Et puis aujourd'hui même, je trouve que t'es hyper suivie aussi parce qu'on dit que le public a besoin de rêver. Non, le public a besoin de s'identifier.

  • Speaker #2

    Évidemment, c'est ce qui a changé entre-temps. C'est que quand les vieux casters, les vieilles directrices de casters, j'appelle ça le vieux monde, Excusez-moi, il y a des gens vieux qui sont très bien, mais vraiment, quand je dis le vieux monde, ce n'est pas forcément par rapport à l'âge, c'est par rapport à une mentalité. Et moi, j'avais remarqué que ceux qui me castaient ou les réalisateurs qui me castaient pour leurs films étaient des gens d'une autre époque. D'accord ? Et qu'aujourd'hui, les mentalités ont changé et que tous ces réalisateurs font... de moins en moins, tu vois par exemple un film pour Blié jamais j'aurais décroché, tu vois le Brut des glaçons par exemple, jamais j'aurais eu un rôle dans un film de Blié, parce qu'il est resté sur ce fantasme des actrices des années 70, toutes fluettes avec une petite voix comme ça, la Miu Miu qui est la mère de ma soeur que je connais bien, mais tu vois avec ces actrices filiformes et en effet je pense que là où j'ai réussi à choper les gens, c'est que je suis une femme qui fait un 42-44, que je suis populaire, mais dans le bon sens du terme, et que les gens se sont enfin identifiés. Et qu'il y a eu un switch par rapport à ça, parce que les gens en avaient marre de ne pas pouvoir s'identifier, de regarder des films, et de ne pas pouvoir s'identifier. Voilà, moi je suis Madame Tout-le-Monde, quoi. Je suis foutue comme tout le monde. J'ai une vie, j'ai eu mille vies, aussi comme tout le monde. J'ai l'impression de parler comme Isabelle Adjani. Je me fais des tartines de rat le matin. comme tout le monde. J'emmène mes enfants au calèche le matin comme tout le monde. Non mais voilà, je pense que ce qui a fait ma force, c'est en effet le fait que je ressemble aux femmes d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et que tu donnes une autre image, parce que c'est vrai qu'on nous a toujours vendu des femmes finiformes. Et puis en plus, ça n'a pas toujours été comme ça, parce que finalement, quand tu regardes Sophia Loren, quand tu regardes Marine Marceau...

  • Speaker #2

    Mais ça a toujours été des modes. Les années, tu vois, dans les années 20-30, on était revenus à de l'ultra minceur.

  • Speaker #0

    D'ultra minceur. Après, il y a eu les années 45-50, où on a eu des Sophia Lorenz, des femmes pas grosses, mais très en forme. On montrait...

  • Speaker #1

    Et Marilyn a fait monter jusqu'au 46.

  • Speaker #0

    Voilà, tu vois. Mais avec des seins... Oui, mais on les avait quand même. Elle avait la tête. De Marilyn. On les étriquait avec des corsets. Donc, c'était encore... Tu vois ? C'était encore là.

  • Speaker #1

    On les cachait.

  • Speaker #0

    Après, on a eu la mode touillis, les années 60, où on est revenu à quelque chose de très androgyne. où c'était les jambes burkines qui marchaient, c'était les tweeds, tu vois. Puis après, ça n'a été que ça, que des modes, grosse mince, grosse mince. Et là, je regrette. Mais parce que là, on a dit, bon ça y est, c'est fini maintenant, les femmes en chair sont reconnues comme des femmes très belles. Et là, on repart. J'ai vu dans les magazines ou dans des sujets de société où on repart dans le sens inverse, où ça y est, les mannequins recommencent à repartir dans la maigreur. Je me dis, mais putain, c'est pas possible. C'est un cycle interminable, ce truc, quoi. Il ne faut pas lâcher, il ne faut pas lâcher parce qu'il faut avoir cette conscience où on peut être différente et on peut être belle. Et il faut arrêter aussi de poser le doigt sur la minceur et la maigreur, sauf quand c'est contre nature, là c'est dangereux. Mais la maigreur peut être beau aussi chez une femme, la minceur peut être beau aussi chez une femme, une fille en chair peut être belle, une fille obèse peut être belle.

  • Speaker #1

    En fait, il faut accepter qu'il y ait plusieurs corps, pas qu'un seul corps.

  • Speaker #0

    Il faut accepter qu'il y ait plusieurs physiques et plusieurs beautés et point, tu vois. Il faut arrêter que cette mono-pensée, c'est la pensée unique, le problème du XXIe siècle.

  • Speaker #2

    Et du coup, ça a été quoi, après, dans ta carrière, le rôle qui a fait en sorte qu'on t'a pris parce que tu étais ronde, justement, pas comme dans Mince-Alors ? Pourquoi on t'a choisi,

  • Speaker #0

    tu penses ? Je pense qu'on m'a pris pour cette espèce de bonhomie, et puis justement, c'est cette popularité qui fait que les prods, les chaînes, les distributeurs se sont rendus compte que j'avais une capitale sympathie beaucoup par rapport à ça, par rapport à l'image. de mon corps que je dégageais, mais qui est aussi, on revient à une chose quelque part discriminatoire, tu vois. C'est-à-dire que du coup, on va la prendre parce qu'elle est grosse. Donc, ça m'a servi, mais on revient encore dans un truc discriminatoire. Moi, je ne veux pas comprendre parce que je suis grosse, c'est parce que je dégage une bonhomie, que tiens, elle ferait une bonne maman. Tiens, elle ferait une bonne fille bien jouasse, elle va nous apporter du bonheur dans la série. Non, enfin, tu vois, on est encore dans un truc, donc tout ça, c'est vraiment le serpent qui se porte la queue. Et c'est encore très compliqué. Aujourd'hui, je pense qu'on me prend parce que je fais des séries à succès et que maintenant, on est dans un autre truc et qu'on me prend parce que, sans prétention aucune encore une fois, on me prend parce que je fais des séries qui marchent. Voilà, donc là, on est sur un autre truc, ce que j'appelle le truc de marchand de tapis, où on va prendre cette comédienne parce qu'on est sûr qu'au niveau de l'audimat, elle a tant de followers et tout ça. Mais évidemment que ça part, la jeunesse de tout ça part. de l'image que j'ai dégagée et de cette popularité que j'ai réamenée dans le monde de la télé ou du cinéma. Oui, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    Et comment on gère une carrière du coup comme la tienne aujourd'hui ? Parce qu'on te voit quand même dans beaucoup de séries télé,

  • Speaker #0

    dans beaucoup d'unités. Putain, on gère, c'est vachement bien. Moi déjà, je laisse mon agent gérer.

  • Speaker #1

    Est-ce que du coup, il n'y a pas un changement de genre, il y a beaucoup de galères et là, d'un coup, il y a beaucoup de choses en même temps ? Est-ce que du coup, des fois, ça te...

  • Speaker #0

    Moi, j'ai toujours, même quand je travaillais avant dans un milieu qui n'avait rien à voir, j'ai toujours été dépassée par les événements. C'est-à-dire, moi, je me noie dans un verre d'eau. Donc là, vous imaginez bien que là, le verre d'eau est immense.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que tu es un peu sale.

  • Speaker #0

    Et je me noie toujours, ça n'a pas changé. Je pars toujours dans tous les sens. Mais en attendant, il y a une plénitude que je n'avais pas avant et une place que j'ai trouvée que je n'avais pas avant, du fait que j'ai fait plein, plein, plein de boulot. Je n'arrivais pas à trouver ma place et tout ça. Et là, aujourd'hui, je sais que ma place, alors on peut ne pas m'aimer comme comédienne, je le conçois. Mais en tout cas, moi, en tant qu'être humain, je sais que je suis à ma place aujourd'hui et c'est la première fois que je le ressens. Donc, en tout cas, aujourd'hui, je suis équilibrée, même si... tout part tout le temps dans tous les sens. Et encore plus maintenant, il y a beaucoup de pression par rapport à l'image, par rapport à la carrière, par rapport à l'angoisse de faire ce métier de comédienne qui est un métier où ça marche très fort et puis ça peut ne plus marcher. C'est ça,

  • Speaker #1

    parce qu'il y a l'angoisse de ne pas avoir de travail et souvent on retrouve l'angoisse de ne plus avoir de travail.

  • Speaker #0

    Et en plus, moi, je suis un vrai panier percé, c'est-à-dire que je ne sais pas gérer ma thune. Et que, en plus, je suis très généreuse avec mes potes et que je fréquente que des gens qui n'ont pas mon niveau de vie, si tu veux. Donc, moi, je passe mon temps à... Tu sais, c'est comme un jeu. J'ai tant d'argent sur mon compte, il faut que je le redistribue. Mais d'ailleurs, c'est ma veine aussi politique et de vie. C'est-à-dire que moi, je suis pour la répartition des richesses et je l'applique déjà à moi-même. Donc, moi, je répartis ma richesse. Et c'est aussi ce... Et ça, je pense que je l'aurais toujours. C'est ce truc d'imposteur que j'ai. C'est-à-dire que je n'accepte toujours pas de bien gagner ma vie. Et c'est toujours un vrai problème. Et je ne me sens pas alignée par rapport aux gens. Voilà, et j'ai toujours honte de bien, bien gagner ma vie. Et c'est pour ça que je passe mon temps à dépenser l'argent, à essayer d'aider au maximum les gens. Et un jour, ça va se retourner contre moi, parce qu'à un moment donné, il faudrait que moi je sache une baraque. Toujours pas de baraque.

  • Speaker #1

    Donc, malgré ton niveau, là, où on se dit assez bon et tout, tu gardes encore ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Je garde ce syndrome de l'imposteur, mais pas par rapport à mon père, pas par rapport au fait. Ça n'a rien à voir. C'est pas du tout l'ombre de mon père, tu vois. que peuvent avoir ces filles et ces filles de comédiens. Je n'ai pas du tout ce problème-là. C'est un problème d'être devenue une petite bourgeoise et je ne veux pas devenir une petite bourgeoise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois, si tu faisais un métier qui n'était pas un métier de passion, donc si tu faisais un métier où tu en chiais et que tu n'aimais pas, mais que tu gagnais la même chose, est-ce que tu aurais ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #0

    Non, je pense beaucoup moins. Parce qu'en plus, je gagne cet argent, j'ai l'impression de voler, c'est-à-dire que je m'éclate, je m'éclate sur les plateaux et je me dis que c'est un luxe. de pouvoir bien gagner sa vie en faisant un métier qu'on aime. Et je me dis que je n'ai pas le droit, en fait. Je n'ai pas le droit parce que le monde est à feu et à sang. Les gens sont malheureux, ont même plus 100 euros à la fin du mois pour faire bouffer leurs gosses. Et c'est là où je ne suis pas complètement alignée sur le métier, sur ma passion. Ça y est, je suis alignée. Je sais que je suis une comédienne et je sais que j'ai ma place. Mais au niveau de mon train de vie, je ne suis pas du tout alignée. C'est un vrai problème.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que c'est un truc qu'on retrouve souvent dans les métiers passion. Parce qu'on a l'impression qu'on nous a toujours enseigné. C'est bien d'en parler dans la carrière parce qu'on nous a toujours enseigné qu'il fallait en chier pour avoir de l'argent et tout. Et plein de gens qui font un métier passion, qu'ils aiment, qui sont heureux d'aller travailler. S'ils gagnent beaucoup d'argent, ils culpabilisent parce qu'ils font un truc.

  • Speaker #0

    Qu'ils aiment. Et attention, parce que ça, je veux quand même le dire aussi. C'est-à-dire que oui, je fais un métier passion. Oui, c'est un luxe. J'aime mon métier. Mais comédien... s'imaginent que t'as que les strass, les paillettes, qu'on te filme, que tu fais la conne ou le con devant une caméra et que c'est vachement de taf d'être un comédien. C'est beaucoup de pression. Psychologiquement, c'est vachement dur. Moi, il y a des moments... Après, je me réaligne dans mon truc parce que ce serait quand même très culotté de ma part de rester sur ce truc-là. Mais il y a des moments où j'en chie, où je suis fatiguée, où t'es douze heures debout non-stop, on reprend, machin...... surtout pour la télé où ça va vachement vite où tu dois être une machine de guerre et c'est des périodes intenses, surtout que moi je suis dans deux séries en rôle principal et puis t'apprends des textes aussi voilà tu vois donc il y a un vrai travail et ce que les gens ne comprennent pas c'est que souvent moi je me fais emmerder où il y a des gens qui disent oui t'as pas le droit de te plaindre t'es comédienne, tu gagnes plein de fric, donc qu'est-ce que tu viens de plaindre les gars venez sur un plateau mais même jusqu'à ma propre famille où j'avais ma cousine qui me disait, ça va, t'es tranquille, tu gagnes vachement de fric. Qu'est-ce que tu viens me regarder ? Moi, quand mon réveil sonne à 6h, je t'assure que j'ai la boule au ventre, j'ai pas envie d'être à l'étranger. J'ai dit, écoute, moi, ça m'arrive aussi d'avoir la boule au ventre. Elle me dit, ah ouais, t'es gonflée. Viens sur un plateau. Elle est venue sur un plateau, elle a vu le taf que c'était, elle a fait, oh ! C'est ça, c'est ça être comédien. Et les gens ne s'imaginent pas tout le boulot qu'il y a derrière. Et toute la pression de l'image et tout ça. Mais, là où j'ai de la chance... Et là où j'arrive à contrebalancer et me dire, bon Lola, calme-toi, ok, parfois c'est dur, mais c'est que je me lève toujours le matin en me disant, j'aime mon métier et je vais m'éclater. Ce qui n'est pas le cas des personnes en général, tu vois. Et c'est pour ça que j'aurais toujours ce syndrome de l'imposteur qui n'est pas dû encore une fois à mon père et au fait que je m'appelle Devers, mais qui est dû au fait que j'ai de la chance de me lever le matin et d'aller travailler avec... plein d'énergie et plein de bonheur. Et ça, je me sens coupable de ça parce que le monde ne fonctionne pas comme ça aujourd'hui, encore plus aujourd'hui. Et c'est pour ça que je suis tellement engagée politiquement et que je me bats et qu'il y a des gens qui me reprochent, qui me disent Oui, soyez comédienne, vous êtes une bonne comédienne et c'est tout fait. Mais moi, je ne suis pas le bouffon du roi, en fait, les gars. Et justement, je leur explique à ces gens-là, je dis Vous savez, moi, ce n'est pas moi qui vais plus souffrir avec l'argent que je gagne aujourd'hui. Parce que je gagne bien, je suis chez les riches. Alors, je ne suis pas milliardaire, tu vois. Mais aujourd'hui, je suis chez les riches. C'est très confort pour moi. Je pourrais fermer ma gueule et ne jamais aller manifester. Mais moi, aujourd'hui, je me bats pour les gens qui n'arrivent plus à faire bouffer leurs gosses à la fin du mois. Et c'est important. Et je ne suis pas directement concernée. Et c'est là où je... Tu vois, les gens, j'essaie de leur faire comprendre ça. Que justement, le problème aujourd'hui, c'est qu'on est... individualiste.

  • Speaker #1

    Que chacun est sur son ombre.

  • Speaker #0

    Et chacun est sur son ombre. Et quand on me dit, mais ferme ta gueule, sois comédienne et tais-toi, t'as pas le plein, de quoi tu te plains, tu connais pas la vie. Moi, la vie, la merde, je l'ai connue, j'en ai bouffé de la vache enragée. Même si j'ai toujours eu, attention, mes grands-parents, quand j'étais à Découvert, mais il y a aussi une sorte, c'est dur d'aller demander à des gens de sa famille, est-ce que vous pouvez m'aider, je suis à Découvert. Attends, t'as fait mince alors, comment ça se fait ? Ta femme, elle s'alorte, tu devrais décoller, pourquoi on t'aide encore ? C'est vachement dur de demander à combler un découvert quand t'as 34 ans et que putain, t'es toujours pas en train de décoller, tu vois. Bon, donc moi aussi, j'ai eu des moments, donc je sais ce que c'est. J'ai fréquenté tous les milieux et je continue de fréquenter encore des gens qui sont mes meilleurs amis. J'ai jamais quitté mes meilleurs amis. Je fréquente très peu de gens qui sont riches ou qui sont des comédiens connus. Moi, j'ai toujours ma même base d'amis. Et donc, je sais ce que c'est que de galérer. Je suis encore dans le réel. Et je ne veux jamais partir de ce réel. Jamais. C'est pour ça que je suis très engagée politiquement.

  • Speaker #2

    Et tu parlais des amis. C'est un socle qui a été vachement important quand ça a décollé, du coup.

  • Speaker #0

    Ils ont toujours été là. Ils ont toujours été là. Et j'ai toujours été là pour eux aussi. Ça n'a jamais changé. Ça a toujours été mon ciment. Je les ai jamais évincés de ma vie. Ce sont des gens bien. Ce sont des gens qui ont les pieds sur terre. Et je pense que c'est... Et c'est pour ça aussi que j'ai encore les pieds sur terre. C'est ces gens-là qui ont forgé mon caractère aussi. C'est parce que je suis passée par des galères et que j'ai fréquenté ces gens-là. Et ces gens-là, je te dis, qui ne sont pas heureux de se lever le matin et qui sont mes amis pour aller bosser, et j'en ai plein, me rappellent la dureté de la vie, mais aussi la beauté de la vie. Parce que c'est des gens qui continuent de s'entraider, c'est des gens qui continuent de me demander, même si eux galèrent, comment ça va Lola aujourd'hui ? Est-ce que c'est pas trop dur ton métier ? 12 heures debout, sans déconner, sans t'arrêter. Et tu vois, ils me jugent pas et je les juge pas. Et c'est ça qui est beau aussi, c'est ça qui fait que je suis pas déconnectée. J'espère ne pas être déconnectée, ça peut arriver très vite. Dans ce métier, la frontière est très, très, très, très mince. Et donc, j'espère que ces gens-là seront toujours dans mes vies.

  • Speaker #2

    Je pense qu'ils seront encore là.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #0

    C'est des familles de cœur, ça. Avec des vraies valeurs. Donc c'est pour ça que ça ne m'a pas encore fait tourner la tête.

  • Speaker #1

    Et là, c'est quoi du coup l'actu ? Donc c'est deux séries, c'est Mademoiselle Holmes et Astrid et Raphaël.

  • Speaker #0

    Astrid et Raphaël, que je continue. Mademoiselle Holmes, là je suis en train de tourner la saison 2. Et puis après, il y a un 4x52 qui arrive aussi, que je vais tourner après Mademoiselle Holmes, juste avant de redémarrer la saison 6 d'Astrid et Raphaël. Ça bosse.

  • Speaker #2

    Là,

  • Speaker #0

    c'est le planning jusqu'à l'année prochaine. Ah bah non, mais c'est même pas l'année prochaine. C'est-à-dire que là, normalement, si tout va bien, si c'est pas la fin du monde, bien qu'on soit proches. Non, non. Si tout se passe bien, moi je suis bookée jusqu'à... Les cinq ans à venir, là, je suis méga bookée. Encore une fois, si tout se passe bien, ce métier peut nous donner des surprises. Voilà. tu vois par exemple moi je voudrais revenir au théâtre moi j'adore le théâtre c'est ça ma vraie passion c'est le théâtre sur un plateau j'adore ce que je fais mais c'est à dire qu'il faut beaucoup de patience, je suis quelqu'un de très impatient le théâtre c'est one shot c'est ma vraie passion le théâtre et là par exemple on me propose des pièces de théâtre et c'est vraiment la mort dans l'âme que je refuse des projets parce que je suis trop bouclée et tout ça mais après je me dis t'as eu pas de taf pendant très longtemps donc soit heureuse, c'est bien. Mais j'aimerais bien faire du théâtre.

  • Speaker #2

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent, on se dit c'est quoi une team d'actrices ? Donc maintenant, t'as un agent qui n'est plus le même agent qu'au début.

  • Speaker #0

    Non, c'est plus le même agent parce que j'aspirais à autre chose. Moi, j'ai toujours entendu dire, oui, tu sais, si ça ne marche pas, ce n'est pas de la faute de l'agent. C'est comme changer de transat sur un Titanic, ça coulera quand même si ta carrière doit. doit couler ou ne jamais démarrer, elle ne démarrera pas. J'avais besoin, très franchement, Sophie Lemaitre est formidable, formidable. Mais il y a un moment donné, j'avais besoin, ça faisait neuf ans que j'étais chez elle, et j'avais besoin, je voyais que je ne redémarrais pas. Et je sais que ce n'est pas de la faute de mon agence. Je pense à la question de visibilité aussi, où en France, c'est très prétentieux. C'est-à-dire que si tu es dans une petite agence, et on ne peut pas dire que Sophie Lemaitre soit une petite agence pourtant. Mais comme les gens du milieu sont très prétentieux, il faut que tu sois dans une agence qui a pignon sur rue. Donc, il y a 4-5 agences comme ça sur Paris qui brillent beaucoup. Ça ne veut pas dire que tu travailles plus parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir. Ça peut être très dangereux parce qu'ils peuvent te mettre dans un tiroir et tu as des Marion Cotillard qui vont te... Vous voulez... Lola, qui ? Devers ? Non, non, on veut Marion Cotillard. En effet, je n'ai jamais passé les castings de Marion Cotillard, certes. Mais en tout cas, j'ai remarqué que depuis que j'ai changé d'agent, pour des raisons personnelles, qui sont les miennes, il y a eu un pic de redémarrage. Je ne me suis plus jamais arrêtée. Est-ce que c'est mon agence ? Est-ce que c'est mon agent ? Est-ce que c'est moi ? Je ne sais pas. Parfois,

  • Speaker #1

    le changement aussi,

  • Speaker #0

    ça change de dynamique. Il y a eu un renouveau et j'avais besoin de ce renouveau. Mais ça a été très, très dur de quitter Sophie Lemaitre. Très, très dur. C'est comme une histoire d'amour où tu ronds avec quelqu'un et c'est un vrai... C'est très violent, quoi. Ça a été très violent.

  • Speaker #2

    C'est un coup de poker, en plus.

  • Speaker #0

    Et c'est un coup de poker. Mais j'avais besoin de ce coup de poker. Je voulais que ça redémarre et pareil. Et j'avais besoin de ce coup de poker. Est-ce que c'est la chance ? On ne saura jamais. Mais en tout cas, moi, ça a été bénéfique.

  • Speaker #2

    Et donc, du coup, tu as ton agent et est-ce que tu as d'autres personnes qui t'aident à gérer ? Ou c'est juste...

  • Speaker #0

    Que mon agent. J'ai toujours refusé d'avoir un attaché de presse. parce que je veux pas moi je suis un électron libre peut-être un peu trop libre ça va peut-être me porter préjudice à un moment ou un autre je sais pas mais en tout cas aujourd'hui je fonctionne comme ça moi ça m'emmerde d'aller faire de la pub pour porter des sacs à main en soirée ou des vêtements et faire la promo d'un truc juste pour des fringues ou des produits de coiffure je veux pas que ça m'enferme dans quelque chose je veux pouvoir continuer à poster ce que j'ai envie de poster sans avoir un espèce de chaperon derrière moi... qui me disent quoi faire, comment faire. Je pense que je suis assez intuitive avec les gens. Je me prends des baves dans la gueule, mais ce n'est pas grave. Et je pense que c'est aussi pour ça que j'ai les pieds sur terre. Parce que moi, je continue, je parle beaucoup avec les gens sur les réseaux. Je suis quelqu'un de très accessible. J'estime que je suis très accessible. Bon, je ne peux pas répondre à tout le monde, mais je reste très accessible sur les réseaux sociaux et je suis sûre que si j'avais un attaché de presse... Il y aura un espèce de truc chaperon, voire de très calculé dans la carrière. Bon, alors là, il faut aller là, de ce côté-là, parce que là, peut-être que tu peux avoir un tremplin pour aller là. Moi, tout ce que je vis aujourd'hui me convient. Ce n'est pas que je n'ai pas d'ambition, j'ai de l'ambition, mais par contre, ça arrivera par moi. Je ne veux pas que ce soit quelqu'un qui me dise où aller pour pouvoir dépasser un truc. Je sais, je sais comment ça fonctionne. Enfin, je crois savoir, je me trompe peut-être. Mais en tout cas, jusqu'ici, je me démerde bien. Je tourne dans des... truc de qualité, je vais au feeling, je suis quelqu'un qui va au feeling. Et d'avoir quelqu'un à rendre des comptes, et surtout d'avoir quelqu'un qui t'appelle quatre fois par jour, où tu es, comment ça se fait, comment on attaque si on fait ça. Non, ce podcast, là, par exemple, j'aurais dû passer par une attachée de presse pour demander si c'était possible que je le fasse. Non, je fais ce que je veux. Et c'est ma liberté. Et j'ai encore cette liberté de pouvoir le faire. Et mon agent me fait hyper confiance, on est sur la même longueur d'onde. j'estime pas trop déconner.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça aussi, je pense que les gens t'aiment aussi, c'est pour ça aussi qu'il y a ce rapport,

  • Speaker #0

    c'est parce que t'es vrai. Et je ne suis pas formatée, et je refuse d'être formatée. Et quand bien même, on a... Pardon, je fume une cigarette électronique, donc du coup ça... Pardon. Voilà.

  • Speaker #1

    Faut pas fumer, c'est pas bon pour la santé.

  • Speaker #0

    Non, cigarette électronique sans nicotine, parce que j'essaie d'arrêter de fumer. Attention. Ah d'accord, très bien. Et justement, je ne veux pas être formatée. Et je pense que c'est ça aussi, c'est ce côté... vrai, si je ne me trompe pas, que les gens apprécient, ou pas, parce que je me suis aussi cassée la gueule sur des trucs, les gens me reprochaient des choses, notamment tout ce qui se passe dans le pays, où je l'ouvre. Oui, je suis vraie, quoi. Mais on ne peut pas dire, parce que souvent on m'a dit que j'étais une comédienne sans filtre, et que c'était génial, parce que j'étais sans filtre. Pas du tout, j'ai beaucoup plus de filtres qu'on ne le pense. Tout ce que je poste est très réfléchi. Par contre, je me rends compte que j'ai... C'est une certaine caste de gens qui me suivent à la télé, sur Astrid et Raphaël, sur TF1. C'est un certain public qui peut être très politisé aussi, disons-le. Et je me rends compte que je me suis heurtée à beaucoup de monde qui m'ont envoyé des messages en me disant Oh là là, vous êtes une super comédienne, mais qu'est-ce que vous nous décevez ? Arrêtez de faire de la politique ! J'ai dit Mais attendez, faire de la politique, c'est pas ça les gars ! Moi, je ne fais pas de propagande. J'essaie d'ouvrir, sans prétention aucune, avec mon petit statut, d'ouvrir les yeux de quelques personnes, notamment quand on a eu peur que le RN passe, tout ça. Ça a été très, très chaud. Et je ne pouvais pas ne pas l'ouvrir.

  • Speaker #1

    Mais après, de toute façon, c'est ça, tu as deux styles de personnes qui suivent. Il y a ceux qui aiment ton travail et qui aiment la personne que tu es, la vraie personne. Et après, il y a ceux qui...

  • Speaker #0

    te mettent sur un pied de l'actrice et donc ne veulent voir que l'actrice et qui ne veulent pas que l'actrice qui regarde, qui leur change les idées, soit politisée et une couleur politique parce que là, ça peut les sortir de tout et je comprends. Mais aujourd'hui, ce que je voudrais faire passer comme message, c'est que le monde va tellement mal, on est tellement à un carrefour. C'est très grave ce qui se passe aujourd'hui, qu'on ne peut pas, nous, personnes publiques, à un moment donné, ne pas prendre parti et ne pas dire les choses. On est d'accord, on n'est pas d'accord. Et c'est pour ça que je reviens à cette caste de gens qui me suivent. C'est que j'ai perdu beaucoup de gens, un certain public. C'est connu, il y a le public d'une chaîne, le public d'une autre, voilà, ça diffère. J'en ai perdu beaucoup et j'en ai rattrapé beaucoup de l'autre côté. Et si mon public, ce sont des gens qui sont racistes, qui n'ont pas d'ouverture d'esprit, qui sont individualistes, qui ne pensent qu'à leur gueule, je ne veux pas de ce public-là. Je ne fais pas ce métier pour n'être qu'une poupée et que je ne suis pas la bouffonne du roi. Donc, je ne fais pas des choses non plus à caractère politique. Mais en tout cas, laissez-moi l'ouvrir quand je veux l'ouvrir. Je suis une personne à part entière. Je ne suis pas là que pour amuser la galerie. Et ça n'empêche pas les gens qui m'écoutent. Si jamais vous m'écoutez, on peut être de droite, on peut être de gauche, mais on peut aussi aimer le métier de comédienne qui n'est pas du tout politisée et accepter qu'à côté, je suis une femme comme une autre et que j'ai le droit d'avoir des idées.

  • Speaker #2

    C'était super.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complet parce qu'on arrive à la fin.

  • Speaker #2

    On était ravies de t'avoir sous notre temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un petit mot de la fin ?

  • Speaker #0

    Tu voudrais nous partager quelque chose que tu n'as pas encore dit ? Je crois que j'ai tout dit. Je crois que j'étais très bavarde. On est dans un contexte, cette petite tente, on a envie de parler avec vous deux, et puis avec vous qui nous écoutez. Et j'espère que le message est bien passé, qu'on soit d'accord ou qu'on ne soit pas d'accord. Et j'espère vous avoir intéressé sur mon petit pan de vie, à ma petite hauteur, avec ma petite vie.

  • Speaker #1

    C'était hyper intéressant.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci à ceux qui nous écoutent.

  • Speaker #2

    En tout cas, merci Lola, c'était vraiment génial. Et puis, on se retrouve très bientôt. Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

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