Speaker #0Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur Réa. On se retrouve aujourd'hui pour un épisode différent, un épisode solo, où je vais vous raconter pourquoi j'ai décidé de lancer ce podcast, la genèse de cette initiative et comment et pourquoi j'ai eu cette idée. Dans le jargon du podcast, cet épisode devrait s'appeler un épisode zéro et aurait dû être fait il y a bien longtemps. Après une soixantaine d'épisodes déjà diffusés, mais pour être complètement honnête, c'est quelque chose que j'ai beaucoup procrastiné. Et surtout, je n'en voyais pas forcément l'utilité initialement parce que ce podcast n'avait pas vocation d'exister dans le temps. C'était dans l'idée 4, 5, peut-être 10 épisodes énormes max et une petite parenthèse dans ma vie. Depuis, j'ai un peu procrastiné, je ne l'ai jamais fait. suite au questionnaire que j'ai lancé. D'ailleurs, si vous n'y avez pas répondu et que vous souhaitez le faire, le lien sera dans la description de ce podcast ou dans la bio Instagram. J'ai eu beaucoup de références à ça. On n'en sait pas plus sur toi, on ne sait pas trop pourquoi ce podcast a été lancé. Et du coup, ça a été un déclic et je me suis dit qu'il fallait le faire, surtout qu'un autre projet arrive bientôt et que ça avait du sens que je recadre un peu et que j'explique un peu la ligne directrice et le pourquoi de toutes ces choses-là. Donc avant de spoiler tout ça, on va rembobiner et on va reprendre au moment où tout a commencé. Donc c'était période Covid. Je ne sais pas ce que ce mot fait résonner en vous, mais moi, ça a été une période assez compliquée, d'énormes remises en question. Je ne sais pas si c'était la question de « est-ce la fin du monde ? » et du coup, j'ai vu ma vie défiler. Non, je n'ai pas vu ma vie défiler, mais beaucoup de questions que j'ai probablement... mis sous le tapis pendant longtemps, ont émergé. Ma fille, à ce moment-là, je n'avais qu'un enfant à ce moment-là, avait 4-5 ans, était en maternelle, et je devais lui faire l'école à la maison. Cette période a coïncidé avec une super promo que j'ai eue au travail, donc sur le papier, super, mais énormément de travail et de choses à faire à la maison, en même temps de l'éducation et m'occuper de ma fille. Et tout ça a été un accélérateur de questions d'identité. et pour moi et pour elle. Moi, pour ceux qui ne le savent pas, je suis d'origine tunisienne, je suis née, j'ai grandi en Tunisie. Je suis partie à 17 ans en France. Pour moi, les questions identitaires sont arrivées sur le tard, en tout cas à un âge où ma réflexion, où les bases étaient relativement solides. Alors que pour ma fille, qui est née en Europe, qui a plusieurs identités, moi je faisais partie de la majorité, mes deux parents sont tunisiens. elle, elle aura des questions et sera confrontée à ça d'une manière différente et surtout beaucoup plus tôt que moi. Et du coup, la question de la transmission, la question de ce qu'elle allait faire de tout ça, m'ont éclaté un peu en pleine figure et j'étais un peu paniquée dans le sens, je voulais avoir des réponses ou je voulais m'assurer qu'au-delà de moi, qu'elle ait des références, des choses positives. Parce que comme je pense que tout le monde sera d'accord avec moi sur ce constat, ce qui est diffusé sur les médias mainstream. En rapport avec l'arabité, ce n'est pas ce qu'il y a de plus positif. Et puis, il y a beaucoup ce cliché de l'arabe, ce one size fits all, où tous les arabes rentrent forcément dans cette catégorie, ce manque de nuances, ce manque de diversité dans l'arabité. On peut avoir une approche à la vie, sur des sujets sociétaux, sur plein de choses qui sera différente. Et ce n'est pas parce qu'on a cette identité qui est commune. que notre réflexion est forcément la même et que notre personnalité, notre identité est la même. Bref, tout ça mélangé. Moi, j'écoutais beaucoup de podcasts à ce moment-là parce que j'avais envie et besoin d'entendre l'histoire d'autres femmes. Je me suis mise à chercher encore plus des femmes qui me ressemblaient. Du coup, je faisais une recherche basique avec ce que j'avais, donc à filtrer, à regarder les noms des personnes interviewées et sur des podcasts où il y avait... une centaine d'épisodes, il y en avait deux, trois maximum. Et ce constat m'a d'autant plus frustrée et additionné au constat de l'image qui est reflétée par les médias. Je me suis dit, mince, le podcast qui est le média un peu tendance alternatif, qui est censé partager ses voix, même ce média-là ne met pas en lumière de manière positive ou en tout cas nuancée. La voix des femmes arabes et des arabes en général à ce moment-là. Du coup, je me suis dit un peu sur un coup de tête, je vais le créer ce média et puis je vais le créer surtout pour ma fille égoïstement. Je vais le créer, je vais faire, c'est ce que je disais tout à l'heure, je vais faire 3, 4, 5 épisodes de femmes qui racontent leur histoire, de femmes diverses avec... Avec leur challenge, avec leur frustration, avec leur joie, avec leur histoire qui leur est personnelle. Et je vais les enregistrer et je lui offrirai, ce sera un beau cadeau, une manière de lui transmettre quelque chose de différent. Et puis ça me servira peut-être un jour en pleine crise d'ado où elle me dira que tout ce que je lui raconte, ce n'est pas hyper intéressant et vrai. Je lui dirai, écoute, il y a d'autres histoires qui te rattrontent d'autres choses. Bref, je suis partie un peu loin avec ça et je me suis dit pourquoi pas. Mon mari rentre le soir et je lui dis écoute, j'ai une super idée, je pense que je vais lancer un podcast. Et là, il me regarde l'air à bon et j'entends son étonnement. Je ne suis pas journaliste, je ne suis pas forcément la première personne à laquelle on penserait pour lancer ce genre d'initiative. Et bref, on en discute. Il était tard et on se disait qu'on en reparlerait le lendemain. Il va se coucher, je n'étais pas fatiguée. Et puis moi, j'ai tendance à être très enthousiaste et un peu surexcitée plus plus quand j'ai une idée qui résonne en moi. Et du coup, je me suis mise à griffonner des idées de logos, d'invités que j'aimerais avoir sur le podcast. Je commence à griffonner tout ce qui me passait un peu par la tête. Et puis là, il était tard et je me dis, je ne suis pas fatiguée. Et je sentais que ça bouillonnait, que plein de choses venaient. Je me suis dit, bon, on va se calmer un peu dans le sens, pourquoi ne pas tester l'idée et voir si elle est viable et si des gens te suivront dans cette aventure. Donc, dans cette liste de femmes que j'ai griffonnées sur ce bout de papier, je prends mon téléphone et je les cherche sur les réseaux sociaux et je leur écris, hey, on se connaît. pas, je m'appelle Boshra, je fais ci, ça, et j'ai pour projet de lancer ce podcast pour telle raison, parce que pas assez de représentativité, pas assez de rôle modèle, et j'envoie, je ne sais plus, 8, 9 messages, 10 peut-être. Et en gros, mon deal avec moi-même en allant me coucher, c'est voyons dans les prochaines 48, 72 heures, si t'arrives à avoir 4, 5 réponses positives, go ! Et si pas de réponse ou réponse négative ou méga polie pour dire non, ben voilà, à t'aurat tester, c'est que c'est pas le bon timing, ce sera un signe. Je vais me coucher, je me réveille le matin, j'ai presque oublié mon excitation de la veille, donc je fais mes trucs, je prends mon café, la journée avance un peu, la matinée, puis là je prends mon téléphone et je vais checker ma messagerie et là je vois que 4 filles m'avaient répondu, message hyper sympa, merci d'avoir pensé à moi, trop bonne idée. je partage complètement ton constat, il y a un vrai sujet, je suis in quand tu veux, on en reparle, mais complètement partante à qui il est là, je jure d'où je sursaute dans la cuisine, Marie me dit mais qu'est-ce qui t'arrive ? Je dis mais elles m'ont répondu, elle me dit mais qui t'a répondu ? Je dis ah oui non mais je t'avais pas dit, en fait hier quand tu dormais j'ai écrit aux filles, je me dis mais quelles filles ? Je dis bah pour le podcast, ils me regardent, ils ont l'air un peu inquiets, je leur ai parlé de mon idée et elles sont in, qu'ils me regardent, il y a trop. cool il était ravi mais je voyais le fond d'inquiétude dans ses yeux en référence aux côtés maintenant technique bref on passe à autre chose la journée avance et après dans l'après midi je reçois un autre message de neila la trousse qui journaliste qui a été ma première invitée sur le podcast et qui me dit appelle moi pour discuter de cette idée qui me tente bien mais j'aimerais avoir plus info donc j'appelle on discute un moment et je lui explique l'idée pourquoi et un petit j'adore l'idée complètement d'accord avec toi, il faut le faire, c'est super. Écoute, mercredi prochain, je suis off. Mon après-midi est encore libre. Ça va vite être pris d'assaut par mes activités perso. Mais voilà, tu me dis 3h, 16h, qu'est-ce qui t'arrange ? Et je bloque une heure, une heure ça devrait suffire. Et la panique à bord. Je dis rien parce que je suis plutôt bonne à poker face et que je me dis, bon ben t'as lancé le truc, si toi t'y crois pas, personne va y croire. Et là je... Je dis « ouais, ouais, bien sûr, mercredi prochain, très bien, 15h, nickel » . On bloque le créneau, là je raccroche. Et là, j'étais vraiment paniquée. Jusque-là, je gérais et je me disais « j'ai le temps et je le ferai » . Là, je me dis « mercredi prochain, il y a du taf » . On part de zéro, on n'a aucune idée de quel micro utiliser, quelles questions poser, quel logiciel utiliser. Parce que je vous rappelle que j'étais à Londres et que l'enregistrement devait se faire par conséquence à distance. Mon mari voit mon angoisse et essaye de me soutenir autant que possible à ce moment-là. Et du coup, j'ai passé la semaine qui a suivi, je crois qu'il y avait moins d'une semaine, à quasi pas dormir. La journée, je travaillais et les soirs, j'étais sur les tutos YouTube à regarder, à chercher le bon micro, le bon enregistreur, quel logiciel utiliser, comment l'utiliser. Et bref, tout le côté technique a aussi me renseigné sur mon invité, a préparé ma trame de questions. C'était intense en travail, honnêtement, c'était vraiment intense. Le jour J, je ne faisais pas la maligne, vraiment, je ne faisais pas la maligne. Et puis, tout s'est plutôt bien passé. Et surtout, ce qui a été révélateur et ce qui a été très agréable, c'est mon ressenti. Dans le moment, c'était un énorme kiff, vraiment, j'ai pris un plaisir énorme à être dans l'échange, à discuter. Et voilà, j'ai ensuite monté l'épisode. J'ai dû le monter en cinq jours, chose qui devrait se faire en quelques heures. Mais bon, ça fait partie de l'apprentissage. Et voilà, donc c'est comme ça que tout a commencé et au moment où j'ai diffusé les deux trois premiers épisodes, il y a eu un super accueil, beaucoup plus d'écoute que ce que je ne pensais et surtout énormément de témoignages, de messages de personnes que je ne connaissais pas parce que moi je pensais sincèrement que j'aurais 20 écoutes entre ma mère, mon père, mes cousines, mon mari et mes meilleurs amis, on serait à 20 et c'était très bien. Et en fait, il y avait plein de personnes que je ne connaissais pas qui ont atterri dessus par hasard ou parce que des personnes avaient partagé, et avec des retours hyper positifs, à quel point c'était important, à quel point ça leur manquait. Et bref, le nombre d'écoutes, les retours, ça m'a motivée à continuer et à ne pas arrêter l'aventure au bout de 5-10 épisodes, comme initialement mentionné. Donc voilà, c'est un peu la petite histoire. Et puis le petit clin d'œil que peu de gens connaissent, c'est que Heia... En arabe, ça veut dire « elle » , mais il y avait aussi un clin d'œil pour ma fille dans le titre du podcast « Ma fille s'appelle Alia » . Et du coup, elle était entre autres anglophone à l'époque et c'était un peu « Hey Alia, be proud, tes racines, tes origines sont une force » . Donc c'était un peu un clin d'œil à mon petit bébé à ce moment-là. Donc voilà, vous savez tout sur la jeunesse du podcast. J'espère que cet épisode vous plaira. Il est certes différent des autres, mais je pensais que ça pouvait être intéressant d'entendre et d'avoir un peu les coulisses et une petite partie de mon histoire sous ce format-là. Donc voilà, n'hésitez pas à me dire si ça vous a plu, si vous voulez que je continue sous ce format pour peut-être partager avec vous ce nouveau projet qui arrive bientôt. Je serai ravie de vous lire et d'avoir votre feedback. Je vous embrasse et je vous dis à très bientôt.