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Interne en médecine

Écoute, communication, dialogue avec tact et respect : le combo captivant d'Agathe, interne en médecine d'urgence.

Écoute, communication, dialogue avec tact et respect : le combo captivant d'Agathe, interne en médecine d'urgence.

28min |02/02/2025|

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Écoute, communication, dialogue avec tact et respect : le combo captivant d'Agathe, interne en médecine d'urgence.

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Description


Êtes-vous prêt à plonger au cœur du quotidien d'une interne urgentiste ? Alors, on y va ! Dans cet épisode d'interne en médecine, j'ai le plaisir de vous présenter Agathe, une interne en médecine d'urgence, qui nous ouvre avec générosité et flamboyance les portes de son quotidien. À travers son récit, elle nous fait découvrir son rôle d'interne, ses apprentissages, la gestion de la fatigue et du stress mais aussi son approche du malade dans le dialogue, la transparence mais avec tact et respect.


Agathe partage avec nous son parcours particulier, d'une initiale attirance pour la profession de sage-femme à son choix déterminé de se tourner vers la médecine d'urgence. Elle nous raconte ses premiers jours d'internat, les angoisses qui l'ont habitée face à des situations inconnues, et comment elle a appris à gérer le stress en observant ses collègues. "Chaque jour est un nouveau défi, mais chaque sourire d'un enfant guéri en vaut la peine", déclare-t-elle avec passion.


La discussion ne s'arrête pas là. Agathe souligne l'importance cruciale de la communication avec les patients et leurs familles, un élément essentiel pour instaurer la confiance et rassurer dans des moments de grande inquiétude. "Il est vital d'expliquer les soins que nous prodiguons, surtout quand il s'agit de nos petits patients", insiste-t-elle. Sa perspective offre une lumière nouvelle sur la gravité des situations rencontrées, qu'il s'agisse d'adultes ou d'enfants, montrant que chaque vie est précieuse et mérite toute notre attention.


Ensemble, nous explorons les nuances de la médecine d'urgence, les moments de joie et de désespoir, et le désir constant d'apprendre et d'évoluer dans ce domaine si dynamique. Agathe nous rappelle que, malgré les défis, la médecine est avant tout une vocation, une passion qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes chaque jour. "Je ne peux pas imaginer faire autre chose", conclut-elle avec conviction.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante et inspirante qui non seulement met en lumière les réalités du métier d'interne en médecine, mais aussi l'humanité qui se cache derrière chaque acte médical. Que vous soyez étudiant en médecine, professionnel de santé ou simplement curieux d'en savoir plus sur la médecine d'urgence, cet épisode est fait pour vous !


"Interne en médecine" est un podcast de Pascale Lafitte, avec IMI productions & Creative.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour à tous, bienvenue, je suis Pascale Lafitte, je suis contente de vous retrouver. Je vous présente Interne en médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine. Aujourd'hui, nous allons à la rencontre d'une jeune femme interne en médecine d'urgence.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    La fatigue, c'est compliquée. La fatigue, c'est compliquée parce que, bien en fait, il faut... Enfin, je le remarque, je suis actuellement aux urgences pédiatriques et donc on ne fait pas de garde de 24 heures. certains, dans certains endroits, ils en font. Et je leur souhaite bien du courage, parce que moi, j'en suis tout à fait incapable. Mais je le vois quand il est 18h30, que je prends les premiers enfants en charge. Et quand il est 7h ou 7h30 le lendemain, et que c'est les derniers, il faut prendre sur soi, parce qu'en fait, souvent en pédiatrie, alors il y a des choses qui sont graves, mais c'est vrai que la pédiatrie, par rapport à la médecine adulte, ce ne sont vraiment pas les mêmes patients. Et c'est vrai que la gravité n'est pas la même. Donc il y a des enfants graves, c'est sûr. Mais en proportion, les adultes arrivent aux urgences et sont dans un état, je trouve, qui peut être plus grave que les enfants. Mais c'est juste qu'il faut quand même essayer d'avoir la même rigueur quand on voit les patients, puisqu'en fait, on les fait rentrer à la maison alors qu'en fait, ils sont des graves. Mais que nous, avec un peu de fatigue, on ne l'a pas vu, c'est difficile. Non, la fatigue, elle peut vraiment nous jouer des tours. Il faut rester vigilant, mais je ne crois pas qu'il y ait vraiment de remède magique sur la fatigue.

  • Pascale Lafitte

    Je vous présente Agathe, son brin de voix éraillé, un mélange entre Bonnie Tyler et Oshie. Agathe est interne en médecine d'urgence et avec elle nous avons évoqué divers sujets. La fatigue, vous l'avez entendu à l'instant. Nous avons abordé également ses premiers jours d'interne. Le stress de l'urgence vitale, évidemment. Et puis son enfance aussi, importante son enfance. Et bien évidemment, avant tout ça, en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Quand j'étais plus jeune, je me rappelle au lycée, j'ai très voulu vite être sage-femme. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours aimé les enfants, c'est un peu annexe, mais ça m'a toujours plu. Et puis en fait, j'ai réalisé assez vite que pour faire sage-femme, il fallait faire médecine et donc passer cette première année. Donc, en fait, en m'inscrivant initialement en médecine, et en fait, je me suis rendu compte que peut-être c'était plus sage-femme que je voulais faire vraiment mes médecines. J'ai donc présenté médecine. Finalement, c'est comme ça que j'ai commencé mes études de médecine.

  • Pascale Lafitte

    Ça veut dire que tu as fait l'externat en te disant que tu serais peut-être sage-femme ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Non, c'est plutôt quand j'ai passé mon bac. Avant de m'inscrire en première année, je me disais, oh, je veux être sage-femme, je veux être sage-femme. Et en fait, je me suis dit, en arrivant en médecine, qu'en fait, c'était le même concours, le même concours plutôt difficile. Le même travail fourni, les mêmes efforts et tout ça. Et puis, en fait, je me suis rendu compte que la spécialité de médecine me plaisait bien, qu'on commençait à savoir comment se passait l'externat et tout ça. C'est ça qui m'avait plu. Et donc, j'ai présenté l'option médecine. Et c'est comme ça que j'ai commencé mes études.

  • Pascale Lafitte

    Personne n'est médecin chez toi ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Personne n'est médecin chez moi.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne savais donc pas dans quoi tu mettais les pieds ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas tout à fait. J'ai des copains de ma mère qui sont médecins, mais c'est vraiment des gens de la génération de mes parents, qui eux sont médecins généralistes. de mon cercle très proche, personne et médecin.

  • Pascale Lafitte

    Donc c'est une grande découverte quand on vient d'un autre milieu et quand on commence à découvrir le fonctionnement de l'internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Ah oui, complètement. Je ne savais pas vraiment dans quoi je mettais les pieds. Je n'avais personne avec qui, du moins, me comparer ou alors me préparer à ce qui allait arriver. Mais tout s'est bien passé.

  • Pascale Lafitte

    Tu te souviens de ta première journée en internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, je me rappelle. Moi, j'étais en médecine interne. Donc, ce n'est pas la spécialité, ce n'est pas le métier ni le rythme que j'allais avoir. C'était un peu particulier. J'étais en hôpital de jour. Les gens arrivaient le matin, repartaient le soir avec des examens bien organisés sur toute la journée. Donc, j'ai commencé mon vrai jour, c'était le lendemain. Mais voilà, on nous fait le planning, on nous monte l'hôpital. Et puis, en fait... on est vite dans le main, donc le lendemain on se réveille et on va travailler, et on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre. En même temps, il ne faut pas perturber l'organisation du service. Les gens qui viennent, en fait les gens ils sont là, ils ont leurs examens, que les internes échangés ou pas, ça ne doit absolument pas avoir un impact sur leur prise en charge. Donc après on peut poser toutes les questions qu'il nous faut, enfin qu'on peut, mais c'est un peu particulier finalement.

  • Pascale Lafitte

    Comment tu t'es comportée pour que le patient, puisque c'est ce que tu me dis, que le patient ne se rende pas compte que tu étais très novice, puisque c'était ton deuxième jour d'internat, de grande, tu as essayé d'imiter les internes plus anciens ou les chefs ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, donc ma co-interne avec qui j'étais était médecin généraliste, elle n'était pas non plus de l'aspect dans lequel on était, mais ce qui nous aidait, c'est qu'on avait essayé de voir, puisque les patients venaient tous les mois, tous les mois et demi, on développe des petites techniques quand on est interne et quand on ne sait pas trop, si on regarde ce qui est fait avant, ça marche plutôt bien. J'avais ouvert des anciens comptes rendus. pour voir ce qui était à peu près attendu de nous, avant d'aller voir les patients et de les examiner. C'était des pathologies que je ne connais pas et que je ne connais plus et que je ne reverrai certainement pas. Mais donc voilà, pour essayer de pallier notre manque d'expérience et tout ça, il faut juste essayer de voir ce qui a été fait avant. Donc j'avais un peu fait ça, puis j'avais été voir les patients, je leur avais posé des questions. J'avais été les revoir, je crois, plein de fois dans la matinée avant qu'ils partent en examen, parce que j'en avais aucune idée de ce pourquoi ils étaient là. Puis après, ma chef est arrivée. On en a discuté et puis elle est revenue les voir avec moi. Mais voilà, on est vite dans le bain.

  • Pascale Lafitte

    Alors parce que la médecine interne, c'est une médecine de Docteur House, c'est ça ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Exactement, c'est ce que ma mère disait pour expliquer aux gens qui ne faisaient pas médecine que c'était. C'est que c'est des pathologies pas très courantes. Il y a des choses qui sont connues, mais des choses qui ne le sont pas. Et là, en l'occurrence, c'était vraiment un petit peu niche, comme on pourrait dire. Mais oui, voilà, c'est que c'est des pathologies que vraiment, je pense, je ne reverrai plus. Ou alors, on me le mentionnera et ça me... Mais c'est clair, je me dirais, ah mais oui, c'est vrai, j'ai vu ça une fois en médecine interne. Mais non, ce n'est pas des pathologies que je verrais, notamment aux urgences, que je ne prendrais pas en charge, comme là, on les a prises en charge dans le service.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu es angoissée, toi, dans une situation comme celle-ci ? Alors, on oublie le premier, mais le deuxième jour, quand tu vas te retrouver avec ces patients, où tu es vraiment... dans l'inconnu ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors, quand j'étais jeune interne, oui, parce que je ne savais pas gérer des urgences, j'avais du mal à hiérarchiser ce qui était grave et ce qui n'était pas grave. Donc, quand je me remets à la place de moi en médecine interne, oui, oui, c'est que je ne savais pas trop quoi faire si jamais il y avait quelque chose qui n'allait pas droit. Alors maintenant, à posteriori, maintenant qu'il y a quelques stages que je suis passée, que je suis un peu plus vieille et que j'ai fait quelques stages, je me rends compte que les gens... Même s'il s'aggravait un petit peu, maintenant, ce n'est plus quelque chose qui me fait peur. Donc, tant mieux. Mais oui, c'est vrai, je ne savais pas trop comment il pouvait s'aggraver. Je ne savais pas trop s'il commençait à avoir du mal à respirer, ce que je pouvais faire. Maintenant, c'est des choses qui ne me font plus peur du tout. Et puis, j'ai quelques marches de manœuvre et quelques tours dans mon sac pour anticiper. Donc, c'est quelque chose qui va mieux. Mais oui, bien évidemment, je me rappelle une fois, j'étais en médecine interne. Il y a une jeune femme qui a convulsé devant moi. J'étais pas très à l'aise. Voilà, maintenant j'en fais plus, ça ne m'inquiète plus. Mais oui, c'est sûr que je ne savais pas trop comment hiérarchiser la gravité des patients. Et parce que je pense que j'étais jeune et je n'avais pas beaucoup d'expérience et je n'avais pas vu beaucoup de patients. C'est vrai que voir des patients nous permet d'apprendre à chaque fois qu'on voit quelque chose, notamment quelque chose qui sort un peu des clous. Et là, il est vrai que... je ne savais pas trop quoi faire. Si jamais il s'aggravait, ça ne s'est jamais mal passé. La question ne s'est même pas posée. Mais oui, c'est sûr que j'allais vite avoir besoin de l'un de mes chefs si jamais il y avait quelque chose qui sortait un peu des sentiers battus, disons.

  • Pascale Lafitte

    L'urgence, tu nous l'as dit, c'est l'urgence à l'hôpital, c'est le SAMU, c'est le SMUR, c'est aussi peut-être les plateformes téléphoniques où on reçoit les appels des personnes qui font le 15. C'est beaucoup de stress comme métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors c'est forcément un peu stressant parce que je pense notamment quand on est aux urgences qu'on voit les patients qui attendent et puis qu'en fait on nous dit là il y a un SAMU qui arrive, ou là il y a des pompiers qui arrivent avec un patient qui est grave. Déjà il faut qu'on sache s'adapter au maximum puisqu'en fait peut-être que ce qu'on est en train de faire il va falloir l'arrêter pour prendre en charge quelqu'un de plus grave. Alors après... Là, quand j'explique, on a l'impression qu'on est tout seul, mais on n'est pas tout seul. Il y a plusieurs médecins, tout un tas d'infirmiers et de personnels soignants qui peuvent nous aider. Mais c'est vrai que si quelqu'un de plus grave arrive, c'est vers le plus grave qu'il faut qu'on s'occupe. Aussi, quand on est au SAMU ou au SMUR, ce qui est un peu particulier, c'est que, en tout cas, quand j'étais en stage, ça se passait comme ça. Notre journée se déroule normalement, c'est-à-dire qu'on est à la base avec tous les véhicules. Et puis on fait tout d'un coup, hop ! bip sonne, on n'a pas tout à fait le motif de départ on descend et hop on découvre sur une feuille A4 l'identité du patient, son âge on n'a pas tout à fait ses antécédents parfois il nous en manque, parfois on ne sait même pas pourquoi on est déclenché et en fait on arrive et c'est les pompiers sur place qui nous font les transmissions, il faut qu'on se dise dans nos têtes peut-être que quand on a le motif douleur thoracique dans la voiture on a le temps de réfléchir Mais quand on sépare, en général, on peut rappeler les assistants de régulation médicale, les ARM, c'est des gens, quand on fait le 15, on tombe souvent sur les ARM. Et puis, on essaie d'avoir de petites infos en amont pour ne pas non plus arriver et qu'on ne sache absolument pas de quoi il s'agit.

  • Pascale Lafitte

    Ça, ce sont des choses que tu as apprises avec tes collègues ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est le SAMU, personnellement, qui m'a beaucoup aidée dans la prise en charge des patients, de bien savoir ce qui était... notamment de savoir ce qui était grave et ce qui n'est pas grave, ça permet vraiment de réfléchir, on doit réfléchir un peu vite. Et donc oui, quand on ne savait pas trop pourquoi on partait, en général, mon chef rappelait les ARM. Et donc on tentait d'en savoir un petit peu plus. Et puis souvent, on avait quand même le motif de ce pourquoi on était appelé avant d'arriver chez les patients. En France, je trouve qu'on est vraiment sur-spécialisé. Il y a des gens qui maîtrisent un tel truc, c'est extrêmement niche. Et au contraire, urgentiste, c'est maîtriser, alors pas en profondeur, et on s'entend bien là-dessus, mais tout un tas de choses. Et je trouve que c'est ça qui est hyper intéressant, c'est de s'occuper d'une pathologie pulmonaire, puis en fait d'une douleur abdominale, et en fait de quelqu'un qui a de la fièvre, et en fait d'un mal de tête. Et je trouve que du coup, ça mélange plein de trucs, ça nous fait réviser et ça nous fait encore apprendre plein de trucs. Il y a un côté très propre à la médecine, enfin, assez particulier avec la médecine d'urgence, c'est qu'on est formé à l'échographie. Ça fait partie de notre métier maintenant. Et à titre personnel, moi, c'est vraiment quelque chose qui me plaît beaucoup, de savoir, de faire un peu d'échographie aux urgences. Alors, c'est probablement ce qu'on appelle du débrouillage, et j'entends parfaitement, mais je crois que... Par rapport à un radiologue ? Oui, c'est ça, exactement. Par rapport à un cardiologue qui fait des échographies cardiaques, mais ça permet aussi de rajouter une autre corde à notre arc. Et de vraiment considérer les urgences et les médecins urgentistes comme une spécialité à part entière. Je trouve que c'est hyper important. Souvent, on se dit que c'est vu comme ça, les urgences. On y dépose des patients, c'est encore la poubelle de l'hôpital. Il y a des gens qui vraiment pensent comme ça. Et moi, je trouve qu'il ne vaut plus qu'on réfléchisse comme ça, qu'on ait une vraie spécialité, que les patients arrivent parfois sur leurs jambes alors qu'en fait, ils sont gravissimes. Et qu'en fait, nous, on est formés à vraiment... S'occuper de patients graves qui, un peu tout venant, c'est vraiment ce qu'on dit, c'est les gens qui rentrent et qui sont graves et c'est une spécialité. Donc on apprend vraiment à gérer les urgences et je trouve que c'est hyper intéressant et on ne fait jamais la même chose.

  • Pascale Lafitte

    Tu as appris à te comporter face aux patients en observant ou est-ce que ça fait partie des cours que tu reçois ? Quand je parle de se comporter, c'est que souvent quand on arrive aux urgences, on flippe, nous, patients. Si on y va, c'est qu'on a un problème. Je ne sais pas, on ne va pas juste pour vous voir, pour vous faire un petit bisou, ce n'est pas notre truc. Est-ce que ça tu l'apprends en cours ou est-ce que ça tu l'apprends sur le terrain ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je me rappelle quand on était externe, déjà qu'on nous avait dit un petit peu comment se comporter. Après il y a le vécu un peu personnel de chacun. Moi avant d'être personnel soignant j'ai été... patiente et je le suis encore. Donc en fait, c'est vraiment très personnel, mais je me comporte avec la façon avec laquelle j'aurais bien aimé qu'on se comporte si moi j'avais été en face, mais ça c'est vraiment à l'appréciation de chacun. Et puis effectivement, au SAMU, notamment au SMUR, il faut savoir se placer parce que souvent les patients sont graves, un peu plus graves qu'aux urgences. Je pense que c'est un peu instinctif et ça dépend un peu de la nature de... Chacun de savoir se mettre en retrait, de savoir quand on ne sait pas le mieux, c'est de laisser le médecin au premier plan, de savoir comment on peut aider. Je sais qu'il y a une fois où il y avait un patient qui était assez grave, donc je me suis tout de suite mis en retrait. C'est ma chef qui a pris le rôle et en fait, moi, j'ai aidé l'infirmier et l'ambulancier. Comme je connaissais plutôt très bien le matériel, puisque le stage était pas mal avancé, je savais bien où était rangé tout. et en fait j'étais la petite main, j'avais la vision d'extérieur, donc je donnais le matériel, je récupérais le matériel, je leur sortais en amont ce dont ils pouvaient avoir besoin. Mais ça, ça dépend des interventions, ça dépend des personnes avec qui on est, du tempérament de chacun, c'est vraiment libre à l'appréciation de chacun, mais c'est vraiment difficile je trouve, vraiment c'est difficile. Difficile pourquoi ? Parce qu'en fait il faut se mettre à la place du patient qui est inquiet et puis nous il faut aussi raisonner en se disant... bon, là, ce n'est pas grave. Quand les patients viennent aux urgences, sont inquiets, et qu'en fait, ce n'est pas grave, nous, c'est la solution de facilité,ç a peut être de s'agacer, de se dire, oh là là, ce n'est pas du ressort des urgences, mais il faut composer avec l'inquiétude de chacun. Vraiment, c'est difficile, mais vraiment, je pense qu'il faut qu'on prenne le temps, nous, d'expliquer, malgré le rush des urgences. Les patients qui continuent d'arriver, il faut qu'on sache se poser, prendre dix minutes, un quart d'heure, leur expliquer que, Là, pour l'instant, nous, on n'est pas inquiets. Ça ne veut pas forcément dire qu'il ne se passe rien. Je trouve que c'est hyper important de dire que là, ce n'est pas grave, que ça ne veut pas dire que ça ne l'est pas, parce que le patient est inquiet. Donc, en fait, on ne peut pas minimiser son inquiétude ou sa douleur quand ils ont mal, mais leur expliquer en essayant d'avoir des mots simples, clairs, que là, ça va aller et que, bien évidemment, on reste à leur disposition si jamais ils ont besoin de revenir.

  • Pascale Lafitte

    La médecine d'urgence a été officiellement reconnue comme une spécialité médicale en France le 13 novembre 2015 avec la publication de l'arrêté créant le diplôme d'études spécialisées de médecine d'urgence. Cette légitimation a permis d'harmoniser la formation des urgentistes et de leur assurer une reconnaissance au niveau européen. Avant la création officielle de la spécialité de médecine d'urgence en 2015, les médecins exerçant dans ce domaine provenait d'autres spécialités médicales. Ils se formaient à la médecine d'urgence par le biais de diplômes complémentaires et d'expériences de terrain. Le DES de médecine d'urgence a été mis en place à partir de la rentrée universitaire 2017. Ce cursus couvre l'ensemble des aspects de la médecine d'urgence, tant pour les adultes que pour les enfants, en milieu hospitalier et extra-hospitalier, avec entre autres le SAMU et le SMUR. Dix pays européens ont intégré la médecine d'urgence. comme spécialité à part entière. La France donc, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et l'Irlande.

  • Interne en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération.

  • Pascale Lafitte

    Agathe a évoqué précédemment sa vie personnelle. Avant d'être médecin, interne, docteur bientôt, elle a été et est encore patiente. Alors vous vous en doutez, lorsque je l'écoute parler de son approche du malade, je ne peux m'empêcher de lui demander si sa longue expérience des hôpitaux et des docteurs exerce une influence sur sa conception de la pratique du métier.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je pense que ça aide beaucoup, puisqu'en fait, je me rappelle quand j'étais petite, c'était des consultations, j'en ai une par an, et je me rappelle que c'était vraiment un moment où j'avais très très peur. Je me rappelle, ma maman m'emmenait voir ce médecin en consultation. Alors, il y avait la sentence d'une opération derrière qui allait tomber. Donc, il y avait un peu cette épée de Damoclès qui était sur nous. Mais je me rappelle que j'étais vraiment hyper, hyper angoissée. J'avais vraiment très, très peur. Il faut quand même l'avouer que depuis que l'opération est passée, j'ai beaucoup moins peur. Mais en fait, c'est juste qu'on y allait. Il y avait cette consultation. On allait. On ne savait jamais trop. ce qu'on allait nous dire jusqu'à une année où on m'a dit, là Agathe t'as terminé de grandir et maintenant c'est le moment où il faut se faire opérer et je pense qu'on m'a bien expliqué ce qui allait se passer même quand on nous explique il y a quand même une telle incertitude sur ce qui va pouvoir se passer même si entre guillemets tout va bien je trouve que ça ne mange vraiment pas de pain que de dire aux patients quand nous on est inquiet ou quand on n'est pas inquiet, de dire aux patients quand juste... Le déroulé des choses, c'est-à-dire...

  • Pascale Lafitte

    Quand tu dis nous, c'est nous le médecin ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui,

  • Pascale Lafitte

    Nous l'interne ou nous le médecin.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, moi j'aime bien dire ça aux patients. Souvent, alors parfois je discute des dossiers avec mes chefs, ça c'est vraiment le plus souvent. Donc en fait, quand je dis nous, c'est mon chef et moi. Mais souvent ça m'arrive de dire, là je ne suis pas inquiète. Est-ce que vous, ça vous inquiète ? de expliquer ce qui doit refaire consulter, de expliquer ce qui doit amener à être inquiet, parce qu'en fait, nous, c'est facile, on a le beau rôle On sait comment les patients peuvent s'aggraver, on sait ce qui doit les inquiéter. Si on ne leur explique pas, les patients, ils n'ont pas notre formation. Je trouve que ça ne mange pas de pain, nous, quand on le sait. Alors, on n'a pas réponse à tout et on ne lit pas l'avenir, donc on ne peut pas savoir ou pas s'ils vont s'aggraver ou pas. Mais en tout cas, quand on le sait, je trouve que ça ne mange pas de pain que de le dire.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu penses que tu as été formé à ça ? Je crois que c'est très important parce que ça fait partie des grandes critiques qu'on peut faire aux médecins, aux internes, à l'approche qu'on a du milieu médical. C'est que le manque d'information, le manque d'attention, le manque d'empathie peut-être, est-ce que ça tu as été formé ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas franchement, non. Vraiment c'est les médecins qu'on voit, les médecins avec qui on s'entend bien, à contrario de ceux avec lesquels on ne s'entend pas. Enfin, on ne s'entend pas. on n'aimerait pas être pris en charge par eux. En fait, c'est plutôt ça la formulation qui, moi, me fait écho. Quand on n'explique rien, quand on n'est pas sympa, quand on fait notre... Je trouve qu'à la place du patient qui est très inquiet, qui est aux urgences ou dans le camion du SAMU, ou dans le camion des pompiers, moi, je ne fonctionne pas du tout comme ça parce qu'à contrario, moi, j'étais avec un de mes chefs au SAMU. Il explique de façon extrêmement claire avec tous les patients qu'il prend en charge. Il leur explique ce qui se passe, comment il va les prendre en charge, qu'il va les soulager. Et les patients, ils sont toujours ravis. Au CEMU, on recroise rarement le même médecin, mais les patients sont juste rassérénés. Et ça me semble juste couler de source. Nous, on fait notre métier, on est de garde, on est posté aux urgences. Autant prendre en charge, à mes yeux, correctement, ça veut dire expliquer aux patients ce qui se passe, ce qu'il a et ce qui va lui arriver. Donc... Si c'est une prise de sens, c'est une prise de sens. Si c'est une imagerie, c'est une imagerie. Quand on attend l'avis de quelqu'un et qu'on attend qu'un tel ou un tel passe parce qu'on a besoin d'un avis complémentaire, on leur explique. On leur explique que ça peut prendre du temps. Je me rappelle quand j'étais en stage aux urgences, il y avait l'un des médecins qui disait l'attente crée le stress. Mais c'est exactement ça. Je trouve que c'est exactement ça et je trouve que c'est un peu le concept des urgences. On attend quelqu'un, puis on attend encore. Attendre sans information, bah ouais, ça fait stresser, ouais.

  • Pascale Lafitte

    D'après le Code de la santé publique, les médecins des structures d'urgence en France doivent être soit titulaires d'un DES en médecine d'urgence, filière suivie par Agathe, soit disposés d'un diplôme équivalent reconnu, c'est le cas des diplômes de médecine d'urgence obtenus dans un autre pays et après reconnaissance de leur qualification en France, ou des diplômes antérieurs à la création du DES en médecine d'urgence 2016, comme je vous l'ai dit précédemment. Souhaite encore ! justifié d'une expérience professionnelle d'au moins trois ans dans un service ou une structure d'urgence. Le quotidien aux urgences, vous le savez, vous vous en doutez, est parfois brutal, douloureux. Alors j'ai demandé à Agathe si elle arrivait à poser ses valises, à se délester de sa charge mentale avant de rentrer chez elle.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est pas facile. Il y a deux ou trois fois où c'était compliqué. Mais ça, je trouve que la bonne entente avec les co-internes, le fait de, notamment en réanimation, ça pouvait être très compliqué, mais la bonne entente avec les co-internes, le fait de vraiment vider son sac, de toute façon, je pense que c'est nécessaire de vider son sac, soit avec nos copains de médecine qui, eux, peuvent comprendre, soit avec nos co-internes, en fait, en racontant. Enfin, je pense qu'il faut vraiment verbaliser. Et aussi, si on a un co-interne ou quelqu'un dont même on n'est pas très proche, mais dont on sait... ce qui s'est passé, je crois que c'est hyper important de prendre des nouvelles parce que ça coûte rien et puis je trouve que le fait de verbaliser, ça permet vraiment de... Alors ça peut être un peu douloureux, parfois les gens, ça peut rendre triste, mais il faut qu'on continue à travailler nous après. Si nous, on ne prend pas soin de nous déjà, comment est-ce qu'on peut prendre soin des autres après ? Et ça, vraiment, moi, ça me semble hyper important.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça t'a changé de faire ce métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je sais pas, c'est difficile comme question. Enfin, ça m'a appris à... à vraiment relativiser sur les choses qui étaient graves et qui n'étaient pas graves, mais dans ma vie tous les jours. Mais c'est un peu binaire, c'est-à-dire que tout va bien, vraiment tout va bien, et puis le jour où il y a un truc qui s'écarte un peu de la normale, j'arrive vite à relativiser, à me continuer à me dire que tout va bien, mais après c'est un peu propre à chacun. Oui,

  • Pascale Lafitte

    Mais tu ne le faisais pas avant, c'est vraiment depuis que tu as mis les pieds dans cet internat d'urgentiste ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et puis aussi à gérer ce qui est grave et ce qui n'est pas grave, ça c'est pareil, ça permet vraiment de faire des distinctions. Alors comme je suis encore jeune et que je n'ai pas beaucoup d'expérience, c'est souvent très binaire. Quand j'ai le moindre doute, hop, je me dis que soit c'est grave ou que hop, soit ça ne va pas. Alors que je pense qu'avec l'âge, j'apprendrai à me dire qu'il n'y a pas que du noir et du blanc, il y a peut-être un petit peu de gris. Mais pour l'instant, je n'arrive pas encore à le savoir. Mais ça m'a un peu changé sur la façon de gérer l'urgence. J'étais très stressée quand j'étais petite. Ma mère, s'il avait été là, elle dirait que... que je faisais des crises de panique souvent quand j'étais enfant, et c'est vrai. Et je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais maintenant, je ne sais plus du tout si j'étais ça. Donc, j'en suis plutôt contente. J'arrive à gérer l'urgence, à réfléchir, à ne pas subir la pression. Ça, pour le coup, j'en suis assez contente. Et je me dis que je n'ai pas si mal choisi ma voie, du coup.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne paniques jamais ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas jamais, mais rarement. J'arrive à mettre en place deux, trois trucs avant, de me dire comment réfléchir, de choisir le moment où... de savoir à quel moment je peux réfléchir, notamment aux urgences pédiatriques. Je me rappelle, quand on arrive aux urgences, les patients et les enfants sont triés. Alors nous, c'est sur notre logiciel. Un, deux, trois, quatre, cinq, voilà. Un, c'est l'urgence extrême. Et cinq, c'est ce qui s'apparente à une consultation de ville. En pédiatrie, c'est tout nouveau pour moi. Je n'en ai jamais fait, enfin, très peu fait avant mon stage d'interne. Et là, on m'attrape et on me dit... Agathe, Agathe, il y a un patient qui arrive et je vois sur l'ordinateur, il est en tri 1. Moi, je commence un peu à suer. Je me dis, punaise, il est en tri 1. J'en ai jamais fait. Et en fait, je me retourne et je vois que la petite fille en question, qui était tri 1, est arrivée sur ses jambes. Donc en fait, je me suis dit, ok, donc en fait, elle marche toute seule. Elle respire toute seule. Juste ces simples questions permettent de juste dire... Bon bah finalement j'ai un peu le temps J'ai le temps de voir les choses et j'ai le temps de réfléchir un peu C'est très bête, il faut juste se poser la question Et on a le temps de réfléchir et ça va mieux

  • Pascale Lafitte

    Dernière question Est-ce que tu as déjà pensé que tu t'étais trompée De métier ? J'ai l'impression en te la posant qu'elle est totalement idiote cette question, mais je te la pose quand même

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors en fait ça fait pas très longtemps Que je sais que j'aime bien C'est-à-dire que j'ai passé un an, un an et demi A me dire ah punaise quand même C'est sympa Mais... Le stage au SMUR, c'était un peu vraiment une révélation où je me suis dit, ah en fait c'est super cool. Le fait d'avoir, enfin de, je pense que je vais faire un an d'internat en plus pour travailler aux urgences pédiatriques, ce qui me plaît vraiment, mais ça date du mois de novembre, enfin du début novembre, donc c'est vraiment tout récent, c'est en fait de me dire que je voudrais travailler avec des adultes et avec des enfants. Alors encore une fois, du coup, je ne maîtriserai pas parfaitement les pathologies de l'adulte SNIT. parfaitement les pathologies de l'enfant. C'est vraiment pouvoir avoir la double, avoir en fait cette ambivalence adulte-enfant qui me plairait beaucoup. Mais ça ne fait pas très longtemps que je me dis que je ne me suis pas vraiment trompée de voie. Et du coup, c'est assez rassurant parce qu'en fait, les études de médecine, c'est vraiment long. Donc, savoir après 8 ans, 9 ans, je ne me rappelle pas très bien. Non, 9 ans, je pense. Dans l'étude, qu'en fait, on ne s'est pas trompé. C'est chouette. C'est des chouettes parce qu'on va travailler pendant longtemps encore. Donc, non, non, ça fait plaisir.

  • Pascale Lafitte

    Et tu rajoutes un an.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et je rajoute un an. Donc l'internat de médecine d'urgence, c'est 4 ans, en comptant l'année qu'on appelle le docteur junior, mon placement, c'est pas très intéressant. Mais moi je fais une année, une année en plus, en plus de mon docteur junior, donc je fais 5 ans d'internat.

  • Pascale Lafitte

    Je t'avais dit dernière question, mais j'en ai encore une. C'est plus difficile, puisque tu parles de pédiatrie. En fait, on revient quand même à cette sage femme du début. Il y avait de l'enfant dans l'air. Donc, tu vois, les rêves d'enfant, ils restent toujours quelque part dans un coin de la tête. Est-ce que c'est plus difficile de gérer l'enfant ou le parent ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui. Ah oui. Là, les parents, parfois, c'est compliqué. Les parents des premiers bébés, et je dois avouer que j'y suis un peu abonnée, alors ce n'est pas fait exprès, mais les parents, parfois, c'est compliqué. Donc, j'ai posé ça. En fait, il y a un de mes chefs qui a posé une question, une fois, que je trouve très pertinente. C'est notamment quand nous, on n'est pas inquiets. Je leur demande, ils vous inquiètent là, votre enfant ? Ça permet un peu de se resituer, de nous se dire que... Enfin, moi, je leur dis souvent, je leur dis, moi, c'est pas mon enfant, donc ils ne m'inquiètent pas. Mais est-ce que vous, ils vous inquiètent ? Et en fait, ça permet juste de comprendre s'ils sont inquiets ou pas, et auquel cas, on réexplique une fois la raison pour laquelle ils ne nous inquiètent pas. Par contre, c'est vrai que quand l'enfant est un peu inquiétant, c'est une question qu'on ne pose pas parce qu'on s'occupe d'abord des enfants et après, on voit avec les parents. Alors, ce qui est particulier avec la pédiatrie, c'est que les parents sont là tout le temps. Tout le temps, tout le temps, tout le temps. Peu importe le geste, peu importe. Ils sont là tout le temps avec nous. La prise en charge est différente. Il faut aussi les inclure avec nous. Il faut leur expliquer tout ce qu'on fait. C'est une prise en charge qui est différente, mais qui est assez intéressante, je trouve.

  • Pascale Lafitte

    Je te remercie,

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Agathe.

  • Pascale Lafitte

    Et j'espère tomber sur toi quand j'aurai un petit fils maintenant ou une petite fille, parce que les enfants, c'est fini, et que je devrais l'ammener aux urgences. Merci beaucoup. Encore merci à Agathe et merci à vous tous de nous avoir écouté. Et si vous aimez ces entretiens, alors abonnez-vous, partagez-les et n'oubliez pas, "Internes en médecine", le podcast, est à suivre sans ordonnance ni modération.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Agathe

    00:10

  • La fatigue et ses défis en médecine d'urgence

    00:24

  • Différences entre patients adultes et enfants aux urgences

    00:49

  • Choix de carrière : de sage-femme à interne en médecine

    02:00

  • Premiers jours en internat et gestion du stress

    03:51

  • Le stress au travail et la prise en charge des urgences

    08:31

  • La reconnaissance de la médecine d'urgence comme spécialité

    15:19

  • Gestion de la charge mentale et impact sur la vie personnelle

    21:32

Description


Êtes-vous prêt à plonger au cœur du quotidien d'une interne urgentiste ? Alors, on y va ! Dans cet épisode d'interne en médecine, j'ai le plaisir de vous présenter Agathe, une interne en médecine d'urgence, qui nous ouvre avec générosité et flamboyance les portes de son quotidien. À travers son récit, elle nous fait découvrir son rôle d'interne, ses apprentissages, la gestion de la fatigue et du stress mais aussi son approche du malade dans le dialogue, la transparence mais avec tact et respect.


Agathe partage avec nous son parcours particulier, d'une initiale attirance pour la profession de sage-femme à son choix déterminé de se tourner vers la médecine d'urgence. Elle nous raconte ses premiers jours d'internat, les angoisses qui l'ont habitée face à des situations inconnues, et comment elle a appris à gérer le stress en observant ses collègues. "Chaque jour est un nouveau défi, mais chaque sourire d'un enfant guéri en vaut la peine", déclare-t-elle avec passion.


La discussion ne s'arrête pas là. Agathe souligne l'importance cruciale de la communication avec les patients et leurs familles, un élément essentiel pour instaurer la confiance et rassurer dans des moments de grande inquiétude. "Il est vital d'expliquer les soins que nous prodiguons, surtout quand il s'agit de nos petits patients", insiste-t-elle. Sa perspective offre une lumière nouvelle sur la gravité des situations rencontrées, qu'il s'agisse d'adultes ou d'enfants, montrant que chaque vie est précieuse et mérite toute notre attention.


Ensemble, nous explorons les nuances de la médecine d'urgence, les moments de joie et de désespoir, et le désir constant d'apprendre et d'évoluer dans ce domaine si dynamique. Agathe nous rappelle que, malgré les défis, la médecine est avant tout une vocation, une passion qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes chaque jour. "Je ne peux pas imaginer faire autre chose", conclut-elle avec conviction.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante et inspirante qui non seulement met en lumière les réalités du métier d'interne en médecine, mais aussi l'humanité qui se cache derrière chaque acte médical. Que vous soyez étudiant en médecine, professionnel de santé ou simplement curieux d'en savoir plus sur la médecine d'urgence, cet épisode est fait pour vous !


"Interne en médecine" est un podcast de Pascale Lafitte, avec IMI productions & Creative.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour à tous, bienvenue, je suis Pascale Lafitte, je suis contente de vous retrouver. Je vous présente Interne en médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine. Aujourd'hui, nous allons à la rencontre d'une jeune femme interne en médecine d'urgence.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    La fatigue, c'est compliquée. La fatigue, c'est compliquée parce que, bien en fait, il faut... Enfin, je le remarque, je suis actuellement aux urgences pédiatriques et donc on ne fait pas de garde de 24 heures. certains, dans certains endroits, ils en font. Et je leur souhaite bien du courage, parce que moi, j'en suis tout à fait incapable. Mais je le vois quand il est 18h30, que je prends les premiers enfants en charge. Et quand il est 7h ou 7h30 le lendemain, et que c'est les derniers, il faut prendre sur soi, parce qu'en fait, souvent en pédiatrie, alors il y a des choses qui sont graves, mais c'est vrai que la pédiatrie, par rapport à la médecine adulte, ce ne sont vraiment pas les mêmes patients. Et c'est vrai que la gravité n'est pas la même. Donc il y a des enfants graves, c'est sûr. Mais en proportion, les adultes arrivent aux urgences et sont dans un état, je trouve, qui peut être plus grave que les enfants. Mais c'est juste qu'il faut quand même essayer d'avoir la même rigueur quand on voit les patients, puisqu'en fait, on les fait rentrer à la maison alors qu'en fait, ils sont des graves. Mais que nous, avec un peu de fatigue, on ne l'a pas vu, c'est difficile. Non, la fatigue, elle peut vraiment nous jouer des tours. Il faut rester vigilant, mais je ne crois pas qu'il y ait vraiment de remède magique sur la fatigue.

  • Pascale Lafitte

    Je vous présente Agathe, son brin de voix éraillé, un mélange entre Bonnie Tyler et Oshie. Agathe est interne en médecine d'urgence et avec elle nous avons évoqué divers sujets. La fatigue, vous l'avez entendu à l'instant. Nous avons abordé également ses premiers jours d'interne. Le stress de l'urgence vitale, évidemment. Et puis son enfance aussi, importante son enfance. Et bien évidemment, avant tout ça, en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Quand j'étais plus jeune, je me rappelle au lycée, j'ai très voulu vite être sage-femme. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours aimé les enfants, c'est un peu annexe, mais ça m'a toujours plu. Et puis en fait, j'ai réalisé assez vite que pour faire sage-femme, il fallait faire médecine et donc passer cette première année. Donc, en fait, en m'inscrivant initialement en médecine, et en fait, je me suis rendu compte que peut-être c'était plus sage-femme que je voulais faire vraiment mes médecines. J'ai donc présenté médecine. Finalement, c'est comme ça que j'ai commencé mes études de médecine.

  • Pascale Lafitte

    Ça veut dire que tu as fait l'externat en te disant que tu serais peut-être sage-femme ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Non, c'est plutôt quand j'ai passé mon bac. Avant de m'inscrire en première année, je me disais, oh, je veux être sage-femme, je veux être sage-femme. Et en fait, je me suis dit, en arrivant en médecine, qu'en fait, c'était le même concours, le même concours plutôt difficile. Le même travail fourni, les mêmes efforts et tout ça. Et puis, en fait, je me suis rendu compte que la spécialité de médecine me plaisait bien, qu'on commençait à savoir comment se passait l'externat et tout ça. C'est ça qui m'avait plu. Et donc, j'ai présenté l'option médecine. Et c'est comme ça que j'ai commencé mes études.

  • Pascale Lafitte

    Personne n'est médecin chez toi ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Personne n'est médecin chez moi.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne savais donc pas dans quoi tu mettais les pieds ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas tout à fait. J'ai des copains de ma mère qui sont médecins, mais c'est vraiment des gens de la génération de mes parents, qui eux sont médecins généralistes. de mon cercle très proche, personne et médecin.

  • Pascale Lafitte

    Donc c'est une grande découverte quand on vient d'un autre milieu et quand on commence à découvrir le fonctionnement de l'internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Ah oui, complètement. Je ne savais pas vraiment dans quoi je mettais les pieds. Je n'avais personne avec qui, du moins, me comparer ou alors me préparer à ce qui allait arriver. Mais tout s'est bien passé.

  • Pascale Lafitte

    Tu te souviens de ta première journée en internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, je me rappelle. Moi, j'étais en médecine interne. Donc, ce n'est pas la spécialité, ce n'est pas le métier ni le rythme que j'allais avoir. C'était un peu particulier. J'étais en hôpital de jour. Les gens arrivaient le matin, repartaient le soir avec des examens bien organisés sur toute la journée. Donc, j'ai commencé mon vrai jour, c'était le lendemain. Mais voilà, on nous fait le planning, on nous monte l'hôpital. Et puis, en fait... on est vite dans le main, donc le lendemain on se réveille et on va travailler, et on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre. En même temps, il ne faut pas perturber l'organisation du service. Les gens qui viennent, en fait les gens ils sont là, ils ont leurs examens, que les internes échangés ou pas, ça ne doit absolument pas avoir un impact sur leur prise en charge. Donc après on peut poser toutes les questions qu'il nous faut, enfin qu'on peut, mais c'est un peu particulier finalement.

  • Pascale Lafitte

    Comment tu t'es comportée pour que le patient, puisque c'est ce que tu me dis, que le patient ne se rende pas compte que tu étais très novice, puisque c'était ton deuxième jour d'internat, de grande, tu as essayé d'imiter les internes plus anciens ou les chefs ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, donc ma co-interne avec qui j'étais était médecin généraliste, elle n'était pas non plus de l'aspect dans lequel on était, mais ce qui nous aidait, c'est qu'on avait essayé de voir, puisque les patients venaient tous les mois, tous les mois et demi, on développe des petites techniques quand on est interne et quand on ne sait pas trop, si on regarde ce qui est fait avant, ça marche plutôt bien. J'avais ouvert des anciens comptes rendus. pour voir ce qui était à peu près attendu de nous, avant d'aller voir les patients et de les examiner. C'était des pathologies que je ne connais pas et que je ne connais plus et que je ne reverrai certainement pas. Mais donc voilà, pour essayer de pallier notre manque d'expérience et tout ça, il faut juste essayer de voir ce qui a été fait avant. Donc j'avais un peu fait ça, puis j'avais été voir les patients, je leur avais posé des questions. J'avais été les revoir, je crois, plein de fois dans la matinée avant qu'ils partent en examen, parce que j'en avais aucune idée de ce pourquoi ils étaient là. Puis après, ma chef est arrivée. On en a discuté et puis elle est revenue les voir avec moi. Mais voilà, on est vite dans le bain.

  • Pascale Lafitte

    Alors parce que la médecine interne, c'est une médecine de Docteur House, c'est ça ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Exactement, c'est ce que ma mère disait pour expliquer aux gens qui ne faisaient pas médecine que c'était. C'est que c'est des pathologies pas très courantes. Il y a des choses qui sont connues, mais des choses qui ne le sont pas. Et là, en l'occurrence, c'était vraiment un petit peu niche, comme on pourrait dire. Mais oui, voilà, c'est que c'est des pathologies que vraiment, je pense, je ne reverrai plus. Ou alors, on me le mentionnera et ça me... Mais c'est clair, je me dirais, ah mais oui, c'est vrai, j'ai vu ça une fois en médecine interne. Mais non, ce n'est pas des pathologies que je verrais, notamment aux urgences, que je ne prendrais pas en charge, comme là, on les a prises en charge dans le service.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu es angoissée, toi, dans une situation comme celle-ci ? Alors, on oublie le premier, mais le deuxième jour, quand tu vas te retrouver avec ces patients, où tu es vraiment... dans l'inconnu ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors, quand j'étais jeune interne, oui, parce que je ne savais pas gérer des urgences, j'avais du mal à hiérarchiser ce qui était grave et ce qui n'était pas grave. Donc, quand je me remets à la place de moi en médecine interne, oui, oui, c'est que je ne savais pas trop quoi faire si jamais il y avait quelque chose qui n'allait pas droit. Alors maintenant, à posteriori, maintenant qu'il y a quelques stages que je suis passée, que je suis un peu plus vieille et que j'ai fait quelques stages, je me rends compte que les gens... Même s'il s'aggravait un petit peu, maintenant, ce n'est plus quelque chose qui me fait peur. Donc, tant mieux. Mais oui, c'est vrai, je ne savais pas trop comment il pouvait s'aggraver. Je ne savais pas trop s'il commençait à avoir du mal à respirer, ce que je pouvais faire. Maintenant, c'est des choses qui ne me font plus peur du tout. Et puis, j'ai quelques marches de manœuvre et quelques tours dans mon sac pour anticiper. Donc, c'est quelque chose qui va mieux. Mais oui, bien évidemment, je me rappelle une fois, j'étais en médecine interne. Il y a une jeune femme qui a convulsé devant moi. J'étais pas très à l'aise. Voilà, maintenant j'en fais plus, ça ne m'inquiète plus. Mais oui, c'est sûr que je ne savais pas trop comment hiérarchiser la gravité des patients. Et parce que je pense que j'étais jeune et je n'avais pas beaucoup d'expérience et je n'avais pas vu beaucoup de patients. C'est vrai que voir des patients nous permet d'apprendre à chaque fois qu'on voit quelque chose, notamment quelque chose qui sort un peu des clous. Et là, il est vrai que... je ne savais pas trop quoi faire. Si jamais il s'aggravait, ça ne s'est jamais mal passé. La question ne s'est même pas posée. Mais oui, c'est sûr que j'allais vite avoir besoin de l'un de mes chefs si jamais il y avait quelque chose qui sortait un peu des sentiers battus, disons.

  • Pascale Lafitte

    L'urgence, tu nous l'as dit, c'est l'urgence à l'hôpital, c'est le SAMU, c'est le SMUR, c'est aussi peut-être les plateformes téléphoniques où on reçoit les appels des personnes qui font le 15. C'est beaucoup de stress comme métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors c'est forcément un peu stressant parce que je pense notamment quand on est aux urgences qu'on voit les patients qui attendent et puis qu'en fait on nous dit là il y a un SAMU qui arrive, ou là il y a des pompiers qui arrivent avec un patient qui est grave. Déjà il faut qu'on sache s'adapter au maximum puisqu'en fait peut-être que ce qu'on est en train de faire il va falloir l'arrêter pour prendre en charge quelqu'un de plus grave. Alors après... Là, quand j'explique, on a l'impression qu'on est tout seul, mais on n'est pas tout seul. Il y a plusieurs médecins, tout un tas d'infirmiers et de personnels soignants qui peuvent nous aider. Mais c'est vrai que si quelqu'un de plus grave arrive, c'est vers le plus grave qu'il faut qu'on s'occupe. Aussi, quand on est au SAMU ou au SMUR, ce qui est un peu particulier, c'est que, en tout cas, quand j'étais en stage, ça se passait comme ça. Notre journée se déroule normalement, c'est-à-dire qu'on est à la base avec tous les véhicules. Et puis on fait tout d'un coup, hop ! bip sonne, on n'a pas tout à fait le motif de départ on descend et hop on découvre sur une feuille A4 l'identité du patient, son âge on n'a pas tout à fait ses antécédents parfois il nous en manque, parfois on ne sait même pas pourquoi on est déclenché et en fait on arrive et c'est les pompiers sur place qui nous font les transmissions, il faut qu'on se dise dans nos têtes peut-être que quand on a le motif douleur thoracique dans la voiture on a le temps de réfléchir Mais quand on sépare, en général, on peut rappeler les assistants de régulation médicale, les ARM, c'est des gens, quand on fait le 15, on tombe souvent sur les ARM. Et puis, on essaie d'avoir de petites infos en amont pour ne pas non plus arriver et qu'on ne sache absolument pas de quoi il s'agit.

  • Pascale Lafitte

    Ça, ce sont des choses que tu as apprises avec tes collègues ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est le SAMU, personnellement, qui m'a beaucoup aidée dans la prise en charge des patients, de bien savoir ce qui était... notamment de savoir ce qui était grave et ce qui n'est pas grave, ça permet vraiment de réfléchir, on doit réfléchir un peu vite. Et donc oui, quand on ne savait pas trop pourquoi on partait, en général, mon chef rappelait les ARM. Et donc on tentait d'en savoir un petit peu plus. Et puis souvent, on avait quand même le motif de ce pourquoi on était appelé avant d'arriver chez les patients. En France, je trouve qu'on est vraiment sur-spécialisé. Il y a des gens qui maîtrisent un tel truc, c'est extrêmement niche. Et au contraire, urgentiste, c'est maîtriser, alors pas en profondeur, et on s'entend bien là-dessus, mais tout un tas de choses. Et je trouve que c'est ça qui est hyper intéressant, c'est de s'occuper d'une pathologie pulmonaire, puis en fait d'une douleur abdominale, et en fait de quelqu'un qui a de la fièvre, et en fait d'un mal de tête. Et je trouve que du coup, ça mélange plein de trucs, ça nous fait réviser et ça nous fait encore apprendre plein de trucs. Il y a un côté très propre à la médecine, enfin, assez particulier avec la médecine d'urgence, c'est qu'on est formé à l'échographie. Ça fait partie de notre métier maintenant. Et à titre personnel, moi, c'est vraiment quelque chose qui me plaît beaucoup, de savoir, de faire un peu d'échographie aux urgences. Alors, c'est probablement ce qu'on appelle du débrouillage, et j'entends parfaitement, mais je crois que... Par rapport à un radiologue ? Oui, c'est ça, exactement. Par rapport à un cardiologue qui fait des échographies cardiaques, mais ça permet aussi de rajouter une autre corde à notre arc. Et de vraiment considérer les urgences et les médecins urgentistes comme une spécialité à part entière. Je trouve que c'est hyper important. Souvent, on se dit que c'est vu comme ça, les urgences. On y dépose des patients, c'est encore la poubelle de l'hôpital. Il y a des gens qui vraiment pensent comme ça. Et moi, je trouve qu'il ne vaut plus qu'on réfléchisse comme ça, qu'on ait une vraie spécialité, que les patients arrivent parfois sur leurs jambes alors qu'en fait, ils sont gravissimes. Et qu'en fait, nous, on est formés à vraiment... S'occuper de patients graves qui, un peu tout venant, c'est vraiment ce qu'on dit, c'est les gens qui rentrent et qui sont graves et c'est une spécialité. Donc on apprend vraiment à gérer les urgences et je trouve que c'est hyper intéressant et on ne fait jamais la même chose.

  • Pascale Lafitte

    Tu as appris à te comporter face aux patients en observant ou est-ce que ça fait partie des cours que tu reçois ? Quand je parle de se comporter, c'est que souvent quand on arrive aux urgences, on flippe, nous, patients. Si on y va, c'est qu'on a un problème. Je ne sais pas, on ne va pas juste pour vous voir, pour vous faire un petit bisou, ce n'est pas notre truc. Est-ce que ça tu l'apprends en cours ou est-ce que ça tu l'apprends sur le terrain ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je me rappelle quand on était externe, déjà qu'on nous avait dit un petit peu comment se comporter. Après il y a le vécu un peu personnel de chacun. Moi avant d'être personnel soignant j'ai été... patiente et je le suis encore. Donc en fait, c'est vraiment très personnel, mais je me comporte avec la façon avec laquelle j'aurais bien aimé qu'on se comporte si moi j'avais été en face, mais ça c'est vraiment à l'appréciation de chacun. Et puis effectivement, au SAMU, notamment au SMUR, il faut savoir se placer parce que souvent les patients sont graves, un peu plus graves qu'aux urgences. Je pense que c'est un peu instinctif et ça dépend un peu de la nature de... Chacun de savoir se mettre en retrait, de savoir quand on ne sait pas le mieux, c'est de laisser le médecin au premier plan, de savoir comment on peut aider. Je sais qu'il y a une fois où il y avait un patient qui était assez grave, donc je me suis tout de suite mis en retrait. C'est ma chef qui a pris le rôle et en fait, moi, j'ai aidé l'infirmier et l'ambulancier. Comme je connaissais plutôt très bien le matériel, puisque le stage était pas mal avancé, je savais bien où était rangé tout. et en fait j'étais la petite main, j'avais la vision d'extérieur, donc je donnais le matériel, je récupérais le matériel, je leur sortais en amont ce dont ils pouvaient avoir besoin. Mais ça, ça dépend des interventions, ça dépend des personnes avec qui on est, du tempérament de chacun, c'est vraiment libre à l'appréciation de chacun, mais c'est vraiment difficile je trouve, vraiment c'est difficile. Difficile pourquoi ? Parce qu'en fait il faut se mettre à la place du patient qui est inquiet et puis nous il faut aussi raisonner en se disant... bon, là, ce n'est pas grave. Quand les patients viennent aux urgences, sont inquiets, et qu'en fait, ce n'est pas grave, nous, c'est la solution de facilité,ç a peut être de s'agacer, de se dire, oh là là, ce n'est pas du ressort des urgences, mais il faut composer avec l'inquiétude de chacun. Vraiment, c'est difficile, mais vraiment, je pense qu'il faut qu'on prenne le temps, nous, d'expliquer, malgré le rush des urgences. Les patients qui continuent d'arriver, il faut qu'on sache se poser, prendre dix minutes, un quart d'heure, leur expliquer que, Là, pour l'instant, nous, on n'est pas inquiets. Ça ne veut pas forcément dire qu'il ne se passe rien. Je trouve que c'est hyper important de dire que là, ce n'est pas grave, que ça ne veut pas dire que ça ne l'est pas, parce que le patient est inquiet. Donc, en fait, on ne peut pas minimiser son inquiétude ou sa douleur quand ils ont mal, mais leur expliquer en essayant d'avoir des mots simples, clairs, que là, ça va aller et que, bien évidemment, on reste à leur disposition si jamais ils ont besoin de revenir.

  • Pascale Lafitte

    La médecine d'urgence a été officiellement reconnue comme une spécialité médicale en France le 13 novembre 2015 avec la publication de l'arrêté créant le diplôme d'études spécialisées de médecine d'urgence. Cette légitimation a permis d'harmoniser la formation des urgentistes et de leur assurer une reconnaissance au niveau européen. Avant la création officielle de la spécialité de médecine d'urgence en 2015, les médecins exerçant dans ce domaine provenait d'autres spécialités médicales. Ils se formaient à la médecine d'urgence par le biais de diplômes complémentaires et d'expériences de terrain. Le DES de médecine d'urgence a été mis en place à partir de la rentrée universitaire 2017. Ce cursus couvre l'ensemble des aspects de la médecine d'urgence, tant pour les adultes que pour les enfants, en milieu hospitalier et extra-hospitalier, avec entre autres le SAMU et le SMUR. Dix pays européens ont intégré la médecine d'urgence. comme spécialité à part entière. La France donc, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et l'Irlande.

  • Interne en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération.

  • Pascale Lafitte

    Agathe a évoqué précédemment sa vie personnelle. Avant d'être médecin, interne, docteur bientôt, elle a été et est encore patiente. Alors vous vous en doutez, lorsque je l'écoute parler de son approche du malade, je ne peux m'empêcher de lui demander si sa longue expérience des hôpitaux et des docteurs exerce une influence sur sa conception de la pratique du métier.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je pense que ça aide beaucoup, puisqu'en fait, je me rappelle quand j'étais petite, c'était des consultations, j'en ai une par an, et je me rappelle que c'était vraiment un moment où j'avais très très peur. Je me rappelle, ma maman m'emmenait voir ce médecin en consultation. Alors, il y avait la sentence d'une opération derrière qui allait tomber. Donc, il y avait un peu cette épée de Damoclès qui était sur nous. Mais je me rappelle que j'étais vraiment hyper, hyper angoissée. J'avais vraiment très, très peur. Il faut quand même l'avouer que depuis que l'opération est passée, j'ai beaucoup moins peur. Mais en fait, c'est juste qu'on y allait. Il y avait cette consultation. On allait. On ne savait jamais trop. ce qu'on allait nous dire jusqu'à une année où on m'a dit, là Agathe t'as terminé de grandir et maintenant c'est le moment où il faut se faire opérer et je pense qu'on m'a bien expliqué ce qui allait se passer même quand on nous explique il y a quand même une telle incertitude sur ce qui va pouvoir se passer même si entre guillemets tout va bien je trouve que ça ne mange vraiment pas de pain que de dire aux patients quand nous on est inquiet ou quand on n'est pas inquiet, de dire aux patients quand juste... Le déroulé des choses, c'est-à-dire...

  • Pascale Lafitte

    Quand tu dis nous, c'est nous le médecin ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui,

  • Pascale Lafitte

    Nous l'interne ou nous le médecin.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, moi j'aime bien dire ça aux patients. Souvent, alors parfois je discute des dossiers avec mes chefs, ça c'est vraiment le plus souvent. Donc en fait, quand je dis nous, c'est mon chef et moi. Mais souvent ça m'arrive de dire, là je ne suis pas inquiète. Est-ce que vous, ça vous inquiète ? de expliquer ce qui doit refaire consulter, de expliquer ce qui doit amener à être inquiet, parce qu'en fait, nous, c'est facile, on a le beau rôle On sait comment les patients peuvent s'aggraver, on sait ce qui doit les inquiéter. Si on ne leur explique pas, les patients, ils n'ont pas notre formation. Je trouve que ça ne mange pas de pain, nous, quand on le sait. Alors, on n'a pas réponse à tout et on ne lit pas l'avenir, donc on ne peut pas savoir ou pas s'ils vont s'aggraver ou pas. Mais en tout cas, quand on le sait, je trouve que ça ne mange pas de pain que de le dire.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu penses que tu as été formé à ça ? Je crois que c'est très important parce que ça fait partie des grandes critiques qu'on peut faire aux médecins, aux internes, à l'approche qu'on a du milieu médical. C'est que le manque d'information, le manque d'attention, le manque d'empathie peut-être, est-ce que ça tu as été formé ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas franchement, non. Vraiment c'est les médecins qu'on voit, les médecins avec qui on s'entend bien, à contrario de ceux avec lesquels on ne s'entend pas. Enfin, on ne s'entend pas. on n'aimerait pas être pris en charge par eux. En fait, c'est plutôt ça la formulation qui, moi, me fait écho. Quand on n'explique rien, quand on n'est pas sympa, quand on fait notre... Je trouve qu'à la place du patient qui est très inquiet, qui est aux urgences ou dans le camion du SAMU, ou dans le camion des pompiers, moi, je ne fonctionne pas du tout comme ça parce qu'à contrario, moi, j'étais avec un de mes chefs au SAMU. Il explique de façon extrêmement claire avec tous les patients qu'il prend en charge. Il leur explique ce qui se passe, comment il va les prendre en charge, qu'il va les soulager. Et les patients, ils sont toujours ravis. Au CEMU, on recroise rarement le même médecin, mais les patients sont juste rassérénés. Et ça me semble juste couler de source. Nous, on fait notre métier, on est de garde, on est posté aux urgences. Autant prendre en charge, à mes yeux, correctement, ça veut dire expliquer aux patients ce qui se passe, ce qu'il a et ce qui va lui arriver. Donc... Si c'est une prise de sens, c'est une prise de sens. Si c'est une imagerie, c'est une imagerie. Quand on attend l'avis de quelqu'un et qu'on attend qu'un tel ou un tel passe parce qu'on a besoin d'un avis complémentaire, on leur explique. On leur explique que ça peut prendre du temps. Je me rappelle quand j'étais en stage aux urgences, il y avait l'un des médecins qui disait l'attente crée le stress. Mais c'est exactement ça. Je trouve que c'est exactement ça et je trouve que c'est un peu le concept des urgences. On attend quelqu'un, puis on attend encore. Attendre sans information, bah ouais, ça fait stresser, ouais.

  • Pascale Lafitte

    D'après le Code de la santé publique, les médecins des structures d'urgence en France doivent être soit titulaires d'un DES en médecine d'urgence, filière suivie par Agathe, soit disposés d'un diplôme équivalent reconnu, c'est le cas des diplômes de médecine d'urgence obtenus dans un autre pays et après reconnaissance de leur qualification en France, ou des diplômes antérieurs à la création du DES en médecine d'urgence 2016, comme je vous l'ai dit précédemment. Souhaite encore ! justifié d'une expérience professionnelle d'au moins trois ans dans un service ou une structure d'urgence. Le quotidien aux urgences, vous le savez, vous vous en doutez, est parfois brutal, douloureux. Alors j'ai demandé à Agathe si elle arrivait à poser ses valises, à se délester de sa charge mentale avant de rentrer chez elle.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est pas facile. Il y a deux ou trois fois où c'était compliqué. Mais ça, je trouve que la bonne entente avec les co-internes, le fait de, notamment en réanimation, ça pouvait être très compliqué, mais la bonne entente avec les co-internes, le fait de vraiment vider son sac, de toute façon, je pense que c'est nécessaire de vider son sac, soit avec nos copains de médecine qui, eux, peuvent comprendre, soit avec nos co-internes, en fait, en racontant. Enfin, je pense qu'il faut vraiment verbaliser. Et aussi, si on a un co-interne ou quelqu'un dont même on n'est pas très proche, mais dont on sait... ce qui s'est passé, je crois que c'est hyper important de prendre des nouvelles parce que ça coûte rien et puis je trouve que le fait de verbaliser, ça permet vraiment de... Alors ça peut être un peu douloureux, parfois les gens, ça peut rendre triste, mais il faut qu'on continue à travailler nous après. Si nous, on ne prend pas soin de nous déjà, comment est-ce qu'on peut prendre soin des autres après ? Et ça, vraiment, moi, ça me semble hyper important.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça t'a changé de faire ce métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je sais pas, c'est difficile comme question. Enfin, ça m'a appris à... à vraiment relativiser sur les choses qui étaient graves et qui n'étaient pas graves, mais dans ma vie tous les jours. Mais c'est un peu binaire, c'est-à-dire que tout va bien, vraiment tout va bien, et puis le jour où il y a un truc qui s'écarte un peu de la normale, j'arrive vite à relativiser, à me continuer à me dire que tout va bien, mais après c'est un peu propre à chacun. Oui,

  • Pascale Lafitte

    Mais tu ne le faisais pas avant, c'est vraiment depuis que tu as mis les pieds dans cet internat d'urgentiste ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et puis aussi à gérer ce qui est grave et ce qui n'est pas grave, ça c'est pareil, ça permet vraiment de faire des distinctions. Alors comme je suis encore jeune et que je n'ai pas beaucoup d'expérience, c'est souvent très binaire. Quand j'ai le moindre doute, hop, je me dis que soit c'est grave ou que hop, soit ça ne va pas. Alors que je pense qu'avec l'âge, j'apprendrai à me dire qu'il n'y a pas que du noir et du blanc, il y a peut-être un petit peu de gris. Mais pour l'instant, je n'arrive pas encore à le savoir. Mais ça m'a un peu changé sur la façon de gérer l'urgence. J'étais très stressée quand j'étais petite. Ma mère, s'il avait été là, elle dirait que... que je faisais des crises de panique souvent quand j'étais enfant, et c'est vrai. Et je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais maintenant, je ne sais plus du tout si j'étais ça. Donc, j'en suis plutôt contente. J'arrive à gérer l'urgence, à réfléchir, à ne pas subir la pression. Ça, pour le coup, j'en suis assez contente. Et je me dis que je n'ai pas si mal choisi ma voie, du coup.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne paniques jamais ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas jamais, mais rarement. J'arrive à mettre en place deux, trois trucs avant, de me dire comment réfléchir, de choisir le moment où... de savoir à quel moment je peux réfléchir, notamment aux urgences pédiatriques. Je me rappelle, quand on arrive aux urgences, les patients et les enfants sont triés. Alors nous, c'est sur notre logiciel. Un, deux, trois, quatre, cinq, voilà. Un, c'est l'urgence extrême. Et cinq, c'est ce qui s'apparente à une consultation de ville. En pédiatrie, c'est tout nouveau pour moi. Je n'en ai jamais fait, enfin, très peu fait avant mon stage d'interne. Et là, on m'attrape et on me dit... Agathe, Agathe, il y a un patient qui arrive et je vois sur l'ordinateur, il est en tri 1. Moi, je commence un peu à suer. Je me dis, punaise, il est en tri 1. J'en ai jamais fait. Et en fait, je me retourne et je vois que la petite fille en question, qui était tri 1, est arrivée sur ses jambes. Donc en fait, je me suis dit, ok, donc en fait, elle marche toute seule. Elle respire toute seule. Juste ces simples questions permettent de juste dire... Bon bah finalement j'ai un peu le temps J'ai le temps de voir les choses et j'ai le temps de réfléchir un peu C'est très bête, il faut juste se poser la question Et on a le temps de réfléchir et ça va mieux

  • Pascale Lafitte

    Dernière question Est-ce que tu as déjà pensé que tu t'étais trompée De métier ? J'ai l'impression en te la posant qu'elle est totalement idiote cette question, mais je te la pose quand même

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors en fait ça fait pas très longtemps Que je sais que j'aime bien C'est-à-dire que j'ai passé un an, un an et demi A me dire ah punaise quand même C'est sympa Mais... Le stage au SMUR, c'était un peu vraiment une révélation où je me suis dit, ah en fait c'est super cool. Le fait d'avoir, enfin de, je pense que je vais faire un an d'internat en plus pour travailler aux urgences pédiatriques, ce qui me plaît vraiment, mais ça date du mois de novembre, enfin du début novembre, donc c'est vraiment tout récent, c'est en fait de me dire que je voudrais travailler avec des adultes et avec des enfants. Alors encore une fois, du coup, je ne maîtriserai pas parfaitement les pathologies de l'adulte SNIT. parfaitement les pathologies de l'enfant. C'est vraiment pouvoir avoir la double, avoir en fait cette ambivalence adulte-enfant qui me plairait beaucoup. Mais ça ne fait pas très longtemps que je me dis que je ne me suis pas vraiment trompée de voie. Et du coup, c'est assez rassurant parce qu'en fait, les études de médecine, c'est vraiment long. Donc, savoir après 8 ans, 9 ans, je ne me rappelle pas très bien. Non, 9 ans, je pense. Dans l'étude, qu'en fait, on ne s'est pas trompé. C'est chouette. C'est des chouettes parce qu'on va travailler pendant longtemps encore. Donc, non, non, ça fait plaisir.

  • Pascale Lafitte

    Et tu rajoutes un an.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et je rajoute un an. Donc l'internat de médecine d'urgence, c'est 4 ans, en comptant l'année qu'on appelle le docteur junior, mon placement, c'est pas très intéressant. Mais moi je fais une année, une année en plus, en plus de mon docteur junior, donc je fais 5 ans d'internat.

  • Pascale Lafitte

    Je t'avais dit dernière question, mais j'en ai encore une. C'est plus difficile, puisque tu parles de pédiatrie. En fait, on revient quand même à cette sage femme du début. Il y avait de l'enfant dans l'air. Donc, tu vois, les rêves d'enfant, ils restent toujours quelque part dans un coin de la tête. Est-ce que c'est plus difficile de gérer l'enfant ou le parent ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui. Ah oui. Là, les parents, parfois, c'est compliqué. Les parents des premiers bébés, et je dois avouer que j'y suis un peu abonnée, alors ce n'est pas fait exprès, mais les parents, parfois, c'est compliqué. Donc, j'ai posé ça. En fait, il y a un de mes chefs qui a posé une question, une fois, que je trouve très pertinente. C'est notamment quand nous, on n'est pas inquiets. Je leur demande, ils vous inquiètent là, votre enfant ? Ça permet un peu de se resituer, de nous se dire que... Enfin, moi, je leur dis souvent, je leur dis, moi, c'est pas mon enfant, donc ils ne m'inquiètent pas. Mais est-ce que vous, ils vous inquiètent ? Et en fait, ça permet juste de comprendre s'ils sont inquiets ou pas, et auquel cas, on réexplique une fois la raison pour laquelle ils ne nous inquiètent pas. Par contre, c'est vrai que quand l'enfant est un peu inquiétant, c'est une question qu'on ne pose pas parce qu'on s'occupe d'abord des enfants et après, on voit avec les parents. Alors, ce qui est particulier avec la pédiatrie, c'est que les parents sont là tout le temps. Tout le temps, tout le temps, tout le temps. Peu importe le geste, peu importe. Ils sont là tout le temps avec nous. La prise en charge est différente. Il faut aussi les inclure avec nous. Il faut leur expliquer tout ce qu'on fait. C'est une prise en charge qui est différente, mais qui est assez intéressante, je trouve.

  • Pascale Lafitte

    Je te remercie,

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Agathe.

  • Pascale Lafitte

    Et j'espère tomber sur toi quand j'aurai un petit fils maintenant ou une petite fille, parce que les enfants, c'est fini, et que je devrais l'ammener aux urgences. Merci beaucoup. Encore merci à Agathe et merci à vous tous de nous avoir écouté. Et si vous aimez ces entretiens, alors abonnez-vous, partagez-les et n'oubliez pas, "Internes en médecine", le podcast, est à suivre sans ordonnance ni modération.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Agathe

    00:10

  • La fatigue et ses défis en médecine d'urgence

    00:24

  • Différences entre patients adultes et enfants aux urgences

    00:49

  • Choix de carrière : de sage-femme à interne en médecine

    02:00

  • Premiers jours en internat et gestion du stress

    03:51

  • Le stress au travail et la prise en charge des urgences

    08:31

  • La reconnaissance de la médecine d'urgence comme spécialité

    15:19

  • Gestion de la charge mentale et impact sur la vie personnelle

    21:32

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Description


Êtes-vous prêt à plonger au cœur du quotidien d'une interne urgentiste ? Alors, on y va ! Dans cet épisode d'interne en médecine, j'ai le plaisir de vous présenter Agathe, une interne en médecine d'urgence, qui nous ouvre avec générosité et flamboyance les portes de son quotidien. À travers son récit, elle nous fait découvrir son rôle d'interne, ses apprentissages, la gestion de la fatigue et du stress mais aussi son approche du malade dans le dialogue, la transparence mais avec tact et respect.


Agathe partage avec nous son parcours particulier, d'une initiale attirance pour la profession de sage-femme à son choix déterminé de se tourner vers la médecine d'urgence. Elle nous raconte ses premiers jours d'internat, les angoisses qui l'ont habitée face à des situations inconnues, et comment elle a appris à gérer le stress en observant ses collègues. "Chaque jour est un nouveau défi, mais chaque sourire d'un enfant guéri en vaut la peine", déclare-t-elle avec passion.


La discussion ne s'arrête pas là. Agathe souligne l'importance cruciale de la communication avec les patients et leurs familles, un élément essentiel pour instaurer la confiance et rassurer dans des moments de grande inquiétude. "Il est vital d'expliquer les soins que nous prodiguons, surtout quand il s'agit de nos petits patients", insiste-t-elle. Sa perspective offre une lumière nouvelle sur la gravité des situations rencontrées, qu'il s'agisse d'adultes ou d'enfants, montrant que chaque vie est précieuse et mérite toute notre attention.


Ensemble, nous explorons les nuances de la médecine d'urgence, les moments de joie et de désespoir, et le désir constant d'apprendre et d'évoluer dans ce domaine si dynamique. Agathe nous rappelle que, malgré les défis, la médecine est avant tout une vocation, une passion qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes chaque jour. "Je ne peux pas imaginer faire autre chose", conclut-elle avec conviction.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante et inspirante qui non seulement met en lumière les réalités du métier d'interne en médecine, mais aussi l'humanité qui se cache derrière chaque acte médical. Que vous soyez étudiant en médecine, professionnel de santé ou simplement curieux d'en savoir plus sur la médecine d'urgence, cet épisode est fait pour vous !


"Interne en médecine" est un podcast de Pascale Lafitte, avec IMI productions & Creative.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour à tous, bienvenue, je suis Pascale Lafitte, je suis contente de vous retrouver. Je vous présente Interne en médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine. Aujourd'hui, nous allons à la rencontre d'une jeune femme interne en médecine d'urgence.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    La fatigue, c'est compliquée. La fatigue, c'est compliquée parce que, bien en fait, il faut... Enfin, je le remarque, je suis actuellement aux urgences pédiatriques et donc on ne fait pas de garde de 24 heures. certains, dans certains endroits, ils en font. Et je leur souhaite bien du courage, parce que moi, j'en suis tout à fait incapable. Mais je le vois quand il est 18h30, que je prends les premiers enfants en charge. Et quand il est 7h ou 7h30 le lendemain, et que c'est les derniers, il faut prendre sur soi, parce qu'en fait, souvent en pédiatrie, alors il y a des choses qui sont graves, mais c'est vrai que la pédiatrie, par rapport à la médecine adulte, ce ne sont vraiment pas les mêmes patients. Et c'est vrai que la gravité n'est pas la même. Donc il y a des enfants graves, c'est sûr. Mais en proportion, les adultes arrivent aux urgences et sont dans un état, je trouve, qui peut être plus grave que les enfants. Mais c'est juste qu'il faut quand même essayer d'avoir la même rigueur quand on voit les patients, puisqu'en fait, on les fait rentrer à la maison alors qu'en fait, ils sont des graves. Mais que nous, avec un peu de fatigue, on ne l'a pas vu, c'est difficile. Non, la fatigue, elle peut vraiment nous jouer des tours. Il faut rester vigilant, mais je ne crois pas qu'il y ait vraiment de remède magique sur la fatigue.

  • Pascale Lafitte

    Je vous présente Agathe, son brin de voix éraillé, un mélange entre Bonnie Tyler et Oshie. Agathe est interne en médecine d'urgence et avec elle nous avons évoqué divers sujets. La fatigue, vous l'avez entendu à l'instant. Nous avons abordé également ses premiers jours d'interne. Le stress de l'urgence vitale, évidemment. Et puis son enfance aussi, importante son enfance. Et bien évidemment, avant tout ça, en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Quand j'étais plus jeune, je me rappelle au lycée, j'ai très voulu vite être sage-femme. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours aimé les enfants, c'est un peu annexe, mais ça m'a toujours plu. Et puis en fait, j'ai réalisé assez vite que pour faire sage-femme, il fallait faire médecine et donc passer cette première année. Donc, en fait, en m'inscrivant initialement en médecine, et en fait, je me suis rendu compte que peut-être c'était plus sage-femme que je voulais faire vraiment mes médecines. J'ai donc présenté médecine. Finalement, c'est comme ça que j'ai commencé mes études de médecine.

  • Pascale Lafitte

    Ça veut dire que tu as fait l'externat en te disant que tu serais peut-être sage-femme ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Non, c'est plutôt quand j'ai passé mon bac. Avant de m'inscrire en première année, je me disais, oh, je veux être sage-femme, je veux être sage-femme. Et en fait, je me suis dit, en arrivant en médecine, qu'en fait, c'était le même concours, le même concours plutôt difficile. Le même travail fourni, les mêmes efforts et tout ça. Et puis, en fait, je me suis rendu compte que la spécialité de médecine me plaisait bien, qu'on commençait à savoir comment se passait l'externat et tout ça. C'est ça qui m'avait plu. Et donc, j'ai présenté l'option médecine. Et c'est comme ça que j'ai commencé mes études.

  • Pascale Lafitte

    Personne n'est médecin chez toi ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Personne n'est médecin chez moi.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne savais donc pas dans quoi tu mettais les pieds ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas tout à fait. J'ai des copains de ma mère qui sont médecins, mais c'est vraiment des gens de la génération de mes parents, qui eux sont médecins généralistes. de mon cercle très proche, personne et médecin.

  • Pascale Lafitte

    Donc c'est une grande découverte quand on vient d'un autre milieu et quand on commence à découvrir le fonctionnement de l'internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Ah oui, complètement. Je ne savais pas vraiment dans quoi je mettais les pieds. Je n'avais personne avec qui, du moins, me comparer ou alors me préparer à ce qui allait arriver. Mais tout s'est bien passé.

  • Pascale Lafitte

    Tu te souviens de ta première journée en internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, je me rappelle. Moi, j'étais en médecine interne. Donc, ce n'est pas la spécialité, ce n'est pas le métier ni le rythme que j'allais avoir. C'était un peu particulier. J'étais en hôpital de jour. Les gens arrivaient le matin, repartaient le soir avec des examens bien organisés sur toute la journée. Donc, j'ai commencé mon vrai jour, c'était le lendemain. Mais voilà, on nous fait le planning, on nous monte l'hôpital. Et puis, en fait... on est vite dans le main, donc le lendemain on se réveille et on va travailler, et on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre. En même temps, il ne faut pas perturber l'organisation du service. Les gens qui viennent, en fait les gens ils sont là, ils ont leurs examens, que les internes échangés ou pas, ça ne doit absolument pas avoir un impact sur leur prise en charge. Donc après on peut poser toutes les questions qu'il nous faut, enfin qu'on peut, mais c'est un peu particulier finalement.

  • Pascale Lafitte

    Comment tu t'es comportée pour que le patient, puisque c'est ce que tu me dis, que le patient ne se rende pas compte que tu étais très novice, puisque c'était ton deuxième jour d'internat, de grande, tu as essayé d'imiter les internes plus anciens ou les chefs ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, donc ma co-interne avec qui j'étais était médecin généraliste, elle n'était pas non plus de l'aspect dans lequel on était, mais ce qui nous aidait, c'est qu'on avait essayé de voir, puisque les patients venaient tous les mois, tous les mois et demi, on développe des petites techniques quand on est interne et quand on ne sait pas trop, si on regarde ce qui est fait avant, ça marche plutôt bien. J'avais ouvert des anciens comptes rendus. pour voir ce qui était à peu près attendu de nous, avant d'aller voir les patients et de les examiner. C'était des pathologies que je ne connais pas et que je ne connais plus et que je ne reverrai certainement pas. Mais donc voilà, pour essayer de pallier notre manque d'expérience et tout ça, il faut juste essayer de voir ce qui a été fait avant. Donc j'avais un peu fait ça, puis j'avais été voir les patients, je leur avais posé des questions. J'avais été les revoir, je crois, plein de fois dans la matinée avant qu'ils partent en examen, parce que j'en avais aucune idée de ce pourquoi ils étaient là. Puis après, ma chef est arrivée. On en a discuté et puis elle est revenue les voir avec moi. Mais voilà, on est vite dans le bain.

  • Pascale Lafitte

    Alors parce que la médecine interne, c'est une médecine de Docteur House, c'est ça ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Exactement, c'est ce que ma mère disait pour expliquer aux gens qui ne faisaient pas médecine que c'était. C'est que c'est des pathologies pas très courantes. Il y a des choses qui sont connues, mais des choses qui ne le sont pas. Et là, en l'occurrence, c'était vraiment un petit peu niche, comme on pourrait dire. Mais oui, voilà, c'est que c'est des pathologies que vraiment, je pense, je ne reverrai plus. Ou alors, on me le mentionnera et ça me... Mais c'est clair, je me dirais, ah mais oui, c'est vrai, j'ai vu ça une fois en médecine interne. Mais non, ce n'est pas des pathologies que je verrais, notamment aux urgences, que je ne prendrais pas en charge, comme là, on les a prises en charge dans le service.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu es angoissée, toi, dans une situation comme celle-ci ? Alors, on oublie le premier, mais le deuxième jour, quand tu vas te retrouver avec ces patients, où tu es vraiment... dans l'inconnu ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors, quand j'étais jeune interne, oui, parce que je ne savais pas gérer des urgences, j'avais du mal à hiérarchiser ce qui était grave et ce qui n'était pas grave. Donc, quand je me remets à la place de moi en médecine interne, oui, oui, c'est que je ne savais pas trop quoi faire si jamais il y avait quelque chose qui n'allait pas droit. Alors maintenant, à posteriori, maintenant qu'il y a quelques stages que je suis passée, que je suis un peu plus vieille et que j'ai fait quelques stages, je me rends compte que les gens... Même s'il s'aggravait un petit peu, maintenant, ce n'est plus quelque chose qui me fait peur. Donc, tant mieux. Mais oui, c'est vrai, je ne savais pas trop comment il pouvait s'aggraver. Je ne savais pas trop s'il commençait à avoir du mal à respirer, ce que je pouvais faire. Maintenant, c'est des choses qui ne me font plus peur du tout. Et puis, j'ai quelques marches de manœuvre et quelques tours dans mon sac pour anticiper. Donc, c'est quelque chose qui va mieux. Mais oui, bien évidemment, je me rappelle une fois, j'étais en médecine interne. Il y a une jeune femme qui a convulsé devant moi. J'étais pas très à l'aise. Voilà, maintenant j'en fais plus, ça ne m'inquiète plus. Mais oui, c'est sûr que je ne savais pas trop comment hiérarchiser la gravité des patients. Et parce que je pense que j'étais jeune et je n'avais pas beaucoup d'expérience et je n'avais pas vu beaucoup de patients. C'est vrai que voir des patients nous permet d'apprendre à chaque fois qu'on voit quelque chose, notamment quelque chose qui sort un peu des clous. Et là, il est vrai que... je ne savais pas trop quoi faire. Si jamais il s'aggravait, ça ne s'est jamais mal passé. La question ne s'est même pas posée. Mais oui, c'est sûr que j'allais vite avoir besoin de l'un de mes chefs si jamais il y avait quelque chose qui sortait un peu des sentiers battus, disons.

  • Pascale Lafitte

    L'urgence, tu nous l'as dit, c'est l'urgence à l'hôpital, c'est le SAMU, c'est le SMUR, c'est aussi peut-être les plateformes téléphoniques où on reçoit les appels des personnes qui font le 15. C'est beaucoup de stress comme métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors c'est forcément un peu stressant parce que je pense notamment quand on est aux urgences qu'on voit les patients qui attendent et puis qu'en fait on nous dit là il y a un SAMU qui arrive, ou là il y a des pompiers qui arrivent avec un patient qui est grave. Déjà il faut qu'on sache s'adapter au maximum puisqu'en fait peut-être que ce qu'on est en train de faire il va falloir l'arrêter pour prendre en charge quelqu'un de plus grave. Alors après... Là, quand j'explique, on a l'impression qu'on est tout seul, mais on n'est pas tout seul. Il y a plusieurs médecins, tout un tas d'infirmiers et de personnels soignants qui peuvent nous aider. Mais c'est vrai que si quelqu'un de plus grave arrive, c'est vers le plus grave qu'il faut qu'on s'occupe. Aussi, quand on est au SAMU ou au SMUR, ce qui est un peu particulier, c'est que, en tout cas, quand j'étais en stage, ça se passait comme ça. Notre journée se déroule normalement, c'est-à-dire qu'on est à la base avec tous les véhicules. Et puis on fait tout d'un coup, hop ! bip sonne, on n'a pas tout à fait le motif de départ on descend et hop on découvre sur une feuille A4 l'identité du patient, son âge on n'a pas tout à fait ses antécédents parfois il nous en manque, parfois on ne sait même pas pourquoi on est déclenché et en fait on arrive et c'est les pompiers sur place qui nous font les transmissions, il faut qu'on se dise dans nos têtes peut-être que quand on a le motif douleur thoracique dans la voiture on a le temps de réfléchir Mais quand on sépare, en général, on peut rappeler les assistants de régulation médicale, les ARM, c'est des gens, quand on fait le 15, on tombe souvent sur les ARM. Et puis, on essaie d'avoir de petites infos en amont pour ne pas non plus arriver et qu'on ne sache absolument pas de quoi il s'agit.

  • Pascale Lafitte

    Ça, ce sont des choses que tu as apprises avec tes collègues ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est le SAMU, personnellement, qui m'a beaucoup aidée dans la prise en charge des patients, de bien savoir ce qui était... notamment de savoir ce qui était grave et ce qui n'est pas grave, ça permet vraiment de réfléchir, on doit réfléchir un peu vite. Et donc oui, quand on ne savait pas trop pourquoi on partait, en général, mon chef rappelait les ARM. Et donc on tentait d'en savoir un petit peu plus. Et puis souvent, on avait quand même le motif de ce pourquoi on était appelé avant d'arriver chez les patients. En France, je trouve qu'on est vraiment sur-spécialisé. Il y a des gens qui maîtrisent un tel truc, c'est extrêmement niche. Et au contraire, urgentiste, c'est maîtriser, alors pas en profondeur, et on s'entend bien là-dessus, mais tout un tas de choses. Et je trouve que c'est ça qui est hyper intéressant, c'est de s'occuper d'une pathologie pulmonaire, puis en fait d'une douleur abdominale, et en fait de quelqu'un qui a de la fièvre, et en fait d'un mal de tête. Et je trouve que du coup, ça mélange plein de trucs, ça nous fait réviser et ça nous fait encore apprendre plein de trucs. Il y a un côté très propre à la médecine, enfin, assez particulier avec la médecine d'urgence, c'est qu'on est formé à l'échographie. Ça fait partie de notre métier maintenant. Et à titre personnel, moi, c'est vraiment quelque chose qui me plaît beaucoup, de savoir, de faire un peu d'échographie aux urgences. Alors, c'est probablement ce qu'on appelle du débrouillage, et j'entends parfaitement, mais je crois que... Par rapport à un radiologue ? Oui, c'est ça, exactement. Par rapport à un cardiologue qui fait des échographies cardiaques, mais ça permet aussi de rajouter une autre corde à notre arc. Et de vraiment considérer les urgences et les médecins urgentistes comme une spécialité à part entière. Je trouve que c'est hyper important. Souvent, on se dit que c'est vu comme ça, les urgences. On y dépose des patients, c'est encore la poubelle de l'hôpital. Il y a des gens qui vraiment pensent comme ça. Et moi, je trouve qu'il ne vaut plus qu'on réfléchisse comme ça, qu'on ait une vraie spécialité, que les patients arrivent parfois sur leurs jambes alors qu'en fait, ils sont gravissimes. Et qu'en fait, nous, on est formés à vraiment... S'occuper de patients graves qui, un peu tout venant, c'est vraiment ce qu'on dit, c'est les gens qui rentrent et qui sont graves et c'est une spécialité. Donc on apprend vraiment à gérer les urgences et je trouve que c'est hyper intéressant et on ne fait jamais la même chose.

  • Pascale Lafitte

    Tu as appris à te comporter face aux patients en observant ou est-ce que ça fait partie des cours que tu reçois ? Quand je parle de se comporter, c'est que souvent quand on arrive aux urgences, on flippe, nous, patients. Si on y va, c'est qu'on a un problème. Je ne sais pas, on ne va pas juste pour vous voir, pour vous faire un petit bisou, ce n'est pas notre truc. Est-ce que ça tu l'apprends en cours ou est-ce que ça tu l'apprends sur le terrain ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je me rappelle quand on était externe, déjà qu'on nous avait dit un petit peu comment se comporter. Après il y a le vécu un peu personnel de chacun. Moi avant d'être personnel soignant j'ai été... patiente et je le suis encore. Donc en fait, c'est vraiment très personnel, mais je me comporte avec la façon avec laquelle j'aurais bien aimé qu'on se comporte si moi j'avais été en face, mais ça c'est vraiment à l'appréciation de chacun. Et puis effectivement, au SAMU, notamment au SMUR, il faut savoir se placer parce que souvent les patients sont graves, un peu plus graves qu'aux urgences. Je pense que c'est un peu instinctif et ça dépend un peu de la nature de... Chacun de savoir se mettre en retrait, de savoir quand on ne sait pas le mieux, c'est de laisser le médecin au premier plan, de savoir comment on peut aider. Je sais qu'il y a une fois où il y avait un patient qui était assez grave, donc je me suis tout de suite mis en retrait. C'est ma chef qui a pris le rôle et en fait, moi, j'ai aidé l'infirmier et l'ambulancier. Comme je connaissais plutôt très bien le matériel, puisque le stage était pas mal avancé, je savais bien où était rangé tout. et en fait j'étais la petite main, j'avais la vision d'extérieur, donc je donnais le matériel, je récupérais le matériel, je leur sortais en amont ce dont ils pouvaient avoir besoin. Mais ça, ça dépend des interventions, ça dépend des personnes avec qui on est, du tempérament de chacun, c'est vraiment libre à l'appréciation de chacun, mais c'est vraiment difficile je trouve, vraiment c'est difficile. Difficile pourquoi ? Parce qu'en fait il faut se mettre à la place du patient qui est inquiet et puis nous il faut aussi raisonner en se disant... bon, là, ce n'est pas grave. Quand les patients viennent aux urgences, sont inquiets, et qu'en fait, ce n'est pas grave, nous, c'est la solution de facilité,ç a peut être de s'agacer, de se dire, oh là là, ce n'est pas du ressort des urgences, mais il faut composer avec l'inquiétude de chacun. Vraiment, c'est difficile, mais vraiment, je pense qu'il faut qu'on prenne le temps, nous, d'expliquer, malgré le rush des urgences. Les patients qui continuent d'arriver, il faut qu'on sache se poser, prendre dix minutes, un quart d'heure, leur expliquer que, Là, pour l'instant, nous, on n'est pas inquiets. Ça ne veut pas forcément dire qu'il ne se passe rien. Je trouve que c'est hyper important de dire que là, ce n'est pas grave, que ça ne veut pas dire que ça ne l'est pas, parce que le patient est inquiet. Donc, en fait, on ne peut pas minimiser son inquiétude ou sa douleur quand ils ont mal, mais leur expliquer en essayant d'avoir des mots simples, clairs, que là, ça va aller et que, bien évidemment, on reste à leur disposition si jamais ils ont besoin de revenir.

  • Pascale Lafitte

    La médecine d'urgence a été officiellement reconnue comme une spécialité médicale en France le 13 novembre 2015 avec la publication de l'arrêté créant le diplôme d'études spécialisées de médecine d'urgence. Cette légitimation a permis d'harmoniser la formation des urgentistes et de leur assurer une reconnaissance au niveau européen. Avant la création officielle de la spécialité de médecine d'urgence en 2015, les médecins exerçant dans ce domaine provenait d'autres spécialités médicales. Ils se formaient à la médecine d'urgence par le biais de diplômes complémentaires et d'expériences de terrain. Le DES de médecine d'urgence a été mis en place à partir de la rentrée universitaire 2017. Ce cursus couvre l'ensemble des aspects de la médecine d'urgence, tant pour les adultes que pour les enfants, en milieu hospitalier et extra-hospitalier, avec entre autres le SAMU et le SMUR. Dix pays européens ont intégré la médecine d'urgence. comme spécialité à part entière. La France donc, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et l'Irlande.

  • Interne en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération.

  • Pascale Lafitte

    Agathe a évoqué précédemment sa vie personnelle. Avant d'être médecin, interne, docteur bientôt, elle a été et est encore patiente. Alors vous vous en doutez, lorsque je l'écoute parler de son approche du malade, je ne peux m'empêcher de lui demander si sa longue expérience des hôpitaux et des docteurs exerce une influence sur sa conception de la pratique du métier.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je pense que ça aide beaucoup, puisqu'en fait, je me rappelle quand j'étais petite, c'était des consultations, j'en ai une par an, et je me rappelle que c'était vraiment un moment où j'avais très très peur. Je me rappelle, ma maman m'emmenait voir ce médecin en consultation. Alors, il y avait la sentence d'une opération derrière qui allait tomber. Donc, il y avait un peu cette épée de Damoclès qui était sur nous. Mais je me rappelle que j'étais vraiment hyper, hyper angoissée. J'avais vraiment très, très peur. Il faut quand même l'avouer que depuis que l'opération est passée, j'ai beaucoup moins peur. Mais en fait, c'est juste qu'on y allait. Il y avait cette consultation. On allait. On ne savait jamais trop. ce qu'on allait nous dire jusqu'à une année où on m'a dit, là Agathe t'as terminé de grandir et maintenant c'est le moment où il faut se faire opérer et je pense qu'on m'a bien expliqué ce qui allait se passer même quand on nous explique il y a quand même une telle incertitude sur ce qui va pouvoir se passer même si entre guillemets tout va bien je trouve que ça ne mange vraiment pas de pain que de dire aux patients quand nous on est inquiet ou quand on n'est pas inquiet, de dire aux patients quand juste... Le déroulé des choses, c'est-à-dire...

  • Pascale Lafitte

    Quand tu dis nous, c'est nous le médecin ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui,

  • Pascale Lafitte

    Nous l'interne ou nous le médecin.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, moi j'aime bien dire ça aux patients. Souvent, alors parfois je discute des dossiers avec mes chefs, ça c'est vraiment le plus souvent. Donc en fait, quand je dis nous, c'est mon chef et moi. Mais souvent ça m'arrive de dire, là je ne suis pas inquiète. Est-ce que vous, ça vous inquiète ? de expliquer ce qui doit refaire consulter, de expliquer ce qui doit amener à être inquiet, parce qu'en fait, nous, c'est facile, on a le beau rôle On sait comment les patients peuvent s'aggraver, on sait ce qui doit les inquiéter. Si on ne leur explique pas, les patients, ils n'ont pas notre formation. Je trouve que ça ne mange pas de pain, nous, quand on le sait. Alors, on n'a pas réponse à tout et on ne lit pas l'avenir, donc on ne peut pas savoir ou pas s'ils vont s'aggraver ou pas. Mais en tout cas, quand on le sait, je trouve que ça ne mange pas de pain que de le dire.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu penses que tu as été formé à ça ? Je crois que c'est très important parce que ça fait partie des grandes critiques qu'on peut faire aux médecins, aux internes, à l'approche qu'on a du milieu médical. C'est que le manque d'information, le manque d'attention, le manque d'empathie peut-être, est-ce que ça tu as été formé ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas franchement, non. Vraiment c'est les médecins qu'on voit, les médecins avec qui on s'entend bien, à contrario de ceux avec lesquels on ne s'entend pas. Enfin, on ne s'entend pas. on n'aimerait pas être pris en charge par eux. En fait, c'est plutôt ça la formulation qui, moi, me fait écho. Quand on n'explique rien, quand on n'est pas sympa, quand on fait notre... Je trouve qu'à la place du patient qui est très inquiet, qui est aux urgences ou dans le camion du SAMU, ou dans le camion des pompiers, moi, je ne fonctionne pas du tout comme ça parce qu'à contrario, moi, j'étais avec un de mes chefs au SAMU. Il explique de façon extrêmement claire avec tous les patients qu'il prend en charge. Il leur explique ce qui se passe, comment il va les prendre en charge, qu'il va les soulager. Et les patients, ils sont toujours ravis. Au CEMU, on recroise rarement le même médecin, mais les patients sont juste rassérénés. Et ça me semble juste couler de source. Nous, on fait notre métier, on est de garde, on est posté aux urgences. Autant prendre en charge, à mes yeux, correctement, ça veut dire expliquer aux patients ce qui se passe, ce qu'il a et ce qui va lui arriver. Donc... Si c'est une prise de sens, c'est une prise de sens. Si c'est une imagerie, c'est une imagerie. Quand on attend l'avis de quelqu'un et qu'on attend qu'un tel ou un tel passe parce qu'on a besoin d'un avis complémentaire, on leur explique. On leur explique que ça peut prendre du temps. Je me rappelle quand j'étais en stage aux urgences, il y avait l'un des médecins qui disait l'attente crée le stress. Mais c'est exactement ça. Je trouve que c'est exactement ça et je trouve que c'est un peu le concept des urgences. On attend quelqu'un, puis on attend encore. Attendre sans information, bah ouais, ça fait stresser, ouais.

  • Pascale Lafitte

    D'après le Code de la santé publique, les médecins des structures d'urgence en France doivent être soit titulaires d'un DES en médecine d'urgence, filière suivie par Agathe, soit disposés d'un diplôme équivalent reconnu, c'est le cas des diplômes de médecine d'urgence obtenus dans un autre pays et après reconnaissance de leur qualification en France, ou des diplômes antérieurs à la création du DES en médecine d'urgence 2016, comme je vous l'ai dit précédemment. Souhaite encore ! justifié d'une expérience professionnelle d'au moins trois ans dans un service ou une structure d'urgence. Le quotidien aux urgences, vous le savez, vous vous en doutez, est parfois brutal, douloureux. Alors j'ai demandé à Agathe si elle arrivait à poser ses valises, à se délester de sa charge mentale avant de rentrer chez elle.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est pas facile. Il y a deux ou trois fois où c'était compliqué. Mais ça, je trouve que la bonne entente avec les co-internes, le fait de, notamment en réanimation, ça pouvait être très compliqué, mais la bonne entente avec les co-internes, le fait de vraiment vider son sac, de toute façon, je pense que c'est nécessaire de vider son sac, soit avec nos copains de médecine qui, eux, peuvent comprendre, soit avec nos co-internes, en fait, en racontant. Enfin, je pense qu'il faut vraiment verbaliser. Et aussi, si on a un co-interne ou quelqu'un dont même on n'est pas très proche, mais dont on sait... ce qui s'est passé, je crois que c'est hyper important de prendre des nouvelles parce que ça coûte rien et puis je trouve que le fait de verbaliser, ça permet vraiment de... Alors ça peut être un peu douloureux, parfois les gens, ça peut rendre triste, mais il faut qu'on continue à travailler nous après. Si nous, on ne prend pas soin de nous déjà, comment est-ce qu'on peut prendre soin des autres après ? Et ça, vraiment, moi, ça me semble hyper important.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça t'a changé de faire ce métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je sais pas, c'est difficile comme question. Enfin, ça m'a appris à... à vraiment relativiser sur les choses qui étaient graves et qui n'étaient pas graves, mais dans ma vie tous les jours. Mais c'est un peu binaire, c'est-à-dire que tout va bien, vraiment tout va bien, et puis le jour où il y a un truc qui s'écarte un peu de la normale, j'arrive vite à relativiser, à me continuer à me dire que tout va bien, mais après c'est un peu propre à chacun. Oui,

  • Pascale Lafitte

    Mais tu ne le faisais pas avant, c'est vraiment depuis que tu as mis les pieds dans cet internat d'urgentiste ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et puis aussi à gérer ce qui est grave et ce qui n'est pas grave, ça c'est pareil, ça permet vraiment de faire des distinctions. Alors comme je suis encore jeune et que je n'ai pas beaucoup d'expérience, c'est souvent très binaire. Quand j'ai le moindre doute, hop, je me dis que soit c'est grave ou que hop, soit ça ne va pas. Alors que je pense qu'avec l'âge, j'apprendrai à me dire qu'il n'y a pas que du noir et du blanc, il y a peut-être un petit peu de gris. Mais pour l'instant, je n'arrive pas encore à le savoir. Mais ça m'a un peu changé sur la façon de gérer l'urgence. J'étais très stressée quand j'étais petite. Ma mère, s'il avait été là, elle dirait que... que je faisais des crises de panique souvent quand j'étais enfant, et c'est vrai. Et je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais maintenant, je ne sais plus du tout si j'étais ça. Donc, j'en suis plutôt contente. J'arrive à gérer l'urgence, à réfléchir, à ne pas subir la pression. Ça, pour le coup, j'en suis assez contente. Et je me dis que je n'ai pas si mal choisi ma voie, du coup.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne paniques jamais ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas jamais, mais rarement. J'arrive à mettre en place deux, trois trucs avant, de me dire comment réfléchir, de choisir le moment où... de savoir à quel moment je peux réfléchir, notamment aux urgences pédiatriques. Je me rappelle, quand on arrive aux urgences, les patients et les enfants sont triés. Alors nous, c'est sur notre logiciel. Un, deux, trois, quatre, cinq, voilà. Un, c'est l'urgence extrême. Et cinq, c'est ce qui s'apparente à une consultation de ville. En pédiatrie, c'est tout nouveau pour moi. Je n'en ai jamais fait, enfin, très peu fait avant mon stage d'interne. Et là, on m'attrape et on me dit... Agathe, Agathe, il y a un patient qui arrive et je vois sur l'ordinateur, il est en tri 1. Moi, je commence un peu à suer. Je me dis, punaise, il est en tri 1. J'en ai jamais fait. Et en fait, je me retourne et je vois que la petite fille en question, qui était tri 1, est arrivée sur ses jambes. Donc en fait, je me suis dit, ok, donc en fait, elle marche toute seule. Elle respire toute seule. Juste ces simples questions permettent de juste dire... Bon bah finalement j'ai un peu le temps J'ai le temps de voir les choses et j'ai le temps de réfléchir un peu C'est très bête, il faut juste se poser la question Et on a le temps de réfléchir et ça va mieux

  • Pascale Lafitte

    Dernière question Est-ce que tu as déjà pensé que tu t'étais trompée De métier ? J'ai l'impression en te la posant qu'elle est totalement idiote cette question, mais je te la pose quand même

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors en fait ça fait pas très longtemps Que je sais que j'aime bien C'est-à-dire que j'ai passé un an, un an et demi A me dire ah punaise quand même C'est sympa Mais... Le stage au SMUR, c'était un peu vraiment une révélation où je me suis dit, ah en fait c'est super cool. Le fait d'avoir, enfin de, je pense que je vais faire un an d'internat en plus pour travailler aux urgences pédiatriques, ce qui me plaît vraiment, mais ça date du mois de novembre, enfin du début novembre, donc c'est vraiment tout récent, c'est en fait de me dire que je voudrais travailler avec des adultes et avec des enfants. Alors encore une fois, du coup, je ne maîtriserai pas parfaitement les pathologies de l'adulte SNIT. parfaitement les pathologies de l'enfant. C'est vraiment pouvoir avoir la double, avoir en fait cette ambivalence adulte-enfant qui me plairait beaucoup. Mais ça ne fait pas très longtemps que je me dis que je ne me suis pas vraiment trompée de voie. Et du coup, c'est assez rassurant parce qu'en fait, les études de médecine, c'est vraiment long. Donc, savoir après 8 ans, 9 ans, je ne me rappelle pas très bien. Non, 9 ans, je pense. Dans l'étude, qu'en fait, on ne s'est pas trompé. C'est chouette. C'est des chouettes parce qu'on va travailler pendant longtemps encore. Donc, non, non, ça fait plaisir.

  • Pascale Lafitte

    Et tu rajoutes un an.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et je rajoute un an. Donc l'internat de médecine d'urgence, c'est 4 ans, en comptant l'année qu'on appelle le docteur junior, mon placement, c'est pas très intéressant. Mais moi je fais une année, une année en plus, en plus de mon docteur junior, donc je fais 5 ans d'internat.

  • Pascale Lafitte

    Je t'avais dit dernière question, mais j'en ai encore une. C'est plus difficile, puisque tu parles de pédiatrie. En fait, on revient quand même à cette sage femme du début. Il y avait de l'enfant dans l'air. Donc, tu vois, les rêves d'enfant, ils restent toujours quelque part dans un coin de la tête. Est-ce que c'est plus difficile de gérer l'enfant ou le parent ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui. Ah oui. Là, les parents, parfois, c'est compliqué. Les parents des premiers bébés, et je dois avouer que j'y suis un peu abonnée, alors ce n'est pas fait exprès, mais les parents, parfois, c'est compliqué. Donc, j'ai posé ça. En fait, il y a un de mes chefs qui a posé une question, une fois, que je trouve très pertinente. C'est notamment quand nous, on n'est pas inquiets. Je leur demande, ils vous inquiètent là, votre enfant ? Ça permet un peu de se resituer, de nous se dire que... Enfin, moi, je leur dis souvent, je leur dis, moi, c'est pas mon enfant, donc ils ne m'inquiètent pas. Mais est-ce que vous, ils vous inquiètent ? Et en fait, ça permet juste de comprendre s'ils sont inquiets ou pas, et auquel cas, on réexplique une fois la raison pour laquelle ils ne nous inquiètent pas. Par contre, c'est vrai que quand l'enfant est un peu inquiétant, c'est une question qu'on ne pose pas parce qu'on s'occupe d'abord des enfants et après, on voit avec les parents. Alors, ce qui est particulier avec la pédiatrie, c'est que les parents sont là tout le temps. Tout le temps, tout le temps, tout le temps. Peu importe le geste, peu importe. Ils sont là tout le temps avec nous. La prise en charge est différente. Il faut aussi les inclure avec nous. Il faut leur expliquer tout ce qu'on fait. C'est une prise en charge qui est différente, mais qui est assez intéressante, je trouve.

  • Pascale Lafitte

    Je te remercie,

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Agathe.

  • Pascale Lafitte

    Et j'espère tomber sur toi quand j'aurai un petit fils maintenant ou une petite fille, parce que les enfants, c'est fini, et que je devrais l'ammener aux urgences. Merci beaucoup. Encore merci à Agathe et merci à vous tous de nous avoir écouté. Et si vous aimez ces entretiens, alors abonnez-vous, partagez-les et n'oubliez pas, "Internes en médecine", le podcast, est à suivre sans ordonnance ni modération.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Agathe

    00:10

  • La fatigue et ses défis en médecine d'urgence

    00:24

  • Différences entre patients adultes et enfants aux urgences

    00:49

  • Choix de carrière : de sage-femme à interne en médecine

    02:00

  • Premiers jours en internat et gestion du stress

    03:51

  • Le stress au travail et la prise en charge des urgences

    08:31

  • La reconnaissance de la médecine d'urgence comme spécialité

    15:19

  • Gestion de la charge mentale et impact sur la vie personnelle

    21:32

Description


Êtes-vous prêt à plonger au cœur du quotidien d'une interne urgentiste ? Alors, on y va ! Dans cet épisode d'interne en médecine, j'ai le plaisir de vous présenter Agathe, une interne en médecine d'urgence, qui nous ouvre avec générosité et flamboyance les portes de son quotidien. À travers son récit, elle nous fait découvrir son rôle d'interne, ses apprentissages, la gestion de la fatigue et du stress mais aussi son approche du malade dans le dialogue, la transparence mais avec tact et respect.


Agathe partage avec nous son parcours particulier, d'une initiale attirance pour la profession de sage-femme à son choix déterminé de se tourner vers la médecine d'urgence. Elle nous raconte ses premiers jours d'internat, les angoisses qui l'ont habitée face à des situations inconnues, et comment elle a appris à gérer le stress en observant ses collègues. "Chaque jour est un nouveau défi, mais chaque sourire d'un enfant guéri en vaut la peine", déclare-t-elle avec passion.


La discussion ne s'arrête pas là. Agathe souligne l'importance cruciale de la communication avec les patients et leurs familles, un élément essentiel pour instaurer la confiance et rassurer dans des moments de grande inquiétude. "Il est vital d'expliquer les soins que nous prodiguons, surtout quand il s'agit de nos petits patients", insiste-t-elle. Sa perspective offre une lumière nouvelle sur la gravité des situations rencontrées, qu'il s'agisse d'adultes ou d'enfants, montrant que chaque vie est précieuse et mérite toute notre attention.


Ensemble, nous explorons les nuances de la médecine d'urgence, les moments de joie et de désespoir, et le désir constant d'apprendre et d'évoluer dans ce domaine si dynamique. Agathe nous rappelle que, malgré les défis, la médecine est avant tout une vocation, une passion qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes chaque jour. "Je ne peux pas imaginer faire autre chose", conclut-elle avec conviction.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante et inspirante qui non seulement met en lumière les réalités du métier d'interne en médecine, mais aussi l'humanité qui se cache derrière chaque acte médical. Que vous soyez étudiant en médecine, professionnel de santé ou simplement curieux d'en savoir plus sur la médecine d'urgence, cet épisode est fait pour vous !


"Interne en médecine" est un podcast de Pascale Lafitte, avec IMI productions & Creative.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour à tous, bienvenue, je suis Pascale Lafitte, je suis contente de vous retrouver. Je vous présente Interne en médecine, le podcast, à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine. Aujourd'hui, nous allons à la rencontre d'une jeune femme interne en médecine d'urgence.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    La fatigue, c'est compliquée. La fatigue, c'est compliquée parce que, bien en fait, il faut... Enfin, je le remarque, je suis actuellement aux urgences pédiatriques et donc on ne fait pas de garde de 24 heures. certains, dans certains endroits, ils en font. Et je leur souhaite bien du courage, parce que moi, j'en suis tout à fait incapable. Mais je le vois quand il est 18h30, que je prends les premiers enfants en charge. Et quand il est 7h ou 7h30 le lendemain, et que c'est les derniers, il faut prendre sur soi, parce qu'en fait, souvent en pédiatrie, alors il y a des choses qui sont graves, mais c'est vrai que la pédiatrie, par rapport à la médecine adulte, ce ne sont vraiment pas les mêmes patients. Et c'est vrai que la gravité n'est pas la même. Donc il y a des enfants graves, c'est sûr. Mais en proportion, les adultes arrivent aux urgences et sont dans un état, je trouve, qui peut être plus grave que les enfants. Mais c'est juste qu'il faut quand même essayer d'avoir la même rigueur quand on voit les patients, puisqu'en fait, on les fait rentrer à la maison alors qu'en fait, ils sont des graves. Mais que nous, avec un peu de fatigue, on ne l'a pas vu, c'est difficile. Non, la fatigue, elle peut vraiment nous jouer des tours. Il faut rester vigilant, mais je ne crois pas qu'il y ait vraiment de remède magique sur la fatigue.

  • Pascale Lafitte

    Je vous présente Agathe, son brin de voix éraillé, un mélange entre Bonnie Tyler et Oshie. Agathe est interne en médecine d'urgence et avec elle nous avons évoqué divers sujets. La fatigue, vous l'avez entendu à l'instant. Nous avons abordé également ses premiers jours d'interne. Le stress de l'urgence vitale, évidemment. Et puis son enfance aussi, importante son enfance. Et bien évidemment, avant tout ça, en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Quand j'étais plus jeune, je me rappelle au lycée, j'ai très voulu vite être sage-femme. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours aimé les enfants, c'est un peu annexe, mais ça m'a toujours plu. Et puis en fait, j'ai réalisé assez vite que pour faire sage-femme, il fallait faire médecine et donc passer cette première année. Donc, en fait, en m'inscrivant initialement en médecine, et en fait, je me suis rendu compte que peut-être c'était plus sage-femme que je voulais faire vraiment mes médecines. J'ai donc présenté médecine. Finalement, c'est comme ça que j'ai commencé mes études de médecine.

  • Pascale Lafitte

    Ça veut dire que tu as fait l'externat en te disant que tu serais peut-être sage-femme ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Non, c'est plutôt quand j'ai passé mon bac. Avant de m'inscrire en première année, je me disais, oh, je veux être sage-femme, je veux être sage-femme. Et en fait, je me suis dit, en arrivant en médecine, qu'en fait, c'était le même concours, le même concours plutôt difficile. Le même travail fourni, les mêmes efforts et tout ça. Et puis, en fait, je me suis rendu compte que la spécialité de médecine me plaisait bien, qu'on commençait à savoir comment se passait l'externat et tout ça. C'est ça qui m'avait plu. Et donc, j'ai présenté l'option médecine. Et c'est comme ça que j'ai commencé mes études.

  • Pascale Lafitte

    Personne n'est médecin chez toi ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Personne n'est médecin chez moi.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne savais donc pas dans quoi tu mettais les pieds ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas tout à fait. J'ai des copains de ma mère qui sont médecins, mais c'est vraiment des gens de la génération de mes parents, qui eux sont médecins généralistes. de mon cercle très proche, personne et médecin.

  • Pascale Lafitte

    Donc c'est une grande découverte quand on vient d'un autre milieu et quand on commence à découvrir le fonctionnement de l'internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Ah oui, complètement. Je ne savais pas vraiment dans quoi je mettais les pieds. Je n'avais personne avec qui, du moins, me comparer ou alors me préparer à ce qui allait arriver. Mais tout s'est bien passé.

  • Pascale Lafitte

    Tu te souviens de ta première journée en internat ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, je me rappelle. Moi, j'étais en médecine interne. Donc, ce n'est pas la spécialité, ce n'est pas le métier ni le rythme que j'allais avoir. C'était un peu particulier. J'étais en hôpital de jour. Les gens arrivaient le matin, repartaient le soir avec des examens bien organisés sur toute la journée. Donc, j'ai commencé mon vrai jour, c'était le lendemain. Mais voilà, on nous fait le planning, on nous monte l'hôpital. Et puis, en fait... on est vite dans le main, donc le lendemain on se réveille et on va travailler, et on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre. En même temps, il ne faut pas perturber l'organisation du service. Les gens qui viennent, en fait les gens ils sont là, ils ont leurs examens, que les internes échangés ou pas, ça ne doit absolument pas avoir un impact sur leur prise en charge. Donc après on peut poser toutes les questions qu'il nous faut, enfin qu'on peut, mais c'est un peu particulier finalement.

  • Pascale Lafitte

    Comment tu t'es comportée pour que le patient, puisque c'est ce que tu me dis, que le patient ne se rende pas compte que tu étais très novice, puisque c'était ton deuxième jour d'internat, de grande, tu as essayé d'imiter les internes plus anciens ou les chefs ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, donc ma co-interne avec qui j'étais était médecin généraliste, elle n'était pas non plus de l'aspect dans lequel on était, mais ce qui nous aidait, c'est qu'on avait essayé de voir, puisque les patients venaient tous les mois, tous les mois et demi, on développe des petites techniques quand on est interne et quand on ne sait pas trop, si on regarde ce qui est fait avant, ça marche plutôt bien. J'avais ouvert des anciens comptes rendus. pour voir ce qui était à peu près attendu de nous, avant d'aller voir les patients et de les examiner. C'était des pathologies que je ne connais pas et que je ne connais plus et que je ne reverrai certainement pas. Mais donc voilà, pour essayer de pallier notre manque d'expérience et tout ça, il faut juste essayer de voir ce qui a été fait avant. Donc j'avais un peu fait ça, puis j'avais été voir les patients, je leur avais posé des questions. J'avais été les revoir, je crois, plein de fois dans la matinée avant qu'ils partent en examen, parce que j'en avais aucune idée de ce pourquoi ils étaient là. Puis après, ma chef est arrivée. On en a discuté et puis elle est revenue les voir avec moi. Mais voilà, on est vite dans le bain.

  • Pascale Lafitte

    Alors parce que la médecine interne, c'est une médecine de Docteur House, c'est ça ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Exactement, c'est ce que ma mère disait pour expliquer aux gens qui ne faisaient pas médecine que c'était. C'est que c'est des pathologies pas très courantes. Il y a des choses qui sont connues, mais des choses qui ne le sont pas. Et là, en l'occurrence, c'était vraiment un petit peu niche, comme on pourrait dire. Mais oui, voilà, c'est que c'est des pathologies que vraiment, je pense, je ne reverrai plus. Ou alors, on me le mentionnera et ça me... Mais c'est clair, je me dirais, ah mais oui, c'est vrai, j'ai vu ça une fois en médecine interne. Mais non, ce n'est pas des pathologies que je verrais, notamment aux urgences, que je ne prendrais pas en charge, comme là, on les a prises en charge dans le service.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu es angoissée, toi, dans une situation comme celle-ci ? Alors, on oublie le premier, mais le deuxième jour, quand tu vas te retrouver avec ces patients, où tu es vraiment... dans l'inconnu ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors, quand j'étais jeune interne, oui, parce que je ne savais pas gérer des urgences, j'avais du mal à hiérarchiser ce qui était grave et ce qui n'était pas grave. Donc, quand je me remets à la place de moi en médecine interne, oui, oui, c'est que je ne savais pas trop quoi faire si jamais il y avait quelque chose qui n'allait pas droit. Alors maintenant, à posteriori, maintenant qu'il y a quelques stages que je suis passée, que je suis un peu plus vieille et que j'ai fait quelques stages, je me rends compte que les gens... Même s'il s'aggravait un petit peu, maintenant, ce n'est plus quelque chose qui me fait peur. Donc, tant mieux. Mais oui, c'est vrai, je ne savais pas trop comment il pouvait s'aggraver. Je ne savais pas trop s'il commençait à avoir du mal à respirer, ce que je pouvais faire. Maintenant, c'est des choses qui ne me font plus peur du tout. Et puis, j'ai quelques marches de manœuvre et quelques tours dans mon sac pour anticiper. Donc, c'est quelque chose qui va mieux. Mais oui, bien évidemment, je me rappelle une fois, j'étais en médecine interne. Il y a une jeune femme qui a convulsé devant moi. J'étais pas très à l'aise. Voilà, maintenant j'en fais plus, ça ne m'inquiète plus. Mais oui, c'est sûr que je ne savais pas trop comment hiérarchiser la gravité des patients. Et parce que je pense que j'étais jeune et je n'avais pas beaucoup d'expérience et je n'avais pas vu beaucoup de patients. C'est vrai que voir des patients nous permet d'apprendre à chaque fois qu'on voit quelque chose, notamment quelque chose qui sort un peu des clous. Et là, il est vrai que... je ne savais pas trop quoi faire. Si jamais il s'aggravait, ça ne s'est jamais mal passé. La question ne s'est même pas posée. Mais oui, c'est sûr que j'allais vite avoir besoin de l'un de mes chefs si jamais il y avait quelque chose qui sortait un peu des sentiers battus, disons.

  • Pascale Lafitte

    L'urgence, tu nous l'as dit, c'est l'urgence à l'hôpital, c'est le SAMU, c'est le SMUR, c'est aussi peut-être les plateformes téléphoniques où on reçoit les appels des personnes qui font le 15. C'est beaucoup de stress comme métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors c'est forcément un peu stressant parce que je pense notamment quand on est aux urgences qu'on voit les patients qui attendent et puis qu'en fait on nous dit là il y a un SAMU qui arrive, ou là il y a des pompiers qui arrivent avec un patient qui est grave. Déjà il faut qu'on sache s'adapter au maximum puisqu'en fait peut-être que ce qu'on est en train de faire il va falloir l'arrêter pour prendre en charge quelqu'un de plus grave. Alors après... Là, quand j'explique, on a l'impression qu'on est tout seul, mais on n'est pas tout seul. Il y a plusieurs médecins, tout un tas d'infirmiers et de personnels soignants qui peuvent nous aider. Mais c'est vrai que si quelqu'un de plus grave arrive, c'est vers le plus grave qu'il faut qu'on s'occupe. Aussi, quand on est au SAMU ou au SMUR, ce qui est un peu particulier, c'est que, en tout cas, quand j'étais en stage, ça se passait comme ça. Notre journée se déroule normalement, c'est-à-dire qu'on est à la base avec tous les véhicules. Et puis on fait tout d'un coup, hop ! bip sonne, on n'a pas tout à fait le motif de départ on descend et hop on découvre sur une feuille A4 l'identité du patient, son âge on n'a pas tout à fait ses antécédents parfois il nous en manque, parfois on ne sait même pas pourquoi on est déclenché et en fait on arrive et c'est les pompiers sur place qui nous font les transmissions, il faut qu'on se dise dans nos têtes peut-être que quand on a le motif douleur thoracique dans la voiture on a le temps de réfléchir Mais quand on sépare, en général, on peut rappeler les assistants de régulation médicale, les ARM, c'est des gens, quand on fait le 15, on tombe souvent sur les ARM. Et puis, on essaie d'avoir de petites infos en amont pour ne pas non plus arriver et qu'on ne sache absolument pas de quoi il s'agit.

  • Pascale Lafitte

    Ça, ce sont des choses que tu as apprises avec tes collègues ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est le SAMU, personnellement, qui m'a beaucoup aidée dans la prise en charge des patients, de bien savoir ce qui était... notamment de savoir ce qui était grave et ce qui n'est pas grave, ça permet vraiment de réfléchir, on doit réfléchir un peu vite. Et donc oui, quand on ne savait pas trop pourquoi on partait, en général, mon chef rappelait les ARM. Et donc on tentait d'en savoir un petit peu plus. Et puis souvent, on avait quand même le motif de ce pourquoi on était appelé avant d'arriver chez les patients. En France, je trouve qu'on est vraiment sur-spécialisé. Il y a des gens qui maîtrisent un tel truc, c'est extrêmement niche. Et au contraire, urgentiste, c'est maîtriser, alors pas en profondeur, et on s'entend bien là-dessus, mais tout un tas de choses. Et je trouve que c'est ça qui est hyper intéressant, c'est de s'occuper d'une pathologie pulmonaire, puis en fait d'une douleur abdominale, et en fait de quelqu'un qui a de la fièvre, et en fait d'un mal de tête. Et je trouve que du coup, ça mélange plein de trucs, ça nous fait réviser et ça nous fait encore apprendre plein de trucs. Il y a un côté très propre à la médecine, enfin, assez particulier avec la médecine d'urgence, c'est qu'on est formé à l'échographie. Ça fait partie de notre métier maintenant. Et à titre personnel, moi, c'est vraiment quelque chose qui me plaît beaucoup, de savoir, de faire un peu d'échographie aux urgences. Alors, c'est probablement ce qu'on appelle du débrouillage, et j'entends parfaitement, mais je crois que... Par rapport à un radiologue ? Oui, c'est ça, exactement. Par rapport à un cardiologue qui fait des échographies cardiaques, mais ça permet aussi de rajouter une autre corde à notre arc. Et de vraiment considérer les urgences et les médecins urgentistes comme une spécialité à part entière. Je trouve que c'est hyper important. Souvent, on se dit que c'est vu comme ça, les urgences. On y dépose des patients, c'est encore la poubelle de l'hôpital. Il y a des gens qui vraiment pensent comme ça. Et moi, je trouve qu'il ne vaut plus qu'on réfléchisse comme ça, qu'on ait une vraie spécialité, que les patients arrivent parfois sur leurs jambes alors qu'en fait, ils sont gravissimes. Et qu'en fait, nous, on est formés à vraiment... S'occuper de patients graves qui, un peu tout venant, c'est vraiment ce qu'on dit, c'est les gens qui rentrent et qui sont graves et c'est une spécialité. Donc on apprend vraiment à gérer les urgences et je trouve que c'est hyper intéressant et on ne fait jamais la même chose.

  • Pascale Lafitte

    Tu as appris à te comporter face aux patients en observant ou est-ce que ça fait partie des cours que tu reçois ? Quand je parle de se comporter, c'est que souvent quand on arrive aux urgences, on flippe, nous, patients. Si on y va, c'est qu'on a un problème. Je ne sais pas, on ne va pas juste pour vous voir, pour vous faire un petit bisou, ce n'est pas notre truc. Est-ce que ça tu l'apprends en cours ou est-ce que ça tu l'apprends sur le terrain ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je me rappelle quand on était externe, déjà qu'on nous avait dit un petit peu comment se comporter. Après il y a le vécu un peu personnel de chacun. Moi avant d'être personnel soignant j'ai été... patiente et je le suis encore. Donc en fait, c'est vraiment très personnel, mais je me comporte avec la façon avec laquelle j'aurais bien aimé qu'on se comporte si moi j'avais été en face, mais ça c'est vraiment à l'appréciation de chacun. Et puis effectivement, au SAMU, notamment au SMUR, il faut savoir se placer parce que souvent les patients sont graves, un peu plus graves qu'aux urgences. Je pense que c'est un peu instinctif et ça dépend un peu de la nature de... Chacun de savoir se mettre en retrait, de savoir quand on ne sait pas le mieux, c'est de laisser le médecin au premier plan, de savoir comment on peut aider. Je sais qu'il y a une fois où il y avait un patient qui était assez grave, donc je me suis tout de suite mis en retrait. C'est ma chef qui a pris le rôle et en fait, moi, j'ai aidé l'infirmier et l'ambulancier. Comme je connaissais plutôt très bien le matériel, puisque le stage était pas mal avancé, je savais bien où était rangé tout. et en fait j'étais la petite main, j'avais la vision d'extérieur, donc je donnais le matériel, je récupérais le matériel, je leur sortais en amont ce dont ils pouvaient avoir besoin. Mais ça, ça dépend des interventions, ça dépend des personnes avec qui on est, du tempérament de chacun, c'est vraiment libre à l'appréciation de chacun, mais c'est vraiment difficile je trouve, vraiment c'est difficile. Difficile pourquoi ? Parce qu'en fait il faut se mettre à la place du patient qui est inquiet et puis nous il faut aussi raisonner en se disant... bon, là, ce n'est pas grave. Quand les patients viennent aux urgences, sont inquiets, et qu'en fait, ce n'est pas grave, nous, c'est la solution de facilité,ç a peut être de s'agacer, de se dire, oh là là, ce n'est pas du ressort des urgences, mais il faut composer avec l'inquiétude de chacun. Vraiment, c'est difficile, mais vraiment, je pense qu'il faut qu'on prenne le temps, nous, d'expliquer, malgré le rush des urgences. Les patients qui continuent d'arriver, il faut qu'on sache se poser, prendre dix minutes, un quart d'heure, leur expliquer que, Là, pour l'instant, nous, on n'est pas inquiets. Ça ne veut pas forcément dire qu'il ne se passe rien. Je trouve que c'est hyper important de dire que là, ce n'est pas grave, que ça ne veut pas dire que ça ne l'est pas, parce que le patient est inquiet. Donc, en fait, on ne peut pas minimiser son inquiétude ou sa douleur quand ils ont mal, mais leur expliquer en essayant d'avoir des mots simples, clairs, que là, ça va aller et que, bien évidemment, on reste à leur disposition si jamais ils ont besoin de revenir.

  • Pascale Lafitte

    La médecine d'urgence a été officiellement reconnue comme une spécialité médicale en France le 13 novembre 2015 avec la publication de l'arrêté créant le diplôme d'études spécialisées de médecine d'urgence. Cette légitimation a permis d'harmoniser la formation des urgentistes et de leur assurer une reconnaissance au niveau européen. Avant la création officielle de la spécialité de médecine d'urgence en 2015, les médecins exerçant dans ce domaine provenait d'autres spécialités médicales. Ils se formaient à la médecine d'urgence par le biais de diplômes complémentaires et d'expériences de terrain. Le DES de médecine d'urgence a été mis en place à partir de la rentrée universitaire 2017. Ce cursus couvre l'ensemble des aspects de la médecine d'urgence, tant pour les adultes que pour les enfants, en milieu hospitalier et extra-hospitalier, avec entre autres le SAMU et le SMUR. Dix pays européens ont intégré la médecine d'urgence. comme spécialité à part entière. La France donc, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et l'Irlande.

  • Interne en médecine, le podcast à suivre sans ordonnance ni modération.

  • Pascale Lafitte

    Agathe a évoqué précédemment sa vie personnelle. Avant d'être médecin, interne, docteur bientôt, elle a été et est encore patiente. Alors vous vous en doutez, lorsque je l'écoute parler de son approche du malade, je ne peux m'empêcher de lui demander si sa longue expérience des hôpitaux et des docteurs exerce une influence sur sa conception de la pratique du métier.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je pense que ça aide beaucoup, puisqu'en fait, je me rappelle quand j'étais petite, c'était des consultations, j'en ai une par an, et je me rappelle que c'était vraiment un moment où j'avais très très peur. Je me rappelle, ma maman m'emmenait voir ce médecin en consultation. Alors, il y avait la sentence d'une opération derrière qui allait tomber. Donc, il y avait un peu cette épée de Damoclès qui était sur nous. Mais je me rappelle que j'étais vraiment hyper, hyper angoissée. J'avais vraiment très, très peur. Il faut quand même l'avouer que depuis que l'opération est passée, j'ai beaucoup moins peur. Mais en fait, c'est juste qu'on y allait. Il y avait cette consultation. On allait. On ne savait jamais trop. ce qu'on allait nous dire jusqu'à une année où on m'a dit, là Agathe t'as terminé de grandir et maintenant c'est le moment où il faut se faire opérer et je pense qu'on m'a bien expliqué ce qui allait se passer même quand on nous explique il y a quand même une telle incertitude sur ce qui va pouvoir se passer même si entre guillemets tout va bien je trouve que ça ne mange vraiment pas de pain que de dire aux patients quand nous on est inquiet ou quand on n'est pas inquiet, de dire aux patients quand juste... Le déroulé des choses, c'est-à-dire...

  • Pascale Lafitte

    Quand tu dis nous, c'est nous le médecin ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui,

  • Pascale Lafitte

    Nous l'interne ou nous le médecin.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, moi j'aime bien dire ça aux patients. Souvent, alors parfois je discute des dossiers avec mes chefs, ça c'est vraiment le plus souvent. Donc en fait, quand je dis nous, c'est mon chef et moi. Mais souvent ça m'arrive de dire, là je ne suis pas inquiète. Est-ce que vous, ça vous inquiète ? de expliquer ce qui doit refaire consulter, de expliquer ce qui doit amener à être inquiet, parce qu'en fait, nous, c'est facile, on a le beau rôle On sait comment les patients peuvent s'aggraver, on sait ce qui doit les inquiéter. Si on ne leur explique pas, les patients, ils n'ont pas notre formation. Je trouve que ça ne mange pas de pain, nous, quand on le sait. Alors, on n'a pas réponse à tout et on ne lit pas l'avenir, donc on ne peut pas savoir ou pas s'ils vont s'aggraver ou pas. Mais en tout cas, quand on le sait, je trouve que ça ne mange pas de pain que de le dire.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que tu penses que tu as été formé à ça ? Je crois que c'est très important parce que ça fait partie des grandes critiques qu'on peut faire aux médecins, aux internes, à l'approche qu'on a du milieu médical. C'est que le manque d'information, le manque d'attention, le manque d'empathie peut-être, est-ce que ça tu as été formé ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas franchement, non. Vraiment c'est les médecins qu'on voit, les médecins avec qui on s'entend bien, à contrario de ceux avec lesquels on ne s'entend pas. Enfin, on ne s'entend pas. on n'aimerait pas être pris en charge par eux. En fait, c'est plutôt ça la formulation qui, moi, me fait écho. Quand on n'explique rien, quand on n'est pas sympa, quand on fait notre... Je trouve qu'à la place du patient qui est très inquiet, qui est aux urgences ou dans le camion du SAMU, ou dans le camion des pompiers, moi, je ne fonctionne pas du tout comme ça parce qu'à contrario, moi, j'étais avec un de mes chefs au SAMU. Il explique de façon extrêmement claire avec tous les patients qu'il prend en charge. Il leur explique ce qui se passe, comment il va les prendre en charge, qu'il va les soulager. Et les patients, ils sont toujours ravis. Au CEMU, on recroise rarement le même médecin, mais les patients sont juste rassérénés. Et ça me semble juste couler de source. Nous, on fait notre métier, on est de garde, on est posté aux urgences. Autant prendre en charge, à mes yeux, correctement, ça veut dire expliquer aux patients ce qui se passe, ce qu'il a et ce qui va lui arriver. Donc... Si c'est une prise de sens, c'est une prise de sens. Si c'est une imagerie, c'est une imagerie. Quand on attend l'avis de quelqu'un et qu'on attend qu'un tel ou un tel passe parce qu'on a besoin d'un avis complémentaire, on leur explique. On leur explique que ça peut prendre du temps. Je me rappelle quand j'étais en stage aux urgences, il y avait l'un des médecins qui disait l'attente crée le stress. Mais c'est exactement ça. Je trouve que c'est exactement ça et je trouve que c'est un peu le concept des urgences. On attend quelqu'un, puis on attend encore. Attendre sans information, bah ouais, ça fait stresser, ouais.

  • Pascale Lafitte

    D'après le Code de la santé publique, les médecins des structures d'urgence en France doivent être soit titulaires d'un DES en médecine d'urgence, filière suivie par Agathe, soit disposés d'un diplôme équivalent reconnu, c'est le cas des diplômes de médecine d'urgence obtenus dans un autre pays et après reconnaissance de leur qualification en France, ou des diplômes antérieurs à la création du DES en médecine d'urgence 2016, comme je vous l'ai dit précédemment. Souhaite encore ! justifié d'une expérience professionnelle d'au moins trois ans dans un service ou une structure d'urgence. Le quotidien aux urgences, vous le savez, vous vous en doutez, est parfois brutal, douloureux. Alors j'ai demandé à Agathe si elle arrivait à poser ses valises, à se délester de sa charge mentale avant de rentrer chez elle.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    C'est pas facile. Il y a deux ou trois fois où c'était compliqué. Mais ça, je trouve que la bonne entente avec les co-internes, le fait de, notamment en réanimation, ça pouvait être très compliqué, mais la bonne entente avec les co-internes, le fait de vraiment vider son sac, de toute façon, je pense que c'est nécessaire de vider son sac, soit avec nos copains de médecine qui, eux, peuvent comprendre, soit avec nos co-internes, en fait, en racontant. Enfin, je pense qu'il faut vraiment verbaliser. Et aussi, si on a un co-interne ou quelqu'un dont même on n'est pas très proche, mais dont on sait... ce qui s'est passé, je crois que c'est hyper important de prendre des nouvelles parce que ça coûte rien et puis je trouve que le fait de verbaliser, ça permet vraiment de... Alors ça peut être un peu douloureux, parfois les gens, ça peut rendre triste, mais il faut qu'on continue à travailler nous après. Si nous, on ne prend pas soin de nous déjà, comment est-ce qu'on peut prendre soin des autres après ? Et ça, vraiment, moi, ça me semble hyper important.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça t'a changé de faire ce métier ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Je sais pas, c'est difficile comme question. Enfin, ça m'a appris à... à vraiment relativiser sur les choses qui étaient graves et qui n'étaient pas graves, mais dans ma vie tous les jours. Mais c'est un peu binaire, c'est-à-dire que tout va bien, vraiment tout va bien, et puis le jour où il y a un truc qui s'écarte un peu de la normale, j'arrive vite à relativiser, à me continuer à me dire que tout va bien, mais après c'est un peu propre à chacun. Oui,

  • Pascale Lafitte

    Mais tu ne le faisais pas avant, c'est vraiment depuis que tu as mis les pieds dans cet internat d'urgentiste ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et puis aussi à gérer ce qui est grave et ce qui n'est pas grave, ça c'est pareil, ça permet vraiment de faire des distinctions. Alors comme je suis encore jeune et que je n'ai pas beaucoup d'expérience, c'est souvent très binaire. Quand j'ai le moindre doute, hop, je me dis que soit c'est grave ou que hop, soit ça ne va pas. Alors que je pense qu'avec l'âge, j'apprendrai à me dire qu'il n'y a pas que du noir et du blanc, il y a peut-être un petit peu de gris. Mais pour l'instant, je n'arrive pas encore à le savoir. Mais ça m'a un peu changé sur la façon de gérer l'urgence. J'étais très stressée quand j'étais petite. Ma mère, s'il avait été là, elle dirait que... que je faisais des crises de panique souvent quand j'étais enfant, et c'est vrai. Et je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais maintenant, je ne sais plus du tout si j'étais ça. Donc, j'en suis plutôt contente. J'arrive à gérer l'urgence, à réfléchir, à ne pas subir la pression. Ça, pour le coup, j'en suis assez contente. Et je me dis que je n'ai pas si mal choisi ma voie, du coup.

  • Pascale Lafitte

    Tu ne paniques jamais ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Pas jamais, mais rarement. J'arrive à mettre en place deux, trois trucs avant, de me dire comment réfléchir, de choisir le moment où... de savoir à quel moment je peux réfléchir, notamment aux urgences pédiatriques. Je me rappelle, quand on arrive aux urgences, les patients et les enfants sont triés. Alors nous, c'est sur notre logiciel. Un, deux, trois, quatre, cinq, voilà. Un, c'est l'urgence extrême. Et cinq, c'est ce qui s'apparente à une consultation de ville. En pédiatrie, c'est tout nouveau pour moi. Je n'en ai jamais fait, enfin, très peu fait avant mon stage d'interne. Et là, on m'attrape et on me dit... Agathe, Agathe, il y a un patient qui arrive et je vois sur l'ordinateur, il est en tri 1. Moi, je commence un peu à suer. Je me dis, punaise, il est en tri 1. J'en ai jamais fait. Et en fait, je me retourne et je vois que la petite fille en question, qui était tri 1, est arrivée sur ses jambes. Donc en fait, je me suis dit, ok, donc en fait, elle marche toute seule. Elle respire toute seule. Juste ces simples questions permettent de juste dire... Bon bah finalement j'ai un peu le temps J'ai le temps de voir les choses et j'ai le temps de réfléchir un peu C'est très bête, il faut juste se poser la question Et on a le temps de réfléchir et ça va mieux

  • Pascale Lafitte

    Dernière question Est-ce que tu as déjà pensé que tu t'étais trompée De métier ? J'ai l'impression en te la posant qu'elle est totalement idiote cette question, mais je te la pose quand même

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Alors en fait ça fait pas très longtemps Que je sais que j'aime bien C'est-à-dire que j'ai passé un an, un an et demi A me dire ah punaise quand même C'est sympa Mais... Le stage au SMUR, c'était un peu vraiment une révélation où je me suis dit, ah en fait c'est super cool. Le fait d'avoir, enfin de, je pense que je vais faire un an d'internat en plus pour travailler aux urgences pédiatriques, ce qui me plaît vraiment, mais ça date du mois de novembre, enfin du début novembre, donc c'est vraiment tout récent, c'est en fait de me dire que je voudrais travailler avec des adultes et avec des enfants. Alors encore une fois, du coup, je ne maîtriserai pas parfaitement les pathologies de l'adulte SNIT. parfaitement les pathologies de l'enfant. C'est vraiment pouvoir avoir la double, avoir en fait cette ambivalence adulte-enfant qui me plairait beaucoup. Mais ça ne fait pas très longtemps que je me dis que je ne me suis pas vraiment trompée de voie. Et du coup, c'est assez rassurant parce qu'en fait, les études de médecine, c'est vraiment long. Donc, savoir après 8 ans, 9 ans, je ne me rappelle pas très bien. Non, 9 ans, je pense. Dans l'étude, qu'en fait, on ne s'est pas trompé. C'est chouette. C'est des chouettes parce qu'on va travailler pendant longtemps encore. Donc, non, non, ça fait plaisir.

  • Pascale Lafitte

    Et tu rajoutes un an.

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui, et je rajoute un an. Donc l'internat de médecine d'urgence, c'est 4 ans, en comptant l'année qu'on appelle le docteur junior, mon placement, c'est pas très intéressant. Mais moi je fais une année, une année en plus, en plus de mon docteur junior, donc je fais 5 ans d'internat.

  • Pascale Lafitte

    Je t'avais dit dernière question, mais j'en ai encore une. C'est plus difficile, puisque tu parles de pédiatrie. En fait, on revient quand même à cette sage femme du début. Il y avait de l'enfant dans l'air. Donc, tu vois, les rêves d'enfant, ils restent toujours quelque part dans un coin de la tête. Est-ce que c'est plus difficile de gérer l'enfant ou le parent ?

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Oui. Ah oui. Là, les parents, parfois, c'est compliqué. Les parents des premiers bébés, et je dois avouer que j'y suis un peu abonnée, alors ce n'est pas fait exprès, mais les parents, parfois, c'est compliqué. Donc, j'ai posé ça. En fait, il y a un de mes chefs qui a posé une question, une fois, que je trouve très pertinente. C'est notamment quand nous, on n'est pas inquiets. Je leur demande, ils vous inquiètent là, votre enfant ? Ça permet un peu de se resituer, de nous se dire que... Enfin, moi, je leur dis souvent, je leur dis, moi, c'est pas mon enfant, donc ils ne m'inquiètent pas. Mais est-ce que vous, ils vous inquiètent ? Et en fait, ça permet juste de comprendre s'ils sont inquiets ou pas, et auquel cas, on réexplique une fois la raison pour laquelle ils ne nous inquiètent pas. Par contre, c'est vrai que quand l'enfant est un peu inquiétant, c'est une question qu'on ne pose pas parce qu'on s'occupe d'abord des enfants et après, on voit avec les parents. Alors, ce qui est particulier avec la pédiatrie, c'est que les parents sont là tout le temps. Tout le temps, tout le temps, tout le temps. Peu importe le geste, peu importe. Ils sont là tout le temps avec nous. La prise en charge est différente. Il faut aussi les inclure avec nous. Il faut leur expliquer tout ce qu'on fait. C'est une prise en charge qui est différente, mais qui est assez intéressante, je trouve.

  • Pascale Lafitte

    Je te remercie,

  • Agathe, interne en médecine d'urgence

    Agathe.

  • Pascale Lafitte

    Et j'espère tomber sur toi quand j'aurai un petit fils maintenant ou une petite fille, parce que les enfants, c'est fini, et que je devrais l'ammener aux urgences. Merci beaucoup. Encore merci à Agathe et merci à vous tous de nous avoir écouté. Et si vous aimez ces entretiens, alors abonnez-vous, partagez-les et n'oubliez pas, "Internes en médecine", le podcast, est à suivre sans ordonnance ni modération.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Agathe

    00:10

  • La fatigue et ses défis en médecine d'urgence

    00:24

  • Différences entre patients adultes et enfants aux urgences

    00:49

  • Choix de carrière : de sage-femme à interne en médecine

    02:00

  • Premiers jours en internat et gestion du stress

    03:51

  • Le stress au travail et la prise en charge des urgences

    08:31

  • La reconnaissance de la médecine d'urgence comme spécialité

    15:19

  • Gestion de la charge mentale et impact sur la vie personnelle

    21:32

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