- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, ici Pochra Pourti et bienvenue sur Haya. En arabe, Haya signifie « elle » . C'est parce que ce mot n'est pas suffisamment utilisé pour parler de réussite et d'ambition féminine que j'ai décidé de lancer ce podcast. Les inégalités et la sous-représentation liées au genre sont malheureusement une réalité et une approche intersectionnelle ne fait qu'amplifier ces phénomènes. Chaque épisode... est une conversation où j'invite une femme de culture arabe à venir partager son histoire et évoquer sa réussite. Mes invités ont toutes des backgrounds et trajectoires différentes. Elles sont journalistes, entrepreneurs, écrivaines,
- Speaker #1
artistes ou encore médecins,
- Speaker #0
et vous serez, je l'espère, inspirés par leur réussite. L'objectif de ce podcast est de vous, tout d'abord, promouvoir une image différente de la femme arabe en mettant en lumière ses parcours exceptionnels, mais aussi aider les plus jeunes ou celles en quête de renouveau à trouver des rôles modèles et ambitionner leur avenir. Ma conviction ultime est que la seule manière d'y croire, c'est de le voir, ou en l'occurrence d'entendre. Si ce podcast vous plaît, je vous invite à prendre quelques minutes pour le noter 5 étoiles sur iTunes ou Apple Podcasts. C'est la meilleure manière de le soutenir. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir notre invité du jour.
- Speaker #2
Cette semaine, je suis ravie de partager ma conversation avec Fatima Daas. Romancière, révélée dès la sortie de son premier roman, La Petite Dernière en 2020, qui a connu un succès fulgurant avec notamment une traduction en dix langues et une adaptation prochaine au cinéma. La Petite Dernière est une autofiction qui pulse comme un rap où la narratrice oscille entre l'intérieur et l'extérieur, sa famille d'origine algérienne et la France, sa sexualité et l'islam jusqu'à trouver sa juste place. Dans cet épisode, Fatima revient sur son enfance, sa relation fusionnelle avec ses trois sœurs, et les valeurs transmises par sa famille. Elle nous raconte ce qui l'a incité à écrire, mais aussi comment l'écriture lui a ouvert les yeux et permis de mettre des mots sur des sentiments très personnels, encore indescriptibles jusque-là. Nous avons également discuté de religion, des raisons qui l'ont poussé à utiliser un pseudonyme, et enfin des différentes réactions suscitées d'un pays à l'autre où l'ouvrage a été traduit. Sans plus attendre, je laisse place à la réelle du jour, Fatima Daas.
- Speaker #1
Salut Fatima !
- Speaker #3
Salut !
- Speaker #1
Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Très très contente de t'avoir à mon micro.
- Speaker #3
Ça me fait très plaisir, merci à toi de m'avoir invitée.
- Speaker #1
Fatima, la tradition sur Réa, c'est de commencer par les origines. Donc si tu es OK, est-ce que tu pourrais nous retracer la petite enfance de Fatima, où elle a grandi, le type d'éducation qu'elle a eue ?
- Speaker #3
Alors, ça dépend de quelle Fatima on parle. Ah oui, je suis désolée. On parle de toi. De moi, OK. Moi, je suis française. Je suis née en France en 1995, à Saint-Germain-en-Laye, qui est une ville dans le 78, une ville bourgeoise. Je suis née dans une famille algérienne. Mes parents sont nés en Algérie, à Alger. J'ai trois grandes sœurs dans la vraie vie, deux dans le livre. Mes trois grandes sœurs sont nées aussi en Algérie. Ma famille est arrivée quelques années avant ma naissance. Voilà, et ensuite, en fait, à l'âge de 6 ans, on a déménagé à Clichy-sur-Bois, donc dans le 93, rien à voir avec Saint-Germain-en-Laye, le choc des cultures. Et là, c'était tout à fait autre chose, quoi. Après, c'est vrai que quand on déménage, quand on a 6 ans, t'as de vagues souvenirs avant, et je sais pas trop quel genre d'enfant t'étais en maternelle, quoi. Et j'ai grandi dans une famille... On était tout le temps ensemble, tous, très très proches de mes sœurs, très fusionnelles. On dormait ensemble pendant très longtemps, genre dans le même lit, vraiment hyper proches. Et encore aujourd'hui, tu vois, on a cette possibilité-là de pouvoir raviver tous les souvenirs, des trucs hyper drôles, des trucs hyper cons aussi. Et voilà, un père plutôt présent mais absent, j'aime bien dire ça, c'est paradoxal, mais c'est un peu comme ça qu'on l'a vécu toute. Présent parce qu'il était là et qu'il n'est pas parti. Mais absent, parce que absent dans ses mots, absent par, je n'ai pas envie de dire l'éducation, parce que quand même si. Présent par sa violence par moments, présent par son silence aussi, c'est bizarre. Une mère très très présente, très attentive, un peu comme j'ai essayé de la dépeindre dans le livre, c'est-à-dire, oui, une mère qui se sacrifie pour ses enfants, qui aurait pu faire autrement, mais qui ne l'a pas fait, qui donne tout pour ses filles et qui... aime sa famille très fort. Voilà dans quoi j'ai baigné. Et j'ai baigné dans la langue arabe parce que chez moi, mes parents parlaient arabe et nous, on parlait français. Donc ça, ça a été un truc aussi très intéressant et que j'avais envie de travailler dans mon premier roman.
- Speaker #1
Et tes parents, ils sont arrivés en France pour le travail, du coup, pour un job ?
- Speaker #3
Alors, mon père est arrivé avant. C'était très compliqué en Algérie à cette période-là. Donc, dès qu'il a pu partir, en fait, il est parti pendant un an. Moi, je ne l'ai appris que récemment quand j'ai essayé d'avoir des réponses. On les a un peu tard, mais on les a quand on demande, en fait. Il est parti pendant un an et il est revenu en Algérie. Ensuite, mes parents et mes sœurs sont arrivés en France.
- Speaker #1
Et comment cette petite fille imaginait sa vie d'adulte ? Est-ce qu'elle avait des rêves, un métier qu'elle imaginait ?
- Speaker #3
C'est trop difficile pour moi de me revoir enfant, mais j'ai l'impression que je n'avais pas trop de rêves, parce que j'étais très dans le présent, bizarrement. J'étais très adulte, enfant. J'étais très consciente de ce qui allait pouvoir se passer, de ce qui se passait déjà, et j'étais très seule intérieurement. Je me parlais beaucoup intérieurement. C'était très difficile pour moi de savoir quelle vie je voulais mener parce que j'avais la sensation très vite d'être différente des autres. Donc je n'avais pas ce truc de « je veux faire tel travail, je veux avoir tel mari, je veux avoir tel enfant » . Je n'avais pas ce truc-là, je n'imaginais pas du tout comme ça. Je ne voyais pas l'avenir comme ça. Je pensais beaucoup à ma mère quand je pensais à l'avenir. Et j'avais l'angoisse de la mort. L'angoisse de la mort de ma mère surtout. J'y pensais, c'était à la fin du monde. Mais je n'avais pas l'impression que j'avais des rêves.
- Speaker #1
Un interview que tu as fait disait qu'enfant, tu n'osais pas dire que tu étais arabe. Pourquoi ?
- Speaker #3
Complètement, mais je n'osais pas dire plein de choses à l'école. Peu importe dans quelle école j'étais, d'ailleurs, que ce soit à Saint-Germain-en-Laye ou à Clissoubois, avec une plus forte mixité. Pourquoi ? Parce que j'avais honte. J'avais honte de dire, par exemple, que mes parents parlaient arabe, parce que je me disais, ils vont penser que je ne sais pas parler français. que si mes parents parlent arabe, ça veut dire que moi je parle arabe, et ça veut dire que c'est un moins, alors que ça devrait être quelque chose, exactement un plus, que ça devrait être valorisé. Et donc j'avais un truc comme ça, et je ne disais pas par exemple que je ne faisais pas Noël. Je disais, voilà, oui, je m'adaptais au truc, oui, je vais faire la liste, moi aussi, parce qu'à l'école on nous demandait de faire une liste, attention, Père Noël. Et moi j'étais là, mais chez moi on me dit, mais Père Noël, bullshit,
- Speaker #0
quoi.
- Speaker #3
Donc je ne voulais pas dire ça, parce que j'avais l'impression qu'on allait dire, ah elle est bizarre celle-là, elle est extrême. Et en plus pendant l'enfance, elle avait... Il y avait moins ce truc-là par rapport à ce qu'il y a actuellement par rapport à l'islam. Il y avait moins, mais je sentais déjà très fortement ce poids-là de cacher qui on est, de cacher nos familles, d'avoir honte. Mais après, par exemple, on m'avait déjà demandé dans une interview est-ce que j'avais honte de ma mère, honte de ma mère qui apporte le voile, honte de ma mère pour ce qu'elle est, etc. Et je pense que je n'ai pas ressenti ça, par exemple. Je n'ai jamais ressenti ça parce que je me disais, mais ma mère, elle vient à chaque réunion. Chose que mon père a jamais fait et que je lui avais demandé une seule fois et qu'il était jamais venu, tu vois, et que je l'ai attendu, je l'ai attendu, je regardais dans le public, tu vois, il n'y a pas de tournage, putain, il est où, il s'est perdu. Il était encore dans l'espoir qu'il se soit juste perdu à l'école, tu vois, dans l'école, mais pas du tout. Et donc, oui, ma mère, je n'ai jamais eu honte parce que je pense que je me disais tout le temps, mais elle fait tout. Et donc, le pas, le côté regard extérieur des gens, ben non, je l'ai bloqué, quoi, à ce niveau-là.
- Speaker #1
Tu parlais donc de cette petite communauté de femmes à la maison, ton papa présent sans être présent, donc vous avez vécu vraiment entre vous. Quelles étaient les valeurs ou les choses qui se sont transmises dans cette petite tribu de femmes ?
- Speaker #3
Beaucoup, beaucoup de valeurs. Ça passait d'abord par ma mère, qui les transmettait je pense à mes grandes sœurs, et mes grandes sœurs sur les deux plus petites. Ça je l'ai senti pendant très longtemps. Je dirais comment se comporter d'abord avec soi-même, faire attention à soi. ton hygiène, comment on se sent à l'intérieur, comment on se sent à l'extérieur, de bien manger. Ma mère, ça, c'était très important pour elle, bien manger. C'était pas juste finir son assiette, c'était pas ça. C'est il faut que tu manges suffisamment pour que tu te sentes bien.
- Speaker #1
Bien sûr, et de bonne qualité.
- Speaker #3
Exactement, toujours. Et ça, on ne le pense pas, par exemple. Souvent, en France, on aura un truc de bouffer mal des conserves ou je ne sais quoi, alors que moi, j'ai jamais...
- Speaker #1
J'ai de la viande à chaque repas et des...
- Speaker #3
Tout le temps, tout le temps. Un truc très sain qu'elle préparait, qu'elle faisait attention. et... et malgré qu'elle ait eu des tonnes de choses à faire et qu'elle gérait toute seule. Donc il y a ça, ensuite il y a avec les autres, dehors, la politesse, la discrétion. La discrétion, bien sûr, ça peut avoir des côtés où tu te dis « merde, non, j'ai envie de dire merde » , mais en vrai, il y a ce côté de faire attention aux autres, de ne pas couper la parole. Et ce n'est pas forcément dit comme ça, c'est jamais « bon, je vais te donner une série de règles et tu dois les apprendre » , c'est juste regarder le comportement de ta mère, comment elle est avec les autres. Tu es dans un truc de mimétisme et qui te voit très bien dans le temps. Et donc, oui, ces trucs-là, écouter les autres, faire attention, dire bonjour, donner, donner de son temps, aider les autres. Et entre soi, on sait rarement, par exemple, disputer avec mes sœurs. On ne sait jamais, par exemple, ne pas parler pendant des nuits. Et moi, ça, c'est quelque chose que j'ai gardé avec mes proches de manière générale. Je ne veux pas être fâchée avec les gens. Et ma mère, elle nous a toujours dit ça, il ne faut pas dormir fâchée. Et c'est très beau. En vrai, quand tu le gardes, tu n'as pas envie. T'as pas du tout envie que ça se passe autrement. C'est du normal.
- Speaker #1
Et puis il y a ce truc, on sait jamais ce qui se passe pendant la nuit, tu peux ne plus être là le lendemain et tu seras partie fâchée. Je pense que c'était ça ce qui était aussi beaucoup sous-entendu.
- Speaker #3
Complètement.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y avait dans cette tribu de femmes un peu une transmission de ça peut être compliqué d'être une femme, on est dans un monde patriarcal, attention, il faudra peut-être que tu te battes plus que quelqu'un d'autre.
- Speaker #3
Il y a eu de ça, mais je dirais que ma mère, c'est venu vraiment avec le temps. Quand on était enfant, pas vraiment. Ma mère, là aujourd'hui, tu l'entends parler des mecs, tu dis, ok, on dirait une meuf, on lui dirait, t'es radicale. Elle est trop râle, c'est une féministe radicale. J'en ai un côté, genre, elle est extrême. Tu vois, genre, elle déteste les hommes. Mais avant, il y avait moins ce truc-là, parce que je pense que ma mère, elle essayait de... À la fois nous mettre en garde, bien sûr, mais pas de... mais pas de nous... Comment dire ? Elle essayait de nous donner espoir, en fait. Elle essayait de nous faire croire à un monde où ça serait OK d'avoir des droits normaux comme les hommes, de pouvoir aller travailler, de pouvoir jouir de sa vie, etc. Mais du coup, c'est venu vraiment dans le temps où j'ai compris que ma mère, elle était devenue plus dure sur ces questions-là, encore plus consciente. Et je pense que par rapport à notre père, du coup, ça a joué. C'est-à-dire qu'elle n'avait pas envie de... Elle savait que peut-être elle n'avait pas forcément fait le bon choix, mais c'était son choix. Elle n'avait pas reculé. Mais en tout cas, elle se disait, je n'ai pas envie de les dégoûter. Il y a un côté un peu comme ça, d'espérer autre chose pour ses filles. Donc elle restait tout le temps, ma mère, elle restait toujours dans un truc positif. Même aujourd'hui, si elle est dans un truc très cash, elle va toujours sortir une autre phrase après pour te dire, non mais en vrai, tu auras tout ce que tu veux, ma fille, t'es ouf, fais autre chose. Il y a un truc comme ça.
- Speaker #1
À quel âge tu as commencé à écrire ? Est-ce que ça a commencé jeune du coup ? Jeune, adolescente peut-être ?
- Speaker #3
Oui, exactement. J'ai commencé à écrire à l'adolescence. Je ne sais plus exactement quel âge j'avais, 12, 13 ans, dans ces eaux-là. Et oui, d'abord, longtemps pour moi. Pour moi, je ne montrais pas ce que j'écrivais. J'ai mis du temps à faire lire aussi. Il a fallu des années. Mais vraiment, au départ, ça m'a fait du bien. Juste un truc où je me parlais à moi-même, où j'arrivais à mettre des mots sur... sur ce que je ressentais, sur ce que je ne comprenais pas et j'en ai eu besoin comme un truc si ce n'est pas ça, c'est comment je fais comment je survis à tout ce qui se passe comment je survis dans ce monde donc ça s'est vraiment passé de cette manière-là et puis après ça a été arriver au lycée faire des ateliers d'écriture et du coup partager forcément ces textes avec d'autres personnes qui écrivent et être autour de ça et ça aussi c'est une étape importante dans l'écriture à quel moment tu te dis ok c'est plus seulement pour moi mais c'est aussi quelque chose que je peux donner aux autres, que d'autres peuvent me donner aussi. Parce qu'à ce moment-là,
- Speaker #1
quand tu commençais à écrire, tu commençais peut-être à rêver d'une vie d'auteur, de publier tes livres.
- Speaker #3
D'un côté, la première fois que j'ai écrit une non, je ne pensais pas forcément à devenir autrice, etc. Je n'avais pas cette idée-là en tête, mais très vite, quand ça devenait quelque chose dont je parlais, même si je ne faisais pas de lire mes textes, il y avait très vite cette idée, oui, je suis écrivaine. Tu vois, il y a un truc comme ça. Et souvent, tu vois, parfois on me pose la question de la légitimité d'écrire, je suis en mode « What ? » « Mais quelle est la légitimité de prendre un stylo et écrire ? » Tout le monde peut le faire. Ouais, non mais de ouf ! Et d'autres ont subi ce truc, tu vois, de ne pas se sentir légitime, de le faire et tout, de publier, etc. Mais moi, c'est pas un truc qui m'est arrivé, c'est-à-dire que j'ai vraiment pas eu ce moment où je me suis dit « Mais... »
- Speaker #0
Est-ce que tu as le droit d'écrire ? Est-ce que tu peux le faire ? Est-ce que ce sera tout pourri par rapport à d'autres ? Non. Même si moi, je pense que mes textes sont tout pourris, c'est une chose, mais la légitimité d'écrire, j'ai pas eu ça. J'ai pas eu cette étape-là. Et très vite, j'étais très à l'aise avec le fait qu'on m'appelle écrivaine, qu'on me charrie un peu avec ça, mais en même temps, il y a un côté... Et donc après, très vite, j'adorais ça, j'adorais les écritures d'inventions à l'école. On me le disait aussi, t'as quelque chose avec ça, et du coup ça te réconforte aussi. Oui, t'es confiante.
- Speaker #1
C'est super d'avoir cette confiance, parce qu'il y a beaucoup de gens, et je l'entends beaucoup, cette histoire de légitimité qui vient peut-être aussi beaucoup de l'extérieur, la petite arabe qui écrit en français. Il y a un peu ce côté, un peu, c'est pas pour toi, c'est super que tu ne l'aies pas ressenti, et que ça n'a pas été un frein à un moment.
- Speaker #0
Non mais complètement, mais je pense que déjà si je l'ai pas ressenti c'était en opposition à ce qu'on essayait de me faire ressentir tu vois. C'est à dire que bien sûr c'est toujours autour de toi et c'est à dire que quand je publie ce roman et qu'il est traduit en dix langues on me renvoie encore ce truc là. Mais non c'est même pas que j'ai pas envie de donner raison à ce autre, c'est juste que je l'ai pas ressenti. C'est à dire que pour moi ça a été vraiment dans la continuité de ce que j'avais commencé toute seule. Et puis après t'as bien sûr ce truc comment t'as fait pour écrire, qui t'a donné l'inspiration ou je ne sais quoi, qui t'a fait écrire. Et non, oui, moi, petite rebeu du 9-3, j'ai écrit toute seule, et j'ai publié mon livre toute seule, et je n'ai pas eu besoin que qui que ce soit me valide pour le faire. Et après, bien sûr que c'est une question qui hante tant, qui hante plein de personnes. Mais parce qu'on nous fait peser ce truc-là, pourquoi on n'aurait pas le droit ? Pourquoi on n'aurait pas le droit d'écrire sur ce qu'on veut, sur tout et n'importe quoi, sur les nuages ? On a toujours ce truc-là de se dire, mais non, moi, je ne peux pas faire ça. Bah si, je vais montrer que je peux le faire, tu vois. Si j'ai envie de le faire, je le fais, c'est tout.
- Speaker #1
Je vais rentrer un peu plus dans le détail du livre. Et moi, je l'ai lu, je l'ai lu il y a longtemps et je n'étais pas du tout pour cette interview. Et ce que j'en lisais, c'était l'histoire d'une adolescente qui faisait face à la complexité de sa vie, à un âge où on se pose plein de questions sur qui on est et on va choisir un chemin parce qu'on va devenir adulte et en espérant l'assumer et être ce qu'on est. J'étais restée sur ça. En préparant l'interview, évidemment, j'en ai écouté d'autres et je me suis intéressée à la critique. et j'étais très étonnée de la réaction et des questions que tu recevais et de ce côté, viens, on va te sauver. Là, musulmane qui est lesbienne, viens avec moi, lâche l'islam et libère-toi, on va voler ensemble. Je ne sais pas si c'est moi qui ai eu un peu une descente de ma petite chambre il y a plusieurs années à lire un livre qui m'a touchée versus ce que je lis aujourd'hui en me penchant plus sur la critique.
- Speaker #0
Ma question est hyper longue. J'espère, ta question, c'est exactement ça. Oui, moi, j'ai ressenti ça très fortement, tu vois, dès la publication du livre. C'est-à-dire que moi, on me demande directement, ça vous fait quoi, là, d'être musulmane et lesbienne ? Vous ne voulez pas vous simplifier la vie ? C'est ça qu'on m'a dit. Il y a quand même des gens qui m'ont dit ça, quoi. Donc, je suis désolée, mais c'est super grave. Et il y a un moment donné où tu te dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que je dois répondre à ça ? Fin. Tu dois tout d'un coup encore justifier toute ton existence, justifier tes choix, justifier tes désirs, justifier ton amour de Dieu, justifier tout. Et en fait, je pense que ça a été déceptif pour beaucoup de personnes en France. Parce que ce roman, ils auraient voulu que ce soit la lesbienne de banlieue, de famille musulmane. de culture musulmane qui un jour se rebelle et dit « Ah non, mais elle va voir des imams » et en fait ils lui en foutent plein la gueule et c'est horrible et la pauvre et tout, personne ne l'accepte. En fait, la France l'a sauvée, l'écriture et l'école l'ont sauvée. Et du coup, comme je n'ai pas donné ça en interview, finalement on n'a pas envie de me poser des questions sur mon livre. On n'a pas envie de me parler de littérature, on a envie de me parler de « Mais pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous dites ça ? » Et on a envie de me dire « Mais vous avez vu ? » Moi c'est ça qu'on me renvoie. Mais qu'est-ce que vous dites pour toutes les personnes de banlieue, lesbiennes, musulmanes, homosexuelles ? Et tu vois, c'est la même chose quand on dit aux femmes qui portent le voile en France, mais regardez les femmes en Iran, elles portent le voile, elles sont obligées de le porter, vous n'avez pas honte, vous ? C'est exactement la même chose qu'on m'a fait, tu vois. Bien qu'on te libère, exactement comme tu l'as dit, c'est exactement comme ça que je l'ai ressenti, et beaucoup de personnes l'ont ressenti, heureusement, parce qu'en fait, très vite, tu te sens seule quand tu vis ça. Tu vois, dis donc, premier roman, t'es un peu...
- Speaker #1
Mais ça a été une chute pour toi parce qu'on écrit son premier roman, on est publié, donc il y a l'excitation, etc. Est-ce que tu t'étais préparée à une potentielle réaction comme ça ou non ?
- Speaker #0
Alors non, pas du tout, tu vois. Évidemment que j'étais consciente de ce qui se passait en France, mais pour moi, je sacralisais tellement l'écriture et le fait d'être autrice. Pour moi, c'était déjà pas parler, c'était pas ça. L'écriture, c'était t'écris, tu reçois des lettres et tu réponds à des lettres, et c'est cool, tu vois. Et bien sûr qu'après, ou alors tu fais des rencontres littéraires, mais j'avais pas ce truc de t'arrives à la radio ou à la télé, etc. Ou alors même, tu te dis, tu y vas, mais ça va être... ça va pas être ça, en fait t'imagines jamais que ça va être aussi violent, jamais et donc évidemment que si je le savais genre, c'est pas que je me serais mieux préparée parce que je sais pas comment on peut se préparer à ça tu vois, on peut pas se préparer à ça je veux dire t'arrives, tu peux être piégée par n'importe quelle question, tu peux être tout le temps renvoyée à des trucs ou qu'on essaye de te mettre dans des cases et que si tu donnes pas la bonne réponse bah ça va créer une polémique mais en fait je suis pas là pour arranger les gens je suis pas là pour servir un discours je suis pas là pour sur... Réconcilier les gens avec leur foi ou leur homosexualité, je ne suis pas là pour ça. Je ne suis pas en train de dire que je ne suis pas une autrice engagée, je suis juste en train de dire que je n'ai pas la responsabilité des gens. Et cette responsabilité-là, on sait à qui on l'a fait porter, tu vois. Et du coup, il y a un moment donné où tu es juste fatigué. Après, chute, je ne dirais pas... Bien sûr, je l'ai vécu comme une chute dans le sens où ça m'a fait réaliser ce que c'était aussi le milieu littéraire et pas l'écriture, parce que je garde toujours une image belle de l'écriture, tu vois. Mais en tout cas, une chute sur ce que c'est que devenir un personnage public. Et c'est vrai que tu prends une claque. Et heureusement, à côté de ça, tu as d'autres choses qui se passent. Et tu as d'autres rencontres. Et tu as d'autres mots qui viennent penser les mots de la France. Heureusement. Parce que sinon, qu'est-ce que tu fais ?
- Speaker #1
Et tu as écrit ce livre sous pseudo. Tu en faisais la référence quand je disais Fatima. Est-ce que ça a toujours été une évidence ? Est-ce que c'est une question que tu t'es posée ? Et pourquoi ?
- Speaker #0
Alors, ça a été une évidence au moment de publier. Et le prénom Fatima, il est venu super vite, en fait, dès le premier texte que j'ai écrit. Dès que j'ai eu l'idée, enfin l'idée, dès que c'est devenu concret de publier, tu vois, moi, j'ai dit, ah ouais, j'ai envie de prendre un pseudonyme, tu vois. Parce que déjà, c'était la première fois que je pouvais choisir un pseudonyme. Je trouvais ça trop chouette, tu vois, de pouvoir juste se réinventer, pouvoir faire autre chose qu'être soi-même, quoi. Et après, voilà, se détacher aussi du nom paternel, se détacher un peu de moi, ma petite vie. Et je n'avais pas envie que ce soit mon vrai prénom, tu vois. C'est un truc... J'ai pas ressenti le truc de me dire, « Ah, pourquoi c'est pas signé à mon nom ? » « Ah, tout le monde... » J'avais pas ce truc-là. Au contraire, j'avais envie de séparer ces trucs-là. Tu vois, séparer ce monde-là. Et je pense que j'ai bien fait, parce que ça m'a vraiment mis... Ça m'a protégée d'une certaine manière. Et tu vois, par exemple, j'en avais parlé avec ma mère, et c'était super intéressant. Elle me dit, « Mais oui, fais-le ! » Tu vois, genre, « Fais-le, parce qu'en vrai, tu seras tellement... » C'est ton truc à toi, en fait. Et elle avait grave raison. Elle m'a dit, ça, ce sera ton truc. Et c'est comme ça que j'ai vécu, c'est mon truc. Du coup, j'ai pas besoin de... Quand je suis avec mes amis, c'est mon prénom, tu vois, j'ai pas besoin qu'on revienne à ça. Et parfois, t'as juste envie de prendre du recul et de dire, bah, ça, c'est à côté, quoi. C'est à côté, c'est ce que je fais de ma vie, mais c'est pas ma vie. C'est pas moi.
- Speaker #1
Ouais, ça ne résume pas ma vie dans son entièreté.
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
Ton livre, il a été traduit en dix langues, où les droits ont été rachetés par dix pays, l'Allemagne, les États-Unis. L'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, la Catalogne, la Suède, le Brésil, le Danemark et la Turquie, je le dis parce que je trouve que c'est hyper impressionnant et vraiment, félicitations, c'est amplement mérité. Il va également être adapté en film. Est-ce que tu t'attendais à cette vague de succès, de reconnaissance ?
- Speaker #0
Encore moins que la vague de violence, tu vois. Non, non, pas du tout, tu vois, genre je ne m'y attendais pas du tout et c'est vrai que voir son livre traduit en plein de langues, c'est genre... incroyable comme expérience, vraiment. Parce que du coup, tu dis, ton livre, il voyage. Il est universel. Exactement, et il est universel, et c'est quelque chose qu'on m'a refusé dès le début, tu vois. Et c'est exactement ça, tu touches sur un point très important, c'est-à-dire que t'arrives, et tout de suite on te parle direct de musulmans homosexuels. Donc du coup, toi tu te dis, t'as écrit pour ces personnes-là. Évidemment que quand j'écris cette histoire, tu vois, c'est en... Je pense à la petite fille que j'étais, tu vois. Et donc je pense à toutes les petites filles, je pense à toutes les grandes adultes et les jeunes adultes et je ne sais qui, tu vois. qui ont traversé ça, parce qu'on a un lien qui sera à vie, quoi. Mais je ne pense pas qu'à ces personnes-là. Je pense aussi à toutes les nanas qui, genre, arrivent, n'ont rien à voir avec cette histoire, qui me disent « Mais j'ai compris des trucs de ma vie. » Et ça, on me l'a refusé dès le début, parce qu'on a essayé de m'enfermer. Donc quand je vois qu'il est traduit, je me dis « Ok, là, c'est un truc de ouf. » Parce que là, tu peux partager avec des gens avec qui tu ne parles même pas la même langue. et c'est incroyable, incroyable comme expérience
- Speaker #1
Complètement, et d'ailleurs on s'est croisés à Londres, je pense que c'était au moment de la sortie de l'adaptation anglaise.
- Speaker #0
Exactement, ouais.
- Speaker #1
Il y avait une présentation du livre, il y avait une interview et après il y avait une séance de dédicace. J'ai été interpellée par l'un de tes commentaires où tu remerciais le public en disant « merci pour toutes ces questions parce que ce ne sont pas les questions que j'ai habituellement » . J'ai trouvé ça très intéressant d'avoir un peu ton retour sur la différence de perception et de type de questions et d'intérêts que ces autres pays ont versus la France.
- Speaker #0
Déjà, il y a un truc à dire, c'est que ce n'est jamais aussi violent qu'en France. Je ne vais pas dire que c'est... idéal à chaque rencontre, mais en tout cas pour moi je le vis tellement différemment qu'en France, mais vraiment très différemment, parce que déjà en face de moi j'ai pas l'impression qu'on me demande de me justifier genre vraiment, j'ai vraiment l'impression que soit on a une curiosité, soit on a un truc qu'on comprend pas bien, soit on essaye de me faire rebondir, et surtout en France ce qui s'est passé c'est que vraiment on a résumé mon roman comme je te l'ai dit et que je le répète tu vois, c'est comme on m'a parlé d'une meuf musulmane lesbienne Et qu'on m'a pas du tout parlé d'un personnage qui est asthmatique. On m'a pas du tout parlé de ce que ça fait que quand t'es au collège et qu'en fait t'as une CPU qui dit à ta daronne mais en fait elle se prend pour un garçon. On m'a jamais parlé de ces trucs là. On m'a jamais parlé de ce que c'est que d'avoir une amitié hyper forte avec quelqu'un qui partage la même religion que toi, les mêmes valeurs, qui est hétérosexuel mais qui comprend et qui n'a pas besoin de mots. Tu vois, vous avez rien besoin de vous dire, elle comprend et c'est ok. Et ça on en parle pas tu vois. Et plein de trucs dans mon roman, je te cite ça, mais... En vrai, quand je ressors la tête d'une rencontre que, par exemple, je fais en Londres, je me dis qu'on a traversé plein de trucs dans mon roman. Et moi, je me dis « Ah, c'est ça que j'ai mis dans mon roman ! » T'imagines ?
- Speaker #1
Même moi,
- Speaker #0
je me dis « Mais ça va, en fait, j'ai pas fait de la merde, tu vois ? » C'était ce truc, je fais des références, je fais genre « Et de ouf, en vrai ! » Et en fait, ce serait quelqu'un d'autre qui dirait « Ouais, moi, j'ai mis tout ça, j'ai fait ça, nanana... » Et nous, on a toujours ce truc de dire « On fait pas assez... » ou genre, ah ok, ils ont vu ça, donc c'est que ça. Les premiers mois, je parlais que de ça. Oui elle est musulmane, elle est humaine, ok c'est difficile, nan nan. Non mon frère en fait j'ai pas parlé que de ça tu vois. Et du coup quand tu vas ailleurs tu te rends compte de juste tout ce que t'as mis dans ton livre. Et que ça se contente pas seulement ça. Et du coup ça t'ouvre et bien sûr t'as envie de remercier les gens et les gens ils te disent mais on comprend pas tu vois. Genre ils sont en mode c'est normal tu vois t'es une artiste, t'as fait un truc, bah voilà on a kiffé tout quoi. Sauf que là en France t'es dans un truc où tu viens te justifier et qu'on t'invite pour te justifier ton avis, pour avoir la phrase, le mot, le truc qui va déranger. Et en vrai, tu peux pas en plus parler d'un livre. Pour moi, c'est déjà très difficile de parler d'un livre qu'on a écrit. Et c'est encore plus difficile en 10 minutes d'aborder des questions hyper complexes. Et on n'a pas le droit à ça. On n'a pas le droit à la parole. En fait, ils font genre qu'ils te donnent la parole, on t'invite, etc. Moi, je dois dire merci tout le temps. Merci la République, merci de m'inviter, merci, nanana, merci, j'ai... Tu vois, genre maintenant, en fait, déjà, une, j'ai rien demandé. De deux, j'aurais très bien vécu si j'avais eu juste 4 lectrices on se verra en tête à tête et ce sera super tu vois, mais je veux pas Si c'est ça et si ça me coûte, moi, physiquement, mentalement, j'en veux pas.
- Speaker #1
C'est hyper intéressant et je trouve, comme tu disais, tout n'est pas parfait ailleurs. Et je pense qu'il n'y a pas de pays parfait. Mais je trouve que c'est, moi n'habitant plus en France, le fait de reculer, j'allais dire step back, j'ai l'impression d'être Jean-Claude Van Damme avec mes jambes. Mais oui, de reculer et de regarder la chose de l'extérieur. Il y a plein de choses et tu dis, ah ouais, mais en fait, on peut faire différemment. Ah oui, mais on peut le regarder différemment. Et c'est exactement ce que tu disais. À être entourée de ça, tu rentres dans ce moule et tu as presque l'impression que c'est normal et tu te remets toi en question. Et en fait, non, tu n'as pas à te remettre en question. C'est l'image qu'on te donne qui est à remettre en question. C'est le regard qui est à remettre en question, pas toi.
- Speaker #0
Complètement. Mais en fait, tu as l'impression d'être capricieux. On te renvoie un truc de « mais pourquoi tu te plains ? » « Pourquoi tu es fatiguée ? » Comme si tu n'étais pas un être humain. Que tu avais tellement toi attendu ça. Déjà, à aucun moment tu as attendu ça. À aucun moment tu as dit que tu avais envie de ça. Et en fait, juste parce qu'il y en a plein qui aimeraient publier, qui aimeraient trop être à ta place, tu te sens d'un coup, on te met un truc de « tu dois être redevable » . « Remercie-nous de t'inviter » . Non, en fait. Soit tu me reçois correctement, tu vois, moi, tu parlais tout à l'heure de l'éducation qu'on nous a transmise, de ma mère, etc. Et bien, moi, ma mère, elle m'a appris que quand tu invites quelqu'un, tu es avec la personne, tu la reçois correctement. Sinon, tu ne l'invites pas, c'est que tu n'as pas envie. Si t'as pas envie, juste un moment tu te dis j'ai pas envie ou je suis fatiguée. T'es pas d'accord avec la personne si t'as pas envie de l'écouter, t'es pas obligé d'être d'accord avec ce que je dis.
- Speaker #1
Prendre le temps d'écouter et de débattre s'il faut débattre.
- Speaker #0
Et surtout c'est faux, tu te rends compte que c'est même pas des vrais engagements. Les gens ne sont pas choqués par ce que tu dis. Tu vas à la radio, les gens sont choqués, ils se disent ce que vous avez dit c'est grave. C'est pas vrai tout ça. Les gens qui comprennent ton propos, ils ne sont pas choqués. Et en fait toutes les personnes qui sont atteintes par ce que je dis, je me rends compte qu'ils n'ont rien en commun avec ce que je raconte. Moi c'est comme si demain je suis blessée par un truc qui me concerne pas du tout, tu vois. Et que je veux même pas comprendre par où la personne est passée, qu'est-ce qu'elle raconte, qu'est-ce qu'elle veut dire. c'est trop facile d'attaquer les gens C'est trop... Tu vois, si on devait attaquer toutes les personnes avec qui on n'était pas d'accord par rapport à ce qu'ils ont dit, on perdrait une énergie folle, on se rendrait malade. Je trouve ça hyper triste, en fait.
- Speaker #1
Est-ce que tu as senti une déception, des fois, dans le regard de l'intervieweur ou de la personne que tu avais en face de la presse, des médias, sur le fait de presque pas casser l'islam ? Parce que j'imagine, enfin j'en sais rien, j'imagine qu'il y a un peu cette attente de la phrase un peu choc. Qui va faire la headline et qui va être le truc, on vous a dit, l'islam l'a soumise, l'islam ne l'a pas laissé vivre sa sexualité, elle était malheureuse à cause de sa religion.
- Speaker #0
Non mais de ouf, moi j'ai carrément demandé à un mec à la radio est-ce que ça le dérange ce que je dis ? Parce que je voyais sa tête, elle s'était transformée, elle était toute rouge tu vois, on voyait pas du coup, les gens ont écouté, bref, les gens ont entendu l'émission, ils ont dit que c'était pas possible tu vois, ils ont écrit plein de commentaires donc c'est... C'est allé jusqu'à la personne qui m'interviewait et qui a dû répondre à ses auditeurs. Donc c'était un moment important, moi, je trouve, pour lui, pour son travail, mais pour les gens qui m'ont écoutée et qui ont trouvé ça horrible.
- Speaker #1
Parce qu'il était...
- Speaker #0
Par rapport à l'islam, c'était très étrange. Par rapport à la décennie noire, chose que je n'aborde pas volontairement dans le roman, parce que je ne parle pas de ça, je parle d'une personne qui est en France. Je ne parle pas de l'histoire de mes parents. Si j'avais décidé de parler de l'Algérie et de l'histoire de mes parents, j'y serais allée et on en discuterait. mais du coup que j'ai pas envie de discuter de ça je veux dire c'est pas mon sujet il y a un truc où on tire à des endroits c'est pas ton sujet je suis pas là pour ça, je viens pour parler de mon roman clairement même quand je parlais de l'homosexualité et de l'islam il y avait ce truc là je sais plus ce qu'il m'avait dit ça fait deux ans il m'avait dit mais oui vous compliquez la vie des trucs très clairs comme ça et du coup moi je poussais le truc et j'ai dit mais peut-être même qu'elle aime Dieu plus que les femmes mais tu vois... Parce que l'amour de Dieu, c'est pas un truc que tu quantifies, tu vois, c'est pas un truc que tu essaies d'expliquer déjà, et c'est un truc qui dépasse tout, évidemment, c'est pas du tout le même amour. Et du coup, la tête qu'il a faite, tu vois, c'est comme si j'avais dit un truc de malade, tu vois. Et il est devenu rouge, tout au long de la discussion, il est devenu rouge et tout. Et du coup, à un bout d'un moment, je lui dis, mais ça vous dérange ? Tu vois, genre vraiment, ça vous dérange ? Et genre, bah non, il avait pas de réaction. et un truc tu étais choqué tu vois t'es en mode mais pourquoi tu m'invites en fait c'est pas pour mon travail C'est tes obsessions, mais va discuter avec des gens sur ces questions-là. Moi, je n'ai pas envie de discuter avec toi pour ça, en fait. Genre, invite les gens pour les bonnes raisons. C'est tout le respect, on demande juste du respect. En fait, ces personnes-là, quand tu leur dis que ce n'est pas normal, qu'on ne traite pas les gens comme ça, ils te disent « mais en fait, je ne suis pas là pour faire un éloge de votre mort. » En fait, c'est ne rien comprendre à ce qu'on vous dit.
- Speaker #1
Évidemment, on parlait du succès du livre. Est-ce que... T'as senti un peu une responsabilité par rapport à ces femmes ? Parce qu'on n'en a pas parlé, mais je ne sais pas si toi, t'as eu des rôles modèles, ou si à un moment dans ta vie, dans ton adolescence, il y a quelque chose qui t'a manqué de trouver potentiellement une musulmane qui assumait son homosexualité, qui le disait ou le disait pas, mais qui le vivait et qui était à l'aise avec ça.
- Speaker #0
Alors non, moi j'ai vécu ça de manière très seule, très solitaire. Je n'ai pas du tout eu de modèle, de rôle modèle. De personnes à qui je pouvais m'identifier, même dans la vraie vie, je voyais aucune lesbienne. Tout court. Tu vois, genre à l'école, je voyais pas de... À qui je suis sous-bois, pour moi, j'étais la seule lesbienne. C'est pas le cas. Mais tu vois, c'est rendu avec ce truc où tout le monde se planque, mais se planque à un point où tu ne peux pas savoir. Et d'ailleurs, moi, de toute façon, à cet âge-là, et pendant longtemps, je me le disais pas ça, tu vois. Je nommais pas ça et j'étais incapable de mettre deux mots là-dessus, comme si c'était un gros mot, tu vois. Et donc non, j'ai manqué de ça et je pense que même au moment où j'ai su, où j'ai réussi petit à petit à le conscientiser et à l'accepter pas à pas, j'avais peur encore de ce truc d'identification, de pouvoir partager autour de ça, etc. Et donc après, moi j'ai conscience de ce que j'ai écrit, de ce que j'ai mis, de ce que j'ai offert, de ce que j'ai donné aux gens, et de ce que ça peut créer avec les gens, et de ce que ça a pu faire à certaines personnes. Et c'est fort, tu vois, c'est fort pour ces personnes-là, mais c'est fort pour moi de ouf, tu vois. Je suis pas du tout... Ça me laisse pas, tu vois, ça me laisse pas du tout indifférente. Au contraire, ça me fait... Ça me fait me rendre compte de l'importance de ce que j'ai fait. Pour moi, égoïstement, mais pour toutes ces personnes, tu vois. Et ce sujet, il a tellement pas été abordé, tu vois, par des meufs, en plus, que... On a tellement pensé qu'on était seules et plein de meufs. Après que j'ai rencontré des groupes de parole, des meufs racisées, lesbiennes, musulmanes ou pas. Mais toutes ont eu ce truc-là de grandir tout seules. De ne pas pouvoir dire. Parce que c'est invisible. C'est quelque chose d'invisible. Donc tu ne peux pas, tu vois. Moi, ce que je dis souvent, c'est que j'ai pas honte d'être lesbienne, j'ai jamais eu honte d'être lesbienne, j'ai eu honte de pas pouvoir le dire, de pas pouvoir trouver quelqu'un avec qui je pouvais juste me dire « ok, c'est ok » . Ça existe, en fait. À partir du moment où tu crois que ça n'existe pas, tu peux pas dire « je suis lesbienne » , tu vois. C'est la première oreille qui débarque, tu vois. J'accepte d'être quelqu'un qui a ouvert ce sujet-là en fiction, en autofiction, tu vois, dans l'hétérature aujourd'hui, et je suis très heureuse de ce que ça a permis. Après, je refuse le côté désagréable de la chose. Ce que je veux dire, c'est que je refuse qu'on me fasse peser des choses. C'est-à-dire que je parle au nom de personne, je parle au nom de moi-même, je prends ma responsabilité et c'est tout. Et en plus, ce que je veux dire, c'est que les personnes qui se sont identifiées d'une quelconque manière ou qui respectent mon travail ou qui respectent ce que j'ai pu faire, qui trouvent ça courageux, etc., c'est des personnes qui n'ont pas la même histoire que moi. Et c'est ça qu'il faut faire comprendre en France, c'est-à-dire que moi ce que je raconte c'est de mon point de vue, de ce que j'ai pu regarder, de ce que j'ai pu observer, de ce que j'ai vécu, de ce que j'ai transformé dans mon livre. C'est tout. Tu vas prendre une autre meuf, pareil musulmane algérienne ou marocaine ou tunisienne ou je ne sais quoi, et bah elle va te raconter ça encore sous un autre angle. Peut-être que dans sa famille ils n'étaient pas du tout pratiquants. Dans une autre famille ils sont pratiquants mais ils n'en ont rien à foutre. Dans une autre famille ils sont ok. Il y a autant d'histoires que de personnes. Mais... il y a une capacité à s'identifier. Et c'est ça la littérature. Si t'as réussi ça, c'est le plus important. Et moi, c'est le plus important pour moi. C'est tout. Et dire, en fait, on est multiples, bordel de merde. Vous allez pas réussir à dire un tel, elle est comme ça, et elle aussi, on la met dans la même case. On est toutes différentes. On est tous différents.
- Speaker #1
T'as animé un podcast qui est un peu sur cette ligne, que j'ai trouvé hyper intéressant. Ses paroles invisibles sur France Inter, C'est très puissant parce que tu... Tu redonnes un peu le flambeau, tu mets d'autres personnes sous la lumière à raconter leur histoire vraiment dans la lignée de ce qu'on disait. Et ça montre aussi exactement que les histoires se ressemblent, mais elles sont différentes. Il y a un fil un peu conducteur, oui, mais tout ce qu'il y a autour est différent. Et il y a un épisode qui m'a touchée plus que les autres, avec une Fatima d'ailleurs. Je crois que c'est l'un, je ne sais pas si c'est l'un des derniers.
- Speaker #0
Oui, c'est le dernier.
- Speaker #1
Il m'a beaucoup touchée parce que dans le premier épisode, tu arrives du coup chez elle, chez son amie. et elles allaient faire la prière et vous faites la prière toutes les trois ensemble. Ça m'a trop touchée et je me suis beaucoup remise en question en disant mais pourquoi ça touche autant ? Et en fait je me suis rendue compte que c'est pas des choses qu'on voit et encore moins qu'on entend. Et tu sais il y a la force un peu du podcast où tu n'as que le son, t'as qu'un seul sens qui est activé. Je trouve que ça multiplie des fois la puissance des mots et du coup j'ai redécouvert des versets du Coran que je connais et que j'ai entendu 20 fois. Je les ai redécouverts et en plus dit avec tant d'amour d'une... de la bouche et de la voix d'une femme, ça m'a beaucoup touchée. Bref, je ferme la parenthèse de mes propres émotions, parce qu'on n'est pas du tout là.
- Speaker #0
C'est hyper important ce que tu dis.
- Speaker #1
J'étais curieuse, parce que je ne connais pas du tout ce qui se passe derrière ça. Comment ça se passe avec France Inter ? Est-ce que tu avais carte blanche sur ce que tu diffusais ? Est-ce qu'on t'a challengée sur ça ? Parce que j'imagine que ça n'a pas dû laisser indifférent, moi la première, moins positivement, et peut-être d'autres moins positivement.
- Speaker #0
Ce qui s'est passé, c'est qu'on m'a contactée pour animer une émission pendant l'été et j'ai eu carte blanche. Donc moi, le seul truc dont j'avais besoin, c'était d'être seule avec les personnes. Et dans la continuité de ce que je vivais au moment où on m'a contactée, c'était mes lectrices, mes lecteurs. C'était ce que je vivais à ce moment-là. Et donc, j'avais envie de deux épisodes par personne, aller chez eux et qu'ils choisissent un endroit, peu importe lequel, soit ils se sentent bien là-bas, soit pas du tout. Et de cette manière-là, j'ai sélectionné des personnes qui avaient lu mon livre, etc. Et du coup, en fait, ce qui s'est passé, c'est que j'étais très libre, en fait. C'est que j'allais faire mes interviews toute seule. Et après, j'ai travaillé avec un réal à la fin pour le montage, etc.
- Speaker #1
Et on ne t'a pas demandé de couper, par exemple, ce passage ? Il n'y a pas eu de discussion ?
- Speaker #0
Pas du tout.
- Speaker #1
C'était hyper cool d'entendre ça.
- Speaker #0
Pas du tout. Et ça, c'était très important. Et si on me l'avait dit, je pense que ça aurait été un problème. Enfin, ce n'est pas je pense, ça aurait été un problème. Parce qu'on ne me censure pas. Parce que si tu me fais confiance et que tu me dis tu y vas et tu fais ce que tu veux, j'y vais. Mais t'acceptes ce qui se passe pendant les interviews. Si c'est quelqu'un qui prie, c'est quelqu'un qui prie et tu le reçois, point. Et bizarrement, je n'ai pas eu de retour. Mais je pense que voilà, après, ça n'a pas été hyper forcément écouté partout, tout le temps. Mais c'était quand même le vendredi soir, tu vois. Donc, je n'ai pas eu du tout, pas du tout eu de retour violent. Peut-être que les gens, ils étaient nés avant, tu vois. Je ne sais rien,
- Speaker #1
mais ils avaient peur.
- Speaker #0
Ils avaient peur.
- Speaker #1
Non mais ouais, c'était puissant. J'ai trouvé ça puissant. Il y a une phrase que Najib Mahfouz dit, c'est « écrire, c'est hurler sans bruit » . Qu'est-ce qui te fait hurler ?
- Speaker #0
Un peu tout. Un peu tout ce que je vois, ce que j'entends, ce qui me questionne, ce qui me met en colère. Tu vois, le racisme ordinaire. L'islamophobie, l'homophobie, c'est des trucs qui me font hurler, tu vois, c'est des trucs que je vis au quotidien. Et c'est des trucs qui me donnent envie d'écrire ou qui me donnent envie d'hurler, tu vois.
- Speaker #1
Quelle est ta relation avec l'Algérie ?
- Speaker #0
Alors, ça fait longtemps que je n'y suis pas allée. J'ai très très envie d'y aller, tu vois, seule ou vraiment pour pouvoir visiter le pays. J'ai la sensation de ne le connaître qu'à travers la famille, tu vois, de quand tu y vas, tu es en famille, quoi. Et tu ne fais pas exactement, tu ne te concentres pas sur ce que tu peux vivre, toi, en étant là-bas, quoi. Et donc ça, j'ai très envie de le faire et j'ai très envie aussi de savoir lire et écrire arabe. Ça, c'est dans mes projets. Ouais, voilà, je dirais ça.
- Speaker #1
Qu'est-ce que la réussite pour toi ?
- Speaker #0
Très bêtement, la réussite, c'est réussir à terminer quelque chose pour moi. Ce que je veux dire par là, c'est que je ressens un très grand plaisir, un apaisement, un soulagement quand j'ai terminé quelque chose que je ne pensais pas finir ou que j'ai terminé quelque chose que je n'avais jamais terminé. Un projet, quelque chose à quoi je tenais. L'aboutissement de quelque chose, c'est juste ça. C'est rien d'autre que ça. Clôturée un peu sur le livre, il y a un peu ce côté on essaye de te sauver etc. Et moi je perçois beaucoup d'apaisement. Est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur de cet apaisement, de l'acceptation de toutes ces multiplicités, de toutes ces identités ?
- Speaker #1
Franchement, ça va paraître un peu paradoxal, mais je pense à la foi. Il y a un truc où j'ai compris que j'étais lesbienne et que ça m'allait intérieurement de l'être. De tout d'un coup, tu te dis « Ah ok » . en fait j'ai pas à me torturer et Dieu m'aime comme je suis et du coup ça m'a beaucoup aidé de parler à Dieu ça m'a beaucoup aidé pour tous les autres trucs ça m'a beaucoup aidé à me sentir à m'apaiser petit à petit tu vois il y a plus vie dans soit la culpabilité, soit le regard des autres soit c'est pas ok, soit à justifier soit à essayer de dire aux gens c'est pas comme ça, non justement j'ai pas envie d'avoir ce rôle là moi je le vis de cette manière là et j'ai pas envie de j'ai pas envie d'avoir à à changer la vision des gens si ça permet, tu vois. Si par exemple ce que je fais ça permet, non mais ok. Mais je cherche pas à mettre tout le monde d'accord en fait, tu vois. Et du coup ça, ça m'apaise aussi. Parce que longtemps quand tu vis dans ces trucs-là, t'as envie que quelqu'un arrive et te dise « Mais en fait c'est bon, c'est accepté dans l'islam. » Et en fait c'est plus une question de soi. Par exemple quand je dis « Dans l'islam l'homosexualité c'est un péché. » J'en ai rien à foutre de dire ça. Tu vois ce que je veux dire ? Ce qu'on m'a renvoyé c'est n'importe quoi. C'est déjà con. Quand je dis ça, ça ne choque personne dans la vraie vie. Réellement, dans la vie, ça ne choque personne. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas moi qui le dis. Je ne viens pas avec un nouveau truc. Quand je dis ça, ça ne veut pas dire arrêter d'être musulman ou arrêter d'être homosexuel. Il faut comprendre un peu ce que les gens disent. Je veux juste que les gens... Mon livre raconte ça. Il raconte l'apaisement, le soulagement, le fait de ne pas choisir. Arrêtez de... Après, je ne suis pas théologienne. Je ne me suis pas penchée sur le truc. Je n'ai pas commencé à me dire, je vais faire des études sur ça pour savoir comment je peux allier les deux. Désolée, je n'ai pas fait ce truc-là. Il y en a qui le font et je suis très contente que des personnes le fassent. Moi, je ne l'ai pas fait. Mais ça ne m'embête pas d'être apaisée.
- Speaker #0
Et puis l'islam, c'est ta relation avec Dieu directement. Il n'y a pas d'intermédiaire. Et ta foi et ton Dieu.
- Speaker #1
Complètement. Quand tu as fait ce choix-là, quand il est arrivé à toi, ce truc là de c'est toi et Dieu directement, ça te libère.
- Speaker #0
Mais il y avait un peu ce sujet de passer par l'imam qui est homme.
- Speaker #1
À un moment donné, dans mon roman, c'est vrai que c'était plus un besoin de... Je les tournais vraiment en ridicule, ces épisodes-là. Il y a un truc de... Dans la vraie vie, par exemple, oui, j'avais besoin. Je ne me disais pas que les imams vont me dire que c'est OK. Mais je me disais que j'avais besoin de savoir jusqu'où les gens... Comment ils en parlent ? Qu'est-ce qu'ils vont dire ? Qu'est-ce qu'ils vont proposer ? à quel point ils ouvrent la discussion. Et déjà, c'était un matériau d'écriture quand j'y allais. C'était déjà, je pense, c'était là, en train de s'écrire. Et dans le livre, c'est pour ça que c'est transformé un peu en mode ridicule. Tu peux rire, barbe rousse, c'est des trucs que les gens n'ont pas compris. Il y a des gens qui disent, oh là là, c'est trop dur, ces épisodes. C'est pas vrai, c'est pas dur. Bien sûr que tu peux dire, les oufs, quoi, ce qu'ils sortent. une femme avec un homme, adon et adon et blablabla, tu vois, bien sûr. Mais en vrai, ça fait plus rire. Il n'y a personne qui se dit « j'ai mal au cœur quand on entend ça » . Il faut arrêter au bout d'un moment. D'un côté, c'est bon. Mais oui, tu as besoin, entre guillemets, bien sûr, parfois de savoir comment les autres te voient. Et jusqu'où ils vont dans leurs solutions et dans l'absurdité du truc.
- Speaker #0
Est-ce que ta famille a lu le livre ?
- Speaker #1
Tout le monde ne l'a pas lu. Mes sœurs l'ont lu. On n'a pas débattu. On n'a jamais débattu autour de mon livre. On ne m'en parlait que de manière littéraire. Et ça, c'était très important pour moi. Ma mère, je l'avais lu plein de passages. Elle ne l'a pas lu en entier, elle n'a pas tout lu. Mais je pense que c'est un choix mutuel, j'ai envie de te dire. Il y a un truc de j'accepte que ce soit ton truc à toi, tu vois.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu dirais à la Fatima enfant ?
- Speaker #1
Je lui dirais, ça va aller. Il faut un peu de temps. Que ça va être difficile, mais que ça va aller. Il faut qu'elle chemine. qu'elle donne aux autres, qu'elle s'entoure bien, et que je l'aime.
- Speaker #0
On va passer à la dernière partie de l'interview. C'est des petites questions et le but, c'est de répondre du tac au tac. Est-ce que tu as une devise ?
- Speaker #1
Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à l'Algérie. Là, j'ai un, deux, trois, vive l'Algérie. C'est bon, c'est ça. C'est le premier truc qui m'est venu en tête.
- Speaker #0
Un livre ?
- Speaker #1
Écrire de Marguerite Ausha.
- Speaker #0
Un lieu ? Ici.
- Speaker #1
Un salon Noon. Oui,
- Speaker #0
un très beau salon.
- Speaker #1
Un très beau salon. Franchement, quand on rentre, on est hyper apaisé. Ça m'a choquée même. Ça m'a choquée.
- Speaker #0
Une odeur ?
- Speaker #1
Vanille.
- Speaker #0
Une chanson ?
- Speaker #1
Soul King, La Liberté.
- Speaker #0
Une femme que tu me recommanderais d'inviter sur le podcast ? Je te remercie infiniment Fatima, j'ai passé un super moment.
- Speaker #1
Merci à toi, c'était un plaisir pour moi.
- Speaker #0
A très bientôt.
- Speaker #1
A très vite.
- Speaker #2
Cet épisode de Heya est maintenant terminé. Je vous remercie sincèrement de l'avoir écouté jusqu'au bout. Ce qui, j'espère, veut dire que vous l'avez apprécié. N'hésitez pas à le partager autour de vous, avec des amis ou sur les réseaux sociaux. C'est ce qui permet au podcast de grandir. Vous pouvez aussi le noter 5 étoiles et me laisser un petit commentaire, c'est un vrai plaisir de les lire. Si vous avez des questions ou voulez me suggérer une invité, n'hésitez pas à me contacter sur la page Instagram Heia Underscore Podcast. A très bientôt.