Speaker #0La vieillesse, c'est pas pour les mauvaises, Pat Davis. Laurence Bizan, Dans Génération. Tout naturellement, l'air de rien. Avec l'avancement en âge, comme on dit, on perd en élasticité. On, oui, je fais partie du on. C'est la désélastication, mais je trouve que ça mérite bien un néologisme. Désélastication, lente perte d'élasticité, piano piano, en douceur, mais inexorablement, ce qui était bien compact, consistant, tendu, se détend avec les années. Alors la peau, les muscles, les tissus. Le périnée, oui, là, je n'entre pas dans les détails. Le corps, le corps tout entier. Du beau fruit et assez rebondissant. On tourne au flanc. Oui, je pousse un peu le trait, j'exagère un peu. Et je parle du physique, mais il y a aussi le reste. Bien sûr, l'esprit, la mobilité, la libido, la mémoire. Oui, le temps nous use et s'amuse à nous attendrir. Voilà, c'est plus joli qu'à m'olir. Quand ma fille avait une dizaine d'années, en jouant avec ma belle-mère un été, elle l'a observée et a décrit en détaillant son cou. « T'as des drapés ! » Ma belle-mère a ri, puis elle a adopté ce terme, en affirmant qu'il fallait apprécier ces drapés, marque du temps. Drapés ou quand l'épiderme se plie ses flanches. On touche à la flaccidité, qui fait désormais partie d'un vocabulaire courant. C'est joli, non ? Flaccidité, avec deux CXX. C'est l'état de ce qui est flasque. La flaccidité, mon nouveau pote. Enfin, nouveau. Il y a une sorte d'injustice, cela dit, ici, c'est vrai, toutes les pommes ne sont pas frappées pareil. Alors personnellement, je remarque un visage au contour moins précis, voyez, là, sur les côtés. J'aurais peut-être besoin d'une pincette ou d'un bout de scotch, mais non, non, non, non. En ce qui me concerne, pas de lifting, quel qu'il soit. Je constate le relâchement et j'accepte. Pas de chirurgie. Concernant le corps, là aussi, comment dire ? Admettre la mise en place inéluctable du ventre mou, des fesses plates, l'arrivée du profil mamie. Ah ouais, quand même. Je ne me suis jamais trouvée belle, ni moche d'ailleurs. Je n'oublie pas que j'étais une femme de radio, donc une voix, un physique floue peut-être. Alors l'extérieur existe, c'est sûr, mais c'est l'intérieur qui compte, n'est-ce pas ? Je ne vous apprends rien. Ce qui se dégage de chacun, chacune de nous, quand on s'exprime, ce qui nous anime, notre attitude face à la vie. Avec l'aide de l'humour, cette forme d'intelligence qui nous permet de prendre du recul, surtout, y compris nous-mêmes, nous tous et toutes, bousculés par le temps qui passe. A noter que cette fripouille d'humour ne vieillit pas. Et c'est rassurant, d'autant qu'elle me tient par le bras. Une chance, ça maintient ça, je vous dis. Bon, c'est sûr, je suis moins pimpante aujourd'hui qu'à 40 ans. Je mentirais en affirmant que je me trouve physiquement sans réticence. Non, pas du tout. J'ai la brioche et le haut des bras, flap, flap, flap, de mon âge. Mais il faut admettre que je me sens bien, détendue. Comme ma nouvelle peau. Vous savez... Pendant un certain temps, nous cherchons à plaire. À partir d'un certain âge, il ne faut pas déplaire. Et qu'importe le degré de flaccidité et les drapés, on est bien d'accord.