- Speaker #0
Le jeu c'est aussi de créer des liens de confiance qui perdurent dans le temps. On va faire de la pédagogie sur un sujet, on va apporter des arguments, on va essayer de défendre un point de vue. C'est pas parce que t'as pas fait un IEP que tu t'en sortiras pas.
- Speaker #1
Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle LegiWatch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Annie Fonsavan, consultante en affaires publiques. Salut Annie.
- Speaker #0
Salut Pierre.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux te présenter pour nos auditeurs et auditrices ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Je m'appelle Annie Fonsavan, je suis consultante en affaires publiques. J'ai travaillé pendant deux ans et quelques à Confluence, qui est un cabinet de conseil, pas qu'en affaires publiques, mais du coup moi j'étais dans le pôle affaires publiques. Et là , à l'heure actuelle, je suis en transition de poste. Donc je ne sais pas à quand est-ce que sera diffusé ton podcast, mais... Globalement mon métier c'est d'être consultante en affaires publiques.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux expliquer justement le métier des affaires publiques ?
- Speaker #0
Oui, complètement. Je suis consultante en affaires publiques, ça veut dire que je travaille pour différentes structures. Je ne suis pas affiliée à un seul secteur, à une seule entité. Donc je suis consultante pour soit une association, une fédération professionnelle, un syndicat ou une grande entreprise. Je travaille pour différents secteurs, différentes structures. Et ce que je vais faire c'est que je vais veiller sur les différentes réglementations. les règles qui vont impacter ces secteurs ou qui peuvent impacter ces secteurs. Donc veiller sur les évolutions de la loi pour qu'ils puissent anticiper un petit peu.
- Speaker #1
C'est intéressant que tu dises le mot anticiper. Je l'ai déjà entendu plusieurs fois dans ce secteur, l'anticipation c'est important, mais je ne comprends pas moi, qu'est-ce qu'on fait pour anticiper ? Comment on fait ? On fait des prédictions sur qui va être au pouvoir, sur qui porte les lois ? Comment on anticipe et à quoi ça sert réellement ?
- Speaker #0
Déjà , il y a les évolutions de société, ça tu peux les prédire. En fonction de toutes ces évolutions de société, par les médias ou autres, tu peux savoir que tel ou tel ministre va se positionner sur tel sujet, qu'il va essayer de porter des mesures sur tel sujet. Et ça, ça fait partie de l'anticipation. Avant que la loi ne tombe et soit actée, là tu peux réfléchir en amont à comment faire pour que si jamais cette loi, si jamais une mesure... impacte ton client, par exemple une association, comment faire pour orienter en quelque sorte pour que ce soit moins grave ou pour que ça ne passe pas ?
- Speaker #1
Ce que tu dis c'est qu'on essaie de comprendre s'il y a des changements à venir, c'est ça ? Et s'il y en a, qu'est-ce qu'on peut faire concrètement pour faire bouger la ligne, pour influencer entre guillemets ?
- Speaker #0
Ça va passer par plein de stratégies différentes, donc c'est ce qu'on appelle la stratégie en affaires publiques. tu vas cibler les différentes personnes, les différents décideurs publics qui peuvent avoir une influence sur telle mesure qui t'importe et tu vas essayer d'aller le rencontrer pour faire de la pédagogie, pour lui dire que ce serait cool que tu fasses ça ou que ça ne passe pas ou parce que telle ou telle raison, parce que ce serait très grave pour le secteur économiquement, socialement et autres. Tu vas faire des notes aussi pour expliquer mais également c'est beaucoup de pédagogie d'aller voir les gens, d'aller voir tous ceux qui peuvent avoir un impact.
- Speaker #1
Et du coup donc tu identifies ces personnes là , est-ce que ça arrive que tu n'arrives pas à les joindre ou peut-être même que toi tu n'as pas envie de les joindre ?
- Speaker #0
Ouais complètement, souvent pour être tout à fait honnête on n'a pas souvent des réponses positives, souvent plutôt pas de réponse du tout même. sur les nombreuses sollicitations qu'on adresse. Donc il y a tout un travail de relance qui est partie intégrante du travail. Tu vas solliciter par exemple 15 acteurs, 15 décideurs publics, tu auras peut-être 4 réponses, dont 2 négatives. Et c'est le jeu. Et le jeu c'est aussi d'aller chercher des réponses positives. Faire en sorte que la rencontre se fasse, et si jamais elle ne se fait pas, comment on peut faire en sorte que le message passe quand même ? Par des notes ? par écrit, aller rencontrer peut-être en échelon plus bas, aller chercher peut-être des acteurs locaux qui pourraient faire passer le message.
- Speaker #1
Moi, dans une autre vie, je suis commercial. Ce qu'on essaye de faire dans le commercial, c'est de créer vraiment une relation de confiance. Est-ce que c'est pareil chez vous ? Est-ce qu'une fois qu'on s'entend bien avec un parlementaire ou des assistants, est-ce qu'on... Est-ce qu'on a un accès privilégié ensuite à une discussion avec eux ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Complètement. Le jeu, c'est aussi de créer des liens de confiance qui perdurent dans le temps. Donc d'échanger régulièrement pour qu'ils puissent suivre le sujet, un sujet donné.
- Speaker #1
Est-ce que vous avez vos chouchous un peu ? Il y en a qui vous aiment beaucoup, qui sont un peu... Peut-être des relais préférentiels de votre secteur ?
- Speaker #0
Oui, complètement. Donc là , c'est un peu abstrait parce qu'on ne parle pas de secteur en particulier, mais dans le secteur de l'énergie et de l'agriculture, il y a des spécialistes un petit peu dans chaque chambre. Et certains sont des alliés, certains ne sont pas du tout des alliés. Donc oui, il y a des chelous et d'autres qui sont à convaincre.
- Speaker #1
Super intéressant. Du coup, moi, je voudrais rentrer dans le pourquoi de ton métier. Donc Annie, tu as choisi les affaires publiques. Je le perçois comme un secteur de combat où on porte des valeurs, où on veut défendre des sujets. Toi, quels sont les sujets que tu défends ou que tu voudrais défendre ? Et du coup, quel projet de société souhaites-tu porter ?
- Speaker #0
Alors moi, j'ai choisi les affaires publiques, mais ce n'était pas mon choix de cœur. Très bonne invitée. Non, non, mais en fait, juste pour revenir sur mon parcours, j'ai fait des études de droit. Donc j'ai fait une licence de droit européen et ensuite un master de droit international. Donc rien à voir avec les affaires publiques aux premiers abords. Et j'ai pas fait non plus... Enfin, j'ai fait du droit national aussi, bien sûr un petit peu, mais j'ai un parcours de formation juridique. Donc ça aide un petit peu, mais c'est pas ce que je voulais faire. C'est pas ce que je voulais faire quand j'étais étudiante.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu veux en parler ?
- Speaker #0
Ouais, je voulais travailler pour des grandes organisations internationales comme l'ONU ou l'UNICEF, ou pour des grandes associations. Et ça, c'est pas fait. J'ai fait plusieurs stages. Un au Secours populaire des Hauts-de-Seine et un à FAIR. FAIR qui est une association qui promeut la finance solidaire. Et donc j'ai fait un stage en plaidoyer à FAIR. Au Secours populaire, c'était pas en plaidoyer. Et c'est là que ça m'a donné envie de continuer dans les affaires publiques et de voir qu'en fait, je pouvais défendre des causes. sans forcément être sur le terrain, ce que je voulais faire aussi du droit humanitaire. Donc soit une loi humanitaire, soit travailler dans des grandes institutions internationales. Et j'ai vu que je pouvais faire ça d'une autre manière, défendre des causes, et je voulais travailler dans des associations aussi en plaidoyer.
- Speaker #1
Alors qu'est-ce que c'est justement le plaidoyer ? Moi dans mon esprit de non-connaisseur, j'ai l'impression qu'on dit qu'on fait des affaires... quand on travaille pour des grosses entreprises et on dit qu'on fait du plaidoyer quand on travaille dans l'associatif.
- Speaker #0
C'est exactement ça, ouais. Pour moi, la seule distinction, c'est le fait de travailler pour des intérêts privés ou l'intérêt général. Donc le plaidoyer, ça va être l'intérêt général. On travaille pour des associations, on défend telle cause, on a telle valeur. Alors que le lobbying, les affaires publiques, ça va être plus « je travaille pour un intérêt privé » . un intérêt commercial.
- Speaker #1
Du coup, on parle aux mĂŞmes personnes, on fait le mĂŞme...
- Speaker #0
C'est exactement le mĂŞme taf. D'accord. Pour moi, c'est ce que je comprends. Donc le plaidoyer a un petit peu le beau rĂ´le, mais au final, ils font exactement la mĂŞme chose.
- Speaker #1
Et du coup, là , tu parlais de l'associatif et que toi, tu étais plus intéressée par potentiellement l'UNICEF ou des structures comme celle-ci. Donc c'est une ambition que tu as là . Est-ce que c'est quelque chose...
- Speaker #0
Ouais. Et juste du coup pour compléter ce que je disais tout à l'heure, j'ai fait mon stage à faire et ma tutrice de stage, à la fin de mon stage, m'a conseillé d'aller en cabinet pour me former un petit peu aux affaires publiques, un petit peu à la dure entre guillemets. Parce que c'était une très bonne école, ça te permet de voir plein de secteurs différents, de travailler avec des entités différentes, donc des associations, mais aussi des fédérations, des entreprises. des locuteurs qui sont très différents. Certains s'y connaissent très bien, déjà , en affaires publiques, d'autres pas du tout. Donc c'est vraiment... C'est très formateur. Et elle m'avait conseillé de faire ça, et c'est pour ça que j'ai postulé à Confluence, et en effet, c'est très formateur. Je le conseille. Ok. Je ne sais plus, c'était quoi ta question ? Si j'ai répondu à la question ?
- Speaker #1
Oui, tu as tout à fait répondu à la question. Justement, est-ce que tu peux nous parler un peu de ce que tu faisais à Confluence ? J'ai vu que tu étais dans le portefeuille Pôle, pardon, Environnement,
- Speaker #0
si je ne me trompe pas. Ouais c'est ça, donc à Confluence, dans le pôle affaires publiques de Confluence, il y a deux sous-pôles, il y a le pôle santé et le pôle environnement. Et donc moi j'étais dans le pôle environnement et du coup on avait plusieurs clients, on avait un portefeuille de clients comme tu viens de le dire. Et globalement je faisais ce que je t'ai traduit de plus haut, c'est beaucoup de veilles politiques, juridiques, institutionnelles, des cartographies, de ciblages, des différents décideurs publics qui peuvent avoir, qui sont intéressants pour... tel ou tel client, préparation de rendez-vous, sollicitations de rendez-vous, relance, tu prépares des notes aussi, tu fais le suivi de rendez-vous aussi après quand le rendez-vous s'est effectué.
- Speaker #1
Tu disais donc que ce que tu avais fait à Confluence était très formateur. Qu'est-ce que tu aimes le plus dans ton travail justement ? Qu'est-ce qui est le plus intéressant pour toi ?
- Speaker #0
Ce que je trouve super intéressant, c'est de faire le pont, de faire le lien entre les différents décideurs publics et l'entreprise ou la société. De pouvoir créer un pont, une passerelle et de tendre vers des intérêts qui soient, pas des intérêts communs parce que non, ce ne sont pas des intérêts communs, mais de tendre vers des compromis sur telle ou telle mesure, sur tel ou tel secteur, sur tel impact, enfin qui aurait tel impact. Et c'est super agressif quand ça fonctionne, de voir que ça marche, de voir que la communication a fonctionné. la mise en lien et tout le travail qui va avec.
- Speaker #1
Est-ce qu'Ă l'inverse, Annie, tu peux me parler de la partie la plus frustrante dans ton travail, la plus difficile peut-ĂŞtre ?
- Speaker #0
Oui, le fait que les processus législatifs et réglementaires peuvent être très longs et parfois imprévisibles, que parfois c'est difficile aussi de susciter l'intérêt de telle personne sur un sujet donné. Et ça, c'est des choses que tu dois expliquer à ton client. Parfois, c'est bien. Frustrant pour toi-même que le temps soit si long, qu'il y ait tel événement qui va encore plus ralentir. Par exemple, je parle de la dissolution qui va ralentir la stratégie d'affaires publiques.
- Speaker #1
Justement, c'est hyper intéressant. Sur les dissolutions, qu'est-ce qui se passe à ce moment pour vous ? Concrètement, toi par exemple, quand il y a eu la dissolution, quelle était ta réaction ? Est-ce que tu t'es dit, ça y est, j'ai plus de boulot pour quelques semaines ? Ou est-ce qu'au contraire, ça... rebats des cartes pour certaines stratégies. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
- Speaker #0
Un peu les deux. Pendant quelques jours, quelques semaines, tu vas avoir un petit peu moins de travail, mais ça va être un autre travail qui va s'accumuler par la suite. Il y a tout à remettre à jour. Ça va ralentir la stratégie d'affaires publiques, donc c'est pas non plus optimal. Parfois, ça peut être cool si jamais ça joue en ta faveur. Le fait que ça ralentisse un petit peu la discussion de telle proposition de loi, le fait qu'elle soit... reporter dans six mois, là c'est cool, mais si c'était quelque chose que tu voulais vraiment, à l'inverse, c'est pas top. Après, il y a tout ce travail de réactualisation des parlementaires. Donc c'est un autre travail, c'est pas prévu de base.
- Speaker #1
Pour refaire l'analogie avec le commercial, moi ça m'est arrivé de travailler une relation avec quelqu'un dans une entreprise. qui est convaincu de ce qu'on peut apporter et qui devient un peu l'ambassadeur de son côté et qui nous aide à avoir un test ou quelque chose comme ça. Et que cette personne, finalement, quitte son travail. Et du coup, on commence tout de zéro. Et je me demande si c'est pareil pour vous. Est-ce que vous perdez des relations qui ne sont plus réélues ?
- Speaker #0
Oui, complètement. Vraiment, c'est complètement ça. C'est arrivé pour certains clients de perdre des alliés. de poids, de devoir tout recréer, de repartir de zéro.
- Speaker #1
Dans ce cas-là , est-ce qu'on essaye de rester en bon contact avec la personne en espérant qu'elle soit réélue en 5 ou 10 ans ?
- Speaker #0
Le mieux, c'est toujours de rester en bon contact. Ça reste le milieu politique.
- Speaker #1
Mais du coup, en termes de charge de travail, une dissolution, pour toi, c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
- Speaker #0
Ça va être un petit peu un temps mort. pendant quelques jours, mais tu vas devoir combler le trou en nourrissant quand même tes clients, tu vas faire un peu de l'analyse politique, mais c'est beaucoup de prédictions aussi. En fait, ça dépend. En termes de temps, tu vas perdre du temps dans ta stratégie, mais tu ne vas pas forcément travailler jusqu'à 23 heures pour autant.
- Speaker #1
Donc Annie, j'ai l'impression que c'est un secteur qui reste assez masculin. Déjà , comment t'expliques que l'accès aux postes de haute responsabilité reste majoritairement réservé aux hommes dans les affaires publiques ? Et aussi, quel est ton ressenti ?
- Speaker #0
Oui. Alors déjà , je pense que c'est quelque chose qui est systémique et pas forcément spécifique aux affaires publiques, le fait qu'il y ait plus d'hommes au poste à haute responsabilité. Et ce qui est aussi intéressant de noter, c'est qu'on a parlé de plaidoyer et de lobbying affaires publiques. Et dans le plaidoyer, à contrario, il y a beaucoup plus de femmes. Et c'est un peu un cliché, mais c'est le fait que les femmes, elles sont plus dans le social, dans l'aide, dans le care, entre guillemets. Et ça se traduit aussi, donc pas forcément par le caire auquel je vais te soigner, mais dans les affaires publiques, dans le plaidoyer, cette dichotomie où il y a beaucoup plus de femmes qui vont vouloir travailler en associatif et les hommes qui veulent, enfin qui ne veulent pas, mais qui vont plus être dans les intérêts privés, la défense des intérêts privés. Donc ça, c'est un cliché, mais ça se traduit dans les faits. Ok. Donc je ne sais pas si ça répond complètement à ta question de... Comment tu l'expliques ? Il y a ce système dans lequel on vit qui fait qu'il y a plus de femmes dans les assos.
- Speaker #1
Comment on pourrait favoriser une évolution vers davantage de parité ? C'est surtout au niveau des postes à haute responsabilité. Est-ce qu'il faudrait des mesures hyper strictes, étatiques, où on dit s'il n'y a pas 50% de femmes ? Je sais pas, au COMEX, alors vous avez une amende ? Ou est-ce que c'est autrement qu'il faut faire ?
- Speaker #0
Moi je serais pas contre, honnêtement, je pense que c'est un peu climent comme sujet, mais juste déjà d'avoir plus de transparence sur les... Sur les salaires entre femmes et hommes, que ce soit au niveau directeur ou pas. Et ensuite, de bien faire attention qu'il n'y ait pas que des hommes qui soient au poste de directeur. Mais quand tu es dans une agence, tu n'as pas non plus 20 directeurs, il y a quelques-uns. Et de faire en sorte que ce ne soit pas que des hommes.
- Speaker #1
Ça me fait une super transition pour une question que j'ai concernant la transparence. Les affaires publiques sont parfois critiquées. En tout cas, c'est quelque chose qui paraît très opaque. Comment tes proches perçoivent ton métier ? Est-ce que c'est un sujet de débat avec eux ? Est-ce que tu aimerais répondre aux gens qui ont peut-être une mauvaise opinion des affaires publiques ?
- Speaker #0
Ouais, super intéressant comme question. Est-ce que tu as vu la série Le Parlement ?
- Speaker #1
J'ai vu quelques épisodes.
- Speaker #0
Tu vois le lobbyiste italien ou pas ? Je ne sais pas s'il apparaît dans les premiers épisodes, en plus je l'ai regardé il y a très longtemps.
- Speaker #1
Ouais, je veux bien que tu me rappelles.
- Speaker #0
Je te rappelais, c'est un peu un cliché. Donc c'est au Parlement européen et le lobbyiste est un peu le cliché du gars qui va travailler, enfin qui va traîner dans les couloirs à la cafette, qui va se bloquer dans l'ascenseur. Enfin je sais plus si c'est exactement ça parce que je l'ai regardé il y a très longtemps et qui va défendre un jour la veuve et l'orphelin et le lendemain qui va travailler pour un groupe pétrolier par exemple. Alors pour le coup je sais pas si c'est le cas parce que ça fait au moins 5 ans que je l'avais regardé mais c'est vraiment un cliché et mes soeurs me vannaient beaucoup sur ça. Sur le fait que je travaillais un petit peu, que j'étais un petit peu corrompue et que j'allais corrompre les gens. Alors que c'est pas du tout ça. En vrai, on est réglementé, on a des pratiques, il n'y a rien d'obscur. C'est pas le lobbyiste un peu sombre qui va se cacher, qui va faire des pots de vin. C'est pas du tout ça.
- Speaker #1
Ok. Quand tu dis on est réglementé, c'est quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Speaker #0
Il y a la loi Sapin 2. qui est passé en 2016, qui a créé la Haute Autorité de la Transparence pour les Bis Publics, donc la JTBP, qui va...
- Speaker #1
Moi, dans mes souvenirs, c'est un truc où on est obligé de déclarer ce qu'on fait.
- Speaker #0
Voilà , c'est ça. C'est déclarer les termes que je cherchais. Donc ça,
- Speaker #1
ça donne de la transparence, mais est-ce que ça engage autrement que juste de dire... Moi, je rencontre des députés. Parce qu'on peut quand même rester dans le cliché de l'Italien en disant qu'il s'est manifesté sur un dossier en disant « Oui, moi, je suis dans le milieu. »
- Speaker #0
Ouais. En fait, ce qui est bien, c'est que tu es obligé de déclarer tes activités. Mais ce qui reste, ce qui je trouve pas assez loin, c'est le fait que tu vas pas déclarer le nom de la personne que tu as rencontrée. Donc, j'ai vu tel député, tu dis « J'ai vu un député » , pas… le nom du député en question. Donc ça reste quand même pas très clair. Et sur l'intitulé des activités que tu déclares, ça peut être un petit peu flou aussi. Il y a juste un truc qui est hyper intéressant aussi à souligner sur la transparence, c'est le manque de transparence, c'est les amendements qui sont sourcis ou pas. On appelle ça le sourcine des amendements, donc c'est la provenance des amendements. Certains députés travaillent avec, ou sénateurs travaillent avec des entités pour proposer des amendements. Et certains le déclarent, certains non, et la plupart ne le déclarent pas. Je ne sais plus combien de pourcents le déclarent, mais ça ne reste pas du tout la majorité. Il y a cette question de la transparence qui est hyper intéressante, le fait d'obliger les députés, les sénateurs, les parlementaires à dire... Dans l'agenda,
- Speaker #1
non ?
- Speaker #0
Non, pas dans l'agenda, pardon, à exposer des motifs de leur amendement, quand ils défendent leur amendement, que ça a été travaillé et avec telle structure. Donc ça, ce n'est pas obligatoire. Ce serait cool que ça soit.
- Speaker #1
Et du coup, autour de la transparence, est-ce que tu penses que l'image du lobbyiste est un peu fantasmée, ou il y a des choses que tu voudrais...
- Speaker #0
Il y a l'image du lobbyiste et il y a aussi les décideurs publics. Donc nous, je parle en tant que consultant d'interférenciers, qu'on doit déclarer, mais les décideurs publics, c'est une question qui serait aussi intéressante de poser. Est-ce que ce ne serait pas pertinent qu'ils déclarent aussi les entités qu'ils rencontrent ? Et donc c'est un autre point de la transparence. mais de la vie politique en général, et que pas des affaires publiques. Donc ça rejoint aussi la question du sourcing des amendements. Et pour répondre à ta question sur la démystification, c'est encore une fois le fait qu'on va corrompre les genres, alors qu'en fait on va juste défendre un intérêt. On va faire de la pédagogie sur un sujet, on va apporter des arguments, on va essayer de défendre un point de vue. Et c'est pas via des malettes de billets ou du chantage ou autre. C'est pas du tout comme ça que ça fonctionne. D'ailleurs on se fait ghoster la plupart du temps donc... Mes potes aussi me demandent souvent ce que je fais.
- Speaker #1
Et comment ils réagissent quand tu essaies de leur expliquer ?
- Speaker #0
Ils me demandent souvent pour qui je travaille aujourd'hui, comme si je changeais tous les trois jours de clients alors qu'en fait c'est souvent les mêmes et c'est sur le long terme. Je travaille pendant un an, deux ans pour le même client, tu vas pas changer du coq à l'âne tous les trois jours. Ils me demandent aussi comment l'actualité impacte tel secteur si je travaille pour Par exemple, pour les transports, s'il y a une proposition de loi qui passe sur les transports, comment je fais ? Si le ministre change, qu'est-ce qui se passe ? Donc, beaucoup de questions d'actualité.
- Speaker #1
Tu parles de contrats de plusieurs années. Est-ce que ça arrive qu'un client qui arrive pour un « one shot » et qui dit « Ok, la semaine prochaine, on a besoin de vous ici » .
- Speaker #0
Ouais, ça peut être des missions temporaires pour une cartographie, pour une proposition de loi qui passe, c'est juste sur ça. Ça peut être très ciblé, et juste pour une action.
- Speaker #1
Donc c'est de la rédaction ou de la veille, ça peut être court terme, et de l'influence, ça peut pas en parler, c'est plutôt sur le moyen long terme.
- Speaker #0
En fait la veille, en général, sur le long terme, c'est tout le temps, la veille tu dois suivre ce qu'il se passe. et certains clients veulent que de la veille pour savoir ce qui se passe, pour surveiller les évolutions législatives donc non sur le one shot la veille c'est pas one shot en général justement il peut pas dire je veux tu parlais de cartographie,
- Speaker #1
je veux une cartographie maintenant de ça ?
- Speaker #0
Ah bah ça oui, ça c'est one shot et ça c'est juste une action la cartographie c'est pas de la veille ? la veille ça va être par exemple de lire le journal officiel le matin, j'ai donné un exemple ou de lire l'actualité, veille c'est veille politique institutionnel, changement de législation. Et les cartographies, ça va être le ciblage de telle politique, telle histoire publique qui est importante pour toi, dans tel secteur, pour tel sujet. Tu vois ou pas ? La veille, c'est souvent soit par mail, soit... Enfin, c'est écrit, quoi. Alors que la cartographie, c'est un Excel. En tout cas, ce que j'ai connu, c'était un Excel avec plein de colonnes, le nom, la fonction, l'adresse mail. Et une case suivie, si jamais tu veux assurer le suivi des rencontres. s'ils t'ont répondu, quand est-ce que tu as relancé la personne.
- Speaker #1
Du coup, Annie, tu en as déjà parlé brièvement tout à l'heure, mais est-ce que tu peux nous parler de ton ambition personnelle, comment tu te vois évoluer ? Et aussi, ça pourrait peut-être aider des gens qui veulent se lancer dans ce secteur et qui voudraient peut-être suivre tes pas.
- Speaker #0
Comme je te disais tout à l'heure, j'avais pour vérité de travailler dans l'associatif pour l'intérêt commun de rejoindre des grandes organisations internationales ou associatives. Et là , ce que je fais, c'est que je me forme. Donc en cabinet de conseil, par la suite, je te parle sur le long terme, pas dans trois ans, potentiellement pouvoir prétendre à des postes de directrice en plaidoyer, par exemple, en association. Et c'est notamment le parcours de mon ancienne tutrice, qui est d'abord formée en cabinet de conseil et qui maintenant est directrice de plaidoyer.
- Speaker #1
Annie, on arrive au bout de cet entretien. Si tu pouvais rencontrer toi du début de carrière, quels conseils tu te donnerais ?
- Speaker #0
Je me dirais de... de prendre confiance en moi et aussi de ne pas être trop impressionné par ce secteur. Il faut savoir qu'il y a plusieurs types de consultants. Il y a le consultant qui est très technicien, il y a le consultant qui est très politique, et l'autre qui va être un très bon communicant. Moi, je pense que le consultant des affaires publiques, c'est un mélange de tout ça. Mais il ne faut pas se mettre des barrières, il ne faut pas être trop intimidé par d'autres personnes qui seraient... d'excellents communicants qui auraient beaucoup plus confiance en eux que moi j'en avais en moi. Et de passer à l'armée si on n'a pas de réseau politique, notamment moi quand j'ai commencé j'avais pas du tout de réseau. Et notamment j'ai été contactée par plusieurs étudiants aussi qui m'interrogeaient sur mon parcours, qui me demandaient si c'était grave de ne pas avoir un parcours juridique. Moi j'ai un parcours juridique mais j'ai pas fait de droit très national. J'ai fait du droit constitutionnel en licence, mais je me suis très vite spécialisée. Il y a d'autres personnes qui ont fait des masters spécialisés en affaires publiques, et c'est pas pour autant qu'on ne peut pas s'intégrer dedans. Il y a beaucoup d'IEP aussi, et c'est pas parce que tu n'as pas fait un IEP que tu ne t'en sortiras pas.
- Speaker #1
Pour conclure, Annie, est-ce que tu as une recommandation culturelle ?
- Speaker #0
Oui, je te parlais du Parlement tout à l'heure. Du coup, c'est une série sur le Parlement européen avec un jeune collaborateur. parlementaire que tu suis. C'est super drôle, c'est très comique. Et après, il y a aussi le Baron Noir et la Chièvre, qui sont un peu des séries très connues dans le milieu des affaires publiques, parce que ça reprend un peu notre métier.
- Speaker #1
Super, ben écoute, merci beaucoup Annie.
- Speaker #0
Je t'en prie.
- Speaker #1
Merci d'ĂŞtre venue.
- Speaker #0
Merci beaucoup Ă toi pour l'invitation.
- Speaker #1
Puis à la prochaine. Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Egywatch. La plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !