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Inspirer, Explorer #1 - Thibaud Dumas, Dr en Neurosciences - Ep 3 : Neurosciences et enjeu d'employabilité

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14min |11/11/2024
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14min |11/11/2024
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Description

🎯 Ce 3ème épisode pose la question de la capacité de notre cerveau à s'adapter aux exigences d'évolution des compétences en entreprises.
Est-il en capacité d'aller aussi vite que le rythme imposé par les entreprises ?

Jérôme Brisebourg


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Thibault, nous avons exploré dans l'épisode précédent la logique d'adaptation à des milieux extrêmes. et aussi l'adaptation potentielle au réchauffement climatique. Dans cet épisode, j'aimerais qu'on explore le cerveau et l'entreprise, le contexte de l'entreprise, et notamment cette question ou cet enjeu d'adaptation aux nouvelles conditions de fonctionnement en entreprise ou d'employabilité, pour rester toujours à niveau de ce qui est attendu en termes de compétences. Alors, je vais profiter de ta présence d'abord pour te poser une question magique. Est-ce qu'il existe un indicateur dans le cerveau qui permette de dire, pour un RH, un responsable des ressources humaines, ou même pour soi, si oui ou non, on est compétent et donc on maîtrise une compétence sur les tâches qui nous sont demandées ? Est-ce qu'il y a un indicateur dans le cerveau ?

  • Speaker #1

    Alors là, typiquement, je pense qu'on va sur le domaine où les neurosciences n'ont peut-être pas vocation à être. C'est-à-dire, penser que les neurosciences, avec un appareil magique... pourrait mesurer une sorte de nouvel indicateur, un KPI ultime, qui serait celui de la personne est compétente ou pas. Je pense que la compétence, c'est dans les résultats qu'on le verra le mieux, plus que dans le cerveau. Mais effectivement, il y a quand même des études. Moi, je me rappelle d'il y a quelques années, dans des écoles, il y avait eu un appel d'offre de l'armée américaine sur le financement de casques qui permettait de mesurer la concentration, par exemple, des élèves en classe. mais c'est vraiment une compétence en particulier dans un contexte précis, etc. Les neurosciences, c'est très compliqué de les faire sortir du domaine du laboratoire, en fait. Elles étudient des choses très restreintes, qui sont des personnes dans des machines d'imagerie, comme des IRM fonctionnelles, etc. C'est très très gros, on est très loin d'un monde naturel. Donc, de là à l'appliquer en entreprise pour mesurer les salariés, là, c'est vraiment, on touche la science-fiction plus que la réalité.

  • Speaker #0

    Ok, me voilà rassuré sur ce point, quoi qu'il en soit. Alors, peut-être des questions quand même sur l'adaptation. Aujourd'hui, dans les entreprises, on est plutôt dans un contexte incertain, imprévisible, ce qui est vrai aujourd'hui, il est moins demain, on change de direction. Comment ça se passe pour notre cerveau en matière de prise d'informations, de décisions, et puis après de mise en œuvre ? Est-ce qu'il y a de la latence ? Est-ce que c'est évident ? Est-ce qu'on est fait pour ça ? Ou est-ce que c'est toujours très compliqué ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, moi je le constate aussi quand je vais en entreprise. Je fais souvent dans des services qui ont des sujets de stress ou de surcharge, qui ont un rapport avec le numérique qui est un peu problématique. Mais pas seulement, ça peut être aussi au niveau préventif dans plein d'autres grands groupes. Et effectivement, on constate de plus en plus de difficultés de la part des équipes à traiter l'information, à gérer la charge de travail. Au niveau émotionnel, c'est de plus en plus dur. Beaucoup de choses qui se dégradent en fait. On note de manière générale une dégradation de la santé mentale telle qu'elle est déclarée par les salariés. Donc ça c'est une réalité. Va être lié à ça tout un tas de phénomènes. Et c'est difficile de trouver dans quel ordre ça se met en place, lequel rentre en interférence avec lequel. Démêler cette pelote là c'est compliqué. Ce qu'on note c'est que on a souvent des augmentations du stress. Donc là, ça peut être lié soit à des usages, soit à du management, soit à des organisations, soit à des réductions de personnel. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en ligne de compte. La réalité, c'est que derrière ça, si notre cerveau n'est pas dans des conditions optimales pour fonctionner, s'il n'a pas les ressources nécessaires, c'est-à-dire une bonne énergie, accessible, un bon contexte qui n'est pas stressant, etc. On l'a vu, en milieu hostile, il ne va pas aller forcément vers les bonnes décisions. C'est pareil en entreprise. S'il considère que l'entreprise est un milieu hostile, ça va être compliqué pour le cerveau de prendre des bonnes décisions. Donc, ça va être tous ces enjeux-là qu'il va falloir retravailler. Et c'est ça, en fait, le gros enjeu en ce moment.

  • Speaker #0

    Alors, quel conseil tu peux nous donner ? Est-ce que... Par exemple, on s'adapte mieux à des changements et donc le cerveau s'adapte mieux à des changements quand on le décide versus quand on le subit. Après, en entreprise, bien sûr qu'on subit pas mal de changements. Donc peut-être il y a des logiques de préparation ou de gestion d'énergie. Qu'est-ce que tu nous conseilles en fait ?

  • Speaker #1

    Il est évident qu'en termes de préparation, ça c'est un élément clé. Ce que je retrouve beaucoup, en particulier sur les sujets d'usage numérique. C'est-à-dire, certaines entreprises se sont lancées corps et âme dans la transformation numérique, ont digitalisé à outrance. Très peu ont accompagné les équipes, anticipé, formé, pour décider collectivement quels outils, à quoi ils allaient servir, quels problèmes ils allaient résoudre, comment on allait vraiment s'engager de façon globale, de façon concertée dans l'accompagnement de l'implémentation des outils. Donc ça, évidemment, l'anticipation de tout ça, ça serait vraiment, évidemment, bien meilleur pour le cerveau qui a besoin de temps quand même pour s'adapter. En quelque sorte, ce n'est pas vraiment de l'adaptation, mais... Voilà, il a le temps de pouvoir développer des nouvelles techniques, des nouvelles façons de réfléchir, etc. Donc ça, c'est vraiment important. Mettre comme ça face à la situation sans anticipation, c'est une des pires choses qu'on puisse faire. Et ça, on le voit quand tu pars faire la traversée du pôle Nord.

  • Speaker #0

    Je me prépare. Tu te prépares. Il y a toujours une différence entre ce que j'ai envisagé et ce qui se passe, mais effectivement, je me suis préparé.

  • Speaker #1

    Pour certaines entreprises, un nouveau logiciel, c'est le pôle Nord. C'est l'Everest. C'est tout qui est remis à plat. C'est leur façon de travailler qui est chamboulée totalement. Donc, je pense que préparer, ça peut être une bonne chose.

  • Speaker #0

    Du coup, en entreprise, idéalement, il faudrait se préparer. Mais l'entreprise, c'est aussi le lieu d'injonction contradictoire. Il faut produire ou délivrer vite, avec peu de moyens, tout en respectant un niveau d'exigence en termes de qualité. Comment le cerveau fonctionne par rapport à tout ça ? Est-ce qu'il fait des arbitrages lui-même ? Enfin, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Alors, il fait des arbitrages en permanence. Il est tout le temps en train d'essayer de nous sauver la vie. Donc, il va... faire avec ce qu'il a, il va essayer de grappiller des informations où il peut, et puis pour essayer d'économiser l'énergie. Parce qu'en fait, il faut comprendre, on a souvent ce chiffre que le cerveau consomme 20% de notre énergie, alors qu'il ne représenterait que 2% de notre poids. C'est considérable. En fait, l'énergie, c'est vraiment quelque chose d'important pour le cerveau. Il n'en a pas beaucoup et c'est un peu comme un muscle. On peut reprendre la métaphore avec le sport. Un muscle, il ne peut pas rester contracté en permanence. De temps en temps, il a besoin justement de s'arrêter et de recharger un peu l'énergie. C'est pareil avec le cerveau. Donc, il faut des moments de récupération, il faut des moments de pause, et il faut qu'il puisse comme ça récupérer de l'énergie pour fonctionner correctement. Le problème, c'est que si on le pousse à travailler, à travailler, à travailler, à le pousser dans ses retranchements, il va devoir se mettre dans une sorte de mode dégradé, littéralement, où pour se préserver, il va diminuer l'activité de certaines zones du cerveau. Ça, on le retrouve beaucoup dans les burn-out, par exemple. Dans les burn-out, on a ce sentiment d'épuisement. Et on a des personnes qui rentrent chez elles et elles n'arrivent plus à décider. Elles n'arrivent plus à décider ce qu'elles vont manger, ce qu'elles vont regarder comme film, etc. Et en fait, ça, c'est une conséquence du fait qu'elles ont épuisé d'un point de vue énergétique leurs ressources et que pour quand même continuer à fonctionner, le cerveau va faire des arbitrages. Effectivement, il va dire, on va réutiliser l'énergie plutôt là et plutôt là, et cette zone-là, on va plutôt diminuer pour essayer de continuer à fonctionner correctement. Et donc là, forcément... Il n'est pas dans des situations optimales pour travailler correctement.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, comment se préserver ? Ou qu'est-ce qu'il faut faire pour être dans ce contexte-là, sur le meilleur niveau de performance ?

  • Speaker #1

    Je pense que là, vraiment, c'est vraiment les sportifs de haut niveau, les explorateurs, les aventuriers qui pourraient vraiment apporter du contexte. Parce que ça va être les mêmes méthodes, en fait. Ça va être de se préparer, la récupération. Il faudrait en fait quasiment voir... Notre recherche de performance, déjà, elle a questionné beaucoup de cas.

  • Speaker #0

    Oui, il y a aussi un autre cas, c'est quoi les critères de performance ?

  • Speaker #1

    Voilà. Questionner les notions d'urgence, d'importance, etc. Parce que ça, d'une entreprise à l'autre, on n'a pas les mêmes définitions, ni au sein même d'une même entreprise, des fois ça varie. Et puis, quand on voit qu'un sportif de haut niveau, qui est dans la recherche de performance absolue, là, on ne peut pas imaginer, c'est son objectif, eh bien, il va avoir un sommeil qui est préservé. Il va y avoir des phases de récupération qui sont sacrées. Il va y avoir une alimentation qui va être bien considérée, travail, etc. Pourquoi on n'applique pas la même chose finalement dans notre vie quotidienne ou notre vie au travail ? Penser qu'on peut toujours prendre sur nous, prendre sur nous, prendre sur nous. Non, peut-être qu'il faut aussi protéger certaines choses.

  • Speaker #0

    Donc là, tu es plutôt sur une performance durable et écologique pour la personne.

  • Speaker #1

    Il faut penser de toute façon à un salarié, un collaborateur, il faut le voir sur le long terme. La pire chose, ça serait de le voir comme un fusible, la chair à canon qu'on va exploiter pendant quelques jours. Si on veut, on investit quand même dans un salarié. Ça a un coût de recruter, de former. Ça me paraît évident, en tout cas d'un point de vue, qu'on doit mettre en place les choses pour préserver son fonctionnement sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors justement, j'ai... Une dernière question sur l'intelligence artificielle qui déboule dans les entreprises. Et peut-être, là, voilà une question polémique à te poser. Ça nous aide. Tu as pu l'expérimenter, j'ai aussi pu l'expérimenter. La question, c'est est-ce que ça nous rendrait feignant à la fin ? C'est-à-dire qu'on confie les éléments de réflexion et de créativité à l'intelligence artificielle. Nous, on se contente de dire ça a l'air juste ou pas juste. Et puis voilà. Est-ce que tu crois que ça peut nous rendre feignant ? Au contraire, ça va stimuler. à nos compétences cognitives ou débarrasser de certains pans du travail, justement, pour aller explorer d'autres zones, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà, de manière générale, comme on l'a dit, le cerveau qui cherche à optimiser sa consommation d'énergie, on pourrait dire que c'est une forme de fainéantise aussi. Donc, il va essayer d'aller à l'essentiel au plus simple. Donc, c'est vrai que si on lui propose une éventualité où il va avoir à faire moins d'efforts, il va la saisir, en général. Donc, Il a cette tendance-là, qui est une tendance naturelle pour préserver notre énergie et nos ressources énergétiques. La question, c'est est-ce qu'en ayant recours à des IA, je vais m'empêcher d'exercer certaines compétences cognitives dont j'aurais besoin ? Et ça, c'est une vraie question. On s'est posé la question déjà depuis quelques années avec les smartphones, notamment avec les questions d'accès à la connaissance. On pourrait se dire qu'un téléphone, maintenant, On a accès à l'infini des connaissances. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser quoi que ce soit. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser les numéros de téléphone, les adresses.

  • Speaker #0

    On ne rappelle d'aucun, moi. Ça,

  • Speaker #1

    c'est fini. Donc, on pourrait se dire, on baisse nos capacités de mémoire. En fait, c'est peut-être plus compliqué que ça. Peut-être qu'on ne perd pas de la mémoire, mais peut-être qu'on a changé la façon dont on allait mémoriser. Peut-être qu'au lieu de mémoriser l'information, on mémorise mieux. Comment accéder à cette information ? Peut-être que c'est un peu pareil avec l'IA. Peut-être que ça ne va pas diminuer notre créativité ou notre capacité à travailler, mais peut-être que ça va nous faire travailler de façon différente. Après, pour avoir utilisé les modèles des agents comme ChatGPT ou autres de discussion, moi, je n'ai pas l'impression de gagner un temps fou avec. Je vois que c'est du travail d'affiner le modèle.

  • Speaker #0

    Peut-être que quand le modèle sera affiné, il sera plus pertinent et peut-être tu perdras moins de temps.

  • Speaker #1

    Mais je note aujourd'hui que pour l'instant, c'est presque une décompétence nouvelle de réussir à utiliser ces IA, à réussir à optimiser les indications qu'on va lui donner, à lui donner un apprentissage qui va être performant pour nous. Donc pour l'instant, je ne vois pas trop de conséquences. Je vois que quoi qu'il arrive... Je n'ai pas l'impression que ça va diminuer notre créativité non plus, puisque ce que je vois, ce qui marche le mieux, par exemple, dans les IA génératifs au niveau visuel, c'est plutôt les co-créations. Donc, c'est en fait quand le créateur et l'IA vont commencer à travailler ensemble pour réussir à donner quelque chose de nouveau. Donc, ça, c'est plutôt une piste intéressante. Donc, on va voir. J'attends de voir. Après, l'avenir nous dira. L'avenir nous dira. Je suis plus inquiet sur d'autres aspects du numérique que celui-ci en particulier.

  • Speaker #0

    Lesquels ?

  • Speaker #1

    L'hyperconnexion, qui va être peut-être le sujet de notre prochain épisode.

  • Speaker #0

    Tu fais une jolie transition effectivement sur le prochain épisode. Moi je retiens effectivement dans ce que tu as dit, cette notion de récupération. que le cerveau a besoin de temps pour acquérir les compétences. Et donc, effectivement, on est peut-être en plus dans un contexte d'hyperconnexion professionnelle, mais personnelle. C'est ce qu'on va explorer dans le prochain épisode. On va venir plutôt sur la vie de tous les jours et l'hypersollicitation, l'hyperconnexion et les conséquences positives ou négatives sur le cerveau. Merci à toi, Thibault.

  • Speaker #1

    Merci, Jérôme.

Description

🎯 Ce 3ème épisode pose la question de la capacité de notre cerveau à s'adapter aux exigences d'évolution des compétences en entreprises.
Est-il en capacité d'aller aussi vite que le rythme imposé par les entreprises ?

Jérôme Brisebourg


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Thibault, nous avons exploré dans l'épisode précédent la logique d'adaptation à des milieux extrêmes. et aussi l'adaptation potentielle au réchauffement climatique. Dans cet épisode, j'aimerais qu'on explore le cerveau et l'entreprise, le contexte de l'entreprise, et notamment cette question ou cet enjeu d'adaptation aux nouvelles conditions de fonctionnement en entreprise ou d'employabilité, pour rester toujours à niveau de ce qui est attendu en termes de compétences. Alors, je vais profiter de ta présence d'abord pour te poser une question magique. Est-ce qu'il existe un indicateur dans le cerveau qui permette de dire, pour un RH, un responsable des ressources humaines, ou même pour soi, si oui ou non, on est compétent et donc on maîtrise une compétence sur les tâches qui nous sont demandées ? Est-ce qu'il y a un indicateur dans le cerveau ?

  • Speaker #1

    Alors là, typiquement, je pense qu'on va sur le domaine où les neurosciences n'ont peut-être pas vocation à être. C'est-à-dire, penser que les neurosciences, avec un appareil magique... pourrait mesurer une sorte de nouvel indicateur, un KPI ultime, qui serait celui de la personne est compétente ou pas. Je pense que la compétence, c'est dans les résultats qu'on le verra le mieux, plus que dans le cerveau. Mais effectivement, il y a quand même des études. Moi, je me rappelle d'il y a quelques années, dans des écoles, il y avait eu un appel d'offre de l'armée américaine sur le financement de casques qui permettait de mesurer la concentration, par exemple, des élèves en classe. mais c'est vraiment une compétence en particulier dans un contexte précis, etc. Les neurosciences, c'est très compliqué de les faire sortir du domaine du laboratoire, en fait. Elles étudient des choses très restreintes, qui sont des personnes dans des machines d'imagerie, comme des IRM fonctionnelles, etc. C'est très très gros, on est très loin d'un monde naturel. Donc, de là à l'appliquer en entreprise pour mesurer les salariés, là, c'est vraiment, on touche la science-fiction plus que la réalité.

  • Speaker #0

    Ok, me voilà rassuré sur ce point, quoi qu'il en soit. Alors, peut-être des questions quand même sur l'adaptation. Aujourd'hui, dans les entreprises, on est plutôt dans un contexte incertain, imprévisible, ce qui est vrai aujourd'hui, il est moins demain, on change de direction. Comment ça se passe pour notre cerveau en matière de prise d'informations, de décisions, et puis après de mise en œuvre ? Est-ce qu'il y a de la latence ? Est-ce que c'est évident ? Est-ce qu'on est fait pour ça ? Ou est-ce que c'est toujours très compliqué ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, moi je le constate aussi quand je vais en entreprise. Je fais souvent dans des services qui ont des sujets de stress ou de surcharge, qui ont un rapport avec le numérique qui est un peu problématique. Mais pas seulement, ça peut être aussi au niveau préventif dans plein d'autres grands groupes. Et effectivement, on constate de plus en plus de difficultés de la part des équipes à traiter l'information, à gérer la charge de travail. Au niveau émotionnel, c'est de plus en plus dur. Beaucoup de choses qui se dégradent en fait. On note de manière générale une dégradation de la santé mentale telle qu'elle est déclarée par les salariés. Donc ça c'est une réalité. Va être lié à ça tout un tas de phénomènes. Et c'est difficile de trouver dans quel ordre ça se met en place, lequel rentre en interférence avec lequel. Démêler cette pelote là c'est compliqué. Ce qu'on note c'est que on a souvent des augmentations du stress. Donc là, ça peut être lié soit à des usages, soit à du management, soit à des organisations, soit à des réductions de personnel. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en ligne de compte. La réalité, c'est que derrière ça, si notre cerveau n'est pas dans des conditions optimales pour fonctionner, s'il n'a pas les ressources nécessaires, c'est-à-dire une bonne énergie, accessible, un bon contexte qui n'est pas stressant, etc. On l'a vu, en milieu hostile, il ne va pas aller forcément vers les bonnes décisions. C'est pareil en entreprise. S'il considère que l'entreprise est un milieu hostile, ça va être compliqué pour le cerveau de prendre des bonnes décisions. Donc, ça va être tous ces enjeux-là qu'il va falloir retravailler. Et c'est ça, en fait, le gros enjeu en ce moment.

  • Speaker #0

    Alors, quel conseil tu peux nous donner ? Est-ce que... Par exemple, on s'adapte mieux à des changements et donc le cerveau s'adapte mieux à des changements quand on le décide versus quand on le subit. Après, en entreprise, bien sûr qu'on subit pas mal de changements. Donc peut-être il y a des logiques de préparation ou de gestion d'énergie. Qu'est-ce que tu nous conseilles en fait ?

  • Speaker #1

    Il est évident qu'en termes de préparation, ça c'est un élément clé. Ce que je retrouve beaucoup, en particulier sur les sujets d'usage numérique. C'est-à-dire, certaines entreprises se sont lancées corps et âme dans la transformation numérique, ont digitalisé à outrance. Très peu ont accompagné les équipes, anticipé, formé, pour décider collectivement quels outils, à quoi ils allaient servir, quels problèmes ils allaient résoudre, comment on allait vraiment s'engager de façon globale, de façon concertée dans l'accompagnement de l'implémentation des outils. Donc ça, évidemment, l'anticipation de tout ça, ça serait vraiment, évidemment, bien meilleur pour le cerveau qui a besoin de temps quand même pour s'adapter. En quelque sorte, ce n'est pas vraiment de l'adaptation, mais... Voilà, il a le temps de pouvoir développer des nouvelles techniques, des nouvelles façons de réfléchir, etc. Donc ça, c'est vraiment important. Mettre comme ça face à la situation sans anticipation, c'est une des pires choses qu'on puisse faire. Et ça, on le voit quand tu pars faire la traversée du pôle Nord.

  • Speaker #0

    Je me prépare. Tu te prépares. Il y a toujours une différence entre ce que j'ai envisagé et ce qui se passe, mais effectivement, je me suis préparé.

  • Speaker #1

    Pour certaines entreprises, un nouveau logiciel, c'est le pôle Nord. C'est l'Everest. C'est tout qui est remis à plat. C'est leur façon de travailler qui est chamboulée totalement. Donc, je pense que préparer, ça peut être une bonne chose.

  • Speaker #0

    Du coup, en entreprise, idéalement, il faudrait se préparer. Mais l'entreprise, c'est aussi le lieu d'injonction contradictoire. Il faut produire ou délivrer vite, avec peu de moyens, tout en respectant un niveau d'exigence en termes de qualité. Comment le cerveau fonctionne par rapport à tout ça ? Est-ce qu'il fait des arbitrages lui-même ? Enfin, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Alors, il fait des arbitrages en permanence. Il est tout le temps en train d'essayer de nous sauver la vie. Donc, il va... faire avec ce qu'il a, il va essayer de grappiller des informations où il peut, et puis pour essayer d'économiser l'énergie. Parce qu'en fait, il faut comprendre, on a souvent ce chiffre que le cerveau consomme 20% de notre énergie, alors qu'il ne représenterait que 2% de notre poids. C'est considérable. En fait, l'énergie, c'est vraiment quelque chose d'important pour le cerveau. Il n'en a pas beaucoup et c'est un peu comme un muscle. On peut reprendre la métaphore avec le sport. Un muscle, il ne peut pas rester contracté en permanence. De temps en temps, il a besoin justement de s'arrêter et de recharger un peu l'énergie. C'est pareil avec le cerveau. Donc, il faut des moments de récupération, il faut des moments de pause, et il faut qu'il puisse comme ça récupérer de l'énergie pour fonctionner correctement. Le problème, c'est que si on le pousse à travailler, à travailler, à travailler, à le pousser dans ses retranchements, il va devoir se mettre dans une sorte de mode dégradé, littéralement, où pour se préserver, il va diminuer l'activité de certaines zones du cerveau. Ça, on le retrouve beaucoup dans les burn-out, par exemple. Dans les burn-out, on a ce sentiment d'épuisement. Et on a des personnes qui rentrent chez elles et elles n'arrivent plus à décider. Elles n'arrivent plus à décider ce qu'elles vont manger, ce qu'elles vont regarder comme film, etc. Et en fait, ça, c'est une conséquence du fait qu'elles ont épuisé d'un point de vue énergétique leurs ressources et que pour quand même continuer à fonctionner, le cerveau va faire des arbitrages. Effectivement, il va dire, on va réutiliser l'énergie plutôt là et plutôt là, et cette zone-là, on va plutôt diminuer pour essayer de continuer à fonctionner correctement. Et donc là, forcément... Il n'est pas dans des situations optimales pour travailler correctement.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, comment se préserver ? Ou qu'est-ce qu'il faut faire pour être dans ce contexte-là, sur le meilleur niveau de performance ?

  • Speaker #1

    Je pense que là, vraiment, c'est vraiment les sportifs de haut niveau, les explorateurs, les aventuriers qui pourraient vraiment apporter du contexte. Parce que ça va être les mêmes méthodes, en fait. Ça va être de se préparer, la récupération. Il faudrait en fait quasiment voir... Notre recherche de performance, déjà, elle a questionné beaucoup de cas.

  • Speaker #0

    Oui, il y a aussi un autre cas, c'est quoi les critères de performance ?

  • Speaker #1

    Voilà. Questionner les notions d'urgence, d'importance, etc. Parce que ça, d'une entreprise à l'autre, on n'a pas les mêmes définitions, ni au sein même d'une même entreprise, des fois ça varie. Et puis, quand on voit qu'un sportif de haut niveau, qui est dans la recherche de performance absolue, là, on ne peut pas imaginer, c'est son objectif, eh bien, il va avoir un sommeil qui est préservé. Il va y avoir des phases de récupération qui sont sacrées. Il va y avoir une alimentation qui va être bien considérée, travail, etc. Pourquoi on n'applique pas la même chose finalement dans notre vie quotidienne ou notre vie au travail ? Penser qu'on peut toujours prendre sur nous, prendre sur nous, prendre sur nous. Non, peut-être qu'il faut aussi protéger certaines choses.

  • Speaker #0

    Donc là, tu es plutôt sur une performance durable et écologique pour la personne.

  • Speaker #1

    Il faut penser de toute façon à un salarié, un collaborateur, il faut le voir sur le long terme. La pire chose, ça serait de le voir comme un fusible, la chair à canon qu'on va exploiter pendant quelques jours. Si on veut, on investit quand même dans un salarié. Ça a un coût de recruter, de former. Ça me paraît évident, en tout cas d'un point de vue, qu'on doit mettre en place les choses pour préserver son fonctionnement sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors justement, j'ai... Une dernière question sur l'intelligence artificielle qui déboule dans les entreprises. Et peut-être, là, voilà une question polémique à te poser. Ça nous aide. Tu as pu l'expérimenter, j'ai aussi pu l'expérimenter. La question, c'est est-ce que ça nous rendrait feignant à la fin ? C'est-à-dire qu'on confie les éléments de réflexion et de créativité à l'intelligence artificielle. Nous, on se contente de dire ça a l'air juste ou pas juste. Et puis voilà. Est-ce que tu crois que ça peut nous rendre feignant ? Au contraire, ça va stimuler. à nos compétences cognitives ou débarrasser de certains pans du travail, justement, pour aller explorer d'autres zones, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà, de manière générale, comme on l'a dit, le cerveau qui cherche à optimiser sa consommation d'énergie, on pourrait dire que c'est une forme de fainéantise aussi. Donc, il va essayer d'aller à l'essentiel au plus simple. Donc, c'est vrai que si on lui propose une éventualité où il va avoir à faire moins d'efforts, il va la saisir, en général. Donc, Il a cette tendance-là, qui est une tendance naturelle pour préserver notre énergie et nos ressources énergétiques. La question, c'est est-ce qu'en ayant recours à des IA, je vais m'empêcher d'exercer certaines compétences cognitives dont j'aurais besoin ? Et ça, c'est une vraie question. On s'est posé la question déjà depuis quelques années avec les smartphones, notamment avec les questions d'accès à la connaissance. On pourrait se dire qu'un téléphone, maintenant, On a accès à l'infini des connaissances. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser quoi que ce soit. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser les numéros de téléphone, les adresses.

  • Speaker #0

    On ne rappelle d'aucun, moi. Ça,

  • Speaker #1

    c'est fini. Donc, on pourrait se dire, on baisse nos capacités de mémoire. En fait, c'est peut-être plus compliqué que ça. Peut-être qu'on ne perd pas de la mémoire, mais peut-être qu'on a changé la façon dont on allait mémoriser. Peut-être qu'au lieu de mémoriser l'information, on mémorise mieux. Comment accéder à cette information ? Peut-être que c'est un peu pareil avec l'IA. Peut-être que ça ne va pas diminuer notre créativité ou notre capacité à travailler, mais peut-être que ça va nous faire travailler de façon différente. Après, pour avoir utilisé les modèles des agents comme ChatGPT ou autres de discussion, moi, je n'ai pas l'impression de gagner un temps fou avec. Je vois que c'est du travail d'affiner le modèle.

  • Speaker #0

    Peut-être que quand le modèle sera affiné, il sera plus pertinent et peut-être tu perdras moins de temps.

  • Speaker #1

    Mais je note aujourd'hui que pour l'instant, c'est presque une décompétence nouvelle de réussir à utiliser ces IA, à réussir à optimiser les indications qu'on va lui donner, à lui donner un apprentissage qui va être performant pour nous. Donc pour l'instant, je ne vois pas trop de conséquences. Je vois que quoi qu'il arrive... Je n'ai pas l'impression que ça va diminuer notre créativité non plus, puisque ce que je vois, ce qui marche le mieux, par exemple, dans les IA génératifs au niveau visuel, c'est plutôt les co-créations. Donc, c'est en fait quand le créateur et l'IA vont commencer à travailler ensemble pour réussir à donner quelque chose de nouveau. Donc, ça, c'est plutôt une piste intéressante. Donc, on va voir. J'attends de voir. Après, l'avenir nous dira. L'avenir nous dira. Je suis plus inquiet sur d'autres aspects du numérique que celui-ci en particulier.

  • Speaker #0

    Lesquels ?

  • Speaker #1

    L'hyperconnexion, qui va être peut-être le sujet de notre prochain épisode.

  • Speaker #0

    Tu fais une jolie transition effectivement sur le prochain épisode. Moi je retiens effectivement dans ce que tu as dit, cette notion de récupération. que le cerveau a besoin de temps pour acquérir les compétences. Et donc, effectivement, on est peut-être en plus dans un contexte d'hyperconnexion professionnelle, mais personnelle. C'est ce qu'on va explorer dans le prochain épisode. On va venir plutôt sur la vie de tous les jours et l'hypersollicitation, l'hyperconnexion et les conséquences positives ou négatives sur le cerveau. Merci à toi, Thibault.

  • Speaker #1

    Merci, Jérôme.

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🎯 Ce 3ème épisode pose la question de la capacité de notre cerveau à s'adapter aux exigences d'évolution des compétences en entreprises.
Est-il en capacité d'aller aussi vite que le rythme imposé par les entreprises ?

Jérôme Brisebourg


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Thibault, nous avons exploré dans l'épisode précédent la logique d'adaptation à des milieux extrêmes. et aussi l'adaptation potentielle au réchauffement climatique. Dans cet épisode, j'aimerais qu'on explore le cerveau et l'entreprise, le contexte de l'entreprise, et notamment cette question ou cet enjeu d'adaptation aux nouvelles conditions de fonctionnement en entreprise ou d'employabilité, pour rester toujours à niveau de ce qui est attendu en termes de compétences. Alors, je vais profiter de ta présence d'abord pour te poser une question magique. Est-ce qu'il existe un indicateur dans le cerveau qui permette de dire, pour un RH, un responsable des ressources humaines, ou même pour soi, si oui ou non, on est compétent et donc on maîtrise une compétence sur les tâches qui nous sont demandées ? Est-ce qu'il y a un indicateur dans le cerveau ?

  • Speaker #1

    Alors là, typiquement, je pense qu'on va sur le domaine où les neurosciences n'ont peut-être pas vocation à être. C'est-à-dire, penser que les neurosciences, avec un appareil magique... pourrait mesurer une sorte de nouvel indicateur, un KPI ultime, qui serait celui de la personne est compétente ou pas. Je pense que la compétence, c'est dans les résultats qu'on le verra le mieux, plus que dans le cerveau. Mais effectivement, il y a quand même des études. Moi, je me rappelle d'il y a quelques années, dans des écoles, il y avait eu un appel d'offre de l'armée américaine sur le financement de casques qui permettait de mesurer la concentration, par exemple, des élèves en classe. mais c'est vraiment une compétence en particulier dans un contexte précis, etc. Les neurosciences, c'est très compliqué de les faire sortir du domaine du laboratoire, en fait. Elles étudient des choses très restreintes, qui sont des personnes dans des machines d'imagerie, comme des IRM fonctionnelles, etc. C'est très très gros, on est très loin d'un monde naturel. Donc, de là à l'appliquer en entreprise pour mesurer les salariés, là, c'est vraiment, on touche la science-fiction plus que la réalité.

  • Speaker #0

    Ok, me voilà rassuré sur ce point, quoi qu'il en soit. Alors, peut-être des questions quand même sur l'adaptation. Aujourd'hui, dans les entreprises, on est plutôt dans un contexte incertain, imprévisible, ce qui est vrai aujourd'hui, il est moins demain, on change de direction. Comment ça se passe pour notre cerveau en matière de prise d'informations, de décisions, et puis après de mise en œuvre ? Est-ce qu'il y a de la latence ? Est-ce que c'est évident ? Est-ce qu'on est fait pour ça ? Ou est-ce que c'est toujours très compliqué ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, moi je le constate aussi quand je vais en entreprise. Je fais souvent dans des services qui ont des sujets de stress ou de surcharge, qui ont un rapport avec le numérique qui est un peu problématique. Mais pas seulement, ça peut être aussi au niveau préventif dans plein d'autres grands groupes. Et effectivement, on constate de plus en plus de difficultés de la part des équipes à traiter l'information, à gérer la charge de travail. Au niveau émotionnel, c'est de plus en plus dur. Beaucoup de choses qui se dégradent en fait. On note de manière générale une dégradation de la santé mentale telle qu'elle est déclarée par les salariés. Donc ça c'est une réalité. Va être lié à ça tout un tas de phénomènes. Et c'est difficile de trouver dans quel ordre ça se met en place, lequel rentre en interférence avec lequel. Démêler cette pelote là c'est compliqué. Ce qu'on note c'est que on a souvent des augmentations du stress. Donc là, ça peut être lié soit à des usages, soit à du management, soit à des organisations, soit à des réductions de personnel. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en ligne de compte. La réalité, c'est que derrière ça, si notre cerveau n'est pas dans des conditions optimales pour fonctionner, s'il n'a pas les ressources nécessaires, c'est-à-dire une bonne énergie, accessible, un bon contexte qui n'est pas stressant, etc. On l'a vu, en milieu hostile, il ne va pas aller forcément vers les bonnes décisions. C'est pareil en entreprise. S'il considère que l'entreprise est un milieu hostile, ça va être compliqué pour le cerveau de prendre des bonnes décisions. Donc, ça va être tous ces enjeux-là qu'il va falloir retravailler. Et c'est ça, en fait, le gros enjeu en ce moment.

  • Speaker #0

    Alors, quel conseil tu peux nous donner ? Est-ce que... Par exemple, on s'adapte mieux à des changements et donc le cerveau s'adapte mieux à des changements quand on le décide versus quand on le subit. Après, en entreprise, bien sûr qu'on subit pas mal de changements. Donc peut-être il y a des logiques de préparation ou de gestion d'énergie. Qu'est-ce que tu nous conseilles en fait ?

  • Speaker #1

    Il est évident qu'en termes de préparation, ça c'est un élément clé. Ce que je retrouve beaucoup, en particulier sur les sujets d'usage numérique. C'est-à-dire, certaines entreprises se sont lancées corps et âme dans la transformation numérique, ont digitalisé à outrance. Très peu ont accompagné les équipes, anticipé, formé, pour décider collectivement quels outils, à quoi ils allaient servir, quels problèmes ils allaient résoudre, comment on allait vraiment s'engager de façon globale, de façon concertée dans l'accompagnement de l'implémentation des outils. Donc ça, évidemment, l'anticipation de tout ça, ça serait vraiment, évidemment, bien meilleur pour le cerveau qui a besoin de temps quand même pour s'adapter. En quelque sorte, ce n'est pas vraiment de l'adaptation, mais... Voilà, il a le temps de pouvoir développer des nouvelles techniques, des nouvelles façons de réfléchir, etc. Donc ça, c'est vraiment important. Mettre comme ça face à la situation sans anticipation, c'est une des pires choses qu'on puisse faire. Et ça, on le voit quand tu pars faire la traversée du pôle Nord.

  • Speaker #0

    Je me prépare. Tu te prépares. Il y a toujours une différence entre ce que j'ai envisagé et ce qui se passe, mais effectivement, je me suis préparé.

  • Speaker #1

    Pour certaines entreprises, un nouveau logiciel, c'est le pôle Nord. C'est l'Everest. C'est tout qui est remis à plat. C'est leur façon de travailler qui est chamboulée totalement. Donc, je pense que préparer, ça peut être une bonne chose.

  • Speaker #0

    Du coup, en entreprise, idéalement, il faudrait se préparer. Mais l'entreprise, c'est aussi le lieu d'injonction contradictoire. Il faut produire ou délivrer vite, avec peu de moyens, tout en respectant un niveau d'exigence en termes de qualité. Comment le cerveau fonctionne par rapport à tout ça ? Est-ce qu'il fait des arbitrages lui-même ? Enfin, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Alors, il fait des arbitrages en permanence. Il est tout le temps en train d'essayer de nous sauver la vie. Donc, il va... faire avec ce qu'il a, il va essayer de grappiller des informations où il peut, et puis pour essayer d'économiser l'énergie. Parce qu'en fait, il faut comprendre, on a souvent ce chiffre que le cerveau consomme 20% de notre énergie, alors qu'il ne représenterait que 2% de notre poids. C'est considérable. En fait, l'énergie, c'est vraiment quelque chose d'important pour le cerveau. Il n'en a pas beaucoup et c'est un peu comme un muscle. On peut reprendre la métaphore avec le sport. Un muscle, il ne peut pas rester contracté en permanence. De temps en temps, il a besoin justement de s'arrêter et de recharger un peu l'énergie. C'est pareil avec le cerveau. Donc, il faut des moments de récupération, il faut des moments de pause, et il faut qu'il puisse comme ça récupérer de l'énergie pour fonctionner correctement. Le problème, c'est que si on le pousse à travailler, à travailler, à travailler, à le pousser dans ses retranchements, il va devoir se mettre dans une sorte de mode dégradé, littéralement, où pour se préserver, il va diminuer l'activité de certaines zones du cerveau. Ça, on le retrouve beaucoup dans les burn-out, par exemple. Dans les burn-out, on a ce sentiment d'épuisement. Et on a des personnes qui rentrent chez elles et elles n'arrivent plus à décider. Elles n'arrivent plus à décider ce qu'elles vont manger, ce qu'elles vont regarder comme film, etc. Et en fait, ça, c'est une conséquence du fait qu'elles ont épuisé d'un point de vue énergétique leurs ressources et que pour quand même continuer à fonctionner, le cerveau va faire des arbitrages. Effectivement, il va dire, on va réutiliser l'énergie plutôt là et plutôt là, et cette zone-là, on va plutôt diminuer pour essayer de continuer à fonctionner correctement. Et donc là, forcément... Il n'est pas dans des situations optimales pour travailler correctement.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, comment se préserver ? Ou qu'est-ce qu'il faut faire pour être dans ce contexte-là, sur le meilleur niveau de performance ?

  • Speaker #1

    Je pense que là, vraiment, c'est vraiment les sportifs de haut niveau, les explorateurs, les aventuriers qui pourraient vraiment apporter du contexte. Parce que ça va être les mêmes méthodes, en fait. Ça va être de se préparer, la récupération. Il faudrait en fait quasiment voir... Notre recherche de performance, déjà, elle a questionné beaucoup de cas.

  • Speaker #0

    Oui, il y a aussi un autre cas, c'est quoi les critères de performance ?

  • Speaker #1

    Voilà. Questionner les notions d'urgence, d'importance, etc. Parce que ça, d'une entreprise à l'autre, on n'a pas les mêmes définitions, ni au sein même d'une même entreprise, des fois ça varie. Et puis, quand on voit qu'un sportif de haut niveau, qui est dans la recherche de performance absolue, là, on ne peut pas imaginer, c'est son objectif, eh bien, il va avoir un sommeil qui est préservé. Il va y avoir des phases de récupération qui sont sacrées. Il va y avoir une alimentation qui va être bien considérée, travail, etc. Pourquoi on n'applique pas la même chose finalement dans notre vie quotidienne ou notre vie au travail ? Penser qu'on peut toujours prendre sur nous, prendre sur nous, prendre sur nous. Non, peut-être qu'il faut aussi protéger certaines choses.

  • Speaker #0

    Donc là, tu es plutôt sur une performance durable et écologique pour la personne.

  • Speaker #1

    Il faut penser de toute façon à un salarié, un collaborateur, il faut le voir sur le long terme. La pire chose, ça serait de le voir comme un fusible, la chair à canon qu'on va exploiter pendant quelques jours. Si on veut, on investit quand même dans un salarié. Ça a un coût de recruter, de former. Ça me paraît évident, en tout cas d'un point de vue, qu'on doit mettre en place les choses pour préserver son fonctionnement sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors justement, j'ai... Une dernière question sur l'intelligence artificielle qui déboule dans les entreprises. Et peut-être, là, voilà une question polémique à te poser. Ça nous aide. Tu as pu l'expérimenter, j'ai aussi pu l'expérimenter. La question, c'est est-ce que ça nous rendrait feignant à la fin ? C'est-à-dire qu'on confie les éléments de réflexion et de créativité à l'intelligence artificielle. Nous, on se contente de dire ça a l'air juste ou pas juste. Et puis voilà. Est-ce que tu crois que ça peut nous rendre feignant ? Au contraire, ça va stimuler. à nos compétences cognitives ou débarrasser de certains pans du travail, justement, pour aller explorer d'autres zones, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà, de manière générale, comme on l'a dit, le cerveau qui cherche à optimiser sa consommation d'énergie, on pourrait dire que c'est une forme de fainéantise aussi. Donc, il va essayer d'aller à l'essentiel au plus simple. Donc, c'est vrai que si on lui propose une éventualité où il va avoir à faire moins d'efforts, il va la saisir, en général. Donc, Il a cette tendance-là, qui est une tendance naturelle pour préserver notre énergie et nos ressources énergétiques. La question, c'est est-ce qu'en ayant recours à des IA, je vais m'empêcher d'exercer certaines compétences cognitives dont j'aurais besoin ? Et ça, c'est une vraie question. On s'est posé la question déjà depuis quelques années avec les smartphones, notamment avec les questions d'accès à la connaissance. On pourrait se dire qu'un téléphone, maintenant, On a accès à l'infini des connaissances. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser quoi que ce soit. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser les numéros de téléphone, les adresses.

  • Speaker #0

    On ne rappelle d'aucun, moi. Ça,

  • Speaker #1

    c'est fini. Donc, on pourrait se dire, on baisse nos capacités de mémoire. En fait, c'est peut-être plus compliqué que ça. Peut-être qu'on ne perd pas de la mémoire, mais peut-être qu'on a changé la façon dont on allait mémoriser. Peut-être qu'au lieu de mémoriser l'information, on mémorise mieux. Comment accéder à cette information ? Peut-être que c'est un peu pareil avec l'IA. Peut-être que ça ne va pas diminuer notre créativité ou notre capacité à travailler, mais peut-être que ça va nous faire travailler de façon différente. Après, pour avoir utilisé les modèles des agents comme ChatGPT ou autres de discussion, moi, je n'ai pas l'impression de gagner un temps fou avec. Je vois que c'est du travail d'affiner le modèle.

  • Speaker #0

    Peut-être que quand le modèle sera affiné, il sera plus pertinent et peut-être tu perdras moins de temps.

  • Speaker #1

    Mais je note aujourd'hui que pour l'instant, c'est presque une décompétence nouvelle de réussir à utiliser ces IA, à réussir à optimiser les indications qu'on va lui donner, à lui donner un apprentissage qui va être performant pour nous. Donc pour l'instant, je ne vois pas trop de conséquences. Je vois que quoi qu'il arrive... Je n'ai pas l'impression que ça va diminuer notre créativité non plus, puisque ce que je vois, ce qui marche le mieux, par exemple, dans les IA génératifs au niveau visuel, c'est plutôt les co-créations. Donc, c'est en fait quand le créateur et l'IA vont commencer à travailler ensemble pour réussir à donner quelque chose de nouveau. Donc, ça, c'est plutôt une piste intéressante. Donc, on va voir. J'attends de voir. Après, l'avenir nous dira. L'avenir nous dira. Je suis plus inquiet sur d'autres aspects du numérique que celui-ci en particulier.

  • Speaker #0

    Lesquels ?

  • Speaker #1

    L'hyperconnexion, qui va être peut-être le sujet de notre prochain épisode.

  • Speaker #0

    Tu fais une jolie transition effectivement sur le prochain épisode. Moi je retiens effectivement dans ce que tu as dit, cette notion de récupération. que le cerveau a besoin de temps pour acquérir les compétences. Et donc, effectivement, on est peut-être en plus dans un contexte d'hyperconnexion professionnelle, mais personnelle. C'est ce qu'on va explorer dans le prochain épisode. On va venir plutôt sur la vie de tous les jours et l'hypersollicitation, l'hyperconnexion et les conséquences positives ou négatives sur le cerveau. Merci à toi, Thibault.

  • Speaker #1

    Merci, Jérôme.

Description

🎯 Ce 3ème épisode pose la question de la capacité de notre cerveau à s'adapter aux exigences d'évolution des compétences en entreprises.
Est-il en capacité d'aller aussi vite que le rythme imposé par les entreprises ?

Jérôme Brisebourg


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Thibault, nous avons exploré dans l'épisode précédent la logique d'adaptation à des milieux extrêmes. et aussi l'adaptation potentielle au réchauffement climatique. Dans cet épisode, j'aimerais qu'on explore le cerveau et l'entreprise, le contexte de l'entreprise, et notamment cette question ou cet enjeu d'adaptation aux nouvelles conditions de fonctionnement en entreprise ou d'employabilité, pour rester toujours à niveau de ce qui est attendu en termes de compétences. Alors, je vais profiter de ta présence d'abord pour te poser une question magique. Est-ce qu'il existe un indicateur dans le cerveau qui permette de dire, pour un RH, un responsable des ressources humaines, ou même pour soi, si oui ou non, on est compétent et donc on maîtrise une compétence sur les tâches qui nous sont demandées ? Est-ce qu'il y a un indicateur dans le cerveau ?

  • Speaker #1

    Alors là, typiquement, je pense qu'on va sur le domaine où les neurosciences n'ont peut-être pas vocation à être. C'est-à-dire, penser que les neurosciences, avec un appareil magique... pourrait mesurer une sorte de nouvel indicateur, un KPI ultime, qui serait celui de la personne est compétente ou pas. Je pense que la compétence, c'est dans les résultats qu'on le verra le mieux, plus que dans le cerveau. Mais effectivement, il y a quand même des études. Moi, je me rappelle d'il y a quelques années, dans des écoles, il y avait eu un appel d'offre de l'armée américaine sur le financement de casques qui permettait de mesurer la concentration, par exemple, des élèves en classe. mais c'est vraiment une compétence en particulier dans un contexte précis, etc. Les neurosciences, c'est très compliqué de les faire sortir du domaine du laboratoire, en fait. Elles étudient des choses très restreintes, qui sont des personnes dans des machines d'imagerie, comme des IRM fonctionnelles, etc. C'est très très gros, on est très loin d'un monde naturel. Donc, de là à l'appliquer en entreprise pour mesurer les salariés, là, c'est vraiment, on touche la science-fiction plus que la réalité.

  • Speaker #0

    Ok, me voilà rassuré sur ce point, quoi qu'il en soit. Alors, peut-être des questions quand même sur l'adaptation. Aujourd'hui, dans les entreprises, on est plutôt dans un contexte incertain, imprévisible, ce qui est vrai aujourd'hui, il est moins demain, on change de direction. Comment ça se passe pour notre cerveau en matière de prise d'informations, de décisions, et puis après de mise en œuvre ? Est-ce qu'il y a de la latence ? Est-ce que c'est évident ? Est-ce qu'on est fait pour ça ? Ou est-ce que c'est toujours très compliqué ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, moi je le constate aussi quand je vais en entreprise. Je fais souvent dans des services qui ont des sujets de stress ou de surcharge, qui ont un rapport avec le numérique qui est un peu problématique. Mais pas seulement, ça peut être aussi au niveau préventif dans plein d'autres grands groupes. Et effectivement, on constate de plus en plus de difficultés de la part des équipes à traiter l'information, à gérer la charge de travail. Au niveau émotionnel, c'est de plus en plus dur. Beaucoup de choses qui se dégradent en fait. On note de manière générale une dégradation de la santé mentale telle qu'elle est déclarée par les salariés. Donc ça c'est une réalité. Va être lié à ça tout un tas de phénomènes. Et c'est difficile de trouver dans quel ordre ça se met en place, lequel rentre en interférence avec lequel. Démêler cette pelote là c'est compliqué. Ce qu'on note c'est que on a souvent des augmentations du stress. Donc là, ça peut être lié soit à des usages, soit à du management, soit à des organisations, soit à des réductions de personnel. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en ligne de compte. La réalité, c'est que derrière ça, si notre cerveau n'est pas dans des conditions optimales pour fonctionner, s'il n'a pas les ressources nécessaires, c'est-à-dire une bonne énergie, accessible, un bon contexte qui n'est pas stressant, etc. On l'a vu, en milieu hostile, il ne va pas aller forcément vers les bonnes décisions. C'est pareil en entreprise. S'il considère que l'entreprise est un milieu hostile, ça va être compliqué pour le cerveau de prendre des bonnes décisions. Donc, ça va être tous ces enjeux-là qu'il va falloir retravailler. Et c'est ça, en fait, le gros enjeu en ce moment.

  • Speaker #0

    Alors, quel conseil tu peux nous donner ? Est-ce que... Par exemple, on s'adapte mieux à des changements et donc le cerveau s'adapte mieux à des changements quand on le décide versus quand on le subit. Après, en entreprise, bien sûr qu'on subit pas mal de changements. Donc peut-être il y a des logiques de préparation ou de gestion d'énergie. Qu'est-ce que tu nous conseilles en fait ?

  • Speaker #1

    Il est évident qu'en termes de préparation, ça c'est un élément clé. Ce que je retrouve beaucoup, en particulier sur les sujets d'usage numérique. C'est-à-dire, certaines entreprises se sont lancées corps et âme dans la transformation numérique, ont digitalisé à outrance. Très peu ont accompagné les équipes, anticipé, formé, pour décider collectivement quels outils, à quoi ils allaient servir, quels problèmes ils allaient résoudre, comment on allait vraiment s'engager de façon globale, de façon concertée dans l'accompagnement de l'implémentation des outils. Donc ça, évidemment, l'anticipation de tout ça, ça serait vraiment, évidemment, bien meilleur pour le cerveau qui a besoin de temps quand même pour s'adapter. En quelque sorte, ce n'est pas vraiment de l'adaptation, mais... Voilà, il a le temps de pouvoir développer des nouvelles techniques, des nouvelles façons de réfléchir, etc. Donc ça, c'est vraiment important. Mettre comme ça face à la situation sans anticipation, c'est une des pires choses qu'on puisse faire. Et ça, on le voit quand tu pars faire la traversée du pôle Nord.

  • Speaker #0

    Je me prépare. Tu te prépares. Il y a toujours une différence entre ce que j'ai envisagé et ce qui se passe, mais effectivement, je me suis préparé.

  • Speaker #1

    Pour certaines entreprises, un nouveau logiciel, c'est le pôle Nord. C'est l'Everest. C'est tout qui est remis à plat. C'est leur façon de travailler qui est chamboulée totalement. Donc, je pense que préparer, ça peut être une bonne chose.

  • Speaker #0

    Du coup, en entreprise, idéalement, il faudrait se préparer. Mais l'entreprise, c'est aussi le lieu d'injonction contradictoire. Il faut produire ou délivrer vite, avec peu de moyens, tout en respectant un niveau d'exigence en termes de qualité. Comment le cerveau fonctionne par rapport à tout ça ? Est-ce qu'il fait des arbitrages lui-même ? Enfin, comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Alors, il fait des arbitrages en permanence. Il est tout le temps en train d'essayer de nous sauver la vie. Donc, il va... faire avec ce qu'il a, il va essayer de grappiller des informations où il peut, et puis pour essayer d'économiser l'énergie. Parce qu'en fait, il faut comprendre, on a souvent ce chiffre que le cerveau consomme 20% de notre énergie, alors qu'il ne représenterait que 2% de notre poids. C'est considérable. En fait, l'énergie, c'est vraiment quelque chose d'important pour le cerveau. Il n'en a pas beaucoup et c'est un peu comme un muscle. On peut reprendre la métaphore avec le sport. Un muscle, il ne peut pas rester contracté en permanence. De temps en temps, il a besoin justement de s'arrêter et de recharger un peu l'énergie. C'est pareil avec le cerveau. Donc, il faut des moments de récupération, il faut des moments de pause, et il faut qu'il puisse comme ça récupérer de l'énergie pour fonctionner correctement. Le problème, c'est que si on le pousse à travailler, à travailler, à travailler, à le pousser dans ses retranchements, il va devoir se mettre dans une sorte de mode dégradé, littéralement, où pour se préserver, il va diminuer l'activité de certaines zones du cerveau. Ça, on le retrouve beaucoup dans les burn-out, par exemple. Dans les burn-out, on a ce sentiment d'épuisement. Et on a des personnes qui rentrent chez elles et elles n'arrivent plus à décider. Elles n'arrivent plus à décider ce qu'elles vont manger, ce qu'elles vont regarder comme film, etc. Et en fait, ça, c'est une conséquence du fait qu'elles ont épuisé d'un point de vue énergétique leurs ressources et que pour quand même continuer à fonctionner, le cerveau va faire des arbitrages. Effectivement, il va dire, on va réutiliser l'énergie plutôt là et plutôt là, et cette zone-là, on va plutôt diminuer pour essayer de continuer à fonctionner correctement. Et donc là, forcément... Il n'est pas dans des situations optimales pour travailler correctement.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, comment se préserver ? Ou qu'est-ce qu'il faut faire pour être dans ce contexte-là, sur le meilleur niveau de performance ?

  • Speaker #1

    Je pense que là, vraiment, c'est vraiment les sportifs de haut niveau, les explorateurs, les aventuriers qui pourraient vraiment apporter du contexte. Parce que ça va être les mêmes méthodes, en fait. Ça va être de se préparer, la récupération. Il faudrait en fait quasiment voir... Notre recherche de performance, déjà, elle a questionné beaucoup de cas.

  • Speaker #0

    Oui, il y a aussi un autre cas, c'est quoi les critères de performance ?

  • Speaker #1

    Voilà. Questionner les notions d'urgence, d'importance, etc. Parce que ça, d'une entreprise à l'autre, on n'a pas les mêmes définitions, ni au sein même d'une même entreprise, des fois ça varie. Et puis, quand on voit qu'un sportif de haut niveau, qui est dans la recherche de performance absolue, là, on ne peut pas imaginer, c'est son objectif, eh bien, il va avoir un sommeil qui est préservé. Il va y avoir des phases de récupération qui sont sacrées. Il va y avoir une alimentation qui va être bien considérée, travail, etc. Pourquoi on n'applique pas la même chose finalement dans notre vie quotidienne ou notre vie au travail ? Penser qu'on peut toujours prendre sur nous, prendre sur nous, prendre sur nous. Non, peut-être qu'il faut aussi protéger certaines choses.

  • Speaker #0

    Donc là, tu es plutôt sur une performance durable et écologique pour la personne.

  • Speaker #1

    Il faut penser de toute façon à un salarié, un collaborateur, il faut le voir sur le long terme. La pire chose, ça serait de le voir comme un fusible, la chair à canon qu'on va exploiter pendant quelques jours. Si on veut, on investit quand même dans un salarié. Ça a un coût de recruter, de former. Ça me paraît évident, en tout cas d'un point de vue, qu'on doit mettre en place les choses pour préserver son fonctionnement sur le long terme.

  • Speaker #0

    Alors justement, j'ai... Une dernière question sur l'intelligence artificielle qui déboule dans les entreprises. Et peut-être, là, voilà une question polémique à te poser. Ça nous aide. Tu as pu l'expérimenter, j'ai aussi pu l'expérimenter. La question, c'est est-ce que ça nous rendrait feignant à la fin ? C'est-à-dire qu'on confie les éléments de réflexion et de créativité à l'intelligence artificielle. Nous, on se contente de dire ça a l'air juste ou pas juste. Et puis voilà. Est-ce que tu crois que ça peut nous rendre feignant ? Au contraire, ça va stimuler. à nos compétences cognitives ou débarrasser de certains pans du travail, justement, pour aller explorer d'autres zones, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà, de manière générale, comme on l'a dit, le cerveau qui cherche à optimiser sa consommation d'énergie, on pourrait dire que c'est une forme de fainéantise aussi. Donc, il va essayer d'aller à l'essentiel au plus simple. Donc, c'est vrai que si on lui propose une éventualité où il va avoir à faire moins d'efforts, il va la saisir, en général. Donc, Il a cette tendance-là, qui est une tendance naturelle pour préserver notre énergie et nos ressources énergétiques. La question, c'est est-ce qu'en ayant recours à des IA, je vais m'empêcher d'exercer certaines compétences cognitives dont j'aurais besoin ? Et ça, c'est une vraie question. On s'est posé la question déjà depuis quelques années avec les smartphones, notamment avec les questions d'accès à la connaissance. On pourrait se dire qu'un téléphone, maintenant, On a accès à l'infini des connaissances. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser quoi que ce soit. Donc, on n'a plus besoin de mémoriser les numéros de téléphone, les adresses.

  • Speaker #0

    On ne rappelle d'aucun, moi. Ça,

  • Speaker #1

    c'est fini. Donc, on pourrait se dire, on baisse nos capacités de mémoire. En fait, c'est peut-être plus compliqué que ça. Peut-être qu'on ne perd pas de la mémoire, mais peut-être qu'on a changé la façon dont on allait mémoriser. Peut-être qu'au lieu de mémoriser l'information, on mémorise mieux. Comment accéder à cette information ? Peut-être que c'est un peu pareil avec l'IA. Peut-être que ça ne va pas diminuer notre créativité ou notre capacité à travailler, mais peut-être que ça va nous faire travailler de façon différente. Après, pour avoir utilisé les modèles des agents comme ChatGPT ou autres de discussion, moi, je n'ai pas l'impression de gagner un temps fou avec. Je vois que c'est du travail d'affiner le modèle.

  • Speaker #0

    Peut-être que quand le modèle sera affiné, il sera plus pertinent et peut-être tu perdras moins de temps.

  • Speaker #1

    Mais je note aujourd'hui que pour l'instant, c'est presque une décompétence nouvelle de réussir à utiliser ces IA, à réussir à optimiser les indications qu'on va lui donner, à lui donner un apprentissage qui va être performant pour nous. Donc pour l'instant, je ne vois pas trop de conséquences. Je vois que quoi qu'il arrive... Je n'ai pas l'impression que ça va diminuer notre créativité non plus, puisque ce que je vois, ce qui marche le mieux, par exemple, dans les IA génératifs au niveau visuel, c'est plutôt les co-créations. Donc, c'est en fait quand le créateur et l'IA vont commencer à travailler ensemble pour réussir à donner quelque chose de nouveau. Donc, ça, c'est plutôt une piste intéressante. Donc, on va voir. J'attends de voir. Après, l'avenir nous dira. L'avenir nous dira. Je suis plus inquiet sur d'autres aspects du numérique que celui-ci en particulier.

  • Speaker #0

    Lesquels ?

  • Speaker #1

    L'hyperconnexion, qui va être peut-être le sujet de notre prochain épisode.

  • Speaker #0

    Tu fais une jolie transition effectivement sur le prochain épisode. Moi je retiens effectivement dans ce que tu as dit, cette notion de récupération. que le cerveau a besoin de temps pour acquérir les compétences. Et donc, effectivement, on est peut-être en plus dans un contexte d'hyperconnexion professionnelle, mais personnelle. C'est ce qu'on va explorer dans le prochain épisode. On va venir plutôt sur la vie de tous les jours et l'hypersollicitation, l'hyperconnexion et les conséquences positives ou négatives sur le cerveau. Merci à toi, Thibault.

  • Speaker #1

    Merci, Jérôme.

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