- Speaker #0
Salut et bienvenue dans Impact Mental, le podcast où tu rentres plein fer dans la tête. Interview de joueurs, joueuses, coachs, réparateurs en tout genre qui vont nous partager leur vécu intérieur, leur routine, leur déclic personnel. Et parfois, je prends le micro en solo, pour te transmettre des outils concrets et t'aider à gagner en résilience, en lucidité, en confiance. Stress avant les matchs, pression à cause de l'enjeu, blessure, on va tout aborder pour éviter de se faire déborder. Parce que dans le rugby, comme dans la vie, tout commence souvent dans la tête. Je suis Arthur Sestaro, ancien rugbyman professionnel et aujourd'hui préparateur mental. T'es dans le podcast qui met de l'impact là où on ne l'attend pas, dans la tête. Eh bien Joris, merci de te prêter au jeu du podcast. Du coup, deuxième invité de mon podcast, c'est super cool. Du coup, Joris Durand, est-ce que tu peux te présenter un peu pour les néophytes du rugby qui ne te connaîtraient pas ?
- Speaker #1
Je m'appelle Joris Durand, je vais avoir 30 ans. J'ai la chance d'avoir pu faire une carrière dans le haut niveau. On a commencé plus ou moins ensemble, tous les deux, où je suis arrivé, où j'étais très jeune à Provence Rugby. Avant ça, j'avais joué en amateur, notamment en fédéral 2 et en première série. Ce sont des niveaux qui m'ont un peu forgé, surtout physiquement, où j'étais jeune et je jouais contre des plus vieux. Ensuite, j'ai eu la chance à Provence de pouvoir partir à Montpellier, où on m'a recruté au centre de formation. J'y suis resté pendant un an et demi, donc ça n'a pas été facile parce que je n'étais pas le choix numéro un de l'entraîneur, ce n'était pas l'ultime avéro. recruter. Ensuite, je suis parti à Brive pendant 4 ans et demi. C'est un entraîneur, un manager qui te recrute. C'est lui qui te lance, c'est lui qui te fait confiance, c'est lui qui te fait jouer. C'est vrai que ça a été vachement important pour moi, ce passage-là. Ça m'a permis de prendre confiance en moi et de me dire qu'un entraîneur pouvait compter sur moi sur le long terme parce que j'y suis resté pendant 5 ans et demi. Ensuite, j'ai signé à Clermont. Quand Brive est descendu, c'est vrai que j'avais une clause libératoire. Je me suis fait mal la saison où on descend. Et c'est vrai que quand l'opportunité de Clermont s'est amenée à moi, je n'ai pas trop réfléchi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de partir, même si c'est vrai que je me suis senti un peu, pas lâche, mais j'ai un peu quitté le navire. Après, j'ai pensé à moi. Je me suis dit, j'ai eu beaucoup de discussions avec le club de Brive. Et qui m'a dit, franchement, pour toi, il vaut mieux... J'avais eu la discussion avec Patrice. notamment Colasso qui était le coach qui m'avait dit franchement moi je te conseille de partir pour toi parce que ton niveau c'est le top 14 c'est un entraîneur qui malheureusement j'ai pas eu trop le temps de l'apprécier en tant que manager mais plus en tant que com parce que c'est vrai qu'il est arrivé sur Patrice parce qu'il est arrivé au moment où je me suis blessé on a fait qu'un match ensemble je me suis fracturé la cheville avec Luxation donc j'en ai eu pour 7 mois Et c'est vrai que ça a été ma première grosse blessure en fait. Et de là, je signais à Clermont où je fais une saison correcte en termes de stats. Pas en termes de jeu, mais en termes de stats. C'est vrai que je finis l'année en 17 matchs, je marque 12 essais. Et là, j'ai la chance d'être appelé avec le 15 de France. Donc c'est un moment incroyable pour un joueur qui venait comme moi du niveau amateur. Et c'est vrai que c'est des moments qui sont gravés à jamais. Voilà en gros ma présentation.
- Speaker #0
Ouais, ça fait un beau parcours, ça fait un beau parcours sur lequel on peut revenir, il y a plein de choses à dire j'imagine. Voilà oui. Parce que déjà, comme tu dis, tu pars du niveau amateur, où tu as commencé à jouer avec des adultes, t'avais quel âge à l'époque ? 18 ans. Tu étais à Château-Renard ça, 18 ans ?
- Speaker #1
Ouais, j'étais à Nove avant, donc en première série. Donc j'ai pas pu jouer le début de l'année parce que j'étais pas majeur. Et ensuite, je suis passé ma vie, donc j'ai pu jouer. Et ensuite, l'année de mai 2018-2019, je suis à Château-Renard. Et là, vraiment, le niveau… D'ailleurs, je joue en réserve. Parce que l'entraîneur de la première, à l'époque, me disait que je n'avais pas le niveau déjà pour jouer en première. D'accord. C'est les aléas. J'étais plus jeune, j'étais peut-être pas prêt pour lui. C'est une décision que je n'ai jamais trop comprise au vu de mes matchs que je faisais en réserve. Mais c'est comme ça, c'est les choix d'entraîneur. malheureusement on en est tributaire donc il faut Il faut les respecter, même si parfois c'est assez dur, surtout quand on est jeune, qu'on a envie de prouver à tout le monde et puis peut-être que des fois, ce n'est pas le moment et le moment est venu plus tard. C'était vachement intéressant plus tard aussi.
- Speaker #0
Oui, et puis comme tu dis, ce qui est intéressant dans ton parcours, c'est que tu as fait preuve de résilience, parce qu'effectivement, il y a des choix de managers qui sont faits parfois sur lesquels on n'a pas forcément de pouvoir, même si on fait des fois des bonnes prestations. Il y a certains managers qui ont à faire eux aussi des choix. J'en parle pas mal avec les mecs que j'accompagne. Parfois, faire preuve de résilience et de continuer de croire en soi, ça permet d'avoir des beaux parcours comme le tien. C'est aussi une belle promesse pour les jeunes qui pourraient nous écouter. Donc, tu arrives à Provence Rugby après ? Là, oui, effectivement, on se rend compte parce que moi, j'arrivais de La Rochelle à l'époque.
- Speaker #1
C'est vrai que j'arrive pour la première fois dans un monde pro. Même si la première année où j'arrive... Je suis qu'avec les espoirs, mais on me dit, pourquoi pas l'année prochaine, si on descend en Fédéral 1, tu pourras intégrer. J'étais déçu pour le club qui descend, mais pour moi, individuellement, ça m'a apporté beaucoup de choses, parce que ça a été la première fois où j'ai pu m'entraîner avec un groupe qui était 100% pro. Vous étiez tous à l'époque, sauf les jeunes où on était là, mais comme dans tous les centres de formation. C'est vrai que cette année de Fédéral 1, elle m'a apporté beaucoup parce que je me suis entraîné avec des joueurs d'expérience. Avec Jérôme, avec toi, il y avait Christian-Gloy Manou, il y avait du monde. Il y avait Carlo aussi à l'époque, l'International Black. On était un peu la grosse équipe de Fédéralune. Donc c'est vrai qu'on tournait bien avec Marc Delpoux, qui m'a lancé aussi. Parce que lui m'a mis en Fédéralune. Alors certes, j'aurais aimé un peu plus jouer. Et après, c'est vrai que Jet Fraser m'a beaucoup aidé. En tant que jeune joueur, il était vachement près de moi. Et tu vois, encore aujourd'hui, il est entraîneur de Bayonne. Et ça n'empêche qu'on s'écrit souvent, on prend des nouvelles. Et tu vois, c'est des mecs comme ça qui m'ont aussi aidé. Donc, c'est vrai que c'était important. Pour le staff à Provence, c'est vrai qu'il a été d'une grande aide pour moi.
- Speaker #0
Et après, comme tu dis, tu passes par le centre de formation de Montpellier.
- Speaker #1
J'arrive à Montpellier, donc je pars de Provence, où ça se finit un peu en haut de boudin. J'étais sous contrat, mais le club ne voulait pas me laisser partir. Donc, Montpellier a réussi à faire le forcing et a réussi à me laisser partir. Et j'arrive à Montpellier, je me rappelle le premier jour. Je rentre dans le vestiaire, il n'y avait que des internationaux. Que des internationaux, c'était impressionnant. Tu avais, je ne sais pas combien de Sud-Africains, donc tu avais les frères Duplessis, tu avais Jacques Duplessis, tu avais François Chetain, Juan Pinar, que des mecs, c'était la world class. Tu avais pas mal de... d'internationaux français, t'avais Alexandre Dumoulin, t'avais Benjamin Falk, t'avais John-Suey Drogo, il y avait vraiment une équipe de titans, il y avait Johan Gussen, tous les mecs qu'il y avait, s'il y avait Jim Nagusa, Nemanja Ndolo, il n'y avait que des mecs et surtout au poste, ils m'ont joué, donc à l'époque, je jouais au centre et au centre, ça a été assez dur la première année, la première année, je m'entraîne avec eux, je fais une bonne prépa plus ou moins j'arrive J'arrive à Anquillé et la semaine où on part en stage, où on a le match amical contre Lyon, je me blesse le mercredi sur de gros entraînements à l'épaule, j'ai fait une acromio. Et de là, je redescends déjà avec les espoirs. Et de là, je ne suis plus jamais rond avec les pros, sauf une fois ou deux dans la saison. Donc mentalement, ça a été assez dur. Parce qu'on te dit, tu vas venir à Montpellier, tu vas t'entraîner avec les pros. Je ne sais pas si on me fait croire des choses ou en tout cas, on me dit des choses. Et ça ne se passe pas comme prévu, mais parce que c'est à cause peut-être de mes performances, parce qu'en espoir, je n'étais pas aussi bon que je devrais l'être, parce que j'étais l'un des plus vieux et qu'on ne tournait pas très bien aussi en espoir. Et qu'ils n'avaient pas forcément besoin avec cette panoplie d'internationaux. Et puis là, j'ai eu un petit moment de déclic au mois de février-mars, où je me suis dit là, si tu ne te fous pas un coup de pied au derche, c'est foutu. Tu vas retourner jouer en Fédéral 2, alors c'est un bon niveau, j'ai rien contre les mecs, mais j'avais vraiment envie de tester ce niveau pro. Donc je me suis accroché à faire une belle fin de saison avec les Esports. Ils m'ont gardé en Esports, j'avais un plus un, donc ils m'ont gardé. Et là, au mois de juin, je me suis dit, là, il faut te préparer pour faire une saison de Titan. Donc je suis arrivé prêt, en fait. Je suis arrivé comme un joueur qui avait déjà fait une prépa. Donc même si physiquement, ça a été dur, parce que d'être prêt avant l'heure, tu sais très bien comme moi que mais Tu risques de te blesser, tu risques plein de choses. Mais c'était ma seule option pour essayer d'y arriver. Donc là, cette année-là, j'arrive à faire les matchs amicaux. Et entre-temps, ils m'avaient fait basculer sur le poste des Ligue 15. Et voilà, je rentre en 15. Et je fais une belle deuxième mi-temps. C'était contre Béziers. C'était durant la fin de la période Béziers, donc au mois d'août. Et c'est vrai que là, c'est un match qui m'a libéré, qui m'a fait comprendre que j'avais le niveau pour au moins rivaliser avec les équipes de Pro D2. et donc voilà quand j'ai fait un très très bon début de saison avec les espoirs Je m'entraîne tout le temps avec les pros et il y avait un coteur qui me dit à chaque fois « t'es pas loin, t'es pas loin, t'es pas loin, t'es pas loin » . Sauf que mon nom n'apparaît jamais sur la feuille de match. Et Anthony Floch, un jour, il me dit à un moment donné, on est en plein match, je me rappelle, c'était contre Agen, donc en espoir. Et donc coup de pied du 17-vers, bref, je relance, je marque. Et là, il me regarde, il me dit « t'as plus rien à foutre ici, barre-toi » . Et cette phrase, elle a été ancrée dans ma tête parce que je me suis dit putain mais en fait il a raison j'avais 23 ans à l'époque je jouais encore en espoir c'était avant le changement de règles Et en fait, je me suis dit qu'il a raison. J'ai dit, ouais, je marque des essais, mais ça ne va rien changer. Dans la tête des entraîneurs en haut, ils ne me feront pas jouer. Et là, arrive l'opportunité de Brive. Donc, on jouait un match en espoir à Brive. Et l'entraîneur, dans le retour, m'appelle. Donc, il était venu au match des espoirs. Et dans le retour, il m'appelle. Il me dit, écoute, j'ai des blessés en 15. Il me faut une 15 qui relance. Je veux que tu viennes. Donc, ça, c'était fin novembre. Et le 14 décembre, je me vois dans ma voiture pour partir à Brive et signer un contrat de deux ans et demi. Mon premier contrat pro, c'était énorme. Même si tu arrives à Brive dans une ville où tu n'es pas habitué, en plein hiver, tu arrives, tu dois gratter la voiture. Tu n'as pas de gratte-gratte parce que tu as 23 ans et tu grattes avec ta carte vitale. C'est des moments de vie qui restent gravés. C'est vrai que maintenant, quand je y repense, j'ai rencontré ma femme à Brive. Je me suis marié là-bas. J'ai fait plein de choses. qui font que je suis devenu aussi un homme là-bas et j'en suis fier parce que ce club de Brive, il m'a vraiment beaucoup apporté. C'était vraiment une expérience incroyable pendant ces cinq saisons. On a vécu une montée entre 14, une descente aussi. Je ne retiendrai que le positif avec cette montée.
- Speaker #0
Franchement, oui. Et puis ça a à dire le respect de tout ce que tu nous partages. Le fait de s'accrocher, de toujours croire en toi, de savoir que tu avais envie de... Comme tu dis, de tester ce niveau pro. Vouloir...
- Speaker #1
Au moins essayer. Après, si t'es pas bon et que tu n'y arrives pas, tant pis, t'as atteint tes limites. Mais en fait, tu le voyais, je ne sais pas si je donnais cette image-là, mais j'en avais rien à faire. Quand je m'entraînais avec vous, je voulais tout le temps avancer, tout le temps un truc, parce que je voulais me prouver à moi-même que j'avais le niveau pour jouer avec vous déjà à l'époque en fédéral une, et j'ai toujours fait ça. Alors des fois, tu t'attires à les foudre des mecs en face, parce que tu sais très bien comme moi que quand il y a un jeune qui vient et qui casse les couilles aux entraînements, parce que c'est exactement ce que je faisais. Et je le fais toujours, d'ailleurs. Ça énerve des mecs parce qu'ils se disent lui, il en veut, lui, il en veut, lui, il en veut, lui, il en veut. Et c'est ça, parce que les jeunes, à un moment donné, alors oui, s'il y a du respect sur les anciens, ça, je l'ai jamais nié. Et on me l'a assez rappelé à l'ordre parce qu'au début de ma carrière, c'était peut-être quelque chose qui n'était pas forcément ancré en moi, d'avoir du respect peut-être pour les plus vieux. Non pas que je ne les respectais pas, mais je n'avais pas la même notion que j'ai peut-être aujourd'hui. Et c'est vrai que par moments, ça fait du bien se faire remettre à leur propre par les anciens. Et il faut. Après, c'est sûr qu'on va leur chercher la place. Ils ne sont pas contents aussi.
- Speaker #0
J'aime bien aussi cet état d'esprit d'aller chercher ce que tu as envie d'aller chercher et de ne pas lâcher. Ça, c'est cool. Tu arrives à Brive en plein milieu de saison ?
- Speaker #1
14 décembre. Le gel, le froid. Brive. Tu arrives de Montpellier, il fait 20 degrés en plein mois de décembre. Le soleil, la fleur, rien. Non, après, Brice a été une expérience incroyable. Franchement, j'ai rencontré des personnes incroyables là-bas. Comme je disais, c'est un club qui a été hyper famille. Le jour où je suis arrivé, j'étais à l'hôtel, il y avait un mec qui m'a pris chez lui pour vraiment bien m'intégrer. Donc, ça a vraiment été un moment fort dans ma vie parce que c'est là où je me suis rendu compte que j'étais arrivé à ce que je voulais, à signer un premier fin contrat pro, mais je n'étais pas à la finalité. La finalité, c'était d'y rester. Et du coup, on vit cette montée incroyable. Le deuxième match d'accès contre Grenoble à domicile. Derrière, on enchaîne en top 14. C'est vrai que le top 14, c'est des émotions incroyables. Je peux le dire, on n'a battu qu'une fois Toulouse. Moi, je les ai battus qu'une seule fois dans ma carrière pour le moment. C'était la première année où on remonte parce qu'on les reçoit. C'est la Coupe du Monde, ils sont à moindrer au possible. On les reçoit, on leur en met 30 avec le bonus offensif. Pas sûr qu'un jour, je pourrais dire que j'ai battu Toulouse avec le bonus offensif. C'était un moment de vie incroyable. Et après, on avait enchaîné avec le centième derby. On avait fait une saison et après, on s'arrête avec le Covid. Et c'est vrai que ça avait été... Parce qu'on sentait qu'on avait... On ne serait pas allé chercher le top 6, tu vois. Mais on s'était dit, on ne se fixait pas de limite, quoi. Tu surfes sur cette vague de montée. On avait un groupe jeune, mais avec des anciens. Enfin, tout était fait pour que la mayonnaise, elle prenne bien, quoi.
- Speaker #0
Ouais,
- Speaker #1
je vois. Ce Covid nous a coupé l'herbe un peu sous le pied.
- Speaker #0
Et du coup, si on en revient un peu à toi. Donc, tu arrives à Brive. Tu prends confiance.
- Speaker #1
Surtout sur un poste de 15. Tu sais très bien comme moi que c'est que les matchs et la confiance qui font que tu avances fort.
- Speaker #0
C'est ça, toi tu dirais que la confiance tu l'as nourrie comme ça, c'était en faisant des matchs, des perfs, etc.
- Speaker #1
En enchaînant les matchs en fait, c'est ce que tu vois, on en discutait encore, on en parlait avec Kylian Mbappé qui était chef, je ne sais pas si tu l'as connu à La Rochelle.
- Speaker #0
Je ne l'ai pas connu à La Rochelle, mais je vois.
- Speaker #1
Mais en fait, on se disait, ce qui fait du bien c'est d'enchaîner les matchs, quand tu ne te poses pas de questions, tu sais que tu vas le jouer, parce qu'il y a toujours de la concurrence, mais tu enchaînes, tu es bon, puis tu te sens bien physiquement parce que t'enchaînes c'est toujours le même Tu as la confiance du coach, le coach te fait confiance. Tu sens que tu es dans une bonne courbe. C'est cette courbe qui est la plus dure à garder parce qu'il y a les aléas, il y a les blessures. Il y a des fois le coach qui a envie de changer aussi parce qu'il a envie de donner de la confiance à un autre mec. Et de lancer un autre mec, que ce soit un jeune, que ce soit un moins jeune. Mais c'est vrai que cette notion de confiance, c'est les entraîneurs qui te l'amènent. Et sans eux, pour moi du moins, c'est comme ça. C'est l'entraîneur qui m'apporte beaucoup de confiance. En venant parler avec moi, en venant me rassurer, c'est des moments qui sont vachement importants pour moi. Encore une fois, chacun a sa vision de la confiance.
- Speaker #0
C'est bien de le dire que ça a été important pour toi. Et du coup, comme tu l'as dit, je rebondis un peu là-dessus, il y a le côté aussi un peu, quand tu enchaînes, c'est cool, tu es au top, machin, etc. Et il y a des fois, malheureusement, dans notre sport, le côté blessure qui vient s'ajouter à l'équation. Toi, tu m'as dit tout à l'heure, première grosse blessure à Brive. Là, tu ressors de blessure en ce moment et tu m'as annoncé tout à l'heure que tu allais revenir et que tu allais jouer ce week-end. De toute façon, quand le podcast va sortir, le match sera passé. J'espère que tu auras fait un bon match.
- Speaker #1
J'espère aussi.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux revenir un peu là-dessus, sur le côté blessure, le côté mental lié à un peu tout ça ? Toi, comment tu as réussi à traverser ça ?
- Speaker #1
En fait, la première blessure, je me suis dit, j'avais 28 ans, je me dis Ça fait cinq ans que t'es au niveau. J'avais jamais eu une grosse blessure, mis à part... J'avais fait une fissure de la pommette, deux, trois déchireurs, mais rien de ouf. Et là, quand je suis par terre, sur le terrain, déjà, tu sais que ta blessure, elle est grave. Comme tu peux pas te relever, je suis pas du genre à... C'est pas méchant, enfin, c'est ce que je vais dire, mais je suis pas du genre à sortir pour une entorse. Et même là que j'avais la cheville luxée fracturée, je me suis dit, je sors pas sur Sivir, parce que c'est... Je ne veux pas sortir sur Sivière, c'est les mecs qui sont morts qui sortent sur Sivière. Moi, je ne sors pas sur Sivière. Donc déjà, après, c'est voilà. Donc je sors et là, on me dit « Jojo, ta cheville, je me rappelle, c'est Franck Romanel qui l'est. Il me dit « Jojo, ta cheville, elle n'est pas belle et tout, on va te la remettre en place. » Je dis « Quoi, vous allez me la remettre en place ? » « Elle est luxée et tout, et après, tu pars te faire opérer. » Déjà, là, tu prends un coup. t'es en plein match c'est la 45ème tu fais un bon match tu joues tout le long à domicile machin tu relances 3 contre 1 tu fais pas la place Plaquage par derrière, fracture, luxation de cheville. Déjà, rien que là. Tu fais la passe, le mec, il te plaque pas, tu te blesses pas. Bon, ça, c'est déjà une première question que tu te poses après. Donc, machin, tu te fais opérer, ta femme arrive, nan, nan, nan, nan, elle te dit ça va, ouais, ouais, ça va, ouais, ouais. Je sais pas trop où je suis, je sais pas trop comment je suis. Elle me dit que je délirais complet dans la mascottier, il te shoot pour te remettre la luxation.
- Speaker #0
Il te shoot,
- Speaker #1
elle te dit ouais, tu voulais rester pour le match et tout, voir si vous gagniez et tout. J'ai pas de souvenirs, quoi. Donc c'était assez drôle. Donc t'arrives, t'es à l'hôpital, tu vas au chirurgien, tu vas au bloc, le mec il te dit « Je vais pas vous endormir entier » . Là tu dis au mec « Mais comment ça tu vas pas m'endormir entier ? Je vais tout entendre, ceux qui vont te faire la cheville » . Le mec il te dit « Ouais, on va t'ouvrir, on va te mettre une plaque » . Donc là tu commences à paniquer un peu parce que c'est la première fois que ça t'arrive, t'es dans l'inconnu. T'as l'anesthésiste qui te dit « Ouais, on va vous endormir que localement » . « Comment ça que localement ? » Donc tu reviens sur ça, le mec, tu lui dis non, non, tu m'endors, tu m'endors. Non, on ne peut pas vous endormir, sinon vous avez le risque de vous étouffer parce que vous avez bu manger, donc ce n'est pas possible. Et si on n'opère pas maintenant, vous avez le risque de perdre le pied. Bon, ok, on n'endort pas et on va tout entendre. Donc en fait, je me suis fait opérer, c'était à 23h je pense, et je discutais avec le chien et il m'a dit, je dis qu'est-ce qu'on fait là on met les vis dans la plaque c'est pour votre fracture super merci vous changez les pneus de la voiture Je lui ai dit oméga. Donc, c'était quand même assez drôle. Puis après, tu as la phase où tu te réveilles. Donc, tu as toutes les douleurs. Tu as le sang qui afflue. Tu as tout. Voilà, c'est des moments qui ne sont pas trop cools à vivre. Après, tu as le moment où tu es alité à la maison parce que fracture égale six semaines de plate. C'était trois semaines de plate à ce coup-ci. Plus trois semaines de botte où tu es tributaire de tout. Ça va que j'avais ma femme qui gérait tout à la maison. j'avais la chance encore de prendre un enfant. Donc elle gérait son quotidien plus le mien, donc elle rentrait le soir, elle était cuite de sa journée. Et je lui redemandais de faire une journée parce que moi je n'avais pas passé la journée seul à la maison. J'avais rien à faire. À l'époque, je n'avais pas fait trop d'études. Donc, je m'étais lancé dedans. Puis, j'avais arrêté parce que ça ne me plaisait pas. Donc, je ne faisais pas grand-chose. Puis, la libération arrive. Tu retournes un peu au stade. Tu revois un peu les copains. Tu te dis, putain, ça fait du bien de vous revoir parce que pendant trois semaines, ça a été long. Alors, oui, tu as des mecs qui viennent te voir. Mais ce n'est jamais comme quand tu es au stade et tu sais comment ça se passe au stade. Ça fout des pièces partout. Ça rigole, ça truc. donc voilà tu repars sur une réhab de 7 mois on te dit bon ben t'en as pour 7 mois en attendant tu vois les copains qui se font C'est dur parce que les matchs, tu les perds, tu perds à domicile, tu perds à l'extérieur. Tu arrives de temps en temps à t'accrocher, tu prends un défensif, tu vois Perpi qui n'est pas loin au niveau du classement, mais tu n'y es pas et puis là, tu as les stockades qui arrivent au mois de février. Donc en février, je suis au Cers, je demande au Cers une libération pour remonter pour le match. Donc, brief Perpi et là, on perd le match. Donc là, le Cers, tu te dis, est-ce que j'ai bien fait d'y aller ? Est-ce que j'aurais mieux pas fait de rester avec les gars ? Et en fait, tu te rends compte que le mal était fait coach. Tu sentais qu'on était abattus et tu sentais qu'on allait descendre. Donc à partir de là, c'est vrai que quand j'ai senti ça dans le groupe, je me suis vraiment plus focalisé sur moi. Et je me suis dit, maintenant, c'est à toi de revenir. C'est à toi de te remettre en forme. Parce que sinon, tu vas revenir, tu ne seras pas bien. Et donc de là, je fais une bonne réhab avec le kiné à Bré. Franchement, il a été incroyable, Franck, pour mon année. Je repars au CERS trois semaines au mois de juin. Trois semaines au CERS, c'est dur, c'est long. Tu te dis que tu fais tout ça pour Clermont. J'ai signé à Clermont, c'était début mai, je crois. Je signais à Clermont et je me dis que tu ne te prépares plus pour Brest, tu te prépares pour Clermont pour être à 100% en arrivant. Et pas quand on te juge comme un joueur blessé en arrivant, quand on te juge comme un joueur valide. Ça a été vraiment un moment particulier. Mais cette blessure-là, je l'ai prise vraiment avec beaucoup de recul. Le lendemain de l'opération, tu te dis que c'est fait, maintenant il faut avancer, il faut voir le positif. Le positif, c'est que j'avais enchaîné pendant 4 ans, j'avais enchaîné les saisons assez longues à plus de 20 matchs. Donc tu te dis, là je vais avoir du temps pour moi, pour me reposer, pour reposer mon corps, parce que c'est notre outil de travail. Reposer la tête, parce que quand tu joues 4 ans de maintien, tu as fait 8 saisons, c'est pareil. Tu penses au maintien du 1er juillet en arrivant jusqu'au 25 juin. Donc c'est vrai que c'est des moments qui sont assez durs à vivre. Tu l'as vécu avec Provence. Quand tu descends, tu ne vis pas un moment facile. Tu vois, c'est des moments qui sont assez durs. Et puis voilà, c'est vrai que tu arrives à Clermont, donc tu arrives sur la pointe des pieds, tu arrives dans un vestiaire pareil, où il y a pas mal de mecs, Fritzli, Georges Moala, Raka, Marcos Kramer, tu avais Seb Bezi, tu avais un jeune qui arrivait comme une pépite, c'était Badzi Jojo qui venait d'être capitaine, donc tu arrives sur la pointe des pieds, tu ne connais pas grand monde, et puis petit à petit, tu t'intègres doucement, tu fais des rencontres, et c'est le changement. C'est autre chose, c'est différent, ce n'est plus la même vie qu'à Brive. En fait, Clermont, c'est une grande ville, donc tu vis dans une grande ville. J'exagère un peu dans le terme grande ville, mais tout est près, mais tout est loin. Donc, tu t'adaptes. Tu as une vie de famille qui s'agrandit, où avec ma femme, elle est tombée enceinte directement en arrière à Clermont. Donc, on a eu la chance d'avoir un petit bébé à Clermont. Tu fais une bonne saison, tu pars en équipe de France. Donc, tu laisses ton bébé d'un mois et demi pendant un mois et demi. Donc, ça, c'était une épreuve aussi assez dure. où justement j'ai eu la chance d'avoir en équipe de France une prépa mentale qui m'a aidé sur ça parce qu'elle m'a dit c'est quand même assez compliqué de partir pendant un mois et demi quand tu as un bébé d'un mois et demi. Je lui ai dit après c'est le rêve d'une vie aussi, donc ma femme a dit encore il faut tout gérer toute seule. Et ça a été assez dur pour elle parce que le petit lui demandait beaucoup d'attention, il devait sentir que je n'étais pas là, donc il ne dormait pas très bien. Et c'est vrai qu'il y a ce retour d'Argentine où la nuit où je rentre, le petit fait sa première nuit, donc ma femme était folle. C'était assez drôle pour moi. Il se réveille 3-4 fois par nuit. Il allait me chercher à l'aéroport à 22h30. Il s'est réveillé à 6h du matin. C'était assez fun. Il était dégoûté. C'était cool pour moi. Là, tu enchaînes. Tu pars en vacances 3 ou 4 semaines. Là, tu enchaînes. Tu repars sur une pré-saison. Les matchs amicaux, on te dit que tu ne vas pas jouer le premier parce que tu vas peut-être rentrer. Tu joues le match amical. Tu fais une mi-temps. Et puis, tu commences le championnat. Et puis arrive ce 30 novembre où je me pète le temps d'en acheter. Et là, c'est vrai que ça a été assez dur. Que ce soit pour moi, pour ma femme qui est là maintenant, elle devait s'occuper de tout. Donc, tu as un petit de 8 mois qui commence à se lever. Alors, la chance qu'on a eue, c'est qu'il dormait bien la nuit du coup. Mais par contre, il fallait s'en occuper, lui faire à manger. Et pareil, tu es alité pendant 6 semaines, tu ne peux rien faire. Tu es en béquille. On te propose une jambe, on remplace ta jambe d'une jambe de bois en fait, pour essayer d'aider ta femme, mais tu ne peux pas monter les escaliers, tu ne peux pas aller chercher le petit en haut des quidors. Donc en fait, tu es bloqué pendant six semaines, donc du 30 novembre jusqu'au 15 janvier, tu ne peux pas poser le pied par terre. Donc, ça a été un moment assez dur, surtout pour elle. Et pour moi aussi, parce que tu ne peux rien faire. Tu ne peux rien faire. J'avais vécu ça trois semaines et je pensais que je ne le revivrais plus jamais. Là, je l'ai vécu six semaines. Mais j'espère que je vais le revivre. Et puis, c'est vrai que ce sont des moments qui sont assez durs en tant que joueur parce que tu as l'habitude de bouger, tu vois ton corps qui change. Et puis, je pense, pendant ma blessure, j'ai dû prendre... 7, 8, 9 kilos, donc ton corps, c'est plus le même. Tu deviens sédentaire, en fait. Sauf que mon seul recul, ça a été de manger, parce que c'était le seul truc de positif que j'avais. Donc, mon seul plaisir de la journée, c'était manger. Donc, il n'y a que ça. Chose qui n'était pas bien pour mon corps, mais qui était bien pour ma tête. Donc, à un moment donné, il faut trouver du réconfort là où on en a. Et puis, voilà, tu arrives à cette phase de réathlétisation. où tout le monde te regarde et te dit « le tendon d'Achille » . Ça porte un bon sentiment quand on vient te voir et qu'on veut t'encourager, mais quand tout un effectif vient te voir et te dit « putain, t'as un tendon d'Achille, c'est un peu grave, bien sûr » . Ouais, je sais les gars, je sais, je sais, mais je vais revenir, c'est pas grave. J'ai essayé de positiver au max, et c'est vrai qu'à un moment donné, j'ai eu un flashback. Et le chien, quand il m'opère... Il me dit, putain, si tu n'avais pas joué ce match, la semaine d'avant, je me tords la cheville droite sur le synthétique à Lyon. Et il me dit, putain, si tu n'avais pas joué ce match, peut-être que tu ne te serais pas laissé. Et là, en fait, tout mon travail que j'avais fait en mode acceptation, tristesse, tout, où j'étais reparti fin dans le positif, et bien, boum, je suis retombé dans le négatif, où j'en voulais la terre entière, en fait. Et au début de ma réel, je pense que mon corps, en fait, il n'a pas accepté, moi, je n'ai pas accepté. Et du coup, ça s'est mal passé. et du coup, je n'avançais pas. C'était... Les délais, on était en retard. Je n'ai rien accepté. Il a fallu que je reparte au CERS pendant trois semaines. J'ai eu de la chance. Ma femme a pu venir avec moi sur les vacances scolaires pendant deux semaines. Ça nous a fait du bien. Même si, encore une fois, c'est elle qui gérait tout. J'étais au CERS la journée et le soir, je rentrais. On allait balader un peu. Mais quand tu es là-bas, tu es cuit. C'est elle qui gère tout. C'est vrai que... Quand tu rentres dans le club, tu te dis qu'il faut y aller, sinon tu es cuit. Sinon, ton tendon d'Achille, tu ne vas jamais en revenir. Et donc là, réhab avec le kiné, c'est parti à fond. Je peux te dire que le kiné, il en avait marre de moi et il en avait encore marre de moi. Malheureusement pour lui, sur un tendon d'Achille, les exercices, c'est redondant. C'est du mollet, du mollet, du mollet et encore du mollet. Ce n'est pas la partie de mon corps qui est le plus développée chez moi. Donc, il a fallu qu'il la remette au petit niveau là où c'était. pour la développer plus. Donc, c'est vrai qu'il a vécu des moments assez compliqués avec moi. Et franchement, je lui tiens mon chapeau parce que ce que j'y ai fait, Ville, j'étais chiant. Je sais que j'étais chiant, mais il a assuré de A à Z. Donc, c'est vrai que, encore une fois, je le remercie aujourd'hui. Et si je suis sur le terrain, aussi, c'est aussi grâce à lui et grâce à mon travail à moi, mais aussi grâce à lui parce qu'il a bossé comme un dératé pour essayer de trouver des solutions, d'autres choses, pour essayer de me stimuler bien correctement. Et puis voilà, sur la fin de la réhab, j'ai fait beaucoup de physique, tu imagines bien, parce que quand tu prends du poids, il faut le refaire. Même si tu fais des cardio pendant ta blessure, on te dit, ouais, faire du cardio, faire du vélo. Je peux te dire que quand j'ai fait deux sprints, j'aurais dû faire 10 000 kilomètres que ça aurait servi à rien. Donc voilà, tu bosses, tu bosses, et puis tu te dis qu'à un moment donné, ça va être ton tour. Et puis voilà, ça fait depuis le stage mi-août que je suis revenu avec le groupe. entrecoupé de séance de physique parce que je n'avais pas tout repris d'un coup. Et là, quand tu vois le bout du tunnel enfin, où tous les mecs viennent te voir à la compo et viennent te taper la tête en te disant « ça y est, t'es là » , ça fait toujours plaisir parce que tu te rends compte que l'effectif est content que tu sois là, donc ça fait du bien à la tête.
- Speaker #0
Et puis voilà, tu sais que tu vas recevoir des messages pour ta première machin. C'est bien, tu reviens, donc ça fait toujours plaisir. Mais voilà, sur les blessures, il faut vraiment penser à soi. Même si tu te mets à l'écart du groupe, moi je l'ai fait aussi l'an dernier ici. Tu te mets à l'écart du groupe, ce n'est pas très grave, parce que tu vas y revenir naturellement et tu vas revenir à ta place. Je l'ai pris comme ça et franchement, c'était vraiment une expérience que je n'ai pas envie de revivre parce que c'est chiant. que ce soit pour moi, pour le club et pour ma femme surtout, et pour le kiné. Mais sinon, franchement, tout rentre à sa place petit à petit. Et de reprendre les matchs, c'est une sorte de victoire. Parce que quand tu te le pètes, il y a dix mois, ça fait dix mois aujourd'hui, tout le monde te dit « ça va être dur, tu as 30 ans, tu joues à Elie, tu montes à 37 km heure, là comment tu vas faire ? » On va voir, peut-être que je remonterai qu'à 33-34, et puis ça suffira amplement, parce que 37, tu ne montes jamais trop dans un match. Donc voilà, maintenant on s'accroche. On a retrouvé une vitesse qui n'est pas trop mauvaise aux alentours de 33-34. Donc voilà, ça suffit pour un ailier. Et puis si un jour je sens que je suis trop lent, je laisserai ma place à un plus jeune et puis ce sera le cycle de la vie.
- Speaker #1
Ou tu nous feras une reconversion numéro 8 et puis voilà.
- Speaker #0
Non, trois quarts centre peut-être. J'aimerais bien revenir au centre, mais je ne suis pas sûr qu'il soit d'accord le chef.
- Speaker #1
Ouais, tu verras bien. Mais effectivement, déjà 33-34, c'est déjà pas mal. C'est cool parce que tu m'as partagé plein de trucs que je trouve hyper importants pour le mental, notamment quand tu es blessé. Il y a une grosse phase au début, c'est moi sur laquelle je bosse aussi avec les mecs que j'accompagne dans ces moments-là. C'est la phase d'acceptation, qui est hyper importante pour pouvoir prendre en main son projet blessure. Comprendre que la blessure...
- Speaker #0
C'est qu'est-ce que je vais en faire en fait. Je me suis blessé, ok, c'est bien, mais qu'est-ce que je vais en faire ? Et tu vois, c'est vrai que sur ma deuxième réhab, le fait de passer mon diplôme d'entraîneur, ça m'a fait faire autre chose aussi. J'étais chez moi sur six semaines, pendant six semaines j'ai bossé mes dossiers à fond et je me suis débarrassé un peu de ça pour être après tranquille et avoir la tête vraiment focus sur ma réhab.
- Speaker #1
Top que tu partages ça, parce que ça fait partie des choses que j'amène aux mecs, c'est de créer un peu ton projet blessure et développer aussi des pans de son identité parce que quand t'es dans le rugby, t'es dans la machine un peu infernale entre guillemets.
- Speaker #0
Machine à la vie.
- Speaker #1
Tu développes vachement ton identité rugbyman et puis là ça s'arrête d'un coup. donc effectivement il y a plein de choses aussi à voir ailleurs et c'est important de partager et cool que tu aies fait ton du à ce moment là enfin ton diplôme puis on sent que à ce moment là c'est aussi un moment où tu bosses la résilience aussi en quelque sorte quoi parce que c'est pas facile mais que tu fais tout en sorte pour que ça revienne et comme tu dis c'est important de dire ça c'est que tu reviens tout finit toujours pas revenir dans le groupe et et laisser la blessure derrière toi quoi
- Speaker #0
C'est ce que j'ai essayé de faire. Après, c'est vrai que j'ai eu l'opportunité d'échanger avec des joueurs qui se sont fait mal au tendon d'Achille et qui n'ont jamais eu la chance de revenir ou qui se sont refait mal. Avec Raymond Roule de La Rochelle, même s'il a arrêté pour des problèmes de genoux, il m'a dit que son tendon d'Achille s'est vraiment abîmé. C'est compliqué quand tu contactes des joueurs qui, pour eux, ça n'a pas marché. Parce que tu as envie de comprendre pourquoi pour eux ça n'a pas marché. De te dire que tu n'as pas envie de faire la même connerie. Donc, c'est toujours un moment assez délicat parce que le mec, il a arrêté sa carrière et toi, tu es là, tu veux continuer. Tu as la même blessure que lui, donc tu te dis, est-ce qu'il ne va pas me décourager ? Puis finalement, non, parce que le mec est cool. Il se dit, tu vois, s'il me contacte, c'est qu'il n'a pas envie d'arrêter et qu'il se sent encore bien. Et puis ça s'est bien passé, le contact est passé, donc c'était cool.
- Speaker #1
C'est bien en plus que tu partages ça parce que pareil. Tu l'as peu parlé tout à l'heure, tu t'es dit, il y a des mecs qui viennent te voir, qui te disent « ah ouais, t'en donnes moi chier, le machin » . Et souvent quand t'es blessé, même, tu vois, la grosse blessure qui intervient au rugby, c'est les croisés, beaucoup. Et souvent, quand un mec a les croisés, derrière, tout le monde qui vient donner son avis, « ah, t'as combien de mois, moi j'en étais là » , etc. Et en fait, ce qu'il y a, c'est que des fois, c'est bien d'écouter et de partager, mais des fois, aussi de comprendre qu'il y a des croyances qui sont les croyances des autres. Et de pouvoir aussi ne pas se laisser parasiter complètement par toutes les croyances de tout le monde. Et comme tu dis, de prendre en main aussi son projet.
- Speaker #0
Mais tu sais, c'est un peu ce que j'ai fait au final. Parce que tu vois, Jamie Lawrence, il s'est fait mal au mois de... Le centre anglais. Il s'est fait mal avec Bass au mois de... Je crois qu'il s'est fait mal au mois de janvier ou février. Et il est revenu sur le terrain en avant-mois, tu vois. Et le kiné avec qui j'ai bossé, il me dit « Ouais, t'as vu, regarde, il est revenu en six mois et tout. » Et je lui ai dit, attends, Jemil Lorenz, il a fait le tendon de la cheville, mais est-ce qu'il s'est pété la cheville quand je me suis pété la cheville ? Est-ce qu'il a eu les complications que j'ai eues ? Est-ce qu'il a eu la même opération ? Au final, tu parles du principe, déjà, il n'a pas eu la même opération. Ils m'ont re-suturé le pendant d'Achille et lui, ils l'ont ancré. Donc déjà, tu pars sur un truc qui n'est pas identique. Il n'a pas eu de problème de cheville. Moi, ma cheville, elle était massacrée. Et pourtant, c'est lui qui m'avait dit tout ça avant. Si lui ne me l'avait pas dit, tout ça, je ne l'aurais pas su. Et il m'a envoyé le réel qu'il a fait. Je lui ai dit, regarde, au final, il s'est fait mal en janvier. Et il est sur le terrain au mois de septembre, octobre. Je me suis fait mal en novembre. Je suis sur le terrain au mois de septembre, octobre. Donc je dis peut-être que j'aurais pu être sur le terrain pour les matchs amicaux, mais ça me pourrait servir à quoi ? J'ai dit, s'il a fallu autant de temps, c'est que mon corps, il lui a fallu du temps. Et il m'a dit, au final, tu as raison. Il me dit, au final, je n'aurais même pas dû te l'envoyer parce que mentalement, ça a dû te mettre mal. Je lui ai dit non. J'ai dit, après, le mec, il a été bon dans sa réhab. Il a mieux récupéré. Il a eu plein de choses. Il a peut-être eu une rééducation différente. et c'est là qu'il m'a dit t'as raison donc tu vois comparer les blessures Alors après, tu en as toujours qui viennent te donner leur avis, parce que dans un groupe, tu as toujours ces mecs qui viennent te donner leur avis, et peut-être que j'en fais partie quand les mecs se blessent, tu vois, quand il y en a un qui... Tu vois, là, il y a un mec qui s'est déchiré, qui s'est déchiré, fait un adducteur, moi, ça m'est arrivé. Je lui ai dit, tu vas voir, alors c'est un avis qui est con, mais je lui ai dit, tu vas voir que dans l'axe, tu ne vas rien sentir sur la course, et dès que tu vas reprendre un peu les appuis tu vas te sentir un peu instable peut-être que j'aurais pas dû le dire en tout cas il a repris à courir la semaine dernière Et il m'a dit, il y a exactement ça. Au moins, je l'ai prévenu, peut-être qu'il y allait moins fort et qu'il ne s'est pas fait mal. Je ne sais pas, ou peut-être que mentalement, ça l'a bloqué. Et il s'est dit, j'ai peur d'avoir mal, donc j'y vais tranquille. Mais c'est vrai qu'on ne fait pas les choses. Et c'est ce que j'ai dit au gars après. Je sais que vous ne dites pas les choses méchamment, mais j'ai dit, quand il y en a un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf qui viennent te voir je te dis c'est bon c'est bon tranquille je vais bosser mais bon ça fait partie de la vie de groupe Et à un moment donné, c'est aussi à toi de dire « Stop, laissez-moi tranquille et je vais m'en sortir. »
- Speaker #1
Oui, chacun son chemin, chacun sa réhab, chacun sa blessure. Effectivement, je pense que personne ne le fait de manière mal intentionnée. Mais parfois, tu peux installer des croyances qui peuvent être un peu limitantes pour certaines personnes ou, comme tu dis, juste faire un peu mal au mental. Mais cool que tu nous partages ça. Tu as partagé aussi le fait d'avoir bossé mentalement avec... Prépare mental de l'équipe de France quand tu as été en tournée, c'est ça ? Qu'est-ce que tu peux nous en dire un peu de l'accompagnement mental que vous avez eu ? En quoi ça t'a servi ? Sans rentrer forcément dans les détails.
- Speaker #0
Non, non, mais moi j'avoue que c'est une des premières fois que ça m'est arrivé où le rendez-vous n'était pas obligatoire, mais on te le conseillait parce que de par mon profil, de par ce que j'avais vécu récemment, du coup la naissance de mon fils, tout ça. Il m'avait dit, c'est quand même important que tu en parles. Après, si tu veux en parler une fois et que ça te va comme ça, tu laisses. Mais si tu as envie de retourner la voir, tu peux. Donc, c'est vrai qu'on en a discuté. C'était une discussion assez globale. On parlait de notre vie en général, que ce soit elle ou moi, d'ailleurs. C'est ce que j'ai apprécié. C'est qu'elle s'est aussi confinée, peut-être sur des choses qui étaient vraies ou pas, je ne le saurais jamais, mais en tout cas, elle s'est confinée. et c'était quand même assez cool Et au final, on a parlé un peu de rugby derrière, où elle me demandait comment j'appréhendais les matchs, comment j'appréhendais mon premier rassemblement avec l'équipe de France. Plein de petits trucs qui ont fait que ça a matché avec elle et que c'était un bon moment. Après, c'est vrai que je n'ai pas ressenti le besoin de plus derrière, mais c'était un moment d'échange plus que de coaching, tu vois. Donc, c'était cool. Voilà ce que je peux t'en dire. Après, on n'a pas... Elle ne m'a pas donné d'idées fixes. Je n'avais pas besoin de faire de la visualisation dans les matchs. Moi, je n'en ressens pas le besoin. Visualiser mes actions, tout ça, il y en a qui en ressentent. Moi, je n'ai jamais été... Je vis le rugby comme je vis ma vie. C'est-à-dire, sur le moment présent, je ne me dis pas il va se passer ça, il va se passer ça, je le fais. Ça marche, ça marche, ça ne marche pas. Ce n'est pas très grave. Il y a des choses que dans la vie.
- Speaker #1
Et tiens, pour rebondir là-dessus, je sais que cette année, vous avez un PrEP mental qui a intégré le staff. Est-ce que tu peux nous dire un peu comment ça se passe, comment il intervient, si c'est individuel, collectif ? Est-ce que ça peut vous amener au groupe ?
- Speaker #0
Si je ne dis pas de bêtises, il intervient dans le groupe leader, avec les leaders de jeu surtout. Avec les leaders de vie un peu, mais surtout avec les leaders de jeu. Il est vachement dans l'écoute, il est vachement dans... Après, comme toi, tu dois faire, tu vois. Il est vachement dans l'écoute, il est vachement dans la persuasion, il est vachement dans le positif. C'est vrai que début de saison, on sentait qu'on manquait un peu de positif. Lui, il a de suite vu deux, trois choses dans le staff et sur les joueurs qu'il fallait régler. C'est vrai qu'il fait ça assez naturellement, il fait ça assez bien, il s'intègre bien dans un collectif. C'est ce qui m'a étonné, c'est ce que j'avais peur au début. C'était qu'il soit là, mais tu le sentes. Il est là, mais tu ne le sens pas. Et je trouve que c'est sa force, Antoine. C'est qu'il est là et il regarde tout le monde, mais il ne te met pas mal à l'aise. Il discute avec toi, il te demande tes ressentis, il te demande est-ce que ça, tu trouverais mieux ça. Et en fait, moi, ce que j'aime, c'est qu'il discute avec tout le monde de façon informelle. Et pour lui, c'est formel. Tu vois ce que je veux dire ? C'est là où je trouve bon, c'est que dans tout ce qu'il dit, dans tout ce qu'il fait, il est naturel. Et je trouve que dans un collectif de rugby, c'est un mec qui vient et qui est qui n'est pas naturel, tu le vois de suite. Et lui, je trouve qu'il est vachement à sa place, en fait. Il a trouvé sa place et il est arrivé le 21 juillet en tant que nous, et le 22 juillet, il était assez fin. Tu vois, c'était naturel. Moi, j'adore ce mec parce que je discute vachement avec lui. Donc, on discute de tout. On discute de foot, on discute de rugby, on discute vraiment de beaucoup de choses. C'est un mec qui est toujours à l'écoute. C'est ça que j'aime avec lui, c'est que des fois, tu as besoin de te confier parce que tu ne vas pas jouer, parce que tu reviens dans le groupe, parce que truc, parce que machin. Lui, il va te dire un petit mot, un petit conseil. Tu le prends, tu es content et tu sais que ça va t'apporter quelque chose de positif. Je trouve ça hyper positif de faire ça avec lui.
- Speaker #1
Cool. Je vois très bien un peu la manière dont tu me décris un peu ce qu'il fait. Je vois très bien comment il peut intervenir. Et c'est ce que je trouve bien, ça, de pouvoir être intégré comme ça dans un groupe, comme tu dis, de manière très naturelle et de pouvoir échanger avec les mecs. Et comme tu dis, peut-être réajuster deux, trois trucs quand ils sentent que ça ne part pas dans la bonne direction pour pouvoir...
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Mais toujours en accompagnant. Tu vois, moi, j'aime bien ce côté où moi, je pense que les préparateurs mentaux ou même psychologues, machin, etc., c'est pas nous qui donnons les solutions. ça ce serait plus une posture un peu « gourou » . Pour moi, on accompagne. On accompagne les mecs à juste peut-être voir ce qu'ils ne voient pas par eux-mêmes, par moment, et juste lui dire « tiens, tu as les ressources de ça, ça, ça, pour aller vers là-bas » .
- Speaker #0
Parce que les mecs, que ce soit les managers ou les joueurs, on a tellement la tête dans le guidon qu'au final, des fois, il y a les choses qui sont juste devant nous, mais qu'on ne lui fait pas attention parce qu'on est pris dans notre truc. Et c'est là où lui, il est très bon.
- Speaker #1
Complètement. C'est marrant que tu dises ça. Tiens, tu en as parlé tout à l'heure de Patrice Colasso. J'ai échangé avec lui l'année dernière quand il vient de jouer à la Rochelle avec le Racing. Et c'est ce qu'il me disait aussi, c'est qu'il aime bien avoir cette prise de recul maintenant. Peut être qu'il l'avait pas forcément avant. Moi, je l'ai connu aussi Patrice en manager au Stade Rochelet, où avant il était vraiment... Il était pas la même,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #1
Ouais, c'était... Il était excité. De toute façon, je sais pas si...
- Speaker #0
Non, il est toujours un peu excité,
- Speaker #1
je te rassure. Oui, mais toujours, toujours, bien sûr.
- Speaker #0
Je l'ai encore vu sur le banc ce week-end avec ce qu'on est allé jouer là-bas. Au bord du temps, il est toujours un peu sanguin,
- Speaker #1
on va dire. Bien sûr, je pense qu'on ne change pas un homme, de toute façon. Non, non,
- Speaker #0
c'est sûr. Mais je pense qu'il a évolué.
- Speaker #1
Oui, voilà. Il m'a dit que, par exemple, il n'entraînait plus la mêlée, parce qu'en fait, quand il entraînait la mêlée, il n'avait pas la tête ailleurs. Il aime bien aussi prendre ce recul de pouvoir aussi avoir analysé ce qui se passe et de manager son groupe pour ça performe au maximum. Et je pense qu'effectivement, à l'avenir, il y aura de plus en plus de préparateurs mentaux qui seront là pour accompagner le groupe, accompagner le staff aussi. Il faut,
- Speaker #0
je pense. Les jeunes au centre de formation sont vachement dans ça. Ça fait plusieurs années qu'Antoine est au club et qu'il bosse avec les jeunes. Les jeunes sont vachement... Je pense que pour eux, les générations qui arrivent du Moët-sur-Clermont, ils sont vachement dans ça. Et je pense qu'au final, ils se rendent compte qu'ils en ont besoin maintenant. Alors que tu vois, entre guillemets, je ne suis pas une vieille génération, mais les mecs que ce soit de ma génération, même jusqu'aux années 98, 99, 2000, je ne suis pas sûr que ça leur porte un grand intérêt. Et je ne te parle pas de la génération d'avant, les 90, les 85, tout ça. Même si les 85, on n'en a plus nous-mêmes. Mais tu vois, les 90 déjà, c'est bien. Ça ferait plaisir à Seb Benzine que je parle de lui.
- Speaker #1
Pareil, c'est moi, 90, tu vois. mais oui effectivement je suis complètement d'accord avec toi mais parce qu'on avait une image aussi peut-être un peu erronée de ce que pouvait être la prépa mentale on connaissait pas moi par exemple j'en ai jamais eu en centre de formation et moi je sais que là quand j'interviens sur des jeunes quand ils voient comment ça peut les aider et c'est cool quand on peut leur filer des outils à cet âge là et qu'ils puissent après s'en servir tout au long de leur carrière c'est sûr je trouve ça intéressant et ça leur permet de fois de régler on parlait de confiance en soi etc Ça permet aussi de comprendre comment ça fonctionne et pouvoir réussir à développer ça aussi plus facilement, on va dire, qu'on aurait pu le connaître à l'époque. Cool. Du coup, tiens, on va arriver un peu sur la fin, mais tu nous as partagé plein de trucs. Déjà, merci. Et je vais arriver un peu aux questions bonus. Ça va... Bizarrement, ça va bien correspondre avec ce qu'on vient d'échanger là. J'ai une question que j'aime bien poser, c'est avec tout ce que tu as vécu là, ce que tu as... Connu comme expérience, notamment aussi au niveau un peu mental, si tu pouvais t'envoyer un message à Joris, qui était au niveau Château-Renard à l'époque, à 18 ans, on va dire, qu'est-ce que tu lui dirais en priorité sur l'aspect mental, l'échec, la patience, l'ambition ?
- Speaker #0
Ne lâche pas, jamais lâcher, même quand c'est dur, il ne faut jamais lâcher. Mentalement, ça a été dur plus d'une fois, j'ai plein de moments qui me viennent en tête, mais quand c'est dur, il ne faut jamais lâcher. Que ce soit mentalement, physiquement, il faut toujours aller au bout de soi-même. C'est quelque chose que plus jeune, je ne sais pas si j'ai réussi à le faire à 100%, je ne sais pas si là j'arrive à le faire à 100%, mais c'est ce que je me dirais, je pense. C'est de ne pas lâcher, que ce soit mentalement ou physiquement, mais toujours se dire que le meilleur arrive. Et c'est ce que je souhaite encore là aujourd'hui, c'est-à-dire que je reprends le jouet demain. J'espère que le meilleur va arriver demain et que mon retour va bien se passer.
- Speaker #1
Et allez, on va dire une petite dernière question. Pareil, avec les connaissances que tu as, si quelqu'un avait pu t'aider, te préparer mentalement pour que le chemin soit un peu plus fluide, qu'est-ce que tu aurais aimé qu'il t'apporte ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si on peut dire que le chemin aurait été plus fluide, parce que c'est aussi ce chemin-là qui m'a rendu comme ça. Mais c'est vrai que j'aurais aimé, comme disent, peut-être pas que j'allais réussir, tu vois, parce que je ne pense pas que même si... Je suis content de ma carrière, mais qu'on me guide plus dans certains moments, pour plein de choses, que ce soit quand ma première année, je suis à Aix, que je travaillais comme un dératé, je travaillais en boîte de nuit, je finissais à 5h du matin, j'avais match le lendemain. Qu'on me dise calme-toi, il ne faut pas se focaliser que sur des tâches de rugby, mais en même temps, c'était ça qui me faisait manger aussi, donc c'est assez bizarre. C'est vrai que j'arrive pas à me dire que mon chemin... J'aimerais pas que mon chemin soit différent de celui que j'ai. Donc plus fluide, ça serait pas mon chemin. Je serais pas la personne que je suis aujourd'hui si j'avais pas vécu tout ce que j'ai vécu. Même si j'ai pas non plus vécu des trucs de ouf. Mais en gros, mon parcours, j'aimerais pas qu'il soit plus fluide que ce qu'il est en fait. C'est bizarre qu'on m'aide, oui, mais... pas envie que mon chemin soit différent, moins fluide ou plus fluide. Je trouve que mon chemin, c'est mon chemin. Je me le suis fait tout seul. Alors, on m'a aidé à des moments, quand même, attention. Mais non, je n'ai pas envie que ce soit plus fluide ou moins fluide.
- Speaker #1
Parfait. Je ne sais pas. Non, mais c'est... Je ne sais pas si ça te va. Il y a pas mal de trucs qui me vont ou qui ne me vont pas. C'est parfait. Je trouve ça même très bien. Comme tu dis, on a chacun notre chemin. C'est ce que je répète aussi à... à pas mal de joueurs. Tu as des joueurs des fois qui me viennent me voir avec de la frustration, qui disent « ouais mais regarde, lui il joue » , des choses comme ça. Ils sont dans la comparaison, etc. Et ce que je leur rappelle aussi, c'est ça, c'est qu'on a chacun notre chemin.
- Speaker #0
Jamais ce que tu ne se compares aux autres, c'est la dernière chose à faire.
- Speaker #1
Tu as complètement raison. Tu vois, ça serait un des conseils que je donnerais aussi aux jeunes joueurs, c'est de se comparer à soi-même. Exactement. De voir comment on évolue chaque jour, et d'essayer d'évoluer soi-même chaque jour.
- Speaker #0
et des fois on ne se rend même pas compte de comment on évolue parce qu'on est tout le temps en train de se comparer aux autres et je suis complètement d'accord avec toi mais ça c'est un peu aussi avec les réseaux sociaux tout ça qu'on fait ça je ne pense pas que je ne pense pas que ce soit malheureusement je pense que ça vient aussi de la nouvelle génération des nouvelles choses qui viennent à nous et c'est pour ça qu'on fait ça on compare toujours, ouais mais lui il a ça moi j'ai ça, et lui il a ça Et lui, il a ça. Et en fait, on ne s'arrête jamais, sauf qu'on n'est jamais heureux de ce qu'on a.
- Speaker #1
Je suis d'accord.
- Speaker #0
Ça, malheureusement, ce n'est pas que dans le sport. Pour moi, c'est tout le monde pareil. Et peut-être moi le premier qui a des moments où je me dis, « Ouais, putain, mais je pourrais avoir ça. » « Ouais, mais j'ai déjà ça, ça et ça. » Et c'est là où tu te remets les idées en place. Et je pense que mentalement, c'est ce qu'il faut faire aussi. Il faut faire ça, mais c'est toujours assez compliqué de dire aux gens, « On ne voit pas ce qu'il y a. » tu fais ta distance sur toi parce que les jeunes,
- Speaker #1
oui, mais les vieux, tu peux pas te regarder. Ouais. Non, et puis après, faut jamais s'empêcher de rêver aussi, tu vois. C'est que le rêve, ça te permet d'avancer. Mais comme tu dis, moi, des fois, c'est ce que je redis aussi des fois en coaching, entre guillemets, c'est des fois, faut réussir à regarder le chemin et pas forcément regarder que l'arrivée. De comprendre qu'on est en train d'avancer sur le chemin, tu vois, notamment aussi des fois dans la blessure où c'est compliqué, t'as l'impression de pas avancer, mais en fait, si tu regardes... Ça fait des mois que ça avance, donc ça va revenir au chemin, entre guillemets. Non mais écoute Joris, je te remercie pour tout ce que tu nous as partagé, c'était riche.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #1
Merci de tout ça. J'espère que les gens qui nous ont écoutés, ça va les aider. S'il y a des jeunes, ça va continuer de les motiver. Je te souhaite en tout cas un très bon match pour ce week-end, une bonne reprise, une bonne fin de saison et plein de bonnes choses à venir. J'espère encore à 34 km heure et même retrouver 37 s'il faut. Merci beaucoup. Je te souhaite que des bonnes choses. Merci beaucoup. Allez, à bientôt.
- Speaker #0
À bientôt, merci.
- Speaker #1
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