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Inclusif - Ep.14 - Ludovic : la performance à tous niveaux cover
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Inclusif

Inclusif - Ep.14 - Ludovic : la performance à tous niveaux

Inclusif - Ep.14 - Ludovic : la performance à tous niveaux

24min |20/12/2024
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24min |20/12/2024
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Description

Amputé à l'âge de 6 ans, Ludovic a fait de son handicap une force, au point de remporter 3 médailles paralympiques aux Jeux de Londres en 2012, à Rio en 2016 et à Paris en 2024, mais aussi de multiples récompenses internationales. Ce jeune papa médaillé, occupe également un poste de conseiller bancaire chez LCL depuis 2015 où il met ses compétences et son expérience au service de l'objectif collectif. La médaille de bronze remportée au fleuret par équipe aux JO 2024 à Paris illustre une nouvelle fois son engagement exemplaire tant sur la piste que dans les coulisses pour performer. A tous niveaux.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons découvrir le parcours d'un handi-escrimeur de haut niveau qui parvient à concilier sa vie professionnelle avec celle de sportif et de père de famille. Pour nous en parler, Yann reçoit Ludovic Lemoine, médaillé olympique, mais également conseiller bancaire et papa, qui nous dévoilera les coulisses de ses succès. Je suis Sandra. Dans nos épisodes, nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de chefs d'entreprise engagés en faveur de l'inclusion de personnes en situation de handicap et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis et les stratégies mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Ludovic !

  • Speaker #2

    Bonjour Yann !

  • Speaker #1

    Première question, est-ce que tu peux te présenter en une minute ?

  • Speaker #2

    Je suis escrimeur paralympique, avec notamment trois médailles paralympiques à mon actif, gagnées au fleuret par équipe en 2012-2016, et là en 2024, la dernière gagnée au Jeu de Paris. Je suis amputé de la jambe droite suite à un cancer du fémur qui s'est déclaré quand j'avais 5 ans, et donc amputé à 6 ans. Pour autant, derrière, la vie a très vite repris son cours. J'ai mené ma scolarité en Bretagne, entouré d'une famille qui m'a très vite transmis le goût du sport, pour rebondir, avancer, et tous les bienfaits physiques et mentaux qu'on peut trouver au sport. Suite à ce début de parcours, j'ai déménagé à Clermont-Ferrand. à l'âge de 20 ans, pour terminer mes études, où j'ai fait un master de gestion d'entreprise. Et en parallèle de ça, j'ai progressé dans ma carrière sportive. Aujourd'hui, ça fait 30 ans que je pratique l'escrime en fauteuil, ça fait 21 ans que je suis escrimeur international. J'ai réussi à avoir quelques médailles sur mon chemin. Aujourd'hui, j'ai 38 ans, et je suis père d'une petite fille qui a 8 ans.

  • Speaker #1

    amputation de ta jambe très tôt dans ta jeunesse. Comment tu as vécu cette période ?

  • Speaker #2

    Souvent, ce que je dis, c'est que c'est un peu, quelque part, la chance que j'ai pu avoir dans mon handicap, c'est que ça m'est arrivé tellement jeune qu'on n'a pas beaucoup de souvenirs personnels de cet âge-là. Il y a peut-être aussi de traumatisme qui a fait que j'ai pu oublier certaines choses par rapport à cet événement. Mais je sais que sur 15 mois d'hospitalisation et de chimio, rayon, de tous les traitements possibles et de l'amputation en elle-même, je dois avoir peut-être une dizaine d'images, mais c'est plus sous forme de flash, il ne reste pas grand-chose. Par contre, ce que je me souviens beaucoup plus d'après, c'est une enfance tout à fait heureuse, vraiment, où je me suis épanoui et j'avais juste envie de jouer, de m'amuser comme tout enfant de mon âge et avec peut-être aussi un... Petit goût du challenge supplémentaire, sur des promenades, d'essayer d'aller un peu plus loin, un peu plus vite, de grimper des rochers, des petits défis personnels, c'était plus sous ces formes-là. Mais ce que je dis toujours, c'est qu'en fait, je pense que ma chance, c'est que mon handicap est intervenu tellement jeune que oui, mon parcours est peut-être atypique, mais quelque part, chaque parcours de vie est unique, mais il a sa cohérence. Et c'est autre chose qu'un accident de vie, à tout hasard un accident de voiture qui m'arriverait aujourd'hui, qui remettrait totalement en cause qui serait un vrai bouleversement, une fracture dans le parcours de vie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a amené à l'escrime ? Parce qu'en fait, t'as commencé l'escrime seulement 3 ans après l'amputation, donc ça a été assez rapide ce rebond,

  • Speaker #2

    si je puis dire. C'est ça. Même 2 ans, ça s'est enchaîné très vite. Alors, du coup, comme je disais, mes parents m'ont très vite inculqué le goût du sport. Ils ont très vite compris que le sport serait un excellent moyen pour m'aider, à la fois sur les aspects physiques et psychiques. Et du coup, comme ma famille est très portée sur les arts martiaux, au début je voulais faire des arts martiaux comme papa, maman, puisque ma mère fait du tai-chi et mon père est prof d'aïkido, donc sur ces aspects-là. Ils m'ont inscrit au judo quand j'avais 7 ans, donc même si à cet âge-là c'est beaucoup plus sous forme de jeu, c'était marrant. On a très vite compris, et même moi aussi à mon âge, que la marge de manœuvre, la marge de progression serait très limitée, puisque faire un sport où il faut faire tomber l'autre quand on est soi-même sur une patte, c'est un peu galère. Et du coup ils ont contacté la fédération d'e-sport qui leur a dit, tiens dans votre ville, c'était à Vannes en Bretagne, il y a un club d'escrime en fauteuil avec un homme et une femme de l'équipe de France. et la maître d'armes qui leur a tout appris. Donc j'ai découvert ce sport au contact de ces grands champions, et donc de cette maître d'armes qui m'a enseigné tout ce que je peux connaître de l'escrime. Et puis tout de suite, dès qu'on m'a mis un fleuret dans la main, c'était le coup de foudre, je me suis pris pour un chevalier, c'était rigolo. Et puis j'ai très vite trouvé dans l'escrime tout ce qui peut me plaire, tout ce que je peux attendre d'un sport. ce qui fait que pour moi, il y a ce côté de technique, qui fait que même si aujourd'hui je sais tout faire, je ne peux jamais maîtriser chaque geste parfaitement à tout instant, il y a toujours des gestes à retravailler. L'engagement physique est très intense aussi, ce qui fait qu'on peut vraiment se défouler, se vider complètement dans le match des scrims, vraiment y aller à fond, et donc ça, ça fait du bien. C'est très stratégique. Ce que je dis souvent, c'est que c'est une partie d'échec qui va à 100 à l'heure. Ce n'est pas juste je tends le bras pour toucher mon adversaire, l'autre va se défendre. Donc c'est faire des pièges, déjouer les pièges de l'autre, et puis toujours chercher à s'adapter, c'est ça qui est sympa. Et pour terminer, l'aspect aussi pour moi sécurité qui est important, qui fait qu'avec toutes les protections, les vestes, les masques, les gants qu'on a, je peux donner des coups de sabre à mon adversaire sans problème. Dans le pire des cas, je vais lui faire deux ou trois bleus, mais je ne peux pas lui casser le bras ou l'épaule. Je sais que je peux y aller pleinement dans le combat. Mon adversaire est en sécurité et moi aussi.

  • Speaker #1

    Quelle adaptation tu as dû faire ? Parce qu'en fait, on t'a vu arriver, tu es hyper à l'aise sur les béquilles ou tu te tiens parfaitement droit sur ta jambe. C'est assez bluffant, d'ailleurs, je dois dire. Et du coup, quelle adaptation tu as dû faire ?

  • Speaker #2

    Je suis tête à l'aise, mais c'est un métier, c'est comme le reste, quand on s'entraîne régulièrement, du coup c'est plus facile. Maintenant ça fait 32 ans que je suis amputé, donc pour ça que mon handicap, ça fait bien longtemps maintenant que c'est plus un sujet pour moi. Alors l'adaptation, là aussi c'est assez flou, je sais qu'il y a eu toute une période de... de réapprentissage pour réapprendre à marcher avec un déambulateur, des béquilles et tout. Puis bon, essayez-moi de trouver petit à petit mes repères en fait. Puis encore une fois, on va dire un enfant s'adapte extrêmement vite. Donc j'ai pas de souvenir moi d'avoir galéré dans cette recherche de nouveaux repères. Je sens que ça s'est fait aussi de façon assez fluide, assez naturelle. Alors moi par contre, j'ai porté en fait une prothèse. tous les jours d'école, du CP jusqu'au bac. Ma difficulté étant, c'est que je n'ai plus aucun moignon de la jambe droite. Je suis amputé directement au niveau de la hanche. Et le problème, c'est que du coup, comme il n'y a pas de moignon, il n'y a pas de point d'ancrage, la seule façon de faire tenir la prothèse, c'est d'avoir tout un corset qui me prenait tout le bassin. Et donc, ça me faisait vraiment mal dès que je la mettais assez longtemps. Je rentrais de l'école avec des marques bleu-noir. Enfin voilà, j'étais vraiment pas bien. Donc, il fallait que je la porte... en grandissant, parce que c'était important médicalement pour éviter les problèmes de dos, de scoliose avec la croissance. Et sur une visite de contrôle, les médecins m'ont dit, quand j'avais à peu près 18 ans, ils m'ont dit, c'est bon, t'as fini de grandir, tu peux continuer de mettre la prothèse si tu veux, mais t'es plus obligé. Du jour où on m'a dit ça, je l'ai mise au placard, je n'ai plus jamais touché. Ce que j'ai pris l'habitude de dire pour résumer un peu mon ressenti, c'est qu'avec la prothèse, je me sentais handicapé. Alors qu'avec les béquilles, je me sens libre d'être moi-même. Et il y a eu aussi, à ce moment-là, un effet d'image, dans le sens où c'est de me dire, ok, de toute façon, le handicap, est-ce que je peux le dissimuler ? Et en fait, je me disais, avec la prothèse, je ne peux pas le dissimuler, parce que de toute façon, je boite, je ne suis pas bien, Voilà, les gens vont voir qu'il y a un problème. Donc à ce compte-là, puisque le handicap se voit, autant l'assumer complètement, l'afficher, mais par contre, je ne suis pas dans la tête des gens, mais c'est vraiment mon lettre-motiv au quotidien, que quand ils me voient passer dans la rue, ou me promener ou quoi que ce soit, qu'ils ne se disent pas oh là là le pauvre handicapé mais qu'ils se disent ben dis donc le gars, même à une patte avec ses béquilles, il marche vite, il se promène, il va en forêt, il grimpe le puits de Dôme, il va à la plage, il se promène, il visite des pays, il va au resto, il se fait un bowling. Il s'éclate, il profite à fond. C'est vraiment ça que je vais essayer de passer dans ma dynamique au quotidien.

  • Speaker #1

    On a évoqué un peu avant d'enregistrer ce podcast, les expériences à Londres, au Rio, les JO c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens, et puis les médailles aussi, médailles de bronze, notamment en fleuré, fauteuil par équipe 1 à 1. à Paris, en quoi ces expériences sportives, celles-ci, et puis celles d'avant, parce que tu as un palmarès très riche, en quoi ces expériences t'ont été bénéfiques dans tes engagements professionnels ?

  • Speaker #2

    Dire les crimes, mon sport m'a tout apporté, notamment, on va dire, un épanouissement personnel, fil des médailles, une reconnaissance qui fait que je suis devant toi aujourd'hui. de cette carrière, de ce parcours de champion. Et puis voilà, des voyages, des pays où je ne suis pas allé, des émotions incroyables que seul le sport peut procurer, une deuxième famille avec mes coéquipiers, enfin tous ces aspects-là. Mais pour autant, malgré toutes ces richesses, comme tu dis, effectivement, l'escrime fauteuil, en France aujourd'hui, c'est un sport totalement amateur. On ne gagne pas du tout sa vie, on ne gagne rien. à pratiquer ce sport. Donc du coup, j'ai aussi mené, effectivement aussi en parallèle, un parcours professionnel tout à fait épanouissant aussi. J'ai travaillé pendant 5 ans en tant que conseiller allocataire à Pôle emploi. Et donc, aujourd'hui, du coup, je suis conseiller bancaire depuis plusieurs années chez LCL, qui m'a énormément accompagné aussi dans ce parcours pour les Jeux de Paris. Et je les remercie vivement. Sans ce soutien précieux, ce double projet n'aurait jamais été possible.

  • Speaker #1

    Tu parles d'être serein ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est de se mettre d'accord avec ma hiérarchie sur quel volume de détachement sportif je vais avoir besoin sur l'année. C'est se mettre d'accord sur le cadencement du travail que je peux apporter, le poste que je peux occuper par rapport à ça. Et du coup, ça fait que je suis en étant libéré pour faire les compétitions, les entraînements et tout. Je bénéficie de mon salaire comme si j'étais au bureau à temps complet. Donc ça, c'est un confort incroyable qui m'enlève la difficulté de me dire comment je vais faire les courses ou payer le quotidien si je pars en compétition. Et LCL, eux, de leur côté, ils ont une réduction fiscale qui leur permet... de s'y retrouver aussi en même partie sur le salaire qui me verse. Mais du coup, à côté de ça, oui, je pense que ça fait ce double projet, amène aussi bien sûr une richesse à l'entreprise, puisque bien évidemment, il y a de nombreuses passerelles qui existent entre le monde du sport et la sphère professionnelle. Et même si bien sûr, sur des compétences techniques et tout, c'est moins évident pour un athlète de parvenir à jongler. Pour autant, on a bien évidemment... des notions de rigueur, de travail, d'écoute, de réussite en équipe, des choses qui sont aussi extrêmement bénéfiques quand on intervient dans l'entreprise.

  • Speaker #1

    Sur ces deux expériences professionnelles en partie, est-ce que le handicap que tu as eu, que tu vis pas comme un handicap, tu l'as eu, j'aime bien le dire, mais est-ce que tu as perçu un regard particulier quand tu es arrivé dans ces nouveaux environnements professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, un regard particulier, bien sûr, on va dire que c'était au début, mon employeur qui s'assurait de voir si en termes d'accessibilité, si je n'avais pas de demande ou de besoin particulier. Et puis, on s'est très vite mis d'accord, on va dire, effectivement, sur mes deux employeurs, pour l'emploi avant et puis LCL ensuite. On va dire que mon principal besoin, c'était de m'assurer qu'il y ait le moins d'escaliers possible. Donc... On a fait en sorte que je sois affecté sur des lieux de travail où il y avait le moins de difficultés possibles sur ces sujets-là. Pour le reste, après, non, je n'ai vraiment pas senti ce genre de barrière vis-à-vis du handicap. À la limite, mes contraintes étaient beaucoup plus fortes sur mes absences sportives. C'est ça qui posait largement le plus de difficultés. Mais pour le reste, en soi, voilà, mon... Je n'ai pas eu de difficultés par rapport à ça. Et puis, d'une certaine façon, ça m'a peut-être aussi permis, dans mes postes qui sont en lien avec le public, d'amener des discussions, des sujets transverses, des compréhensions, et qui font que ça peut aussi grandement aider à fluidifier les échanges avec le public qu'on a en face de nous.

  • Speaker #1

    Le poste de conseiller bancaire à LCL, du coup, t'as permis de, comme ça, envisager le financement de ta carrière sportive aussi, et de structurer pour, du coup... avancer plus sereinement avec l'argent.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est ce qui fait je pense que c'est ce qui va aussi déjà mon tempérament de départ aussi et cette rigueur budgétaire que bien sûr que je trouve qui correspond bien sûr tout à fait à mon activité bancaire et aussi à la nécessité de réussir à à trouver les financements de mon projet sportif. Ça fait partie de mon non-fonctionnement, ça m'a aidé, cette expérience aussi bancaire bien sûr, m'a aidé aussi à prendre du recul, vraiment voir comment construire le projet, le budget sportif et mener tout un cheminement pour m'aider dans ce parcours. Ça a été aussi un énorme travail considérable à côté de ma préparation sportive au sens strict sportif du terme.

  • Speaker #1

    Vous disiez que ça prend énormément de temps, cette recherche de financement. Il y a la préparation aussi, l'entraînement aussi qui prend beaucoup de temps.

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que, et on ne le voit pas nous, mais est-ce que du coup, le fait de chercher de l'argent prend plus de place que la préparation en termes de temps, en termes de mobilisation, je ne sais pas, mentale, et administrative, ou de démarche, tout simplement ?

  • Speaker #2

    Pour le résumer rapidement, moi, j'ai toujours un peu l'habitude de dire que ça fait 4 ans que j'exerce 6 métiers en un. Donc, je fais à peu près 15 heures d'entraînement par semaine, donc partagé entre de l'escrime pur, de la préparation physique, et aussi préparation mentale, kiné, récupération, tous ces éléments-là. C'est une première chose. Le travail aussi à la banque, qui, selon les périodes, intervient aussi, bien sûr. Mon employeur est extrêmement compréhensif, et du coup, c'est un aspect dont j'étais vraiment libéré sur cette dernière année 2024, mais c'est aussi quelque chose qui faisait partie du parcours. Comme je disais aussi, j'ai une petite fille qui voit que je m'absente souvent aussi, et j'essaye de tenir du mieux possible de... mon rôle de faire avec elle parce que c'est maintenant ça sera pas après et du coup je peux te dire que je paye très cher en temps à jouer à la barbie quand je reviens de compétition mais voilà c'est son livre des bons moments aussi bien sûr et justement je peux aller se faire un peu en

  • Speaker #1

    sens où aux yeux de ta fille tu es donc son papa est ce qu'elle se fait des remarques par pouvoir au fait que tu as une jambe, que tu es différent des autres, comment tu abordes ce sujet-là simplement avec elle ?

  • Speaker #2

    Les remarques qu'elle me fait c'est que je passe mon temps à partir, pour les compétitions, pour les déplacements, que je suis jamais là, c'est surtout ça les principales remarques. Mais sinon, par rapport au handicap, j'ai un certain sens de l'humour, une certaine légèreté avec ça qui font que c'est mon affaire. On a toujours bien discuté, il n'y a jamais eu de problème. Et quand elle me demandait ce qui se passait, de toute façon, je lui disais, c'est de lui dire avec des mots qu'elle peut entendre, que j'étais très malade, qu'il avait fait me couper la jambe, sinon je serais mort. Des choses lourdes, mais qui sont vraies. Mais pour elle, elle l'a toujours intégré. Et ce que j'ai remarqué, je pense, c'est un de ses premiers moments de choc sur ce sujet-là. Je crois qu'on devait faire une promenade familiale un dimanche, quand elle devait peut-être avoir 2-3 ans, quelque chose comme ça. Et en fait, elle a buggé de voir un autre enfant qu'on croisait bloqué sur ma situation. Et voilà, et elle ne comprenait pas pourquoi, qu'est-ce que cet enfant-là pouvait bien, moi, me trouver de si spécial. Parce que, ouais, elle m'a toujours connu comme ça, c'était tout à fait naturel. Et du coup, et c'est là que ça a commencé à cheminer, mais à partir d'après ça, ça a été vraiment toujours très facile.

  • Speaker #1

    Il était là au Grand Palais pour te voir ?

  • Speaker #2

    Bien sûr, il était là au Grand Palais. Encore une fois, ce projet, ça a aussi été un projet familial sur plusieurs années. Ça a été dur pour elle de me voir partir si souvent. Ça a été vraiment pas évident de lui faire comprendre que c'était pour quelque chose de très important qui allait... pas duré très longtemps, mais bien sûr au quotidien c'était pas facile et je pense qu'elle a vraiment pris l'ampleur de l'événement je pense sur le début d'année, la 2024 quand il y a eu tout l'emballement général autour des Jeux de Paris qui a commencé et puis des gens dans son école qui disaient alors ton papa il est qualifié qui revenait, qui revenait vers Red et là elle a vraiment pris l'effet que oui, là c'est quelque chose d'énorme, d'exceptionnel qui allait arriver... Et elle a vraiment vécu pleinement la magie des jeux, c'était un de mes gros moteurs aussi, je savais qu'elle aurait le bon âge pour ça. Et elle a pris à fond, elle a pleuré comme sa mère dans les tribunes, elle a été heureuse comme tout. Sur le podium, on ne pouvait pas. Mais oui, ça, bien sûr, elle a été la seule autorisée à monter le grand escalier au Grand Palais. C'était chouette. Mais du coup, je reviens sur ce qu'on disait avant, parce qu'à part l'entraînement, ce temps familial, il y a effectivement beaucoup d'administratifs. J'ai du monde autour de moi qui m'a fait Mais c'est moi, le chef d'orchestre, qui organise tout sur la planif des entraînements, sur les sollicitations par mail, les demandes, les interventions, les dossiers à remplir par la fédération, etc. Les fiches de frais, le suivi budgétaire, les réservations d'avions, d'hôtels et tout, c'est moi qui fais tout. Et puis, comme on le disait, il a fallu trouver des partenaires qui voulaient bien me suivre dans cette aventure. Donc aussi, un énorme travail pour développer la communication. réseaux sociaux et des personnes qui m'ont aidé pour mettre en forme tout ça. Mais c'est aussi du temps de rédaction des articles, des choses à produire. Ça prend aussi beaucoup de temps. Et puis tout le démarchage auprès des partenaires, rencontrer les chefs d'entreprise, voir quelles contreparties on peut trouver pour qu'on soit vraiment gagnant-gagnant. Voilà, faire vivre tout ça. Et du coup, je suis très heureux. Du coup, il y a une vingtaine de partenaires, autant privés qu'institutionnels, qui m'ont rejoint et ça fait vraiment chaud au cœur. Mais du coup, il faut faire vivre tout ça. Ça prend aussi beaucoup de temps et avec aussi des sollicitations. Il y a beaucoup d'établissements scolaires qui me demandent d'intervenir et ça me tient beaucoup à cœur aussi. Donc voilà, les semaines sont bien remplies.

  • Speaker #1

    Dernière question et puis on te libérera parce que l'agenda est bien chargé.

  • Speaker #2

    C'est un plaisir de répondre.

  • Speaker #1

    Ah oui, merci. Et prochain objectif ? Est-ce que tu as des rêves que tu n'as pas accomplis, qui te tirent vers l'avant, ou en tout cas, tu as un but, prochain objectif ?

  • Speaker #2

    Alors, objectif, c'est dur de fêter des objectifs, puisque moi, j'ai eu la chance de vivre mon rêve d'enfant au jeu de Londres. Pour moi, c'était vraiment... C'était vraiment mon rêve ultime de gosse, d'être un jour dans le stade et voir la flamme s'allumer. Quand j'étais petit, j'ai gagné mes premières compétitions en catégorie jeune, quand j'avais 11, 12, 13 ans, et que j'avais les grands champions au club, ils disaient oui, moi aussi je veux être champion paralympique et tout. À me frotter au niveau, je me suis rendu compte que oui, en fait, ce n'est pas si simple que ça. Donc déjà, ces Jeux de Londres ont déjà été un accomplissement, un aboutissement. Et en plus de revenir de Londres médaillé. d'argent, concrètement, c'est un hold-up qu'on avait fait, on avait déjoué tous les pronostics, donc c'était vraiment mon rêve ultime, j'ai eu le bonheur, là cet été, d'avoir je pense le privilège ultime pour un athlète de vivre les Jeux à domicile, en plus d'y être médaillé, là aussi vraiment quelque chose de fabuleux, et où une nouvelle fois on a réussi à déjouer les attentes. Aujourd'hui, je ne me projette pas encore sur des nouveaux grands projets, grands rêves. Je sais que je suis allé vraiment au bout de moi-même sur ces choses-là, mais pour autant, je sais que j'ai aussi beaucoup à cœur des valeurs de transmission, de partage, donc que je vois sur quel terrain aussi pourrait être favorable, qu'elle puisse pouvoir être explorée. Je pense que c'est des... Des pistes qui vont avancer petit à petit.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci à toi, Ludovic, de ta disponibilité.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et puis, on peut remercier le soutien de la JCP et du Fonds social européen qui tiennent cette action de podcast. Merci à tous et puis à bientôt.

  • Speaker #2

    À bientôt.

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Amputé à l'âge de 6 ans, Ludovic a fait de son handicap une force, au point de remporter 3 médailles paralympiques aux Jeux de Londres en 2012, à Rio en 2016 et à Paris en 2024, mais aussi de multiples récompenses internationales. Ce jeune papa médaillé, occupe également un poste de conseiller bancaire chez LCL depuis 2015 où il met ses compétences et son expérience au service de l'objectif collectif. La médaille de bronze remportée au fleuret par équipe aux JO 2024 à Paris illustre une nouvelle fois son engagement exemplaire tant sur la piste que dans les coulisses pour performer. A tous niveaux.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons découvrir le parcours d'un handi-escrimeur de haut niveau qui parvient à concilier sa vie professionnelle avec celle de sportif et de père de famille. Pour nous en parler, Yann reçoit Ludovic Lemoine, médaillé olympique, mais également conseiller bancaire et papa, qui nous dévoilera les coulisses de ses succès. Je suis Sandra. Dans nos épisodes, nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de chefs d'entreprise engagés en faveur de l'inclusion de personnes en situation de handicap et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis et les stratégies mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Ludovic !

  • Speaker #2

    Bonjour Yann !

  • Speaker #1

    Première question, est-ce que tu peux te présenter en une minute ?

  • Speaker #2

    Je suis escrimeur paralympique, avec notamment trois médailles paralympiques à mon actif, gagnées au fleuret par équipe en 2012-2016, et là en 2024, la dernière gagnée au Jeu de Paris. Je suis amputé de la jambe droite suite à un cancer du fémur qui s'est déclaré quand j'avais 5 ans, et donc amputé à 6 ans. Pour autant, derrière, la vie a très vite repris son cours. J'ai mené ma scolarité en Bretagne, entouré d'une famille qui m'a très vite transmis le goût du sport, pour rebondir, avancer, et tous les bienfaits physiques et mentaux qu'on peut trouver au sport. Suite à ce début de parcours, j'ai déménagé à Clermont-Ferrand. à l'âge de 20 ans, pour terminer mes études, où j'ai fait un master de gestion d'entreprise. Et en parallèle de ça, j'ai progressé dans ma carrière sportive. Aujourd'hui, ça fait 30 ans que je pratique l'escrime en fauteuil, ça fait 21 ans que je suis escrimeur international. J'ai réussi à avoir quelques médailles sur mon chemin. Aujourd'hui, j'ai 38 ans, et je suis père d'une petite fille qui a 8 ans.

  • Speaker #1

    amputation de ta jambe très tôt dans ta jeunesse. Comment tu as vécu cette période ?

  • Speaker #2

    Souvent, ce que je dis, c'est que c'est un peu, quelque part, la chance que j'ai pu avoir dans mon handicap, c'est que ça m'est arrivé tellement jeune qu'on n'a pas beaucoup de souvenirs personnels de cet âge-là. Il y a peut-être aussi de traumatisme qui a fait que j'ai pu oublier certaines choses par rapport à cet événement. Mais je sais que sur 15 mois d'hospitalisation et de chimio, rayon, de tous les traitements possibles et de l'amputation en elle-même, je dois avoir peut-être une dizaine d'images, mais c'est plus sous forme de flash, il ne reste pas grand-chose. Par contre, ce que je me souviens beaucoup plus d'après, c'est une enfance tout à fait heureuse, vraiment, où je me suis épanoui et j'avais juste envie de jouer, de m'amuser comme tout enfant de mon âge et avec peut-être aussi un... Petit goût du challenge supplémentaire, sur des promenades, d'essayer d'aller un peu plus loin, un peu plus vite, de grimper des rochers, des petits défis personnels, c'était plus sous ces formes-là. Mais ce que je dis toujours, c'est qu'en fait, je pense que ma chance, c'est que mon handicap est intervenu tellement jeune que oui, mon parcours est peut-être atypique, mais quelque part, chaque parcours de vie est unique, mais il a sa cohérence. Et c'est autre chose qu'un accident de vie, à tout hasard un accident de voiture qui m'arriverait aujourd'hui, qui remettrait totalement en cause qui serait un vrai bouleversement, une fracture dans le parcours de vie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a amené à l'escrime ? Parce qu'en fait, t'as commencé l'escrime seulement 3 ans après l'amputation, donc ça a été assez rapide ce rebond,

  • Speaker #2

    si je puis dire. C'est ça. Même 2 ans, ça s'est enchaîné très vite. Alors, du coup, comme je disais, mes parents m'ont très vite inculqué le goût du sport. Ils ont très vite compris que le sport serait un excellent moyen pour m'aider, à la fois sur les aspects physiques et psychiques. Et du coup, comme ma famille est très portée sur les arts martiaux, au début je voulais faire des arts martiaux comme papa, maman, puisque ma mère fait du tai-chi et mon père est prof d'aïkido, donc sur ces aspects-là. Ils m'ont inscrit au judo quand j'avais 7 ans, donc même si à cet âge-là c'est beaucoup plus sous forme de jeu, c'était marrant. On a très vite compris, et même moi aussi à mon âge, que la marge de manœuvre, la marge de progression serait très limitée, puisque faire un sport où il faut faire tomber l'autre quand on est soi-même sur une patte, c'est un peu galère. Et du coup ils ont contacté la fédération d'e-sport qui leur a dit, tiens dans votre ville, c'était à Vannes en Bretagne, il y a un club d'escrime en fauteuil avec un homme et une femme de l'équipe de France. et la maître d'armes qui leur a tout appris. Donc j'ai découvert ce sport au contact de ces grands champions, et donc de cette maître d'armes qui m'a enseigné tout ce que je peux connaître de l'escrime. Et puis tout de suite, dès qu'on m'a mis un fleuret dans la main, c'était le coup de foudre, je me suis pris pour un chevalier, c'était rigolo. Et puis j'ai très vite trouvé dans l'escrime tout ce qui peut me plaire, tout ce que je peux attendre d'un sport. ce qui fait que pour moi, il y a ce côté de technique, qui fait que même si aujourd'hui je sais tout faire, je ne peux jamais maîtriser chaque geste parfaitement à tout instant, il y a toujours des gestes à retravailler. L'engagement physique est très intense aussi, ce qui fait qu'on peut vraiment se défouler, se vider complètement dans le match des scrims, vraiment y aller à fond, et donc ça, ça fait du bien. C'est très stratégique. Ce que je dis souvent, c'est que c'est une partie d'échec qui va à 100 à l'heure. Ce n'est pas juste je tends le bras pour toucher mon adversaire, l'autre va se défendre. Donc c'est faire des pièges, déjouer les pièges de l'autre, et puis toujours chercher à s'adapter, c'est ça qui est sympa. Et pour terminer, l'aspect aussi pour moi sécurité qui est important, qui fait qu'avec toutes les protections, les vestes, les masques, les gants qu'on a, je peux donner des coups de sabre à mon adversaire sans problème. Dans le pire des cas, je vais lui faire deux ou trois bleus, mais je ne peux pas lui casser le bras ou l'épaule. Je sais que je peux y aller pleinement dans le combat. Mon adversaire est en sécurité et moi aussi.

  • Speaker #1

    Quelle adaptation tu as dû faire ? Parce qu'en fait, on t'a vu arriver, tu es hyper à l'aise sur les béquilles ou tu te tiens parfaitement droit sur ta jambe. C'est assez bluffant, d'ailleurs, je dois dire. Et du coup, quelle adaptation tu as dû faire ?

  • Speaker #2

    Je suis tête à l'aise, mais c'est un métier, c'est comme le reste, quand on s'entraîne régulièrement, du coup c'est plus facile. Maintenant ça fait 32 ans que je suis amputé, donc pour ça que mon handicap, ça fait bien longtemps maintenant que c'est plus un sujet pour moi. Alors l'adaptation, là aussi c'est assez flou, je sais qu'il y a eu toute une période de... de réapprentissage pour réapprendre à marcher avec un déambulateur, des béquilles et tout. Puis bon, essayez-moi de trouver petit à petit mes repères en fait. Puis encore une fois, on va dire un enfant s'adapte extrêmement vite. Donc j'ai pas de souvenir moi d'avoir galéré dans cette recherche de nouveaux repères. Je sens que ça s'est fait aussi de façon assez fluide, assez naturelle. Alors moi par contre, j'ai porté en fait une prothèse. tous les jours d'école, du CP jusqu'au bac. Ma difficulté étant, c'est que je n'ai plus aucun moignon de la jambe droite. Je suis amputé directement au niveau de la hanche. Et le problème, c'est que du coup, comme il n'y a pas de moignon, il n'y a pas de point d'ancrage, la seule façon de faire tenir la prothèse, c'est d'avoir tout un corset qui me prenait tout le bassin. Et donc, ça me faisait vraiment mal dès que je la mettais assez longtemps. Je rentrais de l'école avec des marques bleu-noir. Enfin voilà, j'étais vraiment pas bien. Donc, il fallait que je la porte... en grandissant, parce que c'était important médicalement pour éviter les problèmes de dos, de scoliose avec la croissance. Et sur une visite de contrôle, les médecins m'ont dit, quand j'avais à peu près 18 ans, ils m'ont dit, c'est bon, t'as fini de grandir, tu peux continuer de mettre la prothèse si tu veux, mais t'es plus obligé. Du jour où on m'a dit ça, je l'ai mise au placard, je n'ai plus jamais touché. Ce que j'ai pris l'habitude de dire pour résumer un peu mon ressenti, c'est qu'avec la prothèse, je me sentais handicapé. Alors qu'avec les béquilles, je me sens libre d'être moi-même. Et il y a eu aussi, à ce moment-là, un effet d'image, dans le sens où c'est de me dire, ok, de toute façon, le handicap, est-ce que je peux le dissimuler ? Et en fait, je me disais, avec la prothèse, je ne peux pas le dissimuler, parce que de toute façon, je boite, je ne suis pas bien, Voilà, les gens vont voir qu'il y a un problème. Donc à ce compte-là, puisque le handicap se voit, autant l'assumer complètement, l'afficher, mais par contre, je ne suis pas dans la tête des gens, mais c'est vraiment mon lettre-motiv au quotidien, que quand ils me voient passer dans la rue, ou me promener ou quoi que ce soit, qu'ils ne se disent pas oh là là le pauvre handicapé mais qu'ils se disent ben dis donc le gars, même à une patte avec ses béquilles, il marche vite, il se promène, il va en forêt, il grimpe le puits de Dôme, il va à la plage, il se promène, il visite des pays, il va au resto, il se fait un bowling. Il s'éclate, il profite à fond. C'est vraiment ça que je vais essayer de passer dans ma dynamique au quotidien.

  • Speaker #1

    On a évoqué un peu avant d'enregistrer ce podcast, les expériences à Londres, au Rio, les JO c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens, et puis les médailles aussi, médailles de bronze, notamment en fleuré, fauteuil par équipe 1 à 1. à Paris, en quoi ces expériences sportives, celles-ci, et puis celles d'avant, parce que tu as un palmarès très riche, en quoi ces expériences t'ont été bénéfiques dans tes engagements professionnels ?

  • Speaker #2

    Dire les crimes, mon sport m'a tout apporté, notamment, on va dire, un épanouissement personnel, fil des médailles, une reconnaissance qui fait que je suis devant toi aujourd'hui. de cette carrière, de ce parcours de champion. Et puis voilà, des voyages, des pays où je ne suis pas allé, des émotions incroyables que seul le sport peut procurer, une deuxième famille avec mes coéquipiers, enfin tous ces aspects-là. Mais pour autant, malgré toutes ces richesses, comme tu dis, effectivement, l'escrime fauteuil, en France aujourd'hui, c'est un sport totalement amateur. On ne gagne pas du tout sa vie, on ne gagne rien. à pratiquer ce sport. Donc du coup, j'ai aussi mené, effectivement aussi en parallèle, un parcours professionnel tout à fait épanouissant aussi. J'ai travaillé pendant 5 ans en tant que conseiller allocataire à Pôle emploi. Et donc, aujourd'hui, du coup, je suis conseiller bancaire depuis plusieurs années chez LCL, qui m'a énormément accompagné aussi dans ce parcours pour les Jeux de Paris. Et je les remercie vivement. Sans ce soutien précieux, ce double projet n'aurait jamais été possible.

  • Speaker #1

    Tu parles d'être serein ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est de se mettre d'accord avec ma hiérarchie sur quel volume de détachement sportif je vais avoir besoin sur l'année. C'est se mettre d'accord sur le cadencement du travail que je peux apporter, le poste que je peux occuper par rapport à ça. Et du coup, ça fait que je suis en étant libéré pour faire les compétitions, les entraînements et tout. Je bénéficie de mon salaire comme si j'étais au bureau à temps complet. Donc ça, c'est un confort incroyable qui m'enlève la difficulté de me dire comment je vais faire les courses ou payer le quotidien si je pars en compétition. Et LCL, eux, de leur côté, ils ont une réduction fiscale qui leur permet... de s'y retrouver aussi en même partie sur le salaire qui me verse. Mais du coup, à côté de ça, oui, je pense que ça fait ce double projet, amène aussi bien sûr une richesse à l'entreprise, puisque bien évidemment, il y a de nombreuses passerelles qui existent entre le monde du sport et la sphère professionnelle. Et même si bien sûr, sur des compétences techniques et tout, c'est moins évident pour un athlète de parvenir à jongler. Pour autant, on a bien évidemment... des notions de rigueur, de travail, d'écoute, de réussite en équipe, des choses qui sont aussi extrêmement bénéfiques quand on intervient dans l'entreprise.

  • Speaker #1

    Sur ces deux expériences professionnelles en partie, est-ce que le handicap que tu as eu, que tu vis pas comme un handicap, tu l'as eu, j'aime bien le dire, mais est-ce que tu as perçu un regard particulier quand tu es arrivé dans ces nouveaux environnements professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, un regard particulier, bien sûr, on va dire que c'était au début, mon employeur qui s'assurait de voir si en termes d'accessibilité, si je n'avais pas de demande ou de besoin particulier. Et puis, on s'est très vite mis d'accord, on va dire, effectivement, sur mes deux employeurs, pour l'emploi avant et puis LCL ensuite. On va dire que mon principal besoin, c'était de m'assurer qu'il y ait le moins d'escaliers possible. Donc... On a fait en sorte que je sois affecté sur des lieux de travail où il y avait le moins de difficultés possibles sur ces sujets-là. Pour le reste, après, non, je n'ai vraiment pas senti ce genre de barrière vis-à-vis du handicap. À la limite, mes contraintes étaient beaucoup plus fortes sur mes absences sportives. C'est ça qui posait largement le plus de difficultés. Mais pour le reste, en soi, voilà, mon... Je n'ai pas eu de difficultés par rapport à ça. Et puis, d'une certaine façon, ça m'a peut-être aussi permis, dans mes postes qui sont en lien avec le public, d'amener des discussions, des sujets transverses, des compréhensions, et qui font que ça peut aussi grandement aider à fluidifier les échanges avec le public qu'on a en face de nous.

  • Speaker #1

    Le poste de conseiller bancaire à LCL, du coup, t'as permis de, comme ça, envisager le financement de ta carrière sportive aussi, et de structurer pour, du coup... avancer plus sereinement avec l'argent.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est ce qui fait je pense que c'est ce qui va aussi déjà mon tempérament de départ aussi et cette rigueur budgétaire que bien sûr que je trouve qui correspond bien sûr tout à fait à mon activité bancaire et aussi à la nécessité de réussir à à trouver les financements de mon projet sportif. Ça fait partie de mon non-fonctionnement, ça m'a aidé, cette expérience aussi bancaire bien sûr, m'a aidé aussi à prendre du recul, vraiment voir comment construire le projet, le budget sportif et mener tout un cheminement pour m'aider dans ce parcours. Ça a été aussi un énorme travail considérable à côté de ma préparation sportive au sens strict sportif du terme.

  • Speaker #1

    Vous disiez que ça prend énormément de temps, cette recherche de financement. Il y a la préparation aussi, l'entraînement aussi qui prend beaucoup de temps.

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que, et on ne le voit pas nous, mais est-ce que du coup, le fait de chercher de l'argent prend plus de place que la préparation en termes de temps, en termes de mobilisation, je ne sais pas, mentale, et administrative, ou de démarche, tout simplement ?

  • Speaker #2

    Pour le résumer rapidement, moi, j'ai toujours un peu l'habitude de dire que ça fait 4 ans que j'exerce 6 métiers en un. Donc, je fais à peu près 15 heures d'entraînement par semaine, donc partagé entre de l'escrime pur, de la préparation physique, et aussi préparation mentale, kiné, récupération, tous ces éléments-là. C'est une première chose. Le travail aussi à la banque, qui, selon les périodes, intervient aussi, bien sûr. Mon employeur est extrêmement compréhensif, et du coup, c'est un aspect dont j'étais vraiment libéré sur cette dernière année 2024, mais c'est aussi quelque chose qui faisait partie du parcours. Comme je disais aussi, j'ai une petite fille qui voit que je m'absente souvent aussi, et j'essaye de tenir du mieux possible de... mon rôle de faire avec elle parce que c'est maintenant ça sera pas après et du coup je peux te dire que je paye très cher en temps à jouer à la barbie quand je reviens de compétition mais voilà c'est son livre des bons moments aussi bien sûr et justement je peux aller se faire un peu en

  • Speaker #1

    sens où aux yeux de ta fille tu es donc son papa est ce qu'elle se fait des remarques par pouvoir au fait que tu as une jambe, que tu es différent des autres, comment tu abordes ce sujet-là simplement avec elle ?

  • Speaker #2

    Les remarques qu'elle me fait c'est que je passe mon temps à partir, pour les compétitions, pour les déplacements, que je suis jamais là, c'est surtout ça les principales remarques. Mais sinon, par rapport au handicap, j'ai un certain sens de l'humour, une certaine légèreté avec ça qui font que c'est mon affaire. On a toujours bien discuté, il n'y a jamais eu de problème. Et quand elle me demandait ce qui se passait, de toute façon, je lui disais, c'est de lui dire avec des mots qu'elle peut entendre, que j'étais très malade, qu'il avait fait me couper la jambe, sinon je serais mort. Des choses lourdes, mais qui sont vraies. Mais pour elle, elle l'a toujours intégré. Et ce que j'ai remarqué, je pense, c'est un de ses premiers moments de choc sur ce sujet-là. Je crois qu'on devait faire une promenade familiale un dimanche, quand elle devait peut-être avoir 2-3 ans, quelque chose comme ça. Et en fait, elle a buggé de voir un autre enfant qu'on croisait bloqué sur ma situation. Et voilà, et elle ne comprenait pas pourquoi, qu'est-ce que cet enfant-là pouvait bien, moi, me trouver de si spécial. Parce que, ouais, elle m'a toujours connu comme ça, c'était tout à fait naturel. Et du coup, et c'est là que ça a commencé à cheminer, mais à partir d'après ça, ça a été vraiment toujours très facile.

  • Speaker #1

    Il était là au Grand Palais pour te voir ?

  • Speaker #2

    Bien sûr, il était là au Grand Palais. Encore une fois, ce projet, ça a aussi été un projet familial sur plusieurs années. Ça a été dur pour elle de me voir partir si souvent. Ça a été vraiment pas évident de lui faire comprendre que c'était pour quelque chose de très important qui allait... pas duré très longtemps, mais bien sûr au quotidien c'était pas facile et je pense qu'elle a vraiment pris l'ampleur de l'événement je pense sur le début d'année, la 2024 quand il y a eu tout l'emballement général autour des Jeux de Paris qui a commencé et puis des gens dans son école qui disaient alors ton papa il est qualifié qui revenait, qui revenait vers Red et là elle a vraiment pris l'effet que oui, là c'est quelque chose d'énorme, d'exceptionnel qui allait arriver... Et elle a vraiment vécu pleinement la magie des jeux, c'était un de mes gros moteurs aussi, je savais qu'elle aurait le bon âge pour ça. Et elle a pris à fond, elle a pleuré comme sa mère dans les tribunes, elle a été heureuse comme tout. Sur le podium, on ne pouvait pas. Mais oui, ça, bien sûr, elle a été la seule autorisée à monter le grand escalier au Grand Palais. C'était chouette. Mais du coup, je reviens sur ce qu'on disait avant, parce qu'à part l'entraînement, ce temps familial, il y a effectivement beaucoup d'administratifs. J'ai du monde autour de moi qui m'a fait Mais c'est moi, le chef d'orchestre, qui organise tout sur la planif des entraînements, sur les sollicitations par mail, les demandes, les interventions, les dossiers à remplir par la fédération, etc. Les fiches de frais, le suivi budgétaire, les réservations d'avions, d'hôtels et tout, c'est moi qui fais tout. Et puis, comme on le disait, il a fallu trouver des partenaires qui voulaient bien me suivre dans cette aventure. Donc aussi, un énorme travail pour développer la communication. réseaux sociaux et des personnes qui m'ont aidé pour mettre en forme tout ça. Mais c'est aussi du temps de rédaction des articles, des choses à produire. Ça prend aussi beaucoup de temps. Et puis tout le démarchage auprès des partenaires, rencontrer les chefs d'entreprise, voir quelles contreparties on peut trouver pour qu'on soit vraiment gagnant-gagnant. Voilà, faire vivre tout ça. Et du coup, je suis très heureux. Du coup, il y a une vingtaine de partenaires, autant privés qu'institutionnels, qui m'ont rejoint et ça fait vraiment chaud au cœur. Mais du coup, il faut faire vivre tout ça. Ça prend aussi beaucoup de temps et avec aussi des sollicitations. Il y a beaucoup d'établissements scolaires qui me demandent d'intervenir et ça me tient beaucoup à cœur aussi. Donc voilà, les semaines sont bien remplies.

  • Speaker #1

    Dernière question et puis on te libérera parce que l'agenda est bien chargé.

  • Speaker #2

    C'est un plaisir de répondre.

  • Speaker #1

    Ah oui, merci. Et prochain objectif ? Est-ce que tu as des rêves que tu n'as pas accomplis, qui te tirent vers l'avant, ou en tout cas, tu as un but, prochain objectif ?

  • Speaker #2

    Alors, objectif, c'est dur de fêter des objectifs, puisque moi, j'ai eu la chance de vivre mon rêve d'enfant au jeu de Londres. Pour moi, c'était vraiment... C'était vraiment mon rêve ultime de gosse, d'être un jour dans le stade et voir la flamme s'allumer. Quand j'étais petit, j'ai gagné mes premières compétitions en catégorie jeune, quand j'avais 11, 12, 13 ans, et que j'avais les grands champions au club, ils disaient oui, moi aussi je veux être champion paralympique et tout. À me frotter au niveau, je me suis rendu compte que oui, en fait, ce n'est pas si simple que ça. Donc déjà, ces Jeux de Londres ont déjà été un accomplissement, un aboutissement. Et en plus de revenir de Londres médaillé. d'argent, concrètement, c'est un hold-up qu'on avait fait, on avait déjoué tous les pronostics, donc c'était vraiment mon rêve ultime, j'ai eu le bonheur, là cet été, d'avoir je pense le privilège ultime pour un athlète de vivre les Jeux à domicile, en plus d'y être médaillé, là aussi vraiment quelque chose de fabuleux, et où une nouvelle fois on a réussi à déjouer les attentes. Aujourd'hui, je ne me projette pas encore sur des nouveaux grands projets, grands rêves. Je sais que je suis allé vraiment au bout de moi-même sur ces choses-là, mais pour autant, je sais que j'ai aussi beaucoup à cœur des valeurs de transmission, de partage, donc que je vois sur quel terrain aussi pourrait être favorable, qu'elle puisse pouvoir être explorée. Je pense que c'est des... Des pistes qui vont avancer petit à petit.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci à toi, Ludovic, de ta disponibilité.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et puis, on peut remercier le soutien de la JCP et du Fonds social européen qui tiennent cette action de podcast. Merci à tous et puis à bientôt.

  • Speaker #2

    À bientôt.

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Description

Amputé à l'âge de 6 ans, Ludovic a fait de son handicap une force, au point de remporter 3 médailles paralympiques aux Jeux de Londres en 2012, à Rio en 2016 et à Paris en 2024, mais aussi de multiples récompenses internationales. Ce jeune papa médaillé, occupe également un poste de conseiller bancaire chez LCL depuis 2015 où il met ses compétences et son expérience au service de l'objectif collectif. La médaille de bronze remportée au fleuret par équipe aux JO 2024 à Paris illustre une nouvelle fois son engagement exemplaire tant sur la piste que dans les coulisses pour performer. A tous niveaux.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons découvrir le parcours d'un handi-escrimeur de haut niveau qui parvient à concilier sa vie professionnelle avec celle de sportif et de père de famille. Pour nous en parler, Yann reçoit Ludovic Lemoine, médaillé olympique, mais également conseiller bancaire et papa, qui nous dévoilera les coulisses de ses succès. Je suis Sandra. Dans nos épisodes, nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de chefs d'entreprise engagés en faveur de l'inclusion de personnes en situation de handicap et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis et les stratégies mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Ludovic !

  • Speaker #2

    Bonjour Yann !

  • Speaker #1

    Première question, est-ce que tu peux te présenter en une minute ?

  • Speaker #2

    Je suis escrimeur paralympique, avec notamment trois médailles paralympiques à mon actif, gagnées au fleuret par équipe en 2012-2016, et là en 2024, la dernière gagnée au Jeu de Paris. Je suis amputé de la jambe droite suite à un cancer du fémur qui s'est déclaré quand j'avais 5 ans, et donc amputé à 6 ans. Pour autant, derrière, la vie a très vite repris son cours. J'ai mené ma scolarité en Bretagne, entouré d'une famille qui m'a très vite transmis le goût du sport, pour rebondir, avancer, et tous les bienfaits physiques et mentaux qu'on peut trouver au sport. Suite à ce début de parcours, j'ai déménagé à Clermont-Ferrand. à l'âge de 20 ans, pour terminer mes études, où j'ai fait un master de gestion d'entreprise. Et en parallèle de ça, j'ai progressé dans ma carrière sportive. Aujourd'hui, ça fait 30 ans que je pratique l'escrime en fauteuil, ça fait 21 ans que je suis escrimeur international. J'ai réussi à avoir quelques médailles sur mon chemin. Aujourd'hui, j'ai 38 ans, et je suis père d'une petite fille qui a 8 ans.

  • Speaker #1

    amputation de ta jambe très tôt dans ta jeunesse. Comment tu as vécu cette période ?

  • Speaker #2

    Souvent, ce que je dis, c'est que c'est un peu, quelque part, la chance que j'ai pu avoir dans mon handicap, c'est que ça m'est arrivé tellement jeune qu'on n'a pas beaucoup de souvenirs personnels de cet âge-là. Il y a peut-être aussi de traumatisme qui a fait que j'ai pu oublier certaines choses par rapport à cet événement. Mais je sais que sur 15 mois d'hospitalisation et de chimio, rayon, de tous les traitements possibles et de l'amputation en elle-même, je dois avoir peut-être une dizaine d'images, mais c'est plus sous forme de flash, il ne reste pas grand-chose. Par contre, ce que je me souviens beaucoup plus d'après, c'est une enfance tout à fait heureuse, vraiment, où je me suis épanoui et j'avais juste envie de jouer, de m'amuser comme tout enfant de mon âge et avec peut-être aussi un... Petit goût du challenge supplémentaire, sur des promenades, d'essayer d'aller un peu plus loin, un peu plus vite, de grimper des rochers, des petits défis personnels, c'était plus sous ces formes-là. Mais ce que je dis toujours, c'est qu'en fait, je pense que ma chance, c'est que mon handicap est intervenu tellement jeune que oui, mon parcours est peut-être atypique, mais quelque part, chaque parcours de vie est unique, mais il a sa cohérence. Et c'est autre chose qu'un accident de vie, à tout hasard un accident de voiture qui m'arriverait aujourd'hui, qui remettrait totalement en cause qui serait un vrai bouleversement, une fracture dans le parcours de vie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a amené à l'escrime ? Parce qu'en fait, t'as commencé l'escrime seulement 3 ans après l'amputation, donc ça a été assez rapide ce rebond,

  • Speaker #2

    si je puis dire. C'est ça. Même 2 ans, ça s'est enchaîné très vite. Alors, du coup, comme je disais, mes parents m'ont très vite inculqué le goût du sport. Ils ont très vite compris que le sport serait un excellent moyen pour m'aider, à la fois sur les aspects physiques et psychiques. Et du coup, comme ma famille est très portée sur les arts martiaux, au début je voulais faire des arts martiaux comme papa, maman, puisque ma mère fait du tai-chi et mon père est prof d'aïkido, donc sur ces aspects-là. Ils m'ont inscrit au judo quand j'avais 7 ans, donc même si à cet âge-là c'est beaucoup plus sous forme de jeu, c'était marrant. On a très vite compris, et même moi aussi à mon âge, que la marge de manœuvre, la marge de progression serait très limitée, puisque faire un sport où il faut faire tomber l'autre quand on est soi-même sur une patte, c'est un peu galère. Et du coup ils ont contacté la fédération d'e-sport qui leur a dit, tiens dans votre ville, c'était à Vannes en Bretagne, il y a un club d'escrime en fauteuil avec un homme et une femme de l'équipe de France. et la maître d'armes qui leur a tout appris. Donc j'ai découvert ce sport au contact de ces grands champions, et donc de cette maître d'armes qui m'a enseigné tout ce que je peux connaître de l'escrime. Et puis tout de suite, dès qu'on m'a mis un fleuret dans la main, c'était le coup de foudre, je me suis pris pour un chevalier, c'était rigolo. Et puis j'ai très vite trouvé dans l'escrime tout ce qui peut me plaire, tout ce que je peux attendre d'un sport. ce qui fait que pour moi, il y a ce côté de technique, qui fait que même si aujourd'hui je sais tout faire, je ne peux jamais maîtriser chaque geste parfaitement à tout instant, il y a toujours des gestes à retravailler. L'engagement physique est très intense aussi, ce qui fait qu'on peut vraiment se défouler, se vider complètement dans le match des scrims, vraiment y aller à fond, et donc ça, ça fait du bien. C'est très stratégique. Ce que je dis souvent, c'est que c'est une partie d'échec qui va à 100 à l'heure. Ce n'est pas juste je tends le bras pour toucher mon adversaire, l'autre va se défendre. Donc c'est faire des pièges, déjouer les pièges de l'autre, et puis toujours chercher à s'adapter, c'est ça qui est sympa. Et pour terminer, l'aspect aussi pour moi sécurité qui est important, qui fait qu'avec toutes les protections, les vestes, les masques, les gants qu'on a, je peux donner des coups de sabre à mon adversaire sans problème. Dans le pire des cas, je vais lui faire deux ou trois bleus, mais je ne peux pas lui casser le bras ou l'épaule. Je sais que je peux y aller pleinement dans le combat. Mon adversaire est en sécurité et moi aussi.

  • Speaker #1

    Quelle adaptation tu as dû faire ? Parce qu'en fait, on t'a vu arriver, tu es hyper à l'aise sur les béquilles ou tu te tiens parfaitement droit sur ta jambe. C'est assez bluffant, d'ailleurs, je dois dire. Et du coup, quelle adaptation tu as dû faire ?

  • Speaker #2

    Je suis tête à l'aise, mais c'est un métier, c'est comme le reste, quand on s'entraîne régulièrement, du coup c'est plus facile. Maintenant ça fait 32 ans que je suis amputé, donc pour ça que mon handicap, ça fait bien longtemps maintenant que c'est plus un sujet pour moi. Alors l'adaptation, là aussi c'est assez flou, je sais qu'il y a eu toute une période de... de réapprentissage pour réapprendre à marcher avec un déambulateur, des béquilles et tout. Puis bon, essayez-moi de trouver petit à petit mes repères en fait. Puis encore une fois, on va dire un enfant s'adapte extrêmement vite. Donc j'ai pas de souvenir moi d'avoir galéré dans cette recherche de nouveaux repères. Je sens que ça s'est fait aussi de façon assez fluide, assez naturelle. Alors moi par contre, j'ai porté en fait une prothèse. tous les jours d'école, du CP jusqu'au bac. Ma difficulté étant, c'est que je n'ai plus aucun moignon de la jambe droite. Je suis amputé directement au niveau de la hanche. Et le problème, c'est que du coup, comme il n'y a pas de moignon, il n'y a pas de point d'ancrage, la seule façon de faire tenir la prothèse, c'est d'avoir tout un corset qui me prenait tout le bassin. Et donc, ça me faisait vraiment mal dès que je la mettais assez longtemps. Je rentrais de l'école avec des marques bleu-noir. Enfin voilà, j'étais vraiment pas bien. Donc, il fallait que je la porte... en grandissant, parce que c'était important médicalement pour éviter les problèmes de dos, de scoliose avec la croissance. Et sur une visite de contrôle, les médecins m'ont dit, quand j'avais à peu près 18 ans, ils m'ont dit, c'est bon, t'as fini de grandir, tu peux continuer de mettre la prothèse si tu veux, mais t'es plus obligé. Du jour où on m'a dit ça, je l'ai mise au placard, je n'ai plus jamais touché. Ce que j'ai pris l'habitude de dire pour résumer un peu mon ressenti, c'est qu'avec la prothèse, je me sentais handicapé. Alors qu'avec les béquilles, je me sens libre d'être moi-même. Et il y a eu aussi, à ce moment-là, un effet d'image, dans le sens où c'est de me dire, ok, de toute façon, le handicap, est-ce que je peux le dissimuler ? Et en fait, je me disais, avec la prothèse, je ne peux pas le dissimuler, parce que de toute façon, je boite, je ne suis pas bien, Voilà, les gens vont voir qu'il y a un problème. Donc à ce compte-là, puisque le handicap se voit, autant l'assumer complètement, l'afficher, mais par contre, je ne suis pas dans la tête des gens, mais c'est vraiment mon lettre-motiv au quotidien, que quand ils me voient passer dans la rue, ou me promener ou quoi que ce soit, qu'ils ne se disent pas oh là là le pauvre handicapé mais qu'ils se disent ben dis donc le gars, même à une patte avec ses béquilles, il marche vite, il se promène, il va en forêt, il grimpe le puits de Dôme, il va à la plage, il se promène, il visite des pays, il va au resto, il se fait un bowling. Il s'éclate, il profite à fond. C'est vraiment ça que je vais essayer de passer dans ma dynamique au quotidien.

  • Speaker #1

    On a évoqué un peu avant d'enregistrer ce podcast, les expériences à Londres, au Rio, les JO c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens, et puis les médailles aussi, médailles de bronze, notamment en fleuré, fauteuil par équipe 1 à 1. à Paris, en quoi ces expériences sportives, celles-ci, et puis celles d'avant, parce que tu as un palmarès très riche, en quoi ces expériences t'ont été bénéfiques dans tes engagements professionnels ?

  • Speaker #2

    Dire les crimes, mon sport m'a tout apporté, notamment, on va dire, un épanouissement personnel, fil des médailles, une reconnaissance qui fait que je suis devant toi aujourd'hui. de cette carrière, de ce parcours de champion. Et puis voilà, des voyages, des pays où je ne suis pas allé, des émotions incroyables que seul le sport peut procurer, une deuxième famille avec mes coéquipiers, enfin tous ces aspects-là. Mais pour autant, malgré toutes ces richesses, comme tu dis, effectivement, l'escrime fauteuil, en France aujourd'hui, c'est un sport totalement amateur. On ne gagne pas du tout sa vie, on ne gagne rien. à pratiquer ce sport. Donc du coup, j'ai aussi mené, effectivement aussi en parallèle, un parcours professionnel tout à fait épanouissant aussi. J'ai travaillé pendant 5 ans en tant que conseiller allocataire à Pôle emploi. Et donc, aujourd'hui, du coup, je suis conseiller bancaire depuis plusieurs années chez LCL, qui m'a énormément accompagné aussi dans ce parcours pour les Jeux de Paris. Et je les remercie vivement. Sans ce soutien précieux, ce double projet n'aurait jamais été possible.

  • Speaker #1

    Tu parles d'être serein ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est de se mettre d'accord avec ma hiérarchie sur quel volume de détachement sportif je vais avoir besoin sur l'année. C'est se mettre d'accord sur le cadencement du travail que je peux apporter, le poste que je peux occuper par rapport à ça. Et du coup, ça fait que je suis en étant libéré pour faire les compétitions, les entraînements et tout. Je bénéficie de mon salaire comme si j'étais au bureau à temps complet. Donc ça, c'est un confort incroyable qui m'enlève la difficulté de me dire comment je vais faire les courses ou payer le quotidien si je pars en compétition. Et LCL, eux, de leur côté, ils ont une réduction fiscale qui leur permet... de s'y retrouver aussi en même partie sur le salaire qui me verse. Mais du coup, à côté de ça, oui, je pense que ça fait ce double projet, amène aussi bien sûr une richesse à l'entreprise, puisque bien évidemment, il y a de nombreuses passerelles qui existent entre le monde du sport et la sphère professionnelle. Et même si bien sûr, sur des compétences techniques et tout, c'est moins évident pour un athlète de parvenir à jongler. Pour autant, on a bien évidemment... des notions de rigueur, de travail, d'écoute, de réussite en équipe, des choses qui sont aussi extrêmement bénéfiques quand on intervient dans l'entreprise.

  • Speaker #1

    Sur ces deux expériences professionnelles en partie, est-ce que le handicap que tu as eu, que tu vis pas comme un handicap, tu l'as eu, j'aime bien le dire, mais est-ce que tu as perçu un regard particulier quand tu es arrivé dans ces nouveaux environnements professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, un regard particulier, bien sûr, on va dire que c'était au début, mon employeur qui s'assurait de voir si en termes d'accessibilité, si je n'avais pas de demande ou de besoin particulier. Et puis, on s'est très vite mis d'accord, on va dire, effectivement, sur mes deux employeurs, pour l'emploi avant et puis LCL ensuite. On va dire que mon principal besoin, c'était de m'assurer qu'il y ait le moins d'escaliers possible. Donc... On a fait en sorte que je sois affecté sur des lieux de travail où il y avait le moins de difficultés possibles sur ces sujets-là. Pour le reste, après, non, je n'ai vraiment pas senti ce genre de barrière vis-à-vis du handicap. À la limite, mes contraintes étaient beaucoup plus fortes sur mes absences sportives. C'est ça qui posait largement le plus de difficultés. Mais pour le reste, en soi, voilà, mon... Je n'ai pas eu de difficultés par rapport à ça. Et puis, d'une certaine façon, ça m'a peut-être aussi permis, dans mes postes qui sont en lien avec le public, d'amener des discussions, des sujets transverses, des compréhensions, et qui font que ça peut aussi grandement aider à fluidifier les échanges avec le public qu'on a en face de nous.

  • Speaker #1

    Le poste de conseiller bancaire à LCL, du coup, t'as permis de, comme ça, envisager le financement de ta carrière sportive aussi, et de structurer pour, du coup... avancer plus sereinement avec l'argent.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est ce qui fait je pense que c'est ce qui va aussi déjà mon tempérament de départ aussi et cette rigueur budgétaire que bien sûr que je trouve qui correspond bien sûr tout à fait à mon activité bancaire et aussi à la nécessité de réussir à à trouver les financements de mon projet sportif. Ça fait partie de mon non-fonctionnement, ça m'a aidé, cette expérience aussi bancaire bien sûr, m'a aidé aussi à prendre du recul, vraiment voir comment construire le projet, le budget sportif et mener tout un cheminement pour m'aider dans ce parcours. Ça a été aussi un énorme travail considérable à côté de ma préparation sportive au sens strict sportif du terme.

  • Speaker #1

    Vous disiez que ça prend énormément de temps, cette recherche de financement. Il y a la préparation aussi, l'entraînement aussi qui prend beaucoup de temps.

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que, et on ne le voit pas nous, mais est-ce que du coup, le fait de chercher de l'argent prend plus de place que la préparation en termes de temps, en termes de mobilisation, je ne sais pas, mentale, et administrative, ou de démarche, tout simplement ?

  • Speaker #2

    Pour le résumer rapidement, moi, j'ai toujours un peu l'habitude de dire que ça fait 4 ans que j'exerce 6 métiers en un. Donc, je fais à peu près 15 heures d'entraînement par semaine, donc partagé entre de l'escrime pur, de la préparation physique, et aussi préparation mentale, kiné, récupération, tous ces éléments-là. C'est une première chose. Le travail aussi à la banque, qui, selon les périodes, intervient aussi, bien sûr. Mon employeur est extrêmement compréhensif, et du coup, c'est un aspect dont j'étais vraiment libéré sur cette dernière année 2024, mais c'est aussi quelque chose qui faisait partie du parcours. Comme je disais aussi, j'ai une petite fille qui voit que je m'absente souvent aussi, et j'essaye de tenir du mieux possible de... mon rôle de faire avec elle parce que c'est maintenant ça sera pas après et du coup je peux te dire que je paye très cher en temps à jouer à la barbie quand je reviens de compétition mais voilà c'est son livre des bons moments aussi bien sûr et justement je peux aller se faire un peu en

  • Speaker #1

    sens où aux yeux de ta fille tu es donc son papa est ce qu'elle se fait des remarques par pouvoir au fait que tu as une jambe, que tu es différent des autres, comment tu abordes ce sujet-là simplement avec elle ?

  • Speaker #2

    Les remarques qu'elle me fait c'est que je passe mon temps à partir, pour les compétitions, pour les déplacements, que je suis jamais là, c'est surtout ça les principales remarques. Mais sinon, par rapport au handicap, j'ai un certain sens de l'humour, une certaine légèreté avec ça qui font que c'est mon affaire. On a toujours bien discuté, il n'y a jamais eu de problème. Et quand elle me demandait ce qui se passait, de toute façon, je lui disais, c'est de lui dire avec des mots qu'elle peut entendre, que j'étais très malade, qu'il avait fait me couper la jambe, sinon je serais mort. Des choses lourdes, mais qui sont vraies. Mais pour elle, elle l'a toujours intégré. Et ce que j'ai remarqué, je pense, c'est un de ses premiers moments de choc sur ce sujet-là. Je crois qu'on devait faire une promenade familiale un dimanche, quand elle devait peut-être avoir 2-3 ans, quelque chose comme ça. Et en fait, elle a buggé de voir un autre enfant qu'on croisait bloqué sur ma situation. Et voilà, et elle ne comprenait pas pourquoi, qu'est-ce que cet enfant-là pouvait bien, moi, me trouver de si spécial. Parce que, ouais, elle m'a toujours connu comme ça, c'était tout à fait naturel. Et du coup, et c'est là que ça a commencé à cheminer, mais à partir d'après ça, ça a été vraiment toujours très facile.

  • Speaker #1

    Il était là au Grand Palais pour te voir ?

  • Speaker #2

    Bien sûr, il était là au Grand Palais. Encore une fois, ce projet, ça a aussi été un projet familial sur plusieurs années. Ça a été dur pour elle de me voir partir si souvent. Ça a été vraiment pas évident de lui faire comprendre que c'était pour quelque chose de très important qui allait... pas duré très longtemps, mais bien sûr au quotidien c'était pas facile et je pense qu'elle a vraiment pris l'ampleur de l'événement je pense sur le début d'année, la 2024 quand il y a eu tout l'emballement général autour des Jeux de Paris qui a commencé et puis des gens dans son école qui disaient alors ton papa il est qualifié qui revenait, qui revenait vers Red et là elle a vraiment pris l'effet que oui, là c'est quelque chose d'énorme, d'exceptionnel qui allait arriver... Et elle a vraiment vécu pleinement la magie des jeux, c'était un de mes gros moteurs aussi, je savais qu'elle aurait le bon âge pour ça. Et elle a pris à fond, elle a pleuré comme sa mère dans les tribunes, elle a été heureuse comme tout. Sur le podium, on ne pouvait pas. Mais oui, ça, bien sûr, elle a été la seule autorisée à monter le grand escalier au Grand Palais. C'était chouette. Mais du coup, je reviens sur ce qu'on disait avant, parce qu'à part l'entraînement, ce temps familial, il y a effectivement beaucoup d'administratifs. J'ai du monde autour de moi qui m'a fait Mais c'est moi, le chef d'orchestre, qui organise tout sur la planif des entraînements, sur les sollicitations par mail, les demandes, les interventions, les dossiers à remplir par la fédération, etc. Les fiches de frais, le suivi budgétaire, les réservations d'avions, d'hôtels et tout, c'est moi qui fais tout. Et puis, comme on le disait, il a fallu trouver des partenaires qui voulaient bien me suivre dans cette aventure. Donc aussi, un énorme travail pour développer la communication. réseaux sociaux et des personnes qui m'ont aidé pour mettre en forme tout ça. Mais c'est aussi du temps de rédaction des articles, des choses à produire. Ça prend aussi beaucoup de temps. Et puis tout le démarchage auprès des partenaires, rencontrer les chefs d'entreprise, voir quelles contreparties on peut trouver pour qu'on soit vraiment gagnant-gagnant. Voilà, faire vivre tout ça. Et du coup, je suis très heureux. Du coup, il y a une vingtaine de partenaires, autant privés qu'institutionnels, qui m'ont rejoint et ça fait vraiment chaud au cœur. Mais du coup, il faut faire vivre tout ça. Ça prend aussi beaucoup de temps et avec aussi des sollicitations. Il y a beaucoup d'établissements scolaires qui me demandent d'intervenir et ça me tient beaucoup à cœur aussi. Donc voilà, les semaines sont bien remplies.

  • Speaker #1

    Dernière question et puis on te libérera parce que l'agenda est bien chargé.

  • Speaker #2

    C'est un plaisir de répondre.

  • Speaker #1

    Ah oui, merci. Et prochain objectif ? Est-ce que tu as des rêves que tu n'as pas accomplis, qui te tirent vers l'avant, ou en tout cas, tu as un but, prochain objectif ?

  • Speaker #2

    Alors, objectif, c'est dur de fêter des objectifs, puisque moi, j'ai eu la chance de vivre mon rêve d'enfant au jeu de Londres. Pour moi, c'était vraiment... C'était vraiment mon rêve ultime de gosse, d'être un jour dans le stade et voir la flamme s'allumer. Quand j'étais petit, j'ai gagné mes premières compétitions en catégorie jeune, quand j'avais 11, 12, 13 ans, et que j'avais les grands champions au club, ils disaient oui, moi aussi je veux être champion paralympique et tout. À me frotter au niveau, je me suis rendu compte que oui, en fait, ce n'est pas si simple que ça. Donc déjà, ces Jeux de Londres ont déjà été un accomplissement, un aboutissement. Et en plus de revenir de Londres médaillé. d'argent, concrètement, c'est un hold-up qu'on avait fait, on avait déjoué tous les pronostics, donc c'était vraiment mon rêve ultime, j'ai eu le bonheur, là cet été, d'avoir je pense le privilège ultime pour un athlète de vivre les Jeux à domicile, en plus d'y être médaillé, là aussi vraiment quelque chose de fabuleux, et où une nouvelle fois on a réussi à déjouer les attentes. Aujourd'hui, je ne me projette pas encore sur des nouveaux grands projets, grands rêves. Je sais que je suis allé vraiment au bout de moi-même sur ces choses-là, mais pour autant, je sais que j'ai aussi beaucoup à cœur des valeurs de transmission, de partage, donc que je vois sur quel terrain aussi pourrait être favorable, qu'elle puisse pouvoir être explorée. Je pense que c'est des... Des pistes qui vont avancer petit à petit.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci à toi, Ludovic, de ta disponibilité.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et puis, on peut remercier le soutien de la JCP et du Fonds social européen qui tiennent cette action de podcast. Merci à tous et puis à bientôt.

  • Speaker #2

    À bientôt.

Description

Amputé à l'âge de 6 ans, Ludovic a fait de son handicap une force, au point de remporter 3 médailles paralympiques aux Jeux de Londres en 2012, à Rio en 2016 et à Paris en 2024, mais aussi de multiples récompenses internationales. Ce jeune papa médaillé, occupe également un poste de conseiller bancaire chez LCL depuis 2015 où il met ses compétences et son expérience au service de l'objectif collectif. La médaille de bronze remportée au fleuret par équipe aux JO 2024 à Paris illustre une nouvelle fois son engagement exemplaire tant sur la piste que dans les coulisses pour performer. A tous niveaux.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons découvrir le parcours d'un handi-escrimeur de haut niveau qui parvient à concilier sa vie professionnelle avec celle de sportif et de père de famille. Pour nous en parler, Yann reçoit Ludovic Lemoine, médaillé olympique, mais également conseiller bancaire et papa, qui nous dévoilera les coulisses de ses succès. Je suis Sandra. Dans nos épisodes, nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de chefs d'entreprise engagés en faveur de l'inclusion de personnes en situation de handicap et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis et les stratégies mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Ludovic !

  • Speaker #2

    Bonjour Yann !

  • Speaker #1

    Première question, est-ce que tu peux te présenter en une minute ?

  • Speaker #2

    Je suis escrimeur paralympique, avec notamment trois médailles paralympiques à mon actif, gagnées au fleuret par équipe en 2012-2016, et là en 2024, la dernière gagnée au Jeu de Paris. Je suis amputé de la jambe droite suite à un cancer du fémur qui s'est déclaré quand j'avais 5 ans, et donc amputé à 6 ans. Pour autant, derrière, la vie a très vite repris son cours. J'ai mené ma scolarité en Bretagne, entouré d'une famille qui m'a très vite transmis le goût du sport, pour rebondir, avancer, et tous les bienfaits physiques et mentaux qu'on peut trouver au sport. Suite à ce début de parcours, j'ai déménagé à Clermont-Ferrand. à l'âge de 20 ans, pour terminer mes études, où j'ai fait un master de gestion d'entreprise. Et en parallèle de ça, j'ai progressé dans ma carrière sportive. Aujourd'hui, ça fait 30 ans que je pratique l'escrime en fauteuil, ça fait 21 ans que je suis escrimeur international. J'ai réussi à avoir quelques médailles sur mon chemin. Aujourd'hui, j'ai 38 ans, et je suis père d'une petite fille qui a 8 ans.

  • Speaker #1

    amputation de ta jambe très tôt dans ta jeunesse. Comment tu as vécu cette période ?

  • Speaker #2

    Souvent, ce que je dis, c'est que c'est un peu, quelque part, la chance que j'ai pu avoir dans mon handicap, c'est que ça m'est arrivé tellement jeune qu'on n'a pas beaucoup de souvenirs personnels de cet âge-là. Il y a peut-être aussi de traumatisme qui a fait que j'ai pu oublier certaines choses par rapport à cet événement. Mais je sais que sur 15 mois d'hospitalisation et de chimio, rayon, de tous les traitements possibles et de l'amputation en elle-même, je dois avoir peut-être une dizaine d'images, mais c'est plus sous forme de flash, il ne reste pas grand-chose. Par contre, ce que je me souviens beaucoup plus d'après, c'est une enfance tout à fait heureuse, vraiment, où je me suis épanoui et j'avais juste envie de jouer, de m'amuser comme tout enfant de mon âge et avec peut-être aussi un... Petit goût du challenge supplémentaire, sur des promenades, d'essayer d'aller un peu plus loin, un peu plus vite, de grimper des rochers, des petits défis personnels, c'était plus sous ces formes-là. Mais ce que je dis toujours, c'est qu'en fait, je pense que ma chance, c'est que mon handicap est intervenu tellement jeune que oui, mon parcours est peut-être atypique, mais quelque part, chaque parcours de vie est unique, mais il a sa cohérence. Et c'est autre chose qu'un accident de vie, à tout hasard un accident de voiture qui m'arriverait aujourd'hui, qui remettrait totalement en cause qui serait un vrai bouleversement, une fracture dans le parcours de vie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a amené à l'escrime ? Parce qu'en fait, t'as commencé l'escrime seulement 3 ans après l'amputation, donc ça a été assez rapide ce rebond,

  • Speaker #2

    si je puis dire. C'est ça. Même 2 ans, ça s'est enchaîné très vite. Alors, du coup, comme je disais, mes parents m'ont très vite inculqué le goût du sport. Ils ont très vite compris que le sport serait un excellent moyen pour m'aider, à la fois sur les aspects physiques et psychiques. Et du coup, comme ma famille est très portée sur les arts martiaux, au début je voulais faire des arts martiaux comme papa, maman, puisque ma mère fait du tai-chi et mon père est prof d'aïkido, donc sur ces aspects-là. Ils m'ont inscrit au judo quand j'avais 7 ans, donc même si à cet âge-là c'est beaucoup plus sous forme de jeu, c'était marrant. On a très vite compris, et même moi aussi à mon âge, que la marge de manœuvre, la marge de progression serait très limitée, puisque faire un sport où il faut faire tomber l'autre quand on est soi-même sur une patte, c'est un peu galère. Et du coup ils ont contacté la fédération d'e-sport qui leur a dit, tiens dans votre ville, c'était à Vannes en Bretagne, il y a un club d'escrime en fauteuil avec un homme et une femme de l'équipe de France. et la maître d'armes qui leur a tout appris. Donc j'ai découvert ce sport au contact de ces grands champions, et donc de cette maître d'armes qui m'a enseigné tout ce que je peux connaître de l'escrime. Et puis tout de suite, dès qu'on m'a mis un fleuret dans la main, c'était le coup de foudre, je me suis pris pour un chevalier, c'était rigolo. Et puis j'ai très vite trouvé dans l'escrime tout ce qui peut me plaire, tout ce que je peux attendre d'un sport. ce qui fait que pour moi, il y a ce côté de technique, qui fait que même si aujourd'hui je sais tout faire, je ne peux jamais maîtriser chaque geste parfaitement à tout instant, il y a toujours des gestes à retravailler. L'engagement physique est très intense aussi, ce qui fait qu'on peut vraiment se défouler, se vider complètement dans le match des scrims, vraiment y aller à fond, et donc ça, ça fait du bien. C'est très stratégique. Ce que je dis souvent, c'est que c'est une partie d'échec qui va à 100 à l'heure. Ce n'est pas juste je tends le bras pour toucher mon adversaire, l'autre va se défendre. Donc c'est faire des pièges, déjouer les pièges de l'autre, et puis toujours chercher à s'adapter, c'est ça qui est sympa. Et pour terminer, l'aspect aussi pour moi sécurité qui est important, qui fait qu'avec toutes les protections, les vestes, les masques, les gants qu'on a, je peux donner des coups de sabre à mon adversaire sans problème. Dans le pire des cas, je vais lui faire deux ou trois bleus, mais je ne peux pas lui casser le bras ou l'épaule. Je sais que je peux y aller pleinement dans le combat. Mon adversaire est en sécurité et moi aussi.

  • Speaker #1

    Quelle adaptation tu as dû faire ? Parce qu'en fait, on t'a vu arriver, tu es hyper à l'aise sur les béquilles ou tu te tiens parfaitement droit sur ta jambe. C'est assez bluffant, d'ailleurs, je dois dire. Et du coup, quelle adaptation tu as dû faire ?

  • Speaker #2

    Je suis tête à l'aise, mais c'est un métier, c'est comme le reste, quand on s'entraîne régulièrement, du coup c'est plus facile. Maintenant ça fait 32 ans que je suis amputé, donc pour ça que mon handicap, ça fait bien longtemps maintenant que c'est plus un sujet pour moi. Alors l'adaptation, là aussi c'est assez flou, je sais qu'il y a eu toute une période de... de réapprentissage pour réapprendre à marcher avec un déambulateur, des béquilles et tout. Puis bon, essayez-moi de trouver petit à petit mes repères en fait. Puis encore une fois, on va dire un enfant s'adapte extrêmement vite. Donc j'ai pas de souvenir moi d'avoir galéré dans cette recherche de nouveaux repères. Je sens que ça s'est fait aussi de façon assez fluide, assez naturelle. Alors moi par contre, j'ai porté en fait une prothèse. tous les jours d'école, du CP jusqu'au bac. Ma difficulté étant, c'est que je n'ai plus aucun moignon de la jambe droite. Je suis amputé directement au niveau de la hanche. Et le problème, c'est que du coup, comme il n'y a pas de moignon, il n'y a pas de point d'ancrage, la seule façon de faire tenir la prothèse, c'est d'avoir tout un corset qui me prenait tout le bassin. Et donc, ça me faisait vraiment mal dès que je la mettais assez longtemps. Je rentrais de l'école avec des marques bleu-noir. Enfin voilà, j'étais vraiment pas bien. Donc, il fallait que je la porte... en grandissant, parce que c'était important médicalement pour éviter les problèmes de dos, de scoliose avec la croissance. Et sur une visite de contrôle, les médecins m'ont dit, quand j'avais à peu près 18 ans, ils m'ont dit, c'est bon, t'as fini de grandir, tu peux continuer de mettre la prothèse si tu veux, mais t'es plus obligé. Du jour où on m'a dit ça, je l'ai mise au placard, je n'ai plus jamais touché. Ce que j'ai pris l'habitude de dire pour résumer un peu mon ressenti, c'est qu'avec la prothèse, je me sentais handicapé. Alors qu'avec les béquilles, je me sens libre d'être moi-même. Et il y a eu aussi, à ce moment-là, un effet d'image, dans le sens où c'est de me dire, ok, de toute façon, le handicap, est-ce que je peux le dissimuler ? Et en fait, je me disais, avec la prothèse, je ne peux pas le dissimuler, parce que de toute façon, je boite, je ne suis pas bien, Voilà, les gens vont voir qu'il y a un problème. Donc à ce compte-là, puisque le handicap se voit, autant l'assumer complètement, l'afficher, mais par contre, je ne suis pas dans la tête des gens, mais c'est vraiment mon lettre-motiv au quotidien, que quand ils me voient passer dans la rue, ou me promener ou quoi que ce soit, qu'ils ne se disent pas oh là là le pauvre handicapé mais qu'ils se disent ben dis donc le gars, même à une patte avec ses béquilles, il marche vite, il se promène, il va en forêt, il grimpe le puits de Dôme, il va à la plage, il se promène, il visite des pays, il va au resto, il se fait un bowling. Il s'éclate, il profite à fond. C'est vraiment ça que je vais essayer de passer dans ma dynamique au quotidien.

  • Speaker #1

    On a évoqué un peu avant d'enregistrer ce podcast, les expériences à Londres, au Rio, les JO c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens, et puis les médailles aussi, médailles de bronze, notamment en fleuré, fauteuil par équipe 1 à 1. à Paris, en quoi ces expériences sportives, celles-ci, et puis celles d'avant, parce que tu as un palmarès très riche, en quoi ces expériences t'ont été bénéfiques dans tes engagements professionnels ?

  • Speaker #2

    Dire les crimes, mon sport m'a tout apporté, notamment, on va dire, un épanouissement personnel, fil des médailles, une reconnaissance qui fait que je suis devant toi aujourd'hui. de cette carrière, de ce parcours de champion. Et puis voilà, des voyages, des pays où je ne suis pas allé, des émotions incroyables que seul le sport peut procurer, une deuxième famille avec mes coéquipiers, enfin tous ces aspects-là. Mais pour autant, malgré toutes ces richesses, comme tu dis, effectivement, l'escrime fauteuil, en France aujourd'hui, c'est un sport totalement amateur. On ne gagne pas du tout sa vie, on ne gagne rien. à pratiquer ce sport. Donc du coup, j'ai aussi mené, effectivement aussi en parallèle, un parcours professionnel tout à fait épanouissant aussi. J'ai travaillé pendant 5 ans en tant que conseiller allocataire à Pôle emploi. Et donc, aujourd'hui, du coup, je suis conseiller bancaire depuis plusieurs années chez LCL, qui m'a énormément accompagné aussi dans ce parcours pour les Jeux de Paris. Et je les remercie vivement. Sans ce soutien précieux, ce double projet n'aurait jamais été possible.

  • Speaker #1

    Tu parles d'être serein ?

  • Speaker #2

    En fait, c'est de se mettre d'accord avec ma hiérarchie sur quel volume de détachement sportif je vais avoir besoin sur l'année. C'est se mettre d'accord sur le cadencement du travail que je peux apporter, le poste que je peux occuper par rapport à ça. Et du coup, ça fait que je suis en étant libéré pour faire les compétitions, les entraînements et tout. Je bénéficie de mon salaire comme si j'étais au bureau à temps complet. Donc ça, c'est un confort incroyable qui m'enlève la difficulté de me dire comment je vais faire les courses ou payer le quotidien si je pars en compétition. Et LCL, eux, de leur côté, ils ont une réduction fiscale qui leur permet... de s'y retrouver aussi en même partie sur le salaire qui me verse. Mais du coup, à côté de ça, oui, je pense que ça fait ce double projet, amène aussi bien sûr une richesse à l'entreprise, puisque bien évidemment, il y a de nombreuses passerelles qui existent entre le monde du sport et la sphère professionnelle. Et même si bien sûr, sur des compétences techniques et tout, c'est moins évident pour un athlète de parvenir à jongler. Pour autant, on a bien évidemment... des notions de rigueur, de travail, d'écoute, de réussite en équipe, des choses qui sont aussi extrêmement bénéfiques quand on intervient dans l'entreprise.

  • Speaker #1

    Sur ces deux expériences professionnelles en partie, est-ce que le handicap que tu as eu, que tu vis pas comme un handicap, tu l'as eu, j'aime bien le dire, mais est-ce que tu as perçu un regard particulier quand tu es arrivé dans ces nouveaux environnements professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, un regard particulier, bien sûr, on va dire que c'était au début, mon employeur qui s'assurait de voir si en termes d'accessibilité, si je n'avais pas de demande ou de besoin particulier. Et puis, on s'est très vite mis d'accord, on va dire, effectivement, sur mes deux employeurs, pour l'emploi avant et puis LCL ensuite. On va dire que mon principal besoin, c'était de m'assurer qu'il y ait le moins d'escaliers possible. Donc... On a fait en sorte que je sois affecté sur des lieux de travail où il y avait le moins de difficultés possibles sur ces sujets-là. Pour le reste, après, non, je n'ai vraiment pas senti ce genre de barrière vis-à-vis du handicap. À la limite, mes contraintes étaient beaucoup plus fortes sur mes absences sportives. C'est ça qui posait largement le plus de difficultés. Mais pour le reste, en soi, voilà, mon... Je n'ai pas eu de difficultés par rapport à ça. Et puis, d'une certaine façon, ça m'a peut-être aussi permis, dans mes postes qui sont en lien avec le public, d'amener des discussions, des sujets transverses, des compréhensions, et qui font que ça peut aussi grandement aider à fluidifier les échanges avec le public qu'on a en face de nous.

  • Speaker #1

    Le poste de conseiller bancaire à LCL, du coup, t'as permis de, comme ça, envisager le financement de ta carrière sportive aussi, et de structurer pour, du coup... avancer plus sereinement avec l'argent.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est ce qui fait je pense que c'est ce qui va aussi déjà mon tempérament de départ aussi et cette rigueur budgétaire que bien sûr que je trouve qui correspond bien sûr tout à fait à mon activité bancaire et aussi à la nécessité de réussir à à trouver les financements de mon projet sportif. Ça fait partie de mon non-fonctionnement, ça m'a aidé, cette expérience aussi bancaire bien sûr, m'a aidé aussi à prendre du recul, vraiment voir comment construire le projet, le budget sportif et mener tout un cheminement pour m'aider dans ce parcours. Ça a été aussi un énorme travail considérable à côté de ma préparation sportive au sens strict sportif du terme.

  • Speaker #1

    Vous disiez que ça prend énormément de temps, cette recherche de financement. Il y a la préparation aussi, l'entraînement aussi qui prend beaucoup de temps.

  • Speaker #2

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que, et on ne le voit pas nous, mais est-ce que du coup, le fait de chercher de l'argent prend plus de place que la préparation en termes de temps, en termes de mobilisation, je ne sais pas, mentale, et administrative, ou de démarche, tout simplement ?

  • Speaker #2

    Pour le résumer rapidement, moi, j'ai toujours un peu l'habitude de dire que ça fait 4 ans que j'exerce 6 métiers en un. Donc, je fais à peu près 15 heures d'entraînement par semaine, donc partagé entre de l'escrime pur, de la préparation physique, et aussi préparation mentale, kiné, récupération, tous ces éléments-là. C'est une première chose. Le travail aussi à la banque, qui, selon les périodes, intervient aussi, bien sûr. Mon employeur est extrêmement compréhensif, et du coup, c'est un aspect dont j'étais vraiment libéré sur cette dernière année 2024, mais c'est aussi quelque chose qui faisait partie du parcours. Comme je disais aussi, j'ai une petite fille qui voit que je m'absente souvent aussi, et j'essaye de tenir du mieux possible de... mon rôle de faire avec elle parce que c'est maintenant ça sera pas après et du coup je peux te dire que je paye très cher en temps à jouer à la barbie quand je reviens de compétition mais voilà c'est son livre des bons moments aussi bien sûr et justement je peux aller se faire un peu en

  • Speaker #1

    sens où aux yeux de ta fille tu es donc son papa est ce qu'elle se fait des remarques par pouvoir au fait que tu as une jambe, que tu es différent des autres, comment tu abordes ce sujet-là simplement avec elle ?

  • Speaker #2

    Les remarques qu'elle me fait c'est que je passe mon temps à partir, pour les compétitions, pour les déplacements, que je suis jamais là, c'est surtout ça les principales remarques. Mais sinon, par rapport au handicap, j'ai un certain sens de l'humour, une certaine légèreté avec ça qui font que c'est mon affaire. On a toujours bien discuté, il n'y a jamais eu de problème. Et quand elle me demandait ce qui se passait, de toute façon, je lui disais, c'est de lui dire avec des mots qu'elle peut entendre, que j'étais très malade, qu'il avait fait me couper la jambe, sinon je serais mort. Des choses lourdes, mais qui sont vraies. Mais pour elle, elle l'a toujours intégré. Et ce que j'ai remarqué, je pense, c'est un de ses premiers moments de choc sur ce sujet-là. Je crois qu'on devait faire une promenade familiale un dimanche, quand elle devait peut-être avoir 2-3 ans, quelque chose comme ça. Et en fait, elle a buggé de voir un autre enfant qu'on croisait bloqué sur ma situation. Et voilà, et elle ne comprenait pas pourquoi, qu'est-ce que cet enfant-là pouvait bien, moi, me trouver de si spécial. Parce que, ouais, elle m'a toujours connu comme ça, c'était tout à fait naturel. Et du coup, et c'est là que ça a commencé à cheminer, mais à partir d'après ça, ça a été vraiment toujours très facile.

  • Speaker #1

    Il était là au Grand Palais pour te voir ?

  • Speaker #2

    Bien sûr, il était là au Grand Palais. Encore une fois, ce projet, ça a aussi été un projet familial sur plusieurs années. Ça a été dur pour elle de me voir partir si souvent. Ça a été vraiment pas évident de lui faire comprendre que c'était pour quelque chose de très important qui allait... pas duré très longtemps, mais bien sûr au quotidien c'était pas facile et je pense qu'elle a vraiment pris l'ampleur de l'événement je pense sur le début d'année, la 2024 quand il y a eu tout l'emballement général autour des Jeux de Paris qui a commencé et puis des gens dans son école qui disaient alors ton papa il est qualifié qui revenait, qui revenait vers Red et là elle a vraiment pris l'effet que oui, là c'est quelque chose d'énorme, d'exceptionnel qui allait arriver... Et elle a vraiment vécu pleinement la magie des jeux, c'était un de mes gros moteurs aussi, je savais qu'elle aurait le bon âge pour ça. Et elle a pris à fond, elle a pleuré comme sa mère dans les tribunes, elle a été heureuse comme tout. Sur le podium, on ne pouvait pas. Mais oui, ça, bien sûr, elle a été la seule autorisée à monter le grand escalier au Grand Palais. C'était chouette. Mais du coup, je reviens sur ce qu'on disait avant, parce qu'à part l'entraînement, ce temps familial, il y a effectivement beaucoup d'administratifs. J'ai du monde autour de moi qui m'a fait Mais c'est moi, le chef d'orchestre, qui organise tout sur la planif des entraînements, sur les sollicitations par mail, les demandes, les interventions, les dossiers à remplir par la fédération, etc. Les fiches de frais, le suivi budgétaire, les réservations d'avions, d'hôtels et tout, c'est moi qui fais tout. Et puis, comme on le disait, il a fallu trouver des partenaires qui voulaient bien me suivre dans cette aventure. Donc aussi, un énorme travail pour développer la communication. réseaux sociaux et des personnes qui m'ont aidé pour mettre en forme tout ça. Mais c'est aussi du temps de rédaction des articles, des choses à produire. Ça prend aussi beaucoup de temps. Et puis tout le démarchage auprès des partenaires, rencontrer les chefs d'entreprise, voir quelles contreparties on peut trouver pour qu'on soit vraiment gagnant-gagnant. Voilà, faire vivre tout ça. Et du coup, je suis très heureux. Du coup, il y a une vingtaine de partenaires, autant privés qu'institutionnels, qui m'ont rejoint et ça fait vraiment chaud au cœur. Mais du coup, il faut faire vivre tout ça. Ça prend aussi beaucoup de temps et avec aussi des sollicitations. Il y a beaucoup d'établissements scolaires qui me demandent d'intervenir et ça me tient beaucoup à cœur aussi. Donc voilà, les semaines sont bien remplies.

  • Speaker #1

    Dernière question et puis on te libérera parce que l'agenda est bien chargé.

  • Speaker #2

    C'est un plaisir de répondre.

  • Speaker #1

    Ah oui, merci. Et prochain objectif ? Est-ce que tu as des rêves que tu n'as pas accomplis, qui te tirent vers l'avant, ou en tout cas, tu as un but, prochain objectif ?

  • Speaker #2

    Alors, objectif, c'est dur de fêter des objectifs, puisque moi, j'ai eu la chance de vivre mon rêve d'enfant au jeu de Londres. Pour moi, c'était vraiment... C'était vraiment mon rêve ultime de gosse, d'être un jour dans le stade et voir la flamme s'allumer. Quand j'étais petit, j'ai gagné mes premières compétitions en catégorie jeune, quand j'avais 11, 12, 13 ans, et que j'avais les grands champions au club, ils disaient oui, moi aussi je veux être champion paralympique et tout. À me frotter au niveau, je me suis rendu compte que oui, en fait, ce n'est pas si simple que ça. Donc déjà, ces Jeux de Londres ont déjà été un accomplissement, un aboutissement. Et en plus de revenir de Londres médaillé. d'argent, concrètement, c'est un hold-up qu'on avait fait, on avait déjoué tous les pronostics, donc c'était vraiment mon rêve ultime, j'ai eu le bonheur, là cet été, d'avoir je pense le privilège ultime pour un athlète de vivre les Jeux à domicile, en plus d'y être médaillé, là aussi vraiment quelque chose de fabuleux, et où une nouvelle fois on a réussi à déjouer les attentes. Aujourd'hui, je ne me projette pas encore sur des nouveaux grands projets, grands rêves. Je sais que je suis allé vraiment au bout de moi-même sur ces choses-là, mais pour autant, je sais que j'ai aussi beaucoup à cœur des valeurs de transmission, de partage, donc que je vois sur quel terrain aussi pourrait être favorable, qu'elle puisse pouvoir être explorée. Je pense que c'est des... Des pistes qui vont avancer petit à petit.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci à toi, Ludovic, de ta disponibilité.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et puis, on peut remercier le soutien de la JCP et du Fonds social européen qui tiennent cette action de podcast. Merci à tous et puis à bientôt.

  • Speaker #2

    À bientôt.

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