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Hemicycle

#1 - Mathilde Naud - Le lobbying au service d'un avenir durable avec ESS France

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43min |25/02/2025
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#1 - Mathilde Naud - Le lobbying au service d'un avenir durable avec ESS France

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43min |25/02/2025
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Description


Comment l'économie sociale et solidaire peut-elle transformer notre société et répondre aux défis contemporains ? Dans cet épisode captivant du podcast Hémicycle, Pierre Laburthe reçoit Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à ESS France, pour explorer les fondements et les enjeux de l'économie sociale et solidaire (ESS). Mathilde nous plonge au cœur des principes qui régissent l'ESS, une approche qui se distingue par sa gouvernance démocratique, son utilité sociale et un modèle économique alternatif, souvent en décalage avec les pratiques conventionnelles.

Au fil de la conversation, Mathilde partage son parcours inspirant, ses motivations profondes et les défis qu'elle rencontre dans son rôle. Elle nous parle de la difficulté de faire entendre les besoins de l'ESS face à une économie traditionnelle, souvent privilégiée par les décideurs politiques. Ce témoignage met en lumière la nécessité cruciale de sensibiliser ces mêmes décideurs à l'importance de l'ESS et de ses acteurs, qui œuvrent chaque jour pour un monde plus équitable.

Les frustrations liées à la recherche de financements sont également abordées, soulignant les obstacles que rencontrent les initiatives de l'ESS dans leur quête de ressources. Mathilde évoque les opportunités de transformation des entreprises en modèles ESS, mettant en avant l'importance des valeurs de solidarité qui animent ce secteur. Dans un monde où l'économie dominante semble souvent ignorer les réalités sociales, cet épisode est une invitation à repenser notre rapport à l'économie et à envisager des alternatives viables et durables.

Mathilde partage également ses ambitions futures et son engagement indéfectible envers une économie plus juste et durable. Si vous êtes curieux de découvrir comment l'ESS peut redéfinir notre avenir économique et social, cet épisode de Hémicycle est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion d'explorer des idées novatrices et de vous inspirer des acteurs qui œuvrent pour un changement positif. Rejoignez-nous pour un dialogue enrichissant qui pourrait bien changer votre perspective sur l'économie d'aujourd'hui et de demain.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possible des réalités qu'elles vivent. Beaucoup de nos sujets c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS. On se bat quand même parfois pour des miettes, je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Bienvenue dans Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre Laburte et je vous propose de rencontrer ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, et pour notre première, j'ai le plaisir de recevoir Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Salut Mathilde !

  • Speaker #0

    Salut Pierre, merci de m'inviter dans ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être venue. Est-ce que tu peux te présenter pour nos éditeurs et auditrices ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc moi, c'est Mathilde Naud. Je suis chargée d'affaires publiques à ESS France. C'est la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Et donc, c'est une organisation représentative des acteurs de l'ESS. Est-ce que tu veux que je parle de l'économie sociale et solidaire un peu ? Avec plaisir. Donc, l'économie sociale et solidaire, c'est un mode de développement économique qui est basé sur des principes qui diffèrent de l'économie conventionnelle. Donc, une gouvernance démocratique, une créativité qui est encadrée. Donc, ça peut être une lucrativité totale ou une lucrativité régulée. Et puis, une utilité sociale, une recherche d'un intérêt collectif, par exemple dans la réponse à des besoins sociaux. Donc, c'est toute une économie qui regroupe notamment les associations, les fondations, les coopératives, les mutuelles non lucratives. Et puis, plus récemment, des sociétés commerciales qui ont des principes qui leur permettent d'être des sociétés commerciales de l'ESS.

  • Speaker #1

    Ok, super clair. Qu'est-ce qui t'a amené ? Dans ce secteur, est-ce que tu as voulu d'abord faire des affaires publiques ou est-ce que tu es allée là-bas pour ESS France ?

  • Speaker #0

    Je voulais faire des affaires publiques, mais pas au tout début. Mon rêve en France, c'était d'être journaliste, journaliste politique, d'animer les débats du second tour ou d'être avocate. Et je trouve que, parce que j'ai retrouvé récemment justement un travail que j'avais eu à faire vers 11-12 ans, où je parlais de ces deux métiers, on devait dire quel métier on voulait faire plus tard. Et je trouve que les affaires publiques, ça fait un peu vertigineux après coup, sont vraiment à la croisée des deux, en fait. Donc finalement, je pense que je ne connaissais pas, évidemment, à 11 ans, le métier des affaires publiques ou du plaidoyer. Et donc, l'intérêt que j'avais pour les métiers autour du politique, il se cristallisait dans le personnage du journaliste qui est autour et qui était visible à la télévision. Et puis, j'aimais aussi l'idée d'aller, j'avais un certain sens de la justice, l'idée d'aller défendre des gens qu'on n'entend pas ou qui ne sont pas en position dominante ou autre. Et donc, je me voyais journaliste ou avocate. Journaliste, ça pouvait aussi être parfois du style d'Élise Lucet aussi, un peu cash investigation. Donc voilà, c'était tous ces métiers-là qui me fascinaient.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliquerais ton travail à la Mathilde, 11-12 ans ?

  • Speaker #0

    Je pense que je prendrais un exemple qui lui parle. Dans les affaires publiques, il y a quand même tout un travail qui est de s'adapter quand même à son interlocuteur, dans le langage qu'on emploie notamment. Donc je pense que j'utiliserais ça aussi pour parler à un enfant. Je lui demanderais ce qui lui plaît. Et s'il me dit que, par exemple, il est passionné par Harry Potter, je lui dirais, dans Harry Potter, peut-être qu'il y a un personnage qu'on ne voit pas qui fait le lien entre Poudlard et le ministère de la Magie et qui essaye de rendre les décisions du ministère de la Magie moins brutales ou... ou de faire passer les intérêts des étudiants de Poudlard ou des professeurs auprès du ministère de la Magie. Ce n'est pas forcément un très bon exemple, parce que quand j'y pense, dans Poudlard, il n'y a pas de parlement, enfin dans Harry Potter, pardon. Et donc, ce n'est pas complet pour expliquer à un enfant, mais je pense que c'est bien de prendre des images concrètes. Et je dirais que voilà, moi, je ne travaille pas pour Poudlard, mais je représente par exemple des associations, des structures qui... comme je disais tout à l'heure, porte une autre manière de faire de l'économie. Et que moi, je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possibles des réalités qu'elles vivent.

  • Speaker #1

    Vous, votre rôle à ESS France, c'est de comment vous avez...

  • Speaker #0

    Le rôle d'ESS France, il est reconnu par la loi ESS de 2014, qui vient d'ailleurs définir l'ESS parce que ce n'était pas encore défini dans la loi. Donc c'était compliqué parfois de... de pouvoir avoir un cadrage de qui est dans l'ESS ou pas. Cette loi a quand même permis de définir un certain nombre de choses et puis aussi de créer des dispositifs. Et ESS France, c'est l'organisation représentative. Donc on est tenu d'être représentatif dans nos collèges de toutes ces formes d'entreprises qui font l'ESS. Maintenant, notre rôle, on a plusieurs missions. Il y a une mission effectivement de représentation. Il y a une mission aussi d'observatoire. On sait qu'aujourd'hui les données sur l'ESS sont assez parcellaires du côté de la donnée publique, de l'INSEE. Elles ne sont pas forcément recoupées sous l'ESS directement, il faut aller les chercher dans plein d'autres catégories pour pouvoir les recouper vraiment des données ESS. Donc on a un observatoire qui fait l'atlas de l'économie sociale et solidaire, qui fait des notes par secteur sur l'ESS, des notes d'opportunité sur les filières stratégiques pour notre mode de développement économique. Ça aussi ça fait partie de nos missions. On a des missions d'animation. de la vie économique et de la stratégie économique pour notre mode de développement économique. J'ai répété économie. On a donc des missions d'animation, de mobilisation pour le développement de l'ESS. Et puis, on développe beaucoup de choses sur la transition écologique aussi, sur l'accompagnement des structures de l'ESS pour leur transition, parce qu'on est quand même assez persuadés qu'on est attendus au tournant, évidemment, sur les questions de transition, d'autant plus de par nos principes et valeurs. Essaye de tendre vers l'exemplarité.

  • Speaker #1

    Ok. Du coup, si je reprends l'image de la personne qui a 11-12 ans, est-ce que toi, ton rôle, dans ce que tu as dit, il y a une partie évangélisée autour de l'ESS ? Est-ce que c'est Tokyo Port ? C'est-à-dire, regardez, on a un nouveau modèle, c'est exceptionnel. Tu m'appelles Mathilde et faites-moi confiance.

  • Speaker #0

    Alors, je ne dis pas que c'est un nouveau modèle, attention, parce que c'est quand même assez ancien, l'ESS. Mais par contre, je dis qu'effectivement, on n'est pas assez visible. Donc on essaye de faire de la communication, on a beaucoup développé les relations presse. À ESS France, je vois que quand même en quelques temps, on a bien augmenté sur nos retombées presse, médias en général. On a l'opération du mois de l'ESS en novembre, qui est vraiment grand public. Et si je reprends ce que je pensais être enfant, il y a un côté, oui, c'est une économie qui est beaucoup moins soutenue que l'économie conventionnelle, on ne va pas se mentir. Les aides aux entreprises classiques, généralement, elles reposent sur des aides... de réduction d'impôts par exemple. Or, les associations ne paient pas d'impôts sur les sociétés. Donc en fait, il y a beaucoup de choses où, même dans la réponse à la crise Covid, on a dû aller... Moi, je n'étais pas encore à l'UCC France, mais je sais que ça peut être compliqué, juste d'avoir des cases dans les formulaires pour certains statuts d'entreprise qui ne sont pas classiques. Donc il y a un peu le côté « se battre » pour des choses qui, pour d'autres types d'organisations, de structures, sont déjà évidentes. nous on a toujours l'impression qu'il faut recommencer à réexpliquer, à re-sensibiliser. Ce que j'aime bien faire, ça ne me dérange pas. Il y a un peu aussi le côté, je ne défends pas forcément quelque chose qui est gagné d'avance. Donc là-dessus, je me retrouve aussi avec mes rêves d'enfant, dont on parlait tout à l'heure, où je me voyais bien aller dénoncer quelque chose qui n'aurait pas été dénoncé avant.

  • Speaker #1

    Justement, alors si on voit dans ce sens, et que toi, tu essayes de m'évangéliser quelque part. Justement, je suis entrepreneur et là, je crée une nouvelle société. Quel serait l'intérêt pour moi d'opter pour le modèle ESS, que ce soit pour mes salariés ou économiquement ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ta société, tu pourrais effectivement la transformer. Je ne sais pas quel est son statut actuel, etc. Mais tu pourrais la transformer soit sous le modèle coopératif, soit sous la société commerciale de l'ESS. Ce serait une société qui peut très bien être classique, mais juste tu vas aller mettre dans tes statuts de la gouvernance démocratique, un partage de la valeur. En fait, tu vas faire en sorte qu'il y ait une partie de la valeur que tu crées qui retourne au projet d'utilité sociale que tu as défini ou d'intérêt collectif. Et l'intérêt, en fait, il faut bien se dire, je ne vais pas te mentir, quelqu'un qui veut être milliardaire demain, je ne vais pas lui dire de faire une entreprise dans l'ESS. L'intérêt, c'est plus un intérêt collectif. C'est comme ça que ça s'est créé comme mouvement. Et l'idée, c'est quand même une idée de solidarité entre les membres, etc. L'intérêt, il est plus de l'ordre de créer une économie qui va mieux allouer les ressources, qui va potentiellement être plus sobre du côté des ressources. En tout cas, c'est un objectif vers lequel on tend. On choisit souvent l'ESS plutôt par conviction, dans l'idée d'une dimension d'efficacité qui est plus d'essayer de prendre les meilleures décisions au sein de l'entreprise plutôt que de prendre... des décisions qui seraient seulement plus lucratives.

  • Speaker #1

    Donc tu disais qu'on ne peut pas avoir d'actionnaire, donc j'imagine que c'est réparti entre les salariés ou les personnes qui font l'entreprise. Comment se fait la prise de décision ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas des actionnaires, mais tu as soit des... Par exemple, dans une banque coopérative, c'est des sociétaires. Donc si tu es client d'une banque coopérative, tu peux devenir sociétaire, si tu es... Enfin, déjà tu es sociétaire de base, et après tu peux élire des gens qui vont aller... dans les instances, soit assemblée générale, administration, que sais-je. En fait, globalement, ça va être des administrateurs, mais donc ils sont élus. Dans une scope, c'est directement les salariés. C'est une forme coopérative, il y a plein de formes coopératives, où vraiment un salarié égale une voix. Donc là, c'est vraiment un modèle de... démocratie plutôt ouvrière salarié on voit que des gens vont avoir un vrai poids dans les décisions de leur entreprise par exemple là quand tu dis c'est bien intéressant quand tu dis ok un salarié une voix est ce que tous les salariés ont exactement le même poids par exemple mettons

  • Speaker #1

    que toi tu travailles dans l'entreprise depuis 15 ans et demain il ya quelqu'un qui arrive est ce qu'il a le même poids que toi dans la prise de décision

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faudrait vérifier ça quand même, mais sur les scopes, il me semble qu'il faut quand même être salarié pour un certain temps pour commencer à vraiment avoir le droit de vote. Notamment parce qu'il faut d'abord avoir été un peu formé au sujet, aux enjeux. Mais par contre, à passer un certain moment, je crois que c'est très égalitaire. Il y a vraiment cette idée de chacun a voix au chapitre sur ses conditions de travail, par exemple. C'est l'idée que chacun... En fait... C'est dans l'intérêt de tout le monde que l'entreprise aille bien, puisque c'est aussi une question de pérennité des emplois. Et d'ailleurs, l'économie sociale et solidaire, c'est, d'après les chiffres de la Banque de France, notamment sur les sociétés coopératives, mais pas que, des entreprises qui ont un taux de pérennité plus élevé que les entreprises classiques. Donc c'est vraiment une économie du long terme. Donc l'intérêt quand même de choisir l'ESS, c'est quand on veut aussi que son projet, on le mène sur le long terme. On ne veut pas le revendre demain, ou c'est pas grave s'il fait faillite. Ce n'est pas exactement la même philosophie quand même que ce qu'on peut entendre dans l'économie conventionnelle actuelle avec « je vais créer ma start-up, si ça ne marche pas, ce n'est pas grave, j'en crée une autre » . On n'est pas vraiment dans la même philosophie quand même quand on entend la plupart du temps des gens parler de leur projet en ESS.

  • Speaker #1

    Et du coup, toi, si on revient sur des questions plus personnelles, quel est ton rôle exactement là-dedans ? Comment tu te positionnes ? Là, par exemple, je ne sais pas ce que tu as fait aujourd'hui, est-ce que tu es allé voir des acteurs de l'ESS et tu fais la navette avec des parlementaires ou est-ce que c'est complètement autre chose ?

  • Speaker #0

    Alors on a beaucoup de rôles de concertation, donc c'est vrai qu'en plus on a des membres, comme je disais, qui ont des sujets très différents. C'est pas la même chose d'être représentant des questions d'insertion, d'entreprise adaptée, donc pour les personnes en situation de handicap. C'est pas la même chose d'être dans les sujets de générosité, c'est-à-dire il y a des sujets sur le mécénat, sur l'appel aux dons, sur vraiment le financement. l'ESS aussi, la finance dite solidaire, tout ce qui est le livraient-développement durable solidaire. Donc en fait, on a des membres qui sont sur des sujets comme ça particuliers. Et forcément, ils n'ont pas les mêmes problématiques, notamment de plaidoyer. Le plaidoyer, si je prends en exemple de la Fédération des entreprises d'insertion, ce n'est pas le plaidoyer de la mutualité française, ce n'est pas le plaidoyer du mouvement coopératif, ce n'est pas le plaidoyer non plus de la Fédération de l'hospitalisation privée solidaire. En gros... on pourrait se dire comment je fais pour coordonner tout ça. On ne va pas sur leur sujet à eux, on va sur ce qui est commun à toutes ces structures.

  • Speaker #1

    Donc, ils plaident chacun de leur côté ?

  • Speaker #0

    Voilà, je ne vais pas les plaider à la place de l'insertion parce que c'est leur sujet, ils sont compétents, c'est leur légitimité, ça n'aurait pas d'intérêt. Il faut faire parler d'ailleurs les acteurs les plus légitimes sur les sujets. Mais par contre, moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'est-ce que cette économie a en commun, quels intérêts elle a en commun. et sur quel sujet on peut aider tout le monde avec une mesure qui concernera beaucoup de gens. Et donc aller chercher des coalitions, les faire se parler. En fait, c'est comme je disais, des entreprises qui sont déjà très démocratiques en interne. Et donc les faire parler et coopérer, c'est juste une continuation de ce qu'elles mettent en œuvre aussi dans leurs organisations. Donc c'est assez naturel pour elles de travailler en collectif. Le travail est assez... étonnamment faciles alors que c'est des structures assez diverses. Elles viennent bien autour de la table et elles ont envie de travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Ok, ça roule. Est-ce qu'il y a des lois ou des initiatives sur lesquelles toi, tu as déjà réussi à influer ou SS France où j'ai vu que tu avais travaillé la Fédération Française de Randonnée en affaires publics également ? Est-ce qu'il y a des moments où tu t'es dit « Ah ouais, là, on a vraiment fait un truc, on a fait une différence quoi » ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de moment. J'avais travaillé notamment à Citeo avant la fédération de randonnée, où j'avais travaillé sur le traité international sur les plastiques qui est négocié à l'ONU. Il se trouve qu'il n'est toujours pas adopté, je crois, alors que ça fait trois ans que j'y étais. Mais c'est pour te dire le temps des négociations onusiennes, c'est assez long. Mais je me rappelle que quand j'avais commencé sur ce sujet-là, peu de choses étaient déjà écrites, donc il y avait beaucoup de place. pour porter des positions. Et le fait qu'on était arrivés avec des choses assez construites et qu'on avait créé des coalitions au niveau européen, puis je crois qu'ils en sont à des coalitions internationales, sur ces sujets-là, auprès des homologues de Citeo dans le monde entier, avoir des positions communes, ça a permis quand même de très vite obtenir des choses, il me semble. Donc je pense que le côté venir en amont, venir très vite sur des textes qui ne sont pas encore complètement actés permet à des acteurs qui ne se positionnaient pas forcément avant ou n'étaient pas forcément influents sur des sujets de le devenir très en amont. À la Fédération de Randonnées, je pense que ce qui était chouette, c'était aussi au niveau... À ce moment-là, je faisais des affaires publiques nationales et internationales. Et du coup, on avait notamment fait une résolution, une déclaration d'intention commune. de fédérations de randonnées de plusieurs états et c'était la première fois qu'il y avait un tel texte qui donnait en tout cas une base pour ce qui pourrait être une fédération internationale d'un moment donné. Et j'avais trouvé ça super chouette. Donc c'est vrai que moi j'aime beaucoup ces moments où les acteurs se parlent et se rendent compte qu'ils ont des choses en commun et qu'ils devraient travailler ensemble et les porter ensemble parce qu'ils auront plus de voix. Donc c'est vrai que les exemples que je te donne là, c'est plus des choses en collectif dans ce qu'on a à défendre. et c'est pas forcément dans ma relation directement avec le politique après, mais je trouve que c'est hyper galvanisateur quand... C'est très exaltant quand on arrive à construire des choses en interne. Donc le chargé d'affaires publiques, le lobbyiste en général, il faut qu'il fasse du lobbying en interne souvent, auprès d'acteurs qui osent pas se prendre position, ou qui voient pas l'intérêt, ou qui ne savent pas trop s'ils sont légitimes. Pareil, à la fédération de randonnée, il y avait quand même pas mal de bénévoles. C'est une fédération sportive sous forme associative. Plein de gens qui sont assez éloignés quand même des affaires publiques, des gens qui sont passionnés de randonnée en fait, et qui ne voyaient pas forcément ce qu'on allait faire au niveau des affaires publiques, parce que c'était quand même assez naissant la question des relations institutionnelles et la structuration. Et donc c'était quand même un beau défi. J'aimais bien expliquer ce que je faisais, en parler avec des bénévoles. qui étaient plus sur le terrain, qui disaient « Ah oui, dans telle commune, on a un problème sur le balisage de tel sentier, tu penses qu'on peut parler au maire ? » Là, on se rendait compte que ça avait pris, et on allait pouvoir parler des sujets, par exemple des conflits d'usage, des intérêts, des questions de chemin ruraux, d'érosion du littoral, etc.

  • Speaker #1

    Ok, donc si je comprends bien, si moi, demain, je suis à ta place, je suis en affaires publiques, je vais essayer d'aller vers les gens que je... veut défendre, je les convainc du bien fondé et ensuite je dis ok là on est suffisamment nombreux, il y a assez de gens qui se disent on doit faire ça et donc je vais contacter tu parlais du maire là, ça peut être maire, député, qui on veut, et on toque à leur porte et après on rédige je sais pas, une note, un amendement Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que je suis pas rentrée dans le congrès de ce que je fais, alors en fait il y a effectivement tout un aspect on va remonter un problème, une problématique où Parce qu'il n'y a pas que les problèmes quand même. Un beau projet, une idée qui n'arrive pas à avoir le jour parce qu'il y a tel frein politique ou telle absence de décision sur tel sujet. Ou à l'inverse, moi je vois une actualité politique, quelque chose qui nous permettrait peut-être d'avoir une fenêtre d'opportunité pour aller porter tel ou tel sujet qu'on ne savait pas forcément à quel moment opportun on allait pouvoir porter. Donc moi, oui, j'ai un gros travail de stratégie, entre guillemets, de se dire là c'est le bon moment pour actionner tel levier. contacter telle personne, j'ai un travail de ciblage de la personne qui va me permettre de me donner l'information qui me manque par exemple. Et donc oui, peut-être que je vais pouvoir proposer aux bénévoles de contacter son maire, mais peut-être que je sais que le problème ne vient pas du maire, il vient du préfet, peut-être que je sais que le problème vient de l'administration déconcentrée, enfin il va falloir que j'active tous les leviers et que je regarde qui est compétent. que je demande un premier rendez-vous, peut-être que j'envoie une lettre, si ça marche pas je vais peut-être faire appel aux médias locaux qui vont peut-être faire un portrait du bénévole par exemple en question, donc peut-être je vais mobiliser l'opinion publique je peux aussi peut-être mobiliser le parlementaire de la circonscription en question Oh bah il se trouve qu'en plus c'est un randonneur, enfin j'exagère évidemment je fais de la caricature mais je vais forcément me renseigner aussi sur la personne des gens, enfin qu'est-ce qui les anime, quel sujet ils traitent le plus au Parlement quelle proposition de loi ils ont déposé je vais pas contacter par exemple un député qui aurait sur la randonnée il y avait personne qui déteste les randonneurs,

  • Speaker #1

    c'est un très mauvais exemple les randonneurs ils sont très gentils non mais je rigole peut-être que justement plus par rapport à l'ESS est-ce qu'il y a des députés où justement tu te dis en fait cette personne là c'est sûr que ça ne fonctionnera pas ? Ou est-ce que même éthiquement, tu te dis qu'il y a un groupe politique ou des groupes politiques avec qui tu ne veux pas traiter ?

  • Speaker #0

    Nous, on a une décision de notre gouvernance. Nous, on ne peut pas contacter l'extrême droite. Mais par contre, si l'extrême droite nous sollicite, je suppose qu'on ira, mais ce n'est jamais arrivé. Mais par contre, à part l'extrême droite, on ne contacte vraiment tout le monde. Je ne me dis pas tel groupe politique, par exemple de centre droit ou autre. Ils ont fait telle chose un jour, donc on arrête de les contacter. Non, ce n'est pas parce qu'un jour un député a dit quelque chose d'un peu inexact sur l'ESS. Au contraire, on va plutôt le contacter pour essayer de lui expliquer et d'en parler. En fait, il y a beaucoup de choses, nous, beaucoup de nos sujets, c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS, qui vont parfois faire du mal en politique publique. On a beaucoup de travail de réexpliquer nos modèles et comment ça fonctionne. Je ne sais pas si j'ai répondu.

  • Speaker #1

    C'est clair. Et je me demandais justement, tu parlais parfois de manque de connaissances sur le sujet, les sujets que tu portes. Est-ce que tu as déjà vécu un moment où le dialogue avec les institutions était difficile ? Et si oui, comment est-ce que tu as pu gérer ça ?

  • Speaker #0

    Ça arrive qu'on n'ait pas de réponse. Donc, dans ces cas-là, moi, c'est un peu ce que je disais tout à l'heure. Quand on n'obtient pas ou qu'il y a une forme de... Plutôt que de répondre non, on ne veut pas vous recevoir, souvent, c'est plutôt pas de réponse. C'est plus pratique pour le décideur ou l'administration. Donc dans ces cas-là, moi, je trouve que le truc de communiquer publiquement sur le fait qu'on ne veut pas recevoir ESS France ou une chambre régionale, tel membre n'obtient pas de réponse, ça peut marcher. Après, il faut quand même ouvrir un certain... certains poids quand même, ou sur les réseaux sociaux, ou médiatiquement, pour y arriver. Mais ça peut être ça. Ça peut être d'activer d'autres administrations. C'est-à-dire que si telle administration ne répond pas, mais que j'ai vraiment un bon contact dans tel autre ministère, je peux peut-être essayer de voir si le ministère peut demander à l'autre comment ça se fait, qu'on n'ait pas de réponse. Donc ça peut être aussi essayer de jouer sur ces leviers-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles du fait d'avoir peut-être... Le fait d'avoir beaucoup de poids en termes d'influence, ça peut permettre d'accéder à des parlementaires ou autres qui n'ont pas le temps, ne répondent pas, ne sont pas intéressés forcément par ce sujet. Est-ce qu'il y a des influenceurs, des gens qui sont reconnus, balisés comme eux, ils sont écoutés, et donc on va essayer de passer par eux ? Ou est-ce que ça n'arrive jamais ? Est-ce qu'il y a des intermédiaires, quelque part ?

  • Speaker #0

    Ah, je n'avais pas. Trop penser à ça, je sais que c'est quelque chose qui marche bien, effectivement. Moi, je me rappelle en cours en affaires publiques, quand j'étais en master à Dolphine, on nous parlait beaucoup de l'utilisation de la communication par les influenceurs, par des nouveaux modes de communication, entre guillemets. On ne le fait pas. En fait, je ne vais pas aller demander à quelqu'un qui a une grosse communauté sur LinkedIn. Je vais prendre par exemple la directrice de la belle Emmaüs, Mozzarda. Il me semble qu'elle a quand même une bonne communauté. l'incarne l'économie sociale et solidaire d'une certaine manière, il ne m'est jamais arrivé de lui demander de relayer une de nos positions. Mais par contre, il se trouve que ces acteurs se sentent concernés souvent par ce qu'on défend, donc ça peut arriver qu'ils le relaient d'eux-mêmes. Mais on n'a pas utilisé ce levier-là. On utilise plus la parole de notre gouvernance au sein de l'ESS France, et puis le relaient par nos membres, ce qui fait déjà une première force de frappe. Et puis on a des... des parlementaires avec qui on travaille bien, par exemple, on est en bon contact avec certains parlementaires, donc dès qu'on peut rencontrer des difficultés pour avoir une réponse sur un courrier, par exemple, imaginons un ministre, on les informe, en fait, on les informe juste. Et en fait, parfois, d'eux-mêmes, ils vont soutenir notre démarche. Et donc, envoyer eux-mêmes un autre courrier, ou une question écrite, ou autre.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Et justement, dans tout ce que tu fais là, Pour toi, actuellement, quelle est la partie la plus frustrante, la plus difficile de ton travail ? Est-ce qu'il y a des étapes qui se répètent ou à chaque fois ça bloque au même endroit ?

  • Speaker #0

    Je dirais que la partie la plus frustrante, en fait, l'économie sociale et solidaire, si je prends mon poste actuel, on se bat quand même parfois pour des miettes. Je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards. Et donc parfois on perd du temps sur des choses qui peuvent paraître, quand je compare avec d'autres gens qui sont en affaires publiques, assez minimes et on est content de la petite augmentation. Non mais plus récemment il y a eu par exemple une proposition de loi sur les comités dits théodules. Donc ce sont ces conseils, organisations qui ne serviraient à rien en fait. C'est un peu pour ça que l'expression théodule est utilisée par la sénatrice qui a déposé ce texte. Et on a perdu pas mal de temps parce qu'il y avait le Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire qui était listé et donc qui allait être supprimé par cette proposition de loi si jamais elle était adoptée. Et c'est un conseil qui fonctionne bien, qui est là depuis 10 ans. Et donc on perd parfois du temps à éviter de perdre des choses plutôt que faire en sorte d'en gagner. Et ça, ça peut être frustrant parce que du coup, on ne peut pas vraiment revendiquer qu'on a gagné quelque chose de nouveau. On a évité d'en reperdre. Et ça nous a pris pas mal de temps. Rien que cette menace-là...

  • Speaker #1

    Cette proposition n'est pas passée ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, en commission, on n'a pas eu d'amendement qui ont permis de parler du Conseil supérieur de l'ESS. Donc en séance, il y avait encore le Conseil supérieur de l'ESS qui pouvait être supprimé. Et heureusement, en séance, on a quatre groupes parlementaires qui ont demandé à ce que la suppression... du Conseil supérieur de l'ESS de la liste de ceux qu'elle a supprimés. Et le gouvernement a donné un avis favorable pour enlever le CSESS de la liste et le rapporteur aussi. Enfin, oui, avis favorable. Ce qui était une belle surprise, parce qu'on pensait plutôt au max un avis de sagesse. Donc, c'est bon, le CSESS a été enlevé, donc le Conseil supérieur de l'ESS de cette proposition de loi. Mais c'était frustrant de consacrer du temps à ça, en fait. Et ça arrive quand même souvent. Et je le dis particulièrement s'il y a des gens qui veulent faire du plaidoyer, qui veulent être dans le milieu associatif ou ONG. On se bat parfois pour des choses qui peuvent être frustrantes, parce qu'on a l'impression qu'on se bat par exemple pour des miettes, ou qu'on ne peut pas venir demander beaucoup tout de suite.

  • Speaker #1

    Et justement, toi, quelle est ton ambition là-dedans ? Qu'est-ce qui te fait tenir ? Où est-ce que tu te dis, ça fait sens pour moi ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un travail dans lequel tu te vois évoluer encore plusieurs années ? Et qu'est-ce qui te porte dans ta trajectoire ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, moi je me plais bien. Je me sens alignée entre ce que je fais et ce que je suis, ce que je pense qui m'anime, ce qui me passionne. Donc c'est vrai que c'est un domaine qui peut être exigeant parce que ça demande de la précision, ça demande de connaître... Beaucoup de choses différentes, mais moi justement, j'aimais bien l'idée d'être sur des sujets assez macro, c'est-à-dire qui sont très transversaux, qui touchent à beaucoup de sujets de société, où on est entre la représentation d'intérêt et la défense d'un projet de société, de comment on fait société, de comment on repense notre économie. Donc c'est assez passionnant, parce qu'on a vraiment l'impression qu'on raconte peut-être, on peut se projeter dans un autre récit. qu'un récit qui peut être un peu plus dystopique ou faire peur. Et donc, oui, moi, ça me motive. Je me vois plutôt... En fait, moi, j'aimerais bien soit continuer dans les affaires publiques, soit peut-être être sur des métiers qui sont plutôt de l'ordre de conseiller en discours, écrire, en fait, être plume, entre guillemets. Donc, plutôt rentrer là, dans le métier vraiment du politique, donc dans les équipes politiques ou d'un parti. Ça pourrait m'intéresser parce que j'aime beaucoup rédiger et j'aime beaucoup penser la manière dont on va amener les sujets, pour qu'ils touchent un maximum de monde, pour qu'on puisse s'identifier, et à la fois que ça ait un sens collectif par rapport à notre destin commun, entre guillemets. Donc oui, j'aimerais bien tester ce genre de mission-là. Sinon, aussi tout ce qui va être collaborateurs parlementaires, je pense que ça peut être intéressant quand on fait des affaires publiques, à un moment donné, de passer de l'autre côté. de voir comment ça se passe au sein de l'Assemblée ou du Sénat, ou sinon dans les cabinets ministériels aussi. Non, globalement, tous ces métiers-là m'intéressent, et c'est plus en fonction des opportunités que je verrais.

  • Speaker #0

    Et du coup, comment est-ce qu'on devient, comment est-ce qu'on travaille dans les affaires publiques, comment est-ce qu'on devient collaborateur parlementaire ? Si des gens sont intéressés pour rentrer dans ce secteur-là, Comment, toi, est-ce que tu as fait ? Et est-ce que tu as des conseils à donner, à suivre ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, en fait, ce que j'ai fait, c'est... En fait, dès le lycée, comme je disais, je voulais être journaliste politique. J'ai tapé des noms de gens qui étaient journalistes politiques. Je me suis rendu compte qu'ils avaient tous fait un IEP, un Sciences Po. Et donc, je me suis retrouvée à Sciences Po Rennes parce que, du coup, j'ai préparé les concours. Donc, c'est vrai que je ne dis pas qu'il faut faire Sciences Po, mais je dis que... Ça peut être facilitant quand même de faire ou du droit ou des sciences politiques. C'est quand même une formation qui peut être utile, mais Ausha peut être aussi, je suis expert dans ce sujet. Par exemple, je suis expert dans la santé, en termes de trait technique. Et je vais me former un peu sur le tas, sur le droit parlementaire ou autre. Je peux être un très bon chargé d'affaires publiques ou responsable ou directeur ou que sais-je, parce que j'ai une très bonne connaissance des enjeux. Mais par contre, je vais devoir me former sur la partie communication, là où moi, je dois me former sur... A chaque fois, dans chaque organisation où je vais travailler, je vais me former sur les sujets de l'organisation en question. Même si j'ai des bases en économie, je ne suis pas économiste. C'est plutôt progressif. Comme je disais, ce n'était pas au début de mes études que je me suis dit que je vais être chargée d'affaires publiques. C'est plutôt à la fin de mes études, après des premières expériences, où je me suis rendue compte que finalement, le métier de journaliste n'était pas exactement ce que je pensais que c'était. Donc là aussi, casser certains mythes, etc. que là je me suis dit ah mais ça correspond peut-être un peu plus et j'aurais peut-être plus la liberté que je veux avoir parce que moi j'avais peut-être un problème avec l'idée de pas forcément choisir les sujets sur lesquels je vais travailler, de pas forcément être d'accord avec la ligne éditoriale de la structure où je serais si j'étais journaliste. Il y a plein de questions qui commençaient à arriver, il y a un contexte médiatique qui a changé aussi. Donc, je me suis intéressée aux affaires publiques. Je me suis rendue compte que ça allait me permettre aussi de rédiger, de raconter une certaine histoire d'une certaine manière à certaines personnes, d'adapter aussi un interlocuteur. Ça allait me permettre d'aller au fond de certains sujets aussi. Et que j'étais vraiment toujours dans la sphère politique. J'allais quand même rencontrer des décideurs, etc., comme je l'aurais fait si j'avais été journaliste politique.

  • Speaker #0

    Tu as utilisé un mot qui m'a... qui a résonné en moi, tu as utilisé le mot démystifier. Et les affaires publiques, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de... Il y a peut-être une mauvaise presse à ce sujet, en tout cas, il y a beaucoup d'a priori. Toi, comment tu défendrais justement les affaires publiques ? Qu'est-ce qui fait que tu t'intéresses à ça ? Et surtout, je pense que ce qui peut être intéressant, c'est... Qu'est-ce qui est le plus différent par rapport à ce que tu t'imaginais, entre la première fois qu'on t'a parlé de ça et maintenant ce que tu vis ?

  • Speaker #1

    Je pense que les premières fois que j'ai entendu parler des affaires publiques, ça doit être dans des références culturelles ou autre, on parlait des lobbyistes en fait, et on en parlait comme des métiers de l'ombre, des choses qui traficoteraient un petit peu les décisions. C'est proche du champ lexical de la corruption presque, la manière dont on parle des lobbyistes dans les films ou dans les séries. ou dans la presse parfois quand on dénonçait un scandale ou autre. Je pense que démystifier quelque chose, c'est déjà se dire que ce que je fais au quotidien, je le fais quand même avec une certaine transparence. En fait, on communique beaucoup sur ce qu'on fait, en tout cas là où je travaille. Et puis de toute façon, on a des obligations dont on parlera peut-être plus tard de transparence. on le ferait un peu à l'insu même des décideurs eux-mêmes, quoi. Ça, par exemple, j'aimerais le démystifier. En fait, souvent, c'est les élus eux-mêmes qui vont venir vers nous parce qu'ils ont besoin de la connaissance sectorielle. Ils ne pourront pas leur demander de prendre position sur des sujets. Si on parle de quelqu'un qui, avant d'être député, je ne sais pas, était agriculteur ou paysagiste, et qu'on lui demande de prendre position sur l'hospitalisation des personnes âgées, je trouve assez normal qu'il rencontre les réseaux représentatifs des... des hôpitaux ou publics ou privés, ou les mutuelles ou la sécu, qui rencontrent. Et pour ça, il faut des gens qui sont experts des problématiques qui sont vécues par ces structures et qui ont travaillé en amont la coordination de ce qui va être dit. Il y a quand même beaucoup de sollicitations, donc c'est normal qu'il y ait une professionnalisation des affaires publiques aussi par rapport à ça. Et après, nous, évidemment, on n'est pas que sollicités, on sollicite aussi. Et donc ça, ça peut plutôt aussi être une manière d'avoir un échange, de se dire qu'on ne peut pas être déconnecté complètement de ce qui se passe au niveau politique. Donc c'est assez normal d'avoir des personnes dont le métier, c'est aussi d'anticiper ce qui va se passer pour mon entreprise, pour mon organisation de demain. Sinon, c'est beaucoup trop brutal, si on attend d'avoir l'arrêté ou le décret. Et encore, même ça, il faut quand même s'en informer. C'est-à-dire que l'entreprise, il faut qu'il y ait quelqu'un qui fasse de la veille sur ces sujets-là. Ça fait partie du métier du lobbyiste. De juste permettre aux équipes internes de se préparer à des changements parce qu'il y aura une décision publique qui va les impacter. Donc c'est juste normal que les organisations anticipent ces choses-là. Donc c'est peut-être les choses sur lesquelles je voudrais démystifier. Oui, je rencontre des décideurs, etc. Donc ça, ça peut être une idée reçue qui est vraie. Donc ce n'est pas une idée reçue, justement. Mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel de mon travail, c'est quand même de lire des rapports qui parfois sont très réverbatifs, mais pour aller un peu au fond des choses, pour que ce que je dis ne soit pas complètement déconnecté de ce qui est réellement, factuellement avancé. Et c'est aussi de suivre vraiment de près ce qui se passe et d'alerter, en fait.

  • Speaker #0

    Je vais escouter ce que tu as dit. Au niveau de ta vie personnelle, est-ce que tu as beaucoup de questions sur ton travail ? Comment tes proches perçoivent le métier que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas beaucoup de questions. Je pense que ma famille, ils sont assez contents pour moi. Parce que quand j'étais petite, même enfant, on m'avait dit très très tôt que je ne ferais pas de longues études, que j'avais une enseignante qui vraiment avait eu un verdict. elle n'ira pas au-delà de la troisième. Donc au final, c'est quand même assez marrant quand je vois mon parcours. Et puis mes parents, ils sont... Et ma soeur, tout le monde est assez... J'ai l'impression qu'on comprend qu'en fait, c'est complètement ce que je voulais faire. Que c'est totalement... Je voulais travailler dans le monde politique. Je voulais être amenée à écrire des choses, à intervenir. Et je suis quelqu'un d'assez engagée, en fait. Donc ça se ressent aussi. J'ai... Une fois, j'ai eu une question de mon grand-père. Donc là, je pense aussi qu'il y a un gap générationnel. Sûrement, mais ça ne dérange pas quand même de faire du lobbying, etc. Donc, on en a pas mal discuté. Je lui ai dit que déjà, quand même, je pense que ça se voit avec mon parcours. Je choisis quand même vraiment pour qui je travaille. Et du coup, non, je n'y vois pas de souci parce que j'essaie quand même d'être un maximum alignée avec ce que je vais défendre pour ma part. Et je pense que tant que nous, on est capable d'assumer ce qu'on fait, c'est qu'il n'y a pas vraiment de problème. Là où c'est un problème, c'est si vous commencez à dire que vous êtes conseiller en énergie renouvelable et que vous travaillez pour un gros groupe prétourlier, par exemple. Ça veut dire que vous n'êtes pas aligné et ça ne va pas. Mais du coup, moi, je n'ai aucun problème de mon côté à assumer que oui, j'essaye d'influencer des décisions publiques.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et du coup, tu parlais du fait que tu as un peu... retrouver ce que tu voulais faire peut-être à 11-12 ans parce que tu parlais de ton alignement de valeur et de ta trajectoire si tu avais un si tu pouvais te retrouver là à 11-12 ans quels conseils tu te donnerais pour

  • Speaker #1

    y arriver encore plus facilement en fait je me dirais vraiment continue moi j'étais quelqu'un qui était persuadée en fait je croyais beaucoup au début j'étais assez rêveuse Et j'ai encore ce côté très idéaliste. Et j'ai envie de continuer à l'avoir. Je me dis toujours qu'il y a une forme de justice ou de quelque chose qui fera que ça marchera. Et donc, continuer à m'engager. Par exemple, je suis bénévole dans une ONG qui s'appelle One, de solidarité internationale. Et c'est là notamment que j'ai appris pas mal des techniques de plaidoyer. Donc d'abord en étant bénévole. Et de continuer à saisir ces moments où je sens que ça va être bien ce que je vais faire et qu'il faut le faire. Donc un conseil que je me donnerais, c'est juste de ne pas trop écouter toutes les petites voix externes qui pourraient me dire que j'en suis pas capable, je suis pas légitime, qu'il n'y a pas de raison que j'y arrive, je connais pas trop de gens qui ont fait ça. Parce que c'est arrivé à toutes les étapes de ma vie, c'est-à-dire que je connaissais pas de gens qui avaient fait Sciences Po, je connaissais pas de gens qui avaient fait journalisme, je connaissais pas de gens qui avaient fait chargé d'affaires publiques. Je me disais, je vais pas faire ça. En fait, il faut tenter. Je ne dis pas que la méritocratie marche complètement, ce n'est pas du tout mon discours. Mais par contre, si on n'essaie même pas, c'est sûr que ça ne marchera pas. Je me dis que j'ai bien fait de continuer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et justement, en termes de trajectoire, tu dis qu'on a peut-être essayé de te décourager. C'est aussi un secteur qui me paraît très masculin. peut-être que c'est pas le cas à ESS France, mais en tout cas, le monde qui est autour de la politique est très masculin. Est-ce que ça amène des freins dans les discussions que tu peux avoir ? Est-ce que tu penses qu'il y aurait des différences si la parité était respectée ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, moi, je suis vraiment pour qu'on aille vers la parité. En fait, le rejoint de l'inclusivité, je vois, c'est quand même un... En délire, je vais sortir un peu d'uniquement la question de parité pendant deux secondes, mais qu'on a été obligés seulement maintenant d'adapter l'hémicycle de l'Assemblée nationale à un député qui est en situation de handicap, pour qu'il puisse siéger avec son fauteuil roulant, moi je trouve ça dingue. Donc oui, je pense qu'on a beaucoup de chemin à faire sur la préparation de nos institutions à une plus grande représentativité de l'ensemble de la société. Sur la parité en général, oui, je trouve que ça change quand même des choses. Parce que de fait, de par la sociologie genrée et de par toutes les choses qu'on a pu intégrer, on n'a pas forcément la même manière de prendre des décisions ou la même attention portée à certains sujets. Donc plus on a de diversité en général, plus je pense les décisions seront prises avec des points de vue des gens directement concernés qui ne seront plus représentés, qui seront davantage écoutés. Donc oui, j'y crois assez et c'est vrai qu'on en est assez loin. et qu'on enchaîne entre des progrès et des retours en arrière. Notamment, c'est toujours un sujet à chaque gouvernement. On voit bien que les postes d'irégaliens, etc., on a quand même du mal à voir souvent des femmes à ces postes-là. Et ça reste quand même assez dommage. Et puis plus largement, on a eu assez peu de Premières ministres, par exemple. C'est encore assez rare. Au-delà même de la conséquence directe sur les décisions qui sont prises, ça pose vraiment question sur le pourquoi. On a toujours ce plafond qui est encore là. Il y a un côté, il y a forcément des freins et des obstacles qui sont encore à lever.

  • Speaker #0

    Mathilde, on arrive à la fin de cet entretien. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour les personnes qui nous écoutent ? Ça peut être un livre, un film, en rapport ou non avec les affaires publiques. Ça peut être Harry Potter. que tu mentionnais tout à l'heure ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a un documentaire, alors c'est pas directement des affaires publiques, mais ça m'y fait penser. Après, moi, j'ai ce petit défaut, c'est que du coup, je vois toujours des trucs un peu politiques, dans toute la fiction. J'essaie de me déconnecter, mais bon, il y a toujours quelque chose qui prend le pas. Non, mais il y a un documentaire et aussi une comédie qui est aussi un film d'action français, un OVNI qui s'appelle Riverboom. Ça a été fait par des Suisses. ça part de leur vraie histoire en gros on a un étudiant en graphisme suisse qui se retrouve par le biais d'une connaissance, à aller en voiture jusqu'en Afghanistan en 2002 pour accompagner un journaliste qui essaye de rentrer en Afghanistan pour essayer de vérifier ce que font les États-Unis là-bas. Ici, l'opération dont ils parlent est vraiment menée comme ils le disent, de la manière dont ils le disent, etc. Ils vont se retrouver dans tout un tas de situations toutes plus absurdes. Ça devient donc très drôle alors qu'on est quand même sous fond d'opérations militaires en Afghanistan. Et c'est vraiment un film qui m'a parlé sur comment d'une décision va découler plein d'autres décisions qu'on n'a pas forcément prévues, sur l'adaptation de l'être humain à tout ce qui lui arrive sur le chemin, sur la solidarité qui peut se créer entre des personnes qui ne sont pas forcément... En fait, dans cette situation donnée, ils vont devenir hyper solidaires, alors que dans la vraie vie, enfin, c'est la vraie vie, mais dans une autre situation, ce ne serait pas retrouver à s'entraider ou à vivre des moments de complicité. Donc ouais, en gros, j'aime bien ce film pour tout ce qu'il dit, en fait, sur les êtres humains, sur la géopolitique aussi. Et le fait que ce soit une histoire vraie aussi, ça donne beaucoup de puissance aux images qu'on voit.

  • Speaker #0

    Ça donne envie, ça donne envie, Mathilde. Trop cool. Est-ce que, dernière question, est-ce que tu as une ou des personnes à me recommander pour venir témoigner ici ?

  • Speaker #1

    Alors, j'aurais Léonie Donnet, qui est chargée d'affaires publiques à la Mutualité Nationale Hospitalière. Donc c'est une mutuelle... ... notamment pour la fonction hospitalière. Et donc, c'est quand même une mutuelle qui s'occupe de prendre soin de ceux qui prennent soin de nous. Et je trouve que c'est très intéressant l'activité de cette mutuelle, le profil de Léonie, qui a aussi des expériences côté assemblée. Donc, je trouvais ça intéressant.

  • Speaker #0

    Léonie, si tu nous écoutes, tu es la bienvenue. Voilà, merci beaucoup, Mathilde, pour ce premier épisode. C'était hyper riche de te rencontrer. Et je te dis à la prochaine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Naud

    00:02

  • Les principes de l'économie sociale et solidaire

    00:39

  • Le parcours de Mathilde et son engagement

    01:52

  • Le rôle d'ESS France et ses missions

    04:25

  • Les défis et frustrations dans le plaidoyer pour l'ESS

    06:06

  • L'impact de l'ESS et les initiatives politiques

    11:41

  • Ambitions et conseils pour les futurs acteurs de l'ESS

    26:44

Description


Comment l'économie sociale et solidaire peut-elle transformer notre société et répondre aux défis contemporains ? Dans cet épisode captivant du podcast Hémicycle, Pierre Laburthe reçoit Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à ESS France, pour explorer les fondements et les enjeux de l'économie sociale et solidaire (ESS). Mathilde nous plonge au cœur des principes qui régissent l'ESS, une approche qui se distingue par sa gouvernance démocratique, son utilité sociale et un modèle économique alternatif, souvent en décalage avec les pratiques conventionnelles.

Au fil de la conversation, Mathilde partage son parcours inspirant, ses motivations profondes et les défis qu'elle rencontre dans son rôle. Elle nous parle de la difficulté de faire entendre les besoins de l'ESS face à une économie traditionnelle, souvent privilégiée par les décideurs politiques. Ce témoignage met en lumière la nécessité cruciale de sensibiliser ces mêmes décideurs à l'importance de l'ESS et de ses acteurs, qui œuvrent chaque jour pour un monde plus équitable.

Les frustrations liées à la recherche de financements sont également abordées, soulignant les obstacles que rencontrent les initiatives de l'ESS dans leur quête de ressources. Mathilde évoque les opportunités de transformation des entreprises en modèles ESS, mettant en avant l'importance des valeurs de solidarité qui animent ce secteur. Dans un monde où l'économie dominante semble souvent ignorer les réalités sociales, cet épisode est une invitation à repenser notre rapport à l'économie et à envisager des alternatives viables et durables.

Mathilde partage également ses ambitions futures et son engagement indéfectible envers une économie plus juste et durable. Si vous êtes curieux de découvrir comment l'ESS peut redéfinir notre avenir économique et social, cet épisode de Hémicycle est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion d'explorer des idées novatrices et de vous inspirer des acteurs qui œuvrent pour un changement positif. Rejoignez-nous pour un dialogue enrichissant qui pourrait bien changer votre perspective sur l'économie d'aujourd'hui et de demain.


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Transcription

  • Speaker #0

    Moi je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possible des réalités qu'elles vivent. Beaucoup de nos sujets c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS. On se bat quand même parfois pour des miettes, je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Bienvenue dans Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre Laburte et je vous propose de rencontrer ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, et pour notre première, j'ai le plaisir de recevoir Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Salut Mathilde !

  • Speaker #0

    Salut Pierre, merci de m'inviter dans ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être venue. Est-ce que tu peux te présenter pour nos éditeurs et auditrices ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc moi, c'est Mathilde Naud. Je suis chargée d'affaires publiques à ESS France. C'est la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Et donc, c'est une organisation représentative des acteurs de l'ESS. Est-ce que tu veux que je parle de l'économie sociale et solidaire un peu ? Avec plaisir. Donc, l'économie sociale et solidaire, c'est un mode de développement économique qui est basé sur des principes qui diffèrent de l'économie conventionnelle. Donc, une gouvernance démocratique, une créativité qui est encadrée. Donc, ça peut être une lucrativité totale ou une lucrativité régulée. Et puis, une utilité sociale, une recherche d'un intérêt collectif, par exemple dans la réponse à des besoins sociaux. Donc, c'est toute une économie qui regroupe notamment les associations, les fondations, les coopératives, les mutuelles non lucratives. Et puis, plus récemment, des sociétés commerciales qui ont des principes qui leur permettent d'être des sociétés commerciales de l'ESS.

  • Speaker #1

    Ok, super clair. Qu'est-ce qui t'a amené ? Dans ce secteur, est-ce que tu as voulu d'abord faire des affaires publiques ou est-ce que tu es allée là-bas pour ESS France ?

  • Speaker #0

    Je voulais faire des affaires publiques, mais pas au tout début. Mon rêve en France, c'était d'être journaliste, journaliste politique, d'animer les débats du second tour ou d'être avocate. Et je trouve que, parce que j'ai retrouvé récemment justement un travail que j'avais eu à faire vers 11-12 ans, où je parlais de ces deux métiers, on devait dire quel métier on voulait faire plus tard. Et je trouve que les affaires publiques, ça fait un peu vertigineux après coup, sont vraiment à la croisée des deux, en fait. Donc finalement, je pense que je ne connaissais pas, évidemment, à 11 ans, le métier des affaires publiques ou du plaidoyer. Et donc, l'intérêt que j'avais pour les métiers autour du politique, il se cristallisait dans le personnage du journaliste qui est autour et qui était visible à la télévision. Et puis, j'aimais aussi l'idée d'aller, j'avais un certain sens de la justice, l'idée d'aller défendre des gens qu'on n'entend pas ou qui ne sont pas en position dominante ou autre. Et donc, je me voyais journaliste ou avocate. Journaliste, ça pouvait aussi être parfois du style d'Élise Lucet aussi, un peu cash investigation. Donc voilà, c'était tous ces métiers-là qui me fascinaient.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliquerais ton travail à la Mathilde, 11-12 ans ?

  • Speaker #0

    Je pense que je prendrais un exemple qui lui parle. Dans les affaires publiques, il y a quand même tout un travail qui est de s'adapter quand même à son interlocuteur, dans le langage qu'on emploie notamment. Donc je pense que j'utiliserais ça aussi pour parler à un enfant. Je lui demanderais ce qui lui plaît. Et s'il me dit que, par exemple, il est passionné par Harry Potter, je lui dirais, dans Harry Potter, peut-être qu'il y a un personnage qu'on ne voit pas qui fait le lien entre Poudlard et le ministère de la Magie et qui essaye de rendre les décisions du ministère de la Magie moins brutales ou... ou de faire passer les intérêts des étudiants de Poudlard ou des professeurs auprès du ministère de la Magie. Ce n'est pas forcément un très bon exemple, parce que quand j'y pense, dans Poudlard, il n'y a pas de parlement, enfin dans Harry Potter, pardon. Et donc, ce n'est pas complet pour expliquer à un enfant, mais je pense que c'est bien de prendre des images concrètes. Et je dirais que voilà, moi, je ne travaille pas pour Poudlard, mais je représente par exemple des associations, des structures qui... comme je disais tout à l'heure, porte une autre manière de faire de l'économie. Et que moi, je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possibles des réalités qu'elles vivent.

  • Speaker #1

    Vous, votre rôle à ESS France, c'est de comment vous avez...

  • Speaker #0

    Le rôle d'ESS France, il est reconnu par la loi ESS de 2014, qui vient d'ailleurs définir l'ESS parce que ce n'était pas encore défini dans la loi. Donc c'était compliqué parfois de... de pouvoir avoir un cadrage de qui est dans l'ESS ou pas. Cette loi a quand même permis de définir un certain nombre de choses et puis aussi de créer des dispositifs. Et ESS France, c'est l'organisation représentative. Donc on est tenu d'être représentatif dans nos collèges de toutes ces formes d'entreprises qui font l'ESS. Maintenant, notre rôle, on a plusieurs missions. Il y a une mission effectivement de représentation. Il y a une mission aussi d'observatoire. On sait qu'aujourd'hui les données sur l'ESS sont assez parcellaires du côté de la donnée publique, de l'INSEE. Elles ne sont pas forcément recoupées sous l'ESS directement, il faut aller les chercher dans plein d'autres catégories pour pouvoir les recouper vraiment des données ESS. Donc on a un observatoire qui fait l'atlas de l'économie sociale et solidaire, qui fait des notes par secteur sur l'ESS, des notes d'opportunité sur les filières stratégiques pour notre mode de développement économique. Ça aussi ça fait partie de nos missions. On a des missions d'animation. de la vie économique et de la stratégie économique pour notre mode de développement économique. J'ai répété économie. On a donc des missions d'animation, de mobilisation pour le développement de l'ESS. Et puis, on développe beaucoup de choses sur la transition écologique aussi, sur l'accompagnement des structures de l'ESS pour leur transition, parce qu'on est quand même assez persuadés qu'on est attendus au tournant, évidemment, sur les questions de transition, d'autant plus de par nos principes et valeurs. Essaye de tendre vers l'exemplarité.

  • Speaker #1

    Ok. Du coup, si je reprends l'image de la personne qui a 11-12 ans, est-ce que toi, ton rôle, dans ce que tu as dit, il y a une partie évangélisée autour de l'ESS ? Est-ce que c'est Tokyo Port ? C'est-à-dire, regardez, on a un nouveau modèle, c'est exceptionnel. Tu m'appelles Mathilde et faites-moi confiance.

  • Speaker #0

    Alors, je ne dis pas que c'est un nouveau modèle, attention, parce que c'est quand même assez ancien, l'ESS. Mais par contre, je dis qu'effectivement, on n'est pas assez visible. Donc on essaye de faire de la communication, on a beaucoup développé les relations presse. À ESS France, je vois que quand même en quelques temps, on a bien augmenté sur nos retombées presse, médias en général. On a l'opération du mois de l'ESS en novembre, qui est vraiment grand public. Et si je reprends ce que je pensais être enfant, il y a un côté, oui, c'est une économie qui est beaucoup moins soutenue que l'économie conventionnelle, on ne va pas se mentir. Les aides aux entreprises classiques, généralement, elles reposent sur des aides... de réduction d'impôts par exemple. Or, les associations ne paient pas d'impôts sur les sociétés. Donc en fait, il y a beaucoup de choses où, même dans la réponse à la crise Covid, on a dû aller... Moi, je n'étais pas encore à l'UCC France, mais je sais que ça peut être compliqué, juste d'avoir des cases dans les formulaires pour certains statuts d'entreprise qui ne sont pas classiques. Donc il y a un peu le côté « se battre » pour des choses qui, pour d'autres types d'organisations, de structures, sont déjà évidentes. nous on a toujours l'impression qu'il faut recommencer à réexpliquer, à re-sensibiliser. Ce que j'aime bien faire, ça ne me dérange pas. Il y a un peu aussi le côté, je ne défends pas forcément quelque chose qui est gagné d'avance. Donc là-dessus, je me retrouve aussi avec mes rêves d'enfant, dont on parlait tout à l'heure, où je me voyais bien aller dénoncer quelque chose qui n'aurait pas été dénoncé avant.

  • Speaker #1

    Justement, alors si on voit dans ce sens, et que toi, tu essayes de m'évangéliser quelque part. Justement, je suis entrepreneur et là, je crée une nouvelle société. Quel serait l'intérêt pour moi d'opter pour le modèle ESS, que ce soit pour mes salariés ou économiquement ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ta société, tu pourrais effectivement la transformer. Je ne sais pas quel est son statut actuel, etc. Mais tu pourrais la transformer soit sous le modèle coopératif, soit sous la société commerciale de l'ESS. Ce serait une société qui peut très bien être classique, mais juste tu vas aller mettre dans tes statuts de la gouvernance démocratique, un partage de la valeur. En fait, tu vas faire en sorte qu'il y ait une partie de la valeur que tu crées qui retourne au projet d'utilité sociale que tu as défini ou d'intérêt collectif. Et l'intérêt, en fait, il faut bien se dire, je ne vais pas te mentir, quelqu'un qui veut être milliardaire demain, je ne vais pas lui dire de faire une entreprise dans l'ESS. L'intérêt, c'est plus un intérêt collectif. C'est comme ça que ça s'est créé comme mouvement. Et l'idée, c'est quand même une idée de solidarité entre les membres, etc. L'intérêt, il est plus de l'ordre de créer une économie qui va mieux allouer les ressources, qui va potentiellement être plus sobre du côté des ressources. En tout cas, c'est un objectif vers lequel on tend. On choisit souvent l'ESS plutôt par conviction, dans l'idée d'une dimension d'efficacité qui est plus d'essayer de prendre les meilleures décisions au sein de l'entreprise plutôt que de prendre... des décisions qui seraient seulement plus lucratives.

  • Speaker #1

    Donc tu disais qu'on ne peut pas avoir d'actionnaire, donc j'imagine que c'est réparti entre les salariés ou les personnes qui font l'entreprise. Comment se fait la prise de décision ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas des actionnaires, mais tu as soit des... Par exemple, dans une banque coopérative, c'est des sociétaires. Donc si tu es client d'une banque coopérative, tu peux devenir sociétaire, si tu es... Enfin, déjà tu es sociétaire de base, et après tu peux élire des gens qui vont aller... dans les instances, soit assemblée générale, administration, que sais-je. En fait, globalement, ça va être des administrateurs, mais donc ils sont élus. Dans une scope, c'est directement les salariés. C'est une forme coopérative, il y a plein de formes coopératives, où vraiment un salarié égale une voix. Donc là, c'est vraiment un modèle de... démocratie plutôt ouvrière salarié on voit que des gens vont avoir un vrai poids dans les décisions de leur entreprise par exemple là quand tu dis c'est bien intéressant quand tu dis ok un salarié une voix est ce que tous les salariés ont exactement le même poids par exemple mettons

  • Speaker #1

    que toi tu travailles dans l'entreprise depuis 15 ans et demain il ya quelqu'un qui arrive est ce qu'il a le même poids que toi dans la prise de décision

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faudrait vérifier ça quand même, mais sur les scopes, il me semble qu'il faut quand même être salarié pour un certain temps pour commencer à vraiment avoir le droit de vote. Notamment parce qu'il faut d'abord avoir été un peu formé au sujet, aux enjeux. Mais par contre, à passer un certain moment, je crois que c'est très égalitaire. Il y a vraiment cette idée de chacun a voix au chapitre sur ses conditions de travail, par exemple. C'est l'idée que chacun... En fait... C'est dans l'intérêt de tout le monde que l'entreprise aille bien, puisque c'est aussi une question de pérennité des emplois. Et d'ailleurs, l'économie sociale et solidaire, c'est, d'après les chiffres de la Banque de France, notamment sur les sociétés coopératives, mais pas que, des entreprises qui ont un taux de pérennité plus élevé que les entreprises classiques. Donc c'est vraiment une économie du long terme. Donc l'intérêt quand même de choisir l'ESS, c'est quand on veut aussi que son projet, on le mène sur le long terme. On ne veut pas le revendre demain, ou c'est pas grave s'il fait faillite. Ce n'est pas exactement la même philosophie quand même que ce qu'on peut entendre dans l'économie conventionnelle actuelle avec « je vais créer ma start-up, si ça ne marche pas, ce n'est pas grave, j'en crée une autre » . On n'est pas vraiment dans la même philosophie quand même quand on entend la plupart du temps des gens parler de leur projet en ESS.

  • Speaker #1

    Et du coup, toi, si on revient sur des questions plus personnelles, quel est ton rôle exactement là-dedans ? Comment tu te positionnes ? Là, par exemple, je ne sais pas ce que tu as fait aujourd'hui, est-ce que tu es allé voir des acteurs de l'ESS et tu fais la navette avec des parlementaires ou est-ce que c'est complètement autre chose ?

  • Speaker #0

    Alors on a beaucoup de rôles de concertation, donc c'est vrai qu'en plus on a des membres, comme je disais, qui ont des sujets très différents. C'est pas la même chose d'être représentant des questions d'insertion, d'entreprise adaptée, donc pour les personnes en situation de handicap. C'est pas la même chose d'être dans les sujets de générosité, c'est-à-dire il y a des sujets sur le mécénat, sur l'appel aux dons, sur vraiment le financement. l'ESS aussi, la finance dite solidaire, tout ce qui est le livraient-développement durable solidaire. Donc en fait, on a des membres qui sont sur des sujets comme ça particuliers. Et forcément, ils n'ont pas les mêmes problématiques, notamment de plaidoyer. Le plaidoyer, si je prends en exemple de la Fédération des entreprises d'insertion, ce n'est pas le plaidoyer de la mutualité française, ce n'est pas le plaidoyer du mouvement coopératif, ce n'est pas le plaidoyer non plus de la Fédération de l'hospitalisation privée solidaire. En gros... on pourrait se dire comment je fais pour coordonner tout ça. On ne va pas sur leur sujet à eux, on va sur ce qui est commun à toutes ces structures.

  • Speaker #1

    Donc, ils plaident chacun de leur côté ?

  • Speaker #0

    Voilà, je ne vais pas les plaider à la place de l'insertion parce que c'est leur sujet, ils sont compétents, c'est leur légitimité, ça n'aurait pas d'intérêt. Il faut faire parler d'ailleurs les acteurs les plus légitimes sur les sujets. Mais par contre, moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'est-ce que cette économie a en commun, quels intérêts elle a en commun. et sur quel sujet on peut aider tout le monde avec une mesure qui concernera beaucoup de gens. Et donc aller chercher des coalitions, les faire se parler. En fait, c'est comme je disais, des entreprises qui sont déjà très démocratiques en interne. Et donc les faire parler et coopérer, c'est juste une continuation de ce qu'elles mettent en œuvre aussi dans leurs organisations. Donc c'est assez naturel pour elles de travailler en collectif. Le travail est assez... étonnamment faciles alors que c'est des structures assez diverses. Elles viennent bien autour de la table et elles ont envie de travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Ok, ça roule. Est-ce qu'il y a des lois ou des initiatives sur lesquelles toi, tu as déjà réussi à influer ou SS France où j'ai vu que tu avais travaillé la Fédération Française de Randonnée en affaires publics également ? Est-ce qu'il y a des moments où tu t'es dit « Ah ouais, là, on a vraiment fait un truc, on a fait une différence quoi » ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de moment. J'avais travaillé notamment à Citeo avant la fédération de randonnée, où j'avais travaillé sur le traité international sur les plastiques qui est négocié à l'ONU. Il se trouve qu'il n'est toujours pas adopté, je crois, alors que ça fait trois ans que j'y étais. Mais c'est pour te dire le temps des négociations onusiennes, c'est assez long. Mais je me rappelle que quand j'avais commencé sur ce sujet-là, peu de choses étaient déjà écrites, donc il y avait beaucoup de place. pour porter des positions. Et le fait qu'on était arrivés avec des choses assez construites et qu'on avait créé des coalitions au niveau européen, puis je crois qu'ils en sont à des coalitions internationales, sur ces sujets-là, auprès des homologues de Citeo dans le monde entier, avoir des positions communes, ça a permis quand même de très vite obtenir des choses, il me semble. Donc je pense que le côté venir en amont, venir très vite sur des textes qui ne sont pas encore complètement actés permet à des acteurs qui ne se positionnaient pas forcément avant ou n'étaient pas forcément influents sur des sujets de le devenir très en amont. À la Fédération de Randonnées, je pense que ce qui était chouette, c'était aussi au niveau... À ce moment-là, je faisais des affaires publiques nationales et internationales. Et du coup, on avait notamment fait une résolution, une déclaration d'intention commune. de fédérations de randonnées de plusieurs états et c'était la première fois qu'il y avait un tel texte qui donnait en tout cas une base pour ce qui pourrait être une fédération internationale d'un moment donné. Et j'avais trouvé ça super chouette. Donc c'est vrai que moi j'aime beaucoup ces moments où les acteurs se parlent et se rendent compte qu'ils ont des choses en commun et qu'ils devraient travailler ensemble et les porter ensemble parce qu'ils auront plus de voix. Donc c'est vrai que les exemples que je te donne là, c'est plus des choses en collectif dans ce qu'on a à défendre. et c'est pas forcément dans ma relation directement avec le politique après, mais je trouve que c'est hyper galvanisateur quand... C'est très exaltant quand on arrive à construire des choses en interne. Donc le chargé d'affaires publiques, le lobbyiste en général, il faut qu'il fasse du lobbying en interne souvent, auprès d'acteurs qui osent pas se prendre position, ou qui voient pas l'intérêt, ou qui ne savent pas trop s'ils sont légitimes. Pareil, à la fédération de randonnée, il y avait quand même pas mal de bénévoles. C'est une fédération sportive sous forme associative. Plein de gens qui sont assez éloignés quand même des affaires publiques, des gens qui sont passionnés de randonnée en fait, et qui ne voyaient pas forcément ce qu'on allait faire au niveau des affaires publiques, parce que c'était quand même assez naissant la question des relations institutionnelles et la structuration. Et donc c'était quand même un beau défi. J'aimais bien expliquer ce que je faisais, en parler avec des bénévoles. qui étaient plus sur le terrain, qui disaient « Ah oui, dans telle commune, on a un problème sur le balisage de tel sentier, tu penses qu'on peut parler au maire ? » Là, on se rendait compte que ça avait pris, et on allait pouvoir parler des sujets, par exemple des conflits d'usage, des intérêts, des questions de chemin ruraux, d'érosion du littoral, etc.

  • Speaker #1

    Ok, donc si je comprends bien, si moi, demain, je suis à ta place, je suis en affaires publiques, je vais essayer d'aller vers les gens que je... veut défendre, je les convainc du bien fondé et ensuite je dis ok là on est suffisamment nombreux, il y a assez de gens qui se disent on doit faire ça et donc je vais contacter tu parlais du maire là, ça peut être maire, député, qui on veut, et on toque à leur porte et après on rédige je sais pas, une note, un amendement Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que je suis pas rentrée dans le congrès de ce que je fais, alors en fait il y a effectivement tout un aspect on va remonter un problème, une problématique où Parce qu'il n'y a pas que les problèmes quand même. Un beau projet, une idée qui n'arrive pas à avoir le jour parce qu'il y a tel frein politique ou telle absence de décision sur tel sujet. Ou à l'inverse, moi je vois une actualité politique, quelque chose qui nous permettrait peut-être d'avoir une fenêtre d'opportunité pour aller porter tel ou tel sujet qu'on ne savait pas forcément à quel moment opportun on allait pouvoir porter. Donc moi, oui, j'ai un gros travail de stratégie, entre guillemets, de se dire là c'est le bon moment pour actionner tel levier. contacter telle personne, j'ai un travail de ciblage de la personne qui va me permettre de me donner l'information qui me manque par exemple. Et donc oui, peut-être que je vais pouvoir proposer aux bénévoles de contacter son maire, mais peut-être que je sais que le problème ne vient pas du maire, il vient du préfet, peut-être que je sais que le problème vient de l'administration déconcentrée, enfin il va falloir que j'active tous les leviers et que je regarde qui est compétent. que je demande un premier rendez-vous, peut-être que j'envoie une lettre, si ça marche pas je vais peut-être faire appel aux médias locaux qui vont peut-être faire un portrait du bénévole par exemple en question, donc peut-être je vais mobiliser l'opinion publique je peux aussi peut-être mobiliser le parlementaire de la circonscription en question Oh bah il se trouve qu'en plus c'est un randonneur, enfin j'exagère évidemment je fais de la caricature mais je vais forcément me renseigner aussi sur la personne des gens, enfin qu'est-ce qui les anime, quel sujet ils traitent le plus au Parlement quelle proposition de loi ils ont déposé je vais pas contacter par exemple un député qui aurait sur la randonnée il y avait personne qui déteste les randonneurs,

  • Speaker #1

    c'est un très mauvais exemple les randonneurs ils sont très gentils non mais je rigole peut-être que justement plus par rapport à l'ESS est-ce qu'il y a des députés où justement tu te dis en fait cette personne là c'est sûr que ça ne fonctionnera pas ? Ou est-ce que même éthiquement, tu te dis qu'il y a un groupe politique ou des groupes politiques avec qui tu ne veux pas traiter ?

  • Speaker #0

    Nous, on a une décision de notre gouvernance. Nous, on ne peut pas contacter l'extrême droite. Mais par contre, si l'extrême droite nous sollicite, je suppose qu'on ira, mais ce n'est jamais arrivé. Mais par contre, à part l'extrême droite, on ne contacte vraiment tout le monde. Je ne me dis pas tel groupe politique, par exemple de centre droit ou autre. Ils ont fait telle chose un jour, donc on arrête de les contacter. Non, ce n'est pas parce qu'un jour un député a dit quelque chose d'un peu inexact sur l'ESS. Au contraire, on va plutôt le contacter pour essayer de lui expliquer et d'en parler. En fait, il y a beaucoup de choses, nous, beaucoup de nos sujets, c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS, qui vont parfois faire du mal en politique publique. On a beaucoup de travail de réexpliquer nos modèles et comment ça fonctionne. Je ne sais pas si j'ai répondu.

  • Speaker #1

    C'est clair. Et je me demandais justement, tu parlais parfois de manque de connaissances sur le sujet, les sujets que tu portes. Est-ce que tu as déjà vécu un moment où le dialogue avec les institutions était difficile ? Et si oui, comment est-ce que tu as pu gérer ça ?

  • Speaker #0

    Ça arrive qu'on n'ait pas de réponse. Donc, dans ces cas-là, moi, c'est un peu ce que je disais tout à l'heure. Quand on n'obtient pas ou qu'il y a une forme de... Plutôt que de répondre non, on ne veut pas vous recevoir, souvent, c'est plutôt pas de réponse. C'est plus pratique pour le décideur ou l'administration. Donc dans ces cas-là, moi, je trouve que le truc de communiquer publiquement sur le fait qu'on ne veut pas recevoir ESS France ou une chambre régionale, tel membre n'obtient pas de réponse, ça peut marcher. Après, il faut quand même ouvrir un certain... certains poids quand même, ou sur les réseaux sociaux, ou médiatiquement, pour y arriver. Mais ça peut être ça. Ça peut être d'activer d'autres administrations. C'est-à-dire que si telle administration ne répond pas, mais que j'ai vraiment un bon contact dans tel autre ministère, je peux peut-être essayer de voir si le ministère peut demander à l'autre comment ça se fait, qu'on n'ait pas de réponse. Donc ça peut être aussi essayer de jouer sur ces leviers-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles du fait d'avoir peut-être... Le fait d'avoir beaucoup de poids en termes d'influence, ça peut permettre d'accéder à des parlementaires ou autres qui n'ont pas le temps, ne répondent pas, ne sont pas intéressés forcément par ce sujet. Est-ce qu'il y a des influenceurs, des gens qui sont reconnus, balisés comme eux, ils sont écoutés, et donc on va essayer de passer par eux ? Ou est-ce que ça n'arrive jamais ? Est-ce qu'il y a des intermédiaires, quelque part ?

  • Speaker #0

    Ah, je n'avais pas. Trop penser à ça, je sais que c'est quelque chose qui marche bien, effectivement. Moi, je me rappelle en cours en affaires publiques, quand j'étais en master à Dolphine, on nous parlait beaucoup de l'utilisation de la communication par les influenceurs, par des nouveaux modes de communication, entre guillemets. On ne le fait pas. En fait, je ne vais pas aller demander à quelqu'un qui a une grosse communauté sur LinkedIn. Je vais prendre par exemple la directrice de la belle Emmaüs, Mozzarda. Il me semble qu'elle a quand même une bonne communauté. l'incarne l'économie sociale et solidaire d'une certaine manière, il ne m'est jamais arrivé de lui demander de relayer une de nos positions. Mais par contre, il se trouve que ces acteurs se sentent concernés souvent par ce qu'on défend, donc ça peut arriver qu'ils le relaient d'eux-mêmes. Mais on n'a pas utilisé ce levier-là. On utilise plus la parole de notre gouvernance au sein de l'ESS France, et puis le relaient par nos membres, ce qui fait déjà une première force de frappe. Et puis on a des... des parlementaires avec qui on travaille bien, par exemple, on est en bon contact avec certains parlementaires, donc dès qu'on peut rencontrer des difficultés pour avoir une réponse sur un courrier, par exemple, imaginons un ministre, on les informe, en fait, on les informe juste. Et en fait, parfois, d'eux-mêmes, ils vont soutenir notre démarche. Et donc, envoyer eux-mêmes un autre courrier, ou une question écrite, ou autre.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Et justement, dans tout ce que tu fais là, Pour toi, actuellement, quelle est la partie la plus frustrante, la plus difficile de ton travail ? Est-ce qu'il y a des étapes qui se répètent ou à chaque fois ça bloque au même endroit ?

  • Speaker #0

    Je dirais que la partie la plus frustrante, en fait, l'économie sociale et solidaire, si je prends mon poste actuel, on se bat quand même parfois pour des miettes. Je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards. Et donc parfois on perd du temps sur des choses qui peuvent paraître, quand je compare avec d'autres gens qui sont en affaires publiques, assez minimes et on est content de la petite augmentation. Non mais plus récemment il y a eu par exemple une proposition de loi sur les comités dits théodules. Donc ce sont ces conseils, organisations qui ne serviraient à rien en fait. C'est un peu pour ça que l'expression théodule est utilisée par la sénatrice qui a déposé ce texte. Et on a perdu pas mal de temps parce qu'il y avait le Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire qui était listé et donc qui allait être supprimé par cette proposition de loi si jamais elle était adoptée. Et c'est un conseil qui fonctionne bien, qui est là depuis 10 ans. Et donc on perd parfois du temps à éviter de perdre des choses plutôt que faire en sorte d'en gagner. Et ça, ça peut être frustrant parce que du coup, on ne peut pas vraiment revendiquer qu'on a gagné quelque chose de nouveau. On a évité d'en reperdre. Et ça nous a pris pas mal de temps. Rien que cette menace-là...

  • Speaker #1

    Cette proposition n'est pas passée ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, en commission, on n'a pas eu d'amendement qui ont permis de parler du Conseil supérieur de l'ESS. Donc en séance, il y avait encore le Conseil supérieur de l'ESS qui pouvait être supprimé. Et heureusement, en séance, on a quatre groupes parlementaires qui ont demandé à ce que la suppression... du Conseil supérieur de l'ESS de la liste de ceux qu'elle a supprimés. Et le gouvernement a donné un avis favorable pour enlever le CSESS de la liste et le rapporteur aussi. Enfin, oui, avis favorable. Ce qui était une belle surprise, parce qu'on pensait plutôt au max un avis de sagesse. Donc, c'est bon, le CSESS a été enlevé, donc le Conseil supérieur de l'ESS de cette proposition de loi. Mais c'était frustrant de consacrer du temps à ça, en fait. Et ça arrive quand même souvent. Et je le dis particulièrement s'il y a des gens qui veulent faire du plaidoyer, qui veulent être dans le milieu associatif ou ONG. On se bat parfois pour des choses qui peuvent être frustrantes, parce qu'on a l'impression qu'on se bat par exemple pour des miettes, ou qu'on ne peut pas venir demander beaucoup tout de suite.

  • Speaker #1

    Et justement, toi, quelle est ton ambition là-dedans ? Qu'est-ce qui te fait tenir ? Où est-ce que tu te dis, ça fait sens pour moi ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un travail dans lequel tu te vois évoluer encore plusieurs années ? Et qu'est-ce qui te porte dans ta trajectoire ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, moi je me plais bien. Je me sens alignée entre ce que je fais et ce que je suis, ce que je pense qui m'anime, ce qui me passionne. Donc c'est vrai que c'est un domaine qui peut être exigeant parce que ça demande de la précision, ça demande de connaître... Beaucoup de choses différentes, mais moi justement, j'aimais bien l'idée d'être sur des sujets assez macro, c'est-à-dire qui sont très transversaux, qui touchent à beaucoup de sujets de société, où on est entre la représentation d'intérêt et la défense d'un projet de société, de comment on fait société, de comment on repense notre économie. Donc c'est assez passionnant, parce qu'on a vraiment l'impression qu'on raconte peut-être, on peut se projeter dans un autre récit. qu'un récit qui peut être un peu plus dystopique ou faire peur. Et donc, oui, moi, ça me motive. Je me vois plutôt... En fait, moi, j'aimerais bien soit continuer dans les affaires publiques, soit peut-être être sur des métiers qui sont plutôt de l'ordre de conseiller en discours, écrire, en fait, être plume, entre guillemets. Donc, plutôt rentrer là, dans le métier vraiment du politique, donc dans les équipes politiques ou d'un parti. Ça pourrait m'intéresser parce que j'aime beaucoup rédiger et j'aime beaucoup penser la manière dont on va amener les sujets, pour qu'ils touchent un maximum de monde, pour qu'on puisse s'identifier, et à la fois que ça ait un sens collectif par rapport à notre destin commun, entre guillemets. Donc oui, j'aimerais bien tester ce genre de mission-là. Sinon, aussi tout ce qui va être collaborateurs parlementaires, je pense que ça peut être intéressant quand on fait des affaires publiques, à un moment donné, de passer de l'autre côté. de voir comment ça se passe au sein de l'Assemblée ou du Sénat, ou sinon dans les cabinets ministériels aussi. Non, globalement, tous ces métiers-là m'intéressent, et c'est plus en fonction des opportunités que je verrais.

  • Speaker #0

    Et du coup, comment est-ce qu'on devient, comment est-ce qu'on travaille dans les affaires publiques, comment est-ce qu'on devient collaborateur parlementaire ? Si des gens sont intéressés pour rentrer dans ce secteur-là, Comment, toi, est-ce que tu as fait ? Et est-ce que tu as des conseils à donner, à suivre ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, en fait, ce que j'ai fait, c'est... En fait, dès le lycée, comme je disais, je voulais être journaliste politique. J'ai tapé des noms de gens qui étaient journalistes politiques. Je me suis rendu compte qu'ils avaient tous fait un IEP, un Sciences Po. Et donc, je me suis retrouvée à Sciences Po Rennes parce que, du coup, j'ai préparé les concours. Donc, c'est vrai que je ne dis pas qu'il faut faire Sciences Po, mais je dis que... Ça peut être facilitant quand même de faire ou du droit ou des sciences politiques. C'est quand même une formation qui peut être utile, mais Ausha peut être aussi, je suis expert dans ce sujet. Par exemple, je suis expert dans la santé, en termes de trait technique. Et je vais me former un peu sur le tas, sur le droit parlementaire ou autre. Je peux être un très bon chargé d'affaires publiques ou responsable ou directeur ou que sais-je, parce que j'ai une très bonne connaissance des enjeux. Mais par contre, je vais devoir me former sur la partie communication, là où moi, je dois me former sur... A chaque fois, dans chaque organisation où je vais travailler, je vais me former sur les sujets de l'organisation en question. Même si j'ai des bases en économie, je ne suis pas économiste. C'est plutôt progressif. Comme je disais, ce n'était pas au début de mes études que je me suis dit que je vais être chargée d'affaires publiques. C'est plutôt à la fin de mes études, après des premières expériences, où je me suis rendue compte que finalement, le métier de journaliste n'était pas exactement ce que je pensais que c'était. Donc là aussi, casser certains mythes, etc. que là je me suis dit ah mais ça correspond peut-être un peu plus et j'aurais peut-être plus la liberté que je veux avoir parce que moi j'avais peut-être un problème avec l'idée de pas forcément choisir les sujets sur lesquels je vais travailler, de pas forcément être d'accord avec la ligne éditoriale de la structure où je serais si j'étais journaliste. Il y a plein de questions qui commençaient à arriver, il y a un contexte médiatique qui a changé aussi. Donc, je me suis intéressée aux affaires publiques. Je me suis rendue compte que ça allait me permettre aussi de rédiger, de raconter une certaine histoire d'une certaine manière à certaines personnes, d'adapter aussi un interlocuteur. Ça allait me permettre d'aller au fond de certains sujets aussi. Et que j'étais vraiment toujours dans la sphère politique. J'allais quand même rencontrer des décideurs, etc., comme je l'aurais fait si j'avais été journaliste politique.

  • Speaker #0

    Tu as utilisé un mot qui m'a... qui a résonné en moi, tu as utilisé le mot démystifier. Et les affaires publiques, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de... Il y a peut-être une mauvaise presse à ce sujet, en tout cas, il y a beaucoup d'a priori. Toi, comment tu défendrais justement les affaires publiques ? Qu'est-ce qui fait que tu t'intéresses à ça ? Et surtout, je pense que ce qui peut être intéressant, c'est... Qu'est-ce qui est le plus différent par rapport à ce que tu t'imaginais, entre la première fois qu'on t'a parlé de ça et maintenant ce que tu vis ?

  • Speaker #1

    Je pense que les premières fois que j'ai entendu parler des affaires publiques, ça doit être dans des références culturelles ou autre, on parlait des lobbyistes en fait, et on en parlait comme des métiers de l'ombre, des choses qui traficoteraient un petit peu les décisions. C'est proche du champ lexical de la corruption presque, la manière dont on parle des lobbyistes dans les films ou dans les séries. ou dans la presse parfois quand on dénonçait un scandale ou autre. Je pense que démystifier quelque chose, c'est déjà se dire que ce que je fais au quotidien, je le fais quand même avec une certaine transparence. En fait, on communique beaucoup sur ce qu'on fait, en tout cas là où je travaille. Et puis de toute façon, on a des obligations dont on parlera peut-être plus tard de transparence. on le ferait un peu à l'insu même des décideurs eux-mêmes, quoi. Ça, par exemple, j'aimerais le démystifier. En fait, souvent, c'est les élus eux-mêmes qui vont venir vers nous parce qu'ils ont besoin de la connaissance sectorielle. Ils ne pourront pas leur demander de prendre position sur des sujets. Si on parle de quelqu'un qui, avant d'être député, je ne sais pas, était agriculteur ou paysagiste, et qu'on lui demande de prendre position sur l'hospitalisation des personnes âgées, je trouve assez normal qu'il rencontre les réseaux représentatifs des... des hôpitaux ou publics ou privés, ou les mutuelles ou la sécu, qui rencontrent. Et pour ça, il faut des gens qui sont experts des problématiques qui sont vécues par ces structures et qui ont travaillé en amont la coordination de ce qui va être dit. Il y a quand même beaucoup de sollicitations, donc c'est normal qu'il y ait une professionnalisation des affaires publiques aussi par rapport à ça. Et après, nous, évidemment, on n'est pas que sollicités, on sollicite aussi. Et donc ça, ça peut plutôt aussi être une manière d'avoir un échange, de se dire qu'on ne peut pas être déconnecté complètement de ce qui se passe au niveau politique. Donc c'est assez normal d'avoir des personnes dont le métier, c'est aussi d'anticiper ce qui va se passer pour mon entreprise, pour mon organisation de demain. Sinon, c'est beaucoup trop brutal, si on attend d'avoir l'arrêté ou le décret. Et encore, même ça, il faut quand même s'en informer. C'est-à-dire que l'entreprise, il faut qu'il y ait quelqu'un qui fasse de la veille sur ces sujets-là. Ça fait partie du métier du lobbyiste. De juste permettre aux équipes internes de se préparer à des changements parce qu'il y aura une décision publique qui va les impacter. Donc c'est juste normal que les organisations anticipent ces choses-là. Donc c'est peut-être les choses sur lesquelles je voudrais démystifier. Oui, je rencontre des décideurs, etc. Donc ça, ça peut être une idée reçue qui est vraie. Donc ce n'est pas une idée reçue, justement. Mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel de mon travail, c'est quand même de lire des rapports qui parfois sont très réverbatifs, mais pour aller un peu au fond des choses, pour que ce que je dis ne soit pas complètement déconnecté de ce qui est réellement, factuellement avancé. Et c'est aussi de suivre vraiment de près ce qui se passe et d'alerter, en fait.

  • Speaker #0

    Je vais escouter ce que tu as dit. Au niveau de ta vie personnelle, est-ce que tu as beaucoup de questions sur ton travail ? Comment tes proches perçoivent le métier que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas beaucoup de questions. Je pense que ma famille, ils sont assez contents pour moi. Parce que quand j'étais petite, même enfant, on m'avait dit très très tôt que je ne ferais pas de longues études, que j'avais une enseignante qui vraiment avait eu un verdict. elle n'ira pas au-delà de la troisième. Donc au final, c'est quand même assez marrant quand je vois mon parcours. Et puis mes parents, ils sont... Et ma soeur, tout le monde est assez... J'ai l'impression qu'on comprend qu'en fait, c'est complètement ce que je voulais faire. Que c'est totalement... Je voulais travailler dans le monde politique. Je voulais être amenée à écrire des choses, à intervenir. Et je suis quelqu'un d'assez engagée, en fait. Donc ça se ressent aussi. J'ai... Une fois, j'ai eu une question de mon grand-père. Donc là, je pense aussi qu'il y a un gap générationnel. Sûrement, mais ça ne dérange pas quand même de faire du lobbying, etc. Donc, on en a pas mal discuté. Je lui ai dit que déjà, quand même, je pense que ça se voit avec mon parcours. Je choisis quand même vraiment pour qui je travaille. Et du coup, non, je n'y vois pas de souci parce que j'essaie quand même d'être un maximum alignée avec ce que je vais défendre pour ma part. Et je pense que tant que nous, on est capable d'assumer ce qu'on fait, c'est qu'il n'y a pas vraiment de problème. Là où c'est un problème, c'est si vous commencez à dire que vous êtes conseiller en énergie renouvelable et que vous travaillez pour un gros groupe prétourlier, par exemple. Ça veut dire que vous n'êtes pas aligné et ça ne va pas. Mais du coup, moi, je n'ai aucun problème de mon côté à assumer que oui, j'essaye d'influencer des décisions publiques.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et du coup, tu parlais du fait que tu as un peu... retrouver ce que tu voulais faire peut-être à 11-12 ans parce que tu parlais de ton alignement de valeur et de ta trajectoire si tu avais un si tu pouvais te retrouver là à 11-12 ans quels conseils tu te donnerais pour

  • Speaker #1

    y arriver encore plus facilement en fait je me dirais vraiment continue moi j'étais quelqu'un qui était persuadée en fait je croyais beaucoup au début j'étais assez rêveuse Et j'ai encore ce côté très idéaliste. Et j'ai envie de continuer à l'avoir. Je me dis toujours qu'il y a une forme de justice ou de quelque chose qui fera que ça marchera. Et donc, continuer à m'engager. Par exemple, je suis bénévole dans une ONG qui s'appelle One, de solidarité internationale. Et c'est là notamment que j'ai appris pas mal des techniques de plaidoyer. Donc d'abord en étant bénévole. Et de continuer à saisir ces moments où je sens que ça va être bien ce que je vais faire et qu'il faut le faire. Donc un conseil que je me donnerais, c'est juste de ne pas trop écouter toutes les petites voix externes qui pourraient me dire que j'en suis pas capable, je suis pas légitime, qu'il n'y a pas de raison que j'y arrive, je connais pas trop de gens qui ont fait ça. Parce que c'est arrivé à toutes les étapes de ma vie, c'est-à-dire que je connaissais pas de gens qui avaient fait Sciences Po, je connaissais pas de gens qui avaient fait journalisme, je connaissais pas de gens qui avaient fait chargé d'affaires publiques. Je me disais, je vais pas faire ça. En fait, il faut tenter. Je ne dis pas que la méritocratie marche complètement, ce n'est pas du tout mon discours. Mais par contre, si on n'essaie même pas, c'est sûr que ça ne marchera pas. Je me dis que j'ai bien fait de continuer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et justement, en termes de trajectoire, tu dis qu'on a peut-être essayé de te décourager. C'est aussi un secteur qui me paraît très masculin. peut-être que c'est pas le cas à ESS France, mais en tout cas, le monde qui est autour de la politique est très masculin. Est-ce que ça amène des freins dans les discussions que tu peux avoir ? Est-ce que tu penses qu'il y aurait des différences si la parité était respectée ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, moi, je suis vraiment pour qu'on aille vers la parité. En fait, le rejoint de l'inclusivité, je vois, c'est quand même un... En délire, je vais sortir un peu d'uniquement la question de parité pendant deux secondes, mais qu'on a été obligés seulement maintenant d'adapter l'hémicycle de l'Assemblée nationale à un député qui est en situation de handicap, pour qu'il puisse siéger avec son fauteuil roulant, moi je trouve ça dingue. Donc oui, je pense qu'on a beaucoup de chemin à faire sur la préparation de nos institutions à une plus grande représentativité de l'ensemble de la société. Sur la parité en général, oui, je trouve que ça change quand même des choses. Parce que de fait, de par la sociologie genrée et de par toutes les choses qu'on a pu intégrer, on n'a pas forcément la même manière de prendre des décisions ou la même attention portée à certains sujets. Donc plus on a de diversité en général, plus je pense les décisions seront prises avec des points de vue des gens directement concernés qui ne seront plus représentés, qui seront davantage écoutés. Donc oui, j'y crois assez et c'est vrai qu'on en est assez loin. et qu'on enchaîne entre des progrès et des retours en arrière. Notamment, c'est toujours un sujet à chaque gouvernement. On voit bien que les postes d'irégaliens, etc., on a quand même du mal à voir souvent des femmes à ces postes-là. Et ça reste quand même assez dommage. Et puis plus largement, on a eu assez peu de Premières ministres, par exemple. C'est encore assez rare. Au-delà même de la conséquence directe sur les décisions qui sont prises, ça pose vraiment question sur le pourquoi. On a toujours ce plafond qui est encore là. Il y a un côté, il y a forcément des freins et des obstacles qui sont encore à lever.

  • Speaker #0

    Mathilde, on arrive à la fin de cet entretien. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour les personnes qui nous écoutent ? Ça peut être un livre, un film, en rapport ou non avec les affaires publiques. Ça peut être Harry Potter. que tu mentionnais tout à l'heure ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a un documentaire, alors c'est pas directement des affaires publiques, mais ça m'y fait penser. Après, moi, j'ai ce petit défaut, c'est que du coup, je vois toujours des trucs un peu politiques, dans toute la fiction. J'essaie de me déconnecter, mais bon, il y a toujours quelque chose qui prend le pas. Non, mais il y a un documentaire et aussi une comédie qui est aussi un film d'action français, un OVNI qui s'appelle Riverboom. Ça a été fait par des Suisses. ça part de leur vraie histoire en gros on a un étudiant en graphisme suisse qui se retrouve par le biais d'une connaissance, à aller en voiture jusqu'en Afghanistan en 2002 pour accompagner un journaliste qui essaye de rentrer en Afghanistan pour essayer de vérifier ce que font les États-Unis là-bas. Ici, l'opération dont ils parlent est vraiment menée comme ils le disent, de la manière dont ils le disent, etc. Ils vont se retrouver dans tout un tas de situations toutes plus absurdes. Ça devient donc très drôle alors qu'on est quand même sous fond d'opérations militaires en Afghanistan. Et c'est vraiment un film qui m'a parlé sur comment d'une décision va découler plein d'autres décisions qu'on n'a pas forcément prévues, sur l'adaptation de l'être humain à tout ce qui lui arrive sur le chemin, sur la solidarité qui peut se créer entre des personnes qui ne sont pas forcément... En fait, dans cette situation donnée, ils vont devenir hyper solidaires, alors que dans la vraie vie, enfin, c'est la vraie vie, mais dans une autre situation, ce ne serait pas retrouver à s'entraider ou à vivre des moments de complicité. Donc ouais, en gros, j'aime bien ce film pour tout ce qu'il dit, en fait, sur les êtres humains, sur la géopolitique aussi. Et le fait que ce soit une histoire vraie aussi, ça donne beaucoup de puissance aux images qu'on voit.

  • Speaker #0

    Ça donne envie, ça donne envie, Mathilde. Trop cool. Est-ce que, dernière question, est-ce que tu as une ou des personnes à me recommander pour venir témoigner ici ?

  • Speaker #1

    Alors, j'aurais Léonie Donnet, qui est chargée d'affaires publiques à la Mutualité Nationale Hospitalière. Donc c'est une mutuelle... ... notamment pour la fonction hospitalière. Et donc, c'est quand même une mutuelle qui s'occupe de prendre soin de ceux qui prennent soin de nous. Et je trouve que c'est très intéressant l'activité de cette mutuelle, le profil de Léonie, qui a aussi des expériences côté assemblée. Donc, je trouvais ça intéressant.

  • Speaker #0

    Léonie, si tu nous écoutes, tu es la bienvenue. Voilà, merci beaucoup, Mathilde, pour ce premier épisode. C'était hyper riche de te rencontrer. Et je te dis à la prochaine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Naud

    00:02

  • Les principes de l'économie sociale et solidaire

    00:39

  • Le parcours de Mathilde et son engagement

    01:52

  • Le rôle d'ESS France et ses missions

    04:25

  • Les défis et frustrations dans le plaidoyer pour l'ESS

    06:06

  • L'impact de l'ESS et les initiatives politiques

    11:41

  • Ambitions et conseils pour les futurs acteurs de l'ESS

    26:44

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Description


Comment l'économie sociale et solidaire peut-elle transformer notre société et répondre aux défis contemporains ? Dans cet épisode captivant du podcast Hémicycle, Pierre Laburthe reçoit Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à ESS France, pour explorer les fondements et les enjeux de l'économie sociale et solidaire (ESS). Mathilde nous plonge au cœur des principes qui régissent l'ESS, une approche qui se distingue par sa gouvernance démocratique, son utilité sociale et un modèle économique alternatif, souvent en décalage avec les pratiques conventionnelles.

Au fil de la conversation, Mathilde partage son parcours inspirant, ses motivations profondes et les défis qu'elle rencontre dans son rôle. Elle nous parle de la difficulté de faire entendre les besoins de l'ESS face à une économie traditionnelle, souvent privilégiée par les décideurs politiques. Ce témoignage met en lumière la nécessité cruciale de sensibiliser ces mêmes décideurs à l'importance de l'ESS et de ses acteurs, qui œuvrent chaque jour pour un monde plus équitable.

Les frustrations liées à la recherche de financements sont également abordées, soulignant les obstacles que rencontrent les initiatives de l'ESS dans leur quête de ressources. Mathilde évoque les opportunités de transformation des entreprises en modèles ESS, mettant en avant l'importance des valeurs de solidarité qui animent ce secteur. Dans un monde où l'économie dominante semble souvent ignorer les réalités sociales, cet épisode est une invitation à repenser notre rapport à l'économie et à envisager des alternatives viables et durables.

Mathilde partage également ses ambitions futures et son engagement indéfectible envers une économie plus juste et durable. Si vous êtes curieux de découvrir comment l'ESS peut redéfinir notre avenir économique et social, cet épisode de Hémicycle est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion d'explorer des idées novatrices et de vous inspirer des acteurs qui œuvrent pour un changement positif. Rejoignez-nous pour un dialogue enrichissant qui pourrait bien changer votre perspective sur l'économie d'aujourd'hui et de demain.


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Transcription

  • Speaker #0

    Moi je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possible des réalités qu'elles vivent. Beaucoup de nos sujets c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS. On se bat quand même parfois pour des miettes, je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Bienvenue dans Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre Laburte et je vous propose de rencontrer ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, et pour notre première, j'ai le plaisir de recevoir Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Salut Mathilde !

  • Speaker #0

    Salut Pierre, merci de m'inviter dans ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être venue. Est-ce que tu peux te présenter pour nos éditeurs et auditrices ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc moi, c'est Mathilde Naud. Je suis chargée d'affaires publiques à ESS France. C'est la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Et donc, c'est une organisation représentative des acteurs de l'ESS. Est-ce que tu veux que je parle de l'économie sociale et solidaire un peu ? Avec plaisir. Donc, l'économie sociale et solidaire, c'est un mode de développement économique qui est basé sur des principes qui diffèrent de l'économie conventionnelle. Donc, une gouvernance démocratique, une créativité qui est encadrée. Donc, ça peut être une lucrativité totale ou une lucrativité régulée. Et puis, une utilité sociale, une recherche d'un intérêt collectif, par exemple dans la réponse à des besoins sociaux. Donc, c'est toute une économie qui regroupe notamment les associations, les fondations, les coopératives, les mutuelles non lucratives. Et puis, plus récemment, des sociétés commerciales qui ont des principes qui leur permettent d'être des sociétés commerciales de l'ESS.

  • Speaker #1

    Ok, super clair. Qu'est-ce qui t'a amené ? Dans ce secteur, est-ce que tu as voulu d'abord faire des affaires publiques ou est-ce que tu es allée là-bas pour ESS France ?

  • Speaker #0

    Je voulais faire des affaires publiques, mais pas au tout début. Mon rêve en France, c'était d'être journaliste, journaliste politique, d'animer les débats du second tour ou d'être avocate. Et je trouve que, parce que j'ai retrouvé récemment justement un travail que j'avais eu à faire vers 11-12 ans, où je parlais de ces deux métiers, on devait dire quel métier on voulait faire plus tard. Et je trouve que les affaires publiques, ça fait un peu vertigineux après coup, sont vraiment à la croisée des deux, en fait. Donc finalement, je pense que je ne connaissais pas, évidemment, à 11 ans, le métier des affaires publiques ou du plaidoyer. Et donc, l'intérêt que j'avais pour les métiers autour du politique, il se cristallisait dans le personnage du journaliste qui est autour et qui était visible à la télévision. Et puis, j'aimais aussi l'idée d'aller, j'avais un certain sens de la justice, l'idée d'aller défendre des gens qu'on n'entend pas ou qui ne sont pas en position dominante ou autre. Et donc, je me voyais journaliste ou avocate. Journaliste, ça pouvait aussi être parfois du style d'Élise Lucet aussi, un peu cash investigation. Donc voilà, c'était tous ces métiers-là qui me fascinaient.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliquerais ton travail à la Mathilde, 11-12 ans ?

  • Speaker #0

    Je pense que je prendrais un exemple qui lui parle. Dans les affaires publiques, il y a quand même tout un travail qui est de s'adapter quand même à son interlocuteur, dans le langage qu'on emploie notamment. Donc je pense que j'utiliserais ça aussi pour parler à un enfant. Je lui demanderais ce qui lui plaît. Et s'il me dit que, par exemple, il est passionné par Harry Potter, je lui dirais, dans Harry Potter, peut-être qu'il y a un personnage qu'on ne voit pas qui fait le lien entre Poudlard et le ministère de la Magie et qui essaye de rendre les décisions du ministère de la Magie moins brutales ou... ou de faire passer les intérêts des étudiants de Poudlard ou des professeurs auprès du ministère de la Magie. Ce n'est pas forcément un très bon exemple, parce que quand j'y pense, dans Poudlard, il n'y a pas de parlement, enfin dans Harry Potter, pardon. Et donc, ce n'est pas complet pour expliquer à un enfant, mais je pense que c'est bien de prendre des images concrètes. Et je dirais que voilà, moi, je ne travaille pas pour Poudlard, mais je représente par exemple des associations, des structures qui... comme je disais tout à l'heure, porte une autre manière de faire de l'économie. Et que moi, je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possibles des réalités qu'elles vivent.

  • Speaker #1

    Vous, votre rôle à ESS France, c'est de comment vous avez...

  • Speaker #0

    Le rôle d'ESS France, il est reconnu par la loi ESS de 2014, qui vient d'ailleurs définir l'ESS parce que ce n'était pas encore défini dans la loi. Donc c'était compliqué parfois de... de pouvoir avoir un cadrage de qui est dans l'ESS ou pas. Cette loi a quand même permis de définir un certain nombre de choses et puis aussi de créer des dispositifs. Et ESS France, c'est l'organisation représentative. Donc on est tenu d'être représentatif dans nos collèges de toutes ces formes d'entreprises qui font l'ESS. Maintenant, notre rôle, on a plusieurs missions. Il y a une mission effectivement de représentation. Il y a une mission aussi d'observatoire. On sait qu'aujourd'hui les données sur l'ESS sont assez parcellaires du côté de la donnée publique, de l'INSEE. Elles ne sont pas forcément recoupées sous l'ESS directement, il faut aller les chercher dans plein d'autres catégories pour pouvoir les recouper vraiment des données ESS. Donc on a un observatoire qui fait l'atlas de l'économie sociale et solidaire, qui fait des notes par secteur sur l'ESS, des notes d'opportunité sur les filières stratégiques pour notre mode de développement économique. Ça aussi ça fait partie de nos missions. On a des missions d'animation. de la vie économique et de la stratégie économique pour notre mode de développement économique. J'ai répété économie. On a donc des missions d'animation, de mobilisation pour le développement de l'ESS. Et puis, on développe beaucoup de choses sur la transition écologique aussi, sur l'accompagnement des structures de l'ESS pour leur transition, parce qu'on est quand même assez persuadés qu'on est attendus au tournant, évidemment, sur les questions de transition, d'autant plus de par nos principes et valeurs. Essaye de tendre vers l'exemplarité.

  • Speaker #1

    Ok. Du coup, si je reprends l'image de la personne qui a 11-12 ans, est-ce que toi, ton rôle, dans ce que tu as dit, il y a une partie évangélisée autour de l'ESS ? Est-ce que c'est Tokyo Port ? C'est-à-dire, regardez, on a un nouveau modèle, c'est exceptionnel. Tu m'appelles Mathilde et faites-moi confiance.

  • Speaker #0

    Alors, je ne dis pas que c'est un nouveau modèle, attention, parce que c'est quand même assez ancien, l'ESS. Mais par contre, je dis qu'effectivement, on n'est pas assez visible. Donc on essaye de faire de la communication, on a beaucoup développé les relations presse. À ESS France, je vois que quand même en quelques temps, on a bien augmenté sur nos retombées presse, médias en général. On a l'opération du mois de l'ESS en novembre, qui est vraiment grand public. Et si je reprends ce que je pensais être enfant, il y a un côté, oui, c'est une économie qui est beaucoup moins soutenue que l'économie conventionnelle, on ne va pas se mentir. Les aides aux entreprises classiques, généralement, elles reposent sur des aides... de réduction d'impôts par exemple. Or, les associations ne paient pas d'impôts sur les sociétés. Donc en fait, il y a beaucoup de choses où, même dans la réponse à la crise Covid, on a dû aller... Moi, je n'étais pas encore à l'UCC France, mais je sais que ça peut être compliqué, juste d'avoir des cases dans les formulaires pour certains statuts d'entreprise qui ne sont pas classiques. Donc il y a un peu le côté « se battre » pour des choses qui, pour d'autres types d'organisations, de structures, sont déjà évidentes. nous on a toujours l'impression qu'il faut recommencer à réexpliquer, à re-sensibiliser. Ce que j'aime bien faire, ça ne me dérange pas. Il y a un peu aussi le côté, je ne défends pas forcément quelque chose qui est gagné d'avance. Donc là-dessus, je me retrouve aussi avec mes rêves d'enfant, dont on parlait tout à l'heure, où je me voyais bien aller dénoncer quelque chose qui n'aurait pas été dénoncé avant.

  • Speaker #1

    Justement, alors si on voit dans ce sens, et que toi, tu essayes de m'évangéliser quelque part. Justement, je suis entrepreneur et là, je crée une nouvelle société. Quel serait l'intérêt pour moi d'opter pour le modèle ESS, que ce soit pour mes salariés ou économiquement ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ta société, tu pourrais effectivement la transformer. Je ne sais pas quel est son statut actuel, etc. Mais tu pourrais la transformer soit sous le modèle coopératif, soit sous la société commerciale de l'ESS. Ce serait une société qui peut très bien être classique, mais juste tu vas aller mettre dans tes statuts de la gouvernance démocratique, un partage de la valeur. En fait, tu vas faire en sorte qu'il y ait une partie de la valeur que tu crées qui retourne au projet d'utilité sociale que tu as défini ou d'intérêt collectif. Et l'intérêt, en fait, il faut bien se dire, je ne vais pas te mentir, quelqu'un qui veut être milliardaire demain, je ne vais pas lui dire de faire une entreprise dans l'ESS. L'intérêt, c'est plus un intérêt collectif. C'est comme ça que ça s'est créé comme mouvement. Et l'idée, c'est quand même une idée de solidarité entre les membres, etc. L'intérêt, il est plus de l'ordre de créer une économie qui va mieux allouer les ressources, qui va potentiellement être plus sobre du côté des ressources. En tout cas, c'est un objectif vers lequel on tend. On choisit souvent l'ESS plutôt par conviction, dans l'idée d'une dimension d'efficacité qui est plus d'essayer de prendre les meilleures décisions au sein de l'entreprise plutôt que de prendre... des décisions qui seraient seulement plus lucratives.

  • Speaker #1

    Donc tu disais qu'on ne peut pas avoir d'actionnaire, donc j'imagine que c'est réparti entre les salariés ou les personnes qui font l'entreprise. Comment se fait la prise de décision ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas des actionnaires, mais tu as soit des... Par exemple, dans une banque coopérative, c'est des sociétaires. Donc si tu es client d'une banque coopérative, tu peux devenir sociétaire, si tu es... Enfin, déjà tu es sociétaire de base, et après tu peux élire des gens qui vont aller... dans les instances, soit assemblée générale, administration, que sais-je. En fait, globalement, ça va être des administrateurs, mais donc ils sont élus. Dans une scope, c'est directement les salariés. C'est une forme coopérative, il y a plein de formes coopératives, où vraiment un salarié égale une voix. Donc là, c'est vraiment un modèle de... démocratie plutôt ouvrière salarié on voit que des gens vont avoir un vrai poids dans les décisions de leur entreprise par exemple là quand tu dis c'est bien intéressant quand tu dis ok un salarié une voix est ce que tous les salariés ont exactement le même poids par exemple mettons

  • Speaker #1

    que toi tu travailles dans l'entreprise depuis 15 ans et demain il ya quelqu'un qui arrive est ce qu'il a le même poids que toi dans la prise de décision

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faudrait vérifier ça quand même, mais sur les scopes, il me semble qu'il faut quand même être salarié pour un certain temps pour commencer à vraiment avoir le droit de vote. Notamment parce qu'il faut d'abord avoir été un peu formé au sujet, aux enjeux. Mais par contre, à passer un certain moment, je crois que c'est très égalitaire. Il y a vraiment cette idée de chacun a voix au chapitre sur ses conditions de travail, par exemple. C'est l'idée que chacun... En fait... C'est dans l'intérêt de tout le monde que l'entreprise aille bien, puisque c'est aussi une question de pérennité des emplois. Et d'ailleurs, l'économie sociale et solidaire, c'est, d'après les chiffres de la Banque de France, notamment sur les sociétés coopératives, mais pas que, des entreprises qui ont un taux de pérennité plus élevé que les entreprises classiques. Donc c'est vraiment une économie du long terme. Donc l'intérêt quand même de choisir l'ESS, c'est quand on veut aussi que son projet, on le mène sur le long terme. On ne veut pas le revendre demain, ou c'est pas grave s'il fait faillite. Ce n'est pas exactement la même philosophie quand même que ce qu'on peut entendre dans l'économie conventionnelle actuelle avec « je vais créer ma start-up, si ça ne marche pas, ce n'est pas grave, j'en crée une autre » . On n'est pas vraiment dans la même philosophie quand même quand on entend la plupart du temps des gens parler de leur projet en ESS.

  • Speaker #1

    Et du coup, toi, si on revient sur des questions plus personnelles, quel est ton rôle exactement là-dedans ? Comment tu te positionnes ? Là, par exemple, je ne sais pas ce que tu as fait aujourd'hui, est-ce que tu es allé voir des acteurs de l'ESS et tu fais la navette avec des parlementaires ou est-ce que c'est complètement autre chose ?

  • Speaker #0

    Alors on a beaucoup de rôles de concertation, donc c'est vrai qu'en plus on a des membres, comme je disais, qui ont des sujets très différents. C'est pas la même chose d'être représentant des questions d'insertion, d'entreprise adaptée, donc pour les personnes en situation de handicap. C'est pas la même chose d'être dans les sujets de générosité, c'est-à-dire il y a des sujets sur le mécénat, sur l'appel aux dons, sur vraiment le financement. l'ESS aussi, la finance dite solidaire, tout ce qui est le livraient-développement durable solidaire. Donc en fait, on a des membres qui sont sur des sujets comme ça particuliers. Et forcément, ils n'ont pas les mêmes problématiques, notamment de plaidoyer. Le plaidoyer, si je prends en exemple de la Fédération des entreprises d'insertion, ce n'est pas le plaidoyer de la mutualité française, ce n'est pas le plaidoyer du mouvement coopératif, ce n'est pas le plaidoyer non plus de la Fédération de l'hospitalisation privée solidaire. En gros... on pourrait se dire comment je fais pour coordonner tout ça. On ne va pas sur leur sujet à eux, on va sur ce qui est commun à toutes ces structures.

  • Speaker #1

    Donc, ils plaident chacun de leur côté ?

  • Speaker #0

    Voilà, je ne vais pas les plaider à la place de l'insertion parce que c'est leur sujet, ils sont compétents, c'est leur légitimité, ça n'aurait pas d'intérêt. Il faut faire parler d'ailleurs les acteurs les plus légitimes sur les sujets. Mais par contre, moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'est-ce que cette économie a en commun, quels intérêts elle a en commun. et sur quel sujet on peut aider tout le monde avec une mesure qui concernera beaucoup de gens. Et donc aller chercher des coalitions, les faire se parler. En fait, c'est comme je disais, des entreprises qui sont déjà très démocratiques en interne. Et donc les faire parler et coopérer, c'est juste une continuation de ce qu'elles mettent en œuvre aussi dans leurs organisations. Donc c'est assez naturel pour elles de travailler en collectif. Le travail est assez... étonnamment faciles alors que c'est des structures assez diverses. Elles viennent bien autour de la table et elles ont envie de travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Ok, ça roule. Est-ce qu'il y a des lois ou des initiatives sur lesquelles toi, tu as déjà réussi à influer ou SS France où j'ai vu que tu avais travaillé la Fédération Française de Randonnée en affaires publics également ? Est-ce qu'il y a des moments où tu t'es dit « Ah ouais, là, on a vraiment fait un truc, on a fait une différence quoi » ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de moment. J'avais travaillé notamment à Citeo avant la fédération de randonnée, où j'avais travaillé sur le traité international sur les plastiques qui est négocié à l'ONU. Il se trouve qu'il n'est toujours pas adopté, je crois, alors que ça fait trois ans que j'y étais. Mais c'est pour te dire le temps des négociations onusiennes, c'est assez long. Mais je me rappelle que quand j'avais commencé sur ce sujet-là, peu de choses étaient déjà écrites, donc il y avait beaucoup de place. pour porter des positions. Et le fait qu'on était arrivés avec des choses assez construites et qu'on avait créé des coalitions au niveau européen, puis je crois qu'ils en sont à des coalitions internationales, sur ces sujets-là, auprès des homologues de Citeo dans le monde entier, avoir des positions communes, ça a permis quand même de très vite obtenir des choses, il me semble. Donc je pense que le côté venir en amont, venir très vite sur des textes qui ne sont pas encore complètement actés permet à des acteurs qui ne se positionnaient pas forcément avant ou n'étaient pas forcément influents sur des sujets de le devenir très en amont. À la Fédération de Randonnées, je pense que ce qui était chouette, c'était aussi au niveau... À ce moment-là, je faisais des affaires publiques nationales et internationales. Et du coup, on avait notamment fait une résolution, une déclaration d'intention commune. de fédérations de randonnées de plusieurs états et c'était la première fois qu'il y avait un tel texte qui donnait en tout cas une base pour ce qui pourrait être une fédération internationale d'un moment donné. Et j'avais trouvé ça super chouette. Donc c'est vrai que moi j'aime beaucoup ces moments où les acteurs se parlent et se rendent compte qu'ils ont des choses en commun et qu'ils devraient travailler ensemble et les porter ensemble parce qu'ils auront plus de voix. Donc c'est vrai que les exemples que je te donne là, c'est plus des choses en collectif dans ce qu'on a à défendre. et c'est pas forcément dans ma relation directement avec le politique après, mais je trouve que c'est hyper galvanisateur quand... C'est très exaltant quand on arrive à construire des choses en interne. Donc le chargé d'affaires publiques, le lobbyiste en général, il faut qu'il fasse du lobbying en interne souvent, auprès d'acteurs qui osent pas se prendre position, ou qui voient pas l'intérêt, ou qui ne savent pas trop s'ils sont légitimes. Pareil, à la fédération de randonnée, il y avait quand même pas mal de bénévoles. C'est une fédération sportive sous forme associative. Plein de gens qui sont assez éloignés quand même des affaires publiques, des gens qui sont passionnés de randonnée en fait, et qui ne voyaient pas forcément ce qu'on allait faire au niveau des affaires publiques, parce que c'était quand même assez naissant la question des relations institutionnelles et la structuration. Et donc c'était quand même un beau défi. J'aimais bien expliquer ce que je faisais, en parler avec des bénévoles. qui étaient plus sur le terrain, qui disaient « Ah oui, dans telle commune, on a un problème sur le balisage de tel sentier, tu penses qu'on peut parler au maire ? » Là, on se rendait compte que ça avait pris, et on allait pouvoir parler des sujets, par exemple des conflits d'usage, des intérêts, des questions de chemin ruraux, d'érosion du littoral, etc.

  • Speaker #1

    Ok, donc si je comprends bien, si moi, demain, je suis à ta place, je suis en affaires publiques, je vais essayer d'aller vers les gens que je... veut défendre, je les convainc du bien fondé et ensuite je dis ok là on est suffisamment nombreux, il y a assez de gens qui se disent on doit faire ça et donc je vais contacter tu parlais du maire là, ça peut être maire, député, qui on veut, et on toque à leur porte et après on rédige je sais pas, une note, un amendement Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que je suis pas rentrée dans le congrès de ce que je fais, alors en fait il y a effectivement tout un aspect on va remonter un problème, une problématique où Parce qu'il n'y a pas que les problèmes quand même. Un beau projet, une idée qui n'arrive pas à avoir le jour parce qu'il y a tel frein politique ou telle absence de décision sur tel sujet. Ou à l'inverse, moi je vois une actualité politique, quelque chose qui nous permettrait peut-être d'avoir une fenêtre d'opportunité pour aller porter tel ou tel sujet qu'on ne savait pas forcément à quel moment opportun on allait pouvoir porter. Donc moi, oui, j'ai un gros travail de stratégie, entre guillemets, de se dire là c'est le bon moment pour actionner tel levier. contacter telle personne, j'ai un travail de ciblage de la personne qui va me permettre de me donner l'information qui me manque par exemple. Et donc oui, peut-être que je vais pouvoir proposer aux bénévoles de contacter son maire, mais peut-être que je sais que le problème ne vient pas du maire, il vient du préfet, peut-être que je sais que le problème vient de l'administration déconcentrée, enfin il va falloir que j'active tous les leviers et que je regarde qui est compétent. que je demande un premier rendez-vous, peut-être que j'envoie une lettre, si ça marche pas je vais peut-être faire appel aux médias locaux qui vont peut-être faire un portrait du bénévole par exemple en question, donc peut-être je vais mobiliser l'opinion publique je peux aussi peut-être mobiliser le parlementaire de la circonscription en question Oh bah il se trouve qu'en plus c'est un randonneur, enfin j'exagère évidemment je fais de la caricature mais je vais forcément me renseigner aussi sur la personne des gens, enfin qu'est-ce qui les anime, quel sujet ils traitent le plus au Parlement quelle proposition de loi ils ont déposé je vais pas contacter par exemple un député qui aurait sur la randonnée il y avait personne qui déteste les randonneurs,

  • Speaker #1

    c'est un très mauvais exemple les randonneurs ils sont très gentils non mais je rigole peut-être que justement plus par rapport à l'ESS est-ce qu'il y a des députés où justement tu te dis en fait cette personne là c'est sûr que ça ne fonctionnera pas ? Ou est-ce que même éthiquement, tu te dis qu'il y a un groupe politique ou des groupes politiques avec qui tu ne veux pas traiter ?

  • Speaker #0

    Nous, on a une décision de notre gouvernance. Nous, on ne peut pas contacter l'extrême droite. Mais par contre, si l'extrême droite nous sollicite, je suppose qu'on ira, mais ce n'est jamais arrivé. Mais par contre, à part l'extrême droite, on ne contacte vraiment tout le monde. Je ne me dis pas tel groupe politique, par exemple de centre droit ou autre. Ils ont fait telle chose un jour, donc on arrête de les contacter. Non, ce n'est pas parce qu'un jour un député a dit quelque chose d'un peu inexact sur l'ESS. Au contraire, on va plutôt le contacter pour essayer de lui expliquer et d'en parler. En fait, il y a beaucoup de choses, nous, beaucoup de nos sujets, c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS, qui vont parfois faire du mal en politique publique. On a beaucoup de travail de réexpliquer nos modèles et comment ça fonctionne. Je ne sais pas si j'ai répondu.

  • Speaker #1

    C'est clair. Et je me demandais justement, tu parlais parfois de manque de connaissances sur le sujet, les sujets que tu portes. Est-ce que tu as déjà vécu un moment où le dialogue avec les institutions était difficile ? Et si oui, comment est-ce que tu as pu gérer ça ?

  • Speaker #0

    Ça arrive qu'on n'ait pas de réponse. Donc, dans ces cas-là, moi, c'est un peu ce que je disais tout à l'heure. Quand on n'obtient pas ou qu'il y a une forme de... Plutôt que de répondre non, on ne veut pas vous recevoir, souvent, c'est plutôt pas de réponse. C'est plus pratique pour le décideur ou l'administration. Donc dans ces cas-là, moi, je trouve que le truc de communiquer publiquement sur le fait qu'on ne veut pas recevoir ESS France ou une chambre régionale, tel membre n'obtient pas de réponse, ça peut marcher. Après, il faut quand même ouvrir un certain... certains poids quand même, ou sur les réseaux sociaux, ou médiatiquement, pour y arriver. Mais ça peut être ça. Ça peut être d'activer d'autres administrations. C'est-à-dire que si telle administration ne répond pas, mais que j'ai vraiment un bon contact dans tel autre ministère, je peux peut-être essayer de voir si le ministère peut demander à l'autre comment ça se fait, qu'on n'ait pas de réponse. Donc ça peut être aussi essayer de jouer sur ces leviers-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles du fait d'avoir peut-être... Le fait d'avoir beaucoup de poids en termes d'influence, ça peut permettre d'accéder à des parlementaires ou autres qui n'ont pas le temps, ne répondent pas, ne sont pas intéressés forcément par ce sujet. Est-ce qu'il y a des influenceurs, des gens qui sont reconnus, balisés comme eux, ils sont écoutés, et donc on va essayer de passer par eux ? Ou est-ce que ça n'arrive jamais ? Est-ce qu'il y a des intermédiaires, quelque part ?

  • Speaker #0

    Ah, je n'avais pas. Trop penser à ça, je sais que c'est quelque chose qui marche bien, effectivement. Moi, je me rappelle en cours en affaires publiques, quand j'étais en master à Dolphine, on nous parlait beaucoup de l'utilisation de la communication par les influenceurs, par des nouveaux modes de communication, entre guillemets. On ne le fait pas. En fait, je ne vais pas aller demander à quelqu'un qui a une grosse communauté sur LinkedIn. Je vais prendre par exemple la directrice de la belle Emmaüs, Mozzarda. Il me semble qu'elle a quand même une bonne communauté. l'incarne l'économie sociale et solidaire d'une certaine manière, il ne m'est jamais arrivé de lui demander de relayer une de nos positions. Mais par contre, il se trouve que ces acteurs se sentent concernés souvent par ce qu'on défend, donc ça peut arriver qu'ils le relaient d'eux-mêmes. Mais on n'a pas utilisé ce levier-là. On utilise plus la parole de notre gouvernance au sein de l'ESS France, et puis le relaient par nos membres, ce qui fait déjà une première force de frappe. Et puis on a des... des parlementaires avec qui on travaille bien, par exemple, on est en bon contact avec certains parlementaires, donc dès qu'on peut rencontrer des difficultés pour avoir une réponse sur un courrier, par exemple, imaginons un ministre, on les informe, en fait, on les informe juste. Et en fait, parfois, d'eux-mêmes, ils vont soutenir notre démarche. Et donc, envoyer eux-mêmes un autre courrier, ou une question écrite, ou autre.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Et justement, dans tout ce que tu fais là, Pour toi, actuellement, quelle est la partie la plus frustrante, la plus difficile de ton travail ? Est-ce qu'il y a des étapes qui se répètent ou à chaque fois ça bloque au même endroit ?

  • Speaker #0

    Je dirais que la partie la plus frustrante, en fait, l'économie sociale et solidaire, si je prends mon poste actuel, on se bat quand même parfois pour des miettes. Je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards. Et donc parfois on perd du temps sur des choses qui peuvent paraître, quand je compare avec d'autres gens qui sont en affaires publiques, assez minimes et on est content de la petite augmentation. Non mais plus récemment il y a eu par exemple une proposition de loi sur les comités dits théodules. Donc ce sont ces conseils, organisations qui ne serviraient à rien en fait. C'est un peu pour ça que l'expression théodule est utilisée par la sénatrice qui a déposé ce texte. Et on a perdu pas mal de temps parce qu'il y avait le Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire qui était listé et donc qui allait être supprimé par cette proposition de loi si jamais elle était adoptée. Et c'est un conseil qui fonctionne bien, qui est là depuis 10 ans. Et donc on perd parfois du temps à éviter de perdre des choses plutôt que faire en sorte d'en gagner. Et ça, ça peut être frustrant parce que du coup, on ne peut pas vraiment revendiquer qu'on a gagné quelque chose de nouveau. On a évité d'en reperdre. Et ça nous a pris pas mal de temps. Rien que cette menace-là...

  • Speaker #1

    Cette proposition n'est pas passée ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, en commission, on n'a pas eu d'amendement qui ont permis de parler du Conseil supérieur de l'ESS. Donc en séance, il y avait encore le Conseil supérieur de l'ESS qui pouvait être supprimé. Et heureusement, en séance, on a quatre groupes parlementaires qui ont demandé à ce que la suppression... du Conseil supérieur de l'ESS de la liste de ceux qu'elle a supprimés. Et le gouvernement a donné un avis favorable pour enlever le CSESS de la liste et le rapporteur aussi. Enfin, oui, avis favorable. Ce qui était une belle surprise, parce qu'on pensait plutôt au max un avis de sagesse. Donc, c'est bon, le CSESS a été enlevé, donc le Conseil supérieur de l'ESS de cette proposition de loi. Mais c'était frustrant de consacrer du temps à ça, en fait. Et ça arrive quand même souvent. Et je le dis particulièrement s'il y a des gens qui veulent faire du plaidoyer, qui veulent être dans le milieu associatif ou ONG. On se bat parfois pour des choses qui peuvent être frustrantes, parce qu'on a l'impression qu'on se bat par exemple pour des miettes, ou qu'on ne peut pas venir demander beaucoup tout de suite.

  • Speaker #1

    Et justement, toi, quelle est ton ambition là-dedans ? Qu'est-ce qui te fait tenir ? Où est-ce que tu te dis, ça fait sens pour moi ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un travail dans lequel tu te vois évoluer encore plusieurs années ? Et qu'est-ce qui te porte dans ta trajectoire ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, moi je me plais bien. Je me sens alignée entre ce que je fais et ce que je suis, ce que je pense qui m'anime, ce qui me passionne. Donc c'est vrai que c'est un domaine qui peut être exigeant parce que ça demande de la précision, ça demande de connaître... Beaucoup de choses différentes, mais moi justement, j'aimais bien l'idée d'être sur des sujets assez macro, c'est-à-dire qui sont très transversaux, qui touchent à beaucoup de sujets de société, où on est entre la représentation d'intérêt et la défense d'un projet de société, de comment on fait société, de comment on repense notre économie. Donc c'est assez passionnant, parce qu'on a vraiment l'impression qu'on raconte peut-être, on peut se projeter dans un autre récit. qu'un récit qui peut être un peu plus dystopique ou faire peur. Et donc, oui, moi, ça me motive. Je me vois plutôt... En fait, moi, j'aimerais bien soit continuer dans les affaires publiques, soit peut-être être sur des métiers qui sont plutôt de l'ordre de conseiller en discours, écrire, en fait, être plume, entre guillemets. Donc, plutôt rentrer là, dans le métier vraiment du politique, donc dans les équipes politiques ou d'un parti. Ça pourrait m'intéresser parce que j'aime beaucoup rédiger et j'aime beaucoup penser la manière dont on va amener les sujets, pour qu'ils touchent un maximum de monde, pour qu'on puisse s'identifier, et à la fois que ça ait un sens collectif par rapport à notre destin commun, entre guillemets. Donc oui, j'aimerais bien tester ce genre de mission-là. Sinon, aussi tout ce qui va être collaborateurs parlementaires, je pense que ça peut être intéressant quand on fait des affaires publiques, à un moment donné, de passer de l'autre côté. de voir comment ça se passe au sein de l'Assemblée ou du Sénat, ou sinon dans les cabinets ministériels aussi. Non, globalement, tous ces métiers-là m'intéressent, et c'est plus en fonction des opportunités que je verrais.

  • Speaker #0

    Et du coup, comment est-ce qu'on devient, comment est-ce qu'on travaille dans les affaires publiques, comment est-ce qu'on devient collaborateur parlementaire ? Si des gens sont intéressés pour rentrer dans ce secteur-là, Comment, toi, est-ce que tu as fait ? Et est-ce que tu as des conseils à donner, à suivre ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, en fait, ce que j'ai fait, c'est... En fait, dès le lycée, comme je disais, je voulais être journaliste politique. J'ai tapé des noms de gens qui étaient journalistes politiques. Je me suis rendu compte qu'ils avaient tous fait un IEP, un Sciences Po. Et donc, je me suis retrouvée à Sciences Po Rennes parce que, du coup, j'ai préparé les concours. Donc, c'est vrai que je ne dis pas qu'il faut faire Sciences Po, mais je dis que... Ça peut être facilitant quand même de faire ou du droit ou des sciences politiques. C'est quand même une formation qui peut être utile, mais Ausha peut être aussi, je suis expert dans ce sujet. Par exemple, je suis expert dans la santé, en termes de trait technique. Et je vais me former un peu sur le tas, sur le droit parlementaire ou autre. Je peux être un très bon chargé d'affaires publiques ou responsable ou directeur ou que sais-je, parce que j'ai une très bonne connaissance des enjeux. Mais par contre, je vais devoir me former sur la partie communication, là où moi, je dois me former sur... A chaque fois, dans chaque organisation où je vais travailler, je vais me former sur les sujets de l'organisation en question. Même si j'ai des bases en économie, je ne suis pas économiste. C'est plutôt progressif. Comme je disais, ce n'était pas au début de mes études que je me suis dit que je vais être chargée d'affaires publiques. C'est plutôt à la fin de mes études, après des premières expériences, où je me suis rendue compte que finalement, le métier de journaliste n'était pas exactement ce que je pensais que c'était. Donc là aussi, casser certains mythes, etc. que là je me suis dit ah mais ça correspond peut-être un peu plus et j'aurais peut-être plus la liberté que je veux avoir parce que moi j'avais peut-être un problème avec l'idée de pas forcément choisir les sujets sur lesquels je vais travailler, de pas forcément être d'accord avec la ligne éditoriale de la structure où je serais si j'étais journaliste. Il y a plein de questions qui commençaient à arriver, il y a un contexte médiatique qui a changé aussi. Donc, je me suis intéressée aux affaires publiques. Je me suis rendue compte que ça allait me permettre aussi de rédiger, de raconter une certaine histoire d'une certaine manière à certaines personnes, d'adapter aussi un interlocuteur. Ça allait me permettre d'aller au fond de certains sujets aussi. Et que j'étais vraiment toujours dans la sphère politique. J'allais quand même rencontrer des décideurs, etc., comme je l'aurais fait si j'avais été journaliste politique.

  • Speaker #0

    Tu as utilisé un mot qui m'a... qui a résonné en moi, tu as utilisé le mot démystifier. Et les affaires publiques, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de... Il y a peut-être une mauvaise presse à ce sujet, en tout cas, il y a beaucoup d'a priori. Toi, comment tu défendrais justement les affaires publiques ? Qu'est-ce qui fait que tu t'intéresses à ça ? Et surtout, je pense que ce qui peut être intéressant, c'est... Qu'est-ce qui est le plus différent par rapport à ce que tu t'imaginais, entre la première fois qu'on t'a parlé de ça et maintenant ce que tu vis ?

  • Speaker #1

    Je pense que les premières fois que j'ai entendu parler des affaires publiques, ça doit être dans des références culturelles ou autre, on parlait des lobbyistes en fait, et on en parlait comme des métiers de l'ombre, des choses qui traficoteraient un petit peu les décisions. C'est proche du champ lexical de la corruption presque, la manière dont on parle des lobbyistes dans les films ou dans les séries. ou dans la presse parfois quand on dénonçait un scandale ou autre. Je pense que démystifier quelque chose, c'est déjà se dire que ce que je fais au quotidien, je le fais quand même avec une certaine transparence. En fait, on communique beaucoup sur ce qu'on fait, en tout cas là où je travaille. Et puis de toute façon, on a des obligations dont on parlera peut-être plus tard de transparence. on le ferait un peu à l'insu même des décideurs eux-mêmes, quoi. Ça, par exemple, j'aimerais le démystifier. En fait, souvent, c'est les élus eux-mêmes qui vont venir vers nous parce qu'ils ont besoin de la connaissance sectorielle. Ils ne pourront pas leur demander de prendre position sur des sujets. Si on parle de quelqu'un qui, avant d'être député, je ne sais pas, était agriculteur ou paysagiste, et qu'on lui demande de prendre position sur l'hospitalisation des personnes âgées, je trouve assez normal qu'il rencontre les réseaux représentatifs des... des hôpitaux ou publics ou privés, ou les mutuelles ou la sécu, qui rencontrent. Et pour ça, il faut des gens qui sont experts des problématiques qui sont vécues par ces structures et qui ont travaillé en amont la coordination de ce qui va être dit. Il y a quand même beaucoup de sollicitations, donc c'est normal qu'il y ait une professionnalisation des affaires publiques aussi par rapport à ça. Et après, nous, évidemment, on n'est pas que sollicités, on sollicite aussi. Et donc ça, ça peut plutôt aussi être une manière d'avoir un échange, de se dire qu'on ne peut pas être déconnecté complètement de ce qui se passe au niveau politique. Donc c'est assez normal d'avoir des personnes dont le métier, c'est aussi d'anticiper ce qui va se passer pour mon entreprise, pour mon organisation de demain. Sinon, c'est beaucoup trop brutal, si on attend d'avoir l'arrêté ou le décret. Et encore, même ça, il faut quand même s'en informer. C'est-à-dire que l'entreprise, il faut qu'il y ait quelqu'un qui fasse de la veille sur ces sujets-là. Ça fait partie du métier du lobbyiste. De juste permettre aux équipes internes de se préparer à des changements parce qu'il y aura une décision publique qui va les impacter. Donc c'est juste normal que les organisations anticipent ces choses-là. Donc c'est peut-être les choses sur lesquelles je voudrais démystifier. Oui, je rencontre des décideurs, etc. Donc ça, ça peut être une idée reçue qui est vraie. Donc ce n'est pas une idée reçue, justement. Mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel de mon travail, c'est quand même de lire des rapports qui parfois sont très réverbatifs, mais pour aller un peu au fond des choses, pour que ce que je dis ne soit pas complètement déconnecté de ce qui est réellement, factuellement avancé. Et c'est aussi de suivre vraiment de près ce qui se passe et d'alerter, en fait.

  • Speaker #0

    Je vais escouter ce que tu as dit. Au niveau de ta vie personnelle, est-ce que tu as beaucoup de questions sur ton travail ? Comment tes proches perçoivent le métier que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas beaucoup de questions. Je pense que ma famille, ils sont assez contents pour moi. Parce que quand j'étais petite, même enfant, on m'avait dit très très tôt que je ne ferais pas de longues études, que j'avais une enseignante qui vraiment avait eu un verdict. elle n'ira pas au-delà de la troisième. Donc au final, c'est quand même assez marrant quand je vois mon parcours. Et puis mes parents, ils sont... Et ma soeur, tout le monde est assez... J'ai l'impression qu'on comprend qu'en fait, c'est complètement ce que je voulais faire. Que c'est totalement... Je voulais travailler dans le monde politique. Je voulais être amenée à écrire des choses, à intervenir. Et je suis quelqu'un d'assez engagée, en fait. Donc ça se ressent aussi. J'ai... Une fois, j'ai eu une question de mon grand-père. Donc là, je pense aussi qu'il y a un gap générationnel. Sûrement, mais ça ne dérange pas quand même de faire du lobbying, etc. Donc, on en a pas mal discuté. Je lui ai dit que déjà, quand même, je pense que ça se voit avec mon parcours. Je choisis quand même vraiment pour qui je travaille. Et du coup, non, je n'y vois pas de souci parce que j'essaie quand même d'être un maximum alignée avec ce que je vais défendre pour ma part. Et je pense que tant que nous, on est capable d'assumer ce qu'on fait, c'est qu'il n'y a pas vraiment de problème. Là où c'est un problème, c'est si vous commencez à dire que vous êtes conseiller en énergie renouvelable et que vous travaillez pour un gros groupe prétourlier, par exemple. Ça veut dire que vous n'êtes pas aligné et ça ne va pas. Mais du coup, moi, je n'ai aucun problème de mon côté à assumer que oui, j'essaye d'influencer des décisions publiques.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et du coup, tu parlais du fait que tu as un peu... retrouver ce que tu voulais faire peut-être à 11-12 ans parce que tu parlais de ton alignement de valeur et de ta trajectoire si tu avais un si tu pouvais te retrouver là à 11-12 ans quels conseils tu te donnerais pour

  • Speaker #1

    y arriver encore plus facilement en fait je me dirais vraiment continue moi j'étais quelqu'un qui était persuadée en fait je croyais beaucoup au début j'étais assez rêveuse Et j'ai encore ce côté très idéaliste. Et j'ai envie de continuer à l'avoir. Je me dis toujours qu'il y a une forme de justice ou de quelque chose qui fera que ça marchera. Et donc, continuer à m'engager. Par exemple, je suis bénévole dans une ONG qui s'appelle One, de solidarité internationale. Et c'est là notamment que j'ai appris pas mal des techniques de plaidoyer. Donc d'abord en étant bénévole. Et de continuer à saisir ces moments où je sens que ça va être bien ce que je vais faire et qu'il faut le faire. Donc un conseil que je me donnerais, c'est juste de ne pas trop écouter toutes les petites voix externes qui pourraient me dire que j'en suis pas capable, je suis pas légitime, qu'il n'y a pas de raison que j'y arrive, je connais pas trop de gens qui ont fait ça. Parce que c'est arrivé à toutes les étapes de ma vie, c'est-à-dire que je connaissais pas de gens qui avaient fait Sciences Po, je connaissais pas de gens qui avaient fait journalisme, je connaissais pas de gens qui avaient fait chargé d'affaires publiques. Je me disais, je vais pas faire ça. En fait, il faut tenter. Je ne dis pas que la méritocratie marche complètement, ce n'est pas du tout mon discours. Mais par contre, si on n'essaie même pas, c'est sûr que ça ne marchera pas. Je me dis que j'ai bien fait de continuer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et justement, en termes de trajectoire, tu dis qu'on a peut-être essayé de te décourager. C'est aussi un secteur qui me paraît très masculin. peut-être que c'est pas le cas à ESS France, mais en tout cas, le monde qui est autour de la politique est très masculin. Est-ce que ça amène des freins dans les discussions que tu peux avoir ? Est-ce que tu penses qu'il y aurait des différences si la parité était respectée ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, moi, je suis vraiment pour qu'on aille vers la parité. En fait, le rejoint de l'inclusivité, je vois, c'est quand même un... En délire, je vais sortir un peu d'uniquement la question de parité pendant deux secondes, mais qu'on a été obligés seulement maintenant d'adapter l'hémicycle de l'Assemblée nationale à un député qui est en situation de handicap, pour qu'il puisse siéger avec son fauteuil roulant, moi je trouve ça dingue. Donc oui, je pense qu'on a beaucoup de chemin à faire sur la préparation de nos institutions à une plus grande représentativité de l'ensemble de la société. Sur la parité en général, oui, je trouve que ça change quand même des choses. Parce que de fait, de par la sociologie genrée et de par toutes les choses qu'on a pu intégrer, on n'a pas forcément la même manière de prendre des décisions ou la même attention portée à certains sujets. Donc plus on a de diversité en général, plus je pense les décisions seront prises avec des points de vue des gens directement concernés qui ne seront plus représentés, qui seront davantage écoutés. Donc oui, j'y crois assez et c'est vrai qu'on en est assez loin. et qu'on enchaîne entre des progrès et des retours en arrière. Notamment, c'est toujours un sujet à chaque gouvernement. On voit bien que les postes d'irégaliens, etc., on a quand même du mal à voir souvent des femmes à ces postes-là. Et ça reste quand même assez dommage. Et puis plus largement, on a eu assez peu de Premières ministres, par exemple. C'est encore assez rare. Au-delà même de la conséquence directe sur les décisions qui sont prises, ça pose vraiment question sur le pourquoi. On a toujours ce plafond qui est encore là. Il y a un côté, il y a forcément des freins et des obstacles qui sont encore à lever.

  • Speaker #0

    Mathilde, on arrive à la fin de cet entretien. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour les personnes qui nous écoutent ? Ça peut être un livre, un film, en rapport ou non avec les affaires publiques. Ça peut être Harry Potter. que tu mentionnais tout à l'heure ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a un documentaire, alors c'est pas directement des affaires publiques, mais ça m'y fait penser. Après, moi, j'ai ce petit défaut, c'est que du coup, je vois toujours des trucs un peu politiques, dans toute la fiction. J'essaie de me déconnecter, mais bon, il y a toujours quelque chose qui prend le pas. Non, mais il y a un documentaire et aussi une comédie qui est aussi un film d'action français, un OVNI qui s'appelle Riverboom. Ça a été fait par des Suisses. ça part de leur vraie histoire en gros on a un étudiant en graphisme suisse qui se retrouve par le biais d'une connaissance, à aller en voiture jusqu'en Afghanistan en 2002 pour accompagner un journaliste qui essaye de rentrer en Afghanistan pour essayer de vérifier ce que font les États-Unis là-bas. Ici, l'opération dont ils parlent est vraiment menée comme ils le disent, de la manière dont ils le disent, etc. Ils vont se retrouver dans tout un tas de situations toutes plus absurdes. Ça devient donc très drôle alors qu'on est quand même sous fond d'opérations militaires en Afghanistan. Et c'est vraiment un film qui m'a parlé sur comment d'une décision va découler plein d'autres décisions qu'on n'a pas forcément prévues, sur l'adaptation de l'être humain à tout ce qui lui arrive sur le chemin, sur la solidarité qui peut se créer entre des personnes qui ne sont pas forcément... En fait, dans cette situation donnée, ils vont devenir hyper solidaires, alors que dans la vraie vie, enfin, c'est la vraie vie, mais dans une autre situation, ce ne serait pas retrouver à s'entraider ou à vivre des moments de complicité. Donc ouais, en gros, j'aime bien ce film pour tout ce qu'il dit, en fait, sur les êtres humains, sur la géopolitique aussi. Et le fait que ce soit une histoire vraie aussi, ça donne beaucoup de puissance aux images qu'on voit.

  • Speaker #0

    Ça donne envie, ça donne envie, Mathilde. Trop cool. Est-ce que, dernière question, est-ce que tu as une ou des personnes à me recommander pour venir témoigner ici ?

  • Speaker #1

    Alors, j'aurais Léonie Donnet, qui est chargée d'affaires publiques à la Mutualité Nationale Hospitalière. Donc c'est une mutuelle... ... notamment pour la fonction hospitalière. Et donc, c'est quand même une mutuelle qui s'occupe de prendre soin de ceux qui prennent soin de nous. Et je trouve que c'est très intéressant l'activité de cette mutuelle, le profil de Léonie, qui a aussi des expériences côté assemblée. Donc, je trouvais ça intéressant.

  • Speaker #0

    Léonie, si tu nous écoutes, tu es la bienvenue. Voilà, merci beaucoup, Mathilde, pour ce premier épisode. C'était hyper riche de te rencontrer. Et je te dis à la prochaine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Naud

    00:02

  • Les principes de l'économie sociale et solidaire

    00:39

  • Le parcours de Mathilde et son engagement

    01:52

  • Le rôle d'ESS France et ses missions

    04:25

  • Les défis et frustrations dans le plaidoyer pour l'ESS

    06:06

  • L'impact de l'ESS et les initiatives politiques

    11:41

  • Ambitions et conseils pour les futurs acteurs de l'ESS

    26:44

Description


Comment l'économie sociale et solidaire peut-elle transformer notre société et répondre aux défis contemporains ? Dans cet épisode captivant du podcast Hémicycle, Pierre Laburthe reçoit Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à ESS France, pour explorer les fondements et les enjeux de l'économie sociale et solidaire (ESS). Mathilde nous plonge au cœur des principes qui régissent l'ESS, une approche qui se distingue par sa gouvernance démocratique, son utilité sociale et un modèle économique alternatif, souvent en décalage avec les pratiques conventionnelles.

Au fil de la conversation, Mathilde partage son parcours inspirant, ses motivations profondes et les défis qu'elle rencontre dans son rôle. Elle nous parle de la difficulté de faire entendre les besoins de l'ESS face à une économie traditionnelle, souvent privilégiée par les décideurs politiques. Ce témoignage met en lumière la nécessité cruciale de sensibiliser ces mêmes décideurs à l'importance de l'ESS et de ses acteurs, qui œuvrent chaque jour pour un monde plus équitable.

Les frustrations liées à la recherche de financements sont également abordées, soulignant les obstacles que rencontrent les initiatives de l'ESS dans leur quête de ressources. Mathilde évoque les opportunités de transformation des entreprises en modèles ESS, mettant en avant l'importance des valeurs de solidarité qui animent ce secteur. Dans un monde où l'économie dominante semble souvent ignorer les réalités sociales, cet épisode est une invitation à repenser notre rapport à l'économie et à envisager des alternatives viables et durables.

Mathilde partage également ses ambitions futures et son engagement indéfectible envers une économie plus juste et durable. Si vous êtes curieux de découvrir comment l'ESS peut redéfinir notre avenir économique et social, cet épisode de Hémicycle est fait pour vous. Ne manquez pas cette occasion d'explorer des idées novatrices et de vous inspirer des acteurs qui œuvrent pour un changement positif. Rejoignez-nous pour un dialogue enrichissant qui pourrait bien changer votre perspective sur l'économie d'aujourd'hui et de demain.


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Transcription

  • Speaker #0

    Moi je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possible des réalités qu'elles vivent. Beaucoup de nos sujets c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS. On se bat quand même parfois pour des miettes, je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Bienvenue dans Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre Laburte et je vous propose de rencontrer ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, et pour notre première, j'ai le plaisir de recevoir Mathilde Naud, chargée d'affaires publiques à la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Salut Mathilde !

  • Speaker #0

    Salut Pierre, merci de m'inviter dans ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être venue. Est-ce que tu peux te présenter pour nos éditeurs et auditrices ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc moi, c'est Mathilde Naud. Je suis chargée d'affaires publiques à ESS France. C'est la Chambre française de l'économie sociale et solidaire. Et donc, c'est une organisation représentative des acteurs de l'ESS. Est-ce que tu veux que je parle de l'économie sociale et solidaire un peu ? Avec plaisir. Donc, l'économie sociale et solidaire, c'est un mode de développement économique qui est basé sur des principes qui diffèrent de l'économie conventionnelle. Donc, une gouvernance démocratique, une créativité qui est encadrée. Donc, ça peut être une lucrativité totale ou une lucrativité régulée. Et puis, une utilité sociale, une recherche d'un intérêt collectif, par exemple dans la réponse à des besoins sociaux. Donc, c'est toute une économie qui regroupe notamment les associations, les fondations, les coopératives, les mutuelles non lucratives. Et puis, plus récemment, des sociétés commerciales qui ont des principes qui leur permettent d'être des sociétés commerciales de l'ESS.

  • Speaker #1

    Ok, super clair. Qu'est-ce qui t'a amené ? Dans ce secteur, est-ce que tu as voulu d'abord faire des affaires publiques ou est-ce que tu es allée là-bas pour ESS France ?

  • Speaker #0

    Je voulais faire des affaires publiques, mais pas au tout début. Mon rêve en France, c'était d'être journaliste, journaliste politique, d'animer les débats du second tour ou d'être avocate. Et je trouve que, parce que j'ai retrouvé récemment justement un travail que j'avais eu à faire vers 11-12 ans, où je parlais de ces deux métiers, on devait dire quel métier on voulait faire plus tard. Et je trouve que les affaires publiques, ça fait un peu vertigineux après coup, sont vraiment à la croisée des deux, en fait. Donc finalement, je pense que je ne connaissais pas, évidemment, à 11 ans, le métier des affaires publiques ou du plaidoyer. Et donc, l'intérêt que j'avais pour les métiers autour du politique, il se cristallisait dans le personnage du journaliste qui est autour et qui était visible à la télévision. Et puis, j'aimais aussi l'idée d'aller, j'avais un certain sens de la justice, l'idée d'aller défendre des gens qu'on n'entend pas ou qui ne sont pas en position dominante ou autre. Et donc, je me voyais journaliste ou avocate. Journaliste, ça pouvait aussi être parfois du style d'Élise Lucet aussi, un peu cash investigation. Donc voilà, c'était tous ces métiers-là qui me fascinaient.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliquerais ton travail à la Mathilde, 11-12 ans ?

  • Speaker #0

    Je pense que je prendrais un exemple qui lui parle. Dans les affaires publiques, il y a quand même tout un travail qui est de s'adapter quand même à son interlocuteur, dans le langage qu'on emploie notamment. Donc je pense que j'utiliserais ça aussi pour parler à un enfant. Je lui demanderais ce qui lui plaît. Et s'il me dit que, par exemple, il est passionné par Harry Potter, je lui dirais, dans Harry Potter, peut-être qu'il y a un personnage qu'on ne voit pas qui fait le lien entre Poudlard et le ministère de la Magie et qui essaye de rendre les décisions du ministère de la Magie moins brutales ou... ou de faire passer les intérêts des étudiants de Poudlard ou des professeurs auprès du ministère de la Magie. Ce n'est pas forcément un très bon exemple, parce que quand j'y pense, dans Poudlard, il n'y a pas de parlement, enfin dans Harry Potter, pardon. Et donc, ce n'est pas complet pour expliquer à un enfant, mais je pense que c'est bien de prendre des images concrètes. Et je dirais que voilà, moi, je ne travaille pas pour Poudlard, mais je représente par exemple des associations, des structures qui... comme je disais tout à l'heure, porte une autre manière de faire de l'économie. Et que moi, je m'occupe de faire remonter les besoins pour que les politiques et les décisions qui les concernent directement soient les moins déconnectées possibles des réalités qu'elles vivent.

  • Speaker #1

    Vous, votre rôle à ESS France, c'est de comment vous avez...

  • Speaker #0

    Le rôle d'ESS France, il est reconnu par la loi ESS de 2014, qui vient d'ailleurs définir l'ESS parce que ce n'était pas encore défini dans la loi. Donc c'était compliqué parfois de... de pouvoir avoir un cadrage de qui est dans l'ESS ou pas. Cette loi a quand même permis de définir un certain nombre de choses et puis aussi de créer des dispositifs. Et ESS France, c'est l'organisation représentative. Donc on est tenu d'être représentatif dans nos collèges de toutes ces formes d'entreprises qui font l'ESS. Maintenant, notre rôle, on a plusieurs missions. Il y a une mission effectivement de représentation. Il y a une mission aussi d'observatoire. On sait qu'aujourd'hui les données sur l'ESS sont assez parcellaires du côté de la donnée publique, de l'INSEE. Elles ne sont pas forcément recoupées sous l'ESS directement, il faut aller les chercher dans plein d'autres catégories pour pouvoir les recouper vraiment des données ESS. Donc on a un observatoire qui fait l'atlas de l'économie sociale et solidaire, qui fait des notes par secteur sur l'ESS, des notes d'opportunité sur les filières stratégiques pour notre mode de développement économique. Ça aussi ça fait partie de nos missions. On a des missions d'animation. de la vie économique et de la stratégie économique pour notre mode de développement économique. J'ai répété économie. On a donc des missions d'animation, de mobilisation pour le développement de l'ESS. Et puis, on développe beaucoup de choses sur la transition écologique aussi, sur l'accompagnement des structures de l'ESS pour leur transition, parce qu'on est quand même assez persuadés qu'on est attendus au tournant, évidemment, sur les questions de transition, d'autant plus de par nos principes et valeurs. Essaye de tendre vers l'exemplarité.

  • Speaker #1

    Ok. Du coup, si je reprends l'image de la personne qui a 11-12 ans, est-ce que toi, ton rôle, dans ce que tu as dit, il y a une partie évangélisée autour de l'ESS ? Est-ce que c'est Tokyo Port ? C'est-à-dire, regardez, on a un nouveau modèle, c'est exceptionnel. Tu m'appelles Mathilde et faites-moi confiance.

  • Speaker #0

    Alors, je ne dis pas que c'est un nouveau modèle, attention, parce que c'est quand même assez ancien, l'ESS. Mais par contre, je dis qu'effectivement, on n'est pas assez visible. Donc on essaye de faire de la communication, on a beaucoup développé les relations presse. À ESS France, je vois que quand même en quelques temps, on a bien augmenté sur nos retombées presse, médias en général. On a l'opération du mois de l'ESS en novembre, qui est vraiment grand public. Et si je reprends ce que je pensais être enfant, il y a un côté, oui, c'est une économie qui est beaucoup moins soutenue que l'économie conventionnelle, on ne va pas se mentir. Les aides aux entreprises classiques, généralement, elles reposent sur des aides... de réduction d'impôts par exemple. Or, les associations ne paient pas d'impôts sur les sociétés. Donc en fait, il y a beaucoup de choses où, même dans la réponse à la crise Covid, on a dû aller... Moi, je n'étais pas encore à l'UCC France, mais je sais que ça peut être compliqué, juste d'avoir des cases dans les formulaires pour certains statuts d'entreprise qui ne sont pas classiques. Donc il y a un peu le côté « se battre » pour des choses qui, pour d'autres types d'organisations, de structures, sont déjà évidentes. nous on a toujours l'impression qu'il faut recommencer à réexpliquer, à re-sensibiliser. Ce que j'aime bien faire, ça ne me dérange pas. Il y a un peu aussi le côté, je ne défends pas forcément quelque chose qui est gagné d'avance. Donc là-dessus, je me retrouve aussi avec mes rêves d'enfant, dont on parlait tout à l'heure, où je me voyais bien aller dénoncer quelque chose qui n'aurait pas été dénoncé avant.

  • Speaker #1

    Justement, alors si on voit dans ce sens, et que toi, tu essayes de m'évangéliser quelque part. Justement, je suis entrepreneur et là, je crée une nouvelle société. Quel serait l'intérêt pour moi d'opter pour le modèle ESS, que ce soit pour mes salariés ou économiquement ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ta société, tu pourrais effectivement la transformer. Je ne sais pas quel est son statut actuel, etc. Mais tu pourrais la transformer soit sous le modèle coopératif, soit sous la société commerciale de l'ESS. Ce serait une société qui peut très bien être classique, mais juste tu vas aller mettre dans tes statuts de la gouvernance démocratique, un partage de la valeur. En fait, tu vas faire en sorte qu'il y ait une partie de la valeur que tu crées qui retourne au projet d'utilité sociale que tu as défini ou d'intérêt collectif. Et l'intérêt, en fait, il faut bien se dire, je ne vais pas te mentir, quelqu'un qui veut être milliardaire demain, je ne vais pas lui dire de faire une entreprise dans l'ESS. L'intérêt, c'est plus un intérêt collectif. C'est comme ça que ça s'est créé comme mouvement. Et l'idée, c'est quand même une idée de solidarité entre les membres, etc. L'intérêt, il est plus de l'ordre de créer une économie qui va mieux allouer les ressources, qui va potentiellement être plus sobre du côté des ressources. En tout cas, c'est un objectif vers lequel on tend. On choisit souvent l'ESS plutôt par conviction, dans l'idée d'une dimension d'efficacité qui est plus d'essayer de prendre les meilleures décisions au sein de l'entreprise plutôt que de prendre... des décisions qui seraient seulement plus lucratives.

  • Speaker #1

    Donc tu disais qu'on ne peut pas avoir d'actionnaire, donc j'imagine que c'est réparti entre les salariés ou les personnes qui font l'entreprise. Comment se fait la prise de décision ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas des actionnaires, mais tu as soit des... Par exemple, dans une banque coopérative, c'est des sociétaires. Donc si tu es client d'une banque coopérative, tu peux devenir sociétaire, si tu es... Enfin, déjà tu es sociétaire de base, et après tu peux élire des gens qui vont aller... dans les instances, soit assemblée générale, administration, que sais-je. En fait, globalement, ça va être des administrateurs, mais donc ils sont élus. Dans une scope, c'est directement les salariés. C'est une forme coopérative, il y a plein de formes coopératives, où vraiment un salarié égale une voix. Donc là, c'est vraiment un modèle de... démocratie plutôt ouvrière salarié on voit que des gens vont avoir un vrai poids dans les décisions de leur entreprise par exemple là quand tu dis c'est bien intéressant quand tu dis ok un salarié une voix est ce que tous les salariés ont exactement le même poids par exemple mettons

  • Speaker #1

    que toi tu travailles dans l'entreprise depuis 15 ans et demain il ya quelqu'un qui arrive est ce qu'il a le même poids que toi dans la prise de décision

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faudrait vérifier ça quand même, mais sur les scopes, il me semble qu'il faut quand même être salarié pour un certain temps pour commencer à vraiment avoir le droit de vote. Notamment parce qu'il faut d'abord avoir été un peu formé au sujet, aux enjeux. Mais par contre, à passer un certain moment, je crois que c'est très égalitaire. Il y a vraiment cette idée de chacun a voix au chapitre sur ses conditions de travail, par exemple. C'est l'idée que chacun... En fait... C'est dans l'intérêt de tout le monde que l'entreprise aille bien, puisque c'est aussi une question de pérennité des emplois. Et d'ailleurs, l'économie sociale et solidaire, c'est, d'après les chiffres de la Banque de France, notamment sur les sociétés coopératives, mais pas que, des entreprises qui ont un taux de pérennité plus élevé que les entreprises classiques. Donc c'est vraiment une économie du long terme. Donc l'intérêt quand même de choisir l'ESS, c'est quand on veut aussi que son projet, on le mène sur le long terme. On ne veut pas le revendre demain, ou c'est pas grave s'il fait faillite. Ce n'est pas exactement la même philosophie quand même que ce qu'on peut entendre dans l'économie conventionnelle actuelle avec « je vais créer ma start-up, si ça ne marche pas, ce n'est pas grave, j'en crée une autre » . On n'est pas vraiment dans la même philosophie quand même quand on entend la plupart du temps des gens parler de leur projet en ESS.

  • Speaker #1

    Et du coup, toi, si on revient sur des questions plus personnelles, quel est ton rôle exactement là-dedans ? Comment tu te positionnes ? Là, par exemple, je ne sais pas ce que tu as fait aujourd'hui, est-ce que tu es allé voir des acteurs de l'ESS et tu fais la navette avec des parlementaires ou est-ce que c'est complètement autre chose ?

  • Speaker #0

    Alors on a beaucoup de rôles de concertation, donc c'est vrai qu'en plus on a des membres, comme je disais, qui ont des sujets très différents. C'est pas la même chose d'être représentant des questions d'insertion, d'entreprise adaptée, donc pour les personnes en situation de handicap. C'est pas la même chose d'être dans les sujets de générosité, c'est-à-dire il y a des sujets sur le mécénat, sur l'appel aux dons, sur vraiment le financement. l'ESS aussi, la finance dite solidaire, tout ce qui est le livraient-développement durable solidaire. Donc en fait, on a des membres qui sont sur des sujets comme ça particuliers. Et forcément, ils n'ont pas les mêmes problématiques, notamment de plaidoyer. Le plaidoyer, si je prends en exemple de la Fédération des entreprises d'insertion, ce n'est pas le plaidoyer de la mutualité française, ce n'est pas le plaidoyer du mouvement coopératif, ce n'est pas le plaidoyer non plus de la Fédération de l'hospitalisation privée solidaire. En gros... on pourrait se dire comment je fais pour coordonner tout ça. On ne va pas sur leur sujet à eux, on va sur ce qui est commun à toutes ces structures.

  • Speaker #1

    Donc, ils plaident chacun de leur côté ?

  • Speaker #0

    Voilà, je ne vais pas les plaider à la place de l'insertion parce que c'est leur sujet, ils sont compétents, c'est leur légitimité, ça n'aurait pas d'intérêt. Il faut faire parler d'ailleurs les acteurs les plus légitimes sur les sujets. Mais par contre, moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'est-ce que cette économie a en commun, quels intérêts elle a en commun. et sur quel sujet on peut aider tout le monde avec une mesure qui concernera beaucoup de gens. Et donc aller chercher des coalitions, les faire se parler. En fait, c'est comme je disais, des entreprises qui sont déjà très démocratiques en interne. Et donc les faire parler et coopérer, c'est juste une continuation de ce qu'elles mettent en œuvre aussi dans leurs organisations. Donc c'est assez naturel pour elles de travailler en collectif. Le travail est assez... étonnamment faciles alors que c'est des structures assez diverses. Elles viennent bien autour de la table et elles ont envie de travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Ok, ça roule. Est-ce qu'il y a des lois ou des initiatives sur lesquelles toi, tu as déjà réussi à influer ou SS France où j'ai vu que tu avais travaillé la Fédération Française de Randonnée en affaires publics également ? Est-ce qu'il y a des moments où tu t'es dit « Ah ouais, là, on a vraiment fait un truc, on a fait une différence quoi » ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de moment. J'avais travaillé notamment à Citeo avant la fédération de randonnée, où j'avais travaillé sur le traité international sur les plastiques qui est négocié à l'ONU. Il se trouve qu'il n'est toujours pas adopté, je crois, alors que ça fait trois ans que j'y étais. Mais c'est pour te dire le temps des négociations onusiennes, c'est assez long. Mais je me rappelle que quand j'avais commencé sur ce sujet-là, peu de choses étaient déjà écrites, donc il y avait beaucoup de place. pour porter des positions. Et le fait qu'on était arrivés avec des choses assez construites et qu'on avait créé des coalitions au niveau européen, puis je crois qu'ils en sont à des coalitions internationales, sur ces sujets-là, auprès des homologues de Citeo dans le monde entier, avoir des positions communes, ça a permis quand même de très vite obtenir des choses, il me semble. Donc je pense que le côté venir en amont, venir très vite sur des textes qui ne sont pas encore complètement actés permet à des acteurs qui ne se positionnaient pas forcément avant ou n'étaient pas forcément influents sur des sujets de le devenir très en amont. À la Fédération de Randonnées, je pense que ce qui était chouette, c'était aussi au niveau... À ce moment-là, je faisais des affaires publiques nationales et internationales. Et du coup, on avait notamment fait une résolution, une déclaration d'intention commune. de fédérations de randonnées de plusieurs états et c'était la première fois qu'il y avait un tel texte qui donnait en tout cas une base pour ce qui pourrait être une fédération internationale d'un moment donné. Et j'avais trouvé ça super chouette. Donc c'est vrai que moi j'aime beaucoup ces moments où les acteurs se parlent et se rendent compte qu'ils ont des choses en commun et qu'ils devraient travailler ensemble et les porter ensemble parce qu'ils auront plus de voix. Donc c'est vrai que les exemples que je te donne là, c'est plus des choses en collectif dans ce qu'on a à défendre. et c'est pas forcément dans ma relation directement avec le politique après, mais je trouve que c'est hyper galvanisateur quand... C'est très exaltant quand on arrive à construire des choses en interne. Donc le chargé d'affaires publiques, le lobbyiste en général, il faut qu'il fasse du lobbying en interne souvent, auprès d'acteurs qui osent pas se prendre position, ou qui voient pas l'intérêt, ou qui ne savent pas trop s'ils sont légitimes. Pareil, à la fédération de randonnée, il y avait quand même pas mal de bénévoles. C'est une fédération sportive sous forme associative. Plein de gens qui sont assez éloignés quand même des affaires publiques, des gens qui sont passionnés de randonnée en fait, et qui ne voyaient pas forcément ce qu'on allait faire au niveau des affaires publiques, parce que c'était quand même assez naissant la question des relations institutionnelles et la structuration. Et donc c'était quand même un beau défi. J'aimais bien expliquer ce que je faisais, en parler avec des bénévoles. qui étaient plus sur le terrain, qui disaient « Ah oui, dans telle commune, on a un problème sur le balisage de tel sentier, tu penses qu'on peut parler au maire ? » Là, on se rendait compte que ça avait pris, et on allait pouvoir parler des sujets, par exemple des conflits d'usage, des intérêts, des questions de chemin ruraux, d'érosion du littoral, etc.

  • Speaker #1

    Ok, donc si je comprends bien, si moi, demain, je suis à ta place, je suis en affaires publiques, je vais essayer d'aller vers les gens que je... veut défendre, je les convainc du bien fondé et ensuite je dis ok là on est suffisamment nombreux, il y a assez de gens qui se disent on doit faire ça et donc je vais contacter tu parlais du maire là, ça peut être maire, député, qui on veut, et on toque à leur porte et après on rédige je sais pas, une note, un amendement Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que je suis pas rentrée dans le congrès de ce que je fais, alors en fait il y a effectivement tout un aspect on va remonter un problème, une problématique où Parce qu'il n'y a pas que les problèmes quand même. Un beau projet, une idée qui n'arrive pas à avoir le jour parce qu'il y a tel frein politique ou telle absence de décision sur tel sujet. Ou à l'inverse, moi je vois une actualité politique, quelque chose qui nous permettrait peut-être d'avoir une fenêtre d'opportunité pour aller porter tel ou tel sujet qu'on ne savait pas forcément à quel moment opportun on allait pouvoir porter. Donc moi, oui, j'ai un gros travail de stratégie, entre guillemets, de se dire là c'est le bon moment pour actionner tel levier. contacter telle personne, j'ai un travail de ciblage de la personne qui va me permettre de me donner l'information qui me manque par exemple. Et donc oui, peut-être que je vais pouvoir proposer aux bénévoles de contacter son maire, mais peut-être que je sais que le problème ne vient pas du maire, il vient du préfet, peut-être que je sais que le problème vient de l'administration déconcentrée, enfin il va falloir que j'active tous les leviers et que je regarde qui est compétent. que je demande un premier rendez-vous, peut-être que j'envoie une lettre, si ça marche pas je vais peut-être faire appel aux médias locaux qui vont peut-être faire un portrait du bénévole par exemple en question, donc peut-être je vais mobiliser l'opinion publique je peux aussi peut-être mobiliser le parlementaire de la circonscription en question Oh bah il se trouve qu'en plus c'est un randonneur, enfin j'exagère évidemment je fais de la caricature mais je vais forcément me renseigner aussi sur la personne des gens, enfin qu'est-ce qui les anime, quel sujet ils traitent le plus au Parlement quelle proposition de loi ils ont déposé je vais pas contacter par exemple un député qui aurait sur la randonnée il y avait personne qui déteste les randonneurs,

  • Speaker #1

    c'est un très mauvais exemple les randonneurs ils sont très gentils non mais je rigole peut-être que justement plus par rapport à l'ESS est-ce qu'il y a des députés où justement tu te dis en fait cette personne là c'est sûr que ça ne fonctionnera pas ? Ou est-ce que même éthiquement, tu te dis qu'il y a un groupe politique ou des groupes politiques avec qui tu ne veux pas traiter ?

  • Speaker #0

    Nous, on a une décision de notre gouvernance. Nous, on ne peut pas contacter l'extrême droite. Mais par contre, si l'extrême droite nous sollicite, je suppose qu'on ira, mais ce n'est jamais arrivé. Mais par contre, à part l'extrême droite, on ne contacte vraiment tout le monde. Je ne me dis pas tel groupe politique, par exemple de centre droit ou autre. Ils ont fait telle chose un jour, donc on arrête de les contacter. Non, ce n'est pas parce qu'un jour un député a dit quelque chose d'un peu inexact sur l'ESS. Au contraire, on va plutôt le contacter pour essayer de lui expliquer et d'en parler. En fait, il y a beaucoup de choses, nous, beaucoup de nos sujets, c'est une ignorance plus qu'une volonté de nuire à l'ESS, qui vont parfois faire du mal en politique publique. On a beaucoup de travail de réexpliquer nos modèles et comment ça fonctionne. Je ne sais pas si j'ai répondu.

  • Speaker #1

    C'est clair. Et je me demandais justement, tu parlais parfois de manque de connaissances sur le sujet, les sujets que tu portes. Est-ce que tu as déjà vécu un moment où le dialogue avec les institutions était difficile ? Et si oui, comment est-ce que tu as pu gérer ça ?

  • Speaker #0

    Ça arrive qu'on n'ait pas de réponse. Donc, dans ces cas-là, moi, c'est un peu ce que je disais tout à l'heure. Quand on n'obtient pas ou qu'il y a une forme de... Plutôt que de répondre non, on ne veut pas vous recevoir, souvent, c'est plutôt pas de réponse. C'est plus pratique pour le décideur ou l'administration. Donc dans ces cas-là, moi, je trouve que le truc de communiquer publiquement sur le fait qu'on ne veut pas recevoir ESS France ou une chambre régionale, tel membre n'obtient pas de réponse, ça peut marcher. Après, il faut quand même ouvrir un certain... certains poids quand même, ou sur les réseaux sociaux, ou médiatiquement, pour y arriver. Mais ça peut être ça. Ça peut être d'activer d'autres administrations. C'est-à-dire que si telle administration ne répond pas, mais que j'ai vraiment un bon contact dans tel autre ministère, je peux peut-être essayer de voir si le ministère peut demander à l'autre comment ça se fait, qu'on n'ait pas de réponse. Donc ça peut être aussi essayer de jouer sur ces leviers-là.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles du fait d'avoir peut-être... Le fait d'avoir beaucoup de poids en termes d'influence, ça peut permettre d'accéder à des parlementaires ou autres qui n'ont pas le temps, ne répondent pas, ne sont pas intéressés forcément par ce sujet. Est-ce qu'il y a des influenceurs, des gens qui sont reconnus, balisés comme eux, ils sont écoutés, et donc on va essayer de passer par eux ? Ou est-ce que ça n'arrive jamais ? Est-ce qu'il y a des intermédiaires, quelque part ?

  • Speaker #0

    Ah, je n'avais pas. Trop penser à ça, je sais que c'est quelque chose qui marche bien, effectivement. Moi, je me rappelle en cours en affaires publiques, quand j'étais en master à Dolphine, on nous parlait beaucoup de l'utilisation de la communication par les influenceurs, par des nouveaux modes de communication, entre guillemets. On ne le fait pas. En fait, je ne vais pas aller demander à quelqu'un qui a une grosse communauté sur LinkedIn. Je vais prendre par exemple la directrice de la belle Emmaüs, Mozzarda. Il me semble qu'elle a quand même une bonne communauté. l'incarne l'économie sociale et solidaire d'une certaine manière, il ne m'est jamais arrivé de lui demander de relayer une de nos positions. Mais par contre, il se trouve que ces acteurs se sentent concernés souvent par ce qu'on défend, donc ça peut arriver qu'ils le relaient d'eux-mêmes. Mais on n'a pas utilisé ce levier-là. On utilise plus la parole de notre gouvernance au sein de l'ESS France, et puis le relaient par nos membres, ce qui fait déjà une première force de frappe. Et puis on a des... des parlementaires avec qui on travaille bien, par exemple, on est en bon contact avec certains parlementaires, donc dès qu'on peut rencontrer des difficultés pour avoir une réponse sur un courrier, par exemple, imaginons un ministre, on les informe, en fait, on les informe juste. Et en fait, parfois, d'eux-mêmes, ils vont soutenir notre démarche. Et donc, envoyer eux-mêmes un autre courrier, ou une question écrite, ou autre.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Et justement, dans tout ce que tu fais là, Pour toi, actuellement, quelle est la partie la plus frustrante, la plus difficile de ton travail ? Est-ce qu'il y a des étapes qui se répètent ou à chaque fois ça bloque au même endroit ?

  • Speaker #0

    Je dirais que la partie la plus frustrante, en fait, l'économie sociale et solidaire, si je prends mon poste actuel, on se bat quand même parfois pour des miettes. Je vois le budget, la ligne, l'économie sociale et solidaire, on est sur des millions, on n'est pas sur des milliards. Et donc parfois on perd du temps sur des choses qui peuvent paraître, quand je compare avec d'autres gens qui sont en affaires publiques, assez minimes et on est content de la petite augmentation. Non mais plus récemment il y a eu par exemple une proposition de loi sur les comités dits théodules. Donc ce sont ces conseils, organisations qui ne serviraient à rien en fait. C'est un peu pour ça que l'expression théodule est utilisée par la sénatrice qui a déposé ce texte. Et on a perdu pas mal de temps parce qu'il y avait le Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire qui était listé et donc qui allait être supprimé par cette proposition de loi si jamais elle était adoptée. Et c'est un conseil qui fonctionne bien, qui est là depuis 10 ans. Et donc on perd parfois du temps à éviter de perdre des choses plutôt que faire en sorte d'en gagner. Et ça, ça peut être frustrant parce que du coup, on ne peut pas vraiment revendiquer qu'on a gagné quelque chose de nouveau. On a évité d'en reperdre. Et ça nous a pris pas mal de temps. Rien que cette menace-là...

  • Speaker #1

    Cette proposition n'est pas passée ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, en commission, on n'a pas eu d'amendement qui ont permis de parler du Conseil supérieur de l'ESS. Donc en séance, il y avait encore le Conseil supérieur de l'ESS qui pouvait être supprimé. Et heureusement, en séance, on a quatre groupes parlementaires qui ont demandé à ce que la suppression... du Conseil supérieur de l'ESS de la liste de ceux qu'elle a supprimés. Et le gouvernement a donné un avis favorable pour enlever le CSESS de la liste et le rapporteur aussi. Enfin, oui, avis favorable. Ce qui était une belle surprise, parce qu'on pensait plutôt au max un avis de sagesse. Donc, c'est bon, le CSESS a été enlevé, donc le Conseil supérieur de l'ESS de cette proposition de loi. Mais c'était frustrant de consacrer du temps à ça, en fait. Et ça arrive quand même souvent. Et je le dis particulièrement s'il y a des gens qui veulent faire du plaidoyer, qui veulent être dans le milieu associatif ou ONG. On se bat parfois pour des choses qui peuvent être frustrantes, parce qu'on a l'impression qu'on se bat par exemple pour des miettes, ou qu'on ne peut pas venir demander beaucoup tout de suite.

  • Speaker #1

    Et justement, toi, quelle est ton ambition là-dedans ? Qu'est-ce qui te fait tenir ? Où est-ce que tu te dis, ça fait sens pour moi ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est un travail dans lequel tu te vois évoluer encore plusieurs années ? Et qu'est-ce qui te porte dans ta trajectoire ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, moi je me plais bien. Je me sens alignée entre ce que je fais et ce que je suis, ce que je pense qui m'anime, ce qui me passionne. Donc c'est vrai que c'est un domaine qui peut être exigeant parce que ça demande de la précision, ça demande de connaître... Beaucoup de choses différentes, mais moi justement, j'aimais bien l'idée d'être sur des sujets assez macro, c'est-à-dire qui sont très transversaux, qui touchent à beaucoup de sujets de société, où on est entre la représentation d'intérêt et la défense d'un projet de société, de comment on fait société, de comment on repense notre économie. Donc c'est assez passionnant, parce qu'on a vraiment l'impression qu'on raconte peut-être, on peut se projeter dans un autre récit. qu'un récit qui peut être un peu plus dystopique ou faire peur. Et donc, oui, moi, ça me motive. Je me vois plutôt... En fait, moi, j'aimerais bien soit continuer dans les affaires publiques, soit peut-être être sur des métiers qui sont plutôt de l'ordre de conseiller en discours, écrire, en fait, être plume, entre guillemets. Donc, plutôt rentrer là, dans le métier vraiment du politique, donc dans les équipes politiques ou d'un parti. Ça pourrait m'intéresser parce que j'aime beaucoup rédiger et j'aime beaucoup penser la manière dont on va amener les sujets, pour qu'ils touchent un maximum de monde, pour qu'on puisse s'identifier, et à la fois que ça ait un sens collectif par rapport à notre destin commun, entre guillemets. Donc oui, j'aimerais bien tester ce genre de mission-là. Sinon, aussi tout ce qui va être collaborateurs parlementaires, je pense que ça peut être intéressant quand on fait des affaires publiques, à un moment donné, de passer de l'autre côté. de voir comment ça se passe au sein de l'Assemblée ou du Sénat, ou sinon dans les cabinets ministériels aussi. Non, globalement, tous ces métiers-là m'intéressent, et c'est plus en fonction des opportunités que je verrais.

  • Speaker #0

    Et du coup, comment est-ce qu'on devient, comment est-ce qu'on travaille dans les affaires publiques, comment est-ce qu'on devient collaborateur parlementaire ? Si des gens sont intéressés pour rentrer dans ce secteur-là, Comment, toi, est-ce que tu as fait ? Et est-ce que tu as des conseils à donner, à suivre ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, en fait, ce que j'ai fait, c'est... En fait, dès le lycée, comme je disais, je voulais être journaliste politique. J'ai tapé des noms de gens qui étaient journalistes politiques. Je me suis rendu compte qu'ils avaient tous fait un IEP, un Sciences Po. Et donc, je me suis retrouvée à Sciences Po Rennes parce que, du coup, j'ai préparé les concours. Donc, c'est vrai que je ne dis pas qu'il faut faire Sciences Po, mais je dis que... Ça peut être facilitant quand même de faire ou du droit ou des sciences politiques. C'est quand même une formation qui peut être utile, mais Ausha peut être aussi, je suis expert dans ce sujet. Par exemple, je suis expert dans la santé, en termes de trait technique. Et je vais me former un peu sur le tas, sur le droit parlementaire ou autre. Je peux être un très bon chargé d'affaires publiques ou responsable ou directeur ou que sais-je, parce que j'ai une très bonne connaissance des enjeux. Mais par contre, je vais devoir me former sur la partie communication, là où moi, je dois me former sur... A chaque fois, dans chaque organisation où je vais travailler, je vais me former sur les sujets de l'organisation en question. Même si j'ai des bases en économie, je ne suis pas économiste. C'est plutôt progressif. Comme je disais, ce n'était pas au début de mes études que je me suis dit que je vais être chargée d'affaires publiques. C'est plutôt à la fin de mes études, après des premières expériences, où je me suis rendue compte que finalement, le métier de journaliste n'était pas exactement ce que je pensais que c'était. Donc là aussi, casser certains mythes, etc. que là je me suis dit ah mais ça correspond peut-être un peu plus et j'aurais peut-être plus la liberté que je veux avoir parce que moi j'avais peut-être un problème avec l'idée de pas forcément choisir les sujets sur lesquels je vais travailler, de pas forcément être d'accord avec la ligne éditoriale de la structure où je serais si j'étais journaliste. Il y a plein de questions qui commençaient à arriver, il y a un contexte médiatique qui a changé aussi. Donc, je me suis intéressée aux affaires publiques. Je me suis rendue compte que ça allait me permettre aussi de rédiger, de raconter une certaine histoire d'une certaine manière à certaines personnes, d'adapter aussi un interlocuteur. Ça allait me permettre d'aller au fond de certains sujets aussi. Et que j'étais vraiment toujours dans la sphère politique. J'allais quand même rencontrer des décideurs, etc., comme je l'aurais fait si j'avais été journaliste politique.

  • Speaker #0

    Tu as utilisé un mot qui m'a... qui a résonné en moi, tu as utilisé le mot démystifier. Et les affaires publiques, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de... Il y a peut-être une mauvaise presse à ce sujet, en tout cas, il y a beaucoup d'a priori. Toi, comment tu défendrais justement les affaires publiques ? Qu'est-ce qui fait que tu t'intéresses à ça ? Et surtout, je pense que ce qui peut être intéressant, c'est... Qu'est-ce qui est le plus différent par rapport à ce que tu t'imaginais, entre la première fois qu'on t'a parlé de ça et maintenant ce que tu vis ?

  • Speaker #1

    Je pense que les premières fois que j'ai entendu parler des affaires publiques, ça doit être dans des références culturelles ou autre, on parlait des lobbyistes en fait, et on en parlait comme des métiers de l'ombre, des choses qui traficoteraient un petit peu les décisions. C'est proche du champ lexical de la corruption presque, la manière dont on parle des lobbyistes dans les films ou dans les séries. ou dans la presse parfois quand on dénonçait un scandale ou autre. Je pense que démystifier quelque chose, c'est déjà se dire que ce que je fais au quotidien, je le fais quand même avec une certaine transparence. En fait, on communique beaucoup sur ce qu'on fait, en tout cas là où je travaille. Et puis de toute façon, on a des obligations dont on parlera peut-être plus tard de transparence. on le ferait un peu à l'insu même des décideurs eux-mêmes, quoi. Ça, par exemple, j'aimerais le démystifier. En fait, souvent, c'est les élus eux-mêmes qui vont venir vers nous parce qu'ils ont besoin de la connaissance sectorielle. Ils ne pourront pas leur demander de prendre position sur des sujets. Si on parle de quelqu'un qui, avant d'être député, je ne sais pas, était agriculteur ou paysagiste, et qu'on lui demande de prendre position sur l'hospitalisation des personnes âgées, je trouve assez normal qu'il rencontre les réseaux représentatifs des... des hôpitaux ou publics ou privés, ou les mutuelles ou la sécu, qui rencontrent. Et pour ça, il faut des gens qui sont experts des problématiques qui sont vécues par ces structures et qui ont travaillé en amont la coordination de ce qui va être dit. Il y a quand même beaucoup de sollicitations, donc c'est normal qu'il y ait une professionnalisation des affaires publiques aussi par rapport à ça. Et après, nous, évidemment, on n'est pas que sollicités, on sollicite aussi. Et donc ça, ça peut plutôt aussi être une manière d'avoir un échange, de se dire qu'on ne peut pas être déconnecté complètement de ce qui se passe au niveau politique. Donc c'est assez normal d'avoir des personnes dont le métier, c'est aussi d'anticiper ce qui va se passer pour mon entreprise, pour mon organisation de demain. Sinon, c'est beaucoup trop brutal, si on attend d'avoir l'arrêté ou le décret. Et encore, même ça, il faut quand même s'en informer. C'est-à-dire que l'entreprise, il faut qu'il y ait quelqu'un qui fasse de la veille sur ces sujets-là. Ça fait partie du métier du lobbyiste. De juste permettre aux équipes internes de se préparer à des changements parce qu'il y aura une décision publique qui va les impacter. Donc c'est juste normal que les organisations anticipent ces choses-là. Donc c'est peut-être les choses sur lesquelles je voudrais démystifier. Oui, je rencontre des décideurs, etc. Donc ça, ça peut être une idée reçue qui est vraie. Donc ce n'est pas une idée reçue, justement. Mais ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel de mon travail, c'est quand même de lire des rapports qui parfois sont très réverbatifs, mais pour aller un peu au fond des choses, pour que ce que je dis ne soit pas complètement déconnecté de ce qui est réellement, factuellement avancé. Et c'est aussi de suivre vraiment de près ce qui se passe et d'alerter, en fait.

  • Speaker #0

    Je vais escouter ce que tu as dit. Au niveau de ta vie personnelle, est-ce que tu as beaucoup de questions sur ton travail ? Comment tes proches perçoivent le métier que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas beaucoup de questions. Je pense que ma famille, ils sont assez contents pour moi. Parce que quand j'étais petite, même enfant, on m'avait dit très très tôt que je ne ferais pas de longues études, que j'avais une enseignante qui vraiment avait eu un verdict. elle n'ira pas au-delà de la troisième. Donc au final, c'est quand même assez marrant quand je vois mon parcours. Et puis mes parents, ils sont... Et ma soeur, tout le monde est assez... J'ai l'impression qu'on comprend qu'en fait, c'est complètement ce que je voulais faire. Que c'est totalement... Je voulais travailler dans le monde politique. Je voulais être amenée à écrire des choses, à intervenir. Et je suis quelqu'un d'assez engagée, en fait. Donc ça se ressent aussi. J'ai... Une fois, j'ai eu une question de mon grand-père. Donc là, je pense aussi qu'il y a un gap générationnel. Sûrement, mais ça ne dérange pas quand même de faire du lobbying, etc. Donc, on en a pas mal discuté. Je lui ai dit que déjà, quand même, je pense que ça se voit avec mon parcours. Je choisis quand même vraiment pour qui je travaille. Et du coup, non, je n'y vois pas de souci parce que j'essaie quand même d'être un maximum alignée avec ce que je vais défendre pour ma part. Et je pense que tant que nous, on est capable d'assumer ce qu'on fait, c'est qu'il n'y a pas vraiment de problème. Là où c'est un problème, c'est si vous commencez à dire que vous êtes conseiller en énergie renouvelable et que vous travaillez pour un gros groupe prétourlier, par exemple. Ça veut dire que vous n'êtes pas aligné et ça ne va pas. Mais du coup, moi, je n'ai aucun problème de mon côté à assumer que oui, j'essaye d'influencer des décisions publiques.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et du coup, tu parlais du fait que tu as un peu... retrouver ce que tu voulais faire peut-être à 11-12 ans parce que tu parlais de ton alignement de valeur et de ta trajectoire si tu avais un si tu pouvais te retrouver là à 11-12 ans quels conseils tu te donnerais pour

  • Speaker #1

    y arriver encore plus facilement en fait je me dirais vraiment continue moi j'étais quelqu'un qui était persuadée en fait je croyais beaucoup au début j'étais assez rêveuse Et j'ai encore ce côté très idéaliste. Et j'ai envie de continuer à l'avoir. Je me dis toujours qu'il y a une forme de justice ou de quelque chose qui fera que ça marchera. Et donc, continuer à m'engager. Par exemple, je suis bénévole dans une ONG qui s'appelle One, de solidarité internationale. Et c'est là notamment que j'ai appris pas mal des techniques de plaidoyer. Donc d'abord en étant bénévole. Et de continuer à saisir ces moments où je sens que ça va être bien ce que je vais faire et qu'il faut le faire. Donc un conseil que je me donnerais, c'est juste de ne pas trop écouter toutes les petites voix externes qui pourraient me dire que j'en suis pas capable, je suis pas légitime, qu'il n'y a pas de raison que j'y arrive, je connais pas trop de gens qui ont fait ça. Parce que c'est arrivé à toutes les étapes de ma vie, c'est-à-dire que je connaissais pas de gens qui avaient fait Sciences Po, je connaissais pas de gens qui avaient fait journalisme, je connaissais pas de gens qui avaient fait chargé d'affaires publiques. Je me disais, je vais pas faire ça. En fait, il faut tenter. Je ne dis pas que la méritocratie marche complètement, ce n'est pas du tout mon discours. Mais par contre, si on n'essaie même pas, c'est sûr que ça ne marchera pas. Je me dis que j'ai bien fait de continuer.

  • Speaker #0

    Super intéressant. Et justement, en termes de trajectoire, tu dis qu'on a peut-être essayé de te décourager. C'est aussi un secteur qui me paraît très masculin. peut-être que c'est pas le cas à ESS France, mais en tout cas, le monde qui est autour de la politique est très masculin. Est-ce que ça amène des freins dans les discussions que tu peux avoir ? Est-ce que tu penses qu'il y aurait des différences si la parité était respectée ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, moi, je suis vraiment pour qu'on aille vers la parité. En fait, le rejoint de l'inclusivité, je vois, c'est quand même un... En délire, je vais sortir un peu d'uniquement la question de parité pendant deux secondes, mais qu'on a été obligés seulement maintenant d'adapter l'hémicycle de l'Assemblée nationale à un député qui est en situation de handicap, pour qu'il puisse siéger avec son fauteuil roulant, moi je trouve ça dingue. Donc oui, je pense qu'on a beaucoup de chemin à faire sur la préparation de nos institutions à une plus grande représentativité de l'ensemble de la société. Sur la parité en général, oui, je trouve que ça change quand même des choses. Parce que de fait, de par la sociologie genrée et de par toutes les choses qu'on a pu intégrer, on n'a pas forcément la même manière de prendre des décisions ou la même attention portée à certains sujets. Donc plus on a de diversité en général, plus je pense les décisions seront prises avec des points de vue des gens directement concernés qui ne seront plus représentés, qui seront davantage écoutés. Donc oui, j'y crois assez et c'est vrai qu'on en est assez loin. et qu'on enchaîne entre des progrès et des retours en arrière. Notamment, c'est toujours un sujet à chaque gouvernement. On voit bien que les postes d'irégaliens, etc., on a quand même du mal à voir souvent des femmes à ces postes-là. Et ça reste quand même assez dommage. Et puis plus largement, on a eu assez peu de Premières ministres, par exemple. C'est encore assez rare. Au-delà même de la conséquence directe sur les décisions qui sont prises, ça pose vraiment question sur le pourquoi. On a toujours ce plafond qui est encore là. Il y a un côté, il y a forcément des freins et des obstacles qui sont encore à lever.

  • Speaker #0

    Mathilde, on arrive à la fin de cet entretien. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour les personnes qui nous écoutent ? Ça peut être un livre, un film, en rapport ou non avec les affaires publiques. Ça peut être Harry Potter. que tu mentionnais tout à l'heure ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a un documentaire, alors c'est pas directement des affaires publiques, mais ça m'y fait penser. Après, moi, j'ai ce petit défaut, c'est que du coup, je vois toujours des trucs un peu politiques, dans toute la fiction. J'essaie de me déconnecter, mais bon, il y a toujours quelque chose qui prend le pas. Non, mais il y a un documentaire et aussi une comédie qui est aussi un film d'action français, un OVNI qui s'appelle Riverboom. Ça a été fait par des Suisses. ça part de leur vraie histoire en gros on a un étudiant en graphisme suisse qui se retrouve par le biais d'une connaissance, à aller en voiture jusqu'en Afghanistan en 2002 pour accompagner un journaliste qui essaye de rentrer en Afghanistan pour essayer de vérifier ce que font les États-Unis là-bas. Ici, l'opération dont ils parlent est vraiment menée comme ils le disent, de la manière dont ils le disent, etc. Ils vont se retrouver dans tout un tas de situations toutes plus absurdes. Ça devient donc très drôle alors qu'on est quand même sous fond d'opérations militaires en Afghanistan. Et c'est vraiment un film qui m'a parlé sur comment d'une décision va découler plein d'autres décisions qu'on n'a pas forcément prévues, sur l'adaptation de l'être humain à tout ce qui lui arrive sur le chemin, sur la solidarité qui peut se créer entre des personnes qui ne sont pas forcément... En fait, dans cette situation donnée, ils vont devenir hyper solidaires, alors que dans la vraie vie, enfin, c'est la vraie vie, mais dans une autre situation, ce ne serait pas retrouver à s'entraider ou à vivre des moments de complicité. Donc ouais, en gros, j'aime bien ce film pour tout ce qu'il dit, en fait, sur les êtres humains, sur la géopolitique aussi. Et le fait que ce soit une histoire vraie aussi, ça donne beaucoup de puissance aux images qu'on voit.

  • Speaker #0

    Ça donne envie, ça donne envie, Mathilde. Trop cool. Est-ce que, dernière question, est-ce que tu as une ou des personnes à me recommander pour venir témoigner ici ?

  • Speaker #1

    Alors, j'aurais Léonie Donnet, qui est chargée d'affaires publiques à la Mutualité Nationale Hospitalière. Donc c'est une mutuelle... ... notamment pour la fonction hospitalière. Et donc, c'est quand même une mutuelle qui s'occupe de prendre soin de ceux qui prennent soin de nous. Et je trouve que c'est très intéressant l'activité de cette mutuelle, le profil de Léonie, qui a aussi des expériences côté assemblée. Donc, je trouvais ça intéressant.

  • Speaker #0

    Léonie, si tu nous écoutes, tu es la bienvenue. Voilà, merci beaucoup, Mathilde, pour ce premier épisode. C'était hyper riche de te rencontrer. Et je te dis à la prochaine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Naud

    00:02

  • Les principes de l'économie sociale et solidaire

    00:39

  • Le parcours de Mathilde et son engagement

    01:52

  • Le rôle d'ESS France et ses missions

    04:25

  • Les défis et frustrations dans le plaidoyer pour l'ESS

    06:06

  • L'impact de l'ESS et les initiatives politiques

    11:41

  • Ambitions et conseils pour les futurs acteurs de l'ESS

    26:44

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