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#28 - David Selor - Artiste peintre Mimil’itant ! cover
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Fonce.

#28 - David Selor - Artiste peintre Mimil’itant !

#28 - David Selor - Artiste peintre Mimil’itant !

38min |19/02/2025
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#28 - David Selor - Artiste peintre Mimil’itant !

#28 - David Selor - Artiste peintre Mimil’itant !

38min |19/02/2025
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Description

Pour ce 28ᵉ épisode de Fonce, plongez dans l’univers fascinant de David Selor, artiste peintre et créateur du personnage iconique Le Mimil.


Ensemble, nous explorerons son parcours, des débuts dans le graffiti à la construction de son langage artistique unique. À travers ses fresques engagées, il questionne notre société, défend la liberté d’expression et cherche à rendre l’art accessible à tous. Avec sincérité, David nous partage son évolution, son engagement et l’histoire de son exposition Rien ne doit 10 paraître, qui célèbre les 12 ans du Mimil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'art peut-il changer notre regard sur le monde ? Pour David Sellor, la réponse est un grand oui. Bienvenue dans FONS, le podcast qui met en lumière celles et ceux qui vivent sans regret. Je suis Ibnou et dans chaque épisode, nous partons à la rencontre d'artistes, d'entrepreneurs et d'autodidactes qui ont osé tracer leur propre chemin. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir David Sellor, artiste peintre et créateur du personnage iconique le Mimile. Ensemble, nous reviendrons sur son parcours, de ses débuts dans le graffiti à la construction de son univers artistique unique, en passant par son engagement social et son envie de rendre l'art accessible à tous. Installez-vous confortablement et laissez-vous embarquer dans cette échelle inspirante de David Sellor. Bonjour David, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, ça va.

  • Speaker #0

    Alors, tu es un artiste peintre connu, entre autres, pour ton personnage iconique, mi-homme, mi-animal, appelez-le Mimile, et aussi bien sûr pour tes fresques murales qui interpellent et qui questionnent notre société. Avant de parler de tes créations et de ton exposition « Rien ne doit disparaître » , qui s'adhère aux 10 ans du Mimile, le fameux, j'aimerais qu'on revienne sur ton parcours. Tu es né en 88, tu as grandi près de Cognac. C'est ça. Comment était ton enfance justement, et quels ont été tes premiers contacts avec l'art ?

  • Speaker #1

    Du plus loin que je me souvienne, c'était à l'école primaire quand je me rendais à mon école. Je passais devant un camp de gens du voyage et dessus, sur un espèce de truc électrique, il y avait marqué « À mort les manouches » , un truc comme ça, bourré de fautes d'orthographe en plus. Et du coup, je me suis toujours dit « Ouais, mais c'est abusé d'écrire des trucs comme ça. Franchement, j'ai hâte d'être un peu plus grand pour le repasser. » C'était un truc d'un vieux gars bien haineux, fait à l'arrache sur un petit truc électrique juste devant le camp. C'était de la pure provoque, je pense. C'est ça qui m'a dérangé.

  • Speaker #0

    Dans ta famille, dans ton entourage, tu avais des artistes ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas forcément grandi dans un milieu artistique, mais je sais que ma mère plutôt s'y est mise après coup, sur sa quarantaine, à faire du land art.

  • Speaker #0

    Si je ne dis pas de bêtises au CO2... tu as eu la visite de C'est rond mon bâton ?

  • Speaker #1

    Alors du coup, là, on remonte un petit peu après le coup du tag anti-manouche. Du coup, toujours en me rendant à la même école primaire, en fait, une nuit, il y a le graffeur C'est rond mon bâton qui est venu faire un gros lettrage avec une espèce de tête avec les cordes vocales apparentes. Et du coup, ça avait choqué tout le monde. À cette époque-là, il y avait une sacrée mouvance graffiti. C'était début 2000, ça éclatait de partout, même à Cognac, il y avait peut-être une vingtaine de graffeurs qui faisaient un peu tout style et ça éclatait beaucoup. Et donc, ce qui m'a étonné, c'est que l'école a effacé les petits tags qu'il y avait autour, donc les signatures, mais a gardé le graphe serron avec le personnage et tout. Du coup, ça m'a vachement marqué, je me suis dit clairement que là, ça a appuyé le truc en mode, j'ai envie de faire ça plus tard.

  • Speaker #0

    À quel moment tu t'es mis au graffiti, à l'art en général ? Tu as des souvenirs précis de ce moment-là ? Ça a commencé par quoi ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé par une envie plus de détruire que de construire, clairement. J'ai commencé au collège par graver les tables au compas. Je marquais mon pseudonyme. C'est vrai que c'est le parcours classique, au final, de beaucoup de street artists qui passent un peu par la dégradation. Mais là, j'étais loin en tout cas d'avoir une vocation artistique. Mon but, c'était juste d'écrire mon nom sur le plus de tables possibles, donc changer de table. Le plus que je pouvais, comme j'étais un élève assez discret, du coup, personne ne me soupçonnait. Et puis, je pouvais changer de place, de toute façon, personne ne le remarquait. Et puis, jusqu'au bout d'un moment, même, où le collège a clairement fait des appels pour trouver qui est ce fameux Rider X, il a cartonné une cinquantaine de câbles, de tables. Et je sais, ça m'a appris une chose, c'est que pendant 15 ans, ils ont gardé les mêmes tables, en tout cas, parce qu'après, j'ai des générations. qui sont allés sur mes tables, ils étaient encore les vieux Rider X.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, toi, tu rêvais de quoi ? Tu avais des rêves de boulot, de métier, de quelque chose en particulier, ou tu étais déjà tourné vers l'art ?

  • Speaker #1

    Je n'avais pas vraiment de rêve. Je pense que ce n'est pas tout le monde au collège qui a des rêves ou des ambitions et qui a envie de les concrétiser. Non, j'étais plutôt comme la majorité des ados, un peu... Un peu perdu avec une envie, un besoin de reconnaissance.

  • Speaker #0

    Et du coup, le graffiti, ça a pris quelle place dans ta vie à ce moment-là ? C'est à ce moment-là que tu as... On va dire collège-lycée que tu as continué ou c'était plus tard que ça arrivait, vraiment ?

  • Speaker #1

    Collège, du coup, je faisais mes petites merdouilles sur les tables juste pour faire chier un peu. Et puis, c'est après au lycée que j'ai commencé à utiliser des sprays. Donc, toujours du tag avec d'autres noms, d'autres pseudonymes. Première fois aussi que je me fais, entre parenthèses, arrêter en pleine action, en plein flagrant délit à l'intérieur du lycée. Donc, voilà, j'ai terminé à devoir donner mes armes au proviseur. Et il n'y a pas eu de suite, en fait. Avec le recul, je me rends compte que c'était un peu con parce que... Au final, la personne qui devait se taper le nettoyage, c'était la dame de ménage. En vrai, maintenant, je réfléchis un petit peu plus avant de taguer les chiottes du lycée. Après, j'ai commencé avec l'esprit à aller un petit peu dans la rue autour, le mercredi après-midi. Après, j'ai commencé à faire des trucs un peu plus élaborés, des flops qu'on appelle. J'avais un groupe de métal, un collectif de groupes de métal. Du coup, on s'était un peu tous mis. Et là, on était en mode apprentissage dans les rues de Cognac.

  • Speaker #0

    Au départ, c'était une passion que tu vivais seul, où très vite, tu t'es entouré de personnes qui avaient les mêmes goûts, les mêmes envies. Parce que là, tu parles d'un groupe, effectivement, de musique, mais au niveau du graffiti pur, tu as commencé vraiment tout seul à aller dans la rue ou il y a eu une émulsion au collectif ?

  • Speaker #1

    J'avais cette volonté vraiment d'aller dans la rue pour faire du graffiti et puis j'ai embarqué tous les copains avec moi qui étaient au moins aussi branchés pour faire des missions de ce genre. J'y allais aussi seul, j'y allais accompagné, mais aussi seul, parce que c'était vraiment mon truc, ma passion. Je vivais le graffiti, je mangeais graffiti, et le reste qui s'en suit, c'était vraiment tout pour moi à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Comment tu te tenais informé ou que tu te nourrissais à ce moment-là ? Parce que c'était autour des années 2000, ça, depuis 2000 ?

  • Speaker #1

    Là, on commençait à être plus 2007.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Alors je me souviens qu'à l'époque, quand même en 2007, il y avait 3-4 magazines. en kiosque de graffiti pur, même des trucs sur train, des trucs qui, maintenant, certainement ont été interdits, d'ailleurs. Tous ces magazines-là ont été remplacés par des magazines, maintenant, de street art.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Mais il y avait quand même une petite scène locale à Cognac. Je pense à des artistes comme Ezor ou Néan, aussi, des crews ODC. Il y avait les CDK, Bac, le PIF. Ouais, ouais, ils m'ont pas mal influencé, surtout Ezor, au niveau des styles de lettres. Et puis, il y a un jour, je ne sais jamais, je ne saurais jamais qui c'est, mais je postais les trucs sur mon Skype blog à l'époque. Et je m'étais fait embrouiller par quelqu'un parce que j'avais un peu le même style. Je n'ai jamais su qui c'était, je ne le saurais jamais. Pour le coup, après, je me suis dit, bon, quel milieu un peu pas ouf. Donc, j'ai un peu laissé le truc. J'ai essayé de trouver plus. Mon propre délire et puis après j'ai arrêté justement le graffiti parce que justement j'avais 19 ans et j'ai commencé à travailler en tant qu'animateur dans des centres sociaux. Et donc là il ne me fallait pas de problème, pas de casier et puis j'étais plus occupé aussi, moins en perdition. Et puis c'est là aussi que m'est venue l'envie de faire éducateur spécialisé. Je voulais travailler avec les... avec le public jeune délinquant. Le milieu du handicap m'intéressait beaucoup aussi. En attendant, je faisais mon expérience en tant qu'animateur en centre de loisirs pour espérer passer le concours d'éducateur spécialisé.

  • Speaker #0

    Du coup, c'est vrai qu'à ce moment-là, le graffiti que tu pratiquais, c'était plus du graffiti vandal. Tu étais déjà dans des... Lettrages, dans des recherches de personnages ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    J'étais 100% lettrages, anti street art, anti personnages. Pour moi, tout ça, c'était vraiment un truc de gros vendu. Ça m'intéressait, mais alors vraiment pas, quoi. Vraiment pas.

  • Speaker #0

    Ça s'est arrêté de naître ou il y a eu une sorte d'arrêt progressif du graffiti ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai dû arrêter du jour au lendemain parce que j'ai un... Maintenant, c'est un très bon ami, Mathieu Perronneau, AK Perro, qui est le monsieur graffiti légal de la ville de Cognac. Il a monté pas mal de projets avec des autorisations. À cette époque-là, je bossais un petit peu avec lui. C'est lui qui m'a mis sur mes premiers projets un peu professionnels. Sauf qu'au bout d'un moment, Cognac c'est une toute petite ville, on a quand même vite fait le tour, il suffit au bout de 4 ans quand même à faire du Vandal. J'étais un petit peu repéré, donc ils ont fait descendre la brigade de Poitiers pour me serrer. Du coup Perrault a été convoqué plusieurs fois au commissariat, ils avaient fait un lien avec lui et moi. Je peux en parler actuellement parce que ça fait plus de 10 ans et je sais que je n'aurais pas de problème avec ça. Mais du coup, ça m'a fait vraiment arrêter, stop le truc, parce que clairement, si je continuais, j'allais avoir une grosse amende et je n'avais pas forcément envie de démarrer avec ma petite paye d'animateur, avec des grosses amendes qui m'auraient certainement pénalisé pour toute ma vie.

  • Speaker #0

    Donc tu t'arrêtes, si les calculs sont bons, 2-3 ans, jusqu'à ce que tu fasses ton service volontaire européen. Qu'est-ce qui t'a motivé à partir à l'étranger pour faire ce type de mission ?

  • Speaker #1

    J'ai fait service civique européen au Portugal, parce que justement je voulais devenir éducateur spécialisé, donc j'ai fait ça dans le cadre d'obtenir le concours d'éduc.

  • Speaker #0

    C'est comme un stage ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est comme un stage, et j'étais affecté dans un centre qui accueillait des personnes atteintes du trouble autistique, mais sévères, pas les Asperger quoi. C'était beaucoup plus complexe que ça. C'est difficile à décrire parce que chaque cas était absolument unique. Chaque personnalité, chaque problématique était assez différente. Mais il faut s'imaginer un peu un contexte d'hôpital psychiatrique plus que d'un centre d'accueil un peu plus classique. Donc, c'est là-bas. Donc, il y avait des éducateurs qui me disaient qu'il fallait plus que je les appréhende comme... C'est assez péjoratif de dire ça, j'aime pas dire ça, mais c'est pas dans le sens là que je le dis ou que je le vois. On est comme des animaux dans le sens où, instinctivement, ils réagissaient. Par exemple, ils avaient faim, ils allaient plus grogner et taper sur la table que de dire j'ai faim, vu que les modes de communication n'étaient pas du tout les mêmes que sur des modes de communication classiques. Il y avait même un cas particulier là-bas qui m'avait pas mal marqué. Par exemple, il y en avait un qui n'était pas dans la capacité de dire bonjour. ou même de communiquer, mais à côté de ça, il était capable de jouer de la basse et de chanter. C'est un trouble qui a vraiment une grande part de mystère qui ne sera jamais résolu, parce que c'est du cas par cas, donc c'est compliqué.

  • Speaker #0

    C'est à ce moment-là que le graffiti se rappelle à toi. Est-ce que tu peux justement me parler de la naissance de ton personnage mythique, le Mimile ?

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup, c'est dans cette salle de classe, entourée de ces personnes atteintes d'une trouble autistique, Que m'est venue l'idée de faire ce personnage humanoïde pour refléter un peu les instincts super sauvages qu'il a caractérisés. Et je lui ai mis un corps d'humain parce que mine de rien ça reste des humains aussi. Donc à la base le Mimile je l'ai créé pour illustrer l'autisme.

  • Speaker #0

    Ce nom, il est venu comment ?

  • Speaker #1

    Je l'ai appelé le Mimile pour ne pas répondre à la question à laquelle je n'ai jamais répondu, c'est est-ce que c'est un chien, un renard ? C'est une question qu'on me pose très très souvent. Et du coup, je n'y ai jamais répondu. Donc, je l'ai appelé Mimile pour ne pas moi-même me tromper et dire « je vais peindre mon chien ou mon renard » . Je prends un Mimile, c'est un personnage fictif, c'est le nom de l'espèce.

  • Speaker #0

    Ce personnage, au départ, tu l'as créé sur papier. Tu as tout de suite voulu peindre sur les supports. Comment ça s'est passé ? Ça s'est fait pareil progressivement ou ça a été tout de suite un rappel du graffiti qui a fait que tu es reparti à fond dedans ?

  • Speaker #1

    En fait, je l'ai créé sur un petit carnet qui d'ailleurs est exposé à l'exposition « Rien ne doit disparaître » . Et comme je venais du graffiti, évidemment, j'avais toujours quand même cette envie de peindre des murs. Et là, revenir avec autre chose que des lettrages, en fait, j'avais bien pensé que ça allait m'ouvrir des portes dans le sens que j'allais pouvoir peindre beaucoup de murs et que les gens n'allaient pas l'appréhender de la même manière qu'un tag ou un graffiti vandal. Et moi, ce que je voulais avant tout, c'était surtout faire passer des textes, mes idées. Si j'avais écrit que les textes, ça aurait été du tag. Et donc, tag égale prison, quoi.

  • Speaker #0

    Ce service civique, ça a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça a duré deux mois.

  • Speaker #0

    T'es revenu directement sur Cognac ou sur Bordeaux après ?

  • Speaker #1

    En fait, après, je suis allé à Angoulême. Je suis allé à Angoulême parce que j'avais fait déjà une année dans un centre social qui a fermé maintenant, malheureusement, qui s'appelait Lazerque. C'est eux qui m'ont donné mon premier emploi. C'était vraiment un centre vraiment génial. Après, j'en ai fait un autre à Cognac. Et puis du coup, je suis parti sur Angoulême parce que j'avais ce besoin de changer de ville. C'était un peu plus grand. Angoulême, par contre, ça ne s'est pas du tout bien passé. Je n'ai pas trop aimé. Et du coup, j'ai commencé à postuler pour rentrer en école d'art. C'est là où j'ai un peu aussi quitté cette idée de devenir éducateur pour me consacrer qu'à l'art, bien qu'à l'époque, je ne pensais pas qu'être artiste professionnel et réussir à en vivre, c'était quelque chose de possible. Pour moi, c'était... du domaine du fantasme, ça n'arrivait qu'à David Guetta en France. Oui, ok.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, au Beaux-Arts, c'est notamment là que, justement, tu as pu peut-être rencontrer d'autres personnes. Il y a quelqu'un qui est assez central, et on en reparlera justement par rapport à cette exposition. Je pensais à M. Poulet. Est-ce que tu peux me parler justement de cette rencontre avec Monsieur Poulet et de ce que ça a créé chez toi ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai rencontré Monsieur Poulet un an et demi, je crois, après les Beaux-Arts, ou peut-être si aux Beaux-Arts. Si je l'ai rencontré aux Beaux-Arts, parce que j'en souviens que j'avais utilisé le matériel des Beaux-Arts pour faire l'interview, en fait, je l'ai démarché tout simplement au culot. Je lui ai demandé « voilà, moi, tu ne me connais pas, j'arrive de nulle part, je n'ai pas fait grand-chose, mais j'ai cette volonté de faire des vidéos d'artistes » . Et donc, ça a été le premier artiste que j'ai interviewé. S'ensuit, après, j'ai été interviewé Costa, l'artiste de Porto. Donc après, je suis allé à Porto faire un interview de Costa, qui est encore disponible en vidéo sur YouTube, d'ailleurs. Si vous tapez Costa avec un H à la fin, c'est là où vous trouverez la vidéo, celle de Poulet aussi, d'ailleurs. Donc voilà, après, Poulet, c'est quelqu'un d'assez accessible au final. Il était plutôt en joie. On m'a fait confiance directe et puis ça s'est super bien passé. D'ailleurs, on est resté en contact depuis.

  • Speaker #0

    Tes œuvres comportent beaucoup de messages. Comment tu les abordes, ces messages ? Comment tu les crées ? Comment ils viennent ? Est-ce qu'il y a un process particulier ou est-ce que c'est plutôt quelque chose qui se fait au feeling ?

  • Speaker #1

    Je rebondis, j'en profite qu'on parle un peu de Monsieur Poulet. En fait, j'ai découvert son travail dans un magazine qui s'appelait Grave Bombe dans les années 2008, je crois. Et à cette époque-là, il faisait beaucoup de messages sur les murs, genre le marchand de sable m'a vendu du gravier, Maria Caret est une chanteuse ronde. Ça m'a bien fait marrer et du coup, ça m'a vachement inspiré pour me dire, ouais, j'aimerais faire ce genre de délire. Je trouve ça super drôle. Après, Poulet, il a un humour que je n'ai pas forcément. Et après, je suis plus parti quand même sur des messages peut-être un peu plus mélancoliques, on va dire. Peut-être... qui vont parler un peu plus de faits sociétaux. Mais Poulet, ouais, reste quand même une sacrée influence dans l'envie de faire des textes avec un petit personnage dans tous les cas.

  • Speaker #0

    À quel moment t'as réalisé justement l'impact qu'avait ton art sur les passants, sur le public que tu rencontres ?

  • Speaker #1

    En fait, je m'en suis rendu compte assez vite. Moi, personnellement, le personnage me parlait les codes couleurs aussi. Du coup, je l'ai fait jaune parce que ça se voit assez bien. Je lui ai fait une marinière bleue et blanche parce que j'étais au Portugal et que pour la première fois et la dernière fois de ma vie, j'ai eu un petit côté nationaliste. Et du coup, c'est en faisant une petite peinture au Portugal, à un bout de la ville, et puis en faisant une deuxième à l'autre bout, que j'ai croisé des gens qui direct avaient calcul la première que j'avais faite. Je me suis dit, mince, alors les gens retiennent ce personnage. Il fonctionne. Pour faire passer mes idées, ça va être génial.

  • Speaker #0

    Tu cherches à faire passer un message. particulier ? Il y a un fil conducteur ou c'est au cas par cas ?

  • Speaker #1

    C'est un peu au cas par cas. Des fois, je m'inspire un peu du lieu, des passants, de ce qu'ils vont me dire. Et aussi, j'ai mon petit carnet où je note toutes mes phrases à la con et je les place quand je peux. Je n'ai pas forcément volonté d'être un messie dans mes phrases. C'est plus apprendre au troisième degré parce que c'est des trucs qui sont un peu à la rigolade, même s'il y a des fois un fond de vérité. Très souvent, je fais des fautes d'orthographe, mais maintenant j'en joue en fait. Je pense que jouer de ses faiblesses, c'est une force, en tout cas c'est ma force.

  • Speaker #0

    Ça t'arrive justement d'avoir des réactions qui t'ont, je ne sais pas, surprise ou touché quand tu peins ? Parce que c'est vrai que toi tu peins à la fois dans la rue, tu peins aussi pour des institutions, du public ou du privé sur commande, et après tu peins aussi sur toile, mais justement dans ce travail plutôt public, dans la rue, est-ce que... Tu as des réactions qui te surprennent par rapport à tes messages ou des choses qui te touchent ?

  • Speaker #1

    Une fois, ce n'est pas vraiment par rapport à un message, mais en tout cas, tout ce que je peux dire, c'est que j'ai été béni. J'ai été béni au Vatican grâce à mes graphes. En fait, j'étais en train de peindre, de faire un petit truc, même pas, de coller un petit sticker au Vatican en Italie. Et en fait, il y a une dame qui est passée derrière moi, qui m'a béni le crâne. qui, en disant une phrase en italien, mais je pense qu'il voulait dire « Je te salue, je te salue, je te bénis » , et en fait, à penser que j'étais à genoux en train de prier devant le Vatican alors que j'étais en train de coller un sticker.

  • Speaker #0

    Belle anecdote. Tes œuvres, comment tu fais cet assemblage ? Est-ce que c'est quelque chose qui se fait de façon spontanée en fonction de l'endroit, en fonction du lieu, ou est-ce que c'est plutôt réfléchi, préparé en amont sur des croquis, des choses comme ça ?

  • Speaker #1

    Pour ce qui est de la phrase, souvent j'ai une petite prépa vite fait, bien que je m'inspire des fois du lieu comme je disais tout à l'heure. Pour le personnage, je l'adapte vraiment au mur, au support parce que c'est rarement les mêmes. Donc je m'adapte en fait. De toute façon, le personnage est toujours le même. Il a plus ou moins, soit il est de profil, soit il est de face.

  • Speaker #0

    J'ai vu que tu avais repassé certains de tes anciennes œuvres, justement pour les restaurer. Est-ce qu'elles vieillissent bien ? Je parle plutôt de leur conservation. Est-ce que tu as l'impression que ça vieillit bien et que ce travail est accepté dans Bordeaux ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il est plutôt bien accepté, par la municipalité en tout cas. Après, qui dit accepté par la municipalité, dit pas accepté par les autres taggeurs. Donc là, je ne parle pas des autres artistes, graffeurs, graffiti artistes. Là, je parle vraiment du taggeur de la rue, de la street. En général, c'est les premiers à mettre leur nom dessus. Alors peut-être qu'ils savent que c'est pris en photo. Donc c'est peut-être juste un petit clin d'œil, rien de bien méchant. Ou alors ça peut être une volonté de rouler ou de toyer, comme on dit. Donc ça, après, j'ai l'habitude. Donc là, je refais un peu mes fresques, encore que souvent, je les laisse vivre un peu. Il y a des tags, en fait, tant que ce n'est pas sur le personnage ou sur la phrase, je laisse. Je laisse si ce n'est pas un projet où j'ai été rénuméré pour, parce que si j'ai été rénuméré pour, je me dois un minimum quand même d'esthétique, parce que c'est une commande. Donc là, je le clean toujours, je le cleanerai toujours. Après, quand c'est des trucs de street, il y a un petit tag autour, je m'en fous un peu. Par contre, oui, si quelqu'un vient taguer dessus le personnage ou sur le message, là, pour moi, il y a volonté de nuire. Donc, oui, là, je refais direct.

  • Speaker #0

    Ok. Tu disais que tu as commencé à la bombe il y a très, très longtemps. Actuellement, tu travailles comment ?

  • Speaker #1

    Je travaille au spray depuis trop longtemps. Depuis trop longtemps parce que c'est assez toxique pour les poumons, quoi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu travailles avec le masque ?

  • Speaker #1

    Oui, je travaille toujours avec le masque. Je ne l'ai pas fait assez étant plus jeune et du coup, j'en suis devenu allergique. Ah oui. Ouais, maintenant j'ai une intolérance à tout ce qui est solvant. Donc je peins systématiquement quand j'utilise du spray avec un masque, mais de plus en plus j'utilise le pinceau pour l'aspect esthétique, la texture. Je trouve ça de plus en plus beau, même les peintures que j'ai pu découvrir, notamment en visitant le musée du Vatican. J'ai pris une telle calotte, je n'ai pas peint après pendant deux mois, et j'ai qu'une envie, c'est de me mettre au pinceau. D'autant plus en voyant le travail d'artistes comme l'artiste rouge, par exemple. avec qui j'ai eu la chance de partager un atelier pendant un an. Donc j'ai vu un peu comment elle a bossé, et elle, c'est tout pinceau. Et j'adore ce rendu, un petit peu, où au final, on peut faire des coulures, on peut mélanger des couleurs sur place. Ça donne un petit cachet que le spray n'a pas forcément, ou a d'une autre manière. Le spray, après, ça peut être très propre, très brillant, mais moi, ce n'est pas forcément ma volonté d'être très propre et brillant.

  • Speaker #0

    Vous parlez de rouge à l'instant, comment ces échanges ? avec différents artistes, parce que tu es proche de beaucoup d'artistes sur Bordeaux et ailleurs d'ailleurs. Comment ils ont fait évoluer ton travail, mis à part justement ce passage peut-être de la bombe au pinceau ?

  • Speaker #1

    En tout cas, humainement, toutes mes rencontres m'ont apporté quelque chose. Après, artistiquement, ça va être surtout les peintres au pinceau. Je pense à Mika aussi, qui fait des peintures au pinceau. Mais même après, le côté spray, le côté où je fais crachoter un peu le spray, avoir un trait très fin, ça vient de beaucoup plus loin, ça vient d'artistes d'Angoulême, de Zend, qui n'existent plus artistiquement aujourd'hui, d'ailleurs, à mon grand regret. Après, je ne le connaissais pas, mais en tout cas, à une époque, il faisait des super trucs au crachotier angoulême, et ça, ça m'a donné envie de faire le crachotis pour mon personnage aussi.

  • Speaker #0

    Justement ce Mimile, comment il a évolué à travers les années ? Parce qu'on voit que le trait s'affine, l'arrière-plan aussi. Est-ce que tu as une façon, une volonté de l'amener vers quelque chose de différent ? Et si oui, quoi ?

  • Speaker #1

    Franchement, en vrai, c'est à force de peindre, forcément, je gagne en technique malgré moi presque. Parce que je ne suis pas un grand dessinateur, je ne passe pas mes nuits à dessiner sur des croquis et à griffonner. Donc j'ai appris pas mal sur mur et puis l'expérience fait que je commence un peu à m'intéresser à la colorimétrie surtout, encore plus que le dessin. Les couleurs pour moi c'est super important, même dans l'abstrait, c'est pas une question de savoir dessiner, c'est une question de savoir mélanger les couleurs. Et pour moi c'est une belle peinture abstraite, ça me parle autant, même plus, beaucoup plus qu'un dessin par exemple architectural, super calé, super technique.

  • Speaker #0

    Et justement, comment tu te formes ? Parce que tu es plutôt autodidacte ?

  • Speaker #1

    J'apprends un peu sur le taille. Franchement, je ne suis pas très branché. Déjà, j'ai d'énormes difficultés pour pouvoir même regarder un film en entier ou lire un livre. Donc, aller commencer à étudier le dessin ou étudier des causes à effet, pour moi, tout ça, ça me prend beaucoup d'énergie. Par contre, je m'adapte assez vite en freestyle, donc c'est vite vu pour mon cas, c'est là où je me fais le plus plaisir, où j'apprends le plus vite et le mieux, c'est en essayant, en pratiquant, quitte à faire des erreurs. Ce qui, pour moi, fait partie absolument de ma création artistique, en tout cas, c'est l'erreur sera toujours là, les traits ne seront toujours pas très droits, il y aura toujours des fautes d'orthographe, désolé pour les profs de français qui m'envoient des messages me disant que ça me décrédibilise, mais c'est comme ça, j'y peux rien, même en corrigeant, il y a toujours des erreurs, ça fait partie de la vie, en fait.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une forme de liberté que tu revendiques assez souvent, dans ton travail, dans les messages. Comment tu la définis, toi, cette notion de liberté dans ton art ?

  • Speaker #1

    Déjà, j'ai la liberté de peindre un petit peu où je veux, tant que ça respecte aussi les biens d'autrui. J'ai un peu la liberté de dire un peu ce que je veux sur mur, mais ça a quand même ses limites aussi. Je sais qu'il y a des sujets où il vaut mieux pas trop toucher. En général, je suis pas non plus dans l'hyper-provoque. Donc, ma liberté, en tout cas, la liberté s'arrête. s'arrête à celle des autres aussi, au final.

  • Speaker #0

    J'ai été censuré sur des projets ou des choses où on t'a dit « Ah ça, ça passe pas » .

  • Speaker #1

    Dans la rue, en tout cas en street, en graffant et en faisant un petit message, j'ai été censuré sur deux textes. Le premier, c'était à Poitiers, c'est de « Pire Empire » , mais « Empire » écrit comme « L'Empire ottoman » . Donc de pire en pire. Et il y a un autre aussi, c'était à l'époque où il y avait Alain Juppé comme maire à Bordeaux, où j'avais marqué « Ne venez pas pleurer dans les jupées de vos mères » , avec « Mère » écrit comme le maire de Bordeaux. Là, ils avaient juste effacé, dans les deux cas, ils avaient juste effacé le message, mais laissé le personnage. Donc là, on peut parler de censure, mais ça reste quand même de la censure un peu mignonne.

  • Speaker #0

    Justement, parlant d'inspiration, est-ce qu'il y a des moments où tu es à court d'idées ? Est-ce que des fois, l'inspiration s'essouffle ? Ou est-ce qu'au contraire, tu as des techniques qui font que tu restes toujours avec quelques phrases de côté ? ça vient naturellement ou est-ce que parfois t'as peur justement de pas trouver l'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas concernant les phrases, j'ai pas écrit 5% de ce qu'il y a sur mon calepin donc j'ai de la marge il y en a beaucoup que j'écrirai jamais d'ailleurs que je sortirai jamais non plus après le manque d'inspiration c'est inhérent à tout artiste de toutes les façons je pense, on peut pas être au taquet tout le temps, tout le temps, tout le temps à part joue le rappeur, là je vois pas ...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu fais pour te renouveler quand à un moment t'es coincé, quand t'es en manque d'inspiration sur le fond ou sur la forme ? Est-ce qu'il y a des méthodes ? C'est quelque chose que tu fais ?

  • Speaker #1

    J'essaye de ne pas forcer le truc. Si je dois perdre plusieurs mois parce que je n'ai pas d'inspiration, je perds plusieurs mois. J'ai horreur de forcer le truc parce que j'ai l'impression que c'est pire et c'est un coup aussi à faire des choses qu'on n'a pas envie de faire. Et si ça ne vient pas, ça ne vient pas en fait. Si, imaginons, je n'arrive pas à avoir aucune inspiration, aucune motivation aussi, dans ce cas-là, je ferai autre chose. Mais dans tous les cas, ça finit toujours par partir, revenir. Ce n'est pas un truc fixe.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas de remède miracle, en tout cas, pour avoir de l'inspiration.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que justement, tu avais voulu faire les beaux-arts pour la passion plus que dans l'idée de pouvoir en vivre. Actuellement, c'est ce que tu fais. C'est aussi ton métier. Est-ce qu'en tant qu'autodidacte, tu as été victime du syndrome de l'imposteur ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je l'ai toujours, clairement. Je l'ai un peu moins parce que maintenant, j'accepte mieux le fait qu'il y ait des gens qui vraiment s'identifient à certains de mes travaux. Mais au début, je ne comprenais pas. Il y avait des gens qui me disaient « j'adore ce que tu fais, c'est vraiment trop cool » . Je ne comprenais pas, je leur disais « attendez quelques années avant de me dire ça, pour l'instant, c'est un peu de la merde » . Et maintenant, j'accepte un peu plus à me dire moi-même « non, c'est peut-être pas si pourri que ça, vu que je vends quand même des tableaux, que là, je fais des grosses expositions. » C'est qu'à un moment donné, c'est un fait qu'il y a des gens qui apprécient.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des différences pour toi ? dans le fait d'avoir des supports différents, à la fois la toile, à la fois le public et la rue ? Est-ce que ces différentes façons de peindre, ça se nourrit, ça se répond ?

  • Speaker #0

    Les deux sont complémentaires. Après, je vois sur toile ou sur des commandes, où j'ai un peu plus le temps, je suis capable maintenant d'échialer un peu le truc et d'y passer plus de temps. Après, au niveau de la rue, je garde du moins ma liberté aussi d'écrire n'importe quoi. Et c'est vrai que quand on me fait des commandes, qu'on me demande d'écrire des petits textes, par exemple, j'essaie d'esquiver un peu quand même parce que j'aimerais le garder justement pour la rue, pour le garder public. C'est un art qui m'appartient vraiment plus à moi, qui me parle à moi, qui me concerne personnellement. Alors que les commandes, par contre, je vais plus m'adapter à la volonté d'une autre personne. Ce qui n'est pas un problème en soi, moi je suis aussi ouvert à partager ça, pas que penser qu'à moi, à me dire je vais juste faire ce que j'aime, et puis non, j'aime aussi faire plaisir, et ça me permet en plus de pouvoir financer après mes autres peintures derrière.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit tout à l'heure, qui était amusant dans le sens où quand tu étais plus jeune, tu voyais le street. tout ce qui était perso, comme quelque chose de très éloigné de ce que tu faisais. Quel est ton regard maintenant sur la scène graffiti au sens très large, puisqu'on va mélanger le tag, le graffiti, le street art. Quel est ton regard en 2025 justement sur cette scène, du moins à Bordeaux, voire plus loin ?

  • Speaker #0

    Moi je regarde, je reste un passionné de graffiti, de tag, même si je ne pratique plus depuis fort longtemps. J'observe quand même tout ce qui se passe. Je suis assez impressionné des personnes qui ont le courage d'aller escalader des murs, peindre en rappel. C'est un peu la nouvelle mode, la nouvelle tendance. Après, question de style, j'aime bien les bons styles aussi. Mais après, la mentalité, je ne suis plus du tout dans ce truc-là. En fait, je suis... Je ne sais pas... Je serais frustré, en fait, de faire... Par exemple, de ne pas pouvoir vivre de mon art et de proposer quelque chose où je me fais cracher dessus. Peut-être que je redeviendrai un taggeur ou un graffeur, mais je n'ai pas cette envie de détériorer, en tout cas, ou de faire chier ou de parler qu'au graffeur, en fait. J'ai vraiment envie d'ouvrir mon monde et de le partager avec un monde beaucoup plus large.

  • Speaker #1

    Selon toi, qu'est-ce que le street art t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Le street art m'a clairement, le fait de faire un personnage, m'a clairement permis de pouvoir peindre beaucoup de murs sans avoir de problème. Et même au contraire, d'être sollicité, d'être énuméré même maintenant pour. L'avantage, c'est que certains diront que ce n'est pas un avantage, mais moi j'en suis très content. C'est que ça plaît autant aux mamies qu'aux gamins. Le spectre est super large. Ouais, j'en suis content, quoi.

  • Speaker #1

    Parlons de ton expo, qui célèbre du coup les 12 ans du Mimile. Ça aura lieu du 13 février au 16 mars à l'Espace Saint-Rémy à Bordeaux. Qu'est-ce qu'on va y retrouver ? Comment elle est née ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est à l'Espace Saint-Rémy. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit magnifique, c'est une église désacralisée. C'est un lieu immense. Pour moi, c'est le meilleur lieu d'exposition au niveau des salles municipales. Et je voulais absolument exposer dans cet endroit-là, puisqu'avant ça, j'avais fait l'Institut Bernard Magrèze. Et donc, quel meilleur lieu après l'Institut Bernard Magrèze pour exposer ? Je ne voyais que celui-ci. Du coup, ça a pris énormément de temps, ça a pris deux ans, parce que je suis arrivé à un moment donné où l'équipe municipale était en transition. Donc, j'ai répondu à l'appel à projet avec l'équipe municipale A. Et entre-temps, il y a l'équipe B qui est passée et qui ont ouvert un autre appel à projet et qui n'ont pas pu accéder à mon dossier. Donc, comme je n'avais pas de nouvelles, j'ai donc appelé la mairie directement. J'ai eu la chance que la standardiste à la mairie en parle à Johan Delmer. qui est un des adjoints à la culture. Et donc, lui, par chance, il habite en face d'une de mes fresques, je crois. Et du coup, il a clairement dit, il ne faut pas passer à côté de ça. En plus, il recherchait des street artists dans l'appel à projets. Donc, il m'a rappelé dans la semaine. Et du coup, il m'a donné en quelque sorte un passe-droit où ils n'ont pas étudié mon dossier. Ils m'ont direct dit, on va t'exposer. Ça va être cool, quoi. Donc, ça, c'est chouette.

  • Speaker #1

    merci à eux d'ailleurs du coup quel a été le fil conducteur de cette exposition, comment t'as voulu à la fois célébrer les 12 ans de ton personnage mais aussi mettre en avant une quinzaine d'artistes alors comme c'est les 12 ans du Mimile,

  • Speaker #0

    la salle est énorme, je me voyais mal faire la fête tout seul en fait donc j'ai invité 15 autres artistes À venir exposer avec moi, parce que ça remplit bien les cimaises, et puis que j'adore leur travail, j'ai envie de les mettre en avant. Et au final, on ne sait pas qui met en avant qui, parce que quand j'ai la moitié de l'exposition, de la salle d'exposition au final, où j'ai accroché mes tableaux, comparé, donc les deux, du coup, ils se sont partagés le reste en 15. Au final, dans tous les cas, ils n'ont même pas à me remercier, parce que c'est eux qui m'apportent le plus. C'est grâce à eux aussi que l'expo, elle est vraiment chouette. Donc, pour moi, ça me paraissait naturel d'inviter mes proches. C'est que des personnes que je connais depuis quand même assez longtemps, qui m'ont inspiré dans mes travaux.

  • Speaker #1

    J'ai une question signature pour terminer ce podcast. Quel est le pire conseil qu'on t'ait donné ?

  • Speaker #0

    Le pire conseil qu'on m'ait donné, c'était au Beaux-Arts, justement. Une prof qui était prof d'art, du coup, elle eut des tartistes, certainement. Mais son conseil, c'était ne vivez pas de votre art, ça va le dénaturer. Donc, ça, c'est le pire conseil que j'ai entendu. Évidemment, je n'en ai pas pris note.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu es souvent contacté, souvent te demander conseils, justement, pour soit démarrer, soit peut-être ouvrir certaines portes au niveau de l'art. Quel conseil que tu donnes le plus souvent ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas très original, mais faites votre truc à vous. Faites-vous surtout plaisir. Vous ne fermez pas des portes à vous maudire vous-même. et juste kiffer le truc, et puis après, il adviendra ce qu'il adviendra. Est-ce qu'il faut vraiment, pour le coup, vivre de son art, ou est-ce qu'il faut juste pratiquer son art ? Ça, c'est la question, le dilemme de beaucoup d'artistes.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Où est-ce qu'on peut te retrouver, retrouver ton art ?

  • Speaker #0

    On peut me retrouver dans les rues de Bordeaux, l'année dernière à Londres, mais je pense qu'ils ont dû être effacés. Sinon, il y en a un peu partout en France. Marseille, Nantes, Paris. Montpellier aussi, l'année dernière j'y suis allé. Asset, Toulouse. Sinon, venez à l'Expo, rien ne doit disparaître. C'est ouvert du mercredi au dimanche, du 13 février au 16 mars. 13 heures jusqu'à 19h30. Entrée gratuite. Cool. C'est important, ça. Parce que c'est pour une fois, justement, qu'une expo, c'est entrée gratuite en plus. Alors là, venez.

  • Speaker #1

    Je peux te retrouver sur Instagram et sur ton site web aussi, j'imagine.

  • Speaker #0

    Je suis sur tous les réseaux. Je suis même sur TikTok, depuis pas si longtemps que ça. Alors, je ne poste pas très régulièrement parce que je suis dépassé par ce nouveau réseau de jeunes. Donc, sinon, sur Instagram, je poste régulièrement. Facebook, ça ne sert pas à grand-chose, Facebook. C'est complètement claqué maintenant. Il n'y a plus personne qui voit les publications. Au pire, allez sur ma page Facebook. Peut-être que vous aurez plus de chance. Likez, commentez, puis vous verrez ce que je publie. Sinon, l'algorithme, il ne va rien piger. Il ne montre rien du tout, je le vois bien. Je ne suis pas le seul à faire ce constat-là. Donc, Instagram.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cet échange. J'ai hâte de découvrir votre chaîne de création. David Sellor nous rappelle que l'art est un puissant vecteur de questionnement et de liberté. Si cet épisode vous a inspiré, partagez-le autour de vous. Laissez un avis et abonnez-vous pour continuer à découvrir des artistes qui osent vous pousser les limites. Merci d'écouter FONT.

Description

Pour ce 28ᵉ épisode de Fonce, plongez dans l’univers fascinant de David Selor, artiste peintre et créateur du personnage iconique Le Mimil.


Ensemble, nous explorerons son parcours, des débuts dans le graffiti à la construction de son langage artistique unique. À travers ses fresques engagées, il questionne notre société, défend la liberté d’expression et cherche à rendre l’art accessible à tous. Avec sincérité, David nous partage son évolution, son engagement et l’histoire de son exposition Rien ne doit 10 paraître, qui célèbre les 12 ans du Mimil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'art peut-il changer notre regard sur le monde ? Pour David Sellor, la réponse est un grand oui. Bienvenue dans FONS, le podcast qui met en lumière celles et ceux qui vivent sans regret. Je suis Ibnou et dans chaque épisode, nous partons à la rencontre d'artistes, d'entrepreneurs et d'autodidactes qui ont osé tracer leur propre chemin. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir David Sellor, artiste peintre et créateur du personnage iconique le Mimile. Ensemble, nous reviendrons sur son parcours, de ses débuts dans le graffiti à la construction de son univers artistique unique, en passant par son engagement social et son envie de rendre l'art accessible à tous. Installez-vous confortablement et laissez-vous embarquer dans cette échelle inspirante de David Sellor. Bonjour David, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, ça va.

  • Speaker #0

    Alors, tu es un artiste peintre connu, entre autres, pour ton personnage iconique, mi-homme, mi-animal, appelez-le Mimile, et aussi bien sûr pour tes fresques murales qui interpellent et qui questionnent notre société. Avant de parler de tes créations et de ton exposition « Rien ne doit disparaître » , qui s'adhère aux 10 ans du Mimile, le fameux, j'aimerais qu'on revienne sur ton parcours. Tu es né en 88, tu as grandi près de Cognac. C'est ça. Comment était ton enfance justement, et quels ont été tes premiers contacts avec l'art ?

  • Speaker #1

    Du plus loin que je me souvienne, c'était à l'école primaire quand je me rendais à mon école. Je passais devant un camp de gens du voyage et dessus, sur un espèce de truc électrique, il y avait marqué « À mort les manouches » , un truc comme ça, bourré de fautes d'orthographe en plus. Et du coup, je me suis toujours dit « Ouais, mais c'est abusé d'écrire des trucs comme ça. Franchement, j'ai hâte d'être un peu plus grand pour le repasser. » C'était un truc d'un vieux gars bien haineux, fait à l'arrache sur un petit truc électrique juste devant le camp. C'était de la pure provoque, je pense. C'est ça qui m'a dérangé.

  • Speaker #0

    Dans ta famille, dans ton entourage, tu avais des artistes ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas forcément grandi dans un milieu artistique, mais je sais que ma mère plutôt s'y est mise après coup, sur sa quarantaine, à faire du land art.

  • Speaker #0

    Si je ne dis pas de bêtises au CO2... tu as eu la visite de C'est rond mon bâton ?

  • Speaker #1

    Alors du coup, là, on remonte un petit peu après le coup du tag anti-manouche. Du coup, toujours en me rendant à la même école primaire, en fait, une nuit, il y a le graffeur C'est rond mon bâton qui est venu faire un gros lettrage avec une espèce de tête avec les cordes vocales apparentes. Et du coup, ça avait choqué tout le monde. À cette époque-là, il y avait une sacrée mouvance graffiti. C'était début 2000, ça éclatait de partout, même à Cognac, il y avait peut-être une vingtaine de graffeurs qui faisaient un peu tout style et ça éclatait beaucoup. Et donc, ce qui m'a étonné, c'est que l'école a effacé les petits tags qu'il y avait autour, donc les signatures, mais a gardé le graphe serron avec le personnage et tout. Du coup, ça m'a vachement marqué, je me suis dit clairement que là, ça a appuyé le truc en mode, j'ai envie de faire ça plus tard.

  • Speaker #0

    À quel moment tu t'es mis au graffiti, à l'art en général ? Tu as des souvenirs précis de ce moment-là ? Ça a commencé par quoi ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé par une envie plus de détruire que de construire, clairement. J'ai commencé au collège par graver les tables au compas. Je marquais mon pseudonyme. C'est vrai que c'est le parcours classique, au final, de beaucoup de street artists qui passent un peu par la dégradation. Mais là, j'étais loin en tout cas d'avoir une vocation artistique. Mon but, c'était juste d'écrire mon nom sur le plus de tables possibles, donc changer de table. Le plus que je pouvais, comme j'étais un élève assez discret, du coup, personne ne me soupçonnait. Et puis, je pouvais changer de place, de toute façon, personne ne le remarquait. Et puis, jusqu'au bout d'un moment, même, où le collège a clairement fait des appels pour trouver qui est ce fameux Rider X, il a cartonné une cinquantaine de câbles, de tables. Et je sais, ça m'a appris une chose, c'est que pendant 15 ans, ils ont gardé les mêmes tables, en tout cas, parce qu'après, j'ai des générations. qui sont allés sur mes tables, ils étaient encore les vieux Rider X.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, toi, tu rêvais de quoi ? Tu avais des rêves de boulot, de métier, de quelque chose en particulier, ou tu étais déjà tourné vers l'art ?

  • Speaker #1

    Je n'avais pas vraiment de rêve. Je pense que ce n'est pas tout le monde au collège qui a des rêves ou des ambitions et qui a envie de les concrétiser. Non, j'étais plutôt comme la majorité des ados, un peu... Un peu perdu avec une envie, un besoin de reconnaissance.

  • Speaker #0

    Et du coup, le graffiti, ça a pris quelle place dans ta vie à ce moment-là ? C'est à ce moment-là que tu as... On va dire collège-lycée que tu as continué ou c'était plus tard que ça arrivait, vraiment ?

  • Speaker #1

    Collège, du coup, je faisais mes petites merdouilles sur les tables juste pour faire chier un peu. Et puis, c'est après au lycée que j'ai commencé à utiliser des sprays. Donc, toujours du tag avec d'autres noms, d'autres pseudonymes. Première fois aussi que je me fais, entre parenthèses, arrêter en pleine action, en plein flagrant délit à l'intérieur du lycée. Donc, voilà, j'ai terminé à devoir donner mes armes au proviseur. Et il n'y a pas eu de suite, en fait. Avec le recul, je me rends compte que c'était un peu con parce que... Au final, la personne qui devait se taper le nettoyage, c'était la dame de ménage. En vrai, maintenant, je réfléchis un petit peu plus avant de taguer les chiottes du lycée. Après, j'ai commencé avec l'esprit à aller un petit peu dans la rue autour, le mercredi après-midi. Après, j'ai commencé à faire des trucs un peu plus élaborés, des flops qu'on appelle. J'avais un groupe de métal, un collectif de groupes de métal. Du coup, on s'était un peu tous mis. Et là, on était en mode apprentissage dans les rues de Cognac.

  • Speaker #0

    Au départ, c'était une passion que tu vivais seul, où très vite, tu t'es entouré de personnes qui avaient les mêmes goûts, les mêmes envies. Parce que là, tu parles d'un groupe, effectivement, de musique, mais au niveau du graffiti pur, tu as commencé vraiment tout seul à aller dans la rue ou il y a eu une émulsion au collectif ?

  • Speaker #1

    J'avais cette volonté vraiment d'aller dans la rue pour faire du graffiti et puis j'ai embarqué tous les copains avec moi qui étaient au moins aussi branchés pour faire des missions de ce genre. J'y allais aussi seul, j'y allais accompagné, mais aussi seul, parce que c'était vraiment mon truc, ma passion. Je vivais le graffiti, je mangeais graffiti, et le reste qui s'en suit, c'était vraiment tout pour moi à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Comment tu te tenais informé ou que tu te nourrissais à ce moment-là ? Parce que c'était autour des années 2000, ça, depuis 2000 ?

  • Speaker #1

    Là, on commençait à être plus 2007.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Alors je me souviens qu'à l'époque, quand même en 2007, il y avait 3-4 magazines. en kiosque de graffiti pur, même des trucs sur train, des trucs qui, maintenant, certainement ont été interdits, d'ailleurs. Tous ces magazines-là ont été remplacés par des magazines, maintenant, de street art.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Mais il y avait quand même une petite scène locale à Cognac. Je pense à des artistes comme Ezor ou Néan, aussi, des crews ODC. Il y avait les CDK, Bac, le PIF. Ouais, ouais, ils m'ont pas mal influencé, surtout Ezor, au niveau des styles de lettres. Et puis, il y a un jour, je ne sais jamais, je ne saurais jamais qui c'est, mais je postais les trucs sur mon Skype blog à l'époque. Et je m'étais fait embrouiller par quelqu'un parce que j'avais un peu le même style. Je n'ai jamais su qui c'était, je ne le saurais jamais. Pour le coup, après, je me suis dit, bon, quel milieu un peu pas ouf. Donc, j'ai un peu laissé le truc. J'ai essayé de trouver plus. Mon propre délire et puis après j'ai arrêté justement le graffiti parce que justement j'avais 19 ans et j'ai commencé à travailler en tant qu'animateur dans des centres sociaux. Et donc là il ne me fallait pas de problème, pas de casier et puis j'étais plus occupé aussi, moins en perdition. Et puis c'est là aussi que m'est venue l'envie de faire éducateur spécialisé. Je voulais travailler avec les... avec le public jeune délinquant. Le milieu du handicap m'intéressait beaucoup aussi. En attendant, je faisais mon expérience en tant qu'animateur en centre de loisirs pour espérer passer le concours d'éducateur spécialisé.

  • Speaker #0

    Du coup, c'est vrai qu'à ce moment-là, le graffiti que tu pratiquais, c'était plus du graffiti vandal. Tu étais déjà dans des... Lettrages, dans des recherches de personnages ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    J'étais 100% lettrages, anti street art, anti personnages. Pour moi, tout ça, c'était vraiment un truc de gros vendu. Ça m'intéressait, mais alors vraiment pas, quoi. Vraiment pas.

  • Speaker #0

    Ça s'est arrêté de naître ou il y a eu une sorte d'arrêt progressif du graffiti ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai dû arrêter du jour au lendemain parce que j'ai un... Maintenant, c'est un très bon ami, Mathieu Perronneau, AK Perro, qui est le monsieur graffiti légal de la ville de Cognac. Il a monté pas mal de projets avec des autorisations. À cette époque-là, je bossais un petit peu avec lui. C'est lui qui m'a mis sur mes premiers projets un peu professionnels. Sauf qu'au bout d'un moment, Cognac c'est une toute petite ville, on a quand même vite fait le tour, il suffit au bout de 4 ans quand même à faire du Vandal. J'étais un petit peu repéré, donc ils ont fait descendre la brigade de Poitiers pour me serrer. Du coup Perrault a été convoqué plusieurs fois au commissariat, ils avaient fait un lien avec lui et moi. Je peux en parler actuellement parce que ça fait plus de 10 ans et je sais que je n'aurais pas de problème avec ça. Mais du coup, ça m'a fait vraiment arrêter, stop le truc, parce que clairement, si je continuais, j'allais avoir une grosse amende et je n'avais pas forcément envie de démarrer avec ma petite paye d'animateur, avec des grosses amendes qui m'auraient certainement pénalisé pour toute ma vie.

  • Speaker #0

    Donc tu t'arrêtes, si les calculs sont bons, 2-3 ans, jusqu'à ce que tu fasses ton service volontaire européen. Qu'est-ce qui t'a motivé à partir à l'étranger pour faire ce type de mission ?

  • Speaker #1

    J'ai fait service civique européen au Portugal, parce que justement je voulais devenir éducateur spécialisé, donc j'ai fait ça dans le cadre d'obtenir le concours d'éduc.

  • Speaker #0

    C'est comme un stage ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est comme un stage, et j'étais affecté dans un centre qui accueillait des personnes atteintes du trouble autistique, mais sévères, pas les Asperger quoi. C'était beaucoup plus complexe que ça. C'est difficile à décrire parce que chaque cas était absolument unique. Chaque personnalité, chaque problématique était assez différente. Mais il faut s'imaginer un peu un contexte d'hôpital psychiatrique plus que d'un centre d'accueil un peu plus classique. Donc, c'est là-bas. Donc, il y avait des éducateurs qui me disaient qu'il fallait plus que je les appréhende comme... C'est assez péjoratif de dire ça, j'aime pas dire ça, mais c'est pas dans le sens là que je le dis ou que je le vois. On est comme des animaux dans le sens où, instinctivement, ils réagissaient. Par exemple, ils avaient faim, ils allaient plus grogner et taper sur la table que de dire j'ai faim, vu que les modes de communication n'étaient pas du tout les mêmes que sur des modes de communication classiques. Il y avait même un cas particulier là-bas qui m'avait pas mal marqué. Par exemple, il y en avait un qui n'était pas dans la capacité de dire bonjour. ou même de communiquer, mais à côté de ça, il était capable de jouer de la basse et de chanter. C'est un trouble qui a vraiment une grande part de mystère qui ne sera jamais résolu, parce que c'est du cas par cas, donc c'est compliqué.

  • Speaker #0

    C'est à ce moment-là que le graffiti se rappelle à toi. Est-ce que tu peux justement me parler de la naissance de ton personnage mythique, le Mimile ?

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup, c'est dans cette salle de classe, entourée de ces personnes atteintes d'une trouble autistique, Que m'est venue l'idée de faire ce personnage humanoïde pour refléter un peu les instincts super sauvages qu'il a caractérisés. Et je lui ai mis un corps d'humain parce que mine de rien ça reste des humains aussi. Donc à la base le Mimile je l'ai créé pour illustrer l'autisme.

  • Speaker #0

    Ce nom, il est venu comment ?

  • Speaker #1

    Je l'ai appelé le Mimile pour ne pas répondre à la question à laquelle je n'ai jamais répondu, c'est est-ce que c'est un chien, un renard ? C'est une question qu'on me pose très très souvent. Et du coup, je n'y ai jamais répondu. Donc, je l'ai appelé Mimile pour ne pas moi-même me tromper et dire « je vais peindre mon chien ou mon renard » . Je prends un Mimile, c'est un personnage fictif, c'est le nom de l'espèce.

  • Speaker #0

    Ce personnage, au départ, tu l'as créé sur papier. Tu as tout de suite voulu peindre sur les supports. Comment ça s'est passé ? Ça s'est fait pareil progressivement ou ça a été tout de suite un rappel du graffiti qui a fait que tu es reparti à fond dedans ?

  • Speaker #1

    En fait, je l'ai créé sur un petit carnet qui d'ailleurs est exposé à l'exposition « Rien ne doit disparaître » . Et comme je venais du graffiti, évidemment, j'avais toujours quand même cette envie de peindre des murs. Et là, revenir avec autre chose que des lettrages, en fait, j'avais bien pensé que ça allait m'ouvrir des portes dans le sens que j'allais pouvoir peindre beaucoup de murs et que les gens n'allaient pas l'appréhender de la même manière qu'un tag ou un graffiti vandal. Et moi, ce que je voulais avant tout, c'était surtout faire passer des textes, mes idées. Si j'avais écrit que les textes, ça aurait été du tag. Et donc, tag égale prison, quoi.

  • Speaker #0

    Ce service civique, ça a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça a duré deux mois.

  • Speaker #0

    T'es revenu directement sur Cognac ou sur Bordeaux après ?

  • Speaker #1

    En fait, après, je suis allé à Angoulême. Je suis allé à Angoulême parce que j'avais fait déjà une année dans un centre social qui a fermé maintenant, malheureusement, qui s'appelait Lazerque. C'est eux qui m'ont donné mon premier emploi. C'était vraiment un centre vraiment génial. Après, j'en ai fait un autre à Cognac. Et puis du coup, je suis parti sur Angoulême parce que j'avais ce besoin de changer de ville. C'était un peu plus grand. Angoulême, par contre, ça ne s'est pas du tout bien passé. Je n'ai pas trop aimé. Et du coup, j'ai commencé à postuler pour rentrer en école d'art. C'est là où j'ai un peu aussi quitté cette idée de devenir éducateur pour me consacrer qu'à l'art, bien qu'à l'époque, je ne pensais pas qu'être artiste professionnel et réussir à en vivre, c'était quelque chose de possible. Pour moi, c'était... du domaine du fantasme, ça n'arrivait qu'à David Guetta en France. Oui, ok.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, au Beaux-Arts, c'est notamment là que, justement, tu as pu peut-être rencontrer d'autres personnes. Il y a quelqu'un qui est assez central, et on en reparlera justement par rapport à cette exposition. Je pensais à M. Poulet. Est-ce que tu peux me parler justement de cette rencontre avec Monsieur Poulet et de ce que ça a créé chez toi ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai rencontré Monsieur Poulet un an et demi, je crois, après les Beaux-Arts, ou peut-être si aux Beaux-Arts. Si je l'ai rencontré aux Beaux-Arts, parce que j'en souviens que j'avais utilisé le matériel des Beaux-Arts pour faire l'interview, en fait, je l'ai démarché tout simplement au culot. Je lui ai demandé « voilà, moi, tu ne me connais pas, j'arrive de nulle part, je n'ai pas fait grand-chose, mais j'ai cette volonté de faire des vidéos d'artistes » . Et donc, ça a été le premier artiste que j'ai interviewé. S'ensuit, après, j'ai été interviewé Costa, l'artiste de Porto. Donc après, je suis allé à Porto faire un interview de Costa, qui est encore disponible en vidéo sur YouTube, d'ailleurs. Si vous tapez Costa avec un H à la fin, c'est là où vous trouverez la vidéo, celle de Poulet aussi, d'ailleurs. Donc voilà, après, Poulet, c'est quelqu'un d'assez accessible au final. Il était plutôt en joie. On m'a fait confiance directe et puis ça s'est super bien passé. D'ailleurs, on est resté en contact depuis.

  • Speaker #0

    Tes œuvres comportent beaucoup de messages. Comment tu les abordes, ces messages ? Comment tu les crées ? Comment ils viennent ? Est-ce qu'il y a un process particulier ou est-ce que c'est plutôt quelque chose qui se fait au feeling ?

  • Speaker #1

    Je rebondis, j'en profite qu'on parle un peu de Monsieur Poulet. En fait, j'ai découvert son travail dans un magazine qui s'appelait Grave Bombe dans les années 2008, je crois. Et à cette époque-là, il faisait beaucoup de messages sur les murs, genre le marchand de sable m'a vendu du gravier, Maria Caret est une chanteuse ronde. Ça m'a bien fait marrer et du coup, ça m'a vachement inspiré pour me dire, ouais, j'aimerais faire ce genre de délire. Je trouve ça super drôle. Après, Poulet, il a un humour que je n'ai pas forcément. Et après, je suis plus parti quand même sur des messages peut-être un peu plus mélancoliques, on va dire. Peut-être... qui vont parler un peu plus de faits sociétaux. Mais Poulet, ouais, reste quand même une sacrée influence dans l'envie de faire des textes avec un petit personnage dans tous les cas.

  • Speaker #0

    À quel moment t'as réalisé justement l'impact qu'avait ton art sur les passants, sur le public que tu rencontres ?

  • Speaker #1

    En fait, je m'en suis rendu compte assez vite. Moi, personnellement, le personnage me parlait les codes couleurs aussi. Du coup, je l'ai fait jaune parce que ça se voit assez bien. Je lui ai fait une marinière bleue et blanche parce que j'étais au Portugal et que pour la première fois et la dernière fois de ma vie, j'ai eu un petit côté nationaliste. Et du coup, c'est en faisant une petite peinture au Portugal, à un bout de la ville, et puis en faisant une deuxième à l'autre bout, que j'ai croisé des gens qui direct avaient calcul la première que j'avais faite. Je me suis dit, mince, alors les gens retiennent ce personnage. Il fonctionne. Pour faire passer mes idées, ça va être génial.

  • Speaker #0

    Tu cherches à faire passer un message. particulier ? Il y a un fil conducteur ou c'est au cas par cas ?

  • Speaker #1

    C'est un peu au cas par cas. Des fois, je m'inspire un peu du lieu, des passants, de ce qu'ils vont me dire. Et aussi, j'ai mon petit carnet où je note toutes mes phrases à la con et je les place quand je peux. Je n'ai pas forcément volonté d'être un messie dans mes phrases. C'est plus apprendre au troisième degré parce que c'est des trucs qui sont un peu à la rigolade, même s'il y a des fois un fond de vérité. Très souvent, je fais des fautes d'orthographe, mais maintenant j'en joue en fait. Je pense que jouer de ses faiblesses, c'est une force, en tout cas c'est ma force.

  • Speaker #0

    Ça t'arrive justement d'avoir des réactions qui t'ont, je ne sais pas, surprise ou touché quand tu peins ? Parce que c'est vrai que toi tu peins à la fois dans la rue, tu peins aussi pour des institutions, du public ou du privé sur commande, et après tu peins aussi sur toile, mais justement dans ce travail plutôt public, dans la rue, est-ce que... Tu as des réactions qui te surprennent par rapport à tes messages ou des choses qui te touchent ?

  • Speaker #1

    Une fois, ce n'est pas vraiment par rapport à un message, mais en tout cas, tout ce que je peux dire, c'est que j'ai été béni. J'ai été béni au Vatican grâce à mes graphes. En fait, j'étais en train de peindre, de faire un petit truc, même pas, de coller un petit sticker au Vatican en Italie. Et en fait, il y a une dame qui est passée derrière moi, qui m'a béni le crâne. qui, en disant une phrase en italien, mais je pense qu'il voulait dire « Je te salue, je te salue, je te bénis » , et en fait, à penser que j'étais à genoux en train de prier devant le Vatican alors que j'étais en train de coller un sticker.

  • Speaker #0

    Belle anecdote. Tes œuvres, comment tu fais cet assemblage ? Est-ce que c'est quelque chose qui se fait de façon spontanée en fonction de l'endroit, en fonction du lieu, ou est-ce que c'est plutôt réfléchi, préparé en amont sur des croquis, des choses comme ça ?

  • Speaker #1

    Pour ce qui est de la phrase, souvent j'ai une petite prépa vite fait, bien que je m'inspire des fois du lieu comme je disais tout à l'heure. Pour le personnage, je l'adapte vraiment au mur, au support parce que c'est rarement les mêmes. Donc je m'adapte en fait. De toute façon, le personnage est toujours le même. Il a plus ou moins, soit il est de profil, soit il est de face.

  • Speaker #0

    J'ai vu que tu avais repassé certains de tes anciennes œuvres, justement pour les restaurer. Est-ce qu'elles vieillissent bien ? Je parle plutôt de leur conservation. Est-ce que tu as l'impression que ça vieillit bien et que ce travail est accepté dans Bordeaux ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il est plutôt bien accepté, par la municipalité en tout cas. Après, qui dit accepté par la municipalité, dit pas accepté par les autres taggeurs. Donc là, je ne parle pas des autres artistes, graffeurs, graffiti artistes. Là, je parle vraiment du taggeur de la rue, de la street. En général, c'est les premiers à mettre leur nom dessus. Alors peut-être qu'ils savent que c'est pris en photo. Donc c'est peut-être juste un petit clin d'œil, rien de bien méchant. Ou alors ça peut être une volonté de rouler ou de toyer, comme on dit. Donc ça, après, j'ai l'habitude. Donc là, je refais un peu mes fresques, encore que souvent, je les laisse vivre un peu. Il y a des tags, en fait, tant que ce n'est pas sur le personnage ou sur la phrase, je laisse. Je laisse si ce n'est pas un projet où j'ai été rénuméré pour, parce que si j'ai été rénuméré pour, je me dois un minimum quand même d'esthétique, parce que c'est une commande. Donc là, je le clean toujours, je le cleanerai toujours. Après, quand c'est des trucs de street, il y a un petit tag autour, je m'en fous un peu. Par contre, oui, si quelqu'un vient taguer dessus le personnage ou sur le message, là, pour moi, il y a volonté de nuire. Donc, oui, là, je refais direct.

  • Speaker #0

    Ok. Tu disais que tu as commencé à la bombe il y a très, très longtemps. Actuellement, tu travailles comment ?

  • Speaker #1

    Je travaille au spray depuis trop longtemps. Depuis trop longtemps parce que c'est assez toxique pour les poumons, quoi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu travailles avec le masque ?

  • Speaker #1

    Oui, je travaille toujours avec le masque. Je ne l'ai pas fait assez étant plus jeune et du coup, j'en suis devenu allergique. Ah oui. Ouais, maintenant j'ai une intolérance à tout ce qui est solvant. Donc je peins systématiquement quand j'utilise du spray avec un masque, mais de plus en plus j'utilise le pinceau pour l'aspect esthétique, la texture. Je trouve ça de plus en plus beau, même les peintures que j'ai pu découvrir, notamment en visitant le musée du Vatican. J'ai pris une telle calotte, je n'ai pas peint après pendant deux mois, et j'ai qu'une envie, c'est de me mettre au pinceau. D'autant plus en voyant le travail d'artistes comme l'artiste rouge, par exemple. avec qui j'ai eu la chance de partager un atelier pendant un an. Donc j'ai vu un peu comment elle a bossé, et elle, c'est tout pinceau. Et j'adore ce rendu, un petit peu, où au final, on peut faire des coulures, on peut mélanger des couleurs sur place. Ça donne un petit cachet que le spray n'a pas forcément, ou a d'une autre manière. Le spray, après, ça peut être très propre, très brillant, mais moi, ce n'est pas forcément ma volonté d'être très propre et brillant.

  • Speaker #0

    Vous parlez de rouge à l'instant, comment ces échanges ? avec différents artistes, parce que tu es proche de beaucoup d'artistes sur Bordeaux et ailleurs d'ailleurs. Comment ils ont fait évoluer ton travail, mis à part justement ce passage peut-être de la bombe au pinceau ?

  • Speaker #1

    En tout cas, humainement, toutes mes rencontres m'ont apporté quelque chose. Après, artistiquement, ça va être surtout les peintres au pinceau. Je pense à Mika aussi, qui fait des peintures au pinceau. Mais même après, le côté spray, le côté où je fais crachoter un peu le spray, avoir un trait très fin, ça vient de beaucoup plus loin, ça vient d'artistes d'Angoulême, de Zend, qui n'existent plus artistiquement aujourd'hui, d'ailleurs, à mon grand regret. Après, je ne le connaissais pas, mais en tout cas, à une époque, il faisait des super trucs au crachotier angoulême, et ça, ça m'a donné envie de faire le crachotis pour mon personnage aussi.

  • Speaker #0

    Justement ce Mimile, comment il a évolué à travers les années ? Parce qu'on voit que le trait s'affine, l'arrière-plan aussi. Est-ce que tu as une façon, une volonté de l'amener vers quelque chose de différent ? Et si oui, quoi ?

  • Speaker #1

    Franchement, en vrai, c'est à force de peindre, forcément, je gagne en technique malgré moi presque. Parce que je ne suis pas un grand dessinateur, je ne passe pas mes nuits à dessiner sur des croquis et à griffonner. Donc j'ai appris pas mal sur mur et puis l'expérience fait que je commence un peu à m'intéresser à la colorimétrie surtout, encore plus que le dessin. Les couleurs pour moi c'est super important, même dans l'abstrait, c'est pas une question de savoir dessiner, c'est une question de savoir mélanger les couleurs. Et pour moi c'est une belle peinture abstraite, ça me parle autant, même plus, beaucoup plus qu'un dessin par exemple architectural, super calé, super technique.

  • Speaker #0

    Et justement, comment tu te formes ? Parce que tu es plutôt autodidacte ?

  • Speaker #1

    J'apprends un peu sur le taille. Franchement, je ne suis pas très branché. Déjà, j'ai d'énormes difficultés pour pouvoir même regarder un film en entier ou lire un livre. Donc, aller commencer à étudier le dessin ou étudier des causes à effet, pour moi, tout ça, ça me prend beaucoup d'énergie. Par contre, je m'adapte assez vite en freestyle, donc c'est vite vu pour mon cas, c'est là où je me fais le plus plaisir, où j'apprends le plus vite et le mieux, c'est en essayant, en pratiquant, quitte à faire des erreurs. Ce qui, pour moi, fait partie absolument de ma création artistique, en tout cas, c'est l'erreur sera toujours là, les traits ne seront toujours pas très droits, il y aura toujours des fautes d'orthographe, désolé pour les profs de français qui m'envoient des messages me disant que ça me décrédibilise, mais c'est comme ça, j'y peux rien, même en corrigeant, il y a toujours des erreurs, ça fait partie de la vie, en fait.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une forme de liberté que tu revendiques assez souvent, dans ton travail, dans les messages. Comment tu la définis, toi, cette notion de liberté dans ton art ?

  • Speaker #1

    Déjà, j'ai la liberté de peindre un petit peu où je veux, tant que ça respecte aussi les biens d'autrui. J'ai un peu la liberté de dire un peu ce que je veux sur mur, mais ça a quand même ses limites aussi. Je sais qu'il y a des sujets où il vaut mieux pas trop toucher. En général, je suis pas non plus dans l'hyper-provoque. Donc, ma liberté, en tout cas, la liberté s'arrête. s'arrête à celle des autres aussi, au final.

  • Speaker #0

    J'ai été censuré sur des projets ou des choses où on t'a dit « Ah ça, ça passe pas » .

  • Speaker #1

    Dans la rue, en tout cas en street, en graffant et en faisant un petit message, j'ai été censuré sur deux textes. Le premier, c'était à Poitiers, c'est de « Pire Empire » , mais « Empire » écrit comme « L'Empire ottoman » . Donc de pire en pire. Et il y a un autre aussi, c'était à l'époque où il y avait Alain Juppé comme maire à Bordeaux, où j'avais marqué « Ne venez pas pleurer dans les jupées de vos mères » , avec « Mère » écrit comme le maire de Bordeaux. Là, ils avaient juste effacé, dans les deux cas, ils avaient juste effacé le message, mais laissé le personnage. Donc là, on peut parler de censure, mais ça reste quand même de la censure un peu mignonne.

  • Speaker #0

    Justement, parlant d'inspiration, est-ce qu'il y a des moments où tu es à court d'idées ? Est-ce que des fois, l'inspiration s'essouffle ? Ou est-ce qu'au contraire, tu as des techniques qui font que tu restes toujours avec quelques phrases de côté ? ça vient naturellement ou est-ce que parfois t'as peur justement de pas trouver l'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas concernant les phrases, j'ai pas écrit 5% de ce qu'il y a sur mon calepin donc j'ai de la marge il y en a beaucoup que j'écrirai jamais d'ailleurs que je sortirai jamais non plus après le manque d'inspiration c'est inhérent à tout artiste de toutes les façons je pense, on peut pas être au taquet tout le temps, tout le temps, tout le temps à part joue le rappeur, là je vois pas ...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu fais pour te renouveler quand à un moment t'es coincé, quand t'es en manque d'inspiration sur le fond ou sur la forme ? Est-ce qu'il y a des méthodes ? C'est quelque chose que tu fais ?

  • Speaker #1

    J'essaye de ne pas forcer le truc. Si je dois perdre plusieurs mois parce que je n'ai pas d'inspiration, je perds plusieurs mois. J'ai horreur de forcer le truc parce que j'ai l'impression que c'est pire et c'est un coup aussi à faire des choses qu'on n'a pas envie de faire. Et si ça ne vient pas, ça ne vient pas en fait. Si, imaginons, je n'arrive pas à avoir aucune inspiration, aucune motivation aussi, dans ce cas-là, je ferai autre chose. Mais dans tous les cas, ça finit toujours par partir, revenir. Ce n'est pas un truc fixe.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas de remède miracle, en tout cas, pour avoir de l'inspiration.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que justement, tu avais voulu faire les beaux-arts pour la passion plus que dans l'idée de pouvoir en vivre. Actuellement, c'est ce que tu fais. C'est aussi ton métier. Est-ce qu'en tant qu'autodidacte, tu as été victime du syndrome de l'imposteur ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je l'ai toujours, clairement. Je l'ai un peu moins parce que maintenant, j'accepte mieux le fait qu'il y ait des gens qui vraiment s'identifient à certains de mes travaux. Mais au début, je ne comprenais pas. Il y avait des gens qui me disaient « j'adore ce que tu fais, c'est vraiment trop cool » . Je ne comprenais pas, je leur disais « attendez quelques années avant de me dire ça, pour l'instant, c'est un peu de la merde » . Et maintenant, j'accepte un peu plus à me dire moi-même « non, c'est peut-être pas si pourri que ça, vu que je vends quand même des tableaux, que là, je fais des grosses expositions. » C'est qu'à un moment donné, c'est un fait qu'il y a des gens qui apprécient.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des différences pour toi ? dans le fait d'avoir des supports différents, à la fois la toile, à la fois le public et la rue ? Est-ce que ces différentes façons de peindre, ça se nourrit, ça se répond ?

  • Speaker #0

    Les deux sont complémentaires. Après, je vois sur toile ou sur des commandes, où j'ai un peu plus le temps, je suis capable maintenant d'échialer un peu le truc et d'y passer plus de temps. Après, au niveau de la rue, je garde du moins ma liberté aussi d'écrire n'importe quoi. Et c'est vrai que quand on me fait des commandes, qu'on me demande d'écrire des petits textes, par exemple, j'essaie d'esquiver un peu quand même parce que j'aimerais le garder justement pour la rue, pour le garder public. C'est un art qui m'appartient vraiment plus à moi, qui me parle à moi, qui me concerne personnellement. Alors que les commandes, par contre, je vais plus m'adapter à la volonté d'une autre personne. Ce qui n'est pas un problème en soi, moi je suis aussi ouvert à partager ça, pas que penser qu'à moi, à me dire je vais juste faire ce que j'aime, et puis non, j'aime aussi faire plaisir, et ça me permet en plus de pouvoir financer après mes autres peintures derrière.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit tout à l'heure, qui était amusant dans le sens où quand tu étais plus jeune, tu voyais le street. tout ce qui était perso, comme quelque chose de très éloigné de ce que tu faisais. Quel est ton regard maintenant sur la scène graffiti au sens très large, puisqu'on va mélanger le tag, le graffiti, le street art. Quel est ton regard en 2025 justement sur cette scène, du moins à Bordeaux, voire plus loin ?

  • Speaker #0

    Moi je regarde, je reste un passionné de graffiti, de tag, même si je ne pratique plus depuis fort longtemps. J'observe quand même tout ce qui se passe. Je suis assez impressionné des personnes qui ont le courage d'aller escalader des murs, peindre en rappel. C'est un peu la nouvelle mode, la nouvelle tendance. Après, question de style, j'aime bien les bons styles aussi. Mais après, la mentalité, je ne suis plus du tout dans ce truc-là. En fait, je suis... Je ne sais pas... Je serais frustré, en fait, de faire... Par exemple, de ne pas pouvoir vivre de mon art et de proposer quelque chose où je me fais cracher dessus. Peut-être que je redeviendrai un taggeur ou un graffeur, mais je n'ai pas cette envie de détériorer, en tout cas, ou de faire chier ou de parler qu'au graffeur, en fait. J'ai vraiment envie d'ouvrir mon monde et de le partager avec un monde beaucoup plus large.

  • Speaker #1

    Selon toi, qu'est-ce que le street art t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Le street art m'a clairement, le fait de faire un personnage, m'a clairement permis de pouvoir peindre beaucoup de murs sans avoir de problème. Et même au contraire, d'être sollicité, d'être énuméré même maintenant pour. L'avantage, c'est que certains diront que ce n'est pas un avantage, mais moi j'en suis très content. C'est que ça plaît autant aux mamies qu'aux gamins. Le spectre est super large. Ouais, j'en suis content, quoi.

  • Speaker #1

    Parlons de ton expo, qui célèbre du coup les 12 ans du Mimile. Ça aura lieu du 13 février au 16 mars à l'Espace Saint-Rémy à Bordeaux. Qu'est-ce qu'on va y retrouver ? Comment elle est née ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est à l'Espace Saint-Rémy. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit magnifique, c'est une église désacralisée. C'est un lieu immense. Pour moi, c'est le meilleur lieu d'exposition au niveau des salles municipales. Et je voulais absolument exposer dans cet endroit-là, puisqu'avant ça, j'avais fait l'Institut Bernard Magrèze. Et donc, quel meilleur lieu après l'Institut Bernard Magrèze pour exposer ? Je ne voyais que celui-ci. Du coup, ça a pris énormément de temps, ça a pris deux ans, parce que je suis arrivé à un moment donné où l'équipe municipale était en transition. Donc, j'ai répondu à l'appel à projet avec l'équipe municipale A. Et entre-temps, il y a l'équipe B qui est passée et qui ont ouvert un autre appel à projet et qui n'ont pas pu accéder à mon dossier. Donc, comme je n'avais pas de nouvelles, j'ai donc appelé la mairie directement. J'ai eu la chance que la standardiste à la mairie en parle à Johan Delmer. qui est un des adjoints à la culture. Et donc, lui, par chance, il habite en face d'une de mes fresques, je crois. Et du coup, il a clairement dit, il ne faut pas passer à côté de ça. En plus, il recherchait des street artists dans l'appel à projets. Donc, il m'a rappelé dans la semaine. Et du coup, il m'a donné en quelque sorte un passe-droit où ils n'ont pas étudié mon dossier. Ils m'ont direct dit, on va t'exposer. Ça va être cool, quoi. Donc, ça, c'est chouette.

  • Speaker #1

    merci à eux d'ailleurs du coup quel a été le fil conducteur de cette exposition, comment t'as voulu à la fois célébrer les 12 ans de ton personnage mais aussi mettre en avant une quinzaine d'artistes alors comme c'est les 12 ans du Mimile,

  • Speaker #0

    la salle est énorme, je me voyais mal faire la fête tout seul en fait donc j'ai invité 15 autres artistes À venir exposer avec moi, parce que ça remplit bien les cimaises, et puis que j'adore leur travail, j'ai envie de les mettre en avant. Et au final, on ne sait pas qui met en avant qui, parce que quand j'ai la moitié de l'exposition, de la salle d'exposition au final, où j'ai accroché mes tableaux, comparé, donc les deux, du coup, ils se sont partagés le reste en 15. Au final, dans tous les cas, ils n'ont même pas à me remercier, parce que c'est eux qui m'apportent le plus. C'est grâce à eux aussi que l'expo, elle est vraiment chouette. Donc, pour moi, ça me paraissait naturel d'inviter mes proches. C'est que des personnes que je connais depuis quand même assez longtemps, qui m'ont inspiré dans mes travaux.

  • Speaker #1

    J'ai une question signature pour terminer ce podcast. Quel est le pire conseil qu'on t'ait donné ?

  • Speaker #0

    Le pire conseil qu'on m'ait donné, c'était au Beaux-Arts, justement. Une prof qui était prof d'art, du coup, elle eut des tartistes, certainement. Mais son conseil, c'était ne vivez pas de votre art, ça va le dénaturer. Donc, ça, c'est le pire conseil que j'ai entendu. Évidemment, je n'en ai pas pris note.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu es souvent contacté, souvent te demander conseils, justement, pour soit démarrer, soit peut-être ouvrir certaines portes au niveau de l'art. Quel conseil que tu donnes le plus souvent ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas très original, mais faites votre truc à vous. Faites-vous surtout plaisir. Vous ne fermez pas des portes à vous maudire vous-même. et juste kiffer le truc, et puis après, il adviendra ce qu'il adviendra. Est-ce qu'il faut vraiment, pour le coup, vivre de son art, ou est-ce qu'il faut juste pratiquer son art ? Ça, c'est la question, le dilemme de beaucoup d'artistes.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Où est-ce qu'on peut te retrouver, retrouver ton art ?

  • Speaker #0

    On peut me retrouver dans les rues de Bordeaux, l'année dernière à Londres, mais je pense qu'ils ont dû être effacés. Sinon, il y en a un peu partout en France. Marseille, Nantes, Paris. Montpellier aussi, l'année dernière j'y suis allé. Asset, Toulouse. Sinon, venez à l'Expo, rien ne doit disparaître. C'est ouvert du mercredi au dimanche, du 13 février au 16 mars. 13 heures jusqu'à 19h30. Entrée gratuite. Cool. C'est important, ça. Parce que c'est pour une fois, justement, qu'une expo, c'est entrée gratuite en plus. Alors là, venez.

  • Speaker #1

    Je peux te retrouver sur Instagram et sur ton site web aussi, j'imagine.

  • Speaker #0

    Je suis sur tous les réseaux. Je suis même sur TikTok, depuis pas si longtemps que ça. Alors, je ne poste pas très régulièrement parce que je suis dépassé par ce nouveau réseau de jeunes. Donc, sinon, sur Instagram, je poste régulièrement. Facebook, ça ne sert pas à grand-chose, Facebook. C'est complètement claqué maintenant. Il n'y a plus personne qui voit les publications. Au pire, allez sur ma page Facebook. Peut-être que vous aurez plus de chance. Likez, commentez, puis vous verrez ce que je publie. Sinon, l'algorithme, il ne va rien piger. Il ne montre rien du tout, je le vois bien. Je ne suis pas le seul à faire ce constat-là. Donc, Instagram.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cet échange. J'ai hâte de découvrir votre chaîne de création. David Sellor nous rappelle que l'art est un puissant vecteur de questionnement et de liberté. Si cet épisode vous a inspiré, partagez-le autour de vous. Laissez un avis et abonnez-vous pour continuer à découvrir des artistes qui osent vous pousser les limites. Merci d'écouter FONT.

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Description

Pour ce 28ᵉ épisode de Fonce, plongez dans l’univers fascinant de David Selor, artiste peintre et créateur du personnage iconique Le Mimil.


Ensemble, nous explorerons son parcours, des débuts dans le graffiti à la construction de son langage artistique unique. À travers ses fresques engagées, il questionne notre société, défend la liberté d’expression et cherche à rendre l’art accessible à tous. Avec sincérité, David nous partage son évolution, son engagement et l’histoire de son exposition Rien ne doit 10 paraître, qui célèbre les 12 ans du Mimil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'art peut-il changer notre regard sur le monde ? Pour David Sellor, la réponse est un grand oui. Bienvenue dans FONS, le podcast qui met en lumière celles et ceux qui vivent sans regret. Je suis Ibnou et dans chaque épisode, nous partons à la rencontre d'artistes, d'entrepreneurs et d'autodidactes qui ont osé tracer leur propre chemin. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir David Sellor, artiste peintre et créateur du personnage iconique le Mimile. Ensemble, nous reviendrons sur son parcours, de ses débuts dans le graffiti à la construction de son univers artistique unique, en passant par son engagement social et son envie de rendre l'art accessible à tous. Installez-vous confortablement et laissez-vous embarquer dans cette échelle inspirante de David Sellor. Bonjour David, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, ça va.

  • Speaker #0

    Alors, tu es un artiste peintre connu, entre autres, pour ton personnage iconique, mi-homme, mi-animal, appelez-le Mimile, et aussi bien sûr pour tes fresques murales qui interpellent et qui questionnent notre société. Avant de parler de tes créations et de ton exposition « Rien ne doit disparaître » , qui s'adhère aux 10 ans du Mimile, le fameux, j'aimerais qu'on revienne sur ton parcours. Tu es né en 88, tu as grandi près de Cognac. C'est ça. Comment était ton enfance justement, et quels ont été tes premiers contacts avec l'art ?

  • Speaker #1

    Du plus loin que je me souvienne, c'était à l'école primaire quand je me rendais à mon école. Je passais devant un camp de gens du voyage et dessus, sur un espèce de truc électrique, il y avait marqué « À mort les manouches » , un truc comme ça, bourré de fautes d'orthographe en plus. Et du coup, je me suis toujours dit « Ouais, mais c'est abusé d'écrire des trucs comme ça. Franchement, j'ai hâte d'être un peu plus grand pour le repasser. » C'était un truc d'un vieux gars bien haineux, fait à l'arrache sur un petit truc électrique juste devant le camp. C'était de la pure provoque, je pense. C'est ça qui m'a dérangé.

  • Speaker #0

    Dans ta famille, dans ton entourage, tu avais des artistes ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas forcément grandi dans un milieu artistique, mais je sais que ma mère plutôt s'y est mise après coup, sur sa quarantaine, à faire du land art.

  • Speaker #0

    Si je ne dis pas de bêtises au CO2... tu as eu la visite de C'est rond mon bâton ?

  • Speaker #1

    Alors du coup, là, on remonte un petit peu après le coup du tag anti-manouche. Du coup, toujours en me rendant à la même école primaire, en fait, une nuit, il y a le graffeur C'est rond mon bâton qui est venu faire un gros lettrage avec une espèce de tête avec les cordes vocales apparentes. Et du coup, ça avait choqué tout le monde. À cette époque-là, il y avait une sacrée mouvance graffiti. C'était début 2000, ça éclatait de partout, même à Cognac, il y avait peut-être une vingtaine de graffeurs qui faisaient un peu tout style et ça éclatait beaucoup. Et donc, ce qui m'a étonné, c'est que l'école a effacé les petits tags qu'il y avait autour, donc les signatures, mais a gardé le graphe serron avec le personnage et tout. Du coup, ça m'a vachement marqué, je me suis dit clairement que là, ça a appuyé le truc en mode, j'ai envie de faire ça plus tard.

  • Speaker #0

    À quel moment tu t'es mis au graffiti, à l'art en général ? Tu as des souvenirs précis de ce moment-là ? Ça a commencé par quoi ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé par une envie plus de détruire que de construire, clairement. J'ai commencé au collège par graver les tables au compas. Je marquais mon pseudonyme. C'est vrai que c'est le parcours classique, au final, de beaucoup de street artists qui passent un peu par la dégradation. Mais là, j'étais loin en tout cas d'avoir une vocation artistique. Mon but, c'était juste d'écrire mon nom sur le plus de tables possibles, donc changer de table. Le plus que je pouvais, comme j'étais un élève assez discret, du coup, personne ne me soupçonnait. Et puis, je pouvais changer de place, de toute façon, personne ne le remarquait. Et puis, jusqu'au bout d'un moment, même, où le collège a clairement fait des appels pour trouver qui est ce fameux Rider X, il a cartonné une cinquantaine de câbles, de tables. Et je sais, ça m'a appris une chose, c'est que pendant 15 ans, ils ont gardé les mêmes tables, en tout cas, parce qu'après, j'ai des générations. qui sont allés sur mes tables, ils étaient encore les vieux Rider X.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, toi, tu rêvais de quoi ? Tu avais des rêves de boulot, de métier, de quelque chose en particulier, ou tu étais déjà tourné vers l'art ?

  • Speaker #1

    Je n'avais pas vraiment de rêve. Je pense que ce n'est pas tout le monde au collège qui a des rêves ou des ambitions et qui a envie de les concrétiser. Non, j'étais plutôt comme la majorité des ados, un peu... Un peu perdu avec une envie, un besoin de reconnaissance.

  • Speaker #0

    Et du coup, le graffiti, ça a pris quelle place dans ta vie à ce moment-là ? C'est à ce moment-là que tu as... On va dire collège-lycée que tu as continué ou c'était plus tard que ça arrivait, vraiment ?

  • Speaker #1

    Collège, du coup, je faisais mes petites merdouilles sur les tables juste pour faire chier un peu. Et puis, c'est après au lycée que j'ai commencé à utiliser des sprays. Donc, toujours du tag avec d'autres noms, d'autres pseudonymes. Première fois aussi que je me fais, entre parenthèses, arrêter en pleine action, en plein flagrant délit à l'intérieur du lycée. Donc, voilà, j'ai terminé à devoir donner mes armes au proviseur. Et il n'y a pas eu de suite, en fait. Avec le recul, je me rends compte que c'était un peu con parce que... Au final, la personne qui devait se taper le nettoyage, c'était la dame de ménage. En vrai, maintenant, je réfléchis un petit peu plus avant de taguer les chiottes du lycée. Après, j'ai commencé avec l'esprit à aller un petit peu dans la rue autour, le mercredi après-midi. Après, j'ai commencé à faire des trucs un peu plus élaborés, des flops qu'on appelle. J'avais un groupe de métal, un collectif de groupes de métal. Du coup, on s'était un peu tous mis. Et là, on était en mode apprentissage dans les rues de Cognac.

  • Speaker #0

    Au départ, c'était une passion que tu vivais seul, où très vite, tu t'es entouré de personnes qui avaient les mêmes goûts, les mêmes envies. Parce que là, tu parles d'un groupe, effectivement, de musique, mais au niveau du graffiti pur, tu as commencé vraiment tout seul à aller dans la rue ou il y a eu une émulsion au collectif ?

  • Speaker #1

    J'avais cette volonté vraiment d'aller dans la rue pour faire du graffiti et puis j'ai embarqué tous les copains avec moi qui étaient au moins aussi branchés pour faire des missions de ce genre. J'y allais aussi seul, j'y allais accompagné, mais aussi seul, parce que c'était vraiment mon truc, ma passion. Je vivais le graffiti, je mangeais graffiti, et le reste qui s'en suit, c'était vraiment tout pour moi à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Comment tu te tenais informé ou que tu te nourrissais à ce moment-là ? Parce que c'était autour des années 2000, ça, depuis 2000 ?

  • Speaker #1

    Là, on commençait à être plus 2007.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Alors je me souviens qu'à l'époque, quand même en 2007, il y avait 3-4 magazines. en kiosque de graffiti pur, même des trucs sur train, des trucs qui, maintenant, certainement ont été interdits, d'ailleurs. Tous ces magazines-là ont été remplacés par des magazines, maintenant, de street art.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Mais il y avait quand même une petite scène locale à Cognac. Je pense à des artistes comme Ezor ou Néan, aussi, des crews ODC. Il y avait les CDK, Bac, le PIF. Ouais, ouais, ils m'ont pas mal influencé, surtout Ezor, au niveau des styles de lettres. Et puis, il y a un jour, je ne sais jamais, je ne saurais jamais qui c'est, mais je postais les trucs sur mon Skype blog à l'époque. Et je m'étais fait embrouiller par quelqu'un parce que j'avais un peu le même style. Je n'ai jamais su qui c'était, je ne le saurais jamais. Pour le coup, après, je me suis dit, bon, quel milieu un peu pas ouf. Donc, j'ai un peu laissé le truc. J'ai essayé de trouver plus. Mon propre délire et puis après j'ai arrêté justement le graffiti parce que justement j'avais 19 ans et j'ai commencé à travailler en tant qu'animateur dans des centres sociaux. Et donc là il ne me fallait pas de problème, pas de casier et puis j'étais plus occupé aussi, moins en perdition. Et puis c'est là aussi que m'est venue l'envie de faire éducateur spécialisé. Je voulais travailler avec les... avec le public jeune délinquant. Le milieu du handicap m'intéressait beaucoup aussi. En attendant, je faisais mon expérience en tant qu'animateur en centre de loisirs pour espérer passer le concours d'éducateur spécialisé.

  • Speaker #0

    Du coup, c'est vrai qu'à ce moment-là, le graffiti que tu pratiquais, c'était plus du graffiti vandal. Tu étais déjà dans des... Lettrages, dans des recherches de personnages ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    J'étais 100% lettrages, anti street art, anti personnages. Pour moi, tout ça, c'était vraiment un truc de gros vendu. Ça m'intéressait, mais alors vraiment pas, quoi. Vraiment pas.

  • Speaker #0

    Ça s'est arrêté de naître ou il y a eu une sorte d'arrêt progressif du graffiti ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai dû arrêter du jour au lendemain parce que j'ai un... Maintenant, c'est un très bon ami, Mathieu Perronneau, AK Perro, qui est le monsieur graffiti légal de la ville de Cognac. Il a monté pas mal de projets avec des autorisations. À cette époque-là, je bossais un petit peu avec lui. C'est lui qui m'a mis sur mes premiers projets un peu professionnels. Sauf qu'au bout d'un moment, Cognac c'est une toute petite ville, on a quand même vite fait le tour, il suffit au bout de 4 ans quand même à faire du Vandal. J'étais un petit peu repéré, donc ils ont fait descendre la brigade de Poitiers pour me serrer. Du coup Perrault a été convoqué plusieurs fois au commissariat, ils avaient fait un lien avec lui et moi. Je peux en parler actuellement parce que ça fait plus de 10 ans et je sais que je n'aurais pas de problème avec ça. Mais du coup, ça m'a fait vraiment arrêter, stop le truc, parce que clairement, si je continuais, j'allais avoir une grosse amende et je n'avais pas forcément envie de démarrer avec ma petite paye d'animateur, avec des grosses amendes qui m'auraient certainement pénalisé pour toute ma vie.

  • Speaker #0

    Donc tu t'arrêtes, si les calculs sont bons, 2-3 ans, jusqu'à ce que tu fasses ton service volontaire européen. Qu'est-ce qui t'a motivé à partir à l'étranger pour faire ce type de mission ?

  • Speaker #1

    J'ai fait service civique européen au Portugal, parce que justement je voulais devenir éducateur spécialisé, donc j'ai fait ça dans le cadre d'obtenir le concours d'éduc.

  • Speaker #0

    C'est comme un stage ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est comme un stage, et j'étais affecté dans un centre qui accueillait des personnes atteintes du trouble autistique, mais sévères, pas les Asperger quoi. C'était beaucoup plus complexe que ça. C'est difficile à décrire parce que chaque cas était absolument unique. Chaque personnalité, chaque problématique était assez différente. Mais il faut s'imaginer un peu un contexte d'hôpital psychiatrique plus que d'un centre d'accueil un peu plus classique. Donc, c'est là-bas. Donc, il y avait des éducateurs qui me disaient qu'il fallait plus que je les appréhende comme... C'est assez péjoratif de dire ça, j'aime pas dire ça, mais c'est pas dans le sens là que je le dis ou que je le vois. On est comme des animaux dans le sens où, instinctivement, ils réagissaient. Par exemple, ils avaient faim, ils allaient plus grogner et taper sur la table que de dire j'ai faim, vu que les modes de communication n'étaient pas du tout les mêmes que sur des modes de communication classiques. Il y avait même un cas particulier là-bas qui m'avait pas mal marqué. Par exemple, il y en avait un qui n'était pas dans la capacité de dire bonjour. ou même de communiquer, mais à côté de ça, il était capable de jouer de la basse et de chanter. C'est un trouble qui a vraiment une grande part de mystère qui ne sera jamais résolu, parce que c'est du cas par cas, donc c'est compliqué.

  • Speaker #0

    C'est à ce moment-là que le graffiti se rappelle à toi. Est-ce que tu peux justement me parler de la naissance de ton personnage mythique, le Mimile ?

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup, c'est dans cette salle de classe, entourée de ces personnes atteintes d'une trouble autistique, Que m'est venue l'idée de faire ce personnage humanoïde pour refléter un peu les instincts super sauvages qu'il a caractérisés. Et je lui ai mis un corps d'humain parce que mine de rien ça reste des humains aussi. Donc à la base le Mimile je l'ai créé pour illustrer l'autisme.

  • Speaker #0

    Ce nom, il est venu comment ?

  • Speaker #1

    Je l'ai appelé le Mimile pour ne pas répondre à la question à laquelle je n'ai jamais répondu, c'est est-ce que c'est un chien, un renard ? C'est une question qu'on me pose très très souvent. Et du coup, je n'y ai jamais répondu. Donc, je l'ai appelé Mimile pour ne pas moi-même me tromper et dire « je vais peindre mon chien ou mon renard » . Je prends un Mimile, c'est un personnage fictif, c'est le nom de l'espèce.

  • Speaker #0

    Ce personnage, au départ, tu l'as créé sur papier. Tu as tout de suite voulu peindre sur les supports. Comment ça s'est passé ? Ça s'est fait pareil progressivement ou ça a été tout de suite un rappel du graffiti qui a fait que tu es reparti à fond dedans ?

  • Speaker #1

    En fait, je l'ai créé sur un petit carnet qui d'ailleurs est exposé à l'exposition « Rien ne doit disparaître » . Et comme je venais du graffiti, évidemment, j'avais toujours quand même cette envie de peindre des murs. Et là, revenir avec autre chose que des lettrages, en fait, j'avais bien pensé que ça allait m'ouvrir des portes dans le sens que j'allais pouvoir peindre beaucoup de murs et que les gens n'allaient pas l'appréhender de la même manière qu'un tag ou un graffiti vandal. Et moi, ce que je voulais avant tout, c'était surtout faire passer des textes, mes idées. Si j'avais écrit que les textes, ça aurait été du tag. Et donc, tag égale prison, quoi.

  • Speaker #0

    Ce service civique, ça a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça a duré deux mois.

  • Speaker #0

    T'es revenu directement sur Cognac ou sur Bordeaux après ?

  • Speaker #1

    En fait, après, je suis allé à Angoulême. Je suis allé à Angoulême parce que j'avais fait déjà une année dans un centre social qui a fermé maintenant, malheureusement, qui s'appelait Lazerque. C'est eux qui m'ont donné mon premier emploi. C'était vraiment un centre vraiment génial. Après, j'en ai fait un autre à Cognac. Et puis du coup, je suis parti sur Angoulême parce que j'avais ce besoin de changer de ville. C'était un peu plus grand. Angoulême, par contre, ça ne s'est pas du tout bien passé. Je n'ai pas trop aimé. Et du coup, j'ai commencé à postuler pour rentrer en école d'art. C'est là où j'ai un peu aussi quitté cette idée de devenir éducateur pour me consacrer qu'à l'art, bien qu'à l'époque, je ne pensais pas qu'être artiste professionnel et réussir à en vivre, c'était quelque chose de possible. Pour moi, c'était... du domaine du fantasme, ça n'arrivait qu'à David Guetta en France. Oui, ok.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, au Beaux-Arts, c'est notamment là que, justement, tu as pu peut-être rencontrer d'autres personnes. Il y a quelqu'un qui est assez central, et on en reparlera justement par rapport à cette exposition. Je pensais à M. Poulet. Est-ce que tu peux me parler justement de cette rencontre avec Monsieur Poulet et de ce que ça a créé chez toi ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai rencontré Monsieur Poulet un an et demi, je crois, après les Beaux-Arts, ou peut-être si aux Beaux-Arts. Si je l'ai rencontré aux Beaux-Arts, parce que j'en souviens que j'avais utilisé le matériel des Beaux-Arts pour faire l'interview, en fait, je l'ai démarché tout simplement au culot. Je lui ai demandé « voilà, moi, tu ne me connais pas, j'arrive de nulle part, je n'ai pas fait grand-chose, mais j'ai cette volonté de faire des vidéos d'artistes » . Et donc, ça a été le premier artiste que j'ai interviewé. S'ensuit, après, j'ai été interviewé Costa, l'artiste de Porto. Donc après, je suis allé à Porto faire un interview de Costa, qui est encore disponible en vidéo sur YouTube, d'ailleurs. Si vous tapez Costa avec un H à la fin, c'est là où vous trouverez la vidéo, celle de Poulet aussi, d'ailleurs. Donc voilà, après, Poulet, c'est quelqu'un d'assez accessible au final. Il était plutôt en joie. On m'a fait confiance directe et puis ça s'est super bien passé. D'ailleurs, on est resté en contact depuis.

  • Speaker #0

    Tes œuvres comportent beaucoup de messages. Comment tu les abordes, ces messages ? Comment tu les crées ? Comment ils viennent ? Est-ce qu'il y a un process particulier ou est-ce que c'est plutôt quelque chose qui se fait au feeling ?

  • Speaker #1

    Je rebondis, j'en profite qu'on parle un peu de Monsieur Poulet. En fait, j'ai découvert son travail dans un magazine qui s'appelait Grave Bombe dans les années 2008, je crois. Et à cette époque-là, il faisait beaucoup de messages sur les murs, genre le marchand de sable m'a vendu du gravier, Maria Caret est une chanteuse ronde. Ça m'a bien fait marrer et du coup, ça m'a vachement inspiré pour me dire, ouais, j'aimerais faire ce genre de délire. Je trouve ça super drôle. Après, Poulet, il a un humour que je n'ai pas forcément. Et après, je suis plus parti quand même sur des messages peut-être un peu plus mélancoliques, on va dire. Peut-être... qui vont parler un peu plus de faits sociétaux. Mais Poulet, ouais, reste quand même une sacrée influence dans l'envie de faire des textes avec un petit personnage dans tous les cas.

  • Speaker #0

    À quel moment t'as réalisé justement l'impact qu'avait ton art sur les passants, sur le public que tu rencontres ?

  • Speaker #1

    En fait, je m'en suis rendu compte assez vite. Moi, personnellement, le personnage me parlait les codes couleurs aussi. Du coup, je l'ai fait jaune parce que ça se voit assez bien. Je lui ai fait une marinière bleue et blanche parce que j'étais au Portugal et que pour la première fois et la dernière fois de ma vie, j'ai eu un petit côté nationaliste. Et du coup, c'est en faisant une petite peinture au Portugal, à un bout de la ville, et puis en faisant une deuxième à l'autre bout, que j'ai croisé des gens qui direct avaient calcul la première que j'avais faite. Je me suis dit, mince, alors les gens retiennent ce personnage. Il fonctionne. Pour faire passer mes idées, ça va être génial.

  • Speaker #0

    Tu cherches à faire passer un message. particulier ? Il y a un fil conducteur ou c'est au cas par cas ?

  • Speaker #1

    C'est un peu au cas par cas. Des fois, je m'inspire un peu du lieu, des passants, de ce qu'ils vont me dire. Et aussi, j'ai mon petit carnet où je note toutes mes phrases à la con et je les place quand je peux. Je n'ai pas forcément volonté d'être un messie dans mes phrases. C'est plus apprendre au troisième degré parce que c'est des trucs qui sont un peu à la rigolade, même s'il y a des fois un fond de vérité. Très souvent, je fais des fautes d'orthographe, mais maintenant j'en joue en fait. Je pense que jouer de ses faiblesses, c'est une force, en tout cas c'est ma force.

  • Speaker #0

    Ça t'arrive justement d'avoir des réactions qui t'ont, je ne sais pas, surprise ou touché quand tu peins ? Parce que c'est vrai que toi tu peins à la fois dans la rue, tu peins aussi pour des institutions, du public ou du privé sur commande, et après tu peins aussi sur toile, mais justement dans ce travail plutôt public, dans la rue, est-ce que... Tu as des réactions qui te surprennent par rapport à tes messages ou des choses qui te touchent ?

  • Speaker #1

    Une fois, ce n'est pas vraiment par rapport à un message, mais en tout cas, tout ce que je peux dire, c'est que j'ai été béni. J'ai été béni au Vatican grâce à mes graphes. En fait, j'étais en train de peindre, de faire un petit truc, même pas, de coller un petit sticker au Vatican en Italie. Et en fait, il y a une dame qui est passée derrière moi, qui m'a béni le crâne. qui, en disant une phrase en italien, mais je pense qu'il voulait dire « Je te salue, je te salue, je te bénis » , et en fait, à penser que j'étais à genoux en train de prier devant le Vatican alors que j'étais en train de coller un sticker.

  • Speaker #0

    Belle anecdote. Tes œuvres, comment tu fais cet assemblage ? Est-ce que c'est quelque chose qui se fait de façon spontanée en fonction de l'endroit, en fonction du lieu, ou est-ce que c'est plutôt réfléchi, préparé en amont sur des croquis, des choses comme ça ?

  • Speaker #1

    Pour ce qui est de la phrase, souvent j'ai une petite prépa vite fait, bien que je m'inspire des fois du lieu comme je disais tout à l'heure. Pour le personnage, je l'adapte vraiment au mur, au support parce que c'est rarement les mêmes. Donc je m'adapte en fait. De toute façon, le personnage est toujours le même. Il a plus ou moins, soit il est de profil, soit il est de face.

  • Speaker #0

    J'ai vu que tu avais repassé certains de tes anciennes œuvres, justement pour les restaurer. Est-ce qu'elles vieillissent bien ? Je parle plutôt de leur conservation. Est-ce que tu as l'impression que ça vieillit bien et que ce travail est accepté dans Bordeaux ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il est plutôt bien accepté, par la municipalité en tout cas. Après, qui dit accepté par la municipalité, dit pas accepté par les autres taggeurs. Donc là, je ne parle pas des autres artistes, graffeurs, graffiti artistes. Là, je parle vraiment du taggeur de la rue, de la street. En général, c'est les premiers à mettre leur nom dessus. Alors peut-être qu'ils savent que c'est pris en photo. Donc c'est peut-être juste un petit clin d'œil, rien de bien méchant. Ou alors ça peut être une volonté de rouler ou de toyer, comme on dit. Donc ça, après, j'ai l'habitude. Donc là, je refais un peu mes fresques, encore que souvent, je les laisse vivre un peu. Il y a des tags, en fait, tant que ce n'est pas sur le personnage ou sur la phrase, je laisse. Je laisse si ce n'est pas un projet où j'ai été rénuméré pour, parce que si j'ai été rénuméré pour, je me dois un minimum quand même d'esthétique, parce que c'est une commande. Donc là, je le clean toujours, je le cleanerai toujours. Après, quand c'est des trucs de street, il y a un petit tag autour, je m'en fous un peu. Par contre, oui, si quelqu'un vient taguer dessus le personnage ou sur le message, là, pour moi, il y a volonté de nuire. Donc, oui, là, je refais direct.

  • Speaker #0

    Ok. Tu disais que tu as commencé à la bombe il y a très, très longtemps. Actuellement, tu travailles comment ?

  • Speaker #1

    Je travaille au spray depuis trop longtemps. Depuis trop longtemps parce que c'est assez toxique pour les poumons, quoi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu travailles avec le masque ?

  • Speaker #1

    Oui, je travaille toujours avec le masque. Je ne l'ai pas fait assez étant plus jeune et du coup, j'en suis devenu allergique. Ah oui. Ouais, maintenant j'ai une intolérance à tout ce qui est solvant. Donc je peins systématiquement quand j'utilise du spray avec un masque, mais de plus en plus j'utilise le pinceau pour l'aspect esthétique, la texture. Je trouve ça de plus en plus beau, même les peintures que j'ai pu découvrir, notamment en visitant le musée du Vatican. J'ai pris une telle calotte, je n'ai pas peint après pendant deux mois, et j'ai qu'une envie, c'est de me mettre au pinceau. D'autant plus en voyant le travail d'artistes comme l'artiste rouge, par exemple. avec qui j'ai eu la chance de partager un atelier pendant un an. Donc j'ai vu un peu comment elle a bossé, et elle, c'est tout pinceau. Et j'adore ce rendu, un petit peu, où au final, on peut faire des coulures, on peut mélanger des couleurs sur place. Ça donne un petit cachet que le spray n'a pas forcément, ou a d'une autre manière. Le spray, après, ça peut être très propre, très brillant, mais moi, ce n'est pas forcément ma volonté d'être très propre et brillant.

  • Speaker #0

    Vous parlez de rouge à l'instant, comment ces échanges ? avec différents artistes, parce que tu es proche de beaucoup d'artistes sur Bordeaux et ailleurs d'ailleurs. Comment ils ont fait évoluer ton travail, mis à part justement ce passage peut-être de la bombe au pinceau ?

  • Speaker #1

    En tout cas, humainement, toutes mes rencontres m'ont apporté quelque chose. Après, artistiquement, ça va être surtout les peintres au pinceau. Je pense à Mika aussi, qui fait des peintures au pinceau. Mais même après, le côté spray, le côté où je fais crachoter un peu le spray, avoir un trait très fin, ça vient de beaucoup plus loin, ça vient d'artistes d'Angoulême, de Zend, qui n'existent plus artistiquement aujourd'hui, d'ailleurs, à mon grand regret. Après, je ne le connaissais pas, mais en tout cas, à une époque, il faisait des super trucs au crachotier angoulême, et ça, ça m'a donné envie de faire le crachotis pour mon personnage aussi.

  • Speaker #0

    Justement ce Mimile, comment il a évolué à travers les années ? Parce qu'on voit que le trait s'affine, l'arrière-plan aussi. Est-ce que tu as une façon, une volonté de l'amener vers quelque chose de différent ? Et si oui, quoi ?

  • Speaker #1

    Franchement, en vrai, c'est à force de peindre, forcément, je gagne en technique malgré moi presque. Parce que je ne suis pas un grand dessinateur, je ne passe pas mes nuits à dessiner sur des croquis et à griffonner. Donc j'ai appris pas mal sur mur et puis l'expérience fait que je commence un peu à m'intéresser à la colorimétrie surtout, encore plus que le dessin. Les couleurs pour moi c'est super important, même dans l'abstrait, c'est pas une question de savoir dessiner, c'est une question de savoir mélanger les couleurs. Et pour moi c'est une belle peinture abstraite, ça me parle autant, même plus, beaucoup plus qu'un dessin par exemple architectural, super calé, super technique.

  • Speaker #0

    Et justement, comment tu te formes ? Parce que tu es plutôt autodidacte ?

  • Speaker #1

    J'apprends un peu sur le taille. Franchement, je ne suis pas très branché. Déjà, j'ai d'énormes difficultés pour pouvoir même regarder un film en entier ou lire un livre. Donc, aller commencer à étudier le dessin ou étudier des causes à effet, pour moi, tout ça, ça me prend beaucoup d'énergie. Par contre, je m'adapte assez vite en freestyle, donc c'est vite vu pour mon cas, c'est là où je me fais le plus plaisir, où j'apprends le plus vite et le mieux, c'est en essayant, en pratiquant, quitte à faire des erreurs. Ce qui, pour moi, fait partie absolument de ma création artistique, en tout cas, c'est l'erreur sera toujours là, les traits ne seront toujours pas très droits, il y aura toujours des fautes d'orthographe, désolé pour les profs de français qui m'envoient des messages me disant que ça me décrédibilise, mais c'est comme ça, j'y peux rien, même en corrigeant, il y a toujours des erreurs, ça fait partie de la vie, en fait.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une forme de liberté que tu revendiques assez souvent, dans ton travail, dans les messages. Comment tu la définis, toi, cette notion de liberté dans ton art ?

  • Speaker #1

    Déjà, j'ai la liberté de peindre un petit peu où je veux, tant que ça respecte aussi les biens d'autrui. J'ai un peu la liberté de dire un peu ce que je veux sur mur, mais ça a quand même ses limites aussi. Je sais qu'il y a des sujets où il vaut mieux pas trop toucher. En général, je suis pas non plus dans l'hyper-provoque. Donc, ma liberté, en tout cas, la liberté s'arrête. s'arrête à celle des autres aussi, au final.

  • Speaker #0

    J'ai été censuré sur des projets ou des choses où on t'a dit « Ah ça, ça passe pas » .

  • Speaker #1

    Dans la rue, en tout cas en street, en graffant et en faisant un petit message, j'ai été censuré sur deux textes. Le premier, c'était à Poitiers, c'est de « Pire Empire » , mais « Empire » écrit comme « L'Empire ottoman » . Donc de pire en pire. Et il y a un autre aussi, c'était à l'époque où il y avait Alain Juppé comme maire à Bordeaux, où j'avais marqué « Ne venez pas pleurer dans les jupées de vos mères » , avec « Mère » écrit comme le maire de Bordeaux. Là, ils avaient juste effacé, dans les deux cas, ils avaient juste effacé le message, mais laissé le personnage. Donc là, on peut parler de censure, mais ça reste quand même de la censure un peu mignonne.

  • Speaker #0

    Justement, parlant d'inspiration, est-ce qu'il y a des moments où tu es à court d'idées ? Est-ce que des fois, l'inspiration s'essouffle ? Ou est-ce qu'au contraire, tu as des techniques qui font que tu restes toujours avec quelques phrases de côté ? ça vient naturellement ou est-ce que parfois t'as peur justement de pas trouver l'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas concernant les phrases, j'ai pas écrit 5% de ce qu'il y a sur mon calepin donc j'ai de la marge il y en a beaucoup que j'écrirai jamais d'ailleurs que je sortirai jamais non plus après le manque d'inspiration c'est inhérent à tout artiste de toutes les façons je pense, on peut pas être au taquet tout le temps, tout le temps, tout le temps à part joue le rappeur, là je vois pas ...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu fais pour te renouveler quand à un moment t'es coincé, quand t'es en manque d'inspiration sur le fond ou sur la forme ? Est-ce qu'il y a des méthodes ? C'est quelque chose que tu fais ?

  • Speaker #1

    J'essaye de ne pas forcer le truc. Si je dois perdre plusieurs mois parce que je n'ai pas d'inspiration, je perds plusieurs mois. J'ai horreur de forcer le truc parce que j'ai l'impression que c'est pire et c'est un coup aussi à faire des choses qu'on n'a pas envie de faire. Et si ça ne vient pas, ça ne vient pas en fait. Si, imaginons, je n'arrive pas à avoir aucune inspiration, aucune motivation aussi, dans ce cas-là, je ferai autre chose. Mais dans tous les cas, ça finit toujours par partir, revenir. Ce n'est pas un truc fixe.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas de remède miracle, en tout cas, pour avoir de l'inspiration.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que justement, tu avais voulu faire les beaux-arts pour la passion plus que dans l'idée de pouvoir en vivre. Actuellement, c'est ce que tu fais. C'est aussi ton métier. Est-ce qu'en tant qu'autodidacte, tu as été victime du syndrome de l'imposteur ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je l'ai toujours, clairement. Je l'ai un peu moins parce que maintenant, j'accepte mieux le fait qu'il y ait des gens qui vraiment s'identifient à certains de mes travaux. Mais au début, je ne comprenais pas. Il y avait des gens qui me disaient « j'adore ce que tu fais, c'est vraiment trop cool » . Je ne comprenais pas, je leur disais « attendez quelques années avant de me dire ça, pour l'instant, c'est un peu de la merde » . Et maintenant, j'accepte un peu plus à me dire moi-même « non, c'est peut-être pas si pourri que ça, vu que je vends quand même des tableaux, que là, je fais des grosses expositions. » C'est qu'à un moment donné, c'est un fait qu'il y a des gens qui apprécient.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des différences pour toi ? dans le fait d'avoir des supports différents, à la fois la toile, à la fois le public et la rue ? Est-ce que ces différentes façons de peindre, ça se nourrit, ça se répond ?

  • Speaker #0

    Les deux sont complémentaires. Après, je vois sur toile ou sur des commandes, où j'ai un peu plus le temps, je suis capable maintenant d'échialer un peu le truc et d'y passer plus de temps. Après, au niveau de la rue, je garde du moins ma liberté aussi d'écrire n'importe quoi. Et c'est vrai que quand on me fait des commandes, qu'on me demande d'écrire des petits textes, par exemple, j'essaie d'esquiver un peu quand même parce que j'aimerais le garder justement pour la rue, pour le garder public. C'est un art qui m'appartient vraiment plus à moi, qui me parle à moi, qui me concerne personnellement. Alors que les commandes, par contre, je vais plus m'adapter à la volonté d'une autre personne. Ce qui n'est pas un problème en soi, moi je suis aussi ouvert à partager ça, pas que penser qu'à moi, à me dire je vais juste faire ce que j'aime, et puis non, j'aime aussi faire plaisir, et ça me permet en plus de pouvoir financer après mes autres peintures derrière.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit tout à l'heure, qui était amusant dans le sens où quand tu étais plus jeune, tu voyais le street. tout ce qui était perso, comme quelque chose de très éloigné de ce que tu faisais. Quel est ton regard maintenant sur la scène graffiti au sens très large, puisqu'on va mélanger le tag, le graffiti, le street art. Quel est ton regard en 2025 justement sur cette scène, du moins à Bordeaux, voire plus loin ?

  • Speaker #0

    Moi je regarde, je reste un passionné de graffiti, de tag, même si je ne pratique plus depuis fort longtemps. J'observe quand même tout ce qui se passe. Je suis assez impressionné des personnes qui ont le courage d'aller escalader des murs, peindre en rappel. C'est un peu la nouvelle mode, la nouvelle tendance. Après, question de style, j'aime bien les bons styles aussi. Mais après, la mentalité, je ne suis plus du tout dans ce truc-là. En fait, je suis... Je ne sais pas... Je serais frustré, en fait, de faire... Par exemple, de ne pas pouvoir vivre de mon art et de proposer quelque chose où je me fais cracher dessus. Peut-être que je redeviendrai un taggeur ou un graffeur, mais je n'ai pas cette envie de détériorer, en tout cas, ou de faire chier ou de parler qu'au graffeur, en fait. J'ai vraiment envie d'ouvrir mon monde et de le partager avec un monde beaucoup plus large.

  • Speaker #1

    Selon toi, qu'est-ce que le street art t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Le street art m'a clairement, le fait de faire un personnage, m'a clairement permis de pouvoir peindre beaucoup de murs sans avoir de problème. Et même au contraire, d'être sollicité, d'être énuméré même maintenant pour. L'avantage, c'est que certains diront que ce n'est pas un avantage, mais moi j'en suis très content. C'est que ça plaît autant aux mamies qu'aux gamins. Le spectre est super large. Ouais, j'en suis content, quoi.

  • Speaker #1

    Parlons de ton expo, qui célèbre du coup les 12 ans du Mimile. Ça aura lieu du 13 février au 16 mars à l'Espace Saint-Rémy à Bordeaux. Qu'est-ce qu'on va y retrouver ? Comment elle est née ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est à l'Espace Saint-Rémy. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit magnifique, c'est une église désacralisée. C'est un lieu immense. Pour moi, c'est le meilleur lieu d'exposition au niveau des salles municipales. Et je voulais absolument exposer dans cet endroit-là, puisqu'avant ça, j'avais fait l'Institut Bernard Magrèze. Et donc, quel meilleur lieu après l'Institut Bernard Magrèze pour exposer ? Je ne voyais que celui-ci. Du coup, ça a pris énormément de temps, ça a pris deux ans, parce que je suis arrivé à un moment donné où l'équipe municipale était en transition. Donc, j'ai répondu à l'appel à projet avec l'équipe municipale A. Et entre-temps, il y a l'équipe B qui est passée et qui ont ouvert un autre appel à projet et qui n'ont pas pu accéder à mon dossier. Donc, comme je n'avais pas de nouvelles, j'ai donc appelé la mairie directement. J'ai eu la chance que la standardiste à la mairie en parle à Johan Delmer. qui est un des adjoints à la culture. Et donc, lui, par chance, il habite en face d'une de mes fresques, je crois. Et du coup, il a clairement dit, il ne faut pas passer à côté de ça. En plus, il recherchait des street artists dans l'appel à projets. Donc, il m'a rappelé dans la semaine. Et du coup, il m'a donné en quelque sorte un passe-droit où ils n'ont pas étudié mon dossier. Ils m'ont direct dit, on va t'exposer. Ça va être cool, quoi. Donc, ça, c'est chouette.

  • Speaker #1

    merci à eux d'ailleurs du coup quel a été le fil conducteur de cette exposition, comment t'as voulu à la fois célébrer les 12 ans de ton personnage mais aussi mettre en avant une quinzaine d'artistes alors comme c'est les 12 ans du Mimile,

  • Speaker #0

    la salle est énorme, je me voyais mal faire la fête tout seul en fait donc j'ai invité 15 autres artistes À venir exposer avec moi, parce que ça remplit bien les cimaises, et puis que j'adore leur travail, j'ai envie de les mettre en avant. Et au final, on ne sait pas qui met en avant qui, parce que quand j'ai la moitié de l'exposition, de la salle d'exposition au final, où j'ai accroché mes tableaux, comparé, donc les deux, du coup, ils se sont partagés le reste en 15. Au final, dans tous les cas, ils n'ont même pas à me remercier, parce que c'est eux qui m'apportent le plus. C'est grâce à eux aussi que l'expo, elle est vraiment chouette. Donc, pour moi, ça me paraissait naturel d'inviter mes proches. C'est que des personnes que je connais depuis quand même assez longtemps, qui m'ont inspiré dans mes travaux.

  • Speaker #1

    J'ai une question signature pour terminer ce podcast. Quel est le pire conseil qu'on t'ait donné ?

  • Speaker #0

    Le pire conseil qu'on m'ait donné, c'était au Beaux-Arts, justement. Une prof qui était prof d'art, du coup, elle eut des tartistes, certainement. Mais son conseil, c'était ne vivez pas de votre art, ça va le dénaturer. Donc, ça, c'est le pire conseil que j'ai entendu. Évidemment, je n'en ai pas pris note.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu es souvent contacté, souvent te demander conseils, justement, pour soit démarrer, soit peut-être ouvrir certaines portes au niveau de l'art. Quel conseil que tu donnes le plus souvent ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas très original, mais faites votre truc à vous. Faites-vous surtout plaisir. Vous ne fermez pas des portes à vous maudire vous-même. et juste kiffer le truc, et puis après, il adviendra ce qu'il adviendra. Est-ce qu'il faut vraiment, pour le coup, vivre de son art, ou est-ce qu'il faut juste pratiquer son art ? Ça, c'est la question, le dilemme de beaucoup d'artistes.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Où est-ce qu'on peut te retrouver, retrouver ton art ?

  • Speaker #0

    On peut me retrouver dans les rues de Bordeaux, l'année dernière à Londres, mais je pense qu'ils ont dû être effacés. Sinon, il y en a un peu partout en France. Marseille, Nantes, Paris. Montpellier aussi, l'année dernière j'y suis allé. Asset, Toulouse. Sinon, venez à l'Expo, rien ne doit disparaître. C'est ouvert du mercredi au dimanche, du 13 février au 16 mars. 13 heures jusqu'à 19h30. Entrée gratuite. Cool. C'est important, ça. Parce que c'est pour une fois, justement, qu'une expo, c'est entrée gratuite en plus. Alors là, venez.

  • Speaker #1

    Je peux te retrouver sur Instagram et sur ton site web aussi, j'imagine.

  • Speaker #0

    Je suis sur tous les réseaux. Je suis même sur TikTok, depuis pas si longtemps que ça. Alors, je ne poste pas très régulièrement parce que je suis dépassé par ce nouveau réseau de jeunes. Donc, sinon, sur Instagram, je poste régulièrement. Facebook, ça ne sert pas à grand-chose, Facebook. C'est complètement claqué maintenant. Il n'y a plus personne qui voit les publications. Au pire, allez sur ma page Facebook. Peut-être que vous aurez plus de chance. Likez, commentez, puis vous verrez ce que je publie. Sinon, l'algorithme, il ne va rien piger. Il ne montre rien du tout, je le vois bien. Je ne suis pas le seul à faire ce constat-là. Donc, Instagram.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cet échange. J'ai hâte de découvrir votre chaîne de création. David Sellor nous rappelle que l'art est un puissant vecteur de questionnement et de liberté. Si cet épisode vous a inspiré, partagez-le autour de vous. Laissez un avis et abonnez-vous pour continuer à découvrir des artistes qui osent vous pousser les limites. Merci d'écouter FONT.

Description

Pour ce 28ᵉ épisode de Fonce, plongez dans l’univers fascinant de David Selor, artiste peintre et créateur du personnage iconique Le Mimil.


Ensemble, nous explorerons son parcours, des débuts dans le graffiti à la construction de son langage artistique unique. À travers ses fresques engagées, il questionne notre société, défend la liberté d’expression et cherche à rendre l’art accessible à tous. Avec sincérité, David nous partage son évolution, son engagement et l’histoire de son exposition Rien ne doit 10 paraître, qui célèbre les 12 ans du Mimil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'art peut-il changer notre regard sur le monde ? Pour David Sellor, la réponse est un grand oui. Bienvenue dans FONS, le podcast qui met en lumière celles et ceux qui vivent sans regret. Je suis Ibnou et dans chaque épisode, nous partons à la rencontre d'artistes, d'entrepreneurs et d'autodidactes qui ont osé tracer leur propre chemin. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir David Sellor, artiste peintre et créateur du personnage iconique le Mimile. Ensemble, nous reviendrons sur son parcours, de ses débuts dans le graffiti à la construction de son univers artistique unique, en passant par son engagement social et son envie de rendre l'art accessible à tous. Installez-vous confortablement et laissez-vous embarquer dans cette échelle inspirante de David Sellor. Bonjour David, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va, ça va.

  • Speaker #0

    Alors, tu es un artiste peintre connu, entre autres, pour ton personnage iconique, mi-homme, mi-animal, appelez-le Mimile, et aussi bien sûr pour tes fresques murales qui interpellent et qui questionnent notre société. Avant de parler de tes créations et de ton exposition « Rien ne doit disparaître » , qui s'adhère aux 10 ans du Mimile, le fameux, j'aimerais qu'on revienne sur ton parcours. Tu es né en 88, tu as grandi près de Cognac. C'est ça. Comment était ton enfance justement, et quels ont été tes premiers contacts avec l'art ?

  • Speaker #1

    Du plus loin que je me souvienne, c'était à l'école primaire quand je me rendais à mon école. Je passais devant un camp de gens du voyage et dessus, sur un espèce de truc électrique, il y avait marqué « À mort les manouches » , un truc comme ça, bourré de fautes d'orthographe en plus. Et du coup, je me suis toujours dit « Ouais, mais c'est abusé d'écrire des trucs comme ça. Franchement, j'ai hâte d'être un peu plus grand pour le repasser. » C'était un truc d'un vieux gars bien haineux, fait à l'arrache sur un petit truc électrique juste devant le camp. C'était de la pure provoque, je pense. C'est ça qui m'a dérangé.

  • Speaker #0

    Dans ta famille, dans ton entourage, tu avais des artistes ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas forcément grandi dans un milieu artistique, mais je sais que ma mère plutôt s'y est mise après coup, sur sa quarantaine, à faire du land art.

  • Speaker #0

    Si je ne dis pas de bêtises au CO2... tu as eu la visite de C'est rond mon bâton ?

  • Speaker #1

    Alors du coup, là, on remonte un petit peu après le coup du tag anti-manouche. Du coup, toujours en me rendant à la même école primaire, en fait, une nuit, il y a le graffeur C'est rond mon bâton qui est venu faire un gros lettrage avec une espèce de tête avec les cordes vocales apparentes. Et du coup, ça avait choqué tout le monde. À cette époque-là, il y avait une sacrée mouvance graffiti. C'était début 2000, ça éclatait de partout, même à Cognac, il y avait peut-être une vingtaine de graffeurs qui faisaient un peu tout style et ça éclatait beaucoup. Et donc, ce qui m'a étonné, c'est que l'école a effacé les petits tags qu'il y avait autour, donc les signatures, mais a gardé le graphe serron avec le personnage et tout. Du coup, ça m'a vachement marqué, je me suis dit clairement que là, ça a appuyé le truc en mode, j'ai envie de faire ça plus tard.

  • Speaker #0

    À quel moment tu t'es mis au graffiti, à l'art en général ? Tu as des souvenirs précis de ce moment-là ? Ça a commencé par quoi ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé par une envie plus de détruire que de construire, clairement. J'ai commencé au collège par graver les tables au compas. Je marquais mon pseudonyme. C'est vrai que c'est le parcours classique, au final, de beaucoup de street artists qui passent un peu par la dégradation. Mais là, j'étais loin en tout cas d'avoir une vocation artistique. Mon but, c'était juste d'écrire mon nom sur le plus de tables possibles, donc changer de table. Le plus que je pouvais, comme j'étais un élève assez discret, du coup, personne ne me soupçonnait. Et puis, je pouvais changer de place, de toute façon, personne ne le remarquait. Et puis, jusqu'au bout d'un moment, même, où le collège a clairement fait des appels pour trouver qui est ce fameux Rider X, il a cartonné une cinquantaine de câbles, de tables. Et je sais, ça m'a appris une chose, c'est que pendant 15 ans, ils ont gardé les mêmes tables, en tout cas, parce qu'après, j'ai des générations. qui sont allés sur mes tables, ils étaient encore les vieux Rider X.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, toi, tu rêvais de quoi ? Tu avais des rêves de boulot, de métier, de quelque chose en particulier, ou tu étais déjà tourné vers l'art ?

  • Speaker #1

    Je n'avais pas vraiment de rêve. Je pense que ce n'est pas tout le monde au collège qui a des rêves ou des ambitions et qui a envie de les concrétiser. Non, j'étais plutôt comme la majorité des ados, un peu... Un peu perdu avec une envie, un besoin de reconnaissance.

  • Speaker #0

    Et du coup, le graffiti, ça a pris quelle place dans ta vie à ce moment-là ? C'est à ce moment-là que tu as... On va dire collège-lycée que tu as continué ou c'était plus tard que ça arrivait, vraiment ?

  • Speaker #1

    Collège, du coup, je faisais mes petites merdouilles sur les tables juste pour faire chier un peu. Et puis, c'est après au lycée que j'ai commencé à utiliser des sprays. Donc, toujours du tag avec d'autres noms, d'autres pseudonymes. Première fois aussi que je me fais, entre parenthèses, arrêter en pleine action, en plein flagrant délit à l'intérieur du lycée. Donc, voilà, j'ai terminé à devoir donner mes armes au proviseur. Et il n'y a pas eu de suite, en fait. Avec le recul, je me rends compte que c'était un peu con parce que... Au final, la personne qui devait se taper le nettoyage, c'était la dame de ménage. En vrai, maintenant, je réfléchis un petit peu plus avant de taguer les chiottes du lycée. Après, j'ai commencé avec l'esprit à aller un petit peu dans la rue autour, le mercredi après-midi. Après, j'ai commencé à faire des trucs un peu plus élaborés, des flops qu'on appelle. J'avais un groupe de métal, un collectif de groupes de métal. Du coup, on s'était un peu tous mis. Et là, on était en mode apprentissage dans les rues de Cognac.

  • Speaker #0

    Au départ, c'était une passion que tu vivais seul, où très vite, tu t'es entouré de personnes qui avaient les mêmes goûts, les mêmes envies. Parce que là, tu parles d'un groupe, effectivement, de musique, mais au niveau du graffiti pur, tu as commencé vraiment tout seul à aller dans la rue ou il y a eu une émulsion au collectif ?

  • Speaker #1

    J'avais cette volonté vraiment d'aller dans la rue pour faire du graffiti et puis j'ai embarqué tous les copains avec moi qui étaient au moins aussi branchés pour faire des missions de ce genre. J'y allais aussi seul, j'y allais accompagné, mais aussi seul, parce que c'était vraiment mon truc, ma passion. Je vivais le graffiti, je mangeais graffiti, et le reste qui s'en suit, c'était vraiment tout pour moi à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Comment tu te tenais informé ou que tu te nourrissais à ce moment-là ? Parce que c'était autour des années 2000, ça, depuis 2000 ?

  • Speaker #1

    Là, on commençait à être plus 2007.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Alors je me souviens qu'à l'époque, quand même en 2007, il y avait 3-4 magazines. en kiosque de graffiti pur, même des trucs sur train, des trucs qui, maintenant, certainement ont été interdits, d'ailleurs. Tous ces magazines-là ont été remplacés par des magazines, maintenant, de street art.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Mais il y avait quand même une petite scène locale à Cognac. Je pense à des artistes comme Ezor ou Néan, aussi, des crews ODC. Il y avait les CDK, Bac, le PIF. Ouais, ouais, ils m'ont pas mal influencé, surtout Ezor, au niveau des styles de lettres. Et puis, il y a un jour, je ne sais jamais, je ne saurais jamais qui c'est, mais je postais les trucs sur mon Skype blog à l'époque. Et je m'étais fait embrouiller par quelqu'un parce que j'avais un peu le même style. Je n'ai jamais su qui c'était, je ne le saurais jamais. Pour le coup, après, je me suis dit, bon, quel milieu un peu pas ouf. Donc, j'ai un peu laissé le truc. J'ai essayé de trouver plus. Mon propre délire et puis après j'ai arrêté justement le graffiti parce que justement j'avais 19 ans et j'ai commencé à travailler en tant qu'animateur dans des centres sociaux. Et donc là il ne me fallait pas de problème, pas de casier et puis j'étais plus occupé aussi, moins en perdition. Et puis c'est là aussi que m'est venue l'envie de faire éducateur spécialisé. Je voulais travailler avec les... avec le public jeune délinquant. Le milieu du handicap m'intéressait beaucoup aussi. En attendant, je faisais mon expérience en tant qu'animateur en centre de loisirs pour espérer passer le concours d'éducateur spécialisé.

  • Speaker #0

    Du coup, c'est vrai qu'à ce moment-là, le graffiti que tu pratiquais, c'était plus du graffiti vandal. Tu étais déjà dans des... Lettrages, dans des recherches de personnages ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    J'étais 100% lettrages, anti street art, anti personnages. Pour moi, tout ça, c'était vraiment un truc de gros vendu. Ça m'intéressait, mais alors vraiment pas, quoi. Vraiment pas.

  • Speaker #0

    Ça s'est arrêté de naître ou il y a eu une sorte d'arrêt progressif du graffiti ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai dû arrêter du jour au lendemain parce que j'ai un... Maintenant, c'est un très bon ami, Mathieu Perronneau, AK Perro, qui est le monsieur graffiti légal de la ville de Cognac. Il a monté pas mal de projets avec des autorisations. À cette époque-là, je bossais un petit peu avec lui. C'est lui qui m'a mis sur mes premiers projets un peu professionnels. Sauf qu'au bout d'un moment, Cognac c'est une toute petite ville, on a quand même vite fait le tour, il suffit au bout de 4 ans quand même à faire du Vandal. J'étais un petit peu repéré, donc ils ont fait descendre la brigade de Poitiers pour me serrer. Du coup Perrault a été convoqué plusieurs fois au commissariat, ils avaient fait un lien avec lui et moi. Je peux en parler actuellement parce que ça fait plus de 10 ans et je sais que je n'aurais pas de problème avec ça. Mais du coup, ça m'a fait vraiment arrêter, stop le truc, parce que clairement, si je continuais, j'allais avoir une grosse amende et je n'avais pas forcément envie de démarrer avec ma petite paye d'animateur, avec des grosses amendes qui m'auraient certainement pénalisé pour toute ma vie.

  • Speaker #0

    Donc tu t'arrêtes, si les calculs sont bons, 2-3 ans, jusqu'à ce que tu fasses ton service volontaire européen. Qu'est-ce qui t'a motivé à partir à l'étranger pour faire ce type de mission ?

  • Speaker #1

    J'ai fait service civique européen au Portugal, parce que justement je voulais devenir éducateur spécialisé, donc j'ai fait ça dans le cadre d'obtenir le concours d'éduc.

  • Speaker #0

    C'est comme un stage ?

  • Speaker #1

    Exactement, c'est comme un stage, et j'étais affecté dans un centre qui accueillait des personnes atteintes du trouble autistique, mais sévères, pas les Asperger quoi. C'était beaucoup plus complexe que ça. C'est difficile à décrire parce que chaque cas était absolument unique. Chaque personnalité, chaque problématique était assez différente. Mais il faut s'imaginer un peu un contexte d'hôpital psychiatrique plus que d'un centre d'accueil un peu plus classique. Donc, c'est là-bas. Donc, il y avait des éducateurs qui me disaient qu'il fallait plus que je les appréhende comme... C'est assez péjoratif de dire ça, j'aime pas dire ça, mais c'est pas dans le sens là que je le dis ou que je le vois. On est comme des animaux dans le sens où, instinctivement, ils réagissaient. Par exemple, ils avaient faim, ils allaient plus grogner et taper sur la table que de dire j'ai faim, vu que les modes de communication n'étaient pas du tout les mêmes que sur des modes de communication classiques. Il y avait même un cas particulier là-bas qui m'avait pas mal marqué. Par exemple, il y en avait un qui n'était pas dans la capacité de dire bonjour. ou même de communiquer, mais à côté de ça, il était capable de jouer de la basse et de chanter. C'est un trouble qui a vraiment une grande part de mystère qui ne sera jamais résolu, parce que c'est du cas par cas, donc c'est compliqué.

  • Speaker #0

    C'est à ce moment-là que le graffiti se rappelle à toi. Est-ce que tu peux justement me parler de la naissance de ton personnage mythique, le Mimile ?

  • Speaker #1

    Oui, alors du coup, c'est dans cette salle de classe, entourée de ces personnes atteintes d'une trouble autistique, Que m'est venue l'idée de faire ce personnage humanoïde pour refléter un peu les instincts super sauvages qu'il a caractérisés. Et je lui ai mis un corps d'humain parce que mine de rien ça reste des humains aussi. Donc à la base le Mimile je l'ai créé pour illustrer l'autisme.

  • Speaker #0

    Ce nom, il est venu comment ?

  • Speaker #1

    Je l'ai appelé le Mimile pour ne pas répondre à la question à laquelle je n'ai jamais répondu, c'est est-ce que c'est un chien, un renard ? C'est une question qu'on me pose très très souvent. Et du coup, je n'y ai jamais répondu. Donc, je l'ai appelé Mimile pour ne pas moi-même me tromper et dire « je vais peindre mon chien ou mon renard » . Je prends un Mimile, c'est un personnage fictif, c'est le nom de l'espèce.

  • Speaker #0

    Ce personnage, au départ, tu l'as créé sur papier. Tu as tout de suite voulu peindre sur les supports. Comment ça s'est passé ? Ça s'est fait pareil progressivement ou ça a été tout de suite un rappel du graffiti qui a fait que tu es reparti à fond dedans ?

  • Speaker #1

    En fait, je l'ai créé sur un petit carnet qui d'ailleurs est exposé à l'exposition « Rien ne doit disparaître » . Et comme je venais du graffiti, évidemment, j'avais toujours quand même cette envie de peindre des murs. Et là, revenir avec autre chose que des lettrages, en fait, j'avais bien pensé que ça allait m'ouvrir des portes dans le sens que j'allais pouvoir peindre beaucoup de murs et que les gens n'allaient pas l'appréhender de la même manière qu'un tag ou un graffiti vandal. Et moi, ce que je voulais avant tout, c'était surtout faire passer des textes, mes idées. Si j'avais écrit que les textes, ça aurait été du tag. Et donc, tag égale prison, quoi.

  • Speaker #0

    Ce service civique, ça a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça a duré deux mois.

  • Speaker #0

    T'es revenu directement sur Cognac ou sur Bordeaux après ?

  • Speaker #1

    En fait, après, je suis allé à Angoulême. Je suis allé à Angoulême parce que j'avais fait déjà une année dans un centre social qui a fermé maintenant, malheureusement, qui s'appelait Lazerque. C'est eux qui m'ont donné mon premier emploi. C'était vraiment un centre vraiment génial. Après, j'en ai fait un autre à Cognac. Et puis du coup, je suis parti sur Angoulême parce que j'avais ce besoin de changer de ville. C'était un peu plus grand. Angoulême, par contre, ça ne s'est pas du tout bien passé. Je n'ai pas trop aimé. Et du coup, j'ai commencé à postuler pour rentrer en école d'art. C'est là où j'ai un peu aussi quitté cette idée de devenir éducateur pour me consacrer qu'à l'art, bien qu'à l'époque, je ne pensais pas qu'être artiste professionnel et réussir à en vivre, c'était quelque chose de possible. Pour moi, c'était... du domaine du fantasme, ça n'arrivait qu'à David Guetta en France. Oui, ok.

  • Speaker #0

    À ce moment-là, au Beaux-Arts, c'est notamment là que, justement, tu as pu peut-être rencontrer d'autres personnes. Il y a quelqu'un qui est assez central, et on en reparlera justement par rapport à cette exposition. Je pensais à M. Poulet. Est-ce que tu peux me parler justement de cette rencontre avec Monsieur Poulet et de ce que ça a créé chez toi ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai rencontré Monsieur Poulet un an et demi, je crois, après les Beaux-Arts, ou peut-être si aux Beaux-Arts. Si je l'ai rencontré aux Beaux-Arts, parce que j'en souviens que j'avais utilisé le matériel des Beaux-Arts pour faire l'interview, en fait, je l'ai démarché tout simplement au culot. Je lui ai demandé « voilà, moi, tu ne me connais pas, j'arrive de nulle part, je n'ai pas fait grand-chose, mais j'ai cette volonté de faire des vidéos d'artistes » . Et donc, ça a été le premier artiste que j'ai interviewé. S'ensuit, après, j'ai été interviewé Costa, l'artiste de Porto. Donc après, je suis allé à Porto faire un interview de Costa, qui est encore disponible en vidéo sur YouTube, d'ailleurs. Si vous tapez Costa avec un H à la fin, c'est là où vous trouverez la vidéo, celle de Poulet aussi, d'ailleurs. Donc voilà, après, Poulet, c'est quelqu'un d'assez accessible au final. Il était plutôt en joie. On m'a fait confiance directe et puis ça s'est super bien passé. D'ailleurs, on est resté en contact depuis.

  • Speaker #0

    Tes œuvres comportent beaucoup de messages. Comment tu les abordes, ces messages ? Comment tu les crées ? Comment ils viennent ? Est-ce qu'il y a un process particulier ou est-ce que c'est plutôt quelque chose qui se fait au feeling ?

  • Speaker #1

    Je rebondis, j'en profite qu'on parle un peu de Monsieur Poulet. En fait, j'ai découvert son travail dans un magazine qui s'appelait Grave Bombe dans les années 2008, je crois. Et à cette époque-là, il faisait beaucoup de messages sur les murs, genre le marchand de sable m'a vendu du gravier, Maria Caret est une chanteuse ronde. Ça m'a bien fait marrer et du coup, ça m'a vachement inspiré pour me dire, ouais, j'aimerais faire ce genre de délire. Je trouve ça super drôle. Après, Poulet, il a un humour que je n'ai pas forcément. Et après, je suis plus parti quand même sur des messages peut-être un peu plus mélancoliques, on va dire. Peut-être... qui vont parler un peu plus de faits sociétaux. Mais Poulet, ouais, reste quand même une sacrée influence dans l'envie de faire des textes avec un petit personnage dans tous les cas.

  • Speaker #0

    À quel moment t'as réalisé justement l'impact qu'avait ton art sur les passants, sur le public que tu rencontres ?

  • Speaker #1

    En fait, je m'en suis rendu compte assez vite. Moi, personnellement, le personnage me parlait les codes couleurs aussi. Du coup, je l'ai fait jaune parce que ça se voit assez bien. Je lui ai fait une marinière bleue et blanche parce que j'étais au Portugal et que pour la première fois et la dernière fois de ma vie, j'ai eu un petit côté nationaliste. Et du coup, c'est en faisant une petite peinture au Portugal, à un bout de la ville, et puis en faisant une deuxième à l'autre bout, que j'ai croisé des gens qui direct avaient calcul la première que j'avais faite. Je me suis dit, mince, alors les gens retiennent ce personnage. Il fonctionne. Pour faire passer mes idées, ça va être génial.

  • Speaker #0

    Tu cherches à faire passer un message. particulier ? Il y a un fil conducteur ou c'est au cas par cas ?

  • Speaker #1

    C'est un peu au cas par cas. Des fois, je m'inspire un peu du lieu, des passants, de ce qu'ils vont me dire. Et aussi, j'ai mon petit carnet où je note toutes mes phrases à la con et je les place quand je peux. Je n'ai pas forcément volonté d'être un messie dans mes phrases. C'est plus apprendre au troisième degré parce que c'est des trucs qui sont un peu à la rigolade, même s'il y a des fois un fond de vérité. Très souvent, je fais des fautes d'orthographe, mais maintenant j'en joue en fait. Je pense que jouer de ses faiblesses, c'est une force, en tout cas c'est ma force.

  • Speaker #0

    Ça t'arrive justement d'avoir des réactions qui t'ont, je ne sais pas, surprise ou touché quand tu peins ? Parce que c'est vrai que toi tu peins à la fois dans la rue, tu peins aussi pour des institutions, du public ou du privé sur commande, et après tu peins aussi sur toile, mais justement dans ce travail plutôt public, dans la rue, est-ce que... Tu as des réactions qui te surprennent par rapport à tes messages ou des choses qui te touchent ?

  • Speaker #1

    Une fois, ce n'est pas vraiment par rapport à un message, mais en tout cas, tout ce que je peux dire, c'est que j'ai été béni. J'ai été béni au Vatican grâce à mes graphes. En fait, j'étais en train de peindre, de faire un petit truc, même pas, de coller un petit sticker au Vatican en Italie. Et en fait, il y a une dame qui est passée derrière moi, qui m'a béni le crâne. qui, en disant une phrase en italien, mais je pense qu'il voulait dire « Je te salue, je te salue, je te bénis » , et en fait, à penser que j'étais à genoux en train de prier devant le Vatican alors que j'étais en train de coller un sticker.

  • Speaker #0

    Belle anecdote. Tes œuvres, comment tu fais cet assemblage ? Est-ce que c'est quelque chose qui se fait de façon spontanée en fonction de l'endroit, en fonction du lieu, ou est-ce que c'est plutôt réfléchi, préparé en amont sur des croquis, des choses comme ça ?

  • Speaker #1

    Pour ce qui est de la phrase, souvent j'ai une petite prépa vite fait, bien que je m'inspire des fois du lieu comme je disais tout à l'heure. Pour le personnage, je l'adapte vraiment au mur, au support parce que c'est rarement les mêmes. Donc je m'adapte en fait. De toute façon, le personnage est toujours le même. Il a plus ou moins, soit il est de profil, soit il est de face.

  • Speaker #0

    J'ai vu que tu avais repassé certains de tes anciennes œuvres, justement pour les restaurer. Est-ce qu'elles vieillissent bien ? Je parle plutôt de leur conservation. Est-ce que tu as l'impression que ça vieillit bien et que ce travail est accepté dans Bordeaux ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il est plutôt bien accepté, par la municipalité en tout cas. Après, qui dit accepté par la municipalité, dit pas accepté par les autres taggeurs. Donc là, je ne parle pas des autres artistes, graffeurs, graffiti artistes. Là, je parle vraiment du taggeur de la rue, de la street. En général, c'est les premiers à mettre leur nom dessus. Alors peut-être qu'ils savent que c'est pris en photo. Donc c'est peut-être juste un petit clin d'œil, rien de bien méchant. Ou alors ça peut être une volonté de rouler ou de toyer, comme on dit. Donc ça, après, j'ai l'habitude. Donc là, je refais un peu mes fresques, encore que souvent, je les laisse vivre un peu. Il y a des tags, en fait, tant que ce n'est pas sur le personnage ou sur la phrase, je laisse. Je laisse si ce n'est pas un projet où j'ai été rénuméré pour, parce que si j'ai été rénuméré pour, je me dois un minimum quand même d'esthétique, parce que c'est une commande. Donc là, je le clean toujours, je le cleanerai toujours. Après, quand c'est des trucs de street, il y a un petit tag autour, je m'en fous un peu. Par contre, oui, si quelqu'un vient taguer dessus le personnage ou sur le message, là, pour moi, il y a volonté de nuire. Donc, oui, là, je refais direct.

  • Speaker #0

    Ok. Tu disais que tu as commencé à la bombe il y a très, très longtemps. Actuellement, tu travailles comment ?

  • Speaker #1

    Je travaille au spray depuis trop longtemps. Depuis trop longtemps parce que c'est assez toxique pour les poumons, quoi. Oui.

  • Speaker #0

    Tu travailles avec le masque ?

  • Speaker #1

    Oui, je travaille toujours avec le masque. Je ne l'ai pas fait assez étant plus jeune et du coup, j'en suis devenu allergique. Ah oui. Ouais, maintenant j'ai une intolérance à tout ce qui est solvant. Donc je peins systématiquement quand j'utilise du spray avec un masque, mais de plus en plus j'utilise le pinceau pour l'aspect esthétique, la texture. Je trouve ça de plus en plus beau, même les peintures que j'ai pu découvrir, notamment en visitant le musée du Vatican. J'ai pris une telle calotte, je n'ai pas peint après pendant deux mois, et j'ai qu'une envie, c'est de me mettre au pinceau. D'autant plus en voyant le travail d'artistes comme l'artiste rouge, par exemple. avec qui j'ai eu la chance de partager un atelier pendant un an. Donc j'ai vu un peu comment elle a bossé, et elle, c'est tout pinceau. Et j'adore ce rendu, un petit peu, où au final, on peut faire des coulures, on peut mélanger des couleurs sur place. Ça donne un petit cachet que le spray n'a pas forcément, ou a d'une autre manière. Le spray, après, ça peut être très propre, très brillant, mais moi, ce n'est pas forcément ma volonté d'être très propre et brillant.

  • Speaker #0

    Vous parlez de rouge à l'instant, comment ces échanges ? avec différents artistes, parce que tu es proche de beaucoup d'artistes sur Bordeaux et ailleurs d'ailleurs. Comment ils ont fait évoluer ton travail, mis à part justement ce passage peut-être de la bombe au pinceau ?

  • Speaker #1

    En tout cas, humainement, toutes mes rencontres m'ont apporté quelque chose. Après, artistiquement, ça va être surtout les peintres au pinceau. Je pense à Mika aussi, qui fait des peintures au pinceau. Mais même après, le côté spray, le côté où je fais crachoter un peu le spray, avoir un trait très fin, ça vient de beaucoup plus loin, ça vient d'artistes d'Angoulême, de Zend, qui n'existent plus artistiquement aujourd'hui, d'ailleurs, à mon grand regret. Après, je ne le connaissais pas, mais en tout cas, à une époque, il faisait des super trucs au crachotier angoulême, et ça, ça m'a donné envie de faire le crachotis pour mon personnage aussi.

  • Speaker #0

    Justement ce Mimile, comment il a évolué à travers les années ? Parce qu'on voit que le trait s'affine, l'arrière-plan aussi. Est-ce que tu as une façon, une volonté de l'amener vers quelque chose de différent ? Et si oui, quoi ?

  • Speaker #1

    Franchement, en vrai, c'est à force de peindre, forcément, je gagne en technique malgré moi presque. Parce que je ne suis pas un grand dessinateur, je ne passe pas mes nuits à dessiner sur des croquis et à griffonner. Donc j'ai appris pas mal sur mur et puis l'expérience fait que je commence un peu à m'intéresser à la colorimétrie surtout, encore plus que le dessin. Les couleurs pour moi c'est super important, même dans l'abstrait, c'est pas une question de savoir dessiner, c'est une question de savoir mélanger les couleurs. Et pour moi c'est une belle peinture abstraite, ça me parle autant, même plus, beaucoup plus qu'un dessin par exemple architectural, super calé, super technique.

  • Speaker #0

    Et justement, comment tu te formes ? Parce que tu es plutôt autodidacte ?

  • Speaker #1

    J'apprends un peu sur le taille. Franchement, je ne suis pas très branché. Déjà, j'ai d'énormes difficultés pour pouvoir même regarder un film en entier ou lire un livre. Donc, aller commencer à étudier le dessin ou étudier des causes à effet, pour moi, tout ça, ça me prend beaucoup d'énergie. Par contre, je m'adapte assez vite en freestyle, donc c'est vite vu pour mon cas, c'est là où je me fais le plus plaisir, où j'apprends le plus vite et le mieux, c'est en essayant, en pratiquant, quitte à faire des erreurs. Ce qui, pour moi, fait partie absolument de ma création artistique, en tout cas, c'est l'erreur sera toujours là, les traits ne seront toujours pas très droits, il y aura toujours des fautes d'orthographe, désolé pour les profs de français qui m'envoient des messages me disant que ça me décrédibilise, mais c'est comme ça, j'y peux rien, même en corrigeant, il y a toujours des erreurs, ça fait partie de la vie, en fait.

  • Speaker #0

    Justement, c'est une forme de liberté que tu revendiques assez souvent, dans ton travail, dans les messages. Comment tu la définis, toi, cette notion de liberté dans ton art ?

  • Speaker #1

    Déjà, j'ai la liberté de peindre un petit peu où je veux, tant que ça respecte aussi les biens d'autrui. J'ai un peu la liberté de dire un peu ce que je veux sur mur, mais ça a quand même ses limites aussi. Je sais qu'il y a des sujets où il vaut mieux pas trop toucher. En général, je suis pas non plus dans l'hyper-provoque. Donc, ma liberté, en tout cas, la liberté s'arrête. s'arrête à celle des autres aussi, au final.

  • Speaker #0

    J'ai été censuré sur des projets ou des choses où on t'a dit « Ah ça, ça passe pas » .

  • Speaker #1

    Dans la rue, en tout cas en street, en graffant et en faisant un petit message, j'ai été censuré sur deux textes. Le premier, c'était à Poitiers, c'est de « Pire Empire » , mais « Empire » écrit comme « L'Empire ottoman » . Donc de pire en pire. Et il y a un autre aussi, c'était à l'époque où il y avait Alain Juppé comme maire à Bordeaux, où j'avais marqué « Ne venez pas pleurer dans les jupées de vos mères » , avec « Mère » écrit comme le maire de Bordeaux. Là, ils avaient juste effacé, dans les deux cas, ils avaient juste effacé le message, mais laissé le personnage. Donc là, on peut parler de censure, mais ça reste quand même de la censure un peu mignonne.

  • Speaker #0

    Justement, parlant d'inspiration, est-ce qu'il y a des moments où tu es à court d'idées ? Est-ce que des fois, l'inspiration s'essouffle ? Ou est-ce qu'au contraire, tu as des techniques qui font que tu restes toujours avec quelques phrases de côté ? ça vient naturellement ou est-ce que parfois t'as peur justement de pas trouver l'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je pense en tout cas concernant les phrases, j'ai pas écrit 5% de ce qu'il y a sur mon calepin donc j'ai de la marge il y en a beaucoup que j'écrirai jamais d'ailleurs que je sortirai jamais non plus après le manque d'inspiration c'est inhérent à tout artiste de toutes les façons je pense, on peut pas être au taquet tout le temps, tout le temps, tout le temps à part joue le rappeur, là je vois pas ...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu fais pour te renouveler quand à un moment t'es coincé, quand t'es en manque d'inspiration sur le fond ou sur la forme ? Est-ce qu'il y a des méthodes ? C'est quelque chose que tu fais ?

  • Speaker #1

    J'essaye de ne pas forcer le truc. Si je dois perdre plusieurs mois parce que je n'ai pas d'inspiration, je perds plusieurs mois. J'ai horreur de forcer le truc parce que j'ai l'impression que c'est pire et c'est un coup aussi à faire des choses qu'on n'a pas envie de faire. Et si ça ne vient pas, ça ne vient pas en fait. Si, imaginons, je n'arrive pas à avoir aucune inspiration, aucune motivation aussi, dans ce cas-là, je ferai autre chose. Mais dans tous les cas, ça finit toujours par partir, revenir. Ce n'est pas un truc fixe.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas de remède miracle, en tout cas, pour avoir de l'inspiration.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu disais que justement, tu avais voulu faire les beaux-arts pour la passion plus que dans l'idée de pouvoir en vivre. Actuellement, c'est ce que tu fais. C'est aussi ton métier. Est-ce qu'en tant qu'autodidacte, tu as été victime du syndrome de l'imposteur ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je l'ai toujours, clairement. Je l'ai un peu moins parce que maintenant, j'accepte mieux le fait qu'il y ait des gens qui vraiment s'identifient à certains de mes travaux. Mais au début, je ne comprenais pas. Il y avait des gens qui me disaient « j'adore ce que tu fais, c'est vraiment trop cool » . Je ne comprenais pas, je leur disais « attendez quelques années avant de me dire ça, pour l'instant, c'est un peu de la merde » . Et maintenant, j'accepte un peu plus à me dire moi-même « non, c'est peut-être pas si pourri que ça, vu que je vends quand même des tableaux, que là, je fais des grosses expositions. » C'est qu'à un moment donné, c'est un fait qu'il y a des gens qui apprécient.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des différences pour toi ? dans le fait d'avoir des supports différents, à la fois la toile, à la fois le public et la rue ? Est-ce que ces différentes façons de peindre, ça se nourrit, ça se répond ?

  • Speaker #0

    Les deux sont complémentaires. Après, je vois sur toile ou sur des commandes, où j'ai un peu plus le temps, je suis capable maintenant d'échialer un peu le truc et d'y passer plus de temps. Après, au niveau de la rue, je garde du moins ma liberté aussi d'écrire n'importe quoi. Et c'est vrai que quand on me fait des commandes, qu'on me demande d'écrire des petits textes, par exemple, j'essaie d'esquiver un peu quand même parce que j'aimerais le garder justement pour la rue, pour le garder public. C'est un art qui m'appartient vraiment plus à moi, qui me parle à moi, qui me concerne personnellement. Alors que les commandes, par contre, je vais plus m'adapter à la volonté d'une autre personne. Ce qui n'est pas un problème en soi, moi je suis aussi ouvert à partager ça, pas que penser qu'à moi, à me dire je vais juste faire ce que j'aime, et puis non, j'aime aussi faire plaisir, et ça me permet en plus de pouvoir financer après mes autres peintures derrière.

  • Speaker #1

    Je voulais revenir sur quelque chose que tu as dit tout à l'heure, qui était amusant dans le sens où quand tu étais plus jeune, tu voyais le street. tout ce qui était perso, comme quelque chose de très éloigné de ce que tu faisais. Quel est ton regard maintenant sur la scène graffiti au sens très large, puisqu'on va mélanger le tag, le graffiti, le street art. Quel est ton regard en 2025 justement sur cette scène, du moins à Bordeaux, voire plus loin ?

  • Speaker #0

    Moi je regarde, je reste un passionné de graffiti, de tag, même si je ne pratique plus depuis fort longtemps. J'observe quand même tout ce qui se passe. Je suis assez impressionné des personnes qui ont le courage d'aller escalader des murs, peindre en rappel. C'est un peu la nouvelle mode, la nouvelle tendance. Après, question de style, j'aime bien les bons styles aussi. Mais après, la mentalité, je ne suis plus du tout dans ce truc-là. En fait, je suis... Je ne sais pas... Je serais frustré, en fait, de faire... Par exemple, de ne pas pouvoir vivre de mon art et de proposer quelque chose où je me fais cracher dessus. Peut-être que je redeviendrai un taggeur ou un graffeur, mais je n'ai pas cette envie de détériorer, en tout cas, ou de faire chier ou de parler qu'au graffeur, en fait. J'ai vraiment envie d'ouvrir mon monde et de le partager avec un monde beaucoup plus large.

  • Speaker #1

    Selon toi, qu'est-ce que le street art t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Le street art m'a clairement, le fait de faire un personnage, m'a clairement permis de pouvoir peindre beaucoup de murs sans avoir de problème. Et même au contraire, d'être sollicité, d'être énuméré même maintenant pour. L'avantage, c'est que certains diront que ce n'est pas un avantage, mais moi j'en suis très content. C'est que ça plaît autant aux mamies qu'aux gamins. Le spectre est super large. Ouais, j'en suis content, quoi.

  • Speaker #1

    Parlons de ton expo, qui célèbre du coup les 12 ans du Mimile. Ça aura lieu du 13 février au 16 mars à l'Espace Saint-Rémy à Bordeaux. Qu'est-ce qu'on va y retrouver ? Comment elle est née ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est à l'Espace Saint-Rémy. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit magnifique, c'est une église désacralisée. C'est un lieu immense. Pour moi, c'est le meilleur lieu d'exposition au niveau des salles municipales. Et je voulais absolument exposer dans cet endroit-là, puisqu'avant ça, j'avais fait l'Institut Bernard Magrèze. Et donc, quel meilleur lieu après l'Institut Bernard Magrèze pour exposer ? Je ne voyais que celui-ci. Du coup, ça a pris énormément de temps, ça a pris deux ans, parce que je suis arrivé à un moment donné où l'équipe municipale était en transition. Donc, j'ai répondu à l'appel à projet avec l'équipe municipale A. Et entre-temps, il y a l'équipe B qui est passée et qui ont ouvert un autre appel à projet et qui n'ont pas pu accéder à mon dossier. Donc, comme je n'avais pas de nouvelles, j'ai donc appelé la mairie directement. J'ai eu la chance que la standardiste à la mairie en parle à Johan Delmer. qui est un des adjoints à la culture. Et donc, lui, par chance, il habite en face d'une de mes fresques, je crois. Et du coup, il a clairement dit, il ne faut pas passer à côté de ça. En plus, il recherchait des street artists dans l'appel à projets. Donc, il m'a rappelé dans la semaine. Et du coup, il m'a donné en quelque sorte un passe-droit où ils n'ont pas étudié mon dossier. Ils m'ont direct dit, on va t'exposer. Ça va être cool, quoi. Donc, ça, c'est chouette.

  • Speaker #1

    merci à eux d'ailleurs du coup quel a été le fil conducteur de cette exposition, comment t'as voulu à la fois célébrer les 12 ans de ton personnage mais aussi mettre en avant une quinzaine d'artistes alors comme c'est les 12 ans du Mimile,

  • Speaker #0

    la salle est énorme, je me voyais mal faire la fête tout seul en fait donc j'ai invité 15 autres artistes À venir exposer avec moi, parce que ça remplit bien les cimaises, et puis que j'adore leur travail, j'ai envie de les mettre en avant. Et au final, on ne sait pas qui met en avant qui, parce que quand j'ai la moitié de l'exposition, de la salle d'exposition au final, où j'ai accroché mes tableaux, comparé, donc les deux, du coup, ils se sont partagés le reste en 15. Au final, dans tous les cas, ils n'ont même pas à me remercier, parce que c'est eux qui m'apportent le plus. C'est grâce à eux aussi que l'expo, elle est vraiment chouette. Donc, pour moi, ça me paraissait naturel d'inviter mes proches. C'est que des personnes que je connais depuis quand même assez longtemps, qui m'ont inspiré dans mes travaux.

  • Speaker #1

    J'ai une question signature pour terminer ce podcast. Quel est le pire conseil qu'on t'ait donné ?

  • Speaker #0

    Le pire conseil qu'on m'ait donné, c'était au Beaux-Arts, justement. Une prof qui était prof d'art, du coup, elle eut des tartistes, certainement. Mais son conseil, c'était ne vivez pas de votre art, ça va le dénaturer. Donc, ça, c'est le pire conseil que j'ai entendu. Évidemment, je n'en ai pas pris note.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu es souvent contacté, souvent te demander conseils, justement, pour soit démarrer, soit peut-être ouvrir certaines portes au niveau de l'art. Quel conseil que tu donnes le plus souvent ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas très original, mais faites votre truc à vous. Faites-vous surtout plaisir. Vous ne fermez pas des portes à vous maudire vous-même. et juste kiffer le truc, et puis après, il adviendra ce qu'il adviendra. Est-ce qu'il faut vraiment, pour le coup, vivre de son art, ou est-ce qu'il faut juste pratiquer son art ? Ça, c'est la question, le dilemme de beaucoup d'artistes.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Où est-ce qu'on peut te retrouver, retrouver ton art ?

  • Speaker #0

    On peut me retrouver dans les rues de Bordeaux, l'année dernière à Londres, mais je pense qu'ils ont dû être effacés. Sinon, il y en a un peu partout en France. Marseille, Nantes, Paris. Montpellier aussi, l'année dernière j'y suis allé. Asset, Toulouse. Sinon, venez à l'Expo, rien ne doit disparaître. C'est ouvert du mercredi au dimanche, du 13 février au 16 mars. 13 heures jusqu'à 19h30. Entrée gratuite. Cool. C'est important, ça. Parce que c'est pour une fois, justement, qu'une expo, c'est entrée gratuite en plus. Alors là, venez.

  • Speaker #1

    Je peux te retrouver sur Instagram et sur ton site web aussi, j'imagine.

  • Speaker #0

    Je suis sur tous les réseaux. Je suis même sur TikTok, depuis pas si longtemps que ça. Alors, je ne poste pas très régulièrement parce que je suis dépassé par ce nouveau réseau de jeunes. Donc, sinon, sur Instagram, je poste régulièrement. Facebook, ça ne sert pas à grand-chose, Facebook. C'est complètement claqué maintenant. Il n'y a plus personne qui voit les publications. Au pire, allez sur ma page Facebook. Peut-être que vous aurez plus de chance. Likez, commentez, puis vous verrez ce que je publie. Sinon, l'algorithme, il ne va rien piger. Il ne montre rien du tout, je le vois bien. Je ne suis pas le seul à faire ce constat-là. Donc, Instagram.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cet échange. J'ai hâte de découvrir votre chaîne de création. David Sellor nous rappelle que l'art est un puissant vecteur de questionnement et de liberté. Si cet épisode vous a inspiré, partagez-le autour de vous. Laissez un avis et abonnez-vous pour continuer à découvrir des artistes qui osent vous pousser les limites. Merci d'écouter FONT.

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