Speaker #0Bienvenue sur Good Visa, le podcast voyage. Vous êtes sur le hors-série Good Books, l'escale littéraire. Avec ces épisodes, je vais vous proposer d'explorer encore plus les pays et destinations abordés dans le podcast à travers les lignes. Je vais vous parler plus en détail des ouvrages de mes invités, de mes coups de cœur littéraires du moment, et je vais vous lire des extraits qui m'ont marqué. Bonne écoute, ou plutôt bonne lecture. Bonjour à tous, bonjour à toutes. J'espère que vous allez bien, je suis vraiment ravie de pouvoir enfin lancer ce hors-série, ça fait des mois que j'attendais de pouvoir faire ça et je suis vraiment ravie et honorée de commencer avec les livres de Nicolas Dubreuil, un aventurier exceptionnel que j'ai interviewé dans le cadre de l'épisode sur le Groenland. Alors ce n'est pas seulement parce que Nicolas fait partie des invités de Good Visa que j'ai eu envie de parler de ses livres mais vraiment parce que ça a été un véritable coup de cœur, je pensais pas être... autant absorbée par ces livres et je me suis vraiment mise dans un petit cocon sur le Groenland le temps de mes lectures. Donc déjà je vais vous parler d'Aventurier des Glaces aux éditions Point, donc par Nicolas Dubreuil. Dans ce livre en fait il nous explique un petit peu comme au début du podcast pourquoi il est devenu aventurier, ses premières expéditions et comment il s'est retrouvé à être fasciné par cette île blanche et c'est un livre qui se lit très facilement parce que c'est un style... assez direct dans le sens où il n'y a pas de chichi, on ne cherche pas à aller dans des figures de style ou quoi que ce soit, mais on est vraiment dans la description de ce qu'il voit autour de lui, des émotions qu'il ressent, il va nous raconter beaucoup d'anecdotes sur ses aventures et notamment le terrible accident dans la banquise qu'il a eu il y a une vingtaine d'années qu'il a beaucoup remis en question et donc on commence à comprendre en fait le personnage, pourquoi cette fascination à toujours vouloir repartir et je trouve que c'est une super base. pour commencer à découvrir le Groenland et pour découvrir cet aventurier des glaces. Ensuite, si vous êtes toujours autant fasciné par ces aventures, je vous conseille d'enchaîner avec Akago, ma vie au Groenland, donc toujours par Nicolas Dubreuil, ce coup-ci, il a été co-écrit avec Ismaël Kelifa, un journaliste, et on est aux éditions Robert Laffont. Alors celui-ci n'est pas encore sorti en format poche, mais ce qui est très sympa, c'est qu'il y a des photos à l'intérieur, au milieu. avec des super beaux clichés de Nicolas, du quotidien là-bas, des personnages de ses amis groenlandais, des Inuits. Donc voilà, ça aide pour l'immersion. Et ça a vraiment été mon coup de cœur parmi ces trois livres, parce que là on plonge vraiment plus dans les émotions, dans le sens où on sent que Nicolas se livre encore plus sur ses ressentis, sur ce voyage intérieur qu'il est en train de faire lui-même. Et il va beaucoup nous expliquer toutes ces prises de conscience qu'il va avoir à force d'échanger avec ces Inuits, ce qu'il va apprendre de leur culture, ce qui va complètement changer sa façon de voir les choses. Et je ne vous cache pas qu'il y a plusieurs moments où j'ai eu ma petite larme à l'œil parce que ce sont des histoires bouleversantes. On voit qu'ils commencent à se lier d'amitié avec un bon nombre d'entre eux. Je, vraiment à la fin de ce livre, je me suis dit mais je veux aller les rencontrer, je veux aller au Groenland, alors bien évidemment pour les paysages, mais pour toute cette richesse et tous ces échanges de ce peuple. Et sans grande surprise, c'est d'ailleurs un extrait d'Akago que j'ai choisi pour cet épisode d'aujourd'hui, mais avant cela, j'aimerais vous parler d'un autre livre de Nicolas Dubreuil, le troisième, qui s'appelle Mystère polaire, co-écrit avec Ismaël Kelifa, toujours, et là on est aux éditions point. Donc sur ce livre on est sur un format assez différent puisque Nicolas va nous raconter 5 histoires fascinantes du Grand Nord. Et ce que j'aime beaucoup dans ce livre c'est qu'en fait chaque histoire va être ramenée avec un contexte, comment il a découvert ce mystère. Par exemple il commence avec Camp Century, donc un complexe nucléaire américain construit au Groenland. Et avant de nous raconter vraiment toute cette histoire autour de cette base vraiment complètement hallucinante, il nous explique qu'il a découvert ça... Lors d'une expédition, et que depuis, il s'est retrouvé fasciné pour ce camp, il a fait beaucoup de recherches après. Ensuite, on rebascule un petit peu la narrative sur son quotidien au Groenland. Un jour, il échange avec un Groenlandais qui lui parle d'une histoire terrible, qui a marqué vraiment beaucoup de nombreuses générations. Il s'agit de Kivitu, c'est un petit village tourmenté par un terrible tyran inuite. où en fait lorsque la chasse à la baleine s'est arrêtée dans un certain endroit, un village a complètement viré au drame et cette histoire m'a bouleversée. Enfin je préfère pas spoiler donc je vous laisse vraiment la découvrir. Donc voilà, ce sont vraiment des histoires fascinantes. Alors elles ont pas vraiment de lien entre elles mais en fait Nicolas nous les amène avec une telle justesse tout en suivant son quotidien. Enfin c'est... Voilà, c'est un style vraiment unique que j'ai trouvé, mais je ne peux que vous le recommander. Je pense que vous avez compris que maintenant je suis complètement obsédée par le Groenland et dans mes prochaines lectures, dans ma wishlist, j'aimerais vraiment découvrir les livres de Mo Malo. Ce sont des polars polaires parce que je me dis pourquoi pas explorer des destinations dans d'autres styles aussi et apparemment quand on est avide de dépaysements et de sensations, c'est vraiment la saga à découvrir, ce sont des enquêtes. rebondissante et glacée et il a même été récompensé pour un bon nombre d'entre eux. Il y a déjà des milliers de lecteurs donc voilà, définitivement sur ma liste et je vous tiendrai au courant. Donc voilà, j'espère que vous avez de quoi faire avec ces idées et recommandations de lecture pour le Groenland. Et maintenant place à l'extrait que j'ai choisi de vous lire, d'Akago. Comme je vous l'expliquais tout à l'heure, dans ce livre de Nicolas on est un petit peu plus dans... Dans les émotions, on sent qu'il va creuser un petit peu plus dans ses échanges avec les habitants de Kouchelor-Souak. Et là, j'ai choisi un extrait où en fait Nicolas part à la chasse avec ses meilleurs amis groenlandais. Donc il ne s'agit pas du même Houllé que j'ai évoqué dans l'épisode de podcast avec lui, ce jeune qui est parti faire ses études à l'étranger. Là, il s'agit d'un autre Houllé, un de ses meilleurs amis là-bas, un Inuit. Je l'ai trouvé... Il n'a pas ce côté ultra concentré sur chaque détail qui domine chez les autres chasseurs. Je me demande même s'il sait ce qu'il fait, s'il a une stratégie pour aller chercher les éders que nous devons impérativement rapporter au campement. Au milieu de ces hommes, je suis une pièce rapportée. Aussi, je me mets une pression inutile, de peur de les décevoir. Nous dénichons finalement très vite les oiseaux. La chasse est fructueuse. Je me dis que c'est de la chance. La suite des événements me prouvera qu'Oulé fait partie de ces êtres rêveurs, qui n'ont pas toujours les bons outils, le bon équipement, mais qui sont toujours au bon endroit, au bon moment. Je comprends l'accompagnant qu'il fonctionne moins à la stratégie qu'à l'instinct. Sa façon d'être n'a rien de calculé. Il se laisse avant tout guider par ce qu'il ressent. Pour moi, l'ancien prof d'informatique, plutôt du genre à tout planifier, à peser en permanence le pour et le contre, c'est une énigme. Ces hommes sans agenda m'ont déjà appris à m'adapter et à vivre dans l'instant. Houllé, lui, me prouve sans le théoriser qu'il faut apprendre à faire confiance à ses intuitions. Retour au campement. Debout, face à la mer, des chasseurs scrutent l'horizon aux jumelles dans l'espoir de repérer des souffles de narval. La neige a cessé de tomber. Rien n'en vue. Ils viennent nous rejoindre. Nous sommes à la frontière entre le jour et la nuit. De gros nuages gris filent à toute allure dans le ciel. Il fait froid et humide. Houlet dépasse les éder. Il va chercher de l'eau et prépare à manger pour tout le monde dans une vieille casserole noire. Je l'accompagne à chaque étape. Il voit bien qu'on lui laisse tout faire et cela commence à l'énerver. Mais il reste très calme. Puis, une fois le repas ingurgité, il révèle une autre facette de sa personnalité. D'une voix douce, comme un père peut chanter à l'oreille de ses enfants, il interprète une chanson qui ressemble à une comptine. Il y met une émotion intense. Les autres l'écoutent, sans exprimer le moindre sentiment. Il y a d'un côté les chasseurs virils, et de l'autre, houlé. C'est à son contact que j'ai évolué. Longtemps, j'ai couru la planète pour impressionner les filles, me dépasser, réaliser des exploits qui en mettent plein la vue. Mais au bout du compte, mon besoin d'adrénaline aurait très bien pu être assouvié dans le Keras ou dans les Pyrénées. Pourquoi traverser la planète quand la nature sauvage s'offre à nous à quelques heures de train ? La prise de risque est la même. L'immensité, la beauté aussi. Or, à l'époque, je trouvais que l'ancée je pars en expé au Groenland Ce n'est mieux que je pars en expé dans le Périgord. Toutefois, mon désir de côtoyer l'aventure dans sa dimension la plus extrême était sincère, et j'ai trouvé dans ce pays, plus qu'ailleurs, tout ce qu'il faut pour le vivre pleinement. Les paysages, les glaces, les traversées à ski en plein hiver, un rite initiatique. J'aurais pu arrêter là. À cette époque, je me disais souvent, je suis un homme, je n'ai plus rien à prouver. Mais les rencontres extraordinairement fortes, les hommes habillés de peau d'ours, les inuits encore debout, C'est là au Groenland que je les ai rencontrés. Ce sont les habitants de ce pays qui m'ont donné envie de lui être fidèle et d'y revenir chaque année. Le Groenland s'est également imposé à moi par la simplicité de la vie qu'il offre, ou plutôt par un mode de société qui n'est pas aussi compliqué que le nôtre. Gamin, un personnage d'enfant inuite, Apoutsiak, le petit flocon de neige, accompagnait mes rêves d'avenir. Ce héros est né dans l'imagination de l'explorateur Paul-Émile Victor. Avec lui... nous vivons toutes les étapes d'une vie d'inuite, son quotidien, sa famille, ses croyances. J'étais subjuguée par ce pays qui semblait si loin des contraintes de la France. C'était une vision bien naïve, évidemment. Elle avait malgré tout une facette parfaitement réaliste. Le Groenland offre encore la possibilité de dire J'ai faim, je vais chasser ou ramasser des baies Plus facile à proclamer qu'à réaliser. Mais pas impossible. Malgré toutes les difficultés qu'induit le fait de vivre dans une région polaire, isolée du monde, où comme partout, il faut gagner sa vie, cette terre donne la sensation qu'on peut décider soi-même de son existence. C'est d'ailleurs l'impression qui se dégage très souvent des hommes et des femmes d'ici. Quel que soit le contexte, ils assument leur choix. Sans doute ai-je conservé une vision idéaliste, toujours en lune de miel avec cet univers qui n'est pas le mien, malgré 25 ans de vie commune. D'ailleurs, combien de Groenlandais rêvent en retour de notre monde, avec la même candeur que celle qui était la mienne à l'égard de leur pays à mes débuts, ou les entonnent une autre chanson de sa voix douce. La nuit a pris définitivement ses quartiers sur l'hémisphère nord. En l'écoutant, je me souviens de mon tout premier voyage au Groenland en 1992. J'étais venue avec le secret espoir de voir des baleines. C'était mon rêve, et l'idée de pouvoir approcher les cétacés dans ce décor de glace m'enchantait. Toutefois, ce séjour fut un échec total. Trois mois d'expédition en pleine saison des cétacés, et pas la moindre baleine en vue. Jamais cela ne m'est arrivé depuis. J'en revins malgré tout bouleversée par la culture et les paysages que je venais de découvrir. D'une certaine façon, en osant chanter au milieu de ces chasseurs mutiques, Houllé m'a montré qu'on pouvait être explorateur et d'une grande sensibilité. Voilà pourquoi sa présence avait ce soir-là une telle résonance en moi. Il dégageait la tranquillité de ceux qui n'ont pas peur d'être eux-mêmes. En cela, je le trouvais bien plus fort que les autres. Houllé, le chasseur romantique, m'a permis de m'accepter telle que je suis. Merci pour votre écoute. J'espère que cet extrait vous a transporté au Groenland, et surtout que ce nouveau hors-série Good Books, escale littéraire, vous a plu. N'hésitez pas d'ailleurs à me faire vos retours, que ça soit par mail, par message, sur Instagram, vraiment n'hésitez pas. Et comme on aime bien les surprises sur Good Visa, je vous laisse avec la fameuse chanson à la guitare doulée, que j'ai trouvée aussi hyper touchante, et elle est tirée du court-métrage de Sébastien Bête Bédé qui s'appelle Inoupilouk. A bientôt ! (chanson à la guitare)