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Gynécologue-obstétricienne, de la salle d'accouchement au bloc de chirurgie, le parcours d'une interne à plein temps. cover
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Interne en médecine

Gynécologue-obstétricienne, de la salle d'accouchement au bloc de chirurgie, le parcours d'une interne à plein temps.

Gynécologue-obstétricienne, de la salle d'accouchement au bloc de chirurgie, le parcours d'une interne à plein temps.

30min |22/12/2024|

250

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Description

"J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital !" Dans cet épisode d'Interne en médecine, nous faisons la connaissance d'une jeune femme lumineuse, interne en gynécologie obstétrique à Paris. 🐣 Elle nous raconte ses débuts à l'internat, ses expériences en chirurgie, ses premières césariennes, premiers accouchements, ses parents médecins tout les deux, son amoureux médecins lui aussi… 👨‍⚕️


Au fil de notre conversation, elle partage les défis qu'elle rencontre, la gestion de la fatigue lors des gardes de 24 heures, la pression de gérer des urgences seule. 👩‍⚕️Ce sont des questions que beaucoup d'internes se posent, et elle aborde ces sujets avec une grande sincérité.


Elle parle également de la féminisation croissante de la profession médicale 🚺, souligne l'importance de la solidarité entre internes et chefs, et comment cette entraide est essentielle pour dépasser les moments difficiles. Dans un monde où le stress émotionnel peut parfois sembler écrasant, elle décrit les ressources disponibles pour gérer ces situations, notamment après des événements tragiques. Interne, médecin, étudiante… qu'importe, son travail requiert non seulement des compétences techniques 💉, mais aussi une résilience émotionnelle.


En fin d'épisode, elle partage ses réflexions sur l'avenir et l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Comment peut-on continuer à nourrir sa passion 😍 pour la médecine tout en prenant soin de soi ? C'est une question cruciale pour tout professionnel de la santé, et ses réponses sont à la fois inspirantes et réalistes.🏥


Rejoignez-nous pour cet échange enrichissant qui met en lumière le quotidien d'une interne en médecine, ses défis, ses réussites. Cet épisode est une véritable invitation à découvrir le monde de la médecine à travers les yeux d'une jeune professionnelle lucide, passionnée, lumineuse. 🔆🌞


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Laffitte, je vous présente Internes en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, l'internat, ça prend quand même une grande partie de la vie. C'est sûr que c'est le moins, en fait. Parce que j'ai beaucoup d'amis pas médecins, j'ai plus d'amis pas médecins que d'amis médecins, donc on se rend compte de la longueur quand on voit que tous les gens autour de nous ne font plus d'études. Ça, c'est sûr que... Quand on voit que ça fait des années déjà qu'ils travaillent, qu'ils ont un salaire. Bon, un salaire maintenant. Donc ça, c'est sûr que c'est long. Mais moi, j'aime bien le côté de faire encore des études, d'avoir encore des cours internes, d'apprendre. J'aime bien ça. Je pense que c'est une partie de la vie qu'au final, quand on n'est plus vieux chef, pas qu'on regrette parce qu'il y a plein de désavantages, mais qu'on retient avec. avec vraiment un bon souvenir.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée, vous venez de découvrir sa voix et son rire aussi. Moi, j'adore son rire. Notre invitée est interne en gynécologie obstétrique à Paris. Elle réalise des accouchements, intervient comme chirurgienne, césarienne, forceps, hémorragie, chirurgie gynécologique, également utérus, sein, cancer, ablation de kyste, entre autres choses. Lorsque nous nous sommes rencontrées, elle terminait un semestre à l'hôpital intercommunal de Créteil. le CHIC, grosse maternité et gros centre de chirurgie. Aujourd'hui, elle travaille en chirurgie digestive à l'hôpital Saint-Joseph à Paris, où elle effectue un des deux semestres obligatoires de son internat, en dehors de sa spécialité. En préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Être médecin, ça m'est venu assez naturellement. En fait, j'ai deux parents médecins, donc peut-être que ça a joué. J'ai eu une période très... en opposition par rapport à ça, parce que mes parents travaillaient beaucoup. Mais finalement, je me suis dirigée un peu naturellement vers ça. Au lycée, j'étais plus science, et puis la médecine, le service. J'avais vraiment besoin de quelque chose où je me sentais utile et où je me lançais dans quelque chose où je savais où ça allait aller. Et ça me plaisait en médecine de me dire je vais être médecin, je vais servir, je vais avoir toujours un but dans ma vie. Il y a l'opposition à un moment où peut-être j'étais ado, donc je me disais je vais faire autre chose que mes parents. Mais finalement, j'ai quand même baigné là-dedans toute ma vie. L'hôpital, c'est un endroit, je sais, qui peut faire peur à plein de gens. Mais moi, j'y ai été plein de fois quand j'étais enfant. J'en entendais tout le temps parler. Donc, c'était vraiment un lieu plutôt familier pour moi.

  • Pascale Lafitte

    Votre choix comme spécialité, vous nous l'avez expliqué, c'est l'obstétrique qui inclut de la chirurgie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Il y a de la chirurgie,

  • Pascale Lafitte

    oui. Il y a de la chirurgie. Ce choix-là, c'est un choix... Toi, qui a été évident aussi, c'est quelque chose qui vous vient de vos parents aussi ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Non, pas du tout. Mes parents, ils sont pneumologues, les deux. Donc, ils travaillent dans le poumon. Rien à voir. Mais j'ai fait des stages et c'est quelque chose qui m'a tout de suite plu parce qu'il y a du geste technique, de la chirurgie. Et puis, il y a de l'urgence. Donc, j'aimais beaucoup ce truc de quelque chose qui donne de l'adrénaline, qui change un peu tous les jours. Et aussi, il y a beaucoup de moments d'émotion. On traîne des femmes qui sont en obstétrique, surtout pour les naissances, qui ne sont pas malades. En fait, c'est des moments de vie heureuses et ce n'est pas des choses qu'on voit beaucoup en médecine. Donc, c'est aussi quelque chose qui m'a attirée. Du coup, je n'étais pas sûre. Ce n'était pas une vocation, mais je me suis lancée là-dedans en me disant que j'allais pouvoir changer si jamais je n'aimais pas. Et finalement, je n'ai pas changé.

  • Pascale Lafitte

    Le milieu hospitalier, c'est quelque chose pour vous qui représente une adrénaline ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, tout à fait. J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital parce que j'adore le travail en équipe. Je trouve que c'est quelque chose qui apporte énormément en termes de relations sociales et même en termes professionnels. En fait, c'est là qu'on apprend le plus, j'ai l'impression. Et j'aime bien ce qu'on... Enfin, moi, j'adore le concept de l'hôpital public, de traiter des gens de différentes origines, différentes classes sociales, différentes... Voilà. Donc, j'adore ça et je pense que c'est un truc qu'on... Enfin, on retrouve ça en cabinet, les médecins généralistes, ils retrouvent trouve ça, mais ça, ça me plaît beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Parlez-moi de votre première journée. Racontez-moi votre première journée d'internat.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, ce n'est pas les premières journées les plus dures, en fait. C'est plutôt dans le premier mois, au moment où ils nous lâchent un peu, où la nuit, on est seul, où on doit gérer les urgences, parce que nous, on est un service d'urgence, donc il y a les urgences gynécologiques et obstétricales, où il y a des patientes qu'on voit seules sans le chef. Donc ça, ces premières gardes, là, ça, c'est vraiment... assez stressant parce qu'on sent qu'on a une responsabilité et on a un peu le syndrome de l'imposteur. On se dit, est-ce que vraiment j'ai les capacités de traiter ça seul ? Bon, finalement, ça s'apprend et aujourd'hui, je pense qu'il n'y a pas trop d'accidents. Enfin, je veux dire, les médecins sont beaucoup là, les chefs, et donc ça, ça nous aide beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Je vous laisse boire un peu de votre thé.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu chaud.

  • Pascale Lafitte

    Je pose des questions, mais... Vous n'avez rien. Oups. Rien but de votre thé. Vous me disiez, les médecins sont là. On est quand même seuls face à la patiente. Comment ça se passe ? Donc, vous êtes seuls. Si vous avez la moindre question, vous prenez votre téléphone et vous appelez un médecin. C'est tout simple ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est tout simple. C'est tout simple, en fait, on est seul. Par exemple, la nuit, les urgences gynécologiques, on les voit seuls. Donc, il y a beaucoup de choses qu'on peut gérer seul, en fait, la plupart des choses. Mais dès qu'on a un doute, surtout au début, où il y a plein de choses qu'on ne sait pas gérer, on peut appeler le médecin. Après, comme je pense tous les internes, on a tous vécu ce truc où on a peur, en fait, d'appeler le chef la nuit. La nuit, en fait, on tord quand on peut. Donc, lui, eux, ils dorment. Mais la plupart, en tout cas que moi j'ai croisé dans mon internat, il y a toujours des chefs plus ou moins gentils comme dans tout le monde. Donc des chefs qui vont nous envoyer bouler, mais globalement ils sont tous assez accessibles. Donc en fait on les appelle et ils nous répondent. Il faut juste qu'on ose le faire.

  • Pascale Lafitte

    Les patients connaissent bien maintenant la différence entre le docteur, l'interne, l'infirmière, la sage-femme, puisque vous avez aussi les sages-femmes qui sont avec vous.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je pense qu'ils connaissent pas mal. Enfin, ça dépend des gens. Mais après, l'interne, c'est un peu plus compliqué à faire comprendre parce qu'on est quand même médecin. Donc, on dit qu'on est les médecins, mais on est quand même des médecins qui ont une supervision. Donc, c'est un peu plus difficile pour eux à comprendre. Il y en a qui sont plus réticents par rapport à ça, qui veulent voir des chefs, etc. Mais ce n'est pas la plupart des gens. La plupart des gens, ils nous font. confiance et donc ils connaissent cette différence-là. Après, avec les personnels paramédicals, les infirmières, etc., souvent, ils le connaissent. Après, quand on est une femme, on a toujours tous vécu ce moment où on nous considère comme une infirmière à plusieurs reprises. Et ça arrive encore. Donc ça, ça arrive souvent parce que les vieux patients, nous, ça n'arrive pas trop en maternité, mais quand même, ils ont l'impression qu'en fait, ça va être une femme qui va être l'infirmière et le médecin, souvent, ça va être un homme. Mais en gynéco, un peu moins. surtout en obstétrique, parce qu'on a beaucoup de femmes gynécologues. Mais en chirurgie, les gens, ils ont quand même une vision du chirurgien comme étant un homme. Donc ça, on est souvent confrontés à ce genre de confusion.

  • Pascale Lafitte

    On dit plus chirurgien que chirurgienne. On l'entend rarement, en fait, le mot chirurgienne.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, on l'entend rarement. Pourtant, c'est quand même... Là, par exemple, dans mon stage, je pense qu'il y a la moitié de ceux qui font, par exemple, du cancer, vraiment qui font de la chirurgie, pas de l'obstétrique, qui sont des femmes. et la moitié qui sont des hommes du coup. Donc en fait, de plus en plus, ça va changer, j'espère.

  • Pascale Lafitte

    En France, selon une enquête de l'INSEE réalisée en 2022, le taux de féminisation des gynécologues obstétriciens est de 52,6%. Une tendance qui reflète une plus grande féminisation de la profession médicale en général, particulièrement dans certaines spécialités, par exemple la pédiatrie, l'endocrinologie, la gynécologie médicale et la dermatologie qui comptent 70% de femmes. parmi leurs praticiens. Idem chez les médecins généralistes de moins de 40 ans où les femmes représentent 65% des effectifs. Interne en gynécologie obstétrique, j'ai eu envie de savoir quel souvenir avait notre invitée de son premier accouchement et si elle supposait son souvenir toute sa vie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne pense pas parce que moi-même, je ne m'en souviens pas trop. Et ça, ça déçoit beaucoup de gens quand ils me disent Mais c'est quoi le prénom du premier bébé que tu as fait naître ? Et en fait, je ne m'en souviens pas. Mais après, on se souvient beaucoup des accouchements marquants. Mais du coup, on est encadrés. Donc en fait, on ne vit même pas comme si c'était notre premier accouchement. Au début, c'est le premier accouchement où on est là avec une sage-femme, où on fait ça à quatre mains, puis ensuite avec un chef, puis petit à petit, on fait des accouchements seuls. Puis après, on fait des… des forceps, des extractions instrumentales, ce qu'on appelle des forceps, seules, puis les césariennes, c'est tout le temps avec un chef. Mais en tout cas, ça arrive très progressivement.

  • Pascale Lafitte

    Tout le temps un chef ? Un interne ne fait pas une césarienne seule ? Et jusqu'à la fin de l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, jusqu'à la fin. En fait, c'est juste que la chirurgie nécessite au moins deux personnes, parce que sinon, c'est pas possible de la faire. C'est pas possible. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin d'aide, en fait, opératoire. On a besoin qu'on nous montre, enfin, qu'on nous expose. Enfin, je ne sais pas comment expliquer, qu'on nous aide à enlever le sang qui nous gêne, à tenir le fil quand on est en train de suturer, des choses comme ça. Donc déjà, c'est pratique. Et puis après, par contre, on commence à faire des césariennes. Seule, ça veut dire qu'on fait toute la césarienne de A à Z assez tôt. Fin de premier semestre, deuxième semestre, les césariennes faciles. Mais le chef est toujours là. Parce qu'une césarienne, c'est quand même une chirurgie, il y a quand même des risques, il peut y avoir des complications. Et donc, il faut toujours qu'il y ait un chef sur place quand même.

  • Pascale Lafitte

    La première opération,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    la première intervention, c'est une césarienne que j'ai faite. Nous, on était tout au début de mon internat. J'étais dans un stage où ils nous encadraient vraiment très bien et donc on doublait un autre internat, un internat plus vieux. Et donc, quand j'étais en premier semestre, j'étais par exemple avec un interne de troisième semestre qui faisait la césarienne et moi, j'étais à côté. Et puis, ça, c'est la première césarienne que j'ai faite. Et petit à petit, il nous laisse la main sur des parties de l'intervention. Et puis après, on est seul. Mais par exemple, on ne prend pas de garde avant un mois. Dans mon stage, il y a des stages où ils prennent les gardes dès le début. Ça peut être très dur. Mais nous, on n'a pas pris de garde avant un mois d'internat. Donc, on savait déjà faire des choses et c'était beaucoup moins déroutant.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque je discute avec des internes que nous échangeons sur leur quotidien à l'hôpital, un sujet revient tout le temps, ce sont les gardes. La garde, c'est une nuit de travail qui succède à une journée de travail. Du coup, lorsqu'il est en garde, l'interne travaille généralement 24 heures d'affilée. Pas facile. J'ai demandé à notre invitée interne en gynécologie obstétrique comment elle gérait le manque de sommeil. Ouais,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    les gardes, c'est 24 heures. En fait, finalement, on ne quitte pas l'hôpital avant. 10h, 10h30, même si à la fin, on n'est plus dans la même responsabilité. Donc, c'est différent. Et en fait, on apprend à les gérer. Mais tous différemment. Moi, en lendemain de garde, par exemple, je dors beaucoup. En fait, en obstétrique, on a des gardes. Et en gynéco, on a des gardes où on dort vraiment très peu. parce que c'est un service d'urgence, donc c'est comme les urgences classiques, il y a tout le temps des gens, et il y a tout le temps des accouchements. Donc en gros, on est tout le temps un peu réveillés, donc on dort très peu. Il y a des gardes exceptionnels, on dort 5 heures, mais là ça m'est peut-être arrivé une fois en 6 mois, sinon c'est entre 1 heure et peut-être 3 heures, quelque chose comme ça. Donc moi le lendemain je dors. Je dors au moins 3-4 heures, on va dire. Et après, il faut se réveiller. Donc ça, c'est un peu dur. C'est quelque chose qu'on apprend à faire. Parce qu'on sort d'un sommeil qui n'est pas comme les autres. C'est un sommeil vraiment d'épuisement. Et après, on peut réussir à faire des choses. Et petit à petit, on apprend à le vivre. Mais moi, j'ai des quarantaines qui ne dorment pas trop en lendemain de garde et qui ont appris à vivre avec la fatigue et à faire des choses. Donc en fait, ça dépend vraiment des gens.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque vous avez une urgence, que vous n'avez pas dormi, instinctif, vous êtes à l'éveil et alerte ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, ça dépend de l'urgence, on va dire. Mais si c'est une urgence absolue, on se réveille très vite finalement. On est habitué à être rappelé sur, par exemple, il y a un bébé qui ne va pas bien, il faut faire une césarienne en urgence extrême, donc il faut qu'on monte directement au bloc opératoire pour faire une césarienne. C'est un peu violent, c'est sûr. Donc, on sait le faire. On est en éveil. Mais c'est sûr que les décisions qu'on prend à 4h du matin, à 5h du matin, quand on n'a pas dormi, c'est sûr qu'on fait plus d'erreurs, je pense. Si on faisait des études, c'est sûr. Et je pense qu'il y en a, en fait. Je pense qu'on fait plus d'erreurs. Mais ce n'est pas ça. C'est qu'on prend plus de temps à faire les choses. C'est sûr que, vraiment, notre esprit, il n'est pas pareil que si on prenait une décision à 10h du matin après avoir dormi 7h la nuit.

  • Pascale Lafitte

    Et même dans ce moment où vous êtes... fatigué, le geste reste sûr parce que il y a la décision qu'on prend, mais il y a le geste que vous faites, physique, il reste sûr, lui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le geste, j'ai envie de dire que c'est ça qui est le plus sûr finalement, parce qu'on fait beaucoup de gestes répétitifs en fait, dans toutes les spécialités je pense. Mais la césarienne et le forceps, qui sont en gros les deux gestes qu'on fait en urgence le plus souvent, c'est des gestes qu'on fait souvent, et donc c'est des gestes qui reviennent facilement, et qui reviennent très vite en fait. Souvent, la fatigue ne va pas trop impacter. Moi, je n'ai pas l'impression, probablement, que forcément, ça doit avoir un impact. Mais je pense que c'est vraiment les décisions qui sont les plus dures à prendre quand on est fatigué. Vraiment se poser sur un dossier, des faits, et prendre une décision qui peut avoir des conséquences. Ça, c'est plus dur que de faire une césarienne en extrême urgence à 5h du matin. Ça, en vrai, on apprend à le faire, parce qu'on en a fait... Je ne sais même pas combien de césariennes j'ai fait, mais c'est énorme, je pense, le nombre de césariennes qu'on a tous faits pendant notre internat. Donc, ça revient très vite.

  • Pascale Lafitte

    Internant médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Dans la vie, il y a des événements qui finissent bien, mais malheureusement, il y en a d'autres qui finissent mal. Des accouchements difficiles, voire tragiques évidemment, ça arrive. Je lui ai demandé comment elle vivait ces moments dramatiques.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu dur en vrai parfois, mais je pense que c'est dans toutes les spécialités. Quand ça se passe mal, quand un bébé finit par aller mal, ou une maman parfois. c'est toujours très dur, ça arrive très rarement. Mais c'est sûr qu'appeler ça un traumatisme, pas forcément, ça peut l'être quand c'est vraiment, ça finit, c'est très grave, mais parfois c'est quand même quelque chose qui nous marque et qui va mettre un peu de temps à sortir de notre tête. On rentre avec, en fait, à la maison. C'est impossible de poser la valise à côté. Bien sûr, on ne peut pas garder ça éternellement. Bien sûr qu'on avance, sinon on ne peut pas pratiquer notre métier, c'est impossible. Mais c'est toujours quelque chose qui nous reste en tête et qui va marquer forcément le travail qu'on va faire plus tard, ça c'est sûr. Et d'ailleurs, les chefs en parlent des fois de certains accouchements qui les a particulièrement marqués. Et ça a vraiment influencé, enfin c'est sûr que ça influence après leur pratique future.

  • Pascale Lafitte

    On vous y prépare à ça ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On ne nous y prépare pas en fait, non.

  • Pascale Lafitte

    Mais vous vous y préparez ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Au début de l'internat, c'est un peu dur de s'y préparer, finalement. Mais après, en fonction... En fait, c'est toujours en fonction des stages. Mais les ressources, c'est vraiment les gens de l'hôpital. Nos chefs qui reviennent nous voir, qui nous disent Comment ça va ? Est-ce que t'as bien vécu ça ? Il faut qu'on en parle. Il y en a beaucoup qui le font, en fait. Et c'est vraiment bien. Et après, il y a des stages qui organisent des réunions avec des psychologues régulièrement. Et du coup, on peut discuter, soit en groupe, soit personnellement, je pense, si on le souhaite, de ces moments-là. Et donc ça, ça ne nous prépare pas, mais ça nous donne des ressources après pour en parler et pour aller de l'avant si jamais il se passe quelque chose. Donc ça, c'est plutôt bien. Mais je sais que ça n'existe pas partout. Mais c'est vrai qu'on ne nous en parle pas avant. Après, c'est normal. Je pense que c'est quelque chose qu'on apprend en le vivant.

  • Pascale Lafitte

    Qu'est-ce qui est le plus difficile dans l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Question très vaste. Qu'est-ce qui est le plus dur ? Franchement, le plus dur à gérer, je pense que c'est la fatigue. Je pense que c'est clairement très dur à gérer. En fonction des moments, ça peut atteindre notre humeur, ça peut atteindre notre vie personnelle, c'est sûr. Donc ça, c'est assez dur. Et après, la responsabilité qu'on a, ça peut être dur à gérer dans certaines situations, notamment quand ça finit par se passer mal dans certains cas. Il y a des moments qui sont un peu durs à gérer par rapport à ça. Mais le plus dur globalement, moi, j'y vois beaucoup de points positifs parce que j'adore ma spécialité, j'adore les gens avec qui je travaille, j'apprends plein de choses. Mais c'est sûr que la fatigue, parfois, ça peut vraiment miner le moral quand même.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites miner le moral, c'est que vous avez parfois beaucoup besoin de temps. Pour vous retrouver avec l'esprit complètement alerte et puis avec à nouveau l'énergie qu'on a pour qu'on ne soit pas fatigué. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    complètement. Ça peut prendre... Il y a des semaines entières un peu où on est vraiment un peu sur les rotules, sous l'eau, etc. Où c'est un peu dur de sortir du travail. C'est un peu dur. Même des fois, on devient désagréable avec les gens de... de notre vie personnelle, quoi. Notre famille, nos copains, copines, tout ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous avez des parents qui comprennent.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Mes parents, ils comprennent très bien. Alors ça, c'est très agréable. Mais même mes parents, ils savent que je travaille quand même beaucoup parce que déjà, leur internat est un peu loin. Je pense qu'eux aussi, ils ont travaillé beaucoup, mais c'est sûr qu'ils ont un peu oublié. Et la chirurgie, je pense qu'on a des horaires un peu particuliers qui peuvent être un peu difficiles à comprendre. Et eux, ils n'ont pas fait de spécialité où il y avait des gardes. Donc... Ils voient bien que je travaille beaucoup, mais ils sont très compréhensifs. Donc ça, c'est très bien. Et pareil, mon copain, il est en médecine, donc pareil, très compréhensif. Donc c'est bien. Mais en fait, au final, les gens qui nous comprennent le mieux, c'est les gens qui font notre spécialité, les gens avec qui on travaille tous les jours.

  • Pascale Lafitte

    Vraiment votre spécialité, même pas les médecins, les copains de promo ou autre ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, on fait tous un travail différent, finalement, même si ça paraît, pour tout le monde, pour les gens qui ne sont pas en médecine, ça paraît tous le même métier, on est médecin. Mais en fait, il y a quand même des choses qui n'ont rien à voir. Non, c'est sûr que les médecins comprennent beaucoup plus.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites qu'il y a des choses qui n'ont rien à voir, c'est carrément dans l'organisation, dans le rythme de vie, dans le rythme des gardes, dans les horaires que vous avez à tenir.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, dans les horaires. Déjà, en chirurgie, souvent, on commence hyper tôt. Par exemple, là, je suis en chirurgie en ce moment. Je commence à 6h45. Et encore, normalement, c'est 6h30, mais comme je suis tout le temps un peu en retard, c'est 6h45. Et je peux finir jusqu'à 19h30, 20h, des choses comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous opérez toute la journée ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On opère une grande partie de la journée. Après, on a beaucoup de parties administratives, on fait des papiers. on va voir les patients qu'on a opérés la veille, qu'on va opérer le lendemain, des choses comme ça. Donc ça, c'est toute une partie qui n'est pas partagée par tous les médecins. Et les gardes, pareil, en fait, tout le monde ne fait pas de garde. Et les gardes, en fait, en gynéco-obstétrique, je pense que c'est un peu particulier, parce que c'est des gardes où on ne dort pas beaucoup et où il n'y a pas beaucoup, je pense, de spécialités, où il y a des urgences très, très urgentes. Il y a la réanimation, c'est sûr, il y a des urgences très, très urgentes. Mais l'obstétrique, c'est pareil. Il y a des urgences très, très urgentes. Et ça, je pense que c'est assez fatigant, finalement. Je pense qu'on perd des points de vie. Et c'est sûr qu'on perd des points de vie parce que ça a été prouvé qu'il y avait plus de risques d'AVC, d'infarctus. Forcément, on raccourcit un peu notre vie en faisant ça parce qu'il y a eu plus de stress, etc. Donc, au final, les gens qui nous comprennent, je pense que c'est ceux qui font le réel. On le voit avec nous, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Vous prenez soin de vous ? Vous avez un rythme, une hygiène particulière ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne sais pas si je prends soin de moi, c'est le bon mot, mais je vois mes amis, je vois ma famille. Pour moi, ça fait beaucoup de prendre soin de moi. Après, je ne fais pas trop de sport parce que je ne suis pas très sportive, mais j'ai plein d'amis en échinéco qui font du sport et ça les libère un peu de toute cette pression. Et même quand ils sont fatigués, ça les aide beaucoup. Et après, il y a tous les trucs de plaisir qu'on essaie de faire. Sortir avec ses amis, faire des expos, dessiner, partir un peu en vacances quand on peut. Ça, ça fait partie de prendre soin de moi. Après, hygiène de vie, je ne mange pas très bien. Je ne mange pas tout le temps. Je ne fais pas de sport. Je ne sais pas si on peut parler d'une bonne hygiène de vie.

  • Pascale Lafitte

    Lorsqu'elle terminera son internat, elle aura... 31 ans et sera alors docteur en gynécologie obstétrique. J'ai voulu savoir si elle s'était préparée à cet après.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On est un peu obligé d'y réfléchir finalement parce que ça fonctionne un peu comme tous les travails, il faut demander un poste, il faut postuler. Par contre, c'est un peu plus simple je pense, parce que ça joue pas, on demande un poste. Donc en fait, on est obligé d'y penser assez tôt dans l'internat. Du coup, j'y ai déjà un petit peu pensé et il y a déjà des services où je veux... plus travailler que d'autres. Mais je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand même. Parce que je ne sais pas si je vais m'arrêter un an. Je ne sais pas ce que ce sera ma vie à ce moment-là. Je ne sais pas si ce serait plus chirurgienne ou plus obstétricienne. Donc, en fait, il y a quand même beaucoup d'incertants.

  • Pascale Lafitte

    Chirurgienne, ça veut dire que vous feriez un peu moins d'obstétrique, mais vous pouvez continuer à faire les deux.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, en fait, ça dépend d'où on travaille. Mais à Paris, dans les gros centres... On peut être un peu polyvalent, ça veut dire chirurgien et obstétricien, les premières années de chez Free, peut-être pendant les deux premières années. Puis après, souvent, on s'oriente. Mais quand on est chirurgien, souvent, on fait encore des gardes si on travaille dans une maternité. Donc, en fait, on est amené à faire de l'obstétrique pendant nos gardes, parce que c'est surtout l'obstétrique, en fait, les gardes. Par contre, si on part en province, ça va être des centres ou... En fait, dans les grosses villes. Il y a beaucoup de sur-spécialisations. Donc, c'est vrai qu'il faut plutôt s'orienter. Mais si je vais travailler dans une plus petite ville, en dehors de Paris, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui font les deux très bien.

  • Pascale Lafitte

    Là, vous ne savez pas. En fait, j'ai posé cette question. Aujourd'hui, vous ne savez pas. On imagine bien la situation quand le bébé est là, quand on a bien, quand la maman a la banane, quand le papa pleure des mousses. La chirurgie, on se dit que ça doit être autre chose.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est sûr. Ce n'est pas du tout la même ambiance. Ce n'est pas la même chose qu'on fait, mais c'est une énorme satisfaction. Franchement, nous, peut-être qu'on la vit un peu moins en tant qu'interne parce qu'on est là au bloc, on fait un acte chirurgical, qu'on prend le plaisir la plupart du temps. Mais ce n'est pas nous qui allons suivre la patiente parce qu'on change de stage tous les six mois, que nous, on ne fait pas de consultation. Donc, cette satisfaction, peut-être qu'on ne la vit pas pleinement. Mais je pense qu'il y a une grosse satisfaction à traiter des gens. qui ont un cancer du sein, la chirurgie, ça va les sauver. Et même un cancer de l'ovaire, ou même une patiente qui n'a pas de cancer, mais qui a un utérus, qui a des fibrons, par exemple. C'est une maladie qui est bénigne, mais qui fait beaucoup saigner, qui peut gâcher la vie d'une patiente. Enlever l'utérus à ce moment-là, ça peut vraiment changer la vie de cette patiente. Donc ça, c'est une énorme satisfaction. Ce n'est pas du tout la même chose. Mais c'est sûr qu'on peut trouver beaucoup de satisfaction en étant chirurgien.

  • Pascale Lafitte

    J'ai souvent entendu dire par vos collègues, il ne faut pas faire chier, on revient encore à ses horaires. Est-ce qu'être chirurgien, c'est un métier physique ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est un métier physique. En vrai, déjà, on est beaucoup debout. Donc les chirurgiens, en vrai, ils peuvent passer parfois la journée debout sur un des gros blocs. En gynéco, il n'y a pas beaucoup de très gros blocs, mais il y en a quand même. Donc, c'est sûr que c'est physique. Des fois, on est dans des positions inconfortables, etc. Donc, c'est plus physique que certaines spécialités où on est plus soit au lit du malade ou dans un bureau, etc. Même si ça ne change rien en mérite de l'un ou de l'autre. Mais c'est vrai que ce n'est pas du tout la même chose. D'ailleurs, je pense qu'il y a beaucoup plus de chirurgiens qui ont mal aux dos, qui ont mal aux articulations, etc. que des médecins qui ne font pas de chirurgie.

  • Pascale Lafitte

    On a l'impression que c'est un métier qui use. C'est un métier que vous aviez.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Ça use, mais... Ça use peut-être plus en tant qu'interne qu'en tant que chef. Finalement, nous, on peut passer... Là, je passe une semaine au bloc à la fin de la semaine. Je suis usée, ça, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Mais le chef passe moins de temps au bloc ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le chef, nous, on opère avec tous les chefs toute la semaine. Mais en fait, les chefs, ils ne sont pas tous les jours au bloc. Ils ont, je pense, un ou deux jours de bloc par semaine. Puis après, ils voient leurs patientes qui ont opéré, les patientes qui vont opérer. Ils font des examens complémentaires, des choses comme ça. C'est sûr que ça use, mais c'est quand même bien. On dirait que ce n'est pas bien là comme ça,

  • Pascale Lafitte

    mais c'est quand même très bien. Non, non, ce n'est pas ça. C'est qu'on se dit qu'interne, c'est un vrai métier, or vous êtes des étudiants.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est vrai que c'est un vrai paradoxe. Des fois, on a l'impression qu'on est... Dans la peau d'un médecin, des fois dans la peau d'un étudiant, ça peut changer du tout au tout en deux minutes. Mais c'est vrai que c'est un statut assez inédit, je pense. Après, en vrai, on apprend, on est payé. Enfin, on est payé quand même. Et on apprend notre métier vraiment dans le vif du sujet, sur le terrain. Donc, c'est particulier. Mais bon, je pense que c'est très difficile d'apprendre ce métier autrement.

  • Pascale Lafitte

    Vos parents sont fiers aujourd'hui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    J'espère qu'ils laissent vous en parler avec eux. J'en parle un peu avec eux, en fait. Ça vient vite dans les conversations, quand même. On parle aussi de plein d'autres choses. Je pense qu'ils sont quand même fiers après le fait que je sois médecin. Par exemple, mon frère qui est enfant de médecin et qui a une sœur médecin, n'est pas du tout médecin. Et je pense qu'ils ont une fierté aussi très importante pour mon frère, que ça ne dépend pas forcément du métier. Après... C'est vrai que je pense qu'ils sont contents parce que c'est quelque chose qu'ils aiment et du coup, que je le fasse, ça leur fait plaisir en fait.

  • Pascale Lafitte

    Cette fierté dont je parlais, c'est celle d'avoir réussi à transmettre, parce que je suppose que vous avez été passionnée. Je me dis que vous avez grandi dans une famille de passionnées. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    c'est vrai. Oui, c'est vrai, mes parents étaient passionnés. Donc,

  • Pascale Lafitte

    ils doivent avoir cette... Ben, c'est... ce contentement d'avoir réussi à transmettre une passion.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, je pense qu'ils l'ont, en vrai. Mais mon père, je pense qu'il a la déception que je ne fasse pas exactement la même chose que lui, tellement il est passionné de ce qu'il fait. Ma mère, je pense qu'elle est contente d'avoir transmis. Non, en vrai, je pense qu'ils sont assez fiers, enfin, je l'espère. Et en plus, peut-être qu'ils se reconnaissent, peut-être qu'ils comprennent un peu ce que je fais, que ça leur fait vraiment plaisir. ça leur fait vraiment plaisir finalement, même si je ne fais pas exactement la même chose. Il y a beaucoup de points communs en fait, la médecine, il y a beaucoup de points communs.

  • Pascale Lafitte

    La France enregistre en moyenne chaque année plus de 670 000 naissances. Environ 21% se font par césarienne, intervention nécessitant la présence d'un chirurgien obstétricien. Le nombre total d'interventions pour le cancer du sein en France chaque année est en augmentation. Il est aujourd'hui estimé à 80 000, incluant les masectomies totales et partielles. Hors paradoxe, pour l'année universitaire 2024-2025, 203 postes d'internes en gynécologie obstétrique ont été ouverts, soit une diminution de 34 postes par rapport à l'année passée. Merci de nous avoir écoutés. Si vous aimez ces entretiens, alors partagez-les. Et n'oubliez pas, internes en médecine, le podcast est à suivre sans ordonnance ni modération. A très vite !

Chapters

  • Introduction au podcast et à l'invitée

    00:09

  • L'impact de l'internat sur la vie personnelle

    00:21

  • Parcours et choix de spécialité en médecine

    01:14

  • Premiers jours et expérience en internat

    01:49

  • Gestion des gardes et du manque de sommeil

    04:35

  • Moments difficiles et gestion des émotions

    11:21

  • Défis de l'internat et équilibre de vie

    17:59

  • Réflexions sur l'avenir et la carrière médicale

    22:57

Description

"J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital !" Dans cet épisode d'Interne en médecine, nous faisons la connaissance d'une jeune femme lumineuse, interne en gynécologie obstétrique à Paris. 🐣 Elle nous raconte ses débuts à l'internat, ses expériences en chirurgie, ses premières césariennes, premiers accouchements, ses parents médecins tout les deux, son amoureux médecins lui aussi… 👨‍⚕️


Au fil de notre conversation, elle partage les défis qu'elle rencontre, la gestion de la fatigue lors des gardes de 24 heures, la pression de gérer des urgences seule. 👩‍⚕️Ce sont des questions que beaucoup d'internes se posent, et elle aborde ces sujets avec une grande sincérité.


Elle parle également de la féminisation croissante de la profession médicale 🚺, souligne l'importance de la solidarité entre internes et chefs, et comment cette entraide est essentielle pour dépasser les moments difficiles. Dans un monde où le stress émotionnel peut parfois sembler écrasant, elle décrit les ressources disponibles pour gérer ces situations, notamment après des événements tragiques. Interne, médecin, étudiante… qu'importe, son travail requiert non seulement des compétences techniques 💉, mais aussi une résilience émotionnelle.


En fin d'épisode, elle partage ses réflexions sur l'avenir et l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Comment peut-on continuer à nourrir sa passion 😍 pour la médecine tout en prenant soin de soi ? C'est une question cruciale pour tout professionnel de la santé, et ses réponses sont à la fois inspirantes et réalistes.🏥


Rejoignez-nous pour cet échange enrichissant qui met en lumière le quotidien d'une interne en médecine, ses défis, ses réussites. Cet épisode est une véritable invitation à découvrir le monde de la médecine à travers les yeux d'une jeune professionnelle lucide, passionnée, lumineuse. 🔆🌞


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Laffitte, je vous présente Internes en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, l'internat, ça prend quand même une grande partie de la vie. C'est sûr que c'est le moins, en fait. Parce que j'ai beaucoup d'amis pas médecins, j'ai plus d'amis pas médecins que d'amis médecins, donc on se rend compte de la longueur quand on voit que tous les gens autour de nous ne font plus d'études. Ça, c'est sûr que... Quand on voit que ça fait des années déjà qu'ils travaillent, qu'ils ont un salaire. Bon, un salaire maintenant. Donc ça, c'est sûr que c'est long. Mais moi, j'aime bien le côté de faire encore des études, d'avoir encore des cours internes, d'apprendre. J'aime bien ça. Je pense que c'est une partie de la vie qu'au final, quand on n'est plus vieux chef, pas qu'on regrette parce qu'il y a plein de désavantages, mais qu'on retient avec. avec vraiment un bon souvenir.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée, vous venez de découvrir sa voix et son rire aussi. Moi, j'adore son rire. Notre invitée est interne en gynécologie obstétrique à Paris. Elle réalise des accouchements, intervient comme chirurgienne, césarienne, forceps, hémorragie, chirurgie gynécologique, également utérus, sein, cancer, ablation de kyste, entre autres choses. Lorsque nous nous sommes rencontrées, elle terminait un semestre à l'hôpital intercommunal de Créteil. le CHIC, grosse maternité et gros centre de chirurgie. Aujourd'hui, elle travaille en chirurgie digestive à l'hôpital Saint-Joseph à Paris, où elle effectue un des deux semestres obligatoires de son internat, en dehors de sa spécialité. En préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Être médecin, ça m'est venu assez naturellement. En fait, j'ai deux parents médecins, donc peut-être que ça a joué. J'ai eu une période très... en opposition par rapport à ça, parce que mes parents travaillaient beaucoup. Mais finalement, je me suis dirigée un peu naturellement vers ça. Au lycée, j'étais plus science, et puis la médecine, le service. J'avais vraiment besoin de quelque chose où je me sentais utile et où je me lançais dans quelque chose où je savais où ça allait aller. Et ça me plaisait en médecine de me dire je vais être médecin, je vais servir, je vais avoir toujours un but dans ma vie. Il y a l'opposition à un moment où peut-être j'étais ado, donc je me disais je vais faire autre chose que mes parents. Mais finalement, j'ai quand même baigné là-dedans toute ma vie. L'hôpital, c'est un endroit, je sais, qui peut faire peur à plein de gens. Mais moi, j'y ai été plein de fois quand j'étais enfant. J'en entendais tout le temps parler. Donc, c'était vraiment un lieu plutôt familier pour moi.

  • Pascale Lafitte

    Votre choix comme spécialité, vous nous l'avez expliqué, c'est l'obstétrique qui inclut de la chirurgie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Il y a de la chirurgie,

  • Pascale Lafitte

    oui. Il y a de la chirurgie. Ce choix-là, c'est un choix... Toi, qui a été évident aussi, c'est quelque chose qui vous vient de vos parents aussi ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Non, pas du tout. Mes parents, ils sont pneumologues, les deux. Donc, ils travaillent dans le poumon. Rien à voir. Mais j'ai fait des stages et c'est quelque chose qui m'a tout de suite plu parce qu'il y a du geste technique, de la chirurgie. Et puis, il y a de l'urgence. Donc, j'aimais beaucoup ce truc de quelque chose qui donne de l'adrénaline, qui change un peu tous les jours. Et aussi, il y a beaucoup de moments d'émotion. On traîne des femmes qui sont en obstétrique, surtout pour les naissances, qui ne sont pas malades. En fait, c'est des moments de vie heureuses et ce n'est pas des choses qu'on voit beaucoup en médecine. Donc, c'est aussi quelque chose qui m'a attirée. Du coup, je n'étais pas sûre. Ce n'était pas une vocation, mais je me suis lancée là-dedans en me disant que j'allais pouvoir changer si jamais je n'aimais pas. Et finalement, je n'ai pas changé.

  • Pascale Lafitte

    Le milieu hospitalier, c'est quelque chose pour vous qui représente une adrénaline ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, tout à fait. J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital parce que j'adore le travail en équipe. Je trouve que c'est quelque chose qui apporte énormément en termes de relations sociales et même en termes professionnels. En fait, c'est là qu'on apprend le plus, j'ai l'impression. Et j'aime bien ce qu'on... Enfin, moi, j'adore le concept de l'hôpital public, de traiter des gens de différentes origines, différentes classes sociales, différentes... Voilà. Donc, j'adore ça et je pense que c'est un truc qu'on... Enfin, on retrouve ça en cabinet, les médecins généralistes, ils retrouvent trouve ça, mais ça, ça me plaît beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Parlez-moi de votre première journée. Racontez-moi votre première journée d'internat.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, ce n'est pas les premières journées les plus dures, en fait. C'est plutôt dans le premier mois, au moment où ils nous lâchent un peu, où la nuit, on est seul, où on doit gérer les urgences, parce que nous, on est un service d'urgence, donc il y a les urgences gynécologiques et obstétricales, où il y a des patientes qu'on voit seules sans le chef. Donc ça, ces premières gardes, là, ça, c'est vraiment... assez stressant parce qu'on sent qu'on a une responsabilité et on a un peu le syndrome de l'imposteur. On se dit, est-ce que vraiment j'ai les capacités de traiter ça seul ? Bon, finalement, ça s'apprend et aujourd'hui, je pense qu'il n'y a pas trop d'accidents. Enfin, je veux dire, les médecins sont beaucoup là, les chefs, et donc ça, ça nous aide beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Je vous laisse boire un peu de votre thé.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu chaud.

  • Pascale Lafitte

    Je pose des questions, mais... Vous n'avez rien. Oups. Rien but de votre thé. Vous me disiez, les médecins sont là. On est quand même seuls face à la patiente. Comment ça se passe ? Donc, vous êtes seuls. Si vous avez la moindre question, vous prenez votre téléphone et vous appelez un médecin. C'est tout simple ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est tout simple. C'est tout simple, en fait, on est seul. Par exemple, la nuit, les urgences gynécologiques, on les voit seuls. Donc, il y a beaucoup de choses qu'on peut gérer seul, en fait, la plupart des choses. Mais dès qu'on a un doute, surtout au début, où il y a plein de choses qu'on ne sait pas gérer, on peut appeler le médecin. Après, comme je pense tous les internes, on a tous vécu ce truc où on a peur, en fait, d'appeler le chef la nuit. La nuit, en fait, on tord quand on peut. Donc, lui, eux, ils dorment. Mais la plupart, en tout cas que moi j'ai croisé dans mon internat, il y a toujours des chefs plus ou moins gentils comme dans tout le monde. Donc des chefs qui vont nous envoyer bouler, mais globalement ils sont tous assez accessibles. Donc en fait on les appelle et ils nous répondent. Il faut juste qu'on ose le faire.

  • Pascale Lafitte

    Les patients connaissent bien maintenant la différence entre le docteur, l'interne, l'infirmière, la sage-femme, puisque vous avez aussi les sages-femmes qui sont avec vous.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je pense qu'ils connaissent pas mal. Enfin, ça dépend des gens. Mais après, l'interne, c'est un peu plus compliqué à faire comprendre parce qu'on est quand même médecin. Donc, on dit qu'on est les médecins, mais on est quand même des médecins qui ont une supervision. Donc, c'est un peu plus difficile pour eux à comprendre. Il y en a qui sont plus réticents par rapport à ça, qui veulent voir des chefs, etc. Mais ce n'est pas la plupart des gens. La plupart des gens, ils nous font. confiance et donc ils connaissent cette différence-là. Après, avec les personnels paramédicals, les infirmières, etc., souvent, ils le connaissent. Après, quand on est une femme, on a toujours tous vécu ce moment où on nous considère comme une infirmière à plusieurs reprises. Et ça arrive encore. Donc ça, ça arrive souvent parce que les vieux patients, nous, ça n'arrive pas trop en maternité, mais quand même, ils ont l'impression qu'en fait, ça va être une femme qui va être l'infirmière et le médecin, souvent, ça va être un homme. Mais en gynéco, un peu moins. surtout en obstétrique, parce qu'on a beaucoup de femmes gynécologues. Mais en chirurgie, les gens, ils ont quand même une vision du chirurgien comme étant un homme. Donc ça, on est souvent confrontés à ce genre de confusion.

  • Pascale Lafitte

    On dit plus chirurgien que chirurgienne. On l'entend rarement, en fait, le mot chirurgienne.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, on l'entend rarement. Pourtant, c'est quand même... Là, par exemple, dans mon stage, je pense qu'il y a la moitié de ceux qui font, par exemple, du cancer, vraiment qui font de la chirurgie, pas de l'obstétrique, qui sont des femmes. et la moitié qui sont des hommes du coup. Donc en fait, de plus en plus, ça va changer, j'espère.

  • Pascale Lafitte

    En France, selon une enquête de l'INSEE réalisée en 2022, le taux de féminisation des gynécologues obstétriciens est de 52,6%. Une tendance qui reflète une plus grande féminisation de la profession médicale en général, particulièrement dans certaines spécialités, par exemple la pédiatrie, l'endocrinologie, la gynécologie médicale et la dermatologie qui comptent 70% de femmes. parmi leurs praticiens. Idem chez les médecins généralistes de moins de 40 ans où les femmes représentent 65% des effectifs. Interne en gynécologie obstétrique, j'ai eu envie de savoir quel souvenir avait notre invitée de son premier accouchement et si elle supposait son souvenir toute sa vie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne pense pas parce que moi-même, je ne m'en souviens pas trop. Et ça, ça déçoit beaucoup de gens quand ils me disent Mais c'est quoi le prénom du premier bébé que tu as fait naître ? Et en fait, je ne m'en souviens pas. Mais après, on se souvient beaucoup des accouchements marquants. Mais du coup, on est encadrés. Donc en fait, on ne vit même pas comme si c'était notre premier accouchement. Au début, c'est le premier accouchement où on est là avec une sage-femme, où on fait ça à quatre mains, puis ensuite avec un chef, puis petit à petit, on fait des accouchements seuls. Puis après, on fait des… des forceps, des extractions instrumentales, ce qu'on appelle des forceps, seules, puis les césariennes, c'est tout le temps avec un chef. Mais en tout cas, ça arrive très progressivement.

  • Pascale Lafitte

    Tout le temps un chef ? Un interne ne fait pas une césarienne seule ? Et jusqu'à la fin de l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, jusqu'à la fin. En fait, c'est juste que la chirurgie nécessite au moins deux personnes, parce que sinon, c'est pas possible de la faire. C'est pas possible. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin d'aide, en fait, opératoire. On a besoin qu'on nous montre, enfin, qu'on nous expose. Enfin, je ne sais pas comment expliquer, qu'on nous aide à enlever le sang qui nous gêne, à tenir le fil quand on est en train de suturer, des choses comme ça. Donc déjà, c'est pratique. Et puis après, par contre, on commence à faire des césariennes. Seule, ça veut dire qu'on fait toute la césarienne de A à Z assez tôt. Fin de premier semestre, deuxième semestre, les césariennes faciles. Mais le chef est toujours là. Parce qu'une césarienne, c'est quand même une chirurgie, il y a quand même des risques, il peut y avoir des complications. Et donc, il faut toujours qu'il y ait un chef sur place quand même.

  • Pascale Lafitte

    La première opération,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    la première intervention, c'est une césarienne que j'ai faite. Nous, on était tout au début de mon internat. J'étais dans un stage où ils nous encadraient vraiment très bien et donc on doublait un autre internat, un internat plus vieux. Et donc, quand j'étais en premier semestre, j'étais par exemple avec un interne de troisième semestre qui faisait la césarienne et moi, j'étais à côté. Et puis, ça, c'est la première césarienne que j'ai faite. Et petit à petit, il nous laisse la main sur des parties de l'intervention. Et puis après, on est seul. Mais par exemple, on ne prend pas de garde avant un mois. Dans mon stage, il y a des stages où ils prennent les gardes dès le début. Ça peut être très dur. Mais nous, on n'a pas pris de garde avant un mois d'internat. Donc, on savait déjà faire des choses et c'était beaucoup moins déroutant.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque je discute avec des internes que nous échangeons sur leur quotidien à l'hôpital, un sujet revient tout le temps, ce sont les gardes. La garde, c'est une nuit de travail qui succède à une journée de travail. Du coup, lorsqu'il est en garde, l'interne travaille généralement 24 heures d'affilée. Pas facile. J'ai demandé à notre invitée interne en gynécologie obstétrique comment elle gérait le manque de sommeil. Ouais,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    les gardes, c'est 24 heures. En fait, finalement, on ne quitte pas l'hôpital avant. 10h, 10h30, même si à la fin, on n'est plus dans la même responsabilité. Donc, c'est différent. Et en fait, on apprend à les gérer. Mais tous différemment. Moi, en lendemain de garde, par exemple, je dors beaucoup. En fait, en obstétrique, on a des gardes. Et en gynéco, on a des gardes où on dort vraiment très peu. parce que c'est un service d'urgence, donc c'est comme les urgences classiques, il y a tout le temps des gens, et il y a tout le temps des accouchements. Donc en gros, on est tout le temps un peu réveillés, donc on dort très peu. Il y a des gardes exceptionnels, on dort 5 heures, mais là ça m'est peut-être arrivé une fois en 6 mois, sinon c'est entre 1 heure et peut-être 3 heures, quelque chose comme ça. Donc moi le lendemain je dors. Je dors au moins 3-4 heures, on va dire. Et après, il faut se réveiller. Donc ça, c'est un peu dur. C'est quelque chose qu'on apprend à faire. Parce qu'on sort d'un sommeil qui n'est pas comme les autres. C'est un sommeil vraiment d'épuisement. Et après, on peut réussir à faire des choses. Et petit à petit, on apprend à le vivre. Mais moi, j'ai des quarantaines qui ne dorment pas trop en lendemain de garde et qui ont appris à vivre avec la fatigue et à faire des choses. Donc en fait, ça dépend vraiment des gens.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque vous avez une urgence, que vous n'avez pas dormi, instinctif, vous êtes à l'éveil et alerte ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, ça dépend de l'urgence, on va dire. Mais si c'est une urgence absolue, on se réveille très vite finalement. On est habitué à être rappelé sur, par exemple, il y a un bébé qui ne va pas bien, il faut faire une césarienne en urgence extrême, donc il faut qu'on monte directement au bloc opératoire pour faire une césarienne. C'est un peu violent, c'est sûr. Donc, on sait le faire. On est en éveil. Mais c'est sûr que les décisions qu'on prend à 4h du matin, à 5h du matin, quand on n'a pas dormi, c'est sûr qu'on fait plus d'erreurs, je pense. Si on faisait des études, c'est sûr. Et je pense qu'il y en a, en fait. Je pense qu'on fait plus d'erreurs. Mais ce n'est pas ça. C'est qu'on prend plus de temps à faire les choses. C'est sûr que, vraiment, notre esprit, il n'est pas pareil que si on prenait une décision à 10h du matin après avoir dormi 7h la nuit.

  • Pascale Lafitte

    Et même dans ce moment où vous êtes... fatigué, le geste reste sûr parce que il y a la décision qu'on prend, mais il y a le geste que vous faites, physique, il reste sûr, lui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le geste, j'ai envie de dire que c'est ça qui est le plus sûr finalement, parce qu'on fait beaucoup de gestes répétitifs en fait, dans toutes les spécialités je pense. Mais la césarienne et le forceps, qui sont en gros les deux gestes qu'on fait en urgence le plus souvent, c'est des gestes qu'on fait souvent, et donc c'est des gestes qui reviennent facilement, et qui reviennent très vite en fait. Souvent, la fatigue ne va pas trop impacter. Moi, je n'ai pas l'impression, probablement, que forcément, ça doit avoir un impact. Mais je pense que c'est vraiment les décisions qui sont les plus dures à prendre quand on est fatigué. Vraiment se poser sur un dossier, des faits, et prendre une décision qui peut avoir des conséquences. Ça, c'est plus dur que de faire une césarienne en extrême urgence à 5h du matin. Ça, en vrai, on apprend à le faire, parce qu'on en a fait... Je ne sais même pas combien de césariennes j'ai fait, mais c'est énorme, je pense, le nombre de césariennes qu'on a tous faits pendant notre internat. Donc, ça revient très vite.

  • Pascale Lafitte

    Internant médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Dans la vie, il y a des événements qui finissent bien, mais malheureusement, il y en a d'autres qui finissent mal. Des accouchements difficiles, voire tragiques évidemment, ça arrive. Je lui ai demandé comment elle vivait ces moments dramatiques.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu dur en vrai parfois, mais je pense que c'est dans toutes les spécialités. Quand ça se passe mal, quand un bébé finit par aller mal, ou une maman parfois. c'est toujours très dur, ça arrive très rarement. Mais c'est sûr qu'appeler ça un traumatisme, pas forcément, ça peut l'être quand c'est vraiment, ça finit, c'est très grave, mais parfois c'est quand même quelque chose qui nous marque et qui va mettre un peu de temps à sortir de notre tête. On rentre avec, en fait, à la maison. C'est impossible de poser la valise à côté. Bien sûr, on ne peut pas garder ça éternellement. Bien sûr qu'on avance, sinon on ne peut pas pratiquer notre métier, c'est impossible. Mais c'est toujours quelque chose qui nous reste en tête et qui va marquer forcément le travail qu'on va faire plus tard, ça c'est sûr. Et d'ailleurs, les chefs en parlent des fois de certains accouchements qui les a particulièrement marqués. Et ça a vraiment influencé, enfin c'est sûr que ça influence après leur pratique future.

  • Pascale Lafitte

    On vous y prépare à ça ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On ne nous y prépare pas en fait, non.

  • Pascale Lafitte

    Mais vous vous y préparez ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Au début de l'internat, c'est un peu dur de s'y préparer, finalement. Mais après, en fonction... En fait, c'est toujours en fonction des stages. Mais les ressources, c'est vraiment les gens de l'hôpital. Nos chefs qui reviennent nous voir, qui nous disent Comment ça va ? Est-ce que t'as bien vécu ça ? Il faut qu'on en parle. Il y en a beaucoup qui le font, en fait. Et c'est vraiment bien. Et après, il y a des stages qui organisent des réunions avec des psychologues régulièrement. Et du coup, on peut discuter, soit en groupe, soit personnellement, je pense, si on le souhaite, de ces moments-là. Et donc ça, ça ne nous prépare pas, mais ça nous donne des ressources après pour en parler et pour aller de l'avant si jamais il se passe quelque chose. Donc ça, c'est plutôt bien. Mais je sais que ça n'existe pas partout. Mais c'est vrai qu'on ne nous en parle pas avant. Après, c'est normal. Je pense que c'est quelque chose qu'on apprend en le vivant.

  • Pascale Lafitte

    Qu'est-ce qui est le plus difficile dans l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Question très vaste. Qu'est-ce qui est le plus dur ? Franchement, le plus dur à gérer, je pense que c'est la fatigue. Je pense que c'est clairement très dur à gérer. En fonction des moments, ça peut atteindre notre humeur, ça peut atteindre notre vie personnelle, c'est sûr. Donc ça, c'est assez dur. Et après, la responsabilité qu'on a, ça peut être dur à gérer dans certaines situations, notamment quand ça finit par se passer mal dans certains cas. Il y a des moments qui sont un peu durs à gérer par rapport à ça. Mais le plus dur globalement, moi, j'y vois beaucoup de points positifs parce que j'adore ma spécialité, j'adore les gens avec qui je travaille, j'apprends plein de choses. Mais c'est sûr que la fatigue, parfois, ça peut vraiment miner le moral quand même.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites miner le moral, c'est que vous avez parfois beaucoup besoin de temps. Pour vous retrouver avec l'esprit complètement alerte et puis avec à nouveau l'énergie qu'on a pour qu'on ne soit pas fatigué. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    complètement. Ça peut prendre... Il y a des semaines entières un peu où on est vraiment un peu sur les rotules, sous l'eau, etc. Où c'est un peu dur de sortir du travail. C'est un peu dur. Même des fois, on devient désagréable avec les gens de... de notre vie personnelle, quoi. Notre famille, nos copains, copines, tout ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous avez des parents qui comprennent.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Mes parents, ils comprennent très bien. Alors ça, c'est très agréable. Mais même mes parents, ils savent que je travaille quand même beaucoup parce que déjà, leur internat est un peu loin. Je pense qu'eux aussi, ils ont travaillé beaucoup, mais c'est sûr qu'ils ont un peu oublié. Et la chirurgie, je pense qu'on a des horaires un peu particuliers qui peuvent être un peu difficiles à comprendre. Et eux, ils n'ont pas fait de spécialité où il y avait des gardes. Donc... Ils voient bien que je travaille beaucoup, mais ils sont très compréhensifs. Donc ça, c'est très bien. Et pareil, mon copain, il est en médecine, donc pareil, très compréhensif. Donc c'est bien. Mais en fait, au final, les gens qui nous comprennent le mieux, c'est les gens qui font notre spécialité, les gens avec qui on travaille tous les jours.

  • Pascale Lafitte

    Vraiment votre spécialité, même pas les médecins, les copains de promo ou autre ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, on fait tous un travail différent, finalement, même si ça paraît, pour tout le monde, pour les gens qui ne sont pas en médecine, ça paraît tous le même métier, on est médecin. Mais en fait, il y a quand même des choses qui n'ont rien à voir. Non, c'est sûr que les médecins comprennent beaucoup plus.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites qu'il y a des choses qui n'ont rien à voir, c'est carrément dans l'organisation, dans le rythme de vie, dans le rythme des gardes, dans les horaires que vous avez à tenir.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, dans les horaires. Déjà, en chirurgie, souvent, on commence hyper tôt. Par exemple, là, je suis en chirurgie en ce moment. Je commence à 6h45. Et encore, normalement, c'est 6h30, mais comme je suis tout le temps un peu en retard, c'est 6h45. Et je peux finir jusqu'à 19h30, 20h, des choses comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous opérez toute la journée ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On opère une grande partie de la journée. Après, on a beaucoup de parties administratives, on fait des papiers. on va voir les patients qu'on a opérés la veille, qu'on va opérer le lendemain, des choses comme ça. Donc ça, c'est toute une partie qui n'est pas partagée par tous les médecins. Et les gardes, pareil, en fait, tout le monde ne fait pas de garde. Et les gardes, en fait, en gynéco-obstétrique, je pense que c'est un peu particulier, parce que c'est des gardes où on ne dort pas beaucoup et où il n'y a pas beaucoup, je pense, de spécialités, où il y a des urgences très, très urgentes. Il y a la réanimation, c'est sûr, il y a des urgences très, très urgentes. Mais l'obstétrique, c'est pareil. Il y a des urgences très, très urgentes. Et ça, je pense que c'est assez fatigant, finalement. Je pense qu'on perd des points de vie. Et c'est sûr qu'on perd des points de vie parce que ça a été prouvé qu'il y avait plus de risques d'AVC, d'infarctus. Forcément, on raccourcit un peu notre vie en faisant ça parce qu'il y a eu plus de stress, etc. Donc, au final, les gens qui nous comprennent, je pense que c'est ceux qui font le réel. On le voit avec nous, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Vous prenez soin de vous ? Vous avez un rythme, une hygiène particulière ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne sais pas si je prends soin de moi, c'est le bon mot, mais je vois mes amis, je vois ma famille. Pour moi, ça fait beaucoup de prendre soin de moi. Après, je ne fais pas trop de sport parce que je ne suis pas très sportive, mais j'ai plein d'amis en échinéco qui font du sport et ça les libère un peu de toute cette pression. Et même quand ils sont fatigués, ça les aide beaucoup. Et après, il y a tous les trucs de plaisir qu'on essaie de faire. Sortir avec ses amis, faire des expos, dessiner, partir un peu en vacances quand on peut. Ça, ça fait partie de prendre soin de moi. Après, hygiène de vie, je ne mange pas très bien. Je ne mange pas tout le temps. Je ne fais pas de sport. Je ne sais pas si on peut parler d'une bonne hygiène de vie.

  • Pascale Lafitte

    Lorsqu'elle terminera son internat, elle aura... 31 ans et sera alors docteur en gynécologie obstétrique. J'ai voulu savoir si elle s'était préparée à cet après.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On est un peu obligé d'y réfléchir finalement parce que ça fonctionne un peu comme tous les travails, il faut demander un poste, il faut postuler. Par contre, c'est un peu plus simple je pense, parce que ça joue pas, on demande un poste. Donc en fait, on est obligé d'y penser assez tôt dans l'internat. Du coup, j'y ai déjà un petit peu pensé et il y a déjà des services où je veux... plus travailler que d'autres. Mais je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand même. Parce que je ne sais pas si je vais m'arrêter un an. Je ne sais pas ce que ce sera ma vie à ce moment-là. Je ne sais pas si ce serait plus chirurgienne ou plus obstétricienne. Donc, en fait, il y a quand même beaucoup d'incertants.

  • Pascale Lafitte

    Chirurgienne, ça veut dire que vous feriez un peu moins d'obstétrique, mais vous pouvez continuer à faire les deux.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, en fait, ça dépend d'où on travaille. Mais à Paris, dans les gros centres... On peut être un peu polyvalent, ça veut dire chirurgien et obstétricien, les premières années de chez Free, peut-être pendant les deux premières années. Puis après, souvent, on s'oriente. Mais quand on est chirurgien, souvent, on fait encore des gardes si on travaille dans une maternité. Donc, en fait, on est amené à faire de l'obstétrique pendant nos gardes, parce que c'est surtout l'obstétrique, en fait, les gardes. Par contre, si on part en province, ça va être des centres ou... En fait, dans les grosses villes. Il y a beaucoup de sur-spécialisations. Donc, c'est vrai qu'il faut plutôt s'orienter. Mais si je vais travailler dans une plus petite ville, en dehors de Paris, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui font les deux très bien.

  • Pascale Lafitte

    Là, vous ne savez pas. En fait, j'ai posé cette question. Aujourd'hui, vous ne savez pas. On imagine bien la situation quand le bébé est là, quand on a bien, quand la maman a la banane, quand le papa pleure des mousses. La chirurgie, on se dit que ça doit être autre chose.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est sûr. Ce n'est pas du tout la même ambiance. Ce n'est pas la même chose qu'on fait, mais c'est une énorme satisfaction. Franchement, nous, peut-être qu'on la vit un peu moins en tant qu'interne parce qu'on est là au bloc, on fait un acte chirurgical, qu'on prend le plaisir la plupart du temps. Mais ce n'est pas nous qui allons suivre la patiente parce qu'on change de stage tous les six mois, que nous, on ne fait pas de consultation. Donc, cette satisfaction, peut-être qu'on ne la vit pas pleinement. Mais je pense qu'il y a une grosse satisfaction à traiter des gens. qui ont un cancer du sein, la chirurgie, ça va les sauver. Et même un cancer de l'ovaire, ou même une patiente qui n'a pas de cancer, mais qui a un utérus, qui a des fibrons, par exemple. C'est une maladie qui est bénigne, mais qui fait beaucoup saigner, qui peut gâcher la vie d'une patiente. Enlever l'utérus à ce moment-là, ça peut vraiment changer la vie de cette patiente. Donc ça, c'est une énorme satisfaction. Ce n'est pas du tout la même chose. Mais c'est sûr qu'on peut trouver beaucoup de satisfaction en étant chirurgien.

  • Pascale Lafitte

    J'ai souvent entendu dire par vos collègues, il ne faut pas faire chier, on revient encore à ses horaires. Est-ce qu'être chirurgien, c'est un métier physique ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est un métier physique. En vrai, déjà, on est beaucoup debout. Donc les chirurgiens, en vrai, ils peuvent passer parfois la journée debout sur un des gros blocs. En gynéco, il n'y a pas beaucoup de très gros blocs, mais il y en a quand même. Donc, c'est sûr que c'est physique. Des fois, on est dans des positions inconfortables, etc. Donc, c'est plus physique que certaines spécialités où on est plus soit au lit du malade ou dans un bureau, etc. Même si ça ne change rien en mérite de l'un ou de l'autre. Mais c'est vrai que ce n'est pas du tout la même chose. D'ailleurs, je pense qu'il y a beaucoup plus de chirurgiens qui ont mal aux dos, qui ont mal aux articulations, etc. que des médecins qui ne font pas de chirurgie.

  • Pascale Lafitte

    On a l'impression que c'est un métier qui use. C'est un métier que vous aviez.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Ça use, mais... Ça use peut-être plus en tant qu'interne qu'en tant que chef. Finalement, nous, on peut passer... Là, je passe une semaine au bloc à la fin de la semaine. Je suis usée, ça, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Mais le chef passe moins de temps au bloc ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le chef, nous, on opère avec tous les chefs toute la semaine. Mais en fait, les chefs, ils ne sont pas tous les jours au bloc. Ils ont, je pense, un ou deux jours de bloc par semaine. Puis après, ils voient leurs patientes qui ont opéré, les patientes qui vont opérer. Ils font des examens complémentaires, des choses comme ça. C'est sûr que ça use, mais c'est quand même bien. On dirait que ce n'est pas bien là comme ça,

  • Pascale Lafitte

    mais c'est quand même très bien. Non, non, ce n'est pas ça. C'est qu'on se dit qu'interne, c'est un vrai métier, or vous êtes des étudiants.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est vrai que c'est un vrai paradoxe. Des fois, on a l'impression qu'on est... Dans la peau d'un médecin, des fois dans la peau d'un étudiant, ça peut changer du tout au tout en deux minutes. Mais c'est vrai que c'est un statut assez inédit, je pense. Après, en vrai, on apprend, on est payé. Enfin, on est payé quand même. Et on apprend notre métier vraiment dans le vif du sujet, sur le terrain. Donc, c'est particulier. Mais bon, je pense que c'est très difficile d'apprendre ce métier autrement.

  • Pascale Lafitte

    Vos parents sont fiers aujourd'hui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    J'espère qu'ils laissent vous en parler avec eux. J'en parle un peu avec eux, en fait. Ça vient vite dans les conversations, quand même. On parle aussi de plein d'autres choses. Je pense qu'ils sont quand même fiers après le fait que je sois médecin. Par exemple, mon frère qui est enfant de médecin et qui a une sœur médecin, n'est pas du tout médecin. Et je pense qu'ils ont une fierté aussi très importante pour mon frère, que ça ne dépend pas forcément du métier. Après... C'est vrai que je pense qu'ils sont contents parce que c'est quelque chose qu'ils aiment et du coup, que je le fasse, ça leur fait plaisir en fait.

  • Pascale Lafitte

    Cette fierté dont je parlais, c'est celle d'avoir réussi à transmettre, parce que je suppose que vous avez été passionnée. Je me dis que vous avez grandi dans une famille de passionnées. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    c'est vrai. Oui, c'est vrai, mes parents étaient passionnés. Donc,

  • Pascale Lafitte

    ils doivent avoir cette... Ben, c'est... ce contentement d'avoir réussi à transmettre une passion.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, je pense qu'ils l'ont, en vrai. Mais mon père, je pense qu'il a la déception que je ne fasse pas exactement la même chose que lui, tellement il est passionné de ce qu'il fait. Ma mère, je pense qu'elle est contente d'avoir transmis. Non, en vrai, je pense qu'ils sont assez fiers, enfin, je l'espère. Et en plus, peut-être qu'ils se reconnaissent, peut-être qu'ils comprennent un peu ce que je fais, que ça leur fait vraiment plaisir. ça leur fait vraiment plaisir finalement, même si je ne fais pas exactement la même chose. Il y a beaucoup de points communs en fait, la médecine, il y a beaucoup de points communs.

  • Pascale Lafitte

    La France enregistre en moyenne chaque année plus de 670 000 naissances. Environ 21% se font par césarienne, intervention nécessitant la présence d'un chirurgien obstétricien. Le nombre total d'interventions pour le cancer du sein en France chaque année est en augmentation. Il est aujourd'hui estimé à 80 000, incluant les masectomies totales et partielles. Hors paradoxe, pour l'année universitaire 2024-2025, 203 postes d'internes en gynécologie obstétrique ont été ouverts, soit une diminution de 34 postes par rapport à l'année passée. Merci de nous avoir écoutés. Si vous aimez ces entretiens, alors partagez-les. Et n'oubliez pas, internes en médecine, le podcast est à suivre sans ordonnance ni modération. A très vite !

Chapters

  • Introduction au podcast et à l'invitée

    00:09

  • L'impact de l'internat sur la vie personnelle

    00:21

  • Parcours et choix de spécialité en médecine

    01:14

  • Premiers jours et expérience en internat

    01:49

  • Gestion des gardes et du manque de sommeil

    04:35

  • Moments difficiles et gestion des émotions

    11:21

  • Défis de l'internat et équilibre de vie

    17:59

  • Réflexions sur l'avenir et la carrière médicale

    22:57

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Description

"J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital !" Dans cet épisode d'Interne en médecine, nous faisons la connaissance d'une jeune femme lumineuse, interne en gynécologie obstétrique à Paris. 🐣 Elle nous raconte ses débuts à l'internat, ses expériences en chirurgie, ses premières césariennes, premiers accouchements, ses parents médecins tout les deux, son amoureux médecins lui aussi… 👨‍⚕️


Au fil de notre conversation, elle partage les défis qu'elle rencontre, la gestion de la fatigue lors des gardes de 24 heures, la pression de gérer des urgences seule. 👩‍⚕️Ce sont des questions que beaucoup d'internes se posent, et elle aborde ces sujets avec une grande sincérité.


Elle parle également de la féminisation croissante de la profession médicale 🚺, souligne l'importance de la solidarité entre internes et chefs, et comment cette entraide est essentielle pour dépasser les moments difficiles. Dans un monde où le stress émotionnel peut parfois sembler écrasant, elle décrit les ressources disponibles pour gérer ces situations, notamment après des événements tragiques. Interne, médecin, étudiante… qu'importe, son travail requiert non seulement des compétences techniques 💉, mais aussi une résilience émotionnelle.


En fin d'épisode, elle partage ses réflexions sur l'avenir et l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Comment peut-on continuer à nourrir sa passion 😍 pour la médecine tout en prenant soin de soi ? C'est une question cruciale pour tout professionnel de la santé, et ses réponses sont à la fois inspirantes et réalistes.🏥


Rejoignez-nous pour cet échange enrichissant qui met en lumière le quotidien d'une interne en médecine, ses défis, ses réussites. Cet épisode est une véritable invitation à découvrir le monde de la médecine à travers les yeux d'une jeune professionnelle lucide, passionnée, lumineuse. 🔆🌞


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte.

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Et si ce podcast vous séduit, alors partagez-le avec vos proches, amis, collègues, voisins et votre médecin aussi qui a peut-être enfouit sous une montagne d’antibiotiques et de prescriptions ses années d’internat.😅


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Laffitte, je vous présente Internes en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, l'internat, ça prend quand même une grande partie de la vie. C'est sûr que c'est le moins, en fait. Parce que j'ai beaucoup d'amis pas médecins, j'ai plus d'amis pas médecins que d'amis médecins, donc on se rend compte de la longueur quand on voit que tous les gens autour de nous ne font plus d'études. Ça, c'est sûr que... Quand on voit que ça fait des années déjà qu'ils travaillent, qu'ils ont un salaire. Bon, un salaire maintenant. Donc ça, c'est sûr que c'est long. Mais moi, j'aime bien le côté de faire encore des études, d'avoir encore des cours internes, d'apprendre. J'aime bien ça. Je pense que c'est une partie de la vie qu'au final, quand on n'est plus vieux chef, pas qu'on regrette parce qu'il y a plein de désavantages, mais qu'on retient avec. avec vraiment un bon souvenir.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée, vous venez de découvrir sa voix et son rire aussi. Moi, j'adore son rire. Notre invitée est interne en gynécologie obstétrique à Paris. Elle réalise des accouchements, intervient comme chirurgienne, césarienne, forceps, hémorragie, chirurgie gynécologique, également utérus, sein, cancer, ablation de kyste, entre autres choses. Lorsque nous nous sommes rencontrées, elle terminait un semestre à l'hôpital intercommunal de Créteil. le CHIC, grosse maternité et gros centre de chirurgie. Aujourd'hui, elle travaille en chirurgie digestive à l'hôpital Saint-Joseph à Paris, où elle effectue un des deux semestres obligatoires de son internat, en dehors de sa spécialité. En préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Être médecin, ça m'est venu assez naturellement. En fait, j'ai deux parents médecins, donc peut-être que ça a joué. J'ai eu une période très... en opposition par rapport à ça, parce que mes parents travaillaient beaucoup. Mais finalement, je me suis dirigée un peu naturellement vers ça. Au lycée, j'étais plus science, et puis la médecine, le service. J'avais vraiment besoin de quelque chose où je me sentais utile et où je me lançais dans quelque chose où je savais où ça allait aller. Et ça me plaisait en médecine de me dire je vais être médecin, je vais servir, je vais avoir toujours un but dans ma vie. Il y a l'opposition à un moment où peut-être j'étais ado, donc je me disais je vais faire autre chose que mes parents. Mais finalement, j'ai quand même baigné là-dedans toute ma vie. L'hôpital, c'est un endroit, je sais, qui peut faire peur à plein de gens. Mais moi, j'y ai été plein de fois quand j'étais enfant. J'en entendais tout le temps parler. Donc, c'était vraiment un lieu plutôt familier pour moi.

  • Pascale Lafitte

    Votre choix comme spécialité, vous nous l'avez expliqué, c'est l'obstétrique qui inclut de la chirurgie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Il y a de la chirurgie,

  • Pascale Lafitte

    oui. Il y a de la chirurgie. Ce choix-là, c'est un choix... Toi, qui a été évident aussi, c'est quelque chose qui vous vient de vos parents aussi ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Non, pas du tout. Mes parents, ils sont pneumologues, les deux. Donc, ils travaillent dans le poumon. Rien à voir. Mais j'ai fait des stages et c'est quelque chose qui m'a tout de suite plu parce qu'il y a du geste technique, de la chirurgie. Et puis, il y a de l'urgence. Donc, j'aimais beaucoup ce truc de quelque chose qui donne de l'adrénaline, qui change un peu tous les jours. Et aussi, il y a beaucoup de moments d'émotion. On traîne des femmes qui sont en obstétrique, surtout pour les naissances, qui ne sont pas malades. En fait, c'est des moments de vie heureuses et ce n'est pas des choses qu'on voit beaucoup en médecine. Donc, c'est aussi quelque chose qui m'a attirée. Du coup, je n'étais pas sûre. Ce n'était pas une vocation, mais je me suis lancée là-dedans en me disant que j'allais pouvoir changer si jamais je n'aimais pas. Et finalement, je n'ai pas changé.

  • Pascale Lafitte

    Le milieu hospitalier, c'est quelque chose pour vous qui représente une adrénaline ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, tout à fait. J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital parce que j'adore le travail en équipe. Je trouve que c'est quelque chose qui apporte énormément en termes de relations sociales et même en termes professionnels. En fait, c'est là qu'on apprend le plus, j'ai l'impression. Et j'aime bien ce qu'on... Enfin, moi, j'adore le concept de l'hôpital public, de traiter des gens de différentes origines, différentes classes sociales, différentes... Voilà. Donc, j'adore ça et je pense que c'est un truc qu'on... Enfin, on retrouve ça en cabinet, les médecins généralistes, ils retrouvent trouve ça, mais ça, ça me plaît beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Parlez-moi de votre première journée. Racontez-moi votre première journée d'internat.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, ce n'est pas les premières journées les plus dures, en fait. C'est plutôt dans le premier mois, au moment où ils nous lâchent un peu, où la nuit, on est seul, où on doit gérer les urgences, parce que nous, on est un service d'urgence, donc il y a les urgences gynécologiques et obstétricales, où il y a des patientes qu'on voit seules sans le chef. Donc ça, ces premières gardes, là, ça, c'est vraiment... assez stressant parce qu'on sent qu'on a une responsabilité et on a un peu le syndrome de l'imposteur. On se dit, est-ce que vraiment j'ai les capacités de traiter ça seul ? Bon, finalement, ça s'apprend et aujourd'hui, je pense qu'il n'y a pas trop d'accidents. Enfin, je veux dire, les médecins sont beaucoup là, les chefs, et donc ça, ça nous aide beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Je vous laisse boire un peu de votre thé.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu chaud.

  • Pascale Lafitte

    Je pose des questions, mais... Vous n'avez rien. Oups. Rien but de votre thé. Vous me disiez, les médecins sont là. On est quand même seuls face à la patiente. Comment ça se passe ? Donc, vous êtes seuls. Si vous avez la moindre question, vous prenez votre téléphone et vous appelez un médecin. C'est tout simple ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est tout simple. C'est tout simple, en fait, on est seul. Par exemple, la nuit, les urgences gynécologiques, on les voit seuls. Donc, il y a beaucoup de choses qu'on peut gérer seul, en fait, la plupart des choses. Mais dès qu'on a un doute, surtout au début, où il y a plein de choses qu'on ne sait pas gérer, on peut appeler le médecin. Après, comme je pense tous les internes, on a tous vécu ce truc où on a peur, en fait, d'appeler le chef la nuit. La nuit, en fait, on tord quand on peut. Donc, lui, eux, ils dorment. Mais la plupart, en tout cas que moi j'ai croisé dans mon internat, il y a toujours des chefs plus ou moins gentils comme dans tout le monde. Donc des chefs qui vont nous envoyer bouler, mais globalement ils sont tous assez accessibles. Donc en fait on les appelle et ils nous répondent. Il faut juste qu'on ose le faire.

  • Pascale Lafitte

    Les patients connaissent bien maintenant la différence entre le docteur, l'interne, l'infirmière, la sage-femme, puisque vous avez aussi les sages-femmes qui sont avec vous.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je pense qu'ils connaissent pas mal. Enfin, ça dépend des gens. Mais après, l'interne, c'est un peu plus compliqué à faire comprendre parce qu'on est quand même médecin. Donc, on dit qu'on est les médecins, mais on est quand même des médecins qui ont une supervision. Donc, c'est un peu plus difficile pour eux à comprendre. Il y en a qui sont plus réticents par rapport à ça, qui veulent voir des chefs, etc. Mais ce n'est pas la plupart des gens. La plupart des gens, ils nous font. confiance et donc ils connaissent cette différence-là. Après, avec les personnels paramédicals, les infirmières, etc., souvent, ils le connaissent. Après, quand on est une femme, on a toujours tous vécu ce moment où on nous considère comme une infirmière à plusieurs reprises. Et ça arrive encore. Donc ça, ça arrive souvent parce que les vieux patients, nous, ça n'arrive pas trop en maternité, mais quand même, ils ont l'impression qu'en fait, ça va être une femme qui va être l'infirmière et le médecin, souvent, ça va être un homme. Mais en gynéco, un peu moins. surtout en obstétrique, parce qu'on a beaucoup de femmes gynécologues. Mais en chirurgie, les gens, ils ont quand même une vision du chirurgien comme étant un homme. Donc ça, on est souvent confrontés à ce genre de confusion.

  • Pascale Lafitte

    On dit plus chirurgien que chirurgienne. On l'entend rarement, en fait, le mot chirurgienne.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, on l'entend rarement. Pourtant, c'est quand même... Là, par exemple, dans mon stage, je pense qu'il y a la moitié de ceux qui font, par exemple, du cancer, vraiment qui font de la chirurgie, pas de l'obstétrique, qui sont des femmes. et la moitié qui sont des hommes du coup. Donc en fait, de plus en plus, ça va changer, j'espère.

  • Pascale Lafitte

    En France, selon une enquête de l'INSEE réalisée en 2022, le taux de féminisation des gynécologues obstétriciens est de 52,6%. Une tendance qui reflète une plus grande féminisation de la profession médicale en général, particulièrement dans certaines spécialités, par exemple la pédiatrie, l'endocrinologie, la gynécologie médicale et la dermatologie qui comptent 70% de femmes. parmi leurs praticiens. Idem chez les médecins généralistes de moins de 40 ans où les femmes représentent 65% des effectifs. Interne en gynécologie obstétrique, j'ai eu envie de savoir quel souvenir avait notre invitée de son premier accouchement et si elle supposait son souvenir toute sa vie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne pense pas parce que moi-même, je ne m'en souviens pas trop. Et ça, ça déçoit beaucoup de gens quand ils me disent Mais c'est quoi le prénom du premier bébé que tu as fait naître ? Et en fait, je ne m'en souviens pas. Mais après, on se souvient beaucoup des accouchements marquants. Mais du coup, on est encadrés. Donc en fait, on ne vit même pas comme si c'était notre premier accouchement. Au début, c'est le premier accouchement où on est là avec une sage-femme, où on fait ça à quatre mains, puis ensuite avec un chef, puis petit à petit, on fait des accouchements seuls. Puis après, on fait des… des forceps, des extractions instrumentales, ce qu'on appelle des forceps, seules, puis les césariennes, c'est tout le temps avec un chef. Mais en tout cas, ça arrive très progressivement.

  • Pascale Lafitte

    Tout le temps un chef ? Un interne ne fait pas une césarienne seule ? Et jusqu'à la fin de l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, jusqu'à la fin. En fait, c'est juste que la chirurgie nécessite au moins deux personnes, parce que sinon, c'est pas possible de la faire. C'est pas possible. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin d'aide, en fait, opératoire. On a besoin qu'on nous montre, enfin, qu'on nous expose. Enfin, je ne sais pas comment expliquer, qu'on nous aide à enlever le sang qui nous gêne, à tenir le fil quand on est en train de suturer, des choses comme ça. Donc déjà, c'est pratique. Et puis après, par contre, on commence à faire des césariennes. Seule, ça veut dire qu'on fait toute la césarienne de A à Z assez tôt. Fin de premier semestre, deuxième semestre, les césariennes faciles. Mais le chef est toujours là. Parce qu'une césarienne, c'est quand même une chirurgie, il y a quand même des risques, il peut y avoir des complications. Et donc, il faut toujours qu'il y ait un chef sur place quand même.

  • Pascale Lafitte

    La première opération,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    la première intervention, c'est une césarienne que j'ai faite. Nous, on était tout au début de mon internat. J'étais dans un stage où ils nous encadraient vraiment très bien et donc on doublait un autre internat, un internat plus vieux. Et donc, quand j'étais en premier semestre, j'étais par exemple avec un interne de troisième semestre qui faisait la césarienne et moi, j'étais à côté. Et puis, ça, c'est la première césarienne que j'ai faite. Et petit à petit, il nous laisse la main sur des parties de l'intervention. Et puis après, on est seul. Mais par exemple, on ne prend pas de garde avant un mois. Dans mon stage, il y a des stages où ils prennent les gardes dès le début. Ça peut être très dur. Mais nous, on n'a pas pris de garde avant un mois d'internat. Donc, on savait déjà faire des choses et c'était beaucoup moins déroutant.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque je discute avec des internes que nous échangeons sur leur quotidien à l'hôpital, un sujet revient tout le temps, ce sont les gardes. La garde, c'est une nuit de travail qui succède à une journée de travail. Du coup, lorsqu'il est en garde, l'interne travaille généralement 24 heures d'affilée. Pas facile. J'ai demandé à notre invitée interne en gynécologie obstétrique comment elle gérait le manque de sommeil. Ouais,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    les gardes, c'est 24 heures. En fait, finalement, on ne quitte pas l'hôpital avant. 10h, 10h30, même si à la fin, on n'est plus dans la même responsabilité. Donc, c'est différent. Et en fait, on apprend à les gérer. Mais tous différemment. Moi, en lendemain de garde, par exemple, je dors beaucoup. En fait, en obstétrique, on a des gardes. Et en gynéco, on a des gardes où on dort vraiment très peu. parce que c'est un service d'urgence, donc c'est comme les urgences classiques, il y a tout le temps des gens, et il y a tout le temps des accouchements. Donc en gros, on est tout le temps un peu réveillés, donc on dort très peu. Il y a des gardes exceptionnels, on dort 5 heures, mais là ça m'est peut-être arrivé une fois en 6 mois, sinon c'est entre 1 heure et peut-être 3 heures, quelque chose comme ça. Donc moi le lendemain je dors. Je dors au moins 3-4 heures, on va dire. Et après, il faut se réveiller. Donc ça, c'est un peu dur. C'est quelque chose qu'on apprend à faire. Parce qu'on sort d'un sommeil qui n'est pas comme les autres. C'est un sommeil vraiment d'épuisement. Et après, on peut réussir à faire des choses. Et petit à petit, on apprend à le vivre. Mais moi, j'ai des quarantaines qui ne dorment pas trop en lendemain de garde et qui ont appris à vivre avec la fatigue et à faire des choses. Donc en fait, ça dépend vraiment des gens.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque vous avez une urgence, que vous n'avez pas dormi, instinctif, vous êtes à l'éveil et alerte ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, ça dépend de l'urgence, on va dire. Mais si c'est une urgence absolue, on se réveille très vite finalement. On est habitué à être rappelé sur, par exemple, il y a un bébé qui ne va pas bien, il faut faire une césarienne en urgence extrême, donc il faut qu'on monte directement au bloc opératoire pour faire une césarienne. C'est un peu violent, c'est sûr. Donc, on sait le faire. On est en éveil. Mais c'est sûr que les décisions qu'on prend à 4h du matin, à 5h du matin, quand on n'a pas dormi, c'est sûr qu'on fait plus d'erreurs, je pense. Si on faisait des études, c'est sûr. Et je pense qu'il y en a, en fait. Je pense qu'on fait plus d'erreurs. Mais ce n'est pas ça. C'est qu'on prend plus de temps à faire les choses. C'est sûr que, vraiment, notre esprit, il n'est pas pareil que si on prenait une décision à 10h du matin après avoir dormi 7h la nuit.

  • Pascale Lafitte

    Et même dans ce moment où vous êtes... fatigué, le geste reste sûr parce que il y a la décision qu'on prend, mais il y a le geste que vous faites, physique, il reste sûr, lui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le geste, j'ai envie de dire que c'est ça qui est le plus sûr finalement, parce qu'on fait beaucoup de gestes répétitifs en fait, dans toutes les spécialités je pense. Mais la césarienne et le forceps, qui sont en gros les deux gestes qu'on fait en urgence le plus souvent, c'est des gestes qu'on fait souvent, et donc c'est des gestes qui reviennent facilement, et qui reviennent très vite en fait. Souvent, la fatigue ne va pas trop impacter. Moi, je n'ai pas l'impression, probablement, que forcément, ça doit avoir un impact. Mais je pense que c'est vraiment les décisions qui sont les plus dures à prendre quand on est fatigué. Vraiment se poser sur un dossier, des faits, et prendre une décision qui peut avoir des conséquences. Ça, c'est plus dur que de faire une césarienne en extrême urgence à 5h du matin. Ça, en vrai, on apprend à le faire, parce qu'on en a fait... Je ne sais même pas combien de césariennes j'ai fait, mais c'est énorme, je pense, le nombre de césariennes qu'on a tous faits pendant notre internat. Donc, ça revient très vite.

  • Pascale Lafitte

    Internant médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Dans la vie, il y a des événements qui finissent bien, mais malheureusement, il y en a d'autres qui finissent mal. Des accouchements difficiles, voire tragiques évidemment, ça arrive. Je lui ai demandé comment elle vivait ces moments dramatiques.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu dur en vrai parfois, mais je pense que c'est dans toutes les spécialités. Quand ça se passe mal, quand un bébé finit par aller mal, ou une maman parfois. c'est toujours très dur, ça arrive très rarement. Mais c'est sûr qu'appeler ça un traumatisme, pas forcément, ça peut l'être quand c'est vraiment, ça finit, c'est très grave, mais parfois c'est quand même quelque chose qui nous marque et qui va mettre un peu de temps à sortir de notre tête. On rentre avec, en fait, à la maison. C'est impossible de poser la valise à côté. Bien sûr, on ne peut pas garder ça éternellement. Bien sûr qu'on avance, sinon on ne peut pas pratiquer notre métier, c'est impossible. Mais c'est toujours quelque chose qui nous reste en tête et qui va marquer forcément le travail qu'on va faire plus tard, ça c'est sûr. Et d'ailleurs, les chefs en parlent des fois de certains accouchements qui les a particulièrement marqués. Et ça a vraiment influencé, enfin c'est sûr que ça influence après leur pratique future.

  • Pascale Lafitte

    On vous y prépare à ça ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On ne nous y prépare pas en fait, non.

  • Pascale Lafitte

    Mais vous vous y préparez ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Au début de l'internat, c'est un peu dur de s'y préparer, finalement. Mais après, en fonction... En fait, c'est toujours en fonction des stages. Mais les ressources, c'est vraiment les gens de l'hôpital. Nos chefs qui reviennent nous voir, qui nous disent Comment ça va ? Est-ce que t'as bien vécu ça ? Il faut qu'on en parle. Il y en a beaucoup qui le font, en fait. Et c'est vraiment bien. Et après, il y a des stages qui organisent des réunions avec des psychologues régulièrement. Et du coup, on peut discuter, soit en groupe, soit personnellement, je pense, si on le souhaite, de ces moments-là. Et donc ça, ça ne nous prépare pas, mais ça nous donne des ressources après pour en parler et pour aller de l'avant si jamais il se passe quelque chose. Donc ça, c'est plutôt bien. Mais je sais que ça n'existe pas partout. Mais c'est vrai qu'on ne nous en parle pas avant. Après, c'est normal. Je pense que c'est quelque chose qu'on apprend en le vivant.

  • Pascale Lafitte

    Qu'est-ce qui est le plus difficile dans l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Question très vaste. Qu'est-ce qui est le plus dur ? Franchement, le plus dur à gérer, je pense que c'est la fatigue. Je pense que c'est clairement très dur à gérer. En fonction des moments, ça peut atteindre notre humeur, ça peut atteindre notre vie personnelle, c'est sûr. Donc ça, c'est assez dur. Et après, la responsabilité qu'on a, ça peut être dur à gérer dans certaines situations, notamment quand ça finit par se passer mal dans certains cas. Il y a des moments qui sont un peu durs à gérer par rapport à ça. Mais le plus dur globalement, moi, j'y vois beaucoup de points positifs parce que j'adore ma spécialité, j'adore les gens avec qui je travaille, j'apprends plein de choses. Mais c'est sûr que la fatigue, parfois, ça peut vraiment miner le moral quand même.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites miner le moral, c'est que vous avez parfois beaucoup besoin de temps. Pour vous retrouver avec l'esprit complètement alerte et puis avec à nouveau l'énergie qu'on a pour qu'on ne soit pas fatigué. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    complètement. Ça peut prendre... Il y a des semaines entières un peu où on est vraiment un peu sur les rotules, sous l'eau, etc. Où c'est un peu dur de sortir du travail. C'est un peu dur. Même des fois, on devient désagréable avec les gens de... de notre vie personnelle, quoi. Notre famille, nos copains, copines, tout ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous avez des parents qui comprennent.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Mes parents, ils comprennent très bien. Alors ça, c'est très agréable. Mais même mes parents, ils savent que je travaille quand même beaucoup parce que déjà, leur internat est un peu loin. Je pense qu'eux aussi, ils ont travaillé beaucoup, mais c'est sûr qu'ils ont un peu oublié. Et la chirurgie, je pense qu'on a des horaires un peu particuliers qui peuvent être un peu difficiles à comprendre. Et eux, ils n'ont pas fait de spécialité où il y avait des gardes. Donc... Ils voient bien que je travaille beaucoup, mais ils sont très compréhensifs. Donc ça, c'est très bien. Et pareil, mon copain, il est en médecine, donc pareil, très compréhensif. Donc c'est bien. Mais en fait, au final, les gens qui nous comprennent le mieux, c'est les gens qui font notre spécialité, les gens avec qui on travaille tous les jours.

  • Pascale Lafitte

    Vraiment votre spécialité, même pas les médecins, les copains de promo ou autre ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, on fait tous un travail différent, finalement, même si ça paraît, pour tout le monde, pour les gens qui ne sont pas en médecine, ça paraît tous le même métier, on est médecin. Mais en fait, il y a quand même des choses qui n'ont rien à voir. Non, c'est sûr que les médecins comprennent beaucoup plus.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites qu'il y a des choses qui n'ont rien à voir, c'est carrément dans l'organisation, dans le rythme de vie, dans le rythme des gardes, dans les horaires que vous avez à tenir.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, dans les horaires. Déjà, en chirurgie, souvent, on commence hyper tôt. Par exemple, là, je suis en chirurgie en ce moment. Je commence à 6h45. Et encore, normalement, c'est 6h30, mais comme je suis tout le temps un peu en retard, c'est 6h45. Et je peux finir jusqu'à 19h30, 20h, des choses comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous opérez toute la journée ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On opère une grande partie de la journée. Après, on a beaucoup de parties administratives, on fait des papiers. on va voir les patients qu'on a opérés la veille, qu'on va opérer le lendemain, des choses comme ça. Donc ça, c'est toute une partie qui n'est pas partagée par tous les médecins. Et les gardes, pareil, en fait, tout le monde ne fait pas de garde. Et les gardes, en fait, en gynéco-obstétrique, je pense que c'est un peu particulier, parce que c'est des gardes où on ne dort pas beaucoup et où il n'y a pas beaucoup, je pense, de spécialités, où il y a des urgences très, très urgentes. Il y a la réanimation, c'est sûr, il y a des urgences très, très urgentes. Mais l'obstétrique, c'est pareil. Il y a des urgences très, très urgentes. Et ça, je pense que c'est assez fatigant, finalement. Je pense qu'on perd des points de vie. Et c'est sûr qu'on perd des points de vie parce que ça a été prouvé qu'il y avait plus de risques d'AVC, d'infarctus. Forcément, on raccourcit un peu notre vie en faisant ça parce qu'il y a eu plus de stress, etc. Donc, au final, les gens qui nous comprennent, je pense que c'est ceux qui font le réel. On le voit avec nous, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Vous prenez soin de vous ? Vous avez un rythme, une hygiène particulière ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne sais pas si je prends soin de moi, c'est le bon mot, mais je vois mes amis, je vois ma famille. Pour moi, ça fait beaucoup de prendre soin de moi. Après, je ne fais pas trop de sport parce que je ne suis pas très sportive, mais j'ai plein d'amis en échinéco qui font du sport et ça les libère un peu de toute cette pression. Et même quand ils sont fatigués, ça les aide beaucoup. Et après, il y a tous les trucs de plaisir qu'on essaie de faire. Sortir avec ses amis, faire des expos, dessiner, partir un peu en vacances quand on peut. Ça, ça fait partie de prendre soin de moi. Après, hygiène de vie, je ne mange pas très bien. Je ne mange pas tout le temps. Je ne fais pas de sport. Je ne sais pas si on peut parler d'une bonne hygiène de vie.

  • Pascale Lafitte

    Lorsqu'elle terminera son internat, elle aura... 31 ans et sera alors docteur en gynécologie obstétrique. J'ai voulu savoir si elle s'était préparée à cet après.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On est un peu obligé d'y réfléchir finalement parce que ça fonctionne un peu comme tous les travails, il faut demander un poste, il faut postuler. Par contre, c'est un peu plus simple je pense, parce que ça joue pas, on demande un poste. Donc en fait, on est obligé d'y penser assez tôt dans l'internat. Du coup, j'y ai déjà un petit peu pensé et il y a déjà des services où je veux... plus travailler que d'autres. Mais je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand même. Parce que je ne sais pas si je vais m'arrêter un an. Je ne sais pas ce que ce sera ma vie à ce moment-là. Je ne sais pas si ce serait plus chirurgienne ou plus obstétricienne. Donc, en fait, il y a quand même beaucoup d'incertants.

  • Pascale Lafitte

    Chirurgienne, ça veut dire que vous feriez un peu moins d'obstétrique, mais vous pouvez continuer à faire les deux.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, en fait, ça dépend d'où on travaille. Mais à Paris, dans les gros centres... On peut être un peu polyvalent, ça veut dire chirurgien et obstétricien, les premières années de chez Free, peut-être pendant les deux premières années. Puis après, souvent, on s'oriente. Mais quand on est chirurgien, souvent, on fait encore des gardes si on travaille dans une maternité. Donc, en fait, on est amené à faire de l'obstétrique pendant nos gardes, parce que c'est surtout l'obstétrique, en fait, les gardes. Par contre, si on part en province, ça va être des centres ou... En fait, dans les grosses villes. Il y a beaucoup de sur-spécialisations. Donc, c'est vrai qu'il faut plutôt s'orienter. Mais si je vais travailler dans une plus petite ville, en dehors de Paris, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui font les deux très bien.

  • Pascale Lafitte

    Là, vous ne savez pas. En fait, j'ai posé cette question. Aujourd'hui, vous ne savez pas. On imagine bien la situation quand le bébé est là, quand on a bien, quand la maman a la banane, quand le papa pleure des mousses. La chirurgie, on se dit que ça doit être autre chose.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est sûr. Ce n'est pas du tout la même ambiance. Ce n'est pas la même chose qu'on fait, mais c'est une énorme satisfaction. Franchement, nous, peut-être qu'on la vit un peu moins en tant qu'interne parce qu'on est là au bloc, on fait un acte chirurgical, qu'on prend le plaisir la plupart du temps. Mais ce n'est pas nous qui allons suivre la patiente parce qu'on change de stage tous les six mois, que nous, on ne fait pas de consultation. Donc, cette satisfaction, peut-être qu'on ne la vit pas pleinement. Mais je pense qu'il y a une grosse satisfaction à traiter des gens. qui ont un cancer du sein, la chirurgie, ça va les sauver. Et même un cancer de l'ovaire, ou même une patiente qui n'a pas de cancer, mais qui a un utérus, qui a des fibrons, par exemple. C'est une maladie qui est bénigne, mais qui fait beaucoup saigner, qui peut gâcher la vie d'une patiente. Enlever l'utérus à ce moment-là, ça peut vraiment changer la vie de cette patiente. Donc ça, c'est une énorme satisfaction. Ce n'est pas du tout la même chose. Mais c'est sûr qu'on peut trouver beaucoup de satisfaction en étant chirurgien.

  • Pascale Lafitte

    J'ai souvent entendu dire par vos collègues, il ne faut pas faire chier, on revient encore à ses horaires. Est-ce qu'être chirurgien, c'est un métier physique ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est un métier physique. En vrai, déjà, on est beaucoup debout. Donc les chirurgiens, en vrai, ils peuvent passer parfois la journée debout sur un des gros blocs. En gynéco, il n'y a pas beaucoup de très gros blocs, mais il y en a quand même. Donc, c'est sûr que c'est physique. Des fois, on est dans des positions inconfortables, etc. Donc, c'est plus physique que certaines spécialités où on est plus soit au lit du malade ou dans un bureau, etc. Même si ça ne change rien en mérite de l'un ou de l'autre. Mais c'est vrai que ce n'est pas du tout la même chose. D'ailleurs, je pense qu'il y a beaucoup plus de chirurgiens qui ont mal aux dos, qui ont mal aux articulations, etc. que des médecins qui ne font pas de chirurgie.

  • Pascale Lafitte

    On a l'impression que c'est un métier qui use. C'est un métier que vous aviez.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Ça use, mais... Ça use peut-être plus en tant qu'interne qu'en tant que chef. Finalement, nous, on peut passer... Là, je passe une semaine au bloc à la fin de la semaine. Je suis usée, ça, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Mais le chef passe moins de temps au bloc ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le chef, nous, on opère avec tous les chefs toute la semaine. Mais en fait, les chefs, ils ne sont pas tous les jours au bloc. Ils ont, je pense, un ou deux jours de bloc par semaine. Puis après, ils voient leurs patientes qui ont opéré, les patientes qui vont opérer. Ils font des examens complémentaires, des choses comme ça. C'est sûr que ça use, mais c'est quand même bien. On dirait que ce n'est pas bien là comme ça,

  • Pascale Lafitte

    mais c'est quand même très bien. Non, non, ce n'est pas ça. C'est qu'on se dit qu'interne, c'est un vrai métier, or vous êtes des étudiants.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est vrai que c'est un vrai paradoxe. Des fois, on a l'impression qu'on est... Dans la peau d'un médecin, des fois dans la peau d'un étudiant, ça peut changer du tout au tout en deux minutes. Mais c'est vrai que c'est un statut assez inédit, je pense. Après, en vrai, on apprend, on est payé. Enfin, on est payé quand même. Et on apprend notre métier vraiment dans le vif du sujet, sur le terrain. Donc, c'est particulier. Mais bon, je pense que c'est très difficile d'apprendre ce métier autrement.

  • Pascale Lafitte

    Vos parents sont fiers aujourd'hui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    J'espère qu'ils laissent vous en parler avec eux. J'en parle un peu avec eux, en fait. Ça vient vite dans les conversations, quand même. On parle aussi de plein d'autres choses. Je pense qu'ils sont quand même fiers après le fait que je sois médecin. Par exemple, mon frère qui est enfant de médecin et qui a une sœur médecin, n'est pas du tout médecin. Et je pense qu'ils ont une fierté aussi très importante pour mon frère, que ça ne dépend pas forcément du métier. Après... C'est vrai que je pense qu'ils sont contents parce que c'est quelque chose qu'ils aiment et du coup, que je le fasse, ça leur fait plaisir en fait.

  • Pascale Lafitte

    Cette fierté dont je parlais, c'est celle d'avoir réussi à transmettre, parce que je suppose que vous avez été passionnée. Je me dis que vous avez grandi dans une famille de passionnées. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    c'est vrai. Oui, c'est vrai, mes parents étaient passionnés. Donc,

  • Pascale Lafitte

    ils doivent avoir cette... Ben, c'est... ce contentement d'avoir réussi à transmettre une passion.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, je pense qu'ils l'ont, en vrai. Mais mon père, je pense qu'il a la déception que je ne fasse pas exactement la même chose que lui, tellement il est passionné de ce qu'il fait. Ma mère, je pense qu'elle est contente d'avoir transmis. Non, en vrai, je pense qu'ils sont assez fiers, enfin, je l'espère. Et en plus, peut-être qu'ils se reconnaissent, peut-être qu'ils comprennent un peu ce que je fais, que ça leur fait vraiment plaisir. ça leur fait vraiment plaisir finalement, même si je ne fais pas exactement la même chose. Il y a beaucoup de points communs en fait, la médecine, il y a beaucoup de points communs.

  • Pascale Lafitte

    La France enregistre en moyenne chaque année plus de 670 000 naissances. Environ 21% se font par césarienne, intervention nécessitant la présence d'un chirurgien obstétricien. Le nombre total d'interventions pour le cancer du sein en France chaque année est en augmentation. Il est aujourd'hui estimé à 80 000, incluant les masectomies totales et partielles. Hors paradoxe, pour l'année universitaire 2024-2025, 203 postes d'internes en gynécologie obstétrique ont été ouverts, soit une diminution de 34 postes par rapport à l'année passée. Merci de nous avoir écoutés. Si vous aimez ces entretiens, alors partagez-les. Et n'oubliez pas, internes en médecine, le podcast est à suivre sans ordonnance ni modération. A très vite !

Chapters

  • Introduction au podcast et à l'invitée

    00:09

  • L'impact de l'internat sur la vie personnelle

    00:21

  • Parcours et choix de spécialité en médecine

    01:14

  • Premiers jours et expérience en internat

    01:49

  • Gestion des gardes et du manque de sommeil

    04:35

  • Moments difficiles et gestion des émotions

    11:21

  • Défis de l'internat et équilibre de vie

    17:59

  • Réflexions sur l'avenir et la carrière médicale

    22:57

Description

"J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital !" Dans cet épisode d'Interne en médecine, nous faisons la connaissance d'une jeune femme lumineuse, interne en gynécologie obstétrique à Paris. 🐣 Elle nous raconte ses débuts à l'internat, ses expériences en chirurgie, ses premières césariennes, premiers accouchements, ses parents médecins tout les deux, son amoureux médecins lui aussi… 👨‍⚕️


Au fil de notre conversation, elle partage les défis qu'elle rencontre, la gestion de la fatigue lors des gardes de 24 heures, la pression de gérer des urgences seule. 👩‍⚕️Ce sont des questions que beaucoup d'internes se posent, et elle aborde ces sujets avec une grande sincérité.


Elle parle également de la féminisation croissante de la profession médicale 🚺, souligne l'importance de la solidarité entre internes et chefs, et comment cette entraide est essentielle pour dépasser les moments difficiles. Dans un monde où le stress émotionnel peut parfois sembler écrasant, elle décrit les ressources disponibles pour gérer ces situations, notamment après des événements tragiques. Interne, médecin, étudiante… qu'importe, son travail requiert non seulement des compétences techniques 💉, mais aussi une résilience émotionnelle.


En fin d'épisode, elle partage ses réflexions sur l'avenir et l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Comment peut-on continuer à nourrir sa passion 😍 pour la médecine tout en prenant soin de soi ? C'est une question cruciale pour tout professionnel de la santé, et ses réponses sont à la fois inspirantes et réalistes.🏥


Rejoignez-nous pour cet échange enrichissant qui met en lumière le quotidien d'une interne en médecine, ses défis, ses réussites. Cet épisode est une véritable invitation à découvrir le monde de la médecine à travers les yeux d'une jeune professionnelle lucide, passionnée, lumineuse. 🔆🌞


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Laffitte, je vous présente Internes en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, l'internat, ça prend quand même une grande partie de la vie. C'est sûr que c'est le moins, en fait. Parce que j'ai beaucoup d'amis pas médecins, j'ai plus d'amis pas médecins que d'amis médecins, donc on se rend compte de la longueur quand on voit que tous les gens autour de nous ne font plus d'études. Ça, c'est sûr que... Quand on voit que ça fait des années déjà qu'ils travaillent, qu'ils ont un salaire. Bon, un salaire maintenant. Donc ça, c'est sûr que c'est long. Mais moi, j'aime bien le côté de faire encore des études, d'avoir encore des cours internes, d'apprendre. J'aime bien ça. Je pense que c'est une partie de la vie qu'au final, quand on n'est plus vieux chef, pas qu'on regrette parce qu'il y a plein de désavantages, mais qu'on retient avec. avec vraiment un bon souvenir.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée, vous venez de découvrir sa voix et son rire aussi. Moi, j'adore son rire. Notre invitée est interne en gynécologie obstétrique à Paris. Elle réalise des accouchements, intervient comme chirurgienne, césarienne, forceps, hémorragie, chirurgie gynécologique, également utérus, sein, cancer, ablation de kyste, entre autres choses. Lorsque nous nous sommes rencontrées, elle terminait un semestre à l'hôpital intercommunal de Créteil. le CHIC, grosse maternité et gros centre de chirurgie. Aujourd'hui, elle travaille en chirurgie digestive à l'hôpital Saint-Joseph à Paris, où elle effectue un des deux semestres obligatoires de son internat, en dehors de sa spécialité. En préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Être médecin, ça m'est venu assez naturellement. En fait, j'ai deux parents médecins, donc peut-être que ça a joué. J'ai eu une période très... en opposition par rapport à ça, parce que mes parents travaillaient beaucoup. Mais finalement, je me suis dirigée un peu naturellement vers ça. Au lycée, j'étais plus science, et puis la médecine, le service. J'avais vraiment besoin de quelque chose où je me sentais utile et où je me lançais dans quelque chose où je savais où ça allait aller. Et ça me plaisait en médecine de me dire je vais être médecin, je vais servir, je vais avoir toujours un but dans ma vie. Il y a l'opposition à un moment où peut-être j'étais ado, donc je me disais je vais faire autre chose que mes parents. Mais finalement, j'ai quand même baigné là-dedans toute ma vie. L'hôpital, c'est un endroit, je sais, qui peut faire peur à plein de gens. Mais moi, j'y ai été plein de fois quand j'étais enfant. J'en entendais tout le temps parler. Donc, c'était vraiment un lieu plutôt familier pour moi.

  • Pascale Lafitte

    Votre choix comme spécialité, vous nous l'avez expliqué, c'est l'obstétrique qui inclut de la chirurgie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Il y a de la chirurgie,

  • Pascale Lafitte

    oui. Il y a de la chirurgie. Ce choix-là, c'est un choix... Toi, qui a été évident aussi, c'est quelque chose qui vous vient de vos parents aussi ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Non, pas du tout. Mes parents, ils sont pneumologues, les deux. Donc, ils travaillent dans le poumon. Rien à voir. Mais j'ai fait des stages et c'est quelque chose qui m'a tout de suite plu parce qu'il y a du geste technique, de la chirurgie. Et puis, il y a de l'urgence. Donc, j'aimais beaucoup ce truc de quelque chose qui donne de l'adrénaline, qui change un peu tous les jours. Et aussi, il y a beaucoup de moments d'émotion. On traîne des femmes qui sont en obstétrique, surtout pour les naissances, qui ne sont pas malades. En fait, c'est des moments de vie heureuses et ce n'est pas des choses qu'on voit beaucoup en médecine. Donc, c'est aussi quelque chose qui m'a attirée. Du coup, je n'étais pas sûre. Ce n'était pas une vocation, mais je me suis lancée là-dedans en me disant que j'allais pouvoir changer si jamais je n'aimais pas. Et finalement, je n'ai pas changé.

  • Pascale Lafitte

    Le milieu hospitalier, c'est quelque chose pour vous qui représente une adrénaline ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, tout à fait. J'adore. En vrai, je ne me vois pas du tout travailler en dehors de l'hôpital parce que j'adore le travail en équipe. Je trouve que c'est quelque chose qui apporte énormément en termes de relations sociales et même en termes professionnels. En fait, c'est là qu'on apprend le plus, j'ai l'impression. Et j'aime bien ce qu'on... Enfin, moi, j'adore le concept de l'hôpital public, de traiter des gens de différentes origines, différentes classes sociales, différentes... Voilà. Donc, j'adore ça et je pense que c'est un truc qu'on... Enfin, on retrouve ça en cabinet, les médecins généralistes, ils retrouvent trouve ça, mais ça, ça me plaît beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Parlez-moi de votre première journée. Racontez-moi votre première journée d'internat.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, ce n'est pas les premières journées les plus dures, en fait. C'est plutôt dans le premier mois, au moment où ils nous lâchent un peu, où la nuit, on est seul, où on doit gérer les urgences, parce que nous, on est un service d'urgence, donc il y a les urgences gynécologiques et obstétricales, où il y a des patientes qu'on voit seules sans le chef. Donc ça, ces premières gardes, là, ça, c'est vraiment... assez stressant parce qu'on sent qu'on a une responsabilité et on a un peu le syndrome de l'imposteur. On se dit, est-ce que vraiment j'ai les capacités de traiter ça seul ? Bon, finalement, ça s'apprend et aujourd'hui, je pense qu'il n'y a pas trop d'accidents. Enfin, je veux dire, les médecins sont beaucoup là, les chefs, et donc ça, ça nous aide beaucoup.

  • Pascale Lafitte

    Je vous laisse boire un peu de votre thé.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu chaud.

  • Pascale Lafitte

    Je pose des questions, mais... Vous n'avez rien. Oups. Rien but de votre thé. Vous me disiez, les médecins sont là. On est quand même seuls face à la patiente. Comment ça se passe ? Donc, vous êtes seuls. Si vous avez la moindre question, vous prenez votre téléphone et vous appelez un médecin. C'est tout simple ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est tout simple. C'est tout simple, en fait, on est seul. Par exemple, la nuit, les urgences gynécologiques, on les voit seuls. Donc, il y a beaucoup de choses qu'on peut gérer seul, en fait, la plupart des choses. Mais dès qu'on a un doute, surtout au début, où il y a plein de choses qu'on ne sait pas gérer, on peut appeler le médecin. Après, comme je pense tous les internes, on a tous vécu ce truc où on a peur, en fait, d'appeler le chef la nuit. La nuit, en fait, on tord quand on peut. Donc, lui, eux, ils dorment. Mais la plupart, en tout cas que moi j'ai croisé dans mon internat, il y a toujours des chefs plus ou moins gentils comme dans tout le monde. Donc des chefs qui vont nous envoyer bouler, mais globalement ils sont tous assez accessibles. Donc en fait on les appelle et ils nous répondent. Il faut juste qu'on ose le faire.

  • Pascale Lafitte

    Les patients connaissent bien maintenant la différence entre le docteur, l'interne, l'infirmière, la sage-femme, puisque vous avez aussi les sages-femmes qui sont avec vous.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je pense qu'ils connaissent pas mal. Enfin, ça dépend des gens. Mais après, l'interne, c'est un peu plus compliqué à faire comprendre parce qu'on est quand même médecin. Donc, on dit qu'on est les médecins, mais on est quand même des médecins qui ont une supervision. Donc, c'est un peu plus difficile pour eux à comprendre. Il y en a qui sont plus réticents par rapport à ça, qui veulent voir des chefs, etc. Mais ce n'est pas la plupart des gens. La plupart des gens, ils nous font. confiance et donc ils connaissent cette différence-là. Après, avec les personnels paramédicals, les infirmières, etc., souvent, ils le connaissent. Après, quand on est une femme, on a toujours tous vécu ce moment où on nous considère comme une infirmière à plusieurs reprises. Et ça arrive encore. Donc ça, ça arrive souvent parce que les vieux patients, nous, ça n'arrive pas trop en maternité, mais quand même, ils ont l'impression qu'en fait, ça va être une femme qui va être l'infirmière et le médecin, souvent, ça va être un homme. Mais en gynéco, un peu moins. surtout en obstétrique, parce qu'on a beaucoup de femmes gynécologues. Mais en chirurgie, les gens, ils ont quand même une vision du chirurgien comme étant un homme. Donc ça, on est souvent confrontés à ce genre de confusion.

  • Pascale Lafitte

    On dit plus chirurgien que chirurgienne. On l'entend rarement, en fait, le mot chirurgienne.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, on l'entend rarement. Pourtant, c'est quand même... Là, par exemple, dans mon stage, je pense qu'il y a la moitié de ceux qui font, par exemple, du cancer, vraiment qui font de la chirurgie, pas de l'obstétrique, qui sont des femmes. et la moitié qui sont des hommes du coup. Donc en fait, de plus en plus, ça va changer, j'espère.

  • Pascale Lafitte

    En France, selon une enquête de l'INSEE réalisée en 2022, le taux de féminisation des gynécologues obstétriciens est de 52,6%. Une tendance qui reflète une plus grande féminisation de la profession médicale en général, particulièrement dans certaines spécialités, par exemple la pédiatrie, l'endocrinologie, la gynécologie médicale et la dermatologie qui comptent 70% de femmes. parmi leurs praticiens. Idem chez les médecins généralistes de moins de 40 ans où les femmes représentent 65% des effectifs. Interne en gynécologie obstétrique, j'ai eu envie de savoir quel souvenir avait notre invitée de son premier accouchement et si elle supposait son souvenir toute sa vie.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne pense pas parce que moi-même, je ne m'en souviens pas trop. Et ça, ça déçoit beaucoup de gens quand ils me disent Mais c'est quoi le prénom du premier bébé que tu as fait naître ? Et en fait, je ne m'en souviens pas. Mais après, on se souvient beaucoup des accouchements marquants. Mais du coup, on est encadrés. Donc en fait, on ne vit même pas comme si c'était notre premier accouchement. Au début, c'est le premier accouchement où on est là avec une sage-femme, où on fait ça à quatre mains, puis ensuite avec un chef, puis petit à petit, on fait des accouchements seuls. Puis après, on fait des… des forceps, des extractions instrumentales, ce qu'on appelle des forceps, seules, puis les césariennes, c'est tout le temps avec un chef. Mais en tout cas, ça arrive très progressivement.

  • Pascale Lafitte

    Tout le temps un chef ? Un interne ne fait pas une césarienne seule ? Et jusqu'à la fin de l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, jusqu'à la fin. En fait, c'est juste que la chirurgie nécessite au moins deux personnes, parce que sinon, c'est pas possible de la faire. C'est pas possible. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin d'aide, en fait, opératoire. On a besoin qu'on nous montre, enfin, qu'on nous expose. Enfin, je ne sais pas comment expliquer, qu'on nous aide à enlever le sang qui nous gêne, à tenir le fil quand on est en train de suturer, des choses comme ça. Donc déjà, c'est pratique. Et puis après, par contre, on commence à faire des césariennes. Seule, ça veut dire qu'on fait toute la césarienne de A à Z assez tôt. Fin de premier semestre, deuxième semestre, les césariennes faciles. Mais le chef est toujours là. Parce qu'une césarienne, c'est quand même une chirurgie, il y a quand même des risques, il peut y avoir des complications. Et donc, il faut toujours qu'il y ait un chef sur place quand même.

  • Pascale Lafitte

    La première opération,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    la première intervention, c'est une césarienne que j'ai faite. Nous, on était tout au début de mon internat. J'étais dans un stage où ils nous encadraient vraiment très bien et donc on doublait un autre internat, un internat plus vieux. Et donc, quand j'étais en premier semestre, j'étais par exemple avec un interne de troisième semestre qui faisait la césarienne et moi, j'étais à côté. Et puis, ça, c'est la première césarienne que j'ai faite. Et petit à petit, il nous laisse la main sur des parties de l'intervention. Et puis après, on est seul. Mais par exemple, on ne prend pas de garde avant un mois. Dans mon stage, il y a des stages où ils prennent les gardes dès le début. Ça peut être très dur. Mais nous, on n'a pas pris de garde avant un mois d'internat. Donc, on savait déjà faire des choses et c'était beaucoup moins déroutant.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque je discute avec des internes que nous échangeons sur leur quotidien à l'hôpital, un sujet revient tout le temps, ce sont les gardes. La garde, c'est une nuit de travail qui succède à une journée de travail. Du coup, lorsqu'il est en garde, l'interne travaille généralement 24 heures d'affilée. Pas facile. J'ai demandé à notre invitée interne en gynécologie obstétrique comment elle gérait le manque de sommeil. Ouais,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    les gardes, c'est 24 heures. En fait, finalement, on ne quitte pas l'hôpital avant. 10h, 10h30, même si à la fin, on n'est plus dans la même responsabilité. Donc, c'est différent. Et en fait, on apprend à les gérer. Mais tous différemment. Moi, en lendemain de garde, par exemple, je dors beaucoup. En fait, en obstétrique, on a des gardes. Et en gynéco, on a des gardes où on dort vraiment très peu. parce que c'est un service d'urgence, donc c'est comme les urgences classiques, il y a tout le temps des gens, et il y a tout le temps des accouchements. Donc en gros, on est tout le temps un peu réveillés, donc on dort très peu. Il y a des gardes exceptionnels, on dort 5 heures, mais là ça m'est peut-être arrivé une fois en 6 mois, sinon c'est entre 1 heure et peut-être 3 heures, quelque chose comme ça. Donc moi le lendemain je dors. Je dors au moins 3-4 heures, on va dire. Et après, il faut se réveiller. Donc ça, c'est un peu dur. C'est quelque chose qu'on apprend à faire. Parce qu'on sort d'un sommeil qui n'est pas comme les autres. C'est un sommeil vraiment d'épuisement. Et après, on peut réussir à faire des choses. Et petit à petit, on apprend à le vivre. Mais moi, j'ai des quarantaines qui ne dorment pas trop en lendemain de garde et qui ont appris à vivre avec la fatigue et à faire des choses. Donc en fait, ça dépend vraiment des gens.

  • Pascale Lafitte

    Lorsque vous avez une urgence, que vous n'avez pas dormi, instinctif, vous êtes à l'éveil et alerte ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, ça dépend de l'urgence, on va dire. Mais si c'est une urgence absolue, on se réveille très vite finalement. On est habitué à être rappelé sur, par exemple, il y a un bébé qui ne va pas bien, il faut faire une césarienne en urgence extrême, donc il faut qu'on monte directement au bloc opératoire pour faire une césarienne. C'est un peu violent, c'est sûr. Donc, on sait le faire. On est en éveil. Mais c'est sûr que les décisions qu'on prend à 4h du matin, à 5h du matin, quand on n'a pas dormi, c'est sûr qu'on fait plus d'erreurs, je pense. Si on faisait des études, c'est sûr. Et je pense qu'il y en a, en fait. Je pense qu'on fait plus d'erreurs. Mais ce n'est pas ça. C'est qu'on prend plus de temps à faire les choses. C'est sûr que, vraiment, notre esprit, il n'est pas pareil que si on prenait une décision à 10h du matin après avoir dormi 7h la nuit.

  • Pascale Lafitte

    Et même dans ce moment où vous êtes... fatigué, le geste reste sûr parce que il y a la décision qu'on prend, mais il y a le geste que vous faites, physique, il reste sûr, lui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le geste, j'ai envie de dire que c'est ça qui est le plus sûr finalement, parce qu'on fait beaucoup de gestes répétitifs en fait, dans toutes les spécialités je pense. Mais la césarienne et le forceps, qui sont en gros les deux gestes qu'on fait en urgence le plus souvent, c'est des gestes qu'on fait souvent, et donc c'est des gestes qui reviennent facilement, et qui reviennent très vite en fait. Souvent, la fatigue ne va pas trop impacter. Moi, je n'ai pas l'impression, probablement, que forcément, ça doit avoir un impact. Mais je pense que c'est vraiment les décisions qui sont les plus dures à prendre quand on est fatigué. Vraiment se poser sur un dossier, des faits, et prendre une décision qui peut avoir des conséquences. Ça, c'est plus dur que de faire une césarienne en extrême urgence à 5h du matin. Ça, en vrai, on apprend à le faire, parce qu'on en a fait... Je ne sais même pas combien de césariennes j'ai fait, mais c'est énorme, je pense, le nombre de césariennes qu'on a tous faits pendant notre internat. Donc, ça revient très vite.

  • Pascale Lafitte

    Internant médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Dans la vie, il y a des événements qui finissent bien, mais malheureusement, il y en a d'autres qui finissent mal. Des accouchements difficiles, voire tragiques évidemment, ça arrive. Je lui ai demandé comment elle vivait ces moments dramatiques.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    C'est un peu dur en vrai parfois, mais je pense que c'est dans toutes les spécialités. Quand ça se passe mal, quand un bébé finit par aller mal, ou une maman parfois. c'est toujours très dur, ça arrive très rarement. Mais c'est sûr qu'appeler ça un traumatisme, pas forcément, ça peut l'être quand c'est vraiment, ça finit, c'est très grave, mais parfois c'est quand même quelque chose qui nous marque et qui va mettre un peu de temps à sortir de notre tête. On rentre avec, en fait, à la maison. C'est impossible de poser la valise à côté. Bien sûr, on ne peut pas garder ça éternellement. Bien sûr qu'on avance, sinon on ne peut pas pratiquer notre métier, c'est impossible. Mais c'est toujours quelque chose qui nous reste en tête et qui va marquer forcément le travail qu'on va faire plus tard, ça c'est sûr. Et d'ailleurs, les chefs en parlent des fois de certains accouchements qui les a particulièrement marqués. Et ça a vraiment influencé, enfin c'est sûr que ça influence après leur pratique future.

  • Pascale Lafitte

    On vous y prépare à ça ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On ne nous y prépare pas en fait, non.

  • Pascale Lafitte

    Mais vous vous y préparez ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Au début de l'internat, c'est un peu dur de s'y préparer, finalement. Mais après, en fonction... En fait, c'est toujours en fonction des stages. Mais les ressources, c'est vraiment les gens de l'hôpital. Nos chefs qui reviennent nous voir, qui nous disent Comment ça va ? Est-ce que t'as bien vécu ça ? Il faut qu'on en parle. Il y en a beaucoup qui le font, en fait. Et c'est vraiment bien. Et après, il y a des stages qui organisent des réunions avec des psychologues régulièrement. Et du coup, on peut discuter, soit en groupe, soit personnellement, je pense, si on le souhaite, de ces moments-là. Et donc ça, ça ne nous prépare pas, mais ça nous donne des ressources après pour en parler et pour aller de l'avant si jamais il se passe quelque chose. Donc ça, c'est plutôt bien. Mais je sais que ça n'existe pas partout. Mais c'est vrai qu'on ne nous en parle pas avant. Après, c'est normal. Je pense que c'est quelque chose qu'on apprend en le vivant.

  • Pascale Lafitte

    Qu'est-ce qui est le plus difficile dans l'internat ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Question très vaste. Qu'est-ce qui est le plus dur ? Franchement, le plus dur à gérer, je pense que c'est la fatigue. Je pense que c'est clairement très dur à gérer. En fonction des moments, ça peut atteindre notre humeur, ça peut atteindre notre vie personnelle, c'est sûr. Donc ça, c'est assez dur. Et après, la responsabilité qu'on a, ça peut être dur à gérer dans certaines situations, notamment quand ça finit par se passer mal dans certains cas. Il y a des moments qui sont un peu durs à gérer par rapport à ça. Mais le plus dur globalement, moi, j'y vois beaucoup de points positifs parce que j'adore ma spécialité, j'adore les gens avec qui je travaille, j'apprends plein de choses. Mais c'est sûr que la fatigue, parfois, ça peut vraiment miner le moral quand même.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites miner le moral, c'est que vous avez parfois beaucoup besoin de temps. Pour vous retrouver avec l'esprit complètement alerte et puis avec à nouveau l'énergie qu'on a pour qu'on ne soit pas fatigué. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    complètement. Ça peut prendre... Il y a des semaines entières un peu où on est vraiment un peu sur les rotules, sous l'eau, etc. Où c'est un peu dur de sortir du travail. C'est un peu dur. Même des fois, on devient désagréable avec les gens de... de notre vie personnelle, quoi. Notre famille, nos copains, copines, tout ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous avez des parents qui comprennent.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Mes parents, ils comprennent très bien. Alors ça, c'est très agréable. Mais même mes parents, ils savent que je travaille quand même beaucoup parce que déjà, leur internat est un peu loin. Je pense qu'eux aussi, ils ont travaillé beaucoup, mais c'est sûr qu'ils ont un peu oublié. Et la chirurgie, je pense qu'on a des horaires un peu particuliers qui peuvent être un peu difficiles à comprendre. Et eux, ils n'ont pas fait de spécialité où il y avait des gardes. Donc... Ils voient bien que je travaille beaucoup, mais ils sont très compréhensifs. Donc ça, c'est très bien. Et pareil, mon copain, il est en médecine, donc pareil, très compréhensif. Donc c'est bien. Mais en fait, au final, les gens qui nous comprennent le mieux, c'est les gens qui font notre spécialité, les gens avec qui on travaille tous les jours.

  • Pascale Lafitte

    Vraiment votre spécialité, même pas les médecins, les copains de promo ou autre ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    En fait, on fait tous un travail différent, finalement, même si ça paraît, pour tout le monde, pour les gens qui ne sont pas en médecine, ça paraît tous le même métier, on est médecin. Mais en fait, il y a quand même des choses qui n'ont rien à voir. Non, c'est sûr que les médecins comprennent beaucoup plus.

  • Pascale Lafitte

    Quand vous dites qu'il y a des choses qui n'ont rien à voir, c'est carrément dans l'organisation, dans le rythme de vie, dans le rythme des gardes, dans les horaires que vous avez à tenir.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, dans les horaires. Déjà, en chirurgie, souvent, on commence hyper tôt. Par exemple, là, je suis en chirurgie en ce moment. Je commence à 6h45. Et encore, normalement, c'est 6h30, mais comme je suis tout le temps un peu en retard, c'est 6h45. Et je peux finir jusqu'à 19h30, 20h, des choses comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Vous opérez toute la journée ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On opère une grande partie de la journée. Après, on a beaucoup de parties administratives, on fait des papiers. on va voir les patients qu'on a opérés la veille, qu'on va opérer le lendemain, des choses comme ça. Donc ça, c'est toute une partie qui n'est pas partagée par tous les médecins. Et les gardes, pareil, en fait, tout le monde ne fait pas de garde. Et les gardes, en fait, en gynéco-obstétrique, je pense que c'est un peu particulier, parce que c'est des gardes où on ne dort pas beaucoup et où il n'y a pas beaucoup, je pense, de spécialités, où il y a des urgences très, très urgentes. Il y a la réanimation, c'est sûr, il y a des urgences très, très urgentes. Mais l'obstétrique, c'est pareil. Il y a des urgences très, très urgentes. Et ça, je pense que c'est assez fatigant, finalement. Je pense qu'on perd des points de vie. Et c'est sûr qu'on perd des points de vie parce que ça a été prouvé qu'il y avait plus de risques d'AVC, d'infarctus. Forcément, on raccourcit un peu notre vie en faisant ça parce qu'il y a eu plus de stress, etc. Donc, au final, les gens qui nous comprennent, je pense que c'est ceux qui font le réel. On le voit avec nous, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Vous prenez soin de vous ? Vous avez un rythme, une hygiène particulière ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Je ne sais pas si je prends soin de moi, c'est le bon mot, mais je vois mes amis, je vois ma famille. Pour moi, ça fait beaucoup de prendre soin de moi. Après, je ne fais pas trop de sport parce que je ne suis pas très sportive, mais j'ai plein d'amis en échinéco qui font du sport et ça les libère un peu de toute cette pression. Et même quand ils sont fatigués, ça les aide beaucoup. Et après, il y a tous les trucs de plaisir qu'on essaie de faire. Sortir avec ses amis, faire des expos, dessiner, partir un peu en vacances quand on peut. Ça, ça fait partie de prendre soin de moi. Après, hygiène de vie, je ne mange pas très bien. Je ne mange pas tout le temps. Je ne fais pas de sport. Je ne sais pas si on peut parler d'une bonne hygiène de vie.

  • Pascale Lafitte

    Lorsqu'elle terminera son internat, elle aura... 31 ans et sera alors docteur en gynécologie obstétrique. J'ai voulu savoir si elle s'était préparée à cet après.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    On est un peu obligé d'y réfléchir finalement parce que ça fonctionne un peu comme tous les travails, il faut demander un poste, il faut postuler. Par contre, c'est un peu plus simple je pense, parce que ça joue pas, on demande un poste. Donc en fait, on est obligé d'y penser assez tôt dans l'internat. Du coup, j'y ai déjà un petit peu pensé et il y a déjà des services où je veux... plus travailler que d'autres. Mais je ne sais pas du tout ce que je vais faire quand même. Parce que je ne sais pas si je vais m'arrêter un an. Je ne sais pas ce que ce sera ma vie à ce moment-là. Je ne sais pas si ce serait plus chirurgienne ou plus obstétricienne. Donc, en fait, il y a quand même beaucoup d'incertants.

  • Pascale Lafitte

    Chirurgienne, ça veut dire que vous feriez un peu moins d'obstétrique, mais vous pouvez continuer à faire les deux.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Donc, en fait, ça dépend d'où on travaille. Mais à Paris, dans les gros centres... On peut être un peu polyvalent, ça veut dire chirurgien et obstétricien, les premières années de chez Free, peut-être pendant les deux premières années. Puis après, souvent, on s'oriente. Mais quand on est chirurgien, souvent, on fait encore des gardes si on travaille dans une maternité. Donc, en fait, on est amené à faire de l'obstétrique pendant nos gardes, parce que c'est surtout l'obstétrique, en fait, les gardes. Par contre, si on part en province, ça va être des centres ou... En fait, dans les grosses villes. Il y a beaucoup de sur-spécialisations. Donc, c'est vrai qu'il faut plutôt s'orienter. Mais si je vais travailler dans une plus petite ville, en dehors de Paris, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui font les deux très bien.

  • Pascale Lafitte

    Là, vous ne savez pas. En fait, j'ai posé cette question. Aujourd'hui, vous ne savez pas. On imagine bien la situation quand le bébé est là, quand on a bien, quand la maman a la banane, quand le papa pleure des mousses. La chirurgie, on se dit que ça doit être autre chose.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est sûr. Ce n'est pas du tout la même ambiance. Ce n'est pas la même chose qu'on fait, mais c'est une énorme satisfaction. Franchement, nous, peut-être qu'on la vit un peu moins en tant qu'interne parce qu'on est là au bloc, on fait un acte chirurgical, qu'on prend le plaisir la plupart du temps. Mais ce n'est pas nous qui allons suivre la patiente parce qu'on change de stage tous les six mois, que nous, on ne fait pas de consultation. Donc, cette satisfaction, peut-être qu'on ne la vit pas pleinement. Mais je pense qu'il y a une grosse satisfaction à traiter des gens. qui ont un cancer du sein, la chirurgie, ça va les sauver. Et même un cancer de l'ovaire, ou même une patiente qui n'a pas de cancer, mais qui a un utérus, qui a des fibrons, par exemple. C'est une maladie qui est bénigne, mais qui fait beaucoup saigner, qui peut gâcher la vie d'une patiente. Enlever l'utérus à ce moment-là, ça peut vraiment changer la vie de cette patiente. Donc ça, c'est une énorme satisfaction. Ce n'est pas du tout la même chose. Mais c'est sûr qu'on peut trouver beaucoup de satisfaction en étant chirurgien.

  • Pascale Lafitte

    J'ai souvent entendu dire par vos collègues, il ne faut pas faire chier, on revient encore à ses horaires. Est-ce qu'être chirurgien, c'est un métier physique ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est un métier physique. En vrai, déjà, on est beaucoup debout. Donc les chirurgiens, en vrai, ils peuvent passer parfois la journée debout sur un des gros blocs. En gynéco, il n'y a pas beaucoup de très gros blocs, mais il y en a quand même. Donc, c'est sûr que c'est physique. Des fois, on est dans des positions inconfortables, etc. Donc, c'est plus physique que certaines spécialités où on est plus soit au lit du malade ou dans un bureau, etc. Même si ça ne change rien en mérite de l'un ou de l'autre. Mais c'est vrai que ce n'est pas du tout la même chose. D'ailleurs, je pense qu'il y a beaucoup plus de chirurgiens qui ont mal aux dos, qui ont mal aux articulations, etc. que des médecins qui ne font pas de chirurgie.

  • Pascale Lafitte

    On a l'impression que c'est un métier qui use. C'est un métier que vous aviez.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Ça use, mais... Ça use peut-être plus en tant qu'interne qu'en tant que chef. Finalement, nous, on peut passer... Là, je passe une semaine au bloc à la fin de la semaine. Je suis usée, ça, c'est sûr.

  • Pascale Lafitte

    Mais le chef passe moins de temps au bloc ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Le chef, nous, on opère avec tous les chefs toute la semaine. Mais en fait, les chefs, ils ne sont pas tous les jours au bloc. Ils ont, je pense, un ou deux jours de bloc par semaine. Puis après, ils voient leurs patientes qui ont opéré, les patientes qui vont opérer. Ils font des examens complémentaires, des choses comme ça. C'est sûr que ça use, mais c'est quand même bien. On dirait que ce n'est pas bien là comme ça,

  • Pascale Lafitte

    mais c'est quand même très bien. Non, non, ce n'est pas ça. C'est qu'on se dit qu'interne, c'est un vrai métier, or vous êtes des étudiants.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, c'est vrai que c'est un vrai paradoxe. Des fois, on a l'impression qu'on est... Dans la peau d'un médecin, des fois dans la peau d'un étudiant, ça peut changer du tout au tout en deux minutes. Mais c'est vrai que c'est un statut assez inédit, je pense. Après, en vrai, on apprend, on est payé. Enfin, on est payé quand même. Et on apprend notre métier vraiment dans le vif du sujet, sur le terrain. Donc, c'est particulier. Mais bon, je pense que c'est très difficile d'apprendre ce métier autrement.

  • Pascale Lafitte

    Vos parents sont fiers aujourd'hui ?

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    J'espère qu'ils laissent vous en parler avec eux. J'en parle un peu avec eux, en fait. Ça vient vite dans les conversations, quand même. On parle aussi de plein d'autres choses. Je pense qu'ils sont quand même fiers après le fait que je sois médecin. Par exemple, mon frère qui est enfant de médecin et qui a une sœur médecin, n'est pas du tout médecin. Et je pense qu'ils ont une fierté aussi très importante pour mon frère, que ça ne dépend pas forcément du métier. Après... C'est vrai que je pense qu'ils sont contents parce que c'est quelque chose qu'ils aiment et du coup, que je le fasse, ça leur fait plaisir en fait.

  • Pascale Lafitte

    Cette fierté dont je parlais, c'est celle d'avoir réussi à transmettre, parce que je suppose que vous avez été passionnée. Je me dis que vous avez grandi dans une famille de passionnées. Oui,

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    c'est vrai. Oui, c'est vrai, mes parents étaient passionnés. Donc,

  • Pascale Lafitte

    ils doivent avoir cette... Ben, c'est... ce contentement d'avoir réussi à transmettre une passion.

  • Interne, gynécologue-obstétricienne

    Oui, je pense qu'ils l'ont, en vrai. Mais mon père, je pense qu'il a la déception que je ne fasse pas exactement la même chose que lui, tellement il est passionné de ce qu'il fait. Ma mère, je pense qu'elle est contente d'avoir transmis. Non, en vrai, je pense qu'ils sont assez fiers, enfin, je l'espère. Et en plus, peut-être qu'ils se reconnaissent, peut-être qu'ils comprennent un peu ce que je fais, que ça leur fait vraiment plaisir. ça leur fait vraiment plaisir finalement, même si je ne fais pas exactement la même chose. Il y a beaucoup de points communs en fait, la médecine, il y a beaucoup de points communs.

  • Pascale Lafitte

    La France enregistre en moyenne chaque année plus de 670 000 naissances. Environ 21% se font par césarienne, intervention nécessitant la présence d'un chirurgien obstétricien. Le nombre total d'interventions pour le cancer du sein en France chaque année est en augmentation. Il est aujourd'hui estimé à 80 000, incluant les masectomies totales et partielles. Hors paradoxe, pour l'année universitaire 2024-2025, 203 postes d'internes en gynécologie obstétrique ont été ouverts, soit une diminution de 34 postes par rapport à l'année passée. Merci de nous avoir écoutés. Si vous aimez ces entretiens, alors partagez-les. Et n'oubliez pas, internes en médecine, le podcast est à suivre sans ordonnance ni modération. A très vite !

Chapters

  • Introduction au podcast et à l'invitée

    00:09

  • L'impact de l'internat sur la vie personnelle

    00:21

  • Parcours et choix de spécialité en médecine

    01:14

  • Premiers jours et expérience en internat

    01:49

  • Gestion des gardes et du manque de sommeil

    04:35

  • Moments difficiles et gestion des émotions

    11:21

  • Défis de l'internat et équilibre de vie

    17:59

  • Réflexions sur l'avenir et la carrière médicale

    22:57

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