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#43 - VOYAGE EN STOP : +15 000 km en stop et chez l’habitant jusqu’aux portes de la Chine (Vianney de Boisredon) cover
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Good Visa : voyage et aventure

#43 - VOYAGE EN STOP : +15 000 km en stop et chez l’habitant jusqu’aux portes de la Chine (Vianney de Boisredon)

#43 - VOYAGE EN STOP : +15 000 km en stop et chez l’habitant jusqu’aux portes de la Chine (Vianney de Boisredon)

59min |16/12/2025
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#43 - VOYAGE EN STOP : +15 000 km en stop et chez l’habitant jusqu’aux portes de la Chine (Vianney de Boisredon)

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59min |16/12/2025
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Description

80 jours de voyage, plus de 15 000 km parcourus en stop, à travers 17 pays, avec plus de 300 trajets et une cinquantaine de nuits passées chez l’habitant, jusqu’aux portes de la Chine en Asie centrale. 


Un jour, Vianney a senti cet appel : une intuition profonde, presque inexplicable, de s’écouter et de partir. Un voyage pas comme les autres, qui n’est pas une course aux paysages ni une liste de destinations à cocher. Vianney a choisi de partir pour aller à la rencontre de l’autre. 


Ce voyage n’est donc pas un itinéraire, mais plutôt une suite de rencontres et de prises de conscience. En allant le plus lentement possible, Vianney laisse la place à l’imprévu, à la confiance, à des échanges parfois brefs mais d’une intensité rare. Ces rencontres deviennent le cœur du voyage : une aventure initiatique et une véritable quête d’humanité. 


Vianney va partager avec l’audience quelques rencontres marquantes : ces camionneurs isolés mais d’une grande générosité, cette dame âgée qui s’est occupée de lui comme un fils, cette scène comique en Grèce… La générosité et l’hospitalité profonde des personnes rencontrées viennent bousculer certains préjugés et nous amènent à nous questionner : serions-nous capables d’un tel accueil ? N’avons-nous pas perdu ce lien avec les autres, avec l’inconnu ?  


Au-delà du récit de son aventure, Vianney nous livre surtout son voyage intérieur avec notamment ce que ces rencontres lui ont appris sur l’écoute, le lâcher-prise et la simplicité des liens humains. Il aborde aussi ses doutes, les galères et difficultés rencontrées, ces moments où le voyage aurait pu s’arrêter soudainement. Ce sont des prises de conscience précieuses qu’il nous confie, que l’on peut ainsi ramener dans nos quotidiens, sans nécessairement partir à l’autre bout du monde. Car comme le rappelle Vianney : le voyage est un état d’esprit plutôt qu’une histoire de kilomètres.


Cet épisode est une invitation à faire confiance, à aller vers l’autre et à cultiver la foi en l’humanité.


Auto-stop, voyage en stop, voyage lent, voyage intérieur, voyage solo, Europe, Turquie, Géorgie, Asie centrale, Kirghizistan, steppes, voyage initiatique, aventure humaine, voyage autrement


Références:
- Livre de Vianney de Boisredon : « Steppe by Steppe » aux éditions Flammarion et en format poche J’ai Lu 

- Instagram @vianney.deboisredon

- Épisodes évoqués : Alexandre Poussin Madagascar en famille & Pierre-Antoine Guillotel en Islande  


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⭐️ 5 étoiles et un avis (même très court) pour soutenir le podcast, ça m'aide beaucoup ! MERCI !


Instagram du podcast : @goodvisapodcast

Le podcast Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 

Musique : Camille Merel et pause musicale Aleksey Chistilin

Collaboration : goodvisapodcast@gmail.com 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Good Visa, le podcast voyage. Aujourd'hui, partez avec Vianney. Pendant 80 jours, il a traversé 17 pays en autostop jusqu'aux portes de la Chine et dormi chez l'habitant. Vianney ne partait pas pour découvrir des pays, mais pour aller à la rencontre des gens. Il va vous partager les réflexions profondes et apprentissages tirés de ce voyage intérieur. Cet épisode est une invitation à aller vers l'autre et à cultiver la foi en l'humanité. Je m'appelle Camille. et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt un bon voyage.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bonjour à toutes,

  • Speaker #0

    bonjour Yannick.

  • Speaker #1

    Bonjour Camille.

  • Speaker #0

    Comment te sens-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je me sens bien, fatigué par le travail, mais tout va bien.

  • Speaker #0

    Écoute, je suis vraiment ravie de te recevoir parce que ça fait des mois et des mois que j'espérais qu'on puisse échanger ensemble. Avant qu'on rentre dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter avec tes propres mots comme tu le souhaites ? Et si tu veux bien terminer par nous dire comment tes proches te décriraient ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Vianney, j'ai 28 ans. Moi, j'ai grandi dans l'Ouest, à Nantes. Maintenant, j'habite à Paris. Je travaille maintenant dans une agence de voyage spécialisée dans le voyage d'aventure. Et comment me décriraient mes proches ? Je dirais... Du coup, aventurier, parce qu'on va parler un peu de ça. Aventurier, attentionné et qui n'a pas peur de se dépasser.

  • Speaker #0

    Super. Donc, effectivement, aujourd'hui, on va parler de ton aventure. C'était il y a maintenant quelques années, donc ça va être pas mal aussi de se dire que maintenant, tu as un petit peu de recul pour nous raconter tout ça, que tu as abordé dans ton livre Step by Step, une aventure initiatique en stop et chez l'habitant jusqu'aux ports de la Chine, aux éditions Flammarion, rien que ça. avec aussi une préface d'Alexandre Poussin que j'ai aussi reçue sur le podcast. Donc ça m'a beaucoup fait sourire ce petit clin d'œil. Et même un autre invité, Pierre-Antoine Guillotel, m'avait beaucoup parlé de toi. Donc j'ai l'impression qu'on n'est pas en train de boucler la boucle. Donc encore merci. On va peut-être commencer par une jeunesse du projet, comme j'aime bien faire, pour essayer de comprendre en fait qu'est-ce qui fait qu'un jour tu t'es dit « Ok, je vais partir. On stoppe. » et dormir chez l'habitant jusqu'aux portes de l'Asie centrale. Comment on arrive avec un tel projet ?

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait en Anzour, du coup. Mais effectivement, j'avais déjà un peu cette fibre du voyage où j'avais eu l'occasion de faire des stages à l'étranger quand j'étais en études. Et un an avant, j'avais eu six mois de trou avec le Covid, où j'avais eu des stages annulés. Et donc, j'avais déjà entrepris un autre voyage, plutôt à la voile cette fois-ci, donc à travers l'Atlantique. Et donc, au retour de ce voyage-là, je me suis dit, c'était génial. mais je n'ai pas rencontré grand monde, à part quelques dauphins et les coéquipiers avec qui j'étais. Et j'avais vraiment cette envie, pendant ma dernière année d'études, de sortir un peu du monde dans lequel j'étais, de ce petit cercle un peu fermé, en tout cas c'est comme ça que je le vivais, où je ne me sentais pas hyper porté, et j'avais vraiment ce désir ardent d'aller à la rencontre de l'autre. Et en parallèle de ça, j'avais une fascination pour les steppes et l'Asie centrale. Et donc, je me suis dit, allez, je vais essayer de réconcilier ces deux envies. Et donc, c'est comme ça qu'est né un peu le projet. Après, voilà, le stop, etc., ça s'est fait un peu petit à petit. Mais voilà comment ça s'est fait, vraiment, cette envie de partir à la rencontre des gens, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et tu nous racontes dans le livre également, sans trop spoiler, bien évidemment, mais que tu avais ressenti aussi une espèce d'une murmure intérieure, une voix mystérieuse. tu dis que Ton intuition était vraiment présente et tu savais que tu devais partir là-bas, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. En fait, j'étais étonnamment assez sûr de moi, dans le sens où je sentais que ça venait de l'intérieur et que c'était vraiment un désir de partir. Je ne l'ai pas du tout vécu comme une fuite ou comme quelque chose qui viendrait de l'extérieur. C'était vraiment une envie très, très profonde. Et en fait, j'avais du mal à expliquer ce désir-là. C'est-à-dire, quand je disais aux gens, j'ai envie de faire plusieurs mois de stop jusqu'à... quasiment jusqu'en Chine, jusqu'au Kyrgyzstan, les gens ne comprenaient pas trop le délire. Et en fait, au lieu de me faire douter, moi ça a renforcé Zira de me dire « Ok, vous ne comprenez pas pourquoi je le fais, mais je vais quand même le faire. » Donc c'était vraiment ça. Après, il y a forcément eu un peu de doute les mois avant, mais à chaque fois, j'arrivais à me reconnecter à ce murmure qui venait un peu comme un moyen de me rattacher à l'aventure coûte que coûte.

  • Speaker #0

    Et tu cites dans ton livre Joseph Kessel, rappelant que dans les grands voyages, en fait, l'enchantement commence avant le départ lui-même, quand on va se retrouver à regarder les cartes, dans les préparations, et j'ai bien aimé que tu mettes en avant cette notion-là.

  • Speaker #1

    Ouais, je trouve que pour moi, le voyage, il commence largement avant le départ. C'est-à-dire que j'aime beaucoup cette idée de pouvoir s'émerveiller, rêver avant même de partir. Pour moi, c'est ça qui rend le voyage encore plus beau après. C'est quand on a passé du temps à se renseigner, à regarder, à rêver. Enfin voilà, pour moi, ça fait vraiment partie du plaisir du voyage. Et c'est avec un voyage qui arriverait comme ça, tout cuit dans le bec. Peut-être que j'en profiterais moins. Et moi, c'est aussi ça qui a fait que j'ai autant aimé ce voyage-là.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es dit, je vais choisir le stop et dormir chez l'habitant ? Est-ce que c'est quelque chose que tu avais déjà fait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est quelque chose que j'avais fait avec quelques copains en vacances. On était partis à 5 faire du stop. On avait fait trois équipes. Et donc, ça a été une très bonne expérience. Mais voilà, sinon, à part ça, ça avait duré quatre jours. Donc, c'était vraiment très court. Et puis, du coup, comment c'est venu ? En fait, j'ai réfléchi un peu aux différents moyens de transport pour ce voyage. Et donc j'ai pensé au vélo, j'ai pensé au train, j'ai pensé à la marche évidemment, enfin voilà, plein de moyens. Et je me suis dit, mais en fait le moyen qui va me forcer à sortir de ma zone de confort, qui va le plus me forcer à combler ce désir d'aller à la rencontre des autres, c'est le stop. Parce que le stop, en fait, j'ai pas le choix, je suis obligé d'aller vers l'autre. Et donc il y a vraiment cette volonté de vraiment, un peu presque, ne pas me laisser le choix, et me dire, bon bah maintenant il faut que je me débrouille. Et surtout en tant qu'introverti, pour moi, c'était assez important d'être capable de sortir de ma zone de confort et d'aller la rencontre. Et donc, c'est vraiment pour ça, dans cette notion de défi et de volonté de rencontrer l'autre en profondeur.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant d'aller vers l'autre, j'ai bien aimé parce qu'à un moment, tu expliques que c'est presque devenu un acte courageux, tu dis, d'aller vers l'autre parce qu'on a... plus vraiment l'habitude, ça devient presque quelque chose d'original, d'exceptionnel ou même forcément je pense qu'on va être beaucoup à penser à cette fameuse émission sur M6 avec Pékin Express pour aller vers l'autre avec cette idée de stop dormir chez l'habitant où voilà on en fait une émission tellement aller vers l'autre c'est incroyable alors qu'au final pas tant que ça mais j'aime bien que t'aies mis en lumière encore une fois cette idée

  • Speaker #1

    Ouais, c'est vrai qu'aujourd'hui, on a l'impression que c'est un exploit de s'intéresser aux autres, d'aller vers l'autre, de ne pas être fermé. Et en fait, je me suis senti tellement en décalage avec toutes les réflexions qu'on pouvait me faire, soit avant, soit pendant, soit après le voyage, où on me disait souvent que j'étais fou, que c'était dangereux, qu'il ne fallait surtout pas le faire. Et ouais, presque même parfois, ressortent des compliments et je suis dans le mode, mais en fait, il faudrait qu'on soit comme ça tous les jours, dans notre vie de tous les jours, qu'on puisse aller parler au SDF, que... que si on est dans le bus, on puisse parler à la personne à côté de nous, en attendant le médecin, qu'on puisse juste avoir des liens et ne pas être un peu aspiré par nos téléphones. C'était aussi une des motivations du voyage, de me dire, je vais enfin être capable de sortir complètement de ma vision que j'ai aujourd'hui et essayer de construire autre chose. Et c'est ce que j'ai plus ou moins réussi à faire pendant le voyage. Après, ça a été un vrai défi au retour. Mais en tout cas, pendant quelques mois, j'ai vraiment eu le sentiment de complètement voir les choses autrement là-dessus.

  • Speaker #0

    Effectivement, on reviendra un petit peu sur cette phase du retour qui, j'imagine, a dû être un challenge et un autre voyage en soi presque. Donc là, si tu veux bien, on va reprendre un petit peu ton périple en trois étapes. Donc la première étape avec l'Europe, la deuxième étape avec l'Asie mineure, avec la Turquie, la Géorgie. Et la troisième étape, on terminera sur l'Asie centrale. Donc là tu as commencé à Aix-en-Provence pour te diriger ensuite vers l'Italie. Et là est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment ça s'est passé le stop dans ce pays ?

  • Speaker #1

    Ouais alors du coup le début du voyage, il y a eu un peu au début évidemment l'excitation du départ. Donc on va dire les deux trois premiers jours, je partais du sud de la France début septembre. Donc c'était un peu les conditions idéales, il faisait beau. Et donc j'arrive sans trop de problèmes en Italie. Et là, c'est à partir de ce moment-là que les choses se sont un peu corsées, où j'ai compris que le stop, ça n'allait pas être une partie de plaisir. J'ai eu des gros moments de doute à ce moment-là. Donc déjà, la météo a complètement changé. Il s'est mis à pleuvoir tous les jours pendant quasiment une semaine. Et ensuite, pour la petite anecdote, j'arrive en Italie et je fais du stop, comme j'ai l'habitude de faire, sous une bretelle d'autoroute. Et j'attends plus de 4-5 heures. Donc là, je me dis, OK, la première fois que j'attends aussi longtemps, c'est quand même durer tout ça. et là je vois une voiture qui s'arrête Je me dis « Yes, enfin ! » Et en fait, la voiture, ça a été juste pour me signaler que je faisais du stop sous un panneau d'autoroute sur lequel il était indiqué que l'autostop était interdit. Et donc ça, ça a été un peu le pré-coudure du voyage, c'était de me rendre compte qu'en fait, l'autostop était interdit, en tout cas en Italie, qui était en gros mon premier pays à traverser. et je me suis dit Mais si j'ai déjà des problèmes comme ça en Italie, mais qu'est-ce que ce sera en Turquie ? Qu'est-ce que ce sera au Kazakhstan ? Qu'est-ce que ce sera en Ouzbékistan ? Et donc ça m'a fait très très peur et ça m'a fait douter dès le début du voyage. Et donc en fait j'ai dû traverser l'Italie sur des petites routes de campagne, ça a été un peu compliqué. Et en fait ça ne m'a pas forcément mis en confiance tout de suite. Heureusement j'ai repris des forces ensuite, mais vraiment le début du voyage a été très très compliqué. Et je pense que c'est normal dans un voyage au début d'avoir un peu de résistance et de ne pas encore être tout à fait dans le... dans le bon état d'esprit. Il y avait aussi de la résistance parce que je pense que j'étais encore dans la logique de il faut que j'arrive le plus vite possible. Et en fait, quand on voyage en stop, c'est tout l'inverse qu'il faut avoir en tête. C'est plutôt, en fait, je vais le plus lentement possible pour rencontrer les gens le mieux possible. Et donc ça, ça a demandé un peu de reprogrammer mon cerveau aussi. Ce qui a été un peu un défi. Et au bout d'une ou deux semaines, j'ai commencé vraiment à prendre du plaisir. mais au début c'était quand même assez compliqué

  • Speaker #0

    Et merci de le rappeler parce que j'ai l'impression que c'est quelque chose qui revient beaucoup dans les personnes que je peux inviter, de ces premiers jours ou premières semaines où les gens se disent « mais en fait, qu'est-ce que je fous là ? Dans quoi je me suis lancée ? »

  • Speaker #1

    Et je pense qu'en fait, ce n'est pas parce qu'on ressent ça qu'on s'est trompé. C'est juste qu'il y a une période d'ajustement qui est tout à fait normale. Je pense que c'est un peu pareil quand on commence un nouveau travail ou quand on déménage ou quand on change quelque chose, il y a toujours une période de transition, il y a des ajustements à faire. Quand on part en voyage, il y a aussi... Il y a aussi déjà comment va réagir son corps, comment va réagir face à la difficulté physique, mentalement aussi. Il y a plein de choses qui sont chamboulées. Et donc, pour moi, avec l'expérience, ce que j'ai compris, c'est qu'il ne fallait pas s'arrêter là et qu'il ne fallait pas avoir peur de la suite.

  • Speaker #0

    C'était un bon test, en tout cas, pour toi. Donc ensuite, tu as enchaîné avec... J'espère que je ne vais pas oublier des pays. Malheureusement, on n'aura pas le temps de tous les aborder.

  • Speaker #1

    Il y en a 17, donc...

  • Speaker #0

    C'est un petit peu la frustration pour les aventuriers qui ont fait des aventures aussi longues, sur de si longues distances. Mais bon, ça fait partie du jeu. Mais quand même, là, tu as enchaîné avec la Sauvigny, la Croatie, où, je vais garder le mystère encore une fois pour le livre, mais tu tombes sur un couple qui va te bouleverser de par cet amour qui semble avoir... Et c'est ça que j'aime bien aussi dans ton livre, c'est qu'en fait, c'est beaucoup de rencontres qui vont venir, que ce soit pour toi ou même pour le lecteur après, soulever des sujets, se questionner sur l'amour, ce genre de choses. Et on sent vraiment que c'est les rencontres au fil de ton voyage qui ont été le pilier de ton aventure. Parce que de ce que j'ai cru comprendre, et comme tu nous le disais à l'instant, tu t'étais pas fixé de « ok, je vais visiter telle région » . Non, tu y allais pour rencontrer les gens en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je faisais absolument aucun détour touristique. Et oui, faire un détour pour aller voir un beau monument, en fait, ça ne me faisait pas si plaisir que ça. Je préférais mille fois faire une belle rencontre et vivre quelques heures incroyables avec quelqu'un et poursuivre mon chemin. Et oui, il y avait vraiment cette volonté dans le livre de raconter, pas juste, « Bah voilà, j'ai fait un voyage, je suis arrivé là, ensuite je suis allé là, j'ai vu ça, j'ai rencontré telle personne. » Mais vraiment d'aller à un niveau plus loin, c'est-à-dire vraiment de raconter ce qui se vit intérieurement, d'être littéralement un livre ouvert et donc de pouvoir... aussi raconter ce que chaque rencontre a pu m'apporter et a changé pour moi dans ma vie. Et donc effectivement, il y avait ce couple allemand et croate qui m'a pris sans trop réfléchir. Et quand je leur ai expliqué mon projet, ils m'ont dit au bout de cinq minutes « Ah bah évidemment, tu dors chez nous, il n'y a pas de sujet. » Et ensuite, on a vraiment créé des liens assez chouettes et je suis encore en contact avec eux aujourd'hui. D'ailleurs, je suis retourné en Croatie un an et demi après. Et du coup, je me suis fait accueillir à nouveau. par ce couple-là, donc pour la petite anecdote. Donc voilà, c'est pour dire qu'il y a parfois cette frustration de, en fait, des rencontres très éphémères, mais moi, je n'ai pas forcément ce sentiment-là parce que j'arrive encore à rester en lien avec certains, même, voilà, là, ça fait deux ans et demi maintenant. Et c'est ça que je trouve beau aussi, de réussir à, voilà, à travers un moment très éphémère, réussir à garder un lien un peu plus long. Je trouve ça quand même assez incroyable.

  • Speaker #0

    Et ça me fait penser à... à cette notion que tu abordes un moment dans ton livre où tu expliques que chaque véhicule dans lequel tu rentres, c'est un petit peu un microcosme, une petite bulle où en fait chacun a son monde, son ambiance, son histoire, sa vision du monde, où des fois tu vas tomber sur des gens très bavards, des fois pas du tout, et tu expliques quelque chose qui m'a beaucoup touchée avec la sincérité en fait que tu vas avoir avec ces personnes-là où vous savez que vous n'allez pas vous revoir, donc Merci. tu dis pourquoi en fait me cacher et tu joues du coup la carte de la sincérité à

  • Speaker #1

    100% peut-être même plus qu'avec certains de tes proches tu nous dis c'est vrai pour moi mais c'est aussi vrai pour la personne qui m'accueille dans sa voiture c'est à dire qu'on stop contrairement à quand tu vas en soirée quand tu vas au travail, quand tu vas n'importe où Quand tu rencontres quelqu'un, il y a quand même un petit enjeu, c'est-à-dire qu'il faut te donner une bonne impression, il faut être poli, il faut être souriant, etc. Là, quand tu fais du stop, en fait, il n'y a vraiment aucun enjeu, c'est-à-dire que cette personne-là, tu ne la reverras pas, à part si vraiment tu crées un lien très fort et que vous donnez vos numéros, etc. Mais là, moi, ça m'arrivait très peu quand même. Je suis monté dans plus de 300 véhicules et j'ai été accueilli une cinquantaine de fois chez l'habitant sur 80 jours. Donc ouais, clairement, il y a... Il y a quand même ce truc-là de, en fait, on ne se connaît pas et cette relation, il n'y a pas de vocation à arrêter. Donc, en fait, soyons nous-mêmes. Et en fait, j'avais souvent des gens qui se confiaient énormément dans ces moments-là parce que c'est comme si j'étais un petit passager de leur vie pendant un instant à qui ils pouvaient décharger des choses et ensuite, hop, je repars et ni vu ni connu. Et je trouvais ça assez beau que les gens me fassent autant confiance sans me connaître. Et ça m'a aussi fait prendre conscience de la souffrance d'un certain nombre de personnes, et notamment des camionneurs qui sont des gens d'une attention et d'une générosité incroyable, qui ressentent une solitude absolument énorme et qui ont très peu de reconnaissance dans leur métier. Et donc c'est vrai que quelqu'un qui est là, qui leur pose des questions, qui s'intéresse à eux, je pense que c'est quelque chose qui leur faisait du bien et dont ils ont besoin. Et je trouve ça très beau.

  • Speaker #0

    Et oui, ça permet... une certaine liberté qu'on ne s'autorise pas au quotidien. J'allais justement te parler des camionneurs, parce que tu en as beaucoup rencontré lors de ton aventure. Ils t'accueillent dans leur camion, c'est un petit peu comme leur maison. Il y a cette rencontre avec Faït. J'ai mal noté. Faït, oui. Tu es en route vers la Turquie, où tu lui poses des questions sur sa vie, sur son travail. Il t'explique à quel point c'est dur, ainsi de suite. Et en fait, il te dit qu'il ne voit pas l'intérêt de se plaindre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un des premiers camionneurs avec qui je passe vraiment longtemps. C'est-à-dire avant, c'était juste quelques heures. Là, on a vraiment passé de 10h du matin à 22h le soir. Et donc, on a vraiment eu le temps de créer un lien assez fort. Et Faïd, c'est un camionneur turc qui habite à Izmir en Turquie. Et donc, il a deux enfants. Et donc, on parle de ça. Et puis, il me parle aussi de toute la solitude qu'il peut ressentir dans son métier, du fait que c'est compliqué avec sa femme parce qu'il n'est pas souvent à la maison. qu'il se sent parfois très seul, très loin de ses proches. Et voilà, on arrive un peu à la frontière turque. Et donc là, il y a une file de plusieurs kilomètres de camions, et donc il doit me laisser. Moi, je suis capable d'y aller un peu, de juste marcher à travers la frontière, alors que lui, je sais qu'il va y passer la nuit. Et en fait, en se quittant, on se prend dans les bras, et il me dit, voilà, Vianney, j'ai un message que j'ai besoin que tu transmettes. c'est que nous les turcs on est des gens bons Et je sais qu'on essaye de vous faire croire le contraire, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses passer ce message-là. Et donc, ça fait partie des petites anecdotes comme ça que j'ai mises dans le livre, mais en fait, de tous ces gens-là qui veulent aussi transmettre ce message-là, de faisons-nous confiance les uns les autres et arrêtons de nous stigmatiser, de nous juger. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça hyper beau que lui, en tout cas, le ressente et qu'il ait envie de donner une autre image de son pays. qui n'a pas toujours une très bonne image. Et ça m'a beaucoup, beaucoup touché.

  • Speaker #0

    Et c'est fou parce que la Turquie, vraiment, chaque aventurier ou aventurière qui en parle me dit vraiment cette hospitalité et cette gentillesse est juste incroyable. Et c'est vrai que personnellement, la Turquie, c'était peut-être pas non plus sur ma liste d'envie de pays à découvrir, mais ne serait-ce que par la gentillesse de ses habitants, ça me donne énormément envie de le découvrir.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Après, je parlais de faire des hiérarchies entre les pays. C'est vrai que la Turquie, c'est un pays où je me suis senti très accueilli. Je me suis aussi senti très accueilli dans la plupart des pays. Peut-être la différence de la Turquie, c'est que c'est une majorité musulmane, donc il y a quand même cette valeur d'hospitalité qui est très forte, que j'ai aussi pu retrouver en Asie centrale, au Kazakhstan, au Nouzoubikistan, au Tadjikistan et au Kyrgyzstan. Donc ça, c'est vrai que je pense que c'est peut-être quelque chose qui change par rapport à ici, où là-bas, en fait, accueillir l'étranger est vraiment... un devoir, alors qu'ici, c'est sympa si tu le fais, mais on ne va jamais te demander de le faire. Et donc, ça, c'est vraiment... Et voilà, même si on peut penser qu'ils le font par devoir, en fait, ils le font avec beaucoup de joie. Et voilà, il faut savoir le rendre aussi en s'intéressant à eux, en passant du temps vraiment avec eux. Et ça, j'ai trouvé ça... Oui, assez incroyable cette hospitalité, c'est vraiment un des messages du livre, c'est qu'en fait on gagnerait à s'accueillir un peu plus les uns les autres.

  • Speaker #0

    Là si on revient juste un tout petit peu en arrière, moi j'avais noté une anecdote avec un conducteur en Croatie, qui m'a beaucoup fait rire, avec Yao. Est-ce que tu peux nous en parler ? Parce que là, j'aimerais bien qu'on aborde un petit peu cette notion de montagne russe que tu as pu faire parfois dans ton voyage.

  • Speaker #1

    Ouais, de montagne russe émotionnelle. Alors bon, ce qu'il faut savoir, c'est qu'évidemment, quand tu montes dans plus de 300 voitures, statistiquement, tu as des chances de tomber sur des gens qui ne conduisent pas très bien. Là, c'était vraiment hyper, hyper dangereux. Enfin, je ne me suis jamais senti aussi peu en sécurité dans ma vie. où effectivement il y avait ce ce croate qui m'explique que qu'il a déjà été hospitalisé, etc. Et je lui demande comment ça se fait, etc. Et il me dit, c'est parce que j'ai eu des accidents de voiture.

  • Speaker #0

    Et donc, je me dis, oulala.

  • Speaker #1

    Et en fait, on était sur des petites routes qui longent la mer en Croatie. Donc, c'est vraiment des routes où il n'y a pas de trottoir. On ne peut pas s'arrêter, il n'y a rien. Et même, c'est hyper dangereux de s'arrêter là. Donc, j'étais vraiment complètement bloqué dans sa voiture. Et en fait, il commence à vraiment conduire, mais n'importe comment, c'est-à-dire faire du 80 km heure dans des petites routes de montagne sinueuses. Et même à doubler des voitures dans des versants de montagne où on ne voyait pas l'autre côté. Et donc j'étais vraiment en mode, mais en fait ce monsieur est en train de jouer au dé avec ma vie, en toute impunité. Et là je me suis vraiment dit, mais dans quoi je m'embarque ? J'ai été tellement stressé qu'au moment où il m'a déposé, ça a duré peut-être 45 minutes, une heure. Au moment où il m'a déposé, j'ai eu un mal de crâne et le tournis pendant quasiment deux heures derrière. Tellement ça m'avait foutu la trouille. Et donc, c'est vrai que ça fait partie du risque. Et peut-être que je ne tiendrai pas le même discours si jamais il m'était arrivé quelque chose dès la croix-ci. Mais voilà, après, quand même, sur 300 véhicules, c'est quasiment le seul avec qui ça s'est vraiment mal passé. Les autres, globalement, je n'ai plus leur faire confiance.

  • Speaker #0

    C'est peut-être pas mal aussi d'aborder cette notion de danger, justement, dans ton aventure. Enfin, pas du tout pour être dramatique ou quoi que ce soit, mais pour être quand même... proche de la réalité aussi, que les gens ne se disent pas, oui oui il est parti en stop pendant des semaines et des semaines, tout s'est bien passé, il faut être réaliste aussi, où tu expliques que oui le danger est partout, mais que c'est ce qui t'a poussé également à lâcher prise si on tombe dans l'autre extrême où en fait être constamment en recherche de sécurité, ça va nous chambouler également et on va se perdre.

  • Speaker #1

    Ouais tout à fait, alors effectivement je pense qu'il faut relativiser le danger dans le sens où là je raconte Merci. la seule fois où j'ai eu un peu peur en voiture sur 80 jours de voyage et en fait aussi ce que je dis dans le livre c'est qu'en fait le plus gros danger que j'ai reçu c'était pas à cause des autres c'était plutôt à cause de moi-même où en fait je suis parti tout seul faire une sorte d'expédition en montagne où je me suis un peu mis en danger et en fait ma réflexion à la fin du voyage c'est de me dire mais en fait la seule fois où je me suis vraiment senti en danger c'était à chaque fois plus de ma faute que de la faute des autres Et donc, voilà, moi, j'ai jamais ressenti d'hostilité de la part des gens pendant ce voyage. Donc, il y a évidemment un peu des comportements, faire un peu attention à certaines fois ou quitter si on se sent pas à l'aise. Mais globalement, j'ai jamais eu de moment où je me suis vraiment senti totalement en danger. Et en fait, même, j'avais développé une théorie là-dessus, c'est qu'en fait, plus t'as peur du danger, plus tu vas inconsciemment te mettre en danger. C'est-à-dire, si t'as très peur, que t'es très craintif, que tu fais... pas confiance à l'autre en fait, l'autre va le ressentir et c'est là où il va pouvoir un peu peut-être sentir qu'il peut pas te faire confiance ou sentir que t'es pas quelqu'un de très agréable enfin voilà, où en fait, si tu commences un peu à te donner un peu des mauvaises ondes autour de toi, en fait les gens vont le ressentir et c'est là où tu peux te mettre en danger et donc moi ma théorie c'était plus que, bah voilà, quand t'es souriant, enfin souriant ça veut pas dire naïf, mais juste quand t'es souriant que tu dis bonjour, que tu t'intéresses aux gens que t'es sincère, en fait, même quelqu'un de mal intentionné va se dire « Ah, mais en fait, cette personne, j'ai pas du tout envie de lui faire du mal, je la trouve hyper sympa, hyper solaire, donc je vais pas le faire, quoi. » Et c'est vrai que ça, c'est un peu une réflexion que je me suis faite après coup, de me dire par rapport à d'autres gens qui me racontaient qu'ils avaient tout le temps des galères, je me dis, en fait, peut-être qu'il y a aussi quelque chose de cet ordre-là, des ondes aussi qu'on projette sur le travail.

  • Speaker #0

    Merci de partager tout ça avec l'audience. Et ça me fait penser, tu avais aussi prévu quelque chose pour remercier les gens tout au long de ton voyage qui t'accueillaient ou qui te prenaient dans leur voiture.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que j'avais un peu cette culpabilité, je pense, de me dire, bon, je me fais accueillir, mais derrière, qu'est-ce que j'apporte moi vraiment ? Donc déjà la première chose avant de partir, j'avais été en dessous de la tour Eiffel, j'avais acheté plus de 200 petites tours Eiffel en porte-clés que j'avais pris dans mon sac. Et donc je les offrais à chaque conducteur ou chaque personne qui m'accueillait le soir. Et donc voilà, c'était très symbolique, c'était vraiment juste une manière de dire tout simplement merci d'avoir accueilli. Et aussi de leur donner un petit souvenir de moi même longtemps après pour qu'ils puissent se souvenir que je suis passé par là. C'était vraiment important pour moi de faire ça. Et puis en fait, ce que je me suis rendu compte au fil du voyage, c'est que cette culpabilité, en fait, petit à petit, elle s'en allait parce que j'ai pris conscience que les gens, en fait, étaient parfois aussi heureux, voire plus heureux de m'accueillir que moi j'étais d'être accueilli. Et ça, ça m'a quand même fait un choc de me rendre compte qu'en fait, pour plein de gens qui se sentent seuls, c'est trop bien de pouvoir rencontrer quelqu'un qui s'intéresse à eux, qui est curieux, qui leur raconte des aventures que j'ai pu vivre avant pendant le voyage. qui est tournée vers l'autre et tout ça. Et donc, je pense que juste être vraiment présent, c'est-à-dire quand on est avec l'autre, déjà, c'est un très beau cadeau qu'on leur fait. Et ça, c'était vraiment pour moi hyper important de chaque personne que j'encontrais de faire en sorte d'être dans les meilleures conditions possibles pour vraiment l'accueillir et accueillir ce qu'elle avait à me dire, à me partager. Donc ça, c'était vraiment important. Et ça m'a aussi fait réfléchir sur, est-ce que je l'aurais fait à leur place ? Peut-être pas. et du coup ça fait pas mal réfléchir là-dessus

  • Speaker #0

    Et donc là, on parle des échanges que tu as pu avoir avec toutes ces personnes-là. Comment ça se passait, si on peut expliquer à l'audience, pour la barrière de la langue, parfois, comment tu faisais pour communiquer avec eux ? Tu racontes plein de choses là-dessus sur ton livre.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Alors, ce qui est vrai, c'est que du coup, sur les 17 pays, il y en a peut-être deux où je parlais la langue. Mais sinon, globalement, c'était... Voilà, moi, je parle français, anglais, espagnol. Il n'y a aucune de ces trois langues qui m'a été utile sur ce voyage. vraiment en fait j'ai dû trouver des petits stratagèmes pour apprendre à communiquer avec les gens sans forcément connaître la langue parce qu'il y a 17 pays donc potentiellement plein de langues différentes. J'avais quand même appris quelques mots de turc et de russe parce que je savais que c'était les deux langues qui allaient être le plus parlées sur mon trajet donc ça j'avais juste quelques mots de base, bonjour, comment tu t'appelles, est-ce que tu es marié, quel âge tu as, où est-ce que tu habites. Donc déjà ça permettait de tenir cinq minutes de conversation. Et puis après, au bout d'un moment, on arrive dans autre chose et là, il faut réussir à communiquer juste avec des gestes ou avec des mots-clés. Et donc là, c'était vraiment très chouette. Au début, j'étais très gêné par ça, qu'il y ait des silences, qu'on ne se comprenne pas, qu'on balance des phrases et que je ne comprenne absolument rien. Et puis petit à petit, j'ai appris à me dire que j'accepte cet inconfort et je fais vraiment le maximum pour comprendre. Et si je ne comprends pas, j'essaye de trouver d'autres moyens de m'exprimer. Et donc ça, c'était assez chouette parce que je pense que petit à petit, j'ai développé une sorte de capacité à parler avec des gestes, avec le regard, avec des sourires. Et ça, j'ai trouvé ça tellement puissant. Et en fait, je ne savais pas que j'avais ça en moi. Et donc, ça a été une des décroissances de VH, de savoir qu'en fait, on peut communiquer sans parler. Voilà, évidemment, on est limité, mais il y a quand même pas mal de choses qui passent par autre chose que la langue. Et j'ai essayé au maximum d'éviter d'avoir Google Traduction avec moi parce que je savais qu'à partir du moment où tu mets un... Un téléphone entre deux personnes, ça crée un mur où on va peut-être moins facilement se parler, moins facilement se confier. Et donc je sortais vraiment en dernier recours si j'avais vraiment quelque chose de très important à dire. Mais voilà, ce n'était pas du tout la démarche. Et je le faisais vraiment quand ça devenait trop trop frustrant et que je sentais qu'on avait vraiment besoin de parler. Mais c'était vraiment en dernier recours.

  • Speaker #0

    Et j'aime bien que tu aies parlé de confort parce que je pense que c'est un petit peu plus loin dans le livre que tu le mentionnes. Cette idée de trouver le confort dans l'inconfort.

  • Speaker #1

    Mais ouais, moi, en fait, je me dis, enfin, ma vision du monde et de moi-même, c'est un peu de me dire, plus j'arrive à élargir ma zone de confort, plus, en fait, j'ai d'opportunités et de possibilités. Et donc, en fait, ouais, c'est vraiment quelque chose que j'ai découvert dans ce voyage, c'est qu'au début, en fait, ça me faisait vachement peur de faire du stop, c'est-à-dire les premières minutes, j'étais hyper stressé. et en fait à la fin c'est devenu normal pareil pour dormir chez l'habitant, la première fois j'étais un peu mal à l'aise je savais pas trop comment me comporter etc et en fait à la fin j'étais devenu à l'aise avec ça Mon objectif pendant ce voyage et de manière plus générale, c'est de prendre du plaisir à chercher l'inconfort. Je pense que c'est une des clés, peut-être pas du bonheur, mais une des clés pour vivre une vie plutôt joyeuse, plutôt heureuse.

  • Speaker #0

    En parlant d'inconfort, ça me fait penser à une scène qui m'a tellement fait rire en Grèce. Si c'est OK pour toi qu'on la partage.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas la scène dont je suis le plus fier, mais effectivement, c'est rigolo. Donc j'imagine que tu fais référence à la fois où je me suis fait accueillir, tu es à Tessalonique, donc je me suis fait accueillir par un jeune d'une trentaine d'années. et en fait il m'a accueilli chez lui il a invité un de ses potes Et on mette un film le soir. Et pendant le film, ils commencent à se déshabiller, les deux. Je me dis, tiens, c'est un peu chelou et tout. Je ne comprends pas trop. donc je détourne un peu le regard

  • Speaker #0

    puis à un moment ils sont complètement nus et je me dis trop bizarre ce qu'il se passe et puis là je vois que nos regards se croisent et il me dit ah oui on t'a pas dit mais on est nudiste donc si tu veux te mettre à poil tu peux le faire aussi et donc là c'est vrai que j'étais un peu en mode mais what, c'est marrant de pas là et apparemment c'était spécifié sur j'étais passé par Couchsurfing, apparemment c'était spécifié sur l'annonce Couchsurfing mais évidemment il y avait peut-être 3 pages, j'avais pas tout lu et donc c'est un peu une anecdote rigolote de En fait, en voyage, tout peut arriver et il ne faut pas réagir au quart de tour. Si un truc comme ça arrive, c'est peut-être juste qu'il y a un petit malentendu. Mais oui, c'est vraiment une anecdote illustre, ce lâcher prise dont il faut parfois faire preuve.

  • Speaker #1

    Et ça fait en plus un petit peu écho à Nuit et culottée, où ils font beaucoup d'autostops, ils vont dormir chez l'habitant. Et j'espère qu'un jour, je pourrai les recevoir au micro aussi.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Et eux, du coup, ils démarrent nus leur aventure. Et du coup, effectivement, la vraie personne qui les prend en stop voit des gens nus au bord de la route. Donc, ça demande aussi à cette personne-là d'avoir un peu de lâcher prise et d'ouverture d'esprit pour accepter de les prendre en stop.

  • Speaker #1

    Complètement. Et peut-être qu'aussi, je passe du coq à l'âne, mais pour clôturer, on va dire, sur l'Europe, tu as aussi pris conscience de la chance qu'on avait, en fait, avec notre passeport français. de pouvoir bouger librement dans plein de parties du monde. Et tu as fait un lien du coup aussi avec des dons que tu as pu faire à ton retour. Est-ce que tu veux bien nous en expliquer ? Est-ce que tu veux bien expliquer à l'audience ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Pour revenir sur la chance qu'on a de pouvoir bouger, j'avais choisi un peu mon état en fonction des pays où je n'allais pas avoir besoin de visa. Et donc en fait, sur 17 pays, il n'y a qu'un seul pays où j'avais besoin d'un visa et au final, je ne l'ai même pas utilisé. Et donc, je trouve que ça a vraiment une chance quand je voyais dans l'autre sens tous ces gens qui me disaient « moi, je rêve de trouver un travail en Europe, est-ce que tu peux m'aider ? » Et donc, c'est vrai que c'était toujours un peu dur de leur dire « non, je ne pense pas pouvoir t'aider, désolé » . Et en fait, eux, pour avoir un visa, ils avaient besoin d'avoir une offre de travail. C'était assez délicat parfois ces situations-là. Donc moi, j'étais vraiment dans l'autre sens. Et donc, ça venait aussi peut-être... de cette culpabilité de me faire accueillir sans contrepartie. Et en fait, je me suis dit, ces gens qui m'accueillent, c'est de l'argent que j'aurais pu mettre dans un hôtel, par exemple, si j'avais voyagé tout seul, sans faire un pas chez l'habitant. Et donc, je considère que c'est à peu près 15 euros par nuit. J'avais fait un peu une moyenne sur tout mon voyage. Et donc, c'est 15 euros que je vais mettre de côté et que je vais pouvoir reverser à une association pour réfugiés qui s'appelle Jesuit Refugee Service, qui est une association qui œuvre aux côtés des réfugiés en France, donc des réfugiés de guerre principalement Et donc, j'ai vraiment cette volonté de me dire que j'ai cette chance-là de pouvoir voyager. Il faut que ça puisse servir à quelque chose. Et tous ces gens qui m'accueillent, que ce ne soit pas juste pour mon propre bénéfice, mais que ça puisse aussi servir par ailleurs. Et donc, c'est ce que j'ai fait à mon retour. Et donc, c'est quand même une petite somme parce que du coup, 15 euros par nuit sur 80 nuits, on est à plus de 1000 euros. Donc, quand j'étais étudiant, ça me représentait beaucoup en tout cas, mais c'était aussi très important pour moi de le faire. On n'avait pas trop parlé pendant le voyage. C'est plus quelque chose que je faisais à côté parce que pour moi, ce n'était pas ça l'essence du voyage. C'était plus pour rester dans le même esprit.

  • Speaker #1

    Et ça, ça me fait penser, j'avais prévu de te demander, au cours de ton aventure, tu ne l'as pas partagé sur les réseaux parce que tu avais vraiment envie de vivre cette aventure pour toi, ton voyage intérieur, comme on le disait au début. Donc, est-ce que tu veux bien nous parler un petit peu de cette solitude ? Parce que c'est beaucoup revenu forcément au cours de ton aventure, ce voyage intérieur où tu expliques même à un moment, j'ai bien aimé, tu dis que cette solitude, il faut l'accueillir un petit peu comme une vieille amie. De lui dire, ok, t'es là, je te prends par la main, tu viens.

  • Speaker #0

    J'aimerais que tu ne sois pas là, mais je te prends maintenant que t'es là.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    ouais carrément alors j'avais beau rentrer dans une dizaine de voitures par jour c'est pas pour autant que je ne ressentais pas de solitude parce qu'en fait Quand on a cette frustration de ne pas réussir à rentrer en lien, ça ne m'empêchait pas de me sentir très seul. Et puis il y a des soirs où je ne me faisais pas accueillir, donc j'étais tout seul dans ma tombe le soir. Cette solitude a vraiment été plus ou moins présente tout au long du voyage. Il y a eu des moments très difficiles. Et en fait, j'ai vraiment appris à la dompter. C'est-à-dire, avant de partir, ça me faisait très peur de passer du temps à un week-end tout seul. Par exemple, chez moi, c'était un peu l'angoisse. Je suis plus à un stade où justement j'en rêve. Je suis en mode, ah yes, je suis tout seul ce week-end, ça va être génial, je vais pouvoir me reconnecter un peu à moi-même et à mon intériorité et vivre des choses trop chouettes. Et donc voilà, c'est vraiment quelque chose que je ressors après ce voyage, c'est vraiment cette peur de la solitude qui a complètement disparu. où j'ai appris à l'accepter et à ne pas la subir. Et ça, c'est vrai que je ne m'y attendais pas forcément, parce que j'ai ce besoin de solitude en moi, que je m'en suis rendu compte vraiment assez tard. Et maintenant, je vais créer des occasions pour retrouver cette solitude-là. Donc oui, c'est vraiment hyper important pour moi.

  • Speaker #1

    Et là ensuite, c'est vrai qu'en fait, on ne rentre pas sur les détails des pays, mais quand même un changement d'ambiance qui va un petit peu avec cet état d'esprit-là, c'est quand tu passes sur l'Asie mineure. Donc, tu as la Turquie où là, je ne vais pas te demander de re-raconter, tu l'as déjà partagé dans plein d'épisodes de podcast, mais ça a été assez challenging pour toi en Turquie pour des histoires de visas. Ça a encore été une opportunité de lâcher prise parce que tout ne s'est pas déroulé comme tu le souhaitais. Mais en fait, ces paysages qui t'ont accueilli dans cette partie de l'Asie, c'était vraiment un réconfort pour toi de voir ces montagnes, ces vastes espaces, vraiment ce changement d'ambiance. Est-ce que tu peux essayer de nous le décrire un petit peu ?

  • Speaker #0

    Oui, alors effectivement, j'ai vraiment senti un changement d'échelle entre l'Europe et, une fois en Turquie, en Asie mineure, où en fait, en Europe, j'avais l'impression que les villes étaient très rapprochées. C'est-à-dire que très vite, on arrivait dans de nouvelles villes, les villages étaient vraiment très proches. Et là, j'arrive en Turquie et je pouvais être avec un camionneur pendant une heure et ne voir quasiment aucune maison, aucun village. Donc là, ça m'a vraiment fait un choc de me dire « Waouh, mais en fait, ça y est, on est en Asie, on n'est plus dans la vieille Europe. » Et il y avait un côté assez angoissant aussi à ça, de se dire… En fait, là, si on me dépose ici, il n'y a rien. Il n'y a pas de quoi s'approvisionner, il n'y a pas de quoi dormir. Donc ça, ça m'a... J'ai eu un petit moment un peu de peur à ce moment-là du voyage où je me suis dit, OK, là, on commence vraiment les choses sérieuses. Et surtout aussi la première fois où la barre de la langue, pour le coup, était encore plus frappante. Parce qu'autant en Europe, je pouvais baragouiner avec quelques mots-clés en anglais. Là, vraiment, ça parlait zéro anglais, donc il y avait vraiment ce sentiment de vertige un peu que j'ai ressenti à ce moment-là du voyage. Mais effectivement, j'ai trouvé du réconfort dans la beauté de la nature, surtout quand je suis passé côté en Géorgie après, où là, j'ai été vraiment complètement émerveillé par la beauté de la nature. La Géorgie, c'est un pays qui est tout petit, qui fait la taille de la Belgique quasiment, un peu plus grand, mais où il y a vraiment tout. Il y a le Caucase au nord, il y a des montagnes, il y a des régions avec des lacs, il y a une région avec un désert. Il y a évidemment la mer Noire. Il y a aussi des grandes vallées avec des régions viticoles qui font du super vin. Et donc là, je me suis dit, mais en fait, ça me suffit. Là, j'ai tout. Pourquoi je vais jusqu'au steppe ? Je suis trop heureux ici. Et donc, ce pays où je n'attendais rien, c'était juste sur le chemin. Ça m'a vraiment donné du réconfort après la traversée de la Turquie qui a été particulièrement compliquée. qui était déjà compliquée de base et qui s'est, comme tu l'as dit, recompliquée à nouveau une fois que j'ai eu ce problème de passeport à la sortie du pays où j'ai bien cru que le voyage allait s'arrêter. Donc là, j'ai eu 48 heures de très très compliqué où j'ai dû un peu faire le deuil du voyage. Et tout ce qui est arrivé après, en fait, pour moi, c'était que du bonus. C'est-à-dire, en fait, le voyage, il aurait pu s'arrêter. Donc maintenant, ça y est, je peux projeter à fond.

  • Speaker #1

    Et en plus, en Géorgie, juste après, tu as été accueillie par une dame qui m'a beaucoup marquée. Est-ce que tu veux bien nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai été accueillie par cette dame. Elle habite à Tbilissi, qui est la capitale de la Géorgie. Et en fait, elle m'accueille un peu dans la banlieue, c'est-à-dire une banlieue très pauvre, soviétique. Il faut savoir que Tbilissi, ça fait partie de l'ex-URSS. Et donc, elle m'accueille tout en haut d'une espèce de grande tour, une sorte d'HLM. Je rentre, elle m'accueille, elle me prépare un petit thé, elle me dit « je te prépare un dîner » , elle me dit « est-ce que tu as des affaires à laver ? Je peux te les laver dans une machine, est-ce que tu veux te doucher ? » Elle est tout de suite hyper attentionnée, mais vraiment hyper attentionnée. Je me dis « mais elle s'appelait Brite, c'est étonnant, pourquoi est-ce que tu es aussi attentionnée envers moi ? Je te demande juste un sol pour une nuit et je repars demain, je ne te demande rien de plus. » Il faut que je retrouve la phrase exacte, mais elle me dit « écoute Vianney, si t'étais mon fils, j'aimerais que tu sois accueilli partout dans le monde comme moi je t'accueille en ce moment. Et donc là, je me suis dit, waouh, la vision qu'elle a de l'accueil, je trouve ça tellement beau. et ça m'a complètement mis une claque en fait et après ça a ouvert la discussion sur plein d'autres choses, on a pu discuter de elle sa vie qui a été très compliquée elle s'est mariée avec un mari qui était violent qu'elle a quitté, elle a jamais pu avoir d'enfant ça a été une grande souffrance pour elle et donc voilà on s'est vraiment livré là dessus et puis on a pu se raconter nos vies et j'ai trouvé ça hyper beau avec cette inconnue qui est si différente de moi que ce soit en termes de génération en termes de pays, en termes d'histoire de vie qu'on puisse quand même réussir à écrire ce lien-là, je trouvais ça hyper fort, et qu'elle me fasse autant confiance alors que deux heures avant, on ne se connaissait pas, je trouvais ça assez dingo. Donc voilà, ça c'est juste un exemple, mais en fait, il y en a plein dans le livre, il n'y a quasiment que ça, des gens qui s'ouvrent comme ça, et je trouve ça absolument magnifique. Je ne sais pas quoi dire de plus, juste hyper touché par tous ces gens-là. Et c'est aussi pour ça que je vous ai créé un livre. C'était une sorte, pour moi, de lettre de remerciement à tous ces gens-là qui m'ont tant donné, qui m'ont tant apporté et qui ont aussi tant de messages à apporter. Moi, je suis un peu une sorte d'ambassadeur pour tout ce qu'ils ont pu me transmettre aussi.

  • Speaker #1

    Et ça a restauré aussi, tu disais, ta foi en l'humanité.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'avant de partir, c'était quelque chose qu'on me disait tout le temps. Tu vas te faire découper la machette, ça va être... Ça va être hyper compliqué. Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et en fait, c'était rigolo parce que pour l'anecdote, du coup, à chaque fois que je suis dans un pays, on me disait du mal du pays suivant où j'allais aller. Donc par exemple, quand j'étais en Italie et que j'allais en Europe de l'Est, on me disait, ah non, mais va surtout pas là-bas. Les gens sont hyper froids, sont hyper méfiants. Tu vas jamais réussir à être accueilli. Il faut surtout pas que tu ailles. Bon, j'y vais, ça se passe super bien. je me fais accueillir sans problème et donc je dis aux gens de l'Europe de l'Est maintenant je vais aller en Turquie Et donc là, ils me disent, mais non, mais tu ne vas pas aller en Turquie quand même, c'est tous des voleurs là-bas, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et donc je vais en Turquie, pareil, ça se passe hyper bien, et comme on l'a dit tout à l'heure, je me fais accueillir presque de manière hyper belle. Et donc une fois en Turquie, je leur dis, bon ben maintenant je vais en Asie centrale, tous les pays en ce temps. Et là ils me disent, mais non mais viens, t'es fou, pourquoi tu vas là-bas, c'est plein de terroristes, t'as rien à faire là-bas. et donc c'est rigolo comment évidemment j'arrive en Asie centrale et là je me fais accueillir comme aussi bien qu'en Turquie voire mieux Je me dis que c'est quand même bizarre qu'on ait ces a priori, alors que c'est souvent des gens qui n'avaient jamais été dans ces pays-là, qu'on ait ces a priori avant même d'y aller. Ça m'a obligé aussi à faire un point avec moi-même, de me dire que parfois j'ai ces a priori sur certains pays, sur certaines personnes. De ne pas s'arrêter à l'image qu'on peut avoir d'un peuple, et c'est aussi valable pour une personne, qu'on peut avoir une première impression assez négative, et ne pas s'arrêter là. et quand même s'intéresser.

  • Speaker #1

    Et là, tu disais l'Asie centrale, on change encore une fois complètement d'ambiance puisque tu vas visiter le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, et tu appelles ce chapitre le silence du désert et la monotonie de la steppe. Et j'aime beaucoup parce qu'en fait, là, tu sens que ta liberté, elle est poussée à l'extrême. Donc là, voilà, t'es face à ce silence du désert et je sais plus si c'est à ce moment-là où tu expliques que... Tu te rends compte en fait que nous, on est juste une goutte d'eau dans un océan quand tu te retrouves face à ces paysages tellement grandioses et immenses.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Alors, ce moment-là, c'est un peu le moment très fort du voyage parce qu'en fait, pour la première fois du voyage, j'ai la sensation d'arriver à mon but en quelque sorte, qui était vraiment les steps. Donc, le livre s'appelle Step by Step. Donc, il y a vraiment cette idée de cheminer vers les steps. Et en fait, j'ai une sorte de... de joie intérieure, de me dire mais en fait, je suis en train d'accomplir mon rêve, là, c'est incroyable. Même si tout autour de moi, c'était assez morose parce que en fait, la Steppe, c'est quoi ? C'est un désert avec des petites touffes d'herbe sur des milliers de kilomètres. Et donc, parfois, c'était impressionnant parce que du coup, là, je voyageais quasiment exclusivement avec des camionneurs parce qu'il n'y a rien, donc il n'y a pas de voiture qui passe. Et donc, parfois, je m'endormais 3-4 heures, je me réveillais, le paysage avait pas changé d'un iota Et là, je regardais sur la carte, je voyais qu'on avait quand même fait 400 kilomètres. Et je me disais, mais c'est quand même incroyable, cette immensité. Et là, j'ai vraiment ressenti un vertige de me dire, j'avais déjà ressenti un peu ça en Turquie, mais là, encore un niveau au-dessus où je savais que si le camion me disait, écoute, tu descends là, potentiellement, je pourrais mourir. Parce qu'il y avait un camion qui passait tous les deux, trois jours. Enfin voilà, c'est vraiment pas du tout une route empruntée, c'était une route en terre, etc. et donc c'était vraiment un moment de on va dire, de méditation et de contemplation du paysage que j'ai trouvé incroyable.

  • Speaker #1

    Et tu es arrivé à trouver quand même cette méditation sachant qu'il y avait ce risque, enfin là c'est moi qui projette mes propres peurs, mais... d'arriver à savourer ces paysages tout en sachant, comme tu viens de dire, que si le mec pourrit que ce soit irak raison, il te dit « Bon, tu vas descendre ici » .

  • Speaker #0

    Écoute, étonnamment, oui. Étonnamment, oui, parce que je ne sais pas, mais après aussi, ça a été consolidé par toutes les expériences que j'avais vécues avant dans le voyage. Mais j'avais une sorte de confiance qu'en fait, j'allais arriver au bout. Et du coup, c'est ça qui me permettait de surmonter un peu la peur que je pouvais avoir. Et aussi, cette idée de me dire « S'il m'arrive un truc, Merci. je sens que j'ai une bonne étoile et que je vais être secouru par quelqu'un et donc ça, ça me permettait de relativiser un peu le danger à ce moment-là. Mais c'est vrai que il y avait aussi ce côté un peu lunaire de me dire mais voilà, je suis vraiment... Enfin, qu'est-ce que je fais là ? Je suis à un endroit où je ne devrais pas être et il y avait quelque chose de très excitant à ça, je trouvais. Donc moi, ça me plaisait bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Parce que tu dis aussi que l'autostop... ça va un petit peu dans cette idée de ce que tu viens de dire c'est l'acceptation de l'incertitude permanente et l'abandon de la planification donc en fait j'imagine que tu lâchais prise sur ça aussi de dire bah je sais pas ce qui va se passer dans quelques heures et c'est ok ouais c'est ça en fait le fait de lâcher prise sur des choses matérielles donc où est-ce que je vais dormir ce soir comment je vais aller à tel endroit etc je

  • Speaker #0

    pense que ça permettait aussi de lâcher prise sur des choses pas matérielles comme tes peurs, tes angoisses tes résistances intérieures, etc. Et donc là, j'étais à tes doutes, comme si tout ça passait après la joie et la confiance que j'avais dans ce voyage.

  • Speaker #1

    Et la confiance que tu as pu avoir pour ces peuples en Asie centrale, c'est aussi de voir à quel point ils étaient d'une solidarité impressionnante, aussi un accueil qui t'a bluffé. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de comment ça s'est passé justement dans cette partie du voyage ?

  • Speaker #0

    Oui, donc l'Asie centrale, c'était très différent de la Turquie, j'ai trouvé aussi. Je ne vais pas mettre tous les pays dans le même panier parce qu'ils sont tous très différents. Mais du coup, ça commence avec le Kazakhstan, où là, j'ai vraiment traversé un espèce de grand désert qui a continué jusqu'en Ouzbékistan et où ça m'a pris plusieurs jours. Je suis arrivé sur les oasis, des oasis au milieu du désert en Ouzbékistan. Et donc là, il y avait un peu un truc incroyable de se dire, ça y est, j'arrive dans l'oasis. Donc c'était assez incroyable. Et donc notamment une oasis qui s'appelle Riva, qui est magnifique, qui est une ancienne ville de la route de la soie, qui est absolument superbe, avec une architecture islamique et tout ça. Et donc j'avais un peu l'impression d'être dans Aladin. C'est vraiment, tu as cette espèce de grande ville qui sort du désert avec des arbres partout et c'était assez incroyable. Et puis après, j'ai poursuivi jusqu'à Samarkand, qui est aussi une autre très belle ville de la route de la soie. Et ensuite, j'ai poursuivi du coup au Tadjikistan. où là, en fait, rien à voir. On était plutôt dans le désert. On est dans des très hautes montagnes, dans la région du Pamir. Donc, c'est une chaîne de montagnes qui est vraiment, voilà, si on poursuit l'Himalaya vers l'ouest, en fait, on arrive sur le Pamir. Et donc là, ça a été, voilà, culture très différente. Mais où, voilà, c'est un jour du monde où je me suis senti aussi très accueilli et très porté. Et à ce moment-là, ça m'a fait du bien d'avoir des montagnes, de voir un peu de relief après avoir vu l'horizon pendant plusieurs jours. et ensuite à la fin du coup le Kyrgyzstan où là, c'est aussi très montagneux, et où j'ai terminé avec une balade à cheval, qui était aussi un peu un de mes rêves de ce voyage, c'était de pouvoir faire du cheval au Kyrgyzstan. Et donc, au départ, je n'étais pas censé pouvoir, parce qu'on était au mois de décembre, donc en plein hiver, donc le pays entier était recouvert de neige. Et en fait, j'ai réussi à convaincre un guide de partir avec moi, et donc il a fait super beau, on a eu de la chance, les conditions étaient idéales. Et donc ça, ça a été aussi un moment incroyable que j'ai partagé avec lui. Donc ça, c'était absolument magnifique. Donc j'ai eu des expériences très différentes dans cette région du monde qui est finalement immense. Moi, ça m'a fait beaucoup de bien ces grands espaces. Je pense que c'est aussi ça que je venais chercher. Donc il y avait évidemment la rencontre, et puis il y avait ces grands espaces. Et me dire ce sentiment de liberté que procurent ces grands espaces, j'ai trouvé ça assez fou.

  • Speaker #1

    Peut-être revenir, si c'est OK pour toi, pour terminer, sur déjà le Tadjikistan. Ou en fait, tu expliquais, comme tu viens de nous le dire, que l'hospitalité, c'est le sport national là-bas.

  • Speaker #0

    Au Tadjikistan, c'est même plus qu'un sport national. C'est-à-dire qu'en fait, comme dans tous les autres pays musulmans, il y a ce devoir d'accueil à l'étranger. Mais il y a un truc en plus au Tadjikistan, c'est que les conditions de vie sont tellement rudes. C'est-à-dire qu'il fait tellement froid l'hiver et tellement chaud l'été. L'hiver, il fait entre moins 5 et moins 25 la journée et entre moins 15 et moins 30 à lui. Donc on est vraiment sur des températures qui sont très continentales, très très froides. L'été, il fait monstrueusement chaud, il fait 40 degrés tous les jours. Et donc en fait, quand j'étais au Tadjikistan, j'ai pris une route qui s'appelle la Pamir Highway, qui est une route le long des montagnes qui longe l'Afghanistan d'ailleurs, et qui est une route assez dangereuse, qui n'est pas du tout balisée. C'est vraiment creusé dans la montagne, mais il n'y a pas du tout de route. C'est plus un chemin de terre où il y a des camions qui passent et quelques 4x4, mais c'est tout. Et en fait, en me baladant dans ces coins-là, qui sont très très reculés, je réalisais que les gens m'accueillaient, mais en fait, ce n'était même pas un sujet. C'est-à-dire, ils me voyaient et me disaient directement, viens chez moi. Et je n'avais même pas besoin de demander, c'est-à-dire que c'était hyper naturel. Et en fait, je pense que c'est aussi lié à ces conditions. c'est-à-dire ils savaient très bien que si je restais dehors cette nuit-là, potentiellement j'allais mourir et donc il y avait vraiment cette... C'était plus un instinct de survie que juste de la pure générosité, même si je pense qu'ils étaient hyper généreux. Et donc, c'était vraiment encore autre chose que j'ai découvert. Mais le Tadjikistan, c'est assez incroyable, surtout dans ce coin-là, dans le Pamir, où c'est vraiment des coins où c'est très reculé, ils ont accès à très peu de choses, pas d'électricité, pas de courante. Donc, c'est vraiment des conditions qui sont très simples. J'ai trouvé ça trop chouette de pouvoir découvrir aussi cette réalité-là du monde.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que là, je me dis, il y a encore tellement de rencontres que j'avais envie d'aborder, mais on ne va pas pouvoir tous les aborder, comme je le disais. Mais c'est pour ça que je mettrais vraiment le lien pour ton livre, qui en plus est sorti en poche depuis peu de temps.

  • Speaker #0

    Il est sorti en livre de poche au mois de mai, là. Donc, il est même passé à 8 euros. Donc, voilà, il est vraiment accessible maintenant.

  • Speaker #1

    Comme ça, les gens pourront découvrir ta rencontre marquante avec Oza dans l'Ouzbékistan. Là, ça t'a bouleversé comme toutes les rencontres originales que tu as pu faire. Ils pourront découvrir aussi comment, à un moment, je crois que c'était au Kirghizistan, tu te retrouves chez un trappeur de loups. Là aussi, quand tu racontes, c'est juste incroyable. Là, on est déjà à la fin de l'épisode. Est-ce que c'est OK pour toi de nous partager quelques mots sur ton retour ? parce que tu as terminé au Kyrgyzstan. Ensuite, nous raconter rapidement comment tu as fait pour rentrer et voir un petit peu ce que tu as ramené avec toi ou j'imagine quand tu as posé la question 20 000 fois.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Du coup, je suis parti début septembre et le voyage s'est terminé vers mi-décembre au Kyrgyzstan. C'était un long voyage, 20 000 kilomètres de stop à travers 17 pays sur 80 jours. Donc tout ça sans hôtel, sans auberge. Sur les 80 jours, j'ai été accueilli 50 fois et 30 fois j'ai dormi sous tente. Et donc je ressors du voyage complètement épuisé. En fait, j'avais prévu de faire le retour en train, mais à cause de la mésaventure que j'ai eue en Turquie, j'ai été banni de Turquie. Donc je ne pouvais plus passer par la Turquie. Or, c'était le seul itinéraire possible en train. Et donc j'ai dû rentrer en avion un peu à contre-cars. Mais en même temps, j'étais tellement épuisé du voyage que je pense que ça m'a fait du bien aussi de... de pouvoir rentrer rapidement. Et au retour, j'avais absolument rien prévu. C'est-à-dire que je n'avais pas de job qui m'attendait. Je voulais que le voyage soit quelque chose qui puisse me chambouler vraiment. Et du coup, je ne voulais pas avoir de plan pour après. Et d'ailleurs, c'était une super chose parce que je suis rentré et petit à petit, au bout d'une ou deux semaines, a émergé un peu cette idée de livre parce que j'avais pris plein de notes. et justement par rapport à la solitude c'était une bonne manière aussi pour moi d'extérioriser un peu toutes les émotions que je pouvais ressentir donc j'avais beaucoup écrit et donc pour moi ça a été un peu une manière de prolonger le voyage et de rentrer en douceur parce que je me... je savais que sinon le choc allait être trop violent entre ce qu'elle avait vécu pendant plusieurs mois et le retour et donc pour moi l'écriture m'a vraiment permis de revivre chaque rencontre chaque moment fort et je suis vraiment hyper reconnaissant d'avoir pris ce temps-là. Au départ, je me dis que ça va me prendre 2-3 mois. En fait, ça m'a pris 6 mois à plein temps. Et puis après, j'ai eu la chance d'être publié rapidement. Il y a vraiment eu beaucoup de choses qui ont fait que, on va dire une deuxième fois, j'ai réécouté ce mur à l'intérieur qui me disait « fais-toi confiance, tu t'es fait confiance sur le voyage, tu peux te faire confiance sur l'écriture aussi » . Et donc, il y a eu un peu cet acte de foi, encore une fois, à faire, qui a payé aussi. Et donc, c'est un peu ça aussi un enseignement du voyage, c'est de se dire, quand je me fais confiance à ce que je ressens au fond de moi, globalement, ça se passe bien, ça se passe même très bien. Et je peux en tirer des choses hyper positives pour ma vie. Et donc, c'est vraiment ça que j'en tire. Je dirais que c'est ça la première chose que j'en tire. Et après, évidemment, toutes les rencontres, toutes les claques d'humanité que j'ai prises en pleine figure pendant 80 jours, ça, c'est clair que ça m'a marqué. Peut-être aussi cette confiance en l'humanité. Et au-delà de cette confiance en l'humanité, moi je ressors avec l'intime conviction qu'on n'a pas le choix que d'avoir confiance en l'humanité. C'est-à-dire que si on perd foi en l'humanité, pour le coup on est sûr que ça va mal se passer, et du coup on va vraiment essayer de cultiver cette foi en l'humanité. C'est vraiment quelque chose que j'essaie de continuer à faire même après le voyage, même si ce n'est pas toujours évident. Mais voilà, donc je retire avec plein de choses. Et aussi, professionnellement, du coup, le fait de prendre conscience qu'en fait, ce qui m'animait, c'était le voyage, c'était l'aventure et que je voulais travailler là-dedans. Donc voilà, ça a aussi été déterminant pour ma vie pro.

  • Speaker #1

    Et là, maintenant, ça fait plusieurs années que cette aventure s'est terminée. Est-ce que... Quand tu en parles, je vois encore les étincelles dans tes yeux. On a l'impression que c'était il y a quelques mois à peine. Est-ce que tu arrives à garder ça dans ton quotidien, garder ces enseignements dans ta vie de tous les jours ?

  • Speaker #0

    Je te mentirais si je te dirais que j'y arrive à 100% et que c'est facile. Aujourd'hui, j'habite à Paris. C'est un contexte où ce n'est pas forcément évident de... de rester tourné vers les autres, de rester curieux, de créer du contact. Donc j'avoue que mon retour, j'ai eu une petite désillusion quand même, de prendre conscience qu'en fait, si avant j'étais aussi centré sur moi-même, ce n'était pas uniquement parce que j'étais quelqu'un de pas bien, c'est parce que s'il y avait un contexte qui faisait que ce n'était pas toujours évident. Donc oui, je dirais que c'est vraiment un chemin et qu'on n'arrive jamais au bout, et qu'il faut continuer à persévérer. Et après, pour ce qui est sur la partie voyage, j'essaye de continuer à vivre des choses chouettes sans forcément partir aussi loin. Parce que ce que j'ai pris conscience aussi, c'est que récemment, c'est qu'on peut vivre des choses très chouettes sans partir aussi loin. Mais voilà, de continuer à garder cet état d'esprit d'aventure dans la vie de tous les jours, c'est vraiment quelque chose que j'essaie de cultiver aussi.

  • Speaker #1

    Et justement, tu dis dans ton livre sur la fin que le voyage, c'est un état d'esprit plutôt qu'une histoire de kilomètres. Et c'est ce que j'espère transmettre un petit peu aussi avec le podcast, qu'on n'a pas besoin de... partir toujours à l'autre bout du monde pour s'évader même juste en t'écoutant. Tu vois, moi, je suis encore là-haut, qui existe à t'écouter. Et là, je vais un petit peu te laisser libre antenne, comme on dirait, pour conclure cet épisode sur ce que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices s'ils devaient retenir, libre à toi, quelques points que tu aimerais leur transmettre.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, ce que j'ai envie de dire, c'est lié à tout ce que je viens de raconter, mais voilà, ne désespérons pas. Gardons espoir. Gardons espoir que collectivement, on va trouver des solutions à tous les défis qui nous attendent, que ce soit des défis politiques, économiques, sociaux. Il y a plein de choses qui peuvent nous amener à perdre foi en l'humanité. Essayons de continuer chacun à faire de notre mieux et que le reste suivra. C'est vraiment ça que j'ai envie de transmettre, cette foi en l'humanité qu'il ne faut surtout pas perdre.

  • Speaker #1

    Parfait. Merci beaucoup, Vianney. Comme je le disais, je vais mettre ton livre dans le descriptif de l'épisode parce que vraiment, c'est un livre qui est très singulier parce qu'en fait, oui, tu parles de ton aventure, tu parles quand même des pays que tu as traversés, ainsi de suite, mais c'est tellement une ode à... à garder cette foi en l'humanité avec toutes ces rencontres que tu as pu faire. Là, on n'en a cité que quelques-unes, mais il y en a des dizaines et des dizaines. Bonne continuation pour la suite et au plaisir de te recevoir peut-être pour de nouvelles aventures à voir. Encore merci pour tout ce que tu as pu transmettre à l'audience.

  • Speaker #0

    Merci à toi Camille d'avoir pris le temps de m'écouter et j'espère que le podcast va vous plaire. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

Chapters

  • Pourquoi Vianney a choisi de voyager en stop jusqu'en Asie Centrale ?

    00:00

  • Aller l'autre : un acte courageux ?

    06:33

  • Les débuts du stop en Europe : challenges et ajustements

    08:31

  • Les rencontres au coeur de ce voyage

    12:17

  • Montagnes russes émotionnelles avec un certain chauffeur

    20:05

  • Comment apprivoiser le "danger" ?

    22:00

  • Remercier les gens sur son chemin

    24:30

  • Échanger avec la barrière de la langue

    26:15

  • Trouver le confort dans l'inconfort

    28:30

  • La chance de pouvoir bouger librement

    31:17

  • Accepter la solitude dans cette aventure

    33:31

  • Transition vers l'Asie mineure

    36:05

  • Restaurer sa foi en l'humanité avec ces rencontres

    41:05

  • Asie Centrale : l'arrivée dans les steppes

    43:07

  • Lâcher-prise total

    46:03

  • Comment s'est passé son retour ? Enseignements tirés de son aventure

    51:44

Description

80 jours de voyage, plus de 15 000 km parcourus en stop, à travers 17 pays, avec plus de 300 trajets et une cinquantaine de nuits passées chez l’habitant, jusqu’aux portes de la Chine en Asie centrale. 


Un jour, Vianney a senti cet appel : une intuition profonde, presque inexplicable, de s’écouter et de partir. Un voyage pas comme les autres, qui n’est pas une course aux paysages ni une liste de destinations à cocher. Vianney a choisi de partir pour aller à la rencontre de l’autre. 


Ce voyage n’est donc pas un itinéraire, mais plutôt une suite de rencontres et de prises de conscience. En allant le plus lentement possible, Vianney laisse la place à l’imprévu, à la confiance, à des échanges parfois brefs mais d’une intensité rare. Ces rencontres deviennent le cœur du voyage : une aventure initiatique et une véritable quête d’humanité. 


Vianney va partager avec l’audience quelques rencontres marquantes : ces camionneurs isolés mais d’une grande générosité, cette dame âgée qui s’est occupée de lui comme un fils, cette scène comique en Grèce… La générosité et l’hospitalité profonde des personnes rencontrées viennent bousculer certains préjugés et nous amènent à nous questionner : serions-nous capables d’un tel accueil ? N’avons-nous pas perdu ce lien avec les autres, avec l’inconnu ?  


Au-delà du récit de son aventure, Vianney nous livre surtout son voyage intérieur avec notamment ce que ces rencontres lui ont appris sur l’écoute, le lâcher-prise et la simplicité des liens humains. Il aborde aussi ses doutes, les galères et difficultés rencontrées, ces moments où le voyage aurait pu s’arrêter soudainement. Ce sont des prises de conscience précieuses qu’il nous confie, que l’on peut ainsi ramener dans nos quotidiens, sans nécessairement partir à l’autre bout du monde. Car comme le rappelle Vianney : le voyage est un état d’esprit plutôt qu’une histoire de kilomètres.


Cet épisode est une invitation à faire confiance, à aller vers l’autre et à cultiver la foi en l’humanité.


Auto-stop, voyage en stop, voyage lent, voyage intérieur, voyage solo, Europe, Turquie, Géorgie, Asie centrale, Kirghizistan, steppes, voyage initiatique, aventure humaine, voyage autrement


Références:
- Livre de Vianney de Boisredon : « Steppe by Steppe » aux éditions Flammarion et en format poche J’ai Lu 

- Instagram @vianney.deboisredon

- Épisodes évoqués : Alexandre Poussin Madagascar en famille & Pierre-Antoine Guillotel en Islande  


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Le podcast Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 

Musique : Camille Merel et pause musicale Aleksey Chistilin

Collaboration : goodvisapodcast@gmail.com 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Good Visa, le podcast voyage. Aujourd'hui, partez avec Vianney. Pendant 80 jours, il a traversé 17 pays en autostop jusqu'aux portes de la Chine et dormi chez l'habitant. Vianney ne partait pas pour découvrir des pays, mais pour aller à la rencontre des gens. Il va vous partager les réflexions profondes et apprentissages tirés de ce voyage intérieur. Cet épisode est une invitation à aller vers l'autre et à cultiver la foi en l'humanité. Je m'appelle Camille. et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt un bon voyage.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bonjour à toutes,

  • Speaker #0

    bonjour Yannick.

  • Speaker #1

    Bonjour Camille.

  • Speaker #0

    Comment te sens-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je me sens bien, fatigué par le travail, mais tout va bien.

  • Speaker #0

    Écoute, je suis vraiment ravie de te recevoir parce que ça fait des mois et des mois que j'espérais qu'on puisse échanger ensemble. Avant qu'on rentre dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter avec tes propres mots comme tu le souhaites ? Et si tu veux bien terminer par nous dire comment tes proches te décriraient ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Vianney, j'ai 28 ans. Moi, j'ai grandi dans l'Ouest, à Nantes. Maintenant, j'habite à Paris. Je travaille maintenant dans une agence de voyage spécialisée dans le voyage d'aventure. Et comment me décriraient mes proches ? Je dirais... Du coup, aventurier, parce qu'on va parler un peu de ça. Aventurier, attentionné et qui n'a pas peur de se dépasser.

  • Speaker #0

    Super. Donc, effectivement, aujourd'hui, on va parler de ton aventure. C'était il y a maintenant quelques années, donc ça va être pas mal aussi de se dire que maintenant, tu as un petit peu de recul pour nous raconter tout ça, que tu as abordé dans ton livre Step by Step, une aventure initiatique en stop et chez l'habitant jusqu'aux ports de la Chine, aux éditions Flammarion, rien que ça. avec aussi une préface d'Alexandre Poussin que j'ai aussi reçue sur le podcast. Donc ça m'a beaucoup fait sourire ce petit clin d'œil. Et même un autre invité, Pierre-Antoine Guillotel, m'avait beaucoup parlé de toi. Donc j'ai l'impression qu'on n'est pas en train de boucler la boucle. Donc encore merci. On va peut-être commencer par une jeunesse du projet, comme j'aime bien faire, pour essayer de comprendre en fait qu'est-ce qui fait qu'un jour tu t'es dit « Ok, je vais partir. On stoppe. » et dormir chez l'habitant jusqu'aux portes de l'Asie centrale. Comment on arrive avec un tel projet ?

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait en Anzour, du coup. Mais effectivement, j'avais déjà un peu cette fibre du voyage où j'avais eu l'occasion de faire des stages à l'étranger quand j'étais en études. Et un an avant, j'avais eu six mois de trou avec le Covid, où j'avais eu des stages annulés. Et donc, j'avais déjà entrepris un autre voyage, plutôt à la voile cette fois-ci, donc à travers l'Atlantique. Et donc, au retour de ce voyage-là, je me suis dit, c'était génial. mais je n'ai pas rencontré grand monde, à part quelques dauphins et les coéquipiers avec qui j'étais. Et j'avais vraiment cette envie, pendant ma dernière année d'études, de sortir un peu du monde dans lequel j'étais, de ce petit cercle un peu fermé, en tout cas c'est comme ça que je le vivais, où je ne me sentais pas hyper porté, et j'avais vraiment ce désir ardent d'aller à la rencontre de l'autre. Et en parallèle de ça, j'avais une fascination pour les steppes et l'Asie centrale. Et donc, je me suis dit, allez, je vais essayer de réconcilier ces deux envies. Et donc, c'est comme ça qu'est né un peu le projet. Après, voilà, le stop, etc., ça s'est fait un peu petit à petit. Mais voilà comment ça s'est fait, vraiment, cette envie de partir à la rencontre des gens, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et tu nous racontes dans le livre également, sans trop spoiler, bien évidemment, mais que tu avais ressenti aussi une espèce d'une murmure intérieure, une voix mystérieuse. tu dis que Ton intuition était vraiment présente et tu savais que tu devais partir là-bas, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. En fait, j'étais étonnamment assez sûr de moi, dans le sens où je sentais que ça venait de l'intérieur et que c'était vraiment un désir de partir. Je ne l'ai pas du tout vécu comme une fuite ou comme quelque chose qui viendrait de l'extérieur. C'était vraiment une envie très, très profonde. Et en fait, j'avais du mal à expliquer ce désir-là. C'est-à-dire, quand je disais aux gens, j'ai envie de faire plusieurs mois de stop jusqu'à... quasiment jusqu'en Chine, jusqu'au Kyrgyzstan, les gens ne comprenaient pas trop le délire. Et en fait, au lieu de me faire douter, moi ça a renforcé Zira de me dire « Ok, vous ne comprenez pas pourquoi je le fais, mais je vais quand même le faire. » Donc c'était vraiment ça. Après, il y a forcément eu un peu de doute les mois avant, mais à chaque fois, j'arrivais à me reconnecter à ce murmure qui venait un peu comme un moyen de me rattacher à l'aventure coûte que coûte.

  • Speaker #0

    Et tu cites dans ton livre Joseph Kessel, rappelant que dans les grands voyages, en fait, l'enchantement commence avant le départ lui-même, quand on va se retrouver à regarder les cartes, dans les préparations, et j'ai bien aimé que tu mettes en avant cette notion-là.

  • Speaker #1

    Ouais, je trouve que pour moi, le voyage, il commence largement avant le départ. C'est-à-dire que j'aime beaucoup cette idée de pouvoir s'émerveiller, rêver avant même de partir. Pour moi, c'est ça qui rend le voyage encore plus beau après. C'est quand on a passé du temps à se renseigner, à regarder, à rêver. Enfin voilà, pour moi, ça fait vraiment partie du plaisir du voyage. Et c'est avec un voyage qui arriverait comme ça, tout cuit dans le bec. Peut-être que j'en profiterais moins. Et moi, c'est aussi ça qui a fait que j'ai autant aimé ce voyage-là.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es dit, je vais choisir le stop et dormir chez l'habitant ? Est-ce que c'est quelque chose que tu avais déjà fait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est quelque chose que j'avais fait avec quelques copains en vacances. On était partis à 5 faire du stop. On avait fait trois équipes. Et donc, ça a été une très bonne expérience. Mais voilà, sinon, à part ça, ça avait duré quatre jours. Donc, c'était vraiment très court. Et puis, du coup, comment c'est venu ? En fait, j'ai réfléchi un peu aux différents moyens de transport pour ce voyage. Et donc j'ai pensé au vélo, j'ai pensé au train, j'ai pensé à la marche évidemment, enfin voilà, plein de moyens. Et je me suis dit, mais en fait le moyen qui va me forcer à sortir de ma zone de confort, qui va le plus me forcer à combler ce désir d'aller à la rencontre des autres, c'est le stop. Parce que le stop, en fait, j'ai pas le choix, je suis obligé d'aller vers l'autre. Et donc il y a vraiment cette volonté de vraiment, un peu presque, ne pas me laisser le choix, et me dire, bon bah maintenant il faut que je me débrouille. Et surtout en tant qu'introverti, pour moi, c'était assez important d'être capable de sortir de ma zone de confort et d'aller la rencontre. Et donc, c'est vraiment pour ça, dans cette notion de défi et de volonté de rencontrer l'autre en profondeur.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant d'aller vers l'autre, j'ai bien aimé parce qu'à un moment, tu expliques que c'est presque devenu un acte courageux, tu dis, d'aller vers l'autre parce qu'on a... plus vraiment l'habitude, ça devient presque quelque chose d'original, d'exceptionnel ou même forcément je pense qu'on va être beaucoup à penser à cette fameuse émission sur M6 avec Pékin Express pour aller vers l'autre avec cette idée de stop dormir chez l'habitant où voilà on en fait une émission tellement aller vers l'autre c'est incroyable alors qu'au final pas tant que ça mais j'aime bien que t'aies mis en lumière encore une fois cette idée

  • Speaker #1

    Ouais, c'est vrai qu'aujourd'hui, on a l'impression que c'est un exploit de s'intéresser aux autres, d'aller vers l'autre, de ne pas être fermé. Et en fait, je me suis senti tellement en décalage avec toutes les réflexions qu'on pouvait me faire, soit avant, soit pendant, soit après le voyage, où on me disait souvent que j'étais fou, que c'était dangereux, qu'il ne fallait surtout pas le faire. Et ouais, presque même parfois, ressortent des compliments et je suis dans le mode, mais en fait, il faudrait qu'on soit comme ça tous les jours, dans notre vie de tous les jours, qu'on puisse aller parler au SDF, que... que si on est dans le bus, on puisse parler à la personne à côté de nous, en attendant le médecin, qu'on puisse juste avoir des liens et ne pas être un peu aspiré par nos téléphones. C'était aussi une des motivations du voyage, de me dire, je vais enfin être capable de sortir complètement de ma vision que j'ai aujourd'hui et essayer de construire autre chose. Et c'est ce que j'ai plus ou moins réussi à faire pendant le voyage. Après, ça a été un vrai défi au retour. Mais en tout cas, pendant quelques mois, j'ai vraiment eu le sentiment de complètement voir les choses autrement là-dessus.

  • Speaker #0

    Effectivement, on reviendra un petit peu sur cette phase du retour qui, j'imagine, a dû être un challenge et un autre voyage en soi presque. Donc là, si tu veux bien, on va reprendre un petit peu ton périple en trois étapes. Donc la première étape avec l'Europe, la deuxième étape avec l'Asie mineure, avec la Turquie, la Géorgie. Et la troisième étape, on terminera sur l'Asie centrale. Donc là tu as commencé à Aix-en-Provence pour te diriger ensuite vers l'Italie. Et là est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment ça s'est passé le stop dans ce pays ?

  • Speaker #1

    Ouais alors du coup le début du voyage, il y a eu un peu au début évidemment l'excitation du départ. Donc on va dire les deux trois premiers jours, je partais du sud de la France début septembre. Donc c'était un peu les conditions idéales, il faisait beau. Et donc j'arrive sans trop de problèmes en Italie. Et là, c'est à partir de ce moment-là que les choses se sont un peu corsées, où j'ai compris que le stop, ça n'allait pas être une partie de plaisir. J'ai eu des gros moments de doute à ce moment-là. Donc déjà, la météo a complètement changé. Il s'est mis à pleuvoir tous les jours pendant quasiment une semaine. Et ensuite, pour la petite anecdote, j'arrive en Italie et je fais du stop, comme j'ai l'habitude de faire, sous une bretelle d'autoroute. Et j'attends plus de 4-5 heures. Donc là, je me dis, OK, la première fois que j'attends aussi longtemps, c'est quand même durer tout ça. et là je vois une voiture qui s'arrête Je me dis « Yes, enfin ! » Et en fait, la voiture, ça a été juste pour me signaler que je faisais du stop sous un panneau d'autoroute sur lequel il était indiqué que l'autostop était interdit. Et donc ça, ça a été un peu le pré-coudure du voyage, c'était de me rendre compte qu'en fait, l'autostop était interdit, en tout cas en Italie, qui était en gros mon premier pays à traverser. et je me suis dit Mais si j'ai déjà des problèmes comme ça en Italie, mais qu'est-ce que ce sera en Turquie ? Qu'est-ce que ce sera au Kazakhstan ? Qu'est-ce que ce sera en Ouzbékistan ? Et donc ça m'a fait très très peur et ça m'a fait douter dès le début du voyage. Et donc en fait j'ai dû traverser l'Italie sur des petites routes de campagne, ça a été un peu compliqué. Et en fait ça ne m'a pas forcément mis en confiance tout de suite. Heureusement j'ai repris des forces ensuite, mais vraiment le début du voyage a été très très compliqué. Et je pense que c'est normal dans un voyage au début d'avoir un peu de résistance et de ne pas encore être tout à fait dans le... dans le bon état d'esprit. Il y avait aussi de la résistance parce que je pense que j'étais encore dans la logique de il faut que j'arrive le plus vite possible. Et en fait, quand on voyage en stop, c'est tout l'inverse qu'il faut avoir en tête. C'est plutôt, en fait, je vais le plus lentement possible pour rencontrer les gens le mieux possible. Et donc ça, ça a demandé un peu de reprogrammer mon cerveau aussi. Ce qui a été un peu un défi. Et au bout d'une ou deux semaines, j'ai commencé vraiment à prendre du plaisir. mais au début c'était quand même assez compliqué

  • Speaker #0

    Et merci de le rappeler parce que j'ai l'impression que c'est quelque chose qui revient beaucoup dans les personnes que je peux inviter, de ces premiers jours ou premières semaines où les gens se disent « mais en fait, qu'est-ce que je fous là ? Dans quoi je me suis lancée ? »

  • Speaker #1

    Et je pense qu'en fait, ce n'est pas parce qu'on ressent ça qu'on s'est trompé. C'est juste qu'il y a une période d'ajustement qui est tout à fait normale. Je pense que c'est un peu pareil quand on commence un nouveau travail ou quand on déménage ou quand on change quelque chose, il y a toujours une période de transition, il y a des ajustements à faire. Quand on part en voyage, il y a aussi... Il y a aussi déjà comment va réagir son corps, comment va réagir face à la difficulté physique, mentalement aussi. Il y a plein de choses qui sont chamboulées. Et donc, pour moi, avec l'expérience, ce que j'ai compris, c'est qu'il ne fallait pas s'arrêter là et qu'il ne fallait pas avoir peur de la suite.

  • Speaker #0

    C'était un bon test, en tout cas, pour toi. Donc ensuite, tu as enchaîné avec... J'espère que je ne vais pas oublier des pays. Malheureusement, on n'aura pas le temps de tous les aborder.

  • Speaker #1

    Il y en a 17, donc...

  • Speaker #0

    C'est un petit peu la frustration pour les aventuriers qui ont fait des aventures aussi longues, sur de si longues distances. Mais bon, ça fait partie du jeu. Mais quand même, là, tu as enchaîné avec la Sauvigny, la Croatie, où, je vais garder le mystère encore une fois pour le livre, mais tu tombes sur un couple qui va te bouleverser de par cet amour qui semble avoir... Et c'est ça que j'aime bien aussi dans ton livre, c'est qu'en fait, c'est beaucoup de rencontres qui vont venir, que ce soit pour toi ou même pour le lecteur après, soulever des sujets, se questionner sur l'amour, ce genre de choses. Et on sent vraiment que c'est les rencontres au fil de ton voyage qui ont été le pilier de ton aventure. Parce que de ce que j'ai cru comprendre, et comme tu nous le disais à l'instant, tu t'étais pas fixé de « ok, je vais visiter telle région » . Non, tu y allais pour rencontrer les gens en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je faisais absolument aucun détour touristique. Et oui, faire un détour pour aller voir un beau monument, en fait, ça ne me faisait pas si plaisir que ça. Je préférais mille fois faire une belle rencontre et vivre quelques heures incroyables avec quelqu'un et poursuivre mon chemin. Et oui, il y avait vraiment cette volonté dans le livre de raconter, pas juste, « Bah voilà, j'ai fait un voyage, je suis arrivé là, ensuite je suis allé là, j'ai vu ça, j'ai rencontré telle personne. » Mais vraiment d'aller à un niveau plus loin, c'est-à-dire vraiment de raconter ce qui se vit intérieurement, d'être littéralement un livre ouvert et donc de pouvoir... aussi raconter ce que chaque rencontre a pu m'apporter et a changé pour moi dans ma vie. Et donc effectivement, il y avait ce couple allemand et croate qui m'a pris sans trop réfléchir. Et quand je leur ai expliqué mon projet, ils m'ont dit au bout de cinq minutes « Ah bah évidemment, tu dors chez nous, il n'y a pas de sujet. » Et ensuite, on a vraiment créé des liens assez chouettes et je suis encore en contact avec eux aujourd'hui. D'ailleurs, je suis retourné en Croatie un an et demi après. Et du coup, je me suis fait accueillir à nouveau. par ce couple-là, donc pour la petite anecdote. Donc voilà, c'est pour dire qu'il y a parfois cette frustration de, en fait, des rencontres très éphémères, mais moi, je n'ai pas forcément ce sentiment-là parce que j'arrive encore à rester en lien avec certains, même, voilà, là, ça fait deux ans et demi maintenant. Et c'est ça que je trouve beau aussi, de réussir à, voilà, à travers un moment très éphémère, réussir à garder un lien un peu plus long. Je trouve ça quand même assez incroyable.

  • Speaker #0

    Et ça me fait penser à... à cette notion que tu abordes un moment dans ton livre où tu expliques que chaque véhicule dans lequel tu rentres, c'est un petit peu un microcosme, une petite bulle où en fait chacun a son monde, son ambiance, son histoire, sa vision du monde, où des fois tu vas tomber sur des gens très bavards, des fois pas du tout, et tu expliques quelque chose qui m'a beaucoup touchée avec la sincérité en fait que tu vas avoir avec ces personnes-là où vous savez que vous n'allez pas vous revoir, donc Merci. tu dis pourquoi en fait me cacher et tu joues du coup la carte de la sincérité à

  • Speaker #1

    100% peut-être même plus qu'avec certains de tes proches tu nous dis c'est vrai pour moi mais c'est aussi vrai pour la personne qui m'accueille dans sa voiture c'est à dire qu'on stop contrairement à quand tu vas en soirée quand tu vas au travail, quand tu vas n'importe où Quand tu rencontres quelqu'un, il y a quand même un petit enjeu, c'est-à-dire qu'il faut te donner une bonne impression, il faut être poli, il faut être souriant, etc. Là, quand tu fais du stop, en fait, il n'y a vraiment aucun enjeu, c'est-à-dire que cette personne-là, tu ne la reverras pas, à part si vraiment tu crées un lien très fort et que vous donnez vos numéros, etc. Mais là, moi, ça m'arrivait très peu quand même. Je suis monté dans plus de 300 véhicules et j'ai été accueilli une cinquantaine de fois chez l'habitant sur 80 jours. Donc ouais, clairement, il y a... Il y a quand même ce truc-là de, en fait, on ne se connaît pas et cette relation, il n'y a pas de vocation à arrêter. Donc, en fait, soyons nous-mêmes. Et en fait, j'avais souvent des gens qui se confiaient énormément dans ces moments-là parce que c'est comme si j'étais un petit passager de leur vie pendant un instant à qui ils pouvaient décharger des choses et ensuite, hop, je repars et ni vu ni connu. Et je trouvais ça assez beau que les gens me fassent autant confiance sans me connaître. Et ça m'a aussi fait prendre conscience de la souffrance d'un certain nombre de personnes, et notamment des camionneurs qui sont des gens d'une attention et d'une générosité incroyable, qui ressentent une solitude absolument énorme et qui ont très peu de reconnaissance dans leur métier. Et donc c'est vrai que quelqu'un qui est là, qui leur pose des questions, qui s'intéresse à eux, je pense que c'est quelque chose qui leur faisait du bien et dont ils ont besoin. Et je trouve ça très beau.

  • Speaker #0

    Et oui, ça permet... une certaine liberté qu'on ne s'autorise pas au quotidien. J'allais justement te parler des camionneurs, parce que tu en as beaucoup rencontré lors de ton aventure. Ils t'accueillent dans leur camion, c'est un petit peu comme leur maison. Il y a cette rencontre avec Faït. J'ai mal noté. Faït, oui. Tu es en route vers la Turquie, où tu lui poses des questions sur sa vie, sur son travail. Il t'explique à quel point c'est dur, ainsi de suite. Et en fait, il te dit qu'il ne voit pas l'intérêt de se plaindre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un des premiers camionneurs avec qui je passe vraiment longtemps. C'est-à-dire avant, c'était juste quelques heures. Là, on a vraiment passé de 10h du matin à 22h le soir. Et donc, on a vraiment eu le temps de créer un lien assez fort. Et Faïd, c'est un camionneur turc qui habite à Izmir en Turquie. Et donc, il a deux enfants. Et donc, on parle de ça. Et puis, il me parle aussi de toute la solitude qu'il peut ressentir dans son métier, du fait que c'est compliqué avec sa femme parce qu'il n'est pas souvent à la maison. qu'il se sent parfois très seul, très loin de ses proches. Et voilà, on arrive un peu à la frontière turque. Et donc là, il y a une file de plusieurs kilomètres de camions, et donc il doit me laisser. Moi, je suis capable d'y aller un peu, de juste marcher à travers la frontière, alors que lui, je sais qu'il va y passer la nuit. Et en fait, en se quittant, on se prend dans les bras, et il me dit, voilà, Vianney, j'ai un message que j'ai besoin que tu transmettes. c'est que nous les turcs on est des gens bons Et je sais qu'on essaye de vous faire croire le contraire, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses passer ce message-là. Et donc, ça fait partie des petites anecdotes comme ça que j'ai mises dans le livre, mais en fait, de tous ces gens-là qui veulent aussi transmettre ce message-là, de faisons-nous confiance les uns les autres et arrêtons de nous stigmatiser, de nous juger. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça hyper beau que lui, en tout cas, le ressente et qu'il ait envie de donner une autre image de son pays. qui n'a pas toujours une très bonne image. Et ça m'a beaucoup, beaucoup touché.

  • Speaker #0

    Et c'est fou parce que la Turquie, vraiment, chaque aventurier ou aventurière qui en parle me dit vraiment cette hospitalité et cette gentillesse est juste incroyable. Et c'est vrai que personnellement, la Turquie, c'était peut-être pas non plus sur ma liste d'envie de pays à découvrir, mais ne serait-ce que par la gentillesse de ses habitants, ça me donne énormément envie de le découvrir.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Après, je parlais de faire des hiérarchies entre les pays. C'est vrai que la Turquie, c'est un pays où je me suis senti très accueilli. Je me suis aussi senti très accueilli dans la plupart des pays. Peut-être la différence de la Turquie, c'est que c'est une majorité musulmane, donc il y a quand même cette valeur d'hospitalité qui est très forte, que j'ai aussi pu retrouver en Asie centrale, au Kazakhstan, au Nouzoubikistan, au Tadjikistan et au Kyrgyzstan. Donc ça, c'est vrai que je pense que c'est peut-être quelque chose qui change par rapport à ici, où là-bas, en fait, accueillir l'étranger est vraiment... un devoir, alors qu'ici, c'est sympa si tu le fais, mais on ne va jamais te demander de le faire. Et donc, ça, c'est vraiment... Et voilà, même si on peut penser qu'ils le font par devoir, en fait, ils le font avec beaucoup de joie. Et voilà, il faut savoir le rendre aussi en s'intéressant à eux, en passant du temps vraiment avec eux. Et ça, j'ai trouvé ça... Oui, assez incroyable cette hospitalité, c'est vraiment un des messages du livre, c'est qu'en fait on gagnerait à s'accueillir un peu plus les uns les autres.

  • Speaker #0

    Là si on revient juste un tout petit peu en arrière, moi j'avais noté une anecdote avec un conducteur en Croatie, qui m'a beaucoup fait rire, avec Yao. Est-ce que tu peux nous en parler ? Parce que là, j'aimerais bien qu'on aborde un petit peu cette notion de montagne russe que tu as pu faire parfois dans ton voyage.

  • Speaker #1

    Ouais, de montagne russe émotionnelle. Alors bon, ce qu'il faut savoir, c'est qu'évidemment, quand tu montes dans plus de 300 voitures, statistiquement, tu as des chances de tomber sur des gens qui ne conduisent pas très bien. Là, c'était vraiment hyper, hyper dangereux. Enfin, je ne me suis jamais senti aussi peu en sécurité dans ma vie. où effectivement il y avait ce ce croate qui m'explique que qu'il a déjà été hospitalisé, etc. Et je lui demande comment ça se fait, etc. Et il me dit, c'est parce que j'ai eu des accidents de voiture.

  • Speaker #0

    Et donc, je me dis, oulala.

  • Speaker #1

    Et en fait, on était sur des petites routes qui longent la mer en Croatie. Donc, c'est vraiment des routes où il n'y a pas de trottoir. On ne peut pas s'arrêter, il n'y a rien. Et même, c'est hyper dangereux de s'arrêter là. Donc, j'étais vraiment complètement bloqué dans sa voiture. Et en fait, il commence à vraiment conduire, mais n'importe comment, c'est-à-dire faire du 80 km heure dans des petites routes de montagne sinueuses. Et même à doubler des voitures dans des versants de montagne où on ne voyait pas l'autre côté. Et donc j'étais vraiment en mode, mais en fait ce monsieur est en train de jouer au dé avec ma vie, en toute impunité. Et là je me suis vraiment dit, mais dans quoi je m'embarque ? J'ai été tellement stressé qu'au moment où il m'a déposé, ça a duré peut-être 45 minutes, une heure. Au moment où il m'a déposé, j'ai eu un mal de crâne et le tournis pendant quasiment deux heures derrière. Tellement ça m'avait foutu la trouille. Et donc, c'est vrai que ça fait partie du risque. Et peut-être que je ne tiendrai pas le même discours si jamais il m'était arrivé quelque chose dès la croix-ci. Mais voilà, après, quand même, sur 300 véhicules, c'est quasiment le seul avec qui ça s'est vraiment mal passé. Les autres, globalement, je n'ai plus leur faire confiance.

  • Speaker #0

    C'est peut-être pas mal aussi d'aborder cette notion de danger, justement, dans ton aventure. Enfin, pas du tout pour être dramatique ou quoi que ce soit, mais pour être quand même... proche de la réalité aussi, que les gens ne se disent pas, oui oui il est parti en stop pendant des semaines et des semaines, tout s'est bien passé, il faut être réaliste aussi, où tu expliques que oui le danger est partout, mais que c'est ce qui t'a poussé également à lâcher prise si on tombe dans l'autre extrême où en fait être constamment en recherche de sécurité, ça va nous chambouler également et on va se perdre.

  • Speaker #1

    Ouais tout à fait, alors effectivement je pense qu'il faut relativiser le danger dans le sens où là je raconte Merci. la seule fois où j'ai eu un peu peur en voiture sur 80 jours de voyage et en fait aussi ce que je dis dans le livre c'est qu'en fait le plus gros danger que j'ai reçu c'était pas à cause des autres c'était plutôt à cause de moi-même où en fait je suis parti tout seul faire une sorte d'expédition en montagne où je me suis un peu mis en danger et en fait ma réflexion à la fin du voyage c'est de me dire mais en fait la seule fois où je me suis vraiment senti en danger c'était à chaque fois plus de ma faute que de la faute des autres Et donc, voilà, moi, j'ai jamais ressenti d'hostilité de la part des gens pendant ce voyage. Donc, il y a évidemment un peu des comportements, faire un peu attention à certaines fois ou quitter si on se sent pas à l'aise. Mais globalement, j'ai jamais eu de moment où je me suis vraiment senti totalement en danger. Et en fait, même, j'avais développé une théorie là-dessus, c'est qu'en fait, plus t'as peur du danger, plus tu vas inconsciemment te mettre en danger. C'est-à-dire, si t'as très peur, que t'es très craintif, que tu fais... pas confiance à l'autre en fait, l'autre va le ressentir et c'est là où il va pouvoir un peu peut-être sentir qu'il peut pas te faire confiance ou sentir que t'es pas quelqu'un de très agréable enfin voilà, où en fait, si tu commences un peu à te donner un peu des mauvaises ondes autour de toi, en fait les gens vont le ressentir et c'est là où tu peux te mettre en danger et donc moi ma théorie c'était plus que, bah voilà, quand t'es souriant, enfin souriant ça veut pas dire naïf, mais juste quand t'es souriant que tu dis bonjour, que tu t'intéresses aux gens que t'es sincère, en fait, même quelqu'un de mal intentionné va se dire « Ah, mais en fait, cette personne, j'ai pas du tout envie de lui faire du mal, je la trouve hyper sympa, hyper solaire, donc je vais pas le faire, quoi. » Et c'est vrai que ça, c'est un peu une réflexion que je me suis faite après coup, de me dire par rapport à d'autres gens qui me racontaient qu'ils avaient tout le temps des galères, je me dis, en fait, peut-être qu'il y a aussi quelque chose de cet ordre-là, des ondes aussi qu'on projette sur le travail.

  • Speaker #0

    Merci de partager tout ça avec l'audience. Et ça me fait penser, tu avais aussi prévu quelque chose pour remercier les gens tout au long de ton voyage qui t'accueillaient ou qui te prenaient dans leur voiture.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que j'avais un peu cette culpabilité, je pense, de me dire, bon, je me fais accueillir, mais derrière, qu'est-ce que j'apporte moi vraiment ? Donc déjà la première chose avant de partir, j'avais été en dessous de la tour Eiffel, j'avais acheté plus de 200 petites tours Eiffel en porte-clés que j'avais pris dans mon sac. Et donc je les offrais à chaque conducteur ou chaque personne qui m'accueillait le soir. Et donc voilà, c'était très symbolique, c'était vraiment juste une manière de dire tout simplement merci d'avoir accueilli. Et aussi de leur donner un petit souvenir de moi même longtemps après pour qu'ils puissent se souvenir que je suis passé par là. C'était vraiment important pour moi de faire ça. Et puis en fait, ce que je me suis rendu compte au fil du voyage, c'est que cette culpabilité, en fait, petit à petit, elle s'en allait parce que j'ai pris conscience que les gens, en fait, étaient parfois aussi heureux, voire plus heureux de m'accueillir que moi j'étais d'être accueilli. Et ça, ça m'a quand même fait un choc de me rendre compte qu'en fait, pour plein de gens qui se sentent seuls, c'est trop bien de pouvoir rencontrer quelqu'un qui s'intéresse à eux, qui est curieux, qui leur raconte des aventures que j'ai pu vivre avant pendant le voyage. qui est tournée vers l'autre et tout ça. Et donc, je pense que juste être vraiment présent, c'est-à-dire quand on est avec l'autre, déjà, c'est un très beau cadeau qu'on leur fait. Et ça, c'était vraiment pour moi hyper important de chaque personne que j'encontrais de faire en sorte d'être dans les meilleures conditions possibles pour vraiment l'accueillir et accueillir ce qu'elle avait à me dire, à me partager. Donc ça, c'était vraiment important. Et ça m'a aussi fait réfléchir sur, est-ce que je l'aurais fait à leur place ? Peut-être pas. et du coup ça fait pas mal réfléchir là-dessus

  • Speaker #0

    Et donc là, on parle des échanges que tu as pu avoir avec toutes ces personnes-là. Comment ça se passait, si on peut expliquer à l'audience, pour la barrière de la langue, parfois, comment tu faisais pour communiquer avec eux ? Tu racontes plein de choses là-dessus sur ton livre.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Alors, ce qui est vrai, c'est que du coup, sur les 17 pays, il y en a peut-être deux où je parlais la langue. Mais sinon, globalement, c'était... Voilà, moi, je parle français, anglais, espagnol. Il n'y a aucune de ces trois langues qui m'a été utile sur ce voyage. vraiment en fait j'ai dû trouver des petits stratagèmes pour apprendre à communiquer avec les gens sans forcément connaître la langue parce qu'il y a 17 pays donc potentiellement plein de langues différentes. J'avais quand même appris quelques mots de turc et de russe parce que je savais que c'était les deux langues qui allaient être le plus parlées sur mon trajet donc ça j'avais juste quelques mots de base, bonjour, comment tu t'appelles, est-ce que tu es marié, quel âge tu as, où est-ce que tu habites. Donc déjà ça permettait de tenir cinq minutes de conversation. Et puis après, au bout d'un moment, on arrive dans autre chose et là, il faut réussir à communiquer juste avec des gestes ou avec des mots-clés. Et donc là, c'était vraiment très chouette. Au début, j'étais très gêné par ça, qu'il y ait des silences, qu'on ne se comprenne pas, qu'on balance des phrases et que je ne comprenne absolument rien. Et puis petit à petit, j'ai appris à me dire que j'accepte cet inconfort et je fais vraiment le maximum pour comprendre. Et si je ne comprends pas, j'essaye de trouver d'autres moyens de m'exprimer. Et donc ça, c'était assez chouette parce que je pense que petit à petit, j'ai développé une sorte de capacité à parler avec des gestes, avec le regard, avec des sourires. Et ça, j'ai trouvé ça tellement puissant. Et en fait, je ne savais pas que j'avais ça en moi. Et donc, ça a été une des décroissances de VH, de savoir qu'en fait, on peut communiquer sans parler. Voilà, évidemment, on est limité, mais il y a quand même pas mal de choses qui passent par autre chose que la langue. Et j'ai essayé au maximum d'éviter d'avoir Google Traduction avec moi parce que je savais qu'à partir du moment où tu mets un... Un téléphone entre deux personnes, ça crée un mur où on va peut-être moins facilement se parler, moins facilement se confier. Et donc je sortais vraiment en dernier recours si j'avais vraiment quelque chose de très important à dire. Mais voilà, ce n'était pas du tout la démarche. Et je le faisais vraiment quand ça devenait trop trop frustrant et que je sentais qu'on avait vraiment besoin de parler. Mais c'était vraiment en dernier recours.

  • Speaker #0

    Et j'aime bien que tu aies parlé de confort parce que je pense que c'est un petit peu plus loin dans le livre que tu le mentionnes. Cette idée de trouver le confort dans l'inconfort.

  • Speaker #1

    Mais ouais, moi, en fait, je me dis, enfin, ma vision du monde et de moi-même, c'est un peu de me dire, plus j'arrive à élargir ma zone de confort, plus, en fait, j'ai d'opportunités et de possibilités. Et donc, en fait, ouais, c'est vraiment quelque chose que j'ai découvert dans ce voyage, c'est qu'au début, en fait, ça me faisait vachement peur de faire du stop, c'est-à-dire les premières minutes, j'étais hyper stressé. et en fait à la fin c'est devenu normal pareil pour dormir chez l'habitant, la première fois j'étais un peu mal à l'aise je savais pas trop comment me comporter etc et en fait à la fin j'étais devenu à l'aise avec ça Mon objectif pendant ce voyage et de manière plus générale, c'est de prendre du plaisir à chercher l'inconfort. Je pense que c'est une des clés, peut-être pas du bonheur, mais une des clés pour vivre une vie plutôt joyeuse, plutôt heureuse.

  • Speaker #0

    En parlant d'inconfort, ça me fait penser à une scène qui m'a tellement fait rire en Grèce. Si c'est OK pour toi qu'on la partage.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas la scène dont je suis le plus fier, mais effectivement, c'est rigolo. Donc j'imagine que tu fais référence à la fois où je me suis fait accueillir, tu es à Tessalonique, donc je me suis fait accueillir par un jeune d'une trentaine d'années. et en fait il m'a accueilli chez lui il a invité un de ses potes Et on mette un film le soir. Et pendant le film, ils commencent à se déshabiller, les deux. Je me dis, tiens, c'est un peu chelou et tout. Je ne comprends pas trop. donc je détourne un peu le regard

  • Speaker #0

    puis à un moment ils sont complètement nus et je me dis trop bizarre ce qu'il se passe et puis là je vois que nos regards se croisent et il me dit ah oui on t'a pas dit mais on est nudiste donc si tu veux te mettre à poil tu peux le faire aussi et donc là c'est vrai que j'étais un peu en mode mais what, c'est marrant de pas là et apparemment c'était spécifié sur j'étais passé par Couchsurfing, apparemment c'était spécifié sur l'annonce Couchsurfing mais évidemment il y avait peut-être 3 pages, j'avais pas tout lu et donc c'est un peu une anecdote rigolote de En fait, en voyage, tout peut arriver et il ne faut pas réagir au quart de tour. Si un truc comme ça arrive, c'est peut-être juste qu'il y a un petit malentendu. Mais oui, c'est vraiment une anecdote illustre, ce lâcher prise dont il faut parfois faire preuve.

  • Speaker #1

    Et ça fait en plus un petit peu écho à Nuit et culottée, où ils font beaucoup d'autostops, ils vont dormir chez l'habitant. Et j'espère qu'un jour, je pourrai les recevoir au micro aussi.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Et eux, du coup, ils démarrent nus leur aventure. Et du coup, effectivement, la vraie personne qui les prend en stop voit des gens nus au bord de la route. Donc, ça demande aussi à cette personne-là d'avoir un peu de lâcher prise et d'ouverture d'esprit pour accepter de les prendre en stop.

  • Speaker #1

    Complètement. Et peut-être qu'aussi, je passe du coq à l'âne, mais pour clôturer, on va dire, sur l'Europe, tu as aussi pris conscience de la chance qu'on avait, en fait, avec notre passeport français. de pouvoir bouger librement dans plein de parties du monde. Et tu as fait un lien du coup aussi avec des dons que tu as pu faire à ton retour. Est-ce que tu veux bien nous en expliquer ? Est-ce que tu veux bien expliquer à l'audience ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Pour revenir sur la chance qu'on a de pouvoir bouger, j'avais choisi un peu mon état en fonction des pays où je n'allais pas avoir besoin de visa. Et donc en fait, sur 17 pays, il n'y a qu'un seul pays où j'avais besoin d'un visa et au final, je ne l'ai même pas utilisé. Et donc, je trouve que ça a vraiment une chance quand je voyais dans l'autre sens tous ces gens qui me disaient « moi, je rêve de trouver un travail en Europe, est-ce que tu peux m'aider ? » Et donc, c'est vrai que c'était toujours un peu dur de leur dire « non, je ne pense pas pouvoir t'aider, désolé » . Et en fait, eux, pour avoir un visa, ils avaient besoin d'avoir une offre de travail. C'était assez délicat parfois ces situations-là. Donc moi, j'étais vraiment dans l'autre sens. Et donc, ça venait aussi peut-être... de cette culpabilité de me faire accueillir sans contrepartie. Et en fait, je me suis dit, ces gens qui m'accueillent, c'est de l'argent que j'aurais pu mettre dans un hôtel, par exemple, si j'avais voyagé tout seul, sans faire un pas chez l'habitant. Et donc, je considère que c'est à peu près 15 euros par nuit. J'avais fait un peu une moyenne sur tout mon voyage. Et donc, c'est 15 euros que je vais mettre de côté et que je vais pouvoir reverser à une association pour réfugiés qui s'appelle Jesuit Refugee Service, qui est une association qui œuvre aux côtés des réfugiés en France, donc des réfugiés de guerre principalement Et donc, j'ai vraiment cette volonté de me dire que j'ai cette chance-là de pouvoir voyager. Il faut que ça puisse servir à quelque chose. Et tous ces gens qui m'accueillent, que ce ne soit pas juste pour mon propre bénéfice, mais que ça puisse aussi servir par ailleurs. Et donc, c'est ce que j'ai fait à mon retour. Et donc, c'est quand même une petite somme parce que du coup, 15 euros par nuit sur 80 nuits, on est à plus de 1000 euros. Donc, quand j'étais étudiant, ça me représentait beaucoup en tout cas, mais c'était aussi très important pour moi de le faire. On n'avait pas trop parlé pendant le voyage. C'est plus quelque chose que je faisais à côté parce que pour moi, ce n'était pas ça l'essence du voyage. C'était plus pour rester dans le même esprit.

  • Speaker #1

    Et ça, ça me fait penser, j'avais prévu de te demander, au cours de ton aventure, tu ne l'as pas partagé sur les réseaux parce que tu avais vraiment envie de vivre cette aventure pour toi, ton voyage intérieur, comme on le disait au début. Donc, est-ce que tu veux bien nous parler un petit peu de cette solitude ? Parce que c'est beaucoup revenu forcément au cours de ton aventure, ce voyage intérieur où tu expliques même à un moment, j'ai bien aimé, tu dis que cette solitude, il faut l'accueillir un petit peu comme une vieille amie. De lui dire, ok, t'es là, je te prends par la main, tu viens.

  • Speaker #0

    J'aimerais que tu ne sois pas là, mais je te prends maintenant que t'es là.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    ouais carrément alors j'avais beau rentrer dans une dizaine de voitures par jour c'est pas pour autant que je ne ressentais pas de solitude parce qu'en fait Quand on a cette frustration de ne pas réussir à rentrer en lien, ça ne m'empêchait pas de me sentir très seul. Et puis il y a des soirs où je ne me faisais pas accueillir, donc j'étais tout seul dans ma tombe le soir. Cette solitude a vraiment été plus ou moins présente tout au long du voyage. Il y a eu des moments très difficiles. Et en fait, j'ai vraiment appris à la dompter. C'est-à-dire, avant de partir, ça me faisait très peur de passer du temps à un week-end tout seul. Par exemple, chez moi, c'était un peu l'angoisse. Je suis plus à un stade où justement j'en rêve. Je suis en mode, ah yes, je suis tout seul ce week-end, ça va être génial, je vais pouvoir me reconnecter un peu à moi-même et à mon intériorité et vivre des choses trop chouettes. Et donc voilà, c'est vraiment quelque chose que je ressors après ce voyage, c'est vraiment cette peur de la solitude qui a complètement disparu. où j'ai appris à l'accepter et à ne pas la subir. Et ça, c'est vrai que je ne m'y attendais pas forcément, parce que j'ai ce besoin de solitude en moi, que je m'en suis rendu compte vraiment assez tard. Et maintenant, je vais créer des occasions pour retrouver cette solitude-là. Donc oui, c'est vraiment hyper important pour moi.

  • Speaker #1

    Et là ensuite, c'est vrai qu'en fait, on ne rentre pas sur les détails des pays, mais quand même un changement d'ambiance qui va un petit peu avec cet état d'esprit-là, c'est quand tu passes sur l'Asie mineure. Donc, tu as la Turquie où là, je ne vais pas te demander de re-raconter, tu l'as déjà partagé dans plein d'épisodes de podcast, mais ça a été assez challenging pour toi en Turquie pour des histoires de visas. Ça a encore été une opportunité de lâcher prise parce que tout ne s'est pas déroulé comme tu le souhaitais. Mais en fait, ces paysages qui t'ont accueilli dans cette partie de l'Asie, c'était vraiment un réconfort pour toi de voir ces montagnes, ces vastes espaces, vraiment ce changement d'ambiance. Est-ce que tu peux essayer de nous le décrire un petit peu ?

  • Speaker #0

    Oui, alors effectivement, j'ai vraiment senti un changement d'échelle entre l'Europe et, une fois en Turquie, en Asie mineure, où en fait, en Europe, j'avais l'impression que les villes étaient très rapprochées. C'est-à-dire que très vite, on arrivait dans de nouvelles villes, les villages étaient vraiment très proches. Et là, j'arrive en Turquie et je pouvais être avec un camionneur pendant une heure et ne voir quasiment aucune maison, aucun village. Donc là, ça m'a vraiment fait un choc de me dire « Waouh, mais en fait, ça y est, on est en Asie, on n'est plus dans la vieille Europe. » Et il y avait un côté assez angoissant aussi à ça, de se dire… En fait, là, si on me dépose ici, il n'y a rien. Il n'y a pas de quoi s'approvisionner, il n'y a pas de quoi dormir. Donc ça, ça m'a... J'ai eu un petit moment un peu de peur à ce moment-là du voyage où je me suis dit, OK, là, on commence vraiment les choses sérieuses. Et surtout aussi la première fois où la barre de la langue, pour le coup, était encore plus frappante. Parce qu'autant en Europe, je pouvais baragouiner avec quelques mots-clés en anglais. Là, vraiment, ça parlait zéro anglais, donc il y avait vraiment ce sentiment de vertige un peu que j'ai ressenti à ce moment-là du voyage. Mais effectivement, j'ai trouvé du réconfort dans la beauté de la nature, surtout quand je suis passé côté en Géorgie après, où là, j'ai été vraiment complètement émerveillé par la beauté de la nature. La Géorgie, c'est un pays qui est tout petit, qui fait la taille de la Belgique quasiment, un peu plus grand, mais où il y a vraiment tout. Il y a le Caucase au nord, il y a des montagnes, il y a des régions avec des lacs, il y a une région avec un désert. Il y a évidemment la mer Noire. Il y a aussi des grandes vallées avec des régions viticoles qui font du super vin. Et donc là, je me suis dit, mais en fait, ça me suffit. Là, j'ai tout. Pourquoi je vais jusqu'au steppe ? Je suis trop heureux ici. Et donc, ce pays où je n'attendais rien, c'était juste sur le chemin. Ça m'a vraiment donné du réconfort après la traversée de la Turquie qui a été particulièrement compliquée. qui était déjà compliquée de base et qui s'est, comme tu l'as dit, recompliquée à nouveau une fois que j'ai eu ce problème de passeport à la sortie du pays où j'ai bien cru que le voyage allait s'arrêter. Donc là, j'ai eu 48 heures de très très compliqué où j'ai dû un peu faire le deuil du voyage. Et tout ce qui est arrivé après, en fait, pour moi, c'était que du bonus. C'est-à-dire, en fait, le voyage, il aurait pu s'arrêter. Donc maintenant, ça y est, je peux projeter à fond.

  • Speaker #1

    Et en plus, en Géorgie, juste après, tu as été accueillie par une dame qui m'a beaucoup marquée. Est-ce que tu veux bien nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai été accueillie par cette dame. Elle habite à Tbilissi, qui est la capitale de la Géorgie. Et en fait, elle m'accueille un peu dans la banlieue, c'est-à-dire une banlieue très pauvre, soviétique. Il faut savoir que Tbilissi, ça fait partie de l'ex-URSS. Et donc, elle m'accueille tout en haut d'une espèce de grande tour, une sorte d'HLM. Je rentre, elle m'accueille, elle me prépare un petit thé, elle me dit « je te prépare un dîner » , elle me dit « est-ce que tu as des affaires à laver ? Je peux te les laver dans une machine, est-ce que tu veux te doucher ? » Elle est tout de suite hyper attentionnée, mais vraiment hyper attentionnée. Je me dis « mais elle s'appelait Brite, c'est étonnant, pourquoi est-ce que tu es aussi attentionnée envers moi ? Je te demande juste un sol pour une nuit et je repars demain, je ne te demande rien de plus. » Il faut que je retrouve la phrase exacte, mais elle me dit « écoute Vianney, si t'étais mon fils, j'aimerais que tu sois accueilli partout dans le monde comme moi je t'accueille en ce moment. Et donc là, je me suis dit, waouh, la vision qu'elle a de l'accueil, je trouve ça tellement beau. et ça m'a complètement mis une claque en fait et après ça a ouvert la discussion sur plein d'autres choses, on a pu discuter de elle sa vie qui a été très compliquée elle s'est mariée avec un mari qui était violent qu'elle a quitté, elle a jamais pu avoir d'enfant ça a été une grande souffrance pour elle et donc voilà on s'est vraiment livré là dessus et puis on a pu se raconter nos vies et j'ai trouvé ça hyper beau avec cette inconnue qui est si différente de moi que ce soit en termes de génération en termes de pays, en termes d'histoire de vie qu'on puisse quand même réussir à écrire ce lien-là, je trouvais ça hyper fort, et qu'elle me fasse autant confiance alors que deux heures avant, on ne se connaissait pas, je trouvais ça assez dingo. Donc voilà, ça c'est juste un exemple, mais en fait, il y en a plein dans le livre, il n'y a quasiment que ça, des gens qui s'ouvrent comme ça, et je trouve ça absolument magnifique. Je ne sais pas quoi dire de plus, juste hyper touché par tous ces gens-là. Et c'est aussi pour ça que je vous ai créé un livre. C'était une sorte, pour moi, de lettre de remerciement à tous ces gens-là qui m'ont tant donné, qui m'ont tant apporté et qui ont aussi tant de messages à apporter. Moi, je suis un peu une sorte d'ambassadeur pour tout ce qu'ils ont pu me transmettre aussi.

  • Speaker #1

    Et ça a restauré aussi, tu disais, ta foi en l'humanité.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'avant de partir, c'était quelque chose qu'on me disait tout le temps. Tu vas te faire découper la machette, ça va être... Ça va être hyper compliqué. Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et en fait, c'était rigolo parce que pour l'anecdote, du coup, à chaque fois que je suis dans un pays, on me disait du mal du pays suivant où j'allais aller. Donc par exemple, quand j'étais en Italie et que j'allais en Europe de l'Est, on me disait, ah non, mais va surtout pas là-bas. Les gens sont hyper froids, sont hyper méfiants. Tu vas jamais réussir à être accueilli. Il faut surtout pas que tu ailles. Bon, j'y vais, ça se passe super bien. je me fais accueillir sans problème et donc je dis aux gens de l'Europe de l'Est maintenant je vais aller en Turquie Et donc là, ils me disent, mais non, mais tu ne vas pas aller en Turquie quand même, c'est tous des voleurs là-bas, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et donc je vais en Turquie, pareil, ça se passe hyper bien, et comme on l'a dit tout à l'heure, je me fais accueillir presque de manière hyper belle. Et donc une fois en Turquie, je leur dis, bon ben maintenant je vais en Asie centrale, tous les pays en ce temps. Et là ils me disent, mais non mais viens, t'es fou, pourquoi tu vas là-bas, c'est plein de terroristes, t'as rien à faire là-bas. et donc c'est rigolo comment évidemment j'arrive en Asie centrale et là je me fais accueillir comme aussi bien qu'en Turquie voire mieux Je me dis que c'est quand même bizarre qu'on ait ces a priori, alors que c'est souvent des gens qui n'avaient jamais été dans ces pays-là, qu'on ait ces a priori avant même d'y aller. Ça m'a obligé aussi à faire un point avec moi-même, de me dire que parfois j'ai ces a priori sur certains pays, sur certaines personnes. De ne pas s'arrêter à l'image qu'on peut avoir d'un peuple, et c'est aussi valable pour une personne, qu'on peut avoir une première impression assez négative, et ne pas s'arrêter là. et quand même s'intéresser.

  • Speaker #1

    Et là, tu disais l'Asie centrale, on change encore une fois complètement d'ambiance puisque tu vas visiter le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, et tu appelles ce chapitre le silence du désert et la monotonie de la steppe. Et j'aime beaucoup parce qu'en fait, là, tu sens que ta liberté, elle est poussée à l'extrême. Donc là, voilà, t'es face à ce silence du désert et je sais plus si c'est à ce moment-là où tu expliques que... Tu te rends compte en fait que nous, on est juste une goutte d'eau dans un océan quand tu te retrouves face à ces paysages tellement grandioses et immenses.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Alors, ce moment-là, c'est un peu le moment très fort du voyage parce qu'en fait, pour la première fois du voyage, j'ai la sensation d'arriver à mon but en quelque sorte, qui était vraiment les steps. Donc, le livre s'appelle Step by Step. Donc, il y a vraiment cette idée de cheminer vers les steps. Et en fait, j'ai une sorte de... de joie intérieure, de me dire mais en fait, je suis en train d'accomplir mon rêve, là, c'est incroyable. Même si tout autour de moi, c'était assez morose parce que en fait, la Steppe, c'est quoi ? C'est un désert avec des petites touffes d'herbe sur des milliers de kilomètres. Et donc, parfois, c'était impressionnant parce que du coup, là, je voyageais quasiment exclusivement avec des camionneurs parce qu'il n'y a rien, donc il n'y a pas de voiture qui passe. Et donc, parfois, je m'endormais 3-4 heures, je me réveillais, le paysage avait pas changé d'un iota Et là, je regardais sur la carte, je voyais qu'on avait quand même fait 400 kilomètres. Et je me disais, mais c'est quand même incroyable, cette immensité. Et là, j'ai vraiment ressenti un vertige de me dire, j'avais déjà ressenti un peu ça en Turquie, mais là, encore un niveau au-dessus où je savais que si le camion me disait, écoute, tu descends là, potentiellement, je pourrais mourir. Parce qu'il y avait un camion qui passait tous les deux, trois jours. Enfin voilà, c'est vraiment pas du tout une route empruntée, c'était une route en terre, etc. et donc c'était vraiment un moment de on va dire, de méditation et de contemplation du paysage que j'ai trouvé incroyable.

  • Speaker #1

    Et tu es arrivé à trouver quand même cette méditation sachant qu'il y avait ce risque, enfin là c'est moi qui projette mes propres peurs, mais... d'arriver à savourer ces paysages tout en sachant, comme tu viens de dire, que si le mec pourrit que ce soit irak raison, il te dit « Bon, tu vas descendre ici » .

  • Speaker #0

    Écoute, étonnamment, oui. Étonnamment, oui, parce que je ne sais pas, mais après aussi, ça a été consolidé par toutes les expériences que j'avais vécues avant dans le voyage. Mais j'avais une sorte de confiance qu'en fait, j'allais arriver au bout. Et du coup, c'est ça qui me permettait de surmonter un peu la peur que je pouvais avoir. Et aussi, cette idée de me dire « S'il m'arrive un truc, Merci. je sens que j'ai une bonne étoile et que je vais être secouru par quelqu'un et donc ça, ça me permettait de relativiser un peu le danger à ce moment-là. Mais c'est vrai que il y avait aussi ce côté un peu lunaire de me dire mais voilà, je suis vraiment... Enfin, qu'est-ce que je fais là ? Je suis à un endroit où je ne devrais pas être et il y avait quelque chose de très excitant à ça, je trouvais. Donc moi, ça me plaisait bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Parce que tu dis aussi que l'autostop... ça va un petit peu dans cette idée de ce que tu viens de dire c'est l'acceptation de l'incertitude permanente et l'abandon de la planification donc en fait j'imagine que tu lâchais prise sur ça aussi de dire bah je sais pas ce qui va se passer dans quelques heures et c'est ok ouais c'est ça en fait le fait de lâcher prise sur des choses matérielles donc où est-ce que je vais dormir ce soir comment je vais aller à tel endroit etc je

  • Speaker #0

    pense que ça permettait aussi de lâcher prise sur des choses pas matérielles comme tes peurs, tes angoisses tes résistances intérieures, etc. Et donc là, j'étais à tes doutes, comme si tout ça passait après la joie et la confiance que j'avais dans ce voyage.

  • Speaker #1

    Et la confiance que tu as pu avoir pour ces peuples en Asie centrale, c'est aussi de voir à quel point ils étaient d'une solidarité impressionnante, aussi un accueil qui t'a bluffé. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de comment ça s'est passé justement dans cette partie du voyage ?

  • Speaker #0

    Oui, donc l'Asie centrale, c'était très différent de la Turquie, j'ai trouvé aussi. Je ne vais pas mettre tous les pays dans le même panier parce qu'ils sont tous très différents. Mais du coup, ça commence avec le Kazakhstan, où là, j'ai vraiment traversé un espèce de grand désert qui a continué jusqu'en Ouzbékistan et où ça m'a pris plusieurs jours. Je suis arrivé sur les oasis, des oasis au milieu du désert en Ouzbékistan. Et donc là, il y avait un peu un truc incroyable de se dire, ça y est, j'arrive dans l'oasis. Donc c'était assez incroyable. Et donc notamment une oasis qui s'appelle Riva, qui est magnifique, qui est une ancienne ville de la route de la soie, qui est absolument superbe, avec une architecture islamique et tout ça. Et donc j'avais un peu l'impression d'être dans Aladin. C'est vraiment, tu as cette espèce de grande ville qui sort du désert avec des arbres partout et c'était assez incroyable. Et puis après, j'ai poursuivi jusqu'à Samarkand, qui est aussi une autre très belle ville de la route de la soie. Et ensuite, j'ai poursuivi du coup au Tadjikistan. où là, en fait, rien à voir. On était plutôt dans le désert. On est dans des très hautes montagnes, dans la région du Pamir. Donc, c'est une chaîne de montagnes qui est vraiment, voilà, si on poursuit l'Himalaya vers l'ouest, en fait, on arrive sur le Pamir. Et donc là, ça a été, voilà, culture très différente. Mais où, voilà, c'est un jour du monde où je me suis senti aussi très accueilli et très porté. Et à ce moment-là, ça m'a fait du bien d'avoir des montagnes, de voir un peu de relief après avoir vu l'horizon pendant plusieurs jours. et ensuite à la fin du coup le Kyrgyzstan où là, c'est aussi très montagneux, et où j'ai terminé avec une balade à cheval, qui était aussi un peu un de mes rêves de ce voyage, c'était de pouvoir faire du cheval au Kyrgyzstan. Et donc, au départ, je n'étais pas censé pouvoir, parce qu'on était au mois de décembre, donc en plein hiver, donc le pays entier était recouvert de neige. Et en fait, j'ai réussi à convaincre un guide de partir avec moi, et donc il a fait super beau, on a eu de la chance, les conditions étaient idéales. Et donc ça, ça a été aussi un moment incroyable que j'ai partagé avec lui. Donc ça, c'était absolument magnifique. Donc j'ai eu des expériences très différentes dans cette région du monde qui est finalement immense. Moi, ça m'a fait beaucoup de bien ces grands espaces. Je pense que c'est aussi ça que je venais chercher. Donc il y avait évidemment la rencontre, et puis il y avait ces grands espaces. Et me dire ce sentiment de liberté que procurent ces grands espaces, j'ai trouvé ça assez fou.

  • Speaker #1

    Peut-être revenir, si c'est OK pour toi, pour terminer, sur déjà le Tadjikistan. Ou en fait, tu expliquais, comme tu viens de nous le dire, que l'hospitalité, c'est le sport national là-bas.

  • Speaker #0

    Au Tadjikistan, c'est même plus qu'un sport national. C'est-à-dire qu'en fait, comme dans tous les autres pays musulmans, il y a ce devoir d'accueil à l'étranger. Mais il y a un truc en plus au Tadjikistan, c'est que les conditions de vie sont tellement rudes. C'est-à-dire qu'il fait tellement froid l'hiver et tellement chaud l'été. L'hiver, il fait entre moins 5 et moins 25 la journée et entre moins 15 et moins 30 à lui. Donc on est vraiment sur des températures qui sont très continentales, très très froides. L'été, il fait monstrueusement chaud, il fait 40 degrés tous les jours. Et donc en fait, quand j'étais au Tadjikistan, j'ai pris une route qui s'appelle la Pamir Highway, qui est une route le long des montagnes qui longe l'Afghanistan d'ailleurs, et qui est une route assez dangereuse, qui n'est pas du tout balisée. C'est vraiment creusé dans la montagne, mais il n'y a pas du tout de route. C'est plus un chemin de terre où il y a des camions qui passent et quelques 4x4, mais c'est tout. Et en fait, en me baladant dans ces coins-là, qui sont très très reculés, je réalisais que les gens m'accueillaient, mais en fait, ce n'était même pas un sujet. C'est-à-dire, ils me voyaient et me disaient directement, viens chez moi. Et je n'avais même pas besoin de demander, c'est-à-dire que c'était hyper naturel. Et en fait, je pense que c'est aussi lié à ces conditions. c'est-à-dire ils savaient très bien que si je restais dehors cette nuit-là, potentiellement j'allais mourir et donc il y avait vraiment cette... C'était plus un instinct de survie que juste de la pure générosité, même si je pense qu'ils étaient hyper généreux. Et donc, c'était vraiment encore autre chose que j'ai découvert. Mais le Tadjikistan, c'est assez incroyable, surtout dans ce coin-là, dans le Pamir, où c'est vraiment des coins où c'est très reculé, ils ont accès à très peu de choses, pas d'électricité, pas de courante. Donc, c'est vraiment des conditions qui sont très simples. J'ai trouvé ça trop chouette de pouvoir découvrir aussi cette réalité-là du monde.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que là, je me dis, il y a encore tellement de rencontres que j'avais envie d'aborder, mais on ne va pas pouvoir tous les aborder, comme je le disais. Mais c'est pour ça que je mettrais vraiment le lien pour ton livre, qui en plus est sorti en poche depuis peu de temps.

  • Speaker #0

    Il est sorti en livre de poche au mois de mai, là. Donc, il est même passé à 8 euros. Donc, voilà, il est vraiment accessible maintenant.

  • Speaker #1

    Comme ça, les gens pourront découvrir ta rencontre marquante avec Oza dans l'Ouzbékistan. Là, ça t'a bouleversé comme toutes les rencontres originales que tu as pu faire. Ils pourront découvrir aussi comment, à un moment, je crois que c'était au Kirghizistan, tu te retrouves chez un trappeur de loups. Là aussi, quand tu racontes, c'est juste incroyable. Là, on est déjà à la fin de l'épisode. Est-ce que c'est OK pour toi de nous partager quelques mots sur ton retour ? parce que tu as terminé au Kyrgyzstan. Ensuite, nous raconter rapidement comment tu as fait pour rentrer et voir un petit peu ce que tu as ramené avec toi ou j'imagine quand tu as posé la question 20 000 fois.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Du coup, je suis parti début septembre et le voyage s'est terminé vers mi-décembre au Kyrgyzstan. C'était un long voyage, 20 000 kilomètres de stop à travers 17 pays sur 80 jours. Donc tout ça sans hôtel, sans auberge. Sur les 80 jours, j'ai été accueilli 50 fois et 30 fois j'ai dormi sous tente. Et donc je ressors du voyage complètement épuisé. En fait, j'avais prévu de faire le retour en train, mais à cause de la mésaventure que j'ai eue en Turquie, j'ai été banni de Turquie. Donc je ne pouvais plus passer par la Turquie. Or, c'était le seul itinéraire possible en train. Et donc j'ai dû rentrer en avion un peu à contre-cars. Mais en même temps, j'étais tellement épuisé du voyage que je pense que ça m'a fait du bien aussi de... de pouvoir rentrer rapidement. Et au retour, j'avais absolument rien prévu. C'est-à-dire que je n'avais pas de job qui m'attendait. Je voulais que le voyage soit quelque chose qui puisse me chambouler vraiment. Et du coup, je ne voulais pas avoir de plan pour après. Et d'ailleurs, c'était une super chose parce que je suis rentré et petit à petit, au bout d'une ou deux semaines, a émergé un peu cette idée de livre parce que j'avais pris plein de notes. et justement par rapport à la solitude c'était une bonne manière aussi pour moi d'extérioriser un peu toutes les émotions que je pouvais ressentir donc j'avais beaucoup écrit et donc pour moi ça a été un peu une manière de prolonger le voyage et de rentrer en douceur parce que je me... je savais que sinon le choc allait être trop violent entre ce qu'elle avait vécu pendant plusieurs mois et le retour et donc pour moi l'écriture m'a vraiment permis de revivre chaque rencontre chaque moment fort et je suis vraiment hyper reconnaissant d'avoir pris ce temps-là. Au départ, je me dis que ça va me prendre 2-3 mois. En fait, ça m'a pris 6 mois à plein temps. Et puis après, j'ai eu la chance d'être publié rapidement. Il y a vraiment eu beaucoup de choses qui ont fait que, on va dire une deuxième fois, j'ai réécouté ce mur à l'intérieur qui me disait « fais-toi confiance, tu t'es fait confiance sur le voyage, tu peux te faire confiance sur l'écriture aussi » . Et donc, il y a eu un peu cet acte de foi, encore une fois, à faire, qui a payé aussi. Et donc, c'est un peu ça aussi un enseignement du voyage, c'est de se dire, quand je me fais confiance à ce que je ressens au fond de moi, globalement, ça se passe bien, ça se passe même très bien. Et je peux en tirer des choses hyper positives pour ma vie. Et donc, c'est vraiment ça que j'en tire. Je dirais que c'est ça la première chose que j'en tire. Et après, évidemment, toutes les rencontres, toutes les claques d'humanité que j'ai prises en pleine figure pendant 80 jours, ça, c'est clair que ça m'a marqué. Peut-être aussi cette confiance en l'humanité. Et au-delà de cette confiance en l'humanité, moi je ressors avec l'intime conviction qu'on n'a pas le choix que d'avoir confiance en l'humanité. C'est-à-dire que si on perd foi en l'humanité, pour le coup on est sûr que ça va mal se passer, et du coup on va vraiment essayer de cultiver cette foi en l'humanité. C'est vraiment quelque chose que j'essaie de continuer à faire même après le voyage, même si ce n'est pas toujours évident. Mais voilà, donc je retire avec plein de choses. Et aussi, professionnellement, du coup, le fait de prendre conscience qu'en fait, ce qui m'animait, c'était le voyage, c'était l'aventure et que je voulais travailler là-dedans. Donc voilà, ça a aussi été déterminant pour ma vie pro.

  • Speaker #1

    Et là, maintenant, ça fait plusieurs années que cette aventure s'est terminée. Est-ce que... Quand tu en parles, je vois encore les étincelles dans tes yeux. On a l'impression que c'était il y a quelques mois à peine. Est-ce que tu arrives à garder ça dans ton quotidien, garder ces enseignements dans ta vie de tous les jours ?

  • Speaker #0

    Je te mentirais si je te dirais que j'y arrive à 100% et que c'est facile. Aujourd'hui, j'habite à Paris. C'est un contexte où ce n'est pas forcément évident de... de rester tourné vers les autres, de rester curieux, de créer du contact. Donc j'avoue que mon retour, j'ai eu une petite désillusion quand même, de prendre conscience qu'en fait, si avant j'étais aussi centré sur moi-même, ce n'était pas uniquement parce que j'étais quelqu'un de pas bien, c'est parce que s'il y avait un contexte qui faisait que ce n'était pas toujours évident. Donc oui, je dirais que c'est vraiment un chemin et qu'on n'arrive jamais au bout, et qu'il faut continuer à persévérer. Et après, pour ce qui est sur la partie voyage, j'essaye de continuer à vivre des choses chouettes sans forcément partir aussi loin. Parce que ce que j'ai pris conscience aussi, c'est que récemment, c'est qu'on peut vivre des choses très chouettes sans partir aussi loin. Mais voilà, de continuer à garder cet état d'esprit d'aventure dans la vie de tous les jours, c'est vraiment quelque chose que j'essaie de cultiver aussi.

  • Speaker #1

    Et justement, tu dis dans ton livre sur la fin que le voyage, c'est un état d'esprit plutôt qu'une histoire de kilomètres. Et c'est ce que j'espère transmettre un petit peu aussi avec le podcast, qu'on n'a pas besoin de... partir toujours à l'autre bout du monde pour s'évader même juste en t'écoutant. Tu vois, moi, je suis encore là-haut, qui existe à t'écouter. Et là, je vais un petit peu te laisser libre antenne, comme on dirait, pour conclure cet épisode sur ce que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices s'ils devaient retenir, libre à toi, quelques points que tu aimerais leur transmettre.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, ce que j'ai envie de dire, c'est lié à tout ce que je viens de raconter, mais voilà, ne désespérons pas. Gardons espoir. Gardons espoir que collectivement, on va trouver des solutions à tous les défis qui nous attendent, que ce soit des défis politiques, économiques, sociaux. Il y a plein de choses qui peuvent nous amener à perdre foi en l'humanité. Essayons de continuer chacun à faire de notre mieux et que le reste suivra. C'est vraiment ça que j'ai envie de transmettre, cette foi en l'humanité qu'il ne faut surtout pas perdre.

  • Speaker #1

    Parfait. Merci beaucoup, Vianney. Comme je le disais, je vais mettre ton livre dans le descriptif de l'épisode parce que vraiment, c'est un livre qui est très singulier parce qu'en fait, oui, tu parles de ton aventure, tu parles quand même des pays que tu as traversés, ainsi de suite, mais c'est tellement une ode à... à garder cette foi en l'humanité avec toutes ces rencontres que tu as pu faire. Là, on n'en a cité que quelques-unes, mais il y en a des dizaines et des dizaines. Bonne continuation pour la suite et au plaisir de te recevoir peut-être pour de nouvelles aventures à voir. Encore merci pour tout ce que tu as pu transmettre à l'audience.

  • Speaker #0

    Merci à toi Camille d'avoir pris le temps de m'écouter et j'espère que le podcast va vous plaire. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

Chapters

  • Pourquoi Vianney a choisi de voyager en stop jusqu'en Asie Centrale ?

    00:00

  • Aller l'autre : un acte courageux ?

    06:33

  • Les débuts du stop en Europe : challenges et ajustements

    08:31

  • Les rencontres au coeur de ce voyage

    12:17

  • Montagnes russes émotionnelles avec un certain chauffeur

    20:05

  • Comment apprivoiser le "danger" ?

    22:00

  • Remercier les gens sur son chemin

    24:30

  • Échanger avec la barrière de la langue

    26:15

  • Trouver le confort dans l'inconfort

    28:30

  • La chance de pouvoir bouger librement

    31:17

  • Accepter la solitude dans cette aventure

    33:31

  • Transition vers l'Asie mineure

    36:05

  • Restaurer sa foi en l'humanité avec ces rencontres

    41:05

  • Asie Centrale : l'arrivée dans les steppes

    43:07

  • Lâcher-prise total

    46:03

  • Comment s'est passé son retour ? Enseignements tirés de son aventure

    51:44

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Description

80 jours de voyage, plus de 15 000 km parcourus en stop, à travers 17 pays, avec plus de 300 trajets et une cinquantaine de nuits passées chez l’habitant, jusqu’aux portes de la Chine en Asie centrale. 


Un jour, Vianney a senti cet appel : une intuition profonde, presque inexplicable, de s’écouter et de partir. Un voyage pas comme les autres, qui n’est pas une course aux paysages ni une liste de destinations à cocher. Vianney a choisi de partir pour aller à la rencontre de l’autre. 


Ce voyage n’est donc pas un itinéraire, mais plutôt une suite de rencontres et de prises de conscience. En allant le plus lentement possible, Vianney laisse la place à l’imprévu, à la confiance, à des échanges parfois brefs mais d’une intensité rare. Ces rencontres deviennent le cœur du voyage : une aventure initiatique et une véritable quête d’humanité. 


Vianney va partager avec l’audience quelques rencontres marquantes : ces camionneurs isolés mais d’une grande générosité, cette dame âgée qui s’est occupée de lui comme un fils, cette scène comique en Grèce… La générosité et l’hospitalité profonde des personnes rencontrées viennent bousculer certains préjugés et nous amènent à nous questionner : serions-nous capables d’un tel accueil ? N’avons-nous pas perdu ce lien avec les autres, avec l’inconnu ?  


Au-delà du récit de son aventure, Vianney nous livre surtout son voyage intérieur avec notamment ce que ces rencontres lui ont appris sur l’écoute, le lâcher-prise et la simplicité des liens humains. Il aborde aussi ses doutes, les galères et difficultés rencontrées, ces moments où le voyage aurait pu s’arrêter soudainement. Ce sont des prises de conscience précieuses qu’il nous confie, que l’on peut ainsi ramener dans nos quotidiens, sans nécessairement partir à l’autre bout du monde. Car comme le rappelle Vianney : le voyage est un état d’esprit plutôt qu’une histoire de kilomètres.


Cet épisode est une invitation à faire confiance, à aller vers l’autre et à cultiver la foi en l’humanité.


Auto-stop, voyage en stop, voyage lent, voyage intérieur, voyage solo, Europe, Turquie, Géorgie, Asie centrale, Kirghizistan, steppes, voyage initiatique, aventure humaine, voyage autrement


Références:
- Livre de Vianney de Boisredon : « Steppe by Steppe » aux éditions Flammarion et en format poche J’ai Lu 

- Instagram @vianney.deboisredon

- Épisodes évoqués : Alexandre Poussin Madagascar en famille & Pierre-Antoine Guillotel en Islande  


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Instagram du podcast : @goodvisapodcast

Le podcast Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 

Musique : Camille Merel et pause musicale Aleksey Chistilin

Collaboration : goodvisapodcast@gmail.com 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Good Visa, le podcast voyage. Aujourd'hui, partez avec Vianney. Pendant 80 jours, il a traversé 17 pays en autostop jusqu'aux portes de la Chine et dormi chez l'habitant. Vianney ne partait pas pour découvrir des pays, mais pour aller à la rencontre des gens. Il va vous partager les réflexions profondes et apprentissages tirés de ce voyage intérieur. Cet épisode est une invitation à aller vers l'autre et à cultiver la foi en l'humanité. Je m'appelle Camille. et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt un bon voyage.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bonjour à toutes,

  • Speaker #0

    bonjour Yannick.

  • Speaker #1

    Bonjour Camille.

  • Speaker #0

    Comment te sens-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je me sens bien, fatigué par le travail, mais tout va bien.

  • Speaker #0

    Écoute, je suis vraiment ravie de te recevoir parce que ça fait des mois et des mois que j'espérais qu'on puisse échanger ensemble. Avant qu'on rentre dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter avec tes propres mots comme tu le souhaites ? Et si tu veux bien terminer par nous dire comment tes proches te décriraient ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Vianney, j'ai 28 ans. Moi, j'ai grandi dans l'Ouest, à Nantes. Maintenant, j'habite à Paris. Je travaille maintenant dans une agence de voyage spécialisée dans le voyage d'aventure. Et comment me décriraient mes proches ? Je dirais... Du coup, aventurier, parce qu'on va parler un peu de ça. Aventurier, attentionné et qui n'a pas peur de se dépasser.

  • Speaker #0

    Super. Donc, effectivement, aujourd'hui, on va parler de ton aventure. C'était il y a maintenant quelques années, donc ça va être pas mal aussi de se dire que maintenant, tu as un petit peu de recul pour nous raconter tout ça, que tu as abordé dans ton livre Step by Step, une aventure initiatique en stop et chez l'habitant jusqu'aux ports de la Chine, aux éditions Flammarion, rien que ça. avec aussi une préface d'Alexandre Poussin que j'ai aussi reçue sur le podcast. Donc ça m'a beaucoup fait sourire ce petit clin d'œil. Et même un autre invité, Pierre-Antoine Guillotel, m'avait beaucoup parlé de toi. Donc j'ai l'impression qu'on n'est pas en train de boucler la boucle. Donc encore merci. On va peut-être commencer par une jeunesse du projet, comme j'aime bien faire, pour essayer de comprendre en fait qu'est-ce qui fait qu'un jour tu t'es dit « Ok, je vais partir. On stoppe. » et dormir chez l'habitant jusqu'aux portes de l'Asie centrale. Comment on arrive avec un tel projet ?

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait en Anzour, du coup. Mais effectivement, j'avais déjà un peu cette fibre du voyage où j'avais eu l'occasion de faire des stages à l'étranger quand j'étais en études. Et un an avant, j'avais eu six mois de trou avec le Covid, où j'avais eu des stages annulés. Et donc, j'avais déjà entrepris un autre voyage, plutôt à la voile cette fois-ci, donc à travers l'Atlantique. Et donc, au retour de ce voyage-là, je me suis dit, c'était génial. mais je n'ai pas rencontré grand monde, à part quelques dauphins et les coéquipiers avec qui j'étais. Et j'avais vraiment cette envie, pendant ma dernière année d'études, de sortir un peu du monde dans lequel j'étais, de ce petit cercle un peu fermé, en tout cas c'est comme ça que je le vivais, où je ne me sentais pas hyper porté, et j'avais vraiment ce désir ardent d'aller à la rencontre de l'autre. Et en parallèle de ça, j'avais une fascination pour les steppes et l'Asie centrale. Et donc, je me suis dit, allez, je vais essayer de réconcilier ces deux envies. Et donc, c'est comme ça qu'est né un peu le projet. Après, voilà, le stop, etc., ça s'est fait un peu petit à petit. Mais voilà comment ça s'est fait, vraiment, cette envie de partir à la rencontre des gens, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et tu nous racontes dans le livre également, sans trop spoiler, bien évidemment, mais que tu avais ressenti aussi une espèce d'une murmure intérieure, une voix mystérieuse. tu dis que Ton intuition était vraiment présente et tu savais que tu devais partir là-bas, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. En fait, j'étais étonnamment assez sûr de moi, dans le sens où je sentais que ça venait de l'intérieur et que c'était vraiment un désir de partir. Je ne l'ai pas du tout vécu comme une fuite ou comme quelque chose qui viendrait de l'extérieur. C'était vraiment une envie très, très profonde. Et en fait, j'avais du mal à expliquer ce désir-là. C'est-à-dire, quand je disais aux gens, j'ai envie de faire plusieurs mois de stop jusqu'à... quasiment jusqu'en Chine, jusqu'au Kyrgyzstan, les gens ne comprenaient pas trop le délire. Et en fait, au lieu de me faire douter, moi ça a renforcé Zira de me dire « Ok, vous ne comprenez pas pourquoi je le fais, mais je vais quand même le faire. » Donc c'était vraiment ça. Après, il y a forcément eu un peu de doute les mois avant, mais à chaque fois, j'arrivais à me reconnecter à ce murmure qui venait un peu comme un moyen de me rattacher à l'aventure coûte que coûte.

  • Speaker #0

    Et tu cites dans ton livre Joseph Kessel, rappelant que dans les grands voyages, en fait, l'enchantement commence avant le départ lui-même, quand on va se retrouver à regarder les cartes, dans les préparations, et j'ai bien aimé que tu mettes en avant cette notion-là.

  • Speaker #1

    Ouais, je trouve que pour moi, le voyage, il commence largement avant le départ. C'est-à-dire que j'aime beaucoup cette idée de pouvoir s'émerveiller, rêver avant même de partir. Pour moi, c'est ça qui rend le voyage encore plus beau après. C'est quand on a passé du temps à se renseigner, à regarder, à rêver. Enfin voilà, pour moi, ça fait vraiment partie du plaisir du voyage. Et c'est avec un voyage qui arriverait comme ça, tout cuit dans le bec. Peut-être que j'en profiterais moins. Et moi, c'est aussi ça qui a fait que j'ai autant aimé ce voyage-là.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es dit, je vais choisir le stop et dormir chez l'habitant ? Est-ce que c'est quelque chose que tu avais déjà fait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est quelque chose que j'avais fait avec quelques copains en vacances. On était partis à 5 faire du stop. On avait fait trois équipes. Et donc, ça a été une très bonne expérience. Mais voilà, sinon, à part ça, ça avait duré quatre jours. Donc, c'était vraiment très court. Et puis, du coup, comment c'est venu ? En fait, j'ai réfléchi un peu aux différents moyens de transport pour ce voyage. Et donc j'ai pensé au vélo, j'ai pensé au train, j'ai pensé à la marche évidemment, enfin voilà, plein de moyens. Et je me suis dit, mais en fait le moyen qui va me forcer à sortir de ma zone de confort, qui va le plus me forcer à combler ce désir d'aller à la rencontre des autres, c'est le stop. Parce que le stop, en fait, j'ai pas le choix, je suis obligé d'aller vers l'autre. Et donc il y a vraiment cette volonté de vraiment, un peu presque, ne pas me laisser le choix, et me dire, bon bah maintenant il faut que je me débrouille. Et surtout en tant qu'introverti, pour moi, c'était assez important d'être capable de sortir de ma zone de confort et d'aller la rencontre. Et donc, c'est vraiment pour ça, dans cette notion de défi et de volonté de rencontrer l'autre en profondeur.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant d'aller vers l'autre, j'ai bien aimé parce qu'à un moment, tu expliques que c'est presque devenu un acte courageux, tu dis, d'aller vers l'autre parce qu'on a... plus vraiment l'habitude, ça devient presque quelque chose d'original, d'exceptionnel ou même forcément je pense qu'on va être beaucoup à penser à cette fameuse émission sur M6 avec Pékin Express pour aller vers l'autre avec cette idée de stop dormir chez l'habitant où voilà on en fait une émission tellement aller vers l'autre c'est incroyable alors qu'au final pas tant que ça mais j'aime bien que t'aies mis en lumière encore une fois cette idée

  • Speaker #1

    Ouais, c'est vrai qu'aujourd'hui, on a l'impression que c'est un exploit de s'intéresser aux autres, d'aller vers l'autre, de ne pas être fermé. Et en fait, je me suis senti tellement en décalage avec toutes les réflexions qu'on pouvait me faire, soit avant, soit pendant, soit après le voyage, où on me disait souvent que j'étais fou, que c'était dangereux, qu'il ne fallait surtout pas le faire. Et ouais, presque même parfois, ressortent des compliments et je suis dans le mode, mais en fait, il faudrait qu'on soit comme ça tous les jours, dans notre vie de tous les jours, qu'on puisse aller parler au SDF, que... que si on est dans le bus, on puisse parler à la personne à côté de nous, en attendant le médecin, qu'on puisse juste avoir des liens et ne pas être un peu aspiré par nos téléphones. C'était aussi une des motivations du voyage, de me dire, je vais enfin être capable de sortir complètement de ma vision que j'ai aujourd'hui et essayer de construire autre chose. Et c'est ce que j'ai plus ou moins réussi à faire pendant le voyage. Après, ça a été un vrai défi au retour. Mais en tout cas, pendant quelques mois, j'ai vraiment eu le sentiment de complètement voir les choses autrement là-dessus.

  • Speaker #0

    Effectivement, on reviendra un petit peu sur cette phase du retour qui, j'imagine, a dû être un challenge et un autre voyage en soi presque. Donc là, si tu veux bien, on va reprendre un petit peu ton périple en trois étapes. Donc la première étape avec l'Europe, la deuxième étape avec l'Asie mineure, avec la Turquie, la Géorgie. Et la troisième étape, on terminera sur l'Asie centrale. Donc là tu as commencé à Aix-en-Provence pour te diriger ensuite vers l'Italie. Et là est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment ça s'est passé le stop dans ce pays ?

  • Speaker #1

    Ouais alors du coup le début du voyage, il y a eu un peu au début évidemment l'excitation du départ. Donc on va dire les deux trois premiers jours, je partais du sud de la France début septembre. Donc c'était un peu les conditions idéales, il faisait beau. Et donc j'arrive sans trop de problèmes en Italie. Et là, c'est à partir de ce moment-là que les choses se sont un peu corsées, où j'ai compris que le stop, ça n'allait pas être une partie de plaisir. J'ai eu des gros moments de doute à ce moment-là. Donc déjà, la météo a complètement changé. Il s'est mis à pleuvoir tous les jours pendant quasiment une semaine. Et ensuite, pour la petite anecdote, j'arrive en Italie et je fais du stop, comme j'ai l'habitude de faire, sous une bretelle d'autoroute. Et j'attends plus de 4-5 heures. Donc là, je me dis, OK, la première fois que j'attends aussi longtemps, c'est quand même durer tout ça. et là je vois une voiture qui s'arrête Je me dis « Yes, enfin ! » Et en fait, la voiture, ça a été juste pour me signaler que je faisais du stop sous un panneau d'autoroute sur lequel il était indiqué que l'autostop était interdit. Et donc ça, ça a été un peu le pré-coudure du voyage, c'était de me rendre compte qu'en fait, l'autostop était interdit, en tout cas en Italie, qui était en gros mon premier pays à traverser. et je me suis dit Mais si j'ai déjà des problèmes comme ça en Italie, mais qu'est-ce que ce sera en Turquie ? Qu'est-ce que ce sera au Kazakhstan ? Qu'est-ce que ce sera en Ouzbékistan ? Et donc ça m'a fait très très peur et ça m'a fait douter dès le début du voyage. Et donc en fait j'ai dû traverser l'Italie sur des petites routes de campagne, ça a été un peu compliqué. Et en fait ça ne m'a pas forcément mis en confiance tout de suite. Heureusement j'ai repris des forces ensuite, mais vraiment le début du voyage a été très très compliqué. Et je pense que c'est normal dans un voyage au début d'avoir un peu de résistance et de ne pas encore être tout à fait dans le... dans le bon état d'esprit. Il y avait aussi de la résistance parce que je pense que j'étais encore dans la logique de il faut que j'arrive le plus vite possible. Et en fait, quand on voyage en stop, c'est tout l'inverse qu'il faut avoir en tête. C'est plutôt, en fait, je vais le plus lentement possible pour rencontrer les gens le mieux possible. Et donc ça, ça a demandé un peu de reprogrammer mon cerveau aussi. Ce qui a été un peu un défi. Et au bout d'une ou deux semaines, j'ai commencé vraiment à prendre du plaisir. mais au début c'était quand même assez compliqué

  • Speaker #0

    Et merci de le rappeler parce que j'ai l'impression que c'est quelque chose qui revient beaucoup dans les personnes que je peux inviter, de ces premiers jours ou premières semaines où les gens se disent « mais en fait, qu'est-ce que je fous là ? Dans quoi je me suis lancée ? »

  • Speaker #1

    Et je pense qu'en fait, ce n'est pas parce qu'on ressent ça qu'on s'est trompé. C'est juste qu'il y a une période d'ajustement qui est tout à fait normale. Je pense que c'est un peu pareil quand on commence un nouveau travail ou quand on déménage ou quand on change quelque chose, il y a toujours une période de transition, il y a des ajustements à faire. Quand on part en voyage, il y a aussi... Il y a aussi déjà comment va réagir son corps, comment va réagir face à la difficulté physique, mentalement aussi. Il y a plein de choses qui sont chamboulées. Et donc, pour moi, avec l'expérience, ce que j'ai compris, c'est qu'il ne fallait pas s'arrêter là et qu'il ne fallait pas avoir peur de la suite.

  • Speaker #0

    C'était un bon test, en tout cas, pour toi. Donc ensuite, tu as enchaîné avec... J'espère que je ne vais pas oublier des pays. Malheureusement, on n'aura pas le temps de tous les aborder.

  • Speaker #1

    Il y en a 17, donc...

  • Speaker #0

    C'est un petit peu la frustration pour les aventuriers qui ont fait des aventures aussi longues, sur de si longues distances. Mais bon, ça fait partie du jeu. Mais quand même, là, tu as enchaîné avec la Sauvigny, la Croatie, où, je vais garder le mystère encore une fois pour le livre, mais tu tombes sur un couple qui va te bouleverser de par cet amour qui semble avoir... Et c'est ça que j'aime bien aussi dans ton livre, c'est qu'en fait, c'est beaucoup de rencontres qui vont venir, que ce soit pour toi ou même pour le lecteur après, soulever des sujets, se questionner sur l'amour, ce genre de choses. Et on sent vraiment que c'est les rencontres au fil de ton voyage qui ont été le pilier de ton aventure. Parce que de ce que j'ai cru comprendre, et comme tu nous le disais à l'instant, tu t'étais pas fixé de « ok, je vais visiter telle région » . Non, tu y allais pour rencontrer les gens en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je faisais absolument aucun détour touristique. Et oui, faire un détour pour aller voir un beau monument, en fait, ça ne me faisait pas si plaisir que ça. Je préférais mille fois faire une belle rencontre et vivre quelques heures incroyables avec quelqu'un et poursuivre mon chemin. Et oui, il y avait vraiment cette volonté dans le livre de raconter, pas juste, « Bah voilà, j'ai fait un voyage, je suis arrivé là, ensuite je suis allé là, j'ai vu ça, j'ai rencontré telle personne. » Mais vraiment d'aller à un niveau plus loin, c'est-à-dire vraiment de raconter ce qui se vit intérieurement, d'être littéralement un livre ouvert et donc de pouvoir... aussi raconter ce que chaque rencontre a pu m'apporter et a changé pour moi dans ma vie. Et donc effectivement, il y avait ce couple allemand et croate qui m'a pris sans trop réfléchir. Et quand je leur ai expliqué mon projet, ils m'ont dit au bout de cinq minutes « Ah bah évidemment, tu dors chez nous, il n'y a pas de sujet. » Et ensuite, on a vraiment créé des liens assez chouettes et je suis encore en contact avec eux aujourd'hui. D'ailleurs, je suis retourné en Croatie un an et demi après. Et du coup, je me suis fait accueillir à nouveau. par ce couple-là, donc pour la petite anecdote. Donc voilà, c'est pour dire qu'il y a parfois cette frustration de, en fait, des rencontres très éphémères, mais moi, je n'ai pas forcément ce sentiment-là parce que j'arrive encore à rester en lien avec certains, même, voilà, là, ça fait deux ans et demi maintenant. Et c'est ça que je trouve beau aussi, de réussir à, voilà, à travers un moment très éphémère, réussir à garder un lien un peu plus long. Je trouve ça quand même assez incroyable.

  • Speaker #0

    Et ça me fait penser à... à cette notion que tu abordes un moment dans ton livre où tu expliques que chaque véhicule dans lequel tu rentres, c'est un petit peu un microcosme, une petite bulle où en fait chacun a son monde, son ambiance, son histoire, sa vision du monde, où des fois tu vas tomber sur des gens très bavards, des fois pas du tout, et tu expliques quelque chose qui m'a beaucoup touchée avec la sincérité en fait que tu vas avoir avec ces personnes-là où vous savez que vous n'allez pas vous revoir, donc Merci. tu dis pourquoi en fait me cacher et tu joues du coup la carte de la sincérité à

  • Speaker #1

    100% peut-être même plus qu'avec certains de tes proches tu nous dis c'est vrai pour moi mais c'est aussi vrai pour la personne qui m'accueille dans sa voiture c'est à dire qu'on stop contrairement à quand tu vas en soirée quand tu vas au travail, quand tu vas n'importe où Quand tu rencontres quelqu'un, il y a quand même un petit enjeu, c'est-à-dire qu'il faut te donner une bonne impression, il faut être poli, il faut être souriant, etc. Là, quand tu fais du stop, en fait, il n'y a vraiment aucun enjeu, c'est-à-dire que cette personne-là, tu ne la reverras pas, à part si vraiment tu crées un lien très fort et que vous donnez vos numéros, etc. Mais là, moi, ça m'arrivait très peu quand même. Je suis monté dans plus de 300 véhicules et j'ai été accueilli une cinquantaine de fois chez l'habitant sur 80 jours. Donc ouais, clairement, il y a... Il y a quand même ce truc-là de, en fait, on ne se connaît pas et cette relation, il n'y a pas de vocation à arrêter. Donc, en fait, soyons nous-mêmes. Et en fait, j'avais souvent des gens qui se confiaient énormément dans ces moments-là parce que c'est comme si j'étais un petit passager de leur vie pendant un instant à qui ils pouvaient décharger des choses et ensuite, hop, je repars et ni vu ni connu. Et je trouvais ça assez beau que les gens me fassent autant confiance sans me connaître. Et ça m'a aussi fait prendre conscience de la souffrance d'un certain nombre de personnes, et notamment des camionneurs qui sont des gens d'une attention et d'une générosité incroyable, qui ressentent une solitude absolument énorme et qui ont très peu de reconnaissance dans leur métier. Et donc c'est vrai que quelqu'un qui est là, qui leur pose des questions, qui s'intéresse à eux, je pense que c'est quelque chose qui leur faisait du bien et dont ils ont besoin. Et je trouve ça très beau.

  • Speaker #0

    Et oui, ça permet... une certaine liberté qu'on ne s'autorise pas au quotidien. J'allais justement te parler des camionneurs, parce que tu en as beaucoup rencontré lors de ton aventure. Ils t'accueillent dans leur camion, c'est un petit peu comme leur maison. Il y a cette rencontre avec Faït. J'ai mal noté. Faït, oui. Tu es en route vers la Turquie, où tu lui poses des questions sur sa vie, sur son travail. Il t'explique à quel point c'est dur, ainsi de suite. Et en fait, il te dit qu'il ne voit pas l'intérêt de se plaindre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un des premiers camionneurs avec qui je passe vraiment longtemps. C'est-à-dire avant, c'était juste quelques heures. Là, on a vraiment passé de 10h du matin à 22h le soir. Et donc, on a vraiment eu le temps de créer un lien assez fort. Et Faïd, c'est un camionneur turc qui habite à Izmir en Turquie. Et donc, il a deux enfants. Et donc, on parle de ça. Et puis, il me parle aussi de toute la solitude qu'il peut ressentir dans son métier, du fait que c'est compliqué avec sa femme parce qu'il n'est pas souvent à la maison. qu'il se sent parfois très seul, très loin de ses proches. Et voilà, on arrive un peu à la frontière turque. Et donc là, il y a une file de plusieurs kilomètres de camions, et donc il doit me laisser. Moi, je suis capable d'y aller un peu, de juste marcher à travers la frontière, alors que lui, je sais qu'il va y passer la nuit. Et en fait, en se quittant, on se prend dans les bras, et il me dit, voilà, Vianney, j'ai un message que j'ai besoin que tu transmettes. c'est que nous les turcs on est des gens bons Et je sais qu'on essaye de vous faire croire le contraire, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses passer ce message-là. Et donc, ça fait partie des petites anecdotes comme ça que j'ai mises dans le livre, mais en fait, de tous ces gens-là qui veulent aussi transmettre ce message-là, de faisons-nous confiance les uns les autres et arrêtons de nous stigmatiser, de nous juger. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça hyper beau que lui, en tout cas, le ressente et qu'il ait envie de donner une autre image de son pays. qui n'a pas toujours une très bonne image. Et ça m'a beaucoup, beaucoup touché.

  • Speaker #0

    Et c'est fou parce que la Turquie, vraiment, chaque aventurier ou aventurière qui en parle me dit vraiment cette hospitalité et cette gentillesse est juste incroyable. Et c'est vrai que personnellement, la Turquie, c'était peut-être pas non plus sur ma liste d'envie de pays à découvrir, mais ne serait-ce que par la gentillesse de ses habitants, ça me donne énormément envie de le découvrir.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Après, je parlais de faire des hiérarchies entre les pays. C'est vrai que la Turquie, c'est un pays où je me suis senti très accueilli. Je me suis aussi senti très accueilli dans la plupart des pays. Peut-être la différence de la Turquie, c'est que c'est une majorité musulmane, donc il y a quand même cette valeur d'hospitalité qui est très forte, que j'ai aussi pu retrouver en Asie centrale, au Kazakhstan, au Nouzoubikistan, au Tadjikistan et au Kyrgyzstan. Donc ça, c'est vrai que je pense que c'est peut-être quelque chose qui change par rapport à ici, où là-bas, en fait, accueillir l'étranger est vraiment... un devoir, alors qu'ici, c'est sympa si tu le fais, mais on ne va jamais te demander de le faire. Et donc, ça, c'est vraiment... Et voilà, même si on peut penser qu'ils le font par devoir, en fait, ils le font avec beaucoup de joie. Et voilà, il faut savoir le rendre aussi en s'intéressant à eux, en passant du temps vraiment avec eux. Et ça, j'ai trouvé ça... Oui, assez incroyable cette hospitalité, c'est vraiment un des messages du livre, c'est qu'en fait on gagnerait à s'accueillir un peu plus les uns les autres.

  • Speaker #0

    Là si on revient juste un tout petit peu en arrière, moi j'avais noté une anecdote avec un conducteur en Croatie, qui m'a beaucoup fait rire, avec Yao. Est-ce que tu peux nous en parler ? Parce que là, j'aimerais bien qu'on aborde un petit peu cette notion de montagne russe que tu as pu faire parfois dans ton voyage.

  • Speaker #1

    Ouais, de montagne russe émotionnelle. Alors bon, ce qu'il faut savoir, c'est qu'évidemment, quand tu montes dans plus de 300 voitures, statistiquement, tu as des chances de tomber sur des gens qui ne conduisent pas très bien. Là, c'était vraiment hyper, hyper dangereux. Enfin, je ne me suis jamais senti aussi peu en sécurité dans ma vie. où effectivement il y avait ce ce croate qui m'explique que qu'il a déjà été hospitalisé, etc. Et je lui demande comment ça se fait, etc. Et il me dit, c'est parce que j'ai eu des accidents de voiture.

  • Speaker #0

    Et donc, je me dis, oulala.

  • Speaker #1

    Et en fait, on était sur des petites routes qui longent la mer en Croatie. Donc, c'est vraiment des routes où il n'y a pas de trottoir. On ne peut pas s'arrêter, il n'y a rien. Et même, c'est hyper dangereux de s'arrêter là. Donc, j'étais vraiment complètement bloqué dans sa voiture. Et en fait, il commence à vraiment conduire, mais n'importe comment, c'est-à-dire faire du 80 km heure dans des petites routes de montagne sinueuses. Et même à doubler des voitures dans des versants de montagne où on ne voyait pas l'autre côté. Et donc j'étais vraiment en mode, mais en fait ce monsieur est en train de jouer au dé avec ma vie, en toute impunité. Et là je me suis vraiment dit, mais dans quoi je m'embarque ? J'ai été tellement stressé qu'au moment où il m'a déposé, ça a duré peut-être 45 minutes, une heure. Au moment où il m'a déposé, j'ai eu un mal de crâne et le tournis pendant quasiment deux heures derrière. Tellement ça m'avait foutu la trouille. Et donc, c'est vrai que ça fait partie du risque. Et peut-être que je ne tiendrai pas le même discours si jamais il m'était arrivé quelque chose dès la croix-ci. Mais voilà, après, quand même, sur 300 véhicules, c'est quasiment le seul avec qui ça s'est vraiment mal passé. Les autres, globalement, je n'ai plus leur faire confiance.

  • Speaker #0

    C'est peut-être pas mal aussi d'aborder cette notion de danger, justement, dans ton aventure. Enfin, pas du tout pour être dramatique ou quoi que ce soit, mais pour être quand même... proche de la réalité aussi, que les gens ne se disent pas, oui oui il est parti en stop pendant des semaines et des semaines, tout s'est bien passé, il faut être réaliste aussi, où tu expliques que oui le danger est partout, mais que c'est ce qui t'a poussé également à lâcher prise si on tombe dans l'autre extrême où en fait être constamment en recherche de sécurité, ça va nous chambouler également et on va se perdre.

  • Speaker #1

    Ouais tout à fait, alors effectivement je pense qu'il faut relativiser le danger dans le sens où là je raconte Merci. la seule fois où j'ai eu un peu peur en voiture sur 80 jours de voyage et en fait aussi ce que je dis dans le livre c'est qu'en fait le plus gros danger que j'ai reçu c'était pas à cause des autres c'était plutôt à cause de moi-même où en fait je suis parti tout seul faire une sorte d'expédition en montagne où je me suis un peu mis en danger et en fait ma réflexion à la fin du voyage c'est de me dire mais en fait la seule fois où je me suis vraiment senti en danger c'était à chaque fois plus de ma faute que de la faute des autres Et donc, voilà, moi, j'ai jamais ressenti d'hostilité de la part des gens pendant ce voyage. Donc, il y a évidemment un peu des comportements, faire un peu attention à certaines fois ou quitter si on se sent pas à l'aise. Mais globalement, j'ai jamais eu de moment où je me suis vraiment senti totalement en danger. Et en fait, même, j'avais développé une théorie là-dessus, c'est qu'en fait, plus t'as peur du danger, plus tu vas inconsciemment te mettre en danger. C'est-à-dire, si t'as très peur, que t'es très craintif, que tu fais... pas confiance à l'autre en fait, l'autre va le ressentir et c'est là où il va pouvoir un peu peut-être sentir qu'il peut pas te faire confiance ou sentir que t'es pas quelqu'un de très agréable enfin voilà, où en fait, si tu commences un peu à te donner un peu des mauvaises ondes autour de toi, en fait les gens vont le ressentir et c'est là où tu peux te mettre en danger et donc moi ma théorie c'était plus que, bah voilà, quand t'es souriant, enfin souriant ça veut pas dire naïf, mais juste quand t'es souriant que tu dis bonjour, que tu t'intéresses aux gens que t'es sincère, en fait, même quelqu'un de mal intentionné va se dire « Ah, mais en fait, cette personne, j'ai pas du tout envie de lui faire du mal, je la trouve hyper sympa, hyper solaire, donc je vais pas le faire, quoi. » Et c'est vrai que ça, c'est un peu une réflexion que je me suis faite après coup, de me dire par rapport à d'autres gens qui me racontaient qu'ils avaient tout le temps des galères, je me dis, en fait, peut-être qu'il y a aussi quelque chose de cet ordre-là, des ondes aussi qu'on projette sur le travail.

  • Speaker #0

    Merci de partager tout ça avec l'audience. Et ça me fait penser, tu avais aussi prévu quelque chose pour remercier les gens tout au long de ton voyage qui t'accueillaient ou qui te prenaient dans leur voiture.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que j'avais un peu cette culpabilité, je pense, de me dire, bon, je me fais accueillir, mais derrière, qu'est-ce que j'apporte moi vraiment ? Donc déjà la première chose avant de partir, j'avais été en dessous de la tour Eiffel, j'avais acheté plus de 200 petites tours Eiffel en porte-clés que j'avais pris dans mon sac. Et donc je les offrais à chaque conducteur ou chaque personne qui m'accueillait le soir. Et donc voilà, c'était très symbolique, c'était vraiment juste une manière de dire tout simplement merci d'avoir accueilli. Et aussi de leur donner un petit souvenir de moi même longtemps après pour qu'ils puissent se souvenir que je suis passé par là. C'était vraiment important pour moi de faire ça. Et puis en fait, ce que je me suis rendu compte au fil du voyage, c'est que cette culpabilité, en fait, petit à petit, elle s'en allait parce que j'ai pris conscience que les gens, en fait, étaient parfois aussi heureux, voire plus heureux de m'accueillir que moi j'étais d'être accueilli. Et ça, ça m'a quand même fait un choc de me rendre compte qu'en fait, pour plein de gens qui se sentent seuls, c'est trop bien de pouvoir rencontrer quelqu'un qui s'intéresse à eux, qui est curieux, qui leur raconte des aventures que j'ai pu vivre avant pendant le voyage. qui est tournée vers l'autre et tout ça. Et donc, je pense que juste être vraiment présent, c'est-à-dire quand on est avec l'autre, déjà, c'est un très beau cadeau qu'on leur fait. Et ça, c'était vraiment pour moi hyper important de chaque personne que j'encontrais de faire en sorte d'être dans les meilleures conditions possibles pour vraiment l'accueillir et accueillir ce qu'elle avait à me dire, à me partager. Donc ça, c'était vraiment important. Et ça m'a aussi fait réfléchir sur, est-ce que je l'aurais fait à leur place ? Peut-être pas. et du coup ça fait pas mal réfléchir là-dessus

  • Speaker #0

    Et donc là, on parle des échanges que tu as pu avoir avec toutes ces personnes-là. Comment ça se passait, si on peut expliquer à l'audience, pour la barrière de la langue, parfois, comment tu faisais pour communiquer avec eux ? Tu racontes plein de choses là-dessus sur ton livre.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Alors, ce qui est vrai, c'est que du coup, sur les 17 pays, il y en a peut-être deux où je parlais la langue. Mais sinon, globalement, c'était... Voilà, moi, je parle français, anglais, espagnol. Il n'y a aucune de ces trois langues qui m'a été utile sur ce voyage. vraiment en fait j'ai dû trouver des petits stratagèmes pour apprendre à communiquer avec les gens sans forcément connaître la langue parce qu'il y a 17 pays donc potentiellement plein de langues différentes. J'avais quand même appris quelques mots de turc et de russe parce que je savais que c'était les deux langues qui allaient être le plus parlées sur mon trajet donc ça j'avais juste quelques mots de base, bonjour, comment tu t'appelles, est-ce que tu es marié, quel âge tu as, où est-ce que tu habites. Donc déjà ça permettait de tenir cinq minutes de conversation. Et puis après, au bout d'un moment, on arrive dans autre chose et là, il faut réussir à communiquer juste avec des gestes ou avec des mots-clés. Et donc là, c'était vraiment très chouette. Au début, j'étais très gêné par ça, qu'il y ait des silences, qu'on ne se comprenne pas, qu'on balance des phrases et que je ne comprenne absolument rien. Et puis petit à petit, j'ai appris à me dire que j'accepte cet inconfort et je fais vraiment le maximum pour comprendre. Et si je ne comprends pas, j'essaye de trouver d'autres moyens de m'exprimer. Et donc ça, c'était assez chouette parce que je pense que petit à petit, j'ai développé une sorte de capacité à parler avec des gestes, avec le regard, avec des sourires. Et ça, j'ai trouvé ça tellement puissant. Et en fait, je ne savais pas que j'avais ça en moi. Et donc, ça a été une des décroissances de VH, de savoir qu'en fait, on peut communiquer sans parler. Voilà, évidemment, on est limité, mais il y a quand même pas mal de choses qui passent par autre chose que la langue. Et j'ai essayé au maximum d'éviter d'avoir Google Traduction avec moi parce que je savais qu'à partir du moment où tu mets un... Un téléphone entre deux personnes, ça crée un mur où on va peut-être moins facilement se parler, moins facilement se confier. Et donc je sortais vraiment en dernier recours si j'avais vraiment quelque chose de très important à dire. Mais voilà, ce n'était pas du tout la démarche. Et je le faisais vraiment quand ça devenait trop trop frustrant et que je sentais qu'on avait vraiment besoin de parler. Mais c'était vraiment en dernier recours.

  • Speaker #0

    Et j'aime bien que tu aies parlé de confort parce que je pense que c'est un petit peu plus loin dans le livre que tu le mentionnes. Cette idée de trouver le confort dans l'inconfort.

  • Speaker #1

    Mais ouais, moi, en fait, je me dis, enfin, ma vision du monde et de moi-même, c'est un peu de me dire, plus j'arrive à élargir ma zone de confort, plus, en fait, j'ai d'opportunités et de possibilités. Et donc, en fait, ouais, c'est vraiment quelque chose que j'ai découvert dans ce voyage, c'est qu'au début, en fait, ça me faisait vachement peur de faire du stop, c'est-à-dire les premières minutes, j'étais hyper stressé. et en fait à la fin c'est devenu normal pareil pour dormir chez l'habitant, la première fois j'étais un peu mal à l'aise je savais pas trop comment me comporter etc et en fait à la fin j'étais devenu à l'aise avec ça Mon objectif pendant ce voyage et de manière plus générale, c'est de prendre du plaisir à chercher l'inconfort. Je pense que c'est une des clés, peut-être pas du bonheur, mais une des clés pour vivre une vie plutôt joyeuse, plutôt heureuse.

  • Speaker #0

    En parlant d'inconfort, ça me fait penser à une scène qui m'a tellement fait rire en Grèce. Si c'est OK pour toi qu'on la partage.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas la scène dont je suis le plus fier, mais effectivement, c'est rigolo. Donc j'imagine que tu fais référence à la fois où je me suis fait accueillir, tu es à Tessalonique, donc je me suis fait accueillir par un jeune d'une trentaine d'années. et en fait il m'a accueilli chez lui il a invité un de ses potes Et on mette un film le soir. Et pendant le film, ils commencent à se déshabiller, les deux. Je me dis, tiens, c'est un peu chelou et tout. Je ne comprends pas trop. donc je détourne un peu le regard

  • Speaker #0

    puis à un moment ils sont complètement nus et je me dis trop bizarre ce qu'il se passe et puis là je vois que nos regards se croisent et il me dit ah oui on t'a pas dit mais on est nudiste donc si tu veux te mettre à poil tu peux le faire aussi et donc là c'est vrai que j'étais un peu en mode mais what, c'est marrant de pas là et apparemment c'était spécifié sur j'étais passé par Couchsurfing, apparemment c'était spécifié sur l'annonce Couchsurfing mais évidemment il y avait peut-être 3 pages, j'avais pas tout lu et donc c'est un peu une anecdote rigolote de En fait, en voyage, tout peut arriver et il ne faut pas réagir au quart de tour. Si un truc comme ça arrive, c'est peut-être juste qu'il y a un petit malentendu. Mais oui, c'est vraiment une anecdote illustre, ce lâcher prise dont il faut parfois faire preuve.

  • Speaker #1

    Et ça fait en plus un petit peu écho à Nuit et culottée, où ils font beaucoup d'autostops, ils vont dormir chez l'habitant. Et j'espère qu'un jour, je pourrai les recevoir au micro aussi.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Et eux, du coup, ils démarrent nus leur aventure. Et du coup, effectivement, la vraie personne qui les prend en stop voit des gens nus au bord de la route. Donc, ça demande aussi à cette personne-là d'avoir un peu de lâcher prise et d'ouverture d'esprit pour accepter de les prendre en stop.

  • Speaker #1

    Complètement. Et peut-être qu'aussi, je passe du coq à l'âne, mais pour clôturer, on va dire, sur l'Europe, tu as aussi pris conscience de la chance qu'on avait, en fait, avec notre passeport français. de pouvoir bouger librement dans plein de parties du monde. Et tu as fait un lien du coup aussi avec des dons que tu as pu faire à ton retour. Est-ce que tu veux bien nous en expliquer ? Est-ce que tu veux bien expliquer à l'audience ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Pour revenir sur la chance qu'on a de pouvoir bouger, j'avais choisi un peu mon état en fonction des pays où je n'allais pas avoir besoin de visa. Et donc en fait, sur 17 pays, il n'y a qu'un seul pays où j'avais besoin d'un visa et au final, je ne l'ai même pas utilisé. Et donc, je trouve que ça a vraiment une chance quand je voyais dans l'autre sens tous ces gens qui me disaient « moi, je rêve de trouver un travail en Europe, est-ce que tu peux m'aider ? » Et donc, c'est vrai que c'était toujours un peu dur de leur dire « non, je ne pense pas pouvoir t'aider, désolé » . Et en fait, eux, pour avoir un visa, ils avaient besoin d'avoir une offre de travail. C'était assez délicat parfois ces situations-là. Donc moi, j'étais vraiment dans l'autre sens. Et donc, ça venait aussi peut-être... de cette culpabilité de me faire accueillir sans contrepartie. Et en fait, je me suis dit, ces gens qui m'accueillent, c'est de l'argent que j'aurais pu mettre dans un hôtel, par exemple, si j'avais voyagé tout seul, sans faire un pas chez l'habitant. Et donc, je considère que c'est à peu près 15 euros par nuit. J'avais fait un peu une moyenne sur tout mon voyage. Et donc, c'est 15 euros que je vais mettre de côté et que je vais pouvoir reverser à une association pour réfugiés qui s'appelle Jesuit Refugee Service, qui est une association qui œuvre aux côtés des réfugiés en France, donc des réfugiés de guerre principalement Et donc, j'ai vraiment cette volonté de me dire que j'ai cette chance-là de pouvoir voyager. Il faut que ça puisse servir à quelque chose. Et tous ces gens qui m'accueillent, que ce ne soit pas juste pour mon propre bénéfice, mais que ça puisse aussi servir par ailleurs. Et donc, c'est ce que j'ai fait à mon retour. Et donc, c'est quand même une petite somme parce que du coup, 15 euros par nuit sur 80 nuits, on est à plus de 1000 euros. Donc, quand j'étais étudiant, ça me représentait beaucoup en tout cas, mais c'était aussi très important pour moi de le faire. On n'avait pas trop parlé pendant le voyage. C'est plus quelque chose que je faisais à côté parce que pour moi, ce n'était pas ça l'essence du voyage. C'était plus pour rester dans le même esprit.

  • Speaker #1

    Et ça, ça me fait penser, j'avais prévu de te demander, au cours de ton aventure, tu ne l'as pas partagé sur les réseaux parce que tu avais vraiment envie de vivre cette aventure pour toi, ton voyage intérieur, comme on le disait au début. Donc, est-ce que tu veux bien nous parler un petit peu de cette solitude ? Parce que c'est beaucoup revenu forcément au cours de ton aventure, ce voyage intérieur où tu expliques même à un moment, j'ai bien aimé, tu dis que cette solitude, il faut l'accueillir un petit peu comme une vieille amie. De lui dire, ok, t'es là, je te prends par la main, tu viens.

  • Speaker #0

    J'aimerais que tu ne sois pas là, mais je te prends maintenant que t'es là.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    ouais carrément alors j'avais beau rentrer dans une dizaine de voitures par jour c'est pas pour autant que je ne ressentais pas de solitude parce qu'en fait Quand on a cette frustration de ne pas réussir à rentrer en lien, ça ne m'empêchait pas de me sentir très seul. Et puis il y a des soirs où je ne me faisais pas accueillir, donc j'étais tout seul dans ma tombe le soir. Cette solitude a vraiment été plus ou moins présente tout au long du voyage. Il y a eu des moments très difficiles. Et en fait, j'ai vraiment appris à la dompter. C'est-à-dire, avant de partir, ça me faisait très peur de passer du temps à un week-end tout seul. Par exemple, chez moi, c'était un peu l'angoisse. Je suis plus à un stade où justement j'en rêve. Je suis en mode, ah yes, je suis tout seul ce week-end, ça va être génial, je vais pouvoir me reconnecter un peu à moi-même et à mon intériorité et vivre des choses trop chouettes. Et donc voilà, c'est vraiment quelque chose que je ressors après ce voyage, c'est vraiment cette peur de la solitude qui a complètement disparu. où j'ai appris à l'accepter et à ne pas la subir. Et ça, c'est vrai que je ne m'y attendais pas forcément, parce que j'ai ce besoin de solitude en moi, que je m'en suis rendu compte vraiment assez tard. Et maintenant, je vais créer des occasions pour retrouver cette solitude-là. Donc oui, c'est vraiment hyper important pour moi.

  • Speaker #1

    Et là ensuite, c'est vrai qu'en fait, on ne rentre pas sur les détails des pays, mais quand même un changement d'ambiance qui va un petit peu avec cet état d'esprit-là, c'est quand tu passes sur l'Asie mineure. Donc, tu as la Turquie où là, je ne vais pas te demander de re-raconter, tu l'as déjà partagé dans plein d'épisodes de podcast, mais ça a été assez challenging pour toi en Turquie pour des histoires de visas. Ça a encore été une opportunité de lâcher prise parce que tout ne s'est pas déroulé comme tu le souhaitais. Mais en fait, ces paysages qui t'ont accueilli dans cette partie de l'Asie, c'était vraiment un réconfort pour toi de voir ces montagnes, ces vastes espaces, vraiment ce changement d'ambiance. Est-ce que tu peux essayer de nous le décrire un petit peu ?

  • Speaker #0

    Oui, alors effectivement, j'ai vraiment senti un changement d'échelle entre l'Europe et, une fois en Turquie, en Asie mineure, où en fait, en Europe, j'avais l'impression que les villes étaient très rapprochées. C'est-à-dire que très vite, on arrivait dans de nouvelles villes, les villages étaient vraiment très proches. Et là, j'arrive en Turquie et je pouvais être avec un camionneur pendant une heure et ne voir quasiment aucune maison, aucun village. Donc là, ça m'a vraiment fait un choc de me dire « Waouh, mais en fait, ça y est, on est en Asie, on n'est plus dans la vieille Europe. » Et il y avait un côté assez angoissant aussi à ça, de se dire… En fait, là, si on me dépose ici, il n'y a rien. Il n'y a pas de quoi s'approvisionner, il n'y a pas de quoi dormir. Donc ça, ça m'a... J'ai eu un petit moment un peu de peur à ce moment-là du voyage où je me suis dit, OK, là, on commence vraiment les choses sérieuses. Et surtout aussi la première fois où la barre de la langue, pour le coup, était encore plus frappante. Parce qu'autant en Europe, je pouvais baragouiner avec quelques mots-clés en anglais. Là, vraiment, ça parlait zéro anglais, donc il y avait vraiment ce sentiment de vertige un peu que j'ai ressenti à ce moment-là du voyage. Mais effectivement, j'ai trouvé du réconfort dans la beauté de la nature, surtout quand je suis passé côté en Géorgie après, où là, j'ai été vraiment complètement émerveillé par la beauté de la nature. La Géorgie, c'est un pays qui est tout petit, qui fait la taille de la Belgique quasiment, un peu plus grand, mais où il y a vraiment tout. Il y a le Caucase au nord, il y a des montagnes, il y a des régions avec des lacs, il y a une région avec un désert. Il y a évidemment la mer Noire. Il y a aussi des grandes vallées avec des régions viticoles qui font du super vin. Et donc là, je me suis dit, mais en fait, ça me suffit. Là, j'ai tout. Pourquoi je vais jusqu'au steppe ? Je suis trop heureux ici. Et donc, ce pays où je n'attendais rien, c'était juste sur le chemin. Ça m'a vraiment donné du réconfort après la traversée de la Turquie qui a été particulièrement compliquée. qui était déjà compliquée de base et qui s'est, comme tu l'as dit, recompliquée à nouveau une fois que j'ai eu ce problème de passeport à la sortie du pays où j'ai bien cru que le voyage allait s'arrêter. Donc là, j'ai eu 48 heures de très très compliqué où j'ai dû un peu faire le deuil du voyage. Et tout ce qui est arrivé après, en fait, pour moi, c'était que du bonus. C'est-à-dire, en fait, le voyage, il aurait pu s'arrêter. Donc maintenant, ça y est, je peux projeter à fond.

  • Speaker #1

    Et en plus, en Géorgie, juste après, tu as été accueillie par une dame qui m'a beaucoup marquée. Est-ce que tu veux bien nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai été accueillie par cette dame. Elle habite à Tbilissi, qui est la capitale de la Géorgie. Et en fait, elle m'accueille un peu dans la banlieue, c'est-à-dire une banlieue très pauvre, soviétique. Il faut savoir que Tbilissi, ça fait partie de l'ex-URSS. Et donc, elle m'accueille tout en haut d'une espèce de grande tour, une sorte d'HLM. Je rentre, elle m'accueille, elle me prépare un petit thé, elle me dit « je te prépare un dîner » , elle me dit « est-ce que tu as des affaires à laver ? Je peux te les laver dans une machine, est-ce que tu veux te doucher ? » Elle est tout de suite hyper attentionnée, mais vraiment hyper attentionnée. Je me dis « mais elle s'appelait Brite, c'est étonnant, pourquoi est-ce que tu es aussi attentionnée envers moi ? Je te demande juste un sol pour une nuit et je repars demain, je ne te demande rien de plus. » Il faut que je retrouve la phrase exacte, mais elle me dit « écoute Vianney, si t'étais mon fils, j'aimerais que tu sois accueilli partout dans le monde comme moi je t'accueille en ce moment. Et donc là, je me suis dit, waouh, la vision qu'elle a de l'accueil, je trouve ça tellement beau. et ça m'a complètement mis une claque en fait et après ça a ouvert la discussion sur plein d'autres choses, on a pu discuter de elle sa vie qui a été très compliquée elle s'est mariée avec un mari qui était violent qu'elle a quitté, elle a jamais pu avoir d'enfant ça a été une grande souffrance pour elle et donc voilà on s'est vraiment livré là dessus et puis on a pu se raconter nos vies et j'ai trouvé ça hyper beau avec cette inconnue qui est si différente de moi que ce soit en termes de génération en termes de pays, en termes d'histoire de vie qu'on puisse quand même réussir à écrire ce lien-là, je trouvais ça hyper fort, et qu'elle me fasse autant confiance alors que deux heures avant, on ne se connaissait pas, je trouvais ça assez dingo. Donc voilà, ça c'est juste un exemple, mais en fait, il y en a plein dans le livre, il n'y a quasiment que ça, des gens qui s'ouvrent comme ça, et je trouve ça absolument magnifique. Je ne sais pas quoi dire de plus, juste hyper touché par tous ces gens-là. Et c'est aussi pour ça que je vous ai créé un livre. C'était une sorte, pour moi, de lettre de remerciement à tous ces gens-là qui m'ont tant donné, qui m'ont tant apporté et qui ont aussi tant de messages à apporter. Moi, je suis un peu une sorte d'ambassadeur pour tout ce qu'ils ont pu me transmettre aussi.

  • Speaker #1

    Et ça a restauré aussi, tu disais, ta foi en l'humanité.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'avant de partir, c'était quelque chose qu'on me disait tout le temps. Tu vas te faire découper la machette, ça va être... Ça va être hyper compliqué. Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et en fait, c'était rigolo parce que pour l'anecdote, du coup, à chaque fois que je suis dans un pays, on me disait du mal du pays suivant où j'allais aller. Donc par exemple, quand j'étais en Italie et que j'allais en Europe de l'Est, on me disait, ah non, mais va surtout pas là-bas. Les gens sont hyper froids, sont hyper méfiants. Tu vas jamais réussir à être accueilli. Il faut surtout pas que tu ailles. Bon, j'y vais, ça se passe super bien. je me fais accueillir sans problème et donc je dis aux gens de l'Europe de l'Est maintenant je vais aller en Turquie Et donc là, ils me disent, mais non, mais tu ne vas pas aller en Turquie quand même, c'est tous des voleurs là-bas, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et donc je vais en Turquie, pareil, ça se passe hyper bien, et comme on l'a dit tout à l'heure, je me fais accueillir presque de manière hyper belle. Et donc une fois en Turquie, je leur dis, bon ben maintenant je vais en Asie centrale, tous les pays en ce temps. Et là ils me disent, mais non mais viens, t'es fou, pourquoi tu vas là-bas, c'est plein de terroristes, t'as rien à faire là-bas. et donc c'est rigolo comment évidemment j'arrive en Asie centrale et là je me fais accueillir comme aussi bien qu'en Turquie voire mieux Je me dis que c'est quand même bizarre qu'on ait ces a priori, alors que c'est souvent des gens qui n'avaient jamais été dans ces pays-là, qu'on ait ces a priori avant même d'y aller. Ça m'a obligé aussi à faire un point avec moi-même, de me dire que parfois j'ai ces a priori sur certains pays, sur certaines personnes. De ne pas s'arrêter à l'image qu'on peut avoir d'un peuple, et c'est aussi valable pour une personne, qu'on peut avoir une première impression assez négative, et ne pas s'arrêter là. et quand même s'intéresser.

  • Speaker #1

    Et là, tu disais l'Asie centrale, on change encore une fois complètement d'ambiance puisque tu vas visiter le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, et tu appelles ce chapitre le silence du désert et la monotonie de la steppe. Et j'aime beaucoup parce qu'en fait, là, tu sens que ta liberté, elle est poussée à l'extrême. Donc là, voilà, t'es face à ce silence du désert et je sais plus si c'est à ce moment-là où tu expliques que... Tu te rends compte en fait que nous, on est juste une goutte d'eau dans un océan quand tu te retrouves face à ces paysages tellement grandioses et immenses.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Alors, ce moment-là, c'est un peu le moment très fort du voyage parce qu'en fait, pour la première fois du voyage, j'ai la sensation d'arriver à mon but en quelque sorte, qui était vraiment les steps. Donc, le livre s'appelle Step by Step. Donc, il y a vraiment cette idée de cheminer vers les steps. Et en fait, j'ai une sorte de... de joie intérieure, de me dire mais en fait, je suis en train d'accomplir mon rêve, là, c'est incroyable. Même si tout autour de moi, c'était assez morose parce que en fait, la Steppe, c'est quoi ? C'est un désert avec des petites touffes d'herbe sur des milliers de kilomètres. Et donc, parfois, c'était impressionnant parce que du coup, là, je voyageais quasiment exclusivement avec des camionneurs parce qu'il n'y a rien, donc il n'y a pas de voiture qui passe. Et donc, parfois, je m'endormais 3-4 heures, je me réveillais, le paysage avait pas changé d'un iota Et là, je regardais sur la carte, je voyais qu'on avait quand même fait 400 kilomètres. Et je me disais, mais c'est quand même incroyable, cette immensité. Et là, j'ai vraiment ressenti un vertige de me dire, j'avais déjà ressenti un peu ça en Turquie, mais là, encore un niveau au-dessus où je savais que si le camion me disait, écoute, tu descends là, potentiellement, je pourrais mourir. Parce qu'il y avait un camion qui passait tous les deux, trois jours. Enfin voilà, c'est vraiment pas du tout une route empruntée, c'était une route en terre, etc. et donc c'était vraiment un moment de on va dire, de méditation et de contemplation du paysage que j'ai trouvé incroyable.

  • Speaker #1

    Et tu es arrivé à trouver quand même cette méditation sachant qu'il y avait ce risque, enfin là c'est moi qui projette mes propres peurs, mais... d'arriver à savourer ces paysages tout en sachant, comme tu viens de dire, que si le mec pourrit que ce soit irak raison, il te dit « Bon, tu vas descendre ici » .

  • Speaker #0

    Écoute, étonnamment, oui. Étonnamment, oui, parce que je ne sais pas, mais après aussi, ça a été consolidé par toutes les expériences que j'avais vécues avant dans le voyage. Mais j'avais une sorte de confiance qu'en fait, j'allais arriver au bout. Et du coup, c'est ça qui me permettait de surmonter un peu la peur que je pouvais avoir. Et aussi, cette idée de me dire « S'il m'arrive un truc, Merci. je sens que j'ai une bonne étoile et que je vais être secouru par quelqu'un et donc ça, ça me permettait de relativiser un peu le danger à ce moment-là. Mais c'est vrai que il y avait aussi ce côté un peu lunaire de me dire mais voilà, je suis vraiment... Enfin, qu'est-ce que je fais là ? Je suis à un endroit où je ne devrais pas être et il y avait quelque chose de très excitant à ça, je trouvais. Donc moi, ça me plaisait bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Parce que tu dis aussi que l'autostop... ça va un petit peu dans cette idée de ce que tu viens de dire c'est l'acceptation de l'incertitude permanente et l'abandon de la planification donc en fait j'imagine que tu lâchais prise sur ça aussi de dire bah je sais pas ce qui va se passer dans quelques heures et c'est ok ouais c'est ça en fait le fait de lâcher prise sur des choses matérielles donc où est-ce que je vais dormir ce soir comment je vais aller à tel endroit etc je

  • Speaker #0

    pense que ça permettait aussi de lâcher prise sur des choses pas matérielles comme tes peurs, tes angoisses tes résistances intérieures, etc. Et donc là, j'étais à tes doutes, comme si tout ça passait après la joie et la confiance que j'avais dans ce voyage.

  • Speaker #1

    Et la confiance que tu as pu avoir pour ces peuples en Asie centrale, c'est aussi de voir à quel point ils étaient d'une solidarité impressionnante, aussi un accueil qui t'a bluffé. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de comment ça s'est passé justement dans cette partie du voyage ?

  • Speaker #0

    Oui, donc l'Asie centrale, c'était très différent de la Turquie, j'ai trouvé aussi. Je ne vais pas mettre tous les pays dans le même panier parce qu'ils sont tous très différents. Mais du coup, ça commence avec le Kazakhstan, où là, j'ai vraiment traversé un espèce de grand désert qui a continué jusqu'en Ouzbékistan et où ça m'a pris plusieurs jours. Je suis arrivé sur les oasis, des oasis au milieu du désert en Ouzbékistan. Et donc là, il y avait un peu un truc incroyable de se dire, ça y est, j'arrive dans l'oasis. Donc c'était assez incroyable. Et donc notamment une oasis qui s'appelle Riva, qui est magnifique, qui est une ancienne ville de la route de la soie, qui est absolument superbe, avec une architecture islamique et tout ça. Et donc j'avais un peu l'impression d'être dans Aladin. C'est vraiment, tu as cette espèce de grande ville qui sort du désert avec des arbres partout et c'était assez incroyable. Et puis après, j'ai poursuivi jusqu'à Samarkand, qui est aussi une autre très belle ville de la route de la soie. Et ensuite, j'ai poursuivi du coup au Tadjikistan. où là, en fait, rien à voir. On était plutôt dans le désert. On est dans des très hautes montagnes, dans la région du Pamir. Donc, c'est une chaîne de montagnes qui est vraiment, voilà, si on poursuit l'Himalaya vers l'ouest, en fait, on arrive sur le Pamir. Et donc là, ça a été, voilà, culture très différente. Mais où, voilà, c'est un jour du monde où je me suis senti aussi très accueilli et très porté. Et à ce moment-là, ça m'a fait du bien d'avoir des montagnes, de voir un peu de relief après avoir vu l'horizon pendant plusieurs jours. et ensuite à la fin du coup le Kyrgyzstan où là, c'est aussi très montagneux, et où j'ai terminé avec une balade à cheval, qui était aussi un peu un de mes rêves de ce voyage, c'était de pouvoir faire du cheval au Kyrgyzstan. Et donc, au départ, je n'étais pas censé pouvoir, parce qu'on était au mois de décembre, donc en plein hiver, donc le pays entier était recouvert de neige. Et en fait, j'ai réussi à convaincre un guide de partir avec moi, et donc il a fait super beau, on a eu de la chance, les conditions étaient idéales. Et donc ça, ça a été aussi un moment incroyable que j'ai partagé avec lui. Donc ça, c'était absolument magnifique. Donc j'ai eu des expériences très différentes dans cette région du monde qui est finalement immense. Moi, ça m'a fait beaucoup de bien ces grands espaces. Je pense que c'est aussi ça que je venais chercher. Donc il y avait évidemment la rencontre, et puis il y avait ces grands espaces. Et me dire ce sentiment de liberté que procurent ces grands espaces, j'ai trouvé ça assez fou.

  • Speaker #1

    Peut-être revenir, si c'est OK pour toi, pour terminer, sur déjà le Tadjikistan. Ou en fait, tu expliquais, comme tu viens de nous le dire, que l'hospitalité, c'est le sport national là-bas.

  • Speaker #0

    Au Tadjikistan, c'est même plus qu'un sport national. C'est-à-dire qu'en fait, comme dans tous les autres pays musulmans, il y a ce devoir d'accueil à l'étranger. Mais il y a un truc en plus au Tadjikistan, c'est que les conditions de vie sont tellement rudes. C'est-à-dire qu'il fait tellement froid l'hiver et tellement chaud l'été. L'hiver, il fait entre moins 5 et moins 25 la journée et entre moins 15 et moins 30 à lui. Donc on est vraiment sur des températures qui sont très continentales, très très froides. L'été, il fait monstrueusement chaud, il fait 40 degrés tous les jours. Et donc en fait, quand j'étais au Tadjikistan, j'ai pris une route qui s'appelle la Pamir Highway, qui est une route le long des montagnes qui longe l'Afghanistan d'ailleurs, et qui est une route assez dangereuse, qui n'est pas du tout balisée. C'est vraiment creusé dans la montagne, mais il n'y a pas du tout de route. C'est plus un chemin de terre où il y a des camions qui passent et quelques 4x4, mais c'est tout. Et en fait, en me baladant dans ces coins-là, qui sont très très reculés, je réalisais que les gens m'accueillaient, mais en fait, ce n'était même pas un sujet. C'est-à-dire, ils me voyaient et me disaient directement, viens chez moi. Et je n'avais même pas besoin de demander, c'est-à-dire que c'était hyper naturel. Et en fait, je pense que c'est aussi lié à ces conditions. c'est-à-dire ils savaient très bien que si je restais dehors cette nuit-là, potentiellement j'allais mourir et donc il y avait vraiment cette... C'était plus un instinct de survie que juste de la pure générosité, même si je pense qu'ils étaient hyper généreux. Et donc, c'était vraiment encore autre chose que j'ai découvert. Mais le Tadjikistan, c'est assez incroyable, surtout dans ce coin-là, dans le Pamir, où c'est vraiment des coins où c'est très reculé, ils ont accès à très peu de choses, pas d'électricité, pas de courante. Donc, c'est vraiment des conditions qui sont très simples. J'ai trouvé ça trop chouette de pouvoir découvrir aussi cette réalité-là du monde.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que là, je me dis, il y a encore tellement de rencontres que j'avais envie d'aborder, mais on ne va pas pouvoir tous les aborder, comme je le disais. Mais c'est pour ça que je mettrais vraiment le lien pour ton livre, qui en plus est sorti en poche depuis peu de temps.

  • Speaker #0

    Il est sorti en livre de poche au mois de mai, là. Donc, il est même passé à 8 euros. Donc, voilà, il est vraiment accessible maintenant.

  • Speaker #1

    Comme ça, les gens pourront découvrir ta rencontre marquante avec Oza dans l'Ouzbékistan. Là, ça t'a bouleversé comme toutes les rencontres originales que tu as pu faire. Ils pourront découvrir aussi comment, à un moment, je crois que c'était au Kirghizistan, tu te retrouves chez un trappeur de loups. Là aussi, quand tu racontes, c'est juste incroyable. Là, on est déjà à la fin de l'épisode. Est-ce que c'est OK pour toi de nous partager quelques mots sur ton retour ? parce que tu as terminé au Kyrgyzstan. Ensuite, nous raconter rapidement comment tu as fait pour rentrer et voir un petit peu ce que tu as ramené avec toi ou j'imagine quand tu as posé la question 20 000 fois.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Du coup, je suis parti début septembre et le voyage s'est terminé vers mi-décembre au Kyrgyzstan. C'était un long voyage, 20 000 kilomètres de stop à travers 17 pays sur 80 jours. Donc tout ça sans hôtel, sans auberge. Sur les 80 jours, j'ai été accueilli 50 fois et 30 fois j'ai dormi sous tente. Et donc je ressors du voyage complètement épuisé. En fait, j'avais prévu de faire le retour en train, mais à cause de la mésaventure que j'ai eue en Turquie, j'ai été banni de Turquie. Donc je ne pouvais plus passer par la Turquie. Or, c'était le seul itinéraire possible en train. Et donc j'ai dû rentrer en avion un peu à contre-cars. Mais en même temps, j'étais tellement épuisé du voyage que je pense que ça m'a fait du bien aussi de... de pouvoir rentrer rapidement. Et au retour, j'avais absolument rien prévu. C'est-à-dire que je n'avais pas de job qui m'attendait. Je voulais que le voyage soit quelque chose qui puisse me chambouler vraiment. Et du coup, je ne voulais pas avoir de plan pour après. Et d'ailleurs, c'était une super chose parce que je suis rentré et petit à petit, au bout d'une ou deux semaines, a émergé un peu cette idée de livre parce que j'avais pris plein de notes. et justement par rapport à la solitude c'était une bonne manière aussi pour moi d'extérioriser un peu toutes les émotions que je pouvais ressentir donc j'avais beaucoup écrit et donc pour moi ça a été un peu une manière de prolonger le voyage et de rentrer en douceur parce que je me... je savais que sinon le choc allait être trop violent entre ce qu'elle avait vécu pendant plusieurs mois et le retour et donc pour moi l'écriture m'a vraiment permis de revivre chaque rencontre chaque moment fort et je suis vraiment hyper reconnaissant d'avoir pris ce temps-là. Au départ, je me dis que ça va me prendre 2-3 mois. En fait, ça m'a pris 6 mois à plein temps. Et puis après, j'ai eu la chance d'être publié rapidement. Il y a vraiment eu beaucoup de choses qui ont fait que, on va dire une deuxième fois, j'ai réécouté ce mur à l'intérieur qui me disait « fais-toi confiance, tu t'es fait confiance sur le voyage, tu peux te faire confiance sur l'écriture aussi » . Et donc, il y a eu un peu cet acte de foi, encore une fois, à faire, qui a payé aussi. Et donc, c'est un peu ça aussi un enseignement du voyage, c'est de se dire, quand je me fais confiance à ce que je ressens au fond de moi, globalement, ça se passe bien, ça se passe même très bien. Et je peux en tirer des choses hyper positives pour ma vie. Et donc, c'est vraiment ça que j'en tire. Je dirais que c'est ça la première chose que j'en tire. Et après, évidemment, toutes les rencontres, toutes les claques d'humanité que j'ai prises en pleine figure pendant 80 jours, ça, c'est clair que ça m'a marqué. Peut-être aussi cette confiance en l'humanité. Et au-delà de cette confiance en l'humanité, moi je ressors avec l'intime conviction qu'on n'a pas le choix que d'avoir confiance en l'humanité. C'est-à-dire que si on perd foi en l'humanité, pour le coup on est sûr que ça va mal se passer, et du coup on va vraiment essayer de cultiver cette foi en l'humanité. C'est vraiment quelque chose que j'essaie de continuer à faire même après le voyage, même si ce n'est pas toujours évident. Mais voilà, donc je retire avec plein de choses. Et aussi, professionnellement, du coup, le fait de prendre conscience qu'en fait, ce qui m'animait, c'était le voyage, c'était l'aventure et que je voulais travailler là-dedans. Donc voilà, ça a aussi été déterminant pour ma vie pro.

  • Speaker #1

    Et là, maintenant, ça fait plusieurs années que cette aventure s'est terminée. Est-ce que... Quand tu en parles, je vois encore les étincelles dans tes yeux. On a l'impression que c'était il y a quelques mois à peine. Est-ce que tu arrives à garder ça dans ton quotidien, garder ces enseignements dans ta vie de tous les jours ?

  • Speaker #0

    Je te mentirais si je te dirais que j'y arrive à 100% et que c'est facile. Aujourd'hui, j'habite à Paris. C'est un contexte où ce n'est pas forcément évident de... de rester tourné vers les autres, de rester curieux, de créer du contact. Donc j'avoue que mon retour, j'ai eu une petite désillusion quand même, de prendre conscience qu'en fait, si avant j'étais aussi centré sur moi-même, ce n'était pas uniquement parce que j'étais quelqu'un de pas bien, c'est parce que s'il y avait un contexte qui faisait que ce n'était pas toujours évident. Donc oui, je dirais que c'est vraiment un chemin et qu'on n'arrive jamais au bout, et qu'il faut continuer à persévérer. Et après, pour ce qui est sur la partie voyage, j'essaye de continuer à vivre des choses chouettes sans forcément partir aussi loin. Parce que ce que j'ai pris conscience aussi, c'est que récemment, c'est qu'on peut vivre des choses très chouettes sans partir aussi loin. Mais voilà, de continuer à garder cet état d'esprit d'aventure dans la vie de tous les jours, c'est vraiment quelque chose que j'essaie de cultiver aussi.

  • Speaker #1

    Et justement, tu dis dans ton livre sur la fin que le voyage, c'est un état d'esprit plutôt qu'une histoire de kilomètres. Et c'est ce que j'espère transmettre un petit peu aussi avec le podcast, qu'on n'a pas besoin de... partir toujours à l'autre bout du monde pour s'évader même juste en t'écoutant. Tu vois, moi, je suis encore là-haut, qui existe à t'écouter. Et là, je vais un petit peu te laisser libre antenne, comme on dirait, pour conclure cet épisode sur ce que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices s'ils devaient retenir, libre à toi, quelques points que tu aimerais leur transmettre.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, ce que j'ai envie de dire, c'est lié à tout ce que je viens de raconter, mais voilà, ne désespérons pas. Gardons espoir. Gardons espoir que collectivement, on va trouver des solutions à tous les défis qui nous attendent, que ce soit des défis politiques, économiques, sociaux. Il y a plein de choses qui peuvent nous amener à perdre foi en l'humanité. Essayons de continuer chacun à faire de notre mieux et que le reste suivra. C'est vraiment ça que j'ai envie de transmettre, cette foi en l'humanité qu'il ne faut surtout pas perdre.

  • Speaker #1

    Parfait. Merci beaucoup, Vianney. Comme je le disais, je vais mettre ton livre dans le descriptif de l'épisode parce que vraiment, c'est un livre qui est très singulier parce qu'en fait, oui, tu parles de ton aventure, tu parles quand même des pays que tu as traversés, ainsi de suite, mais c'est tellement une ode à... à garder cette foi en l'humanité avec toutes ces rencontres que tu as pu faire. Là, on n'en a cité que quelques-unes, mais il y en a des dizaines et des dizaines. Bonne continuation pour la suite et au plaisir de te recevoir peut-être pour de nouvelles aventures à voir. Encore merci pour tout ce que tu as pu transmettre à l'audience.

  • Speaker #0

    Merci à toi Camille d'avoir pris le temps de m'écouter et j'espère que le podcast va vous plaire. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

Chapters

  • Pourquoi Vianney a choisi de voyager en stop jusqu'en Asie Centrale ?

    00:00

  • Aller l'autre : un acte courageux ?

    06:33

  • Les débuts du stop en Europe : challenges et ajustements

    08:31

  • Les rencontres au coeur de ce voyage

    12:17

  • Montagnes russes émotionnelles avec un certain chauffeur

    20:05

  • Comment apprivoiser le "danger" ?

    22:00

  • Remercier les gens sur son chemin

    24:30

  • Échanger avec la barrière de la langue

    26:15

  • Trouver le confort dans l'inconfort

    28:30

  • La chance de pouvoir bouger librement

    31:17

  • Accepter la solitude dans cette aventure

    33:31

  • Transition vers l'Asie mineure

    36:05

  • Restaurer sa foi en l'humanité avec ces rencontres

    41:05

  • Asie Centrale : l'arrivée dans les steppes

    43:07

  • Lâcher-prise total

    46:03

  • Comment s'est passé son retour ? Enseignements tirés de son aventure

    51:44

Description

80 jours de voyage, plus de 15 000 km parcourus en stop, à travers 17 pays, avec plus de 300 trajets et une cinquantaine de nuits passées chez l’habitant, jusqu’aux portes de la Chine en Asie centrale. 


Un jour, Vianney a senti cet appel : une intuition profonde, presque inexplicable, de s’écouter et de partir. Un voyage pas comme les autres, qui n’est pas une course aux paysages ni une liste de destinations à cocher. Vianney a choisi de partir pour aller à la rencontre de l’autre. 


Ce voyage n’est donc pas un itinéraire, mais plutôt une suite de rencontres et de prises de conscience. En allant le plus lentement possible, Vianney laisse la place à l’imprévu, à la confiance, à des échanges parfois brefs mais d’une intensité rare. Ces rencontres deviennent le cœur du voyage : une aventure initiatique et une véritable quête d’humanité. 


Vianney va partager avec l’audience quelques rencontres marquantes : ces camionneurs isolés mais d’une grande générosité, cette dame âgée qui s’est occupée de lui comme un fils, cette scène comique en Grèce… La générosité et l’hospitalité profonde des personnes rencontrées viennent bousculer certains préjugés et nous amènent à nous questionner : serions-nous capables d’un tel accueil ? N’avons-nous pas perdu ce lien avec les autres, avec l’inconnu ?  


Au-delà du récit de son aventure, Vianney nous livre surtout son voyage intérieur avec notamment ce que ces rencontres lui ont appris sur l’écoute, le lâcher-prise et la simplicité des liens humains. Il aborde aussi ses doutes, les galères et difficultés rencontrées, ces moments où le voyage aurait pu s’arrêter soudainement. Ce sont des prises de conscience précieuses qu’il nous confie, que l’on peut ainsi ramener dans nos quotidiens, sans nécessairement partir à l’autre bout du monde. Car comme le rappelle Vianney : le voyage est un état d’esprit plutôt qu’une histoire de kilomètres.


Cet épisode est une invitation à faire confiance, à aller vers l’autre et à cultiver la foi en l’humanité.


Auto-stop, voyage en stop, voyage lent, voyage intérieur, voyage solo, Europe, Turquie, Géorgie, Asie centrale, Kirghizistan, steppes, voyage initiatique, aventure humaine, voyage autrement


Références:
- Livre de Vianney de Boisredon : « Steppe by Steppe » aux éditions Flammarion et en format poche J’ai Lu 

- Instagram @vianney.deboisredon

- Épisodes évoqués : Alexandre Poussin Madagascar en famille & Pierre-Antoine Guillotel en Islande  


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Le podcast Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 

Musique : Camille Merel et pause musicale Aleksey Chistilin

Collaboration : goodvisapodcast@gmail.com 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Good Visa, le podcast voyage. Aujourd'hui, partez avec Vianney. Pendant 80 jours, il a traversé 17 pays en autostop jusqu'aux portes de la Chine et dormi chez l'habitant. Vianney ne partait pas pour découvrir des pays, mais pour aller à la rencontre des gens. Il va vous partager les réflexions profondes et apprentissages tirés de ce voyage intérieur. Cet épisode est une invitation à aller vers l'autre et à cultiver la foi en l'humanité. Je m'appelle Camille. et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt un bon voyage.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bonjour à toutes,

  • Speaker #0

    bonjour Yannick.

  • Speaker #1

    Bonjour Camille.

  • Speaker #0

    Comment te sens-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je me sens bien, fatigué par le travail, mais tout va bien.

  • Speaker #0

    Écoute, je suis vraiment ravie de te recevoir parce que ça fait des mois et des mois que j'espérais qu'on puisse échanger ensemble. Avant qu'on rentre dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter avec tes propres mots comme tu le souhaites ? Et si tu veux bien terminer par nous dire comment tes proches te décriraient ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Je m'appelle Vianney, j'ai 28 ans. Moi, j'ai grandi dans l'Ouest, à Nantes. Maintenant, j'habite à Paris. Je travaille maintenant dans une agence de voyage spécialisée dans le voyage d'aventure. Et comment me décriraient mes proches ? Je dirais... Du coup, aventurier, parce qu'on va parler un peu de ça. Aventurier, attentionné et qui n'a pas peur de se dépasser.

  • Speaker #0

    Super. Donc, effectivement, aujourd'hui, on va parler de ton aventure. C'était il y a maintenant quelques années, donc ça va être pas mal aussi de se dire que maintenant, tu as un petit peu de recul pour nous raconter tout ça, que tu as abordé dans ton livre Step by Step, une aventure initiatique en stop et chez l'habitant jusqu'aux ports de la Chine, aux éditions Flammarion, rien que ça. avec aussi une préface d'Alexandre Poussin que j'ai aussi reçue sur le podcast. Donc ça m'a beaucoup fait sourire ce petit clin d'œil. Et même un autre invité, Pierre-Antoine Guillotel, m'avait beaucoup parlé de toi. Donc j'ai l'impression qu'on n'est pas en train de boucler la boucle. Donc encore merci. On va peut-être commencer par une jeunesse du projet, comme j'aime bien faire, pour essayer de comprendre en fait qu'est-ce qui fait qu'un jour tu t'es dit « Ok, je vais partir. On stoppe. » et dormir chez l'habitant jusqu'aux portes de l'Asie centrale. Comment on arrive avec un tel projet ?

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait en Anzour, du coup. Mais effectivement, j'avais déjà un peu cette fibre du voyage où j'avais eu l'occasion de faire des stages à l'étranger quand j'étais en études. Et un an avant, j'avais eu six mois de trou avec le Covid, où j'avais eu des stages annulés. Et donc, j'avais déjà entrepris un autre voyage, plutôt à la voile cette fois-ci, donc à travers l'Atlantique. Et donc, au retour de ce voyage-là, je me suis dit, c'était génial. mais je n'ai pas rencontré grand monde, à part quelques dauphins et les coéquipiers avec qui j'étais. Et j'avais vraiment cette envie, pendant ma dernière année d'études, de sortir un peu du monde dans lequel j'étais, de ce petit cercle un peu fermé, en tout cas c'est comme ça que je le vivais, où je ne me sentais pas hyper porté, et j'avais vraiment ce désir ardent d'aller à la rencontre de l'autre. Et en parallèle de ça, j'avais une fascination pour les steppes et l'Asie centrale. Et donc, je me suis dit, allez, je vais essayer de réconcilier ces deux envies. Et donc, c'est comme ça qu'est né un peu le projet. Après, voilà, le stop, etc., ça s'est fait un peu petit à petit. Mais voilà comment ça s'est fait, vraiment, cette envie de partir à la rencontre des gens, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et tu nous racontes dans le livre également, sans trop spoiler, bien évidemment, mais que tu avais ressenti aussi une espèce d'une murmure intérieure, une voix mystérieuse. tu dis que Ton intuition était vraiment présente et tu savais que tu devais partir là-bas, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, exactement. En fait, j'étais étonnamment assez sûr de moi, dans le sens où je sentais que ça venait de l'intérieur et que c'était vraiment un désir de partir. Je ne l'ai pas du tout vécu comme une fuite ou comme quelque chose qui viendrait de l'extérieur. C'était vraiment une envie très, très profonde. Et en fait, j'avais du mal à expliquer ce désir-là. C'est-à-dire, quand je disais aux gens, j'ai envie de faire plusieurs mois de stop jusqu'à... quasiment jusqu'en Chine, jusqu'au Kyrgyzstan, les gens ne comprenaient pas trop le délire. Et en fait, au lieu de me faire douter, moi ça a renforcé Zira de me dire « Ok, vous ne comprenez pas pourquoi je le fais, mais je vais quand même le faire. » Donc c'était vraiment ça. Après, il y a forcément eu un peu de doute les mois avant, mais à chaque fois, j'arrivais à me reconnecter à ce murmure qui venait un peu comme un moyen de me rattacher à l'aventure coûte que coûte.

  • Speaker #0

    Et tu cites dans ton livre Joseph Kessel, rappelant que dans les grands voyages, en fait, l'enchantement commence avant le départ lui-même, quand on va se retrouver à regarder les cartes, dans les préparations, et j'ai bien aimé que tu mettes en avant cette notion-là.

  • Speaker #1

    Ouais, je trouve que pour moi, le voyage, il commence largement avant le départ. C'est-à-dire que j'aime beaucoup cette idée de pouvoir s'émerveiller, rêver avant même de partir. Pour moi, c'est ça qui rend le voyage encore plus beau après. C'est quand on a passé du temps à se renseigner, à regarder, à rêver. Enfin voilà, pour moi, ça fait vraiment partie du plaisir du voyage. Et c'est avec un voyage qui arriverait comme ça, tout cuit dans le bec. Peut-être que j'en profiterais moins. Et moi, c'est aussi ça qui a fait que j'ai autant aimé ce voyage-là.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es dit, je vais choisir le stop et dormir chez l'habitant ? Est-ce que c'est quelque chose que tu avais déjà fait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est quelque chose que j'avais fait avec quelques copains en vacances. On était partis à 5 faire du stop. On avait fait trois équipes. Et donc, ça a été une très bonne expérience. Mais voilà, sinon, à part ça, ça avait duré quatre jours. Donc, c'était vraiment très court. Et puis, du coup, comment c'est venu ? En fait, j'ai réfléchi un peu aux différents moyens de transport pour ce voyage. Et donc j'ai pensé au vélo, j'ai pensé au train, j'ai pensé à la marche évidemment, enfin voilà, plein de moyens. Et je me suis dit, mais en fait le moyen qui va me forcer à sortir de ma zone de confort, qui va le plus me forcer à combler ce désir d'aller à la rencontre des autres, c'est le stop. Parce que le stop, en fait, j'ai pas le choix, je suis obligé d'aller vers l'autre. Et donc il y a vraiment cette volonté de vraiment, un peu presque, ne pas me laisser le choix, et me dire, bon bah maintenant il faut que je me débrouille. Et surtout en tant qu'introverti, pour moi, c'était assez important d'être capable de sortir de ma zone de confort et d'aller la rencontre. Et donc, c'est vraiment pour ça, dans cette notion de défi et de volonté de rencontrer l'autre en profondeur.

  • Speaker #0

    Et justement, en parlant d'aller vers l'autre, j'ai bien aimé parce qu'à un moment, tu expliques que c'est presque devenu un acte courageux, tu dis, d'aller vers l'autre parce qu'on a... plus vraiment l'habitude, ça devient presque quelque chose d'original, d'exceptionnel ou même forcément je pense qu'on va être beaucoup à penser à cette fameuse émission sur M6 avec Pékin Express pour aller vers l'autre avec cette idée de stop dormir chez l'habitant où voilà on en fait une émission tellement aller vers l'autre c'est incroyable alors qu'au final pas tant que ça mais j'aime bien que t'aies mis en lumière encore une fois cette idée

  • Speaker #1

    Ouais, c'est vrai qu'aujourd'hui, on a l'impression que c'est un exploit de s'intéresser aux autres, d'aller vers l'autre, de ne pas être fermé. Et en fait, je me suis senti tellement en décalage avec toutes les réflexions qu'on pouvait me faire, soit avant, soit pendant, soit après le voyage, où on me disait souvent que j'étais fou, que c'était dangereux, qu'il ne fallait surtout pas le faire. Et ouais, presque même parfois, ressortent des compliments et je suis dans le mode, mais en fait, il faudrait qu'on soit comme ça tous les jours, dans notre vie de tous les jours, qu'on puisse aller parler au SDF, que... que si on est dans le bus, on puisse parler à la personne à côté de nous, en attendant le médecin, qu'on puisse juste avoir des liens et ne pas être un peu aspiré par nos téléphones. C'était aussi une des motivations du voyage, de me dire, je vais enfin être capable de sortir complètement de ma vision que j'ai aujourd'hui et essayer de construire autre chose. Et c'est ce que j'ai plus ou moins réussi à faire pendant le voyage. Après, ça a été un vrai défi au retour. Mais en tout cas, pendant quelques mois, j'ai vraiment eu le sentiment de complètement voir les choses autrement là-dessus.

  • Speaker #0

    Effectivement, on reviendra un petit peu sur cette phase du retour qui, j'imagine, a dû être un challenge et un autre voyage en soi presque. Donc là, si tu veux bien, on va reprendre un petit peu ton périple en trois étapes. Donc la première étape avec l'Europe, la deuxième étape avec l'Asie mineure, avec la Turquie, la Géorgie. Et la troisième étape, on terminera sur l'Asie centrale. Donc là tu as commencé à Aix-en-Provence pour te diriger ensuite vers l'Italie. Et là est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment ça s'est passé le stop dans ce pays ?

  • Speaker #1

    Ouais alors du coup le début du voyage, il y a eu un peu au début évidemment l'excitation du départ. Donc on va dire les deux trois premiers jours, je partais du sud de la France début septembre. Donc c'était un peu les conditions idéales, il faisait beau. Et donc j'arrive sans trop de problèmes en Italie. Et là, c'est à partir de ce moment-là que les choses se sont un peu corsées, où j'ai compris que le stop, ça n'allait pas être une partie de plaisir. J'ai eu des gros moments de doute à ce moment-là. Donc déjà, la météo a complètement changé. Il s'est mis à pleuvoir tous les jours pendant quasiment une semaine. Et ensuite, pour la petite anecdote, j'arrive en Italie et je fais du stop, comme j'ai l'habitude de faire, sous une bretelle d'autoroute. Et j'attends plus de 4-5 heures. Donc là, je me dis, OK, la première fois que j'attends aussi longtemps, c'est quand même durer tout ça. et là je vois une voiture qui s'arrête Je me dis « Yes, enfin ! » Et en fait, la voiture, ça a été juste pour me signaler que je faisais du stop sous un panneau d'autoroute sur lequel il était indiqué que l'autostop était interdit. Et donc ça, ça a été un peu le pré-coudure du voyage, c'était de me rendre compte qu'en fait, l'autostop était interdit, en tout cas en Italie, qui était en gros mon premier pays à traverser. et je me suis dit Mais si j'ai déjà des problèmes comme ça en Italie, mais qu'est-ce que ce sera en Turquie ? Qu'est-ce que ce sera au Kazakhstan ? Qu'est-ce que ce sera en Ouzbékistan ? Et donc ça m'a fait très très peur et ça m'a fait douter dès le début du voyage. Et donc en fait j'ai dû traverser l'Italie sur des petites routes de campagne, ça a été un peu compliqué. Et en fait ça ne m'a pas forcément mis en confiance tout de suite. Heureusement j'ai repris des forces ensuite, mais vraiment le début du voyage a été très très compliqué. Et je pense que c'est normal dans un voyage au début d'avoir un peu de résistance et de ne pas encore être tout à fait dans le... dans le bon état d'esprit. Il y avait aussi de la résistance parce que je pense que j'étais encore dans la logique de il faut que j'arrive le plus vite possible. Et en fait, quand on voyage en stop, c'est tout l'inverse qu'il faut avoir en tête. C'est plutôt, en fait, je vais le plus lentement possible pour rencontrer les gens le mieux possible. Et donc ça, ça a demandé un peu de reprogrammer mon cerveau aussi. Ce qui a été un peu un défi. Et au bout d'une ou deux semaines, j'ai commencé vraiment à prendre du plaisir. mais au début c'était quand même assez compliqué

  • Speaker #0

    Et merci de le rappeler parce que j'ai l'impression que c'est quelque chose qui revient beaucoup dans les personnes que je peux inviter, de ces premiers jours ou premières semaines où les gens se disent « mais en fait, qu'est-ce que je fous là ? Dans quoi je me suis lancée ? »

  • Speaker #1

    Et je pense qu'en fait, ce n'est pas parce qu'on ressent ça qu'on s'est trompé. C'est juste qu'il y a une période d'ajustement qui est tout à fait normale. Je pense que c'est un peu pareil quand on commence un nouveau travail ou quand on déménage ou quand on change quelque chose, il y a toujours une période de transition, il y a des ajustements à faire. Quand on part en voyage, il y a aussi... Il y a aussi déjà comment va réagir son corps, comment va réagir face à la difficulté physique, mentalement aussi. Il y a plein de choses qui sont chamboulées. Et donc, pour moi, avec l'expérience, ce que j'ai compris, c'est qu'il ne fallait pas s'arrêter là et qu'il ne fallait pas avoir peur de la suite.

  • Speaker #0

    C'était un bon test, en tout cas, pour toi. Donc ensuite, tu as enchaîné avec... J'espère que je ne vais pas oublier des pays. Malheureusement, on n'aura pas le temps de tous les aborder.

  • Speaker #1

    Il y en a 17, donc...

  • Speaker #0

    C'est un petit peu la frustration pour les aventuriers qui ont fait des aventures aussi longues, sur de si longues distances. Mais bon, ça fait partie du jeu. Mais quand même, là, tu as enchaîné avec la Sauvigny, la Croatie, où, je vais garder le mystère encore une fois pour le livre, mais tu tombes sur un couple qui va te bouleverser de par cet amour qui semble avoir... Et c'est ça que j'aime bien aussi dans ton livre, c'est qu'en fait, c'est beaucoup de rencontres qui vont venir, que ce soit pour toi ou même pour le lecteur après, soulever des sujets, se questionner sur l'amour, ce genre de choses. Et on sent vraiment que c'est les rencontres au fil de ton voyage qui ont été le pilier de ton aventure. Parce que de ce que j'ai cru comprendre, et comme tu nous le disais à l'instant, tu t'étais pas fixé de « ok, je vais visiter telle région » . Non, tu y allais pour rencontrer les gens en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je faisais absolument aucun détour touristique. Et oui, faire un détour pour aller voir un beau monument, en fait, ça ne me faisait pas si plaisir que ça. Je préférais mille fois faire une belle rencontre et vivre quelques heures incroyables avec quelqu'un et poursuivre mon chemin. Et oui, il y avait vraiment cette volonté dans le livre de raconter, pas juste, « Bah voilà, j'ai fait un voyage, je suis arrivé là, ensuite je suis allé là, j'ai vu ça, j'ai rencontré telle personne. » Mais vraiment d'aller à un niveau plus loin, c'est-à-dire vraiment de raconter ce qui se vit intérieurement, d'être littéralement un livre ouvert et donc de pouvoir... aussi raconter ce que chaque rencontre a pu m'apporter et a changé pour moi dans ma vie. Et donc effectivement, il y avait ce couple allemand et croate qui m'a pris sans trop réfléchir. Et quand je leur ai expliqué mon projet, ils m'ont dit au bout de cinq minutes « Ah bah évidemment, tu dors chez nous, il n'y a pas de sujet. » Et ensuite, on a vraiment créé des liens assez chouettes et je suis encore en contact avec eux aujourd'hui. D'ailleurs, je suis retourné en Croatie un an et demi après. Et du coup, je me suis fait accueillir à nouveau. par ce couple-là, donc pour la petite anecdote. Donc voilà, c'est pour dire qu'il y a parfois cette frustration de, en fait, des rencontres très éphémères, mais moi, je n'ai pas forcément ce sentiment-là parce que j'arrive encore à rester en lien avec certains, même, voilà, là, ça fait deux ans et demi maintenant. Et c'est ça que je trouve beau aussi, de réussir à, voilà, à travers un moment très éphémère, réussir à garder un lien un peu plus long. Je trouve ça quand même assez incroyable.

  • Speaker #0

    Et ça me fait penser à... à cette notion que tu abordes un moment dans ton livre où tu expliques que chaque véhicule dans lequel tu rentres, c'est un petit peu un microcosme, une petite bulle où en fait chacun a son monde, son ambiance, son histoire, sa vision du monde, où des fois tu vas tomber sur des gens très bavards, des fois pas du tout, et tu expliques quelque chose qui m'a beaucoup touchée avec la sincérité en fait que tu vas avoir avec ces personnes-là où vous savez que vous n'allez pas vous revoir, donc Merci. tu dis pourquoi en fait me cacher et tu joues du coup la carte de la sincérité à

  • Speaker #1

    100% peut-être même plus qu'avec certains de tes proches tu nous dis c'est vrai pour moi mais c'est aussi vrai pour la personne qui m'accueille dans sa voiture c'est à dire qu'on stop contrairement à quand tu vas en soirée quand tu vas au travail, quand tu vas n'importe où Quand tu rencontres quelqu'un, il y a quand même un petit enjeu, c'est-à-dire qu'il faut te donner une bonne impression, il faut être poli, il faut être souriant, etc. Là, quand tu fais du stop, en fait, il n'y a vraiment aucun enjeu, c'est-à-dire que cette personne-là, tu ne la reverras pas, à part si vraiment tu crées un lien très fort et que vous donnez vos numéros, etc. Mais là, moi, ça m'arrivait très peu quand même. Je suis monté dans plus de 300 véhicules et j'ai été accueilli une cinquantaine de fois chez l'habitant sur 80 jours. Donc ouais, clairement, il y a... Il y a quand même ce truc-là de, en fait, on ne se connaît pas et cette relation, il n'y a pas de vocation à arrêter. Donc, en fait, soyons nous-mêmes. Et en fait, j'avais souvent des gens qui se confiaient énormément dans ces moments-là parce que c'est comme si j'étais un petit passager de leur vie pendant un instant à qui ils pouvaient décharger des choses et ensuite, hop, je repars et ni vu ni connu. Et je trouvais ça assez beau que les gens me fassent autant confiance sans me connaître. Et ça m'a aussi fait prendre conscience de la souffrance d'un certain nombre de personnes, et notamment des camionneurs qui sont des gens d'une attention et d'une générosité incroyable, qui ressentent une solitude absolument énorme et qui ont très peu de reconnaissance dans leur métier. Et donc c'est vrai que quelqu'un qui est là, qui leur pose des questions, qui s'intéresse à eux, je pense que c'est quelque chose qui leur faisait du bien et dont ils ont besoin. Et je trouve ça très beau.

  • Speaker #0

    Et oui, ça permet... une certaine liberté qu'on ne s'autorise pas au quotidien. J'allais justement te parler des camionneurs, parce que tu en as beaucoup rencontré lors de ton aventure. Ils t'accueillent dans leur camion, c'est un petit peu comme leur maison. Il y a cette rencontre avec Faït. J'ai mal noté. Faït, oui. Tu es en route vers la Turquie, où tu lui poses des questions sur sa vie, sur son travail. Il t'explique à quel point c'est dur, ainsi de suite. Et en fait, il te dit qu'il ne voit pas l'intérêt de se plaindre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un des premiers camionneurs avec qui je passe vraiment longtemps. C'est-à-dire avant, c'était juste quelques heures. Là, on a vraiment passé de 10h du matin à 22h le soir. Et donc, on a vraiment eu le temps de créer un lien assez fort. Et Faïd, c'est un camionneur turc qui habite à Izmir en Turquie. Et donc, il a deux enfants. Et donc, on parle de ça. Et puis, il me parle aussi de toute la solitude qu'il peut ressentir dans son métier, du fait que c'est compliqué avec sa femme parce qu'il n'est pas souvent à la maison. qu'il se sent parfois très seul, très loin de ses proches. Et voilà, on arrive un peu à la frontière turque. Et donc là, il y a une file de plusieurs kilomètres de camions, et donc il doit me laisser. Moi, je suis capable d'y aller un peu, de juste marcher à travers la frontière, alors que lui, je sais qu'il va y passer la nuit. Et en fait, en se quittant, on se prend dans les bras, et il me dit, voilà, Vianney, j'ai un message que j'ai besoin que tu transmettes. c'est que nous les turcs on est des gens bons Et je sais qu'on essaye de vous faire croire le contraire, mais j'ai vraiment besoin que tu fasses passer ce message-là. Et donc, ça fait partie des petites anecdotes comme ça que j'ai mises dans le livre, mais en fait, de tous ces gens-là qui veulent aussi transmettre ce message-là, de faisons-nous confiance les uns les autres et arrêtons de nous stigmatiser, de nous juger. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça hyper beau que lui, en tout cas, le ressente et qu'il ait envie de donner une autre image de son pays. qui n'a pas toujours une très bonne image. Et ça m'a beaucoup, beaucoup touché.

  • Speaker #0

    Et c'est fou parce que la Turquie, vraiment, chaque aventurier ou aventurière qui en parle me dit vraiment cette hospitalité et cette gentillesse est juste incroyable. Et c'est vrai que personnellement, la Turquie, c'était peut-être pas non plus sur ma liste d'envie de pays à découvrir, mais ne serait-ce que par la gentillesse de ses habitants, ça me donne énormément envie de le découvrir.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Après, je parlais de faire des hiérarchies entre les pays. C'est vrai que la Turquie, c'est un pays où je me suis senti très accueilli. Je me suis aussi senti très accueilli dans la plupart des pays. Peut-être la différence de la Turquie, c'est que c'est une majorité musulmane, donc il y a quand même cette valeur d'hospitalité qui est très forte, que j'ai aussi pu retrouver en Asie centrale, au Kazakhstan, au Nouzoubikistan, au Tadjikistan et au Kyrgyzstan. Donc ça, c'est vrai que je pense que c'est peut-être quelque chose qui change par rapport à ici, où là-bas, en fait, accueillir l'étranger est vraiment... un devoir, alors qu'ici, c'est sympa si tu le fais, mais on ne va jamais te demander de le faire. Et donc, ça, c'est vraiment... Et voilà, même si on peut penser qu'ils le font par devoir, en fait, ils le font avec beaucoup de joie. Et voilà, il faut savoir le rendre aussi en s'intéressant à eux, en passant du temps vraiment avec eux. Et ça, j'ai trouvé ça... Oui, assez incroyable cette hospitalité, c'est vraiment un des messages du livre, c'est qu'en fait on gagnerait à s'accueillir un peu plus les uns les autres.

  • Speaker #0

    Là si on revient juste un tout petit peu en arrière, moi j'avais noté une anecdote avec un conducteur en Croatie, qui m'a beaucoup fait rire, avec Yao. Est-ce que tu peux nous en parler ? Parce que là, j'aimerais bien qu'on aborde un petit peu cette notion de montagne russe que tu as pu faire parfois dans ton voyage.

  • Speaker #1

    Ouais, de montagne russe émotionnelle. Alors bon, ce qu'il faut savoir, c'est qu'évidemment, quand tu montes dans plus de 300 voitures, statistiquement, tu as des chances de tomber sur des gens qui ne conduisent pas très bien. Là, c'était vraiment hyper, hyper dangereux. Enfin, je ne me suis jamais senti aussi peu en sécurité dans ma vie. où effectivement il y avait ce ce croate qui m'explique que qu'il a déjà été hospitalisé, etc. Et je lui demande comment ça se fait, etc. Et il me dit, c'est parce que j'ai eu des accidents de voiture.

  • Speaker #0

    Et donc, je me dis, oulala.

  • Speaker #1

    Et en fait, on était sur des petites routes qui longent la mer en Croatie. Donc, c'est vraiment des routes où il n'y a pas de trottoir. On ne peut pas s'arrêter, il n'y a rien. Et même, c'est hyper dangereux de s'arrêter là. Donc, j'étais vraiment complètement bloqué dans sa voiture. Et en fait, il commence à vraiment conduire, mais n'importe comment, c'est-à-dire faire du 80 km heure dans des petites routes de montagne sinueuses. Et même à doubler des voitures dans des versants de montagne où on ne voyait pas l'autre côté. Et donc j'étais vraiment en mode, mais en fait ce monsieur est en train de jouer au dé avec ma vie, en toute impunité. Et là je me suis vraiment dit, mais dans quoi je m'embarque ? J'ai été tellement stressé qu'au moment où il m'a déposé, ça a duré peut-être 45 minutes, une heure. Au moment où il m'a déposé, j'ai eu un mal de crâne et le tournis pendant quasiment deux heures derrière. Tellement ça m'avait foutu la trouille. Et donc, c'est vrai que ça fait partie du risque. Et peut-être que je ne tiendrai pas le même discours si jamais il m'était arrivé quelque chose dès la croix-ci. Mais voilà, après, quand même, sur 300 véhicules, c'est quasiment le seul avec qui ça s'est vraiment mal passé. Les autres, globalement, je n'ai plus leur faire confiance.

  • Speaker #0

    C'est peut-être pas mal aussi d'aborder cette notion de danger, justement, dans ton aventure. Enfin, pas du tout pour être dramatique ou quoi que ce soit, mais pour être quand même... proche de la réalité aussi, que les gens ne se disent pas, oui oui il est parti en stop pendant des semaines et des semaines, tout s'est bien passé, il faut être réaliste aussi, où tu expliques que oui le danger est partout, mais que c'est ce qui t'a poussé également à lâcher prise si on tombe dans l'autre extrême où en fait être constamment en recherche de sécurité, ça va nous chambouler également et on va se perdre.

  • Speaker #1

    Ouais tout à fait, alors effectivement je pense qu'il faut relativiser le danger dans le sens où là je raconte Merci. la seule fois où j'ai eu un peu peur en voiture sur 80 jours de voyage et en fait aussi ce que je dis dans le livre c'est qu'en fait le plus gros danger que j'ai reçu c'était pas à cause des autres c'était plutôt à cause de moi-même où en fait je suis parti tout seul faire une sorte d'expédition en montagne où je me suis un peu mis en danger et en fait ma réflexion à la fin du voyage c'est de me dire mais en fait la seule fois où je me suis vraiment senti en danger c'était à chaque fois plus de ma faute que de la faute des autres Et donc, voilà, moi, j'ai jamais ressenti d'hostilité de la part des gens pendant ce voyage. Donc, il y a évidemment un peu des comportements, faire un peu attention à certaines fois ou quitter si on se sent pas à l'aise. Mais globalement, j'ai jamais eu de moment où je me suis vraiment senti totalement en danger. Et en fait, même, j'avais développé une théorie là-dessus, c'est qu'en fait, plus t'as peur du danger, plus tu vas inconsciemment te mettre en danger. C'est-à-dire, si t'as très peur, que t'es très craintif, que tu fais... pas confiance à l'autre en fait, l'autre va le ressentir et c'est là où il va pouvoir un peu peut-être sentir qu'il peut pas te faire confiance ou sentir que t'es pas quelqu'un de très agréable enfin voilà, où en fait, si tu commences un peu à te donner un peu des mauvaises ondes autour de toi, en fait les gens vont le ressentir et c'est là où tu peux te mettre en danger et donc moi ma théorie c'était plus que, bah voilà, quand t'es souriant, enfin souriant ça veut pas dire naïf, mais juste quand t'es souriant que tu dis bonjour, que tu t'intéresses aux gens que t'es sincère, en fait, même quelqu'un de mal intentionné va se dire « Ah, mais en fait, cette personne, j'ai pas du tout envie de lui faire du mal, je la trouve hyper sympa, hyper solaire, donc je vais pas le faire, quoi. » Et c'est vrai que ça, c'est un peu une réflexion que je me suis faite après coup, de me dire par rapport à d'autres gens qui me racontaient qu'ils avaient tout le temps des galères, je me dis, en fait, peut-être qu'il y a aussi quelque chose de cet ordre-là, des ondes aussi qu'on projette sur le travail.

  • Speaker #0

    Merci de partager tout ça avec l'audience. Et ça me fait penser, tu avais aussi prévu quelque chose pour remercier les gens tout au long de ton voyage qui t'accueillaient ou qui te prenaient dans leur voiture.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que j'avais un peu cette culpabilité, je pense, de me dire, bon, je me fais accueillir, mais derrière, qu'est-ce que j'apporte moi vraiment ? Donc déjà la première chose avant de partir, j'avais été en dessous de la tour Eiffel, j'avais acheté plus de 200 petites tours Eiffel en porte-clés que j'avais pris dans mon sac. Et donc je les offrais à chaque conducteur ou chaque personne qui m'accueillait le soir. Et donc voilà, c'était très symbolique, c'était vraiment juste une manière de dire tout simplement merci d'avoir accueilli. Et aussi de leur donner un petit souvenir de moi même longtemps après pour qu'ils puissent se souvenir que je suis passé par là. C'était vraiment important pour moi de faire ça. Et puis en fait, ce que je me suis rendu compte au fil du voyage, c'est que cette culpabilité, en fait, petit à petit, elle s'en allait parce que j'ai pris conscience que les gens, en fait, étaient parfois aussi heureux, voire plus heureux de m'accueillir que moi j'étais d'être accueilli. Et ça, ça m'a quand même fait un choc de me rendre compte qu'en fait, pour plein de gens qui se sentent seuls, c'est trop bien de pouvoir rencontrer quelqu'un qui s'intéresse à eux, qui est curieux, qui leur raconte des aventures que j'ai pu vivre avant pendant le voyage. qui est tournée vers l'autre et tout ça. Et donc, je pense que juste être vraiment présent, c'est-à-dire quand on est avec l'autre, déjà, c'est un très beau cadeau qu'on leur fait. Et ça, c'était vraiment pour moi hyper important de chaque personne que j'encontrais de faire en sorte d'être dans les meilleures conditions possibles pour vraiment l'accueillir et accueillir ce qu'elle avait à me dire, à me partager. Donc ça, c'était vraiment important. Et ça m'a aussi fait réfléchir sur, est-ce que je l'aurais fait à leur place ? Peut-être pas. et du coup ça fait pas mal réfléchir là-dessus

  • Speaker #0

    Et donc là, on parle des échanges que tu as pu avoir avec toutes ces personnes-là. Comment ça se passait, si on peut expliquer à l'audience, pour la barrière de la langue, parfois, comment tu faisais pour communiquer avec eux ? Tu racontes plein de choses là-dessus sur ton livre.

  • Speaker #1

    Ouais, carrément. Alors, ce qui est vrai, c'est que du coup, sur les 17 pays, il y en a peut-être deux où je parlais la langue. Mais sinon, globalement, c'était... Voilà, moi, je parle français, anglais, espagnol. Il n'y a aucune de ces trois langues qui m'a été utile sur ce voyage. vraiment en fait j'ai dû trouver des petits stratagèmes pour apprendre à communiquer avec les gens sans forcément connaître la langue parce qu'il y a 17 pays donc potentiellement plein de langues différentes. J'avais quand même appris quelques mots de turc et de russe parce que je savais que c'était les deux langues qui allaient être le plus parlées sur mon trajet donc ça j'avais juste quelques mots de base, bonjour, comment tu t'appelles, est-ce que tu es marié, quel âge tu as, où est-ce que tu habites. Donc déjà ça permettait de tenir cinq minutes de conversation. Et puis après, au bout d'un moment, on arrive dans autre chose et là, il faut réussir à communiquer juste avec des gestes ou avec des mots-clés. Et donc là, c'était vraiment très chouette. Au début, j'étais très gêné par ça, qu'il y ait des silences, qu'on ne se comprenne pas, qu'on balance des phrases et que je ne comprenne absolument rien. Et puis petit à petit, j'ai appris à me dire que j'accepte cet inconfort et je fais vraiment le maximum pour comprendre. Et si je ne comprends pas, j'essaye de trouver d'autres moyens de m'exprimer. Et donc ça, c'était assez chouette parce que je pense que petit à petit, j'ai développé une sorte de capacité à parler avec des gestes, avec le regard, avec des sourires. Et ça, j'ai trouvé ça tellement puissant. Et en fait, je ne savais pas que j'avais ça en moi. Et donc, ça a été une des décroissances de VH, de savoir qu'en fait, on peut communiquer sans parler. Voilà, évidemment, on est limité, mais il y a quand même pas mal de choses qui passent par autre chose que la langue. Et j'ai essayé au maximum d'éviter d'avoir Google Traduction avec moi parce que je savais qu'à partir du moment où tu mets un... Un téléphone entre deux personnes, ça crée un mur où on va peut-être moins facilement se parler, moins facilement se confier. Et donc je sortais vraiment en dernier recours si j'avais vraiment quelque chose de très important à dire. Mais voilà, ce n'était pas du tout la démarche. Et je le faisais vraiment quand ça devenait trop trop frustrant et que je sentais qu'on avait vraiment besoin de parler. Mais c'était vraiment en dernier recours.

  • Speaker #0

    Et j'aime bien que tu aies parlé de confort parce que je pense que c'est un petit peu plus loin dans le livre que tu le mentionnes. Cette idée de trouver le confort dans l'inconfort.

  • Speaker #1

    Mais ouais, moi, en fait, je me dis, enfin, ma vision du monde et de moi-même, c'est un peu de me dire, plus j'arrive à élargir ma zone de confort, plus, en fait, j'ai d'opportunités et de possibilités. Et donc, en fait, ouais, c'est vraiment quelque chose que j'ai découvert dans ce voyage, c'est qu'au début, en fait, ça me faisait vachement peur de faire du stop, c'est-à-dire les premières minutes, j'étais hyper stressé. et en fait à la fin c'est devenu normal pareil pour dormir chez l'habitant, la première fois j'étais un peu mal à l'aise je savais pas trop comment me comporter etc et en fait à la fin j'étais devenu à l'aise avec ça Mon objectif pendant ce voyage et de manière plus générale, c'est de prendre du plaisir à chercher l'inconfort. Je pense que c'est une des clés, peut-être pas du bonheur, mais une des clés pour vivre une vie plutôt joyeuse, plutôt heureuse.

  • Speaker #0

    En parlant d'inconfort, ça me fait penser à une scène qui m'a tellement fait rire en Grèce. Si c'est OK pour toi qu'on la partage.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas la scène dont je suis le plus fier, mais effectivement, c'est rigolo. Donc j'imagine que tu fais référence à la fois où je me suis fait accueillir, tu es à Tessalonique, donc je me suis fait accueillir par un jeune d'une trentaine d'années. et en fait il m'a accueilli chez lui il a invité un de ses potes Et on mette un film le soir. Et pendant le film, ils commencent à se déshabiller, les deux. Je me dis, tiens, c'est un peu chelou et tout. Je ne comprends pas trop. donc je détourne un peu le regard

  • Speaker #0

    puis à un moment ils sont complètement nus et je me dis trop bizarre ce qu'il se passe et puis là je vois que nos regards se croisent et il me dit ah oui on t'a pas dit mais on est nudiste donc si tu veux te mettre à poil tu peux le faire aussi et donc là c'est vrai que j'étais un peu en mode mais what, c'est marrant de pas là et apparemment c'était spécifié sur j'étais passé par Couchsurfing, apparemment c'était spécifié sur l'annonce Couchsurfing mais évidemment il y avait peut-être 3 pages, j'avais pas tout lu et donc c'est un peu une anecdote rigolote de En fait, en voyage, tout peut arriver et il ne faut pas réagir au quart de tour. Si un truc comme ça arrive, c'est peut-être juste qu'il y a un petit malentendu. Mais oui, c'est vraiment une anecdote illustre, ce lâcher prise dont il faut parfois faire preuve.

  • Speaker #1

    Et ça fait en plus un petit peu écho à Nuit et culottée, où ils font beaucoup d'autostops, ils vont dormir chez l'habitant. Et j'espère qu'un jour, je pourrai les recevoir au micro aussi.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Et eux, du coup, ils démarrent nus leur aventure. Et du coup, effectivement, la vraie personne qui les prend en stop voit des gens nus au bord de la route. Donc, ça demande aussi à cette personne-là d'avoir un peu de lâcher prise et d'ouverture d'esprit pour accepter de les prendre en stop.

  • Speaker #1

    Complètement. Et peut-être qu'aussi, je passe du coq à l'âne, mais pour clôturer, on va dire, sur l'Europe, tu as aussi pris conscience de la chance qu'on avait, en fait, avec notre passeport français. de pouvoir bouger librement dans plein de parties du monde. Et tu as fait un lien du coup aussi avec des dons que tu as pu faire à ton retour. Est-ce que tu veux bien nous en expliquer ? Est-ce que tu veux bien expliquer à l'audience ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Pour revenir sur la chance qu'on a de pouvoir bouger, j'avais choisi un peu mon état en fonction des pays où je n'allais pas avoir besoin de visa. Et donc en fait, sur 17 pays, il n'y a qu'un seul pays où j'avais besoin d'un visa et au final, je ne l'ai même pas utilisé. Et donc, je trouve que ça a vraiment une chance quand je voyais dans l'autre sens tous ces gens qui me disaient « moi, je rêve de trouver un travail en Europe, est-ce que tu peux m'aider ? » Et donc, c'est vrai que c'était toujours un peu dur de leur dire « non, je ne pense pas pouvoir t'aider, désolé » . Et en fait, eux, pour avoir un visa, ils avaient besoin d'avoir une offre de travail. C'était assez délicat parfois ces situations-là. Donc moi, j'étais vraiment dans l'autre sens. Et donc, ça venait aussi peut-être... de cette culpabilité de me faire accueillir sans contrepartie. Et en fait, je me suis dit, ces gens qui m'accueillent, c'est de l'argent que j'aurais pu mettre dans un hôtel, par exemple, si j'avais voyagé tout seul, sans faire un pas chez l'habitant. Et donc, je considère que c'est à peu près 15 euros par nuit. J'avais fait un peu une moyenne sur tout mon voyage. Et donc, c'est 15 euros que je vais mettre de côté et que je vais pouvoir reverser à une association pour réfugiés qui s'appelle Jesuit Refugee Service, qui est une association qui œuvre aux côtés des réfugiés en France, donc des réfugiés de guerre principalement Et donc, j'ai vraiment cette volonté de me dire que j'ai cette chance-là de pouvoir voyager. Il faut que ça puisse servir à quelque chose. Et tous ces gens qui m'accueillent, que ce ne soit pas juste pour mon propre bénéfice, mais que ça puisse aussi servir par ailleurs. Et donc, c'est ce que j'ai fait à mon retour. Et donc, c'est quand même une petite somme parce que du coup, 15 euros par nuit sur 80 nuits, on est à plus de 1000 euros. Donc, quand j'étais étudiant, ça me représentait beaucoup en tout cas, mais c'était aussi très important pour moi de le faire. On n'avait pas trop parlé pendant le voyage. C'est plus quelque chose que je faisais à côté parce que pour moi, ce n'était pas ça l'essence du voyage. C'était plus pour rester dans le même esprit.

  • Speaker #1

    Et ça, ça me fait penser, j'avais prévu de te demander, au cours de ton aventure, tu ne l'as pas partagé sur les réseaux parce que tu avais vraiment envie de vivre cette aventure pour toi, ton voyage intérieur, comme on le disait au début. Donc, est-ce que tu veux bien nous parler un petit peu de cette solitude ? Parce que c'est beaucoup revenu forcément au cours de ton aventure, ce voyage intérieur où tu expliques même à un moment, j'ai bien aimé, tu dis que cette solitude, il faut l'accueillir un petit peu comme une vieille amie. De lui dire, ok, t'es là, je te prends par la main, tu viens.

  • Speaker #0

    J'aimerais que tu ne sois pas là, mais je te prends maintenant que t'es là.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    ouais carrément alors j'avais beau rentrer dans une dizaine de voitures par jour c'est pas pour autant que je ne ressentais pas de solitude parce qu'en fait Quand on a cette frustration de ne pas réussir à rentrer en lien, ça ne m'empêchait pas de me sentir très seul. Et puis il y a des soirs où je ne me faisais pas accueillir, donc j'étais tout seul dans ma tombe le soir. Cette solitude a vraiment été plus ou moins présente tout au long du voyage. Il y a eu des moments très difficiles. Et en fait, j'ai vraiment appris à la dompter. C'est-à-dire, avant de partir, ça me faisait très peur de passer du temps à un week-end tout seul. Par exemple, chez moi, c'était un peu l'angoisse. Je suis plus à un stade où justement j'en rêve. Je suis en mode, ah yes, je suis tout seul ce week-end, ça va être génial, je vais pouvoir me reconnecter un peu à moi-même et à mon intériorité et vivre des choses trop chouettes. Et donc voilà, c'est vraiment quelque chose que je ressors après ce voyage, c'est vraiment cette peur de la solitude qui a complètement disparu. où j'ai appris à l'accepter et à ne pas la subir. Et ça, c'est vrai que je ne m'y attendais pas forcément, parce que j'ai ce besoin de solitude en moi, que je m'en suis rendu compte vraiment assez tard. Et maintenant, je vais créer des occasions pour retrouver cette solitude-là. Donc oui, c'est vraiment hyper important pour moi.

  • Speaker #1

    Et là ensuite, c'est vrai qu'en fait, on ne rentre pas sur les détails des pays, mais quand même un changement d'ambiance qui va un petit peu avec cet état d'esprit-là, c'est quand tu passes sur l'Asie mineure. Donc, tu as la Turquie où là, je ne vais pas te demander de re-raconter, tu l'as déjà partagé dans plein d'épisodes de podcast, mais ça a été assez challenging pour toi en Turquie pour des histoires de visas. Ça a encore été une opportunité de lâcher prise parce que tout ne s'est pas déroulé comme tu le souhaitais. Mais en fait, ces paysages qui t'ont accueilli dans cette partie de l'Asie, c'était vraiment un réconfort pour toi de voir ces montagnes, ces vastes espaces, vraiment ce changement d'ambiance. Est-ce que tu peux essayer de nous le décrire un petit peu ?

  • Speaker #0

    Oui, alors effectivement, j'ai vraiment senti un changement d'échelle entre l'Europe et, une fois en Turquie, en Asie mineure, où en fait, en Europe, j'avais l'impression que les villes étaient très rapprochées. C'est-à-dire que très vite, on arrivait dans de nouvelles villes, les villages étaient vraiment très proches. Et là, j'arrive en Turquie et je pouvais être avec un camionneur pendant une heure et ne voir quasiment aucune maison, aucun village. Donc là, ça m'a vraiment fait un choc de me dire « Waouh, mais en fait, ça y est, on est en Asie, on n'est plus dans la vieille Europe. » Et il y avait un côté assez angoissant aussi à ça, de se dire… En fait, là, si on me dépose ici, il n'y a rien. Il n'y a pas de quoi s'approvisionner, il n'y a pas de quoi dormir. Donc ça, ça m'a... J'ai eu un petit moment un peu de peur à ce moment-là du voyage où je me suis dit, OK, là, on commence vraiment les choses sérieuses. Et surtout aussi la première fois où la barre de la langue, pour le coup, était encore plus frappante. Parce qu'autant en Europe, je pouvais baragouiner avec quelques mots-clés en anglais. Là, vraiment, ça parlait zéro anglais, donc il y avait vraiment ce sentiment de vertige un peu que j'ai ressenti à ce moment-là du voyage. Mais effectivement, j'ai trouvé du réconfort dans la beauté de la nature, surtout quand je suis passé côté en Géorgie après, où là, j'ai été vraiment complètement émerveillé par la beauté de la nature. La Géorgie, c'est un pays qui est tout petit, qui fait la taille de la Belgique quasiment, un peu plus grand, mais où il y a vraiment tout. Il y a le Caucase au nord, il y a des montagnes, il y a des régions avec des lacs, il y a une région avec un désert. Il y a évidemment la mer Noire. Il y a aussi des grandes vallées avec des régions viticoles qui font du super vin. Et donc là, je me suis dit, mais en fait, ça me suffit. Là, j'ai tout. Pourquoi je vais jusqu'au steppe ? Je suis trop heureux ici. Et donc, ce pays où je n'attendais rien, c'était juste sur le chemin. Ça m'a vraiment donné du réconfort après la traversée de la Turquie qui a été particulièrement compliquée. qui était déjà compliquée de base et qui s'est, comme tu l'as dit, recompliquée à nouveau une fois que j'ai eu ce problème de passeport à la sortie du pays où j'ai bien cru que le voyage allait s'arrêter. Donc là, j'ai eu 48 heures de très très compliqué où j'ai dû un peu faire le deuil du voyage. Et tout ce qui est arrivé après, en fait, pour moi, c'était que du bonus. C'est-à-dire, en fait, le voyage, il aurait pu s'arrêter. Donc maintenant, ça y est, je peux projeter à fond.

  • Speaker #1

    Et en plus, en Géorgie, juste après, tu as été accueillie par une dame qui m'a beaucoup marquée. Est-ce que tu veux bien nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai été accueillie par cette dame. Elle habite à Tbilissi, qui est la capitale de la Géorgie. Et en fait, elle m'accueille un peu dans la banlieue, c'est-à-dire une banlieue très pauvre, soviétique. Il faut savoir que Tbilissi, ça fait partie de l'ex-URSS. Et donc, elle m'accueille tout en haut d'une espèce de grande tour, une sorte d'HLM. Je rentre, elle m'accueille, elle me prépare un petit thé, elle me dit « je te prépare un dîner » , elle me dit « est-ce que tu as des affaires à laver ? Je peux te les laver dans une machine, est-ce que tu veux te doucher ? » Elle est tout de suite hyper attentionnée, mais vraiment hyper attentionnée. Je me dis « mais elle s'appelait Brite, c'est étonnant, pourquoi est-ce que tu es aussi attentionnée envers moi ? Je te demande juste un sol pour une nuit et je repars demain, je ne te demande rien de plus. » Il faut que je retrouve la phrase exacte, mais elle me dit « écoute Vianney, si t'étais mon fils, j'aimerais que tu sois accueilli partout dans le monde comme moi je t'accueille en ce moment. Et donc là, je me suis dit, waouh, la vision qu'elle a de l'accueil, je trouve ça tellement beau. et ça m'a complètement mis une claque en fait et après ça a ouvert la discussion sur plein d'autres choses, on a pu discuter de elle sa vie qui a été très compliquée elle s'est mariée avec un mari qui était violent qu'elle a quitté, elle a jamais pu avoir d'enfant ça a été une grande souffrance pour elle et donc voilà on s'est vraiment livré là dessus et puis on a pu se raconter nos vies et j'ai trouvé ça hyper beau avec cette inconnue qui est si différente de moi que ce soit en termes de génération en termes de pays, en termes d'histoire de vie qu'on puisse quand même réussir à écrire ce lien-là, je trouvais ça hyper fort, et qu'elle me fasse autant confiance alors que deux heures avant, on ne se connaissait pas, je trouvais ça assez dingo. Donc voilà, ça c'est juste un exemple, mais en fait, il y en a plein dans le livre, il n'y a quasiment que ça, des gens qui s'ouvrent comme ça, et je trouve ça absolument magnifique. Je ne sais pas quoi dire de plus, juste hyper touché par tous ces gens-là. Et c'est aussi pour ça que je vous ai créé un livre. C'était une sorte, pour moi, de lettre de remerciement à tous ces gens-là qui m'ont tant donné, qui m'ont tant apporté et qui ont aussi tant de messages à apporter. Moi, je suis un peu une sorte d'ambassadeur pour tout ce qu'ils ont pu me transmettre aussi.

  • Speaker #1

    Et ça a restauré aussi, tu disais, ta foi en l'humanité.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. C'est-à-dire qu'avant de partir, c'était quelque chose qu'on me disait tout le temps. Tu vas te faire découper la machette, ça va être... Ça va être hyper compliqué. Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et en fait, c'était rigolo parce que pour l'anecdote, du coup, à chaque fois que je suis dans un pays, on me disait du mal du pays suivant où j'allais aller. Donc par exemple, quand j'étais en Italie et que j'allais en Europe de l'Est, on me disait, ah non, mais va surtout pas là-bas. Les gens sont hyper froids, sont hyper méfiants. Tu vas jamais réussir à être accueilli. Il faut surtout pas que tu ailles. Bon, j'y vais, ça se passe super bien. je me fais accueillir sans problème et donc je dis aux gens de l'Europe de l'Est maintenant je vais aller en Turquie Et donc là, ils me disent, mais non, mais tu ne vas pas aller en Turquie quand même, c'est tous des voleurs là-bas, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et donc je vais en Turquie, pareil, ça se passe hyper bien, et comme on l'a dit tout à l'heure, je me fais accueillir presque de manière hyper belle. Et donc une fois en Turquie, je leur dis, bon ben maintenant je vais en Asie centrale, tous les pays en ce temps. Et là ils me disent, mais non mais viens, t'es fou, pourquoi tu vas là-bas, c'est plein de terroristes, t'as rien à faire là-bas. et donc c'est rigolo comment évidemment j'arrive en Asie centrale et là je me fais accueillir comme aussi bien qu'en Turquie voire mieux Je me dis que c'est quand même bizarre qu'on ait ces a priori, alors que c'est souvent des gens qui n'avaient jamais été dans ces pays-là, qu'on ait ces a priori avant même d'y aller. Ça m'a obligé aussi à faire un point avec moi-même, de me dire que parfois j'ai ces a priori sur certains pays, sur certaines personnes. De ne pas s'arrêter à l'image qu'on peut avoir d'un peuple, et c'est aussi valable pour une personne, qu'on peut avoir une première impression assez négative, et ne pas s'arrêter là. et quand même s'intéresser.

  • Speaker #1

    Et là, tu disais l'Asie centrale, on change encore une fois complètement d'ambiance puisque tu vas visiter le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, et tu appelles ce chapitre le silence du désert et la monotonie de la steppe. Et j'aime beaucoup parce qu'en fait, là, tu sens que ta liberté, elle est poussée à l'extrême. Donc là, voilà, t'es face à ce silence du désert et je sais plus si c'est à ce moment-là où tu expliques que... Tu te rends compte en fait que nous, on est juste une goutte d'eau dans un océan quand tu te retrouves face à ces paysages tellement grandioses et immenses.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Alors, ce moment-là, c'est un peu le moment très fort du voyage parce qu'en fait, pour la première fois du voyage, j'ai la sensation d'arriver à mon but en quelque sorte, qui était vraiment les steps. Donc, le livre s'appelle Step by Step. Donc, il y a vraiment cette idée de cheminer vers les steps. Et en fait, j'ai une sorte de... de joie intérieure, de me dire mais en fait, je suis en train d'accomplir mon rêve, là, c'est incroyable. Même si tout autour de moi, c'était assez morose parce que en fait, la Steppe, c'est quoi ? C'est un désert avec des petites touffes d'herbe sur des milliers de kilomètres. Et donc, parfois, c'était impressionnant parce que du coup, là, je voyageais quasiment exclusivement avec des camionneurs parce qu'il n'y a rien, donc il n'y a pas de voiture qui passe. Et donc, parfois, je m'endormais 3-4 heures, je me réveillais, le paysage avait pas changé d'un iota Et là, je regardais sur la carte, je voyais qu'on avait quand même fait 400 kilomètres. Et je me disais, mais c'est quand même incroyable, cette immensité. Et là, j'ai vraiment ressenti un vertige de me dire, j'avais déjà ressenti un peu ça en Turquie, mais là, encore un niveau au-dessus où je savais que si le camion me disait, écoute, tu descends là, potentiellement, je pourrais mourir. Parce qu'il y avait un camion qui passait tous les deux, trois jours. Enfin voilà, c'est vraiment pas du tout une route empruntée, c'était une route en terre, etc. et donc c'était vraiment un moment de on va dire, de méditation et de contemplation du paysage que j'ai trouvé incroyable.

  • Speaker #1

    Et tu es arrivé à trouver quand même cette méditation sachant qu'il y avait ce risque, enfin là c'est moi qui projette mes propres peurs, mais... d'arriver à savourer ces paysages tout en sachant, comme tu viens de dire, que si le mec pourrit que ce soit irak raison, il te dit « Bon, tu vas descendre ici » .

  • Speaker #0

    Écoute, étonnamment, oui. Étonnamment, oui, parce que je ne sais pas, mais après aussi, ça a été consolidé par toutes les expériences que j'avais vécues avant dans le voyage. Mais j'avais une sorte de confiance qu'en fait, j'allais arriver au bout. Et du coup, c'est ça qui me permettait de surmonter un peu la peur que je pouvais avoir. Et aussi, cette idée de me dire « S'il m'arrive un truc, Merci. je sens que j'ai une bonne étoile et que je vais être secouru par quelqu'un et donc ça, ça me permettait de relativiser un peu le danger à ce moment-là. Mais c'est vrai que il y avait aussi ce côté un peu lunaire de me dire mais voilà, je suis vraiment... Enfin, qu'est-ce que je fais là ? Je suis à un endroit où je ne devrais pas être et il y avait quelque chose de très excitant à ça, je trouvais. Donc moi, ça me plaisait bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Parce que tu dis aussi que l'autostop... ça va un petit peu dans cette idée de ce que tu viens de dire c'est l'acceptation de l'incertitude permanente et l'abandon de la planification donc en fait j'imagine que tu lâchais prise sur ça aussi de dire bah je sais pas ce qui va se passer dans quelques heures et c'est ok ouais c'est ça en fait le fait de lâcher prise sur des choses matérielles donc où est-ce que je vais dormir ce soir comment je vais aller à tel endroit etc je

  • Speaker #0

    pense que ça permettait aussi de lâcher prise sur des choses pas matérielles comme tes peurs, tes angoisses tes résistances intérieures, etc. Et donc là, j'étais à tes doutes, comme si tout ça passait après la joie et la confiance que j'avais dans ce voyage.

  • Speaker #1

    Et la confiance que tu as pu avoir pour ces peuples en Asie centrale, c'est aussi de voir à quel point ils étaient d'une solidarité impressionnante, aussi un accueil qui t'a bluffé. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de comment ça s'est passé justement dans cette partie du voyage ?

  • Speaker #0

    Oui, donc l'Asie centrale, c'était très différent de la Turquie, j'ai trouvé aussi. Je ne vais pas mettre tous les pays dans le même panier parce qu'ils sont tous très différents. Mais du coup, ça commence avec le Kazakhstan, où là, j'ai vraiment traversé un espèce de grand désert qui a continué jusqu'en Ouzbékistan et où ça m'a pris plusieurs jours. Je suis arrivé sur les oasis, des oasis au milieu du désert en Ouzbékistan. Et donc là, il y avait un peu un truc incroyable de se dire, ça y est, j'arrive dans l'oasis. Donc c'était assez incroyable. Et donc notamment une oasis qui s'appelle Riva, qui est magnifique, qui est une ancienne ville de la route de la soie, qui est absolument superbe, avec une architecture islamique et tout ça. Et donc j'avais un peu l'impression d'être dans Aladin. C'est vraiment, tu as cette espèce de grande ville qui sort du désert avec des arbres partout et c'était assez incroyable. Et puis après, j'ai poursuivi jusqu'à Samarkand, qui est aussi une autre très belle ville de la route de la soie. Et ensuite, j'ai poursuivi du coup au Tadjikistan. où là, en fait, rien à voir. On était plutôt dans le désert. On est dans des très hautes montagnes, dans la région du Pamir. Donc, c'est une chaîne de montagnes qui est vraiment, voilà, si on poursuit l'Himalaya vers l'ouest, en fait, on arrive sur le Pamir. Et donc là, ça a été, voilà, culture très différente. Mais où, voilà, c'est un jour du monde où je me suis senti aussi très accueilli et très porté. Et à ce moment-là, ça m'a fait du bien d'avoir des montagnes, de voir un peu de relief après avoir vu l'horizon pendant plusieurs jours. et ensuite à la fin du coup le Kyrgyzstan où là, c'est aussi très montagneux, et où j'ai terminé avec une balade à cheval, qui était aussi un peu un de mes rêves de ce voyage, c'était de pouvoir faire du cheval au Kyrgyzstan. Et donc, au départ, je n'étais pas censé pouvoir, parce qu'on était au mois de décembre, donc en plein hiver, donc le pays entier était recouvert de neige. Et en fait, j'ai réussi à convaincre un guide de partir avec moi, et donc il a fait super beau, on a eu de la chance, les conditions étaient idéales. Et donc ça, ça a été aussi un moment incroyable que j'ai partagé avec lui. Donc ça, c'était absolument magnifique. Donc j'ai eu des expériences très différentes dans cette région du monde qui est finalement immense. Moi, ça m'a fait beaucoup de bien ces grands espaces. Je pense que c'est aussi ça que je venais chercher. Donc il y avait évidemment la rencontre, et puis il y avait ces grands espaces. Et me dire ce sentiment de liberté que procurent ces grands espaces, j'ai trouvé ça assez fou.

  • Speaker #1

    Peut-être revenir, si c'est OK pour toi, pour terminer, sur déjà le Tadjikistan. Ou en fait, tu expliquais, comme tu viens de nous le dire, que l'hospitalité, c'est le sport national là-bas.

  • Speaker #0

    Au Tadjikistan, c'est même plus qu'un sport national. C'est-à-dire qu'en fait, comme dans tous les autres pays musulmans, il y a ce devoir d'accueil à l'étranger. Mais il y a un truc en plus au Tadjikistan, c'est que les conditions de vie sont tellement rudes. C'est-à-dire qu'il fait tellement froid l'hiver et tellement chaud l'été. L'hiver, il fait entre moins 5 et moins 25 la journée et entre moins 15 et moins 30 à lui. Donc on est vraiment sur des températures qui sont très continentales, très très froides. L'été, il fait monstrueusement chaud, il fait 40 degrés tous les jours. Et donc en fait, quand j'étais au Tadjikistan, j'ai pris une route qui s'appelle la Pamir Highway, qui est une route le long des montagnes qui longe l'Afghanistan d'ailleurs, et qui est une route assez dangereuse, qui n'est pas du tout balisée. C'est vraiment creusé dans la montagne, mais il n'y a pas du tout de route. C'est plus un chemin de terre où il y a des camions qui passent et quelques 4x4, mais c'est tout. Et en fait, en me baladant dans ces coins-là, qui sont très très reculés, je réalisais que les gens m'accueillaient, mais en fait, ce n'était même pas un sujet. C'est-à-dire, ils me voyaient et me disaient directement, viens chez moi. Et je n'avais même pas besoin de demander, c'est-à-dire que c'était hyper naturel. Et en fait, je pense que c'est aussi lié à ces conditions. c'est-à-dire ils savaient très bien que si je restais dehors cette nuit-là, potentiellement j'allais mourir et donc il y avait vraiment cette... C'était plus un instinct de survie que juste de la pure générosité, même si je pense qu'ils étaient hyper généreux. Et donc, c'était vraiment encore autre chose que j'ai découvert. Mais le Tadjikistan, c'est assez incroyable, surtout dans ce coin-là, dans le Pamir, où c'est vraiment des coins où c'est très reculé, ils ont accès à très peu de choses, pas d'électricité, pas de courante. Donc, c'est vraiment des conditions qui sont très simples. J'ai trouvé ça trop chouette de pouvoir découvrir aussi cette réalité-là du monde.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que là, je me dis, il y a encore tellement de rencontres que j'avais envie d'aborder, mais on ne va pas pouvoir tous les aborder, comme je le disais. Mais c'est pour ça que je mettrais vraiment le lien pour ton livre, qui en plus est sorti en poche depuis peu de temps.

  • Speaker #0

    Il est sorti en livre de poche au mois de mai, là. Donc, il est même passé à 8 euros. Donc, voilà, il est vraiment accessible maintenant.

  • Speaker #1

    Comme ça, les gens pourront découvrir ta rencontre marquante avec Oza dans l'Ouzbékistan. Là, ça t'a bouleversé comme toutes les rencontres originales que tu as pu faire. Ils pourront découvrir aussi comment, à un moment, je crois que c'était au Kirghizistan, tu te retrouves chez un trappeur de loups. Là aussi, quand tu racontes, c'est juste incroyable. Là, on est déjà à la fin de l'épisode. Est-ce que c'est OK pour toi de nous partager quelques mots sur ton retour ? parce que tu as terminé au Kyrgyzstan. Ensuite, nous raconter rapidement comment tu as fait pour rentrer et voir un petit peu ce que tu as ramené avec toi ou j'imagine quand tu as posé la question 20 000 fois.

  • Speaker #0

    Oui, carrément. Du coup, je suis parti début septembre et le voyage s'est terminé vers mi-décembre au Kyrgyzstan. C'était un long voyage, 20 000 kilomètres de stop à travers 17 pays sur 80 jours. Donc tout ça sans hôtel, sans auberge. Sur les 80 jours, j'ai été accueilli 50 fois et 30 fois j'ai dormi sous tente. Et donc je ressors du voyage complètement épuisé. En fait, j'avais prévu de faire le retour en train, mais à cause de la mésaventure que j'ai eue en Turquie, j'ai été banni de Turquie. Donc je ne pouvais plus passer par la Turquie. Or, c'était le seul itinéraire possible en train. Et donc j'ai dû rentrer en avion un peu à contre-cars. Mais en même temps, j'étais tellement épuisé du voyage que je pense que ça m'a fait du bien aussi de... de pouvoir rentrer rapidement. Et au retour, j'avais absolument rien prévu. C'est-à-dire que je n'avais pas de job qui m'attendait. Je voulais que le voyage soit quelque chose qui puisse me chambouler vraiment. Et du coup, je ne voulais pas avoir de plan pour après. Et d'ailleurs, c'était une super chose parce que je suis rentré et petit à petit, au bout d'une ou deux semaines, a émergé un peu cette idée de livre parce que j'avais pris plein de notes. et justement par rapport à la solitude c'était une bonne manière aussi pour moi d'extérioriser un peu toutes les émotions que je pouvais ressentir donc j'avais beaucoup écrit et donc pour moi ça a été un peu une manière de prolonger le voyage et de rentrer en douceur parce que je me... je savais que sinon le choc allait être trop violent entre ce qu'elle avait vécu pendant plusieurs mois et le retour et donc pour moi l'écriture m'a vraiment permis de revivre chaque rencontre chaque moment fort et je suis vraiment hyper reconnaissant d'avoir pris ce temps-là. Au départ, je me dis que ça va me prendre 2-3 mois. En fait, ça m'a pris 6 mois à plein temps. Et puis après, j'ai eu la chance d'être publié rapidement. Il y a vraiment eu beaucoup de choses qui ont fait que, on va dire une deuxième fois, j'ai réécouté ce mur à l'intérieur qui me disait « fais-toi confiance, tu t'es fait confiance sur le voyage, tu peux te faire confiance sur l'écriture aussi » . Et donc, il y a eu un peu cet acte de foi, encore une fois, à faire, qui a payé aussi. Et donc, c'est un peu ça aussi un enseignement du voyage, c'est de se dire, quand je me fais confiance à ce que je ressens au fond de moi, globalement, ça se passe bien, ça se passe même très bien. Et je peux en tirer des choses hyper positives pour ma vie. Et donc, c'est vraiment ça que j'en tire. Je dirais que c'est ça la première chose que j'en tire. Et après, évidemment, toutes les rencontres, toutes les claques d'humanité que j'ai prises en pleine figure pendant 80 jours, ça, c'est clair que ça m'a marqué. Peut-être aussi cette confiance en l'humanité. Et au-delà de cette confiance en l'humanité, moi je ressors avec l'intime conviction qu'on n'a pas le choix que d'avoir confiance en l'humanité. C'est-à-dire que si on perd foi en l'humanité, pour le coup on est sûr que ça va mal se passer, et du coup on va vraiment essayer de cultiver cette foi en l'humanité. C'est vraiment quelque chose que j'essaie de continuer à faire même après le voyage, même si ce n'est pas toujours évident. Mais voilà, donc je retire avec plein de choses. Et aussi, professionnellement, du coup, le fait de prendre conscience qu'en fait, ce qui m'animait, c'était le voyage, c'était l'aventure et que je voulais travailler là-dedans. Donc voilà, ça a aussi été déterminant pour ma vie pro.

  • Speaker #1

    Et là, maintenant, ça fait plusieurs années que cette aventure s'est terminée. Est-ce que... Quand tu en parles, je vois encore les étincelles dans tes yeux. On a l'impression que c'était il y a quelques mois à peine. Est-ce que tu arrives à garder ça dans ton quotidien, garder ces enseignements dans ta vie de tous les jours ?

  • Speaker #0

    Je te mentirais si je te dirais que j'y arrive à 100% et que c'est facile. Aujourd'hui, j'habite à Paris. C'est un contexte où ce n'est pas forcément évident de... de rester tourné vers les autres, de rester curieux, de créer du contact. Donc j'avoue que mon retour, j'ai eu une petite désillusion quand même, de prendre conscience qu'en fait, si avant j'étais aussi centré sur moi-même, ce n'était pas uniquement parce que j'étais quelqu'un de pas bien, c'est parce que s'il y avait un contexte qui faisait que ce n'était pas toujours évident. Donc oui, je dirais que c'est vraiment un chemin et qu'on n'arrive jamais au bout, et qu'il faut continuer à persévérer. Et après, pour ce qui est sur la partie voyage, j'essaye de continuer à vivre des choses chouettes sans forcément partir aussi loin. Parce que ce que j'ai pris conscience aussi, c'est que récemment, c'est qu'on peut vivre des choses très chouettes sans partir aussi loin. Mais voilà, de continuer à garder cet état d'esprit d'aventure dans la vie de tous les jours, c'est vraiment quelque chose que j'essaie de cultiver aussi.

  • Speaker #1

    Et justement, tu dis dans ton livre sur la fin que le voyage, c'est un état d'esprit plutôt qu'une histoire de kilomètres. Et c'est ce que j'espère transmettre un petit peu aussi avec le podcast, qu'on n'a pas besoin de... partir toujours à l'autre bout du monde pour s'évader même juste en t'écoutant. Tu vois, moi, je suis encore là-haut, qui existe à t'écouter. Et là, je vais un petit peu te laisser libre antenne, comme on dirait, pour conclure cet épisode sur ce que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices s'ils devaient retenir, libre à toi, quelques points que tu aimerais leur transmettre.

  • Speaker #0

    Ouais, moi, ce que j'ai envie de dire, c'est lié à tout ce que je viens de raconter, mais voilà, ne désespérons pas. Gardons espoir. Gardons espoir que collectivement, on va trouver des solutions à tous les défis qui nous attendent, que ce soit des défis politiques, économiques, sociaux. Il y a plein de choses qui peuvent nous amener à perdre foi en l'humanité. Essayons de continuer chacun à faire de notre mieux et que le reste suivra. C'est vraiment ça que j'ai envie de transmettre, cette foi en l'humanité qu'il ne faut surtout pas perdre.

  • Speaker #1

    Parfait. Merci beaucoup, Vianney. Comme je le disais, je vais mettre ton livre dans le descriptif de l'épisode parce que vraiment, c'est un livre qui est très singulier parce qu'en fait, oui, tu parles de ton aventure, tu parles quand même des pays que tu as traversés, ainsi de suite, mais c'est tellement une ode à... à garder cette foi en l'humanité avec toutes ces rencontres que tu as pu faire. Là, on n'en a cité que quelques-unes, mais il y en a des dizaines et des dizaines. Bonne continuation pour la suite et au plaisir de te recevoir peut-être pour de nouvelles aventures à voir. Encore merci pour tout ce que tu as pu transmettre à l'audience.

  • Speaker #0

    Merci à toi Camille d'avoir pris le temps de m'écouter et j'espère que le podcast va vous plaire. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

Chapters

  • Pourquoi Vianney a choisi de voyager en stop jusqu'en Asie Centrale ?

    00:00

  • Aller l'autre : un acte courageux ?

    06:33

  • Les débuts du stop en Europe : challenges et ajustements

    08:31

  • Les rencontres au coeur de ce voyage

    12:17

  • Montagnes russes émotionnelles avec un certain chauffeur

    20:05

  • Comment apprivoiser le "danger" ?

    22:00

  • Remercier les gens sur son chemin

    24:30

  • Échanger avec la barrière de la langue

    26:15

  • Trouver le confort dans l'inconfort

    28:30

  • La chance de pouvoir bouger librement

    31:17

  • Accepter la solitude dans cette aventure

    33:31

  • Transition vers l'Asie mineure

    36:05

  • Restaurer sa foi en l'humanité avec ces rencontres

    41:05

  • Asie Centrale : l'arrivée dans les steppes

    43:07

  • Lâcher-prise total

    46:03

  • Comment s'est passé son retour ? Enseignements tirés de son aventure

    51:44

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