- Gauthier Seys
Voici 10 minutes, le podcast des français dans le monde, et c'est un dossier spécial consacré aux conjoints accompagnateurs, réalisé en partenariat et en exclusivité avec Expat Communication et femmexpats.com. Je suis Gauthier Seyss et j'ai le plaisir de passer 10 minutes avec Alix Carnot, justement de expats de communication. Attention, on va se prendre un mur. 10 minutes Le podcast des Français dans le Monde.
- Alix Carnot
françaisdanslemonde.fr
- Gauthier Seys
Avec cet adage, un homme averti en vaut deux, et même lorsque c'est un conjoint féminin, donc une femme avertie en vaut deux, on va parler des différents murs que vous pouvez vous prendre en pleine face. C'est un sujet important, il faut en parler et surtout ne pas rester seul. Alix Carnot, fondatrice, pas fondatrice, directrice adjointe expat de communication, est mon invité. Bonjour Alix.
- Alix Carnot
Bonjour Gauthier.
- Gauthier Seys
Alors là, on a un sujet important. C'est un podcast important qu'il faut écouter absolument lorsqu'on a pris la décision de partir ou même peut-être avant de prendre la décision de partir.
- Alix Carnot
Carrément. Parce qu'il va se passer un... Si vous partez à deux, si vous partez à seul, si vous partez seul, ce n'est pas pour l'instant un sujet pour vous, ça sera peut-être un jour, mais pas pour l'instant. Si vous partez à deux et qu'il y en a un des deux qui a un job, sauf qu'il est envoyé par son entreprise, sauf qu'il a trouvé du travail sur place. il va se passer un truc hyper bizarre dans l'avion, c'est qu'il y en a un des deux qui va devenir le collaborateur, ou la collaboratrice, et l'autre qui va devenir le conjoint. Et ça c'est complètement bizarre, parce que dans un couple occidental aujourd'hui, c'est un couple d'égo, on est l'homme ou la femme, on est un des deux conjoints à ce point, et on n'a pas de hiérarchie entre les deux. Et là, ce n'est pas une hiérarchie qui va se créer, mais c'est une différence de rôle hyper profonde. Il y en a un qui est le collaborateur, par exemple. Ça peut être lui qui a le visa de travail. Et l'autre qui est le conjoint. Conjoint, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il est dépendant. Dans les docs anglais, d'ailleurs, c'est depending spouse Ce qui est hyper violent comme terme. Et c'est une réalité qui est violente. Ça peut vouloir dire, pour ouvrir un compte en banque, il te faut l'autorisation du collaborateur. Pour rester dans le pays... Le fait que tu restes dans le pays ou pas dépend du collaborateur, puisque tu es sur son visa. Peut-être même que tu n'as pas le droit de travailler, en fait. Et ce n'était pas forcément très clair avant le départ. Voilà. Donc, cette réalité de celui qui va être le conjoint, elle a plein de côtés positifs. Et je vous rassure tout de suite, 4,12% des conjoints recommandent l'expatriation. Je ne vais certainement pas vous faire renoncer à votre projet.
- Gauthier Seys
Ça vous détend quand même un peu. Mais alors c'est drôle parce que du coup, on préfère dire sur la radio des Français dans le monde le conjoint accompagnateur. Il est plus assis à côté, mais finalement, dans ce que tu me dis, il est presque dans un avion derrière. En fait, il est bel et bien suiveur sur ce coup-là.
- Alix Carnot
Moi, je déteste aussi l'expression des conjoints suiveurs. Je ne l'emploie jamais. D'autant plus que, comme ce qu'on disait la dernière fois, les conjoints très souvent sont moteurs dans la décision. voire le principal moteur de la décision d'expatriation. Donc là-dessus, ils sont parfois même aux commandes de l'avion. En revanche, dans ce qui va leur arriver sur le plan administratif, sur le plan de leur vie de tous les jours, etc., il y a des choses qu'ils vont leur faire, où ils vont se rendre compte qu'ils sont aussi peut-être dans la queue de l'avion. En tout cas, s'ils n'ont pas envie d'y être, il faut qu'ils t'écoutent, qu'ils nous écoutent et qu'ils préparent bien cette étape.
- Gauthier Seys
Alors, en effet, c'est tout le propos de ce podcast. C'est soyez prêts et ne restez pas seuls. les différents murs qu'on peut se prendre en pleine tête. On peut l'évoquer, ça peut être sur un point de vue pro. Par exemple, tu disais, pas de permis de travail, je ne peux pas travailler, l'affaire est résolue. Au niveau perso, peut-être une petite différence entre l'un qui travaille et qui a une belle journée remplie dans un pays merveilleux et l'autre qui reste à la maison et qui s'occupe des enfants. L'argent, la protection, la retraite, il y a des murs possibles.
- Alix Carnot
Alors là, chez Expat Communication, on a un... programme de préparation à l'expat, ça s'appelle Mon projet en expatriation et qu'on fait tout le temps. C'est vraiment le programme le plus important chez nous et donc là ce que je te propose c'est de vous ouvrir une petite lucarne dans ce programme et puis on va voir ce qu'on y apprend et effectivement on va regarder autour de nous et voir quels sont les obstacles qui peuvent se dresser et comment on les contourne. Le premier c'est sur le plan financier, c'est pas le sujet le plus sexy, on a vraiment tendance à l'éviter. Mais c'est indispensable quand on part à deux et qu'il y en a un qui a un job et pas l'autre, de s'asseoir et de se dire qu'est-ce qui va se passer sur le plan des revenus et sur le plan du patrimoine. Sur le plan des revenus, c'est-à-dire chaque mois, le conjoint, comment est-ce qu'il va avoir de l'argent, comment est-ce qu'il va faire les courses, comment est-ce qu'il va gérer l'argent du ménage, mais aussi pour lui. je ne te raconte pas le nombre de fois où j'entends ah oui mais je ne peux pas faire ci, je ne peux pas faire ça parce que tu comprends, je ne travaille pas, c'est pas juste. La personne a suivi son conjoint pour lui permettre de mieux bosser, peut-être qu'il n'y a pas de raison qu'il ou elle dise je ne pourrais pas faire ceci, cela Ça c'est pendant l'expat, et dans la plupart des couples, le baromètre nous le dit, dans 80% des couples ça se passe bien, mais il en reste 20%, c'est quand même pas nul du tout, où il y a un malaise. Et puis il y a la question du patrimoine, c'est-à-dire un jour, c'est décalage, risque d'avoir fait qu'il y en a un des deux qui n'a pas du tout le même patrimoine que l'autre. Si c'est un couple qui est en communauté de biens, ce n'est pas très grave, tant que le couple reste ensemble. Mais si c'est un couple qui est en séparation de biens, ou dans plein d'autres cas d'ailleurs, si jamais un jour il y a une séparation, si jamais un jour il y a un décès, il y a vraiment le risque qu'un des deux soit complètement défavorisé parce qu'il a fait le choix, plus ou moins conscient, d'arrêter de bosser pendant l'extrême. Donc ça, premier mur, on se pose avant, on regarde ça. Deuxième mur, quelle va être ma vie quotidienne ? Est-ce que je vais pouvoir profiter à prendre mon expat ? Je ne parle même pas encore de bosser. Les parents français sont hyper mal habitués avec l'école française, qui est presque autant faite pour les parents que pour les enfants. Quand tu pars en France, c'est quand même un lieu assez étonnant. Tu peux laisser ton enfant à l'école à 8h et le récupérer le soir à 18h. Et puis, il y a des vacances tout le temps, mais quand c'est les vacances, tu as les centres aérés, avec un peu de chance, tu as les grands-parents. Tu arrives à avoir une vie où les parents français sont quand même des parents dont les enfants sont beaucoup pris en charge. À l'étranger, dans beaucoup d'écoles, ce n'est plus du tout le cas. Parfois, à 13h, à 15h, l'école se termine et puis pendant les vacances, il n'y a pas de solution, etc. Ça peut être super, ça peut être une occasion de voir davantage les enfants et de profiter plus, si c'est un choix. Avoir ses enfants sur le dos quand on ne l'a pas choisi, ce n'est ni pour les enfants ni pour les parents. Donc ça aussi, quel va être mon rythme de vie ? Est-ce que je ne mettrais pas un peu des fonds aussi pour des gardes-enfants si c'est ça mon projet ? Troisième sujet, le boulot. Et là, le boulot, on voit tout le temps des désillusions. C'est facile, je veux retrouver du boulot sur place. Et c'est beaucoup plus difficile que ça. Pourquoi ? Première raison, le visa, on en a parlé. C'est vraiment quelque chose à vérifier. Il y a un site pour ça qui s'appelle la Permix Foundation. qui dit pays par pays selon votre nationalité, là où vous pourrez travailler ou pas. Donc visa, la langue. On se dit si je parle anglais ça va aller, mais déjà quel anglais je parle ? Est-ce que c'est vraiment un anglais pro ? Et puis est-ce que ça va suffire ? Parfois pour pas mal de jobs en Belgique il faut parler flamand, pas tous, mais une part importante. En Chine, avant l'anglais, ça suffisait largement. Aujourd'hui de plus en plus on veut demander le chinois, ça ne prend pas en 15 jours. Par exemple, il y a la question de la reconnaissance du diplôme. Bon, si je suis médecin, c'est évident que ça va être compliqué. Oui,
- Gauthier Seys
ça va être compliqué. On a déjà fait des podcasts. Obtenir l'équivalence, tu peux te lever toi parfois.
- Alix Carnot
C'est clair. On voit des médecins qui ont repassé 3-4 fois leur diplôme de médecine. Mais c'est pareil pour les avocats. C'est pareil pour les notaires. C'est pareil pour les psychologues. Il y a plein de métiers où soit tu as besoin d'une reconnaissance de diplôme, soit tout simplement, ton job n'intéresse personne. Tu pars en Arabie Saoudite, t'es oenologue. Bon, c'est un cas énorme, mais c'est dommage. Ça ne va pas servir. Mais ça, j'en ai vu parler plus souvent que des oenologues. T'es en RH spécialisé dans les relations sociales. C'est la relation avec les syndicats. Ça marche que en France. Il y a plein de métiers comme ça qui marchent. Que parce que tu connais le droit du pays.
- Gauthier Seys
Et si tu pars avec un boulot français, il y a aussi le décalage horaire. Parfois, on se rend compte que c'est un petit détail, mais qui peut rendre le travail au quotidien très difficile. Oui,
- Alix Carnot
tout à fait.
- Gauthier Seys
J'ai l'envie de dire qu'il y a un peu de double peine pour celui pour qui ça va mal se passer, parce qu'en plus, il va difficilement pouvoir se tourner vers ses amis qui sont restés en France. Puisque cette personne lui dira, oh bah écoute, ça va, toi t'es au soleil, t'as pas à te plaindre, et puis ça va aller. Quand ça va pas, est-ce qu'on rentre pas dans un espèce d'ouragan de catastrophe ?
- Alix Carnot
C'est bien vu. C'est bien vu sur les deux points. C'est-à-dire déjà que t'as une sorte d'injonction à être content quand t'es en expat, parce que vu de ceux qui sont pas partis, t'es en vacances, ou t'es en voyage, ou t'es dans un pays tellement dingue, t'as une grande maison peut-être. plus grosse et plus belle que celle que tu aurais eue si tu étais restée en France. Donc oui, tu as une injonction à être heureux. Tu peux te trouver aussi, d'ailleurs, chez le collaborateur. Le collaborateur, on en reparlera peut-être si on reparle du couple, mais celui des deux qui bossent, il a quand même une grosse charge de boulot, des grosses responsabilités, il a un peu d'endance à être en mode, je les appelle Robocop c'est-à-dire tout va bien, il n'y a pas de problème, j'ai que des solutions. Ça ne va pas bien du tout, il ne contrôle rien, mais quand on lui dit ça va il fait ouais, ouais T'as des problèmes ? Non. Sauf que du coup, pour aider le conjoint, qui lui est dans un mode beaucoup plus mou, il n'est pas du tout dispo. Et on va vite arriver à cette phrase, mais tu n'es jamais content. Tu n'es jamais content, d'ailleurs, plus souvent. Et en plus, et ça c'était la deuxième partie de ce que tu disais, quand tu as des problèmes en expat, c'est en général des problèmes au carré. C'est-à-dire que tout devient un peu inextricable. Ça ne va pas bien dans mon couple, dans mon pays. Écoute, c'est quand même plus facile, je vais aller passer une semaine chez ma sœur, et personne ne va se rendre compte de rien, et ça va apaiser les choses. Je suis en expat, et ça ne se passe pas bien. C'est beaucoup plus difficile de prendre du large. Et puis, on a plus peur, parce que je n'ai plus de job, parce que les décisions sont beaucoup plus radicales, rentrée par rentrée. Ça peut carrément venimer les choses aussi.
- Gauthier Seys
Alors, toutefois, il y a des solutions. Déjà, la première chose, c'est qu'on se renseigne avant de partir. On n'arrête pas de le dire, de le répéter. préparez-vous à votre expatriation, au choc de culture, à votre nouvelle vie. Il y a des podcasts, il y a des entreprises qui proposent des formations, il y a des groupes de parole où on peut rencontrer d'autres personnes qui ont vécu la même chose. C'est de mieux en mieux. Je pensais que c'était de mieux en mieux et tu m'as dit, pas vraiment finalement, on ne se prépare pas plus. Et là, je suis choqué.
- Alix Carnot
Et non, c'est ce que montre le baromètre expat de communication. Il y a quand même 40% des expats qui se préparent uniquement sur Internet. Et sur Internet, il y a des super sites. Il y a le site Femmes Expats, comme tu disais, avec ses podcasts, avec ses vidéos, ses conférences. Il y a Facebook, il y a des groupes Facebook. Tout ça, c'est très bien, mais rien ne vaut, surtout que c'est tellement simple aujourd'hui, le fait d'appeler quelqu'un, de lui dire bonjour, tu es conjoint expat dans le pays où je veux aller, dans la ville où je veux aller, comment ça se passe pour toi ? Et là, en dix minutes, on gagne peut-être six mois. de questions à se poser une fois qu'on est sur place.
- Gauthier Seys
Et si toutefois on ne peut pas préparer et qu'on est parti sans se préparer, quand on est sur place et que ça ne va pas, surtout, gros warning à allumer sur ce dossier spécial, on ne reste pas tout seul.
- Alix Carnot
On en a parlé l'autre fois, les conjoints expatriés, ils ont un petit syndrome de premier de classe. C'est des gens qui veulent bien faire, qui se donnent beaucoup de mal. Et quand ça ne se passe pas bien, ce que j'observe, c'est que très souvent ils se disent que c'est de leur faute. Ils vont faire encore plus d'efforts. Et ça risque, s'ils ne vont pas bien, de les enfermer dans un état qui descend de plus en plus. L'expat, c'est difficile. Parce qu'on compte tout le temps, c'est bien et c'est facile. C'est comme une marche en montagne. L'expat, c'est génial, mais c'est une aventure, il y a des risques. On a souvent des cailloux dans la chaussure, parfois on glisse, on se fait mal. Ça n'empêche pas que le paysage est beau, mais la marche est dure. Et le compte dans l'expat, c'est ça qui va vite. Il y a tout le temps des obstacles, il y a souvent des choses qui ne sont pas faites via solitude, le fait de devoir se réinventer, de redonner un sens à sa vie. Être à l'étranger, ce n'est pas un but en soi. Tu es contente, tu as ton expat, tu vas vivre des choses, apprendre une langue. Mais est-ce que c'est ça qui me rend heureux ? À quoi je contribue ? À quoi je sers pour les gens qui sont autour de moi ? La seule chose que je vois, c'est que les gens que j'ai laissés, ils vivent très bien sans moi. Mais concrètement, ma place est où ? Et bien ça, c'est des questions assez vertigineuses, qu'on se pose généralement, tu vois, ça fait du bien, c'est ça être un homme ou une femme, c'est de se poser un peu des questions. Mais quand ça commence à devenir trop fort, ça peut nous emmener assez bas. Et donc plutôt que de se dire c'est moi qui n'y arrive pas, c'est vraiment je vais vite demander de l'aide. Et à qui ? Aux amis bien sûr, aux expats autour de moi. Ce n'est pas toujours évident d'en parler dans sa communauté. Et là, il y a plein d'experts. Et les experts, super, mais à condition qu'ils aient une expertise sur les expats.
- Gauthier Seys
C'est ça. Tu m'as vraiment dit en préparant l'interview, si on arrive au sujet du divorce, OK, mais alors prenez un avocat qui a connu ce sujet de l'expatriation, qui est spécialiste dans ce domaine, parce que tous les problèmes sont plus difficiles, encore plus lourds. Il faut des gens qui connaissent et qui ont l'expertise.
- Alix Carnot
Exactement. Et on a... On a plein de ressources sur le site Femmes Expats, de super avocats qui connaissent parfaitement ce sujet. Mais c'est pareil, si jamais on doit préparer sa retraite ou des fiscalistes, ou si on veut rechercher du travail, les accompagnements d'Expat Communications, c'est des coachs qui sont spécialistes des carrières des expatriés. Parce que nos vies sont tellement spécifiques. Oui, il faut être accompagné par des gens qui les comprennent bien.
- Gauthier Seys
Vous avez tous les podcasts à écouter sur le site de Femmes Expats, sur ceux de la Radio des Français dans le Monde. Vous allez voir que finalement, on a pas mal d'outils pour vous. Merci, Alix, d'avoir témoigné. On se retrouve prochainement pour ce dossier spécial.
- Alix Carnot
Merci, Olivier. On sait dans le monde.