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Inspire Explore - récits d'innovations

#2.7. ville à joie – récit d’innovation – prix spécial du Jury ANPP

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31min |19/09/2024
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#2.7. ville à joie – récit d’innovation – prix spécial du Jury ANPP

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Description

// Aujourd’hui, Inspire Explore part butiner le Pays Val de Loire – Nivernais qui a désiré, accompagné et soutenu l’initiative « Ville à Joie » : une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui œuvre pour lutter contre le non-recours aux droits. Il s’agit de mettre en contact et d’amorcer le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, sous couvert d’une série d’évènements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale…

 

// Une idée originale de Marie-Claire BARRé – CAPACITé, et de Mathilde VANDERRUSTEN, alors au CNFPT – INSET de Dunkerque. InspireExplore met en récit les initiatives des lauréats des Trophées de l'Innovation Territoriale de l'ANPP, avec le soutien technique et financier du CNFPT - INSET de Dunkerque.  

 

// Avec, par ordre d’arrivée aux oreilles :

·       Marius DRIGNY, fondateur et directeur de « ville à joie »

·       Eric GUYOT, Président du Pays Val de Loire - Nivernais

·       Mani CAMBEFORT, Directeur du Pays Val de Loire - Nivernais

 

// Merci à tou.te.s !

💖 podcast@capacite.dev


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les "Ville à Joie", c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand chose, pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces.

  • Speaker #1

    Le podcast qui butine les initiatives et les inventions au cœur des territoires et qui en fait son miel. Saison 2! Aujourd'hui, InspireExplore par butiner le pays Val-de-Loire-Nivernais. Situé dans le département de la Nièvre, à l'ouest de la région Bourgogne-Franche-Comté, en contact direct avec la région Centre-Val-de-Loire, le pays Val-de-Loire-Nivernais, près de 145 000 habitants, fédère 110 communes en 6 intercos du côté de Nevers. "Hum... Alors pour moi ce sera un atelier prévention diabète, un petit bilan énergie, une grande frite et un supplément concert s'il vous plaît". Voilà en substance ce que l'on pourrait entendre lors des tournées villageoises. Non, non, il n'y a pas de faute de grammaire. Entendez bien, ville à joie. C'est le nom d'une entreprise sociale et solidaire qui œuvre en partenariat avec des pays pour initier le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, le tout sous couvert d'une série d'événements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale. Toucher les personnes que l'on ne touche pas et lutter contre le non-recours au droit, c'est tout l'enjeu de "Ville à joie". Et pour cela, il faut trouver les bons moyens d'y parvenir. Mais pour trouver, il faut chercher. Partons alors avec Éric, Mani et Marius qui nous emmènent en tournée. Éric Guyot et Mani Cambefort, respectivement président et directeur du pays Val-de-Loire-Nivernais.

  • Speaker #2

    "Ville à Joie" s'adresse à des communes rurales, comme on dit, c'est à la mode. Et c'était intéressant parce que le pays est un outil pour avoir un certain nombre de leviers financiers, mais plutôt axé sur les communes un peu plus grandes. Et là, on se tournait enfin plus encore sur nos villages. Alors, villageois, c'est faire revivre les centres-bourgs des villages par le biais d'une intervention qui est l'association "Ville à Joie". C'est donc ramener des services auprès de la population, des services. qui peuvent encore exister, donc on les amplifie, ou qui n'existent plus. Donc voilà, ponctuellement, on les ramène auprès de nos concitoyens et l'élu va être très sensible à ce genre d'initiative. On attache beaucoup d'importance à faire fédération, c'est-à-dire à se rassembler. Et Villageois a permis de mettre en lien tous les services possibles, imaginables je dirais presque, ensemble pour se réunir et faire des manifestations en centre-bourg. Aussi bien des services de l'État, des services régionaux, des services... des collectivités, les comités de communes, les municipalités, en lien avec aussi les associations, avec beaucoup la Fédération des centres sociaux, des associations sur la santé, Résedia, sur le diabète notamment, ARS, pour compléter le volet santé, mais aussi les petites associations mais il n'y a pas de petites associations, les associations de nos acteurs locaux qui font vivre nos centres-bourgs, de nos villages, donc ça peut être des comités des fêtes, ça peut être des associations sportives, culturelles. Et puis aussi le fait de se rassembler les services, mais pas que. Ça peut être le commerce du centre-bourg, donc on imagine un bar, un restaurant, mais aussi les artisans et les producteurs locaux qui étaient invités à tenir un stand lors de cette belle occasion.

  • Speaker #1

    Et c'est justement ce mélange des genres, le genre administratif, le genre festif, associatif, etc., qui vous a séduit ? Parce que finalement, des permanences d'administration sur les territoires d'une manière ou d'une autre, ça existait déjà.

  • Speaker #2

    Ça existe, mais ils ont plutôt tendance à partir de nos territoires qu'à revenir. Donc c'était plutôt les inciter. Alors on a eu de la chance, monsieur le préfet du département a tout de suite été convaincu par ce dispositif, donc a mis tout en œuvre, notamment, je ne l'ai pas cité, les services de gendarmerie qui étaient là aussi pour présenter leur travail, et leur travail de prévention, mais aussi la carrière de gendarme. Plein de choses comme ça qui ont fait que la mayonnaise a pris, réellement, entre nous tous, qui plutôt faisions des choses l'un à côté de l'autre. et ça a permis réellement de travailler ensemble. On pourrait avoir dans nos campagnes un sentiment d'isolement, de mise à l'écart, on ne pense pas à nous, oui, je l'ai dit en préambule, on pense plutôt aux villes, aux petites villes. Et nous, dans nos campagnes, on nous laisse un peu de côté. Et moi, je dis souvent que le poumon vert de nos villes sont nos campagnes et l'avenir de nos villes passe par les campagnes. Les gens ont été réellement satisfaits de cette initiative. de se retrouver, de ressortir, de venir sur le centre-bourg et avec tous ces services à leur disposition, qui était totalement inhabituel.

  • Speaker #3

    L'idée, ça a été vraiment d'échanger avec eux, d'échanger aussi avec les territoires sur lesquels ils avaient officié, ils avaient opéré, pour voir un petit peu quelle était l'opération et justement voir un petit peu ce que ça pouvait apporter, mais éventuellement les petits points d'amélioration, les écueils à éviter. Ça nous a permis comme ça de le proposer aux élus et à la société civile, puisqu'on a un conseil de développement aussi au niveau... au niveau du pays. C'est aussi la force du pays d'avoir élu les sociétés civiles qui travaillent ensemble. Et puis après, effectivement, pour tout projet, il faut trouver des financements. Alors, on a la chance au niveau du pays d'avoir plusieurs financeurs qui nous suivent assez bien sur ce type d'expérimentation. On a déjà le département d'Agnèvre, ce qu'ils appellent le contrat de soutien qui permet justement de financer un petit peu, c'est une sorte de fonds d'innovation sociale et territoriale. Donc, c'est justement destiné à expérimenter ce qu'on n'a pas encore testé justement avec le... Quelque part, on a le droit de se tromper. Donc c'est un peu aussi un droit à l'erreur, j'ai envie de dire, mais il faut tester. Et puis, on a assez vite embarqué aussi le préfet de l'année, l'État, qui s'est montré assez intéressé par la démarche, parce qu'elle était innovante, et qui donc a accepté de financer l'opération. Donc en 2021, on a tout d'abord fait un événement, pas dire de taille modeste, mais un événement où on s'est limité à six communes et trois dates par commune, ça fait 18 dates. On a vraiment essayé d'embarquer les communes qui sont volontaires. On a essayé de rédiger un petit appel à candidature, mais extrêmement simple, puisqu'on s'adresse vraiment à des meilleurs euros qui sont hyper sollicités par leurs concitoyens, par leur mandat et qui ont aussi une vie personnelle et professionnelle. C'était vraiment l'idée de faire quelque chose de simple. On a monté un groupe de travail avec eux pour voir comment ils pourraient accueillir les villageois, voir comment les choses pourraient s'organiser. Et après, on a pu organiser avec les villageois la tournée sur leur commune. On s'est aussi servi en 2021 de cet événement pour aussi directement concerter les participants, puisqu'on était à ce moment-là en pleine réécriture du projet de territoire en pays. Et l'idée est plutôt que de se limiter à une consultation des élus du conseil de développement et peut-être faire une consultation en ligne de ce qu'on a fait, de vraiment élaborer des questionnaires sur des propositions très concrètes, sur des thématiques du quotidien auprès des participants, pour voir un petit peu ce qu'ils pensaient, ce qu'ils pouvaient avoir à proposer. Et ça nous a vraiment... servie dans le cadre de la réécriture de notre projet de territoire.

  • Speaker #2

    Les concitoyens, les élus, les personnes qui se sont engagées dans cette initiative sont convaincus de le refaire parce que réellement, on a réengagé les gens dans du lien social, dans du vivre ensemble, et on en a besoin. On a démystifié tout ça, et je pense que réellement, il y a une attente à la fois des concitoyens, des élus, mais aussi des acteurs des services concernés. qui souhaitent qu'on continue.

  • Speaker #3

    En 2021, on a vraiment, villageois comme nous peut-être, avons pris une entrée animation de communes. Animation pas forcément au sens festif, mais vie de la commune, comment on remet de l'animation dans une commune, de la vitalité dans une commune. Aujourd'hui, le modèle évolue, ils évoluent, nous évoluons, on se nourrit aussi un peu l'un l'autre, au gré des expériences, au gré des sessions villageois. Et aujourd'hui, on prend vraiment l'entrée service. C'est-à-dire que l'idée, c'est la première entrée, ce qui n'empêche pas le volet animation. Mais on se pose vraiment la question de comment on remet du service en milieu rural et surtout, comment on permet aux services qui existent, parce qu'aujourd'hui, la Nièvre a tout un réseau de France Service. La Nièvre était un département précurseur, ce qui fait que quand France Service est arrivé, finalement, ça a apporté peu d'évolution au niveau du département parce qu'il était déjà très en pointe sur ce sujet-là. Mais il y a quand même un défi qui est de toucher une population qui devrait être concernée par les France Service. et par les services en milieu moral, qui aujourd'hui ne le sont pas. On peut. Et donc, c'est comment on peut essayer de faire aller les services au-devant de ses habitants et les concerner. Et ça, c'est tout l'enjeu, justement, et ça va être de la prochaine expérimentation avec Villageois. Donc, c'est certes Villageois continue, mais pas sous le même format. Donc, ça reste aussi une expérimentation. On va dire qu'on ne s'enferme pas dans des habitudes.

  • Speaker #1

    À quoi est-ce que vous vous attendez avec ce nouvel opus, dont l'entrée est vraiment centrée sur le service, puisque les services en faisaient partie déjà dans l'édition précédente ? Mais là, c'est une question de tandem, c'est qui on met devant ?

  • Speaker #3

    Ce qu'on attend déjà, c'est que pour en parler, quand on prend cette entrée service, forcément déjà, l'illageois est obligé de travailler avec la Fédération des centres sociaux et des centres sociaux, puisque c'est eux dans la Nièvre qui portent les maisons de France Service pour la plupart. Donc on va définir quelques indicateurs avec eux et avec les fédérations de centres sociaux et on va évaluer l'expérimentation qui sera menée, puisque le but c'est vraiment d'aller toucher des personnes qu'on ne touche pas jusqu'à présent. Donc on va réunir des groupes de travail entre nous, je pense techniques, puis après en limitant les élus et la société civile. Et l'idée c'est vraiment d'essayer de définir une méthodologie pour aller toucher ces personnes-là. Donc ce qu'on attend c'est effectivement quelque part une amélioration du service public en milieu rural, c'est ça la finalité. qu'on allait vraiment toucher, ceux qu'on ne réussit pas à toucher. On voit bien qu'aujourd'hui, on peut mettre en place un certain nombre de choses. Si on n'essaie pas de trouver la bonne approche pour toucher des personnes, on n'y arrivera pas.

  • Speaker #1

    L'amélioration du service public au milieu rural est un objectif que tout le monde appelle de ses voeux. On voit bien ce que peuvent amener les tournées villageoises dans ce type de territoire, de plus en plus éloignées des services publics et même, pour tout dire, des services privés. Comment tout cela se fabrique-t-il ? Entrons maintenant dans les coulisses de leur fabrication, maille après maille, imaginer et améliorer chemin faisant au gré de la grosse centaine de dates déjà réalisées. Marius Drigny, fondateur et directeur de Villageois.

  • Speaker #0

    Villageois, c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand-chose pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces. Et on a commencé ça sur ma terre d'origine qui est la Haute-Côte d'Or. qui n'est pas tout à fait la Nièvre du coup. Et on a commencé ça au lendemain du premier confinement Covid, où on a beaucoup entendu nos proches à la campagne qui souffraient un peu d'isolement de base et renforcé pendant cette période. Et du coup, avec d'autres jeunes, on a lancé une tournée au début associative sur ce territoire-là, qui a fait un peu de bruit. Et en fait, on est notamment passé à Télématin. Et il y a un des agents du Pays Val-de-Lorne-Hivernais qui a vu ce reportage-là. et donc il a contacté Villajoie pour qu'après la Côte d'Or, Villajoie vienne dans la Nièvre. Et c'est comme ça que tout a commencé. Aujourd'hui, Villajoie n'est plus une association, c'est une entreprise classique privée, mais avec un agrément d'économie sociale et solidaire, qui s'appelle l'agrément ESUS, décerné par l'État, qui est en fait un agrément qui conditionne la gestion de l'entreprise dans une volonté de lucrativité limitée, et puis de démocratie interne, et ainsi surtout que de... de dédication à l'action sociale. Et alors, pourquoi ce statut ? Parce que je voulais que ce soit un métier pour les jeunes qui le fassent, que ce ne soit pas du bénévolat ou de la charité, entre guillemets. Et il y avait aussi un côté, dans le villageois, start-up, mais dans le bon sens du terme, c'est-à-dire identifier un besoin, mettre au point un modèle qui répond aux besoins. Et le jour où on le sent, être capable de le dupliquer assez vite et d'avoir les leviers financiers humains pour le faire. Et c'est vrai qu'une association était plus dure de ce point de vue-là. Par exemple... présent dans plusieurs régions et qu'une association c'est compliqué. Et donc voilà un peu cet intermédiaire-là qui est un peu moderne, et voilà le statut qu'on a aujourd'hui. Ça fait deux ans à peu près. Nous au début on ne connaissait pas le monde des collectivités, parce que nous on a juste fait notre tournée, et après on a compris que c'était par les collectivités qu'il fallait que ça passe. Et en fait toutes les collectivités ont des documents qui régissent leurs actions, que ce soit les projets de territoire, les chartes, et donc en fait il est assez facile de trouver le projet politique d'une collectivité en se renseignant. Et nous, on a tendance à s'adresser aux collectivités qui ont des enjeux d'accès aux services, de maintien des services auprès de la population, mais aussi, comme dans le pays Val-de-Lorne-Hivernais, l'attractivité en général, donc rendre les centres des villages attractifs, rendre les centres bourgs attractifs, faire en sorte que la population reste. Et puis, on est aussi sensible à tous les territoires assez mobilisés sur le sujet du lien social. Parce que des fois, dans les villages, le lien social se perd. Globalement, les territoires ruraux qui se positionnent sur ces sujets-là, c'est souvent soit on les contacte, soit ils nous trouvent. Le Val-de-l'Or en hivernait et globalement la Nièvre, moi j'aime bien dire que c'est le porte-étendard de Villajoie parce que c'est le territoire où il y a eu beaucoup les premières fois pour Villajoie, puisqu'en 2021, c'était la première tournée qu'on faisait en format pro et plus en associatif. Puis en 2022, on y reviendra peut-être, c'était la première grosse tournée qu'on faisait. Donc ça a toujours été un peu la terre porte-étendard avant-gardiste. La Nièvre est assez connue pour ça dans le monde de la campagne par ailleurs, donc c'est assez cohérent. Comment ça s'est passé ? On a eu les premières discussions suite au reportage télé. Rapidement est venue l'idée de d'abord faire une tournée un peu de test. C'est-à-dire de commencer avec un mois, un mois et demi de tournée, et de faire 6-7 communes, passer 2-3 fois dans chaque commune pendant l'été, voir déjà si l'initiative marche sur le terrain à petite échelle, qu'on ait le temps de comprendre comment ça fonctionne. ce qu'ils y trouvent, les habitants, les services et les maires. Et donc on a commencé comme ça et c'était plutôt une bonne approche parce que le concret a permis vraiment à la fois de mettre en valeur le bien fondé du projet parce que ça a quand même très bien marché. mais aussi les points à améliorer. Et c'est suite à cette première expérimentation-là qu'on a pu ensuite aller voir d'autres acteurs collectivités, donc départements, régions, États, pour beaucoup plus développer le projet. Donc le pays a été assez avant-gardiste sur le fait de d'abord faire une première expérimentation en comprenant avec nous, c'est une réflexion qu'on a eue tous les deux, que c'était une première étape assez essentielle, que d'ailleurs ça devienne plus gros, parce que faire un dispositif permanent sans passé, sans passif, Ça allait être quand même assez compliqué.

  • Speaker #1

    Sur les documents dont j'ai eu connaissance, il y a beaucoup de choses à base de Tonnel, à base de Napacaro et de Fagnon. Qu'est-ce qu'il y avait finalement dans ces tournées ? Au-delà peut-être même de ces images très explicites et très dans la convivialité ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que le but principal de Villageois, et là c'est bien qu'on en parle dans ce cadre un peu dédié à l'univers des collectivités, c'est que le premier objectif de Villageois, c'est d'amener des services de proximité dans la vie des gens. ceux qui en sont éloignés. Donc c'est plein de services différents qu'on appelle, vraiment de tous types, donc ça va des services de santé, réseaux de prévention, en passant par les conseils numériques, en passant par les maisons France Service, mais ça va aussi jusqu'au fromager local, à l'assaut qui fait des bouquets de fleurs, au centre social, en fait on appelle vraiment tout le monde, alors je crois qu'on parle avec la collectivité aussi pour savoir ce qui est souhaité, mais on a une approche très ouverte. Donc tous ces acteurs-là sont invités à tenir un stand. pendant l'événement qu'on organise, afin d'aller à la rencontre de la population. Et ce qui est important, c'est que pour que cette rencontre se passe bien, et ça c'est vraiment la sauce de villageois, c'est qu'il faut qu'il y ait un mélange de services et de festifs. C'est-à-dire, on ne se fait pas d'illusions, quand on demande à des habitants des villages, dans les villages, ce qui les intéresse sur un événement, ce n'est pas forcément les services numériques ou de santé en premier lieu. C'est plutôt l'ambiance, la restauration, l'animation. Le but de Villageoise, c'est de faire un événement attractif qui va provoquer de la fréquentation, qui va faire que les gens vont venir. C'est d'ailleurs leur faire découvrir un maximum de services, surtout auprès des populations qui en sont éloignées et qui n'ont plus trop l'habitude de s'en servir. Ça fait X années qu'il n'y a plus trop de services de proximité dans leur village. Je dirais que la particularité de ce qu'on trouve sur Endat, c'est à la fois une fête de village assez classique, avec en effet des tunnels, des tables, des chaises, à manger, à boire. de la musique, une animation, et ensuite plein de stands divers et variés qui se tiennent à votre disposition. Et le but, c'est que même si vous êtes venu pour manger une frite, vous repartez avec deux, trois flyers d'autres stands que vous avez pu visiter.

  • Speaker #1

    Et donc tout ça, c'est la question de l'accès aux droits, de l'accès à la santé, de l'accès justement aux prestations, puisqu'on sait qu'il y a énormément de gens qui ont droit à un certain nombre de prestations et qui ne vont pas les réclamer faute d'informations sur le sujet. Donc c'est complètement au cœur de votre action, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Oui, vous mettez beaucoup le doigt dessus parce que là, maintenant, on a quand même la maturité de un an et demi, deux ans d'activité dans plusieurs endroits en France. Et aux yeux des acteurs publics, la plus grande valeur de villageois, c'est en effet cette lutte contre le non-recours. Alors, il y a plein de raisons pour le non-recours. Il y a par exemple l'isolement numérique où on ne sait pas faire les démarches, etc. Donc, nous, on peut ramener des conseils numériques. Mais il y a aussi des postures un peu psychologiques ou sociales. Par exemple, des fois, dans des villages, il y a des gens qui nous disent... Moi je travaille, j'ai un travail, pourquoi j'irais demander des aides ? Quand on regarde par exemple les aides de logement qui sont ouvertes à beaucoup de gens, les aides à la rénovation, il y a un peu cet esprit dans les villages à l'ancienne, probablement les gens qui ont grandi sur un système, que moi je n'ai pas connu mais en tout cas un peu plus ancien. Il y a beaucoup de raisons et il y a aussi je pense une forme, pas forcément de résignation, mais en tout cas d'habitude que les services soient éloignés et du coup on y a recours de moins en moins. Et donc oui, Villageois s'inscrit vraiment dans cette lutte contre le non-recours, mais avec une approche un peu innovante, qui est l'approche par le fun. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas sérieux, mais en tout cas, par une forme de présenter les services sous un nouveau jour et les amener chez les gens. Vraiment, si les gens le ratent, c'est vraiment qu'ils ne sont pas intéressés, mais c'est pour être sûr qu'ils le voient et que surtout, en fait, on recrée un premier dialogue entre le service et la personne, parce que sinon, il va y avoir de l'autocensure, sinon les gens n'y vont pas y avoir recours. Donc nous, on pourrait y revenir, mais on met plein de petits stratagèmes en place. Par exemple, là, sur les dernières dates, on organise une chasse au trésor. En gros, si vous êtes un habitant, au début d'une date, vous prenez une carte avec plein d'autocollants à coller avec des petits endroits vides. Et en fait, pour obtenir votre autocollant, vous devez aller parler à un service et trouver un peu le mot secret. Vous êtes obligés de lui parler. Une fois que vous avez les cinq ou six gommettes, vous pouvez participer à la tombola pour gagner quelque chose, etc. Et ça, alors, les gens le font de bon cœur. Et en fait, les services nous disent Le plus important est de créer une première discussion. Et une fois qu'on crée une discussion avec les gens, que ce soit pour aujourd'hui, pour demain, ou pour eux, ou pour un proche, ce sera utile un jour. Et donc nous, on essaye de provoquer ça au maximum, avec plein de stratagèmes comme celui-ci.

  • Speaker #1

    L'essentiel c'est d'ouvrir le canal de discussion, de créer le lien de l'habitant à l'administration, aux services, etc. Qu'est-ce que vous avez d'autre comme petit stratagème ? C'est très intéressant.

  • Speaker #0

    Ce qu'on a d'autre, alors là il faut que les intervenants soient à l'aise, mais quand même une présentation orale c'est toujours bien. Donc en fait sur une date villageoise, vous avez toujours eu une sono au milieu de la date avec la musique de fond. Puis nous on prend la parole pour dire voilà bienvenue, aujourd'hui on a un machin un peu comme au marché ou comme au supermarché quand les gens font la promo des produits. Et donc, nous, on fait nous-mêmes une présentation des services. Et justement, on essaye de la désacraliser. Par exemple, on a déjà eu le stand de la Fédération des centres sociaux dans la Nièvre avec les ateliers Bonjour. Nous, c'est vrai qu'on va éviter, quand on le présente, d'avoir peut-être un peu le jargon technique en disant ce sont des dispositifs d'aide pour les seniors afin de mieux vivre au quotidien, machin Nous, on dit si vous venez aux ateliers Bonjour, vous pouvez faire des exercices sur le sommeil, sur l'équilibre, et c'est marrant, et regarder une photo de quelqu'un qui en fait, etc. Et en fait, les administrations nous aiment bien pour ça, parce qu'elles ne peuvent pas forcément tenir ce discours-là, parce qu'elles sont dans leur rôle. Et nous, on agit un peu en médiation, et on vulgarise un peu cette approche-là, on lui donne aussi un visage un peu fun. Et en fait, une fois que les personnes parlent aux administrations, avec les agents, ça se passe super bien, et le dialogue, il est très bon, mais il faut vraiment quelqu'un pour un peu aider à débloquer la première fois. Le principe de Villageois, c'est qu'il y ait quand même... une rotation des services. Là c'est ce qu'on va faire en 2023, on a des grandes catégories de services fondamentaux, par exemple la santé, le numérique, l'habitat, l'énergie et puis les marchés administratifs. En gros on fait en sorte que chaque village ait au moins un représentant de chaque catégorie en vrai une fois dans l'année lors d'une date. Donc il y a des partenariats structurants mais ils n'impliquent pas une présence sur toutes les dates parce que c'est pas la nature du modèle. Après dans la Nièvre nos plus beaux partenariats... Il y a notamment avec la gendarmerie, qui a été beaucoup présente en 2022 et qui va continuer, qui était un beau partenariat parce que, un, c'était en quantité, parce qu'ils sont venus sur une bonne trentaine de dates, et deux, parce que ça a été vraiment un dialogue ouvert pour, au fur et à mesure, améliorer leur présence. C'est-à-dire qu'au début, ils ont fait un stand classique, comme les autres intervenants, et on se rendait compte que pour la gendarmerie, c'était moins bien, parce que les gens n'osaient pas trop y aller, et parce que les gendarmes, ils ont beaucoup plus habitué à officier en patrouille. plutôt qu'être statique derrière un stand. Et du coup, maintenant, les gendarmes, en fait, font des mini-patrouilles sur les dates. Donc, ils n'ont pas vraiment de stand, mais ils parlent à tout le monde. Mais ce n'est pas des patrouilles, genre, d'inspection. Ce n'est pas des patrouilles pour discuter avec la population et tout. Et ça se passe très bien, du coup, parce qu'ils font le tour des services, le tour des gens, et ils rencontrent l'équipe municipale. Et donc, voilà. Donc, ça, c'était un beau partenariat. Et après, forcément... On y reviendra, mais le champ des collectivités s'est ouvert dans la Neve. Donc maintenant, la tournée est quand même un dispositif qui mobilise aussi la préfecture et le département. Du coup, on a notamment des services départementaux, gérontologie, les conseils numériques quand ils dépendent du département, la prévention de santé, peut-être d'autres dans le futur. Donc ça, quand même, en termes de prestations sociales et de non-recours, c'est assez significatif. Et puis, nous, on a un partenaire tiers, mais qui se joint volontiers autour de table avec les autres, qui est Malakoff Humanis. qui est l'action sociale retraite, nous, de Malakoff Humanis, qui, alors déjà, nous aide financièrement et nous permet d'alléger la facture pour les collectivités, mais qui, en plus, nous trouve des intervenants de leur réseau à eux, parce qu'en fait, eux, ils ont plein de projets sur toute la France, et ça permet de ramener des choses qu'on n'aurait jamais trouvées tout seuls ou qui ne sont juste pas dans la Nièvre, et qu'on ramène d'ailleurs. Et donc là, par exemple, sur la tournée de la Nièvre, on a eu un été indien qui fait des bilans de forme pour les personnes âgées. Donc, il venait sur les dates, et il y avait des petits haltères, il y avait des petits... de plots pour faire des mini-courses et tout. Et en 20 minutes, la personne faisait son bilan de forme et ensuite, on lui disait quoi travailler, à quoi faire attention, et puis quel genre d'exercice elle peut le faire avec des vidéos, etc. Et ça, c'était vraiment intéressant, parce qu'à la fois, et ça, c'est partout en France, dès qu'on va sur un nouveau territoire, il y a systématiquement un ou deux intervenants qui viennent de Malakoff et qui apportent vraiment de la nouveauté.

  • Speaker #1

    S'inventer et se renouveler en marchant est le propre des structures agiles. Cela est sans doute d'autant plus vrai que l'objectif de rentabilité financière n'est pas premier dans les activités des entreprises de l'économie sociale et solidaire. L'inventivité, la convivialité, le pas de côté ont permis de rencontrer un joli succès auprès des populations, comme auprès des collectivités et des nombreux partenaires sollicités. Pour autant, pas d'angélisme, car on perçoit également assez bien les limites de l'exercice et les pistes pour les dépasser. Au cœur de réflexion, la question du non-recours, c'est-à-dire le fait qu'une personne ne sollicite pas une aide ou une prestation, à laquelle elle a pourtant accès de plein droit. Les tournées villageoises se positionnent donc particulièrement comme moyen de lutter contre le non-recours, mais aussi plus largement pour aller questionner les besoins non pourvus de la population. Mani, comme fort.

  • Speaker #3

    C'est tout à fait ça et ce n'est pas une question facile puisque quand je dis on, ce n'est pas que nous d'améliorer la situation depuis pas mal d'années. On voit bien que c'est une question extrêmement difficile. Donc là, on est vraiment en testé pour essayer de voir si on ne peut pas trouver une solution qui nous permette d'améliorer les choses.

  • Speaker #1

    Rendez-vous dans 20 ans alors avec les résultats d'évaluation.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis pour répondre un peu aux sollicitations, parce qu'on a quand même été au devant de nos concitoyens. Ils nous ont parlé santé, je pense que là on en parle tous. Ils nous ont parlé aussi mobilité, c'est important. Et puis alimentation, alimentation santé. Maintenant que nous est remonté ces thèmes-là lors des villageois, on y travaille plus ardemment et je pense que ça va intéresser un plus grand nombre de nos concitoyens et on pourra accéder à ceux qui ne vont pas forcément au-devant des services avant cette expérimentation.

  • Speaker #1

    Marius Drigny.

  • Speaker #0

    Bien sûr, il y a des choses qui n'ont pas marché. Ça reste une démarche expérimentale. Il y a le choix qu'on fait un truc, on le fait pour la première fois. Après, il y a toujours une confrontation avec le terrain, la réalité. Et puis, on est assez ouvert là-dessus parce que la tournée, c'est comme un projet collectif avec les collectivités qui participent, avec les maires, avec les services. Donc, nous, on collecte beaucoup les retours. Après, il y a plein de petites choses. Nous, on est très humble. Il y a plein de choses à améliorer sur la manière dont on travaille. Je pense que la communication, il y a plein de choses à inventer. pour toujours plus ramener des gens. Aujourd'hui, on distribue des flyers dans les boîtes aux lettres, on fait des posts sur Facebook, on met des bâches au bord de la route. Mais nous, par exemple, on se pose une question qui est, même quand les dates fonctionnent, il y a quand même un peu toujours les mêmes qui reviennent. C'est-à-dire dans un village de 300-400 habitants, vous allez avoir un noyau de 50-70 habitants qui est très mobilisé, qui sont souvent dans l'entourage soit de la mairie, soit des comités des fêtes, soit des assos qui sont eux-mêmes les assos, etc. Et puis les maires nous le disent, pas qu'avec villageois, mais pour faire sortir les 250 autres personnes, c'est plus compliqué. Et nous, on les voit, des fois, on fait des portes à porte, des distributions, et genre, ils aiment bien l'initiative, ils nous disent c'est sympa, mais non, je ne pourrais pas venir, on ne viendrait pas. Et donc, par exemple, nous, on se demande comment dépasser ce seuil-là. On se dit, est-ce qu'il ne faut pas communiquer avec toutes les personnes qui rentrent dans les foyers de ces gens-là ? Les postiers, les aides-ménagères, les aides-ménagers, les infirmières-infirmiers, les aides à domicile, et pourquoi pas faire des partenariats avec eux ? C'est un exemple, mais un peu de questions qu'on se pose.

  • Speaker #1

    Beaucoup de tentatives parmi les 130 dates réalisées en 2022. Beaucoup d'ajustements aussi, chemin faisant, et quelques changements à venir pour les 70 à 80 dates qui auront lieu en 2023, dans le but d'ajuster la réponse aux capacités d'accueil des territoires, de mobilisation des partenaires et d'appétence du public. Mais l'invention ne s'arrête pas là. Elle se poursuit jusque dans les modes de faire, dans les profils recrutés et dans la vie d'entreprise. Car pour être passé de zéro à une vingtaine de personnes en si peu de temps, pour stabiliser et lisser l'activité tout au long de l'année, et envisager sereinement de devenir une entreprise à rayonnement national, Villajoie déploie des trésors d'inventivité jusque dans l'élaboration de son QG. Marius Drigny.

  • Speaker #0

    C'est une grande maison de campagne où tous les jeunes de Ville à joie vivent et travaillent. Parce qu'en fait, quand on recrute les équipes pour Ville à joie, donc on recrute les salariés, Si vous voulez recruter un jeune à la campagne, il faut pouvoir le loger. Parce que de un, c'est pas facile de trouver un truc à louer dans un village. Et deux, c'est un peu triste d'y aller tout seul ou à deux. Et du coup, on a très vite compris pour que ce soit attractif, il faut que tout le monde vive ensemble et que ce soit un peu la grande maison. Et comme ça, il n'y a plus trop de problèmes d'isolement, la vie est très sympa, elle est assez confort. Nous, tout ce qu'on souhaite, c'est de pouvoir un peu pérenniser notre activité, c'est-à-dire sortir un peu du saisonnier et rentrer dans quelque chose de permanent. avoir de plus en plus de visibilité, et c'est le cas dans la Nièvre, sur des contractualisations annuelles et sur des dispositifs qui se prolongent. Comme ça, on peut garder l'emploi, on peut garder la compétence, on peut s'améliorer et puis surtout approfondir les relations avec tous les gens avec qui on travaille. Après, nous, on ne vise pas un développement hyper rapide, hors de contrôle. On préfère faire les choses bien et surtout bien comprendre dans quel territoire villageois ça marche et dans lesquels les habitants, les maires et les services trouvent ça utile. Et donc les élus... des collectivités plus hauts aussi. On préfère créer ces liens de long terme là. Moi, j'aime bien dire, l'entreprise heureuse, c'est quand les gens qui travaillent sont heureux, puis les clients aussi. Donc si on a ça, nous les clients, il y a un terme un peu barbare entre guillemets, parce que c'est un peu plus que ça, on est en co-construction avec les collectivités. Mais voilà, je préfère qu'on soit dans le sélectif, aussi bien les territoires avec nous que nous avec eux, et qu'on puisse avancer étape par étape vers du pérenne. L'exemple de la collaboration étroite entre l'entreprise villageoise et le pays val-de-loire-nivernais nous apprend principalement deux choses. Premièrement, que c'est en jouant la carte des stands, des tonnels, des jeux de pistes et des nappes à carreaux que l'on peut améliorer le service public en milieu rural et lutter contre le non-recours qui accroît les inégalités. Les innovations ne sont pas toutes portées sur la tech et des initiatives pareilles montrent à quel point la qualité du lien interpersonnel est primordial et qu'il peut se travailler. L'intercession décalée, dédramatisée, médiée, il peut beaucoup. La forme compte donc au moins autant que le fond. Cette initiative nous apprend également, ou plutôt nous rappelle, que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Un peu plus de 130 rencontres ont été nécessaires pour trouver et affiner un format de rencontre qui donne satisfaction aux participants et aux contributeurs. C'est la preuve par exemple que l'apprentissage et l'amélioration résultent d'une succession d'essais-erreurs. Le droit à l'erreur est formateur, posture qui, si elle est entendue, a besoin de se répandre massivement dans les pratiques d'innovation-évaluation. Pour toutes ces raisons, le prix spécial du jury des trophées de l'innovation territoriale 2022 de la NPP a été décerné au pays Val-de-Loire-Nivernais. Bravo à eux, merci à vous.

Description

// Aujourd’hui, Inspire Explore part butiner le Pays Val de Loire – Nivernais qui a désiré, accompagné et soutenu l’initiative « Ville à Joie » : une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui œuvre pour lutter contre le non-recours aux droits. Il s’agit de mettre en contact et d’amorcer le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, sous couvert d’une série d’évènements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale…

 

// Une idée originale de Marie-Claire BARRé – CAPACITé, et de Mathilde VANDERRUSTEN, alors au CNFPT – INSET de Dunkerque. InspireExplore met en récit les initiatives des lauréats des Trophées de l'Innovation Territoriale de l'ANPP, avec le soutien technique et financier du CNFPT - INSET de Dunkerque.  

 

// Avec, par ordre d’arrivée aux oreilles :

·       Marius DRIGNY, fondateur et directeur de « ville à joie »

·       Eric GUYOT, Président du Pays Val de Loire - Nivernais

·       Mani CAMBEFORT, Directeur du Pays Val de Loire - Nivernais

 

// Merci à tou.te.s !

💖 podcast@capacite.dev


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les "Ville à Joie", c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand chose, pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces.

  • Speaker #1

    Le podcast qui butine les initiatives et les inventions au cœur des territoires et qui en fait son miel. Saison 2! Aujourd'hui, InspireExplore par butiner le pays Val-de-Loire-Nivernais. Situé dans le département de la Nièvre, à l'ouest de la région Bourgogne-Franche-Comté, en contact direct avec la région Centre-Val-de-Loire, le pays Val-de-Loire-Nivernais, près de 145 000 habitants, fédère 110 communes en 6 intercos du côté de Nevers. "Hum... Alors pour moi ce sera un atelier prévention diabète, un petit bilan énergie, une grande frite et un supplément concert s'il vous plaît". Voilà en substance ce que l'on pourrait entendre lors des tournées villageoises. Non, non, il n'y a pas de faute de grammaire. Entendez bien, ville à joie. C'est le nom d'une entreprise sociale et solidaire qui œuvre en partenariat avec des pays pour initier le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, le tout sous couvert d'une série d'événements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale. Toucher les personnes que l'on ne touche pas et lutter contre le non-recours au droit, c'est tout l'enjeu de "Ville à joie". Et pour cela, il faut trouver les bons moyens d'y parvenir. Mais pour trouver, il faut chercher. Partons alors avec Éric, Mani et Marius qui nous emmènent en tournée. Éric Guyot et Mani Cambefort, respectivement président et directeur du pays Val-de-Loire-Nivernais.

  • Speaker #2

    "Ville à Joie" s'adresse à des communes rurales, comme on dit, c'est à la mode. Et c'était intéressant parce que le pays est un outil pour avoir un certain nombre de leviers financiers, mais plutôt axé sur les communes un peu plus grandes. Et là, on se tournait enfin plus encore sur nos villages. Alors, villageois, c'est faire revivre les centres-bourgs des villages par le biais d'une intervention qui est l'association "Ville à Joie". C'est donc ramener des services auprès de la population, des services. qui peuvent encore exister, donc on les amplifie, ou qui n'existent plus. Donc voilà, ponctuellement, on les ramène auprès de nos concitoyens et l'élu va être très sensible à ce genre d'initiative. On attache beaucoup d'importance à faire fédération, c'est-à-dire à se rassembler. Et Villageois a permis de mettre en lien tous les services possibles, imaginables je dirais presque, ensemble pour se réunir et faire des manifestations en centre-bourg. Aussi bien des services de l'État, des services régionaux, des services... des collectivités, les comités de communes, les municipalités, en lien avec aussi les associations, avec beaucoup la Fédération des centres sociaux, des associations sur la santé, Résedia, sur le diabète notamment, ARS, pour compléter le volet santé, mais aussi les petites associations mais il n'y a pas de petites associations, les associations de nos acteurs locaux qui font vivre nos centres-bourgs, de nos villages, donc ça peut être des comités des fêtes, ça peut être des associations sportives, culturelles. Et puis aussi le fait de se rassembler les services, mais pas que. Ça peut être le commerce du centre-bourg, donc on imagine un bar, un restaurant, mais aussi les artisans et les producteurs locaux qui étaient invités à tenir un stand lors de cette belle occasion.

  • Speaker #1

    Et c'est justement ce mélange des genres, le genre administratif, le genre festif, associatif, etc., qui vous a séduit ? Parce que finalement, des permanences d'administration sur les territoires d'une manière ou d'une autre, ça existait déjà.

  • Speaker #2

    Ça existe, mais ils ont plutôt tendance à partir de nos territoires qu'à revenir. Donc c'était plutôt les inciter. Alors on a eu de la chance, monsieur le préfet du département a tout de suite été convaincu par ce dispositif, donc a mis tout en œuvre, notamment, je ne l'ai pas cité, les services de gendarmerie qui étaient là aussi pour présenter leur travail, et leur travail de prévention, mais aussi la carrière de gendarme. Plein de choses comme ça qui ont fait que la mayonnaise a pris, réellement, entre nous tous, qui plutôt faisions des choses l'un à côté de l'autre. et ça a permis réellement de travailler ensemble. On pourrait avoir dans nos campagnes un sentiment d'isolement, de mise à l'écart, on ne pense pas à nous, oui, je l'ai dit en préambule, on pense plutôt aux villes, aux petites villes. Et nous, dans nos campagnes, on nous laisse un peu de côté. Et moi, je dis souvent que le poumon vert de nos villes sont nos campagnes et l'avenir de nos villes passe par les campagnes. Les gens ont été réellement satisfaits de cette initiative. de se retrouver, de ressortir, de venir sur le centre-bourg et avec tous ces services à leur disposition, qui était totalement inhabituel.

  • Speaker #3

    L'idée, ça a été vraiment d'échanger avec eux, d'échanger aussi avec les territoires sur lesquels ils avaient officié, ils avaient opéré, pour voir un petit peu quelle était l'opération et justement voir un petit peu ce que ça pouvait apporter, mais éventuellement les petits points d'amélioration, les écueils à éviter. Ça nous a permis comme ça de le proposer aux élus et à la société civile, puisqu'on a un conseil de développement aussi au niveau... au niveau du pays. C'est aussi la force du pays d'avoir élu les sociétés civiles qui travaillent ensemble. Et puis après, effectivement, pour tout projet, il faut trouver des financements. Alors, on a la chance au niveau du pays d'avoir plusieurs financeurs qui nous suivent assez bien sur ce type d'expérimentation. On a déjà le département d'Agnèvre, ce qu'ils appellent le contrat de soutien qui permet justement de financer un petit peu, c'est une sorte de fonds d'innovation sociale et territoriale. Donc, c'est justement destiné à expérimenter ce qu'on n'a pas encore testé justement avec le... Quelque part, on a le droit de se tromper. Donc c'est un peu aussi un droit à l'erreur, j'ai envie de dire, mais il faut tester. Et puis, on a assez vite embarqué aussi le préfet de l'année, l'État, qui s'est montré assez intéressé par la démarche, parce qu'elle était innovante, et qui donc a accepté de financer l'opération. Donc en 2021, on a tout d'abord fait un événement, pas dire de taille modeste, mais un événement où on s'est limité à six communes et trois dates par commune, ça fait 18 dates. On a vraiment essayé d'embarquer les communes qui sont volontaires. On a essayé de rédiger un petit appel à candidature, mais extrêmement simple, puisqu'on s'adresse vraiment à des meilleurs euros qui sont hyper sollicités par leurs concitoyens, par leur mandat et qui ont aussi une vie personnelle et professionnelle. C'était vraiment l'idée de faire quelque chose de simple. On a monté un groupe de travail avec eux pour voir comment ils pourraient accueillir les villageois, voir comment les choses pourraient s'organiser. Et après, on a pu organiser avec les villageois la tournée sur leur commune. On s'est aussi servi en 2021 de cet événement pour aussi directement concerter les participants, puisqu'on était à ce moment-là en pleine réécriture du projet de territoire en pays. Et l'idée est plutôt que de se limiter à une consultation des élus du conseil de développement et peut-être faire une consultation en ligne de ce qu'on a fait, de vraiment élaborer des questionnaires sur des propositions très concrètes, sur des thématiques du quotidien auprès des participants, pour voir un petit peu ce qu'ils pensaient, ce qu'ils pouvaient avoir à proposer. Et ça nous a vraiment... servie dans le cadre de la réécriture de notre projet de territoire.

  • Speaker #2

    Les concitoyens, les élus, les personnes qui se sont engagées dans cette initiative sont convaincus de le refaire parce que réellement, on a réengagé les gens dans du lien social, dans du vivre ensemble, et on en a besoin. On a démystifié tout ça, et je pense que réellement, il y a une attente à la fois des concitoyens, des élus, mais aussi des acteurs des services concernés. qui souhaitent qu'on continue.

  • Speaker #3

    En 2021, on a vraiment, villageois comme nous peut-être, avons pris une entrée animation de communes. Animation pas forcément au sens festif, mais vie de la commune, comment on remet de l'animation dans une commune, de la vitalité dans une commune. Aujourd'hui, le modèle évolue, ils évoluent, nous évoluons, on se nourrit aussi un peu l'un l'autre, au gré des expériences, au gré des sessions villageois. Et aujourd'hui, on prend vraiment l'entrée service. C'est-à-dire que l'idée, c'est la première entrée, ce qui n'empêche pas le volet animation. Mais on se pose vraiment la question de comment on remet du service en milieu rural et surtout, comment on permet aux services qui existent, parce qu'aujourd'hui, la Nièvre a tout un réseau de France Service. La Nièvre était un département précurseur, ce qui fait que quand France Service est arrivé, finalement, ça a apporté peu d'évolution au niveau du département parce qu'il était déjà très en pointe sur ce sujet-là. Mais il y a quand même un défi qui est de toucher une population qui devrait être concernée par les France Service. et par les services en milieu moral, qui aujourd'hui ne le sont pas. On peut. Et donc, c'est comment on peut essayer de faire aller les services au-devant de ses habitants et les concerner. Et ça, c'est tout l'enjeu, justement, et ça va être de la prochaine expérimentation avec Villageois. Donc, c'est certes Villageois continue, mais pas sous le même format. Donc, ça reste aussi une expérimentation. On va dire qu'on ne s'enferme pas dans des habitudes.

  • Speaker #1

    À quoi est-ce que vous vous attendez avec ce nouvel opus, dont l'entrée est vraiment centrée sur le service, puisque les services en faisaient partie déjà dans l'édition précédente ? Mais là, c'est une question de tandem, c'est qui on met devant ?

  • Speaker #3

    Ce qu'on attend déjà, c'est que pour en parler, quand on prend cette entrée service, forcément déjà, l'illageois est obligé de travailler avec la Fédération des centres sociaux et des centres sociaux, puisque c'est eux dans la Nièvre qui portent les maisons de France Service pour la plupart. Donc on va définir quelques indicateurs avec eux et avec les fédérations de centres sociaux et on va évaluer l'expérimentation qui sera menée, puisque le but c'est vraiment d'aller toucher des personnes qu'on ne touche pas jusqu'à présent. Donc on va réunir des groupes de travail entre nous, je pense techniques, puis après en limitant les élus et la société civile. Et l'idée c'est vraiment d'essayer de définir une méthodologie pour aller toucher ces personnes-là. Donc ce qu'on attend c'est effectivement quelque part une amélioration du service public en milieu rural, c'est ça la finalité. qu'on allait vraiment toucher, ceux qu'on ne réussit pas à toucher. On voit bien qu'aujourd'hui, on peut mettre en place un certain nombre de choses. Si on n'essaie pas de trouver la bonne approche pour toucher des personnes, on n'y arrivera pas.

  • Speaker #1

    L'amélioration du service public au milieu rural est un objectif que tout le monde appelle de ses voeux. On voit bien ce que peuvent amener les tournées villageoises dans ce type de territoire, de plus en plus éloignées des services publics et même, pour tout dire, des services privés. Comment tout cela se fabrique-t-il ? Entrons maintenant dans les coulisses de leur fabrication, maille après maille, imaginer et améliorer chemin faisant au gré de la grosse centaine de dates déjà réalisées. Marius Drigny, fondateur et directeur de Villageois.

  • Speaker #0

    Villageois, c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand-chose pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces. Et on a commencé ça sur ma terre d'origine qui est la Haute-Côte d'Or. qui n'est pas tout à fait la Nièvre du coup. Et on a commencé ça au lendemain du premier confinement Covid, où on a beaucoup entendu nos proches à la campagne qui souffraient un peu d'isolement de base et renforcé pendant cette période. Et du coup, avec d'autres jeunes, on a lancé une tournée au début associative sur ce territoire-là, qui a fait un peu de bruit. Et en fait, on est notamment passé à Télématin. Et il y a un des agents du Pays Val-de-Lorne-Hivernais qui a vu ce reportage-là. et donc il a contacté Villajoie pour qu'après la Côte d'Or, Villajoie vienne dans la Nièvre. Et c'est comme ça que tout a commencé. Aujourd'hui, Villajoie n'est plus une association, c'est une entreprise classique privée, mais avec un agrément d'économie sociale et solidaire, qui s'appelle l'agrément ESUS, décerné par l'État, qui est en fait un agrément qui conditionne la gestion de l'entreprise dans une volonté de lucrativité limitée, et puis de démocratie interne, et ainsi surtout que de... de dédication à l'action sociale. Et alors, pourquoi ce statut ? Parce que je voulais que ce soit un métier pour les jeunes qui le fassent, que ce ne soit pas du bénévolat ou de la charité, entre guillemets. Et il y avait aussi un côté, dans le villageois, start-up, mais dans le bon sens du terme, c'est-à-dire identifier un besoin, mettre au point un modèle qui répond aux besoins. Et le jour où on le sent, être capable de le dupliquer assez vite et d'avoir les leviers financiers humains pour le faire. Et c'est vrai qu'une association était plus dure de ce point de vue-là. Par exemple... présent dans plusieurs régions et qu'une association c'est compliqué. Et donc voilà un peu cet intermédiaire-là qui est un peu moderne, et voilà le statut qu'on a aujourd'hui. Ça fait deux ans à peu près. Nous au début on ne connaissait pas le monde des collectivités, parce que nous on a juste fait notre tournée, et après on a compris que c'était par les collectivités qu'il fallait que ça passe. Et en fait toutes les collectivités ont des documents qui régissent leurs actions, que ce soit les projets de territoire, les chartes, et donc en fait il est assez facile de trouver le projet politique d'une collectivité en se renseignant. Et nous, on a tendance à s'adresser aux collectivités qui ont des enjeux d'accès aux services, de maintien des services auprès de la population, mais aussi, comme dans le pays Val-de-Lorne-Hivernais, l'attractivité en général, donc rendre les centres des villages attractifs, rendre les centres bourgs attractifs, faire en sorte que la population reste. Et puis, on est aussi sensible à tous les territoires assez mobilisés sur le sujet du lien social. Parce que des fois, dans les villages, le lien social se perd. Globalement, les territoires ruraux qui se positionnent sur ces sujets-là, c'est souvent soit on les contacte, soit ils nous trouvent. Le Val-de-l'Or en hivernait et globalement la Nièvre, moi j'aime bien dire que c'est le porte-étendard de Villajoie parce que c'est le territoire où il y a eu beaucoup les premières fois pour Villajoie, puisqu'en 2021, c'était la première tournée qu'on faisait en format pro et plus en associatif. Puis en 2022, on y reviendra peut-être, c'était la première grosse tournée qu'on faisait. Donc ça a toujours été un peu la terre porte-étendard avant-gardiste. La Nièvre est assez connue pour ça dans le monde de la campagne par ailleurs, donc c'est assez cohérent. Comment ça s'est passé ? On a eu les premières discussions suite au reportage télé. Rapidement est venue l'idée de d'abord faire une tournée un peu de test. C'est-à-dire de commencer avec un mois, un mois et demi de tournée, et de faire 6-7 communes, passer 2-3 fois dans chaque commune pendant l'été, voir déjà si l'initiative marche sur le terrain à petite échelle, qu'on ait le temps de comprendre comment ça fonctionne. ce qu'ils y trouvent, les habitants, les services et les maires. Et donc on a commencé comme ça et c'était plutôt une bonne approche parce que le concret a permis vraiment à la fois de mettre en valeur le bien fondé du projet parce que ça a quand même très bien marché. mais aussi les points à améliorer. Et c'est suite à cette première expérimentation-là qu'on a pu ensuite aller voir d'autres acteurs collectivités, donc départements, régions, États, pour beaucoup plus développer le projet. Donc le pays a été assez avant-gardiste sur le fait de d'abord faire une première expérimentation en comprenant avec nous, c'est une réflexion qu'on a eue tous les deux, que c'était une première étape assez essentielle, que d'ailleurs ça devienne plus gros, parce que faire un dispositif permanent sans passé, sans passif, Ça allait être quand même assez compliqué.

  • Speaker #1

    Sur les documents dont j'ai eu connaissance, il y a beaucoup de choses à base de Tonnel, à base de Napacaro et de Fagnon. Qu'est-ce qu'il y avait finalement dans ces tournées ? Au-delà peut-être même de ces images très explicites et très dans la convivialité ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que le but principal de Villageois, et là c'est bien qu'on en parle dans ce cadre un peu dédié à l'univers des collectivités, c'est que le premier objectif de Villageois, c'est d'amener des services de proximité dans la vie des gens. ceux qui en sont éloignés. Donc c'est plein de services différents qu'on appelle, vraiment de tous types, donc ça va des services de santé, réseaux de prévention, en passant par les conseils numériques, en passant par les maisons France Service, mais ça va aussi jusqu'au fromager local, à l'assaut qui fait des bouquets de fleurs, au centre social, en fait on appelle vraiment tout le monde, alors je crois qu'on parle avec la collectivité aussi pour savoir ce qui est souhaité, mais on a une approche très ouverte. Donc tous ces acteurs-là sont invités à tenir un stand. pendant l'événement qu'on organise, afin d'aller à la rencontre de la population. Et ce qui est important, c'est que pour que cette rencontre se passe bien, et ça c'est vraiment la sauce de villageois, c'est qu'il faut qu'il y ait un mélange de services et de festifs. C'est-à-dire, on ne se fait pas d'illusions, quand on demande à des habitants des villages, dans les villages, ce qui les intéresse sur un événement, ce n'est pas forcément les services numériques ou de santé en premier lieu. C'est plutôt l'ambiance, la restauration, l'animation. Le but de Villageoise, c'est de faire un événement attractif qui va provoquer de la fréquentation, qui va faire que les gens vont venir. C'est d'ailleurs leur faire découvrir un maximum de services, surtout auprès des populations qui en sont éloignées et qui n'ont plus trop l'habitude de s'en servir. Ça fait X années qu'il n'y a plus trop de services de proximité dans leur village. Je dirais que la particularité de ce qu'on trouve sur Endat, c'est à la fois une fête de village assez classique, avec en effet des tunnels, des tables, des chaises, à manger, à boire. de la musique, une animation, et ensuite plein de stands divers et variés qui se tiennent à votre disposition. Et le but, c'est que même si vous êtes venu pour manger une frite, vous repartez avec deux, trois flyers d'autres stands que vous avez pu visiter.

  • Speaker #1

    Et donc tout ça, c'est la question de l'accès aux droits, de l'accès à la santé, de l'accès justement aux prestations, puisqu'on sait qu'il y a énormément de gens qui ont droit à un certain nombre de prestations et qui ne vont pas les réclamer faute d'informations sur le sujet. Donc c'est complètement au cœur de votre action, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Oui, vous mettez beaucoup le doigt dessus parce que là, maintenant, on a quand même la maturité de un an et demi, deux ans d'activité dans plusieurs endroits en France. Et aux yeux des acteurs publics, la plus grande valeur de villageois, c'est en effet cette lutte contre le non-recours. Alors, il y a plein de raisons pour le non-recours. Il y a par exemple l'isolement numérique où on ne sait pas faire les démarches, etc. Donc, nous, on peut ramener des conseils numériques. Mais il y a aussi des postures un peu psychologiques ou sociales. Par exemple, des fois, dans des villages, il y a des gens qui nous disent... Moi je travaille, j'ai un travail, pourquoi j'irais demander des aides ? Quand on regarde par exemple les aides de logement qui sont ouvertes à beaucoup de gens, les aides à la rénovation, il y a un peu cet esprit dans les villages à l'ancienne, probablement les gens qui ont grandi sur un système, que moi je n'ai pas connu mais en tout cas un peu plus ancien. Il y a beaucoup de raisons et il y a aussi je pense une forme, pas forcément de résignation, mais en tout cas d'habitude que les services soient éloignés et du coup on y a recours de moins en moins. Et donc oui, Villageois s'inscrit vraiment dans cette lutte contre le non-recours, mais avec une approche un peu innovante, qui est l'approche par le fun. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas sérieux, mais en tout cas, par une forme de présenter les services sous un nouveau jour et les amener chez les gens. Vraiment, si les gens le ratent, c'est vraiment qu'ils ne sont pas intéressés, mais c'est pour être sûr qu'ils le voient et que surtout, en fait, on recrée un premier dialogue entre le service et la personne, parce que sinon, il va y avoir de l'autocensure, sinon les gens n'y vont pas y avoir recours. Donc nous, on pourrait y revenir, mais on met plein de petits stratagèmes en place. Par exemple, là, sur les dernières dates, on organise une chasse au trésor. En gros, si vous êtes un habitant, au début d'une date, vous prenez une carte avec plein d'autocollants à coller avec des petits endroits vides. Et en fait, pour obtenir votre autocollant, vous devez aller parler à un service et trouver un peu le mot secret. Vous êtes obligés de lui parler. Une fois que vous avez les cinq ou six gommettes, vous pouvez participer à la tombola pour gagner quelque chose, etc. Et ça, alors, les gens le font de bon cœur. Et en fait, les services nous disent Le plus important est de créer une première discussion. Et une fois qu'on crée une discussion avec les gens, que ce soit pour aujourd'hui, pour demain, ou pour eux, ou pour un proche, ce sera utile un jour. Et donc nous, on essaye de provoquer ça au maximum, avec plein de stratagèmes comme celui-ci.

  • Speaker #1

    L'essentiel c'est d'ouvrir le canal de discussion, de créer le lien de l'habitant à l'administration, aux services, etc. Qu'est-ce que vous avez d'autre comme petit stratagème ? C'est très intéressant.

  • Speaker #0

    Ce qu'on a d'autre, alors là il faut que les intervenants soient à l'aise, mais quand même une présentation orale c'est toujours bien. Donc en fait sur une date villageoise, vous avez toujours eu une sono au milieu de la date avec la musique de fond. Puis nous on prend la parole pour dire voilà bienvenue, aujourd'hui on a un machin un peu comme au marché ou comme au supermarché quand les gens font la promo des produits. Et donc, nous, on fait nous-mêmes une présentation des services. Et justement, on essaye de la désacraliser. Par exemple, on a déjà eu le stand de la Fédération des centres sociaux dans la Nièvre avec les ateliers Bonjour. Nous, c'est vrai qu'on va éviter, quand on le présente, d'avoir peut-être un peu le jargon technique en disant ce sont des dispositifs d'aide pour les seniors afin de mieux vivre au quotidien, machin Nous, on dit si vous venez aux ateliers Bonjour, vous pouvez faire des exercices sur le sommeil, sur l'équilibre, et c'est marrant, et regarder une photo de quelqu'un qui en fait, etc. Et en fait, les administrations nous aiment bien pour ça, parce qu'elles ne peuvent pas forcément tenir ce discours-là, parce qu'elles sont dans leur rôle. Et nous, on agit un peu en médiation, et on vulgarise un peu cette approche-là, on lui donne aussi un visage un peu fun. Et en fait, une fois que les personnes parlent aux administrations, avec les agents, ça se passe super bien, et le dialogue, il est très bon, mais il faut vraiment quelqu'un pour un peu aider à débloquer la première fois. Le principe de Villageois, c'est qu'il y ait quand même... une rotation des services. Là c'est ce qu'on va faire en 2023, on a des grandes catégories de services fondamentaux, par exemple la santé, le numérique, l'habitat, l'énergie et puis les marchés administratifs. En gros on fait en sorte que chaque village ait au moins un représentant de chaque catégorie en vrai une fois dans l'année lors d'une date. Donc il y a des partenariats structurants mais ils n'impliquent pas une présence sur toutes les dates parce que c'est pas la nature du modèle. Après dans la Nièvre nos plus beaux partenariats... Il y a notamment avec la gendarmerie, qui a été beaucoup présente en 2022 et qui va continuer, qui était un beau partenariat parce que, un, c'était en quantité, parce qu'ils sont venus sur une bonne trentaine de dates, et deux, parce que ça a été vraiment un dialogue ouvert pour, au fur et à mesure, améliorer leur présence. C'est-à-dire qu'au début, ils ont fait un stand classique, comme les autres intervenants, et on se rendait compte que pour la gendarmerie, c'était moins bien, parce que les gens n'osaient pas trop y aller, et parce que les gendarmes, ils ont beaucoup plus habitué à officier en patrouille. plutôt qu'être statique derrière un stand. Et du coup, maintenant, les gendarmes, en fait, font des mini-patrouilles sur les dates. Donc, ils n'ont pas vraiment de stand, mais ils parlent à tout le monde. Mais ce n'est pas des patrouilles, genre, d'inspection. Ce n'est pas des patrouilles pour discuter avec la population et tout. Et ça se passe très bien, du coup, parce qu'ils font le tour des services, le tour des gens, et ils rencontrent l'équipe municipale. Et donc, voilà. Donc, ça, c'était un beau partenariat. Et après, forcément... On y reviendra, mais le champ des collectivités s'est ouvert dans la Neve. Donc maintenant, la tournée est quand même un dispositif qui mobilise aussi la préfecture et le département. Du coup, on a notamment des services départementaux, gérontologie, les conseils numériques quand ils dépendent du département, la prévention de santé, peut-être d'autres dans le futur. Donc ça, quand même, en termes de prestations sociales et de non-recours, c'est assez significatif. Et puis, nous, on a un partenaire tiers, mais qui se joint volontiers autour de table avec les autres, qui est Malakoff Humanis. qui est l'action sociale retraite, nous, de Malakoff Humanis, qui, alors déjà, nous aide financièrement et nous permet d'alléger la facture pour les collectivités, mais qui, en plus, nous trouve des intervenants de leur réseau à eux, parce qu'en fait, eux, ils ont plein de projets sur toute la France, et ça permet de ramener des choses qu'on n'aurait jamais trouvées tout seuls ou qui ne sont juste pas dans la Nièvre, et qu'on ramène d'ailleurs. Et donc là, par exemple, sur la tournée de la Nièvre, on a eu un été indien qui fait des bilans de forme pour les personnes âgées. Donc, il venait sur les dates, et il y avait des petits haltères, il y avait des petits... de plots pour faire des mini-courses et tout. Et en 20 minutes, la personne faisait son bilan de forme et ensuite, on lui disait quoi travailler, à quoi faire attention, et puis quel genre d'exercice elle peut le faire avec des vidéos, etc. Et ça, c'était vraiment intéressant, parce qu'à la fois, et ça, c'est partout en France, dès qu'on va sur un nouveau territoire, il y a systématiquement un ou deux intervenants qui viennent de Malakoff et qui apportent vraiment de la nouveauté.

  • Speaker #1

    S'inventer et se renouveler en marchant est le propre des structures agiles. Cela est sans doute d'autant plus vrai que l'objectif de rentabilité financière n'est pas premier dans les activités des entreprises de l'économie sociale et solidaire. L'inventivité, la convivialité, le pas de côté ont permis de rencontrer un joli succès auprès des populations, comme auprès des collectivités et des nombreux partenaires sollicités. Pour autant, pas d'angélisme, car on perçoit également assez bien les limites de l'exercice et les pistes pour les dépasser. Au cœur de réflexion, la question du non-recours, c'est-à-dire le fait qu'une personne ne sollicite pas une aide ou une prestation, à laquelle elle a pourtant accès de plein droit. Les tournées villageoises se positionnent donc particulièrement comme moyen de lutter contre le non-recours, mais aussi plus largement pour aller questionner les besoins non pourvus de la population. Mani, comme fort.

  • Speaker #3

    C'est tout à fait ça et ce n'est pas une question facile puisque quand je dis on, ce n'est pas que nous d'améliorer la situation depuis pas mal d'années. On voit bien que c'est une question extrêmement difficile. Donc là, on est vraiment en testé pour essayer de voir si on ne peut pas trouver une solution qui nous permette d'améliorer les choses.

  • Speaker #1

    Rendez-vous dans 20 ans alors avec les résultats d'évaluation.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis pour répondre un peu aux sollicitations, parce qu'on a quand même été au devant de nos concitoyens. Ils nous ont parlé santé, je pense que là on en parle tous. Ils nous ont parlé aussi mobilité, c'est important. Et puis alimentation, alimentation santé. Maintenant que nous est remonté ces thèmes-là lors des villageois, on y travaille plus ardemment et je pense que ça va intéresser un plus grand nombre de nos concitoyens et on pourra accéder à ceux qui ne vont pas forcément au-devant des services avant cette expérimentation.

  • Speaker #1

    Marius Drigny.

  • Speaker #0

    Bien sûr, il y a des choses qui n'ont pas marché. Ça reste une démarche expérimentale. Il y a le choix qu'on fait un truc, on le fait pour la première fois. Après, il y a toujours une confrontation avec le terrain, la réalité. Et puis, on est assez ouvert là-dessus parce que la tournée, c'est comme un projet collectif avec les collectivités qui participent, avec les maires, avec les services. Donc, nous, on collecte beaucoup les retours. Après, il y a plein de petites choses. Nous, on est très humble. Il y a plein de choses à améliorer sur la manière dont on travaille. Je pense que la communication, il y a plein de choses à inventer. pour toujours plus ramener des gens. Aujourd'hui, on distribue des flyers dans les boîtes aux lettres, on fait des posts sur Facebook, on met des bâches au bord de la route. Mais nous, par exemple, on se pose une question qui est, même quand les dates fonctionnent, il y a quand même un peu toujours les mêmes qui reviennent. C'est-à-dire dans un village de 300-400 habitants, vous allez avoir un noyau de 50-70 habitants qui est très mobilisé, qui sont souvent dans l'entourage soit de la mairie, soit des comités des fêtes, soit des assos qui sont eux-mêmes les assos, etc. Et puis les maires nous le disent, pas qu'avec villageois, mais pour faire sortir les 250 autres personnes, c'est plus compliqué. Et nous, on les voit, des fois, on fait des portes à porte, des distributions, et genre, ils aiment bien l'initiative, ils nous disent c'est sympa, mais non, je ne pourrais pas venir, on ne viendrait pas. Et donc, par exemple, nous, on se demande comment dépasser ce seuil-là. On se dit, est-ce qu'il ne faut pas communiquer avec toutes les personnes qui rentrent dans les foyers de ces gens-là ? Les postiers, les aides-ménagères, les aides-ménagers, les infirmières-infirmiers, les aides à domicile, et pourquoi pas faire des partenariats avec eux ? C'est un exemple, mais un peu de questions qu'on se pose.

  • Speaker #1

    Beaucoup de tentatives parmi les 130 dates réalisées en 2022. Beaucoup d'ajustements aussi, chemin faisant, et quelques changements à venir pour les 70 à 80 dates qui auront lieu en 2023, dans le but d'ajuster la réponse aux capacités d'accueil des territoires, de mobilisation des partenaires et d'appétence du public. Mais l'invention ne s'arrête pas là. Elle se poursuit jusque dans les modes de faire, dans les profils recrutés et dans la vie d'entreprise. Car pour être passé de zéro à une vingtaine de personnes en si peu de temps, pour stabiliser et lisser l'activité tout au long de l'année, et envisager sereinement de devenir une entreprise à rayonnement national, Villajoie déploie des trésors d'inventivité jusque dans l'élaboration de son QG. Marius Drigny.

  • Speaker #0

    C'est une grande maison de campagne où tous les jeunes de Ville à joie vivent et travaillent. Parce qu'en fait, quand on recrute les équipes pour Ville à joie, donc on recrute les salariés, Si vous voulez recruter un jeune à la campagne, il faut pouvoir le loger. Parce que de un, c'est pas facile de trouver un truc à louer dans un village. Et deux, c'est un peu triste d'y aller tout seul ou à deux. Et du coup, on a très vite compris pour que ce soit attractif, il faut que tout le monde vive ensemble et que ce soit un peu la grande maison. Et comme ça, il n'y a plus trop de problèmes d'isolement, la vie est très sympa, elle est assez confort. Nous, tout ce qu'on souhaite, c'est de pouvoir un peu pérenniser notre activité, c'est-à-dire sortir un peu du saisonnier et rentrer dans quelque chose de permanent. avoir de plus en plus de visibilité, et c'est le cas dans la Nièvre, sur des contractualisations annuelles et sur des dispositifs qui se prolongent. Comme ça, on peut garder l'emploi, on peut garder la compétence, on peut s'améliorer et puis surtout approfondir les relations avec tous les gens avec qui on travaille. Après, nous, on ne vise pas un développement hyper rapide, hors de contrôle. On préfère faire les choses bien et surtout bien comprendre dans quel territoire villageois ça marche et dans lesquels les habitants, les maires et les services trouvent ça utile. Et donc les élus... des collectivités plus hauts aussi. On préfère créer ces liens de long terme là. Moi, j'aime bien dire, l'entreprise heureuse, c'est quand les gens qui travaillent sont heureux, puis les clients aussi. Donc si on a ça, nous les clients, il y a un terme un peu barbare entre guillemets, parce que c'est un peu plus que ça, on est en co-construction avec les collectivités. Mais voilà, je préfère qu'on soit dans le sélectif, aussi bien les territoires avec nous que nous avec eux, et qu'on puisse avancer étape par étape vers du pérenne. L'exemple de la collaboration étroite entre l'entreprise villageoise et le pays val-de-loire-nivernais nous apprend principalement deux choses. Premièrement, que c'est en jouant la carte des stands, des tonnels, des jeux de pistes et des nappes à carreaux que l'on peut améliorer le service public en milieu rural et lutter contre le non-recours qui accroît les inégalités. Les innovations ne sont pas toutes portées sur la tech et des initiatives pareilles montrent à quel point la qualité du lien interpersonnel est primordial et qu'il peut se travailler. L'intercession décalée, dédramatisée, médiée, il peut beaucoup. La forme compte donc au moins autant que le fond. Cette initiative nous apprend également, ou plutôt nous rappelle, que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Un peu plus de 130 rencontres ont été nécessaires pour trouver et affiner un format de rencontre qui donne satisfaction aux participants et aux contributeurs. C'est la preuve par exemple que l'apprentissage et l'amélioration résultent d'une succession d'essais-erreurs. Le droit à l'erreur est formateur, posture qui, si elle est entendue, a besoin de se répandre massivement dans les pratiques d'innovation-évaluation. Pour toutes ces raisons, le prix spécial du jury des trophées de l'innovation territoriale 2022 de la NPP a été décerné au pays Val-de-Loire-Nivernais. Bravo à eux, merci à vous.

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Description

// Aujourd’hui, Inspire Explore part butiner le Pays Val de Loire – Nivernais qui a désiré, accompagné et soutenu l’initiative « Ville à Joie » : une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui œuvre pour lutter contre le non-recours aux droits. Il s’agit de mettre en contact et d’amorcer le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, sous couvert d’une série d’évènements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale…

 

// Une idée originale de Marie-Claire BARRé – CAPACITé, et de Mathilde VANDERRUSTEN, alors au CNFPT – INSET de Dunkerque. InspireExplore met en récit les initiatives des lauréats des Trophées de l'Innovation Territoriale de l'ANPP, avec le soutien technique et financier du CNFPT - INSET de Dunkerque.  

 

// Avec, par ordre d’arrivée aux oreilles :

·       Marius DRIGNY, fondateur et directeur de « ville à joie »

·       Eric GUYOT, Président du Pays Val de Loire - Nivernais

·       Mani CAMBEFORT, Directeur du Pays Val de Loire - Nivernais

 

// Merci à tou.te.s !

💖 podcast@capacite.dev


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les "Ville à Joie", c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand chose, pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces.

  • Speaker #1

    Le podcast qui butine les initiatives et les inventions au cœur des territoires et qui en fait son miel. Saison 2! Aujourd'hui, InspireExplore par butiner le pays Val-de-Loire-Nivernais. Situé dans le département de la Nièvre, à l'ouest de la région Bourgogne-Franche-Comté, en contact direct avec la région Centre-Val-de-Loire, le pays Val-de-Loire-Nivernais, près de 145 000 habitants, fédère 110 communes en 6 intercos du côté de Nevers. "Hum... Alors pour moi ce sera un atelier prévention diabète, un petit bilan énergie, une grande frite et un supplément concert s'il vous plaît". Voilà en substance ce que l'on pourrait entendre lors des tournées villageoises. Non, non, il n'y a pas de faute de grammaire. Entendez bien, ville à joie. C'est le nom d'une entreprise sociale et solidaire qui œuvre en partenariat avec des pays pour initier le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, le tout sous couvert d'une série d'événements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale. Toucher les personnes que l'on ne touche pas et lutter contre le non-recours au droit, c'est tout l'enjeu de "Ville à joie". Et pour cela, il faut trouver les bons moyens d'y parvenir. Mais pour trouver, il faut chercher. Partons alors avec Éric, Mani et Marius qui nous emmènent en tournée. Éric Guyot et Mani Cambefort, respectivement président et directeur du pays Val-de-Loire-Nivernais.

  • Speaker #2

    "Ville à Joie" s'adresse à des communes rurales, comme on dit, c'est à la mode. Et c'était intéressant parce que le pays est un outil pour avoir un certain nombre de leviers financiers, mais plutôt axé sur les communes un peu plus grandes. Et là, on se tournait enfin plus encore sur nos villages. Alors, villageois, c'est faire revivre les centres-bourgs des villages par le biais d'une intervention qui est l'association "Ville à Joie". C'est donc ramener des services auprès de la population, des services. qui peuvent encore exister, donc on les amplifie, ou qui n'existent plus. Donc voilà, ponctuellement, on les ramène auprès de nos concitoyens et l'élu va être très sensible à ce genre d'initiative. On attache beaucoup d'importance à faire fédération, c'est-à-dire à se rassembler. Et Villageois a permis de mettre en lien tous les services possibles, imaginables je dirais presque, ensemble pour se réunir et faire des manifestations en centre-bourg. Aussi bien des services de l'État, des services régionaux, des services... des collectivités, les comités de communes, les municipalités, en lien avec aussi les associations, avec beaucoup la Fédération des centres sociaux, des associations sur la santé, Résedia, sur le diabète notamment, ARS, pour compléter le volet santé, mais aussi les petites associations mais il n'y a pas de petites associations, les associations de nos acteurs locaux qui font vivre nos centres-bourgs, de nos villages, donc ça peut être des comités des fêtes, ça peut être des associations sportives, culturelles. Et puis aussi le fait de se rassembler les services, mais pas que. Ça peut être le commerce du centre-bourg, donc on imagine un bar, un restaurant, mais aussi les artisans et les producteurs locaux qui étaient invités à tenir un stand lors de cette belle occasion.

  • Speaker #1

    Et c'est justement ce mélange des genres, le genre administratif, le genre festif, associatif, etc., qui vous a séduit ? Parce que finalement, des permanences d'administration sur les territoires d'une manière ou d'une autre, ça existait déjà.

  • Speaker #2

    Ça existe, mais ils ont plutôt tendance à partir de nos territoires qu'à revenir. Donc c'était plutôt les inciter. Alors on a eu de la chance, monsieur le préfet du département a tout de suite été convaincu par ce dispositif, donc a mis tout en œuvre, notamment, je ne l'ai pas cité, les services de gendarmerie qui étaient là aussi pour présenter leur travail, et leur travail de prévention, mais aussi la carrière de gendarme. Plein de choses comme ça qui ont fait que la mayonnaise a pris, réellement, entre nous tous, qui plutôt faisions des choses l'un à côté de l'autre. et ça a permis réellement de travailler ensemble. On pourrait avoir dans nos campagnes un sentiment d'isolement, de mise à l'écart, on ne pense pas à nous, oui, je l'ai dit en préambule, on pense plutôt aux villes, aux petites villes. Et nous, dans nos campagnes, on nous laisse un peu de côté. Et moi, je dis souvent que le poumon vert de nos villes sont nos campagnes et l'avenir de nos villes passe par les campagnes. Les gens ont été réellement satisfaits de cette initiative. de se retrouver, de ressortir, de venir sur le centre-bourg et avec tous ces services à leur disposition, qui était totalement inhabituel.

  • Speaker #3

    L'idée, ça a été vraiment d'échanger avec eux, d'échanger aussi avec les territoires sur lesquels ils avaient officié, ils avaient opéré, pour voir un petit peu quelle était l'opération et justement voir un petit peu ce que ça pouvait apporter, mais éventuellement les petits points d'amélioration, les écueils à éviter. Ça nous a permis comme ça de le proposer aux élus et à la société civile, puisqu'on a un conseil de développement aussi au niveau... au niveau du pays. C'est aussi la force du pays d'avoir élu les sociétés civiles qui travaillent ensemble. Et puis après, effectivement, pour tout projet, il faut trouver des financements. Alors, on a la chance au niveau du pays d'avoir plusieurs financeurs qui nous suivent assez bien sur ce type d'expérimentation. On a déjà le département d'Agnèvre, ce qu'ils appellent le contrat de soutien qui permet justement de financer un petit peu, c'est une sorte de fonds d'innovation sociale et territoriale. Donc, c'est justement destiné à expérimenter ce qu'on n'a pas encore testé justement avec le... Quelque part, on a le droit de se tromper. Donc c'est un peu aussi un droit à l'erreur, j'ai envie de dire, mais il faut tester. Et puis, on a assez vite embarqué aussi le préfet de l'année, l'État, qui s'est montré assez intéressé par la démarche, parce qu'elle était innovante, et qui donc a accepté de financer l'opération. Donc en 2021, on a tout d'abord fait un événement, pas dire de taille modeste, mais un événement où on s'est limité à six communes et trois dates par commune, ça fait 18 dates. On a vraiment essayé d'embarquer les communes qui sont volontaires. On a essayé de rédiger un petit appel à candidature, mais extrêmement simple, puisqu'on s'adresse vraiment à des meilleurs euros qui sont hyper sollicités par leurs concitoyens, par leur mandat et qui ont aussi une vie personnelle et professionnelle. C'était vraiment l'idée de faire quelque chose de simple. On a monté un groupe de travail avec eux pour voir comment ils pourraient accueillir les villageois, voir comment les choses pourraient s'organiser. Et après, on a pu organiser avec les villageois la tournée sur leur commune. On s'est aussi servi en 2021 de cet événement pour aussi directement concerter les participants, puisqu'on était à ce moment-là en pleine réécriture du projet de territoire en pays. Et l'idée est plutôt que de se limiter à une consultation des élus du conseil de développement et peut-être faire une consultation en ligne de ce qu'on a fait, de vraiment élaborer des questionnaires sur des propositions très concrètes, sur des thématiques du quotidien auprès des participants, pour voir un petit peu ce qu'ils pensaient, ce qu'ils pouvaient avoir à proposer. Et ça nous a vraiment... servie dans le cadre de la réécriture de notre projet de territoire.

  • Speaker #2

    Les concitoyens, les élus, les personnes qui se sont engagées dans cette initiative sont convaincus de le refaire parce que réellement, on a réengagé les gens dans du lien social, dans du vivre ensemble, et on en a besoin. On a démystifié tout ça, et je pense que réellement, il y a une attente à la fois des concitoyens, des élus, mais aussi des acteurs des services concernés. qui souhaitent qu'on continue.

  • Speaker #3

    En 2021, on a vraiment, villageois comme nous peut-être, avons pris une entrée animation de communes. Animation pas forcément au sens festif, mais vie de la commune, comment on remet de l'animation dans une commune, de la vitalité dans une commune. Aujourd'hui, le modèle évolue, ils évoluent, nous évoluons, on se nourrit aussi un peu l'un l'autre, au gré des expériences, au gré des sessions villageois. Et aujourd'hui, on prend vraiment l'entrée service. C'est-à-dire que l'idée, c'est la première entrée, ce qui n'empêche pas le volet animation. Mais on se pose vraiment la question de comment on remet du service en milieu rural et surtout, comment on permet aux services qui existent, parce qu'aujourd'hui, la Nièvre a tout un réseau de France Service. La Nièvre était un département précurseur, ce qui fait que quand France Service est arrivé, finalement, ça a apporté peu d'évolution au niveau du département parce qu'il était déjà très en pointe sur ce sujet-là. Mais il y a quand même un défi qui est de toucher une population qui devrait être concernée par les France Service. et par les services en milieu moral, qui aujourd'hui ne le sont pas. On peut. Et donc, c'est comment on peut essayer de faire aller les services au-devant de ses habitants et les concerner. Et ça, c'est tout l'enjeu, justement, et ça va être de la prochaine expérimentation avec Villageois. Donc, c'est certes Villageois continue, mais pas sous le même format. Donc, ça reste aussi une expérimentation. On va dire qu'on ne s'enferme pas dans des habitudes.

  • Speaker #1

    À quoi est-ce que vous vous attendez avec ce nouvel opus, dont l'entrée est vraiment centrée sur le service, puisque les services en faisaient partie déjà dans l'édition précédente ? Mais là, c'est une question de tandem, c'est qui on met devant ?

  • Speaker #3

    Ce qu'on attend déjà, c'est que pour en parler, quand on prend cette entrée service, forcément déjà, l'illageois est obligé de travailler avec la Fédération des centres sociaux et des centres sociaux, puisque c'est eux dans la Nièvre qui portent les maisons de France Service pour la plupart. Donc on va définir quelques indicateurs avec eux et avec les fédérations de centres sociaux et on va évaluer l'expérimentation qui sera menée, puisque le but c'est vraiment d'aller toucher des personnes qu'on ne touche pas jusqu'à présent. Donc on va réunir des groupes de travail entre nous, je pense techniques, puis après en limitant les élus et la société civile. Et l'idée c'est vraiment d'essayer de définir une méthodologie pour aller toucher ces personnes-là. Donc ce qu'on attend c'est effectivement quelque part une amélioration du service public en milieu rural, c'est ça la finalité. qu'on allait vraiment toucher, ceux qu'on ne réussit pas à toucher. On voit bien qu'aujourd'hui, on peut mettre en place un certain nombre de choses. Si on n'essaie pas de trouver la bonne approche pour toucher des personnes, on n'y arrivera pas.

  • Speaker #1

    L'amélioration du service public au milieu rural est un objectif que tout le monde appelle de ses voeux. On voit bien ce que peuvent amener les tournées villageoises dans ce type de territoire, de plus en plus éloignées des services publics et même, pour tout dire, des services privés. Comment tout cela se fabrique-t-il ? Entrons maintenant dans les coulisses de leur fabrication, maille après maille, imaginer et améliorer chemin faisant au gré de la grosse centaine de dates déjà réalisées. Marius Drigny, fondateur et directeur de Villageois.

  • Speaker #0

    Villageois, c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand-chose pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces. Et on a commencé ça sur ma terre d'origine qui est la Haute-Côte d'Or. qui n'est pas tout à fait la Nièvre du coup. Et on a commencé ça au lendemain du premier confinement Covid, où on a beaucoup entendu nos proches à la campagne qui souffraient un peu d'isolement de base et renforcé pendant cette période. Et du coup, avec d'autres jeunes, on a lancé une tournée au début associative sur ce territoire-là, qui a fait un peu de bruit. Et en fait, on est notamment passé à Télématin. Et il y a un des agents du Pays Val-de-Lorne-Hivernais qui a vu ce reportage-là. et donc il a contacté Villajoie pour qu'après la Côte d'Or, Villajoie vienne dans la Nièvre. Et c'est comme ça que tout a commencé. Aujourd'hui, Villajoie n'est plus une association, c'est une entreprise classique privée, mais avec un agrément d'économie sociale et solidaire, qui s'appelle l'agrément ESUS, décerné par l'État, qui est en fait un agrément qui conditionne la gestion de l'entreprise dans une volonté de lucrativité limitée, et puis de démocratie interne, et ainsi surtout que de... de dédication à l'action sociale. Et alors, pourquoi ce statut ? Parce que je voulais que ce soit un métier pour les jeunes qui le fassent, que ce ne soit pas du bénévolat ou de la charité, entre guillemets. Et il y avait aussi un côté, dans le villageois, start-up, mais dans le bon sens du terme, c'est-à-dire identifier un besoin, mettre au point un modèle qui répond aux besoins. Et le jour où on le sent, être capable de le dupliquer assez vite et d'avoir les leviers financiers humains pour le faire. Et c'est vrai qu'une association était plus dure de ce point de vue-là. Par exemple... présent dans plusieurs régions et qu'une association c'est compliqué. Et donc voilà un peu cet intermédiaire-là qui est un peu moderne, et voilà le statut qu'on a aujourd'hui. Ça fait deux ans à peu près. Nous au début on ne connaissait pas le monde des collectivités, parce que nous on a juste fait notre tournée, et après on a compris que c'était par les collectivités qu'il fallait que ça passe. Et en fait toutes les collectivités ont des documents qui régissent leurs actions, que ce soit les projets de territoire, les chartes, et donc en fait il est assez facile de trouver le projet politique d'une collectivité en se renseignant. Et nous, on a tendance à s'adresser aux collectivités qui ont des enjeux d'accès aux services, de maintien des services auprès de la population, mais aussi, comme dans le pays Val-de-Lorne-Hivernais, l'attractivité en général, donc rendre les centres des villages attractifs, rendre les centres bourgs attractifs, faire en sorte que la population reste. Et puis, on est aussi sensible à tous les territoires assez mobilisés sur le sujet du lien social. Parce que des fois, dans les villages, le lien social se perd. Globalement, les territoires ruraux qui se positionnent sur ces sujets-là, c'est souvent soit on les contacte, soit ils nous trouvent. Le Val-de-l'Or en hivernait et globalement la Nièvre, moi j'aime bien dire que c'est le porte-étendard de Villajoie parce que c'est le territoire où il y a eu beaucoup les premières fois pour Villajoie, puisqu'en 2021, c'était la première tournée qu'on faisait en format pro et plus en associatif. Puis en 2022, on y reviendra peut-être, c'était la première grosse tournée qu'on faisait. Donc ça a toujours été un peu la terre porte-étendard avant-gardiste. La Nièvre est assez connue pour ça dans le monde de la campagne par ailleurs, donc c'est assez cohérent. Comment ça s'est passé ? On a eu les premières discussions suite au reportage télé. Rapidement est venue l'idée de d'abord faire une tournée un peu de test. C'est-à-dire de commencer avec un mois, un mois et demi de tournée, et de faire 6-7 communes, passer 2-3 fois dans chaque commune pendant l'été, voir déjà si l'initiative marche sur le terrain à petite échelle, qu'on ait le temps de comprendre comment ça fonctionne. ce qu'ils y trouvent, les habitants, les services et les maires. Et donc on a commencé comme ça et c'était plutôt une bonne approche parce que le concret a permis vraiment à la fois de mettre en valeur le bien fondé du projet parce que ça a quand même très bien marché. mais aussi les points à améliorer. Et c'est suite à cette première expérimentation-là qu'on a pu ensuite aller voir d'autres acteurs collectivités, donc départements, régions, États, pour beaucoup plus développer le projet. Donc le pays a été assez avant-gardiste sur le fait de d'abord faire une première expérimentation en comprenant avec nous, c'est une réflexion qu'on a eue tous les deux, que c'était une première étape assez essentielle, que d'ailleurs ça devienne plus gros, parce que faire un dispositif permanent sans passé, sans passif, Ça allait être quand même assez compliqué.

  • Speaker #1

    Sur les documents dont j'ai eu connaissance, il y a beaucoup de choses à base de Tonnel, à base de Napacaro et de Fagnon. Qu'est-ce qu'il y avait finalement dans ces tournées ? Au-delà peut-être même de ces images très explicites et très dans la convivialité ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que le but principal de Villageois, et là c'est bien qu'on en parle dans ce cadre un peu dédié à l'univers des collectivités, c'est que le premier objectif de Villageois, c'est d'amener des services de proximité dans la vie des gens. ceux qui en sont éloignés. Donc c'est plein de services différents qu'on appelle, vraiment de tous types, donc ça va des services de santé, réseaux de prévention, en passant par les conseils numériques, en passant par les maisons France Service, mais ça va aussi jusqu'au fromager local, à l'assaut qui fait des bouquets de fleurs, au centre social, en fait on appelle vraiment tout le monde, alors je crois qu'on parle avec la collectivité aussi pour savoir ce qui est souhaité, mais on a une approche très ouverte. Donc tous ces acteurs-là sont invités à tenir un stand. pendant l'événement qu'on organise, afin d'aller à la rencontre de la population. Et ce qui est important, c'est que pour que cette rencontre se passe bien, et ça c'est vraiment la sauce de villageois, c'est qu'il faut qu'il y ait un mélange de services et de festifs. C'est-à-dire, on ne se fait pas d'illusions, quand on demande à des habitants des villages, dans les villages, ce qui les intéresse sur un événement, ce n'est pas forcément les services numériques ou de santé en premier lieu. C'est plutôt l'ambiance, la restauration, l'animation. Le but de Villageoise, c'est de faire un événement attractif qui va provoquer de la fréquentation, qui va faire que les gens vont venir. C'est d'ailleurs leur faire découvrir un maximum de services, surtout auprès des populations qui en sont éloignées et qui n'ont plus trop l'habitude de s'en servir. Ça fait X années qu'il n'y a plus trop de services de proximité dans leur village. Je dirais que la particularité de ce qu'on trouve sur Endat, c'est à la fois une fête de village assez classique, avec en effet des tunnels, des tables, des chaises, à manger, à boire. de la musique, une animation, et ensuite plein de stands divers et variés qui se tiennent à votre disposition. Et le but, c'est que même si vous êtes venu pour manger une frite, vous repartez avec deux, trois flyers d'autres stands que vous avez pu visiter.

  • Speaker #1

    Et donc tout ça, c'est la question de l'accès aux droits, de l'accès à la santé, de l'accès justement aux prestations, puisqu'on sait qu'il y a énormément de gens qui ont droit à un certain nombre de prestations et qui ne vont pas les réclamer faute d'informations sur le sujet. Donc c'est complètement au cœur de votre action, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Oui, vous mettez beaucoup le doigt dessus parce que là, maintenant, on a quand même la maturité de un an et demi, deux ans d'activité dans plusieurs endroits en France. Et aux yeux des acteurs publics, la plus grande valeur de villageois, c'est en effet cette lutte contre le non-recours. Alors, il y a plein de raisons pour le non-recours. Il y a par exemple l'isolement numérique où on ne sait pas faire les démarches, etc. Donc, nous, on peut ramener des conseils numériques. Mais il y a aussi des postures un peu psychologiques ou sociales. Par exemple, des fois, dans des villages, il y a des gens qui nous disent... Moi je travaille, j'ai un travail, pourquoi j'irais demander des aides ? Quand on regarde par exemple les aides de logement qui sont ouvertes à beaucoup de gens, les aides à la rénovation, il y a un peu cet esprit dans les villages à l'ancienne, probablement les gens qui ont grandi sur un système, que moi je n'ai pas connu mais en tout cas un peu plus ancien. Il y a beaucoup de raisons et il y a aussi je pense une forme, pas forcément de résignation, mais en tout cas d'habitude que les services soient éloignés et du coup on y a recours de moins en moins. Et donc oui, Villageois s'inscrit vraiment dans cette lutte contre le non-recours, mais avec une approche un peu innovante, qui est l'approche par le fun. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas sérieux, mais en tout cas, par une forme de présenter les services sous un nouveau jour et les amener chez les gens. Vraiment, si les gens le ratent, c'est vraiment qu'ils ne sont pas intéressés, mais c'est pour être sûr qu'ils le voient et que surtout, en fait, on recrée un premier dialogue entre le service et la personne, parce que sinon, il va y avoir de l'autocensure, sinon les gens n'y vont pas y avoir recours. Donc nous, on pourrait y revenir, mais on met plein de petits stratagèmes en place. Par exemple, là, sur les dernières dates, on organise une chasse au trésor. En gros, si vous êtes un habitant, au début d'une date, vous prenez une carte avec plein d'autocollants à coller avec des petits endroits vides. Et en fait, pour obtenir votre autocollant, vous devez aller parler à un service et trouver un peu le mot secret. Vous êtes obligés de lui parler. Une fois que vous avez les cinq ou six gommettes, vous pouvez participer à la tombola pour gagner quelque chose, etc. Et ça, alors, les gens le font de bon cœur. Et en fait, les services nous disent Le plus important est de créer une première discussion. Et une fois qu'on crée une discussion avec les gens, que ce soit pour aujourd'hui, pour demain, ou pour eux, ou pour un proche, ce sera utile un jour. Et donc nous, on essaye de provoquer ça au maximum, avec plein de stratagèmes comme celui-ci.

  • Speaker #1

    L'essentiel c'est d'ouvrir le canal de discussion, de créer le lien de l'habitant à l'administration, aux services, etc. Qu'est-ce que vous avez d'autre comme petit stratagème ? C'est très intéressant.

  • Speaker #0

    Ce qu'on a d'autre, alors là il faut que les intervenants soient à l'aise, mais quand même une présentation orale c'est toujours bien. Donc en fait sur une date villageoise, vous avez toujours eu une sono au milieu de la date avec la musique de fond. Puis nous on prend la parole pour dire voilà bienvenue, aujourd'hui on a un machin un peu comme au marché ou comme au supermarché quand les gens font la promo des produits. Et donc, nous, on fait nous-mêmes une présentation des services. Et justement, on essaye de la désacraliser. Par exemple, on a déjà eu le stand de la Fédération des centres sociaux dans la Nièvre avec les ateliers Bonjour. Nous, c'est vrai qu'on va éviter, quand on le présente, d'avoir peut-être un peu le jargon technique en disant ce sont des dispositifs d'aide pour les seniors afin de mieux vivre au quotidien, machin Nous, on dit si vous venez aux ateliers Bonjour, vous pouvez faire des exercices sur le sommeil, sur l'équilibre, et c'est marrant, et regarder une photo de quelqu'un qui en fait, etc. Et en fait, les administrations nous aiment bien pour ça, parce qu'elles ne peuvent pas forcément tenir ce discours-là, parce qu'elles sont dans leur rôle. Et nous, on agit un peu en médiation, et on vulgarise un peu cette approche-là, on lui donne aussi un visage un peu fun. Et en fait, une fois que les personnes parlent aux administrations, avec les agents, ça se passe super bien, et le dialogue, il est très bon, mais il faut vraiment quelqu'un pour un peu aider à débloquer la première fois. Le principe de Villageois, c'est qu'il y ait quand même... une rotation des services. Là c'est ce qu'on va faire en 2023, on a des grandes catégories de services fondamentaux, par exemple la santé, le numérique, l'habitat, l'énergie et puis les marchés administratifs. En gros on fait en sorte que chaque village ait au moins un représentant de chaque catégorie en vrai une fois dans l'année lors d'une date. Donc il y a des partenariats structurants mais ils n'impliquent pas une présence sur toutes les dates parce que c'est pas la nature du modèle. Après dans la Nièvre nos plus beaux partenariats... Il y a notamment avec la gendarmerie, qui a été beaucoup présente en 2022 et qui va continuer, qui était un beau partenariat parce que, un, c'était en quantité, parce qu'ils sont venus sur une bonne trentaine de dates, et deux, parce que ça a été vraiment un dialogue ouvert pour, au fur et à mesure, améliorer leur présence. C'est-à-dire qu'au début, ils ont fait un stand classique, comme les autres intervenants, et on se rendait compte que pour la gendarmerie, c'était moins bien, parce que les gens n'osaient pas trop y aller, et parce que les gendarmes, ils ont beaucoup plus habitué à officier en patrouille. plutôt qu'être statique derrière un stand. Et du coup, maintenant, les gendarmes, en fait, font des mini-patrouilles sur les dates. Donc, ils n'ont pas vraiment de stand, mais ils parlent à tout le monde. Mais ce n'est pas des patrouilles, genre, d'inspection. Ce n'est pas des patrouilles pour discuter avec la population et tout. Et ça se passe très bien, du coup, parce qu'ils font le tour des services, le tour des gens, et ils rencontrent l'équipe municipale. Et donc, voilà. Donc, ça, c'était un beau partenariat. Et après, forcément... On y reviendra, mais le champ des collectivités s'est ouvert dans la Neve. Donc maintenant, la tournée est quand même un dispositif qui mobilise aussi la préfecture et le département. Du coup, on a notamment des services départementaux, gérontologie, les conseils numériques quand ils dépendent du département, la prévention de santé, peut-être d'autres dans le futur. Donc ça, quand même, en termes de prestations sociales et de non-recours, c'est assez significatif. Et puis, nous, on a un partenaire tiers, mais qui se joint volontiers autour de table avec les autres, qui est Malakoff Humanis. qui est l'action sociale retraite, nous, de Malakoff Humanis, qui, alors déjà, nous aide financièrement et nous permet d'alléger la facture pour les collectivités, mais qui, en plus, nous trouve des intervenants de leur réseau à eux, parce qu'en fait, eux, ils ont plein de projets sur toute la France, et ça permet de ramener des choses qu'on n'aurait jamais trouvées tout seuls ou qui ne sont juste pas dans la Nièvre, et qu'on ramène d'ailleurs. Et donc là, par exemple, sur la tournée de la Nièvre, on a eu un été indien qui fait des bilans de forme pour les personnes âgées. Donc, il venait sur les dates, et il y avait des petits haltères, il y avait des petits... de plots pour faire des mini-courses et tout. Et en 20 minutes, la personne faisait son bilan de forme et ensuite, on lui disait quoi travailler, à quoi faire attention, et puis quel genre d'exercice elle peut le faire avec des vidéos, etc. Et ça, c'était vraiment intéressant, parce qu'à la fois, et ça, c'est partout en France, dès qu'on va sur un nouveau territoire, il y a systématiquement un ou deux intervenants qui viennent de Malakoff et qui apportent vraiment de la nouveauté.

  • Speaker #1

    S'inventer et se renouveler en marchant est le propre des structures agiles. Cela est sans doute d'autant plus vrai que l'objectif de rentabilité financière n'est pas premier dans les activités des entreprises de l'économie sociale et solidaire. L'inventivité, la convivialité, le pas de côté ont permis de rencontrer un joli succès auprès des populations, comme auprès des collectivités et des nombreux partenaires sollicités. Pour autant, pas d'angélisme, car on perçoit également assez bien les limites de l'exercice et les pistes pour les dépasser. Au cœur de réflexion, la question du non-recours, c'est-à-dire le fait qu'une personne ne sollicite pas une aide ou une prestation, à laquelle elle a pourtant accès de plein droit. Les tournées villageoises se positionnent donc particulièrement comme moyen de lutter contre le non-recours, mais aussi plus largement pour aller questionner les besoins non pourvus de la population. Mani, comme fort.

  • Speaker #3

    C'est tout à fait ça et ce n'est pas une question facile puisque quand je dis on, ce n'est pas que nous d'améliorer la situation depuis pas mal d'années. On voit bien que c'est une question extrêmement difficile. Donc là, on est vraiment en testé pour essayer de voir si on ne peut pas trouver une solution qui nous permette d'améliorer les choses.

  • Speaker #1

    Rendez-vous dans 20 ans alors avec les résultats d'évaluation.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis pour répondre un peu aux sollicitations, parce qu'on a quand même été au devant de nos concitoyens. Ils nous ont parlé santé, je pense que là on en parle tous. Ils nous ont parlé aussi mobilité, c'est important. Et puis alimentation, alimentation santé. Maintenant que nous est remonté ces thèmes-là lors des villageois, on y travaille plus ardemment et je pense que ça va intéresser un plus grand nombre de nos concitoyens et on pourra accéder à ceux qui ne vont pas forcément au-devant des services avant cette expérimentation.

  • Speaker #1

    Marius Drigny.

  • Speaker #0

    Bien sûr, il y a des choses qui n'ont pas marché. Ça reste une démarche expérimentale. Il y a le choix qu'on fait un truc, on le fait pour la première fois. Après, il y a toujours une confrontation avec le terrain, la réalité. Et puis, on est assez ouvert là-dessus parce que la tournée, c'est comme un projet collectif avec les collectivités qui participent, avec les maires, avec les services. Donc, nous, on collecte beaucoup les retours. Après, il y a plein de petites choses. Nous, on est très humble. Il y a plein de choses à améliorer sur la manière dont on travaille. Je pense que la communication, il y a plein de choses à inventer. pour toujours plus ramener des gens. Aujourd'hui, on distribue des flyers dans les boîtes aux lettres, on fait des posts sur Facebook, on met des bâches au bord de la route. Mais nous, par exemple, on se pose une question qui est, même quand les dates fonctionnent, il y a quand même un peu toujours les mêmes qui reviennent. C'est-à-dire dans un village de 300-400 habitants, vous allez avoir un noyau de 50-70 habitants qui est très mobilisé, qui sont souvent dans l'entourage soit de la mairie, soit des comités des fêtes, soit des assos qui sont eux-mêmes les assos, etc. Et puis les maires nous le disent, pas qu'avec villageois, mais pour faire sortir les 250 autres personnes, c'est plus compliqué. Et nous, on les voit, des fois, on fait des portes à porte, des distributions, et genre, ils aiment bien l'initiative, ils nous disent c'est sympa, mais non, je ne pourrais pas venir, on ne viendrait pas. Et donc, par exemple, nous, on se demande comment dépasser ce seuil-là. On se dit, est-ce qu'il ne faut pas communiquer avec toutes les personnes qui rentrent dans les foyers de ces gens-là ? Les postiers, les aides-ménagères, les aides-ménagers, les infirmières-infirmiers, les aides à domicile, et pourquoi pas faire des partenariats avec eux ? C'est un exemple, mais un peu de questions qu'on se pose.

  • Speaker #1

    Beaucoup de tentatives parmi les 130 dates réalisées en 2022. Beaucoup d'ajustements aussi, chemin faisant, et quelques changements à venir pour les 70 à 80 dates qui auront lieu en 2023, dans le but d'ajuster la réponse aux capacités d'accueil des territoires, de mobilisation des partenaires et d'appétence du public. Mais l'invention ne s'arrête pas là. Elle se poursuit jusque dans les modes de faire, dans les profils recrutés et dans la vie d'entreprise. Car pour être passé de zéro à une vingtaine de personnes en si peu de temps, pour stabiliser et lisser l'activité tout au long de l'année, et envisager sereinement de devenir une entreprise à rayonnement national, Villajoie déploie des trésors d'inventivité jusque dans l'élaboration de son QG. Marius Drigny.

  • Speaker #0

    C'est une grande maison de campagne où tous les jeunes de Ville à joie vivent et travaillent. Parce qu'en fait, quand on recrute les équipes pour Ville à joie, donc on recrute les salariés, Si vous voulez recruter un jeune à la campagne, il faut pouvoir le loger. Parce que de un, c'est pas facile de trouver un truc à louer dans un village. Et deux, c'est un peu triste d'y aller tout seul ou à deux. Et du coup, on a très vite compris pour que ce soit attractif, il faut que tout le monde vive ensemble et que ce soit un peu la grande maison. Et comme ça, il n'y a plus trop de problèmes d'isolement, la vie est très sympa, elle est assez confort. Nous, tout ce qu'on souhaite, c'est de pouvoir un peu pérenniser notre activité, c'est-à-dire sortir un peu du saisonnier et rentrer dans quelque chose de permanent. avoir de plus en plus de visibilité, et c'est le cas dans la Nièvre, sur des contractualisations annuelles et sur des dispositifs qui se prolongent. Comme ça, on peut garder l'emploi, on peut garder la compétence, on peut s'améliorer et puis surtout approfondir les relations avec tous les gens avec qui on travaille. Après, nous, on ne vise pas un développement hyper rapide, hors de contrôle. On préfère faire les choses bien et surtout bien comprendre dans quel territoire villageois ça marche et dans lesquels les habitants, les maires et les services trouvent ça utile. Et donc les élus... des collectivités plus hauts aussi. On préfère créer ces liens de long terme là. Moi, j'aime bien dire, l'entreprise heureuse, c'est quand les gens qui travaillent sont heureux, puis les clients aussi. Donc si on a ça, nous les clients, il y a un terme un peu barbare entre guillemets, parce que c'est un peu plus que ça, on est en co-construction avec les collectivités. Mais voilà, je préfère qu'on soit dans le sélectif, aussi bien les territoires avec nous que nous avec eux, et qu'on puisse avancer étape par étape vers du pérenne. L'exemple de la collaboration étroite entre l'entreprise villageoise et le pays val-de-loire-nivernais nous apprend principalement deux choses. Premièrement, que c'est en jouant la carte des stands, des tonnels, des jeux de pistes et des nappes à carreaux que l'on peut améliorer le service public en milieu rural et lutter contre le non-recours qui accroît les inégalités. Les innovations ne sont pas toutes portées sur la tech et des initiatives pareilles montrent à quel point la qualité du lien interpersonnel est primordial et qu'il peut se travailler. L'intercession décalée, dédramatisée, médiée, il peut beaucoup. La forme compte donc au moins autant que le fond. Cette initiative nous apprend également, ou plutôt nous rappelle, que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Un peu plus de 130 rencontres ont été nécessaires pour trouver et affiner un format de rencontre qui donne satisfaction aux participants et aux contributeurs. C'est la preuve par exemple que l'apprentissage et l'amélioration résultent d'une succession d'essais-erreurs. Le droit à l'erreur est formateur, posture qui, si elle est entendue, a besoin de se répandre massivement dans les pratiques d'innovation-évaluation. Pour toutes ces raisons, le prix spécial du jury des trophées de l'innovation territoriale 2022 de la NPP a été décerné au pays Val-de-Loire-Nivernais. Bravo à eux, merci à vous.

Description

// Aujourd’hui, Inspire Explore part butiner le Pays Val de Loire – Nivernais qui a désiré, accompagné et soutenu l’initiative « Ville à Joie » : une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui œuvre pour lutter contre le non-recours aux droits. Il s’agit de mettre en contact et d’amorcer le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, sous couvert d’une série d’évènements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale…

 

// Une idée originale de Marie-Claire BARRé – CAPACITé, et de Mathilde VANDERRUSTEN, alors au CNFPT – INSET de Dunkerque. InspireExplore met en récit les initiatives des lauréats des Trophées de l'Innovation Territoriale de l'ANPP, avec le soutien technique et financier du CNFPT - INSET de Dunkerque.  

 

// Avec, par ordre d’arrivée aux oreilles :

·       Marius DRIGNY, fondateur et directeur de « ville à joie »

·       Eric GUYOT, Président du Pays Val de Loire - Nivernais

·       Mani CAMBEFORT, Directeur du Pays Val de Loire - Nivernais

 

// Merci à tou.te.s !

💖 podcast@capacite.dev


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les "Ville à Joie", c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand chose, pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces.

  • Speaker #1

    Le podcast qui butine les initiatives et les inventions au cœur des territoires et qui en fait son miel. Saison 2! Aujourd'hui, InspireExplore par butiner le pays Val-de-Loire-Nivernais. Situé dans le département de la Nièvre, à l'ouest de la région Bourgogne-Franche-Comté, en contact direct avec la région Centre-Val-de-Loire, le pays Val-de-Loire-Nivernais, près de 145 000 habitants, fédère 110 communes en 6 intercos du côté de Nevers. "Hum... Alors pour moi ce sera un atelier prévention diabète, un petit bilan énergie, une grande frite et un supplément concert s'il vous plaît". Voilà en substance ce que l'on pourrait entendre lors des tournées villageoises. Non, non, il n'y a pas de faute de grammaire. Entendez bien, ville à joie. C'est le nom d'une entreprise sociale et solidaire qui œuvre en partenariat avec des pays pour initier le dialogue entre habitants de communes rurales et grands services publics ou privés, le tout sous couvert d'une série d'événements festifs mêlant jeux, musique et gastronomie locale. Toucher les personnes que l'on ne touche pas et lutter contre le non-recours au droit, c'est tout l'enjeu de "Ville à joie". Et pour cela, il faut trouver les bons moyens d'y parvenir. Mais pour trouver, il faut chercher. Partons alors avec Éric, Mani et Marius qui nous emmènent en tournée. Éric Guyot et Mani Cambefort, respectivement président et directeur du pays Val-de-Loire-Nivernais.

  • Speaker #2

    "Ville à Joie" s'adresse à des communes rurales, comme on dit, c'est à la mode. Et c'était intéressant parce que le pays est un outil pour avoir un certain nombre de leviers financiers, mais plutôt axé sur les communes un peu plus grandes. Et là, on se tournait enfin plus encore sur nos villages. Alors, villageois, c'est faire revivre les centres-bourgs des villages par le biais d'une intervention qui est l'association "Ville à Joie". C'est donc ramener des services auprès de la population, des services. qui peuvent encore exister, donc on les amplifie, ou qui n'existent plus. Donc voilà, ponctuellement, on les ramène auprès de nos concitoyens et l'élu va être très sensible à ce genre d'initiative. On attache beaucoup d'importance à faire fédération, c'est-à-dire à se rassembler. Et Villageois a permis de mettre en lien tous les services possibles, imaginables je dirais presque, ensemble pour se réunir et faire des manifestations en centre-bourg. Aussi bien des services de l'État, des services régionaux, des services... des collectivités, les comités de communes, les municipalités, en lien avec aussi les associations, avec beaucoup la Fédération des centres sociaux, des associations sur la santé, Résedia, sur le diabète notamment, ARS, pour compléter le volet santé, mais aussi les petites associations mais il n'y a pas de petites associations, les associations de nos acteurs locaux qui font vivre nos centres-bourgs, de nos villages, donc ça peut être des comités des fêtes, ça peut être des associations sportives, culturelles. Et puis aussi le fait de se rassembler les services, mais pas que. Ça peut être le commerce du centre-bourg, donc on imagine un bar, un restaurant, mais aussi les artisans et les producteurs locaux qui étaient invités à tenir un stand lors de cette belle occasion.

  • Speaker #1

    Et c'est justement ce mélange des genres, le genre administratif, le genre festif, associatif, etc., qui vous a séduit ? Parce que finalement, des permanences d'administration sur les territoires d'une manière ou d'une autre, ça existait déjà.

  • Speaker #2

    Ça existe, mais ils ont plutôt tendance à partir de nos territoires qu'à revenir. Donc c'était plutôt les inciter. Alors on a eu de la chance, monsieur le préfet du département a tout de suite été convaincu par ce dispositif, donc a mis tout en œuvre, notamment, je ne l'ai pas cité, les services de gendarmerie qui étaient là aussi pour présenter leur travail, et leur travail de prévention, mais aussi la carrière de gendarme. Plein de choses comme ça qui ont fait que la mayonnaise a pris, réellement, entre nous tous, qui plutôt faisions des choses l'un à côté de l'autre. et ça a permis réellement de travailler ensemble. On pourrait avoir dans nos campagnes un sentiment d'isolement, de mise à l'écart, on ne pense pas à nous, oui, je l'ai dit en préambule, on pense plutôt aux villes, aux petites villes. Et nous, dans nos campagnes, on nous laisse un peu de côté. Et moi, je dis souvent que le poumon vert de nos villes sont nos campagnes et l'avenir de nos villes passe par les campagnes. Les gens ont été réellement satisfaits de cette initiative. de se retrouver, de ressortir, de venir sur le centre-bourg et avec tous ces services à leur disposition, qui était totalement inhabituel.

  • Speaker #3

    L'idée, ça a été vraiment d'échanger avec eux, d'échanger aussi avec les territoires sur lesquels ils avaient officié, ils avaient opéré, pour voir un petit peu quelle était l'opération et justement voir un petit peu ce que ça pouvait apporter, mais éventuellement les petits points d'amélioration, les écueils à éviter. Ça nous a permis comme ça de le proposer aux élus et à la société civile, puisqu'on a un conseil de développement aussi au niveau... au niveau du pays. C'est aussi la force du pays d'avoir élu les sociétés civiles qui travaillent ensemble. Et puis après, effectivement, pour tout projet, il faut trouver des financements. Alors, on a la chance au niveau du pays d'avoir plusieurs financeurs qui nous suivent assez bien sur ce type d'expérimentation. On a déjà le département d'Agnèvre, ce qu'ils appellent le contrat de soutien qui permet justement de financer un petit peu, c'est une sorte de fonds d'innovation sociale et territoriale. Donc, c'est justement destiné à expérimenter ce qu'on n'a pas encore testé justement avec le... Quelque part, on a le droit de se tromper. Donc c'est un peu aussi un droit à l'erreur, j'ai envie de dire, mais il faut tester. Et puis, on a assez vite embarqué aussi le préfet de l'année, l'État, qui s'est montré assez intéressé par la démarche, parce qu'elle était innovante, et qui donc a accepté de financer l'opération. Donc en 2021, on a tout d'abord fait un événement, pas dire de taille modeste, mais un événement où on s'est limité à six communes et trois dates par commune, ça fait 18 dates. On a vraiment essayé d'embarquer les communes qui sont volontaires. On a essayé de rédiger un petit appel à candidature, mais extrêmement simple, puisqu'on s'adresse vraiment à des meilleurs euros qui sont hyper sollicités par leurs concitoyens, par leur mandat et qui ont aussi une vie personnelle et professionnelle. C'était vraiment l'idée de faire quelque chose de simple. On a monté un groupe de travail avec eux pour voir comment ils pourraient accueillir les villageois, voir comment les choses pourraient s'organiser. Et après, on a pu organiser avec les villageois la tournée sur leur commune. On s'est aussi servi en 2021 de cet événement pour aussi directement concerter les participants, puisqu'on était à ce moment-là en pleine réécriture du projet de territoire en pays. Et l'idée est plutôt que de se limiter à une consultation des élus du conseil de développement et peut-être faire une consultation en ligne de ce qu'on a fait, de vraiment élaborer des questionnaires sur des propositions très concrètes, sur des thématiques du quotidien auprès des participants, pour voir un petit peu ce qu'ils pensaient, ce qu'ils pouvaient avoir à proposer. Et ça nous a vraiment... servie dans le cadre de la réécriture de notre projet de territoire.

  • Speaker #2

    Les concitoyens, les élus, les personnes qui se sont engagées dans cette initiative sont convaincus de le refaire parce que réellement, on a réengagé les gens dans du lien social, dans du vivre ensemble, et on en a besoin. On a démystifié tout ça, et je pense que réellement, il y a une attente à la fois des concitoyens, des élus, mais aussi des acteurs des services concernés. qui souhaitent qu'on continue.

  • Speaker #3

    En 2021, on a vraiment, villageois comme nous peut-être, avons pris une entrée animation de communes. Animation pas forcément au sens festif, mais vie de la commune, comment on remet de l'animation dans une commune, de la vitalité dans une commune. Aujourd'hui, le modèle évolue, ils évoluent, nous évoluons, on se nourrit aussi un peu l'un l'autre, au gré des expériences, au gré des sessions villageois. Et aujourd'hui, on prend vraiment l'entrée service. C'est-à-dire que l'idée, c'est la première entrée, ce qui n'empêche pas le volet animation. Mais on se pose vraiment la question de comment on remet du service en milieu rural et surtout, comment on permet aux services qui existent, parce qu'aujourd'hui, la Nièvre a tout un réseau de France Service. La Nièvre était un département précurseur, ce qui fait que quand France Service est arrivé, finalement, ça a apporté peu d'évolution au niveau du département parce qu'il était déjà très en pointe sur ce sujet-là. Mais il y a quand même un défi qui est de toucher une population qui devrait être concernée par les France Service. et par les services en milieu moral, qui aujourd'hui ne le sont pas. On peut. Et donc, c'est comment on peut essayer de faire aller les services au-devant de ses habitants et les concerner. Et ça, c'est tout l'enjeu, justement, et ça va être de la prochaine expérimentation avec Villageois. Donc, c'est certes Villageois continue, mais pas sous le même format. Donc, ça reste aussi une expérimentation. On va dire qu'on ne s'enferme pas dans des habitudes.

  • Speaker #1

    À quoi est-ce que vous vous attendez avec ce nouvel opus, dont l'entrée est vraiment centrée sur le service, puisque les services en faisaient partie déjà dans l'édition précédente ? Mais là, c'est une question de tandem, c'est qui on met devant ?

  • Speaker #3

    Ce qu'on attend déjà, c'est que pour en parler, quand on prend cette entrée service, forcément déjà, l'illageois est obligé de travailler avec la Fédération des centres sociaux et des centres sociaux, puisque c'est eux dans la Nièvre qui portent les maisons de France Service pour la plupart. Donc on va définir quelques indicateurs avec eux et avec les fédérations de centres sociaux et on va évaluer l'expérimentation qui sera menée, puisque le but c'est vraiment d'aller toucher des personnes qu'on ne touche pas jusqu'à présent. Donc on va réunir des groupes de travail entre nous, je pense techniques, puis après en limitant les élus et la société civile. Et l'idée c'est vraiment d'essayer de définir une méthodologie pour aller toucher ces personnes-là. Donc ce qu'on attend c'est effectivement quelque part une amélioration du service public en milieu rural, c'est ça la finalité. qu'on allait vraiment toucher, ceux qu'on ne réussit pas à toucher. On voit bien qu'aujourd'hui, on peut mettre en place un certain nombre de choses. Si on n'essaie pas de trouver la bonne approche pour toucher des personnes, on n'y arrivera pas.

  • Speaker #1

    L'amélioration du service public au milieu rural est un objectif que tout le monde appelle de ses voeux. On voit bien ce que peuvent amener les tournées villageoises dans ce type de territoire, de plus en plus éloignées des services publics et même, pour tout dire, des services privés. Comment tout cela se fabrique-t-il ? Entrons maintenant dans les coulisses de leur fabrication, maille après maille, imaginer et améliorer chemin faisant au gré de la grosse centaine de dates déjà réalisées. Marius Drigny, fondateur et directeur de Villageois.

  • Speaker #0

    Villageois, c'est des équipes de jeunes qui vont dans les tout petits villages où il ne se passe plus grand-chose pour organiser des fêtes de village qui ramènent des services et des commerces. Et on a commencé ça sur ma terre d'origine qui est la Haute-Côte d'Or. qui n'est pas tout à fait la Nièvre du coup. Et on a commencé ça au lendemain du premier confinement Covid, où on a beaucoup entendu nos proches à la campagne qui souffraient un peu d'isolement de base et renforcé pendant cette période. Et du coup, avec d'autres jeunes, on a lancé une tournée au début associative sur ce territoire-là, qui a fait un peu de bruit. Et en fait, on est notamment passé à Télématin. Et il y a un des agents du Pays Val-de-Lorne-Hivernais qui a vu ce reportage-là. et donc il a contacté Villajoie pour qu'après la Côte d'Or, Villajoie vienne dans la Nièvre. Et c'est comme ça que tout a commencé. Aujourd'hui, Villajoie n'est plus une association, c'est une entreprise classique privée, mais avec un agrément d'économie sociale et solidaire, qui s'appelle l'agrément ESUS, décerné par l'État, qui est en fait un agrément qui conditionne la gestion de l'entreprise dans une volonté de lucrativité limitée, et puis de démocratie interne, et ainsi surtout que de... de dédication à l'action sociale. Et alors, pourquoi ce statut ? Parce que je voulais que ce soit un métier pour les jeunes qui le fassent, que ce ne soit pas du bénévolat ou de la charité, entre guillemets. Et il y avait aussi un côté, dans le villageois, start-up, mais dans le bon sens du terme, c'est-à-dire identifier un besoin, mettre au point un modèle qui répond aux besoins. Et le jour où on le sent, être capable de le dupliquer assez vite et d'avoir les leviers financiers humains pour le faire. Et c'est vrai qu'une association était plus dure de ce point de vue-là. Par exemple... présent dans plusieurs régions et qu'une association c'est compliqué. Et donc voilà un peu cet intermédiaire-là qui est un peu moderne, et voilà le statut qu'on a aujourd'hui. Ça fait deux ans à peu près. Nous au début on ne connaissait pas le monde des collectivités, parce que nous on a juste fait notre tournée, et après on a compris que c'était par les collectivités qu'il fallait que ça passe. Et en fait toutes les collectivités ont des documents qui régissent leurs actions, que ce soit les projets de territoire, les chartes, et donc en fait il est assez facile de trouver le projet politique d'une collectivité en se renseignant. Et nous, on a tendance à s'adresser aux collectivités qui ont des enjeux d'accès aux services, de maintien des services auprès de la population, mais aussi, comme dans le pays Val-de-Lorne-Hivernais, l'attractivité en général, donc rendre les centres des villages attractifs, rendre les centres bourgs attractifs, faire en sorte que la population reste. Et puis, on est aussi sensible à tous les territoires assez mobilisés sur le sujet du lien social. Parce que des fois, dans les villages, le lien social se perd. Globalement, les territoires ruraux qui se positionnent sur ces sujets-là, c'est souvent soit on les contacte, soit ils nous trouvent. Le Val-de-l'Or en hivernait et globalement la Nièvre, moi j'aime bien dire que c'est le porte-étendard de Villajoie parce que c'est le territoire où il y a eu beaucoup les premières fois pour Villajoie, puisqu'en 2021, c'était la première tournée qu'on faisait en format pro et plus en associatif. Puis en 2022, on y reviendra peut-être, c'était la première grosse tournée qu'on faisait. Donc ça a toujours été un peu la terre porte-étendard avant-gardiste. La Nièvre est assez connue pour ça dans le monde de la campagne par ailleurs, donc c'est assez cohérent. Comment ça s'est passé ? On a eu les premières discussions suite au reportage télé. Rapidement est venue l'idée de d'abord faire une tournée un peu de test. C'est-à-dire de commencer avec un mois, un mois et demi de tournée, et de faire 6-7 communes, passer 2-3 fois dans chaque commune pendant l'été, voir déjà si l'initiative marche sur le terrain à petite échelle, qu'on ait le temps de comprendre comment ça fonctionne. ce qu'ils y trouvent, les habitants, les services et les maires. Et donc on a commencé comme ça et c'était plutôt une bonne approche parce que le concret a permis vraiment à la fois de mettre en valeur le bien fondé du projet parce que ça a quand même très bien marché. mais aussi les points à améliorer. Et c'est suite à cette première expérimentation-là qu'on a pu ensuite aller voir d'autres acteurs collectivités, donc départements, régions, États, pour beaucoup plus développer le projet. Donc le pays a été assez avant-gardiste sur le fait de d'abord faire une première expérimentation en comprenant avec nous, c'est une réflexion qu'on a eue tous les deux, que c'était une première étape assez essentielle, que d'ailleurs ça devienne plus gros, parce que faire un dispositif permanent sans passé, sans passif, Ça allait être quand même assez compliqué.

  • Speaker #1

    Sur les documents dont j'ai eu connaissance, il y a beaucoup de choses à base de Tonnel, à base de Napacaro et de Fagnon. Qu'est-ce qu'il y avait finalement dans ces tournées ? Au-delà peut-être même de ces images très explicites et très dans la convivialité ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que le but principal de Villageois, et là c'est bien qu'on en parle dans ce cadre un peu dédié à l'univers des collectivités, c'est que le premier objectif de Villageois, c'est d'amener des services de proximité dans la vie des gens. ceux qui en sont éloignés. Donc c'est plein de services différents qu'on appelle, vraiment de tous types, donc ça va des services de santé, réseaux de prévention, en passant par les conseils numériques, en passant par les maisons France Service, mais ça va aussi jusqu'au fromager local, à l'assaut qui fait des bouquets de fleurs, au centre social, en fait on appelle vraiment tout le monde, alors je crois qu'on parle avec la collectivité aussi pour savoir ce qui est souhaité, mais on a une approche très ouverte. Donc tous ces acteurs-là sont invités à tenir un stand. pendant l'événement qu'on organise, afin d'aller à la rencontre de la population. Et ce qui est important, c'est que pour que cette rencontre se passe bien, et ça c'est vraiment la sauce de villageois, c'est qu'il faut qu'il y ait un mélange de services et de festifs. C'est-à-dire, on ne se fait pas d'illusions, quand on demande à des habitants des villages, dans les villages, ce qui les intéresse sur un événement, ce n'est pas forcément les services numériques ou de santé en premier lieu. C'est plutôt l'ambiance, la restauration, l'animation. Le but de Villageoise, c'est de faire un événement attractif qui va provoquer de la fréquentation, qui va faire que les gens vont venir. C'est d'ailleurs leur faire découvrir un maximum de services, surtout auprès des populations qui en sont éloignées et qui n'ont plus trop l'habitude de s'en servir. Ça fait X années qu'il n'y a plus trop de services de proximité dans leur village. Je dirais que la particularité de ce qu'on trouve sur Endat, c'est à la fois une fête de village assez classique, avec en effet des tunnels, des tables, des chaises, à manger, à boire. de la musique, une animation, et ensuite plein de stands divers et variés qui se tiennent à votre disposition. Et le but, c'est que même si vous êtes venu pour manger une frite, vous repartez avec deux, trois flyers d'autres stands que vous avez pu visiter.

  • Speaker #1

    Et donc tout ça, c'est la question de l'accès aux droits, de l'accès à la santé, de l'accès justement aux prestations, puisqu'on sait qu'il y a énormément de gens qui ont droit à un certain nombre de prestations et qui ne vont pas les réclamer faute d'informations sur le sujet. Donc c'est complètement au cœur de votre action, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Oui, vous mettez beaucoup le doigt dessus parce que là, maintenant, on a quand même la maturité de un an et demi, deux ans d'activité dans plusieurs endroits en France. Et aux yeux des acteurs publics, la plus grande valeur de villageois, c'est en effet cette lutte contre le non-recours. Alors, il y a plein de raisons pour le non-recours. Il y a par exemple l'isolement numérique où on ne sait pas faire les démarches, etc. Donc, nous, on peut ramener des conseils numériques. Mais il y a aussi des postures un peu psychologiques ou sociales. Par exemple, des fois, dans des villages, il y a des gens qui nous disent... Moi je travaille, j'ai un travail, pourquoi j'irais demander des aides ? Quand on regarde par exemple les aides de logement qui sont ouvertes à beaucoup de gens, les aides à la rénovation, il y a un peu cet esprit dans les villages à l'ancienne, probablement les gens qui ont grandi sur un système, que moi je n'ai pas connu mais en tout cas un peu plus ancien. Il y a beaucoup de raisons et il y a aussi je pense une forme, pas forcément de résignation, mais en tout cas d'habitude que les services soient éloignés et du coup on y a recours de moins en moins. Et donc oui, Villageois s'inscrit vraiment dans cette lutte contre le non-recours, mais avec une approche un peu innovante, qui est l'approche par le fun. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas sérieux, mais en tout cas, par une forme de présenter les services sous un nouveau jour et les amener chez les gens. Vraiment, si les gens le ratent, c'est vraiment qu'ils ne sont pas intéressés, mais c'est pour être sûr qu'ils le voient et que surtout, en fait, on recrée un premier dialogue entre le service et la personne, parce que sinon, il va y avoir de l'autocensure, sinon les gens n'y vont pas y avoir recours. Donc nous, on pourrait y revenir, mais on met plein de petits stratagèmes en place. Par exemple, là, sur les dernières dates, on organise une chasse au trésor. En gros, si vous êtes un habitant, au début d'une date, vous prenez une carte avec plein d'autocollants à coller avec des petits endroits vides. Et en fait, pour obtenir votre autocollant, vous devez aller parler à un service et trouver un peu le mot secret. Vous êtes obligés de lui parler. Une fois que vous avez les cinq ou six gommettes, vous pouvez participer à la tombola pour gagner quelque chose, etc. Et ça, alors, les gens le font de bon cœur. Et en fait, les services nous disent Le plus important est de créer une première discussion. Et une fois qu'on crée une discussion avec les gens, que ce soit pour aujourd'hui, pour demain, ou pour eux, ou pour un proche, ce sera utile un jour. Et donc nous, on essaye de provoquer ça au maximum, avec plein de stratagèmes comme celui-ci.

  • Speaker #1

    L'essentiel c'est d'ouvrir le canal de discussion, de créer le lien de l'habitant à l'administration, aux services, etc. Qu'est-ce que vous avez d'autre comme petit stratagème ? C'est très intéressant.

  • Speaker #0

    Ce qu'on a d'autre, alors là il faut que les intervenants soient à l'aise, mais quand même une présentation orale c'est toujours bien. Donc en fait sur une date villageoise, vous avez toujours eu une sono au milieu de la date avec la musique de fond. Puis nous on prend la parole pour dire voilà bienvenue, aujourd'hui on a un machin un peu comme au marché ou comme au supermarché quand les gens font la promo des produits. Et donc, nous, on fait nous-mêmes une présentation des services. Et justement, on essaye de la désacraliser. Par exemple, on a déjà eu le stand de la Fédération des centres sociaux dans la Nièvre avec les ateliers Bonjour. Nous, c'est vrai qu'on va éviter, quand on le présente, d'avoir peut-être un peu le jargon technique en disant ce sont des dispositifs d'aide pour les seniors afin de mieux vivre au quotidien, machin Nous, on dit si vous venez aux ateliers Bonjour, vous pouvez faire des exercices sur le sommeil, sur l'équilibre, et c'est marrant, et regarder une photo de quelqu'un qui en fait, etc. Et en fait, les administrations nous aiment bien pour ça, parce qu'elles ne peuvent pas forcément tenir ce discours-là, parce qu'elles sont dans leur rôle. Et nous, on agit un peu en médiation, et on vulgarise un peu cette approche-là, on lui donne aussi un visage un peu fun. Et en fait, une fois que les personnes parlent aux administrations, avec les agents, ça se passe super bien, et le dialogue, il est très bon, mais il faut vraiment quelqu'un pour un peu aider à débloquer la première fois. Le principe de Villageois, c'est qu'il y ait quand même... une rotation des services. Là c'est ce qu'on va faire en 2023, on a des grandes catégories de services fondamentaux, par exemple la santé, le numérique, l'habitat, l'énergie et puis les marchés administratifs. En gros on fait en sorte que chaque village ait au moins un représentant de chaque catégorie en vrai une fois dans l'année lors d'une date. Donc il y a des partenariats structurants mais ils n'impliquent pas une présence sur toutes les dates parce que c'est pas la nature du modèle. Après dans la Nièvre nos plus beaux partenariats... Il y a notamment avec la gendarmerie, qui a été beaucoup présente en 2022 et qui va continuer, qui était un beau partenariat parce que, un, c'était en quantité, parce qu'ils sont venus sur une bonne trentaine de dates, et deux, parce que ça a été vraiment un dialogue ouvert pour, au fur et à mesure, améliorer leur présence. C'est-à-dire qu'au début, ils ont fait un stand classique, comme les autres intervenants, et on se rendait compte que pour la gendarmerie, c'était moins bien, parce que les gens n'osaient pas trop y aller, et parce que les gendarmes, ils ont beaucoup plus habitué à officier en patrouille. plutôt qu'être statique derrière un stand. Et du coup, maintenant, les gendarmes, en fait, font des mini-patrouilles sur les dates. Donc, ils n'ont pas vraiment de stand, mais ils parlent à tout le monde. Mais ce n'est pas des patrouilles, genre, d'inspection. Ce n'est pas des patrouilles pour discuter avec la population et tout. Et ça se passe très bien, du coup, parce qu'ils font le tour des services, le tour des gens, et ils rencontrent l'équipe municipale. Et donc, voilà. Donc, ça, c'était un beau partenariat. Et après, forcément... On y reviendra, mais le champ des collectivités s'est ouvert dans la Neve. Donc maintenant, la tournée est quand même un dispositif qui mobilise aussi la préfecture et le département. Du coup, on a notamment des services départementaux, gérontologie, les conseils numériques quand ils dépendent du département, la prévention de santé, peut-être d'autres dans le futur. Donc ça, quand même, en termes de prestations sociales et de non-recours, c'est assez significatif. Et puis, nous, on a un partenaire tiers, mais qui se joint volontiers autour de table avec les autres, qui est Malakoff Humanis. qui est l'action sociale retraite, nous, de Malakoff Humanis, qui, alors déjà, nous aide financièrement et nous permet d'alléger la facture pour les collectivités, mais qui, en plus, nous trouve des intervenants de leur réseau à eux, parce qu'en fait, eux, ils ont plein de projets sur toute la France, et ça permet de ramener des choses qu'on n'aurait jamais trouvées tout seuls ou qui ne sont juste pas dans la Nièvre, et qu'on ramène d'ailleurs. Et donc là, par exemple, sur la tournée de la Nièvre, on a eu un été indien qui fait des bilans de forme pour les personnes âgées. Donc, il venait sur les dates, et il y avait des petits haltères, il y avait des petits... de plots pour faire des mini-courses et tout. Et en 20 minutes, la personne faisait son bilan de forme et ensuite, on lui disait quoi travailler, à quoi faire attention, et puis quel genre d'exercice elle peut le faire avec des vidéos, etc. Et ça, c'était vraiment intéressant, parce qu'à la fois, et ça, c'est partout en France, dès qu'on va sur un nouveau territoire, il y a systématiquement un ou deux intervenants qui viennent de Malakoff et qui apportent vraiment de la nouveauté.

  • Speaker #1

    S'inventer et se renouveler en marchant est le propre des structures agiles. Cela est sans doute d'autant plus vrai que l'objectif de rentabilité financière n'est pas premier dans les activités des entreprises de l'économie sociale et solidaire. L'inventivité, la convivialité, le pas de côté ont permis de rencontrer un joli succès auprès des populations, comme auprès des collectivités et des nombreux partenaires sollicités. Pour autant, pas d'angélisme, car on perçoit également assez bien les limites de l'exercice et les pistes pour les dépasser. Au cœur de réflexion, la question du non-recours, c'est-à-dire le fait qu'une personne ne sollicite pas une aide ou une prestation, à laquelle elle a pourtant accès de plein droit. Les tournées villageoises se positionnent donc particulièrement comme moyen de lutter contre le non-recours, mais aussi plus largement pour aller questionner les besoins non pourvus de la population. Mani, comme fort.

  • Speaker #3

    C'est tout à fait ça et ce n'est pas une question facile puisque quand je dis on, ce n'est pas que nous d'améliorer la situation depuis pas mal d'années. On voit bien que c'est une question extrêmement difficile. Donc là, on est vraiment en testé pour essayer de voir si on ne peut pas trouver une solution qui nous permette d'améliorer les choses.

  • Speaker #1

    Rendez-vous dans 20 ans alors avec les résultats d'évaluation.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis pour répondre un peu aux sollicitations, parce qu'on a quand même été au devant de nos concitoyens. Ils nous ont parlé santé, je pense que là on en parle tous. Ils nous ont parlé aussi mobilité, c'est important. Et puis alimentation, alimentation santé. Maintenant que nous est remonté ces thèmes-là lors des villageois, on y travaille plus ardemment et je pense que ça va intéresser un plus grand nombre de nos concitoyens et on pourra accéder à ceux qui ne vont pas forcément au-devant des services avant cette expérimentation.

  • Speaker #1

    Marius Drigny.

  • Speaker #0

    Bien sûr, il y a des choses qui n'ont pas marché. Ça reste une démarche expérimentale. Il y a le choix qu'on fait un truc, on le fait pour la première fois. Après, il y a toujours une confrontation avec le terrain, la réalité. Et puis, on est assez ouvert là-dessus parce que la tournée, c'est comme un projet collectif avec les collectivités qui participent, avec les maires, avec les services. Donc, nous, on collecte beaucoup les retours. Après, il y a plein de petites choses. Nous, on est très humble. Il y a plein de choses à améliorer sur la manière dont on travaille. Je pense que la communication, il y a plein de choses à inventer. pour toujours plus ramener des gens. Aujourd'hui, on distribue des flyers dans les boîtes aux lettres, on fait des posts sur Facebook, on met des bâches au bord de la route. Mais nous, par exemple, on se pose une question qui est, même quand les dates fonctionnent, il y a quand même un peu toujours les mêmes qui reviennent. C'est-à-dire dans un village de 300-400 habitants, vous allez avoir un noyau de 50-70 habitants qui est très mobilisé, qui sont souvent dans l'entourage soit de la mairie, soit des comités des fêtes, soit des assos qui sont eux-mêmes les assos, etc. Et puis les maires nous le disent, pas qu'avec villageois, mais pour faire sortir les 250 autres personnes, c'est plus compliqué. Et nous, on les voit, des fois, on fait des portes à porte, des distributions, et genre, ils aiment bien l'initiative, ils nous disent c'est sympa, mais non, je ne pourrais pas venir, on ne viendrait pas. Et donc, par exemple, nous, on se demande comment dépasser ce seuil-là. On se dit, est-ce qu'il ne faut pas communiquer avec toutes les personnes qui rentrent dans les foyers de ces gens-là ? Les postiers, les aides-ménagères, les aides-ménagers, les infirmières-infirmiers, les aides à domicile, et pourquoi pas faire des partenariats avec eux ? C'est un exemple, mais un peu de questions qu'on se pose.

  • Speaker #1

    Beaucoup de tentatives parmi les 130 dates réalisées en 2022. Beaucoup d'ajustements aussi, chemin faisant, et quelques changements à venir pour les 70 à 80 dates qui auront lieu en 2023, dans le but d'ajuster la réponse aux capacités d'accueil des territoires, de mobilisation des partenaires et d'appétence du public. Mais l'invention ne s'arrête pas là. Elle se poursuit jusque dans les modes de faire, dans les profils recrutés et dans la vie d'entreprise. Car pour être passé de zéro à une vingtaine de personnes en si peu de temps, pour stabiliser et lisser l'activité tout au long de l'année, et envisager sereinement de devenir une entreprise à rayonnement national, Villajoie déploie des trésors d'inventivité jusque dans l'élaboration de son QG. Marius Drigny.

  • Speaker #0

    C'est une grande maison de campagne où tous les jeunes de Ville à joie vivent et travaillent. Parce qu'en fait, quand on recrute les équipes pour Ville à joie, donc on recrute les salariés, Si vous voulez recruter un jeune à la campagne, il faut pouvoir le loger. Parce que de un, c'est pas facile de trouver un truc à louer dans un village. Et deux, c'est un peu triste d'y aller tout seul ou à deux. Et du coup, on a très vite compris pour que ce soit attractif, il faut que tout le monde vive ensemble et que ce soit un peu la grande maison. Et comme ça, il n'y a plus trop de problèmes d'isolement, la vie est très sympa, elle est assez confort. Nous, tout ce qu'on souhaite, c'est de pouvoir un peu pérenniser notre activité, c'est-à-dire sortir un peu du saisonnier et rentrer dans quelque chose de permanent. avoir de plus en plus de visibilité, et c'est le cas dans la Nièvre, sur des contractualisations annuelles et sur des dispositifs qui se prolongent. Comme ça, on peut garder l'emploi, on peut garder la compétence, on peut s'améliorer et puis surtout approfondir les relations avec tous les gens avec qui on travaille. Après, nous, on ne vise pas un développement hyper rapide, hors de contrôle. On préfère faire les choses bien et surtout bien comprendre dans quel territoire villageois ça marche et dans lesquels les habitants, les maires et les services trouvent ça utile. Et donc les élus... des collectivités plus hauts aussi. On préfère créer ces liens de long terme là. Moi, j'aime bien dire, l'entreprise heureuse, c'est quand les gens qui travaillent sont heureux, puis les clients aussi. Donc si on a ça, nous les clients, il y a un terme un peu barbare entre guillemets, parce que c'est un peu plus que ça, on est en co-construction avec les collectivités. Mais voilà, je préfère qu'on soit dans le sélectif, aussi bien les territoires avec nous que nous avec eux, et qu'on puisse avancer étape par étape vers du pérenne. L'exemple de la collaboration étroite entre l'entreprise villageoise et le pays val-de-loire-nivernais nous apprend principalement deux choses. Premièrement, que c'est en jouant la carte des stands, des tonnels, des jeux de pistes et des nappes à carreaux que l'on peut améliorer le service public en milieu rural et lutter contre le non-recours qui accroît les inégalités. Les innovations ne sont pas toutes portées sur la tech et des initiatives pareilles montrent à quel point la qualité du lien interpersonnel est primordial et qu'il peut se travailler. L'intercession décalée, dédramatisée, médiée, il peut beaucoup. La forme compte donc au moins autant que le fond. Cette initiative nous apprend également, ou plutôt nous rappelle, que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Un peu plus de 130 rencontres ont été nécessaires pour trouver et affiner un format de rencontre qui donne satisfaction aux participants et aux contributeurs. C'est la preuve par exemple que l'apprentissage et l'amélioration résultent d'une succession d'essais-erreurs. Le droit à l'erreur est formateur, posture qui, si elle est entendue, a besoin de se répandre massivement dans les pratiques d'innovation-évaluation. Pour toutes ces raisons, le prix spécial du jury des trophées de l'innovation territoriale 2022 de la NPP a été décerné au pays Val-de-Loire-Nivernais. Bravo à eux, merci à vous.

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