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HoliWork

#41-L'entreprise, nouvel eldorado du travail ? avec Batoul Hassoun

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54min |29/04/2025
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54min |29/04/2025
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Description

Et si l'entreprise et le salariat devenaient le nouvel eldorado du travail ? Un moyen de s'épanouir et de créer des liens dans un monde en perte de repères ?


Dans cet épisode, Batoul Hassoun, CEO de The Salmon Consulting (Havas Group), partage sa vision du monde du travail de demain. Un monde où l'une entreprise devient un pilier de la société : protectrice et engagée, loin du modèle traditionnel. Elle nous explique pourquoi l'entreprise pourrait bien devenir un nouveau pilier de notre société. Et ensemble, nous explorons l'évolution du pacte enterprise-manager-collaborateur, le nouveau visage de l'ambition, et notre nouveau rapport au temps et l'émergence de "l'hyperprésent", puisque la durée de vie d'une entreprise en 1960 était 60 ans alors qu’en 2020, elle est de 20 ans.


À écouter absolument pour repenser le futur du travail en général et de votre carrière en particulier !


Les références de cet épisode :

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Céline Athias, je suis exécutive coach certifié et je vous souhaite la bienvenue dans mon podcast Holywork. Avec Holywork, je vous invite à rendre vos journées de travail aussi épanouissantes que vos journées de vacances. Dans cette deuxième saison, à travers les témoignages de mes invités et aussi les épisodes solos, nous allons explorer comment évolue le monde du travail et découvrir de nouvelles clés pour vous aider à progresser. Alors, si vous avez envie d'ajouter une dose de joie dans votre quotidien professionnel, vous êtes au bon endroit. C'est parti pour un nouvel épisode. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Holywork. Vous le savez, dans ce podcast, nous explorons l'évolution du monde du travail, les nouveaux codes, les nouvelles règles du jeu, les switches de carrière. Et aujourd'hui, je suis ravie de vous retrouver. pour un nouvel épisode où nous allons justement aborder un sujet passionnant, la relation entreprise-salarié. Alors, c'est une relation qui a connu beaucoup de bouleversements, depuis le Covid notamment. On a connu le Big Quit, ce mouvement où des milliers de salariés quittaient leur poste pour chercher un travail qui avait plus de sens pour eux. Parmi eux, beaucoup se sont lancés dans l'entrepreneuriat d'ailleurs. On a aussi connu la généralisation du télétravail qui a bouleversé les modes de management, de gestion du temps et... plus globalement aussi de nos modes de vie. Et puis aussi, ce qui a beaucoup changé la donne, c'est l'arrivée de la Gen Z. Elle a bouleversé les codes relationnels en entreprise. Bref, l'entreprise a été bien malmenée ces dernières années. Et pourtant, j'ai découvert une personne qui croit en l'avenir de l'entreprise. Oui, absolument. Elle croit même que son rôle va prendre de plus en plus d'importance dans la société et que bientôt, ça sera cool de travailler en entreprise. Alors, c'est pour ça que j'ai tenu à l'inviter aujourd'hui dans ce podcast. Voilà, je te remercie beaucoup d'avoir accepté l'invitation. Batou Lassoun, bienvenue sur Holywork. Alors, déjà, comment ça va aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Très bien, super. Donc, on est en train d'enregistrer cet épisode. On est dans les locaux d'Avas. Tu vas nous raconter pourquoi ici. Déjà, tu es CEO d'une agence qui s'appelle The Salmon Consulting. C'est une entité du groupe Avas. Concrètement, qu'est-ce que vous proposez et surtout pourquoi vous appelez The Salmon Consulting ? Moi, je trouve que le nom est très bien trouvé. Tu vas nous raconter ça ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Alors déjà, la façon dont on se définit, c'est qu'on est un cabinet de conseil en stratégie. Alors oui, c'est vrai, je l'ai créé au sein du groupe Avas, qui est une industrie créative, parce que ce qu'on sait, c'est avoir des idées. Et on pourra en reparler, mais je pense que c'est ça qui a de la valeur dans le monde dans lequel on est. Et justement, le point de départ de cette création d'entreprise, c'est... de se rendre compte, et ce n'est pas l'actualité qui va me démentir, que le monde est de plus en plus complexe, voire chaotique, et que dans ce monde très incertain, où finalement ce n'est pas facile de naviguer, on voit que les entreprises, leur durée de vie est en train de se réduire. J'ai un chiffre que j'aime beaucoup, c'est qu'en 1960, la durée de vie d'une entreprise, c'était 60 ans. En 2020, ce n'est plus que 20 ans. Et donc, quand on voit ça, on se dit, comment on fait pour continuer à exister, pour continuer à naviguer dans ce monde pas évident ? Et donc, c'est pour ça que j'ai créé Salmon Consulting. C'est un cabinet de conseil qui a pour vocation d'aider, un, les entreprises à comprendre le futur. Donc, nous, notre métier, la façon dont on écrit, c'est qu'on fait de la prospective appliquée. Donc, on comprend le futur, on aide les entreprises à comprendre le futur, mais on ne s'arrête pas là, on l'applique pour se dire qu'est-ce que ça a comme impact sur mon plan stratégique, mon plan d'action, mon plan d'engagement. Donc, comment je retravaille ma stratégie, comment j'embarque mes collaborateurs pour que ça fonctionne et que je continue à être pertinent dans le monde qui bouge si vite.

  • Speaker #0

    C'est passionnant. Et donc,

  • Speaker #1

    tu me posais la question du nom. Pourquoi Salmon ? Et en fait, le saumon, tout simplement, est le seul animal qui remonte la rivière. Donc, sans vouloir me comparer, mais c'est un peu le out of the box, think out of the box de Steve Jobs, quelque part. Donc, c'est un peu la même idée, mais...

  • Speaker #0

    Remonter le courant.

  • Speaker #1

    Exactement, dit autrement. Et puis, c'est assez rigolo parce que nos clients finissent par nous appeler les saumons. Et c'est devenu une marque de fabrique assez chouette.

  • Speaker #0

    Donc en fait, on est tous teintés de rossomons quand on travaille avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, on essaye. Et quand je dis contre-courant, ce n'est pas juste le contre-courant pour être rebelle, ce n'est pas ça l'idée, mais c'est vraiment d'avoir une forme d'indépendance d'esprit, d'esprit critique, de créativité, de ne pas faire forcément comme on a toujours fait, même si parfois on va faire une mission et à la fin on se rend compte que c'est peut-être la bonne façon de faire et on continuera. Donc l'idée, ce n'est pas juste de remettre en cause les modèles existants, mais au moins de se poser toutes les questions pour aller dans le bon sens et parfois le bon sens sera tout simplement de continuer à faire ce qu'on fait, mais parfois pas.

  • Speaker #0

    Alors moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment tu en es arrivé là, parce que tu me racontais que ça fait trois ans et demi que l'agence existe. C'est toi qui a eu l'idée, tu l'as soumise et tu as été soutenue par le groupe. Donc c'est un modèle très fort d'entreprenariat. Comment tu en es arrivé là ?

  • Speaker #1

    Par hasard ? Non, pas vraiment par hasard, mais en tout cas, moi, j'ai fait un parcours un peu classique. Donc j'ai fait une prépa, une école de commerce. En sortant d'école, je me suis posé la question de ce que je pouvais faire dans la vie. J'avais hésité à faire du conseil déjà en sortant. Et je me suis dit, ce n'est pas assez créatif pour moi, j'ai besoin de quelque chose d'autre. Donc, j'ai commencé dans la publicité.

  • Speaker #0

    On s'est croisés d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Exactement, chez Ogilvy, il y a très longtemps maintenant. Pour la petite histoire,

  • Speaker #0

    mesdames et messieurs, Batoul travaillait dans un bureau qui se trouvait juste à côté du bureau de mon mari. Parce que oui, j'ai rencontré mon mari au travail, chez Ogilvy. D'ailleurs, je l'embrasse. Et voilà, Batoul se souvenait de moi grâce à mon mari.

  • Speaker #1

    et la magie de LinkedIn opérant ça permet parfois aussi de se retrouver et donc voilà j'ai voulu faire quelque chose un peu plus créatif donc j'ai commencé dans la publicité et puis de fil en aiguille je me suis rendu compte qu'il y avait deux choses que je savais faire dans la vie c'était avoir des idées et résoudre des problèmes et en fait les problèmes quand on répond à un brief de communication c'est un problème qu'on résout mais en fait je me suis dit tiens mais ce savoir-faire là je pouvais l'appliquer dans plein d'autres domaines et donc petit à petit je me suis dit tiens si je l'appliquais à la stratégie à l'innovation, à l'accompagnement du changement et à plein de nouveaux sujets ... C'est comme ça que j'ai élargi ma gamme et que je suis passée de la publicité à un cabinet de conseil en stratégie. On pourrait se dire que c'est loin, mais en fait non. C'est le même muscle qu'on active, de trouver des idées, de trouver des nouvelles façons de faire, de résoudre des problèmes. Et la deuxième chose que je sais très bien faire, c'est intraprendre. Tu le disais en introduction. C'est-à-dire que je me suis rendu compte au fur et à mesure que ce que j'aimais faire, c'était créer des choses avec l'argent des autres. C'est toujours plus facile. Je ne prends pas les risques. Donc moi, j'ai toujours créé. J'ai été au Newbies quand j'ai commencé ma carrière. J'ai ensuite... Je rejoins un groupe anglais qui s'appelait Filtry, qui a été racheté par Profet, qui faisait du conseil en stratégie marketing. Et j'ai créé l'entité à Paris. Ensuite, je suis allé à la SNCF. J'ai participé à créer Webus, des cars à longue distance. Ensuite, je suis retourné chez Ogilvy où j'ai créé Ogilvy Consulting. Et puis, ma plus récente aventure, c'est Salmon Consulting. Donc, j'ai toujours créé des choses parce que c'est ça que je sais faire. C'est ça que je trouve intéressant, sans prendre des risques.

  • Speaker #0

    Ce qui m'intéresse dans cette posture-là d'entrepreneuse, c'est... La posture que tu as vis-à-vis aussi de tes managers, parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de la relation manager-collaborateur qui est, on va dire, souvent déséquilibrée et souvent il y a une prise de position un peu de victimisation, on va dire, soit d'un côté soit de l'autre. Et toi, tu as réussi en fait à faire de ton patron ou ta patronne, ton partenaire en fait, business quelque part.

  • Speaker #1

    Ah oui, alors moi je ne pense pas les relations entre les hommes, les femmes au sens large comme des relations hiérarchiques en fait. Pour moi il y a des êtres humains et en fait on discute et à partir du moment où on discute et il y a de l'intelligence, on peut trouver comment faire des choses ensemble. Donc en fait je n'ai jamais eu une relation, même pas d'ailleurs avec mes anciens chefs, etc. Je me suis toujours mise d'égal à égal et d'ailleurs c'est peut-être aussi pour ça qu'aujourd'hui je suis consultante, c'est-à-dire que même avec mes clients, je suis d'égal à égal et mon savoir-faire c'est de les questionner, de les interroger, de les bousculer. Et je pense que c'est ça que j'appelle l'indépendance d'esprit. C'est-à-dire que si on ne l'a pas, on risque de retomber assez facilement dans, c'est la fameuse blague que je raconte très souvent, mais des trois types de consultants ou des trois types d'agences, on peut le faire sur tous les sujets, mais c'est que si le client nous dit quelle heure est-il, il y a le premier type de consultant qui va dire qu'il est l'heure qu'il est. Donc là, il se trouve qu'il est 12h27, donc super. Le deuxième type de consultant va dire, vous voulez qu'il soit quelle heure, monsieur le client ? Et le troisième type de consultant va dire, mais est-ce que vous êtes sûr que c'est la bonne question ? Donc moi, j'essaye d'être toujours là-dedans et c'est comme ça que j'ai réussi à lancer des choses, à convaincre aussi, là aujourd'hui à VAS, de lancer cette dernière aventure. Et je disais que c'est parce que je n'ai pas envie de prendre de risques, c'est vrai, mais ce n'est pas que ça. C'est aussi pour comment je peux avoir plus d'impact. Et je pense que si j'avais créé ma propre boîte de conseils toute seule dans mon coin, j'aurais sans doute été très utile à des clients, mais je n'aurais pas peut-être atteint le même niveau de taille d'entreprise que j'accompagne. d'échelle de sujets, de complexité de sujets. À la fin, je vais mettre le même temps à résoudre un petit problème qu'un grand problème. J'ai l'impression qu'en résolvant des plus grands problèmes, potentiellement, j'aurai plus d'impact et j'aiderai les gens à aller dans le bon sens. C'est aussi ça que ça me permet de faire, d'être intrapreneuse.

  • Speaker #0

    Alors, avoir plus d'impact, éviter de prendre trop de risques. Qu'est-ce qui fait ?

  • Speaker #1

    On peut le voir en négatif, c'est éviter de prendre trop de risques ou pouvoir prendre plus de risques encore parce qu'on est bien accompagné.

  • Speaker #0

    Justement, quelle autre raison fait que tu n'es pas parti plutôt dans l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Je ne suis toujours pas entrepreneur, je suis toujours intrapreneur.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je passerais le cap. Mon père était entrepreneur et il est un peu malade aujourd'hui. Je pense qu'il y a un lien parce qu'il y avait du stress, etc. Donc, sans doute que ça joue dans ma propre psychologie. D'accord. Mais vraiment, je pense que... J'ai l'impression d'avoir trouvé le sweet spot, comme on dit en anglais, qui me permet d'accompagner des clients super intéressants avec une assise financière qui fait que je peux me permettre plus de choses. Au final, je peux prendre plus de risques, accompagner des plus gros sujets, des plus grosses problématiques, etc. parce que je suis intrapreneuse. Donc, il ne faut pas le voir en négatif seulement.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que... Aujourd'hui, l'entrepreneur a quand même pas mal le vent en poupe. Alors, je n'ai pas des chiffres en tête, mais je sais qu'il y a énormément de gens qui ont quitté leur poste de salarié pour monter leur entreprise, pour créer leur propre projet. La GenFed aussi, qui remet en cause les modèles d'organisation en entreprise et les modèles de management en entreprise. Et en fait, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est parce que toi, tu as écrit un article dans la Harvard Business Review qui explique, qui démontre en fait que... L'avenir appartient à l'entreprise. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu en es arrivé à cette conclusion ? Parce qu'effectivement, toi, tu es en train de le vivre. Mais plus globalement parlant ?

  • Speaker #1

    Effectivement, tu parlais en introduction du Covid. Le Covid, ça a un peu bousculé les choses et on s'est dit, ça y est, c'est la fin du salariat. On ne va plus avoir de gens qui travaillent en entreprise. Avec deux grandes raisons, j'ai l'impression, qui ont été mises en avant. La première, c'est qu'on veut tous aller élever des chefs dans le Larzac. C'est en tout cas ce qu'on nous a raconté, je pense que c'est faux. Donc cette idée qu'on n'avait plus d'ambition, il y a même des livres qui sont sortis qui s'appellent l'anti-ambition ou ce genre de choses. Donc ça c'était la première chose qu'on nous a dit, on veut du sens, on veut des choses qui font du sens et c'est pas l'entreprise qui apporte le sens. Et la deuxième chose qu'on a vu arriver c'est, on veut plus avoir de patron, on veut être indépendant et on veut être à son compte. Et tu disais que t'avais pas forcément les chiffres, moi je suis allé regarder, je crois qu'en France en 2023 il y avait 3,3 millions d'indépendants, de freelance. Donc par rapport à 2008, c'est une augmentation de plus de 50%. Donc on peut dire, ah bah oui, voilà, on y est, c'est vraiment la fin du salariat. Mais quand on regarde, il y a beaucoup de précarité derrière ça, parce qu'il y a aussi toute la gigue économie, les gens qui travaillent pour Uber et Anko. Et donc voilà, ça c'est une première chose. Je pense qu'il n'y a pas que du positif derrière ce freelance, et parfois c'est subi et pas forcément choisi. Et puis même quand c'est choisi, toi tu es à ton compte, c'est pas si évident que ça. Il y a aussi, voilà, en termes de santé mentale, de... de stress que ça peut amener, il n'y a pas que du positif.

  • Speaker #0

    La vraie gestion de ton énergie d'être indépendant et d'organisation, c'est tout à fait le cas.

  • Speaker #1

    Complètement. Et je pense que ce qui est en train de changer, et qui fait que moi je crois au modèle de l'entreprise, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas toujours des entrepreneurs, et il ne faut pas mal me comprendre là-dessus, je pense qu'on a besoin d'entrepreneurs et de gens capables de créer. Mais en tout cas, je pense que un, le monde est de plus en plus incertain et chaotique. Deux, il y a une montée de la solitude. Aujourd'hui, il y a une étude de la Fondation... de la Fondation de France, qui a montré qu'il y avait à peu près une personne sur cinq qui déclarait se sentir régulièrement seule. Donc ça fait 11 millions de personnes en France. C'est pas rien. Et puis on a aussi un recul des services publics. Et donc face à tout ça, il y a deux choses qui se dégagent. C'est que, un, je pense qu'il y a d'autres envies, que les gens ont d'autres envies. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'ambition, parce que j'ai dit tout à l'heure il y a des choses qui ont été dites autour de l'anti-ambition. Moi je pense qu'on a une alter-ambition, une ambition différente. Et avec le monde que j'ai décrit, Je pense qu'on a aussi besoin de sécurité et de stabilité. Si l'entreprise est capable de répondre au premier et de comprendre le premier, que ce n'est pas qu'on n'a pas d'ambition, mais qu'on a une ambition différente, et qu'elle est capable d'apporter le deuxième, c'est-à-dire de la sécurité et de la stabilité, alors elle a un boulevard devant elle et il y a plein de choses à faire au sein du monde de l'entreprise. Si je reviens à l'envie qui est en train de changer, moi, il y a un concept, je crois que c'était dans le Final Shunt Times, que ça avait été évoqué la première fois par une auteure indienne qui parlait du time billionaire. Et en fait, là où pendant des années, on disait que réussir sa vie, c'est être riche, aujourd'hui, réussir sa vie, c'est être riche en temps et pas en argent. Et c'est-à-dire que finalement, si j'ai du temps libre, c'est que j'ai réussi ma vie, c'est que j'ai un équilibre qui est le bon. Il y a une étude qui a été menée il y a quelques années, il y a deux ou trois ans, qui montrait que... 61% des Français préfèrent avoir du temps libre plutôt que d'être payé mieux et d'avoir un salaire plus élevé. Là où en 2008, c'était 62% qui préféraient avoir un salaire plus gros qu'avoir plus de temps. Donc on voit bien que nos modèles sont en train de changer. Et encore une fois, ça ne veut pas dire que je ne veux pas et que je n'ai pas d'ambition, mais c'est peut-être que je ne veux plus la même chose. Et donc je pense que ça, c'est vraiment la première chose que l'entreprise doit comprendre et qu'elle doit prendre en compte. Et ensuite, il y a cette idée dont je parlais, le besoin de... de liens, de sécurité. Encore une fois, le monde dans lequel on vit et les derniers jours qu'on est en train de vivre nous montrent à quel point c'est en train de bouger très vite. Mais on a l'impression qu'on va rentrer dans une troisième guerre mondiale dans pas longtemps. On a l'impression qu'il y a un recul, je parlais du recul des services publics, que je ne suis pas sûre que demain je vais pouvoir me payer en termes de santé ce qu'il faut, en termes d'éducation pour mes enfants ce qu'il faut, etc. Et donc on se dit, mince, peut-être que demain, et moi c'est un pari que je fais, au lieu d'avoir un passeport français ou un passeport américain ou un passeport d'un grand pays, Peut-être que ce sera plus avantageux d'avoir un CDI dans une grande entreprise. Parce que, en fait, l'entreprise sera capable de m'apporter une sécurité, celle de l'emploi, celle du salaire qui tombe à la fin du mois, mais peut-être aussi une prise en charge, peut-être de l'éducation de mes enfants, peut-être de logement, des entreprises paternalistes. On voit des crèches d'entreprises,

  • Speaker #0

    on peut imaginer des écoles d'entreprises.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis même si on revient à l'histoire, l'entreprise paternaliste, historiquement, elle proposait ça. Quand Renault avait ouvert ses usines, il proposait des logements à côté pour ses employés. Donc voilà, l'entreprise, je pense, va être amenée à proposer de plus en plus de choses et prendre en compte le salarié, pas uniquement pour des aspects physiques, c'est-à-dire cette sécurité physique, etc., mais peut-être de façon de plus en plus holistique, c'est-à-dire ce qu'on vient d'évoquer, c'est-à-dire l'ensemble de ses besoins et pas uniquement ses besoins financiers. Et peut-être que ce n'est pas juste de l'argent qu'elle donnera demain, mais c'est d'autres avantages. Et puis, c'est un sujet qui est en train de monter, la santé mentale. Je parlais de solitude qui est en train d'augmenter. Je pense qu'aujourd'hui, les gens se sentent de moins en moins bien, qu'il y a des vrais sujets. de santé mentale, de stress liés à l'écologie. On connaît toujours quelqu'un autour de nous qui a été victime ou qui souffre des cours d'anxiété. On a des gens qui vont souffrir aussi du contexte géopolitique. On a des gens qui vont souffrir de la solitude, etc. Et donc, l'entreprise doit apporter des réponses à tout ça et peut apporter des réponses à tout ça. Et donc, voilà, c'est pour ça que moi, je crois au modèle de l'entreprise. Encore une fois, ça ne veut pas dire que demain, il n'y aura pas d'entrepreneurs. Mais un entrepreneur qui monte une boîte, s'il le fait bien, il crée une entreprise qui sera... ce que moi j'appelle l'entreprise protectrice donc c'est plus paternaliste parce qu'il y a un côté négatif je pense aujourd'hui dans cette vision là mais va pouvoir créer ce type d'entreprise où ça sera un management peut-être plus bienveillant, une façon de faire plus holistique comme je disais, une prise en compte du salarié de façon holistique et apporter un certain nombre de choses qui font qu'on se sentira bien dans cette entreprise, qu'on aura envie de choisir cette entreprise comme employée versus une autre, donc ça sera aussi un avantage compétitif. Donc voilà, je pense que l'entreprise a vraiment beaucoup de choses à apporter dans les années à venir, à condition ... de repenser son modèle. Ce n'est pas de le faire comme hier on le faisait.

  • Speaker #0

    C'est ça, parce qu'il faut trouver le juste équilibre entre ce que l'entreprise va apporter aux équipes et aussi la rentabilité, la performance, etc. Et donc, comment tu accompagnes tes salariés pour qu'ils soient meilleurs, qu'ils gèrent mieux leur temps, pour justement avoir plus de temps libre aussi ?

  • Speaker #1

    Je pense que oui, on peut travailler sur la rigidité du management, ou en tout cas comment on fait pour qu'il ne soit pas trop rigide et qu'on ait un vrai équilibre de vie pro-perso. On peut travailler aussi sur le temps qu'on va allouer et qui sera alloué au travail et comment on peut retrouver du temps libre. Mais je pense qu'il y a un autre sujet dont on n'a pas parlé et qui me semble clé, c'est comment, j'en ai parlé un tout petit peu en disant que les gens voulaient peut-être élever des chèvres dans le Larzac et avoir du sens. Et en fait, j'ai fait une étude il y a quelques années qui montrait qu'en fait, c'est pas le sens qui compte. C'est-à-dire que je peux travailler pour une ONG et me sentir très malheureux. Et je peux travailler, c'est un peu caricatural, mais pour une grande banque par exemple, et me sentir très heureux. Ce qui va compter, c'est pas le sens, mais c'est l'utilité. C'est quoi la différence ? C'est mon utilité personnelle. C'est-à-dire, est-ce que moi, en me levant le matin, je sais à quoi je sers ? Et en fait, je peux travailler dans une ONG et ne pas savoir à quoi je sers parce que je remplis de la paperasse et qu'au final, je ne sais pas si ça aide vraiment les populations que je suis censée aider. Alors que je peux travailler pour une grande entreprise. Et il trouvait beaucoup de sens parce que moi, je me sens utile et je sais à quoi mon travail sert et quel est mon rôle. Et je pense que les entreprises, demain, elles doivent travailler là-dessus, c'est-à-dire comment on travaille sur une responsabilisation des collaborateurs. Et ça veut dire que peut-être qu'on ne manage pas tout à fait de la même façon. Et donc, oui, on peut travailler sur le temps, l'équilibre perso, pro, la prise en charge holistique des enjeux du salarié, etc. Mais je pense qu'il faut aussi travailler sur... l'utilité de chaque collaborateur, la responsabilisation de chaque collaborateur et que c'est ça qui fera que ça sera un deal gagnant-gagnant, quelque part.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est hyper intéressant de parler d'utilité. Moi, j'avais déjà chopé la notion de responsabilisation des collaborateurs. D'ailleurs, ça fait partie de ce que je propose dans mes formations. Et effectivement, pendant ça, l'utilité, se dire voilà, en fait, ton job, il a un vrai rôle à jouer dans l'équilibre de l'organisation. Et tu sais, ce que tu fais, c'est utile, c'est important et c'est comme ça aussi que la personne va pouvoir se sentir responsable et donc accountable comme on dit en anglais. Et là, tu as un switch du pacte entre le salarié, le collaborateur et l'entreprise. Et là, on en vient justement à la question suivante qui est si l'entreprise prend en charge quelque part un certain rôle qui était responsable à la base qui était de la responsabilité de l'État, ça veut dire que le pacte entre l'entreprise et le salarié va changer. Parce que, par exemple, le deal entre l'État et nous, c'est qu'on paie des impôts et qu'en contrepartie, on a un service public, l'école, l'hôpital, etc. Donc là, si l'entreprise prend en charge une partie de ces services-là, Comment est-ce que, d'après toi, ça va transformer le pacte relationnel entre le salarié et son entreprise ?

  • Speaker #1

    Je pense que le pacte, il doit changer entre le salarié, l'entreprise, mais aussi le manager. Il y a une sorte de triptyque. Et donc, on a parlé beaucoup de l'entreprise qui allait offrir des nouvelles choses. Et effectivement, le nouveau pacte, c'est des droits et des devoirs. Donc, c'est dans les deux sens. Donc, oui, il y aura des nouveaux droits pour les collaborateurs. Donc, peut-être qu'ils auront accès à un certain nombre de choses, de services, etc. que l'entreprise leur donnera. Oui, il y a des nouveaux droits qui sont peut-être que le manager va davantage les responsabiliser, être dans une relation peut-être moins hiérarchique, peut-être avoir un nouveau type de culture d'entreprise, une nouvelle façon de faire ensemble, etc. Mais il faut aussi qu'il y ait des devoirs en face et donc les collaborateurs devront aussi s'engager à un certain nombre de choses. Je n'ai pas la réponse de qu'est-ce que doit faire chaque entreprise et quel pacte elles doivent chacune nouer. Il sera peut-être différent d'une entreprise à l'autre. Mais à mon sens, je parlais de solitude tout à l'heure. pense que les collaborateurs doivent s'engager à s'engager, c'est-à-dire à s'engager pour le collectif, à créer des liens avec leurs collègues, parce que je crois que ce qui fait qu'on va réussir, c'est créer du commun. Et c'est là où moi je crois aussi à l'entreprise, c'est que la société, l'État, etc., qui est censé produire du commun, en produit de moins en moins, c'est malheureusement factuel. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas y travailler du côté politique, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Et je pense que les entreprises peuvent aussi travailler là-dessus et peuvent aussi demander à leurs collaborateurs de travailler là-dessus. Et donc, tu le disais, post-Covid, il y a eu l'avènement du télétravail, etc. Alors, il faut toujours faire attention quand on parle de ça, parce que tout le monde ne peut pas télétravailler et tous les métiers ne sont pas télétravaillables. Mais ce que ça veut dire, c'est qu'on est arrivé dans un monde de plus en plus individualiste, où chaque personne dans l'entreprise, chaque collaborateur s'est dit « qu'est-ce qui est bien pour moi ? » et plus « qu'est-ce qui est bien pour notre commun ? » Ce qui ne veut pas dire ce qui est bien pour l'entreprise. Mais ce qui est bien pour nous tous ensemble. Et dans ce nouveau pacte, je pense qu'il faut réussir à créer du commun.

  • Speaker #0

    Créer du commun.

  • Speaker #1

    Créer du commun et réussir à, pour créer du commun, avoir une culture commune, se voir. Et j'avais dit sur le ton de la boutade post-Covid, que peut-être que le futur des bureaux, ce n'était pas les bureaux. Alors les gens se sont tout de suite dit, ça veut dire que le futur du bureau, c'est le télétravail et le full remote. Non, mais peut-être qu'on a plein de façons de faire du commun. Donc peut-être qu'on retournera de plus en plus au bureau, mais peut-être que le futur du bureau, c'est tout simplement le resort. Alors ça peut paraître extrême. Mais c'est de se dire, si je suis en full remote, pourquoi pas ? C'est un mode de travail. Il y a certaines entreprises pour qui ça pourrait être tout à fait... Mais comment je crée du commun ? Il faut se voir. Ça, c'est humain. Je veux dire, c'est une vérité humaine. Ne jamais se voir, on ne créera pas de lien. Et donc, pour se voir et créer du lien, peut-être qu'on passe quatre semaines par an en resort. Et donc, c'est peut-être ça le futur du bureau. Encore une fois, c'est une boutade et je ne sais pas si c'est ça. Et encore une fois, chaque entreprise apportera sa réponse. Mais il faut créer du commun. Et les collaborateurs doivent s'engager à créer ce commun, à créer du lien. Et c'est ça qui fera qu'on sera moins seul, qu'on arrivera mieux, qu'on se sentira mieux en tant qu'individu, en tant que collectif et en tant qu'entreprise. Et tout le monde s'y retrouve. Et dans tout ça, c'est pour ça que je parlais du manager, le manager a un rôle à jouer. Et donc, comment le manager favorise ça ? Et donc, ça veut dire que peut-être qu'il faut former nos managers peut-être un peu différemment.

  • Speaker #0

    À devenir des géos.

  • Speaker #1

    Pas que. Parfois, il faut aussi savoir faire du feedback, dire les choses qu'ils ne vont pas, etc. Bien sûr. Mais en tout cas, leur rôle est en train d'évoluer. La posture du manager va peut-être être... davantage une posture de coach. Ce qui ne veut pas dire que les anciens rôles disparaissent, mais ça va être de moins en moins facile d'être manager.

  • Speaker #0

    D'après toi, nos enfants qui sont étudiants aujourd'hui, s'ils veulent être manager, il faudra qu'ils fassent une formation spécifique de manager. Et il y aura une séparation entre les managers et les experts ?

  • Speaker #1

    Probablement. Moi, je trouve que on a une conception souvent en France, mais pas qu'eux, qui est un peu erronée. C'est-à-dire, si je veux être promu et que je veux réussir dans ma carrière, il faut que je passe manager. Je pense que ça ne doit pas être le seul chemin possible. C'est un vrai métier d'être manager, c'est des vraies compétences. Tout le monde ne les a pas, mais on peut avoir d'autres compétences qui sont très utiles aussi pour l'entreprise. Et donc, si on choisit d'être manager, oui, il faut se former et pas qu'une fois régulièrement, parce que ce n'est pas si évident, les choses évoluent, il faut savoir se remettre en cause, faire évoluer ses pratiques, etc. Et c'est vrai pour tous les métiers, pas que pour le rôle de manager. Et donc, comment on prend à bras le corps ce sujet et comment ce n'est pas la seule voie d'évolution ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce que je voulais te poser comme question. C'est que du coup, si être manager, ce n'est plus l'étape d'après quand tu veux évoluer dans ta carrière, là, il y a tout un truc à réinventer sur justement comment, quand tu es chef de projet, là, si on parle du monde des agences, quand tu es chef de projet ou quand tu es à la production, à la réalisation, comment tu fais pour évoluer ? Dans tes responsabilités, dans ton salaire, dans ta carrière, comment tu construis ton plan de carrière si ce n'est pas... En manageant une équipe à ton tour ?

  • Speaker #1

    Tu le disais, je pense que l'expertise, c'est une autre voie. Et puis, il y a peut-être des nouveaux modèles à imaginer. Mais oui, en tout cas, il ne faut clairement pas se dire que l'évolution ne peut être que verticale. Elle peut être aussi horizontale. Ça peut être devenir expert. Ça peut être changer de métier aussi. Ça peut être une autre façon d'évoluer. Et puis, est-ce que l'évolution doit être aussi salariale ? Alors, je comprends que oui, on a tous envie de gagner un peu plus d'argent, c'est sûr. Mais il faut aussi savoir faire ses bons choix et se dire qu'est-ce qui va me rendre heureux ? Et de ne pas avoir comme prisme uniquement le prisme économique et seulement la rétribution. Je pense qu'aujourd'hui, quand je parlais non plus d'anti-ambition mais d'alter-ambition, c'est que je pense que les plus jeunes sont suffisamment malins pour avoir compris que finalement, ce qui fait le bonheur, est-ce que c'est forcément d'avoir plus d'argent ? Alors oui, on a tous envie d'avoir un peu plus d'argent, mais peut-être qu'il y a d'autres choses qu'il faut prendre en compte et qui ont de la valeur. On avait posé une équation mathématique avec l'équipe, ce qu'on a appelé la Talent Equation, et qui « mathématise » . Ce qui fait que je vais être heureux dans une entreprise et que l'entreprise va m'attirer. Il y a des avantages. Donc oui, la rétribution en fait partie, mais la rétribution, ce n'est pas que la finance. Ce n'est pas que les sous que je vais toucher à la fin du mois. C'est aussi, par exemple, si mon employeur investit dans ma formation. C'est aussi la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne de moi comme image en société quand je dis que je travaille pour cette entreprise ? C'est aussi le sentiment d'accomplissement. Est-ce que je me sens utile ? On parlait d'utilité tout à l'heure. C'est aussi la sécurité de l'emploi, de plus en plus, c'est là où je crois au modèle de l'entreprise. Donc ça c'est les avantages, et puis il y a les concessions, c'est est-ce qu'il y a trop de rigidité du management, et dans ce cas-là s'il y en a trop je ne vais pas accepter, sur mon organisation du temps, est-ce que je vais être flexible dans mon organisation du temps ou pas, est-ce que ça va répondre à mes propres besoins d'organisation, et donc c'est tout ça qu'il faut réussir à penser, et c'est quand les entreprises pensent de façon holistique à tous ces sujets-là, qu'elles apportent les bonnes réponses. Parce que la réponse ce n'est pas juste j'augmente la grille de salaire, ça peut être ça, mais pas que. Et ça ne peut pas être juste, j'accepte de faire deux jours de télétravail par semaine et tout le monde est content.

  • Speaker #0

    Du coup, moi, ce que j'entends aussi, c'est qu'il y a un gros sujet qui est déjà arrivé, mais pour l'instant, c'est un petit peu une tarte à la crème. Et je pense qu'en vrai, il y a un vrai enjeu autour de ce sujet-là. C'est la raison d'être de l'entreprise, le sujet de la raison d'être, du why et de qu'est-ce qu'elle offre à ses salariés, mais aussi à la communauté en général. Et voilà, qu'est-ce qu'elle propose ? Voilà. Pourquoi est-ce qu'elle est là ? Et je pense que plus les entreprises vont s'affirmer sur leur raison d'être, sur ce pourquoi elles existent, plus elles vont attirer des talents et surtout les bonnes personnes qui vont se reconnaître dans cette identité-là. Et donc, c'est vraiment une question de comment tu parles de toi en tant qu'entreprise et comment tu fais vivre cette culture-là aussi en interne. Et c'est vraiment une réflexion holistique au-delà de juste poser des mots sur une raison d'être, un why. Une fois que tu as ta brand ladder, comment tu la diffuses et comment tu la vis ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que dans le sujet de raison d'être, il y a deux points qui sont importants. Oui, ça donne du sens et on sait pourquoi ça existe et pourquoi l'entreprise existe. Et comme tu le disais, après, c'est comme en amour, il n'y a pas que de l'amour, il y a des preuves. Donc, il y a la raison d'être et il y a la raison d'y croire. Donc, il faut travailler là-dessus pour que les salariés viennent et qu'ils aient envie de rester, puisque si on les a attirés derrière, il faut leur donner envie de rester. Donc oui, ce que je dis souvent, pareil, c'est un petit peu une boutade que je dis à certains patrons ou patronnes, c'est que personne ne se lève pour faire 10% de croissance. Donc, tu as besoin de cette raison d'être là, c'est sûr. Tu as besoin des raisons d'y croire, c'est sûr. Mais je pense que tu as aussi besoin de te dire que le modèle qu'on a beaucoup et qui est ancré dans la tête de beaucoup de gens, le modèle de performance absolue de l'entreprise, Ce n'est pas juste la performance, parce qu'encore une fois, on ne se lève pas pour ces 10% de croissance-là. Donc oui, c'est bien d'avoir une raison d'être, c'est bien d'avoir des raisons d'y croire, mais très vite, et on le voit dans le contexte actuel, dès que l'économie va moins bien, dès que le contexte est plus tendu, on peut revenir en arrière. Et si on veut ne pas revenir en arrière, je pense qu'il faut accepter de se dire que notre modèle, ce n'est plus la performance absolue, c'est ce qu'Olivier Armand appelle la robustesse. Et donc, ça veut dire qu'on pense aussi notre modèle de performance un peu différemment. Et c'est une fois qu'on aura travaillé ça, qu'on aura accepté que les critères sont... Donc, pas que des critères financiers, que les critères financiers peuvent être un peu différents, que parfois, on n'est pas dans l'efficience maximum. Mais en fait, c'est bien d'avoir un peu de gras parce qu'en fait, ce gras, le jour où il y a une crise, c'est plus facile de résister parce qu'on a peut-être trop de personnes. Mais ces trop de personnes vont faire qu'on va mieux y arriver, etc. Et ça, c'est un peu une révolution qu'il faut opérer parce qu'aujourd'hui, on sait comment fonctionne le monde des entreprises. C'est encore très sur les chiffres, sur la finance, sur les résultats, sur... la marge brute, les bits et tous les gros mots entre guillemets qu'on peut tous avoir et qu'on suit tous. Et encore une fois, je ne veux pas qu'on jette ça à la poubelle, mais il faut en rajouter d'autres. Il faut repenser un peu ce modèle-là et accepter de le repenser.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, la robustesse, c'est une notion hyper intéressante au jour d'aujourd'hui où tout est remis en question chaque jour. Il y a une autre notion aussi, je ne sais pas si tu la connais, c'est le concept de l'antifragilité.

  • Speaker #1

    Bien sûr, j'adore Nassim Taleb. C'est l'un de mes auteurs favoris. Pour moi, c'est exactement ça. D'ailleurs, quand j'ai pensé Salman Consulting, c'était un mot antifragile qui revenait souvent, avec cette idée qu'il ne faut pas juste être résilient, mais il faut être antifragile, c'est-à-dire qu'on va tirer bénéfice du chaos. Exactement. Et ça, c'est le stade ultime. J'essaye d'emmener mes clients vers ce stade-là.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est la réponse à tout, même d'un point de vue individuel. Complètement. Il t'arrive quelque chose. Comment tu vas le transformer ? Comment tu vas sublimer ce truc-là ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, quand on vit l'aménement difficile, qu'on soit une entreprise ou un être humain, ce n'est pas évident. Et c'est là où ça peut être aussi bien d'avoir un regard extérieur, du recul, etc. Pour être à l'une vie.

  • Speaker #0

    Je suis experte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, hyper intéressant. Donc, effectivement, on reprend le cours de l'histoire. L'entreprise prend un rôle qui va être beaucoup plus... globale, holistique, beaucoup plus amplifiée que ce qu'elle a aujourd'hui, qui est de produire de la richesse, d'après toi. En tout cas, c'est comme ça que tu vois l'avenir. Du coup, on va créer une espèce de communauté d'entreprises, quelque part, avec une culture commune où chacun se reconnaîtra dans une partie ou plus de la culture de l'entreprise, de la raison d'être de l'entreprise. Pour ça, il faut attirer les talents. et surtout les bons talents. D'après toi, aujourd'hui, étant donné toutes ces transformations qui sont en train de s'opérer en sous-marin, quels sont les leviers sur lesquels l'entreprise peut jouer pour attirer les talents et les bons talents ?

  • Speaker #1

    Je vais te redire ce que j'ai un peu déjà dit, mais c'est moi, ma talent equation, elle a pensé ça. C'est-à-dire que c'est vraiment, oui, il faut penser de façon holistique la rétribution, donc oui, le salaire, mais aussi la formation, comment j'investis. Non mais genre, il y a une phrase que j'aime beaucoup, c'était quelqu'un qui m'avait dit ça une fois, c'est qu'est-ce qui est pire que d'investir sur la formation d'un collaborateur et de le voir partir ? C'est de ne pas investir et de le voir rester.

  • Speaker #0

    Alors ce qui est incroyable, c'est qu'hier j'ai assisté à un webinaire, il y avait quelqu'un d'un gros groupe, que je ne vais pas nommer, mais quelqu'un de, enfin une RH, et qui racontait que certaines personnes disent, bon ben alors telle personne, si je la perds, est-ce que c'est un risque ou pas ? genre est-ce que c'est un problème ou en fait on s'en fout si on la perd ? Et ben ouais, on s'en fout, donc c'est pas la peine d'investir, c'est pas la peine de la former. Il y a encore quand même des gens qui pensent comme ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que quand tu m'as dit comment on arrive à trouver les talents et surtout les bons talents, mais en fait c'est quoi un bon talent ? On peut se poser la question. On a tous un talent, il faut juste trouver le bon endroit pour l'exprimer. Et moi je serais peut-être très nulle en gardienne de foot, je sais pas si je prends l'exemple. Et je serais peut-être très forte dans autre chose. Donc, en fait, comment on aide chacun à trouver son chemin ? Et peut-être que c'est aussi ça le rôle du manager demain et de l'entreprise demain, c'est d'aider chacun à trouver sa juste place. Et donc, oui, la formation, ce n'est pas que pour l'aider à rester là où il est aujourd'hui, c'est peut-être aussi pour l'aider à l'aiguiller, à l'emmener là où il doit aller demain.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une question individuellement parlant qu'on doit tous se poser. Oui,

  • Speaker #1

    complètement. Et moi, je dis beaucoup à mes collaborateurs, comment on fait pour rester dans un growth mindset, c'est-à-dire continuer à apprendre et à se développer. Et moi, je l'ai souvent dit à mes collaborateurs ou les personnes avec qui j'ai eu la chance de travailler, peut-être que parfois ça ne marche plus là où tu es aujourd'hui, mais comment moi, je peux t'aider à trouver ta next step et ta next step, elle sera peut-être avec nous, peut-être sur un autre poste, mais peut-être qu'elle sera ailleurs et ce n'est pas grave, c'est la vie. Et comment on fait par contre pour... J'essaye toujours, j'espère que mon intention est ressentie par les gens qui m'ont côtoyé, mais voilà, d'aider chacun à trouver sa juste place parce que je pense que c'est clé. Oui, il faut travailler sur la rétribution, sur la formation, sur le coaching des uns et des autres. Il faut travailler, et les leviers dont va disposer l'entreprise, c'est aussi travailler, ce que je disais tout à l'heure, la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne comme image de moi, si je travaille pour cette entreprise ? Sur l'utilité, ça c'est clé. La sécurité de l'emploi, je pense, va de plus en plus compter, mais comment elle n'est pas subie seulement. Je reste là parce que je suis dans une cage dorée ou parce que j'ai besoin de cet argent à la fin du mois, mais comment je me sens responsable, utile, et donc... Je vais réussir à y trouver du sens et à m'épanouir. Et puis après, comment je travaille sur l'organisation du temps, sur le management, etc. Et je reviens sur l'organisation du temps parce que je le disais, sur le télétravail, tout le monde ne peut pas télétravailler. Mais il y a des nouvelles façons de faire, même pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Je donne un exemple très concret. Dans des entreprises qui travaillent, par exemple, qui gèrent les cantines. On peut se dire que les personnes qui travaillent dans les cantines, ça ne se fait pas en télétravail. Mais par contre, on s'est rendu compte que dans les entreprises, vous l'avez tous vu autour de vous, Le vendredi, il y a quand même moins de gens. Du coup, on a peut-être besoin d'un staff un peu moins important le vendredi. Et donc, peut-être que je peux permettre à mes employés d'avoir chacun, de façon tournante, un vendredi par mois, par exemple. Et donc, on peut apporter des nouvelles façons de s'organiser, d'organiser son travail, y compris pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Donc, il faut être créatif pour trouver des nouvelles solutions et vraiment penser tous les sujets d'un coup et ne pas se dire, il y a une solution miracle et un seul levier à activer. Il y en a plein.

  • Speaker #0

    C'est un genre de puzzle.

  • Speaker #1

    Un peu, oui, exactement.

  • Speaker #0

    Mais quand même, dont le centre de gravité reste quand même l'identité de l'entreprise. Ça, c'est hyper important. J'imagine que tes clients t'interrogent là-dessus.

  • Speaker #1

    Sur leur identité, qui ils sont, etc. Oui, ça nous arrive de redéfinir à quoi on sert, c'est quoi notre raison d'être, c'est quoi notre vision, etc. Et là, on ne s'arrête jamais là parce que sinon, on a l'impression, comme je disais, que ça pouvait être du bullshit, du greenwashing, du tout-ce-qu'on-veut-washing. Il faut vraiment se dire derrière qu'est-ce que ça veut dire et comment je l'incarne concrètement. Nous, on travaille beaucoup sur tout ce qui est culture d'entreprise. Comment dans ma culture, j'incarne ma grande vision ?

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? À part des campagnes de com' internes ?

  • Speaker #1

    Alors nous, on ne fait vraiment jamais de com', ce n'est pas du tout mon métier. Quand on travaille sur la culture d'entreprise, moi je m'inspire beaucoup de l'anthropologie. L'anthropologie, c'est la science qui définit ce qui fait qu'on fait communauté. Si on est français, qu'est-ce qui fait qu'on fait communauté en tant que français ? C'est d'avoir des rituels communs, d'avoir des mythes communs, on connaît notre histoire, etc. D'avoir des symboles communs et d'avoir des valeurs communes. En fait, on peut appliquer ça au monde de l'entreprise. Et donc nous, quand on travaille, on va travailler avec cette méthodologie en se disant c'est quoi ma culture aujourd'hui ? Qu'est-ce qui est valorisé ? quels sont les comportements qui sont valorisés dans l'entreprise, quels sont les tabous peut-être, quelles sont les histoires partagées que tout le monde connaît. Comme ça, on va aller fouiller sur l'informel.

  • Speaker #0

    Le mythe fondateur aussi.

  • Speaker #1

    Le mythe fondateur, etc. Et donc, on va aller auditer un peu cette culture actuelle, se dire par rapport à l'entreprise, là où elle veut aller sa stratégie dans quelques années, est-ce que c'est la bonne culture pour y aller ? Si ce n'est pas le cas, c'est quoi ma culture idéale, ma culture cible ? On l'a défini avec souvent les top dirigeants. Et ensuite ? on voit le gap entre les deux et comment on fait pour la faire évoluer. Et donc, on peut redéfinir des rituels, des mythes, des symboles, etc. Mais on peut aussi travailler à changer les comportements. Et là, on utilise aussi beaucoup les sciences comportementales. Comment je fais pour nudger des comportements ? Comment je fais pour faire en sorte que les gens soient plus innovants, plus créatifs ? Mais peut-être qu'il y a des boîtes dont je vends des commodités. Je n'ai pas besoin qu'ils soient plus créatifs et plus innovants. Donc, c'est pour ça qu'il n'y a pas de bonne culture. Quelle est la bonne culture par rapport à ma stratégie ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est ce que tu fais. Et donc, c'est retravailler sur tout ça. Et donc, il y a une partie très soft de rituels, de symboles, de valeurs, de mythes, etc. Mais il y a aussi des choses beaucoup plus hard. C'est quoi mes process ? C'est quoi mon organisation ? Et donc, il faut travailler sur tous ces éléments-là quand on travaille la culture d'entreprise.

  • Speaker #0

    Finalement, ce que je propose avec Holyworks, c'est assez proche de ce que tu fais. Sauf que moi, c'est beaucoup plus petite échelle. Mais effectivement, on va visiter comment tu travailles ces côtés process, mais aussi, qu'est-ce qui te motive ? ton identité, etc. C'est l'union des deux qui va faire que...

  • Speaker #1

    Exactement. Il faut réussir à le faire à tous les échelons. C'est bien de le faire au niveau de toute l'entreprise, évidemment, mais après, comment chacun dans son équipe s'y retrouve. Et donc, souvent, il va y avoir une grande culture. Il faut avoir ce cadre de jeu commun, mais comment aussi on peut avoir des sous-cultures qui vont co-vivre sans être en... Il faut que ça reste en adéquation et en cohérence avec la grande culture, mais on peut aussi avoir sa propre culture pour retrouver sa motivation personnelle, que ça soit lié à ses objectifs de BU, d'entité, etc.

  • Speaker #0

    Alors, Dernière question. On a parlé de l'organisation, de l'identité d'entreprise, de comment attirer les talents. On a aussi parlé à droite à gauche du mindset des salariés d'aujourd'hui. Comment tu vois l'avenir du mindset idéal des salariés ? Je retiens l'utilité, la responsabilité, le growth mindset aussi.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. j'ai pas mal de choses moi je pense qu'il faut laisser du champ à l'initiative laisser les gens faire et peut-être que je rajouterais un élément dont on n'a pas parlé tu as beaucoup parlé de la Gen Z dans tes questions mais je pense qu'on vit un moment un peu exceptionnel qui est que c'est je crois la première fois si on compte bien qu'on a 5 générations qui co-vivent dans l'entreprise et moi je crois beaucoup à l'intergénérationnel on n'arrête pas de repousser l'âge de la retraite mais en fait si on le repousse mais qu'on ne garde pas les gens qui sont plus âgés qui ont plus d'expérience ça ne marche pas donc comment on fait pour que chacun trouve là aussi sa juste place ? Et que les différentes générations ne soient pas en compétition, mais plutôt en complémentarité. Et donc, je pense que dans le mindset, c'est une envie en réalité des gens. Quand je dis que les gens n'ont pas envie d'être seuls, ont envie de créer plus de liens, c'est aussi avec cet intergénérationnel-là. Et je pense que ça, c'est quelque chose aussi à travailler en plus de tout ce qu'on a dit sur l'utilité.

  • Speaker #0

    Moi, je rencontre beaucoup de femmes qui ont la cinquantaine ou qui approchent la cinquantaine, qui viennent me voir et qui me disent, c'est bon, je ne vais plus jamais trouver de boulot, j'ai 50 ans. Qu'est-ce que tu penses de ça ?

  • Speaker #1

    Le jour où j'ai appris qu'on était senior dans l'entreprise à 45 ans, ça m'a fait un choc. Alors, je n'y suis pas encore tout à fait, je tiens à le signaler. Mais oui, c'est un vrai problème. C'est-à-dire qu'à partir du moment où notre société nous renvoie qu'on est vieux dans l'entreprise à 45 ou 50, pareil, il y a un autre exemple, mais j'ai un ancien client qui m'a dit « Ah, il faut que je fasse un bon choix sur mon prochain poste, parce que comme j'approche de la cinquantaine, après, ça sera fatal si ça ne marche pas. » C'est triste de devoir se dire ça. C'est très triste. C'est très triste. Donc oui, pour moi, ce n'est pas OK. Donc, il faut qu'on retravaille collectivement là-dessus. On redonne du place aux seniors qui ont plein de choses à apporter aussi.

  • Speaker #0

    Il y a peut-être l'opportunité de créer des postes qui sont beaucoup plus experts parce que finalement, plus tu as de l'expérience, plus tu es expert dans ton domaine. Complètement. Après,

  • Speaker #1

    c'est aussi une question de taille de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Transmission derrière, etc.

  • Speaker #1

    Mais en fait, se payer un expert versus quelqu'un qui peut tout faire.

  • Speaker #0

    Il y a l'enjeu du salaire derrière.

  • Speaker #1

    Il y a l'enjeu du salaire, mais il y a aussi l'enjeu de la taille de l'entreprise. Moi, je le vois à ma petite échelle. Nous, on est une vingtaine. Bon, à 20, c'est plus dur que quand on est 100. Parce qu'on peut... Moi, il y a un exemple que j'aime bien donner quand les gens me disent souvent j'aimerais bien avoir plus de diversité dans mon entreprise. Comment je fais ? Il y a un ancien, un monsieur qui travaille chez Ogilvy qui est très, très connu sur les sciences comportementales qui s'appelle Rory Sutherland en Angleterre. Et il avait donné dans son livre un exemple que je trouvais génial. C'est est-ce que pour recruter 10 personnes très diverses, avoir le plus de diversité possible, et là, j'en fais partie, Est-ce que j'ai intérêt à demander à 10 personnes très différentes de l'entreprise de recruter chacun une personne ? Ou est-ce qu'il vaut mieux demander ? à une seule personne de recruter dix personnes. Et les gens répondent souvent, il vaut mieux demander à dix personnes très différentes de recruter chacun une personne, comme ça chacun va recruter quelqu'un qui va lui ressembler. Pour moi,

  • Speaker #0

    c'est la réponse D.

  • Speaker #1

    Et c'est la réponse B, effectivement. Pourquoi ? Parce qu'en fait, une personne, quand elle recrute un seul talent, elle ne va pas prendre de risque, elle va prendre le choix safe de quelque chose qu'elle a déjà vu fonctionner dans l'entreprise. Alors que si j'en fais dix, le premier, le deuxième, le troisième, je peux être safe. Le septième, le huitième, le neuvième, le dixième, peut-être que je peux prendre plus de risques. Je vais aller chercher plus de diversité si je peux recruter plus de personnes. Je pense qu'aussi sur l'âge, on peut travailler là-dessus et former les RH, si c'est elles qui recrutent, ou eux d'ailleurs, il ne faut pas avoir de biais là-dessus, pour qu'ils puissent aller chercher cette diversité de talents.

  • Speaker #0

    Hyper intéressant. Il y a beaucoup de questions qui se posent aujourd'hui sur l'avenir de l'entreprise. Toi, aujourd'hui, c'est quoi la tendance des questions qui arrivent ?

  • Speaker #1

    Et vous ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à tirer une espèce d'évolution des tendances, des interrogations des entreprises ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a beaucoup de gens qui essayent de comprendre le futur, parce que c'est tellement là. Il y a de plus en plus de questions sur l'hyper-présent, comment on décrypte ce qui est en train de se passer et c'est quoi les impacts futurs.

  • Speaker #0

    Hyper-présent, ça veut dire quoi ? Là, tout de suite,

  • Speaker #1

    maintenant. Là, maintenant, et l'impact sur le futur. Mais c'est rigolo, là où je dessinais des scénarios futurs et je revenais à aujourd'hui pour me dire du coup, qu'est-ce que je fais ? Ce qui continue à être des sujets qu'on nous pose. Mais on a aussi de... C'est quoi ? Comment je comprends ce monde qui bouge si vite ? Chaque jour, on a une nouvelle annonce qui est cette... On sait que c'est la stratégie de Steve Bannon qui l'avait théorisée. Et on voit Trump annoncer chaque jour des énormités. Donc, comment je comprends cet hyper présent ? Et du coup, qu'est-ce que ça veut dire sur le futur ? Et sur les impacts sur le futur ? Donc, on a beaucoup ces questions-là. Et puis, quand le monde se rétracte, que c'est de plus en plus compliqué, etc., on parlait de culture, je pense que les gens investissent de plus en plus et comprennent l'intérêt d'investir sur les people. C'est-à-dire, comment je m'assure que, même si je ne recrute pas plus, même si je me carapate, etc., ceux qui restent, ils sont engagés, ils ont envie, etc. Et qu'on arrive avec ces gens-là à recréer de l'espoir, du positif, parce qu'ils ne sont pas dans une optique pessimiste, mais plutôt une optique positive et optimiste.

  • Speaker #0

    L'hyper-présent. Je ne connaissais pas ce terme. Très intéressant. En tout cas, merci beaucoup, Batoul. Merci beaucoup. Je retiens plein de choses. Déjà, durée de vie de l'entreprise en 1960, c'était 60 ans. En 2020, c'est 20 ans. Donc déjà, voilà. Montée de la solitude, montée des problèmes de santé mentale, de la précarité aussi pour les gens qui sont indépendants, recul du service public. Et donc, la réponse est peut-être dans l'entreprise. C'est peut-être là que ça se passe, avec une vision différente de l'ambition, que tu nommes l'alter-ambition, avec peut-être un travail qui nous permet d'avoir... plus de temps, aussi pour autre chose. Et donc, la notion d'utilité, de responsabilisation et de growth mindset pour avoir une équipe qui cartonne. Voilà. Sans oublier la notion de robustesse et d'entreprise et d'antifragilité. Bref, c'était hyper riche. Merci beaucoup. Moi, ça me passionne en tout cas, toutes ces questions. C'est vraiment l'objet de mon podcast. Il est là-dessus, donc on est en plein dedans. J'adore.

  • Speaker #1

    Tant mieux.

  • Speaker #0

    On va passer à la troisième partie de cet épisode, qui est donc les Holy Questions, les petites questions que je pose à tous mes invités. Et on va commencer par la première, qui est la routine du matin. Parce que pour moi, c'est hyper important de bien commencer la journée pour être en bonne énergie après. Pour toi, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est d'avoir un bisou de chacun de mes enfants.

  • Speaker #0

    T'as combien d'enfants ? Deux. Deux enfants.

  • Speaker #1

    Ça va, ça va vite. Un jour chaque. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est tout ? Ça suffit. Moi, je n'ai pas de morning routine. Je ne me lève pas tôt. Je ne mets pas de crème. Il ne faut pas un café. Je déteste le café. C'est la boisson des adultes. Ce n'est pas pour moi. Non, moi, c'est très simple. Voilà.

  • Speaker #1

    Alors, nouvelle question que je vais poser maintenant à tous mes invités. Quel est le projet de ta carrière dont tu es la plus fière ? En tout cas, ta plus grande victoire professionnelle.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si j'arriverai pas à en citer une. Il n'y a pas quelque chose dont je suis fière. Mais ce dont, je ne sais pas si c'est de la fierté, mais ce que j'adore en tout cas, c'est que je pourrais faire une liste à la prévère de tous les trucs improbables que j'ai faits pour le boulot. Je vais vous donner quelques exemples, mais j'ai déjà visité une usine d'amidon, j'ai déjà été à un défilé haute couture, j'ai déjà animé un workshop avec Thierry Marx et Frédéric Anton, j'ai déjà rencontré un patron du K40 et j'ai animé pour lui un workshop à Shanghai avec son top 40. J'ai déjà, ce que je n'aurais pas cru être capable peut-être, mais... J'ai rencontré des experts de plein de domaines différents. J'ai parlé à l'inventeur de Siri, Luc Julia. J'ai parlé à un expert des exosquelettes. J'ai parlé à des experts de la santé. J'ai même parlé l'autre jour à un expert de l'architecture souterraine, de l'IA, de tous les sujets. Et je ne sais pas si ça me rend fière, mais en tout cas, ça me nourrit tellement parce que j'ai l'impression de ne jamais m'ennuyer, d'apprendre tous les jours et surtout de mieux comprendre le monde dans lequel on vit et donc d'arriver à décrypter ce monde-là pour mes clients, pour aider les entreprises. comprendre ce monde et aller dans le bon sens en embarquant toutes les parties prenantes. Donc voilà, je pense que c'est ça qui, moi, m'éclate le plus tous les jours.

  • Speaker #1

    Pour avoir de l'impact derrière.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors, est-ce que tu peux citer une personne ou un mentor qui t'inspire ou qui t'a inspiré ?

  • Speaker #0

    Alors moi, il y a une personne qui a nourri toute ma carrière et avec qui j'ai travaillé avec le temps qui passe et de moins en moins, mais au moins à 60% de ma carrière, c'est Nathalie Rastoin, qui était l'ancienne patronne de Guilvy. qui est à la fois ma mentor et qui est devenue une amie et qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup appris. Et puis, j'ai eu un chef aussi anglais, Simon Myers, avec qui j'ai aussi beaucoup appris. Il avait un parcours incroyable. Il a été journaliste, il a vécu huit ans en Chine, il a appris le chinois, il a été dans le marketing. Et ensuite, il a été entrepreneur puisqu'il a créé sa boîte. Donc, avoir eu aussi un mentor anglo-saxon, ça m'a aussi...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas la même culture. C'est pas la même chose, c'est différent et ça apporte des choses en plus.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, c'est quoi la différence ?

  • Speaker #0

    La différence ?

  • Speaker #1

    On parlait d'Empowerment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est différent. Après, je ne sais pas si ces deux personnes-là sont représentatives de leurs archétypes. Je ne pense pas du tout. Je pense que comme je suis un saumon et que je vais chercher des gens différents, ce qui m'a plu, c'est vraiment... Ils m'ont toujours challengé, m'incité à poser des questions, à me sortir de ma zone de confort régulièrement. Intellectuellement, moi, c'est ça qui m'éclate. C'est intellectuellement pouvoir brainstormer, trouver 10 milliards d'idées. se challenger mutuellement, etc. C'est ça que j'ai aimé. Est-ce que je serais capable d'en tirer des leçons sur la différence entre les anglo-saxons et les français ? Non, j'ai pas cette prétention-là.

  • Speaker #1

    Quelle est ta devise dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'en ai deux. J'en ai une perso. Perso, c'est... D'ailleurs, j'ai la moitié de la phrase dans ma bague de fiançailles et mon mari a l'autre partie. C'est tout ce qui nous arrive, c'est pour le mieux. Et donc, même si parfois, sur le moment, c'est difficile, on sait qu'il faut penser très fort au moment, dans deux ans, où je repenserai à ce moment-là et je me dirai « Ah, mais ça m'a appris ça, ça m'a permis ça, ça a débloqué ça » , etc. Donc ça, j'y crois vraiment. Et la deuxième, qui est plus pro, mes équipes le savent, je l'ai toujours dit, c'est ma devise, c'est « peur de rien, mort de faim » . Pas du tout dans le côté négatif que ça pourrait laisser entendre, mais c'est vraiment cette idée que rien n'est impossible. Si on a envie et qu'on travaille suffisamment, en fait, c'est possible. Donc je dis... C'est quoi vos rêves ? Est-ce que vous avez envie de travailler pour telle ou telle entreprise ? On n'y arrivera peut-être pas demain, mais donnons ça comme objectif et on finira par y arriver, même si on connaît moins le secteur que d'autres, même si, même si, il y aura toujours des même si. Mais si on a vraiment envie, on y arrivera.

  • Speaker #1

    Un livre que tu nous conseilles ?

  • Speaker #0

    Un des livres qui m'a beaucoup marqué ces derniers temps, c'est « Les ingénieurs du chaos » de Daampoli, qui est celui qui a aussi écrit « L'hommage du Kremlin » . Ça m'a beaucoup marqué parce qu'il analyse comment une poignée de personnes ont réussi à utiliser les réseaux sociaux, notamment pour... pour, c'est ces personnes-là qu'il appelle les ingénieurs du chaos, pour polariser la société, faire en sorte que le populisme monte, etc. Et ce qui m'a, donc un, c'est éclairant, ça explique très bien les mécanismes en place, mais moi, ce qui m'a frappé et qui m'a un peu effrayé, c'est que j'ai beau comprendre maintenant tout, donc déjà c'est bien de mieux comprendre, mais je vois tout à fait comment utiliser ces outils incroyables pour les forces du mal, je ne vois pas comment les utiliser pour les forces du bien. Et ça m'inquiète parce que je ne sais pas comment on peut retourner des choses.

  • Speaker #1

    À la base, Facebook, c'était pour le bien, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Alors après, je ne dis pas qu'il n'y a que du négatif. Oui, ça crée du lien, ça met les gens en lien. On ne se serait sans doute pas recontacté s'il n'y avait pas eu LinkedIn, pour prendre cet exemple-là. Mais entre les bulles de fil, le fait que ça va être de moins en moins contrôlé, et que... sur l'effet sur nos enfants. C'est une catastrophe. Je ne suis pas la seule à le dire. Les études commencent à le montrer. Je pense qu'on va revenir en arrière. Il y a des pays qui sont en train de légaliser et qui vont dire que les smartphones et les réseaux sociaux interdisent jusqu'à 16 ans. Le cerveau n'est pas assez mature pour ça. Donc, on n'a pas assez contrôlé ça. Et ces outils, comme tous les outils, ne sont que des outils, mais ont et sont utilisés, pas forcément pour faire de choses bien. Et la démarche inverse n'est pas si évidente.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Un excellent livre à lire pour mieux comprendre le monde dans lequel on est en train de vivre.

  • Speaker #1

    Ok, super. Merci beaucoup. Alors après, un truc beaucoup plus léger. Une chanson que t'adores écouter qui te met dans une bonne énergie. Genre... que tu donnes à ton équipe, tu dis allez on va tout déchirer à la prochaine présentation, ça va être quoi ?

  • Speaker #0

    On n'a pas ce rituel là, je ne suis pas très très musique dans l'absolu mais moi il y a une personne qui me touche beaucoup ces derniers temps, c'est Zao de Sagazan, que j'aime beaucoup parce qu'il y a à la fois j'aime son personnage, j'aime son énergie et j'aime beaucoup sa sensibilité qui me touche énormément et quand je mets sa chanson à fond, quelle que soit, je ne sais pas, Modern Love, Symphonie des éclairs etc, moi ça me met dans un état que j'aime bien.

  • Speaker #1

    J'aime bien ça, ça me met dans un état que j'aime bien. Je vais y mettre la symphonie et je vais la rajouter à la playlist Holy Work. Alors sachez, mesdames et messieurs, que je constitue une playlist avec toutes les chansons que mes invités me donnent et elle est disponible sur Deezer. Et elle est aussi sur mon site internet depuis pas très longtemps, si vous voulez l'écouter. C'est génial de voir les personnalités qui défilent à travers.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez éclectique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est génial. Est-ce qu'il y a une personne à qui tu penses qui pourrait bien fitter avec ce podcast ?

  • Speaker #0

    que je pourrais appeler ? Alors ça, j'ai réfléchi. Je n'ai pas forcément une réponse d'une personne, mais plutôt un type de personne. Moi, je trouverais ça intéressant d'aller chercher un ou une auteur de science-fiction.

  • Speaker #1

    Ah ouais !

  • Speaker #0

    Pour avoir une version un peu futuriste de ce que pourrait être le travail, ce que pourrait être le monde de l'entreprise, etc. J'adore cette idée ! Ça pourrait être intéressant. Et alors, il y a un livre que j'ai commencé, donc je ne peux pas encore en parler parce que je ne l'ai pas assez lu, mais c'est Alain Damasio qui a écrit un livre qui s'appelle La vallée du silicium. et qui se plonge dans la Silicon Valley et qui en parle. Peut-être que lui... Je n'ai pas lu le livre jusqu'au bout, j'en suis encore au tout début, mais peut-être qu'il serait intéressant. Alors, il faut réussir à l'avoir. Si tu y arrives, invite-moi.

  • Speaker #1

    Rien n'est impossible. Père de rien, mort de faim. Exactement.

  • Speaker #0

    Tu as tout compris.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup pour l'idée. J'adore. On va terminer cet épisode avec la carte. Tu sais, je propose à mes invités de tirer une carte et puis on va en... déduire le mot de la fin de l'épisode. Je t'invite à bien mélanger parce que c'est un jeu qui est nouveau. Et puis en même temps comme ça...

  • Speaker #0

    Vous ne voyez pas, mais je suis en train de mélanger de façon très clumsy. Alors, énorme ! La retraite ! Ne vous laissez pas distraire par l'agitation extérieure. Revenez à vous ! C'est chouette parce que quand on voit la retraite, c'est marrant parce que tout de suite, moi j'essaie toujours d'être à contre-courant. Donc je me dis non, ce n'est pas la retraite de quand on va devenir vieux, c'est la retraite de quand je vais me reposer. Et c'est exactement la définition qui est donnée. Donc oui, comment on arrive à se créer une bulle de filtre au sens positif pour le coup, pour se ressourcer, prendre le temps de réfléchir et revenir dans le monde et en connexion avec les autres pour faire différemment. Si on y arrive, franchement, peut-être qu'il y a encore de l'espoir.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça notre enjeu aujourd'hui dans l'hyper présent.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci beaucoup, Patoule. Merci, chers auditeurs. J'espère que vous avez apprécié cet épisode tout autant que moi. J'espère que vous a inspiré et peut-être de manager vos équipes différemment, d'agir en tant que collaborateurs différemment. En tout cas, moi, tous ces sujets me passionnent et je propose beaucoup de choses qui sont en lien avec ce qu'on a évoqué dans mes accompagnements. Je suis trop contente de cet épisode. Je vous donne rendez-vous, j'espère dans deux semaines, pour un prochain épisode où on va explorer le parcours d'une personne atypique. Voilà, ça va être passionnant, j'en suis sûre. D'ici là, vous pouvez me retrouver sur les réseaux Instagram, LinkedIn et sur mon site holywork.fr. Je vous embrasse, à très bientôt. Merci Batoul et j'espère à très bientôt aussi.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, merci à toi. Au revoir.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Holy Work, c'est aussi un cabinet de coaching pour les entreprises et les particuliers qui propose des programmes de coaching, des formations en management et aussi des bilans de compétences. Je vous donne rendez-vous sur le site holywork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail. Et ne manquez aucune info Holy Work en vous inscrivant à la newsletter et en ajoutant ce podcast à vos favoris. Et n'oubliez pas, make each workday a holiday. À très bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1

    04:43

  • Chapitre 2

    06:57

  • Chapitre 3

    10:29

  • Chapitre 4

    18:35

  • Chapitre 5

    19:54

  • Chapitre 6

    23:10

  • Chapitre 7

    26:28

  • Chapitre 8

    29:20

  • Chapitre 9

    30:24

  • Chapitre 10

    34:42

  • Chapitre 11

    37:38

  • Chapitre 12

    41:17

  • Chapitre 13

    42:46

  • Chapitre 14

    43:52

Description

Et si l'entreprise et le salariat devenaient le nouvel eldorado du travail ? Un moyen de s'épanouir et de créer des liens dans un monde en perte de repères ?


Dans cet épisode, Batoul Hassoun, CEO de The Salmon Consulting (Havas Group), partage sa vision du monde du travail de demain. Un monde où l'une entreprise devient un pilier de la société : protectrice et engagée, loin du modèle traditionnel. Elle nous explique pourquoi l'entreprise pourrait bien devenir un nouveau pilier de notre société. Et ensemble, nous explorons l'évolution du pacte enterprise-manager-collaborateur, le nouveau visage de l'ambition, et notre nouveau rapport au temps et l'émergence de "l'hyperprésent", puisque la durée de vie d'une entreprise en 1960 était 60 ans alors qu’en 2020, elle est de 20 ans.


À écouter absolument pour repenser le futur du travail en général et de votre carrière en particulier !


Les références de cet épisode :

🚀 HoliWork, c’est aussi un cabinet de coaching qui accompagne entreprises et particuliers dans leurs défis professionnels. Nous proposons des programmes de coaching, des formations en management et en soft skills, et des bilans de compétences. Rendez-vous sur HoliWork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail et réserver un RDV découverte !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Céline Athias, je suis exécutive coach certifié et je vous souhaite la bienvenue dans mon podcast Holywork. Avec Holywork, je vous invite à rendre vos journées de travail aussi épanouissantes que vos journées de vacances. Dans cette deuxième saison, à travers les témoignages de mes invités et aussi les épisodes solos, nous allons explorer comment évolue le monde du travail et découvrir de nouvelles clés pour vous aider à progresser. Alors, si vous avez envie d'ajouter une dose de joie dans votre quotidien professionnel, vous êtes au bon endroit. C'est parti pour un nouvel épisode. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Holywork. Vous le savez, dans ce podcast, nous explorons l'évolution du monde du travail, les nouveaux codes, les nouvelles règles du jeu, les switches de carrière. Et aujourd'hui, je suis ravie de vous retrouver. pour un nouvel épisode où nous allons justement aborder un sujet passionnant, la relation entreprise-salarié. Alors, c'est une relation qui a connu beaucoup de bouleversements, depuis le Covid notamment. On a connu le Big Quit, ce mouvement où des milliers de salariés quittaient leur poste pour chercher un travail qui avait plus de sens pour eux. Parmi eux, beaucoup se sont lancés dans l'entrepreneuriat d'ailleurs. On a aussi connu la généralisation du télétravail qui a bouleversé les modes de management, de gestion du temps et... plus globalement aussi de nos modes de vie. Et puis aussi, ce qui a beaucoup changé la donne, c'est l'arrivée de la Gen Z. Elle a bouleversé les codes relationnels en entreprise. Bref, l'entreprise a été bien malmenée ces dernières années. Et pourtant, j'ai découvert une personne qui croit en l'avenir de l'entreprise. Oui, absolument. Elle croit même que son rôle va prendre de plus en plus d'importance dans la société et que bientôt, ça sera cool de travailler en entreprise. Alors, c'est pour ça que j'ai tenu à l'inviter aujourd'hui dans ce podcast. Voilà, je te remercie beaucoup d'avoir accepté l'invitation. Batou Lassoun, bienvenue sur Holywork. Alors, déjà, comment ça va aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Très bien, super. Donc, on est en train d'enregistrer cet épisode. On est dans les locaux d'Avas. Tu vas nous raconter pourquoi ici. Déjà, tu es CEO d'une agence qui s'appelle The Salmon Consulting. C'est une entité du groupe Avas. Concrètement, qu'est-ce que vous proposez et surtout pourquoi vous appelez The Salmon Consulting ? Moi, je trouve que le nom est très bien trouvé. Tu vas nous raconter ça ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Alors déjà, la façon dont on se définit, c'est qu'on est un cabinet de conseil en stratégie. Alors oui, c'est vrai, je l'ai créé au sein du groupe Avas, qui est une industrie créative, parce que ce qu'on sait, c'est avoir des idées. Et on pourra en reparler, mais je pense que c'est ça qui a de la valeur dans le monde dans lequel on est. Et justement, le point de départ de cette création d'entreprise, c'est... de se rendre compte, et ce n'est pas l'actualité qui va me démentir, que le monde est de plus en plus complexe, voire chaotique, et que dans ce monde très incertain, où finalement ce n'est pas facile de naviguer, on voit que les entreprises, leur durée de vie est en train de se réduire. J'ai un chiffre que j'aime beaucoup, c'est qu'en 1960, la durée de vie d'une entreprise, c'était 60 ans. En 2020, ce n'est plus que 20 ans. Et donc, quand on voit ça, on se dit, comment on fait pour continuer à exister, pour continuer à naviguer dans ce monde pas évident ? Et donc, c'est pour ça que j'ai créé Salmon Consulting. C'est un cabinet de conseil qui a pour vocation d'aider, un, les entreprises à comprendre le futur. Donc, nous, notre métier, la façon dont on écrit, c'est qu'on fait de la prospective appliquée. Donc, on comprend le futur, on aide les entreprises à comprendre le futur, mais on ne s'arrête pas là, on l'applique pour se dire qu'est-ce que ça a comme impact sur mon plan stratégique, mon plan d'action, mon plan d'engagement. Donc, comment je retravaille ma stratégie, comment j'embarque mes collaborateurs pour que ça fonctionne et que je continue à être pertinent dans le monde qui bouge si vite.

  • Speaker #0

    C'est passionnant. Et donc,

  • Speaker #1

    tu me posais la question du nom. Pourquoi Salmon ? Et en fait, le saumon, tout simplement, est le seul animal qui remonte la rivière. Donc, sans vouloir me comparer, mais c'est un peu le out of the box, think out of the box de Steve Jobs, quelque part. Donc, c'est un peu la même idée, mais...

  • Speaker #0

    Remonter le courant.

  • Speaker #1

    Exactement, dit autrement. Et puis, c'est assez rigolo parce que nos clients finissent par nous appeler les saumons. Et c'est devenu une marque de fabrique assez chouette.

  • Speaker #0

    Donc en fait, on est tous teintés de rossomons quand on travaille avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, on essaye. Et quand je dis contre-courant, ce n'est pas juste le contre-courant pour être rebelle, ce n'est pas ça l'idée, mais c'est vraiment d'avoir une forme d'indépendance d'esprit, d'esprit critique, de créativité, de ne pas faire forcément comme on a toujours fait, même si parfois on va faire une mission et à la fin on se rend compte que c'est peut-être la bonne façon de faire et on continuera. Donc l'idée, ce n'est pas juste de remettre en cause les modèles existants, mais au moins de se poser toutes les questions pour aller dans le bon sens et parfois le bon sens sera tout simplement de continuer à faire ce qu'on fait, mais parfois pas.

  • Speaker #0

    Alors moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment tu en es arrivé là, parce que tu me racontais que ça fait trois ans et demi que l'agence existe. C'est toi qui a eu l'idée, tu l'as soumise et tu as été soutenue par le groupe. Donc c'est un modèle très fort d'entreprenariat. Comment tu en es arrivé là ?

  • Speaker #1

    Par hasard ? Non, pas vraiment par hasard, mais en tout cas, moi, j'ai fait un parcours un peu classique. Donc j'ai fait une prépa, une école de commerce. En sortant d'école, je me suis posé la question de ce que je pouvais faire dans la vie. J'avais hésité à faire du conseil déjà en sortant. Et je me suis dit, ce n'est pas assez créatif pour moi, j'ai besoin de quelque chose d'autre. Donc, j'ai commencé dans la publicité.

  • Speaker #0

    On s'est croisés d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Exactement, chez Ogilvy, il y a très longtemps maintenant. Pour la petite histoire,

  • Speaker #0

    mesdames et messieurs, Batoul travaillait dans un bureau qui se trouvait juste à côté du bureau de mon mari. Parce que oui, j'ai rencontré mon mari au travail, chez Ogilvy. D'ailleurs, je l'embrasse. Et voilà, Batoul se souvenait de moi grâce à mon mari.

  • Speaker #1

    et la magie de LinkedIn opérant ça permet parfois aussi de se retrouver et donc voilà j'ai voulu faire quelque chose un peu plus créatif donc j'ai commencé dans la publicité et puis de fil en aiguille je me suis rendu compte qu'il y avait deux choses que je savais faire dans la vie c'était avoir des idées et résoudre des problèmes et en fait les problèmes quand on répond à un brief de communication c'est un problème qu'on résout mais en fait je me suis dit tiens mais ce savoir-faire là je pouvais l'appliquer dans plein d'autres domaines et donc petit à petit je me suis dit tiens si je l'appliquais à la stratégie à l'innovation, à l'accompagnement du changement et à plein de nouveaux sujets ... C'est comme ça que j'ai élargi ma gamme et que je suis passée de la publicité à un cabinet de conseil en stratégie. On pourrait se dire que c'est loin, mais en fait non. C'est le même muscle qu'on active, de trouver des idées, de trouver des nouvelles façons de faire, de résoudre des problèmes. Et la deuxième chose que je sais très bien faire, c'est intraprendre. Tu le disais en introduction. C'est-à-dire que je me suis rendu compte au fur et à mesure que ce que j'aimais faire, c'était créer des choses avec l'argent des autres. C'est toujours plus facile. Je ne prends pas les risques. Donc moi, j'ai toujours créé. J'ai été au Newbies quand j'ai commencé ma carrière. J'ai ensuite... Je rejoins un groupe anglais qui s'appelait Filtry, qui a été racheté par Profet, qui faisait du conseil en stratégie marketing. Et j'ai créé l'entité à Paris. Ensuite, je suis allé à la SNCF. J'ai participé à créer Webus, des cars à longue distance. Ensuite, je suis retourné chez Ogilvy où j'ai créé Ogilvy Consulting. Et puis, ma plus récente aventure, c'est Salmon Consulting. Donc, j'ai toujours créé des choses parce que c'est ça que je sais faire. C'est ça que je trouve intéressant, sans prendre des risques.

  • Speaker #0

    Ce qui m'intéresse dans cette posture-là d'entrepreneuse, c'est... La posture que tu as vis-à-vis aussi de tes managers, parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de la relation manager-collaborateur qui est, on va dire, souvent déséquilibrée et souvent il y a une prise de position un peu de victimisation, on va dire, soit d'un côté soit de l'autre. Et toi, tu as réussi en fait à faire de ton patron ou ta patronne, ton partenaire en fait, business quelque part.

  • Speaker #1

    Ah oui, alors moi je ne pense pas les relations entre les hommes, les femmes au sens large comme des relations hiérarchiques en fait. Pour moi il y a des êtres humains et en fait on discute et à partir du moment où on discute et il y a de l'intelligence, on peut trouver comment faire des choses ensemble. Donc en fait je n'ai jamais eu une relation, même pas d'ailleurs avec mes anciens chefs, etc. Je me suis toujours mise d'égal à égal et d'ailleurs c'est peut-être aussi pour ça qu'aujourd'hui je suis consultante, c'est-à-dire que même avec mes clients, je suis d'égal à égal et mon savoir-faire c'est de les questionner, de les interroger, de les bousculer. Et je pense que c'est ça que j'appelle l'indépendance d'esprit. C'est-à-dire que si on ne l'a pas, on risque de retomber assez facilement dans, c'est la fameuse blague que je raconte très souvent, mais des trois types de consultants ou des trois types d'agences, on peut le faire sur tous les sujets, mais c'est que si le client nous dit quelle heure est-il, il y a le premier type de consultant qui va dire qu'il est l'heure qu'il est. Donc là, il se trouve qu'il est 12h27, donc super. Le deuxième type de consultant va dire, vous voulez qu'il soit quelle heure, monsieur le client ? Et le troisième type de consultant va dire, mais est-ce que vous êtes sûr que c'est la bonne question ? Donc moi, j'essaye d'être toujours là-dedans et c'est comme ça que j'ai réussi à lancer des choses, à convaincre aussi, là aujourd'hui à VAS, de lancer cette dernière aventure. Et je disais que c'est parce que je n'ai pas envie de prendre de risques, c'est vrai, mais ce n'est pas que ça. C'est aussi pour comment je peux avoir plus d'impact. Et je pense que si j'avais créé ma propre boîte de conseils toute seule dans mon coin, j'aurais sans doute été très utile à des clients, mais je n'aurais pas peut-être atteint le même niveau de taille d'entreprise que j'accompagne. d'échelle de sujets, de complexité de sujets. À la fin, je vais mettre le même temps à résoudre un petit problème qu'un grand problème. J'ai l'impression qu'en résolvant des plus grands problèmes, potentiellement, j'aurai plus d'impact et j'aiderai les gens à aller dans le bon sens. C'est aussi ça que ça me permet de faire, d'être intrapreneuse.

  • Speaker #0

    Alors, avoir plus d'impact, éviter de prendre trop de risques. Qu'est-ce qui fait ?

  • Speaker #1

    On peut le voir en négatif, c'est éviter de prendre trop de risques ou pouvoir prendre plus de risques encore parce qu'on est bien accompagné.

  • Speaker #0

    Justement, quelle autre raison fait que tu n'es pas parti plutôt dans l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Je ne suis toujours pas entrepreneur, je suis toujours intrapreneur.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je passerais le cap. Mon père était entrepreneur et il est un peu malade aujourd'hui. Je pense qu'il y a un lien parce qu'il y avait du stress, etc. Donc, sans doute que ça joue dans ma propre psychologie. D'accord. Mais vraiment, je pense que... J'ai l'impression d'avoir trouvé le sweet spot, comme on dit en anglais, qui me permet d'accompagner des clients super intéressants avec une assise financière qui fait que je peux me permettre plus de choses. Au final, je peux prendre plus de risques, accompagner des plus gros sujets, des plus grosses problématiques, etc. parce que je suis intrapreneuse. Donc, il ne faut pas le voir en négatif seulement.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que... Aujourd'hui, l'entrepreneur a quand même pas mal le vent en poupe. Alors, je n'ai pas des chiffres en tête, mais je sais qu'il y a énormément de gens qui ont quitté leur poste de salarié pour monter leur entreprise, pour créer leur propre projet. La GenFed aussi, qui remet en cause les modèles d'organisation en entreprise et les modèles de management en entreprise. Et en fait, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est parce que toi, tu as écrit un article dans la Harvard Business Review qui explique, qui démontre en fait que... L'avenir appartient à l'entreprise. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu en es arrivé à cette conclusion ? Parce qu'effectivement, toi, tu es en train de le vivre. Mais plus globalement parlant ?

  • Speaker #1

    Effectivement, tu parlais en introduction du Covid. Le Covid, ça a un peu bousculé les choses et on s'est dit, ça y est, c'est la fin du salariat. On ne va plus avoir de gens qui travaillent en entreprise. Avec deux grandes raisons, j'ai l'impression, qui ont été mises en avant. La première, c'est qu'on veut tous aller élever des chefs dans le Larzac. C'est en tout cas ce qu'on nous a raconté, je pense que c'est faux. Donc cette idée qu'on n'avait plus d'ambition, il y a même des livres qui sont sortis qui s'appellent l'anti-ambition ou ce genre de choses. Donc ça c'était la première chose qu'on nous a dit, on veut du sens, on veut des choses qui font du sens et c'est pas l'entreprise qui apporte le sens. Et la deuxième chose qu'on a vu arriver c'est, on veut plus avoir de patron, on veut être indépendant et on veut être à son compte. Et tu disais que t'avais pas forcément les chiffres, moi je suis allé regarder, je crois qu'en France en 2023 il y avait 3,3 millions d'indépendants, de freelance. Donc par rapport à 2008, c'est une augmentation de plus de 50%. Donc on peut dire, ah bah oui, voilà, on y est, c'est vraiment la fin du salariat. Mais quand on regarde, il y a beaucoup de précarité derrière ça, parce qu'il y a aussi toute la gigue économie, les gens qui travaillent pour Uber et Anko. Et donc voilà, ça c'est une première chose. Je pense qu'il n'y a pas que du positif derrière ce freelance, et parfois c'est subi et pas forcément choisi. Et puis même quand c'est choisi, toi tu es à ton compte, c'est pas si évident que ça. Il y a aussi, voilà, en termes de santé mentale, de... de stress que ça peut amener, il n'y a pas que du positif.

  • Speaker #0

    La vraie gestion de ton énergie d'être indépendant et d'organisation, c'est tout à fait le cas.

  • Speaker #1

    Complètement. Et je pense que ce qui est en train de changer, et qui fait que moi je crois au modèle de l'entreprise, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas toujours des entrepreneurs, et il ne faut pas mal me comprendre là-dessus, je pense qu'on a besoin d'entrepreneurs et de gens capables de créer. Mais en tout cas, je pense que un, le monde est de plus en plus incertain et chaotique. Deux, il y a une montée de la solitude. Aujourd'hui, il y a une étude de la Fondation... de la Fondation de France, qui a montré qu'il y avait à peu près une personne sur cinq qui déclarait se sentir régulièrement seule. Donc ça fait 11 millions de personnes en France. C'est pas rien. Et puis on a aussi un recul des services publics. Et donc face à tout ça, il y a deux choses qui se dégagent. C'est que, un, je pense qu'il y a d'autres envies, que les gens ont d'autres envies. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'ambition, parce que j'ai dit tout à l'heure il y a des choses qui ont été dites autour de l'anti-ambition. Moi je pense qu'on a une alter-ambition, une ambition différente. Et avec le monde que j'ai décrit, Je pense qu'on a aussi besoin de sécurité et de stabilité. Si l'entreprise est capable de répondre au premier et de comprendre le premier, que ce n'est pas qu'on n'a pas d'ambition, mais qu'on a une ambition différente, et qu'elle est capable d'apporter le deuxième, c'est-à-dire de la sécurité et de la stabilité, alors elle a un boulevard devant elle et il y a plein de choses à faire au sein du monde de l'entreprise. Si je reviens à l'envie qui est en train de changer, moi, il y a un concept, je crois que c'était dans le Final Shunt Times, que ça avait été évoqué la première fois par une auteure indienne qui parlait du time billionaire. Et en fait, là où pendant des années, on disait que réussir sa vie, c'est être riche, aujourd'hui, réussir sa vie, c'est être riche en temps et pas en argent. Et c'est-à-dire que finalement, si j'ai du temps libre, c'est que j'ai réussi ma vie, c'est que j'ai un équilibre qui est le bon. Il y a une étude qui a été menée il y a quelques années, il y a deux ou trois ans, qui montrait que... 61% des Français préfèrent avoir du temps libre plutôt que d'être payé mieux et d'avoir un salaire plus élevé. Là où en 2008, c'était 62% qui préféraient avoir un salaire plus gros qu'avoir plus de temps. Donc on voit bien que nos modèles sont en train de changer. Et encore une fois, ça ne veut pas dire que je ne veux pas et que je n'ai pas d'ambition, mais c'est peut-être que je ne veux plus la même chose. Et donc je pense que ça, c'est vraiment la première chose que l'entreprise doit comprendre et qu'elle doit prendre en compte. Et ensuite, il y a cette idée dont je parlais, le besoin de... de liens, de sécurité. Encore une fois, le monde dans lequel on vit et les derniers jours qu'on est en train de vivre nous montrent à quel point c'est en train de bouger très vite. Mais on a l'impression qu'on va rentrer dans une troisième guerre mondiale dans pas longtemps. On a l'impression qu'il y a un recul, je parlais du recul des services publics, que je ne suis pas sûre que demain je vais pouvoir me payer en termes de santé ce qu'il faut, en termes d'éducation pour mes enfants ce qu'il faut, etc. Et donc on se dit, mince, peut-être que demain, et moi c'est un pari que je fais, au lieu d'avoir un passeport français ou un passeport américain ou un passeport d'un grand pays, Peut-être que ce sera plus avantageux d'avoir un CDI dans une grande entreprise. Parce que, en fait, l'entreprise sera capable de m'apporter une sécurité, celle de l'emploi, celle du salaire qui tombe à la fin du mois, mais peut-être aussi une prise en charge, peut-être de l'éducation de mes enfants, peut-être de logement, des entreprises paternalistes. On voit des crèches d'entreprises,

  • Speaker #0

    on peut imaginer des écoles d'entreprises.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis même si on revient à l'histoire, l'entreprise paternaliste, historiquement, elle proposait ça. Quand Renault avait ouvert ses usines, il proposait des logements à côté pour ses employés. Donc voilà, l'entreprise, je pense, va être amenée à proposer de plus en plus de choses et prendre en compte le salarié, pas uniquement pour des aspects physiques, c'est-à-dire cette sécurité physique, etc., mais peut-être de façon de plus en plus holistique, c'est-à-dire ce qu'on vient d'évoquer, c'est-à-dire l'ensemble de ses besoins et pas uniquement ses besoins financiers. Et peut-être que ce n'est pas juste de l'argent qu'elle donnera demain, mais c'est d'autres avantages. Et puis, c'est un sujet qui est en train de monter, la santé mentale. Je parlais de solitude qui est en train d'augmenter. Je pense qu'aujourd'hui, les gens se sentent de moins en moins bien, qu'il y a des vrais sujets. de santé mentale, de stress liés à l'écologie. On connaît toujours quelqu'un autour de nous qui a été victime ou qui souffre des cours d'anxiété. On a des gens qui vont souffrir aussi du contexte géopolitique. On a des gens qui vont souffrir de la solitude, etc. Et donc, l'entreprise doit apporter des réponses à tout ça et peut apporter des réponses à tout ça. Et donc, voilà, c'est pour ça que moi, je crois au modèle de l'entreprise. Encore une fois, ça ne veut pas dire que demain, il n'y aura pas d'entrepreneurs. Mais un entrepreneur qui monte une boîte, s'il le fait bien, il crée une entreprise qui sera... ce que moi j'appelle l'entreprise protectrice donc c'est plus paternaliste parce qu'il y a un côté négatif je pense aujourd'hui dans cette vision là mais va pouvoir créer ce type d'entreprise où ça sera un management peut-être plus bienveillant, une façon de faire plus holistique comme je disais, une prise en compte du salarié de façon holistique et apporter un certain nombre de choses qui font qu'on se sentira bien dans cette entreprise, qu'on aura envie de choisir cette entreprise comme employée versus une autre, donc ça sera aussi un avantage compétitif. Donc voilà, je pense que l'entreprise a vraiment beaucoup de choses à apporter dans les années à venir, à condition ... de repenser son modèle. Ce n'est pas de le faire comme hier on le faisait.

  • Speaker #0

    C'est ça, parce qu'il faut trouver le juste équilibre entre ce que l'entreprise va apporter aux équipes et aussi la rentabilité, la performance, etc. Et donc, comment tu accompagnes tes salariés pour qu'ils soient meilleurs, qu'ils gèrent mieux leur temps, pour justement avoir plus de temps libre aussi ?

  • Speaker #1

    Je pense que oui, on peut travailler sur la rigidité du management, ou en tout cas comment on fait pour qu'il ne soit pas trop rigide et qu'on ait un vrai équilibre de vie pro-perso. On peut travailler aussi sur le temps qu'on va allouer et qui sera alloué au travail et comment on peut retrouver du temps libre. Mais je pense qu'il y a un autre sujet dont on n'a pas parlé et qui me semble clé, c'est comment, j'en ai parlé un tout petit peu en disant que les gens voulaient peut-être élever des chèvres dans le Larzac et avoir du sens. Et en fait, j'ai fait une étude il y a quelques années qui montrait qu'en fait, c'est pas le sens qui compte. C'est-à-dire que je peux travailler pour une ONG et me sentir très malheureux. Et je peux travailler, c'est un peu caricatural, mais pour une grande banque par exemple, et me sentir très heureux. Ce qui va compter, c'est pas le sens, mais c'est l'utilité. C'est quoi la différence ? C'est mon utilité personnelle. C'est-à-dire, est-ce que moi, en me levant le matin, je sais à quoi je sers ? Et en fait, je peux travailler dans une ONG et ne pas savoir à quoi je sers parce que je remplis de la paperasse et qu'au final, je ne sais pas si ça aide vraiment les populations que je suis censée aider. Alors que je peux travailler pour une grande entreprise. Et il trouvait beaucoup de sens parce que moi, je me sens utile et je sais à quoi mon travail sert et quel est mon rôle. Et je pense que les entreprises, demain, elles doivent travailler là-dessus, c'est-à-dire comment on travaille sur une responsabilisation des collaborateurs. Et ça veut dire que peut-être qu'on ne manage pas tout à fait de la même façon. Et donc, oui, on peut travailler sur le temps, l'équilibre perso, pro, la prise en charge holistique des enjeux du salarié, etc. Mais je pense qu'il faut aussi travailler sur... l'utilité de chaque collaborateur, la responsabilisation de chaque collaborateur et que c'est ça qui fera que ça sera un deal gagnant-gagnant, quelque part.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est hyper intéressant de parler d'utilité. Moi, j'avais déjà chopé la notion de responsabilisation des collaborateurs. D'ailleurs, ça fait partie de ce que je propose dans mes formations. Et effectivement, pendant ça, l'utilité, se dire voilà, en fait, ton job, il a un vrai rôle à jouer dans l'équilibre de l'organisation. Et tu sais, ce que tu fais, c'est utile, c'est important et c'est comme ça aussi que la personne va pouvoir se sentir responsable et donc accountable comme on dit en anglais. Et là, tu as un switch du pacte entre le salarié, le collaborateur et l'entreprise. Et là, on en vient justement à la question suivante qui est si l'entreprise prend en charge quelque part un certain rôle qui était responsable à la base qui était de la responsabilité de l'État, ça veut dire que le pacte entre l'entreprise et le salarié va changer. Parce que, par exemple, le deal entre l'État et nous, c'est qu'on paie des impôts et qu'en contrepartie, on a un service public, l'école, l'hôpital, etc. Donc là, si l'entreprise prend en charge une partie de ces services-là, Comment est-ce que, d'après toi, ça va transformer le pacte relationnel entre le salarié et son entreprise ?

  • Speaker #1

    Je pense que le pacte, il doit changer entre le salarié, l'entreprise, mais aussi le manager. Il y a une sorte de triptyque. Et donc, on a parlé beaucoup de l'entreprise qui allait offrir des nouvelles choses. Et effectivement, le nouveau pacte, c'est des droits et des devoirs. Donc, c'est dans les deux sens. Donc, oui, il y aura des nouveaux droits pour les collaborateurs. Donc, peut-être qu'ils auront accès à un certain nombre de choses, de services, etc. que l'entreprise leur donnera. Oui, il y a des nouveaux droits qui sont peut-être que le manager va davantage les responsabiliser, être dans une relation peut-être moins hiérarchique, peut-être avoir un nouveau type de culture d'entreprise, une nouvelle façon de faire ensemble, etc. Mais il faut aussi qu'il y ait des devoirs en face et donc les collaborateurs devront aussi s'engager à un certain nombre de choses. Je n'ai pas la réponse de qu'est-ce que doit faire chaque entreprise et quel pacte elles doivent chacune nouer. Il sera peut-être différent d'une entreprise à l'autre. Mais à mon sens, je parlais de solitude tout à l'heure. pense que les collaborateurs doivent s'engager à s'engager, c'est-à-dire à s'engager pour le collectif, à créer des liens avec leurs collègues, parce que je crois que ce qui fait qu'on va réussir, c'est créer du commun. Et c'est là où moi je crois aussi à l'entreprise, c'est que la société, l'État, etc., qui est censé produire du commun, en produit de moins en moins, c'est malheureusement factuel. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas y travailler du côté politique, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Et je pense que les entreprises peuvent aussi travailler là-dessus et peuvent aussi demander à leurs collaborateurs de travailler là-dessus. Et donc, tu le disais, post-Covid, il y a eu l'avènement du télétravail, etc. Alors, il faut toujours faire attention quand on parle de ça, parce que tout le monde ne peut pas télétravailler et tous les métiers ne sont pas télétravaillables. Mais ce que ça veut dire, c'est qu'on est arrivé dans un monde de plus en plus individualiste, où chaque personne dans l'entreprise, chaque collaborateur s'est dit « qu'est-ce qui est bien pour moi ? » et plus « qu'est-ce qui est bien pour notre commun ? » Ce qui ne veut pas dire ce qui est bien pour l'entreprise. Mais ce qui est bien pour nous tous ensemble. Et dans ce nouveau pacte, je pense qu'il faut réussir à créer du commun.

  • Speaker #0

    Créer du commun.

  • Speaker #1

    Créer du commun et réussir à, pour créer du commun, avoir une culture commune, se voir. Et j'avais dit sur le ton de la boutade post-Covid, que peut-être que le futur des bureaux, ce n'était pas les bureaux. Alors les gens se sont tout de suite dit, ça veut dire que le futur du bureau, c'est le télétravail et le full remote. Non, mais peut-être qu'on a plein de façons de faire du commun. Donc peut-être qu'on retournera de plus en plus au bureau, mais peut-être que le futur du bureau, c'est tout simplement le resort. Alors ça peut paraître extrême. Mais c'est de se dire, si je suis en full remote, pourquoi pas ? C'est un mode de travail. Il y a certaines entreprises pour qui ça pourrait être tout à fait... Mais comment je crée du commun ? Il faut se voir. Ça, c'est humain. Je veux dire, c'est une vérité humaine. Ne jamais se voir, on ne créera pas de lien. Et donc, pour se voir et créer du lien, peut-être qu'on passe quatre semaines par an en resort. Et donc, c'est peut-être ça le futur du bureau. Encore une fois, c'est une boutade et je ne sais pas si c'est ça. Et encore une fois, chaque entreprise apportera sa réponse. Mais il faut créer du commun. Et les collaborateurs doivent s'engager à créer ce commun, à créer du lien. Et c'est ça qui fera qu'on sera moins seul, qu'on arrivera mieux, qu'on se sentira mieux en tant qu'individu, en tant que collectif et en tant qu'entreprise. Et tout le monde s'y retrouve. Et dans tout ça, c'est pour ça que je parlais du manager, le manager a un rôle à jouer. Et donc, comment le manager favorise ça ? Et donc, ça veut dire que peut-être qu'il faut former nos managers peut-être un peu différemment.

  • Speaker #0

    À devenir des géos.

  • Speaker #1

    Pas que. Parfois, il faut aussi savoir faire du feedback, dire les choses qu'ils ne vont pas, etc. Bien sûr. Mais en tout cas, leur rôle est en train d'évoluer. La posture du manager va peut-être être... davantage une posture de coach. Ce qui ne veut pas dire que les anciens rôles disparaissent, mais ça va être de moins en moins facile d'être manager.

  • Speaker #0

    D'après toi, nos enfants qui sont étudiants aujourd'hui, s'ils veulent être manager, il faudra qu'ils fassent une formation spécifique de manager. Et il y aura une séparation entre les managers et les experts ?

  • Speaker #1

    Probablement. Moi, je trouve que on a une conception souvent en France, mais pas qu'eux, qui est un peu erronée. C'est-à-dire, si je veux être promu et que je veux réussir dans ma carrière, il faut que je passe manager. Je pense que ça ne doit pas être le seul chemin possible. C'est un vrai métier d'être manager, c'est des vraies compétences. Tout le monde ne les a pas, mais on peut avoir d'autres compétences qui sont très utiles aussi pour l'entreprise. Et donc, si on choisit d'être manager, oui, il faut se former et pas qu'une fois régulièrement, parce que ce n'est pas si évident, les choses évoluent, il faut savoir se remettre en cause, faire évoluer ses pratiques, etc. Et c'est vrai pour tous les métiers, pas que pour le rôle de manager. Et donc, comment on prend à bras le corps ce sujet et comment ce n'est pas la seule voie d'évolution ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce que je voulais te poser comme question. C'est que du coup, si être manager, ce n'est plus l'étape d'après quand tu veux évoluer dans ta carrière, là, il y a tout un truc à réinventer sur justement comment, quand tu es chef de projet, là, si on parle du monde des agences, quand tu es chef de projet ou quand tu es à la production, à la réalisation, comment tu fais pour évoluer ? Dans tes responsabilités, dans ton salaire, dans ta carrière, comment tu construis ton plan de carrière si ce n'est pas... En manageant une équipe à ton tour ?

  • Speaker #1

    Tu le disais, je pense que l'expertise, c'est une autre voie. Et puis, il y a peut-être des nouveaux modèles à imaginer. Mais oui, en tout cas, il ne faut clairement pas se dire que l'évolution ne peut être que verticale. Elle peut être aussi horizontale. Ça peut être devenir expert. Ça peut être changer de métier aussi. Ça peut être une autre façon d'évoluer. Et puis, est-ce que l'évolution doit être aussi salariale ? Alors, je comprends que oui, on a tous envie de gagner un peu plus d'argent, c'est sûr. Mais il faut aussi savoir faire ses bons choix et se dire qu'est-ce qui va me rendre heureux ? Et de ne pas avoir comme prisme uniquement le prisme économique et seulement la rétribution. Je pense qu'aujourd'hui, quand je parlais non plus d'anti-ambition mais d'alter-ambition, c'est que je pense que les plus jeunes sont suffisamment malins pour avoir compris que finalement, ce qui fait le bonheur, est-ce que c'est forcément d'avoir plus d'argent ? Alors oui, on a tous envie d'avoir un peu plus d'argent, mais peut-être qu'il y a d'autres choses qu'il faut prendre en compte et qui ont de la valeur. On avait posé une équation mathématique avec l'équipe, ce qu'on a appelé la Talent Equation, et qui « mathématise » . Ce qui fait que je vais être heureux dans une entreprise et que l'entreprise va m'attirer. Il y a des avantages. Donc oui, la rétribution en fait partie, mais la rétribution, ce n'est pas que la finance. Ce n'est pas que les sous que je vais toucher à la fin du mois. C'est aussi, par exemple, si mon employeur investit dans ma formation. C'est aussi la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne de moi comme image en société quand je dis que je travaille pour cette entreprise ? C'est aussi le sentiment d'accomplissement. Est-ce que je me sens utile ? On parlait d'utilité tout à l'heure. C'est aussi la sécurité de l'emploi, de plus en plus, c'est là où je crois au modèle de l'entreprise. Donc ça c'est les avantages, et puis il y a les concessions, c'est est-ce qu'il y a trop de rigidité du management, et dans ce cas-là s'il y en a trop je ne vais pas accepter, sur mon organisation du temps, est-ce que je vais être flexible dans mon organisation du temps ou pas, est-ce que ça va répondre à mes propres besoins d'organisation, et donc c'est tout ça qu'il faut réussir à penser, et c'est quand les entreprises pensent de façon holistique à tous ces sujets-là, qu'elles apportent les bonnes réponses. Parce que la réponse ce n'est pas juste j'augmente la grille de salaire, ça peut être ça, mais pas que. Et ça ne peut pas être juste, j'accepte de faire deux jours de télétravail par semaine et tout le monde est content.

  • Speaker #0

    Du coup, moi, ce que j'entends aussi, c'est qu'il y a un gros sujet qui est déjà arrivé, mais pour l'instant, c'est un petit peu une tarte à la crème. Et je pense qu'en vrai, il y a un vrai enjeu autour de ce sujet-là. C'est la raison d'être de l'entreprise, le sujet de la raison d'être, du why et de qu'est-ce qu'elle offre à ses salariés, mais aussi à la communauté en général. Et voilà, qu'est-ce qu'elle propose ? Voilà. Pourquoi est-ce qu'elle est là ? Et je pense que plus les entreprises vont s'affirmer sur leur raison d'être, sur ce pourquoi elles existent, plus elles vont attirer des talents et surtout les bonnes personnes qui vont se reconnaître dans cette identité-là. Et donc, c'est vraiment une question de comment tu parles de toi en tant qu'entreprise et comment tu fais vivre cette culture-là aussi en interne. Et c'est vraiment une réflexion holistique au-delà de juste poser des mots sur une raison d'être, un why. Une fois que tu as ta brand ladder, comment tu la diffuses et comment tu la vis ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que dans le sujet de raison d'être, il y a deux points qui sont importants. Oui, ça donne du sens et on sait pourquoi ça existe et pourquoi l'entreprise existe. Et comme tu le disais, après, c'est comme en amour, il n'y a pas que de l'amour, il y a des preuves. Donc, il y a la raison d'être et il y a la raison d'y croire. Donc, il faut travailler là-dessus pour que les salariés viennent et qu'ils aient envie de rester, puisque si on les a attirés derrière, il faut leur donner envie de rester. Donc oui, ce que je dis souvent, pareil, c'est un petit peu une boutade que je dis à certains patrons ou patronnes, c'est que personne ne se lève pour faire 10% de croissance. Donc, tu as besoin de cette raison d'être là, c'est sûr. Tu as besoin des raisons d'y croire, c'est sûr. Mais je pense que tu as aussi besoin de te dire que le modèle qu'on a beaucoup et qui est ancré dans la tête de beaucoup de gens, le modèle de performance absolue de l'entreprise, Ce n'est pas juste la performance, parce qu'encore une fois, on ne se lève pas pour ces 10% de croissance-là. Donc oui, c'est bien d'avoir une raison d'être, c'est bien d'avoir des raisons d'y croire, mais très vite, et on le voit dans le contexte actuel, dès que l'économie va moins bien, dès que le contexte est plus tendu, on peut revenir en arrière. Et si on veut ne pas revenir en arrière, je pense qu'il faut accepter de se dire que notre modèle, ce n'est plus la performance absolue, c'est ce qu'Olivier Armand appelle la robustesse. Et donc, ça veut dire qu'on pense aussi notre modèle de performance un peu différemment. Et c'est une fois qu'on aura travaillé ça, qu'on aura accepté que les critères sont... Donc, pas que des critères financiers, que les critères financiers peuvent être un peu différents, que parfois, on n'est pas dans l'efficience maximum. Mais en fait, c'est bien d'avoir un peu de gras parce qu'en fait, ce gras, le jour où il y a une crise, c'est plus facile de résister parce qu'on a peut-être trop de personnes. Mais ces trop de personnes vont faire qu'on va mieux y arriver, etc. Et ça, c'est un peu une révolution qu'il faut opérer parce qu'aujourd'hui, on sait comment fonctionne le monde des entreprises. C'est encore très sur les chiffres, sur la finance, sur les résultats, sur... la marge brute, les bits et tous les gros mots entre guillemets qu'on peut tous avoir et qu'on suit tous. Et encore une fois, je ne veux pas qu'on jette ça à la poubelle, mais il faut en rajouter d'autres. Il faut repenser un peu ce modèle-là et accepter de le repenser.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, la robustesse, c'est une notion hyper intéressante au jour d'aujourd'hui où tout est remis en question chaque jour. Il y a une autre notion aussi, je ne sais pas si tu la connais, c'est le concept de l'antifragilité.

  • Speaker #1

    Bien sûr, j'adore Nassim Taleb. C'est l'un de mes auteurs favoris. Pour moi, c'est exactement ça. D'ailleurs, quand j'ai pensé Salman Consulting, c'était un mot antifragile qui revenait souvent, avec cette idée qu'il ne faut pas juste être résilient, mais il faut être antifragile, c'est-à-dire qu'on va tirer bénéfice du chaos. Exactement. Et ça, c'est le stade ultime. J'essaye d'emmener mes clients vers ce stade-là.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est la réponse à tout, même d'un point de vue individuel. Complètement. Il t'arrive quelque chose. Comment tu vas le transformer ? Comment tu vas sublimer ce truc-là ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, quand on vit l'aménement difficile, qu'on soit une entreprise ou un être humain, ce n'est pas évident. Et c'est là où ça peut être aussi bien d'avoir un regard extérieur, du recul, etc. Pour être à l'une vie.

  • Speaker #0

    Je suis experte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, hyper intéressant. Donc, effectivement, on reprend le cours de l'histoire. L'entreprise prend un rôle qui va être beaucoup plus... globale, holistique, beaucoup plus amplifiée que ce qu'elle a aujourd'hui, qui est de produire de la richesse, d'après toi. En tout cas, c'est comme ça que tu vois l'avenir. Du coup, on va créer une espèce de communauté d'entreprises, quelque part, avec une culture commune où chacun se reconnaîtra dans une partie ou plus de la culture de l'entreprise, de la raison d'être de l'entreprise. Pour ça, il faut attirer les talents. et surtout les bons talents. D'après toi, aujourd'hui, étant donné toutes ces transformations qui sont en train de s'opérer en sous-marin, quels sont les leviers sur lesquels l'entreprise peut jouer pour attirer les talents et les bons talents ?

  • Speaker #1

    Je vais te redire ce que j'ai un peu déjà dit, mais c'est moi, ma talent equation, elle a pensé ça. C'est-à-dire que c'est vraiment, oui, il faut penser de façon holistique la rétribution, donc oui, le salaire, mais aussi la formation, comment j'investis. Non mais genre, il y a une phrase que j'aime beaucoup, c'était quelqu'un qui m'avait dit ça une fois, c'est qu'est-ce qui est pire que d'investir sur la formation d'un collaborateur et de le voir partir ? C'est de ne pas investir et de le voir rester.

  • Speaker #0

    Alors ce qui est incroyable, c'est qu'hier j'ai assisté à un webinaire, il y avait quelqu'un d'un gros groupe, que je ne vais pas nommer, mais quelqu'un de, enfin une RH, et qui racontait que certaines personnes disent, bon ben alors telle personne, si je la perds, est-ce que c'est un risque ou pas ? genre est-ce que c'est un problème ou en fait on s'en fout si on la perd ? Et ben ouais, on s'en fout, donc c'est pas la peine d'investir, c'est pas la peine de la former. Il y a encore quand même des gens qui pensent comme ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que quand tu m'as dit comment on arrive à trouver les talents et surtout les bons talents, mais en fait c'est quoi un bon talent ? On peut se poser la question. On a tous un talent, il faut juste trouver le bon endroit pour l'exprimer. Et moi je serais peut-être très nulle en gardienne de foot, je sais pas si je prends l'exemple. Et je serais peut-être très forte dans autre chose. Donc, en fait, comment on aide chacun à trouver son chemin ? Et peut-être que c'est aussi ça le rôle du manager demain et de l'entreprise demain, c'est d'aider chacun à trouver sa juste place. Et donc, oui, la formation, ce n'est pas que pour l'aider à rester là où il est aujourd'hui, c'est peut-être aussi pour l'aider à l'aiguiller, à l'emmener là où il doit aller demain.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une question individuellement parlant qu'on doit tous se poser. Oui,

  • Speaker #1

    complètement. Et moi, je dis beaucoup à mes collaborateurs, comment on fait pour rester dans un growth mindset, c'est-à-dire continuer à apprendre et à se développer. Et moi, je l'ai souvent dit à mes collaborateurs ou les personnes avec qui j'ai eu la chance de travailler, peut-être que parfois ça ne marche plus là où tu es aujourd'hui, mais comment moi, je peux t'aider à trouver ta next step et ta next step, elle sera peut-être avec nous, peut-être sur un autre poste, mais peut-être qu'elle sera ailleurs et ce n'est pas grave, c'est la vie. Et comment on fait par contre pour... J'essaye toujours, j'espère que mon intention est ressentie par les gens qui m'ont côtoyé, mais voilà, d'aider chacun à trouver sa juste place parce que je pense que c'est clé. Oui, il faut travailler sur la rétribution, sur la formation, sur le coaching des uns et des autres. Il faut travailler, et les leviers dont va disposer l'entreprise, c'est aussi travailler, ce que je disais tout à l'heure, la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne comme image de moi, si je travaille pour cette entreprise ? Sur l'utilité, ça c'est clé. La sécurité de l'emploi, je pense, va de plus en plus compter, mais comment elle n'est pas subie seulement. Je reste là parce que je suis dans une cage dorée ou parce que j'ai besoin de cet argent à la fin du mois, mais comment je me sens responsable, utile, et donc... Je vais réussir à y trouver du sens et à m'épanouir. Et puis après, comment je travaille sur l'organisation du temps, sur le management, etc. Et je reviens sur l'organisation du temps parce que je le disais, sur le télétravail, tout le monde ne peut pas télétravailler. Mais il y a des nouvelles façons de faire, même pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Je donne un exemple très concret. Dans des entreprises qui travaillent, par exemple, qui gèrent les cantines. On peut se dire que les personnes qui travaillent dans les cantines, ça ne se fait pas en télétravail. Mais par contre, on s'est rendu compte que dans les entreprises, vous l'avez tous vu autour de vous, Le vendredi, il y a quand même moins de gens. Du coup, on a peut-être besoin d'un staff un peu moins important le vendredi. Et donc, peut-être que je peux permettre à mes employés d'avoir chacun, de façon tournante, un vendredi par mois, par exemple. Et donc, on peut apporter des nouvelles façons de s'organiser, d'organiser son travail, y compris pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Donc, il faut être créatif pour trouver des nouvelles solutions et vraiment penser tous les sujets d'un coup et ne pas se dire, il y a une solution miracle et un seul levier à activer. Il y en a plein.

  • Speaker #0

    C'est un genre de puzzle.

  • Speaker #1

    Un peu, oui, exactement.

  • Speaker #0

    Mais quand même, dont le centre de gravité reste quand même l'identité de l'entreprise. Ça, c'est hyper important. J'imagine que tes clients t'interrogent là-dessus.

  • Speaker #1

    Sur leur identité, qui ils sont, etc. Oui, ça nous arrive de redéfinir à quoi on sert, c'est quoi notre raison d'être, c'est quoi notre vision, etc. Et là, on ne s'arrête jamais là parce que sinon, on a l'impression, comme je disais, que ça pouvait être du bullshit, du greenwashing, du tout-ce-qu'on-veut-washing. Il faut vraiment se dire derrière qu'est-ce que ça veut dire et comment je l'incarne concrètement. Nous, on travaille beaucoup sur tout ce qui est culture d'entreprise. Comment dans ma culture, j'incarne ma grande vision ?

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? À part des campagnes de com' internes ?

  • Speaker #1

    Alors nous, on ne fait vraiment jamais de com', ce n'est pas du tout mon métier. Quand on travaille sur la culture d'entreprise, moi je m'inspire beaucoup de l'anthropologie. L'anthropologie, c'est la science qui définit ce qui fait qu'on fait communauté. Si on est français, qu'est-ce qui fait qu'on fait communauté en tant que français ? C'est d'avoir des rituels communs, d'avoir des mythes communs, on connaît notre histoire, etc. D'avoir des symboles communs et d'avoir des valeurs communes. En fait, on peut appliquer ça au monde de l'entreprise. Et donc nous, quand on travaille, on va travailler avec cette méthodologie en se disant c'est quoi ma culture aujourd'hui ? Qu'est-ce qui est valorisé ? quels sont les comportements qui sont valorisés dans l'entreprise, quels sont les tabous peut-être, quelles sont les histoires partagées que tout le monde connaît. Comme ça, on va aller fouiller sur l'informel.

  • Speaker #0

    Le mythe fondateur aussi.

  • Speaker #1

    Le mythe fondateur, etc. Et donc, on va aller auditer un peu cette culture actuelle, se dire par rapport à l'entreprise, là où elle veut aller sa stratégie dans quelques années, est-ce que c'est la bonne culture pour y aller ? Si ce n'est pas le cas, c'est quoi ma culture idéale, ma culture cible ? On l'a défini avec souvent les top dirigeants. Et ensuite ? on voit le gap entre les deux et comment on fait pour la faire évoluer. Et donc, on peut redéfinir des rituels, des mythes, des symboles, etc. Mais on peut aussi travailler à changer les comportements. Et là, on utilise aussi beaucoup les sciences comportementales. Comment je fais pour nudger des comportements ? Comment je fais pour faire en sorte que les gens soient plus innovants, plus créatifs ? Mais peut-être qu'il y a des boîtes dont je vends des commodités. Je n'ai pas besoin qu'ils soient plus créatifs et plus innovants. Donc, c'est pour ça qu'il n'y a pas de bonne culture. Quelle est la bonne culture par rapport à ma stratégie ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est ce que tu fais. Et donc, c'est retravailler sur tout ça. Et donc, il y a une partie très soft de rituels, de symboles, de valeurs, de mythes, etc. Mais il y a aussi des choses beaucoup plus hard. C'est quoi mes process ? C'est quoi mon organisation ? Et donc, il faut travailler sur tous ces éléments-là quand on travaille la culture d'entreprise.

  • Speaker #0

    Finalement, ce que je propose avec Holyworks, c'est assez proche de ce que tu fais. Sauf que moi, c'est beaucoup plus petite échelle. Mais effectivement, on va visiter comment tu travailles ces côtés process, mais aussi, qu'est-ce qui te motive ? ton identité, etc. C'est l'union des deux qui va faire que...

  • Speaker #1

    Exactement. Il faut réussir à le faire à tous les échelons. C'est bien de le faire au niveau de toute l'entreprise, évidemment, mais après, comment chacun dans son équipe s'y retrouve. Et donc, souvent, il va y avoir une grande culture. Il faut avoir ce cadre de jeu commun, mais comment aussi on peut avoir des sous-cultures qui vont co-vivre sans être en... Il faut que ça reste en adéquation et en cohérence avec la grande culture, mais on peut aussi avoir sa propre culture pour retrouver sa motivation personnelle, que ça soit lié à ses objectifs de BU, d'entité, etc.

  • Speaker #0

    Alors, Dernière question. On a parlé de l'organisation, de l'identité d'entreprise, de comment attirer les talents. On a aussi parlé à droite à gauche du mindset des salariés d'aujourd'hui. Comment tu vois l'avenir du mindset idéal des salariés ? Je retiens l'utilité, la responsabilité, le growth mindset aussi.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. j'ai pas mal de choses moi je pense qu'il faut laisser du champ à l'initiative laisser les gens faire et peut-être que je rajouterais un élément dont on n'a pas parlé tu as beaucoup parlé de la Gen Z dans tes questions mais je pense qu'on vit un moment un peu exceptionnel qui est que c'est je crois la première fois si on compte bien qu'on a 5 générations qui co-vivent dans l'entreprise et moi je crois beaucoup à l'intergénérationnel on n'arrête pas de repousser l'âge de la retraite mais en fait si on le repousse mais qu'on ne garde pas les gens qui sont plus âgés qui ont plus d'expérience ça ne marche pas donc comment on fait pour que chacun trouve là aussi sa juste place ? Et que les différentes générations ne soient pas en compétition, mais plutôt en complémentarité. Et donc, je pense que dans le mindset, c'est une envie en réalité des gens. Quand je dis que les gens n'ont pas envie d'être seuls, ont envie de créer plus de liens, c'est aussi avec cet intergénérationnel-là. Et je pense que ça, c'est quelque chose aussi à travailler en plus de tout ce qu'on a dit sur l'utilité.

  • Speaker #0

    Moi, je rencontre beaucoup de femmes qui ont la cinquantaine ou qui approchent la cinquantaine, qui viennent me voir et qui me disent, c'est bon, je ne vais plus jamais trouver de boulot, j'ai 50 ans. Qu'est-ce que tu penses de ça ?

  • Speaker #1

    Le jour où j'ai appris qu'on était senior dans l'entreprise à 45 ans, ça m'a fait un choc. Alors, je n'y suis pas encore tout à fait, je tiens à le signaler. Mais oui, c'est un vrai problème. C'est-à-dire qu'à partir du moment où notre société nous renvoie qu'on est vieux dans l'entreprise à 45 ou 50, pareil, il y a un autre exemple, mais j'ai un ancien client qui m'a dit « Ah, il faut que je fasse un bon choix sur mon prochain poste, parce que comme j'approche de la cinquantaine, après, ça sera fatal si ça ne marche pas. » C'est triste de devoir se dire ça. C'est très triste. C'est très triste. Donc oui, pour moi, ce n'est pas OK. Donc, il faut qu'on retravaille collectivement là-dessus. On redonne du place aux seniors qui ont plein de choses à apporter aussi.

  • Speaker #0

    Il y a peut-être l'opportunité de créer des postes qui sont beaucoup plus experts parce que finalement, plus tu as de l'expérience, plus tu es expert dans ton domaine. Complètement. Après,

  • Speaker #1

    c'est aussi une question de taille de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Transmission derrière, etc.

  • Speaker #1

    Mais en fait, se payer un expert versus quelqu'un qui peut tout faire.

  • Speaker #0

    Il y a l'enjeu du salaire derrière.

  • Speaker #1

    Il y a l'enjeu du salaire, mais il y a aussi l'enjeu de la taille de l'entreprise. Moi, je le vois à ma petite échelle. Nous, on est une vingtaine. Bon, à 20, c'est plus dur que quand on est 100. Parce qu'on peut... Moi, il y a un exemple que j'aime bien donner quand les gens me disent souvent j'aimerais bien avoir plus de diversité dans mon entreprise. Comment je fais ? Il y a un ancien, un monsieur qui travaille chez Ogilvy qui est très, très connu sur les sciences comportementales qui s'appelle Rory Sutherland en Angleterre. Et il avait donné dans son livre un exemple que je trouvais génial. C'est est-ce que pour recruter 10 personnes très diverses, avoir le plus de diversité possible, et là, j'en fais partie, Est-ce que j'ai intérêt à demander à 10 personnes très différentes de l'entreprise de recruter chacun une personne ? Ou est-ce qu'il vaut mieux demander ? à une seule personne de recruter dix personnes. Et les gens répondent souvent, il vaut mieux demander à dix personnes très différentes de recruter chacun une personne, comme ça chacun va recruter quelqu'un qui va lui ressembler. Pour moi,

  • Speaker #0

    c'est la réponse D.

  • Speaker #1

    Et c'est la réponse B, effectivement. Pourquoi ? Parce qu'en fait, une personne, quand elle recrute un seul talent, elle ne va pas prendre de risque, elle va prendre le choix safe de quelque chose qu'elle a déjà vu fonctionner dans l'entreprise. Alors que si j'en fais dix, le premier, le deuxième, le troisième, je peux être safe. Le septième, le huitième, le neuvième, le dixième, peut-être que je peux prendre plus de risques. Je vais aller chercher plus de diversité si je peux recruter plus de personnes. Je pense qu'aussi sur l'âge, on peut travailler là-dessus et former les RH, si c'est elles qui recrutent, ou eux d'ailleurs, il ne faut pas avoir de biais là-dessus, pour qu'ils puissent aller chercher cette diversité de talents.

  • Speaker #0

    Hyper intéressant. Il y a beaucoup de questions qui se posent aujourd'hui sur l'avenir de l'entreprise. Toi, aujourd'hui, c'est quoi la tendance des questions qui arrivent ?

  • Speaker #1

    Et vous ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à tirer une espèce d'évolution des tendances, des interrogations des entreprises ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a beaucoup de gens qui essayent de comprendre le futur, parce que c'est tellement là. Il y a de plus en plus de questions sur l'hyper-présent, comment on décrypte ce qui est en train de se passer et c'est quoi les impacts futurs.

  • Speaker #0

    Hyper-présent, ça veut dire quoi ? Là, tout de suite,

  • Speaker #1

    maintenant. Là, maintenant, et l'impact sur le futur. Mais c'est rigolo, là où je dessinais des scénarios futurs et je revenais à aujourd'hui pour me dire du coup, qu'est-ce que je fais ? Ce qui continue à être des sujets qu'on nous pose. Mais on a aussi de... C'est quoi ? Comment je comprends ce monde qui bouge si vite ? Chaque jour, on a une nouvelle annonce qui est cette... On sait que c'est la stratégie de Steve Bannon qui l'avait théorisée. Et on voit Trump annoncer chaque jour des énormités. Donc, comment je comprends cet hyper présent ? Et du coup, qu'est-ce que ça veut dire sur le futur ? Et sur les impacts sur le futur ? Donc, on a beaucoup ces questions-là. Et puis, quand le monde se rétracte, que c'est de plus en plus compliqué, etc., on parlait de culture, je pense que les gens investissent de plus en plus et comprennent l'intérêt d'investir sur les people. C'est-à-dire, comment je m'assure que, même si je ne recrute pas plus, même si je me carapate, etc., ceux qui restent, ils sont engagés, ils ont envie, etc. Et qu'on arrive avec ces gens-là à recréer de l'espoir, du positif, parce qu'ils ne sont pas dans une optique pessimiste, mais plutôt une optique positive et optimiste.

  • Speaker #0

    L'hyper-présent. Je ne connaissais pas ce terme. Très intéressant. En tout cas, merci beaucoup, Batoul. Merci beaucoup. Je retiens plein de choses. Déjà, durée de vie de l'entreprise en 1960, c'était 60 ans. En 2020, c'est 20 ans. Donc déjà, voilà. Montée de la solitude, montée des problèmes de santé mentale, de la précarité aussi pour les gens qui sont indépendants, recul du service public. Et donc, la réponse est peut-être dans l'entreprise. C'est peut-être là que ça se passe, avec une vision différente de l'ambition, que tu nommes l'alter-ambition, avec peut-être un travail qui nous permet d'avoir... plus de temps, aussi pour autre chose. Et donc, la notion d'utilité, de responsabilisation et de growth mindset pour avoir une équipe qui cartonne. Voilà. Sans oublier la notion de robustesse et d'entreprise et d'antifragilité. Bref, c'était hyper riche. Merci beaucoup. Moi, ça me passionne en tout cas, toutes ces questions. C'est vraiment l'objet de mon podcast. Il est là-dessus, donc on est en plein dedans. J'adore.

  • Speaker #1

    Tant mieux.

  • Speaker #0

    On va passer à la troisième partie de cet épisode, qui est donc les Holy Questions, les petites questions que je pose à tous mes invités. Et on va commencer par la première, qui est la routine du matin. Parce que pour moi, c'est hyper important de bien commencer la journée pour être en bonne énergie après. Pour toi, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est d'avoir un bisou de chacun de mes enfants.

  • Speaker #0

    T'as combien d'enfants ? Deux. Deux enfants.

  • Speaker #1

    Ça va, ça va vite. Un jour chaque. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est tout ? Ça suffit. Moi, je n'ai pas de morning routine. Je ne me lève pas tôt. Je ne mets pas de crème. Il ne faut pas un café. Je déteste le café. C'est la boisson des adultes. Ce n'est pas pour moi. Non, moi, c'est très simple. Voilà.

  • Speaker #1

    Alors, nouvelle question que je vais poser maintenant à tous mes invités. Quel est le projet de ta carrière dont tu es la plus fière ? En tout cas, ta plus grande victoire professionnelle.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si j'arriverai pas à en citer une. Il n'y a pas quelque chose dont je suis fière. Mais ce dont, je ne sais pas si c'est de la fierté, mais ce que j'adore en tout cas, c'est que je pourrais faire une liste à la prévère de tous les trucs improbables que j'ai faits pour le boulot. Je vais vous donner quelques exemples, mais j'ai déjà visité une usine d'amidon, j'ai déjà été à un défilé haute couture, j'ai déjà animé un workshop avec Thierry Marx et Frédéric Anton, j'ai déjà rencontré un patron du K40 et j'ai animé pour lui un workshop à Shanghai avec son top 40. J'ai déjà, ce que je n'aurais pas cru être capable peut-être, mais... J'ai rencontré des experts de plein de domaines différents. J'ai parlé à l'inventeur de Siri, Luc Julia. J'ai parlé à un expert des exosquelettes. J'ai parlé à des experts de la santé. J'ai même parlé l'autre jour à un expert de l'architecture souterraine, de l'IA, de tous les sujets. Et je ne sais pas si ça me rend fière, mais en tout cas, ça me nourrit tellement parce que j'ai l'impression de ne jamais m'ennuyer, d'apprendre tous les jours et surtout de mieux comprendre le monde dans lequel on vit et donc d'arriver à décrypter ce monde-là pour mes clients, pour aider les entreprises. comprendre ce monde et aller dans le bon sens en embarquant toutes les parties prenantes. Donc voilà, je pense que c'est ça qui, moi, m'éclate le plus tous les jours.

  • Speaker #1

    Pour avoir de l'impact derrière.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors, est-ce que tu peux citer une personne ou un mentor qui t'inspire ou qui t'a inspiré ?

  • Speaker #0

    Alors moi, il y a une personne qui a nourri toute ma carrière et avec qui j'ai travaillé avec le temps qui passe et de moins en moins, mais au moins à 60% de ma carrière, c'est Nathalie Rastoin, qui était l'ancienne patronne de Guilvy. qui est à la fois ma mentor et qui est devenue une amie et qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup appris. Et puis, j'ai eu un chef aussi anglais, Simon Myers, avec qui j'ai aussi beaucoup appris. Il avait un parcours incroyable. Il a été journaliste, il a vécu huit ans en Chine, il a appris le chinois, il a été dans le marketing. Et ensuite, il a été entrepreneur puisqu'il a créé sa boîte. Donc, avoir eu aussi un mentor anglo-saxon, ça m'a aussi...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas la même culture. C'est pas la même chose, c'est différent et ça apporte des choses en plus.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, c'est quoi la différence ?

  • Speaker #0

    La différence ?

  • Speaker #1

    On parlait d'Empowerment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est différent. Après, je ne sais pas si ces deux personnes-là sont représentatives de leurs archétypes. Je ne pense pas du tout. Je pense que comme je suis un saumon et que je vais chercher des gens différents, ce qui m'a plu, c'est vraiment... Ils m'ont toujours challengé, m'incité à poser des questions, à me sortir de ma zone de confort régulièrement. Intellectuellement, moi, c'est ça qui m'éclate. C'est intellectuellement pouvoir brainstormer, trouver 10 milliards d'idées. se challenger mutuellement, etc. C'est ça que j'ai aimé. Est-ce que je serais capable d'en tirer des leçons sur la différence entre les anglo-saxons et les français ? Non, j'ai pas cette prétention-là.

  • Speaker #1

    Quelle est ta devise dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'en ai deux. J'en ai une perso. Perso, c'est... D'ailleurs, j'ai la moitié de la phrase dans ma bague de fiançailles et mon mari a l'autre partie. C'est tout ce qui nous arrive, c'est pour le mieux. Et donc, même si parfois, sur le moment, c'est difficile, on sait qu'il faut penser très fort au moment, dans deux ans, où je repenserai à ce moment-là et je me dirai « Ah, mais ça m'a appris ça, ça m'a permis ça, ça a débloqué ça » , etc. Donc ça, j'y crois vraiment. Et la deuxième, qui est plus pro, mes équipes le savent, je l'ai toujours dit, c'est ma devise, c'est « peur de rien, mort de faim » . Pas du tout dans le côté négatif que ça pourrait laisser entendre, mais c'est vraiment cette idée que rien n'est impossible. Si on a envie et qu'on travaille suffisamment, en fait, c'est possible. Donc je dis... C'est quoi vos rêves ? Est-ce que vous avez envie de travailler pour telle ou telle entreprise ? On n'y arrivera peut-être pas demain, mais donnons ça comme objectif et on finira par y arriver, même si on connaît moins le secteur que d'autres, même si, même si, il y aura toujours des même si. Mais si on a vraiment envie, on y arrivera.

  • Speaker #1

    Un livre que tu nous conseilles ?

  • Speaker #0

    Un des livres qui m'a beaucoup marqué ces derniers temps, c'est « Les ingénieurs du chaos » de Daampoli, qui est celui qui a aussi écrit « L'hommage du Kremlin » . Ça m'a beaucoup marqué parce qu'il analyse comment une poignée de personnes ont réussi à utiliser les réseaux sociaux, notamment pour... pour, c'est ces personnes-là qu'il appelle les ingénieurs du chaos, pour polariser la société, faire en sorte que le populisme monte, etc. Et ce qui m'a, donc un, c'est éclairant, ça explique très bien les mécanismes en place, mais moi, ce qui m'a frappé et qui m'a un peu effrayé, c'est que j'ai beau comprendre maintenant tout, donc déjà c'est bien de mieux comprendre, mais je vois tout à fait comment utiliser ces outils incroyables pour les forces du mal, je ne vois pas comment les utiliser pour les forces du bien. Et ça m'inquiète parce que je ne sais pas comment on peut retourner des choses.

  • Speaker #1

    À la base, Facebook, c'était pour le bien, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Alors après, je ne dis pas qu'il n'y a que du négatif. Oui, ça crée du lien, ça met les gens en lien. On ne se serait sans doute pas recontacté s'il n'y avait pas eu LinkedIn, pour prendre cet exemple-là. Mais entre les bulles de fil, le fait que ça va être de moins en moins contrôlé, et que... sur l'effet sur nos enfants. C'est une catastrophe. Je ne suis pas la seule à le dire. Les études commencent à le montrer. Je pense qu'on va revenir en arrière. Il y a des pays qui sont en train de légaliser et qui vont dire que les smartphones et les réseaux sociaux interdisent jusqu'à 16 ans. Le cerveau n'est pas assez mature pour ça. Donc, on n'a pas assez contrôlé ça. Et ces outils, comme tous les outils, ne sont que des outils, mais ont et sont utilisés, pas forcément pour faire de choses bien. Et la démarche inverse n'est pas si évidente.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Un excellent livre à lire pour mieux comprendre le monde dans lequel on est en train de vivre.

  • Speaker #1

    Ok, super. Merci beaucoup. Alors après, un truc beaucoup plus léger. Une chanson que t'adores écouter qui te met dans une bonne énergie. Genre... que tu donnes à ton équipe, tu dis allez on va tout déchirer à la prochaine présentation, ça va être quoi ?

  • Speaker #0

    On n'a pas ce rituel là, je ne suis pas très très musique dans l'absolu mais moi il y a une personne qui me touche beaucoup ces derniers temps, c'est Zao de Sagazan, que j'aime beaucoup parce qu'il y a à la fois j'aime son personnage, j'aime son énergie et j'aime beaucoup sa sensibilité qui me touche énormément et quand je mets sa chanson à fond, quelle que soit, je ne sais pas, Modern Love, Symphonie des éclairs etc, moi ça me met dans un état que j'aime bien.

  • Speaker #1

    J'aime bien ça, ça me met dans un état que j'aime bien. Je vais y mettre la symphonie et je vais la rajouter à la playlist Holy Work. Alors sachez, mesdames et messieurs, que je constitue une playlist avec toutes les chansons que mes invités me donnent et elle est disponible sur Deezer. Et elle est aussi sur mon site internet depuis pas très longtemps, si vous voulez l'écouter. C'est génial de voir les personnalités qui défilent à travers.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez éclectique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est génial. Est-ce qu'il y a une personne à qui tu penses qui pourrait bien fitter avec ce podcast ?

  • Speaker #0

    que je pourrais appeler ? Alors ça, j'ai réfléchi. Je n'ai pas forcément une réponse d'une personne, mais plutôt un type de personne. Moi, je trouverais ça intéressant d'aller chercher un ou une auteur de science-fiction.

  • Speaker #1

    Ah ouais !

  • Speaker #0

    Pour avoir une version un peu futuriste de ce que pourrait être le travail, ce que pourrait être le monde de l'entreprise, etc. J'adore cette idée ! Ça pourrait être intéressant. Et alors, il y a un livre que j'ai commencé, donc je ne peux pas encore en parler parce que je ne l'ai pas assez lu, mais c'est Alain Damasio qui a écrit un livre qui s'appelle La vallée du silicium. et qui se plonge dans la Silicon Valley et qui en parle. Peut-être que lui... Je n'ai pas lu le livre jusqu'au bout, j'en suis encore au tout début, mais peut-être qu'il serait intéressant. Alors, il faut réussir à l'avoir. Si tu y arrives, invite-moi.

  • Speaker #1

    Rien n'est impossible. Père de rien, mort de faim. Exactement.

  • Speaker #0

    Tu as tout compris.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup pour l'idée. J'adore. On va terminer cet épisode avec la carte. Tu sais, je propose à mes invités de tirer une carte et puis on va en... déduire le mot de la fin de l'épisode. Je t'invite à bien mélanger parce que c'est un jeu qui est nouveau. Et puis en même temps comme ça...

  • Speaker #0

    Vous ne voyez pas, mais je suis en train de mélanger de façon très clumsy. Alors, énorme ! La retraite ! Ne vous laissez pas distraire par l'agitation extérieure. Revenez à vous ! C'est chouette parce que quand on voit la retraite, c'est marrant parce que tout de suite, moi j'essaie toujours d'être à contre-courant. Donc je me dis non, ce n'est pas la retraite de quand on va devenir vieux, c'est la retraite de quand je vais me reposer. Et c'est exactement la définition qui est donnée. Donc oui, comment on arrive à se créer une bulle de filtre au sens positif pour le coup, pour se ressourcer, prendre le temps de réfléchir et revenir dans le monde et en connexion avec les autres pour faire différemment. Si on y arrive, franchement, peut-être qu'il y a encore de l'espoir.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça notre enjeu aujourd'hui dans l'hyper présent.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci beaucoup, Patoule. Merci, chers auditeurs. J'espère que vous avez apprécié cet épisode tout autant que moi. J'espère que vous a inspiré et peut-être de manager vos équipes différemment, d'agir en tant que collaborateurs différemment. En tout cas, moi, tous ces sujets me passionnent et je propose beaucoup de choses qui sont en lien avec ce qu'on a évoqué dans mes accompagnements. Je suis trop contente de cet épisode. Je vous donne rendez-vous, j'espère dans deux semaines, pour un prochain épisode où on va explorer le parcours d'une personne atypique. Voilà, ça va être passionnant, j'en suis sûre. D'ici là, vous pouvez me retrouver sur les réseaux Instagram, LinkedIn et sur mon site holywork.fr. Je vous embrasse, à très bientôt. Merci Batoul et j'espère à très bientôt aussi.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, merci à toi. Au revoir.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Holy Work, c'est aussi un cabinet de coaching pour les entreprises et les particuliers qui propose des programmes de coaching, des formations en management et aussi des bilans de compétences. Je vous donne rendez-vous sur le site holywork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail. Et ne manquez aucune info Holy Work en vous inscrivant à la newsletter et en ajoutant ce podcast à vos favoris. Et n'oubliez pas, make each workday a holiday. À très bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1

    04:43

  • Chapitre 2

    06:57

  • Chapitre 3

    10:29

  • Chapitre 4

    18:35

  • Chapitre 5

    19:54

  • Chapitre 6

    23:10

  • Chapitre 7

    26:28

  • Chapitre 8

    29:20

  • Chapitre 9

    30:24

  • Chapitre 10

    34:42

  • Chapitre 11

    37:38

  • Chapitre 12

    41:17

  • Chapitre 13

    42:46

  • Chapitre 14

    43:52

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Description

Et si l'entreprise et le salariat devenaient le nouvel eldorado du travail ? Un moyen de s'épanouir et de créer des liens dans un monde en perte de repères ?


Dans cet épisode, Batoul Hassoun, CEO de The Salmon Consulting (Havas Group), partage sa vision du monde du travail de demain. Un monde où l'une entreprise devient un pilier de la société : protectrice et engagée, loin du modèle traditionnel. Elle nous explique pourquoi l'entreprise pourrait bien devenir un nouveau pilier de notre société. Et ensemble, nous explorons l'évolution du pacte enterprise-manager-collaborateur, le nouveau visage de l'ambition, et notre nouveau rapport au temps et l'émergence de "l'hyperprésent", puisque la durée de vie d'une entreprise en 1960 était 60 ans alors qu’en 2020, elle est de 20 ans.


À écouter absolument pour repenser le futur du travail en général et de votre carrière en particulier !


Les références de cet épisode :

🚀 HoliWork, c’est aussi un cabinet de coaching qui accompagne entreprises et particuliers dans leurs défis professionnels. Nous proposons des programmes de coaching, des formations en management et en soft skills, et des bilans de compétences. Rendez-vous sur HoliWork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail et réserver un RDV découverte !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Céline Athias, je suis exécutive coach certifié et je vous souhaite la bienvenue dans mon podcast Holywork. Avec Holywork, je vous invite à rendre vos journées de travail aussi épanouissantes que vos journées de vacances. Dans cette deuxième saison, à travers les témoignages de mes invités et aussi les épisodes solos, nous allons explorer comment évolue le monde du travail et découvrir de nouvelles clés pour vous aider à progresser. Alors, si vous avez envie d'ajouter une dose de joie dans votre quotidien professionnel, vous êtes au bon endroit. C'est parti pour un nouvel épisode. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Holywork. Vous le savez, dans ce podcast, nous explorons l'évolution du monde du travail, les nouveaux codes, les nouvelles règles du jeu, les switches de carrière. Et aujourd'hui, je suis ravie de vous retrouver. pour un nouvel épisode où nous allons justement aborder un sujet passionnant, la relation entreprise-salarié. Alors, c'est une relation qui a connu beaucoup de bouleversements, depuis le Covid notamment. On a connu le Big Quit, ce mouvement où des milliers de salariés quittaient leur poste pour chercher un travail qui avait plus de sens pour eux. Parmi eux, beaucoup se sont lancés dans l'entrepreneuriat d'ailleurs. On a aussi connu la généralisation du télétravail qui a bouleversé les modes de management, de gestion du temps et... plus globalement aussi de nos modes de vie. Et puis aussi, ce qui a beaucoup changé la donne, c'est l'arrivée de la Gen Z. Elle a bouleversé les codes relationnels en entreprise. Bref, l'entreprise a été bien malmenée ces dernières années. Et pourtant, j'ai découvert une personne qui croit en l'avenir de l'entreprise. Oui, absolument. Elle croit même que son rôle va prendre de plus en plus d'importance dans la société et que bientôt, ça sera cool de travailler en entreprise. Alors, c'est pour ça que j'ai tenu à l'inviter aujourd'hui dans ce podcast. Voilà, je te remercie beaucoup d'avoir accepté l'invitation. Batou Lassoun, bienvenue sur Holywork. Alors, déjà, comment ça va aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Très bien, super. Donc, on est en train d'enregistrer cet épisode. On est dans les locaux d'Avas. Tu vas nous raconter pourquoi ici. Déjà, tu es CEO d'une agence qui s'appelle The Salmon Consulting. C'est une entité du groupe Avas. Concrètement, qu'est-ce que vous proposez et surtout pourquoi vous appelez The Salmon Consulting ? Moi, je trouve que le nom est très bien trouvé. Tu vas nous raconter ça ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Alors déjà, la façon dont on se définit, c'est qu'on est un cabinet de conseil en stratégie. Alors oui, c'est vrai, je l'ai créé au sein du groupe Avas, qui est une industrie créative, parce que ce qu'on sait, c'est avoir des idées. Et on pourra en reparler, mais je pense que c'est ça qui a de la valeur dans le monde dans lequel on est. Et justement, le point de départ de cette création d'entreprise, c'est... de se rendre compte, et ce n'est pas l'actualité qui va me démentir, que le monde est de plus en plus complexe, voire chaotique, et que dans ce monde très incertain, où finalement ce n'est pas facile de naviguer, on voit que les entreprises, leur durée de vie est en train de se réduire. J'ai un chiffre que j'aime beaucoup, c'est qu'en 1960, la durée de vie d'une entreprise, c'était 60 ans. En 2020, ce n'est plus que 20 ans. Et donc, quand on voit ça, on se dit, comment on fait pour continuer à exister, pour continuer à naviguer dans ce monde pas évident ? Et donc, c'est pour ça que j'ai créé Salmon Consulting. C'est un cabinet de conseil qui a pour vocation d'aider, un, les entreprises à comprendre le futur. Donc, nous, notre métier, la façon dont on écrit, c'est qu'on fait de la prospective appliquée. Donc, on comprend le futur, on aide les entreprises à comprendre le futur, mais on ne s'arrête pas là, on l'applique pour se dire qu'est-ce que ça a comme impact sur mon plan stratégique, mon plan d'action, mon plan d'engagement. Donc, comment je retravaille ma stratégie, comment j'embarque mes collaborateurs pour que ça fonctionne et que je continue à être pertinent dans le monde qui bouge si vite.

  • Speaker #0

    C'est passionnant. Et donc,

  • Speaker #1

    tu me posais la question du nom. Pourquoi Salmon ? Et en fait, le saumon, tout simplement, est le seul animal qui remonte la rivière. Donc, sans vouloir me comparer, mais c'est un peu le out of the box, think out of the box de Steve Jobs, quelque part. Donc, c'est un peu la même idée, mais...

  • Speaker #0

    Remonter le courant.

  • Speaker #1

    Exactement, dit autrement. Et puis, c'est assez rigolo parce que nos clients finissent par nous appeler les saumons. Et c'est devenu une marque de fabrique assez chouette.

  • Speaker #0

    Donc en fait, on est tous teintés de rossomons quand on travaille avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, on essaye. Et quand je dis contre-courant, ce n'est pas juste le contre-courant pour être rebelle, ce n'est pas ça l'idée, mais c'est vraiment d'avoir une forme d'indépendance d'esprit, d'esprit critique, de créativité, de ne pas faire forcément comme on a toujours fait, même si parfois on va faire une mission et à la fin on se rend compte que c'est peut-être la bonne façon de faire et on continuera. Donc l'idée, ce n'est pas juste de remettre en cause les modèles existants, mais au moins de se poser toutes les questions pour aller dans le bon sens et parfois le bon sens sera tout simplement de continuer à faire ce qu'on fait, mais parfois pas.

  • Speaker #0

    Alors moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment tu en es arrivé là, parce que tu me racontais que ça fait trois ans et demi que l'agence existe. C'est toi qui a eu l'idée, tu l'as soumise et tu as été soutenue par le groupe. Donc c'est un modèle très fort d'entreprenariat. Comment tu en es arrivé là ?

  • Speaker #1

    Par hasard ? Non, pas vraiment par hasard, mais en tout cas, moi, j'ai fait un parcours un peu classique. Donc j'ai fait une prépa, une école de commerce. En sortant d'école, je me suis posé la question de ce que je pouvais faire dans la vie. J'avais hésité à faire du conseil déjà en sortant. Et je me suis dit, ce n'est pas assez créatif pour moi, j'ai besoin de quelque chose d'autre. Donc, j'ai commencé dans la publicité.

  • Speaker #0

    On s'est croisés d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Exactement, chez Ogilvy, il y a très longtemps maintenant. Pour la petite histoire,

  • Speaker #0

    mesdames et messieurs, Batoul travaillait dans un bureau qui se trouvait juste à côté du bureau de mon mari. Parce que oui, j'ai rencontré mon mari au travail, chez Ogilvy. D'ailleurs, je l'embrasse. Et voilà, Batoul se souvenait de moi grâce à mon mari.

  • Speaker #1

    et la magie de LinkedIn opérant ça permet parfois aussi de se retrouver et donc voilà j'ai voulu faire quelque chose un peu plus créatif donc j'ai commencé dans la publicité et puis de fil en aiguille je me suis rendu compte qu'il y avait deux choses que je savais faire dans la vie c'était avoir des idées et résoudre des problèmes et en fait les problèmes quand on répond à un brief de communication c'est un problème qu'on résout mais en fait je me suis dit tiens mais ce savoir-faire là je pouvais l'appliquer dans plein d'autres domaines et donc petit à petit je me suis dit tiens si je l'appliquais à la stratégie à l'innovation, à l'accompagnement du changement et à plein de nouveaux sujets ... C'est comme ça que j'ai élargi ma gamme et que je suis passée de la publicité à un cabinet de conseil en stratégie. On pourrait se dire que c'est loin, mais en fait non. C'est le même muscle qu'on active, de trouver des idées, de trouver des nouvelles façons de faire, de résoudre des problèmes. Et la deuxième chose que je sais très bien faire, c'est intraprendre. Tu le disais en introduction. C'est-à-dire que je me suis rendu compte au fur et à mesure que ce que j'aimais faire, c'était créer des choses avec l'argent des autres. C'est toujours plus facile. Je ne prends pas les risques. Donc moi, j'ai toujours créé. J'ai été au Newbies quand j'ai commencé ma carrière. J'ai ensuite... Je rejoins un groupe anglais qui s'appelait Filtry, qui a été racheté par Profet, qui faisait du conseil en stratégie marketing. Et j'ai créé l'entité à Paris. Ensuite, je suis allé à la SNCF. J'ai participé à créer Webus, des cars à longue distance. Ensuite, je suis retourné chez Ogilvy où j'ai créé Ogilvy Consulting. Et puis, ma plus récente aventure, c'est Salmon Consulting. Donc, j'ai toujours créé des choses parce que c'est ça que je sais faire. C'est ça que je trouve intéressant, sans prendre des risques.

  • Speaker #0

    Ce qui m'intéresse dans cette posture-là d'entrepreneuse, c'est... La posture que tu as vis-à-vis aussi de tes managers, parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de la relation manager-collaborateur qui est, on va dire, souvent déséquilibrée et souvent il y a une prise de position un peu de victimisation, on va dire, soit d'un côté soit de l'autre. Et toi, tu as réussi en fait à faire de ton patron ou ta patronne, ton partenaire en fait, business quelque part.

  • Speaker #1

    Ah oui, alors moi je ne pense pas les relations entre les hommes, les femmes au sens large comme des relations hiérarchiques en fait. Pour moi il y a des êtres humains et en fait on discute et à partir du moment où on discute et il y a de l'intelligence, on peut trouver comment faire des choses ensemble. Donc en fait je n'ai jamais eu une relation, même pas d'ailleurs avec mes anciens chefs, etc. Je me suis toujours mise d'égal à égal et d'ailleurs c'est peut-être aussi pour ça qu'aujourd'hui je suis consultante, c'est-à-dire que même avec mes clients, je suis d'égal à égal et mon savoir-faire c'est de les questionner, de les interroger, de les bousculer. Et je pense que c'est ça que j'appelle l'indépendance d'esprit. C'est-à-dire que si on ne l'a pas, on risque de retomber assez facilement dans, c'est la fameuse blague que je raconte très souvent, mais des trois types de consultants ou des trois types d'agences, on peut le faire sur tous les sujets, mais c'est que si le client nous dit quelle heure est-il, il y a le premier type de consultant qui va dire qu'il est l'heure qu'il est. Donc là, il se trouve qu'il est 12h27, donc super. Le deuxième type de consultant va dire, vous voulez qu'il soit quelle heure, monsieur le client ? Et le troisième type de consultant va dire, mais est-ce que vous êtes sûr que c'est la bonne question ? Donc moi, j'essaye d'être toujours là-dedans et c'est comme ça que j'ai réussi à lancer des choses, à convaincre aussi, là aujourd'hui à VAS, de lancer cette dernière aventure. Et je disais que c'est parce que je n'ai pas envie de prendre de risques, c'est vrai, mais ce n'est pas que ça. C'est aussi pour comment je peux avoir plus d'impact. Et je pense que si j'avais créé ma propre boîte de conseils toute seule dans mon coin, j'aurais sans doute été très utile à des clients, mais je n'aurais pas peut-être atteint le même niveau de taille d'entreprise que j'accompagne. d'échelle de sujets, de complexité de sujets. À la fin, je vais mettre le même temps à résoudre un petit problème qu'un grand problème. J'ai l'impression qu'en résolvant des plus grands problèmes, potentiellement, j'aurai plus d'impact et j'aiderai les gens à aller dans le bon sens. C'est aussi ça que ça me permet de faire, d'être intrapreneuse.

  • Speaker #0

    Alors, avoir plus d'impact, éviter de prendre trop de risques. Qu'est-ce qui fait ?

  • Speaker #1

    On peut le voir en négatif, c'est éviter de prendre trop de risques ou pouvoir prendre plus de risques encore parce qu'on est bien accompagné.

  • Speaker #0

    Justement, quelle autre raison fait que tu n'es pas parti plutôt dans l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Je ne suis toujours pas entrepreneur, je suis toujours intrapreneur.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je passerais le cap. Mon père était entrepreneur et il est un peu malade aujourd'hui. Je pense qu'il y a un lien parce qu'il y avait du stress, etc. Donc, sans doute que ça joue dans ma propre psychologie. D'accord. Mais vraiment, je pense que... J'ai l'impression d'avoir trouvé le sweet spot, comme on dit en anglais, qui me permet d'accompagner des clients super intéressants avec une assise financière qui fait que je peux me permettre plus de choses. Au final, je peux prendre plus de risques, accompagner des plus gros sujets, des plus grosses problématiques, etc. parce que je suis intrapreneuse. Donc, il ne faut pas le voir en négatif seulement.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que... Aujourd'hui, l'entrepreneur a quand même pas mal le vent en poupe. Alors, je n'ai pas des chiffres en tête, mais je sais qu'il y a énormément de gens qui ont quitté leur poste de salarié pour monter leur entreprise, pour créer leur propre projet. La GenFed aussi, qui remet en cause les modèles d'organisation en entreprise et les modèles de management en entreprise. Et en fait, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est parce que toi, tu as écrit un article dans la Harvard Business Review qui explique, qui démontre en fait que... L'avenir appartient à l'entreprise. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu en es arrivé à cette conclusion ? Parce qu'effectivement, toi, tu es en train de le vivre. Mais plus globalement parlant ?

  • Speaker #1

    Effectivement, tu parlais en introduction du Covid. Le Covid, ça a un peu bousculé les choses et on s'est dit, ça y est, c'est la fin du salariat. On ne va plus avoir de gens qui travaillent en entreprise. Avec deux grandes raisons, j'ai l'impression, qui ont été mises en avant. La première, c'est qu'on veut tous aller élever des chefs dans le Larzac. C'est en tout cas ce qu'on nous a raconté, je pense que c'est faux. Donc cette idée qu'on n'avait plus d'ambition, il y a même des livres qui sont sortis qui s'appellent l'anti-ambition ou ce genre de choses. Donc ça c'était la première chose qu'on nous a dit, on veut du sens, on veut des choses qui font du sens et c'est pas l'entreprise qui apporte le sens. Et la deuxième chose qu'on a vu arriver c'est, on veut plus avoir de patron, on veut être indépendant et on veut être à son compte. Et tu disais que t'avais pas forcément les chiffres, moi je suis allé regarder, je crois qu'en France en 2023 il y avait 3,3 millions d'indépendants, de freelance. Donc par rapport à 2008, c'est une augmentation de plus de 50%. Donc on peut dire, ah bah oui, voilà, on y est, c'est vraiment la fin du salariat. Mais quand on regarde, il y a beaucoup de précarité derrière ça, parce qu'il y a aussi toute la gigue économie, les gens qui travaillent pour Uber et Anko. Et donc voilà, ça c'est une première chose. Je pense qu'il n'y a pas que du positif derrière ce freelance, et parfois c'est subi et pas forcément choisi. Et puis même quand c'est choisi, toi tu es à ton compte, c'est pas si évident que ça. Il y a aussi, voilà, en termes de santé mentale, de... de stress que ça peut amener, il n'y a pas que du positif.

  • Speaker #0

    La vraie gestion de ton énergie d'être indépendant et d'organisation, c'est tout à fait le cas.

  • Speaker #1

    Complètement. Et je pense que ce qui est en train de changer, et qui fait que moi je crois au modèle de l'entreprise, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas toujours des entrepreneurs, et il ne faut pas mal me comprendre là-dessus, je pense qu'on a besoin d'entrepreneurs et de gens capables de créer. Mais en tout cas, je pense que un, le monde est de plus en plus incertain et chaotique. Deux, il y a une montée de la solitude. Aujourd'hui, il y a une étude de la Fondation... de la Fondation de France, qui a montré qu'il y avait à peu près une personne sur cinq qui déclarait se sentir régulièrement seule. Donc ça fait 11 millions de personnes en France. C'est pas rien. Et puis on a aussi un recul des services publics. Et donc face à tout ça, il y a deux choses qui se dégagent. C'est que, un, je pense qu'il y a d'autres envies, que les gens ont d'autres envies. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'ambition, parce que j'ai dit tout à l'heure il y a des choses qui ont été dites autour de l'anti-ambition. Moi je pense qu'on a une alter-ambition, une ambition différente. Et avec le monde que j'ai décrit, Je pense qu'on a aussi besoin de sécurité et de stabilité. Si l'entreprise est capable de répondre au premier et de comprendre le premier, que ce n'est pas qu'on n'a pas d'ambition, mais qu'on a une ambition différente, et qu'elle est capable d'apporter le deuxième, c'est-à-dire de la sécurité et de la stabilité, alors elle a un boulevard devant elle et il y a plein de choses à faire au sein du monde de l'entreprise. Si je reviens à l'envie qui est en train de changer, moi, il y a un concept, je crois que c'était dans le Final Shunt Times, que ça avait été évoqué la première fois par une auteure indienne qui parlait du time billionaire. Et en fait, là où pendant des années, on disait que réussir sa vie, c'est être riche, aujourd'hui, réussir sa vie, c'est être riche en temps et pas en argent. Et c'est-à-dire que finalement, si j'ai du temps libre, c'est que j'ai réussi ma vie, c'est que j'ai un équilibre qui est le bon. Il y a une étude qui a été menée il y a quelques années, il y a deux ou trois ans, qui montrait que... 61% des Français préfèrent avoir du temps libre plutôt que d'être payé mieux et d'avoir un salaire plus élevé. Là où en 2008, c'était 62% qui préféraient avoir un salaire plus gros qu'avoir plus de temps. Donc on voit bien que nos modèles sont en train de changer. Et encore une fois, ça ne veut pas dire que je ne veux pas et que je n'ai pas d'ambition, mais c'est peut-être que je ne veux plus la même chose. Et donc je pense que ça, c'est vraiment la première chose que l'entreprise doit comprendre et qu'elle doit prendre en compte. Et ensuite, il y a cette idée dont je parlais, le besoin de... de liens, de sécurité. Encore une fois, le monde dans lequel on vit et les derniers jours qu'on est en train de vivre nous montrent à quel point c'est en train de bouger très vite. Mais on a l'impression qu'on va rentrer dans une troisième guerre mondiale dans pas longtemps. On a l'impression qu'il y a un recul, je parlais du recul des services publics, que je ne suis pas sûre que demain je vais pouvoir me payer en termes de santé ce qu'il faut, en termes d'éducation pour mes enfants ce qu'il faut, etc. Et donc on se dit, mince, peut-être que demain, et moi c'est un pari que je fais, au lieu d'avoir un passeport français ou un passeport américain ou un passeport d'un grand pays, Peut-être que ce sera plus avantageux d'avoir un CDI dans une grande entreprise. Parce que, en fait, l'entreprise sera capable de m'apporter une sécurité, celle de l'emploi, celle du salaire qui tombe à la fin du mois, mais peut-être aussi une prise en charge, peut-être de l'éducation de mes enfants, peut-être de logement, des entreprises paternalistes. On voit des crèches d'entreprises,

  • Speaker #0

    on peut imaginer des écoles d'entreprises.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis même si on revient à l'histoire, l'entreprise paternaliste, historiquement, elle proposait ça. Quand Renault avait ouvert ses usines, il proposait des logements à côté pour ses employés. Donc voilà, l'entreprise, je pense, va être amenée à proposer de plus en plus de choses et prendre en compte le salarié, pas uniquement pour des aspects physiques, c'est-à-dire cette sécurité physique, etc., mais peut-être de façon de plus en plus holistique, c'est-à-dire ce qu'on vient d'évoquer, c'est-à-dire l'ensemble de ses besoins et pas uniquement ses besoins financiers. Et peut-être que ce n'est pas juste de l'argent qu'elle donnera demain, mais c'est d'autres avantages. Et puis, c'est un sujet qui est en train de monter, la santé mentale. Je parlais de solitude qui est en train d'augmenter. Je pense qu'aujourd'hui, les gens se sentent de moins en moins bien, qu'il y a des vrais sujets. de santé mentale, de stress liés à l'écologie. On connaît toujours quelqu'un autour de nous qui a été victime ou qui souffre des cours d'anxiété. On a des gens qui vont souffrir aussi du contexte géopolitique. On a des gens qui vont souffrir de la solitude, etc. Et donc, l'entreprise doit apporter des réponses à tout ça et peut apporter des réponses à tout ça. Et donc, voilà, c'est pour ça que moi, je crois au modèle de l'entreprise. Encore une fois, ça ne veut pas dire que demain, il n'y aura pas d'entrepreneurs. Mais un entrepreneur qui monte une boîte, s'il le fait bien, il crée une entreprise qui sera... ce que moi j'appelle l'entreprise protectrice donc c'est plus paternaliste parce qu'il y a un côté négatif je pense aujourd'hui dans cette vision là mais va pouvoir créer ce type d'entreprise où ça sera un management peut-être plus bienveillant, une façon de faire plus holistique comme je disais, une prise en compte du salarié de façon holistique et apporter un certain nombre de choses qui font qu'on se sentira bien dans cette entreprise, qu'on aura envie de choisir cette entreprise comme employée versus une autre, donc ça sera aussi un avantage compétitif. Donc voilà, je pense que l'entreprise a vraiment beaucoup de choses à apporter dans les années à venir, à condition ... de repenser son modèle. Ce n'est pas de le faire comme hier on le faisait.

  • Speaker #0

    C'est ça, parce qu'il faut trouver le juste équilibre entre ce que l'entreprise va apporter aux équipes et aussi la rentabilité, la performance, etc. Et donc, comment tu accompagnes tes salariés pour qu'ils soient meilleurs, qu'ils gèrent mieux leur temps, pour justement avoir plus de temps libre aussi ?

  • Speaker #1

    Je pense que oui, on peut travailler sur la rigidité du management, ou en tout cas comment on fait pour qu'il ne soit pas trop rigide et qu'on ait un vrai équilibre de vie pro-perso. On peut travailler aussi sur le temps qu'on va allouer et qui sera alloué au travail et comment on peut retrouver du temps libre. Mais je pense qu'il y a un autre sujet dont on n'a pas parlé et qui me semble clé, c'est comment, j'en ai parlé un tout petit peu en disant que les gens voulaient peut-être élever des chèvres dans le Larzac et avoir du sens. Et en fait, j'ai fait une étude il y a quelques années qui montrait qu'en fait, c'est pas le sens qui compte. C'est-à-dire que je peux travailler pour une ONG et me sentir très malheureux. Et je peux travailler, c'est un peu caricatural, mais pour une grande banque par exemple, et me sentir très heureux. Ce qui va compter, c'est pas le sens, mais c'est l'utilité. C'est quoi la différence ? C'est mon utilité personnelle. C'est-à-dire, est-ce que moi, en me levant le matin, je sais à quoi je sers ? Et en fait, je peux travailler dans une ONG et ne pas savoir à quoi je sers parce que je remplis de la paperasse et qu'au final, je ne sais pas si ça aide vraiment les populations que je suis censée aider. Alors que je peux travailler pour une grande entreprise. Et il trouvait beaucoup de sens parce que moi, je me sens utile et je sais à quoi mon travail sert et quel est mon rôle. Et je pense que les entreprises, demain, elles doivent travailler là-dessus, c'est-à-dire comment on travaille sur une responsabilisation des collaborateurs. Et ça veut dire que peut-être qu'on ne manage pas tout à fait de la même façon. Et donc, oui, on peut travailler sur le temps, l'équilibre perso, pro, la prise en charge holistique des enjeux du salarié, etc. Mais je pense qu'il faut aussi travailler sur... l'utilité de chaque collaborateur, la responsabilisation de chaque collaborateur et que c'est ça qui fera que ça sera un deal gagnant-gagnant, quelque part.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est hyper intéressant de parler d'utilité. Moi, j'avais déjà chopé la notion de responsabilisation des collaborateurs. D'ailleurs, ça fait partie de ce que je propose dans mes formations. Et effectivement, pendant ça, l'utilité, se dire voilà, en fait, ton job, il a un vrai rôle à jouer dans l'équilibre de l'organisation. Et tu sais, ce que tu fais, c'est utile, c'est important et c'est comme ça aussi que la personne va pouvoir se sentir responsable et donc accountable comme on dit en anglais. Et là, tu as un switch du pacte entre le salarié, le collaborateur et l'entreprise. Et là, on en vient justement à la question suivante qui est si l'entreprise prend en charge quelque part un certain rôle qui était responsable à la base qui était de la responsabilité de l'État, ça veut dire que le pacte entre l'entreprise et le salarié va changer. Parce que, par exemple, le deal entre l'État et nous, c'est qu'on paie des impôts et qu'en contrepartie, on a un service public, l'école, l'hôpital, etc. Donc là, si l'entreprise prend en charge une partie de ces services-là, Comment est-ce que, d'après toi, ça va transformer le pacte relationnel entre le salarié et son entreprise ?

  • Speaker #1

    Je pense que le pacte, il doit changer entre le salarié, l'entreprise, mais aussi le manager. Il y a une sorte de triptyque. Et donc, on a parlé beaucoup de l'entreprise qui allait offrir des nouvelles choses. Et effectivement, le nouveau pacte, c'est des droits et des devoirs. Donc, c'est dans les deux sens. Donc, oui, il y aura des nouveaux droits pour les collaborateurs. Donc, peut-être qu'ils auront accès à un certain nombre de choses, de services, etc. que l'entreprise leur donnera. Oui, il y a des nouveaux droits qui sont peut-être que le manager va davantage les responsabiliser, être dans une relation peut-être moins hiérarchique, peut-être avoir un nouveau type de culture d'entreprise, une nouvelle façon de faire ensemble, etc. Mais il faut aussi qu'il y ait des devoirs en face et donc les collaborateurs devront aussi s'engager à un certain nombre de choses. Je n'ai pas la réponse de qu'est-ce que doit faire chaque entreprise et quel pacte elles doivent chacune nouer. Il sera peut-être différent d'une entreprise à l'autre. Mais à mon sens, je parlais de solitude tout à l'heure. pense que les collaborateurs doivent s'engager à s'engager, c'est-à-dire à s'engager pour le collectif, à créer des liens avec leurs collègues, parce que je crois que ce qui fait qu'on va réussir, c'est créer du commun. Et c'est là où moi je crois aussi à l'entreprise, c'est que la société, l'État, etc., qui est censé produire du commun, en produit de moins en moins, c'est malheureusement factuel. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas y travailler du côté politique, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Et je pense que les entreprises peuvent aussi travailler là-dessus et peuvent aussi demander à leurs collaborateurs de travailler là-dessus. Et donc, tu le disais, post-Covid, il y a eu l'avènement du télétravail, etc. Alors, il faut toujours faire attention quand on parle de ça, parce que tout le monde ne peut pas télétravailler et tous les métiers ne sont pas télétravaillables. Mais ce que ça veut dire, c'est qu'on est arrivé dans un monde de plus en plus individualiste, où chaque personne dans l'entreprise, chaque collaborateur s'est dit « qu'est-ce qui est bien pour moi ? » et plus « qu'est-ce qui est bien pour notre commun ? » Ce qui ne veut pas dire ce qui est bien pour l'entreprise. Mais ce qui est bien pour nous tous ensemble. Et dans ce nouveau pacte, je pense qu'il faut réussir à créer du commun.

  • Speaker #0

    Créer du commun.

  • Speaker #1

    Créer du commun et réussir à, pour créer du commun, avoir une culture commune, se voir. Et j'avais dit sur le ton de la boutade post-Covid, que peut-être que le futur des bureaux, ce n'était pas les bureaux. Alors les gens se sont tout de suite dit, ça veut dire que le futur du bureau, c'est le télétravail et le full remote. Non, mais peut-être qu'on a plein de façons de faire du commun. Donc peut-être qu'on retournera de plus en plus au bureau, mais peut-être que le futur du bureau, c'est tout simplement le resort. Alors ça peut paraître extrême. Mais c'est de se dire, si je suis en full remote, pourquoi pas ? C'est un mode de travail. Il y a certaines entreprises pour qui ça pourrait être tout à fait... Mais comment je crée du commun ? Il faut se voir. Ça, c'est humain. Je veux dire, c'est une vérité humaine. Ne jamais se voir, on ne créera pas de lien. Et donc, pour se voir et créer du lien, peut-être qu'on passe quatre semaines par an en resort. Et donc, c'est peut-être ça le futur du bureau. Encore une fois, c'est une boutade et je ne sais pas si c'est ça. Et encore une fois, chaque entreprise apportera sa réponse. Mais il faut créer du commun. Et les collaborateurs doivent s'engager à créer ce commun, à créer du lien. Et c'est ça qui fera qu'on sera moins seul, qu'on arrivera mieux, qu'on se sentira mieux en tant qu'individu, en tant que collectif et en tant qu'entreprise. Et tout le monde s'y retrouve. Et dans tout ça, c'est pour ça que je parlais du manager, le manager a un rôle à jouer. Et donc, comment le manager favorise ça ? Et donc, ça veut dire que peut-être qu'il faut former nos managers peut-être un peu différemment.

  • Speaker #0

    À devenir des géos.

  • Speaker #1

    Pas que. Parfois, il faut aussi savoir faire du feedback, dire les choses qu'ils ne vont pas, etc. Bien sûr. Mais en tout cas, leur rôle est en train d'évoluer. La posture du manager va peut-être être... davantage une posture de coach. Ce qui ne veut pas dire que les anciens rôles disparaissent, mais ça va être de moins en moins facile d'être manager.

  • Speaker #0

    D'après toi, nos enfants qui sont étudiants aujourd'hui, s'ils veulent être manager, il faudra qu'ils fassent une formation spécifique de manager. Et il y aura une séparation entre les managers et les experts ?

  • Speaker #1

    Probablement. Moi, je trouve que on a une conception souvent en France, mais pas qu'eux, qui est un peu erronée. C'est-à-dire, si je veux être promu et que je veux réussir dans ma carrière, il faut que je passe manager. Je pense que ça ne doit pas être le seul chemin possible. C'est un vrai métier d'être manager, c'est des vraies compétences. Tout le monde ne les a pas, mais on peut avoir d'autres compétences qui sont très utiles aussi pour l'entreprise. Et donc, si on choisit d'être manager, oui, il faut se former et pas qu'une fois régulièrement, parce que ce n'est pas si évident, les choses évoluent, il faut savoir se remettre en cause, faire évoluer ses pratiques, etc. Et c'est vrai pour tous les métiers, pas que pour le rôle de manager. Et donc, comment on prend à bras le corps ce sujet et comment ce n'est pas la seule voie d'évolution ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce que je voulais te poser comme question. C'est que du coup, si être manager, ce n'est plus l'étape d'après quand tu veux évoluer dans ta carrière, là, il y a tout un truc à réinventer sur justement comment, quand tu es chef de projet, là, si on parle du monde des agences, quand tu es chef de projet ou quand tu es à la production, à la réalisation, comment tu fais pour évoluer ? Dans tes responsabilités, dans ton salaire, dans ta carrière, comment tu construis ton plan de carrière si ce n'est pas... En manageant une équipe à ton tour ?

  • Speaker #1

    Tu le disais, je pense que l'expertise, c'est une autre voie. Et puis, il y a peut-être des nouveaux modèles à imaginer. Mais oui, en tout cas, il ne faut clairement pas se dire que l'évolution ne peut être que verticale. Elle peut être aussi horizontale. Ça peut être devenir expert. Ça peut être changer de métier aussi. Ça peut être une autre façon d'évoluer. Et puis, est-ce que l'évolution doit être aussi salariale ? Alors, je comprends que oui, on a tous envie de gagner un peu plus d'argent, c'est sûr. Mais il faut aussi savoir faire ses bons choix et se dire qu'est-ce qui va me rendre heureux ? Et de ne pas avoir comme prisme uniquement le prisme économique et seulement la rétribution. Je pense qu'aujourd'hui, quand je parlais non plus d'anti-ambition mais d'alter-ambition, c'est que je pense que les plus jeunes sont suffisamment malins pour avoir compris que finalement, ce qui fait le bonheur, est-ce que c'est forcément d'avoir plus d'argent ? Alors oui, on a tous envie d'avoir un peu plus d'argent, mais peut-être qu'il y a d'autres choses qu'il faut prendre en compte et qui ont de la valeur. On avait posé une équation mathématique avec l'équipe, ce qu'on a appelé la Talent Equation, et qui « mathématise » . Ce qui fait que je vais être heureux dans une entreprise et que l'entreprise va m'attirer. Il y a des avantages. Donc oui, la rétribution en fait partie, mais la rétribution, ce n'est pas que la finance. Ce n'est pas que les sous que je vais toucher à la fin du mois. C'est aussi, par exemple, si mon employeur investit dans ma formation. C'est aussi la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne de moi comme image en société quand je dis que je travaille pour cette entreprise ? C'est aussi le sentiment d'accomplissement. Est-ce que je me sens utile ? On parlait d'utilité tout à l'heure. C'est aussi la sécurité de l'emploi, de plus en plus, c'est là où je crois au modèle de l'entreprise. Donc ça c'est les avantages, et puis il y a les concessions, c'est est-ce qu'il y a trop de rigidité du management, et dans ce cas-là s'il y en a trop je ne vais pas accepter, sur mon organisation du temps, est-ce que je vais être flexible dans mon organisation du temps ou pas, est-ce que ça va répondre à mes propres besoins d'organisation, et donc c'est tout ça qu'il faut réussir à penser, et c'est quand les entreprises pensent de façon holistique à tous ces sujets-là, qu'elles apportent les bonnes réponses. Parce que la réponse ce n'est pas juste j'augmente la grille de salaire, ça peut être ça, mais pas que. Et ça ne peut pas être juste, j'accepte de faire deux jours de télétravail par semaine et tout le monde est content.

  • Speaker #0

    Du coup, moi, ce que j'entends aussi, c'est qu'il y a un gros sujet qui est déjà arrivé, mais pour l'instant, c'est un petit peu une tarte à la crème. Et je pense qu'en vrai, il y a un vrai enjeu autour de ce sujet-là. C'est la raison d'être de l'entreprise, le sujet de la raison d'être, du why et de qu'est-ce qu'elle offre à ses salariés, mais aussi à la communauté en général. Et voilà, qu'est-ce qu'elle propose ? Voilà. Pourquoi est-ce qu'elle est là ? Et je pense que plus les entreprises vont s'affirmer sur leur raison d'être, sur ce pourquoi elles existent, plus elles vont attirer des talents et surtout les bonnes personnes qui vont se reconnaître dans cette identité-là. Et donc, c'est vraiment une question de comment tu parles de toi en tant qu'entreprise et comment tu fais vivre cette culture-là aussi en interne. Et c'est vraiment une réflexion holistique au-delà de juste poser des mots sur une raison d'être, un why. Une fois que tu as ta brand ladder, comment tu la diffuses et comment tu la vis ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que dans le sujet de raison d'être, il y a deux points qui sont importants. Oui, ça donne du sens et on sait pourquoi ça existe et pourquoi l'entreprise existe. Et comme tu le disais, après, c'est comme en amour, il n'y a pas que de l'amour, il y a des preuves. Donc, il y a la raison d'être et il y a la raison d'y croire. Donc, il faut travailler là-dessus pour que les salariés viennent et qu'ils aient envie de rester, puisque si on les a attirés derrière, il faut leur donner envie de rester. Donc oui, ce que je dis souvent, pareil, c'est un petit peu une boutade que je dis à certains patrons ou patronnes, c'est que personne ne se lève pour faire 10% de croissance. Donc, tu as besoin de cette raison d'être là, c'est sûr. Tu as besoin des raisons d'y croire, c'est sûr. Mais je pense que tu as aussi besoin de te dire que le modèle qu'on a beaucoup et qui est ancré dans la tête de beaucoup de gens, le modèle de performance absolue de l'entreprise, Ce n'est pas juste la performance, parce qu'encore une fois, on ne se lève pas pour ces 10% de croissance-là. Donc oui, c'est bien d'avoir une raison d'être, c'est bien d'avoir des raisons d'y croire, mais très vite, et on le voit dans le contexte actuel, dès que l'économie va moins bien, dès que le contexte est plus tendu, on peut revenir en arrière. Et si on veut ne pas revenir en arrière, je pense qu'il faut accepter de se dire que notre modèle, ce n'est plus la performance absolue, c'est ce qu'Olivier Armand appelle la robustesse. Et donc, ça veut dire qu'on pense aussi notre modèle de performance un peu différemment. Et c'est une fois qu'on aura travaillé ça, qu'on aura accepté que les critères sont... Donc, pas que des critères financiers, que les critères financiers peuvent être un peu différents, que parfois, on n'est pas dans l'efficience maximum. Mais en fait, c'est bien d'avoir un peu de gras parce qu'en fait, ce gras, le jour où il y a une crise, c'est plus facile de résister parce qu'on a peut-être trop de personnes. Mais ces trop de personnes vont faire qu'on va mieux y arriver, etc. Et ça, c'est un peu une révolution qu'il faut opérer parce qu'aujourd'hui, on sait comment fonctionne le monde des entreprises. C'est encore très sur les chiffres, sur la finance, sur les résultats, sur... la marge brute, les bits et tous les gros mots entre guillemets qu'on peut tous avoir et qu'on suit tous. Et encore une fois, je ne veux pas qu'on jette ça à la poubelle, mais il faut en rajouter d'autres. Il faut repenser un peu ce modèle-là et accepter de le repenser.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, la robustesse, c'est une notion hyper intéressante au jour d'aujourd'hui où tout est remis en question chaque jour. Il y a une autre notion aussi, je ne sais pas si tu la connais, c'est le concept de l'antifragilité.

  • Speaker #1

    Bien sûr, j'adore Nassim Taleb. C'est l'un de mes auteurs favoris. Pour moi, c'est exactement ça. D'ailleurs, quand j'ai pensé Salman Consulting, c'était un mot antifragile qui revenait souvent, avec cette idée qu'il ne faut pas juste être résilient, mais il faut être antifragile, c'est-à-dire qu'on va tirer bénéfice du chaos. Exactement. Et ça, c'est le stade ultime. J'essaye d'emmener mes clients vers ce stade-là.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est la réponse à tout, même d'un point de vue individuel. Complètement. Il t'arrive quelque chose. Comment tu vas le transformer ? Comment tu vas sublimer ce truc-là ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, quand on vit l'aménement difficile, qu'on soit une entreprise ou un être humain, ce n'est pas évident. Et c'est là où ça peut être aussi bien d'avoir un regard extérieur, du recul, etc. Pour être à l'une vie.

  • Speaker #0

    Je suis experte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, hyper intéressant. Donc, effectivement, on reprend le cours de l'histoire. L'entreprise prend un rôle qui va être beaucoup plus... globale, holistique, beaucoup plus amplifiée que ce qu'elle a aujourd'hui, qui est de produire de la richesse, d'après toi. En tout cas, c'est comme ça que tu vois l'avenir. Du coup, on va créer une espèce de communauté d'entreprises, quelque part, avec une culture commune où chacun se reconnaîtra dans une partie ou plus de la culture de l'entreprise, de la raison d'être de l'entreprise. Pour ça, il faut attirer les talents. et surtout les bons talents. D'après toi, aujourd'hui, étant donné toutes ces transformations qui sont en train de s'opérer en sous-marin, quels sont les leviers sur lesquels l'entreprise peut jouer pour attirer les talents et les bons talents ?

  • Speaker #1

    Je vais te redire ce que j'ai un peu déjà dit, mais c'est moi, ma talent equation, elle a pensé ça. C'est-à-dire que c'est vraiment, oui, il faut penser de façon holistique la rétribution, donc oui, le salaire, mais aussi la formation, comment j'investis. Non mais genre, il y a une phrase que j'aime beaucoup, c'était quelqu'un qui m'avait dit ça une fois, c'est qu'est-ce qui est pire que d'investir sur la formation d'un collaborateur et de le voir partir ? C'est de ne pas investir et de le voir rester.

  • Speaker #0

    Alors ce qui est incroyable, c'est qu'hier j'ai assisté à un webinaire, il y avait quelqu'un d'un gros groupe, que je ne vais pas nommer, mais quelqu'un de, enfin une RH, et qui racontait que certaines personnes disent, bon ben alors telle personne, si je la perds, est-ce que c'est un risque ou pas ? genre est-ce que c'est un problème ou en fait on s'en fout si on la perd ? Et ben ouais, on s'en fout, donc c'est pas la peine d'investir, c'est pas la peine de la former. Il y a encore quand même des gens qui pensent comme ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que quand tu m'as dit comment on arrive à trouver les talents et surtout les bons talents, mais en fait c'est quoi un bon talent ? On peut se poser la question. On a tous un talent, il faut juste trouver le bon endroit pour l'exprimer. Et moi je serais peut-être très nulle en gardienne de foot, je sais pas si je prends l'exemple. Et je serais peut-être très forte dans autre chose. Donc, en fait, comment on aide chacun à trouver son chemin ? Et peut-être que c'est aussi ça le rôle du manager demain et de l'entreprise demain, c'est d'aider chacun à trouver sa juste place. Et donc, oui, la formation, ce n'est pas que pour l'aider à rester là où il est aujourd'hui, c'est peut-être aussi pour l'aider à l'aiguiller, à l'emmener là où il doit aller demain.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une question individuellement parlant qu'on doit tous se poser. Oui,

  • Speaker #1

    complètement. Et moi, je dis beaucoup à mes collaborateurs, comment on fait pour rester dans un growth mindset, c'est-à-dire continuer à apprendre et à se développer. Et moi, je l'ai souvent dit à mes collaborateurs ou les personnes avec qui j'ai eu la chance de travailler, peut-être que parfois ça ne marche plus là où tu es aujourd'hui, mais comment moi, je peux t'aider à trouver ta next step et ta next step, elle sera peut-être avec nous, peut-être sur un autre poste, mais peut-être qu'elle sera ailleurs et ce n'est pas grave, c'est la vie. Et comment on fait par contre pour... J'essaye toujours, j'espère que mon intention est ressentie par les gens qui m'ont côtoyé, mais voilà, d'aider chacun à trouver sa juste place parce que je pense que c'est clé. Oui, il faut travailler sur la rétribution, sur la formation, sur le coaching des uns et des autres. Il faut travailler, et les leviers dont va disposer l'entreprise, c'est aussi travailler, ce que je disais tout à l'heure, la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne comme image de moi, si je travaille pour cette entreprise ? Sur l'utilité, ça c'est clé. La sécurité de l'emploi, je pense, va de plus en plus compter, mais comment elle n'est pas subie seulement. Je reste là parce que je suis dans une cage dorée ou parce que j'ai besoin de cet argent à la fin du mois, mais comment je me sens responsable, utile, et donc... Je vais réussir à y trouver du sens et à m'épanouir. Et puis après, comment je travaille sur l'organisation du temps, sur le management, etc. Et je reviens sur l'organisation du temps parce que je le disais, sur le télétravail, tout le monde ne peut pas télétravailler. Mais il y a des nouvelles façons de faire, même pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Je donne un exemple très concret. Dans des entreprises qui travaillent, par exemple, qui gèrent les cantines. On peut se dire que les personnes qui travaillent dans les cantines, ça ne se fait pas en télétravail. Mais par contre, on s'est rendu compte que dans les entreprises, vous l'avez tous vu autour de vous, Le vendredi, il y a quand même moins de gens. Du coup, on a peut-être besoin d'un staff un peu moins important le vendredi. Et donc, peut-être que je peux permettre à mes employés d'avoir chacun, de façon tournante, un vendredi par mois, par exemple. Et donc, on peut apporter des nouvelles façons de s'organiser, d'organiser son travail, y compris pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Donc, il faut être créatif pour trouver des nouvelles solutions et vraiment penser tous les sujets d'un coup et ne pas se dire, il y a une solution miracle et un seul levier à activer. Il y en a plein.

  • Speaker #0

    C'est un genre de puzzle.

  • Speaker #1

    Un peu, oui, exactement.

  • Speaker #0

    Mais quand même, dont le centre de gravité reste quand même l'identité de l'entreprise. Ça, c'est hyper important. J'imagine que tes clients t'interrogent là-dessus.

  • Speaker #1

    Sur leur identité, qui ils sont, etc. Oui, ça nous arrive de redéfinir à quoi on sert, c'est quoi notre raison d'être, c'est quoi notre vision, etc. Et là, on ne s'arrête jamais là parce que sinon, on a l'impression, comme je disais, que ça pouvait être du bullshit, du greenwashing, du tout-ce-qu'on-veut-washing. Il faut vraiment se dire derrière qu'est-ce que ça veut dire et comment je l'incarne concrètement. Nous, on travaille beaucoup sur tout ce qui est culture d'entreprise. Comment dans ma culture, j'incarne ma grande vision ?

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? À part des campagnes de com' internes ?

  • Speaker #1

    Alors nous, on ne fait vraiment jamais de com', ce n'est pas du tout mon métier. Quand on travaille sur la culture d'entreprise, moi je m'inspire beaucoup de l'anthropologie. L'anthropologie, c'est la science qui définit ce qui fait qu'on fait communauté. Si on est français, qu'est-ce qui fait qu'on fait communauté en tant que français ? C'est d'avoir des rituels communs, d'avoir des mythes communs, on connaît notre histoire, etc. D'avoir des symboles communs et d'avoir des valeurs communes. En fait, on peut appliquer ça au monde de l'entreprise. Et donc nous, quand on travaille, on va travailler avec cette méthodologie en se disant c'est quoi ma culture aujourd'hui ? Qu'est-ce qui est valorisé ? quels sont les comportements qui sont valorisés dans l'entreprise, quels sont les tabous peut-être, quelles sont les histoires partagées que tout le monde connaît. Comme ça, on va aller fouiller sur l'informel.

  • Speaker #0

    Le mythe fondateur aussi.

  • Speaker #1

    Le mythe fondateur, etc. Et donc, on va aller auditer un peu cette culture actuelle, se dire par rapport à l'entreprise, là où elle veut aller sa stratégie dans quelques années, est-ce que c'est la bonne culture pour y aller ? Si ce n'est pas le cas, c'est quoi ma culture idéale, ma culture cible ? On l'a défini avec souvent les top dirigeants. Et ensuite ? on voit le gap entre les deux et comment on fait pour la faire évoluer. Et donc, on peut redéfinir des rituels, des mythes, des symboles, etc. Mais on peut aussi travailler à changer les comportements. Et là, on utilise aussi beaucoup les sciences comportementales. Comment je fais pour nudger des comportements ? Comment je fais pour faire en sorte que les gens soient plus innovants, plus créatifs ? Mais peut-être qu'il y a des boîtes dont je vends des commodités. Je n'ai pas besoin qu'ils soient plus créatifs et plus innovants. Donc, c'est pour ça qu'il n'y a pas de bonne culture. Quelle est la bonne culture par rapport à ma stratégie ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est ce que tu fais. Et donc, c'est retravailler sur tout ça. Et donc, il y a une partie très soft de rituels, de symboles, de valeurs, de mythes, etc. Mais il y a aussi des choses beaucoup plus hard. C'est quoi mes process ? C'est quoi mon organisation ? Et donc, il faut travailler sur tous ces éléments-là quand on travaille la culture d'entreprise.

  • Speaker #0

    Finalement, ce que je propose avec Holyworks, c'est assez proche de ce que tu fais. Sauf que moi, c'est beaucoup plus petite échelle. Mais effectivement, on va visiter comment tu travailles ces côtés process, mais aussi, qu'est-ce qui te motive ? ton identité, etc. C'est l'union des deux qui va faire que...

  • Speaker #1

    Exactement. Il faut réussir à le faire à tous les échelons. C'est bien de le faire au niveau de toute l'entreprise, évidemment, mais après, comment chacun dans son équipe s'y retrouve. Et donc, souvent, il va y avoir une grande culture. Il faut avoir ce cadre de jeu commun, mais comment aussi on peut avoir des sous-cultures qui vont co-vivre sans être en... Il faut que ça reste en adéquation et en cohérence avec la grande culture, mais on peut aussi avoir sa propre culture pour retrouver sa motivation personnelle, que ça soit lié à ses objectifs de BU, d'entité, etc.

  • Speaker #0

    Alors, Dernière question. On a parlé de l'organisation, de l'identité d'entreprise, de comment attirer les talents. On a aussi parlé à droite à gauche du mindset des salariés d'aujourd'hui. Comment tu vois l'avenir du mindset idéal des salariés ? Je retiens l'utilité, la responsabilité, le growth mindset aussi.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. j'ai pas mal de choses moi je pense qu'il faut laisser du champ à l'initiative laisser les gens faire et peut-être que je rajouterais un élément dont on n'a pas parlé tu as beaucoup parlé de la Gen Z dans tes questions mais je pense qu'on vit un moment un peu exceptionnel qui est que c'est je crois la première fois si on compte bien qu'on a 5 générations qui co-vivent dans l'entreprise et moi je crois beaucoup à l'intergénérationnel on n'arrête pas de repousser l'âge de la retraite mais en fait si on le repousse mais qu'on ne garde pas les gens qui sont plus âgés qui ont plus d'expérience ça ne marche pas donc comment on fait pour que chacun trouve là aussi sa juste place ? Et que les différentes générations ne soient pas en compétition, mais plutôt en complémentarité. Et donc, je pense que dans le mindset, c'est une envie en réalité des gens. Quand je dis que les gens n'ont pas envie d'être seuls, ont envie de créer plus de liens, c'est aussi avec cet intergénérationnel-là. Et je pense que ça, c'est quelque chose aussi à travailler en plus de tout ce qu'on a dit sur l'utilité.

  • Speaker #0

    Moi, je rencontre beaucoup de femmes qui ont la cinquantaine ou qui approchent la cinquantaine, qui viennent me voir et qui me disent, c'est bon, je ne vais plus jamais trouver de boulot, j'ai 50 ans. Qu'est-ce que tu penses de ça ?

  • Speaker #1

    Le jour où j'ai appris qu'on était senior dans l'entreprise à 45 ans, ça m'a fait un choc. Alors, je n'y suis pas encore tout à fait, je tiens à le signaler. Mais oui, c'est un vrai problème. C'est-à-dire qu'à partir du moment où notre société nous renvoie qu'on est vieux dans l'entreprise à 45 ou 50, pareil, il y a un autre exemple, mais j'ai un ancien client qui m'a dit « Ah, il faut que je fasse un bon choix sur mon prochain poste, parce que comme j'approche de la cinquantaine, après, ça sera fatal si ça ne marche pas. » C'est triste de devoir se dire ça. C'est très triste. C'est très triste. Donc oui, pour moi, ce n'est pas OK. Donc, il faut qu'on retravaille collectivement là-dessus. On redonne du place aux seniors qui ont plein de choses à apporter aussi.

  • Speaker #0

    Il y a peut-être l'opportunité de créer des postes qui sont beaucoup plus experts parce que finalement, plus tu as de l'expérience, plus tu es expert dans ton domaine. Complètement. Après,

  • Speaker #1

    c'est aussi une question de taille de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Transmission derrière, etc.

  • Speaker #1

    Mais en fait, se payer un expert versus quelqu'un qui peut tout faire.

  • Speaker #0

    Il y a l'enjeu du salaire derrière.

  • Speaker #1

    Il y a l'enjeu du salaire, mais il y a aussi l'enjeu de la taille de l'entreprise. Moi, je le vois à ma petite échelle. Nous, on est une vingtaine. Bon, à 20, c'est plus dur que quand on est 100. Parce qu'on peut... Moi, il y a un exemple que j'aime bien donner quand les gens me disent souvent j'aimerais bien avoir plus de diversité dans mon entreprise. Comment je fais ? Il y a un ancien, un monsieur qui travaille chez Ogilvy qui est très, très connu sur les sciences comportementales qui s'appelle Rory Sutherland en Angleterre. Et il avait donné dans son livre un exemple que je trouvais génial. C'est est-ce que pour recruter 10 personnes très diverses, avoir le plus de diversité possible, et là, j'en fais partie, Est-ce que j'ai intérêt à demander à 10 personnes très différentes de l'entreprise de recruter chacun une personne ? Ou est-ce qu'il vaut mieux demander ? à une seule personne de recruter dix personnes. Et les gens répondent souvent, il vaut mieux demander à dix personnes très différentes de recruter chacun une personne, comme ça chacun va recruter quelqu'un qui va lui ressembler. Pour moi,

  • Speaker #0

    c'est la réponse D.

  • Speaker #1

    Et c'est la réponse B, effectivement. Pourquoi ? Parce qu'en fait, une personne, quand elle recrute un seul talent, elle ne va pas prendre de risque, elle va prendre le choix safe de quelque chose qu'elle a déjà vu fonctionner dans l'entreprise. Alors que si j'en fais dix, le premier, le deuxième, le troisième, je peux être safe. Le septième, le huitième, le neuvième, le dixième, peut-être que je peux prendre plus de risques. Je vais aller chercher plus de diversité si je peux recruter plus de personnes. Je pense qu'aussi sur l'âge, on peut travailler là-dessus et former les RH, si c'est elles qui recrutent, ou eux d'ailleurs, il ne faut pas avoir de biais là-dessus, pour qu'ils puissent aller chercher cette diversité de talents.

  • Speaker #0

    Hyper intéressant. Il y a beaucoup de questions qui se posent aujourd'hui sur l'avenir de l'entreprise. Toi, aujourd'hui, c'est quoi la tendance des questions qui arrivent ?

  • Speaker #1

    Et vous ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à tirer une espèce d'évolution des tendances, des interrogations des entreprises ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a beaucoup de gens qui essayent de comprendre le futur, parce que c'est tellement là. Il y a de plus en plus de questions sur l'hyper-présent, comment on décrypte ce qui est en train de se passer et c'est quoi les impacts futurs.

  • Speaker #0

    Hyper-présent, ça veut dire quoi ? Là, tout de suite,

  • Speaker #1

    maintenant. Là, maintenant, et l'impact sur le futur. Mais c'est rigolo, là où je dessinais des scénarios futurs et je revenais à aujourd'hui pour me dire du coup, qu'est-ce que je fais ? Ce qui continue à être des sujets qu'on nous pose. Mais on a aussi de... C'est quoi ? Comment je comprends ce monde qui bouge si vite ? Chaque jour, on a une nouvelle annonce qui est cette... On sait que c'est la stratégie de Steve Bannon qui l'avait théorisée. Et on voit Trump annoncer chaque jour des énormités. Donc, comment je comprends cet hyper présent ? Et du coup, qu'est-ce que ça veut dire sur le futur ? Et sur les impacts sur le futur ? Donc, on a beaucoup ces questions-là. Et puis, quand le monde se rétracte, que c'est de plus en plus compliqué, etc., on parlait de culture, je pense que les gens investissent de plus en plus et comprennent l'intérêt d'investir sur les people. C'est-à-dire, comment je m'assure que, même si je ne recrute pas plus, même si je me carapate, etc., ceux qui restent, ils sont engagés, ils ont envie, etc. Et qu'on arrive avec ces gens-là à recréer de l'espoir, du positif, parce qu'ils ne sont pas dans une optique pessimiste, mais plutôt une optique positive et optimiste.

  • Speaker #0

    L'hyper-présent. Je ne connaissais pas ce terme. Très intéressant. En tout cas, merci beaucoup, Batoul. Merci beaucoup. Je retiens plein de choses. Déjà, durée de vie de l'entreprise en 1960, c'était 60 ans. En 2020, c'est 20 ans. Donc déjà, voilà. Montée de la solitude, montée des problèmes de santé mentale, de la précarité aussi pour les gens qui sont indépendants, recul du service public. Et donc, la réponse est peut-être dans l'entreprise. C'est peut-être là que ça se passe, avec une vision différente de l'ambition, que tu nommes l'alter-ambition, avec peut-être un travail qui nous permet d'avoir... plus de temps, aussi pour autre chose. Et donc, la notion d'utilité, de responsabilisation et de growth mindset pour avoir une équipe qui cartonne. Voilà. Sans oublier la notion de robustesse et d'entreprise et d'antifragilité. Bref, c'était hyper riche. Merci beaucoup. Moi, ça me passionne en tout cas, toutes ces questions. C'est vraiment l'objet de mon podcast. Il est là-dessus, donc on est en plein dedans. J'adore.

  • Speaker #1

    Tant mieux.

  • Speaker #0

    On va passer à la troisième partie de cet épisode, qui est donc les Holy Questions, les petites questions que je pose à tous mes invités. Et on va commencer par la première, qui est la routine du matin. Parce que pour moi, c'est hyper important de bien commencer la journée pour être en bonne énergie après. Pour toi, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est d'avoir un bisou de chacun de mes enfants.

  • Speaker #0

    T'as combien d'enfants ? Deux. Deux enfants.

  • Speaker #1

    Ça va, ça va vite. Un jour chaque. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est tout ? Ça suffit. Moi, je n'ai pas de morning routine. Je ne me lève pas tôt. Je ne mets pas de crème. Il ne faut pas un café. Je déteste le café. C'est la boisson des adultes. Ce n'est pas pour moi. Non, moi, c'est très simple. Voilà.

  • Speaker #1

    Alors, nouvelle question que je vais poser maintenant à tous mes invités. Quel est le projet de ta carrière dont tu es la plus fière ? En tout cas, ta plus grande victoire professionnelle.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si j'arriverai pas à en citer une. Il n'y a pas quelque chose dont je suis fière. Mais ce dont, je ne sais pas si c'est de la fierté, mais ce que j'adore en tout cas, c'est que je pourrais faire une liste à la prévère de tous les trucs improbables que j'ai faits pour le boulot. Je vais vous donner quelques exemples, mais j'ai déjà visité une usine d'amidon, j'ai déjà été à un défilé haute couture, j'ai déjà animé un workshop avec Thierry Marx et Frédéric Anton, j'ai déjà rencontré un patron du K40 et j'ai animé pour lui un workshop à Shanghai avec son top 40. J'ai déjà, ce que je n'aurais pas cru être capable peut-être, mais... J'ai rencontré des experts de plein de domaines différents. J'ai parlé à l'inventeur de Siri, Luc Julia. J'ai parlé à un expert des exosquelettes. J'ai parlé à des experts de la santé. J'ai même parlé l'autre jour à un expert de l'architecture souterraine, de l'IA, de tous les sujets. Et je ne sais pas si ça me rend fière, mais en tout cas, ça me nourrit tellement parce que j'ai l'impression de ne jamais m'ennuyer, d'apprendre tous les jours et surtout de mieux comprendre le monde dans lequel on vit et donc d'arriver à décrypter ce monde-là pour mes clients, pour aider les entreprises. comprendre ce monde et aller dans le bon sens en embarquant toutes les parties prenantes. Donc voilà, je pense que c'est ça qui, moi, m'éclate le plus tous les jours.

  • Speaker #1

    Pour avoir de l'impact derrière.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors, est-ce que tu peux citer une personne ou un mentor qui t'inspire ou qui t'a inspiré ?

  • Speaker #0

    Alors moi, il y a une personne qui a nourri toute ma carrière et avec qui j'ai travaillé avec le temps qui passe et de moins en moins, mais au moins à 60% de ma carrière, c'est Nathalie Rastoin, qui était l'ancienne patronne de Guilvy. qui est à la fois ma mentor et qui est devenue une amie et qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup appris. Et puis, j'ai eu un chef aussi anglais, Simon Myers, avec qui j'ai aussi beaucoup appris. Il avait un parcours incroyable. Il a été journaliste, il a vécu huit ans en Chine, il a appris le chinois, il a été dans le marketing. Et ensuite, il a été entrepreneur puisqu'il a créé sa boîte. Donc, avoir eu aussi un mentor anglo-saxon, ça m'a aussi...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas la même culture. C'est pas la même chose, c'est différent et ça apporte des choses en plus.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, c'est quoi la différence ?

  • Speaker #0

    La différence ?

  • Speaker #1

    On parlait d'Empowerment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est différent. Après, je ne sais pas si ces deux personnes-là sont représentatives de leurs archétypes. Je ne pense pas du tout. Je pense que comme je suis un saumon et que je vais chercher des gens différents, ce qui m'a plu, c'est vraiment... Ils m'ont toujours challengé, m'incité à poser des questions, à me sortir de ma zone de confort régulièrement. Intellectuellement, moi, c'est ça qui m'éclate. C'est intellectuellement pouvoir brainstormer, trouver 10 milliards d'idées. se challenger mutuellement, etc. C'est ça que j'ai aimé. Est-ce que je serais capable d'en tirer des leçons sur la différence entre les anglo-saxons et les français ? Non, j'ai pas cette prétention-là.

  • Speaker #1

    Quelle est ta devise dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'en ai deux. J'en ai une perso. Perso, c'est... D'ailleurs, j'ai la moitié de la phrase dans ma bague de fiançailles et mon mari a l'autre partie. C'est tout ce qui nous arrive, c'est pour le mieux. Et donc, même si parfois, sur le moment, c'est difficile, on sait qu'il faut penser très fort au moment, dans deux ans, où je repenserai à ce moment-là et je me dirai « Ah, mais ça m'a appris ça, ça m'a permis ça, ça a débloqué ça » , etc. Donc ça, j'y crois vraiment. Et la deuxième, qui est plus pro, mes équipes le savent, je l'ai toujours dit, c'est ma devise, c'est « peur de rien, mort de faim » . Pas du tout dans le côté négatif que ça pourrait laisser entendre, mais c'est vraiment cette idée que rien n'est impossible. Si on a envie et qu'on travaille suffisamment, en fait, c'est possible. Donc je dis... C'est quoi vos rêves ? Est-ce que vous avez envie de travailler pour telle ou telle entreprise ? On n'y arrivera peut-être pas demain, mais donnons ça comme objectif et on finira par y arriver, même si on connaît moins le secteur que d'autres, même si, même si, il y aura toujours des même si. Mais si on a vraiment envie, on y arrivera.

  • Speaker #1

    Un livre que tu nous conseilles ?

  • Speaker #0

    Un des livres qui m'a beaucoup marqué ces derniers temps, c'est « Les ingénieurs du chaos » de Daampoli, qui est celui qui a aussi écrit « L'hommage du Kremlin » . Ça m'a beaucoup marqué parce qu'il analyse comment une poignée de personnes ont réussi à utiliser les réseaux sociaux, notamment pour... pour, c'est ces personnes-là qu'il appelle les ingénieurs du chaos, pour polariser la société, faire en sorte que le populisme monte, etc. Et ce qui m'a, donc un, c'est éclairant, ça explique très bien les mécanismes en place, mais moi, ce qui m'a frappé et qui m'a un peu effrayé, c'est que j'ai beau comprendre maintenant tout, donc déjà c'est bien de mieux comprendre, mais je vois tout à fait comment utiliser ces outils incroyables pour les forces du mal, je ne vois pas comment les utiliser pour les forces du bien. Et ça m'inquiète parce que je ne sais pas comment on peut retourner des choses.

  • Speaker #1

    À la base, Facebook, c'était pour le bien, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Alors après, je ne dis pas qu'il n'y a que du négatif. Oui, ça crée du lien, ça met les gens en lien. On ne se serait sans doute pas recontacté s'il n'y avait pas eu LinkedIn, pour prendre cet exemple-là. Mais entre les bulles de fil, le fait que ça va être de moins en moins contrôlé, et que... sur l'effet sur nos enfants. C'est une catastrophe. Je ne suis pas la seule à le dire. Les études commencent à le montrer. Je pense qu'on va revenir en arrière. Il y a des pays qui sont en train de légaliser et qui vont dire que les smartphones et les réseaux sociaux interdisent jusqu'à 16 ans. Le cerveau n'est pas assez mature pour ça. Donc, on n'a pas assez contrôlé ça. Et ces outils, comme tous les outils, ne sont que des outils, mais ont et sont utilisés, pas forcément pour faire de choses bien. Et la démarche inverse n'est pas si évidente.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Un excellent livre à lire pour mieux comprendre le monde dans lequel on est en train de vivre.

  • Speaker #1

    Ok, super. Merci beaucoup. Alors après, un truc beaucoup plus léger. Une chanson que t'adores écouter qui te met dans une bonne énergie. Genre... que tu donnes à ton équipe, tu dis allez on va tout déchirer à la prochaine présentation, ça va être quoi ?

  • Speaker #0

    On n'a pas ce rituel là, je ne suis pas très très musique dans l'absolu mais moi il y a une personne qui me touche beaucoup ces derniers temps, c'est Zao de Sagazan, que j'aime beaucoup parce qu'il y a à la fois j'aime son personnage, j'aime son énergie et j'aime beaucoup sa sensibilité qui me touche énormément et quand je mets sa chanson à fond, quelle que soit, je ne sais pas, Modern Love, Symphonie des éclairs etc, moi ça me met dans un état que j'aime bien.

  • Speaker #1

    J'aime bien ça, ça me met dans un état que j'aime bien. Je vais y mettre la symphonie et je vais la rajouter à la playlist Holy Work. Alors sachez, mesdames et messieurs, que je constitue une playlist avec toutes les chansons que mes invités me donnent et elle est disponible sur Deezer. Et elle est aussi sur mon site internet depuis pas très longtemps, si vous voulez l'écouter. C'est génial de voir les personnalités qui défilent à travers.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez éclectique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est génial. Est-ce qu'il y a une personne à qui tu penses qui pourrait bien fitter avec ce podcast ?

  • Speaker #0

    que je pourrais appeler ? Alors ça, j'ai réfléchi. Je n'ai pas forcément une réponse d'une personne, mais plutôt un type de personne. Moi, je trouverais ça intéressant d'aller chercher un ou une auteur de science-fiction.

  • Speaker #1

    Ah ouais !

  • Speaker #0

    Pour avoir une version un peu futuriste de ce que pourrait être le travail, ce que pourrait être le monde de l'entreprise, etc. J'adore cette idée ! Ça pourrait être intéressant. Et alors, il y a un livre que j'ai commencé, donc je ne peux pas encore en parler parce que je ne l'ai pas assez lu, mais c'est Alain Damasio qui a écrit un livre qui s'appelle La vallée du silicium. et qui se plonge dans la Silicon Valley et qui en parle. Peut-être que lui... Je n'ai pas lu le livre jusqu'au bout, j'en suis encore au tout début, mais peut-être qu'il serait intéressant. Alors, il faut réussir à l'avoir. Si tu y arrives, invite-moi.

  • Speaker #1

    Rien n'est impossible. Père de rien, mort de faim. Exactement.

  • Speaker #0

    Tu as tout compris.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup pour l'idée. J'adore. On va terminer cet épisode avec la carte. Tu sais, je propose à mes invités de tirer une carte et puis on va en... déduire le mot de la fin de l'épisode. Je t'invite à bien mélanger parce que c'est un jeu qui est nouveau. Et puis en même temps comme ça...

  • Speaker #0

    Vous ne voyez pas, mais je suis en train de mélanger de façon très clumsy. Alors, énorme ! La retraite ! Ne vous laissez pas distraire par l'agitation extérieure. Revenez à vous ! C'est chouette parce que quand on voit la retraite, c'est marrant parce que tout de suite, moi j'essaie toujours d'être à contre-courant. Donc je me dis non, ce n'est pas la retraite de quand on va devenir vieux, c'est la retraite de quand je vais me reposer. Et c'est exactement la définition qui est donnée. Donc oui, comment on arrive à se créer une bulle de filtre au sens positif pour le coup, pour se ressourcer, prendre le temps de réfléchir et revenir dans le monde et en connexion avec les autres pour faire différemment. Si on y arrive, franchement, peut-être qu'il y a encore de l'espoir.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça notre enjeu aujourd'hui dans l'hyper présent.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci beaucoup, Patoule. Merci, chers auditeurs. J'espère que vous avez apprécié cet épisode tout autant que moi. J'espère que vous a inspiré et peut-être de manager vos équipes différemment, d'agir en tant que collaborateurs différemment. En tout cas, moi, tous ces sujets me passionnent et je propose beaucoup de choses qui sont en lien avec ce qu'on a évoqué dans mes accompagnements. Je suis trop contente de cet épisode. Je vous donne rendez-vous, j'espère dans deux semaines, pour un prochain épisode où on va explorer le parcours d'une personne atypique. Voilà, ça va être passionnant, j'en suis sûre. D'ici là, vous pouvez me retrouver sur les réseaux Instagram, LinkedIn et sur mon site holywork.fr. Je vous embrasse, à très bientôt. Merci Batoul et j'espère à très bientôt aussi.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, merci à toi. Au revoir.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Holy Work, c'est aussi un cabinet de coaching pour les entreprises et les particuliers qui propose des programmes de coaching, des formations en management et aussi des bilans de compétences. Je vous donne rendez-vous sur le site holywork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail. Et ne manquez aucune info Holy Work en vous inscrivant à la newsletter et en ajoutant ce podcast à vos favoris. Et n'oubliez pas, make each workday a holiday. À très bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1

    04:43

  • Chapitre 2

    06:57

  • Chapitre 3

    10:29

  • Chapitre 4

    18:35

  • Chapitre 5

    19:54

  • Chapitre 6

    23:10

  • Chapitre 7

    26:28

  • Chapitre 8

    29:20

  • Chapitre 9

    30:24

  • Chapitre 10

    34:42

  • Chapitre 11

    37:38

  • Chapitre 12

    41:17

  • Chapitre 13

    42:46

  • Chapitre 14

    43:52

Description

Et si l'entreprise et le salariat devenaient le nouvel eldorado du travail ? Un moyen de s'épanouir et de créer des liens dans un monde en perte de repères ?


Dans cet épisode, Batoul Hassoun, CEO de The Salmon Consulting (Havas Group), partage sa vision du monde du travail de demain. Un monde où l'une entreprise devient un pilier de la société : protectrice et engagée, loin du modèle traditionnel. Elle nous explique pourquoi l'entreprise pourrait bien devenir un nouveau pilier de notre société. Et ensemble, nous explorons l'évolution du pacte enterprise-manager-collaborateur, le nouveau visage de l'ambition, et notre nouveau rapport au temps et l'émergence de "l'hyperprésent", puisque la durée de vie d'une entreprise en 1960 était 60 ans alors qu’en 2020, elle est de 20 ans.


À écouter absolument pour repenser le futur du travail en général et de votre carrière en particulier !


Les références de cet épisode :

🚀 HoliWork, c’est aussi un cabinet de coaching qui accompagne entreprises et particuliers dans leurs défis professionnels. Nous proposons des programmes de coaching, des formations en management et en soft skills, et des bilans de compétences. Rendez-vous sur HoliWork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail et réserver un RDV découverte !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Céline Athias, je suis exécutive coach certifié et je vous souhaite la bienvenue dans mon podcast Holywork. Avec Holywork, je vous invite à rendre vos journées de travail aussi épanouissantes que vos journées de vacances. Dans cette deuxième saison, à travers les témoignages de mes invités et aussi les épisodes solos, nous allons explorer comment évolue le monde du travail et découvrir de nouvelles clés pour vous aider à progresser. Alors, si vous avez envie d'ajouter une dose de joie dans votre quotidien professionnel, vous êtes au bon endroit. C'est parti pour un nouvel épisode. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Holywork. Vous le savez, dans ce podcast, nous explorons l'évolution du monde du travail, les nouveaux codes, les nouvelles règles du jeu, les switches de carrière. Et aujourd'hui, je suis ravie de vous retrouver. pour un nouvel épisode où nous allons justement aborder un sujet passionnant, la relation entreprise-salarié. Alors, c'est une relation qui a connu beaucoup de bouleversements, depuis le Covid notamment. On a connu le Big Quit, ce mouvement où des milliers de salariés quittaient leur poste pour chercher un travail qui avait plus de sens pour eux. Parmi eux, beaucoup se sont lancés dans l'entrepreneuriat d'ailleurs. On a aussi connu la généralisation du télétravail qui a bouleversé les modes de management, de gestion du temps et... plus globalement aussi de nos modes de vie. Et puis aussi, ce qui a beaucoup changé la donne, c'est l'arrivée de la Gen Z. Elle a bouleversé les codes relationnels en entreprise. Bref, l'entreprise a été bien malmenée ces dernières années. Et pourtant, j'ai découvert une personne qui croit en l'avenir de l'entreprise. Oui, absolument. Elle croit même que son rôle va prendre de plus en plus d'importance dans la société et que bientôt, ça sera cool de travailler en entreprise. Alors, c'est pour ça que j'ai tenu à l'inviter aujourd'hui dans ce podcast. Voilà, je te remercie beaucoup d'avoir accepté l'invitation. Batou Lassoun, bienvenue sur Holywork. Alors, déjà, comment ça va aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Très bien, super. Donc, on est en train d'enregistrer cet épisode. On est dans les locaux d'Avas. Tu vas nous raconter pourquoi ici. Déjà, tu es CEO d'une agence qui s'appelle The Salmon Consulting. C'est une entité du groupe Avas. Concrètement, qu'est-ce que vous proposez et surtout pourquoi vous appelez The Salmon Consulting ? Moi, je trouve que le nom est très bien trouvé. Tu vas nous raconter ça ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Alors déjà, la façon dont on se définit, c'est qu'on est un cabinet de conseil en stratégie. Alors oui, c'est vrai, je l'ai créé au sein du groupe Avas, qui est une industrie créative, parce que ce qu'on sait, c'est avoir des idées. Et on pourra en reparler, mais je pense que c'est ça qui a de la valeur dans le monde dans lequel on est. Et justement, le point de départ de cette création d'entreprise, c'est... de se rendre compte, et ce n'est pas l'actualité qui va me démentir, que le monde est de plus en plus complexe, voire chaotique, et que dans ce monde très incertain, où finalement ce n'est pas facile de naviguer, on voit que les entreprises, leur durée de vie est en train de se réduire. J'ai un chiffre que j'aime beaucoup, c'est qu'en 1960, la durée de vie d'une entreprise, c'était 60 ans. En 2020, ce n'est plus que 20 ans. Et donc, quand on voit ça, on se dit, comment on fait pour continuer à exister, pour continuer à naviguer dans ce monde pas évident ? Et donc, c'est pour ça que j'ai créé Salmon Consulting. C'est un cabinet de conseil qui a pour vocation d'aider, un, les entreprises à comprendre le futur. Donc, nous, notre métier, la façon dont on écrit, c'est qu'on fait de la prospective appliquée. Donc, on comprend le futur, on aide les entreprises à comprendre le futur, mais on ne s'arrête pas là, on l'applique pour se dire qu'est-ce que ça a comme impact sur mon plan stratégique, mon plan d'action, mon plan d'engagement. Donc, comment je retravaille ma stratégie, comment j'embarque mes collaborateurs pour que ça fonctionne et que je continue à être pertinent dans le monde qui bouge si vite.

  • Speaker #0

    C'est passionnant. Et donc,

  • Speaker #1

    tu me posais la question du nom. Pourquoi Salmon ? Et en fait, le saumon, tout simplement, est le seul animal qui remonte la rivière. Donc, sans vouloir me comparer, mais c'est un peu le out of the box, think out of the box de Steve Jobs, quelque part. Donc, c'est un peu la même idée, mais...

  • Speaker #0

    Remonter le courant.

  • Speaker #1

    Exactement, dit autrement. Et puis, c'est assez rigolo parce que nos clients finissent par nous appeler les saumons. Et c'est devenu une marque de fabrique assez chouette.

  • Speaker #0

    Donc en fait, on est tous teintés de rossomons quand on travaille avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, on essaye. Et quand je dis contre-courant, ce n'est pas juste le contre-courant pour être rebelle, ce n'est pas ça l'idée, mais c'est vraiment d'avoir une forme d'indépendance d'esprit, d'esprit critique, de créativité, de ne pas faire forcément comme on a toujours fait, même si parfois on va faire une mission et à la fin on se rend compte que c'est peut-être la bonne façon de faire et on continuera. Donc l'idée, ce n'est pas juste de remettre en cause les modèles existants, mais au moins de se poser toutes les questions pour aller dans le bon sens et parfois le bon sens sera tout simplement de continuer à faire ce qu'on fait, mais parfois pas.

  • Speaker #0

    Alors moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment tu en es arrivé là, parce que tu me racontais que ça fait trois ans et demi que l'agence existe. C'est toi qui a eu l'idée, tu l'as soumise et tu as été soutenue par le groupe. Donc c'est un modèle très fort d'entreprenariat. Comment tu en es arrivé là ?

  • Speaker #1

    Par hasard ? Non, pas vraiment par hasard, mais en tout cas, moi, j'ai fait un parcours un peu classique. Donc j'ai fait une prépa, une école de commerce. En sortant d'école, je me suis posé la question de ce que je pouvais faire dans la vie. J'avais hésité à faire du conseil déjà en sortant. Et je me suis dit, ce n'est pas assez créatif pour moi, j'ai besoin de quelque chose d'autre. Donc, j'ai commencé dans la publicité.

  • Speaker #0

    On s'est croisés d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Exactement, chez Ogilvy, il y a très longtemps maintenant. Pour la petite histoire,

  • Speaker #0

    mesdames et messieurs, Batoul travaillait dans un bureau qui se trouvait juste à côté du bureau de mon mari. Parce que oui, j'ai rencontré mon mari au travail, chez Ogilvy. D'ailleurs, je l'embrasse. Et voilà, Batoul se souvenait de moi grâce à mon mari.

  • Speaker #1

    et la magie de LinkedIn opérant ça permet parfois aussi de se retrouver et donc voilà j'ai voulu faire quelque chose un peu plus créatif donc j'ai commencé dans la publicité et puis de fil en aiguille je me suis rendu compte qu'il y avait deux choses que je savais faire dans la vie c'était avoir des idées et résoudre des problèmes et en fait les problèmes quand on répond à un brief de communication c'est un problème qu'on résout mais en fait je me suis dit tiens mais ce savoir-faire là je pouvais l'appliquer dans plein d'autres domaines et donc petit à petit je me suis dit tiens si je l'appliquais à la stratégie à l'innovation, à l'accompagnement du changement et à plein de nouveaux sujets ... C'est comme ça que j'ai élargi ma gamme et que je suis passée de la publicité à un cabinet de conseil en stratégie. On pourrait se dire que c'est loin, mais en fait non. C'est le même muscle qu'on active, de trouver des idées, de trouver des nouvelles façons de faire, de résoudre des problèmes. Et la deuxième chose que je sais très bien faire, c'est intraprendre. Tu le disais en introduction. C'est-à-dire que je me suis rendu compte au fur et à mesure que ce que j'aimais faire, c'était créer des choses avec l'argent des autres. C'est toujours plus facile. Je ne prends pas les risques. Donc moi, j'ai toujours créé. J'ai été au Newbies quand j'ai commencé ma carrière. J'ai ensuite... Je rejoins un groupe anglais qui s'appelait Filtry, qui a été racheté par Profet, qui faisait du conseil en stratégie marketing. Et j'ai créé l'entité à Paris. Ensuite, je suis allé à la SNCF. J'ai participé à créer Webus, des cars à longue distance. Ensuite, je suis retourné chez Ogilvy où j'ai créé Ogilvy Consulting. Et puis, ma plus récente aventure, c'est Salmon Consulting. Donc, j'ai toujours créé des choses parce que c'est ça que je sais faire. C'est ça que je trouve intéressant, sans prendre des risques.

  • Speaker #0

    Ce qui m'intéresse dans cette posture-là d'entrepreneuse, c'est... La posture que tu as vis-à-vis aussi de tes managers, parce qu'aujourd'hui on parle beaucoup de la relation manager-collaborateur qui est, on va dire, souvent déséquilibrée et souvent il y a une prise de position un peu de victimisation, on va dire, soit d'un côté soit de l'autre. Et toi, tu as réussi en fait à faire de ton patron ou ta patronne, ton partenaire en fait, business quelque part.

  • Speaker #1

    Ah oui, alors moi je ne pense pas les relations entre les hommes, les femmes au sens large comme des relations hiérarchiques en fait. Pour moi il y a des êtres humains et en fait on discute et à partir du moment où on discute et il y a de l'intelligence, on peut trouver comment faire des choses ensemble. Donc en fait je n'ai jamais eu une relation, même pas d'ailleurs avec mes anciens chefs, etc. Je me suis toujours mise d'égal à égal et d'ailleurs c'est peut-être aussi pour ça qu'aujourd'hui je suis consultante, c'est-à-dire que même avec mes clients, je suis d'égal à égal et mon savoir-faire c'est de les questionner, de les interroger, de les bousculer. Et je pense que c'est ça que j'appelle l'indépendance d'esprit. C'est-à-dire que si on ne l'a pas, on risque de retomber assez facilement dans, c'est la fameuse blague que je raconte très souvent, mais des trois types de consultants ou des trois types d'agences, on peut le faire sur tous les sujets, mais c'est que si le client nous dit quelle heure est-il, il y a le premier type de consultant qui va dire qu'il est l'heure qu'il est. Donc là, il se trouve qu'il est 12h27, donc super. Le deuxième type de consultant va dire, vous voulez qu'il soit quelle heure, monsieur le client ? Et le troisième type de consultant va dire, mais est-ce que vous êtes sûr que c'est la bonne question ? Donc moi, j'essaye d'être toujours là-dedans et c'est comme ça que j'ai réussi à lancer des choses, à convaincre aussi, là aujourd'hui à VAS, de lancer cette dernière aventure. Et je disais que c'est parce que je n'ai pas envie de prendre de risques, c'est vrai, mais ce n'est pas que ça. C'est aussi pour comment je peux avoir plus d'impact. Et je pense que si j'avais créé ma propre boîte de conseils toute seule dans mon coin, j'aurais sans doute été très utile à des clients, mais je n'aurais pas peut-être atteint le même niveau de taille d'entreprise que j'accompagne. d'échelle de sujets, de complexité de sujets. À la fin, je vais mettre le même temps à résoudre un petit problème qu'un grand problème. J'ai l'impression qu'en résolvant des plus grands problèmes, potentiellement, j'aurai plus d'impact et j'aiderai les gens à aller dans le bon sens. C'est aussi ça que ça me permet de faire, d'être intrapreneuse.

  • Speaker #0

    Alors, avoir plus d'impact, éviter de prendre trop de risques. Qu'est-ce qui fait ?

  • Speaker #1

    On peut le voir en négatif, c'est éviter de prendre trop de risques ou pouvoir prendre plus de risques encore parce qu'on est bien accompagné.

  • Speaker #0

    Justement, quelle autre raison fait que tu n'es pas parti plutôt dans l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Je ne suis toujours pas entrepreneur, je suis toujours intrapreneur.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je passerais le cap. Mon père était entrepreneur et il est un peu malade aujourd'hui. Je pense qu'il y a un lien parce qu'il y avait du stress, etc. Donc, sans doute que ça joue dans ma propre psychologie. D'accord. Mais vraiment, je pense que... J'ai l'impression d'avoir trouvé le sweet spot, comme on dit en anglais, qui me permet d'accompagner des clients super intéressants avec une assise financière qui fait que je peux me permettre plus de choses. Au final, je peux prendre plus de risques, accompagner des plus gros sujets, des plus grosses problématiques, etc. parce que je suis intrapreneuse. Donc, il ne faut pas le voir en négatif seulement.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que... Aujourd'hui, l'entrepreneur a quand même pas mal le vent en poupe. Alors, je n'ai pas des chiffres en tête, mais je sais qu'il y a énormément de gens qui ont quitté leur poste de salarié pour monter leur entreprise, pour créer leur propre projet. La GenFed aussi, qui remet en cause les modèles d'organisation en entreprise et les modèles de management en entreprise. Et en fait, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est parce que toi, tu as écrit un article dans la Harvard Business Review qui explique, qui démontre en fait que... L'avenir appartient à l'entreprise. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu en es arrivé à cette conclusion ? Parce qu'effectivement, toi, tu es en train de le vivre. Mais plus globalement parlant ?

  • Speaker #1

    Effectivement, tu parlais en introduction du Covid. Le Covid, ça a un peu bousculé les choses et on s'est dit, ça y est, c'est la fin du salariat. On ne va plus avoir de gens qui travaillent en entreprise. Avec deux grandes raisons, j'ai l'impression, qui ont été mises en avant. La première, c'est qu'on veut tous aller élever des chefs dans le Larzac. C'est en tout cas ce qu'on nous a raconté, je pense que c'est faux. Donc cette idée qu'on n'avait plus d'ambition, il y a même des livres qui sont sortis qui s'appellent l'anti-ambition ou ce genre de choses. Donc ça c'était la première chose qu'on nous a dit, on veut du sens, on veut des choses qui font du sens et c'est pas l'entreprise qui apporte le sens. Et la deuxième chose qu'on a vu arriver c'est, on veut plus avoir de patron, on veut être indépendant et on veut être à son compte. Et tu disais que t'avais pas forcément les chiffres, moi je suis allé regarder, je crois qu'en France en 2023 il y avait 3,3 millions d'indépendants, de freelance. Donc par rapport à 2008, c'est une augmentation de plus de 50%. Donc on peut dire, ah bah oui, voilà, on y est, c'est vraiment la fin du salariat. Mais quand on regarde, il y a beaucoup de précarité derrière ça, parce qu'il y a aussi toute la gigue économie, les gens qui travaillent pour Uber et Anko. Et donc voilà, ça c'est une première chose. Je pense qu'il n'y a pas que du positif derrière ce freelance, et parfois c'est subi et pas forcément choisi. Et puis même quand c'est choisi, toi tu es à ton compte, c'est pas si évident que ça. Il y a aussi, voilà, en termes de santé mentale, de... de stress que ça peut amener, il n'y a pas que du positif.

  • Speaker #0

    La vraie gestion de ton énergie d'être indépendant et d'organisation, c'est tout à fait le cas.

  • Speaker #1

    Complètement. Et je pense que ce qui est en train de changer, et qui fait que moi je crois au modèle de l'entreprise, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas toujours des entrepreneurs, et il ne faut pas mal me comprendre là-dessus, je pense qu'on a besoin d'entrepreneurs et de gens capables de créer. Mais en tout cas, je pense que un, le monde est de plus en plus incertain et chaotique. Deux, il y a une montée de la solitude. Aujourd'hui, il y a une étude de la Fondation... de la Fondation de France, qui a montré qu'il y avait à peu près une personne sur cinq qui déclarait se sentir régulièrement seule. Donc ça fait 11 millions de personnes en France. C'est pas rien. Et puis on a aussi un recul des services publics. Et donc face à tout ça, il y a deux choses qui se dégagent. C'est que, un, je pense qu'il y a d'autres envies, que les gens ont d'autres envies. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'ambition, parce que j'ai dit tout à l'heure il y a des choses qui ont été dites autour de l'anti-ambition. Moi je pense qu'on a une alter-ambition, une ambition différente. Et avec le monde que j'ai décrit, Je pense qu'on a aussi besoin de sécurité et de stabilité. Si l'entreprise est capable de répondre au premier et de comprendre le premier, que ce n'est pas qu'on n'a pas d'ambition, mais qu'on a une ambition différente, et qu'elle est capable d'apporter le deuxième, c'est-à-dire de la sécurité et de la stabilité, alors elle a un boulevard devant elle et il y a plein de choses à faire au sein du monde de l'entreprise. Si je reviens à l'envie qui est en train de changer, moi, il y a un concept, je crois que c'était dans le Final Shunt Times, que ça avait été évoqué la première fois par une auteure indienne qui parlait du time billionaire. Et en fait, là où pendant des années, on disait que réussir sa vie, c'est être riche, aujourd'hui, réussir sa vie, c'est être riche en temps et pas en argent. Et c'est-à-dire que finalement, si j'ai du temps libre, c'est que j'ai réussi ma vie, c'est que j'ai un équilibre qui est le bon. Il y a une étude qui a été menée il y a quelques années, il y a deux ou trois ans, qui montrait que... 61% des Français préfèrent avoir du temps libre plutôt que d'être payé mieux et d'avoir un salaire plus élevé. Là où en 2008, c'était 62% qui préféraient avoir un salaire plus gros qu'avoir plus de temps. Donc on voit bien que nos modèles sont en train de changer. Et encore une fois, ça ne veut pas dire que je ne veux pas et que je n'ai pas d'ambition, mais c'est peut-être que je ne veux plus la même chose. Et donc je pense que ça, c'est vraiment la première chose que l'entreprise doit comprendre et qu'elle doit prendre en compte. Et ensuite, il y a cette idée dont je parlais, le besoin de... de liens, de sécurité. Encore une fois, le monde dans lequel on vit et les derniers jours qu'on est en train de vivre nous montrent à quel point c'est en train de bouger très vite. Mais on a l'impression qu'on va rentrer dans une troisième guerre mondiale dans pas longtemps. On a l'impression qu'il y a un recul, je parlais du recul des services publics, que je ne suis pas sûre que demain je vais pouvoir me payer en termes de santé ce qu'il faut, en termes d'éducation pour mes enfants ce qu'il faut, etc. Et donc on se dit, mince, peut-être que demain, et moi c'est un pari que je fais, au lieu d'avoir un passeport français ou un passeport américain ou un passeport d'un grand pays, Peut-être que ce sera plus avantageux d'avoir un CDI dans une grande entreprise. Parce que, en fait, l'entreprise sera capable de m'apporter une sécurité, celle de l'emploi, celle du salaire qui tombe à la fin du mois, mais peut-être aussi une prise en charge, peut-être de l'éducation de mes enfants, peut-être de logement, des entreprises paternalistes. On voit des crèches d'entreprises,

  • Speaker #0

    on peut imaginer des écoles d'entreprises.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis même si on revient à l'histoire, l'entreprise paternaliste, historiquement, elle proposait ça. Quand Renault avait ouvert ses usines, il proposait des logements à côté pour ses employés. Donc voilà, l'entreprise, je pense, va être amenée à proposer de plus en plus de choses et prendre en compte le salarié, pas uniquement pour des aspects physiques, c'est-à-dire cette sécurité physique, etc., mais peut-être de façon de plus en plus holistique, c'est-à-dire ce qu'on vient d'évoquer, c'est-à-dire l'ensemble de ses besoins et pas uniquement ses besoins financiers. Et peut-être que ce n'est pas juste de l'argent qu'elle donnera demain, mais c'est d'autres avantages. Et puis, c'est un sujet qui est en train de monter, la santé mentale. Je parlais de solitude qui est en train d'augmenter. Je pense qu'aujourd'hui, les gens se sentent de moins en moins bien, qu'il y a des vrais sujets. de santé mentale, de stress liés à l'écologie. On connaît toujours quelqu'un autour de nous qui a été victime ou qui souffre des cours d'anxiété. On a des gens qui vont souffrir aussi du contexte géopolitique. On a des gens qui vont souffrir de la solitude, etc. Et donc, l'entreprise doit apporter des réponses à tout ça et peut apporter des réponses à tout ça. Et donc, voilà, c'est pour ça que moi, je crois au modèle de l'entreprise. Encore une fois, ça ne veut pas dire que demain, il n'y aura pas d'entrepreneurs. Mais un entrepreneur qui monte une boîte, s'il le fait bien, il crée une entreprise qui sera... ce que moi j'appelle l'entreprise protectrice donc c'est plus paternaliste parce qu'il y a un côté négatif je pense aujourd'hui dans cette vision là mais va pouvoir créer ce type d'entreprise où ça sera un management peut-être plus bienveillant, une façon de faire plus holistique comme je disais, une prise en compte du salarié de façon holistique et apporter un certain nombre de choses qui font qu'on se sentira bien dans cette entreprise, qu'on aura envie de choisir cette entreprise comme employée versus une autre, donc ça sera aussi un avantage compétitif. Donc voilà, je pense que l'entreprise a vraiment beaucoup de choses à apporter dans les années à venir, à condition ... de repenser son modèle. Ce n'est pas de le faire comme hier on le faisait.

  • Speaker #0

    C'est ça, parce qu'il faut trouver le juste équilibre entre ce que l'entreprise va apporter aux équipes et aussi la rentabilité, la performance, etc. Et donc, comment tu accompagnes tes salariés pour qu'ils soient meilleurs, qu'ils gèrent mieux leur temps, pour justement avoir plus de temps libre aussi ?

  • Speaker #1

    Je pense que oui, on peut travailler sur la rigidité du management, ou en tout cas comment on fait pour qu'il ne soit pas trop rigide et qu'on ait un vrai équilibre de vie pro-perso. On peut travailler aussi sur le temps qu'on va allouer et qui sera alloué au travail et comment on peut retrouver du temps libre. Mais je pense qu'il y a un autre sujet dont on n'a pas parlé et qui me semble clé, c'est comment, j'en ai parlé un tout petit peu en disant que les gens voulaient peut-être élever des chèvres dans le Larzac et avoir du sens. Et en fait, j'ai fait une étude il y a quelques années qui montrait qu'en fait, c'est pas le sens qui compte. C'est-à-dire que je peux travailler pour une ONG et me sentir très malheureux. Et je peux travailler, c'est un peu caricatural, mais pour une grande banque par exemple, et me sentir très heureux. Ce qui va compter, c'est pas le sens, mais c'est l'utilité. C'est quoi la différence ? C'est mon utilité personnelle. C'est-à-dire, est-ce que moi, en me levant le matin, je sais à quoi je sers ? Et en fait, je peux travailler dans une ONG et ne pas savoir à quoi je sers parce que je remplis de la paperasse et qu'au final, je ne sais pas si ça aide vraiment les populations que je suis censée aider. Alors que je peux travailler pour une grande entreprise. Et il trouvait beaucoup de sens parce que moi, je me sens utile et je sais à quoi mon travail sert et quel est mon rôle. Et je pense que les entreprises, demain, elles doivent travailler là-dessus, c'est-à-dire comment on travaille sur une responsabilisation des collaborateurs. Et ça veut dire que peut-être qu'on ne manage pas tout à fait de la même façon. Et donc, oui, on peut travailler sur le temps, l'équilibre perso, pro, la prise en charge holistique des enjeux du salarié, etc. Mais je pense qu'il faut aussi travailler sur... l'utilité de chaque collaborateur, la responsabilisation de chaque collaborateur et que c'est ça qui fera que ça sera un deal gagnant-gagnant, quelque part.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est hyper intéressant de parler d'utilité. Moi, j'avais déjà chopé la notion de responsabilisation des collaborateurs. D'ailleurs, ça fait partie de ce que je propose dans mes formations. Et effectivement, pendant ça, l'utilité, se dire voilà, en fait, ton job, il a un vrai rôle à jouer dans l'équilibre de l'organisation. Et tu sais, ce que tu fais, c'est utile, c'est important et c'est comme ça aussi que la personne va pouvoir se sentir responsable et donc accountable comme on dit en anglais. Et là, tu as un switch du pacte entre le salarié, le collaborateur et l'entreprise. Et là, on en vient justement à la question suivante qui est si l'entreprise prend en charge quelque part un certain rôle qui était responsable à la base qui était de la responsabilité de l'État, ça veut dire que le pacte entre l'entreprise et le salarié va changer. Parce que, par exemple, le deal entre l'État et nous, c'est qu'on paie des impôts et qu'en contrepartie, on a un service public, l'école, l'hôpital, etc. Donc là, si l'entreprise prend en charge une partie de ces services-là, Comment est-ce que, d'après toi, ça va transformer le pacte relationnel entre le salarié et son entreprise ?

  • Speaker #1

    Je pense que le pacte, il doit changer entre le salarié, l'entreprise, mais aussi le manager. Il y a une sorte de triptyque. Et donc, on a parlé beaucoup de l'entreprise qui allait offrir des nouvelles choses. Et effectivement, le nouveau pacte, c'est des droits et des devoirs. Donc, c'est dans les deux sens. Donc, oui, il y aura des nouveaux droits pour les collaborateurs. Donc, peut-être qu'ils auront accès à un certain nombre de choses, de services, etc. que l'entreprise leur donnera. Oui, il y a des nouveaux droits qui sont peut-être que le manager va davantage les responsabiliser, être dans une relation peut-être moins hiérarchique, peut-être avoir un nouveau type de culture d'entreprise, une nouvelle façon de faire ensemble, etc. Mais il faut aussi qu'il y ait des devoirs en face et donc les collaborateurs devront aussi s'engager à un certain nombre de choses. Je n'ai pas la réponse de qu'est-ce que doit faire chaque entreprise et quel pacte elles doivent chacune nouer. Il sera peut-être différent d'une entreprise à l'autre. Mais à mon sens, je parlais de solitude tout à l'heure. pense que les collaborateurs doivent s'engager à s'engager, c'est-à-dire à s'engager pour le collectif, à créer des liens avec leurs collègues, parce que je crois que ce qui fait qu'on va réussir, c'est créer du commun. Et c'est là où moi je crois aussi à l'entreprise, c'est que la société, l'État, etc., qui est censé produire du commun, en produit de moins en moins, c'est malheureusement factuel. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas y travailler du côté politique, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Et je pense que les entreprises peuvent aussi travailler là-dessus et peuvent aussi demander à leurs collaborateurs de travailler là-dessus. Et donc, tu le disais, post-Covid, il y a eu l'avènement du télétravail, etc. Alors, il faut toujours faire attention quand on parle de ça, parce que tout le monde ne peut pas télétravailler et tous les métiers ne sont pas télétravaillables. Mais ce que ça veut dire, c'est qu'on est arrivé dans un monde de plus en plus individualiste, où chaque personne dans l'entreprise, chaque collaborateur s'est dit « qu'est-ce qui est bien pour moi ? » et plus « qu'est-ce qui est bien pour notre commun ? » Ce qui ne veut pas dire ce qui est bien pour l'entreprise. Mais ce qui est bien pour nous tous ensemble. Et dans ce nouveau pacte, je pense qu'il faut réussir à créer du commun.

  • Speaker #0

    Créer du commun.

  • Speaker #1

    Créer du commun et réussir à, pour créer du commun, avoir une culture commune, se voir. Et j'avais dit sur le ton de la boutade post-Covid, que peut-être que le futur des bureaux, ce n'était pas les bureaux. Alors les gens se sont tout de suite dit, ça veut dire que le futur du bureau, c'est le télétravail et le full remote. Non, mais peut-être qu'on a plein de façons de faire du commun. Donc peut-être qu'on retournera de plus en plus au bureau, mais peut-être que le futur du bureau, c'est tout simplement le resort. Alors ça peut paraître extrême. Mais c'est de se dire, si je suis en full remote, pourquoi pas ? C'est un mode de travail. Il y a certaines entreprises pour qui ça pourrait être tout à fait... Mais comment je crée du commun ? Il faut se voir. Ça, c'est humain. Je veux dire, c'est une vérité humaine. Ne jamais se voir, on ne créera pas de lien. Et donc, pour se voir et créer du lien, peut-être qu'on passe quatre semaines par an en resort. Et donc, c'est peut-être ça le futur du bureau. Encore une fois, c'est une boutade et je ne sais pas si c'est ça. Et encore une fois, chaque entreprise apportera sa réponse. Mais il faut créer du commun. Et les collaborateurs doivent s'engager à créer ce commun, à créer du lien. Et c'est ça qui fera qu'on sera moins seul, qu'on arrivera mieux, qu'on se sentira mieux en tant qu'individu, en tant que collectif et en tant qu'entreprise. Et tout le monde s'y retrouve. Et dans tout ça, c'est pour ça que je parlais du manager, le manager a un rôle à jouer. Et donc, comment le manager favorise ça ? Et donc, ça veut dire que peut-être qu'il faut former nos managers peut-être un peu différemment.

  • Speaker #0

    À devenir des géos.

  • Speaker #1

    Pas que. Parfois, il faut aussi savoir faire du feedback, dire les choses qu'ils ne vont pas, etc. Bien sûr. Mais en tout cas, leur rôle est en train d'évoluer. La posture du manager va peut-être être... davantage une posture de coach. Ce qui ne veut pas dire que les anciens rôles disparaissent, mais ça va être de moins en moins facile d'être manager.

  • Speaker #0

    D'après toi, nos enfants qui sont étudiants aujourd'hui, s'ils veulent être manager, il faudra qu'ils fassent une formation spécifique de manager. Et il y aura une séparation entre les managers et les experts ?

  • Speaker #1

    Probablement. Moi, je trouve que on a une conception souvent en France, mais pas qu'eux, qui est un peu erronée. C'est-à-dire, si je veux être promu et que je veux réussir dans ma carrière, il faut que je passe manager. Je pense que ça ne doit pas être le seul chemin possible. C'est un vrai métier d'être manager, c'est des vraies compétences. Tout le monde ne les a pas, mais on peut avoir d'autres compétences qui sont très utiles aussi pour l'entreprise. Et donc, si on choisit d'être manager, oui, il faut se former et pas qu'une fois régulièrement, parce que ce n'est pas si évident, les choses évoluent, il faut savoir se remettre en cause, faire évoluer ses pratiques, etc. Et c'est vrai pour tous les métiers, pas que pour le rôle de manager. Et donc, comment on prend à bras le corps ce sujet et comment ce n'est pas la seule voie d'évolution ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce que je voulais te poser comme question. C'est que du coup, si être manager, ce n'est plus l'étape d'après quand tu veux évoluer dans ta carrière, là, il y a tout un truc à réinventer sur justement comment, quand tu es chef de projet, là, si on parle du monde des agences, quand tu es chef de projet ou quand tu es à la production, à la réalisation, comment tu fais pour évoluer ? Dans tes responsabilités, dans ton salaire, dans ta carrière, comment tu construis ton plan de carrière si ce n'est pas... En manageant une équipe à ton tour ?

  • Speaker #1

    Tu le disais, je pense que l'expertise, c'est une autre voie. Et puis, il y a peut-être des nouveaux modèles à imaginer. Mais oui, en tout cas, il ne faut clairement pas se dire que l'évolution ne peut être que verticale. Elle peut être aussi horizontale. Ça peut être devenir expert. Ça peut être changer de métier aussi. Ça peut être une autre façon d'évoluer. Et puis, est-ce que l'évolution doit être aussi salariale ? Alors, je comprends que oui, on a tous envie de gagner un peu plus d'argent, c'est sûr. Mais il faut aussi savoir faire ses bons choix et se dire qu'est-ce qui va me rendre heureux ? Et de ne pas avoir comme prisme uniquement le prisme économique et seulement la rétribution. Je pense qu'aujourd'hui, quand je parlais non plus d'anti-ambition mais d'alter-ambition, c'est que je pense que les plus jeunes sont suffisamment malins pour avoir compris que finalement, ce qui fait le bonheur, est-ce que c'est forcément d'avoir plus d'argent ? Alors oui, on a tous envie d'avoir un peu plus d'argent, mais peut-être qu'il y a d'autres choses qu'il faut prendre en compte et qui ont de la valeur. On avait posé une équation mathématique avec l'équipe, ce qu'on a appelé la Talent Equation, et qui « mathématise » . Ce qui fait que je vais être heureux dans une entreprise et que l'entreprise va m'attirer. Il y a des avantages. Donc oui, la rétribution en fait partie, mais la rétribution, ce n'est pas que la finance. Ce n'est pas que les sous que je vais toucher à la fin du mois. C'est aussi, par exemple, si mon employeur investit dans ma formation. C'est aussi la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne de moi comme image en société quand je dis que je travaille pour cette entreprise ? C'est aussi le sentiment d'accomplissement. Est-ce que je me sens utile ? On parlait d'utilité tout à l'heure. C'est aussi la sécurité de l'emploi, de plus en plus, c'est là où je crois au modèle de l'entreprise. Donc ça c'est les avantages, et puis il y a les concessions, c'est est-ce qu'il y a trop de rigidité du management, et dans ce cas-là s'il y en a trop je ne vais pas accepter, sur mon organisation du temps, est-ce que je vais être flexible dans mon organisation du temps ou pas, est-ce que ça va répondre à mes propres besoins d'organisation, et donc c'est tout ça qu'il faut réussir à penser, et c'est quand les entreprises pensent de façon holistique à tous ces sujets-là, qu'elles apportent les bonnes réponses. Parce que la réponse ce n'est pas juste j'augmente la grille de salaire, ça peut être ça, mais pas que. Et ça ne peut pas être juste, j'accepte de faire deux jours de télétravail par semaine et tout le monde est content.

  • Speaker #0

    Du coup, moi, ce que j'entends aussi, c'est qu'il y a un gros sujet qui est déjà arrivé, mais pour l'instant, c'est un petit peu une tarte à la crème. Et je pense qu'en vrai, il y a un vrai enjeu autour de ce sujet-là. C'est la raison d'être de l'entreprise, le sujet de la raison d'être, du why et de qu'est-ce qu'elle offre à ses salariés, mais aussi à la communauté en général. Et voilà, qu'est-ce qu'elle propose ? Voilà. Pourquoi est-ce qu'elle est là ? Et je pense que plus les entreprises vont s'affirmer sur leur raison d'être, sur ce pourquoi elles existent, plus elles vont attirer des talents et surtout les bonnes personnes qui vont se reconnaître dans cette identité-là. Et donc, c'est vraiment une question de comment tu parles de toi en tant qu'entreprise et comment tu fais vivre cette culture-là aussi en interne. Et c'est vraiment une réflexion holistique au-delà de juste poser des mots sur une raison d'être, un why. Une fois que tu as ta brand ladder, comment tu la diffuses et comment tu la vis ?

  • Speaker #1

    Complètement. Je pense que dans le sujet de raison d'être, il y a deux points qui sont importants. Oui, ça donne du sens et on sait pourquoi ça existe et pourquoi l'entreprise existe. Et comme tu le disais, après, c'est comme en amour, il n'y a pas que de l'amour, il y a des preuves. Donc, il y a la raison d'être et il y a la raison d'y croire. Donc, il faut travailler là-dessus pour que les salariés viennent et qu'ils aient envie de rester, puisque si on les a attirés derrière, il faut leur donner envie de rester. Donc oui, ce que je dis souvent, pareil, c'est un petit peu une boutade que je dis à certains patrons ou patronnes, c'est que personne ne se lève pour faire 10% de croissance. Donc, tu as besoin de cette raison d'être là, c'est sûr. Tu as besoin des raisons d'y croire, c'est sûr. Mais je pense que tu as aussi besoin de te dire que le modèle qu'on a beaucoup et qui est ancré dans la tête de beaucoup de gens, le modèle de performance absolue de l'entreprise, Ce n'est pas juste la performance, parce qu'encore une fois, on ne se lève pas pour ces 10% de croissance-là. Donc oui, c'est bien d'avoir une raison d'être, c'est bien d'avoir des raisons d'y croire, mais très vite, et on le voit dans le contexte actuel, dès que l'économie va moins bien, dès que le contexte est plus tendu, on peut revenir en arrière. Et si on veut ne pas revenir en arrière, je pense qu'il faut accepter de se dire que notre modèle, ce n'est plus la performance absolue, c'est ce qu'Olivier Armand appelle la robustesse. Et donc, ça veut dire qu'on pense aussi notre modèle de performance un peu différemment. Et c'est une fois qu'on aura travaillé ça, qu'on aura accepté que les critères sont... Donc, pas que des critères financiers, que les critères financiers peuvent être un peu différents, que parfois, on n'est pas dans l'efficience maximum. Mais en fait, c'est bien d'avoir un peu de gras parce qu'en fait, ce gras, le jour où il y a une crise, c'est plus facile de résister parce qu'on a peut-être trop de personnes. Mais ces trop de personnes vont faire qu'on va mieux y arriver, etc. Et ça, c'est un peu une révolution qu'il faut opérer parce qu'aujourd'hui, on sait comment fonctionne le monde des entreprises. C'est encore très sur les chiffres, sur la finance, sur les résultats, sur... la marge brute, les bits et tous les gros mots entre guillemets qu'on peut tous avoir et qu'on suit tous. Et encore une fois, je ne veux pas qu'on jette ça à la poubelle, mais il faut en rajouter d'autres. Il faut repenser un peu ce modèle-là et accepter de le repenser.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, la robustesse, c'est une notion hyper intéressante au jour d'aujourd'hui où tout est remis en question chaque jour. Il y a une autre notion aussi, je ne sais pas si tu la connais, c'est le concept de l'antifragilité.

  • Speaker #1

    Bien sûr, j'adore Nassim Taleb. C'est l'un de mes auteurs favoris. Pour moi, c'est exactement ça. D'ailleurs, quand j'ai pensé Salman Consulting, c'était un mot antifragile qui revenait souvent, avec cette idée qu'il ne faut pas juste être résilient, mais il faut être antifragile, c'est-à-dire qu'on va tirer bénéfice du chaos. Exactement. Et ça, c'est le stade ultime. J'essaye d'emmener mes clients vers ce stade-là.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est la réponse à tout, même d'un point de vue individuel. Complètement. Il t'arrive quelque chose. Comment tu vas le transformer ? Comment tu vas sublimer ce truc-là ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors, quand on vit l'aménement difficile, qu'on soit une entreprise ou un être humain, ce n'est pas évident. Et c'est là où ça peut être aussi bien d'avoir un regard extérieur, du recul, etc. Pour être à l'une vie.

  • Speaker #0

    Je suis experte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, hyper intéressant. Donc, effectivement, on reprend le cours de l'histoire. L'entreprise prend un rôle qui va être beaucoup plus... globale, holistique, beaucoup plus amplifiée que ce qu'elle a aujourd'hui, qui est de produire de la richesse, d'après toi. En tout cas, c'est comme ça que tu vois l'avenir. Du coup, on va créer une espèce de communauté d'entreprises, quelque part, avec une culture commune où chacun se reconnaîtra dans une partie ou plus de la culture de l'entreprise, de la raison d'être de l'entreprise. Pour ça, il faut attirer les talents. et surtout les bons talents. D'après toi, aujourd'hui, étant donné toutes ces transformations qui sont en train de s'opérer en sous-marin, quels sont les leviers sur lesquels l'entreprise peut jouer pour attirer les talents et les bons talents ?

  • Speaker #1

    Je vais te redire ce que j'ai un peu déjà dit, mais c'est moi, ma talent equation, elle a pensé ça. C'est-à-dire que c'est vraiment, oui, il faut penser de façon holistique la rétribution, donc oui, le salaire, mais aussi la formation, comment j'investis. Non mais genre, il y a une phrase que j'aime beaucoup, c'était quelqu'un qui m'avait dit ça une fois, c'est qu'est-ce qui est pire que d'investir sur la formation d'un collaborateur et de le voir partir ? C'est de ne pas investir et de le voir rester.

  • Speaker #0

    Alors ce qui est incroyable, c'est qu'hier j'ai assisté à un webinaire, il y avait quelqu'un d'un gros groupe, que je ne vais pas nommer, mais quelqu'un de, enfin une RH, et qui racontait que certaines personnes disent, bon ben alors telle personne, si je la perds, est-ce que c'est un risque ou pas ? genre est-ce que c'est un problème ou en fait on s'en fout si on la perd ? Et ben ouais, on s'en fout, donc c'est pas la peine d'investir, c'est pas la peine de la former. Il y a encore quand même des gens qui pensent comme ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que quand tu m'as dit comment on arrive à trouver les talents et surtout les bons talents, mais en fait c'est quoi un bon talent ? On peut se poser la question. On a tous un talent, il faut juste trouver le bon endroit pour l'exprimer. Et moi je serais peut-être très nulle en gardienne de foot, je sais pas si je prends l'exemple. Et je serais peut-être très forte dans autre chose. Donc, en fait, comment on aide chacun à trouver son chemin ? Et peut-être que c'est aussi ça le rôle du manager demain et de l'entreprise demain, c'est d'aider chacun à trouver sa juste place. Et donc, oui, la formation, ce n'est pas que pour l'aider à rester là où il est aujourd'hui, c'est peut-être aussi pour l'aider à l'aiguiller, à l'emmener là où il doit aller demain.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une question individuellement parlant qu'on doit tous se poser. Oui,

  • Speaker #1

    complètement. Et moi, je dis beaucoup à mes collaborateurs, comment on fait pour rester dans un growth mindset, c'est-à-dire continuer à apprendre et à se développer. Et moi, je l'ai souvent dit à mes collaborateurs ou les personnes avec qui j'ai eu la chance de travailler, peut-être que parfois ça ne marche plus là où tu es aujourd'hui, mais comment moi, je peux t'aider à trouver ta next step et ta next step, elle sera peut-être avec nous, peut-être sur un autre poste, mais peut-être qu'elle sera ailleurs et ce n'est pas grave, c'est la vie. Et comment on fait par contre pour... J'essaye toujours, j'espère que mon intention est ressentie par les gens qui m'ont côtoyé, mais voilà, d'aider chacun à trouver sa juste place parce que je pense que c'est clé. Oui, il faut travailler sur la rétribution, sur la formation, sur le coaching des uns et des autres. Il faut travailler, et les leviers dont va disposer l'entreprise, c'est aussi travailler, ce que je disais tout à l'heure, la reconnaissance sociale. Qu'est-ce que ça donne comme image de moi, si je travaille pour cette entreprise ? Sur l'utilité, ça c'est clé. La sécurité de l'emploi, je pense, va de plus en plus compter, mais comment elle n'est pas subie seulement. Je reste là parce que je suis dans une cage dorée ou parce que j'ai besoin de cet argent à la fin du mois, mais comment je me sens responsable, utile, et donc... Je vais réussir à y trouver du sens et à m'épanouir. Et puis après, comment je travaille sur l'organisation du temps, sur le management, etc. Et je reviens sur l'organisation du temps parce que je le disais, sur le télétravail, tout le monde ne peut pas télétravailler. Mais il y a des nouvelles façons de faire, même pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Je donne un exemple très concret. Dans des entreprises qui travaillent, par exemple, qui gèrent les cantines. On peut se dire que les personnes qui travaillent dans les cantines, ça ne se fait pas en télétravail. Mais par contre, on s'est rendu compte que dans les entreprises, vous l'avez tous vu autour de vous, Le vendredi, il y a quand même moins de gens. Du coup, on a peut-être besoin d'un staff un peu moins important le vendredi. Et donc, peut-être que je peux permettre à mes employés d'avoir chacun, de façon tournante, un vendredi par mois, par exemple. Et donc, on peut apporter des nouvelles façons de s'organiser, d'organiser son travail, y compris pour des gens qui ne peuvent pas télétravailler. Donc, il faut être créatif pour trouver des nouvelles solutions et vraiment penser tous les sujets d'un coup et ne pas se dire, il y a une solution miracle et un seul levier à activer. Il y en a plein.

  • Speaker #0

    C'est un genre de puzzle.

  • Speaker #1

    Un peu, oui, exactement.

  • Speaker #0

    Mais quand même, dont le centre de gravité reste quand même l'identité de l'entreprise. Ça, c'est hyper important. J'imagine que tes clients t'interrogent là-dessus.

  • Speaker #1

    Sur leur identité, qui ils sont, etc. Oui, ça nous arrive de redéfinir à quoi on sert, c'est quoi notre raison d'être, c'est quoi notre vision, etc. Et là, on ne s'arrête jamais là parce que sinon, on a l'impression, comme je disais, que ça pouvait être du bullshit, du greenwashing, du tout-ce-qu'on-veut-washing. Il faut vraiment se dire derrière qu'est-ce que ça veut dire et comment je l'incarne concrètement. Nous, on travaille beaucoup sur tout ce qui est culture d'entreprise. Comment dans ma culture, j'incarne ma grande vision ?

  • Speaker #0

    Ça veut dire quoi ? À part des campagnes de com' internes ?

  • Speaker #1

    Alors nous, on ne fait vraiment jamais de com', ce n'est pas du tout mon métier. Quand on travaille sur la culture d'entreprise, moi je m'inspire beaucoup de l'anthropologie. L'anthropologie, c'est la science qui définit ce qui fait qu'on fait communauté. Si on est français, qu'est-ce qui fait qu'on fait communauté en tant que français ? C'est d'avoir des rituels communs, d'avoir des mythes communs, on connaît notre histoire, etc. D'avoir des symboles communs et d'avoir des valeurs communes. En fait, on peut appliquer ça au monde de l'entreprise. Et donc nous, quand on travaille, on va travailler avec cette méthodologie en se disant c'est quoi ma culture aujourd'hui ? Qu'est-ce qui est valorisé ? quels sont les comportements qui sont valorisés dans l'entreprise, quels sont les tabous peut-être, quelles sont les histoires partagées que tout le monde connaît. Comme ça, on va aller fouiller sur l'informel.

  • Speaker #0

    Le mythe fondateur aussi.

  • Speaker #1

    Le mythe fondateur, etc. Et donc, on va aller auditer un peu cette culture actuelle, se dire par rapport à l'entreprise, là où elle veut aller sa stratégie dans quelques années, est-ce que c'est la bonne culture pour y aller ? Si ce n'est pas le cas, c'est quoi ma culture idéale, ma culture cible ? On l'a défini avec souvent les top dirigeants. Et ensuite ? on voit le gap entre les deux et comment on fait pour la faire évoluer. Et donc, on peut redéfinir des rituels, des mythes, des symboles, etc. Mais on peut aussi travailler à changer les comportements. Et là, on utilise aussi beaucoup les sciences comportementales. Comment je fais pour nudger des comportements ? Comment je fais pour faire en sorte que les gens soient plus innovants, plus créatifs ? Mais peut-être qu'il y a des boîtes dont je vends des commodités. Je n'ai pas besoin qu'ils soient plus créatifs et plus innovants. Donc, c'est pour ça qu'il n'y a pas de bonne culture. Quelle est la bonne culture par rapport à ma stratégie ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    C'est ce que tu fais. Et donc, c'est retravailler sur tout ça. Et donc, il y a une partie très soft de rituels, de symboles, de valeurs, de mythes, etc. Mais il y a aussi des choses beaucoup plus hard. C'est quoi mes process ? C'est quoi mon organisation ? Et donc, il faut travailler sur tous ces éléments-là quand on travaille la culture d'entreprise.

  • Speaker #0

    Finalement, ce que je propose avec Holyworks, c'est assez proche de ce que tu fais. Sauf que moi, c'est beaucoup plus petite échelle. Mais effectivement, on va visiter comment tu travailles ces côtés process, mais aussi, qu'est-ce qui te motive ? ton identité, etc. C'est l'union des deux qui va faire que...

  • Speaker #1

    Exactement. Il faut réussir à le faire à tous les échelons. C'est bien de le faire au niveau de toute l'entreprise, évidemment, mais après, comment chacun dans son équipe s'y retrouve. Et donc, souvent, il va y avoir une grande culture. Il faut avoir ce cadre de jeu commun, mais comment aussi on peut avoir des sous-cultures qui vont co-vivre sans être en... Il faut que ça reste en adéquation et en cohérence avec la grande culture, mais on peut aussi avoir sa propre culture pour retrouver sa motivation personnelle, que ça soit lié à ses objectifs de BU, d'entité, etc.

  • Speaker #0

    Alors, Dernière question. On a parlé de l'organisation, de l'identité d'entreprise, de comment attirer les talents. On a aussi parlé à droite à gauche du mindset des salariés d'aujourd'hui. Comment tu vois l'avenir du mindset idéal des salariés ? Je retiens l'utilité, la responsabilité, le growth mindset aussi.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. j'ai pas mal de choses moi je pense qu'il faut laisser du champ à l'initiative laisser les gens faire et peut-être que je rajouterais un élément dont on n'a pas parlé tu as beaucoup parlé de la Gen Z dans tes questions mais je pense qu'on vit un moment un peu exceptionnel qui est que c'est je crois la première fois si on compte bien qu'on a 5 générations qui co-vivent dans l'entreprise et moi je crois beaucoup à l'intergénérationnel on n'arrête pas de repousser l'âge de la retraite mais en fait si on le repousse mais qu'on ne garde pas les gens qui sont plus âgés qui ont plus d'expérience ça ne marche pas donc comment on fait pour que chacun trouve là aussi sa juste place ? Et que les différentes générations ne soient pas en compétition, mais plutôt en complémentarité. Et donc, je pense que dans le mindset, c'est une envie en réalité des gens. Quand je dis que les gens n'ont pas envie d'être seuls, ont envie de créer plus de liens, c'est aussi avec cet intergénérationnel-là. Et je pense que ça, c'est quelque chose aussi à travailler en plus de tout ce qu'on a dit sur l'utilité.

  • Speaker #0

    Moi, je rencontre beaucoup de femmes qui ont la cinquantaine ou qui approchent la cinquantaine, qui viennent me voir et qui me disent, c'est bon, je ne vais plus jamais trouver de boulot, j'ai 50 ans. Qu'est-ce que tu penses de ça ?

  • Speaker #1

    Le jour où j'ai appris qu'on était senior dans l'entreprise à 45 ans, ça m'a fait un choc. Alors, je n'y suis pas encore tout à fait, je tiens à le signaler. Mais oui, c'est un vrai problème. C'est-à-dire qu'à partir du moment où notre société nous renvoie qu'on est vieux dans l'entreprise à 45 ou 50, pareil, il y a un autre exemple, mais j'ai un ancien client qui m'a dit « Ah, il faut que je fasse un bon choix sur mon prochain poste, parce que comme j'approche de la cinquantaine, après, ça sera fatal si ça ne marche pas. » C'est triste de devoir se dire ça. C'est très triste. C'est très triste. Donc oui, pour moi, ce n'est pas OK. Donc, il faut qu'on retravaille collectivement là-dessus. On redonne du place aux seniors qui ont plein de choses à apporter aussi.

  • Speaker #0

    Il y a peut-être l'opportunité de créer des postes qui sont beaucoup plus experts parce que finalement, plus tu as de l'expérience, plus tu es expert dans ton domaine. Complètement. Après,

  • Speaker #1

    c'est aussi une question de taille de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Transmission derrière, etc.

  • Speaker #1

    Mais en fait, se payer un expert versus quelqu'un qui peut tout faire.

  • Speaker #0

    Il y a l'enjeu du salaire derrière.

  • Speaker #1

    Il y a l'enjeu du salaire, mais il y a aussi l'enjeu de la taille de l'entreprise. Moi, je le vois à ma petite échelle. Nous, on est une vingtaine. Bon, à 20, c'est plus dur que quand on est 100. Parce qu'on peut... Moi, il y a un exemple que j'aime bien donner quand les gens me disent souvent j'aimerais bien avoir plus de diversité dans mon entreprise. Comment je fais ? Il y a un ancien, un monsieur qui travaille chez Ogilvy qui est très, très connu sur les sciences comportementales qui s'appelle Rory Sutherland en Angleterre. Et il avait donné dans son livre un exemple que je trouvais génial. C'est est-ce que pour recruter 10 personnes très diverses, avoir le plus de diversité possible, et là, j'en fais partie, Est-ce que j'ai intérêt à demander à 10 personnes très différentes de l'entreprise de recruter chacun une personne ? Ou est-ce qu'il vaut mieux demander ? à une seule personne de recruter dix personnes. Et les gens répondent souvent, il vaut mieux demander à dix personnes très différentes de recruter chacun une personne, comme ça chacun va recruter quelqu'un qui va lui ressembler. Pour moi,

  • Speaker #0

    c'est la réponse D.

  • Speaker #1

    Et c'est la réponse B, effectivement. Pourquoi ? Parce qu'en fait, une personne, quand elle recrute un seul talent, elle ne va pas prendre de risque, elle va prendre le choix safe de quelque chose qu'elle a déjà vu fonctionner dans l'entreprise. Alors que si j'en fais dix, le premier, le deuxième, le troisième, je peux être safe. Le septième, le huitième, le neuvième, le dixième, peut-être que je peux prendre plus de risques. Je vais aller chercher plus de diversité si je peux recruter plus de personnes. Je pense qu'aussi sur l'âge, on peut travailler là-dessus et former les RH, si c'est elles qui recrutent, ou eux d'ailleurs, il ne faut pas avoir de biais là-dessus, pour qu'ils puissent aller chercher cette diversité de talents.

  • Speaker #0

    Hyper intéressant. Il y a beaucoup de questions qui se posent aujourd'hui sur l'avenir de l'entreprise. Toi, aujourd'hui, c'est quoi la tendance des questions qui arrivent ?

  • Speaker #1

    Et vous ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à tirer une espèce d'évolution des tendances, des interrogations des entreprises ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a beaucoup de gens qui essayent de comprendre le futur, parce que c'est tellement là. Il y a de plus en plus de questions sur l'hyper-présent, comment on décrypte ce qui est en train de se passer et c'est quoi les impacts futurs.

  • Speaker #0

    Hyper-présent, ça veut dire quoi ? Là, tout de suite,

  • Speaker #1

    maintenant. Là, maintenant, et l'impact sur le futur. Mais c'est rigolo, là où je dessinais des scénarios futurs et je revenais à aujourd'hui pour me dire du coup, qu'est-ce que je fais ? Ce qui continue à être des sujets qu'on nous pose. Mais on a aussi de... C'est quoi ? Comment je comprends ce monde qui bouge si vite ? Chaque jour, on a une nouvelle annonce qui est cette... On sait que c'est la stratégie de Steve Bannon qui l'avait théorisée. Et on voit Trump annoncer chaque jour des énormités. Donc, comment je comprends cet hyper présent ? Et du coup, qu'est-ce que ça veut dire sur le futur ? Et sur les impacts sur le futur ? Donc, on a beaucoup ces questions-là. Et puis, quand le monde se rétracte, que c'est de plus en plus compliqué, etc., on parlait de culture, je pense que les gens investissent de plus en plus et comprennent l'intérêt d'investir sur les people. C'est-à-dire, comment je m'assure que, même si je ne recrute pas plus, même si je me carapate, etc., ceux qui restent, ils sont engagés, ils ont envie, etc. Et qu'on arrive avec ces gens-là à recréer de l'espoir, du positif, parce qu'ils ne sont pas dans une optique pessimiste, mais plutôt une optique positive et optimiste.

  • Speaker #0

    L'hyper-présent. Je ne connaissais pas ce terme. Très intéressant. En tout cas, merci beaucoup, Batoul. Merci beaucoup. Je retiens plein de choses. Déjà, durée de vie de l'entreprise en 1960, c'était 60 ans. En 2020, c'est 20 ans. Donc déjà, voilà. Montée de la solitude, montée des problèmes de santé mentale, de la précarité aussi pour les gens qui sont indépendants, recul du service public. Et donc, la réponse est peut-être dans l'entreprise. C'est peut-être là que ça se passe, avec une vision différente de l'ambition, que tu nommes l'alter-ambition, avec peut-être un travail qui nous permet d'avoir... plus de temps, aussi pour autre chose. Et donc, la notion d'utilité, de responsabilisation et de growth mindset pour avoir une équipe qui cartonne. Voilà. Sans oublier la notion de robustesse et d'entreprise et d'antifragilité. Bref, c'était hyper riche. Merci beaucoup. Moi, ça me passionne en tout cas, toutes ces questions. C'est vraiment l'objet de mon podcast. Il est là-dessus, donc on est en plein dedans. J'adore.

  • Speaker #1

    Tant mieux.

  • Speaker #0

    On va passer à la troisième partie de cet épisode, qui est donc les Holy Questions, les petites questions que je pose à tous mes invités. Et on va commencer par la première, qui est la routine du matin. Parce que pour moi, c'est hyper important de bien commencer la journée pour être en bonne énergie après. Pour toi, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est d'avoir un bisou de chacun de mes enfants.

  • Speaker #0

    T'as combien d'enfants ? Deux. Deux enfants.

  • Speaker #1

    Ça va, ça va vite. Un jour chaque. Exactement.

  • Speaker #0

    C'est tout ? Ça suffit. Moi, je n'ai pas de morning routine. Je ne me lève pas tôt. Je ne mets pas de crème. Il ne faut pas un café. Je déteste le café. C'est la boisson des adultes. Ce n'est pas pour moi. Non, moi, c'est très simple. Voilà.

  • Speaker #1

    Alors, nouvelle question que je vais poser maintenant à tous mes invités. Quel est le projet de ta carrière dont tu es la plus fière ? En tout cas, ta plus grande victoire professionnelle.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si j'arriverai pas à en citer une. Il n'y a pas quelque chose dont je suis fière. Mais ce dont, je ne sais pas si c'est de la fierté, mais ce que j'adore en tout cas, c'est que je pourrais faire une liste à la prévère de tous les trucs improbables que j'ai faits pour le boulot. Je vais vous donner quelques exemples, mais j'ai déjà visité une usine d'amidon, j'ai déjà été à un défilé haute couture, j'ai déjà animé un workshop avec Thierry Marx et Frédéric Anton, j'ai déjà rencontré un patron du K40 et j'ai animé pour lui un workshop à Shanghai avec son top 40. J'ai déjà, ce que je n'aurais pas cru être capable peut-être, mais... J'ai rencontré des experts de plein de domaines différents. J'ai parlé à l'inventeur de Siri, Luc Julia. J'ai parlé à un expert des exosquelettes. J'ai parlé à des experts de la santé. J'ai même parlé l'autre jour à un expert de l'architecture souterraine, de l'IA, de tous les sujets. Et je ne sais pas si ça me rend fière, mais en tout cas, ça me nourrit tellement parce que j'ai l'impression de ne jamais m'ennuyer, d'apprendre tous les jours et surtout de mieux comprendre le monde dans lequel on vit et donc d'arriver à décrypter ce monde-là pour mes clients, pour aider les entreprises. comprendre ce monde et aller dans le bon sens en embarquant toutes les parties prenantes. Donc voilà, je pense que c'est ça qui, moi, m'éclate le plus tous les jours.

  • Speaker #1

    Pour avoir de l'impact derrière.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors, est-ce que tu peux citer une personne ou un mentor qui t'inspire ou qui t'a inspiré ?

  • Speaker #0

    Alors moi, il y a une personne qui a nourri toute ma carrière et avec qui j'ai travaillé avec le temps qui passe et de moins en moins, mais au moins à 60% de ma carrière, c'est Nathalie Rastoin, qui était l'ancienne patronne de Guilvy. qui est à la fois ma mentor et qui est devenue une amie et qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup appris. Et puis, j'ai eu un chef aussi anglais, Simon Myers, avec qui j'ai aussi beaucoup appris. Il avait un parcours incroyable. Il a été journaliste, il a vécu huit ans en Chine, il a appris le chinois, il a été dans le marketing. Et ensuite, il a été entrepreneur puisqu'il a créé sa boîte. Donc, avoir eu aussi un mentor anglo-saxon, ça m'a aussi...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est pas la même culture. C'est pas la même chose, c'est différent et ça apporte des choses en plus.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, c'est quoi la différence ?

  • Speaker #0

    La différence ?

  • Speaker #1

    On parlait d'Empowerment.

  • Speaker #0

    Oui, c'est différent. Après, je ne sais pas si ces deux personnes-là sont représentatives de leurs archétypes. Je ne pense pas du tout. Je pense que comme je suis un saumon et que je vais chercher des gens différents, ce qui m'a plu, c'est vraiment... Ils m'ont toujours challengé, m'incité à poser des questions, à me sortir de ma zone de confort régulièrement. Intellectuellement, moi, c'est ça qui m'éclate. C'est intellectuellement pouvoir brainstormer, trouver 10 milliards d'idées. se challenger mutuellement, etc. C'est ça que j'ai aimé. Est-ce que je serais capable d'en tirer des leçons sur la différence entre les anglo-saxons et les français ? Non, j'ai pas cette prétention-là.

  • Speaker #1

    Quelle est ta devise dans la vie ?

  • Speaker #0

    J'en ai deux. J'en ai une perso. Perso, c'est... D'ailleurs, j'ai la moitié de la phrase dans ma bague de fiançailles et mon mari a l'autre partie. C'est tout ce qui nous arrive, c'est pour le mieux. Et donc, même si parfois, sur le moment, c'est difficile, on sait qu'il faut penser très fort au moment, dans deux ans, où je repenserai à ce moment-là et je me dirai « Ah, mais ça m'a appris ça, ça m'a permis ça, ça a débloqué ça » , etc. Donc ça, j'y crois vraiment. Et la deuxième, qui est plus pro, mes équipes le savent, je l'ai toujours dit, c'est ma devise, c'est « peur de rien, mort de faim » . Pas du tout dans le côté négatif que ça pourrait laisser entendre, mais c'est vraiment cette idée que rien n'est impossible. Si on a envie et qu'on travaille suffisamment, en fait, c'est possible. Donc je dis... C'est quoi vos rêves ? Est-ce que vous avez envie de travailler pour telle ou telle entreprise ? On n'y arrivera peut-être pas demain, mais donnons ça comme objectif et on finira par y arriver, même si on connaît moins le secteur que d'autres, même si, même si, il y aura toujours des même si. Mais si on a vraiment envie, on y arrivera.

  • Speaker #1

    Un livre que tu nous conseilles ?

  • Speaker #0

    Un des livres qui m'a beaucoup marqué ces derniers temps, c'est « Les ingénieurs du chaos » de Daampoli, qui est celui qui a aussi écrit « L'hommage du Kremlin » . Ça m'a beaucoup marqué parce qu'il analyse comment une poignée de personnes ont réussi à utiliser les réseaux sociaux, notamment pour... pour, c'est ces personnes-là qu'il appelle les ingénieurs du chaos, pour polariser la société, faire en sorte que le populisme monte, etc. Et ce qui m'a, donc un, c'est éclairant, ça explique très bien les mécanismes en place, mais moi, ce qui m'a frappé et qui m'a un peu effrayé, c'est que j'ai beau comprendre maintenant tout, donc déjà c'est bien de mieux comprendre, mais je vois tout à fait comment utiliser ces outils incroyables pour les forces du mal, je ne vois pas comment les utiliser pour les forces du bien. Et ça m'inquiète parce que je ne sais pas comment on peut retourner des choses.

  • Speaker #1

    À la base, Facebook, c'était pour le bien, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Alors après, je ne dis pas qu'il n'y a que du négatif. Oui, ça crée du lien, ça met les gens en lien. On ne se serait sans doute pas recontacté s'il n'y avait pas eu LinkedIn, pour prendre cet exemple-là. Mais entre les bulles de fil, le fait que ça va être de moins en moins contrôlé, et que... sur l'effet sur nos enfants. C'est une catastrophe. Je ne suis pas la seule à le dire. Les études commencent à le montrer. Je pense qu'on va revenir en arrière. Il y a des pays qui sont en train de légaliser et qui vont dire que les smartphones et les réseaux sociaux interdisent jusqu'à 16 ans. Le cerveau n'est pas assez mature pour ça. Donc, on n'a pas assez contrôlé ça. Et ces outils, comme tous les outils, ne sont que des outils, mais ont et sont utilisés, pas forcément pour faire de choses bien. Et la démarche inverse n'est pas si évidente.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Un excellent livre à lire pour mieux comprendre le monde dans lequel on est en train de vivre.

  • Speaker #1

    Ok, super. Merci beaucoup. Alors après, un truc beaucoup plus léger. Une chanson que t'adores écouter qui te met dans une bonne énergie. Genre... que tu donnes à ton équipe, tu dis allez on va tout déchirer à la prochaine présentation, ça va être quoi ?

  • Speaker #0

    On n'a pas ce rituel là, je ne suis pas très très musique dans l'absolu mais moi il y a une personne qui me touche beaucoup ces derniers temps, c'est Zao de Sagazan, que j'aime beaucoup parce qu'il y a à la fois j'aime son personnage, j'aime son énergie et j'aime beaucoup sa sensibilité qui me touche énormément et quand je mets sa chanson à fond, quelle que soit, je ne sais pas, Modern Love, Symphonie des éclairs etc, moi ça me met dans un état que j'aime bien.

  • Speaker #1

    J'aime bien ça, ça me met dans un état que j'aime bien. Je vais y mettre la symphonie et je vais la rajouter à la playlist Holy Work. Alors sachez, mesdames et messieurs, que je constitue une playlist avec toutes les chansons que mes invités me donnent et elle est disponible sur Deezer. Et elle est aussi sur mon site internet depuis pas très longtemps, si vous voulez l'écouter. C'est génial de voir les personnalités qui défilent à travers.

  • Speaker #0

    Ça doit être assez éclectique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est génial. Est-ce qu'il y a une personne à qui tu penses qui pourrait bien fitter avec ce podcast ?

  • Speaker #0

    que je pourrais appeler ? Alors ça, j'ai réfléchi. Je n'ai pas forcément une réponse d'une personne, mais plutôt un type de personne. Moi, je trouverais ça intéressant d'aller chercher un ou une auteur de science-fiction.

  • Speaker #1

    Ah ouais !

  • Speaker #0

    Pour avoir une version un peu futuriste de ce que pourrait être le travail, ce que pourrait être le monde de l'entreprise, etc. J'adore cette idée ! Ça pourrait être intéressant. Et alors, il y a un livre que j'ai commencé, donc je ne peux pas encore en parler parce que je ne l'ai pas assez lu, mais c'est Alain Damasio qui a écrit un livre qui s'appelle La vallée du silicium. et qui se plonge dans la Silicon Valley et qui en parle. Peut-être que lui... Je n'ai pas lu le livre jusqu'au bout, j'en suis encore au tout début, mais peut-être qu'il serait intéressant. Alors, il faut réussir à l'avoir. Si tu y arrives, invite-moi.

  • Speaker #1

    Rien n'est impossible. Père de rien, mort de faim. Exactement.

  • Speaker #0

    Tu as tout compris.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup pour l'idée. J'adore. On va terminer cet épisode avec la carte. Tu sais, je propose à mes invités de tirer une carte et puis on va en... déduire le mot de la fin de l'épisode. Je t'invite à bien mélanger parce que c'est un jeu qui est nouveau. Et puis en même temps comme ça...

  • Speaker #0

    Vous ne voyez pas, mais je suis en train de mélanger de façon très clumsy. Alors, énorme ! La retraite ! Ne vous laissez pas distraire par l'agitation extérieure. Revenez à vous ! C'est chouette parce que quand on voit la retraite, c'est marrant parce que tout de suite, moi j'essaie toujours d'être à contre-courant. Donc je me dis non, ce n'est pas la retraite de quand on va devenir vieux, c'est la retraite de quand je vais me reposer. Et c'est exactement la définition qui est donnée. Donc oui, comment on arrive à se créer une bulle de filtre au sens positif pour le coup, pour se ressourcer, prendre le temps de réfléchir et revenir dans le monde et en connexion avec les autres pour faire différemment. Si on y arrive, franchement, peut-être qu'il y a encore de l'espoir.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça notre enjeu aujourd'hui dans l'hyper présent.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci beaucoup, Patoule. Merci, chers auditeurs. J'espère que vous avez apprécié cet épisode tout autant que moi. J'espère que vous a inspiré et peut-être de manager vos équipes différemment, d'agir en tant que collaborateurs différemment. En tout cas, moi, tous ces sujets me passionnent et je propose beaucoup de choses qui sont en lien avec ce qu'on a évoqué dans mes accompagnements. Je suis trop contente de cet épisode. Je vous donne rendez-vous, j'espère dans deux semaines, pour un prochain épisode où on va explorer le parcours d'une personne atypique. Voilà, ça va être passionnant, j'en suis sûre. D'ici là, vous pouvez me retrouver sur les réseaux Instagram, LinkedIn et sur mon site holywork.fr. Je vous embrasse, à très bientôt. Merci Batoul et j'espère à très bientôt aussi.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, merci à toi. Au revoir.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Holy Work, c'est aussi un cabinet de coaching pour les entreprises et les particuliers qui propose des programmes de coaching, des formations en management et aussi des bilans de compétences. Je vous donne rendez-vous sur le site holywork.fr pour découvrir nos accompagnements en détail. Et ne manquez aucune info Holy Work en vous inscrivant à la newsletter et en ajoutant ce podcast à vos favoris. Et n'oubliez pas, make each workday a holiday. À très bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1

    04:43

  • Chapitre 2

    06:57

  • Chapitre 3

    10:29

  • Chapitre 4

    18:35

  • Chapitre 5

    19:54

  • Chapitre 6

    23:10

  • Chapitre 7

    26:28

  • Chapitre 8

    29:20

  • Chapitre 9

    30:24

  • Chapitre 10

    34:42

  • Chapitre 11

    37:38

  • Chapitre 12

    41:17

  • Chapitre 13

    42:46

  • Chapitre 14

    43:52

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