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Margaret Johnston-Clarke - La beauté naît de la différence

Margaret Johnston-Clarke - La beauté naît de la différence

30min |03/07/2025
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Description

Dans ce nouvel épisode de Hors Ligne, Marion Ranvier, Directrice Générale de la Contentsquare Foundation, reçoit Margaret Johnston-Clarke, Directrice Générale Diversité Equité et Inclusion Monde, Groupe L'Oréal.


Franco-américaine, Margaret a débuté dans des ONG de lutte contre l’exclusion avant de gravir les échelons d’un groupe coté. Un parcours singulier, guidé par une conviction forte : l’inclusion est un levier de transformation pour les entreprises comme pour la société.


Elle revient sans détour sur ses débuts dans le monde associatif, son arrivée chez L’Oréal, les résistances rencontrées, mais aussi les petites victoires qui, jour après jour, font bouger les lignes.


Au fil de la conversation, on parle de handicap invisible, d’accessibilité numérique, de diversité culturelle mais surtout de ce que signifie agir concrètement pour un monde du travail plus juste, plus ouvert, plus humain.


🎧 Un épisode inspirant, profondément humain, qui questionne notre rapport à la différence et met en lumière le rôle clé de l’innovation pour bâtir une société réellement inclusive."

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La Contentsquare Foundation s'engage à bâtir un web plus accessible.

Vous souhaitez en savoir plus, suivre notre formation gratuite et devenir un ambassadeur de l'accessibilité numérique ?
Toutes les infos sur notre site : https://www.contentsquare-foundation.org/fr/

Vous pouvez également suivre nos actualités sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/contentsquare-foundation


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Apprendre, échanger, s'informer, travailler, mais aussi payer ses impôts, faire ses courses, se divertir et même tomber amoureux. Aujourd'hui, une grande partie de nos vies se déroulent en ligne. Mais que se passe-t-il pour celles et ceux qui n'y ont pas accès ? Pour plus d'un milliard de personnes dans le monde, être hors ligne ne relève pas d'un choix mais d'une contrainte. Bienvenue dans Hors ligne, le podcast qui remet l'inclusion au cœur du numérique. Je suis Marion Ranvier, directrice générale de la Content Square Foundation, et ici, je donne la parole à celles et ceux qui agissent, souvent dans l'ombre, pour un monde numérique plus accessible. Témoignages, parcours inspirants et réflexions pour bâtir un monde où personne ne reste hors ligne. Bonjour Margaret, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui dans le podcast Hors Ligne. Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marion, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Avant de débuter, est-ce que tu pourrais te présenter brièvement pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Donc, je dirige aujourd'hui, depuis 8 ans d'ailleurs, la diversité, l'équité et l'inclusion pour le couple réel au niveau du monde. Et j'ai 54 ans et je suis franco-américaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors j'aimerais maintenant parler de ton parcours. Tu l'as dit, tu es directrice mondiale de la diversité, équité et inclusion chez L'Oréal. Mais avant de rentrer dans le détail de tes responsabilités actuelles, est-ce que tu pourrais nous raconter comment tu en es arrivé là et quelles ont été les étapes finalement qui t'ont mené à un tel poste ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai démarré après des études de lettres et de communication. J'ai démarré dans le milieu associatif. en France. C'était au début des années 90 et c'était une première où on mettait autour de la table des pouvoirs publics, des collectivités locales et des entreprises petites, moyennes et grandes, du secteur privé comme du secteur public, pour lutter contre l'exclusion. Donc c'était vraiment une première dans le sens où c'était tous ces stakeholders qui n'avaient pas nécessairement l'habitude de travailler ensemble pour créer des parcours d'insertion vers l'emploi. Moi, je m'occupais plus particulièrement une fois que... les bénéficiaires rentraient dans le monde de l'entreprise, comment s'assurer que l'univers et le monde autour d'eux, et des équipes, soient vraiment le plus inclusifs possible. Donc il y avait un axe très important sur la sensibilisation, et notamment la lutte concrète contre le racisme ordinaire. Donc j'ai fait ça pendant sept ans, et ensuite j'ai rejoint le groupe L'Oréal en 2000, pour travailler sur ces questions plus spécifiquement de diversité. J'ai eu la chance de faire un petit pas de côté, et de découvrir chez L'Oréal les métiers de la communication, de travailler dans différentes marques et donc de vraiment comprendre la culture de l'entreprise, de la création d'un produit jusqu'à la fabrication, jusqu'au lancement produit. Et ça, c'était très important parce que ça m'a permis aujourd'hui de pouvoir vraiment intégrer toutes ces actions liées à la diversité et l'inclusion dans nos priorités et de démontrer à quel point, même si on travaille sur la peau et le cheveu chez L'Oréal, parce que c'est ce qu'on fait avec tous les... les produits de beauté, et pour répondre à toutes les questions de beauté au pluriel, c'était vraiment important d'avoir cette capacité à comprendre le mode de fonctionnement et comment on pouvait justement en bénéficier en étant de plus en plus inclusif.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est très intéressant. J'ai une question un peu qui me brûle les lèvres, mais comment finalement tu as vécu cette transition du monde associatif à un grand groupe ? côté en bourse ? Alors,

  • Speaker #1

    bizarrement, c'était très facile parce que le Réal a un esprit plutôt très entrepreneur où il faut être très agile et très créatif et être force de proposition. Et quand vous venez d'un secteur où il y a moins de moyens, qui est plus petit, sur un sujet qui n'est pas nécessairement très connu, en tout cas à l'époque, en 93, le terme exclusion n'était pas nécessairement compris par tous et par toutes. J'ai pu vraiment bénéficier de cette expérience-là pour pouvoir influencer et engager de plus en plus d'alliés en interne sur le réel, sur ces questions.

  • Speaker #0

    Et ça me fait une bonne transition parce qu'effectivement, comment tu as fait pour convaincre, notamment peut-être d'abord les dirigeants, puis ensuite les équipes et les collaborateurs pour embrasser ces enjeux qui n'étaient pas forcément au centre des priorités il y a encore quelques années ?

  • Speaker #1

    Alors la chance, c'est que notre leadership y croit beaucoup. Donc le département lui-même a été créé en 2002. Juste après mon arrivée, à l'international, il existe depuis 2005, donc ça fait 20 ans. Aujourd'hui, on célèbre les 20 ans de diversité, d'équité et d'inclusion. C'est quelque chose qui est complètement ancré dans les valeurs du groupe, c'est-à-dire zéro tolérance par rapport justement aux discriminations, ses valeurs d'équité, ses valeurs de partage, ses valeurs de tolérance. Ça, c'est un socle qui m'a beaucoup aidée. L'autre chose, c'est que notre métier est autour de l'estime de soi, de la beauté. Comment on peut accompagner des femmes, des hommes, des personnes, quels que soient leurs ans d'ailleurs, dans se sentir bien, se sentir bien dans leur peau, avec leurs cheveux, avec qui ils sont, avec leur âge, enfin dans leur âge. Donc ça, c'est vrai que c'est des choses où moi, j'ai fait corrélation entre qui nous sommes en tant qu'entreprise, nos valeurs, la façon dont on travaille, la façon dont on connecte avec nos consommateurs et nos consommatrices. parce que les gens, grâce aux réseaux sociaux, peuvent nous écrire en direct, peuvent réagir en direct, mais aussi avec nos sous-traitants. Donc, comment est-ce que cette chaîne de valeur, on la fait évrive et vraiment, on lui donne du sens par rapport à notre métier. Donc, convaincre, là où ça a été un challenge, c'est quand c'était un peu moins classique. Alors, par exemple, l'accessibilité numérique. Honnêtement, il y a huit ans... Ça a été un des premiers combats que moi j'ai menés. Je dis combat parce que ce n'était pas évident, étant donné qu'il n'y avait pas d'obligation réelle. Il y avait une méconcréhension et on avait tellement développé nous de plateformes numériques que l'idée de devoir justement les auditer, les adapter, repenser les briefs paraissait gigantesque. Et donc une façon de démontrer et d'engager, c'était de démontrer à quoi ressemble un site accessible versus un site... non accessible et de démontrer que finalement ça bénéficiait à tous et à toutes. Ce n'était pas que pour une minorité de personnes. Je pense que c'est ça qui est important. En tout cas, ma façon de faire ça a été toujours de démontrer, soit par des chiffres, soit par des faits, mais très concrets. J'ai beaucoup travaillé sur les 70-80% de handicap invisible à l'ONU chez le Réal, ce qu'on appelle « undisabled disabilities » , parce que c'est vrai que ça c'était peut-être moins connu. et que pendant très longtemps, on a stigmatisé le handicap à la chaise roulante, au braille. Et en fait, c'est beaucoup plus complexe et justement intéressant, parce que ça peut toucher énormément de personnes. Donc, en sensibilisant, en donnant des points très précis, ça a permis de faire le déclic. Et aujourd'hui, nos sites sont systématiquement audités. On est vraiment dans une démarche d'accessibilité numérique très avancée. On est loin d'être parfaits. mais on a vraiment cette démarche qui est vraiment ancrée dans l'ensemble de nos équipes digitales, mais aussi marketing.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est une vision finalement long terme et on le sait, l'accessibilité numérique comme d'autres sujets, c'est la mise en place d'une stratégie pour amorcer cette transformation. Il faut bien effectivement commencer quelque part, mais ce que j'aime bien dans ce que tu dis, c'est que c'est la preuve par l'exemple en fait de se mettre dans la... de tu l'as dit il ya une multitude multitude de handicaps et puis quand on n'est pas soi même porteur on a du mal à se représenter des difficultés oui et puis mon rôle c'était aussi de libérer la parole sur ça le

  • Speaker #1

    libérer la parole si je reprends l'exemple de personnes en situation de handicap mais c'était vrai aussi pour des personnes survivantes de violences conjugales ou de personnes qui étaient victimes de racisme ça c'est des choses qu'on a pu évoqué et qu'on a mis en place et qu'on a adressé en interne, pas juste parce qu'il y avait Black Lives Matter ou parce qu'il y avait une actualité, on le faisait de manière très sincère, parce que l'entreprise, on y passe beaucoup de temps, enfin l'entreprise, le travail et on sait très bien que si on peut être soi-même, si on a les outils pour mieux travailler, les conditions, mais aussi l'écoute et l'empathie, on va être beaucoup plus efficace et performant. Donc ça, c'est pas... très nouveau, néanmoins de le démontrer. Et nous, on travaille sur des sujets très vastes. Donc, évidemment, le handicap, mais aussi tout ce qui est lié à la lutte contre le déclassement des personnes réfugiées. Quel est le rôle de l'entreprise par rapport à ça, vu le nombre grandissant de personnes qui sont obligées de quitter leur pays pour des raisons climatiques, politiques ou économiques ? Quel est le rôle d'une grande entreprise quand on a des talents qui arrivent ? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour justement créer ces fonds ? Mais c'est la même chose sur les violences faites aux femmes, violences homophobes. Donc on a un rôle aujourd'hui en tant qu'entreprise, je pense, qui devient absolument crucial. Et donc on doit repenser. On doit continuer à repenser non seulement notre rôle, mais aussi notre responsabilité.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et de travailler avec la société civile, avec des associations, et surtout avec d'autres entreprises pour pouvoir, loin de nos forces, et aussi être une partie de la solution.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant et je me demande aussi comment tu fais, parce que nous, sur le sujet du handicap, qu'on travaille au sein de la fondation Content Square, en fonction des lois et en fonction des pays, tu ne peux pas... pas mesurer de la même manière et questionner aussi les employés de la même manière. Ça, c'est important parce que dans nos reporting ou quand on veut adapter des postes de travail, on a besoin de poser ces questions et on est parfois un petit peu bloqué. Or, c'est pour le bien de nos collaborateurs et de nos employés. Mais comment tu fais ? Parce que du coup, vous êtes un groupe international.

  • Speaker #1

    Alors, on a la chance en France d'avoir un certain nombre de lois. Que ça soit d'ailleurs sur la déclaration de personnes en situation de handicap en emploi direct, ou que ça soit sur, par exemple, l'équité des salaires, ou que ça soit par rapport aux femmes dans des postes de dirigeants. Donc ça, je l'applique en fait sur l'ensemble de nos filiales. Aujourd'hui, on a plus de 90 000 collaborateurs, mais on n'a pas 90 000 personnes en France. On n'en a que 14 000. Donc l'idée, c'est de pouvoir utiliser ça. comme une bonne pratique. Et ensuite, on n'a pas de quota. Par contre, on a des objectifs. Donc, par exemple, sur les personnes en situation de handicap, il y a la moitié de nos filiales, dont la France, où il y a des règles très spécifiques, avec des pourcentages, mais dans l'autre moitié, il n'y en a pas. Donc, j'ai proposé, depuis mon arrivée, qu'on ait un objectif d'atteindre un minimum d'au moins 2 % de nos collaborateurs et nos collaboratrices qui sont en situation de handicap. qui osent déclarer et qu'on assure cet accompagnement. Aujourd'hui, en 2024, on a plus de 2% de nos collaborateurs qui ont fait cet exercice-là au niveau mondial. Donc, on a revu ces objectifs à la hausse pour 2030 et 35. Donc, on se sert de ces ambitions pour pouvoir justement les partager à l'ensemble de nos filiales. On le fait aussi avec nos sous-traitants. On travaille beaucoup. main dans la main avec nos sous-traitants pour justement pouvoir favoriser en emploi indirect aussi des personnes en situation de handicap, mais aussi des personnes réfugiées. L'année dernière, on a pu embaucher grâce à ça, par exemple, plus de 200 personnes exilées grâce à nos prestataires, à nos sous-traitants. Donc, c'est des choses où on peut vraiment faire un impact collectif. Je pense que ces objectifs sont clés et c'est pour ça que le fait qu'aujourd'hui, il y a tellement de mots qui sont de mots émotifs, qui sont challengés dans certains pays, comme par exemple aux États-Unis. C'est très, très grave parce que ce début de censure a un impact sur la recherche qui est ensuite faite. Par exemple, si je prends le terme « accessibilité » ou « handicap » , qui sont donc des mots qui font partie de cette fameuse liste, laïvité, voire à bannir, si ça disparaît, il n'y aura plus de financement, il n'y aura pas d'éducation. et donc on va... plus pouvoir adresser et on va invisibiliser ce sujet-là. Donc malheureusement, dans mon domaine, ce n'est pas que l'accessibilité et le handicap, mais c'est aussi les femmes, les hommes, les noirs, les personnes asiatiques. C'est absolument toute la communauté qui fait notre richesse. Donc le fait de stigmatiser des communautés, de pouvoir les effacer, c'est complètement contraire à ce que...

  • Speaker #0

    pourquoi on se bat depuis des années.

  • Speaker #1

    On fait aujourd'hui au XXIe siècle. C'est loin d'être parfait, malheureusement, comme on peut le constater, mais on a quand même fait des avancées, notamment en termes de droits humains, qui sont aujourd'hui challengés, voire parfois même remis en question du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Et alors, comment on s'y prépare et comment on fait dans ces moments-là ? Parce que tout ce qu'on est en train de dire, ces communautés, c'est un impératif de citoyenneté. Et toi, avec ton poste, Depuis des années, tu te bats pour ces droits.

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que... Alors moi, je travaille beaucoup sur le langage, comme tu as pu le constater. Donc par exemple, si je reviens sur notre métier, la peau et les cheveux. La peau, par exemple, il y a des termes qui sont utilisés depuis le XVIIIe siècle pour qualifier les différentes couleurs de peau. Ces termes sont souvent issus pour des raisons... À l'époque, ils sont complètement... propos, on va dire, racistes et impossibles. Donc j'ai mené avec des experts externes, mais aussi avec beaucoup d'alliés en interne, des travaux, des études et des publications pour pouvoir faire évoluer ces termes-là, par exemple pour bannir le terme caucasien. qui est un terme pour définir la peau blanche, qui est un terme qui est complètement raciste, mais aussi qu'on évite de parler d'Africain-Américain quand on veut dire la peau plus foncée ou la peau noire. Donc, avoir des termes beaucoup plus simples, clairs. Par contre, il faut qu'on ait un langage commun avec d'autres scientifiques. Donc, c'est pour ça qu'il faut qu'on publie, qu'on copublie. Donc, c'est changer les mentalités, mais c'est aussi changer les mots. C'est la même chose pour le handicap. Parfois, il ne faut pas être trop... En anglais, on a essayé de revoir le terme de handicap en le positivant. Parfois, on se perd un peu, je pense, en voulant être trop politiquement correct. Je pense qu'il faut être beaucoup plus précis et direct. mais les mots, le fait d'adresser ces sujets là, c'est un vrai, je pense que c'est là où nous on doit continuer à œuvrer. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de la situation actuelle parce qu'on voit à quel point dans plusieurs pays... Il y a des choses qui sont en train d'évoluer pas dans le meilleur sens. Et donc, nous, ensemble, en tant qu'entreprise, mais aussi avec la société civile, il faut vraiment qu'on arrive à informer. Donc, je pense que ça passe par l'éducation. Je pense que, tout simplement, il faut qu'on continue à informer, à expliquer. Et que, par exemple, si je prends l'accessibilité numérique, c'est pas que pour des personnes qui ont perdu la vue à la naissance, c'est pour des personnes qui perdent la vue parce qu'elles ont plus de 50 ans, parce qu'elles n'ont pas nécessairement leurs lunettes quand elles font leur... courses en ligne, qu'elles ont besoin de voir, comme nous on a ce même problème sur les étiquettes de nos produits. Dans la douche, un shampoing, il faut que ce soit quand même lisible si vous lavez les cheveux pour savoir la différence entre le soin et le shampoing et que vous ne portez pas vos lunettes, ce que d'habitude on ne fait pas quand on se lave les cheveux par exemple. Donc il faut vraiment se mettre dans cette idée de penser à l'autre et à nos consommateurs, de les écouter. et de ne pas uniquement se laisser porter par des tendances qui peuvent être un peu limitantes.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant parce que finalement, tous tes travaux et vos travaux avec ton équipe, de cette notion de recherche des mots, pour qu'on utilise d'ailleurs tous le même vocabulaire, est intrinsèquement lié avec les produits. notamment la description produit donc il y a un changement de paradigme et un changement des mentalités qu'il faut imposer finalement absolument et on voit le succès par exemple avec une de nos marques qui est Aesop,

  • Speaker #1

    une marque australienne qui est une marque complètement non genrée donc les produits et la gamme très extensive de produits qui proposent de soins, de parfums et de soins capillaires aussi Merci. sont pas du tout genrés et on voit à quel point l'expérience, ça se passe souvent en magasin, c'est leur modèle, est complètement différent et peut plaire à des hommes, à des femmes, à des personnes, quel que soit leur genre en fait. Donc c'est aussi un paradigme différent de faire du marketing qui soit pas genré. Donc oui bien sûr, nous c'est complètement, il y a un impact direct je pense, entre ces valeurs, alors je sais pas s'il faut parler de valeurs, de principes peut-être, pour permettre à chacun d'être soi-même. au bureau, d'être fiers de leurs différences. Il y a un terme en français, on parle beaucoup de diversité, sans parfois comprendre peut-être nécessairement ce que ça veut dire. En France, quand on parle de diversité, ça veut dire quelqu'un qui est issu des diversités, quelqu'un qui est de couleur. En fait, le terme diversité est écrit aux États-Unis, c'est pour parler d'un collectif. Nous sommes tous uniques, mais ensemble, on compose une équipe. diversifié avec une éducation différente, des traditions différentes, peut-être même une religion différente, un genre différent. Enfin bref, on se compose avec plein de facettes. Donc on parle de l'intersectionnalité, mais c'est un terme qui malheureusement n'est pas très bien traduit à ce jour, mais c'est vrai que ce terme-là permet de démontrer la diversité d'une équipe, mais l'uniqueness, la différence de chacun. Et ça, je pense que pour revenir sur ça, c'est important de l'expliquer. Comme ce qu'on entend par équité, on n'a pas tous les mêmes chances, donc c'est là où l'accessibilité vraiment est importante, pareil pour l'inclusion.

  • Speaker #0

    Et est-ce que, Marguerite, tu penses qu'aujourd'hui, je fais le parallèle un peu avec l'éducation, est-ce que tu penses que les futures générations sont conscientes de la définition de ces enjeux et est-ce que tu penses qu'à l'école, on leur apprend assez aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépend dans quel pays. Je pense qu'il y a des valeurs, bien sûr, il y a des principes qui sont évoqués, la tolérance, l'écoute, bien sûr. Là aujourd'hui, ce qu'on voit malheureusement dans certains pays où justement les mots étant bannis, il y a des départements entiers de certaines universités, des livres qui sont bannis sur l'identité ou l'expression de genre, sur l'ethnicité. Demain, je ne sais pas. J'espère que c'est qu'un moment et que grâce à la multiplicité de façons de s'informer, on va continuer à partager ces savoirs. Mais en même temps, quand on voit ce qui se passe en termes de communication et aussi qui gère la communication côté médias, ce n'est pas évident. Donc il faut espérer, oui, et je pense que l'utilité de podcasts comme les vôtres, c'est précisément d'apporter des voix différentes. pour que les gens puissent choisir et écouter des parcours de vie, des approches différentes. Je trouve ça formidable, mais peut-être qu'en effet, le podcast et d'autres outils de ce type sont la solution.

  • Speaker #0

    Je fais le lien parce que L'Oréal fait partie du consortium Accessibilité Numérique qu'on a créé fin 2024. Ensemble, on œuvre. pour sensibiliser les futures générations aux enjeux de l'accessibilité numérique. Et ce constat, quand on s'est tous réunis, on le porte au effort de se dire ce n'est pas possible que les futures générations de leaders ne connaissent pas aujourd'hui et sortent de l'école sans jamais avoir entendu parler de l'accessibilité numérique. Parce que tu l'as dit tout à l'heure, il faut convaincre, mais pour convaincre, il faut comprendre le sujet, comprendre d'abord les différents handicaps. les différents besoins. Et ensuite, pour prioriser ces sujets, il faut avoir la big picture et vraiment comprendre. Et donc, effectivement, on s'est dit, avec ce consortium d'acteurs, qu'il était de notre responsabilité d'œuvrer en créant cette formation e-learning gratuite à destination des élèves. Et moi, je me dis que c'est que le début, c'est que les prémices, mais on a encore plein de choses à construire. Et peut-être que demain, on peut aussi intégrer d'autres sujets. Et j'aime bien cette notion que tu as de... d'aller un peu décortiquer les mots et de revenir finalement à l'essence et la définition des mots. Il y aura peut-être des choses à créer demain qui ne sont pas de l'accessibilité numérique, mais d'autres sujets que toi, tu portes de cette notion de diversité-inclusion.

  • Speaker #1

    Je trouve que, enfin moi, je trouve ça absolument génial. Donc oui, bien sûr, je ne peux que soutenir ces initiatives. Je pense qu'il faut aussi revoir qui les métiers derrière. C'est-à-dire que moi, j'ai beaucoup travaillé sur l'accès aux sciences pour les jeunes filles. pour déconstruire des stéréotypes quand je travaillais à la Fondation L'Oréal. Et c'est vrai que pour créer des algorithmes inclusifs, pour s'assurer que demain nos plateformes puissent vraiment être adaptées à tous et à toutes, il faut qu'il y ait aussi une diversité de profils qui réfléchissent à comment ça doit être construit, à qui ça doit s'adresser. Donc ce n'est pas uniquement de sensibiliser des consommateurs ou des collaborateurs et des collaboratrices sur ce que c'est que l'accessibilité numérique, c'est aussi de créer des assets. et des outils numériques qui soient accessibles pour tous. Nous, on le voit par exemple chez L'Oréal, l'année dernière, on a lancé, il y a deux ans, on a lancé avec la marque Lancôme, Apta, qui était un outil généré par l'intelligence artificielle pour pouvoir permettre à des personnes qui ont des maladies chroniques et qui souffrent de tremblements de pouvoir être indépendants et pouvoir se maquiller, notamment mettre du rose à lèvres ou du mascara, seules, sans avoir accès. Pourquoi ? Parce que... parce que c'était des gestes qui étaient importants, qu'elles n'arrivaient plus à faire suite à leur... à cause de leurs conditions...

  • Speaker #0

    Cette perte de autonomie.

  • Speaker #1

    Voilà. Et quelque chose qu'elles n'osaient pas non plus nécessairement demander à quelqu'un d'autre de faire. Donc, le fait de pouvoir créer cet outil qui s'adapte à chacun pour donner cette liberté, c'est quelque chose qui est absolument génial. Et ça, on ne le fait que parce qu'on a quelqu'un dans l'équipe qui apporte cette idée. Donc, en termes de développement de produits et développement d'expérience, si on n'avait pas une équipe diversifiée, on ne l'aurait pas eu. Si on n'avait eu que des gens qui n'avaient jamais pensé à la maladie chronique.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est cette notion de créer pour, mais surtout avec.

  • Speaker #1

    Absolument. C'est vraiment ça qui est important. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vraiment ça qui est important. On en a un petit peu parlé, mais finalement, toi, tes projections futures, c'est quoi le grand défi du DNA dans les centres ? prochaines années et notamment avec ce contexte actuel, quels sont les enjeux finalement à anticiper ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'enjeu le plus important c'est de sortir de ce discours un peu très négatif qui actuellement tourne autour de la diversité, de l'équité, de l'inclusion, parce que ça fait peur et de dire que finalement en fait ça concerne tout le monde et notamment des hommes, et des hommes hétéros et des hommes blancs, qu'il n'y a pas cette notion d'allié. Cette notion de faire société, je pense que c'est ça l'enjeu. C'est de démontrer qu'il n'y a pas des communautés les unes contre les autres, que c'est ensemble qu'on va réussir à trouver les plus grandes découvertes, à lutter contre le changement climatique, à vraiment aborder, mais c'est le collectif. Donc je pense qu'il faut vraiment que cette notion de diversité, d'équité et d'inclusion se transforme. et ne représentent pas des personnes les unes contre les autres, ce qui malheureusement est un petit peu le cas parfois pour certains. Et donc moi, je le regrette parce que c'était absolument l'antithèse absolue de la création de ces notions-là. Mais au contraire, peut-être qu'il faudra qu'on change ce vocabulaire. Il faudra peut-être qu'on aille vers autre chose. Mais en tout cas, aujourd'hui, je ne sais pas lequel, mais ce qui est certain, c'est que l'enjeu, c'est d'arrêter de se définir les uns contre les autres et au contraire de voir par là. Concrètement, on a des enjeux humanitaires, humains, qu'on va pouvoir résoudre ensemble. On l'a vu pendant le Covid, pendant la crise sanitaire, on l'a vu à quel point, là, pour une fois, tout le monde s'est mis d'accord. Ou en tout cas, donc il faut espérer qu'il ne faut pas attendre une autre crise sanitaire mondiale pour se retrouver. Mais voilà, je pense qu'il faut qu'on se souvienne de cette bonne leçon-là. La seule chose qui était vraiment très positive.

  • Speaker #0

    Tu as raison, on prend note. Margaret avant de clôturer notre échange j'ai pour habitude de demander à mes invités quel conseil tu donnerais à une personne qui veut s'engager aujourd'hui dans ces métiers d'impact et d'inclusion je conseille vraiment

  • Speaker #1

    d'y aller je pense qu'il faut avoir du courage, je pense qu'il faut oser parler oser démontrer être posée, ne pas être prise par l'émotion ... parce que c'est souvent des sujets, comme si ça touche l'humain, ça touche aussi certaines personnes directement. Donc, je pense que ce qui est très important, c'est de démontrer à quel point c'est vital et que ça confirme tout le monde.

  • Speaker #0

    Je ne peux que partager, mais comment tu fais, toi, parfois, pour ne pas être prise par l'émotion ? Parce que moi, pour œuvrer depuis quelques années dans ce domaine, parfois, j'ai du mal à... J'essaye de prendre sur moi, mais j'ai du mal à ne pas être prise par l'émotion, parce que On est confronté à des gens où on ne se rend pas compte, c'est leur quotidien, et ils sont stigmatisés en permanence. Comment tu fais, toi, pour prendre du recul ? Ou peut-être que tu n'en prends pas ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en prends parce que sinon... Donc, en fait, je pense que la première chose, c'est la gestion des émotions. Arriver à les gérer, les entendre, les reconnaître. Et certainement pas les étouffer, mais par contre, ne se laisser pas complètement envahir par ça. Je pense que le rationnel... Je pense qu'aussi quand on est dans une situation comme on l'est aujourd'hui, il est important de rallier les autres. Donc il ne faut pas qu'on soit prise par l'émotion, mais il faut démontrer avec passion, mais avec des faits et des chiffres, pourquoi il faut se mettre tous autour de la même table pour œuvrer justement toutes ces causes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu aurais une personne à nous recommander ? d'invité au podcast hors ligne et qui porte des convictions similaires aux nôtres sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Alors, je pense à plein de gens, mais je pense à une personne en particulier, une personne qui dirige une organisation formidable qui s'appelle J'accueille. C'est David Robert. Il est passionné. Il est très engagé. et j'accueille, permet... à des nouveaux arrivants, à des exilés, d'être accueillis chez un habitant pendant au moins six mois, de vivre, d'apprendre, de décoder la culture en France pour pouvoir assurer une intégration formidable. Et ça fait plusieurs années que cette organisation existe. Les résultats sont extraordinaires, autant pour la personne qui est accueillie que pour l'accueillant. Et donc généralement, quand l'accueil part, il va prendre son appartement et son travail. L'accueillant réenchaîne avec un deuxième colocataire. C'est une très belle histoire. Je pense que ça sera un super invité.

  • Speaker #0

    Écoute, merci. J'ai noté. Et puis, ça rejoint bien ce que tu as dit à travers le podcast de cette notion d'humain et de communauté, que finalement, à plusieurs, c'est comme ça qu'on crée, qu'on construit. Un monde meilleur. Merci, mille merci, Margaret. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Marion. Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Hors Ligne, le podcast de la Content Square Foundation. La Content Square Foundation s'engage à bâtir un web plus accessible. Vous souhaitez en savoir plus, suivre notre formation gratuite et devenir un ambassadeur de l'accessibilité numérique ? Toutes les infos sont sur notre site. Et rendez-vous au prochain épisode.

Description

Dans ce nouvel épisode de Hors Ligne, Marion Ranvier, Directrice Générale de la Contentsquare Foundation, reçoit Margaret Johnston-Clarke, Directrice Générale Diversité Equité et Inclusion Monde, Groupe L'Oréal.


Franco-américaine, Margaret a débuté dans des ONG de lutte contre l’exclusion avant de gravir les échelons d’un groupe coté. Un parcours singulier, guidé par une conviction forte : l’inclusion est un levier de transformation pour les entreprises comme pour la société.


Elle revient sans détour sur ses débuts dans le monde associatif, son arrivée chez L’Oréal, les résistances rencontrées, mais aussi les petites victoires qui, jour après jour, font bouger les lignes.


Au fil de la conversation, on parle de handicap invisible, d’accessibilité numérique, de diversité culturelle mais surtout de ce que signifie agir concrètement pour un monde du travail plus juste, plus ouvert, plus humain.


🎧 Un épisode inspirant, profondément humain, qui questionne notre rapport à la différence et met en lumière le rôle clé de l’innovation pour bâtir une société réellement inclusive."

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La Contentsquare Foundation s'engage à bâtir un web plus accessible.

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Transcription

  • Speaker #0

    Apprendre, échanger, s'informer, travailler, mais aussi payer ses impôts, faire ses courses, se divertir et même tomber amoureux. Aujourd'hui, une grande partie de nos vies se déroulent en ligne. Mais que se passe-t-il pour celles et ceux qui n'y ont pas accès ? Pour plus d'un milliard de personnes dans le monde, être hors ligne ne relève pas d'un choix mais d'une contrainte. Bienvenue dans Hors ligne, le podcast qui remet l'inclusion au cœur du numérique. Je suis Marion Ranvier, directrice générale de la Content Square Foundation, et ici, je donne la parole à celles et ceux qui agissent, souvent dans l'ombre, pour un monde numérique plus accessible. Témoignages, parcours inspirants et réflexions pour bâtir un monde où personne ne reste hors ligne. Bonjour Margaret, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui dans le podcast Hors Ligne. Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marion, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Avant de débuter, est-ce que tu pourrais te présenter brièvement pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Donc, je dirige aujourd'hui, depuis 8 ans d'ailleurs, la diversité, l'équité et l'inclusion pour le couple réel au niveau du monde. Et j'ai 54 ans et je suis franco-américaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors j'aimerais maintenant parler de ton parcours. Tu l'as dit, tu es directrice mondiale de la diversité, équité et inclusion chez L'Oréal. Mais avant de rentrer dans le détail de tes responsabilités actuelles, est-ce que tu pourrais nous raconter comment tu en es arrivé là et quelles ont été les étapes finalement qui t'ont mené à un tel poste ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai démarré après des études de lettres et de communication. J'ai démarré dans le milieu associatif. en France. C'était au début des années 90 et c'était une première où on mettait autour de la table des pouvoirs publics, des collectivités locales et des entreprises petites, moyennes et grandes, du secteur privé comme du secteur public, pour lutter contre l'exclusion. Donc c'était vraiment une première dans le sens où c'était tous ces stakeholders qui n'avaient pas nécessairement l'habitude de travailler ensemble pour créer des parcours d'insertion vers l'emploi. Moi, je m'occupais plus particulièrement une fois que... les bénéficiaires rentraient dans le monde de l'entreprise, comment s'assurer que l'univers et le monde autour d'eux, et des équipes, soient vraiment le plus inclusifs possible. Donc il y avait un axe très important sur la sensibilisation, et notamment la lutte concrète contre le racisme ordinaire. Donc j'ai fait ça pendant sept ans, et ensuite j'ai rejoint le groupe L'Oréal en 2000, pour travailler sur ces questions plus spécifiquement de diversité. J'ai eu la chance de faire un petit pas de côté, et de découvrir chez L'Oréal les métiers de la communication, de travailler dans différentes marques et donc de vraiment comprendre la culture de l'entreprise, de la création d'un produit jusqu'à la fabrication, jusqu'au lancement produit. Et ça, c'était très important parce que ça m'a permis aujourd'hui de pouvoir vraiment intégrer toutes ces actions liées à la diversité et l'inclusion dans nos priorités et de démontrer à quel point, même si on travaille sur la peau et le cheveu chez L'Oréal, parce que c'est ce qu'on fait avec tous les... les produits de beauté, et pour répondre à toutes les questions de beauté au pluriel, c'était vraiment important d'avoir cette capacité à comprendre le mode de fonctionnement et comment on pouvait justement en bénéficier en étant de plus en plus inclusif.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est très intéressant. J'ai une question un peu qui me brûle les lèvres, mais comment finalement tu as vécu cette transition du monde associatif à un grand groupe ? côté en bourse ? Alors,

  • Speaker #1

    bizarrement, c'était très facile parce que le Réal a un esprit plutôt très entrepreneur où il faut être très agile et très créatif et être force de proposition. Et quand vous venez d'un secteur où il y a moins de moyens, qui est plus petit, sur un sujet qui n'est pas nécessairement très connu, en tout cas à l'époque, en 93, le terme exclusion n'était pas nécessairement compris par tous et par toutes. J'ai pu vraiment bénéficier de cette expérience-là pour pouvoir influencer et engager de plus en plus d'alliés en interne sur le réel, sur ces questions.

  • Speaker #0

    Et ça me fait une bonne transition parce qu'effectivement, comment tu as fait pour convaincre, notamment peut-être d'abord les dirigeants, puis ensuite les équipes et les collaborateurs pour embrasser ces enjeux qui n'étaient pas forcément au centre des priorités il y a encore quelques années ?

  • Speaker #1

    Alors la chance, c'est que notre leadership y croit beaucoup. Donc le département lui-même a été créé en 2002. Juste après mon arrivée, à l'international, il existe depuis 2005, donc ça fait 20 ans. Aujourd'hui, on célèbre les 20 ans de diversité, d'équité et d'inclusion. C'est quelque chose qui est complètement ancré dans les valeurs du groupe, c'est-à-dire zéro tolérance par rapport justement aux discriminations, ses valeurs d'équité, ses valeurs de partage, ses valeurs de tolérance. Ça, c'est un socle qui m'a beaucoup aidée. L'autre chose, c'est que notre métier est autour de l'estime de soi, de la beauté. Comment on peut accompagner des femmes, des hommes, des personnes, quels que soient leurs ans d'ailleurs, dans se sentir bien, se sentir bien dans leur peau, avec leurs cheveux, avec qui ils sont, avec leur âge, enfin dans leur âge. Donc ça, c'est vrai que c'est des choses où moi, j'ai fait corrélation entre qui nous sommes en tant qu'entreprise, nos valeurs, la façon dont on travaille, la façon dont on connecte avec nos consommateurs et nos consommatrices. parce que les gens, grâce aux réseaux sociaux, peuvent nous écrire en direct, peuvent réagir en direct, mais aussi avec nos sous-traitants. Donc, comment est-ce que cette chaîne de valeur, on la fait évrive et vraiment, on lui donne du sens par rapport à notre métier. Donc, convaincre, là où ça a été un challenge, c'est quand c'était un peu moins classique. Alors, par exemple, l'accessibilité numérique. Honnêtement, il y a huit ans... Ça a été un des premiers combats que moi j'ai menés. Je dis combat parce que ce n'était pas évident, étant donné qu'il n'y avait pas d'obligation réelle. Il y avait une méconcréhension et on avait tellement développé nous de plateformes numériques que l'idée de devoir justement les auditer, les adapter, repenser les briefs paraissait gigantesque. Et donc une façon de démontrer et d'engager, c'était de démontrer à quoi ressemble un site accessible versus un site... non accessible et de démontrer que finalement ça bénéficiait à tous et à toutes. Ce n'était pas que pour une minorité de personnes. Je pense que c'est ça qui est important. En tout cas, ma façon de faire ça a été toujours de démontrer, soit par des chiffres, soit par des faits, mais très concrets. J'ai beaucoup travaillé sur les 70-80% de handicap invisible à l'ONU chez le Réal, ce qu'on appelle « undisabled disabilities » , parce que c'est vrai que ça c'était peut-être moins connu. et que pendant très longtemps, on a stigmatisé le handicap à la chaise roulante, au braille. Et en fait, c'est beaucoup plus complexe et justement intéressant, parce que ça peut toucher énormément de personnes. Donc, en sensibilisant, en donnant des points très précis, ça a permis de faire le déclic. Et aujourd'hui, nos sites sont systématiquement audités. On est vraiment dans une démarche d'accessibilité numérique très avancée. On est loin d'être parfaits. mais on a vraiment cette démarche qui est vraiment ancrée dans l'ensemble de nos équipes digitales, mais aussi marketing.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est une vision finalement long terme et on le sait, l'accessibilité numérique comme d'autres sujets, c'est la mise en place d'une stratégie pour amorcer cette transformation. Il faut bien effectivement commencer quelque part, mais ce que j'aime bien dans ce que tu dis, c'est que c'est la preuve par l'exemple en fait de se mettre dans la... de tu l'as dit il ya une multitude multitude de handicaps et puis quand on n'est pas soi même porteur on a du mal à se représenter des difficultés oui et puis mon rôle c'était aussi de libérer la parole sur ça le

  • Speaker #1

    libérer la parole si je reprends l'exemple de personnes en situation de handicap mais c'était vrai aussi pour des personnes survivantes de violences conjugales ou de personnes qui étaient victimes de racisme ça c'est des choses qu'on a pu évoqué et qu'on a mis en place et qu'on a adressé en interne, pas juste parce qu'il y avait Black Lives Matter ou parce qu'il y avait une actualité, on le faisait de manière très sincère, parce que l'entreprise, on y passe beaucoup de temps, enfin l'entreprise, le travail et on sait très bien que si on peut être soi-même, si on a les outils pour mieux travailler, les conditions, mais aussi l'écoute et l'empathie, on va être beaucoup plus efficace et performant. Donc ça, c'est pas... très nouveau, néanmoins de le démontrer. Et nous, on travaille sur des sujets très vastes. Donc, évidemment, le handicap, mais aussi tout ce qui est lié à la lutte contre le déclassement des personnes réfugiées. Quel est le rôle de l'entreprise par rapport à ça, vu le nombre grandissant de personnes qui sont obligées de quitter leur pays pour des raisons climatiques, politiques ou économiques ? Quel est le rôle d'une grande entreprise quand on a des talents qui arrivent ? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour justement créer ces fonds ? Mais c'est la même chose sur les violences faites aux femmes, violences homophobes. Donc on a un rôle aujourd'hui en tant qu'entreprise, je pense, qui devient absolument crucial. Et donc on doit repenser. On doit continuer à repenser non seulement notre rôle, mais aussi notre responsabilité.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et de travailler avec la société civile, avec des associations, et surtout avec d'autres entreprises pour pouvoir, loin de nos forces, et aussi être une partie de la solution.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant et je me demande aussi comment tu fais, parce que nous, sur le sujet du handicap, qu'on travaille au sein de la fondation Content Square, en fonction des lois et en fonction des pays, tu ne peux pas... pas mesurer de la même manière et questionner aussi les employés de la même manière. Ça, c'est important parce que dans nos reporting ou quand on veut adapter des postes de travail, on a besoin de poser ces questions et on est parfois un petit peu bloqué. Or, c'est pour le bien de nos collaborateurs et de nos employés. Mais comment tu fais ? Parce que du coup, vous êtes un groupe international.

  • Speaker #1

    Alors, on a la chance en France d'avoir un certain nombre de lois. Que ça soit d'ailleurs sur la déclaration de personnes en situation de handicap en emploi direct, ou que ça soit sur, par exemple, l'équité des salaires, ou que ça soit par rapport aux femmes dans des postes de dirigeants. Donc ça, je l'applique en fait sur l'ensemble de nos filiales. Aujourd'hui, on a plus de 90 000 collaborateurs, mais on n'a pas 90 000 personnes en France. On n'en a que 14 000. Donc l'idée, c'est de pouvoir utiliser ça. comme une bonne pratique. Et ensuite, on n'a pas de quota. Par contre, on a des objectifs. Donc, par exemple, sur les personnes en situation de handicap, il y a la moitié de nos filiales, dont la France, où il y a des règles très spécifiques, avec des pourcentages, mais dans l'autre moitié, il n'y en a pas. Donc, j'ai proposé, depuis mon arrivée, qu'on ait un objectif d'atteindre un minimum d'au moins 2 % de nos collaborateurs et nos collaboratrices qui sont en situation de handicap. qui osent déclarer et qu'on assure cet accompagnement. Aujourd'hui, en 2024, on a plus de 2% de nos collaborateurs qui ont fait cet exercice-là au niveau mondial. Donc, on a revu ces objectifs à la hausse pour 2030 et 35. Donc, on se sert de ces ambitions pour pouvoir justement les partager à l'ensemble de nos filiales. On le fait aussi avec nos sous-traitants. On travaille beaucoup. main dans la main avec nos sous-traitants pour justement pouvoir favoriser en emploi indirect aussi des personnes en situation de handicap, mais aussi des personnes réfugiées. L'année dernière, on a pu embaucher grâce à ça, par exemple, plus de 200 personnes exilées grâce à nos prestataires, à nos sous-traitants. Donc, c'est des choses où on peut vraiment faire un impact collectif. Je pense que ces objectifs sont clés et c'est pour ça que le fait qu'aujourd'hui, il y a tellement de mots qui sont de mots émotifs, qui sont challengés dans certains pays, comme par exemple aux États-Unis. C'est très, très grave parce que ce début de censure a un impact sur la recherche qui est ensuite faite. Par exemple, si je prends le terme « accessibilité » ou « handicap » , qui sont donc des mots qui font partie de cette fameuse liste, laïvité, voire à bannir, si ça disparaît, il n'y aura plus de financement, il n'y aura pas d'éducation. et donc on va... plus pouvoir adresser et on va invisibiliser ce sujet-là. Donc malheureusement, dans mon domaine, ce n'est pas que l'accessibilité et le handicap, mais c'est aussi les femmes, les hommes, les noirs, les personnes asiatiques. C'est absolument toute la communauté qui fait notre richesse. Donc le fait de stigmatiser des communautés, de pouvoir les effacer, c'est complètement contraire à ce que...

  • Speaker #0

    pourquoi on se bat depuis des années.

  • Speaker #1

    On fait aujourd'hui au XXIe siècle. C'est loin d'être parfait, malheureusement, comme on peut le constater, mais on a quand même fait des avancées, notamment en termes de droits humains, qui sont aujourd'hui challengés, voire parfois même remis en question du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Et alors, comment on s'y prépare et comment on fait dans ces moments-là ? Parce que tout ce qu'on est en train de dire, ces communautés, c'est un impératif de citoyenneté. Et toi, avec ton poste, Depuis des années, tu te bats pour ces droits.

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que... Alors moi, je travaille beaucoup sur le langage, comme tu as pu le constater. Donc par exemple, si je reviens sur notre métier, la peau et les cheveux. La peau, par exemple, il y a des termes qui sont utilisés depuis le XVIIIe siècle pour qualifier les différentes couleurs de peau. Ces termes sont souvent issus pour des raisons... À l'époque, ils sont complètement... propos, on va dire, racistes et impossibles. Donc j'ai mené avec des experts externes, mais aussi avec beaucoup d'alliés en interne, des travaux, des études et des publications pour pouvoir faire évoluer ces termes-là, par exemple pour bannir le terme caucasien. qui est un terme pour définir la peau blanche, qui est un terme qui est complètement raciste, mais aussi qu'on évite de parler d'Africain-Américain quand on veut dire la peau plus foncée ou la peau noire. Donc, avoir des termes beaucoup plus simples, clairs. Par contre, il faut qu'on ait un langage commun avec d'autres scientifiques. Donc, c'est pour ça qu'il faut qu'on publie, qu'on copublie. Donc, c'est changer les mentalités, mais c'est aussi changer les mots. C'est la même chose pour le handicap. Parfois, il ne faut pas être trop... En anglais, on a essayé de revoir le terme de handicap en le positivant. Parfois, on se perd un peu, je pense, en voulant être trop politiquement correct. Je pense qu'il faut être beaucoup plus précis et direct. mais les mots, le fait d'adresser ces sujets là, c'est un vrai, je pense que c'est là où nous on doit continuer à œuvrer. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de la situation actuelle parce qu'on voit à quel point dans plusieurs pays... Il y a des choses qui sont en train d'évoluer pas dans le meilleur sens. Et donc, nous, ensemble, en tant qu'entreprise, mais aussi avec la société civile, il faut vraiment qu'on arrive à informer. Donc, je pense que ça passe par l'éducation. Je pense que, tout simplement, il faut qu'on continue à informer, à expliquer. Et que, par exemple, si je prends l'accessibilité numérique, c'est pas que pour des personnes qui ont perdu la vue à la naissance, c'est pour des personnes qui perdent la vue parce qu'elles ont plus de 50 ans, parce qu'elles n'ont pas nécessairement leurs lunettes quand elles font leur... courses en ligne, qu'elles ont besoin de voir, comme nous on a ce même problème sur les étiquettes de nos produits. Dans la douche, un shampoing, il faut que ce soit quand même lisible si vous lavez les cheveux pour savoir la différence entre le soin et le shampoing et que vous ne portez pas vos lunettes, ce que d'habitude on ne fait pas quand on se lave les cheveux par exemple. Donc il faut vraiment se mettre dans cette idée de penser à l'autre et à nos consommateurs, de les écouter. et de ne pas uniquement se laisser porter par des tendances qui peuvent être un peu limitantes.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant parce que finalement, tous tes travaux et vos travaux avec ton équipe, de cette notion de recherche des mots, pour qu'on utilise d'ailleurs tous le même vocabulaire, est intrinsèquement lié avec les produits. notamment la description produit donc il y a un changement de paradigme et un changement des mentalités qu'il faut imposer finalement absolument et on voit le succès par exemple avec une de nos marques qui est Aesop,

  • Speaker #1

    une marque australienne qui est une marque complètement non genrée donc les produits et la gamme très extensive de produits qui proposent de soins, de parfums et de soins capillaires aussi Merci. sont pas du tout genrés et on voit à quel point l'expérience, ça se passe souvent en magasin, c'est leur modèle, est complètement différent et peut plaire à des hommes, à des femmes, à des personnes, quel que soit leur genre en fait. Donc c'est aussi un paradigme différent de faire du marketing qui soit pas genré. Donc oui bien sûr, nous c'est complètement, il y a un impact direct je pense, entre ces valeurs, alors je sais pas s'il faut parler de valeurs, de principes peut-être, pour permettre à chacun d'être soi-même. au bureau, d'être fiers de leurs différences. Il y a un terme en français, on parle beaucoup de diversité, sans parfois comprendre peut-être nécessairement ce que ça veut dire. En France, quand on parle de diversité, ça veut dire quelqu'un qui est issu des diversités, quelqu'un qui est de couleur. En fait, le terme diversité est écrit aux États-Unis, c'est pour parler d'un collectif. Nous sommes tous uniques, mais ensemble, on compose une équipe. diversifié avec une éducation différente, des traditions différentes, peut-être même une religion différente, un genre différent. Enfin bref, on se compose avec plein de facettes. Donc on parle de l'intersectionnalité, mais c'est un terme qui malheureusement n'est pas très bien traduit à ce jour, mais c'est vrai que ce terme-là permet de démontrer la diversité d'une équipe, mais l'uniqueness, la différence de chacun. Et ça, je pense que pour revenir sur ça, c'est important de l'expliquer. Comme ce qu'on entend par équité, on n'a pas tous les mêmes chances, donc c'est là où l'accessibilité vraiment est importante, pareil pour l'inclusion.

  • Speaker #0

    Et est-ce que, Marguerite, tu penses qu'aujourd'hui, je fais le parallèle un peu avec l'éducation, est-ce que tu penses que les futures générations sont conscientes de la définition de ces enjeux et est-ce que tu penses qu'à l'école, on leur apprend assez aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépend dans quel pays. Je pense qu'il y a des valeurs, bien sûr, il y a des principes qui sont évoqués, la tolérance, l'écoute, bien sûr. Là aujourd'hui, ce qu'on voit malheureusement dans certains pays où justement les mots étant bannis, il y a des départements entiers de certaines universités, des livres qui sont bannis sur l'identité ou l'expression de genre, sur l'ethnicité. Demain, je ne sais pas. J'espère que c'est qu'un moment et que grâce à la multiplicité de façons de s'informer, on va continuer à partager ces savoirs. Mais en même temps, quand on voit ce qui se passe en termes de communication et aussi qui gère la communication côté médias, ce n'est pas évident. Donc il faut espérer, oui, et je pense que l'utilité de podcasts comme les vôtres, c'est précisément d'apporter des voix différentes. pour que les gens puissent choisir et écouter des parcours de vie, des approches différentes. Je trouve ça formidable, mais peut-être qu'en effet, le podcast et d'autres outils de ce type sont la solution.

  • Speaker #0

    Je fais le lien parce que L'Oréal fait partie du consortium Accessibilité Numérique qu'on a créé fin 2024. Ensemble, on œuvre. pour sensibiliser les futures générations aux enjeux de l'accessibilité numérique. Et ce constat, quand on s'est tous réunis, on le porte au effort de se dire ce n'est pas possible que les futures générations de leaders ne connaissent pas aujourd'hui et sortent de l'école sans jamais avoir entendu parler de l'accessibilité numérique. Parce que tu l'as dit tout à l'heure, il faut convaincre, mais pour convaincre, il faut comprendre le sujet, comprendre d'abord les différents handicaps. les différents besoins. Et ensuite, pour prioriser ces sujets, il faut avoir la big picture et vraiment comprendre. Et donc, effectivement, on s'est dit, avec ce consortium d'acteurs, qu'il était de notre responsabilité d'œuvrer en créant cette formation e-learning gratuite à destination des élèves. Et moi, je me dis que c'est que le début, c'est que les prémices, mais on a encore plein de choses à construire. Et peut-être que demain, on peut aussi intégrer d'autres sujets. Et j'aime bien cette notion que tu as de... d'aller un peu décortiquer les mots et de revenir finalement à l'essence et la définition des mots. Il y aura peut-être des choses à créer demain qui ne sont pas de l'accessibilité numérique, mais d'autres sujets que toi, tu portes de cette notion de diversité-inclusion.

  • Speaker #1

    Je trouve que, enfin moi, je trouve ça absolument génial. Donc oui, bien sûr, je ne peux que soutenir ces initiatives. Je pense qu'il faut aussi revoir qui les métiers derrière. C'est-à-dire que moi, j'ai beaucoup travaillé sur l'accès aux sciences pour les jeunes filles. pour déconstruire des stéréotypes quand je travaillais à la Fondation L'Oréal. Et c'est vrai que pour créer des algorithmes inclusifs, pour s'assurer que demain nos plateformes puissent vraiment être adaptées à tous et à toutes, il faut qu'il y ait aussi une diversité de profils qui réfléchissent à comment ça doit être construit, à qui ça doit s'adresser. Donc ce n'est pas uniquement de sensibiliser des consommateurs ou des collaborateurs et des collaboratrices sur ce que c'est que l'accessibilité numérique, c'est aussi de créer des assets. et des outils numériques qui soient accessibles pour tous. Nous, on le voit par exemple chez L'Oréal, l'année dernière, on a lancé, il y a deux ans, on a lancé avec la marque Lancôme, Apta, qui était un outil généré par l'intelligence artificielle pour pouvoir permettre à des personnes qui ont des maladies chroniques et qui souffrent de tremblements de pouvoir être indépendants et pouvoir se maquiller, notamment mettre du rose à lèvres ou du mascara, seules, sans avoir accès. Pourquoi ? Parce que... parce que c'était des gestes qui étaient importants, qu'elles n'arrivaient plus à faire suite à leur... à cause de leurs conditions...

  • Speaker #0

    Cette perte de autonomie.

  • Speaker #1

    Voilà. Et quelque chose qu'elles n'osaient pas non plus nécessairement demander à quelqu'un d'autre de faire. Donc, le fait de pouvoir créer cet outil qui s'adapte à chacun pour donner cette liberté, c'est quelque chose qui est absolument génial. Et ça, on ne le fait que parce qu'on a quelqu'un dans l'équipe qui apporte cette idée. Donc, en termes de développement de produits et développement d'expérience, si on n'avait pas une équipe diversifiée, on ne l'aurait pas eu. Si on n'avait eu que des gens qui n'avaient jamais pensé à la maladie chronique.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est cette notion de créer pour, mais surtout avec.

  • Speaker #1

    Absolument. C'est vraiment ça qui est important. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vraiment ça qui est important. On en a un petit peu parlé, mais finalement, toi, tes projections futures, c'est quoi le grand défi du DNA dans les centres ? prochaines années et notamment avec ce contexte actuel, quels sont les enjeux finalement à anticiper ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'enjeu le plus important c'est de sortir de ce discours un peu très négatif qui actuellement tourne autour de la diversité, de l'équité, de l'inclusion, parce que ça fait peur et de dire que finalement en fait ça concerne tout le monde et notamment des hommes, et des hommes hétéros et des hommes blancs, qu'il n'y a pas cette notion d'allié. Cette notion de faire société, je pense que c'est ça l'enjeu. C'est de démontrer qu'il n'y a pas des communautés les unes contre les autres, que c'est ensemble qu'on va réussir à trouver les plus grandes découvertes, à lutter contre le changement climatique, à vraiment aborder, mais c'est le collectif. Donc je pense qu'il faut vraiment que cette notion de diversité, d'équité et d'inclusion se transforme. et ne représentent pas des personnes les unes contre les autres, ce qui malheureusement est un petit peu le cas parfois pour certains. Et donc moi, je le regrette parce que c'était absolument l'antithèse absolue de la création de ces notions-là. Mais au contraire, peut-être qu'il faudra qu'on change ce vocabulaire. Il faudra peut-être qu'on aille vers autre chose. Mais en tout cas, aujourd'hui, je ne sais pas lequel, mais ce qui est certain, c'est que l'enjeu, c'est d'arrêter de se définir les uns contre les autres et au contraire de voir par là. Concrètement, on a des enjeux humanitaires, humains, qu'on va pouvoir résoudre ensemble. On l'a vu pendant le Covid, pendant la crise sanitaire, on l'a vu à quel point, là, pour une fois, tout le monde s'est mis d'accord. Ou en tout cas, donc il faut espérer qu'il ne faut pas attendre une autre crise sanitaire mondiale pour se retrouver. Mais voilà, je pense qu'il faut qu'on se souvienne de cette bonne leçon-là. La seule chose qui était vraiment très positive.

  • Speaker #0

    Tu as raison, on prend note. Margaret avant de clôturer notre échange j'ai pour habitude de demander à mes invités quel conseil tu donnerais à une personne qui veut s'engager aujourd'hui dans ces métiers d'impact et d'inclusion je conseille vraiment

  • Speaker #1

    d'y aller je pense qu'il faut avoir du courage, je pense qu'il faut oser parler oser démontrer être posée, ne pas être prise par l'émotion ... parce que c'est souvent des sujets, comme si ça touche l'humain, ça touche aussi certaines personnes directement. Donc, je pense que ce qui est très important, c'est de démontrer à quel point c'est vital et que ça confirme tout le monde.

  • Speaker #0

    Je ne peux que partager, mais comment tu fais, toi, parfois, pour ne pas être prise par l'émotion ? Parce que moi, pour œuvrer depuis quelques années dans ce domaine, parfois, j'ai du mal à... J'essaye de prendre sur moi, mais j'ai du mal à ne pas être prise par l'émotion, parce que On est confronté à des gens où on ne se rend pas compte, c'est leur quotidien, et ils sont stigmatisés en permanence. Comment tu fais, toi, pour prendre du recul ? Ou peut-être que tu n'en prends pas ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en prends parce que sinon... Donc, en fait, je pense que la première chose, c'est la gestion des émotions. Arriver à les gérer, les entendre, les reconnaître. Et certainement pas les étouffer, mais par contre, ne se laisser pas complètement envahir par ça. Je pense que le rationnel... Je pense qu'aussi quand on est dans une situation comme on l'est aujourd'hui, il est important de rallier les autres. Donc il ne faut pas qu'on soit prise par l'émotion, mais il faut démontrer avec passion, mais avec des faits et des chiffres, pourquoi il faut se mettre tous autour de la même table pour œuvrer justement toutes ces causes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu aurais une personne à nous recommander ? d'invité au podcast hors ligne et qui porte des convictions similaires aux nôtres sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Alors, je pense à plein de gens, mais je pense à une personne en particulier, une personne qui dirige une organisation formidable qui s'appelle J'accueille. C'est David Robert. Il est passionné. Il est très engagé. et j'accueille, permet... à des nouveaux arrivants, à des exilés, d'être accueillis chez un habitant pendant au moins six mois, de vivre, d'apprendre, de décoder la culture en France pour pouvoir assurer une intégration formidable. Et ça fait plusieurs années que cette organisation existe. Les résultats sont extraordinaires, autant pour la personne qui est accueillie que pour l'accueillant. Et donc généralement, quand l'accueil part, il va prendre son appartement et son travail. L'accueillant réenchaîne avec un deuxième colocataire. C'est une très belle histoire. Je pense que ça sera un super invité.

  • Speaker #0

    Écoute, merci. J'ai noté. Et puis, ça rejoint bien ce que tu as dit à travers le podcast de cette notion d'humain et de communauté, que finalement, à plusieurs, c'est comme ça qu'on crée, qu'on construit. Un monde meilleur. Merci, mille merci, Margaret. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Marion. Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Hors Ligne, le podcast de la Content Square Foundation. La Content Square Foundation s'engage à bâtir un web plus accessible. Vous souhaitez en savoir plus, suivre notre formation gratuite et devenir un ambassadeur de l'accessibilité numérique ? Toutes les infos sont sur notre site. Et rendez-vous au prochain épisode.

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Dans ce nouvel épisode de Hors Ligne, Marion Ranvier, Directrice Générale de la Contentsquare Foundation, reçoit Margaret Johnston-Clarke, Directrice Générale Diversité Equité et Inclusion Monde, Groupe L'Oréal.


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🎧 Un épisode inspirant, profondément humain, qui questionne notre rapport à la différence et met en lumière le rôle clé de l’innovation pour bâtir une société réellement inclusive."

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Transcription

  • Speaker #0

    Apprendre, échanger, s'informer, travailler, mais aussi payer ses impôts, faire ses courses, se divertir et même tomber amoureux. Aujourd'hui, une grande partie de nos vies se déroulent en ligne. Mais que se passe-t-il pour celles et ceux qui n'y ont pas accès ? Pour plus d'un milliard de personnes dans le monde, être hors ligne ne relève pas d'un choix mais d'une contrainte. Bienvenue dans Hors ligne, le podcast qui remet l'inclusion au cœur du numérique. Je suis Marion Ranvier, directrice générale de la Content Square Foundation, et ici, je donne la parole à celles et ceux qui agissent, souvent dans l'ombre, pour un monde numérique plus accessible. Témoignages, parcours inspirants et réflexions pour bâtir un monde où personne ne reste hors ligne. Bonjour Margaret, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui dans le podcast Hors Ligne. Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marion, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Avant de débuter, est-ce que tu pourrais te présenter brièvement pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Donc, je dirige aujourd'hui, depuis 8 ans d'ailleurs, la diversité, l'équité et l'inclusion pour le couple réel au niveau du monde. Et j'ai 54 ans et je suis franco-américaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors j'aimerais maintenant parler de ton parcours. Tu l'as dit, tu es directrice mondiale de la diversité, équité et inclusion chez L'Oréal. Mais avant de rentrer dans le détail de tes responsabilités actuelles, est-ce que tu pourrais nous raconter comment tu en es arrivé là et quelles ont été les étapes finalement qui t'ont mené à un tel poste ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai démarré après des études de lettres et de communication. J'ai démarré dans le milieu associatif. en France. C'était au début des années 90 et c'était une première où on mettait autour de la table des pouvoirs publics, des collectivités locales et des entreprises petites, moyennes et grandes, du secteur privé comme du secteur public, pour lutter contre l'exclusion. Donc c'était vraiment une première dans le sens où c'était tous ces stakeholders qui n'avaient pas nécessairement l'habitude de travailler ensemble pour créer des parcours d'insertion vers l'emploi. Moi, je m'occupais plus particulièrement une fois que... les bénéficiaires rentraient dans le monde de l'entreprise, comment s'assurer que l'univers et le monde autour d'eux, et des équipes, soient vraiment le plus inclusifs possible. Donc il y avait un axe très important sur la sensibilisation, et notamment la lutte concrète contre le racisme ordinaire. Donc j'ai fait ça pendant sept ans, et ensuite j'ai rejoint le groupe L'Oréal en 2000, pour travailler sur ces questions plus spécifiquement de diversité. J'ai eu la chance de faire un petit pas de côté, et de découvrir chez L'Oréal les métiers de la communication, de travailler dans différentes marques et donc de vraiment comprendre la culture de l'entreprise, de la création d'un produit jusqu'à la fabrication, jusqu'au lancement produit. Et ça, c'était très important parce que ça m'a permis aujourd'hui de pouvoir vraiment intégrer toutes ces actions liées à la diversité et l'inclusion dans nos priorités et de démontrer à quel point, même si on travaille sur la peau et le cheveu chez L'Oréal, parce que c'est ce qu'on fait avec tous les... les produits de beauté, et pour répondre à toutes les questions de beauté au pluriel, c'était vraiment important d'avoir cette capacité à comprendre le mode de fonctionnement et comment on pouvait justement en bénéficier en étant de plus en plus inclusif.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est très intéressant. J'ai une question un peu qui me brûle les lèvres, mais comment finalement tu as vécu cette transition du monde associatif à un grand groupe ? côté en bourse ? Alors,

  • Speaker #1

    bizarrement, c'était très facile parce que le Réal a un esprit plutôt très entrepreneur où il faut être très agile et très créatif et être force de proposition. Et quand vous venez d'un secteur où il y a moins de moyens, qui est plus petit, sur un sujet qui n'est pas nécessairement très connu, en tout cas à l'époque, en 93, le terme exclusion n'était pas nécessairement compris par tous et par toutes. J'ai pu vraiment bénéficier de cette expérience-là pour pouvoir influencer et engager de plus en plus d'alliés en interne sur le réel, sur ces questions.

  • Speaker #0

    Et ça me fait une bonne transition parce qu'effectivement, comment tu as fait pour convaincre, notamment peut-être d'abord les dirigeants, puis ensuite les équipes et les collaborateurs pour embrasser ces enjeux qui n'étaient pas forcément au centre des priorités il y a encore quelques années ?

  • Speaker #1

    Alors la chance, c'est que notre leadership y croit beaucoup. Donc le département lui-même a été créé en 2002. Juste après mon arrivée, à l'international, il existe depuis 2005, donc ça fait 20 ans. Aujourd'hui, on célèbre les 20 ans de diversité, d'équité et d'inclusion. C'est quelque chose qui est complètement ancré dans les valeurs du groupe, c'est-à-dire zéro tolérance par rapport justement aux discriminations, ses valeurs d'équité, ses valeurs de partage, ses valeurs de tolérance. Ça, c'est un socle qui m'a beaucoup aidée. L'autre chose, c'est que notre métier est autour de l'estime de soi, de la beauté. Comment on peut accompagner des femmes, des hommes, des personnes, quels que soient leurs ans d'ailleurs, dans se sentir bien, se sentir bien dans leur peau, avec leurs cheveux, avec qui ils sont, avec leur âge, enfin dans leur âge. Donc ça, c'est vrai que c'est des choses où moi, j'ai fait corrélation entre qui nous sommes en tant qu'entreprise, nos valeurs, la façon dont on travaille, la façon dont on connecte avec nos consommateurs et nos consommatrices. parce que les gens, grâce aux réseaux sociaux, peuvent nous écrire en direct, peuvent réagir en direct, mais aussi avec nos sous-traitants. Donc, comment est-ce que cette chaîne de valeur, on la fait évrive et vraiment, on lui donne du sens par rapport à notre métier. Donc, convaincre, là où ça a été un challenge, c'est quand c'était un peu moins classique. Alors, par exemple, l'accessibilité numérique. Honnêtement, il y a huit ans... Ça a été un des premiers combats que moi j'ai menés. Je dis combat parce que ce n'était pas évident, étant donné qu'il n'y avait pas d'obligation réelle. Il y avait une méconcréhension et on avait tellement développé nous de plateformes numériques que l'idée de devoir justement les auditer, les adapter, repenser les briefs paraissait gigantesque. Et donc une façon de démontrer et d'engager, c'était de démontrer à quoi ressemble un site accessible versus un site... non accessible et de démontrer que finalement ça bénéficiait à tous et à toutes. Ce n'était pas que pour une minorité de personnes. Je pense que c'est ça qui est important. En tout cas, ma façon de faire ça a été toujours de démontrer, soit par des chiffres, soit par des faits, mais très concrets. J'ai beaucoup travaillé sur les 70-80% de handicap invisible à l'ONU chez le Réal, ce qu'on appelle « undisabled disabilities » , parce que c'est vrai que ça c'était peut-être moins connu. et que pendant très longtemps, on a stigmatisé le handicap à la chaise roulante, au braille. Et en fait, c'est beaucoup plus complexe et justement intéressant, parce que ça peut toucher énormément de personnes. Donc, en sensibilisant, en donnant des points très précis, ça a permis de faire le déclic. Et aujourd'hui, nos sites sont systématiquement audités. On est vraiment dans une démarche d'accessibilité numérique très avancée. On est loin d'être parfaits. mais on a vraiment cette démarche qui est vraiment ancrée dans l'ensemble de nos équipes digitales, mais aussi marketing.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est une vision finalement long terme et on le sait, l'accessibilité numérique comme d'autres sujets, c'est la mise en place d'une stratégie pour amorcer cette transformation. Il faut bien effectivement commencer quelque part, mais ce que j'aime bien dans ce que tu dis, c'est que c'est la preuve par l'exemple en fait de se mettre dans la... de tu l'as dit il ya une multitude multitude de handicaps et puis quand on n'est pas soi même porteur on a du mal à se représenter des difficultés oui et puis mon rôle c'était aussi de libérer la parole sur ça le

  • Speaker #1

    libérer la parole si je reprends l'exemple de personnes en situation de handicap mais c'était vrai aussi pour des personnes survivantes de violences conjugales ou de personnes qui étaient victimes de racisme ça c'est des choses qu'on a pu évoqué et qu'on a mis en place et qu'on a adressé en interne, pas juste parce qu'il y avait Black Lives Matter ou parce qu'il y avait une actualité, on le faisait de manière très sincère, parce que l'entreprise, on y passe beaucoup de temps, enfin l'entreprise, le travail et on sait très bien que si on peut être soi-même, si on a les outils pour mieux travailler, les conditions, mais aussi l'écoute et l'empathie, on va être beaucoup plus efficace et performant. Donc ça, c'est pas... très nouveau, néanmoins de le démontrer. Et nous, on travaille sur des sujets très vastes. Donc, évidemment, le handicap, mais aussi tout ce qui est lié à la lutte contre le déclassement des personnes réfugiées. Quel est le rôle de l'entreprise par rapport à ça, vu le nombre grandissant de personnes qui sont obligées de quitter leur pays pour des raisons climatiques, politiques ou économiques ? Quel est le rôle d'une grande entreprise quand on a des talents qui arrivent ? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour justement créer ces fonds ? Mais c'est la même chose sur les violences faites aux femmes, violences homophobes. Donc on a un rôle aujourd'hui en tant qu'entreprise, je pense, qui devient absolument crucial. Et donc on doit repenser. On doit continuer à repenser non seulement notre rôle, mais aussi notre responsabilité.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et de travailler avec la société civile, avec des associations, et surtout avec d'autres entreprises pour pouvoir, loin de nos forces, et aussi être une partie de la solution.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant et je me demande aussi comment tu fais, parce que nous, sur le sujet du handicap, qu'on travaille au sein de la fondation Content Square, en fonction des lois et en fonction des pays, tu ne peux pas... pas mesurer de la même manière et questionner aussi les employés de la même manière. Ça, c'est important parce que dans nos reporting ou quand on veut adapter des postes de travail, on a besoin de poser ces questions et on est parfois un petit peu bloqué. Or, c'est pour le bien de nos collaborateurs et de nos employés. Mais comment tu fais ? Parce que du coup, vous êtes un groupe international.

  • Speaker #1

    Alors, on a la chance en France d'avoir un certain nombre de lois. Que ça soit d'ailleurs sur la déclaration de personnes en situation de handicap en emploi direct, ou que ça soit sur, par exemple, l'équité des salaires, ou que ça soit par rapport aux femmes dans des postes de dirigeants. Donc ça, je l'applique en fait sur l'ensemble de nos filiales. Aujourd'hui, on a plus de 90 000 collaborateurs, mais on n'a pas 90 000 personnes en France. On n'en a que 14 000. Donc l'idée, c'est de pouvoir utiliser ça. comme une bonne pratique. Et ensuite, on n'a pas de quota. Par contre, on a des objectifs. Donc, par exemple, sur les personnes en situation de handicap, il y a la moitié de nos filiales, dont la France, où il y a des règles très spécifiques, avec des pourcentages, mais dans l'autre moitié, il n'y en a pas. Donc, j'ai proposé, depuis mon arrivée, qu'on ait un objectif d'atteindre un minimum d'au moins 2 % de nos collaborateurs et nos collaboratrices qui sont en situation de handicap. qui osent déclarer et qu'on assure cet accompagnement. Aujourd'hui, en 2024, on a plus de 2% de nos collaborateurs qui ont fait cet exercice-là au niveau mondial. Donc, on a revu ces objectifs à la hausse pour 2030 et 35. Donc, on se sert de ces ambitions pour pouvoir justement les partager à l'ensemble de nos filiales. On le fait aussi avec nos sous-traitants. On travaille beaucoup. main dans la main avec nos sous-traitants pour justement pouvoir favoriser en emploi indirect aussi des personnes en situation de handicap, mais aussi des personnes réfugiées. L'année dernière, on a pu embaucher grâce à ça, par exemple, plus de 200 personnes exilées grâce à nos prestataires, à nos sous-traitants. Donc, c'est des choses où on peut vraiment faire un impact collectif. Je pense que ces objectifs sont clés et c'est pour ça que le fait qu'aujourd'hui, il y a tellement de mots qui sont de mots émotifs, qui sont challengés dans certains pays, comme par exemple aux États-Unis. C'est très, très grave parce que ce début de censure a un impact sur la recherche qui est ensuite faite. Par exemple, si je prends le terme « accessibilité » ou « handicap » , qui sont donc des mots qui font partie de cette fameuse liste, laïvité, voire à bannir, si ça disparaît, il n'y aura plus de financement, il n'y aura pas d'éducation. et donc on va... plus pouvoir adresser et on va invisibiliser ce sujet-là. Donc malheureusement, dans mon domaine, ce n'est pas que l'accessibilité et le handicap, mais c'est aussi les femmes, les hommes, les noirs, les personnes asiatiques. C'est absolument toute la communauté qui fait notre richesse. Donc le fait de stigmatiser des communautés, de pouvoir les effacer, c'est complètement contraire à ce que...

  • Speaker #0

    pourquoi on se bat depuis des années.

  • Speaker #1

    On fait aujourd'hui au XXIe siècle. C'est loin d'être parfait, malheureusement, comme on peut le constater, mais on a quand même fait des avancées, notamment en termes de droits humains, qui sont aujourd'hui challengés, voire parfois même remis en question du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Et alors, comment on s'y prépare et comment on fait dans ces moments-là ? Parce que tout ce qu'on est en train de dire, ces communautés, c'est un impératif de citoyenneté. Et toi, avec ton poste, Depuis des années, tu te bats pour ces droits.

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que... Alors moi, je travaille beaucoup sur le langage, comme tu as pu le constater. Donc par exemple, si je reviens sur notre métier, la peau et les cheveux. La peau, par exemple, il y a des termes qui sont utilisés depuis le XVIIIe siècle pour qualifier les différentes couleurs de peau. Ces termes sont souvent issus pour des raisons... À l'époque, ils sont complètement... propos, on va dire, racistes et impossibles. Donc j'ai mené avec des experts externes, mais aussi avec beaucoup d'alliés en interne, des travaux, des études et des publications pour pouvoir faire évoluer ces termes-là, par exemple pour bannir le terme caucasien. qui est un terme pour définir la peau blanche, qui est un terme qui est complètement raciste, mais aussi qu'on évite de parler d'Africain-Américain quand on veut dire la peau plus foncée ou la peau noire. Donc, avoir des termes beaucoup plus simples, clairs. Par contre, il faut qu'on ait un langage commun avec d'autres scientifiques. Donc, c'est pour ça qu'il faut qu'on publie, qu'on copublie. Donc, c'est changer les mentalités, mais c'est aussi changer les mots. C'est la même chose pour le handicap. Parfois, il ne faut pas être trop... En anglais, on a essayé de revoir le terme de handicap en le positivant. Parfois, on se perd un peu, je pense, en voulant être trop politiquement correct. Je pense qu'il faut être beaucoup plus précis et direct. mais les mots, le fait d'adresser ces sujets là, c'est un vrai, je pense que c'est là où nous on doit continuer à œuvrer. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de la situation actuelle parce qu'on voit à quel point dans plusieurs pays... Il y a des choses qui sont en train d'évoluer pas dans le meilleur sens. Et donc, nous, ensemble, en tant qu'entreprise, mais aussi avec la société civile, il faut vraiment qu'on arrive à informer. Donc, je pense que ça passe par l'éducation. Je pense que, tout simplement, il faut qu'on continue à informer, à expliquer. Et que, par exemple, si je prends l'accessibilité numérique, c'est pas que pour des personnes qui ont perdu la vue à la naissance, c'est pour des personnes qui perdent la vue parce qu'elles ont plus de 50 ans, parce qu'elles n'ont pas nécessairement leurs lunettes quand elles font leur... courses en ligne, qu'elles ont besoin de voir, comme nous on a ce même problème sur les étiquettes de nos produits. Dans la douche, un shampoing, il faut que ce soit quand même lisible si vous lavez les cheveux pour savoir la différence entre le soin et le shampoing et que vous ne portez pas vos lunettes, ce que d'habitude on ne fait pas quand on se lave les cheveux par exemple. Donc il faut vraiment se mettre dans cette idée de penser à l'autre et à nos consommateurs, de les écouter. et de ne pas uniquement se laisser porter par des tendances qui peuvent être un peu limitantes.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant parce que finalement, tous tes travaux et vos travaux avec ton équipe, de cette notion de recherche des mots, pour qu'on utilise d'ailleurs tous le même vocabulaire, est intrinsèquement lié avec les produits. notamment la description produit donc il y a un changement de paradigme et un changement des mentalités qu'il faut imposer finalement absolument et on voit le succès par exemple avec une de nos marques qui est Aesop,

  • Speaker #1

    une marque australienne qui est une marque complètement non genrée donc les produits et la gamme très extensive de produits qui proposent de soins, de parfums et de soins capillaires aussi Merci. sont pas du tout genrés et on voit à quel point l'expérience, ça se passe souvent en magasin, c'est leur modèle, est complètement différent et peut plaire à des hommes, à des femmes, à des personnes, quel que soit leur genre en fait. Donc c'est aussi un paradigme différent de faire du marketing qui soit pas genré. Donc oui bien sûr, nous c'est complètement, il y a un impact direct je pense, entre ces valeurs, alors je sais pas s'il faut parler de valeurs, de principes peut-être, pour permettre à chacun d'être soi-même. au bureau, d'être fiers de leurs différences. Il y a un terme en français, on parle beaucoup de diversité, sans parfois comprendre peut-être nécessairement ce que ça veut dire. En France, quand on parle de diversité, ça veut dire quelqu'un qui est issu des diversités, quelqu'un qui est de couleur. En fait, le terme diversité est écrit aux États-Unis, c'est pour parler d'un collectif. Nous sommes tous uniques, mais ensemble, on compose une équipe. diversifié avec une éducation différente, des traditions différentes, peut-être même une religion différente, un genre différent. Enfin bref, on se compose avec plein de facettes. Donc on parle de l'intersectionnalité, mais c'est un terme qui malheureusement n'est pas très bien traduit à ce jour, mais c'est vrai que ce terme-là permet de démontrer la diversité d'une équipe, mais l'uniqueness, la différence de chacun. Et ça, je pense que pour revenir sur ça, c'est important de l'expliquer. Comme ce qu'on entend par équité, on n'a pas tous les mêmes chances, donc c'est là où l'accessibilité vraiment est importante, pareil pour l'inclusion.

  • Speaker #0

    Et est-ce que, Marguerite, tu penses qu'aujourd'hui, je fais le parallèle un peu avec l'éducation, est-ce que tu penses que les futures générations sont conscientes de la définition de ces enjeux et est-ce que tu penses qu'à l'école, on leur apprend assez aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépend dans quel pays. Je pense qu'il y a des valeurs, bien sûr, il y a des principes qui sont évoqués, la tolérance, l'écoute, bien sûr. Là aujourd'hui, ce qu'on voit malheureusement dans certains pays où justement les mots étant bannis, il y a des départements entiers de certaines universités, des livres qui sont bannis sur l'identité ou l'expression de genre, sur l'ethnicité. Demain, je ne sais pas. J'espère que c'est qu'un moment et que grâce à la multiplicité de façons de s'informer, on va continuer à partager ces savoirs. Mais en même temps, quand on voit ce qui se passe en termes de communication et aussi qui gère la communication côté médias, ce n'est pas évident. Donc il faut espérer, oui, et je pense que l'utilité de podcasts comme les vôtres, c'est précisément d'apporter des voix différentes. pour que les gens puissent choisir et écouter des parcours de vie, des approches différentes. Je trouve ça formidable, mais peut-être qu'en effet, le podcast et d'autres outils de ce type sont la solution.

  • Speaker #0

    Je fais le lien parce que L'Oréal fait partie du consortium Accessibilité Numérique qu'on a créé fin 2024. Ensemble, on œuvre. pour sensibiliser les futures générations aux enjeux de l'accessibilité numérique. Et ce constat, quand on s'est tous réunis, on le porte au effort de se dire ce n'est pas possible que les futures générations de leaders ne connaissent pas aujourd'hui et sortent de l'école sans jamais avoir entendu parler de l'accessibilité numérique. Parce que tu l'as dit tout à l'heure, il faut convaincre, mais pour convaincre, il faut comprendre le sujet, comprendre d'abord les différents handicaps. les différents besoins. Et ensuite, pour prioriser ces sujets, il faut avoir la big picture et vraiment comprendre. Et donc, effectivement, on s'est dit, avec ce consortium d'acteurs, qu'il était de notre responsabilité d'œuvrer en créant cette formation e-learning gratuite à destination des élèves. Et moi, je me dis que c'est que le début, c'est que les prémices, mais on a encore plein de choses à construire. Et peut-être que demain, on peut aussi intégrer d'autres sujets. Et j'aime bien cette notion que tu as de... d'aller un peu décortiquer les mots et de revenir finalement à l'essence et la définition des mots. Il y aura peut-être des choses à créer demain qui ne sont pas de l'accessibilité numérique, mais d'autres sujets que toi, tu portes de cette notion de diversité-inclusion.

  • Speaker #1

    Je trouve que, enfin moi, je trouve ça absolument génial. Donc oui, bien sûr, je ne peux que soutenir ces initiatives. Je pense qu'il faut aussi revoir qui les métiers derrière. C'est-à-dire que moi, j'ai beaucoup travaillé sur l'accès aux sciences pour les jeunes filles. pour déconstruire des stéréotypes quand je travaillais à la Fondation L'Oréal. Et c'est vrai que pour créer des algorithmes inclusifs, pour s'assurer que demain nos plateformes puissent vraiment être adaptées à tous et à toutes, il faut qu'il y ait aussi une diversité de profils qui réfléchissent à comment ça doit être construit, à qui ça doit s'adresser. Donc ce n'est pas uniquement de sensibiliser des consommateurs ou des collaborateurs et des collaboratrices sur ce que c'est que l'accessibilité numérique, c'est aussi de créer des assets. et des outils numériques qui soient accessibles pour tous. Nous, on le voit par exemple chez L'Oréal, l'année dernière, on a lancé, il y a deux ans, on a lancé avec la marque Lancôme, Apta, qui était un outil généré par l'intelligence artificielle pour pouvoir permettre à des personnes qui ont des maladies chroniques et qui souffrent de tremblements de pouvoir être indépendants et pouvoir se maquiller, notamment mettre du rose à lèvres ou du mascara, seules, sans avoir accès. Pourquoi ? Parce que... parce que c'était des gestes qui étaient importants, qu'elles n'arrivaient plus à faire suite à leur... à cause de leurs conditions...

  • Speaker #0

    Cette perte de autonomie.

  • Speaker #1

    Voilà. Et quelque chose qu'elles n'osaient pas non plus nécessairement demander à quelqu'un d'autre de faire. Donc, le fait de pouvoir créer cet outil qui s'adapte à chacun pour donner cette liberté, c'est quelque chose qui est absolument génial. Et ça, on ne le fait que parce qu'on a quelqu'un dans l'équipe qui apporte cette idée. Donc, en termes de développement de produits et développement d'expérience, si on n'avait pas une équipe diversifiée, on ne l'aurait pas eu. Si on n'avait eu que des gens qui n'avaient jamais pensé à la maladie chronique.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est cette notion de créer pour, mais surtout avec.

  • Speaker #1

    Absolument. C'est vraiment ça qui est important. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vraiment ça qui est important. On en a un petit peu parlé, mais finalement, toi, tes projections futures, c'est quoi le grand défi du DNA dans les centres ? prochaines années et notamment avec ce contexte actuel, quels sont les enjeux finalement à anticiper ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'enjeu le plus important c'est de sortir de ce discours un peu très négatif qui actuellement tourne autour de la diversité, de l'équité, de l'inclusion, parce que ça fait peur et de dire que finalement en fait ça concerne tout le monde et notamment des hommes, et des hommes hétéros et des hommes blancs, qu'il n'y a pas cette notion d'allié. Cette notion de faire société, je pense que c'est ça l'enjeu. C'est de démontrer qu'il n'y a pas des communautés les unes contre les autres, que c'est ensemble qu'on va réussir à trouver les plus grandes découvertes, à lutter contre le changement climatique, à vraiment aborder, mais c'est le collectif. Donc je pense qu'il faut vraiment que cette notion de diversité, d'équité et d'inclusion se transforme. et ne représentent pas des personnes les unes contre les autres, ce qui malheureusement est un petit peu le cas parfois pour certains. Et donc moi, je le regrette parce que c'était absolument l'antithèse absolue de la création de ces notions-là. Mais au contraire, peut-être qu'il faudra qu'on change ce vocabulaire. Il faudra peut-être qu'on aille vers autre chose. Mais en tout cas, aujourd'hui, je ne sais pas lequel, mais ce qui est certain, c'est que l'enjeu, c'est d'arrêter de se définir les uns contre les autres et au contraire de voir par là. Concrètement, on a des enjeux humanitaires, humains, qu'on va pouvoir résoudre ensemble. On l'a vu pendant le Covid, pendant la crise sanitaire, on l'a vu à quel point, là, pour une fois, tout le monde s'est mis d'accord. Ou en tout cas, donc il faut espérer qu'il ne faut pas attendre une autre crise sanitaire mondiale pour se retrouver. Mais voilà, je pense qu'il faut qu'on se souvienne de cette bonne leçon-là. La seule chose qui était vraiment très positive.

  • Speaker #0

    Tu as raison, on prend note. Margaret avant de clôturer notre échange j'ai pour habitude de demander à mes invités quel conseil tu donnerais à une personne qui veut s'engager aujourd'hui dans ces métiers d'impact et d'inclusion je conseille vraiment

  • Speaker #1

    d'y aller je pense qu'il faut avoir du courage, je pense qu'il faut oser parler oser démontrer être posée, ne pas être prise par l'émotion ... parce que c'est souvent des sujets, comme si ça touche l'humain, ça touche aussi certaines personnes directement. Donc, je pense que ce qui est très important, c'est de démontrer à quel point c'est vital et que ça confirme tout le monde.

  • Speaker #0

    Je ne peux que partager, mais comment tu fais, toi, parfois, pour ne pas être prise par l'émotion ? Parce que moi, pour œuvrer depuis quelques années dans ce domaine, parfois, j'ai du mal à... J'essaye de prendre sur moi, mais j'ai du mal à ne pas être prise par l'émotion, parce que On est confronté à des gens où on ne se rend pas compte, c'est leur quotidien, et ils sont stigmatisés en permanence. Comment tu fais, toi, pour prendre du recul ? Ou peut-être que tu n'en prends pas ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en prends parce que sinon... Donc, en fait, je pense que la première chose, c'est la gestion des émotions. Arriver à les gérer, les entendre, les reconnaître. Et certainement pas les étouffer, mais par contre, ne se laisser pas complètement envahir par ça. Je pense que le rationnel... Je pense qu'aussi quand on est dans une situation comme on l'est aujourd'hui, il est important de rallier les autres. Donc il ne faut pas qu'on soit prise par l'émotion, mais il faut démontrer avec passion, mais avec des faits et des chiffres, pourquoi il faut se mettre tous autour de la même table pour œuvrer justement toutes ces causes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu aurais une personne à nous recommander ? d'invité au podcast hors ligne et qui porte des convictions similaires aux nôtres sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Alors, je pense à plein de gens, mais je pense à une personne en particulier, une personne qui dirige une organisation formidable qui s'appelle J'accueille. C'est David Robert. Il est passionné. Il est très engagé. et j'accueille, permet... à des nouveaux arrivants, à des exilés, d'être accueillis chez un habitant pendant au moins six mois, de vivre, d'apprendre, de décoder la culture en France pour pouvoir assurer une intégration formidable. Et ça fait plusieurs années que cette organisation existe. Les résultats sont extraordinaires, autant pour la personne qui est accueillie que pour l'accueillant. Et donc généralement, quand l'accueil part, il va prendre son appartement et son travail. L'accueillant réenchaîne avec un deuxième colocataire. C'est une très belle histoire. Je pense que ça sera un super invité.

  • Speaker #0

    Écoute, merci. J'ai noté. Et puis, ça rejoint bien ce que tu as dit à travers le podcast de cette notion d'humain et de communauté, que finalement, à plusieurs, c'est comme ça qu'on crée, qu'on construit. Un monde meilleur. Merci, mille merci, Margaret. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Marion. Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Hors Ligne, le podcast de la Content Square Foundation. La Content Square Foundation s'engage à bâtir un web plus accessible. Vous souhaitez en savoir plus, suivre notre formation gratuite et devenir un ambassadeur de l'accessibilité numérique ? Toutes les infos sont sur notre site. Et rendez-vous au prochain épisode.

Description

Dans ce nouvel épisode de Hors Ligne, Marion Ranvier, Directrice Générale de la Contentsquare Foundation, reçoit Margaret Johnston-Clarke, Directrice Générale Diversité Equité et Inclusion Monde, Groupe L'Oréal.


Franco-américaine, Margaret a débuté dans des ONG de lutte contre l’exclusion avant de gravir les échelons d’un groupe coté. Un parcours singulier, guidé par une conviction forte : l’inclusion est un levier de transformation pour les entreprises comme pour la société.


Elle revient sans détour sur ses débuts dans le monde associatif, son arrivée chez L’Oréal, les résistances rencontrées, mais aussi les petites victoires qui, jour après jour, font bouger les lignes.


Au fil de la conversation, on parle de handicap invisible, d’accessibilité numérique, de diversité culturelle mais surtout de ce que signifie agir concrètement pour un monde du travail plus juste, plus ouvert, plus humain.


🎧 Un épisode inspirant, profondément humain, qui questionne notre rapport à la différence et met en lumière le rôle clé de l’innovation pour bâtir une société réellement inclusive."

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Transcription

  • Speaker #0

    Apprendre, échanger, s'informer, travailler, mais aussi payer ses impôts, faire ses courses, se divertir et même tomber amoureux. Aujourd'hui, une grande partie de nos vies se déroulent en ligne. Mais que se passe-t-il pour celles et ceux qui n'y ont pas accès ? Pour plus d'un milliard de personnes dans le monde, être hors ligne ne relève pas d'un choix mais d'une contrainte. Bienvenue dans Hors ligne, le podcast qui remet l'inclusion au cœur du numérique. Je suis Marion Ranvier, directrice générale de la Content Square Foundation, et ici, je donne la parole à celles et ceux qui agissent, souvent dans l'ombre, pour un monde numérique plus accessible. Témoignages, parcours inspirants et réflexions pour bâtir un monde où personne ne reste hors ligne. Bonjour Margaret, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui dans le podcast Hors Ligne. Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marion, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #0

    Avant de débuter, est-ce que tu pourrais te présenter brièvement pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Donc, je dirige aujourd'hui, depuis 8 ans d'ailleurs, la diversité, l'équité et l'inclusion pour le couple réel au niveau du monde. Et j'ai 54 ans et je suis franco-américaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors j'aimerais maintenant parler de ton parcours. Tu l'as dit, tu es directrice mondiale de la diversité, équité et inclusion chez L'Oréal. Mais avant de rentrer dans le détail de tes responsabilités actuelles, est-ce que tu pourrais nous raconter comment tu en es arrivé là et quelles ont été les étapes finalement qui t'ont mené à un tel poste ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai démarré après des études de lettres et de communication. J'ai démarré dans le milieu associatif. en France. C'était au début des années 90 et c'était une première où on mettait autour de la table des pouvoirs publics, des collectivités locales et des entreprises petites, moyennes et grandes, du secteur privé comme du secteur public, pour lutter contre l'exclusion. Donc c'était vraiment une première dans le sens où c'était tous ces stakeholders qui n'avaient pas nécessairement l'habitude de travailler ensemble pour créer des parcours d'insertion vers l'emploi. Moi, je m'occupais plus particulièrement une fois que... les bénéficiaires rentraient dans le monde de l'entreprise, comment s'assurer que l'univers et le monde autour d'eux, et des équipes, soient vraiment le plus inclusifs possible. Donc il y avait un axe très important sur la sensibilisation, et notamment la lutte concrète contre le racisme ordinaire. Donc j'ai fait ça pendant sept ans, et ensuite j'ai rejoint le groupe L'Oréal en 2000, pour travailler sur ces questions plus spécifiquement de diversité. J'ai eu la chance de faire un petit pas de côté, et de découvrir chez L'Oréal les métiers de la communication, de travailler dans différentes marques et donc de vraiment comprendre la culture de l'entreprise, de la création d'un produit jusqu'à la fabrication, jusqu'au lancement produit. Et ça, c'était très important parce que ça m'a permis aujourd'hui de pouvoir vraiment intégrer toutes ces actions liées à la diversité et l'inclusion dans nos priorités et de démontrer à quel point, même si on travaille sur la peau et le cheveu chez L'Oréal, parce que c'est ce qu'on fait avec tous les... les produits de beauté, et pour répondre à toutes les questions de beauté au pluriel, c'était vraiment important d'avoir cette capacité à comprendre le mode de fonctionnement et comment on pouvait justement en bénéficier en étant de plus en plus inclusif.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est très intéressant. J'ai une question un peu qui me brûle les lèvres, mais comment finalement tu as vécu cette transition du monde associatif à un grand groupe ? côté en bourse ? Alors,

  • Speaker #1

    bizarrement, c'était très facile parce que le Réal a un esprit plutôt très entrepreneur où il faut être très agile et très créatif et être force de proposition. Et quand vous venez d'un secteur où il y a moins de moyens, qui est plus petit, sur un sujet qui n'est pas nécessairement très connu, en tout cas à l'époque, en 93, le terme exclusion n'était pas nécessairement compris par tous et par toutes. J'ai pu vraiment bénéficier de cette expérience-là pour pouvoir influencer et engager de plus en plus d'alliés en interne sur le réel, sur ces questions.

  • Speaker #0

    Et ça me fait une bonne transition parce qu'effectivement, comment tu as fait pour convaincre, notamment peut-être d'abord les dirigeants, puis ensuite les équipes et les collaborateurs pour embrasser ces enjeux qui n'étaient pas forcément au centre des priorités il y a encore quelques années ?

  • Speaker #1

    Alors la chance, c'est que notre leadership y croit beaucoup. Donc le département lui-même a été créé en 2002. Juste après mon arrivée, à l'international, il existe depuis 2005, donc ça fait 20 ans. Aujourd'hui, on célèbre les 20 ans de diversité, d'équité et d'inclusion. C'est quelque chose qui est complètement ancré dans les valeurs du groupe, c'est-à-dire zéro tolérance par rapport justement aux discriminations, ses valeurs d'équité, ses valeurs de partage, ses valeurs de tolérance. Ça, c'est un socle qui m'a beaucoup aidée. L'autre chose, c'est que notre métier est autour de l'estime de soi, de la beauté. Comment on peut accompagner des femmes, des hommes, des personnes, quels que soient leurs ans d'ailleurs, dans se sentir bien, se sentir bien dans leur peau, avec leurs cheveux, avec qui ils sont, avec leur âge, enfin dans leur âge. Donc ça, c'est vrai que c'est des choses où moi, j'ai fait corrélation entre qui nous sommes en tant qu'entreprise, nos valeurs, la façon dont on travaille, la façon dont on connecte avec nos consommateurs et nos consommatrices. parce que les gens, grâce aux réseaux sociaux, peuvent nous écrire en direct, peuvent réagir en direct, mais aussi avec nos sous-traitants. Donc, comment est-ce que cette chaîne de valeur, on la fait évrive et vraiment, on lui donne du sens par rapport à notre métier. Donc, convaincre, là où ça a été un challenge, c'est quand c'était un peu moins classique. Alors, par exemple, l'accessibilité numérique. Honnêtement, il y a huit ans... Ça a été un des premiers combats que moi j'ai menés. Je dis combat parce que ce n'était pas évident, étant donné qu'il n'y avait pas d'obligation réelle. Il y avait une méconcréhension et on avait tellement développé nous de plateformes numériques que l'idée de devoir justement les auditer, les adapter, repenser les briefs paraissait gigantesque. Et donc une façon de démontrer et d'engager, c'était de démontrer à quoi ressemble un site accessible versus un site... non accessible et de démontrer que finalement ça bénéficiait à tous et à toutes. Ce n'était pas que pour une minorité de personnes. Je pense que c'est ça qui est important. En tout cas, ma façon de faire ça a été toujours de démontrer, soit par des chiffres, soit par des faits, mais très concrets. J'ai beaucoup travaillé sur les 70-80% de handicap invisible à l'ONU chez le Réal, ce qu'on appelle « undisabled disabilities » , parce que c'est vrai que ça c'était peut-être moins connu. et que pendant très longtemps, on a stigmatisé le handicap à la chaise roulante, au braille. Et en fait, c'est beaucoup plus complexe et justement intéressant, parce que ça peut toucher énormément de personnes. Donc, en sensibilisant, en donnant des points très précis, ça a permis de faire le déclic. Et aujourd'hui, nos sites sont systématiquement audités. On est vraiment dans une démarche d'accessibilité numérique très avancée. On est loin d'être parfaits. mais on a vraiment cette démarche qui est vraiment ancrée dans l'ensemble de nos équipes digitales, mais aussi marketing.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est une vision finalement long terme et on le sait, l'accessibilité numérique comme d'autres sujets, c'est la mise en place d'une stratégie pour amorcer cette transformation. Il faut bien effectivement commencer quelque part, mais ce que j'aime bien dans ce que tu dis, c'est que c'est la preuve par l'exemple en fait de se mettre dans la... de tu l'as dit il ya une multitude multitude de handicaps et puis quand on n'est pas soi même porteur on a du mal à se représenter des difficultés oui et puis mon rôle c'était aussi de libérer la parole sur ça le

  • Speaker #1

    libérer la parole si je reprends l'exemple de personnes en situation de handicap mais c'était vrai aussi pour des personnes survivantes de violences conjugales ou de personnes qui étaient victimes de racisme ça c'est des choses qu'on a pu évoqué et qu'on a mis en place et qu'on a adressé en interne, pas juste parce qu'il y avait Black Lives Matter ou parce qu'il y avait une actualité, on le faisait de manière très sincère, parce que l'entreprise, on y passe beaucoup de temps, enfin l'entreprise, le travail et on sait très bien que si on peut être soi-même, si on a les outils pour mieux travailler, les conditions, mais aussi l'écoute et l'empathie, on va être beaucoup plus efficace et performant. Donc ça, c'est pas... très nouveau, néanmoins de le démontrer. Et nous, on travaille sur des sujets très vastes. Donc, évidemment, le handicap, mais aussi tout ce qui est lié à la lutte contre le déclassement des personnes réfugiées. Quel est le rôle de l'entreprise par rapport à ça, vu le nombre grandissant de personnes qui sont obligées de quitter leur pays pour des raisons climatiques, politiques ou économiques ? Quel est le rôle d'une grande entreprise quand on a des talents qui arrivent ? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour justement créer ces fonds ? Mais c'est la même chose sur les violences faites aux femmes, violences homophobes. Donc on a un rôle aujourd'hui en tant qu'entreprise, je pense, qui devient absolument crucial. Et donc on doit repenser. On doit continuer à repenser non seulement notre rôle, mais aussi notre responsabilité.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et de travailler avec la société civile, avec des associations, et surtout avec d'autres entreprises pour pouvoir, loin de nos forces, et aussi être une partie de la solution.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant et je me demande aussi comment tu fais, parce que nous, sur le sujet du handicap, qu'on travaille au sein de la fondation Content Square, en fonction des lois et en fonction des pays, tu ne peux pas... pas mesurer de la même manière et questionner aussi les employés de la même manière. Ça, c'est important parce que dans nos reporting ou quand on veut adapter des postes de travail, on a besoin de poser ces questions et on est parfois un petit peu bloqué. Or, c'est pour le bien de nos collaborateurs et de nos employés. Mais comment tu fais ? Parce que du coup, vous êtes un groupe international.

  • Speaker #1

    Alors, on a la chance en France d'avoir un certain nombre de lois. Que ça soit d'ailleurs sur la déclaration de personnes en situation de handicap en emploi direct, ou que ça soit sur, par exemple, l'équité des salaires, ou que ça soit par rapport aux femmes dans des postes de dirigeants. Donc ça, je l'applique en fait sur l'ensemble de nos filiales. Aujourd'hui, on a plus de 90 000 collaborateurs, mais on n'a pas 90 000 personnes en France. On n'en a que 14 000. Donc l'idée, c'est de pouvoir utiliser ça. comme une bonne pratique. Et ensuite, on n'a pas de quota. Par contre, on a des objectifs. Donc, par exemple, sur les personnes en situation de handicap, il y a la moitié de nos filiales, dont la France, où il y a des règles très spécifiques, avec des pourcentages, mais dans l'autre moitié, il n'y en a pas. Donc, j'ai proposé, depuis mon arrivée, qu'on ait un objectif d'atteindre un minimum d'au moins 2 % de nos collaborateurs et nos collaboratrices qui sont en situation de handicap. qui osent déclarer et qu'on assure cet accompagnement. Aujourd'hui, en 2024, on a plus de 2% de nos collaborateurs qui ont fait cet exercice-là au niveau mondial. Donc, on a revu ces objectifs à la hausse pour 2030 et 35. Donc, on se sert de ces ambitions pour pouvoir justement les partager à l'ensemble de nos filiales. On le fait aussi avec nos sous-traitants. On travaille beaucoup. main dans la main avec nos sous-traitants pour justement pouvoir favoriser en emploi indirect aussi des personnes en situation de handicap, mais aussi des personnes réfugiées. L'année dernière, on a pu embaucher grâce à ça, par exemple, plus de 200 personnes exilées grâce à nos prestataires, à nos sous-traitants. Donc, c'est des choses où on peut vraiment faire un impact collectif. Je pense que ces objectifs sont clés et c'est pour ça que le fait qu'aujourd'hui, il y a tellement de mots qui sont de mots émotifs, qui sont challengés dans certains pays, comme par exemple aux États-Unis. C'est très, très grave parce que ce début de censure a un impact sur la recherche qui est ensuite faite. Par exemple, si je prends le terme « accessibilité » ou « handicap » , qui sont donc des mots qui font partie de cette fameuse liste, laïvité, voire à bannir, si ça disparaît, il n'y aura plus de financement, il n'y aura pas d'éducation. et donc on va... plus pouvoir adresser et on va invisibiliser ce sujet-là. Donc malheureusement, dans mon domaine, ce n'est pas que l'accessibilité et le handicap, mais c'est aussi les femmes, les hommes, les noirs, les personnes asiatiques. C'est absolument toute la communauté qui fait notre richesse. Donc le fait de stigmatiser des communautés, de pouvoir les effacer, c'est complètement contraire à ce que...

  • Speaker #0

    pourquoi on se bat depuis des années.

  • Speaker #1

    On fait aujourd'hui au XXIe siècle. C'est loin d'être parfait, malheureusement, comme on peut le constater, mais on a quand même fait des avancées, notamment en termes de droits humains, qui sont aujourd'hui challengés, voire parfois même remis en question du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Et alors, comment on s'y prépare et comment on fait dans ces moments-là ? Parce que tout ce qu'on est en train de dire, ces communautés, c'est un impératif de citoyenneté. Et toi, avec ton poste, Depuis des années, tu te bats pour ces droits.

  • Speaker #1

    Alors moi, je pense que... Alors moi, je travaille beaucoup sur le langage, comme tu as pu le constater. Donc par exemple, si je reviens sur notre métier, la peau et les cheveux. La peau, par exemple, il y a des termes qui sont utilisés depuis le XVIIIe siècle pour qualifier les différentes couleurs de peau. Ces termes sont souvent issus pour des raisons... À l'époque, ils sont complètement... propos, on va dire, racistes et impossibles. Donc j'ai mené avec des experts externes, mais aussi avec beaucoup d'alliés en interne, des travaux, des études et des publications pour pouvoir faire évoluer ces termes-là, par exemple pour bannir le terme caucasien. qui est un terme pour définir la peau blanche, qui est un terme qui est complètement raciste, mais aussi qu'on évite de parler d'Africain-Américain quand on veut dire la peau plus foncée ou la peau noire. Donc, avoir des termes beaucoup plus simples, clairs. Par contre, il faut qu'on ait un langage commun avec d'autres scientifiques. Donc, c'est pour ça qu'il faut qu'on publie, qu'on copublie. Donc, c'est changer les mentalités, mais c'est aussi changer les mots. C'est la même chose pour le handicap. Parfois, il ne faut pas être trop... En anglais, on a essayé de revoir le terme de handicap en le positivant. Parfois, on se perd un peu, je pense, en voulant être trop politiquement correct. Je pense qu'il faut être beaucoup plus précis et direct. mais les mots, le fait d'adresser ces sujets là, c'est un vrai, je pense que c'est là où nous on doit continuer à œuvrer. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de la situation actuelle parce qu'on voit à quel point dans plusieurs pays... Il y a des choses qui sont en train d'évoluer pas dans le meilleur sens. Et donc, nous, ensemble, en tant qu'entreprise, mais aussi avec la société civile, il faut vraiment qu'on arrive à informer. Donc, je pense que ça passe par l'éducation. Je pense que, tout simplement, il faut qu'on continue à informer, à expliquer. Et que, par exemple, si je prends l'accessibilité numérique, c'est pas que pour des personnes qui ont perdu la vue à la naissance, c'est pour des personnes qui perdent la vue parce qu'elles ont plus de 50 ans, parce qu'elles n'ont pas nécessairement leurs lunettes quand elles font leur... courses en ligne, qu'elles ont besoin de voir, comme nous on a ce même problème sur les étiquettes de nos produits. Dans la douche, un shampoing, il faut que ce soit quand même lisible si vous lavez les cheveux pour savoir la différence entre le soin et le shampoing et que vous ne portez pas vos lunettes, ce que d'habitude on ne fait pas quand on se lave les cheveux par exemple. Donc il faut vraiment se mettre dans cette idée de penser à l'autre et à nos consommateurs, de les écouter. et de ne pas uniquement se laisser porter par des tendances qui peuvent être un peu limitantes.

  • Speaker #0

    C'est très intéressant parce que finalement, tous tes travaux et vos travaux avec ton équipe, de cette notion de recherche des mots, pour qu'on utilise d'ailleurs tous le même vocabulaire, est intrinsèquement lié avec les produits. notamment la description produit donc il y a un changement de paradigme et un changement des mentalités qu'il faut imposer finalement absolument et on voit le succès par exemple avec une de nos marques qui est Aesop,

  • Speaker #1

    une marque australienne qui est une marque complètement non genrée donc les produits et la gamme très extensive de produits qui proposent de soins, de parfums et de soins capillaires aussi Merci. sont pas du tout genrés et on voit à quel point l'expérience, ça se passe souvent en magasin, c'est leur modèle, est complètement différent et peut plaire à des hommes, à des femmes, à des personnes, quel que soit leur genre en fait. Donc c'est aussi un paradigme différent de faire du marketing qui soit pas genré. Donc oui bien sûr, nous c'est complètement, il y a un impact direct je pense, entre ces valeurs, alors je sais pas s'il faut parler de valeurs, de principes peut-être, pour permettre à chacun d'être soi-même. au bureau, d'être fiers de leurs différences. Il y a un terme en français, on parle beaucoup de diversité, sans parfois comprendre peut-être nécessairement ce que ça veut dire. En France, quand on parle de diversité, ça veut dire quelqu'un qui est issu des diversités, quelqu'un qui est de couleur. En fait, le terme diversité est écrit aux États-Unis, c'est pour parler d'un collectif. Nous sommes tous uniques, mais ensemble, on compose une équipe. diversifié avec une éducation différente, des traditions différentes, peut-être même une religion différente, un genre différent. Enfin bref, on se compose avec plein de facettes. Donc on parle de l'intersectionnalité, mais c'est un terme qui malheureusement n'est pas très bien traduit à ce jour, mais c'est vrai que ce terme-là permet de démontrer la diversité d'une équipe, mais l'uniqueness, la différence de chacun. Et ça, je pense que pour revenir sur ça, c'est important de l'expliquer. Comme ce qu'on entend par équité, on n'a pas tous les mêmes chances, donc c'est là où l'accessibilité vraiment est importante, pareil pour l'inclusion.

  • Speaker #0

    Et est-ce que, Marguerite, tu penses qu'aujourd'hui, je fais le parallèle un peu avec l'éducation, est-ce que tu penses que les futures générations sont conscientes de la définition de ces enjeux et est-ce que tu penses qu'à l'école, on leur apprend assez aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, ça dépend dans quel pays. Je pense qu'il y a des valeurs, bien sûr, il y a des principes qui sont évoqués, la tolérance, l'écoute, bien sûr. Là aujourd'hui, ce qu'on voit malheureusement dans certains pays où justement les mots étant bannis, il y a des départements entiers de certaines universités, des livres qui sont bannis sur l'identité ou l'expression de genre, sur l'ethnicité. Demain, je ne sais pas. J'espère que c'est qu'un moment et que grâce à la multiplicité de façons de s'informer, on va continuer à partager ces savoirs. Mais en même temps, quand on voit ce qui se passe en termes de communication et aussi qui gère la communication côté médias, ce n'est pas évident. Donc il faut espérer, oui, et je pense que l'utilité de podcasts comme les vôtres, c'est précisément d'apporter des voix différentes. pour que les gens puissent choisir et écouter des parcours de vie, des approches différentes. Je trouve ça formidable, mais peut-être qu'en effet, le podcast et d'autres outils de ce type sont la solution.

  • Speaker #0

    Je fais le lien parce que L'Oréal fait partie du consortium Accessibilité Numérique qu'on a créé fin 2024. Ensemble, on œuvre. pour sensibiliser les futures générations aux enjeux de l'accessibilité numérique. Et ce constat, quand on s'est tous réunis, on le porte au effort de se dire ce n'est pas possible que les futures générations de leaders ne connaissent pas aujourd'hui et sortent de l'école sans jamais avoir entendu parler de l'accessibilité numérique. Parce que tu l'as dit tout à l'heure, il faut convaincre, mais pour convaincre, il faut comprendre le sujet, comprendre d'abord les différents handicaps. les différents besoins. Et ensuite, pour prioriser ces sujets, il faut avoir la big picture et vraiment comprendre. Et donc, effectivement, on s'est dit, avec ce consortium d'acteurs, qu'il était de notre responsabilité d'œuvrer en créant cette formation e-learning gratuite à destination des élèves. Et moi, je me dis que c'est que le début, c'est que les prémices, mais on a encore plein de choses à construire. Et peut-être que demain, on peut aussi intégrer d'autres sujets. Et j'aime bien cette notion que tu as de... d'aller un peu décortiquer les mots et de revenir finalement à l'essence et la définition des mots. Il y aura peut-être des choses à créer demain qui ne sont pas de l'accessibilité numérique, mais d'autres sujets que toi, tu portes de cette notion de diversité-inclusion.

  • Speaker #1

    Je trouve que, enfin moi, je trouve ça absolument génial. Donc oui, bien sûr, je ne peux que soutenir ces initiatives. Je pense qu'il faut aussi revoir qui les métiers derrière. C'est-à-dire que moi, j'ai beaucoup travaillé sur l'accès aux sciences pour les jeunes filles. pour déconstruire des stéréotypes quand je travaillais à la Fondation L'Oréal. Et c'est vrai que pour créer des algorithmes inclusifs, pour s'assurer que demain nos plateformes puissent vraiment être adaptées à tous et à toutes, il faut qu'il y ait aussi une diversité de profils qui réfléchissent à comment ça doit être construit, à qui ça doit s'adresser. Donc ce n'est pas uniquement de sensibiliser des consommateurs ou des collaborateurs et des collaboratrices sur ce que c'est que l'accessibilité numérique, c'est aussi de créer des assets. et des outils numériques qui soient accessibles pour tous. Nous, on le voit par exemple chez L'Oréal, l'année dernière, on a lancé, il y a deux ans, on a lancé avec la marque Lancôme, Apta, qui était un outil généré par l'intelligence artificielle pour pouvoir permettre à des personnes qui ont des maladies chroniques et qui souffrent de tremblements de pouvoir être indépendants et pouvoir se maquiller, notamment mettre du rose à lèvres ou du mascara, seules, sans avoir accès. Pourquoi ? Parce que... parce que c'était des gestes qui étaient importants, qu'elles n'arrivaient plus à faire suite à leur... à cause de leurs conditions...

  • Speaker #0

    Cette perte de autonomie.

  • Speaker #1

    Voilà. Et quelque chose qu'elles n'osaient pas non plus nécessairement demander à quelqu'un d'autre de faire. Donc, le fait de pouvoir créer cet outil qui s'adapte à chacun pour donner cette liberté, c'est quelque chose qui est absolument génial. Et ça, on ne le fait que parce qu'on a quelqu'un dans l'équipe qui apporte cette idée. Donc, en termes de développement de produits et développement d'expérience, si on n'avait pas une équipe diversifiée, on ne l'aurait pas eu. Si on n'avait eu que des gens qui n'avaient jamais pensé à la maladie chronique.

  • Speaker #0

    Oui, donc c'est cette notion de créer pour, mais surtout avec.

  • Speaker #1

    Absolument. C'est vraiment ça qui est important. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vraiment ça qui est important. On en a un petit peu parlé, mais finalement, toi, tes projections futures, c'est quoi le grand défi du DNA dans les centres ? prochaines années et notamment avec ce contexte actuel, quels sont les enjeux finalement à anticiper ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'enjeu le plus important c'est de sortir de ce discours un peu très négatif qui actuellement tourne autour de la diversité, de l'équité, de l'inclusion, parce que ça fait peur et de dire que finalement en fait ça concerne tout le monde et notamment des hommes, et des hommes hétéros et des hommes blancs, qu'il n'y a pas cette notion d'allié. Cette notion de faire société, je pense que c'est ça l'enjeu. C'est de démontrer qu'il n'y a pas des communautés les unes contre les autres, que c'est ensemble qu'on va réussir à trouver les plus grandes découvertes, à lutter contre le changement climatique, à vraiment aborder, mais c'est le collectif. Donc je pense qu'il faut vraiment que cette notion de diversité, d'équité et d'inclusion se transforme. et ne représentent pas des personnes les unes contre les autres, ce qui malheureusement est un petit peu le cas parfois pour certains. Et donc moi, je le regrette parce que c'était absolument l'antithèse absolue de la création de ces notions-là. Mais au contraire, peut-être qu'il faudra qu'on change ce vocabulaire. Il faudra peut-être qu'on aille vers autre chose. Mais en tout cas, aujourd'hui, je ne sais pas lequel, mais ce qui est certain, c'est que l'enjeu, c'est d'arrêter de se définir les uns contre les autres et au contraire de voir par là. Concrètement, on a des enjeux humanitaires, humains, qu'on va pouvoir résoudre ensemble. On l'a vu pendant le Covid, pendant la crise sanitaire, on l'a vu à quel point, là, pour une fois, tout le monde s'est mis d'accord. Ou en tout cas, donc il faut espérer qu'il ne faut pas attendre une autre crise sanitaire mondiale pour se retrouver. Mais voilà, je pense qu'il faut qu'on se souvienne de cette bonne leçon-là. La seule chose qui était vraiment très positive.

  • Speaker #0

    Tu as raison, on prend note. Margaret avant de clôturer notre échange j'ai pour habitude de demander à mes invités quel conseil tu donnerais à une personne qui veut s'engager aujourd'hui dans ces métiers d'impact et d'inclusion je conseille vraiment

  • Speaker #1

    d'y aller je pense qu'il faut avoir du courage, je pense qu'il faut oser parler oser démontrer être posée, ne pas être prise par l'émotion ... parce que c'est souvent des sujets, comme si ça touche l'humain, ça touche aussi certaines personnes directement. Donc, je pense que ce qui est très important, c'est de démontrer à quel point c'est vital et que ça confirme tout le monde.

  • Speaker #0

    Je ne peux que partager, mais comment tu fais, toi, parfois, pour ne pas être prise par l'émotion ? Parce que moi, pour œuvrer depuis quelques années dans ce domaine, parfois, j'ai du mal à... J'essaye de prendre sur moi, mais j'ai du mal à ne pas être prise par l'émotion, parce que On est confronté à des gens où on ne se rend pas compte, c'est leur quotidien, et ils sont stigmatisés en permanence. Comment tu fais, toi, pour prendre du recul ? Ou peut-être que tu n'en prends pas ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en prends parce que sinon... Donc, en fait, je pense que la première chose, c'est la gestion des émotions. Arriver à les gérer, les entendre, les reconnaître. Et certainement pas les étouffer, mais par contre, ne se laisser pas complètement envahir par ça. Je pense que le rationnel... Je pense qu'aussi quand on est dans une situation comme on l'est aujourd'hui, il est important de rallier les autres. Donc il ne faut pas qu'on soit prise par l'émotion, mais il faut démontrer avec passion, mais avec des faits et des chiffres, pourquoi il faut se mettre tous autour de la même table pour œuvrer justement toutes ces causes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu aurais une personne à nous recommander ? d'invité au podcast hors ligne et qui porte des convictions similaires aux nôtres sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Alors, je pense à plein de gens, mais je pense à une personne en particulier, une personne qui dirige une organisation formidable qui s'appelle J'accueille. C'est David Robert. Il est passionné. Il est très engagé. et j'accueille, permet... à des nouveaux arrivants, à des exilés, d'être accueillis chez un habitant pendant au moins six mois, de vivre, d'apprendre, de décoder la culture en France pour pouvoir assurer une intégration formidable. Et ça fait plusieurs années que cette organisation existe. Les résultats sont extraordinaires, autant pour la personne qui est accueillie que pour l'accueillant. Et donc généralement, quand l'accueil part, il va prendre son appartement et son travail. L'accueillant réenchaîne avec un deuxième colocataire. C'est une très belle histoire. Je pense que ça sera un super invité.

  • Speaker #0

    Écoute, merci. J'ai noté. Et puis, ça rejoint bien ce que tu as dit à travers le podcast de cette notion d'humain et de communauté, que finalement, à plusieurs, c'est comme ça qu'on crée, qu'on construit. Un monde meilleur. Merci, mille merci, Margaret. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Marion. Merci.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Hors Ligne, le podcast de la Content Square Foundation. La Content Square Foundation s'engage à bâtir un web plus accessible. Vous souhaitez en savoir plus, suivre notre formation gratuite et devenir un ambassadeur de l'accessibilité numérique ? Toutes les infos sont sur notre site. Et rendez-vous au prochain épisode.

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