Speaker #0Caché dans le fauteuil, comme tous les soirs, le souper achevé, Louis, le fils aîné de la famille, entrebaille la porte d'entrée pour s'assurer que personne ne vient. Son frère cadet, lui, jette un coup d'œil par la fenêtre de l'autre côté de la maison pour être sûr que par là aussi le chemin est désert alors gaspard le père se dirige vers le fauteuil juste à côté de la cheminée où crépite un feu joyeux il fait jouer un ressort qui fait soulever l'assise du siège il en retire alors une vieille bible de famille autour de la table où traînent encore quelques biettes de pain toute la famille se groupe pour écouter la lecture du saint-livre nous sommes en c c'est une année tragique la guerre fait rage dans la contrée les troupes impériales dévastent le pays et garent aux foyers où ils découvrent une bible ils punissent impitoyablement ceux qui conservent la parole de dieu chez eux Ce soir-là, la lecture finie, Gaspard remet la précieuse Bible dans la cachette du fauteuil. Mais à peine a-t-il refermé l'assise du fauteuil, qu'on entend frapper à coups redoublés à la porte d'entrée. C'est Jean, le voisin de la ferme d'à côté. Sauvez-vous, voisin ! Les impériaux arrivent. Nous n'avons pas une minute à perdre. Pris de panique, toute la famille s'active. On rassemble quelques affaires. Gaspard et ses fils détachent le bétail pour le mener dans la forêt. Quelques instants après, la ferme est déserte. Tous se terrent dans la forêt, espérant que, cachés au milieu des arbres, les soldats ne les repéreront pas. Soudain, Gaspard soupire, Notre Bible ! Nous avons oublié notre Bible ! Une immense tristesse tombe sur toute la famille. De chaque cœur alors s'élève une prière, Ô Dieu, protège notre Bible ! Louis, l'aîné de la famille, grimpe au sommet d'un arbre, d'où on peut apercevoir ce qui se passe là-bas, autour de leur ferme. Bientôt, il voit des soldats arriver au bout du chemin et prendre possession de leur logis. Ils pillent et cassent tout ce qui leur tombe sous la main. Enfin... La troupe se remet en route et disparaît bientôt. Toujours perché en haut de son arbre, le cœur serré, Louis leur annonce qu'une épaisse colonne de fumée s'élève de leur habitation. Furieux de ne pas avoir trouvé ce qu'ils voulaient, les soldats se vengent en incendiant leur ferme. Ô notre ferme ! gémissent-ils impuissants face à leur malheur. Ô Dieu, notre Bible ! soupire Gaspard désespéré, puis il supplie. Ô Dieu, protège notre Bible ! Chacun a le cœur lourd durant toute cette triste nuit passée dans la forêt. Au petit matin, Gaspard et ses fils s'aventurent prudemment vers les décombres fumants de leur ferme. Mais alors qu'ils sont là, à évaluer tout ce qu'il va falloir reconstruire et réparer, ils entendent un faible gémissement juste derrière un des murs noircis par le feu. Prudemment, il s'approche. Qu'y a-t-il donc là derrière ? se demande-t-il très inquiet. Gaspard risque un regard. Et que voit-il ? Deux soldats blessés sont là. L'un d'eux est étendu à même le sol. Et l'autre est assis sur leur fauteuil. Que les soldats ont tiré hors de la maison ! Gaspard pousse un cri de joie. Sa Bible, sa chère Bible est sauvée. Il comprend tout maintenant. La troupe des soldats a abandonné leurs deux camarades blessés parce qu'ils étaient trop mal en point pour les suivre. Avant d'incendier la maison, ils les ont installés dehors. lorsque les deux soldats voient arriver gaspard et ses fils ils pensent que leur dernière heure est arrivée en effet quoi de plus naturel pour ce paysan que de se venger sur eux de tout le mal que les autres viennent de lui infliger en brûlant sa ferme mais au lieu de les maltraiter Gaspard appelle sa femme et ensemble ils soignent les blessés. Puis toute la famille organise un habitat de fortune en attendant que la ferme soit remise en état. Ce soir-là, Gaspard fait jouer le ressort du fauteuil, sauvé miraculeusement. Toute la famille se groupe autour de lui. Chacun écoute les paroles de grâce. et de consolation que Gaspard lit dans leur Bible. Les deux soldats eux aussi écoutent. Ils l'écoutent ce soir-là, mais l'écoutent aussi tous les soirs des jours qui suivent et de toutes leurs oreilles. Leur santé pourtant décline. Mais la grâce de Dieu, qui a donné Jésus pour sauver les pécheurs, descend doucement. dans chacun de leurs cœurs les deux soldats ne survivront pas à leurs blessures toute la famille les ensevelira l'un après l'autre à la lisière de la forêt sur une pierre on pouvait lire il y a encore quelques années ici reposent frédéric wenzelanz et martin De Prague en Bohème, morts en l'année de grâce 1642, ils furent à leur insu le moyen employé par Dieu pour sauver une Bible des flammes, et dans cette même Bible, ils trouvèrent le salut éternel de leurs âmes. Vous avez entendu qu'il a été dit, Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis, aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi, vous serez les fils de votre Père qui est dans les cieux. Évangile selon Matthieu, chapitre 5, versets 43 à 45.