Description
Bam ! Schizophrène !
Le mot est chargé d'images... la réalité, décrite par ce jeune de 22 ans, aussi... mais là, c'est vrai.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Bam ! Schizophrène !
Le mot est chargé d'images... la réalité, décrite par ce jeune de 22 ans, aussi... mais là, c'est vrai.
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Transcription
Donc j'ai une partie qui est dans le néant, une partie qui est en sombre et une partie qui est vraiment présente. Donc voilà, t'es une demi-personne qui parle aux gens et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
Appelons le Paul, il a 22 ans, depuis un an il est schizophrène, il est aussi schizophrène. Derrière le diagnostic qui tombe comme une bombe, il y a un jeune homme, il y a une histoire, et c'est celle qu'il faut raconter. Vous et moi ne tenons aucun compte de 90% de nos pensées, et c'est bien. Dans sa tête à lui, tout est présent, sans filtre, épuisant. Alors aujourd'hui, puisque la chose est dite, le mot est lâché, la cause entendue, et bien c'est à lui de raconter. Donc là on est dehors, café-clopes, comment ça se passe dans ta tête ?
C'est très compliqué en fait, à chaque fois que je parle à quelqu'un, c'est... Alors moi j'ai pas d'hallucinations visuelles ni auditives, mais je vais avoir une sorte de... Euh... de partie de moi qui va se mettre à aller ailleurs en fait et complètement ailleurs et dans des zones sombres dans des zones sombres c'est à dire je vais avoir des sensations des flashs des trucs des machins pendant que je parle à quelqu'un des trucs qui vont m'emmener complètement mais à 10 000 km de la situation actuelle et
Et c'est quoi ces trucs ? C'est du bruit ? C'est une sensation ?
C'est très compliqué à expliquer. Pour moi, c'est très palpable. Je le sens vraiment dans mon corps. Mais il n'y a pas de voix. Il n'y a rien de flippant. C'est vraiment une émotion très forte. Quelque chose qui interfère. Complètement quelque chose qui interfère. Et je ne sais pas... C'est pas une voix qui me parle dans ma tête, c'est pas des images, il n'y a pas Napoléon III au fond du jardin, mais ça me tient à côté.
Et du coup la solution c'est quoi ? C'est d'être super focus sur la réalité puisque tu sais qu'elle est là la réalité la vraie.
La réalité bien sûr j'ai un pied dedans, j'ai un pied dedans mais l'autre pied est ailleurs, l'autre pied est dans une barre. La planète où il y a Maître Yoda là, la planète où il y a des marais ou des trucs comme ça, mon pied gauche il est là dedans. Donc j'ai une partie, une partie qui est dans le néant, une partie qui est dans le sombre, et une partie qui est vraiment présente, et cette partie-là, je la développe de plus en plus, parce que quand je suis avec les gens, j'essaie vraiment de rentrer dans l'instant présent, d'être présent, d'écouter ce que la personne a à me dire, de comprendre ce qu'elle a à me dire, de suivre là où elle veut aller, et c'est ça vraiment qui manque dans l'instant justement, plutôt que de laisser ma tête partir. dans quelque chose que je ne connais pas et qui est incontrôlable. Je me remets à me reconnecter vraiment à mes émotions. J'écoute beaucoup de musique, je regarde des films. Et c'est comme des vacances en fait, c'est comme des vacances parce que ça me transporte vers une autre réalité. Alors je combine ça avec de l'alcool. La plupart des fois, mais ça me... Je suis en soirée avec moi-même, ça paraît ridicule, mais il y a des gens qui aiment beaucoup être seul, et qui trouvent le bonheur seul, et je suis en train de mettre un pied là-dedans, d'être seul, et de me conforter dans mon état, et de contempler vraiment tout ce qui se passe quand je suis seul. Et ça, j'ai beaucoup de mal à le faire quand je suis avec quelqu'un. Je développe beaucoup d'énergie pour justement... Être conscient, présent et à l'écoute. Et donc cette relaxation, elle est disponible la plupart du temps seule, malheureusement.
Pourquoi malheureusement ?
Parce que j'ai appris à vivre avec les autres. Je n'étais pas du tout comme ça étant jeune, mais grandi, j'ai aimé vraiment découvrir, rencontrer, apprendre. Et d'être maintenant, d'être dans cet état-là, actuel, c'est très frustrant parce que ça active beaucoup de choses en moi. J'ai à la fois envie de redevenir ce que j'étais avant, ce qui n'est pas possible, de toucher ce qui a été moi, parce que pendant une longue période, en étant valide, j'ai pu être à l'extérieur de moi-même, vraiment plus dans ma tête, dans mes pensées, dans ce qui me bloquait. J'étais vraiment dans l'instant et je vivais beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
J'ai l'impression que quand on parle des autres et de l'environnement, c'est à la fois un grand désir de retrouver finalement ce que tu étais avant dans ta relation aux autres. Donc là, aujourd'hui, les autres, c'est à la fois le désir de retrouver ça avec la richesse et les complications que... qu'engendre toute relation. Et c'est à la fois un combat, une crainte, une peur, quelque chose d'absolument épuisant.
Ah oui, oui, oui, totalement. Je ne peux pas nier ça. Quand je parlais de temps de guerre, les gars, dans ma tête, c'est Bagdad. Bagdad, ils ne sont pas en guerre. Mais c'est le marché opus. C'est qui veut du poisson ? Avant, je suis toujours trouble déficitaire de l'attention et de l'hyperactivité, et je retrouve beaucoup ça encore dans la schizophrénie. T'es tout le temps attiré par tout ce qui se passe autour, et tu passes ton temps à créer des réflexions, des cheminements de pensée sur tout ce qui se passe autour de toi.
Ok, et alors après, il y a ces fameux... On ne peut pas parler de bruit, ce n'est pas des hallucinations auditives, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de la sensation, et ça surgit, et c'est sombre, et on n'a pas envie d'y aller.
On n'a pas du tout envie d'y aller, non. C'est une partie de moi-même qui est comme ça. Quand je parle aux gens, je dis à gauche c'est haram, et à droite c'est clean. Et donc voilà, tu es une demi-personne qui parle aux gens, et tu es sans arrêt au QG. Enfin, je ne sais pas comment dire, je parle de manière très imagée. Mais t'es sans arrêt en train de taper la réflexion dans ta tête. Ouais les gars, ok là, ça se passe comme ça, il se passe ça, le gars il a dit ça. Et là il y a la guerre à côté, ça bouge, ça fait du bruit, tout se met à s'exciter et je reviens dans le présent. Et je refais le point. Et c'est tout le temps comme ça. Et je fais le point, je fais le point, je fais le point. Et jusqu'à ce que ce soit clair et concis et que je puisse nager dans le bain, quoi.
Quand on entend ce que tu décris, on comprend un petit peu mieux qu'il y a une recherche absolument quasi vitale par moment de tranquillité, de respirer, de souffler. Et ça, pour l'instant, cette façon d'y accéder au repos, à la détente, c'est le cannabis.
Oui, mais enfin... Je dis malheureusement parce que je sais que c'est pas une solution. Mais j'aurais pas grand chose à dire pour ma défense cette fois-ci.
Le fait que les gens en face de toi et dans ton entourage, ils réalisent pas le quart du dixième de la moitié de ce qui se passe dans ta tête quand t'es avec eux, tu le vis comment ? Comme une injustice, comme une tristesse ?
Ouais, c'est assez injuste. Je me dis... Quand je vois les médecins qui me disent « on n'a jamais vu ça, c'est bizarre que ce soit aussi clair dans ta tête, que ce soit aussi précis » , on ne trouve pas. Et je me dis « bordel, il n'y a que moi qui ai ça » . Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont cette pathologie, mais elle est différente. Et chez moi, elle est comme ça, et c'est un métier en fait. Je ne serais pas capable de... Donc, l'enchaînement à vrai métier, parce que mon métier, c'est juste de survivre et de parler aux gens.
Ça suscite quel type d'émotion ?
C'est très mélangé, c'est très mélangé. Personnellement, je me confie beaucoup à Dieu, parce que justement, dans ces moments où tu es tellement replié sur toi-même, tu es tellement au fond de ta grotte, mais au fond du fond du fond, avec toutes tes pensées qui tournent autour, ton nuage électrique qui est au-dessus de ta tête. tu te confies à Dieu. Et dans ce cas-là, toutes tes émotions qui passent, qui viennent, il y a de la joie parce que la plupart du temps, je fume. Donc il y a de la joie parce que j'ai fumé. Il y a de la tristesse parce que je me rends compte de la réalité. Il y a de l'espoir, il y a beaucoup d'espoir parce que je sais que ça peut s'arranger et ça peut devenir autre chose en l'espace de quelques temps. sur un choix, sur une opportunité, sur beaucoup de choses, des déclics qui peuvent engendrer des nouvelles façons de vivre. Mais c'est souvent très mélangé, c'est souvent très mélangé. Du coup, je m'en remets à Dieu et je lui confie vraiment ce pactole de bazar, rempli d'émotions, d'incompréhension, de colère, parce que vraiment, pourquoi moi ?
Et la musique là-dedans ?
La musique, c'est un moyen de transmettre. C'est sûrement ça, c'est sûr même. Malgré la musique qu'on écoute aujourd'hui, qui peut être très commerciale et très ciblée par rapport à l'individu pour plaire, la musique, pour moi, c'est quelque chose qui est bien sûr pour plaire, ça c'est sûr, parce que la musique, si tu n'en fais pas pour les autres, tu le fais pour qui ? C'est aussi un moyen de transmettre ce qu'il y a en moi, des parties de choses qui... qui éveille quelque chose en moi, ça peut être tout simplement, concrètement, une sirène de bagnole de police. Je mets ça en début de son et direct, ça me ramène à des choses que j'ai vécues en partie ou des voix que j'insère, des pianos, une façon de mettre le piano, toute cette façon d'orchestrer la musique. Pour moi, c'est une façon d'organiser et d'orchestrer mes émotions, mes sentiments et pouvoir le donner sous forme de petites lettres. Je le poste quelque part, Soundcloud, Spotify ou quoi. Au moins, les gens peuvent avoir dans l'oreille ce qui se passe un peu dans ma tête.
J'ai envie que tu nous fasses écouter un son que tu aimes bien et que tu me dises pourquoi tu l'aimes bien. Qu'est-ce que tu vas nous faire écouter là ?
C'est un son avec... en fait c'est un son de Logic dedans en fait il y a Seth MacFarlane et Seth MacFarlane c'est le gars qui a créé, enfin qui a été producteur, enfin je vais pas dire n'importe quoi mais qui a fait les voix en tout cas des personnages de de Family Guy, enfin des dessins animés pour adultes et c'est des voix je sais pas si vous connaissez mais c'est aussi le gars qui chante dans cette dans cette chanson et du coup ça me fait marrer parce que il y a à la fois tout ce qui est tout ce qui est rude en son c'est à dire on arrête man qui rappe et plus on avance dans le son d'un coup on se tape ça Et ça pour moi c'est incroyable parce qu'il y a un changement d'émotion en fait. On est dans la rue, on a le bon rappeur des US qui nous lâche son meilleur dièse, et d'un coup on a une voix totalement, je sais pas comment dire, mais qui n'a pas réellement grand rapport avec le style de la musique. Mais ça nous envoie dans une toute autre direction et une direction qui est très apaisante. Et ça, c'est un peu ce qui se passe souvent dans mon cerveau. Ça peut être très brouillon, ça peut être très sombre. Et d'un coup, il peut y avoir une lumière, vraiment quelque chose de très lumineux qui apparaît. Et ça change tout. Et ce son-là, vraiment, me fait penser à ça.
Et là, si on peut juste arrêter ou finir sur cette phrase-là. Now is the only time. C'est un peu ce que tu cherches à vivre aussi, maintenant. C'est le vrai moment, c'est cet instant présent que tu cherches à récupérer en permanence, cette réalité dont tu parlais tout à l'heure.
Elle m'échappe en permanence, mais je l'aurai. C'est très compliqué parce que dans cette maladie-là, tu as très souvent des moments où tu te dis, « Ah, ça y est ! Je vois le soleil qui prie, je vois les gens me regarder d'une manière normale, je n'ai pas peur des autres. » Et en fait, ça dure dix minutes et tu replonges dans le grand bain après. Je sais pas, c'est comme une petite pause-clope au boulot. Il y a un moment ça va bien, puis tu remets la tête dans le bain. Donc maintenant, c'est le moment, je ne sais pas. Mais j'espère que ce sera le moment chaque fois. Chaque jour serait le moment parfait. Donc je continue de marcher, je continue de combattre.
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Bam ! Schizophrène !
Le mot est chargé d'images... la réalité, décrite par ce jeune de 22 ans, aussi... mais là, c'est vrai.
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Donc j'ai une partie qui est dans le néant, une partie qui est en sombre et une partie qui est vraiment présente. Donc voilà, t'es une demi-personne qui parle aux gens et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
Appelons le Paul, il a 22 ans, depuis un an il est schizophrène, il est aussi schizophrène. Derrière le diagnostic qui tombe comme une bombe, il y a un jeune homme, il y a une histoire, et c'est celle qu'il faut raconter. Vous et moi ne tenons aucun compte de 90% de nos pensées, et c'est bien. Dans sa tête à lui, tout est présent, sans filtre, épuisant. Alors aujourd'hui, puisque la chose est dite, le mot est lâché, la cause entendue, et bien c'est à lui de raconter. Donc là on est dehors, café-clopes, comment ça se passe dans ta tête ?
C'est très compliqué en fait, à chaque fois que je parle à quelqu'un, c'est... Alors moi j'ai pas d'hallucinations visuelles ni auditives, mais je vais avoir une sorte de... Euh... de partie de moi qui va se mettre à aller ailleurs en fait et complètement ailleurs et dans des zones sombres dans des zones sombres c'est à dire je vais avoir des sensations des flashs des trucs des machins pendant que je parle à quelqu'un des trucs qui vont m'emmener complètement mais à 10 000 km de la situation actuelle et
Et c'est quoi ces trucs ? C'est du bruit ? C'est une sensation ?
C'est très compliqué à expliquer. Pour moi, c'est très palpable. Je le sens vraiment dans mon corps. Mais il n'y a pas de voix. Il n'y a rien de flippant. C'est vraiment une émotion très forte. Quelque chose qui interfère. Complètement quelque chose qui interfère. Et je ne sais pas... C'est pas une voix qui me parle dans ma tête, c'est pas des images, il n'y a pas Napoléon III au fond du jardin, mais ça me tient à côté.
Et du coup la solution c'est quoi ? C'est d'être super focus sur la réalité puisque tu sais qu'elle est là la réalité la vraie.
La réalité bien sûr j'ai un pied dedans, j'ai un pied dedans mais l'autre pied est ailleurs, l'autre pied est dans une barre. La planète où il y a Maître Yoda là, la planète où il y a des marais ou des trucs comme ça, mon pied gauche il est là dedans. Donc j'ai une partie, une partie qui est dans le néant, une partie qui est dans le sombre, et une partie qui est vraiment présente, et cette partie-là, je la développe de plus en plus, parce que quand je suis avec les gens, j'essaie vraiment de rentrer dans l'instant présent, d'être présent, d'écouter ce que la personne a à me dire, de comprendre ce qu'elle a à me dire, de suivre là où elle veut aller, et c'est ça vraiment qui manque dans l'instant justement, plutôt que de laisser ma tête partir. dans quelque chose que je ne connais pas et qui est incontrôlable. Je me remets à me reconnecter vraiment à mes émotions. J'écoute beaucoup de musique, je regarde des films. Et c'est comme des vacances en fait, c'est comme des vacances parce que ça me transporte vers une autre réalité. Alors je combine ça avec de l'alcool. La plupart des fois, mais ça me... Je suis en soirée avec moi-même, ça paraît ridicule, mais il y a des gens qui aiment beaucoup être seul, et qui trouvent le bonheur seul, et je suis en train de mettre un pied là-dedans, d'être seul, et de me conforter dans mon état, et de contempler vraiment tout ce qui se passe quand je suis seul. Et ça, j'ai beaucoup de mal à le faire quand je suis avec quelqu'un. Je développe beaucoup d'énergie pour justement... Être conscient, présent et à l'écoute. Et donc cette relaxation, elle est disponible la plupart du temps seule, malheureusement.
Pourquoi malheureusement ?
Parce que j'ai appris à vivre avec les autres. Je n'étais pas du tout comme ça étant jeune, mais grandi, j'ai aimé vraiment découvrir, rencontrer, apprendre. Et d'être maintenant, d'être dans cet état-là, actuel, c'est très frustrant parce que ça active beaucoup de choses en moi. J'ai à la fois envie de redevenir ce que j'étais avant, ce qui n'est pas possible, de toucher ce qui a été moi, parce que pendant une longue période, en étant valide, j'ai pu être à l'extérieur de moi-même, vraiment plus dans ma tête, dans mes pensées, dans ce qui me bloquait. J'étais vraiment dans l'instant et je vivais beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
J'ai l'impression que quand on parle des autres et de l'environnement, c'est à la fois un grand désir de retrouver finalement ce que tu étais avant dans ta relation aux autres. Donc là, aujourd'hui, les autres, c'est à la fois le désir de retrouver ça avec la richesse et les complications que... qu'engendre toute relation. Et c'est à la fois un combat, une crainte, une peur, quelque chose d'absolument épuisant.
Ah oui, oui, oui, totalement. Je ne peux pas nier ça. Quand je parlais de temps de guerre, les gars, dans ma tête, c'est Bagdad. Bagdad, ils ne sont pas en guerre. Mais c'est le marché opus. C'est qui veut du poisson ? Avant, je suis toujours trouble déficitaire de l'attention et de l'hyperactivité, et je retrouve beaucoup ça encore dans la schizophrénie. T'es tout le temps attiré par tout ce qui se passe autour, et tu passes ton temps à créer des réflexions, des cheminements de pensée sur tout ce qui se passe autour de toi.
Ok, et alors après, il y a ces fameux... On ne peut pas parler de bruit, ce n'est pas des hallucinations auditives, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de la sensation, et ça surgit, et c'est sombre, et on n'a pas envie d'y aller.
On n'a pas du tout envie d'y aller, non. C'est une partie de moi-même qui est comme ça. Quand je parle aux gens, je dis à gauche c'est haram, et à droite c'est clean. Et donc voilà, tu es une demi-personne qui parle aux gens, et tu es sans arrêt au QG. Enfin, je ne sais pas comment dire, je parle de manière très imagée. Mais t'es sans arrêt en train de taper la réflexion dans ta tête. Ouais les gars, ok là, ça se passe comme ça, il se passe ça, le gars il a dit ça. Et là il y a la guerre à côté, ça bouge, ça fait du bruit, tout se met à s'exciter et je reviens dans le présent. Et je refais le point. Et c'est tout le temps comme ça. Et je fais le point, je fais le point, je fais le point. Et jusqu'à ce que ce soit clair et concis et que je puisse nager dans le bain, quoi.
Quand on entend ce que tu décris, on comprend un petit peu mieux qu'il y a une recherche absolument quasi vitale par moment de tranquillité, de respirer, de souffler. Et ça, pour l'instant, cette façon d'y accéder au repos, à la détente, c'est le cannabis.
Oui, mais enfin... Je dis malheureusement parce que je sais que c'est pas une solution. Mais j'aurais pas grand chose à dire pour ma défense cette fois-ci.
Le fait que les gens en face de toi et dans ton entourage, ils réalisent pas le quart du dixième de la moitié de ce qui se passe dans ta tête quand t'es avec eux, tu le vis comment ? Comme une injustice, comme une tristesse ?
Ouais, c'est assez injuste. Je me dis... Quand je vois les médecins qui me disent « on n'a jamais vu ça, c'est bizarre que ce soit aussi clair dans ta tête, que ce soit aussi précis » , on ne trouve pas. Et je me dis « bordel, il n'y a que moi qui ai ça » . Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont cette pathologie, mais elle est différente. Et chez moi, elle est comme ça, et c'est un métier en fait. Je ne serais pas capable de... Donc, l'enchaînement à vrai métier, parce que mon métier, c'est juste de survivre et de parler aux gens.
Ça suscite quel type d'émotion ?
C'est très mélangé, c'est très mélangé. Personnellement, je me confie beaucoup à Dieu, parce que justement, dans ces moments où tu es tellement replié sur toi-même, tu es tellement au fond de ta grotte, mais au fond du fond du fond, avec toutes tes pensées qui tournent autour, ton nuage électrique qui est au-dessus de ta tête. tu te confies à Dieu. Et dans ce cas-là, toutes tes émotions qui passent, qui viennent, il y a de la joie parce que la plupart du temps, je fume. Donc il y a de la joie parce que j'ai fumé. Il y a de la tristesse parce que je me rends compte de la réalité. Il y a de l'espoir, il y a beaucoup d'espoir parce que je sais que ça peut s'arranger et ça peut devenir autre chose en l'espace de quelques temps. sur un choix, sur une opportunité, sur beaucoup de choses, des déclics qui peuvent engendrer des nouvelles façons de vivre. Mais c'est souvent très mélangé, c'est souvent très mélangé. Du coup, je m'en remets à Dieu et je lui confie vraiment ce pactole de bazar, rempli d'émotions, d'incompréhension, de colère, parce que vraiment, pourquoi moi ?
Et la musique là-dedans ?
La musique, c'est un moyen de transmettre. C'est sûrement ça, c'est sûr même. Malgré la musique qu'on écoute aujourd'hui, qui peut être très commerciale et très ciblée par rapport à l'individu pour plaire, la musique, pour moi, c'est quelque chose qui est bien sûr pour plaire, ça c'est sûr, parce que la musique, si tu n'en fais pas pour les autres, tu le fais pour qui ? C'est aussi un moyen de transmettre ce qu'il y a en moi, des parties de choses qui... qui éveille quelque chose en moi, ça peut être tout simplement, concrètement, une sirène de bagnole de police. Je mets ça en début de son et direct, ça me ramène à des choses que j'ai vécues en partie ou des voix que j'insère, des pianos, une façon de mettre le piano, toute cette façon d'orchestrer la musique. Pour moi, c'est une façon d'organiser et d'orchestrer mes émotions, mes sentiments et pouvoir le donner sous forme de petites lettres. Je le poste quelque part, Soundcloud, Spotify ou quoi. Au moins, les gens peuvent avoir dans l'oreille ce qui se passe un peu dans ma tête.
J'ai envie que tu nous fasses écouter un son que tu aimes bien et que tu me dises pourquoi tu l'aimes bien. Qu'est-ce que tu vas nous faire écouter là ?
C'est un son avec... en fait c'est un son de Logic dedans en fait il y a Seth MacFarlane et Seth MacFarlane c'est le gars qui a créé, enfin qui a été producteur, enfin je vais pas dire n'importe quoi mais qui a fait les voix en tout cas des personnages de de Family Guy, enfin des dessins animés pour adultes et c'est des voix je sais pas si vous connaissez mais c'est aussi le gars qui chante dans cette dans cette chanson et du coup ça me fait marrer parce que il y a à la fois tout ce qui est tout ce qui est rude en son c'est à dire on arrête man qui rappe et plus on avance dans le son d'un coup on se tape ça Et ça pour moi c'est incroyable parce qu'il y a un changement d'émotion en fait. On est dans la rue, on a le bon rappeur des US qui nous lâche son meilleur dièse, et d'un coup on a une voix totalement, je sais pas comment dire, mais qui n'a pas réellement grand rapport avec le style de la musique. Mais ça nous envoie dans une toute autre direction et une direction qui est très apaisante. Et ça, c'est un peu ce qui se passe souvent dans mon cerveau. Ça peut être très brouillon, ça peut être très sombre. Et d'un coup, il peut y avoir une lumière, vraiment quelque chose de très lumineux qui apparaît. Et ça change tout. Et ce son-là, vraiment, me fait penser à ça.
Et là, si on peut juste arrêter ou finir sur cette phrase-là. Now is the only time. C'est un peu ce que tu cherches à vivre aussi, maintenant. C'est le vrai moment, c'est cet instant présent que tu cherches à récupérer en permanence, cette réalité dont tu parlais tout à l'heure.
Elle m'échappe en permanence, mais je l'aurai. C'est très compliqué parce que dans cette maladie-là, tu as très souvent des moments où tu te dis, « Ah, ça y est ! Je vois le soleil qui prie, je vois les gens me regarder d'une manière normale, je n'ai pas peur des autres. » Et en fait, ça dure dix minutes et tu replonges dans le grand bain après. Je sais pas, c'est comme une petite pause-clope au boulot. Il y a un moment ça va bien, puis tu remets la tête dans le bain. Donc maintenant, c'est le moment, je ne sais pas. Mais j'espère que ce sera le moment chaque fois. Chaque jour serait le moment parfait. Donc je continue de marcher, je continue de combattre.
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Bam ! Schizophrène !
Le mot est chargé d'images... la réalité, décrite par ce jeune de 22 ans, aussi... mais là, c'est vrai.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Donc j'ai une partie qui est dans le néant, une partie qui est en sombre et une partie qui est vraiment présente. Donc voilà, t'es une demi-personne qui parle aux gens et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
Appelons le Paul, il a 22 ans, depuis un an il est schizophrène, il est aussi schizophrène. Derrière le diagnostic qui tombe comme une bombe, il y a un jeune homme, il y a une histoire, et c'est celle qu'il faut raconter. Vous et moi ne tenons aucun compte de 90% de nos pensées, et c'est bien. Dans sa tête à lui, tout est présent, sans filtre, épuisant. Alors aujourd'hui, puisque la chose est dite, le mot est lâché, la cause entendue, et bien c'est à lui de raconter. Donc là on est dehors, café-clopes, comment ça se passe dans ta tête ?
C'est très compliqué en fait, à chaque fois que je parle à quelqu'un, c'est... Alors moi j'ai pas d'hallucinations visuelles ni auditives, mais je vais avoir une sorte de... Euh... de partie de moi qui va se mettre à aller ailleurs en fait et complètement ailleurs et dans des zones sombres dans des zones sombres c'est à dire je vais avoir des sensations des flashs des trucs des machins pendant que je parle à quelqu'un des trucs qui vont m'emmener complètement mais à 10 000 km de la situation actuelle et
Et c'est quoi ces trucs ? C'est du bruit ? C'est une sensation ?
C'est très compliqué à expliquer. Pour moi, c'est très palpable. Je le sens vraiment dans mon corps. Mais il n'y a pas de voix. Il n'y a rien de flippant. C'est vraiment une émotion très forte. Quelque chose qui interfère. Complètement quelque chose qui interfère. Et je ne sais pas... C'est pas une voix qui me parle dans ma tête, c'est pas des images, il n'y a pas Napoléon III au fond du jardin, mais ça me tient à côté.
Et du coup la solution c'est quoi ? C'est d'être super focus sur la réalité puisque tu sais qu'elle est là la réalité la vraie.
La réalité bien sûr j'ai un pied dedans, j'ai un pied dedans mais l'autre pied est ailleurs, l'autre pied est dans une barre. La planète où il y a Maître Yoda là, la planète où il y a des marais ou des trucs comme ça, mon pied gauche il est là dedans. Donc j'ai une partie, une partie qui est dans le néant, une partie qui est dans le sombre, et une partie qui est vraiment présente, et cette partie-là, je la développe de plus en plus, parce que quand je suis avec les gens, j'essaie vraiment de rentrer dans l'instant présent, d'être présent, d'écouter ce que la personne a à me dire, de comprendre ce qu'elle a à me dire, de suivre là où elle veut aller, et c'est ça vraiment qui manque dans l'instant justement, plutôt que de laisser ma tête partir. dans quelque chose que je ne connais pas et qui est incontrôlable. Je me remets à me reconnecter vraiment à mes émotions. J'écoute beaucoup de musique, je regarde des films. Et c'est comme des vacances en fait, c'est comme des vacances parce que ça me transporte vers une autre réalité. Alors je combine ça avec de l'alcool. La plupart des fois, mais ça me... Je suis en soirée avec moi-même, ça paraît ridicule, mais il y a des gens qui aiment beaucoup être seul, et qui trouvent le bonheur seul, et je suis en train de mettre un pied là-dedans, d'être seul, et de me conforter dans mon état, et de contempler vraiment tout ce qui se passe quand je suis seul. Et ça, j'ai beaucoup de mal à le faire quand je suis avec quelqu'un. Je développe beaucoup d'énergie pour justement... Être conscient, présent et à l'écoute. Et donc cette relaxation, elle est disponible la plupart du temps seule, malheureusement.
Pourquoi malheureusement ?
Parce que j'ai appris à vivre avec les autres. Je n'étais pas du tout comme ça étant jeune, mais grandi, j'ai aimé vraiment découvrir, rencontrer, apprendre. Et d'être maintenant, d'être dans cet état-là, actuel, c'est très frustrant parce que ça active beaucoup de choses en moi. J'ai à la fois envie de redevenir ce que j'étais avant, ce qui n'est pas possible, de toucher ce qui a été moi, parce que pendant une longue période, en étant valide, j'ai pu être à l'extérieur de moi-même, vraiment plus dans ma tête, dans mes pensées, dans ce qui me bloquait. J'étais vraiment dans l'instant et je vivais beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
J'ai l'impression que quand on parle des autres et de l'environnement, c'est à la fois un grand désir de retrouver finalement ce que tu étais avant dans ta relation aux autres. Donc là, aujourd'hui, les autres, c'est à la fois le désir de retrouver ça avec la richesse et les complications que... qu'engendre toute relation. Et c'est à la fois un combat, une crainte, une peur, quelque chose d'absolument épuisant.
Ah oui, oui, oui, totalement. Je ne peux pas nier ça. Quand je parlais de temps de guerre, les gars, dans ma tête, c'est Bagdad. Bagdad, ils ne sont pas en guerre. Mais c'est le marché opus. C'est qui veut du poisson ? Avant, je suis toujours trouble déficitaire de l'attention et de l'hyperactivité, et je retrouve beaucoup ça encore dans la schizophrénie. T'es tout le temps attiré par tout ce qui se passe autour, et tu passes ton temps à créer des réflexions, des cheminements de pensée sur tout ce qui se passe autour de toi.
Ok, et alors après, il y a ces fameux... On ne peut pas parler de bruit, ce n'est pas des hallucinations auditives, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de la sensation, et ça surgit, et c'est sombre, et on n'a pas envie d'y aller.
On n'a pas du tout envie d'y aller, non. C'est une partie de moi-même qui est comme ça. Quand je parle aux gens, je dis à gauche c'est haram, et à droite c'est clean. Et donc voilà, tu es une demi-personne qui parle aux gens, et tu es sans arrêt au QG. Enfin, je ne sais pas comment dire, je parle de manière très imagée. Mais t'es sans arrêt en train de taper la réflexion dans ta tête. Ouais les gars, ok là, ça se passe comme ça, il se passe ça, le gars il a dit ça. Et là il y a la guerre à côté, ça bouge, ça fait du bruit, tout se met à s'exciter et je reviens dans le présent. Et je refais le point. Et c'est tout le temps comme ça. Et je fais le point, je fais le point, je fais le point. Et jusqu'à ce que ce soit clair et concis et que je puisse nager dans le bain, quoi.
Quand on entend ce que tu décris, on comprend un petit peu mieux qu'il y a une recherche absolument quasi vitale par moment de tranquillité, de respirer, de souffler. Et ça, pour l'instant, cette façon d'y accéder au repos, à la détente, c'est le cannabis.
Oui, mais enfin... Je dis malheureusement parce que je sais que c'est pas une solution. Mais j'aurais pas grand chose à dire pour ma défense cette fois-ci.
Le fait que les gens en face de toi et dans ton entourage, ils réalisent pas le quart du dixième de la moitié de ce qui se passe dans ta tête quand t'es avec eux, tu le vis comment ? Comme une injustice, comme une tristesse ?
Ouais, c'est assez injuste. Je me dis... Quand je vois les médecins qui me disent « on n'a jamais vu ça, c'est bizarre que ce soit aussi clair dans ta tête, que ce soit aussi précis » , on ne trouve pas. Et je me dis « bordel, il n'y a que moi qui ai ça » . Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont cette pathologie, mais elle est différente. Et chez moi, elle est comme ça, et c'est un métier en fait. Je ne serais pas capable de... Donc, l'enchaînement à vrai métier, parce que mon métier, c'est juste de survivre et de parler aux gens.
Ça suscite quel type d'émotion ?
C'est très mélangé, c'est très mélangé. Personnellement, je me confie beaucoup à Dieu, parce que justement, dans ces moments où tu es tellement replié sur toi-même, tu es tellement au fond de ta grotte, mais au fond du fond du fond, avec toutes tes pensées qui tournent autour, ton nuage électrique qui est au-dessus de ta tête. tu te confies à Dieu. Et dans ce cas-là, toutes tes émotions qui passent, qui viennent, il y a de la joie parce que la plupart du temps, je fume. Donc il y a de la joie parce que j'ai fumé. Il y a de la tristesse parce que je me rends compte de la réalité. Il y a de l'espoir, il y a beaucoup d'espoir parce que je sais que ça peut s'arranger et ça peut devenir autre chose en l'espace de quelques temps. sur un choix, sur une opportunité, sur beaucoup de choses, des déclics qui peuvent engendrer des nouvelles façons de vivre. Mais c'est souvent très mélangé, c'est souvent très mélangé. Du coup, je m'en remets à Dieu et je lui confie vraiment ce pactole de bazar, rempli d'émotions, d'incompréhension, de colère, parce que vraiment, pourquoi moi ?
Et la musique là-dedans ?
La musique, c'est un moyen de transmettre. C'est sûrement ça, c'est sûr même. Malgré la musique qu'on écoute aujourd'hui, qui peut être très commerciale et très ciblée par rapport à l'individu pour plaire, la musique, pour moi, c'est quelque chose qui est bien sûr pour plaire, ça c'est sûr, parce que la musique, si tu n'en fais pas pour les autres, tu le fais pour qui ? C'est aussi un moyen de transmettre ce qu'il y a en moi, des parties de choses qui... qui éveille quelque chose en moi, ça peut être tout simplement, concrètement, une sirène de bagnole de police. Je mets ça en début de son et direct, ça me ramène à des choses que j'ai vécues en partie ou des voix que j'insère, des pianos, une façon de mettre le piano, toute cette façon d'orchestrer la musique. Pour moi, c'est une façon d'organiser et d'orchestrer mes émotions, mes sentiments et pouvoir le donner sous forme de petites lettres. Je le poste quelque part, Soundcloud, Spotify ou quoi. Au moins, les gens peuvent avoir dans l'oreille ce qui se passe un peu dans ma tête.
J'ai envie que tu nous fasses écouter un son que tu aimes bien et que tu me dises pourquoi tu l'aimes bien. Qu'est-ce que tu vas nous faire écouter là ?
C'est un son avec... en fait c'est un son de Logic dedans en fait il y a Seth MacFarlane et Seth MacFarlane c'est le gars qui a créé, enfin qui a été producteur, enfin je vais pas dire n'importe quoi mais qui a fait les voix en tout cas des personnages de de Family Guy, enfin des dessins animés pour adultes et c'est des voix je sais pas si vous connaissez mais c'est aussi le gars qui chante dans cette dans cette chanson et du coup ça me fait marrer parce que il y a à la fois tout ce qui est tout ce qui est rude en son c'est à dire on arrête man qui rappe et plus on avance dans le son d'un coup on se tape ça Et ça pour moi c'est incroyable parce qu'il y a un changement d'émotion en fait. On est dans la rue, on a le bon rappeur des US qui nous lâche son meilleur dièse, et d'un coup on a une voix totalement, je sais pas comment dire, mais qui n'a pas réellement grand rapport avec le style de la musique. Mais ça nous envoie dans une toute autre direction et une direction qui est très apaisante. Et ça, c'est un peu ce qui se passe souvent dans mon cerveau. Ça peut être très brouillon, ça peut être très sombre. Et d'un coup, il peut y avoir une lumière, vraiment quelque chose de très lumineux qui apparaît. Et ça change tout. Et ce son-là, vraiment, me fait penser à ça.
Et là, si on peut juste arrêter ou finir sur cette phrase-là. Now is the only time. C'est un peu ce que tu cherches à vivre aussi, maintenant. C'est le vrai moment, c'est cet instant présent que tu cherches à récupérer en permanence, cette réalité dont tu parlais tout à l'heure.
Elle m'échappe en permanence, mais je l'aurai. C'est très compliqué parce que dans cette maladie-là, tu as très souvent des moments où tu te dis, « Ah, ça y est ! Je vois le soleil qui prie, je vois les gens me regarder d'une manière normale, je n'ai pas peur des autres. » Et en fait, ça dure dix minutes et tu replonges dans le grand bain après. Je sais pas, c'est comme une petite pause-clope au boulot. Il y a un moment ça va bien, puis tu remets la tête dans le bain. Donc maintenant, c'est le moment, je ne sais pas. Mais j'espère que ce sera le moment chaque fois. Chaque jour serait le moment parfait. Donc je continue de marcher, je continue de combattre.
Description
Bam ! Schizophrène !
Le mot est chargé d'images... la réalité, décrite par ce jeune de 22 ans, aussi... mais là, c'est vrai.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Donc j'ai une partie qui est dans le néant, une partie qui est en sombre et une partie qui est vraiment présente. Donc voilà, t'es une demi-personne qui parle aux gens et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
Appelons le Paul, il a 22 ans, depuis un an il est schizophrène, il est aussi schizophrène. Derrière le diagnostic qui tombe comme une bombe, il y a un jeune homme, il y a une histoire, et c'est celle qu'il faut raconter. Vous et moi ne tenons aucun compte de 90% de nos pensées, et c'est bien. Dans sa tête à lui, tout est présent, sans filtre, épuisant. Alors aujourd'hui, puisque la chose est dite, le mot est lâché, la cause entendue, et bien c'est à lui de raconter. Donc là on est dehors, café-clopes, comment ça se passe dans ta tête ?
C'est très compliqué en fait, à chaque fois que je parle à quelqu'un, c'est... Alors moi j'ai pas d'hallucinations visuelles ni auditives, mais je vais avoir une sorte de... Euh... de partie de moi qui va se mettre à aller ailleurs en fait et complètement ailleurs et dans des zones sombres dans des zones sombres c'est à dire je vais avoir des sensations des flashs des trucs des machins pendant que je parle à quelqu'un des trucs qui vont m'emmener complètement mais à 10 000 km de la situation actuelle et
Et c'est quoi ces trucs ? C'est du bruit ? C'est une sensation ?
C'est très compliqué à expliquer. Pour moi, c'est très palpable. Je le sens vraiment dans mon corps. Mais il n'y a pas de voix. Il n'y a rien de flippant. C'est vraiment une émotion très forte. Quelque chose qui interfère. Complètement quelque chose qui interfère. Et je ne sais pas... C'est pas une voix qui me parle dans ma tête, c'est pas des images, il n'y a pas Napoléon III au fond du jardin, mais ça me tient à côté.
Et du coup la solution c'est quoi ? C'est d'être super focus sur la réalité puisque tu sais qu'elle est là la réalité la vraie.
La réalité bien sûr j'ai un pied dedans, j'ai un pied dedans mais l'autre pied est ailleurs, l'autre pied est dans une barre. La planète où il y a Maître Yoda là, la planète où il y a des marais ou des trucs comme ça, mon pied gauche il est là dedans. Donc j'ai une partie, une partie qui est dans le néant, une partie qui est dans le sombre, et une partie qui est vraiment présente, et cette partie-là, je la développe de plus en plus, parce que quand je suis avec les gens, j'essaie vraiment de rentrer dans l'instant présent, d'être présent, d'écouter ce que la personne a à me dire, de comprendre ce qu'elle a à me dire, de suivre là où elle veut aller, et c'est ça vraiment qui manque dans l'instant justement, plutôt que de laisser ma tête partir. dans quelque chose que je ne connais pas et qui est incontrôlable. Je me remets à me reconnecter vraiment à mes émotions. J'écoute beaucoup de musique, je regarde des films. Et c'est comme des vacances en fait, c'est comme des vacances parce que ça me transporte vers une autre réalité. Alors je combine ça avec de l'alcool. La plupart des fois, mais ça me... Je suis en soirée avec moi-même, ça paraît ridicule, mais il y a des gens qui aiment beaucoup être seul, et qui trouvent le bonheur seul, et je suis en train de mettre un pied là-dedans, d'être seul, et de me conforter dans mon état, et de contempler vraiment tout ce qui se passe quand je suis seul. Et ça, j'ai beaucoup de mal à le faire quand je suis avec quelqu'un. Je développe beaucoup d'énergie pour justement... Être conscient, présent et à l'écoute. Et donc cette relaxation, elle est disponible la plupart du temps seule, malheureusement.
Pourquoi malheureusement ?
Parce que j'ai appris à vivre avec les autres. Je n'étais pas du tout comme ça étant jeune, mais grandi, j'ai aimé vraiment découvrir, rencontrer, apprendre. Et d'être maintenant, d'être dans cet état-là, actuel, c'est très frustrant parce que ça active beaucoup de choses en moi. J'ai à la fois envie de redevenir ce que j'étais avant, ce qui n'est pas possible, de toucher ce qui a été moi, parce que pendant une longue période, en étant valide, j'ai pu être à l'extérieur de moi-même, vraiment plus dans ma tête, dans mes pensées, dans ce qui me bloquait. J'étais vraiment dans l'instant et je vivais beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Et depuis que je me mets à réfléchir sur ce qui se passe en ce moment, c'est plus compliqué.
J'ai l'impression que quand on parle des autres et de l'environnement, c'est à la fois un grand désir de retrouver finalement ce que tu étais avant dans ta relation aux autres. Donc là, aujourd'hui, les autres, c'est à la fois le désir de retrouver ça avec la richesse et les complications que... qu'engendre toute relation. Et c'est à la fois un combat, une crainte, une peur, quelque chose d'absolument épuisant.
Ah oui, oui, oui, totalement. Je ne peux pas nier ça. Quand je parlais de temps de guerre, les gars, dans ma tête, c'est Bagdad. Bagdad, ils ne sont pas en guerre. Mais c'est le marché opus. C'est qui veut du poisson ? Avant, je suis toujours trouble déficitaire de l'attention et de l'hyperactivité, et je retrouve beaucoup ça encore dans la schizophrénie. T'es tout le temps attiré par tout ce qui se passe autour, et tu passes ton temps à créer des réflexions, des cheminements de pensée sur tout ce qui se passe autour de toi.
Ok, et alors après, il y a ces fameux... On ne peut pas parler de bruit, ce n'est pas des hallucinations auditives, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de la sensation, et ça surgit, et c'est sombre, et on n'a pas envie d'y aller.
On n'a pas du tout envie d'y aller, non. C'est une partie de moi-même qui est comme ça. Quand je parle aux gens, je dis à gauche c'est haram, et à droite c'est clean. Et donc voilà, tu es une demi-personne qui parle aux gens, et tu es sans arrêt au QG. Enfin, je ne sais pas comment dire, je parle de manière très imagée. Mais t'es sans arrêt en train de taper la réflexion dans ta tête. Ouais les gars, ok là, ça se passe comme ça, il se passe ça, le gars il a dit ça. Et là il y a la guerre à côté, ça bouge, ça fait du bruit, tout se met à s'exciter et je reviens dans le présent. Et je refais le point. Et c'est tout le temps comme ça. Et je fais le point, je fais le point, je fais le point. Et jusqu'à ce que ce soit clair et concis et que je puisse nager dans le bain, quoi.
Quand on entend ce que tu décris, on comprend un petit peu mieux qu'il y a une recherche absolument quasi vitale par moment de tranquillité, de respirer, de souffler. Et ça, pour l'instant, cette façon d'y accéder au repos, à la détente, c'est le cannabis.
Oui, mais enfin... Je dis malheureusement parce que je sais que c'est pas une solution. Mais j'aurais pas grand chose à dire pour ma défense cette fois-ci.
Le fait que les gens en face de toi et dans ton entourage, ils réalisent pas le quart du dixième de la moitié de ce qui se passe dans ta tête quand t'es avec eux, tu le vis comment ? Comme une injustice, comme une tristesse ?
Ouais, c'est assez injuste. Je me dis... Quand je vois les médecins qui me disent « on n'a jamais vu ça, c'est bizarre que ce soit aussi clair dans ta tête, que ce soit aussi précis » , on ne trouve pas. Et je me dis « bordel, il n'y a que moi qui ai ça » . Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont cette pathologie, mais elle est différente. Et chez moi, elle est comme ça, et c'est un métier en fait. Je ne serais pas capable de... Donc, l'enchaînement à vrai métier, parce que mon métier, c'est juste de survivre et de parler aux gens.
Ça suscite quel type d'émotion ?
C'est très mélangé, c'est très mélangé. Personnellement, je me confie beaucoup à Dieu, parce que justement, dans ces moments où tu es tellement replié sur toi-même, tu es tellement au fond de ta grotte, mais au fond du fond du fond, avec toutes tes pensées qui tournent autour, ton nuage électrique qui est au-dessus de ta tête. tu te confies à Dieu. Et dans ce cas-là, toutes tes émotions qui passent, qui viennent, il y a de la joie parce que la plupart du temps, je fume. Donc il y a de la joie parce que j'ai fumé. Il y a de la tristesse parce que je me rends compte de la réalité. Il y a de l'espoir, il y a beaucoup d'espoir parce que je sais que ça peut s'arranger et ça peut devenir autre chose en l'espace de quelques temps. sur un choix, sur une opportunité, sur beaucoup de choses, des déclics qui peuvent engendrer des nouvelles façons de vivre. Mais c'est souvent très mélangé, c'est souvent très mélangé. Du coup, je m'en remets à Dieu et je lui confie vraiment ce pactole de bazar, rempli d'émotions, d'incompréhension, de colère, parce que vraiment, pourquoi moi ?
Et la musique là-dedans ?
La musique, c'est un moyen de transmettre. C'est sûrement ça, c'est sûr même. Malgré la musique qu'on écoute aujourd'hui, qui peut être très commerciale et très ciblée par rapport à l'individu pour plaire, la musique, pour moi, c'est quelque chose qui est bien sûr pour plaire, ça c'est sûr, parce que la musique, si tu n'en fais pas pour les autres, tu le fais pour qui ? C'est aussi un moyen de transmettre ce qu'il y a en moi, des parties de choses qui... qui éveille quelque chose en moi, ça peut être tout simplement, concrètement, une sirène de bagnole de police. Je mets ça en début de son et direct, ça me ramène à des choses que j'ai vécues en partie ou des voix que j'insère, des pianos, une façon de mettre le piano, toute cette façon d'orchestrer la musique. Pour moi, c'est une façon d'organiser et d'orchestrer mes émotions, mes sentiments et pouvoir le donner sous forme de petites lettres. Je le poste quelque part, Soundcloud, Spotify ou quoi. Au moins, les gens peuvent avoir dans l'oreille ce qui se passe un peu dans ma tête.
J'ai envie que tu nous fasses écouter un son que tu aimes bien et que tu me dises pourquoi tu l'aimes bien. Qu'est-ce que tu vas nous faire écouter là ?
C'est un son avec... en fait c'est un son de Logic dedans en fait il y a Seth MacFarlane et Seth MacFarlane c'est le gars qui a créé, enfin qui a été producteur, enfin je vais pas dire n'importe quoi mais qui a fait les voix en tout cas des personnages de de Family Guy, enfin des dessins animés pour adultes et c'est des voix je sais pas si vous connaissez mais c'est aussi le gars qui chante dans cette dans cette chanson et du coup ça me fait marrer parce que il y a à la fois tout ce qui est tout ce qui est rude en son c'est à dire on arrête man qui rappe et plus on avance dans le son d'un coup on se tape ça Et ça pour moi c'est incroyable parce qu'il y a un changement d'émotion en fait. On est dans la rue, on a le bon rappeur des US qui nous lâche son meilleur dièse, et d'un coup on a une voix totalement, je sais pas comment dire, mais qui n'a pas réellement grand rapport avec le style de la musique. Mais ça nous envoie dans une toute autre direction et une direction qui est très apaisante. Et ça, c'est un peu ce qui se passe souvent dans mon cerveau. Ça peut être très brouillon, ça peut être très sombre. Et d'un coup, il peut y avoir une lumière, vraiment quelque chose de très lumineux qui apparaît. Et ça change tout. Et ce son-là, vraiment, me fait penser à ça.
Et là, si on peut juste arrêter ou finir sur cette phrase-là. Now is the only time. C'est un peu ce que tu cherches à vivre aussi, maintenant. C'est le vrai moment, c'est cet instant présent que tu cherches à récupérer en permanence, cette réalité dont tu parlais tout à l'heure.
Elle m'échappe en permanence, mais je l'aurai. C'est très compliqué parce que dans cette maladie-là, tu as très souvent des moments où tu te dis, « Ah, ça y est ! Je vois le soleil qui prie, je vois les gens me regarder d'une manière normale, je n'ai pas peur des autres. » Et en fait, ça dure dix minutes et tu replonges dans le grand bain après. Je sais pas, c'est comme une petite pause-clope au boulot. Il y a un moment ça va bien, puis tu remets la tête dans le bain. Donc maintenant, c'est le moment, je ne sais pas. Mais j'espère que ce sera le moment chaque fois. Chaque jour serait le moment parfait. Donc je continue de marcher, je continue de combattre.
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