Speaker #1Je m'appelle Marie-Victoire Winckler et je suis designer. Alors designer, c'est un terme qui peut regrouper effectivement pas mal de facultés. L'étymologie, ça vient du dessin, designer, dessin, et c'est donc quelqu'un qui dessine. Donc ça peut être soit du graphisme, soit designer d'objets, soit designer de mode. Et moi, en l'occurrence, je dessine des objets, des objets pour la maison. J'ai fait aussi des beaux-arts. C'est un petit peu limitrophe. Enfin, ce que je fais, c'est qu'il y a un petit mélange entre des choses assez artistiques et plus des arts appliqués. Moi, je suis passionnée d'artisanat et de tout ce qui est fait à la main. Mon histoire, c'est que j'ai une famille qui est un peu globe-trotteuse. Mes grands-parents ont toujours énormément voyagé. Mes parents ont été élevés aussi. Ma maman, par exemple, elle a grandi au Maroc. Et donc moi, j'ai été baignée dans l'artisanat depuis toute petite. Et donc ce que j'aime, c'est dans la fabrication de l'objet, c'est qu'on puisse sentir la vibration de la main de l'homme. Pour moi, c'est hyper important. Je trouve que des gens qui fabriquent mettent leur âme dans ce qu'ils fabriquent. En tout cas, moi, j'essaie de travailler avec des gens qui vraiment sont très impliqués, qui transmettent en fait une énergie à l'objet. Donc moi, c'est cette énergie-là que j'essaie de capter dans des objets. Donc si je dois définir mon travail, c'est essayer de faire un lien entre des techniques artisanales et moi, toute ma culture de designer, et voir comment mixer les deux. Donc, c'est vraiment, on est à la confiance de l'artisanat et le design classique. Il fait un peu de tout, mais là, ces dernières années, je me suis beaucoup concentrée sur le verre soufflé et la céramique. Et donc, j'ai fait une série d'objets que j'ai intitulé Totem et qui consiste à prendre des bases en verre qui sont plutôt des récipients. Donc au départ, j'avais commencé une collection de vases. Et donc sur ces vases qui sont en verre, des verres texturés qui sont travaillés. En fait, je travaille avec des maîtres verriers qui utilisent des pigments, un peu comme des fils. Et donc on crée une texture qui s'assimilie un peu entre du marbre et du textile. Sur ces contenants, je vais ornementer les contenants avec des céramiques. soit noire, soit blanche, avec trois formes différentes. Et à partir de là, on peut composer, en fait, il y a neuf couleurs et trois types de céramique. Et ensuite, on peut composer un petit peu les objets comme on veut. C'est pour ça que j'ai appelé ça Totem, parce que c'est des empilements d'objets. Ça, c'est un peu le concept. Et après, à partir de là, j'ai développé un certain nombre. Maintenant, je suis beaucoup plus orientée vers la lumière, parce que le vert, évidemment, c'est hyper intéressant. de l'illuminer. Il y a une vibration qui est vraiment très intéressante. J'ai un peu bifurqué vers le luminaire. Aujourd'hui, je travaille énormément les luminaires. Ça peut être des petits luminaires, des petites appliques qui vont faire 12 cm et qui sont très compactes et qu'on peut mettre sur un mur ou même sur un plafond. Ou ça peut être une sculpture qui fait 2 mètres de haut et ça peut être soit des sculptures suspendues, ça peut être des sculptures à terre. Je voulais avoir un objet simple qui soit décoratif dans une maison. Et donc le vase, c'est sûr que c'était un objet qui était assez facile à mettre en place. Après, j'ai eu aussi un flash, c'est-à-dire que quand je suis partie en Tunisie à la recherche d'artisans, à la base, c'était pour rechercher un peu la trace de ma grand-mère qui avait grandi en Tunisie. C'est toute une histoire, mais je menais un peu une double enquête entre moi, mon identité, parce qu'on a toujours été très nomades dans la famille. et l'artisanat. J'ai eu un flash quand j'ai visité des artisans sur place. Ça a été hyper rapide, en fait. J'ai vu cet artisan verrier. À côté de chez lui, il y avait un artisan qui fabriquait de la céramique et ça m'est un peu tombée sur la tête. J'ai dessiné exactement en 30 secondes ma collection, mais je ne mens pas quand je dis que je l'ai dessinée en 30 secondes. Et voilà. Et après, j'ai mis trois ans à la développer. Ça, c'est typique. Et c'était une évidence que je devais faire cet objet, aussi parce que je trouve que c'est un objet qui, dans une maison, peut avoir un certain impact. Ça amène de la couleur. Les fleurs, c'est vrai que c'est quelque chose qui, dans un intérieur, amène de la couleur. Et souvent, on a des intérieurs un peu simples. Et c'est vrai que le simple fait de mettre quelques fleurs illumine tout de suite un espace. Et donc, ça, c'est vrai que c'est quelque chose qui m'intéressait aussi. Alors moi, mon atelier, donc il est rue de Grenelle. J'ai beaucoup de chance parce que c'est vraiment un endroit que j'adore. C'est mon petit nid. Je me souviens que la première fois que je suis rentrée dans la cour de cet immeuble, c'était pour aller voir quelqu'un. Et quand je suis rentrée dans cette cour, je me suis dit que, évidemment, si j'habitais ici, tout irait mieux. J'ai eu cette grande chance d'avoir cette... appartement, qui est donc mon atelier puisque j'y travaille. Et collé à mon atelier, j'ai un arbre qui est assez incroyable parce que c'est l'arbre de tous les oiseaux du quartier. Donc moi, j'ai l'impression d'être un petit oiseau dans mon arbre. Et c'est hyper inspirant. Enfin, c'est... Je prends... Déjà, j'ai l'impression d'habiter à la campagne. C'est un tilleul, un grand tilleul. Il y a... Je vois tous les changements de saison, tous les insectes. En fait, je suis en première ligne. Vraiment, j'habite dans l'arbre. Et c'est complètement exceptionnel. Jamais je n'aurais imaginé qu'il y avait autant d'oiseaux à Paris et autant de races d'oiseaux. Moi, je n'y connais pas grand-chose. J'ai toujours habité dans des villes. Donc, je ne suis pas une spécialiste d'oiseaux ou quoi que ce soit. Mais là, c'est vrai que c'est assez amusant parce qu'il y a un contact direct qui est... ultra inspirant en fait parce que des couleurs il y a toutes les couleurs en fait le bleu le vert c'est assez amusant quoi ça permet de communiquer avec tous ses sens quoi il y a la vue moi en fait ce petit jardin qui est en bas de chez moi je passe ma vie à l'observer à le caresser à collectionner des tout le temps je suis tout le temps en train de ramasser des feuilles parce qu'il y a des feuilles je sais même pas le nom des plantes mais je C'est tellement sublime, j'ai le mets sous mon lit. Ma presse, c'est mon matelas, et j'y mets tout ça sous mon lit. Et j'ai dans l'idée de faire un herbier géant. Donc là, je continue à collectionner, collectionner toutes ces feuilles qui sont toujours avec des couleurs incroyables. Bon, après, quand ça sèche, les couleurs s'évanouissent un peu, mais c'est vrai que c'est hyper intéressant de pouvoir être aussi près de la nature en ville. C'est assez exceptionnel, quoi. Cet arbre, l'arbre qui est devant ma fenêtre, je suis arrivée un matin et les branches étaient coupées. Il y avait un gentil bûcheron tout sourire qui est en train de tuer mon arbre. J'avais les larmes aux yeux, ça a été une tragédie pour moi. Le gentil bûcheron m'a expliqué qu'en fait, tous les 10-15 ans, ils étaient bien obligés d'élaguer. parce que sinon ça pouvait être problématique en fait, parce que les branches, même si c'était l'arbre limite, en avaient besoin pour son équilibre, je ne sais pas quoi, il fallait un peu les laguer. Bon là il avait beaucoup élagué, puisqu'il avait quand même complètement découpé cet arbre, mais il m'a promis, j'aurais craché, que les branches repousseraient au printemps. Donc là nous sommes en mars, je suis les yeux rivés sur chacune des branches pour voir si elles repoussent, voilà. Donc bon après il a fait un temps pourri à Paris donc je sais pas vu qu'il n'y avait pas beaucoup de soleil j'imagine que la nature va mettre un peu de temps à se réenclencher. Il y a plein de petites pousses là je vois. Mais oui, j'attends avec impatience. Il m'a promis que normalement, à l'été, tout devrait être pas aussi important qu'avant, mais que les branches auraient repoussé, qu'il y aurait de nouveau du vert devant moi. Et voilà. Donc, j'attends de voir ça. Mais c'est fou en plus, comme la couleur a une influence aussi, parce que le vert, c'est une couleur qui est extrêmement apaisante. Et le fait d'habiter dans un arbre comme ça, avec le soleil qui... qui passe à travers les feuilles, ça donne une énergie de dingue, en fait. C'est une méditation pour moi, cet arbre. Du coup, quand il a été coupé, c'était compliqué. Mais j'avais mes vases, donc pour remplacer un peu mes vases et mes luminaires, qui me donnaient quand même de la couleur et donc de l'énergie. Mais c'est vrai que ça a été, sur le coup, assez traumatisant. Mon énergie créative, je pense que je l'ai beaucoup puisée dans la nature. Après, moi, j'ai beaucoup travaillé pendant des années. Je n'ai pas du tout fait que du verre et de la céramique. J'ai aussi fait beaucoup de broderie. À l'époque, j'ai travaillé longtemps avec India Madhavi. Je faisais beaucoup de patterns, de motifs pour des tapis, même des tables, des choses comme ça. et c'est vrai que... Souvent, je me suis beaucoup inspirée des couleurs de la nature, des motifs de la nature. J'ai passé beaucoup de temps aussi dans... Je ne sais pas, j'aime bien passer du temps à la maison de la culture du Japon où il y a une bibliothèque, une grosse bibliothèque avec plein de bouquins sur justement des fleurs stylisées. C'est hyper intéressant en fait d'aller fouiller là-dedans. Et ouais, tout ça communique. Et après, dans le dernier projet que j'ai fait, les projets des totems, c'est vrai qu'il y a quelque chose de très organique, puisqu'on a l'impression que ça peut être le fond d'une rivière, je ne sais pas, un ciel. Et d'ailleurs, au moment où mes souffleurs soufflent, je leur dis d'imaginer ça. C'est-à-dire, je leur dis, là, imaginez qu'il y ait des oiseaux qui se battent dans le ciel, n'importe quoi. Mais bon, j'essaye de leur donner une émotion. au moment où ils souffrent pour qu'ils retranscrivent ça. Et c'est vrai que du coup, je pense qu'il y a quand même, il y a un mire, il y a une intention en tout cas. Je suis tellement sensible à tout, au goût, à la dorade. Mes sens sont très, très développés. Et donc, la campagne, ça peut être problématique parfois parce que je suis sursensible aux moindres pollens, à la moindre graine. Donc ça, c'est... effectivement problématique et d'autant plus frustrant que moi, j'ai vraiment besoin de nature, pour le coup. Et mes parents habitent le sud de la France, pas très loin de Saint-Paul-de-Vence, dans un petit village qui s'appelle Tourette-sur-Loup. Et c'est vraiment au creux des montagnes. Et ce qui est génial dans cette maison, c'est une maison de village, mais elle donne sur la mer et sur la côte. Et donc, on voit un peu tout. toute la côte, c'est assez exceptionnel. Et moi, j'ai l'impression d'avoir une perspective et j'en ai cruellement besoin. C'est-à-dire qu'en gros, à chaque vacances scolaires, on y va parce que moi, c'est un endroit qui me ressource complètement et j'ai vraiment besoin d'être devant ce bleu de la mer, le soleil qui se lève et qui se couche, d'être devant les éléments, de comprendre la géographie parce qu'en fait, à Paris, il y a zéro. perspective, enfin, sauf si on est effectivement en haut de, je sais pas, Montmartre ou tout au-dessus de, je sais pas, sur le belvédère de Belleville, que j'aime beaucoup d'ailleurs, parce que c'est vrai que c'est chouette d'avoir un peu de perspective, mais c'est quand même pas si évident de comprendre la géographie quand on est dans une ville. Et donc moi, je trouve essentiel de pouvoir se reconnecter et comprendre qu'on est sur une planète, quoi. C'est quand même... Et cette maison-là qu'on a dans le sud me permet de faire ça. Je vois la mer, mais de loin. Donc moi, ce que j'aime, c'est là, on est dans l'arrière-pays niçois. Donc ce que j'aime, c'est me balader. Je fais énormément de randonnées. Je vais beaucoup dans le Mercantour. Par exemple, chaque été, je me fais au moins une ou deux nuits dans un refuge. Je me fais des grosses marches. Parfois, je peux faire des marches de 9 heures, prendre une tente et me réveiller au milieu des bouquetins. Pour moi, ça, c'est le summum du luxe. entre une nuit dans un hôtel 5 étoiles et me réveiller au milieu des bouquetins à la levée du soleil et aller me plonger dans un lac glacé moi je suis contente de faire ça en fait je sais que ça paraît complètement bizarre mais Pour moi, mon vrai luxe, c'est ça. C'est de me réveiller au milieu de bestioles qui me regardent en tournant un peu la tête. Mais bon, peut-être que si je faisais ça tous les jours, j'en aurais marre et je préférais aller dans un hôtel 5 étoiles, probablement. Mais en tout cas, c'est quelque chose dont j'ai vraiment besoin et que j'adore faire. Et l'été, je fais souvent ça. Parce qu'en plus, l'été, il fait écrasant de chaleur, surtout sur la côte d'Azur. Donc moi, je vais souvent me réfugier. dans les refuges, dans le Mercantour, qui est donc ce parc naturel qui a une heure et demie de chez mes parents. Et c'est toujours hyper intéressant. Puis tout est en fait matière à observation en plus. Je trouve parce que moi qui suis énorme fan de Pattern, on m'a souvent motif. On m'a souvent appelée Miss Pattern. Quand je travaillais en Italie chez Patrice Urquiola, j'étais la personne en charge de tous les motifs. donc c'est moi qui faisais souvent les motifs etc. Et en fait je trouve que dans la nature c'est une source d'inspiration infinie et donc moi je passe mon temps à photographier les choses à regarder de la mousse pendant trois heures avec le petit champignon qui passe dessus tout est hyper, tout ce qui est organique surtout aujourd'hui en fait je trouve que dans la déco ça revient énormément ... Mais c'est fou parce qu'en fait, on se dit que c'est dingue comme la nature est elle-même équilibrée et elle trouve elle-même ses patterns, ses motifs. Et tout est logique, équilibré. C'est effectivement une source d'inspiration infinie. Et donc, la mer, j'y vais de temps en temps, mais finalement, moi, je suis plus montagne et je vais me baigner dans les lacs de montagne. Ou il y a des très belles sources qui sont juste à côté de chez mes parents. C'est des sources froides, c'est des rivières, je ne sais pas, elles doivent être à 15 degrés. Et voilà, mais enfin, on s'habitue. Il paraît que c'est très bon pour la circulation. Moi, je vais plutôt me baigner là. Là, j'ai découvert récemment la Bretagne et une mer qui était beaucoup plus déchaînée que ma mer méditerranée, que j'aime beaucoup, parce que moi, je suis vraiment une méditerranéenne quand même. C'est sûr, de par ma famille. La Tunisie, le Maroc, le sud de la France, je suis très méditerranéenne, même je pense que physiquement je suis très méditerranéenne. En tout cas, j'ai découvert la Bretagne et j'ai découvert quelque chose qui m'a beaucoup touchée, c'est la force du vent sur les pierres. Ça aussi, c'est assez fascinant en fait, quand on est à Belle-Île ou à Lille-Dieu ou toutes ces îles-là, il y a énormément de vent. Ça se sent, ça s'imprègne dans les pierres. pierres en fait les pierres on a l'impression qu'elles suivent ce vent extrêmement fort et ça c'est vrai que je trouve ça sublime j'ai un frère qui est parti avec ma belle soeur vivre en nouvelle calédonie et là je dois dire que la nouvelle calédonie c'est un espèce de terrain de jeu incroyable c'est à dire qu'il n'y a pas tellement de monuments mais il y a des arbres et il y a des plantes et ça c'est dingue en fait les arbres et les plantes c'est leur monument et Nous, on a l'art, la tour Eiffel, l'arc de Triomphe. Eux, ils ont des arbres millénaires complètement fous qui font, je ne sais pas, les racines, on dirait les serpents. Il y a des fougères qui sont tellement grandes qu'on a l'impression d'être une fourmi. Il y a des couleurs complètement dingues. Et tout est endémique, quasiment, à 90%. Donc, c'est que des choses qu'on n'a jamais vues, quasiment. Et ça aussi, c'est complètement fascinant. Par exemple, ça, j'ai énormément... énormément photographiées là-bas. On ne peut pas faire autrement, en fait. C'est comme photographier la Tour Eiffel. Sauf qu'on fait ça avec des plantes. Et après, effectivement, moi, j'ai souvent décalqué les plantes pour en faire ensuite des motifs. Voilà, ça a été clairement des sources d'inspiration. Mon processus créatif, il est assez systématique. Dans le sens que, comme je pars de la fabrication à la main, ce qui me pousse à créer, c'est juste pousser la porte d'un atelier, voir le trésor qu'il y a entre les mains d'un artisan qui va produire quelque chose. Et moi, en fait, par la suite, je vais rebondir sur cette façon de fabriquer et proposer un objet à partir d'une technique. Mais c'est vrai qu'il y a... énormément de designers qui fonctionnent de manière opposée, c'est-à-dire ils vont voir un objet dans leur tête ou dessiner quelque chose, ils veulent dessiner une table, je sais pas quoi. Ensuite, essayer de trouver une matière ou quelque chose qui va servir à exploiter leur idée. Moi, je fais exactement le contraire. C'est-à-dire que je suis incapable d'inventer Je les admire pour arriver à faire ça. Moi, je ne sais pas du tout faire ça. Moi, je pars d'une technique, je regarde ce qui est possible de faire et ensuite me vient un objet, mais jamais le contraire. Donc ça, c'est ça mon processus créatif. Je passe beaucoup de temps à aller voir des expos, voir des expos d'art contemporain. Je suis assez passionnée aussi de mode, de textile, parce que je trouve aussi qu'il y a des couleurs qui sont incroyables. Donc moi, mes sources d'inspiration, elles sont vraiment là. je trouve hyper intéressant d'aller se balader dans l'ancienne FIAC maintenant c'est Art Basel bon bref on ne comprend plus rien mais les foires d'art contemporain moi à chaque fois je trouve ça ultra inspirant les couleurs qu'ils vont choisir on se rend compte en fin de milliards de choses, quelle est la forme on peut arriver à isoler une forme et se dire ah oui cette forme là elle est très intéressante, tiens je verrais bien un objet avec cette forme là enfin je trouve ça très inspirant quoi au sol copier, mais disons que oui, ça peut être soit la nature, soit l'art contemporain, soit on s'inspire toujours de quelque chose d'une certaine manière. Après, il y a des gens peut-être qui arrivent à faire tout complètement de manière détachée, mais moi je trouve que oui, on est quand même toujours un peu inspiré par ce qui nous entoure. Moi, je suis quelqu'un d'extrêmement intuitive et je vais regarder les choses dans leur globalité. Donc, ça peut être plein de choses, mais c'est... justement dans une foire, il y a des milliers d'artistes. Je ne vais même pas regarder leurs noms en fait. Je vais juste regarder une couleur qu'ils ont utilisée. Je vais essayer de... Je m'abstrais complètement de tout ça. Je pense que ça doit être mon côté un peu dyslexique aussi. Moi, je n'imprime pas du tout les noms. C'est plus de l'intuition. C'est venir chercher les différents éléments comme ils se présentent devant moi. Quand j'étais enfant, j'ai un papa qui était très randonné. Et donc, on m'a toujours, depuis notre village de la France, on s'est toujours fait des méga randos. En gros, on faisait une rando par jour. C'était le quotidien, quoi. En gros, le matin, on était un peu libre. Souvent, on avait un endroit, enfin, on a toujours d'ailleurs un endroit qu'on appelle les volcans. Ça ressemble à de la lave, en fait, de volcan. C'est une espèce de pierre qui ressemble à de la pierre volcanique dans laquelle sont incrustés des fossiles de coquillages. Donc ça, moi, mon grand plaisir petit, c'était le matin, on allait au volcan avec mes frères et on allait, on essayait de trouver des fossiles. Après, bon, moi, il faut savoir que j'ai quatre frères. un peut-être brûlé. On était assez indépendants aussi. On se débrouillait pas mal tout seul. Mon grand frère, Edouard, son énorme plaisir, c'était d'aller chercher des scorpions. Donc on passait énormément de temps à soulever les pierres et à récolter des scorpions. On faisait beaucoup ça aussi quand on était au Maroc parce que l'été, on était au Maroc puisque mes grands-parents habitaient là-bas. Mon grand-père était raffineur de laine au Maroc. Ils y ont habité pendant 40 ans là-bas. Raison pour laquelle ma maman a grandi au Maroc. Tous les étés aussi, on passait énormément de temps à chercher des insectes. On avait une grande passion aussi pour les caméléons. J'ai des grands-parents qui jouaient au golf. On était dans un golf à Rabat qui s'appelait le golf de Dar es Salaam où on passait le plus clair de notre temps à aller chercher des bestioles. Et ça, c'était vraiment le bonheur. Et les caméléons, on trouvait ça tellement drôle parce qu'on les mettait sur un truc rouge, ils devenaient rouges. C'était hyper drôle. Et parfois, on les ramenait chez nous et on les paumait dans la maison. Mais comme c'était des caméléons, on mettait trois jours à les retrouver parce qu'ils prenaient la couleur de là où ils étaient. Donc, je me souviens de rideaux de ma grand-mère avec des grandes fleurs, justement, un peu rouges et vertes. Donc on cherchait ce pauvre caméléon qu'on avait perdu depuis trois jours. On parcourait toute la maison pour essayer de comprendre et on a fini par le retrouver dans les rideaux. Alors moi, j'ai toujours adoré mettre des plantes où je peux. Là, en étant au Portugal. Alors c'est marrant parce que les Portugais, ils ont énormément... En fait, même si on va à Lisbonne, Lisbonne c'est quand même une grande ville. On va chez n'importe quel... Enfin, même dans les supermarchés, limite, ils vont vendre, je ne sais pas, des choux à planter. En fait, les choux vont pousser. Et les choux, on les achète, ils font 20 centimètres de haut. Et ils poussent et ils font 2 mètres de haut. Et les gens s'en servent pour se faire des grandes soupes. Par exemple, dernièrement, j'étais chez mon frère au Portugal, qui a maintenant une maison à Caparica. Et il a un petit lot peinteur. Et là, on a planté à gogo plein de trucs. C'était génial. Et je sais qu'un chou, en gros, ça met, pour faire 2 mètres, pour passer de 20 centimètres à 2 mètres, bon, après, ça dépend quel chou, mais ça met à peu près 5-6 mois. C'est pas énorme, quand même. Et après, avec le chou, on peut manger pendant tout l'hiver sur le chou, quoi. Donc, c'est quand même pas mal. Ils sont vraiment énormes. C'est fait comme un arbre, en fait. C'est assez extraordinaire. Et donc, oui, là, moi, j'adore la permaculture. Je commence à bien aimer. J'ai un ami aussi qui a la chance d'avoir une maison pas très loin de Reims, à une heure et demie de Paris. Et ça me fascine, en fait. Il plante plein de trucs. Alors du coup, quand on va chez lui, on s'y colle aussi et c'est hyper amusant. Ça devient un truc de plus en plus... Il y a un côté très jouissif à planter ses propres semences et manger la récolte de ce qu'on a planté. Et j'avoue que quand on se fait des soupes avec les carottes qu'on a plantées quelques mois auparavant, c'est génial. On a l'impression que c'est encore meilleur. J'ai plein de petites plantes. Puis je mets quelques plantes aromatiques aussi. Parce que comme j'aime beaucoup cuisiner, j'aime bien avoir mon laurier, enfin toutes les petites plantes dont on a besoin. Ce qui est génial aussi dans mon jardin, rue de Grenelle, c'est qu'il y a beaucoup de terre. Par exemple, là j'ai planté de la sauge il y a peut-être trois ans. C'était un tout petit minuscule... pot qui devait faire 10 cm. Et maintenant, c'est devenu un buisson énorme. Et la sauge, moi, je me fais plein de tisane avec la sauge et c'est délicieux. On les met dans le poisson, dans ce qu'on veut. Et ouais, moi, j'adore. J'aime bien pouvoir planter des trucs aussi que je mange après. Ça a plein de vertus, la sauge. C'est apaisant. C'est très bien quand on... Pour les femmes ménopausées, qui sont en ménopause, ça abaisse les bouffées de chaleur. Il y a plein de vertus. Et puis, le laurier, le romarin. J'ai eu plein de choses. J'ai eu de l'aloe vera, c'est génial aussi quand on veut guérir un petit bobo, ou même se le mettre un peu en crème. Ça, c'est des choses possibles. Après, j'ai des plantes qui sont purement décoratives aussi. J'ai des rosiers. Je coupe mes petits rosiers au moment de... Juste avant, en février, je les ai taillés. Et on voit plein de petites pousses, comme ça. Ce qui est assez intéressant, c'est que dans ces vases, on peut mettre trois branches et ça fait tout de suite même juste quelques branches d'eucalyptus ou quelques petites, je ne sais pas moi, des petites branches de fleurs éternelles. même des choses assez simples ça rend bien déjà il n'y a pas besoin de faire quelque chose de trop compliqué j'aime bien les chardons les gros chardons violets ça peut être très joli après ça dépend aussi de la forme du vase mais j'aime bien les jacinthes coupées ça sublime dans mes vases juste mettre une grosse botte de ce genre de plantes je trouve ça chouette aussi les jacinthes C'est un garçon, mais ça ne l'empêche pas d'adorer arroser tout ça. Il adore aussi mettre les mains dans la terre. J'aime bien faire ça avec lui aussi, effectivement. C'est comme un jeu. Et puis, je pense que moi, j'essaie de l'amener vers tout ce qui me fait vibrer. Donc ça, la cuisine aussi. Par exemple, quand je cuisine... Si je fais la pâte à crêpes et qu'il n'est pas à côté, ça gare à moi. Il faut qu'il participe, sinon, attention. On ne fait pas ça avec tous les plats, mais je pense que jardiner et cuisiner, il y a quelque chose aussi quand même...
Speaker #0assez similaire. Après, je ne pense pas que j'ai une main verte incroyable. J'ai, par exemple, une voisine qui, elle, sait parler aux plantes. C'est-à-dire que l'autre jour, je m'étais acheté une plante d'appartement. Elle n'a pas aimé. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais soit je lui mettais trop d'eau, soit pas assez. Enfin, bref, c'est la cata, quoi. Et ma voisine est arrivée. Elle m'a dit, non, mais ça ne va pas du tout. Elle a commencé à parler à la plante, mais vraiment, réellement. Je lui ai dit, mais cette fille est sorcière, ce n'est pas possible. Elle m'a dit, bon, Marie, est-ce que tu me permets de récupérer ta plante et je te la rends dans un ou deux mois ? Et elle était vraiment dans un état proche de l'ohio, comme dirait l'autre. Elle était vraiment en sale état en lui parlant et en comprenant exactement ce dont elle avait besoin. là je repasse chez elle régulièrement et c'est fou, je vois qu'elle va tout à fait bien elle repousse complètement mais c'est hallucinant moi je pense pas avoir ce ce pouvoir là je sais pas cette intuition c'est un peu comme, je sais pas, il y a des gens qui sont médiums, qui arrivent à parler avec les esprits il y en a d'autres qui arrivent à parler avec les plantes ça je trouve ça vraiment fascinant moi je pense que je les adore Il faudrait que, je sais pas, c'est moins instinctif, en fait. Peut-être qu'il faudrait que je commence à lire pour comprendre. Savoir jardiner, c'est aussi un vrai art, quoi. Il y a des gens qui comprennent et qui savent, qui ont cette intuition. C'est comme les gens qui savent faire des massages, en fait. Il y a des gens qui ont une espèce de fluide. Moi, par exemple, je suis assez forte. J'adore faire des massages. Je passe ma vie à faire des massages aux gens. Et c'est un truc que je... C'est instinctif. Je vois une personne, direct, j'ai envie d'appuyer sur le point où ça fait mal. La personne, parfois, me regarde, elle me connaît à peine. « Mais comment tu savais que j'avais mal là ? » Je dis « Je ne sais pas, je l'ai senti, j'ai eu besoin d'appuyer là. » Je pense qu'il y a des gens aussi qui sont capables de faire ça avec les fleurs, avec les plantes. Ils savent ce qu'il faut leur donner exactement, comment il faut les orienter. Après, il y a plein de trucs qui sont écrits dessus. Mais moi, j'avoue que... J'ai pas tout à fait le temps. Il faudrait que je m'y colle, j'adorerais, mais c'est vrai que je lis très peu là-dessus. Mais je suis sûre que c'est hyper intéressant. Et ce que j'aime dans les saisons, c'est que ça suit aussi un autre mood à nous. C'est-à-dire que l'automne, je trouve ça hyper intéressant, un, pour les couleurs, parce que c'est sublime. C'est le moment où je récolte le plus de... de feuilles par terre et je fais le plus d'herbiers, etc. Donc j'aime beaucoup ce moment-là. L'hiver, je trouve ça aussi intéressant parce que c'est le moment où on va se poser et c'est chouette aussi de se poser de temps en temps, de ne pas être tout le temps dans l'action, d'être un peu dans la réflexion, de se cloisonner un peu. C'est aussi très important pour notre équilibre. Printemps, évidemment, fascinant puisqu'on voit toutes ces pousse partout, on observe, ça c'est génial. Et l'été, c'est gin tonic, c'est trop sympa. Et là, on est beaucoup plus actifs. Mais ça correspond aussi à un état d'esprit, et je pense qu'on a besoin de tous ces états. Donc c'est intéressant d'avoir toutes ces saisons, puisqu'on en a besoin, même nous, psychologiquement, finalement, d'avoir tous ces états pour être quelqu'un d'équilibré. C'est-à-dire que si on était suractifs... toute la journée, si c'était l'été, toute la journée, tout le temps, ça ne peut pas fonctionner. Donc on a besoin de l'hiver, en fait, pour pouvoir ensuite profiter de l'été, etc. En fait, chaque saison est finalement liée. Je pense que la nature, c'est de l'énergie en barre. Moi, il m'est arrivé, comme tout le monde, de vivre des moments parfois un peu tragiques. Et en fait, j'ai remarqué que pour me guérir, quand j'étais vraiment pas bien, psychologiquement, enfin quand j'avais un gros gros gros gros nœud, passer par exemple pas mal de temps dans ma rivière, peut-être chez mes parents, à remonter la rivière. Ça j'ai fait ça beaucoup, à des moments où j'allais pas forcément hyper bien. En fait je passais mon temps à escalader des cascades, c'était des cascades d'eau ultra froide, et je me mettais là-dedans et je remontais la rivière en fait. Et c'est fou quoi, en fait je pense que ça m'a vraiment sauvée. Ça m'a complètement vidé la tête, ça m'a reconnectée à la planète. Donc bon, la nature, évidemment, elle est complètement centrale et cruciale, je pense. On en a tellement besoin, quoi. Quand on se balade dans des grandes étendues comme ça de nature et qu'on a à contempler un panoramique extraordinaire, etc. Effectivement, il y a cette sensation de faire partie d'un grand tout. il y a une espèce de plénitude. C'est comme si on arrivait à toucher un peu le divin. Il y a un truc un peu de divin. Moi, j'ai perdu mon grand frère dans un accident de moto il y a quelques années. Le truc qui me faisait me rapprocher de lui, c'est que je me disais qu'il faisait partie de ce grand tout et qu'en fait, je communiais avec lui à travers la nature. Et oui, il y a un truc comme ça presque spirituel dans la nature finalement. Moi, il y a des odeurs que j'adore. C'est le chèvrefeuille, le jasmin, le fenouil. Le fenouil, ça, c'est un truc qui me rend complètement hystérique. En fait, c'est un peu ma petite madeleine de Proust, c'est le fenouil. Parce que quand j'étais petite et qu'on était au Maroc, l'été, on allait sur une plage qui s'appelait Skrirat. Et c'était un peu en dehors de Rabat. On avait des super copains qui avaient une maison là-bas. Et quand je rentrais dans leur maison, il y avait un fenouil. Et mon rituel, c'était de manger un petit bout du fenouil et de sentir le fenouil. Et donc maintenant, quand je sens du fenouil, j'ai l'impression d'être en plein soleil avec la mer juste à côté, le sel, les poissons que je vais aller attraper avec ma copine Ariane. Et voilà, il y a un truc très... Donc le fenouil carrément. Et après, j'adore tout ce qui est fleurs d'oranger. Mais bon, ça, c'est plus des parfums que j'ai pu sentir, mais pas forcément dans la nature. Mais même chez mes parents, il y a un endroit au-dessus de là où ils habitent où il y a des allées de fenouilles. C'est assez incroyable. C'est des espèces de forêts de fenouilles. Et donc, en fait, ça prend complètement les narines. Et on le sent, je ne sais pas, c'est hyper fort, en fait. Et j'adore ça parce que ça m'en répond de mon enfance. Et en même temps, on est dans ce chemin, cet espace incroyable avec cette allée de fenouilles. Et au bout de l'allée, on tombe sur la mer, sur la côte. Donc il y a une espèce de panorama, parce que c'est un peu en hauteur. On appelle ça, nous, la promenade du haut. On a une promenade du bas et une promenade du haut. C'est-à-dire que quand on ne fait pas de grande randonnée, on fait soit la promenade du bas, qui est le tour de la montagne qui est en bas de notre village, ou on va à la promenade du haut, où on a toute la vue sur la côte, et c'est absolument exceptionnel. Et on voit même jusqu'au... que jusqu'aux Alpes. Et donc l'hiver, on voit les Alpes enneigées. Et ça, j'adore. Et si on monte un peu plus haut, vraiment, on les voit encore mieux, les Alpes. Et là, parfois, il y a des randos où on a toute une partie avec les Alpes enneigées et à droite, on a toute la Méditerranée. Donc ça fait une espèce de contraste. C'est assez mystique, quoi. Presque.