- Speaker #0
Bienvenue sur Histoire d'Alchimiste, le podcast qui explore comment transformer nos épreuves en tremplin et révèle des parcours de vie où l'impossible s'est teinté d'espoir, où chaque épreuve a laissé une empreinte riche de sens. Je suis Sandra et toutes les deux semaines, je pars à la rencontre d'âmes audacieuses qui ont su transformer leurs blessures en force et leur histoire en élan de vie. Parce que peu importe d'où tu viens, Peu importe ce que tu as traversé, toi aussi, tu peux réveiller l'alchimiste qui est en toi et faire de ton parcours un moteur de sens, de contribution et de changement. Alors, prépare-toi à ressentir, à questionner et à laisser ces histoires souffler sur les braises de ta propre transformation. Salut Nicolas, merci du fond du cœur d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #1
Bravo à ce que tu fais et je te souhaite vraiment le meilleur pour la suite.
- Speaker #0
Merci, c'est super gentil. Avant qu'on replonge dans ton histoire, si c'est ok pour toi, je vais te demander de laisser tomber toutes les étiquettes, les titres, tous les projets, pour me raconter qui tu es vraiment, au fond.
- Speaker #1
Un homme sensible, qui malgré son caractère fort et l'image force qu'il donne aux autres, reste sensible à la détresse des autres. Généreux dans l'amitié, dans la vie, je vais me croquer la vie à pleines dents. Je me nourris des témoignages des autres, des expériences qui traversent. Pour moi-même, me renforcer et me rassurer sur le fait que ma vie n'est pas si difficile que ça. J'ai souvent tendance à un peu trop m'oublier d'après mes proches. Mais je ne sais faire que ça, je ne sais faire qu'aider les autres et c'est comme ça que j'aime la vie.
- Speaker #0
Donc quelqu'un de profondément bienveillant, avec un grand cœur.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Je ne sais pas faire autre chose que de regarder autour de moi et d'essayer de trouver... à travers le regard et le parcours des gens, des choses qui peuvent m'inspirer, me donner la force de me battre encore davantage.
- Speaker #0
Alors si c'est OK pour toi, je te propose de remonter le temps pour aller à la rencontre du petit Nicolas, ado, et lui demander de compléter quelques phrases. Quand je serai grand, je serai...
- Speaker #1
Je serai militaire. Ma volonté, c'était ça. Je disais toujours à mes parents, quand je passais devant la base militaire... Chez nous, en Érinac, je disais souvent que j'ai une vache féminitaire pour ce côté union, pour la paix.
- Speaker #0
Tu avais déjà cette envie de contribuer alors ? Oui. Je suis fan absolu de ?
- Speaker #1
Fan absolu de la vie, de l'humain.
- Speaker #0
Quand tu étais ado ?
- Speaker #1
J'ai toujours aimé tourner vers les autres. Souvent, quand je rentrais dans les classes, on voyait beaucoup qui redoublaient, qui étaient moqués. Souvent, ça devenait mes meilleurs amis. J'ai toujours eu envie. de Dienle, puis j'ai transmis à mes enfants, à ma fille qui avait deux ans et demi quand j'ai eu l'accident, mais que j'en ai beaucoup plus grande, à chaque fois qu'elle rentre à l'école, je lui disais, tu sais, si tu vois un camarade qui est un petit peu sur le côté en retrait, qui est un peu différent des autres, va le voir et habitue à jouer avec toi et tes amis. C'est important de se porter les uns les autres. Donc, c'était vraiment une valeur qui m'habitait déjà depuis l'enfance.
- Speaker #0
Je sais que je devrais arrêter de...
- Speaker #1
Peut-être arrêter de... Penser trop aux êtres et peut-être un petit peu penser à moi, parce que c'est ce que ma famille me dit souvent, je ne vais pas changer le monde. Mais voilà, je ne sais faire pas ça et puis c'est là où je prends le plus de bonheur. C'est très rare quand j'ai ce type de réflexion.
- Speaker #0
Quand tu prends la décision de faire un truc rien que pour toi.
- Speaker #1
Oui, voilà.
- Speaker #0
Dernière, je déteste quand ?
- Speaker #1
Je déteste quand les gens jugent les autres et que les personnes se retrouvent délaissées, que personne ne vient les aider. Je déteste. Tout ce qui est moyenne de commotions électriques aujourd'hui. Les gens pensent qu'ils sont sur un vélo ou une trottinette, c'est beaucoup moins dangereux qu'une voiture ou une moto. Prendre un vélo à 40 km heure sans aucune protection, ça peut être fatal. Malheureusement, on le voit tous les jours dans les villes. Les grandes villes, surtout avec les tramways.
- Speaker #0
En plus, on ne les entend pas. Moi, j'ai failli, vraiment, le truc improbable, faire un face-à-face avec un vélo électrique, mais j'étais à pied. Je suis sautée dans le fossé. Et je te jure que, déjà, je ne l'ai pas entendu, parce que c'était en plein virage. Donc, tu n'entends pas, mais tu ne vois pas non plus. Et quand tu le vois, c'est déjà fini. Et c'est là que j'ai pris conscience, en fait. S'il m'avait percuté, là, j'étais vraiment dans un sale état, parce que ça roule vachement vite. Donc, je te comprends, et surtout avec ce que tu as vécu. On va y venir après. Alors, en tout cas, merci de partager ça avec nous. Maintenant, on va quitter le petit Nicolas pour remonter le cours du temps. On est en 2008. Est-ce que cette date t'évoque quelque chose ?
- Speaker #1
C'est la naissance de l'homme de fer. J'étais victime d'un accident le 26 février 2008. Je me trouvais sur la route du bassin d'Arcachon, qui part du Cap-Ferré vers Bordeaux. Je devais travailler le lendemain dans une usine de pavé. Je faisais de l'intérim parce que ça, je venais d'avoir un enfant. J'avais deux ans et demi et puis avec ma compagne, on essayait d'alterner chacun du petit boulot. Voilà, on n'avait pas de place en crèche. Chacun avait un petit peu de cotisation, de chômage, tout ça pour survivre. Et donc une voiture m'a... percuté de face. Une voiture s'est déportée sur ma voie. Quelqu'un a manqué d'attention sur la route et comme il peut arriver souvent, quand on regarde dans l'habitacle, qu'on discute avec le passager d'à côté, il s'est déporté sur sa voie sauf qu'en voyant qu'il ne redresse pas, j'ai couché ma moto, il a appuyé mon bras et ma jambe avec le coin de son véhicule et c'est à ce moment-là qu'il a redressé et coin son véhicule dans le fossé. Il a essayé de réparer son erreur ou de voir ce qui avait pu provoquer cet accident. Il a décidé de prendre ses enfants et d'appeler des amis, de continuer leur route à pied sans même prévenir les pompiers. On s'est gisé là, comme ça, sans bras, sans jambes, qui ont été arrachés sur le cou. Par chance, je trouvais un véhicule derrière moi d'une personne que je ne connaissais pas et qui est très féminine ici, chez nous, au Basse-Saint-Marc-et-Champ. Il s'appelle Pascal Obispo, il était en route vers Mérignac pour l'aéroport. Il a vu cet éclat de lumière et c'est vrai que même lui s'est surpris en faisant ce geste héroïque, il me sauvera la vie. parce que l'homme qui a la peur d'araignées des choses comme ça Et donc ce soir-là, quand j'ai vu cet éclat de lumière, j'ai demandé ce qui s'est passé. Il a mis des plafards et il m'a vu gisant sur la route. Il n'a pas réfléchi longtemps en se disant qu'il fallait me porter secours parce que c'était une route qui n'était pas du tout éclairée. Et je lui ai dit qu'une voiture allait certainement arriver.
- Speaker #0
Si je résume, donc on te percute. À ce moment-là, ta jambe tombera et t'es arrachée. Ces personnes te laissent là sur le bord de la route et s'en vont en laissant leur voiture et en prenant leurs enfants par la main. Ils n'appellent pas les ambulances, rien. Et à ce moment-là, ta foi en lui-même a monté. Elle n'a pas été heurtée. J'ai l'impression que finalement, ton cœur est toujours resté aussi gros et toujours autant d'amour pour les autres. Alors je trouve ça assez fabuleux aussi.
- Speaker #1
Oui, je me suis pardonné tout de suite. Je suis une confession catholique et pour moi, c'est important le pardon, de ne surtout pas juger les autres. Même si parfois le monde nous pousse à porter un jugement sur des situations, mais moi, je m'en empêche le plus souvent possible. Et je voulais absolument me pardonner tout de suite. Parce que ça s'appelle un accident, donc on ne sait pas comment on pourrait réagir à ce moment-là. Et puis je ne voulais surtout pas mourir d'une certaine animosité, d'un rancœur qui allait me ranger avec les années. J'ai même essayé de les contacter par le biais des avocats et tout ça, en leur écrivant une lettre, d'avoir une médiation, de se rencontrer. Ils ont toujours refusé, chose que je peux respecter. Mais c'était vraiment pour leur exprimer le fait que je n'avais aucune rancœur envers eux, je les pardonne. Et je suis à leur dire qu'aujourd'hui, je suis beaucoup plus heureux handicapé qu'avant mon accident.
- Speaker #0
C'est fort. Et comment on trouve la force de se relever après un tel choc ?
- Speaker #1
J'avais la chance d'avoir une petite fille qui avait deux ans et demi, donc le but c'était surtout de la rassurer. Avec les premières semaines, je pleurais beaucoup, même si quand je me suis réveillé du coma, les premières choses que j'ai écrites avec le bras que j'avais, alors je n'avais pas du tout vu l'état de mon corps. J'avais des draps autour de moi, ils nous empêchent de voir l'état de notre corps pour ne pas être traumatisés de réveiller du coma, parce que certaines personnes ont des comportements violents ou se laissent complètement aller. On y va vraiment par étapes et c'est vrai que j'ai tout de suite voulu rassurer ma famille qu'il n'y ait en réanimation 15 minutes par jour avec le bras que j'avais ou jamais créé. C'est faux. Va pleurer, il n'y a pire que soi. Je vais aider les gens dans des situations pires que moi. Comme si j'avais pris conscience au fond de moi que ça allait devenir le début de quelque chose, le moteur de ce qui m'anime aujourd'hui au quotidien. Et c'était avant tout pour rassurer ma fille. J'ai mis quelques semaines avant de pouvoir la voir. J'ai fait appel à beaucoup de gens de l'église qui sont venus me faire des bénédictions pour essayer de me libérer. de cette tristesse, parce que tout ce que je voulais, c'est pouvoir s'ouvrir la première fois que je la reverrai et dédramatiser la situation, pour pas qu'elle s'inquiète et qu'elle se fasse des soucis.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui t'a aidé à devenir aussi fort mentalement ? Parce qu'on peut dire que t'as quand même un mental assez costaud. Est-ce que t'étais déjà là avant ?
- Speaker #1
J'ai eu une enfance un peu difficile, donc déjà ça a été compliqué. J'avais un caractère assez fort, super actif. Ce caractère existait déjà, mais ça m'a permis de découvrir un monde, des gens qui sont souvent ignorés. et auxquels on ne prête pas assez attention sur leurs rêves, sur leurs projets, voilà, et un petit peu à part de la société. J'ai rencontré beaucoup de gens malades, malheureusement, qui nous ont quittés. Et ça m'a permis de me dire, il y a toujours pire que soi, et c'est de les faire vivre à travers moi, pour que je sois méritant d'être encore en vie, pour m'exprimer. Dans les centres de grande accidenté, de grand brûlée, j'ai pu voir des différents niveaux de handicap, et voilà, je... Je suis plutôt rassuré d'avoir complètement regardé ma tête, d'avoir regardé le langage, la motricité de certains de mes membres. Ce n'est pas forcément la chance des autres. C'est pour ça que je me suis nourri de chaque témoignage, de chaque personne que j'ai vue. Et ça m'a rassuré, ça m'a permis d'accepter encore plus mon handicap et d'être au connaissant envers la vie. J'essaye au maximum d'être utile pour la société. Ces personnes qui peut-être vont traverser un accident, il faut leur dire que la vie ne s'arrête pas. Et même si parfois ils peuvent penser que c'est terminé, ça peut être aussi tout aussi merveilleux que ce qu'ils ont vécu avant.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a eu un moment où tu as eu envie d'abandonner ? Et si c'est le cas, à quoi tu te raccrochais dans ces moments-là ?
- Speaker #1
Abandonner, j'ai jamais eu... J'ai eu envie d'abandonner. J'ai toujours eu envie de me battre parce que je suis quelqu'un qui est persuadé que chaque problème a sa solution, même si parfois il n'est pas facile à trouver. J'ai trois enfants. C'est vraiment pour leur montrer que la vie n'est pas facile et qu'il faut s'accrocher. Je me refuse d'abandonner pour aussi tout le chemin que j'ai parcouru, tout ce que j'ai pu gagner toutes ces années. C'est très dommage de laisser ça sur le côté. Beaucoup de gens ont fondé beaucoup d'espoir en moi au cours de mon parcours. J'ai à cœur de ne surtout pas les décevoir.
- Speaker #0
Tu inspires par ton parcours, parce que tu incarnes. Pas envie de les décevoir et du coup, ça te permet de continuer d'avancer.
- Speaker #1
Je suis digne de ce surnom, l'homme de fer, de montrer un côté positif. Bien sûr qu'il y a des moments un peu plus difficiles que je garde pour moi. Quand je témoigne, que ce soit à travers les réseaux ou à travers la vie, j'essaie toujours de ressortir le positif et toutes ces choses qui m'ont permis d'avancer. parce que j'ai reçu tellement de... reconnaissante que je me dois porter fièrement les valeurs du handicap et montrer aussi qu'on est des personnes fortes, qu'on n'est pas forcément toujours des gens affaiblis dans le besoin.
- Speaker #0
Alors je t'invite maintenant à remonter à bord de notre machine, à voyager dans le temps pour revenir en 2025. Avec toute la sagesse et le recul que tu as acquis depuis ton accident, d'après toi, si cette épreuve contenait en elle un message déguisé, il dirait quoi ?
- Speaker #1
Qu'il doit toujours faire que ce soit, que la vie fait de difficultés, on ne part pas tous du même niveau, on a tous nos petites valises, on est tous un petit peu handicapés malheureusement, on a tous quelque chose qui nous empêche d'avancer. Moi ça a été peut-être quelque chose qui peut paraître aux yeux des gens comme quelque chose d'insurmontable, mais j'essaie de leur montrer que rien n'est impossible grâce à l'autre. Les valeurs de l'être humain, la solidarité, on peut s'en sortir donc ça m'a permis de lever la tête, d'ouvrir les yeux et de... Il vient me tourner encore davantage vers les autres.
- Speaker #0
Est-ce que ça t'a fait comprendre quelque chose sur ta vie, sur ton parcours, sur toi-même ?
- Speaker #1
J'ai vu que je pouvais être vraiment très très fort. J'ai eu l'impression par ma jeunesse que j'étais un petit peu lambda, un petit peu comme tout le monde et que certaines difficultés parfois pouvaient m'atteindre. Quand on se retrouve face au mur comme ça, on n'a pas d'autre chose que d'inventer. Je vois que cet accident, ça m'a permis de croquer la vie à pleines dents. de perte de voir les vraies valeurs du bonheur, et de l'amour peut-être beaucoup moins accroché au côté matériel, beaucoup plus attaché au côté social et humain.
- Speaker #0
Et si tu pouvais donner un conseil au Nicolas de 2008, qui est encore bloqué dans son lit d'hôpital, tu lui dirais quoi ?
- Speaker #1
Je lui dirais de s'accrocher, de le regarder autour de soi, de se dire qu'il n'y a forcément pas de fait que tu dois venir lui tendre la main, venir l'aider à faire un bout de cheval, de garder le positif, Et que, malgré... Les difficultés, même si le chemin peut paraître parfois long, chaque étape est une victoire et que l'espoir ne nous déçoit jamais. Donc, de garder l'espoir.
- Speaker #0
Tu t'es lancé le défi complètement dingue de courir 10 marathons en un an. Pourquoi ce défi ?
- Speaker #1
10 marathons, ça représente à peu près le nombre d'années qu'il m'a fallu pour sortir de l'hôpital. J'ai été remputé de la jambe trois fois. Les autres, tu te suis mis à qui repousser. Ça fait que ça a des bécaux sociaux. Du coup, il ne rentre plus. Donc, on rattaque à zéro la rééducation. on va taper les soins à zéro. J'ai eu pas mal de statues de coqs dorés qui sont réveillées. Chaque fois que je suis retourné sur la table d'opération, ils ont dû rouvrir, recommencer tout à zéro. Donc, 10 marathons pour représenter les 10 années qu'il m'a fallu pour me relever et pour essayer d'aller toucher un maximum de personnes, que ce soit en France, en Europe, qui aient un autre regard sur le handicap, montrer une image positive, une image combattante, sensibiliser les pouvoirs publics à une prise en charge pour les prothèses de course. J'ai travaillé pendant de nombreuses années pour le conseil de mairie de Bordeaux pour rendre accessibles ces lieux de sport. J'ai rencontré France Télévisions pour le Marathon de Paris. On voulait réaliser un reportage sur les répercussions des Jeux paralympiques en France sur les clubs handisport. Pour voir s'il y avait eu plus de licenciés. Malheureusement, ils ont dû annuler ce reportage parce qu'ils ont vu que le nombre de licenciés n'avait pas augmenté. Tout ça, c'est à cause du coût de la prothèse ou du fauteuil. Une prothèse, c'est entre 7 et 10 000 euros. Un fauteuil, ça peut être 10, 20, 30 000 euros. Aujourd'hui on demandera à quelqu'un de mettre 10 000 euros pour reprendre une pratique de sport. Je pense que beaucoup n'accepteraient pas. Souvent, au début de rentrée, tous les enfants ont envie de faire du judo, ont envie de faire de la course à pied, ont envie de faire de la piscine. En voyant les champions olympiques décrocher des médailles, ça suscite énormément de vocation. Chez les personnes capées, il y a cette vocation, cette envie de dépassement de soi, d'aller découvrir des sports. Même si les clubs en espoir, il y en a très peu dans chaque région, ça n'empêche pas de pratiquer dans un club de valide. Il y a vraiment ce frein du coup, du matériel. Quand on sait qu'aujourd'hui, les personnes ont du mal, on n'a rien qu'à se payer un abonnement dans une salle de sport. C'est dommage. Ça pourrait vraiment éveiller les consciences. À travers le sport, on le voit, le retour des gens, le regard des autres est complètement différent. Lorsqu'on pratique une activité dans l'histoire, les gens ont beaucoup moins tendance à avoir cette peine. Pour la personne, ça se transforme plus en admiration.
- Speaker #0
À quel moment tu as su que tu allais te battre pour transcender cette épreuve en quelque chose de plus beau ? Est-ce qu'il y a eu un moment clé ?
- Speaker #1
C'est tout de suite quand je suis rentré dans ce monde du handicap, c'est vrai qu'on découvre au début, on n'est pas trop au courant des avantages, des inconvénients. Et quand je vis au niveau des médias, que ce soit à la télévision, que ce soit dans les journaux, que ce soit dans la vie de tous les jours, au niveau professionnel, c'est très difficile aujourd'hui de pouvoir prétendre à un poste
- Speaker #0
NV. C'est quand tu as été confronté à toutes ces difficultés. Il n'y a pas eu un moment où tu as eu cette...
- Speaker #1
Non, tout de suite, j'ai eu envie de me battre.
- Speaker #0
C'est ta nature, quoi.
- Speaker #1
Je me suis dit que si l'on m'avait confié cet enveloppe, c'était qu'il fallait que je fasse quelque chose de fort. Donc j'essaie de donner une image positive de tout ça.
- Speaker #0
La première action que tu as menée pour aider les autres, tu t'en souviens encore ?
- Speaker #1
La première chose, c'était de créer une association pour les artistes handicapés. C'est vrai qu'à l'époque, avant mon accident, je chantais avec des amis, on allait sur des soirées micro-libres. Et j'ai vu que du moment qu'on est handicapé, c'est un peu plus difficile. pouvoir demander une salle de spectacle. Les municipalités sont moins friandes. Et puis au niveau des médias, je me rendais compte qu'on ne voyait pas beaucoup de personnes capées, même encore aujourd'hui, que ce soit dans des films. Je ne sais pas, peut-être que les gens se disent que s'ils montrent une personne capée, les gens vont dire qu'ils se servent de ça pour faire de l'audimat. Je ne sais pas pourquoi il y a ça. On le voit dans les stades de football. Quand j'allais au Girondin, les photographes prennent toujours le public. Les réactions, mais ils ne prenaient jamais les personnes capées parce qu'ils nous disaient qu'ils avaient peur qu'on leur fasse un procès, voilà, de droits à l'image et tout ça, qu'on cherche à se servir de l'image du handicap. Heureusement, ça a évolué, mais il y a certains organisateurs qui ont tendance à féliciter au goût de l'effort des personnes en disport, et d'autres qui ont tendance à le masquer, voire à ne pas en parler du tout. Il y a encore certaines générations qui sont à l'époque là où le handicap...
- Speaker #0
Fallait le cacher, quoi.
- Speaker #1
Voilà, il ne faut pas trop montrer.
- Speaker #0
On va être à l'écart. Tu parles d'ouvrir cette association, ça a été le premier pas que tu as fait. Est-ce que ça a été difficile ?
- Speaker #1
Non, ça n'a pas été difficile. J'ai toujours cru en moi énormément. Je me suis convaincu de faire une association qui s'appelle Andy Parité. Le but, c'était de promouvoir les artistes invalides, de les accompagner d'artistes valides, de créer une fusion, de leur permettre de se rencontrer, de créer un lien entre eux. pour que tu puisses par la suite continuer à travailler ensemble, s'inviter. On mettait des entrailles minimum à 1 euro. Le but, c'était de récolter des fonds pour l'aménagement, des réalisations de projets pour les personnes handicapées. Je suis allé voir la mairie de ma ville. J'ai dit, il me faut une salle de spectacle pour pouvoir faire ça. Ils m'ont dit, vous avez des artistes ? J'ai dit, oui, j'ai des artistes, alors que je n'avais rien du tout. Je ne confais pas aux meufs. Et donc après, pendant 15 jours, je me promenais dans Bordeaux, dans le Bouscar, et toutes les personnes handicapées que je pouvais croiser, J'allais vers eux, je leur demandais si j'avais une fibre artistique, quelque chose.
- Speaker #0
Est-ce que tu as trouvé au final ?
- Speaker #1
Oui, à la fin, au bout de 15 jours, j'avais trop de personnes. C'est génial ! Oui, oui, non, c'est vraiment sur le tas. Parfois, c'est des idées folles comme ça, il faut croire en soi. J'ai été voir des associations de personnes handicapées, des centres, tout ça.
- Speaker #0
Et quand tu arrives, alors tu prends rendez-vous avant ? Ça se passe comment ? Tu arrives comme ça directement ? Tu demandes d'avoir un responsable ? Comment tu fais concrètement ?
- Speaker #1
Je suis jamais passé par l'accueil. J'ai toujours choisi de prendre les escaliers tout de suite. Je montais dans les étages et j'allais frapper aux portes, à n'importe laquelle. Parmi d'autres ? Au culot, ouais. Et ça, et puis autrement, je regardais toutes les manifestations publiques qu'il pouvait y avoir dans la ville. Je savais que le maire ou les adjoints seraient présents. Donc j'allais au culot, j'attendais qu'ils arrivent et puis je les interpellais.
- Speaker #0
Et comment ils réagissent ?
- Speaker #1
C'est pour ça que je dis que c'est une chance d'être handicapé aussi. Quand j'étais valide, moi, j'avais aussi envie de changer le monde, de faire évoluer les choses, mais on passe pour le conserviste qui veut changer le monde, qui veut donner des leçons à tout le monde. Alors que quand on est une personne handicapée et qu'on va justement vers ces personnes politiques, ces responsables, tout de suite, ils sont admiratifs de cette envie de faire évoluer les choses, alors qu'on même en est dans le besoin. Et donc, ils se disent, ouais, j'ai pas le droit de... d'ignorer sa demande et je suis obligé de l'aider parce que c'est quand même un beau témoignage qu'il nous offre. Donc c'est la chance. Parfois j'ai tendance à en abuser.
- Speaker #0
C'est bien un temps, tu as un levier, pourquoi pas l'actionner ? Et comment tu t'es préparé pour courir tes marathons, mentalement et physiquement ?
- Speaker #1
Mentalement, c'est toujours aussi difficile. De toute façon, on doute toujours de soi-même. Même si on sait qu'on a les capacités, souvent on se met des barrières. et on a tendance à se dévaloriser et tout ça. Je ne suis pas quelqu'un qui a tendance à se sentir au-dessus des autres. Même si je montre que j'ai un caractère fort, je veux aussi des périodes de doute. Et même si j'essaie de les cacher, mais mentalement, on se remet toujours en question que la course à pied, c'est jamais quelque chose de gagné d'avance. Le corps n'est pas un robot, il peut nous lâcher à tout moment. Donc j'essaie de m'approcher en me disant que je me dois de terminer au nom de toutes ces personnes qui m'accompagnent. Et puis je veux absolument que... Toutes les actions que je mène gardent un côté positif, donc je m'empêche de montrer le mauvais côté. Puis la préparation pour les marathons, pour la course à pied, là, je m'entraîne tout seul. Je n'ai pas de coach ni rien, donc je savais qu'au début c'était très difficile au premier marathon, la longueur de la course, la douleur et toutes ces choses à gérer. Je me suis dit, je vais m'entraîner tout seul, mais je vais essayer de faire les choses pour accepter au mieux cette distance. Donc je m'entraîne beaucoup au volume. Certains fournis fractionnés ont des programmes bien spécifiques. Moi, aucunement, je fais beaucoup de volume. Donc j'essaie de faire entre 18 et 21 km par jour.
- Speaker #0
Avant le marathon alors ?
- Speaker #1
Tout au long de l'année. Voilà, tout au long de l'année.
- Speaker #0
Et tu fais 20 km par session, combien de fois par semaine ?
- Speaker #1
Cinq fois par semaine. Voilà, je fais entre 80 et 100 km par semaine. Et le fait d'accumuler ce volume là, sur une période courte, Ça a permis à mon corps de se récupérer beaucoup plus vite. Donc quand je vais courir un semi à l'entraînement, le lendemain, je n'ai pas ces courbatures que n'importe qui pourrait avoir parce qu'il fait des plus petites sorties. Et le fait d'avoir encaissé du volume comme ça, aujourd'hui, j'arrive à passer les 40 kilomètres sans avoir cette barrière des 30 kilomètres qui est si connue, là où on n'a vraiment plus de jambes et tout ça, parce que je suis habitué à vraiment faire du volume. Je compte à la rentrée rejoindre un club d'athlétisme de ma région. pas forcément en dispo, mais pour des conseils, pour une meilleure préparation. J'ai des défis assez extrêmes à l'avenir que je me suis lancé. Donc, il me faudra un vrai coaching cette fois-ci.
- Speaker #0
Tu passes un niveau là. Oui. Et donc, tu nous dis que ce qui te donne la force de continuer quand tu es fatigué, quand tu n'en peux plus, et ce qui te donne vraiment cette force de ne rien lâcher, c'est le fait que pour d'autres personnes, tu incarnes cette persévérance, mais avant que toutes ces personnes comptent sur toi. Qu'est-ce qui faisait que tu ne lâches pas ? Par exemple, ta première course, le premier semi-marathon. Comment tu as fait pour te motiver quand ton corps n'en pouvait plus ? Quand là, il y avait tous les signaux qui disaient « on arrête, on rentre à la maison, c'est trop » .
- Speaker #1
Toujours le mental qui m'a aidé à tenir. Je suis quand même très exigeant avec moi-même. Abandon, je me le refuse parce que ça crée un sentiment de tristesse et d'inachevé, parfois avec mon handicap. de ne pas pouvoir faire certaines choses parce que les lieux n'étaient pas accessibles, souvent encartés dans certains endroits, certaines tribunes. Ça m'a beaucoup blessé. L'échec me fait beaucoup de mal. Je m'interdis d'abandonner parce que je sais que ça sera difficile à surmonter après par la suite. Et puis, c'est beaucoup la famille. Autour, j'ai la chance d'avoir une famille incroyable, un entourage qui ne m'a jamais lâché. Et puis les enfants, j'essaie de leur montrer un papa courageux. Le handicap, ce n'est pas facile pour le regard des autres. Les enfants à l'école, tout ça peut être parfois difficile. Et donc, j'ai toujours essayé de montrer un message d'un homme courageux. C'est vrai que les camarades de classe, souvent, le disaient à ma fille. Ils disaient « Ah ouais, mais ton papa, il est super fort. Comment il fait ? Il est incroyable. » Pour eux, pour la société, et puis pour les personnes aussi qui traversent des accidents. J'ai vraiment donné ce message, j'ai beaucoup gardé pour moi. Je n'ai jamais vu de psychologue, ni quoi que ce soit, tout au long de ces années. Je me suis relevé par moi-même, j'ai répondu à mes questions par moi-même. J'ai besoin de transmettre ce message positif, parce que c'est vrai qu'on passe parfois par des périodes où on se dit que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Je ne vois surtout pas qu'il passe à côté de tout ça, parce qu'aujourd'hui, la vie, il en fait traverser cette difficulté d'aller à l'hôpital et de se retrouver en fauteuil roulant, parfois amputé, ou même parfois traverse la maladie, c'est important. j'essaie de montrer ce message positif pour ça quand ma vie est un petit peu comme un messager,
- Speaker #0
je me dis que je me donne montrer le côté positif de façon à ce que les gens retiennent c'est ça qui donne aussi beaucoup de force je pense c'est une dimension universelle j'ai l'impression qu'il n'y a pas cette individualité chez toi il y a une dimension beaucoup plus large et universelle dans tout ce que tu fais
- Speaker #1
On est dans une société où les gens ont tendance à faire les choses pour eux-mêmes, pour se valoriser, s'élever par rapport aux autres. Je vois sur les courses, il y a beaucoup de gens qui font ça pour leur record personnel, pour les réseaux sociaux.
- Speaker #0
Ça te nourrit aussi en même temps.
- Speaker #1
Oui, mais tout ce que je fais, je le fais toujours pour les autres. Je n'entends rien pour moi-même. Je sais que ça m'apporte, ça me procure du bonheur, la joie et tout ça, l'euphorie qu'on ressent quand on a réussi quelque chose et tout. Mais vraiment, à chaque fois que tu me présentes à une course, pour moi déjà c'est un jour de fête, parce qu'après tout ce que j'ai traversé, je suis reconnaissant de pouvoir faire ce que je fais aujourd'hui. Je suis content parce que je sais que je vais donner de la force au ventre, je le fais vraiment pour laisser un message d'espoir à toutes ces personnes, et puis au nom de toutes les personnes qui nous ont quitté, mes amis que j'ai perdus de maladie, je me suis promis de croquer la vie à pleines dents pour eux. de réaliser un maximum de choses.
- Speaker #0
Quels ont été les plus beaux retours que tu as eus ?
- Speaker #1
Les plus beaux retours, ça reste les enfants. Le regard des enfants, l'admiration. Regarde papa, monsieur il court, regarde monsieur il a une jambe. Comment il fait pour courir, papa et tout. Vraiment, c'est le regard des enfants. C'est pour ça que j'en cite vraiment, qu'on puisse avoir une société là où l'handisport a pleinement sa place et qu'on puisse le valoriser au niveau médiatique. Et puis qu'on ait... Toutes ces personnes handicapées à pouvoir pratiquer un sport parce que le regard est complètement différent de celui qu'on peut avoir dans la vie de tous les jours. Souvent, il y a cette barrière. Les gens n'osent pas venir nous parler, nous demander si ça va, qu'est-ce qu'on fait dans la vie, comment on s'appelle, parce qu'ils ont peur de nous déranger, ils ont peur qu'on ait un certain mal-être du fait de transsituation de handicap. Alors que quand on est avec cette prothèse du secours, tout de suite, on se transforme en sorte de super-héros. Les gens nous admirent, nous regardent avec les yeux écarquillés comme s'ils étaient à la parade de Disneyland, en train de regarder les égéries de Disney. Du coup, c'est hyper valorisant. Ça donne l'impression que le handicap est devenu une baguette magique qui transforme la société.
- Speaker #0
C'est très bien dit, ça. Est-ce que tu pourrais donner un petit coup de pouce à tous ceux qui doivent se battre et se dépasser pour continuer, surtout continuer d'avancer et de réaliser leurs rêves ?
- Speaker #1
Je reçois beaucoup de messages. de personnes qui traversent des difficultés, parfois des problèmes que certains pourraient dire bénins. Ce n'est pas forcément toujours le handicap, ce n'est pas forcément toujours la maladie. Ça peut être aussi des problèmes personnels de la vie quotidienne. Et j'essaye de les aider.
- Speaker #0
Quel coup de pouce tu pourrais leur donner maintenant, à travers ton témoignage ? Si tu pouvais leur donner un petit conseil.
- Speaker #1
De croire en leurs rêves, de s'accrocher à leurs rêves, de ne pas douter d'eux et que... Tout le monde est capable de pouvoir faire ce qu'il a envie dans la vie. Plein d'ouvertures sont possibles. Il faut vraiment croire en soi, être son premier supporter. Parce qu'avant que les gens puissent croire en nous, il faut d'abord donner l'envie aux gens de croire en nous. Et voilà, de croire en soi. Moi, je l'ai vu après mon handicap. Toutes les choses que j'ai pu réaliser, tout s'est toujours terminé de façon positive. Bien sûr, ça a été un combat, ça a été difficile. Mais la récompense qu'on reçoit après, elle nous permet d'avancer, de surmonter tous les autres problèmes. Et tout me paraît après beaucoup plus facile.
- Speaker #0
Après avoir traversé une épreuve, certaines personnes se disent qu'elles cachaient un cadeau. Si c'est ton cas, quel cadeau as-tu découvert derrière ce terrible accident ?
- Speaker #1
La beauté de notre humain, la beauté de l'échange social entre les êtres humains et puis que la solidarité peut permettre d'élever n'importe qui. J'invite chacun à se tourner vers son prochain et à se donner la main parce que nous sommes tous un puzzle. Je suis sûr qu'ensemble, nous ferons construire un monde meilleur pour nos futures générations et nos enfants.
- Speaker #0
Et si tu rencontrais quelqu'un qui se sent complètement perdu aujourd'hui, tu lui dirais quoi ?
- Speaker #1
De garder la foi et de garder espoir. Comme je disais, l'espoir ne déçoit jamais. Bien sûr, il faut avoir aussi beaucoup de force. Mais l'espoir, c'est ce qui nourrit et ce qui permet de continuer à ce bas, de ne jamais abandonner. Donc, vraiment garder espoir. Se tourner vers un regardé autour de soi, parfois relativisé. Il y a toujours quelqu'un autour de soi dont on ne voudrait pas être à la place. C'est le titre du livre, le titre de la chanson qu'on a avec Pascal Obispo. C'est vrai qu'on n'est pas seul sur la terre, c'est pour dire qu'on n'est pas seul à souffrir. Il y a toujours le perpétu à relativiser cette situation en te disant que ça aurait pu être beaucoup plus compliqué.
- Speaker #0
Et puis on n'est pas seul sur la terre, on se dit qu'on regardera aussi autour de soi. Il y a forcément quelqu'un qui va nous tendre la main, nous aider à avancer, faire un petit bout de chemin. C'est à nous d'aller chercher.
- Speaker #1
Et comment on fait alors pour aller chercher ces personnes ou aller chercher l'espoir quand on n'en a plus ?
- Speaker #0
Parfois, c'est au travers des périodes compliquées où on a l'impression que personne ne pourra nous permettre de nous en sortir. Mais il faut garder le peu de positif qui nous reste. Si on se tourne vers les gens, on n'est pas à l'abri d'une belle rencontre. Chaque fois que j'ai voulu entreprendre, je me suis tourné vers les gens. Un simple bonjour s'est transformé en aide incroyable. Il y a encore énormément d'amour et de solidarité dans ce monde. Vous pouvez me donner comme conseil de regarder autour de soi, de se rapprocher des personnes qui ont traversé un petit dépôt, on se nourrit aussi de gens dont les expériences sont similaires. Et parfois chez eux, il y a une clé qui leur a permis d'avancer, le sport aussi. L'activité sportive permet de recevoir des récompenses assez immédiates. Ça forge le mental, le sport et se tourner vers les autres.
- Speaker #1
Alors là, c'est une question vraiment difficile. Si tu pouvais donner un kit de survie à quelqu'un qui traverse une épreuve, il y aurait quoi dedans ? Alors là, c'est large. Tu peux mettre ce que tu veux dedans. Ça peut être n'importe quoi. Une bouteille d'eau, une clé à molette, tout ce que tu veux. ou quelque chose d'émotionnel. Bref, tout ce que tu veux. Il y a trois choses, tu lui donnerais quoi dedans ?
- Speaker #0
De mettre du cœur. De mettre du cœur. Du cœur, de l'espoir, et de la force.
- Speaker #1
C'est pas mal ça. On est bien là.
- Speaker #0
C'est trois choses là vraiment qui sont sans fond pour avancer ou jamais abandonner, puis voir le côté positif de la vie.
- Speaker #1
Souvent on se dit que ce que l'on a vécu a sûrement un sens. On veut contribuer, on veut aider, créer à partir de là. Mais ce n'est pas toujours facile de trouver comment faire. Quel conseil tu donnerais à tous ceux qui cherchent encore leur voix ?
- Speaker #0
De se tourner vers les autres.
- Speaker #1
Mais si tu ne sais pas quoi faire. Tu as vécu quelque chose, une expérience difficile, douloureuse, une épreuve, peu importe quoi. Et tu sais que cette épreuve peut aider les autres. Mais tu ne sais pas comment, tu ne sais pas quoi faire.
- Speaker #0
Les réseaux sociaux, c'est... Une bonne solution pour transmettre des messages d'espoir aux autres. Et le côté associatif aussi.
- Speaker #1
De tourner vers les associations.
- Speaker #0
J'ai beaucoup travaillé pour le reste du cœur. Je sais qu'il y avait des personnes à la rue qui étaient vraiment dans le besoin. Je faisais le matin, je préparais le petit déjeuner, on préparait un casserole pour le midi. Et le soir, je voulais absolument faire partie des marottes pour aller distribuer le repas du soir. En me voyant, Chaque jour, chaque personne dans la rue me disait « mais non, c'est incroyable, nous on est vraiment dans le besoin, on ne sait pas comment faire pour s'en sortir et quand on voit une personne dans ta situation qui est en train de nous faire à manger, qui nous distribue à manger et qui chaque matin nous demande si ça va, qui nous propose d'aller courir avec nous l'après-midi, qui craint un lien, ça nous fait relativiser nos problèmes et ça nous pousse à nous surpasser, à nous en sortir. Donc vraiment le milieu associatif, c'est ce qui me... beaucoup aidé. Avant, je ne faisais pas partie de l'association avant mon accident. Et quand j'ai découvert le monde associatif, c'est vrai que les gens très humains retournaient vers l'autre, qui ont une vraie volonté de faire avancer les choses. Parfois, on rencontre des parcours de vie incroyables. Donc je pense qu'au niveau associatif, c'est les meilleures personnes, le mieux classé.
- Speaker #1
Et donc, intégrer le milieu associatif, tu penses que ça peut nous faire découvrir notre voie ? C'est-à-dire ce qu'on peut faire à partir de notre expérience ?
- Speaker #0
Ça crée un lien, ça nous permet de pouvoir échanger, d'avoir un soutien, des gens qui puissent nous conseiller, nous permettre d'avancer. Je sais qu'au niveau associatif, souvent les personnes ont vraiment à cœur de mener des combats, de mener des actions, de faire avancer les choses. Et puis au milieu associatif, c'est des gens qui font ça le trois-quarts du bénévolement, qui font ça avec leur cœur. Et donc le meilleur résultat, c'est quand on met du cœur.
- Speaker #1
Je suis d'accord. Notre bel échange touche presque à sa fin. Avant de passer à la fameuse fiole d'alchimiste, j'ai une petite question pour toi. Si tu devais choisir entre liberté, solidarité et égalité ?
- Speaker #0
Je choisirais la solidarité.
- Speaker #1
Je m'en doutais.
- Speaker #0
Je trouve qu'il faudra de notre monde un monde meilleur. La solidarité, on est tous humains, main dans la main, c'est ce que j'espère. qu'on porte moins de jugement et qu'il y ait moins de différences qui soient faites entre les uns et les autres. La solidarité, c'est la clé de notre existence.
- Speaker #1
Merci beaucoup Nicolas pour tout ce que tu viens de partager avec moi, avec nous. Et ton choix nous éclaire vraiment sur ce qu'il porte. Donc je vais te donner la fiole d'alchimiste remplie de poudre dorée, celle que chaque invité a tenue entre ses mains. Elle renferme toute la magie de la transformation, celle qui permet de sublimer les épreuves en quelque chose de précieux. Aujourd'hui, elle est entre ta main. T'as du monde ou pas ?
- Speaker #0
Je l'aime beaucoup mon handicap. Dans le monde du handicap, on en rit beaucoup dans les hôpitaux. Par exemple, on les embrassait, on les acharnait, ils me disaient « t'es mignon » , ils me disaient « t'es moine mou » ! Mais ouais, des choses comme ça. Et moi je dis toujours, je ne remets jamais rien à demain. Voilà, et c'est...
- Speaker #1
Ouais, il me faut en rire ! Tu sais, le compagnon de ma nièce a été amputé de la jambe il y a un an. Oui. Et je me suis directement demandé « est-ce qu'on peut encore avoir de l'humour ou pas ? » Mais ça a été le premier en rire.
- Speaker #0
Ouais, c'est ça, on en rigole, nous, on est mauvais jeu de mots, là. Des blagues pourries, des gens des fois n'osent même pas rigoler, se disent est-ce que c'est une incidence ou est-ce qu'il a vraiment fait le spreu ? On en devient parfois même relou, il y en a certains qui en abusent beaucoup. Il y a Philippe Croison, il a amputé des deux bras et des deux jambes, il a traversé la main, lui il n'arrête pas sur le médic. Oui, oui, oui. Et tant mieux, voilà. On ne se trompe pas tous les jours en se disant on est handicapé, comme les gens qui ont un bouton du front, ils n'y pensent pas toute la journée non plus. Et c'est vrai que le handicap c'est une chose qui fait partie de notre quotidien. Parfois on est plus embêté parce qu'on a attrapé un brume que par notre handicap ou embêté parce qu'il pleut et qu'il ne va pas faire beau aujourd'hui. Mais le handicap, on l'accepte comme un tatouage qu'on a sur la peau. Au début, on est obsédé à regarder et puis on oublie de regarder les autres. Le plus dur, c'est pour l'entourage parce que quand on sort, on ne passe pas forcément à un aperçu. Donc le plus dur, c'est vraiment pour l'entourage qui, à force de voir des gens regarder avec insistance ou avoir des mots un petit peu dégradants. Moi, le handicap, en tout cas, je suis plus heureux aujourd'hui handicapé.
- Speaker #1
Et si c'était à refaire, tu choisirais quoi ? Tu effacerais quelque chose ou pas ?
- Speaker #0
Non, je prends tout, je prends tout. Et surtout le handicap, le handicap, je l'embrasse de pleine bouche.
- Speaker #1
C'est incroyable. Alors, on va reprendre cette fiole d'alchimiste, celle qui renferme la poudre dorée, la poudre magique que tous les invités ont tenue entre leurs mains. Aujourd'hui, elle peut réaliser trois de tes voeux, sans aucune limite. Alors si tout était possible, quels seraient tes trois vœux ?
- Speaker #0
Le premier, un monde plus uni, où la mixité a vraiment sa place, là où l'inclusion est le maître mot de notre société, parce qu'aujourd'hui on a trop tendance à mettre des gens dans des cases, à juger les gens par leur apparence ou par leur appartenance. Et voilà, un monde beaucoup plus mixte, pour que nos futures générations ne souffrent pas de leurs différences. Moi je trouve que ce serait beaucoup plus d'amour aussi. On a tendance à avoir du mal à dire aux gens qu'on les aime et à leur montrer. Parce que l'amour c'est plus que n'importe quoi. C'est important de se sentir aimé, de se sentir apprécié par les autres. Nous galvanise, nous permet de prendre confiance en nous. Et puis le troisième c'est la paix.
- Speaker #1
Il n'y a rien pour toi là-dedans ?
- Speaker #0
Non. Moi, je dis toujours aux gens, je suis tellement obsédé par faire les choses pour les autres que quand les gens me demandent, je dis, moi, je n'ai rien besoin. Je suis heureux comme je suis, je suis heureux avec ce que je fais, je suis heureux avec ce que je reçois déjà humainement. Je me nourris de ça. Moi, je n'ai besoin de rien. Si j'ai qu'un souhait, la rigueur, pour moi-même, pour ma vie personnelle, c'est que mes enfants soient heureux et qu'ils puissent réussir dans la vie, pas forcément au niveau professionnel. aux financiers, mais en spirituellement parlant et qu'ils deviennent des belles personnes et qu'ils puissent apporter leur pire à l'édifice et servir à une société meilleure.
- Speaker #1
Merci infiniment Nicolas.
- Speaker #0
Merci à toi, c'était un vrai plaisir. Merci d'être venu jusqu'à moi. En tout cas, et puis vive la Belgique. Je vous aime trop. Merci.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode. Prends quelques secondes, ferme les yeux et... Respire. Ce que tu viens d'entendre, c'est pas juste un témoignage, c'est une preuve que l'impossible peut être sublimé, et que l'humain est capable de renaître encore et encore. Alors si cet épisode t'a apporté quelque chose, partage-le avec quelqu'un qui en a besoin. Et pense à t'abonner pour ne pas manquer les prochains récits d'Alchimiste. Et toi, quel p... part de ton histoire peux-tu transformer aujourd'hui ? Si tu veux prolonger la discussion, viens me retrouver sur Instagram sur Histoire d'Alchimiste. Je serai ravie d'échanger avec toi. Et surtout, souviens-toi. C'est dans tes failles que brille ton éclat le plus précieux. Alors, on se retrouve dans 15 jours pour une nouvelle histoire d'alchimiste.