Speaker #1Bonjour, je m'appelle Camille Soulayrol et j'ai plusieurs métiers, mais je crois qu'ici on va parler de mon métier de cyanotypiste. Je ne sais même pas si le mot existe. Alors quand je dis cyanotypiste, en fait, c'est parce que je pratique le cyanotype et surtout j'ai envie de dire que j'ai relancé le cyanotype. En tout cas en France, je lui ai donné un second souffle avec une formidable associée, Marie Vendittelli. Invincible eté est le nom de notre marque et derrière ce nom se cachent deux passionnés, donc moi et Marie, de redonner vie au cyanotype, qui est une technique ancienne qui était tombée dans l'oubli. Et l'idée, c'était à travers cette société Invincibleté de la partager avec le grand public autour d'ateliers, de livres, d'expériences et ainsi de faire émerger la fantastique histoire tombée dans l'oubli d'Anna Atkin. Le nom Invincible été, c'est imposé comme une évidence. Évidemment, on cherchait un nom et on passait par toutes les idées les plus idiotes, bleu de Prusse, cyanotypiste, enfin voilà. Donc, on cherchait des choses comme ça. Et puis, d'un seul coup, je me souviens très bien, j'étais à la maison dans mon atelier et je repense à une phrase qui est une phrase qui m'a... accompagné toute ma vie, qui est une phrase de Camus, dans Retour à Tipassa, qui dit « C'est au cœur de l'hiver que j'ai découvert que je portais en moi un été invincible. » Alors, un été invincible, j'ai trouvé que cette phrase était dingue. J'ai trouvé le fait de savoir qu'on peut avoir en soi, comme ça, une ressource d'été au cœur de l'hiver, c'est-à-dire une ressource, une réserve de joie de vivre au plus profond du chagrin, j'ai trouvé ça très fort. Et j'ai trouvé que ça à se prêter très bien. au nom d'Invincible Été, parce qu'en fait, tel que je le vis, le cyanotype, c'est quelque chose, c'est une technique qui est très solaire. On est dehors, on profite de la lumière du soleil, on va travailler avec la nature qui est omniprésente, qui est partout au printemps, en été, et on va rincer à grande eau parce qu'il faut beaucoup d'eau pour rincer les cyanotypes. Donc en fait, je me suis dit, avoir un cyanotype chez soi, on le fait en été. On est au cœur de l'hiver, on est en janvier, février, ce qu'on appelle le milieu de l'Atlantique, c'est-à-dire que l'été derrière est très loin, l'été devant est très loin. Et en fait, on a un cyanotype chez soi et l'été est présent. Et on sait qu'il va y avoir un été qui va arriver et on replonge le côté très sensuel de l'été qui est passé. Donc voilà, je trouvais qu'Invincible été, c'était le nom parfait pour cette aventure autour du cyanotype. Alors un cyanotype, c'est une technique photographique. Donc, on parle de photographie. On parle de photographie à une époque où, quand ça a eu lieu, tout le monde cherchait des procédés autour de la photographie. En fait, on ne savait pas si on cherchait de la photographie ou de la reprographie. En tout cas, il faut repartir en 1840. Donc, on est aux prémices de la photo partout en Europe. Mais évidemment, les échanges ne sont pas comme aujourd'hui. Donc, on va dire que les chercheurs travaillent de manière beaucoup plus isolée. Et Herschel, qui est un astronome anglais, fait une recherche et obtient une solution photosensible en mélangeant du féricianure de potassium et du citrate d'ammonium férique. Donc obtenir une solution photosensible, ça veut dire que ce n'est pas un papier photographique, c'est une solution qui va être déposée sur du papier et qui va rendre le papier, on va dire, photographique. Donc le cyanotype, c'est un procédé qui consiste à mélanger du ferricianure de potassium, du citrate d'ammonium férique, de l'eau, et de venir enduire une feuille de papier avec cette solution. à l'abri des UV, parce que photosensible, ça veut dire réaction aux UV. Donc, on prépare cette solution la nuit, on l'applique sur le papier, on fait sécher, on met dans un carton à l'abri de la lumière et le lendemain, une semaine, dix jours après, on attend qu'il y ait un maximum d'UV, on prend sa feuille et on va déposer un objet dessus, donc sa feuille de papier et on peut déposer une feuille végétale ou on peut déposer sa main et on va venir exposer ça en plein soleil. Donc, ce qui va se passer, c'est que la solution photosensible, elle va évidemment réagir à l'action des UV et tout ce qui va être en contact avec les UV va subir une modification. Tout ce qui n'est pas en contact avec les UV n'aura aucun contact avec les UV, donc ne va pas subir de réaction. Ça veut dire quoi ? C'est comme si vous allez à la terrasse d'un café, vous avez des lunettes de soleil, tout votre visage va bronzer, sauf vos yeux, parce qu'en fait, ils sont à l'abri des UV. C'est exactement comme ça. Donc, vous enlevez vos lunettes, vous avez des taches blanches de vous être venu du ski. et le reste du visage est bronzé, le cyanotype, c'est pareil. C'est-à-dire que vous avez déposé une fougère sur le papier que vous avez préparé, vous mettez en plein soleil, la fougère empêche les UV d'être en contact avec le papier, donc vous enlevez la fougère, vous voyez qu'il y a une différence entre le papier qui a été en contact avec les UV et le papier qui n'a pas été en contact avec les UV, et là, incroyable, vous rincez votre papier à l'eau et... la solution qui n'a pas été en contact avec les UV disparaît et tout le reste de la solution qui a été en contact avec les UV se transforme sous vos yeux en 10 secondes en bleu de prusse. Donc c'est un procédé extrêmement rapide, magique et qui nécessite du soleil et de l'eau. Voilà ce qu'est un cyanotype. Dans l'histoire du cyanotype, il y a la technique, bien sûr. Donc c'est cette histoire de Féritianur, de Citrate. c'est l'invention. de cette technique par Herschel. Donc là, on est en 1840 en Angleterre. En 1840 en Angleterre, Herschel, astronome anglais, il y avait également Talbot qui travaillait dessus, se rend compte qu'il arrive à obtenir un système qui lui permet de faire des reprographies. Donc, il pose un marteau, il met au soleil, il enlève et il a la trace du marteau. Lui, il ne nous intéresse pas tellement. Par contre, Herschel, il est dans un cercle de chercheurs anglais et il a un ami. Mais en fait, ce chercheur... ami de Herschel, il a une fille qui s'appelle Anna Atkins. Et Anna Atkins, elle, elle nous intéresse beaucoup. Parce qu'Anna Atkins, elle est botaniste en pleine période victorienne, donc on est en 1840 dans le Kent, en Angleterre, et elle fait des herbiers, comme on en faisait jusqu'à l'arrivée d'Anna Atkins. En fait, elle fait des herbiers classiques, c'est-à-dire qu'elle collecte la flore en Angleterre, elle fait sécher ses feuilles, ses fougères, ses... plantes et elle fait des herbiers classiques qui en vrai ont un vrai problème parce que c'est très très beau mais c'est absolument pas performant dans le temps parce que le végétal est très fragile et s'abîme. Donc ça c'est le vrai souci des herbiers et l'autre souci des herbiers jusqu'à Anna Atkins c'est on va dire les planches botaniques qui sont dessinées, qui sont vraiment une approche scientifique des plantes qui en fait en vrai est une approche pas du tout scientifique parce qu'en fait ça c'est quelque chose que j'ai découvert. L'artiste il met beaucoup beaucoup de sa personne. Donc en fait, c'est si vous faites une vraie histoire des herbiers botaniques illustrés, en vrai, vous partez dans l'imaginaire et vous avez non pas des herbiers scientifiques, mais la plupart du temps, vous avez des œuvres d'artistes qui ont interprété. Donc les herbiers de plantes, c'est super, mais c'est fragile. Les herbiers dessinés, c'est super, mais ce n'est pas toujours fiable. Donc Anna Atkins, c'est une botaniste anglaise, période victorienne, robe à crinoline. Et elle entend évidemment parler, par son père, de l'invention d'Herschel. Et là, elle se dit, mais moi, si j'essayais ça pour mes herbiers. Parce qu'en plus, elle a un souci, enfin un souci, elle a une problématique, c'est qu'Anna Atkins a envie de faire des herbiers d'algues. Et là, c'est quand même très compliqué, parce que faire sécher une fougère, ça va, faire sécher une feuille de ginkgo, c'est enfantin. Faire sécher une algue, c'est très, très compliqué, parce qu'en vrai, soit elle est imbibée d'eau. Et donc ? Elle va, vous allez la mettre entre une feuille de papier journal, et en vrai, l'eau va partir dans le papier, qui va moisir, qui va repartir dans la plante, qui va moisir, qui va repartir dans l'âle, qui va moisir, qui va repartir dans le papier, qui va moisir, donc en fait, tout moisit. Soit en fait, elle arrive à sécher très rapidement, et elle craquelle. Et en fait, en vrai, si on se projette, c'est exactement ce qu'on vit sur une plage. C'est-à-dire que soit on met les pieds, ça fait « scrouch » et on en a plein les orteils, soit on met les pieds et ça fait « scratch » parce qu'en fait, c'est en train de se briser en mille petits morceaux. Donc, Anna Atkins, avec sa problématique de faire des herbiers d'algues, elle se dit que la technique d'Herschel, ce n'est pas idiot. Et donc, elle se rapproche d'Herschel et forcément, comme la petite histoire, c'est toujours… Enfin, plutôt, la grande histoire est toujours liée à la petite histoire. bah oui évidemment qu'elle connaît Herschel, parce qu'Herschel est une connaissance de son père, et qu'en plus, il se trouve qu'Anna Atkins, elle est orpheline, donc elle est quand même un peu dans les basques de son père. Donc elle est quand même très érudite, quoi. Elle est pour cette période victorienne, elle est quand même souvent dans un monde d'hommes et de chercheurs. Et donc, elle apprend à faire des cyanotypes, c'est-à-dire, j'imagine que Herschel lui dit, « Bah vas-y, ma petite Anna, prends du ferricianure de potassium, prends ton citiate d'ammonium féerique, et puis va t'amuser sur les plages en Angleterre. » Puis c'est ce qu'elle fait, en fait. Donc, Anna Atkins, en 1842, elle fait des cyanotypes de plantes. Alors là, on se dit, oui, OK, qu'est-ce qu'il y a d'extraordinaire ? Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que c'était la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'il y avait des photographies de plantes. Et puis, c'était aussi la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'il y avait une femme photographe. Donc, ça fait beaucoup de choses absolument incroyables au sujet d'Anna Atkins. Et puis, Anna Atkins, elle devient, on va dire... pour beaucoup, qu'elle est considérée comme la première femme photographe au monde. C'est certain que les cyanotypes d'Anna Atkins sont parmi, ou peut-être, les premières photographies au monde de plantes où là, on n'est plus dans le fantasme du dessinateur et on n'est plus dans l'herbier qui se dessèche. On est dans un herbier tangible, à échelle, parce que le cyanotype c'est toujours à échelle, c'est-à-dire que vous faites un cyanotype d'une fougère d'un mètre, vous avez un papier d'un mètre. vous faites un cyanotype de persil, vous avez un cyanotype de persil de la taille d'un persil. Anna Atkins, elle se rend compte que c'est dément. Donc, elle fait des herbiers. Et puis, elle ne fait pas que les algues. Bon, son herbier d'algues est dingue, mais elle fait des fouchères. Et puis, elle écrit sur un petit calque, elle écrit le nom de la plante. Donc, elle refait tous ces herbiers classiques qu'elle avait fait avec la flore, la refait en cyanotype. Mais elle fait des photocopies, c'est-à-dire qu'avec un exemple de fougère, elle peut faire 10 cyanotypes. de la même plougère. Et donc, elle fait comme ça des herbiers cyanotypes qu'elle relie et qu'elle envoie à des botanistes du monde entier. Alors, pourquoi je vous dis ça ? Parce qu'en fait, d'abord, c'était quand même assez incroyable qu'elle fasse ce travail-là. Ensuite, quand on voit son travail qui est en train de sortir de l'ombre de plus en plus, on comprend qu'il y avait un travail de botaniste et puis on voit très vite qu'elle est partie dans un délire esthétique, qu'elle fait des couvertures avec de la type. peau, qu'elle mélange des petits brins de fougère, activités créatives, artistiques, voilà. Donc, Anna Atkins, elle fait ses herbiers, elle les envoie dans le monde entier. Ce qui veut dire quoi ? Ce qui veut dire qu'aujourd'hui, les plus grands musées du monde ont des cyanotypes d'Anna Atkins. Vous en avez au RIC Museum, vous en avez à la Publique Vébrée de New York et vous en avez au Jardin des Plantes. Donc, il faut savoir qu'on a la chance en France d'avoir une des plus belles collections d'algues. d'Anna Atkins, qui est gardée à double tour dans la salle, ce qu'on appelle la salle des vélins, au jardin des plants, mais que vous pouvez visiter pendant les journées du patrimoine. Et là, vous rentrez dans une salle et on vous ouvre un tiroir et vous avez les cyanotypes d'algues d'Anna Atkins. Et voilà. Et en fait, pour en faire beaucoup avec Marie, ce qui est très émouvant, c'est que quand on les voit, on sait exactement comment elle a fait, en fait. C'est-à-dire que Merci. entre guillemets, c'est un travail, mais je ne vais pas dire ce mot. En tout cas, c'est une technique qui est très... On est vraiment dans le sensible. On est dehors, on peint, on met au soleil, on rince dans l'eau, on a les mains dans l'eau. Ce n'est pas du tout une approche qu'on fait du bout des doigts. J'ai découvert le cyanotype d'une manière très informelle et très amusante. En fait, j'étais en vacances en Grèce et j'ai un ami qui s'appelle Eric Rille. qui est un artiste moitié américain, moitié norvégien, qui me rejoint sur cette île. Il me dit, j'ai pensé à toi, j'ai amené un truc génial, tu vas voir, on va s'éclater. Et je lui dis, mais qu'est-ce que c'est ? Et là, il me montre de la poudre et je lui dis, mais Eric, qu'est-ce qu'on va faire avec ça ? Il me dit, tu vas voir, c'est génial, on va faire des cyanotypes. Il avait amené le ferré cyanure de potassium, le citrate d'aménium féerique. On s'amuse, on peint des papiers, on récupère des choses sur les plages. Puis tout le monde en fait, les copains, les enfants et tout. puis tout le monde en fait 24h, 48h. Puis après, tout le monde en a marre. Mais pas moi en fait. Pour le faire du cyanotype, il faut du soleil. Mais on est à Paris, on n'est pas en Grèce, et puis le soleil, on n'en a pas tout le temps. Notre priorité, ça va être de trouver une manière de faire du soleil. Je ne suis pas une génération native, mais je suis quand même une génération qui a compris qu'avec Internet, tout est possible. Donc je cherche, je me dis, mais je vais trouver. Je vais acheter ça, peu importe le prix. Mais ça n'existait pas. Je cherchais une machine pour reproduire le soleil, donc une espèce d'insoleuse, ça n'existait pas. Et là, je me dis... Comme je suis un petit peu perché et que surtout, je n'ai pas vraiment le temps de réfléchir, j'ai fait la technique du bourdon. Donc, la technique du bourdon, c'est le bourdon n'est pas fait pour voler, mais comme personne ne lui a dit, il vole. Et c'est vrai. Moi, personne ne m'a dit que c'était impossible. Donc, je me suis dit, on va la construire cette insoleuse. Donc là, j'ai commencé à demander conseil à un très bon ami qui est photographe et qui est un ancien architecte et qui est très, très bricoleur. Je demande conseil à un électricien. Je demande conseil, mais je parlais du scratch. C'est-à-dire que... que je cherche chez des Lumières UV, j'appelle des magasins, des espèces de dépôts en France qui me disent « Oui, vous cherchez des UV, c'est pour les vivariums, vous avez quoi comme serpents ? » Non, ce n'est pas des serpents. Donc, en fait, je démarre from scratch comme quelqu'un qui ne s'est jamais posé la question, qui est nul en électricité, qui est nul en bricolage, qui n'a pas fait d'école d'ingénieur. Donc, je récupère plein d'infos sur des idées, mais personne ne veut me la construire. Je partais en Inde avec des copines et là, je fais un truc de fou, c'est-à-dire que Marie pourra vous en parler et on en rit encore, c'est-à-dire que le mari de Marie, mon associé Philippe, est très très bricoleur. Et donc, je leur dis, on se voit, on faisait un rendez-vous de boulot, tout ça, et je leur dis, écoutez, j'ai une idée, je vais vous donner tout ce que j'ai comme info, le tube UV et puis, bah Philippe, je pense que tu pourras le faire. Et de toute façon, on se donne rendez-vous, je reviens d'Inde. dans 15 jours pour faire le workshop. Donc, on se donne rendez-vous dans 15 jours. Il faut que l'insoleuse soit prête. Et là, je pars en Inde. Et là, Marie et Philippe sont restés consternés, traumatisés et se sont dit, elle est folle, je reviens. Ils avaient construit une immense insoleuse. Personne ne savait si elle marchait. Eric Riel revient de Miami. On fait un immense workshop. J'ai un grand atelier à République. Eric était revenu d'un tournage aux États-Unis. On avait trouvé la chimie chez un chimiste dans un énorme laboratoire de chimie qui avait papillons sur rue et qui était fou de nous accompagner dans l'aventure. On avait commandé des papiers, mais on ne savait même pas si ça allait marcher. Puis surtout, on ne savait pas si la soleuse allait marcher. Donc, on se retrouve, il faisait très beau, mais en fait, on n'osait pas. On avait cette énorme machine, parce qu'on a fabriqué une très grande machine qui était au milieu de l'atelier. On avait préparé toute la nuit des papiers, parce qu'on avait évidemment travaillé dans le noir. Donc, on avait travaillé jusqu'à 2h du matin, fait sécher les papiers dans l'atelier, mis à l'abri les papiers. Et puis, on avait rendez-vous pour insoler et rincer. Et là, en fait, on n'osait pas. C'est-à-dire que personne ne savait si ça allait marcher. Personne ne savait si on avait la bonne chimie. Personne ne savait. On ne connaissait même pas. En fait, cette machine, elle n'existait pas. Donc, en fait, on n'était que dans l'empirique. Donc, on était là. Puis, d'un seul coup, on dit, bon, il faut quand même se lancer. Bon, ben oui, alors on essaye quoi ? bon, on va essayer une palme. Et puis on se dit, on met quoi comme temps ? Je dis, je ne sais pas. Moi, quand j'ai découvert en Grèce, c'était cinq minutes. Bon, on va essayer cinq minutes. On sort une feuille qu'on avait préparée, un grand format. On sort une palme. On installe ça sous l'insoleuse. Puis on attend cinq minutes, mais sans savoir. Si on allait avoir des problèmes de ray de lumière, pas assez d'insolation. Et puis on sort une pièce, on la rince. Et c'était dingue. C'est-à-dire qu'en fait, on a eu ce qui s'appelle la chance du débutant. On a fait un livre chez Marabout, qui a été très vite épuisé. On a fait des ateliers avec le grand public. Et puis surtout, il nous est arrivé une aventure incroyable, c'est qu'en fait, on a trouvé un partenaire pour proposer un kit. Donc en fait, on a créé un kit de cyanotypes. qui n'existait pas en France quand on l'a créé avec Clairefontaine. Et on est à 15 000 kits vendus. Ça veut dire qu'il y a minimum 15 000 personnes qui ont décidé de faire du cyanotype. Un cyanotype, ça passe par toutes les couleurs. En fait, quand vous créez votre solution, généralement, elle est jaune, citron, vert. Quand elle sèche, elle devient un petit peu, on va dire vert émeraude, très dense. quand vous la rincez, elle devient bleu clair et quand elle sèche, elle devient bleu dense, un bleu incroyable qui s'appelle le bleu de Prusse, qui est le bleu du cyanotype. Et ce bleu, en fait, c'est toujours le même, c'est-à-dire qu'un cyanotype C'est bleu de Prusse. Ce bleu à la fois très profond, très lumineux, qui ne ressemble à aucun autre. Alors vous me direz, ben oui, mais moi j'ai vu l'exposition, j'ai vu les œuvres d'Anna Hattin, je suis passée au Jardin des plantes, dans les jardins du patrimoine, ils ne sont pas du tout bleus comme ça, ils sont bleus djinns délavés. Ben je vais vous dire, mais oui, mais ils ont bientôt 200 ans. Si vous faites des herbiers, en fait, vous allez vous faire avoir par la couleur, vous allez vous dire... Non, mais les pavots jaunes, c'est trop beau. Oh non, mais regarde cet élément avec son centre vert et ses pétales violets. Mais en vrai, le cyanotype, c'est du blanc et du bleu. Et après, le cyanotype, c'est la forme et la contreforme. Donc en fait, il faut, si vous avez envie d'en faire, en fait, il faut penser à l'ombre. C'est-à-dire que si vous mettez, par exemple, vous allez vous dire oh là là, ce feuillage, il est magnifique, il a des nervures incroyables. Incroyable, c'est très très beau. Cette feuille de camélia est superbe. Mais une feuille de camélia en cyanotype, c'est une pomme de terre en fait. Si vous faites l'ombre, vous prenez une feuille de camélia et vous cherchez à avoir son ombre avec un rayon de soleil, vous allez avoir une grosse masse. Donc en fait, le cyanotype, ça marche avec... Plus c'est détaillé, plus c'est fin. Plus il y a de pleins et de vides, plus ça fonctionne. Alors, ça veut dire quoi ? La fougère, en fait, vous n'avez que des pleins et des vides. La palme, vous allez avoir des... plein et des vides, mais vous allez avoir des pleins qui peuvent être un peu grossiers. Moi, ce que je préfère dans le cyanotype, c'est les compositions. C'est-à-dire que ce que je trouve magnifique, c'est pas de... Mais c'est parce que, évidemment, la première fois que j'ai fait un cyanotype avec une fougère, j'ai trouvé ça dément et tout, mais ça fait trop longtemps maintenant que je pratique. Donc, moi, ce qui m'intéresse, c'est de créer des bouquets, c'est de mélanger les espèces. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de nous amuser avec les pleins, les vides et évidemment les temps d'insolation. Parce que la particularité d'Invincible été, en fait, c'est que le cyanotype, c'est du blanc et du bleu. Et nous, on s'est amusé à créer des dégradés en jouant sur les temps d'insolation. On sait créer des temps d'insolation, c'est-à-dire que vous commencez à insoler une plante, hop, vous stoppez tout. Si vous êtes dehors, vous mettez un grand drap noir, vous rajoutez une plante sur votre papier. et vous refaites un temps d'insolation. Donc comme ça, on peut jouer sur des gammes de blanc et de bleu. Et donc on peut raconter la profondeur. Et si je devais répondre à la question, quelle est ma plante préférée en cyanotype ? Eh bien, c'est le delphinium que je trouve absolument sublime, dont on obtient parfois, dont on réussit parfois à obtenir la transparence. Donc le coquelicot aussi, c'est magique, parce qu'on obtient parfois la transparence. Il s'est passé une histoire assez amusante. Parce que quand on a commencé avec Marie, en fait, donc on a fait Maisons et Objets, ça a été un gros succès. On a tout de suite été repéré par Le Bon Marché. On a été repéré par Aigle pour faire des collabs en France et en Asie. On a été repéré par Willow & Grove. On a une galerie tout de suite. Et après, ce qui s'est passé, c'est que nous, on pensait qu'on allait vendre des tirages et tout ça. Mais en fait, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé parce qu'après, on a été amené à faire de l'expérience. Donc, on a fait Jardin Jardin. Et Jardins Jardin, on a été repéré aux Tuileries, on a été repéré par le Luxe et on a été repéré par une agence qui fait des événements les plus dingues et on a été embarqué dans des projets fous. On a fait des workshops pour Gucci et après on a fait un workshop de dingue pour Chanel pendant une semaine dans le cadre d'une expo qui s'appelait "La Beauté se cultive" au Muséum d'Histoire Naturelle. Là, je me suis dit, moi j'ai une histoire familiale qui est très liée au Jardin des Plantes et je me suis bien doutée. que j'allais me retrouver avec le directeur du jardin des plantes et compagnie et tout ça. Et je me suis dit, oulala, il faut que je refasse un petit point sur l'arbre généalogique parce que, en fait, moi, j'ai grandi du jardin des plantes, rue Cuvier, dans un hôtel particulier incroyable, parce que je viens d'une famille assez incroyable et célèbre qui s'appelle la famille Brognard et la famille Audouin. Donc Brognard, bien sûr, c'est un architecte très connu. On connaît le palais Brognard, c'est lui qui a construit le père Lachaise en revenant d'un voyage en Italie. On lui a demandé de construire un cimetière, il a dit oui, mais que s'il y a des collines. Et il se trouve que dans la famille Brognard, il y a aussi l'inventeur de la paléo-botanique. Et c'était une famille de botanistes passionnés, qui alléguaient ces herbiers.
Speaker #0au Muséum d'Histoire Naturelle. Donc, en fait, le fait d'avoir cette espèce de workshop pendant une semaine avec tout le staff du Jardin des Plantes m'a fait me replonger dans mon histoire familiale, dont je suis replongée dans cette histoire incroyable, familiale, de botanique, de paléobotanique. Et ce que j'ai trouvé dingue, mais vous allez me dire qu'évidemment, on le sait, c'était vraiment de la psychogénéalogie parce que je n'avais jamais vraiment... Je connaissais très bien le côté brônière architecte, mais je ne connaissais pas du tout le côté. Brognard, botaniste, paléobotanique. En vrai, je me suis dit, mais c'est dingue, parce que j'ai découvert ça il y a 3-4 ans, en fait, en travaillant pour Chanel. Je me suis dit, mais ce qui est fou, c'est que j'ai toujours adoré la botanique, j'ai toujours adoré les herbiers. Et ce qui est encore plus dingue, c'est que je suis la personne la plus impatiente que je connaisse. Et le seul truc que j'arrive à faire en prenant du temps, c'est les herbiers. Il faut être très patient, en fait, pour faire des herbiers, parce que les herbiers, c'est... de ne pas mettre une plante entre deux pages de livre. Ce n'est pas comme ça qu'on fait des herbiers. Ce n'est pas comme ça qu'on fait des beaux herbiers et des vrais herbiers. Et en fait, ce qui est dingue, c'est que j'ai eu un plaisir immense à le faire, que d'un seul coup, j'avais des réserves de patience que je ne me connaissais pas, et que de manière instinctive, j'ai su comment les faire. Ce qui est d'autant plus dingue, c'est que quand je me suis retrouvée, mais de manière très empirique, et j'ai inventé des techniques pour faire des très beaux herbiers. Et quand je me suis retrouvée à Majorelle, dans le jardin incroyable de Majorelle, en compagnie du merveilleux Marc Jeanson et qu'on a travaillé avec ses herbiers et que lui est un botaniste célèbre et que quand il m'a montré comment il faisait ses herbiers, alors là, je vous jure que c'est vrai, j'ai halluciné parce que c'est tout ce que je faisais en fait. C'est-à-dire que d'une manière totalement innée, j'ai réussi à faire des herbiers avec patience et avec la technique d'un botaniste. Donc je me suis dit, bon, d'où j'ai en moi cette passion et cette espèce de savoir-faire Merci. C'est une histoire de famille, c'est-à-dire que oui, je me suis retrouvée en fait à faire des cyanotypes au jardin des plantes, entourée des herbiers qui avaient été légués par mon arrière-arrière-arrière-grand-père, que je suis comme un poisson dans l'eau dans cet univers-là, et qu'il se trouve, et je ne sais pas si c'est vrai, mon nom de famille, donc je m'appelle Camille Soulayrol, et Soulayrol c'est un nom très très rare en France. Et un jour, j'ai rencontré, et quelqu'un m'a dit, ah mais Soulayrol, mais c'est du très vieux français, C'est si... têtes de l'occitan et ça veut dire sous le soleil. Est-ce que c'est pas merveilleux ? Tous les gens qui m'entourent et que j'aime sont passionnés de nature. Et moi, j'avais pas de territoire en commun, en fait, parce que planter, c'est trop long, les mains dans la terre, c'est trop dur. Et en fait, avec le cyanotype, j'ai trouvé comment les rejoindre. Donc en fait, d'un seul coup, à travers le cyanotype, en fait, c'est comme si je pouvais, moi aussi, rentrer dans le jardin. Alors le cyanotype, il n'y a pas d'agrandissement. On n'est pas sur un tirage photographie, on est sur une reprographie. Qui dit quoi ? Qui dit qu'on est toujours à échelle 1 ? Ça veut dire que votre cyanotype, si vous faites une cyanotype d'une branche de persil, vous aurez un cyanotype de la taille de votre persil. Et si vous faites un cyanotype d'une fougère aborescente, vous serez obligé de préparer un papier qui fait la taille de votre fougère, facilement 1 mètre, 1 mètre 20. Donc nous, en fait, avec Marie, avec Invincible été, on a beaucoup d'herbiers. Et on a des herbiers qui sont, on a des tout petits herbiers rangés dans des boîtes magnifiques, des petites merveilles, des deux petites fleurs de rose, des petits pétales, des choses comme ça glanées dans la nature, accumulées des tonnes de livres avec des fleurs, des petits feuillages à l'intérieur. Puis après, on a des herbiers qui font la taille de nos tirages, c'est-à-dire à trois, donc deux feuilles à quatre. Donc là, on peut être sur différentes plantes, sur des petites fougères et tout ça. Puis après, on a des herbiers qui font 56-76. Là, on commence, on peut avoir justement, on peut avoir des branches, des végétaux, des branches d'eucalyptus, des grandes branches de mimosa. Puis après, on a des grands herbiers. Là, on est sur des grands formats, on est sur des formats qui font plus d'un mètre. Donc là, on commence à avoir des très belles pièces. Là, on a des fougères arborescentes. on a. Et tout ça, en fait... C'est dans des immenses cartons à dessin ou dans des petits cartons à dessin et tout est rangé par format. Donc, c'est comme si on avait une bibliothèque en fait. Nos herbiers sont constitués de beaucoup de sources différentes. Donc, on a évidemment tout ce qu'on glane dans la nature. Donc, ça peut être des descentes en forêt pour récupérer des fougères. Parfois, on a des commandes. très particulière. Donc, on travaille, par exemple, on devait trouver du jasmin pour Gucci. Après, on a dû trouver des fleurs de rosier pour Dior. Donc, en fait, on est à chaque fois amené à chercher des plantes. Donc, on passe par des fleuristes. Parfois, on est obligé de se fournir à Rungis. Parfois, on est obligé d'appeler des pépiniéristes. Et en fait, nos herbiers, ils s'enrichissent au fur et à mesure des années et des travaux. Après, pour vous dire la vérité, si vous venez chez moi avec un bouquet de fleurs parce que je vous invite à dîner, ne venez pas le lendemain. Voilà, il va être complètement dépiauté. En fait, c'est tout. Mais ça peut être aussi des fleuristes qui travaillent pour l'événementiel et qui font des projets dingues et qui nous appellent et qui nous disent, par exemple, Marianne Guédin, et qui nous dit, bon, les filles, je sors d'un truc de dingue pour la Fashion Week, je vous mets tout dans un taxi, amusez-vous bien. En fait, le bonheur quand on travaille, c'est d'être immergé dans un lieu, dans un jardin remarquable et d'avoir accès à tout. Et ça, c'est génial parce que d'un seul coup, c'est comme si, je ne sais pas comment vous expliquer quoi, c'est comme si vous étiez un chef pâtissier et vous avez tous les ingrédients à disposition pour faire le gâteau de vos rêves. Pour la petite histoire qui n'est quand même pas inintéressante, il ne faut pas oublier que c'est... cette aventure Invincibilité, c'est une danseuse. C'est-à-dire que moi, mon métier, c'est que je suis rédactrice en chef au Marie-Claire Idées. Marie, mon associée et directrice des publications de Rewards, qui est un des plus grands groupes de presse aujourd'hui. Donc en fait, il y a énormément de choses qu'on aimerait faire et qu'on n'arrive pas à faire. Pour revenir à l'expérience majorelle, alors c'est une histoire très, très drôle. L'histoire, c'est que ça faisait longtemps qu'on me parlait de Marc Janson. Marc Jansson, directeur des herbiers du Jardin des Plantes. Et en fait, on rencontre en effet Marc Jeanson, quand on travaille pour Chanel, où les équipes de Chanel et du Jardin des Plantes viennent me présenter Marc Jeanson, qui venait de quitter le Muséum d'Histoire Naturelle pour devenir le directeur botaniste, botanique, directeur botanique, botaniste, je ne sais pas, du Jardin Majorelle. Évidemment, on se rencontre, on a un espèce de petit coup de cœur comme ça, de se dire derrière la façade un peu chic, un peu, voilà, un peu cérémonial, en fait, en vrai, derrière. Il y a autre chose, des histoires d'énergie comme ça. Et puis, il veut nous faire venir à Majorelle. En vrai, c'est l'après-Covid, donc c'est très long. Et puis, deux ans après ou un an après, Chanel, il nous appelle en disant, les filles, ça y est, je peux vous faire venir. Mais on ne se connaissait pas bien. Et c'est quand même Marc Jansson, directeur des Herbiers, Marc Jansson, directeur du jardin Majorelle, tout ça. Donc, on arrive, poignée de main, chère Camille, chère Marie, bienvenue. On travaillait avec des designers de Casa, super. Caïs et Chahine qui étaient venus bosser avec nous. On avait préparé, on avait envoyé la chimie, on était venu avec des papiers qu'on avait fait envoyer pour avoir des bons papiers, tout ça. Donc, on a tout été prêt et on va faire un grand tour dans le jardin de Majorelle, VIP, bien sûr. On avait accès à tout matin et soir et on fait un tour avec Marc Janson qui me dit, quand même un peu cérémonial, tout ça. Cher Camille, que pensez-vous de cette plante ? Et là, je le regarde, je lui dis ignoble. Il me dit pardon ? Je lui dis ignoble. Il me dit, comment ça ignoble ? J'ai dit ça, ça va être ignoble. Ah bon ? Mais je pensais que ce serait bien. Mais Camille, ma chère Camille, je suis très ennuyée. Je lui dis, ce sera affreux, mon cher Marc Jeanson. Il me dit, on ne m'a jamais parlé comme ça. Je lui dis, ce n'est pas grave, mais on va bien rigoler. Et en fait, on s'est éclaté. Parce qu'en vrai, il y a des gens qui derrière, évidemment, tout ce côté très, on va dire, tous les codes et tout ça. Après, en fonction de l'énergie, si on est sur les mêmes longueurs d'onde, en vrai... On s'amuse beaucoup et ça a été le cas avec Marc Janson qui était aussi professionnel que chaleureux. Et on avait accès à toutes les plantes du jardin. Après, il faut savoir quelque chose que je ne vous ai pas dit. C'est que plus vous voulez avoir un cyanotype, on va dire précis, plus il faut passer par la phase des herbiers. Parce qu'une plante naturelle, d'abord elle va mal se positionner sous la lumière. Elle va avoir beaucoup de bosse, elle va avoir beaucoup de relief. Et qui dit relief dit flou, parce qu'en fait, si vous avez du relief, les UV vont en profiter pour passer en dessous. En fait, comme si vous aviez des lunettes de soleil qui ne sont pas vraiment collées sur votre nez. En fait, les UV vont aller partout où ils peuvent. Et donc, l'épaisseur de la tige, l'épaisseur du feuillage, la superposition des feuillages, si vous travaillez avec quelque chose de frais, en fait, va vous donner un résultat très bordélique et très flou, qui peut être très beau. Et d'ailleurs, vous allez en faire un et vous allez être ravis et fiers. Et vous aurez bien raison parce que c'est aussi comme ça que j'ai démarré. Mais pourquoi je vous dis ça ? Parce que quand on s'est retrouvé à Majorelle, en fait, il y a tout ce qu'on a pu récolter dans le jardin, évidemment. Mais il a fallu aussi travailler à partir des herbiers qu'avait déjà fait Marc Janson, c'est-à-dire de travailler avec des plantes qui avaient été... séché et aplati, trouvez le temps sur place. de faire des herbiers express avec des méthodes express de botanistes que je ne pourrais pas vous révéler parce que c'est des secrets de Marc Janson. Et donc voilà, on a travaillé avec des plantes issues d'herbiers de ces collections, on a travaillé avec des plantes fraîches et on s'est régalé, on a fait plein de formats différents et il y avait évidemment une plante plus belle que les autres dont j'ai oublié le nom. Quand on fait des herbiers, il faut un côté très immédiat. Il faut un vrai espace de travail, il faut pouvoir bien s'étaler pour pouvoir travailler la plante, venir enlever des éléments, enlever des superpositions. Donc il y a beaucoup de travail qui nécessite, et vous ne pouvez même pas faire ça dehors parce qu'en fait il va y avoir du vent. Donc en fait pour préparer des herbiers, c'est vrai que c'est des conditions, les conditions à Majorelle c'était dément parce qu'on avait le jardin et une pièce à côté pour travailler. Évidemment c'est l'idéal. Ou alors, il faut qu'on travaille dans un espace où il y a une serre et où on peut travailler dans la serre. Non, le côté je suis en voiture, je m'arrête et je le fais. En vrai, c'est possible, mais ça se prépare. Donc moi, je le fais, mais ça veut dire que je pars, que je n'ai rien dans le coffre, que j'ai un carton dessin dans le coffre, que j'ai du papier à journal dans le coffre, que j'ai des poids dans le coffre, que j'ai un sécateur dans le coffre, que j'ai un cutter dans le coffre et que je vais pouvoir travailler assez vite au cul de la voiture. mais ça sert à rien de ramasser des fougères dans les bois et de faire son herbier à la maison, une heure après en fait il sera foutu. Je suis devenue pro hein ! Et je te raconte la petite histoire aussi, c'est que quand on a démarré l'aventure, on a tout de suite rencontré les gens du Jardin des Plantes, et dont la conservatrice d'Anna Atkins. Et puis quand on a fait un truc pour Chanel, elle était au Jardin des Plantes, donc elle est venue faire tous les ateliers et tout, et je lui ai dit « Joël, il faut en faire un ! » « Oh non, mais je veux pas vous déranger ! » Non mais j'ai dit Joël, c'est une blague, vous allez en faire, on a tout là. Elle le fait, en fait, j'oublierai jamais parce qu'avec Marie, on l'adore, en fait, elle le fait et ça va très vite, en fait, ça prend dix secondes. Elle le fait, elle est saisie par l'émotion et là, elle nous dit, mais ça a été comme ça pour Anna Atkins ? Et là, on dit Joël, ça a été exactement comme ça. J'en ai la chair de poule et là, elle dit, mais ça fait des années que je conserve ces herbiers, que je trouve ça sublime, mais j'avais jamais vraiment compris, en fait. Comment c'était ? Tu n'es jamais raté. Parce qu'en fait, le cyanotype, tu peux faire un atelier, ça te prend 15 minutes, une heure. Tu ressors, tu as plongé dans l'histoire de la photographie, tu as plongé dans l'histoire de la botanique, tu as plongé dans le destin d'une femme oubliée de l'histoire, tu as plongé dans notre histoire à nous, de deux nanas anti-startupeuses qui se retrouvent à la tête d'une boîte. Tu as fait un tirage unique photographique, tu repars avec un truc... magnifique chez toi, tu sais ce que c'est que le bleu de Prusse, t'as appris à faire des herbiers, t'as appris à regarder la nature autrement,