- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur HEYA. Aujourd'hui, je reçois une invitée spéciale, une invitée très chère à mon cœur. Elle joue souvent avec mes micros, alors cette fois, je lui ai proposé de le faire pour de vrai. Aujourd'hui, je reçois Alia, ma fille. On a enregistré une interview croisée mère-fille où l'on parle fierté, héritage, doute, identité. et mais aussi de ce projet fou, le premier livre « Réa jeunesse » sur Tawheed Abed Shir. Un échange intime, parfois drôle, où vous entendrez aussi ses mots, sa vision et son ressenti. Je vous remercie d'avance pour votre écoute, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Et je vous dis à très bientôt.
- Speaker #1
Ben, tout le monde va m'écouter, c'est presque le stress, quoi.
- Speaker #0
Ah bon ? Ouais. Mais toi, t'es ok que tout le monde t'écoute ou tu préfères pas ?
- Speaker #1
Oh non, je suis contente.
- Speaker #0
C'est vrai ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Pourquoi ?
- Speaker #1
Ben, on pourra connaître ton histoire, notre histoire des livres, c'est intéressant quoi.
- Speaker #0
Ok, on commence ? Salut Alia.
- Speaker #1
Salut maman.
- Speaker #0
Ça fait bizarre de t'avoir ici.
- Speaker #1
Oui, c'est assez bizarre, je fais la vie de suite.
- Speaker #0
Moi je suis contente de t'avoir aujourd'hui, en tout cas tu es une invitée spéciale et une invitée très chère à mon cœur. Alia, j'ai quelques questions pour toi aujourd'hui. Si tu ne sais pas répondre, tu me dis « je ne sais pas » ou « je n'ai pas envie » et on le fait tranquillement, ok ?
- Speaker #1
Pas de problème.
- Speaker #0
Je voulais savoir, Alia, quand tu as vu la première fois les dessins, les premiers brouillons du livre, qu'est-ce que tu as ressenti ?
- Speaker #1
De la joie, enfin, me dire que toi, maman, tu fais ces livres pour moi, c'est… Et moi, parce que tous mes amis, alors maman, ne font pas des livres pour elle. Et aussi, je me suis dit, les dessins, ils sont magnifiques, donc ouais, donc c'est… J'étais très heureuse et étonnée que tu puisses faire ça en si peu de temps.
- Speaker #0
C'est gentil. Tu te souviens la première fois, j'ai eu l'idée quand on en a parlé la première fois ?
- Speaker #1
Oui, je m'en souviens. On était dans le lit, on avait un cahier. C'était longtemps.
- Speaker #0
Oui. Ça a mis longtemps à sortir ce projet.
- Speaker #1
Oui, mais au moins, il est bien fait.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est vrai. Est-ce que ça te fait bizarre de savoir que des enfants vont bientôt lire ces livres-là ?
- Speaker #1
Je me dis, ma maman, ma maman à moi. Va être autrice. Enfin, moi, je lis plein de livres. Et autrice, ta maman à toi. Ça fait bizarre, oui. Mais après, je suis fière quand même.
- Speaker #0
Quand tu entends femmes qui ont marqué l'histoire, qu'est-ce que ça t'inspire ?
- Speaker #1
Ben, c'est bien, en fait, ce qu'elles ont fait. Moi, je vois qu'elles aiment bien les mettre. Elles, c'est vraiment un modèle pour moi. Par exemple, Tahira Benchir, la première femme arabe.
- Speaker #0
La première femme ?
- Speaker #1
La première femme médecin. Moi, devant tous les garçons, je ne sais même pas si moi je voudrais dire je veux être médecin. Elle avait des idées très fixes. Moi, je suis comme ça, mais je ne pense pas que j'aurais osé.
- Speaker #0
Oui, mais en même temps, quand tu vois cette histoire-là qui est arrivée il y a longtemps, se dire qu'elle l'a fait, ça veut dire que toi tu peux le faire et plein d'autres petites filles peuvent le faire.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai que moi ça me donne confiance pour plusieurs.
- Speaker #0
C'est cool ça. Ça me fait plaisir d'entendre ça. C'est une des raisons pour le podcast. Une des raisons pour le livre. Est-ce que ça te rend fière de savoir qu'une femme arabe, comme par exemple Tawheeda Ben Chir, a accompli quelque chose d'aussi grand ? Est-ce que ça te rend fière ?
- Speaker #1
Ça me rend fière. Pour moi, c'était comme si je l'avais connue. J'ai eu ces histoires en boucle et en boucle et en boucle. Pour moi, c'est comme si j'avais dit « tu sais, tes livres, tu voyages dedans » . Moi, c'est rare. Enfin, je lis un livre, je lis un livre. Moi, c'est quand, par exemple, elle est partie avec le bateau. Ben, j'avais l'impression d'être là, lui dire au revoir.
- Speaker #0
Est-ce que c'est le fait qu'elle soit arabe qui te fasse te sentir très proche d'elle ?
- Speaker #1
Oui, mais ouais.
- Speaker #0
Si quelqu'un à l'école ou quelqu'un que tu rencontres dans la rue te demande ce que ça veut dire pour toi d'être arabe, tu lui dirais quoi ?
- Speaker #1
Honnêtement, pour moi, être arabe, c'est une fierté. Mais en vrai, je me dis, en fait, on est tous des humains. Donc, que quelqu'un soit polonais, russe, japonais, chinois, tout le monde aurait cette petite honte d'être dans un autre pays. Donc, moi, à ce moment, j'ai eu cette honte. Mais moi, je suis arabe et je l'assume. Et comme un polonais devrait le faire, comme un russe devrait le faire, comme un japonais devrait le faire. Mais au début, ça ne peut pas forcément être facile si tu n'es pas dans ton pays.
- Speaker #0
Est-ce que c'est dans ta tête ou est-ce que c'est les gens qui te renvoient une image ?
- Speaker #1
Je pense que c'est plutôt les gens. Parce que ma tête, je sais, je sais. Alors que les gens, ils ne savent pas.
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'elle a, ta tête ?
- Speaker #1
Ma tête, elle sait d'où je viens. Et dans ma tête, je sais. Mais les gens, ils ne savent pas. Donc, oui.
- Speaker #0
Si toi, tu devais inventer une histoire, de qui elle parlerait et de quoi elle parlerait ?
- Speaker #1
Bonne question. En fait, moi, si je devais parler d'une histoire, j'arrêtais de toutes les femmes qui assument. Donc, toi ? par exemple.
- Speaker #0
C'est gentil mon amour.
- Speaker #1
Enfin, tout en fait. Tout le monde a une histoire intéressante. Il n'y a pas quelqu'un qui a une bonne histoire ou une mauvaise histoire. Tout le monde. Donc ouais, peut-être que toi, t'es pas Tauhida Bunchir. Peut-être que Tauhida Bunchir n'est pas, je ne sais pas, n'importe qui. Mais tout le monde a cette histoire qui l'a fait ressortir, on va dire.
- Speaker #0
C'est unique. C'est unique. Tu m'as vu travailler sur ce livre. Est-ce qu'il y a un moment en particulier qui te... qui te restent en tête ou dont tu te rappelles ?
- Speaker #1
Ben, c'est surtout travailler pendant les vacances. Et les vacances, moi, je suis restée à la maison. Et toutes les réunions, je les écoutais. C'était comme un bon moment. Moi, j'étais à côté de toi, j'écrivais toutes les notes. Donc oui, il y en a beaucoup où je m'en suis rappelée, avec l'illustratrice, tout. Oui, avec toutes, quoi. Donc c'était tout un bon moment, on va dire. Même si je ne pouvais pas forcément comprendre les mots que vous disiez. C'est intéressant.
- Speaker #0
Est-ce que toi, Alia, tu as des questions à me poser ? Sur ça, sur les livres ou sur d'autres choses peut-être ?
- Speaker #1
Oui, comme ça, j'en ai quelques-uns. Est-ce que tu aurais... Que veux-tu transmettre aux femmes arabes ? C'est quoi ? Pas que moi me transmette quelque chose, mais aux femmes du... Arabes. Qu'est-ce que tu veux leur dire ? Qu'est-ce que tu veux leur transmettre ?
- Speaker #0
Elle est difficile ta question. Il faut de la réflexion. Je dirais comme ça, sans trop réfléchir. Le premier mot qui me vient, c'est la fierté. Un peu en rapport avec ce que tu disais, c'est d'être fier de ses origines, de voir que c'est une force, que parfois autour de nous, il y a des gens qui peuvent penser des choses différentes, mais de ne pas se laisser impressionner, de ne pas se laisser influencer par ce qui est dit ailleurs et de savoir en son fort intérieur que c'est une force, que c'est quelque chose de beau, de le chérir et de ne pas avoir honte. Et aussi de dire qu'une femme arabe, ce n'est pas une seule définition. Ça ne veut pas dire être une fille comme ça, comme ça. Ça peut être des multitudes de choses. Chaque femme arabe est différente, elle est unique et elle est parfaite telle qu'elle est. Et donc, de ne pas rentrer forcément dans une case qu'on nous prédéfinit.
- Speaker #1
Mais toi, si tu avais grandi en Europe, tu l'aurais caché ou pas ? arabe ?
- Speaker #0
C'est difficile de me projeter parce que c'est compliqué de refaire l'histoire mais j'ai envie de dire que non. Je pense que j'aurais eu des moments de doute. Il y a des moments qui auraient peut-être probablement été plus inconfortables que l'enfance que j'ai eue où j'étais en Tunisie mais j'ai envie de croire ou de me dire que malgré des moments peut-être plus difficiles ou des moments où j'aurais douté, qu'en général j'aurais été fière et j'aurais expliqué et je ne me serais pas cachée en fait. J'aurais dit je suis arabe et je suis fière de l'être.
- Speaker #1
C'est intéressant. Et à un moment, c'était dur, non ? Avec les éditions et tout. Est-ce que tu avais envie à un moment de laisser tomber, de dire non, j'y arrive plus, j'y arrive plus, tant pis, une autre fois ?
- Speaker #0
Elle est belle ta question. Je ne pensais pas qu'on allait aller sur ce terrain-là. Pour être complètement honnête, oui. Tu as vu à des moments que c'était dur pour moi. Et c'est vrai qu'à des moments, je me suis dit... C'est trop compliqué, ça va être beaucoup de travail. Faire toute l'édition et tous les postes qu'il y a autour, c'est beaucoup. Mais finalement, j'ai trouvé la force et je l'ai fait. Les livres sont là.
- Speaker #1
Et quand tu étais enfant, ton petit projet, que maintenant est un grand projet, est-ce que tu aurais pu t'imaginer à ce moment-là que ça sera passé ?
- Speaker #0
Honnêtement, non. Honnêtement, non. J'étais une petite fille très timide. Je pense que je n'imaginais pas trop partir de Tunisie, faire des choses comme ça. Je pense que c'était probablement un rêve de faire quelque chose pour les autres, mais je n'ai pas souvenir, en étant petite, de me dire un jour je vais écrire des livres, pour être honnête.
- Speaker #1
Dernière question.
- Speaker #0
Encore ?
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu dirais à la petite ?
- Speaker #0
Toi, tu écoutes mes podcasts. Qu'est-ce que je dirais à la petite Boshra ? Je lui dirais de profiter, de ne pas trop stresser. De ne pas trop s'inquiéter, que tout va très bien se passer et que la vie est une très belle aventure à savourer au jour le jour et de ne pas trop penser à ce qui va arriver demain et après demain et l'année prochaine, de profiter de chaque moment.
- Speaker #1
Très bien. D'accord. Bon, je pense que moi je vais finir avec mes questions.
- Speaker #0
Alia, on arrive à la fin des questions.
- Speaker #1
Merci, au revoir, à la prochaine fois.
- Speaker #0
Merci Alia. Et si vous avez envie de découvrir les livres Heya Jeunesse, si vous avez envie de découvrir le premier volume consacré à Tawheed Abenshir, il est toujours en précommande. Le lien est en description. Merci pour votre soutien et à très vite !