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Interne en médecine

Interne en médecine générale, Juliette, partage son expérience, un subtil dosage entre ses études et le sport.

Interne en médecine générale, Juliette, partage son expérience, un subtil dosage entre ses études et le sport.

33min |01/12/2024|

303

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Description

Êtes-vous déjà tombé sur un professionnel de santé dont l'énergie et la passion pour son métier sont contagieuses ? Dans cet épisode du podcast "Interne en médecine", je vous invite à rencontrer Juliette, une interne en Médecine Générale dont le parcours est aussi inspirant qu'éloquent. Juliette partage avec nous son expérience unique et ses réflexions sur la médecine, un domaine qu'elle a choisi avec détermination, malgré l'absence de liens familiaux dans ce secteur. Elle évoque avec émotion la satisfaction qu'elle ressent en donnant aux patients et en recevant leur reconnaissance, ces petits gestes de gratitude qui illuminent son quotidien.


Juliette nous plonge dans son univers, notamment lors de son stage aux Urgences, un lieu où les responsabilités sont nombreuses et où l'ambiance peut parfois être tendue. Elle souligne l'importance cruciale du lien entre médecin et patient, en particulier dans un contexte rural où chaque interaction peut faire une grande différence. Juliette est consciente des défis et des exigences de sa profession, mais elle aborde ces obstacles avec une détermination admirable et un sourire qui en dit long sur son engagement.


Mais être interne en médecine ne se limite pas qu'à la pratique clinique. Juliette nous parle également de l'importance de maintenir un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. Passionnée de sport, elle considère cette activité non seulement comme un moyen de rester en forme, mais aussi comme un véritable antidote au stress. Sa vision pour l'avenir est pleine d'espoir et d'ouverture, prête à saisir de nouvelles opportunités tout en restant profondément dévouée à sa carrière de médecin.


Rejoignez-nous pour découvrir comment Juliette, en tant qu'interne en médecine, navigue à travers les défis quotidiens tout en cultivant sa passion pour le soin et l'accompagnement des patients. Cet épisode est une véritable ode à la médecine, à l'humanité et à la résilience. Ne manquez pas cette conversation enrichissante qui, j'en suis sûre, vous inspirera autant qu'elle m'a inspirée. Écoutez maintenant sur "Interne en médecine" et laissez-vous emporter par l'énergie positive de Juliette et son engagement indéfectible envers cette belle profession.


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte, produit par IMI productions & Creative.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Lafitte et je vous présente "Internes en médecine", le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    On m'a souvent dit que je donnais beaucoup de ma personne et que peut-être trop, entre guillemets. Et je pense qu'on donne beaucoup, mais qu'en retour, on a quand même besoin de temps en temps d'avoir quelque chose. Et si on fait ce métier à vouloir autant donner, autant aider les gens, c'est que... On est content d'avoir quand même un retour. Je pense que c'est cette satisfaction d'avoir bien fait, d'avoir aidé. Et quand on l'a en retour, qu'on nous verbalise le fait qu'on est content de nous voir, content de la prise en charge, ça fait toujours du bien. Après, on ne l'a pas à chaque fois, à chaque consultation. Mais finalement, je me rends compte là en campagne que les patients sont reconnaissants. Ils nous disent et c'est juste énormément de plaisir. C'est tout bête, mais le petit pot de confiture, les petits... légumes du jardin qui nous ramènent, on va en visite, le vieux monsieur qui nous offre une rose de son jardin, c'est tout bête, mais c'est juste un bonheur.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée se prénomme Juliette, elle a accepté que nous utilisions son prénom. À ce jour, elle a fini son internat, elle fait des remplacements, mais lorsque je l'ai rencontrée, elle était encore interne en médecine générale, elle venait de soutenir sa thèse de doctorat. et terminé son dernier semestre d'études de médecine. Elle a opté pour la médecine libérale avec une obsession être libre et travailler, comme elle le dit, en campagne. Vous allez percevoir au fil de cet entretien combien sa liberté a guidé ses choix. Nous nous sommes rencontrés au mois de juillet, une rencontre bucolique dans la campagne gérondine avec gazouillis, tracteurs et douceur de vivre. Et en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    Alors c'est une bonne question, je me la suis posée à plusieurs reprises, parce que dans ma famille, personne n'est dans le milieu médical. Il n'y a même pas d'infirmiers, d'aides-soignants, de médecins, rien du tout. Je ne dirais même pas de kinés non plus. Mais ça a été vraiment... Ça s'est fait naturellement, en fait. À la base, j'étais plutôt partie pour être kiné. Et puis, en y réfléchissant, il y avait vraiment ce côté médical qui m'intéressait. Je dirais que c'est depuis le collège, je me suis dit, j'irai en médecine, je serai médecin. Je ne savais pas du tout quelle spécialité encore, mais en tout cas, ça s'est fait comme ça. J'étais partie plutôt police scientifique à un moment aussi, mais quand même ce côté un peu médical, scientifique. Et non, ça s'est fait comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Aujourd'hui, vous êtes médecin généraliste. Vous êtes encore interne pour quelques mois, mais très peu. Et puis, vous êtes déjà thésée.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis. thésée depuis fin mai. Et oui, il me reste encore jusqu'à fin octobre d'internat pour vraiment valider le diplôme. Et puis ensuite, c'est parti. La vie active commence réellement. Le métier de médecin généraliste, je le vois vraiment en milieu semi-rural, rural, c'est-à-dire plutôt à la campagne. Moi, je ne me vois pas du tout exercer en ville. En fait, j'aime ce côté partage avec les patients, le fait de vraiment suivre déjà toute la famille. Et puis, contrairement à la pratique en ville, ici, le premier recours, c'est vraiment le médecin généraliste. On ne va pas aller voir le spécialiste, on ne va pas aller un peu chanter le passage médecin généraliste. On vient demander au médecin généraliste et puis ensuite, on oriente si on a besoin. Mais il y a vraiment ce côté de soins de premier recours vraiment qui est gardé. Et puis, il y a cette confiance envers le médecin. Les patients viennent pour nous voir à nous en tant qu'individus, en tant que médecin. Ce n'est pas juste consulter pour une consultation comme ça, comme ça peut se faire en ville, où on va se retrouver avec des patients qui consultent plusieurs médecins. Là, il y a cette accroche et cette relation médecin-patient qui est vraiment forte. Moi, c'est là-dedans que je m'épanouis le plus.

  • Pascale Lafitte

    J'aimerais que vous vous replongiez dans vos débuts d'internat, donc après le concours, lorsque vous avez démarré votre premier stage d'internat. C'était un 2 novembre. Est-ce que vous avez ce moment-là en mémoire ?

  • Juliette, interne en Med G

    Je m'en souviens très bien. J'ai fait mon premier semestre d'internat aux urgences à Arcachon. Les urgences, c'est un passage obligatoire en stage pour la médecine générale. On doit le faire obligatoirement en première année. Et c'est vrai que moi, je m'étais dit, ce sera mon premier stage parce que c'était le stage que je redoutais le plus. Moi, les urgences, pendant toutes mes études, l'externat, c'est vraiment un lieu que je n'ai pas tellement apprécié, où je ne me sentais pas vraiment à ma place. Je ne suis pas à l'aise avec ce côté urgence, tout va très vite. Je pense que je peux être du genre très speed dans ma vie, j'aime faire plein de choses à la fois. Mais là, il y avait ce côté où je n'arrivais pas à me poser, je trouvais que la prise en charge des patients était trop rapide. Je n'avais pas ce côté relationnel que j'ai en médecine générale. C'est un stage qui me faisait vraiment peur. Je me suis dit, autant commencer par ça et au moins, ce sera derrière moi. Premier stage aux urgences, premier jour, je me souviens, c'était direct le speed, direct plein de responsabilités. On nous demande de gérer un service d'urgence tout seul. On sort juste de l'externat où on n'a pas forcément été très actif dans nos stages, on va se le dire. On est plus là pour faire de l'administratif la plupart du temps. Donc voilà, on se retrouve avec plein de responsabilités d'un coup. Et c'est vrai que je me sentais sous l'eau, je ne me sentais pas à la hauteur. Je me disais que techniquement, j'avais toute la théorie médicale, mais que là, en pratique, ce n'était quand même pas la même chose. Et c'est vrai que ça a été assez compliqué. C'était un semestre où il y avait forcément beaucoup de monde. Beaucoup de passages aux urgences et une équipe qui n'était pas complète en termes de médecins. Et puis une ambiance pas forcément des meilleures étant donné qu'il y avait plein d'arrêts, il y avait des trous dans les plannings pour les gardes, etc. C'est un peu le cas malheureusement de tous les services d'urgence, on le sait que c'est compliqué. Mais c'est vrai que tout le monde est un peu tendu. J'ai été quand même bien entourée. Je pense qu'on a eu de la chance à Arcachon. Il y a d'autres lieux de stage aux urgences où c'est quand même moins agréable de travailler. Mais c'est vrai que non, ça n'a pas été les six meilleurs mois de mon internat. Ça a clairement été, je pense, le stage que j'ai le moins aimé, ça c'est sûr. Mais bon, finalement, ça s'est plutôt bien passé. Il faut aussi prendre le temps d'avoir confiance en soi. Parce que, comme je vous l'ai dit, On sort de l'externat où on était vraiment des petits étudiants et on ne faisait pas grand-chose. Et là, on a plein de responsabilités. Et des fois, je ne me sentais vraiment pas à la hauteur sur le moment. Et puis après, on prend des habitudes. Finalement, il y a quand même une certaine routine qui se met en place. Certains motifs où finalement, on va faire toujours la même chose. Je prends des exemples. Un patient qui vient pour des douleurs thoraciques ou des douleurs abdominales, finalement, c'est toujours le même bilan qu'on fait. Donc au bout d'un moment, on s'en rend compte. Et donc, intellectuellement parlant, c'est moins prenant. parce qu'on n'a pas vraiment à réfléchir, on lance notre bilan. Et donc voilà, on prend confiance en soi et on se lance et on se dit bon ben là, j'ai peut-être pas de médecin ou de chef à proximité pour leur demander leur avis. Bon ben, il faut que j'y aille, il faut que je prescrive. Et voilà, c'est ça aussi, c'est les premières prescriptions qu'on fait à notre nom. Et bien voilà, il y a notre nom sur l'ordonnance. Et donc forcément, quand ça se passe pas bien, le patient, il sait venir vous retrouver. Moi, je me souviens d'une fois, d'une... Ce n'était pas la patiente, c'était son mari qui est revenu le jour suivant me voir en me disant qu'elle avait toujours eu des douleurs et que finalement c'était tel diagnostic, qui n'était pas un diagnostic grave, mais qu'on était passé à côté. Et sur le principe, il n'y avait pas mort d'homme, clairement, mais du moins, ça ne fait vraiment pas plaisir de voir qu'on n'a pas fait le diagnostic qu'il fallait et qu'on est responsable. Et c'est vrai que ça met un coup de pression et on ne se sent pas très bien. Moi, je dirais que j'ai plutôt de la chance. Je suis très, très bien entourée, même si pas forcément entourée de personnes qui comprennent la médecine, mais en tout cas qui sont là pour moi et qui peuvent m'écouter quand j'ai besoin. Donc ça, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Et ensuite, je pense que j'ai aussi cette capacité, quand je rentre chez moi, à arriver à faire la part des choses et à me dire que je ne suis plus au travail. Et c'est vrai que ça ne m'envahit pas et je n'y repense pas forcément. Un peu plus compliqué que les urgences, j'avoue que ça pouvait venir un peu à la maison de temps en temps. Mais sinon, j'essaie de vraiment faire la part des choses. Quand je débauche, je débauche et j'essaie de ne plus y penser. Et ça, j'y arrive plutôt bien pour l'instant. Donc, je pense que c'est plutôt un avantage. Sur le semestre aux urgences, j'ai eu quand même... plus de mal et j'étais plus dans le doute. Après aussi, probablement parce que premier semestre, j'ai refait des gardes aux urgences l'année dernière et pour le coup, ça s'est super bien passé. Et je n'ai pas du tout eu ce souci, mais parce que j'avais de la pratique derrière moi et de l'expérience.

  • Pascale Lafitte

    Là, en tant qu'interne, les patients vous respectent au même titre que le médecin avec qui vous travaillez ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, j'ai eu de la chance là sur tous les stages que j'ai eu. C'était des terrains de stage où il y avait des internes tous les six mois qui venaient. Donc, les patients sont habitués. Dans la plupart des stages, quand ils prennent rendez-vous avec moi, les patients, ils savent que c'est avec moi. Après, voilà, il y a certains moments où j'ai... remplacer les médecins avec qui je travaille parce qu'il y avait des urgences, il fallait qu'ils partent en visite ou autre. Là, les patients n'étaient pas prévenus. Et c'est vrai que des fois, ils ont un petit moment de recul en me disant mais le docteur machin n'est pas là Donc moi, souvent, je prends un peu la rigolade et je leur dis bah non, il y a eu une urgence, je suis désolée, même si ce n'est pas le cas, mais peu importe Souvent, je leur dis bah non, je suis désolée, il y a eu une urgence, mais si ça ne vous dérange pas, on va faire la consultation ensemble et puis on va essayer de voir ce qu'on peut faire et puis si ça ne marche pas… J'en parlerai au médecin, mais je leur dis, on essaie, vous êtes là, on essaie, on voit. Et donc là, souvent, ils sourient, ils me disent, bon, OK, on va essayer. Et puis à la fin de la consultation, il y en a pas mal qui finalement s'excusent et me disent, je suis désolée. J'ai vu que vous étiez interne, c'est que je suis habituée avec mon médecin, mais c'était bien. Et puis en fait, finalement, on voit qu'après, ils reviennent nous voir et ils reviennent nous voir parce que nous, pas parce qu'ils veulent voir le médecin pour qui on travaille, c'est vraiment pour nous. Et donc, c'est vrai que c'est marrant. Je sais qu'il y a pas mal de patients qui appellent le secrétariat ou qui viennent me voir et qui me disent J'ai pris rendez-vous tel jour parce que vous voulez vous, Juliette. Et moi, c'est vrai que je me présente. Je dis Je suis Juliette, je suis interne. C'est vrai que je ne dis pas Docteur même si je pourrais. Maintenant, je suis thésée, mais j'ai encore du mal. Et j'aime bien parce qu'il y a ce côté, les patients, ils viennent voir Juliette et ils sont contents. Et c'est vrai que ça, ça fait super plaisir. Moi, je sais que... Quand je les revois plusieurs fois et que je sais qu'ils ont pris rendez-vous pour moi, c'est hyper agréable. Je pense que c'est une question, encore une fois, de comportement avec le patient et de ne pas s'arrêter à juste Ah, il ne voulait pas me voir à la base se dire Ce n'est pas grave, on va faire ce qu'on peut Et finalement, ils se rendent compte qu'on n'est pas moins capable que d'autres. Et même des fois, le fait de ne pas les connaître, on prend un peu plus de recul sur leur histoire et on arrive à délier plein de choses, je pense. aux consultations où on touche au côté psychologique un petit peu. Moi, je sais que j'aime bien des fois, je ressens qu'il y a peut-être un petit blocage et j'aime bien leur demander Et vous, comment ça va ? Et quand ils disent Ça va je leur dis Non, mais comment ça va vraiment ? Et là, souvent, je sais que j'arrive à les faire un peu craquer, à les faire se livrer. Et leur médecin traitant, des fois, me dit Je ne savais pas qu'il y avait tout ça derrière. Et je pense qu'ils arrivent un peu plus à se lâcher en se disant Je pars sur une nouvelle relation. Et donc, je peux me permettre peut-être de ressortir certaines choses pour lesquelles je n'aurais pas été à l'aise avec mon médecin traitant parce qu'ils se connaissent depuis trop longtemps aussi. Donc, je pense que ça donne un petit coup de neuf et ça leur fait du bien.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça veut dire que cette sensibilité de médecin généraliste en tant qu'interne, c'est vous qui l'avez ressenti ? petit à petit, qui vous avez découvert et non pas des cours magistraux qui vous ont amené à devenir le médecin vers lequel vous avez envie de tendre ?

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, je pense que c'est hyper important en tant que médecin généraliste d'avoir cette sensibilité. Alors moi, il faut savoir qu'initialement, quand j'ai commencé les études de médecine, je voulais absolument travailler à l'hôpital et j'avais dit jamais je ne serais médecin généraliste parce qu'en fait je me voyais y aller une fois par an pour mon certificat médical pour le sport et je ne comprenais pas l'intérêt. Et puis je me suis quand même battue. Avec les stages d'externat à l'hôpital, je me suis rendue compte que l'hôpital, ce n'était pas ce qui me plaisait. J'avais ce manque de relationnel finalement, je pense. Et c'était trop protocolisé. Je n'aimais pas ce côté-là. J'ai fait un stage de 15 jours chez un médecin généraliste hors études, vraiment juste moi pour voir. Et j'ai vraiment eu le coup de cœur. J'ai été très bien accompagnée en plus, mais j'ai vraiment eu le coup de cœur. Et en fait, l'internat n'a fait que confirmer ça. Je suis tombée sur des maîtres de stage. absolument incroyable qui ont été très bienveillants avec moi et qui m'ont vraiment donné le goût à la médecine générale. Et je pense que je me suis construite aussi grâce à eux parce que j'ai vu leur passion pour le métier. Ce qui m'a beaucoup plu aussi, c'est que j'ai vu que... On était... c'est plus comme avant, on ne vit pas qu'en tant que médecin. Je vois qu'on peut avoir une vie à côté et on peut s'épanouir dans plein de choses à côté en dehors de la médecine. Je suis médecin, j'adore ce que je fais, mais j'ai besoin de plein d'autres choses dans ma vie aussi. Je ne suis pas que médecin dans ma vie. Et donc je pense que le fait de m'épanouir à côté de ma vie de médecin, ça me permet quand je travaille d'être à 100% là-dedans. Et d'être heureuse dans ce que je fais, d'avoir encore plein de choses à découvrir et d'avoir envie d'apporter plein de choses aux patients. Je pense que j'ai encore cette passion pour le métier qui, je pense, si on est trop cantonné là-dedans, je pense qu'on perd ce côté-là en fait.

  • Pascale Lafitte

    Dans son jardin, pas loin de Bazas, face aux champs de maïs, devant un grand verre d'eau, nous avons parlé de rythme de travail. Il faut dire que Juliette est sportive, elle pratique le triathlon, vélo, natation et course à pied. Vous allez entendre d'ailleurs plus tard dans cet entretien à quel point le sport lui est vital. Nous avons parlé également de l'exigence des patients, la douleur, la peur les rendent non plus patients mais impatients. Et en fait, ces deux sujets se télescopent.

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, de base, les patients ont un degré d'urgence qui est différent d'une autre. C'est normal, on n'a pas les mêmes études et nous, c'est notre métier. Donc, ils vont, des fois, sur certains motifs, voir en eux un degré d'urgence important que nous, on ne voit pas. Et donc, ils ne comprennent pas qu'à 20h ou 21h, on ne soit pas là à venir chez eux pour les soigner. Donc, je le comprends parce qu'eux, ils ont cette peur, finalement. Et donc, ils ont besoin à ce moment-là, eux, ils ont une sensation de mort imminente, des fois, très clairement. Donc, ils pensent qu'il y a urgence. Et ils peuvent ne pas comprendre. Moi, on me l'a déjà dit, même dans ma famille, il est un peu plus âgé, qui m'ont dit, mais ah bon, tu te projettes de bosser maximum quatre jours par semaine ? Et voilà, et je leur dis que c'est peut-être que quatre jours, mais c'est quatre jours où je vais me sentir à 100% dans ce que je fais, où je vais être heureuse. Et maintenant, ça se fait plus, c'est plus comme avant. Il y a plein de choses qui se mettent en place, des gardes, des services d'urgence, même dans les périphéries, dans les campagnes, qui se mettent en place pour qu'il y ait des soins finalement 24 heures sur 24. C'est quand même bien organisé. Il faut juste le savoir, mais c'est bien organisé. Il y a toujours un médecin de garde dans le coin 24 heures sur 24. Mais non, je pense que c'est une bonne chose. C'est hyper important finalement. On a quand même des consultations très rapprochées. C'est quand même des grosses journées, ce qu'on fait. Il faut se dire qu'on a des patients en moyenne toutes les 15, voire 20 minutes. Et il faut être intellectuellement à fond à chaque fois. Et toutes les 15 ou 20 minutes, il faut se dire qu'on passe d'un motif à un autre, du coq à l'âne. Et il faut arriver à se remettre dedans. Et c'est des journées qui sont très longues. Donc non, 4 jours, c'est le maximum, je pense, pour bien prendre en charge les patients. Moi, je le vois, les médecins qui partent à la retraite. Forcément, on récupère tous les patients qui étaient suivis et on se retrouve avec des patients avec des pathologies chroniques quand même assez graves qui ont eu une prise en charge plus que limite. Donc les patients trouvaient que leur médecin, enfin idolâtraient leur médecin et finalement la prise en charge n'est pas idéale. Et je pense que oui, peut-être que ce médecin fait du 7h-22h, va à domicile, etc. Mais ça ne veut pas dire que la prise en charge est bonne finalement. Donc voilà, il ne faut pas s'arrêter à juste les jeunes médecins. Maintenant, ils ne bossent que quatre jours. Ils ne bossent peut-être que quatre jours, mais je pense que du coup, on est un peu plus motivé,plus rigoureux sur les prises en charge et que ça ne veut pas dire qu'on est moins bon.

  • Pascale Lafitte

    Médecin généraliste, enthpousiaste, phrasé rapide, franche, Juliette est aussi affutée physiquement que mentalement. Du coup, j'ai voulu savoir si elle avait une vision tout aussi précise de son avenir.

  • Juliette, interne en Med G

    Là, je m'épanouis à 100% dans ce que je fais et je me vois médecin sur les années qui viennent. Mais je n'exclus pas que peut-être un jour, je serai arrivée au bout de ce que la médecine m'apporte et de ce que mon métier m'apporte. Et peut-être que je me réorienterai vers quelque chose d'autre. Peut-être que j'aurai une opportunité de faire quelque chose d'autre. Je n'en sais rien. Ou peut-être que je serai médecin toute ma vie. En tout cas, je ne me ferme pas de porte. Et si à un moment, je me sens plus capable d'exercer la médecine comme moi je le souhaite, et si je sens que je ne suis plus en raccord avec mon métier, je pense que je n'hésiterai pas à changer et à faire autre chose. Parce que ça reste un métier où on a quand même des vies entre nos mains, mine de rien. Et je pense qu'il ne faut pas forcer la chose. Si on ne se sent plus capable, je pense qu'il faut arrêter pour le bien des patients avant tout.

  • Pascale Lafitte

    Ce que vous dites là, c'est quelque chose qui est... partagé par vos amis internes et collègues médecins ?

  • Juliette, interne en Med G

    Initialement, c'est vrai que je n'en parlais pas trop autour de moi parce que j'avais l'impression d'être vraiment entourée de personnes passionnées et qui ne faisaient pas forcément grand-chose en dehors de leur métier, alors que moi, c'est vrai que j'ai besoin de faire beaucoup de sport, notamment à côté. J'ai d'autres passions que mon métier. Et puis, petit à petit, en en parlant, je me suis rendue compte que... que cette pensée était partagée par beaucoup. J'en ai discuté avec surtout des médecins, un peu moins que des internes, mais avec des médecins qui étaient en accord et qui me disaient que, pareil, si à un moment, ils sentaient que... qu'ils n'étaient plus en phase avec leur métier, ils n'hésiteraient pas à faire autre chose. Et c'était des envies qu'ils avaient pour plus tard. Donc je pense que ça se partage de plus en plus, oui.

  • Pascale Lafitte

    Pour l'heure, vous n'avez encore jamais eu envie d'arrêter ou de faire un break pour mieux redémarrer ?

  • Juliette, interne en Med G

    Non, absolument pas. Je ne me suis jamais posé la question pour le moment d'arrêter. Au contraire, l'internat, ça m'a encore plus donné envie de... de faire ce que je voulais. Et puis, j'ai aussi choisi la médecine générale pour cette liberté de planning, parce que je sais que je pourrais gérer mon planning un peu comme je le veux pour pouvoir l'adapter à mon sport, notamment. Et puis là, c'est une nouvelle page aussi qui se tourne à la fin de l'internat où je vais commencer les remplacements. Et voilà, je serai libre de choisir les remplacements que j'ai envie de faire, sur la durée que j'ai envie de faire. Voilà, donc c'est le tout début pour l'instant et je pense que j'ai encore plein de choses à apprendre et plein de choses à voir avant de me dire que je pars dans une autre voie.

  • Pascale Lafitte

    C'est un tracteur qu'on entend là ?

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est un tracteur, mais on est au milieu de la campagne, on est entouré de champs, donc il y a de l'agriculture, des tracteurs.

  • Pascale Lafitte

    Voilà, oui, vous le dites, on est au milieu des tracteurs, on l'entend le tracteur,

  • Juliette, interne en Med G

    je vous le dis.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce qu'on est dans un désert médical ici ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors ici on est dans une ZRR, c'est une zone sous-dotée où il y a plein d'avantages à l'installation pour les nouveaux médecins. C'est un peu le problème partout ici, les médecins partent à la retraite et il n'y a aucun nouveau médecin qui s'installe. Je parle même des remplacements, là quand ils partent en vacances c'est quasi impossible de trouver des remplaçants.

  • Pascale Lafitte

    Vous en tant qu'interne ? Vous n'avez aucun problème pour trouver des stages de médecin généraliste, mais je suppose que vous n'avez pas d'inquiétude. Vous l'avez dit, Aix-en-Provence pour un an, mais ça aurait pu être ici. Vous n'avez aucune inquiétude pour trouver un poste en fin d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est tout l'avantage. C'est qu'on sait que peu importe où on va, on trouvera toujours du travail. Ici notamment, je sais que les... Les cabinets où j'ai été en stage, ils seraient ravis de m'avoir en tant que remplaçante, même associée. On m'a déjà fait des propositions, donc ça, il n'y aurait pas de souci. Pour Hex, j'ai mis, je crois, ce week-end, un petit mot sur un groupe Facebook pour dire que j'arrivais en novembre 2024 et que je recherchais un remplacement régulier. J'ai déjà eu, je pense, une dizaine de messages. Donc, disons qu'on a vraiment le choix.

  • Pascale Lafitte

    Donc, vous avez choisi Aix, et après, vous devez chercher un taf.

  • Juliette, interne en Med G

    C'est exactement ça. Je savais que ça n'allait pas être trop compliqué. Et donc oui, je me suis dit, ce sera cette ville. J'ai juste posté un message et j'ai déjà plein de demandes, donc j'ai de quoi travailler.

  • Pascale Lafitte

    Un mot sur les ZRR. Ce sont des zones de revitalisation rurale, un zonage établi pour soutenir les territoires ruraux fragiles sur le plan socio-économique, qui concernent les médecins mais pas que. Ainsi, les entreprises qui s'implantent sur ces zones peuvent bénéficier d'exonérations fiscales et sociales. Médecins ou spécialistes installés en ZRR sont concernés donc par une exonération d'impôts permise par ce dispositif. Une exonération totale sur les cinq premières années et à partir de la sixième année, l'exonération est progressive. 75% la sixième année, 50% la septième, 25% la huitième. En écoutant Juliette, on pourrait penser que tout son parcours a été fluide, simple, écrit. Mais en creusant un peu, on s'aperçoit qu'elle a tâtonné pour trouver cette énergie qu'elle nous renvoie ici.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, alors c'est vrai que moi, avant de commencer les études de médecine, ma première année de médecine, je faisais beaucoup de sport, je faisais du triathlon. J'ai mis complètement de côté le sport sur le premier semestre de la première année de médecine où on m'avait tellement dit on ne peut rien faire à côté, il faut travailler, travailler, travailler. Je m'étais dit j'arrête tout, je me mets à fond là-dedans. Et puis finalement, je me suis rendu compte que ça ne me correspondait absolument pas. Et donc sur le second semestre, j'ai décidé de me remettre un petit peu au sport. Et finalement, j'ai rattrapé énormément de places. Pour vous dire, je loupe la première année de médecine pour moins de 10 places. Donc ça se joue à même pas un QCM de cocher. Et finalement, j'ai redoublé ma passesse et ça s'est super bien passé. J'ai fait beaucoup de sport, je me suis remis avec mes entraînements. En fait, je savais que... À 18h, j'arrêtais de travailler parce que c'était l'heure de l'entraînement. J'allais rejoindre les copains qui n'étaient pas du tout dans les études de médecine. Ça me faisait le plus grand bien. Je pensais à tout sauf à ça. Finalement, ça a été mon équilibre, partir en compétition le week-end. J'avais toujours mes livres dans le sac pour travailler entre deux. J'ai très bien vécu mon redoublement. J'ai fini sur les 352 prix, j'ai fini 70. Alors que vraiment, j'ai eu une année de rêve où j'ai vu mes amis tous les soirs. J'étais en week-end quasi toutes les semaines. Après, ça demande de la régularité. Je ne m'arrêtais pas à travailler toute la journée. J'étais à fond. Je ne faisais pas des pauses toutes les cinq minutes. Mais en tout cas, c'est le rythme qu'il me fallait. Et puis finalement, j'ai continué à faire ça jusqu'à maintenant. J'ai mis un peu en stand-by le triathlon parce que forcément, c'était compliqué d'allier les trois sports. Mais j'ai fait de la course à pied. Et voilà, je savais que je m'entraînais trois, quatre fois par semaine, les compétitions, le week-end. Et voilà, ça a toujours été ça. Je travaillais la journée, j'étais à fond, j'étais motivée. À 18h, j'arrêtais tout, je partais m'entraîner et c'était fini pour ma journée.

  • Pascale Lafitte

    J'ai bien compris qu'en fait, sans le sport, vous viviez mal ce travail intense.

  • Juliette, interne en Med G

    Moi, en fait, si je me levais le matin et que je me disais que... j'avais pas vraiment d'objectif sur ma journée que jusqu'au soir il allait falloir être dans les livres et travailler ça me paraissait une éternité et ça me paraissait impossible, j'avais du mal à me motiver, à commencer à travailler parce que j'avais l'impression que j'avais encore 10h devant moi et ça me paraissait beaucoup trop long là je savais que le midi je faisais ma pause à telle heure, j'avais ma petite demi-heure pas plus je me remettais à travailler mais à 18h je savais que j'arrêtais tout, que j'allais rejoindre les copains, aller m'entraîner, me vider la tête courir en extérieur et moi c'est ça mon bonheur au quotidien... Et donc, vraiment, c'est ça qui m'a fait ne pas lâcher pendant toutes mes études. Pareil, le week-end, quand je savais que j'avais compétition, je savais que je travaillais à fond toute la semaine. Et le week-end, c'était la libération. J'allais avec les copains. Après, moi, ce n'était pas fait tard. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de coucher tard. J'étais hyper rigoureuse. Tous les jours, il y avait le réveil à la même heure. J'avais une journée comme si j'allais bosser de 8h à 18h.

  • Pascale Lafitte

    Et quand vous avez été interne ? Parfois, il y a des journées à rallonge. Comment est-ce que vous êtes arrivée à le supporter sans avoir aussi parfois envie de tout foutre en l'air ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, moi, il faut savoir que j'ai fait un seul stage à l'hôpital. Au final, c'est juste le service des urgences. Donc, le service des urgences, c'était hyper intense avec les gardes, les week-ends, etc. Donc oui, j'ai débauché. J'allais courir à 20 heures de nuit à la frontale. Là, j'ai dû me forcer, je dois l'avouer. Je me forçais à aller courir 3-4 fois par semaine parce que je savais que j'en avais besoin et parce que j'avais quand même des petits objectifs sur des compétitions, donc je voulais garder la forme. C'est vrai que ça n'a pas été facile, très franchement. Ça a été le semestre où j'ai failli... Quand je dis failli craquer, c'est que je ne me permettais pas de lâcher les nerfs et, par exemple, c'est tout bête, mais de rentrer chez soi et de se mettre à pleurer, je ne me le permettais pas. Pourquoi ? Je ne sais pas, parce que je pense que j'étais... J'ai toujours été un peu comme ça. Et donc, je me disais non, non, il faut tenir, il faut tenir, il faut tenir. Et bon, après, j'ai dû craquer une fois ou deux. Mais c'est vrai que c'était un peu un trop plein où la journée, c'est pas forcément bien passé. J'avais pas non plus envie d'ennuyer les autres, d'aller en parler, etc. Mais je me forçais à aller courir. Et finalement, en fait, quand je rentrais, il était 21h peut-être, mais j'avais fait ma séance ou mon footing. Et en fait, c'est ça qui me permettait de décharger et de vider. Et je me sentais beaucoup mieux. Et là, je pouvais repartir.

  • Pascale Lafitte

    Ça me fait penser au mal-être des internes dont on parle beaucoup, puisque c'est plus de 70% d'internes qui ne se sentent pas forcément très bien et qui prennent des anxiolytiques ou autres. C'était votre anxiolytique, le sport ?

  • Juliette, interne en Med G

    Ah oui, ça m'a aidée à décharger plein de choses. C'était franchement... Et je le fais encore maintenant quand ça ne va pas. Je sais que je vais courir et quand je reviens de courir, j'ai l'impression que je repars sur quelque chose de nouveau. En fait, c'est ça, c'est que je me suis gardée à rythme et j'ai refusé de me dire j'ai fait une grosse journée, donc je ne fais pas mes entraînements. En fait, j'avais mon rythme et ça me poussait à aller m'entraîner. Et voilà, même si je rentrais 21h, 21h30, j'avais fait mon footing et je me sentais vraiment bien. Et je pense que ça a vraiment été ma bouffée d'énergie, mon anxiolytique. Je pense que c'est ce qui a fait que je me suis toujours sentie bien dans mes études. Je sais très bien que je n'ai absolument pas eu la vie d'interne qu'on s'imagine et que vivent la plupart des internes. Très franchement, j'ai eu une chance incroyable. Non, moi, j'aurais été incapable de faire ça quand je vois les horaires qu'ils font, les week-ends, les gardes. Non, non, moi, j'ai eu quasi tout mon internat tous mes week-ends. Je finissais pas tard, je pouvais faire mon sport, voir mes amis. Enfin, donc, non, moi, je l'ai très bien vécu. Je peux comparer avec ma meilleure amie qui est interne en anesthésie-réanimation sur Nantes, qui s'épanouit dans ce qu'elle fait. Mais quand elle me raconte ses semaines, ses journées, ses gardes, ses week-ends, je suis en admiration devant elle parce que moi, ça n'aurait juste pas été possible de tenir ce rythme. Je ne me serais pas du tout vue faire ça. Franchement, moi, ce n'était pas possible. Donc, j'ai fait en sorte d'être plutôt bien classée pour pouvoir choisir mes stages. et d'être tombée sur des stages avec des maîtres de stages absolument incroyables. Je pense que j'ai été très chanceuse là-dessus.

  • Pascale Lafitte

    Comment Juliette, si organisée, si déterminée, Juliette qui va là où elle l'a décidé, qui semble suivre son chemin quoi qu'il advienne, comment cette jeune femme de 28 ans, si on lui en donnait la possibilité, réformerait ses longues années d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est compliqué à dire. Alors, moi, si je parle du côté médecine générale, je trouve qu'il n'y a pas assez de stages en libéral. Bon, ça va un peu changer maintenant avec la quatrième année de docteur junior, où ce sera une année entière dédiée à l'exercice libéral. Parce que là, au final, la plupart des internes en médecine générale auront fait sur leurs trois ans seulement une année. en libéral. Et donc, la plupart, pour en avoir discuté avec eux, ils ne sont pas à l'aise avec la pratique libérale parce que c'est tout sauf de la théorie qu'on a appris dans les livres, très franchement. C'est tout sauf l'exercice hospitalier où il y a des protocoles, où on est toujours entouré. La médecine générale, c'est à chaque consultation des doutes. On n'a jamais, la plupart du temps, le diagnostic précis et on se lance dans des traitements un peu... en sachant un peu vers où on va, mais on n'est jamais sûr de ce qu'on fait. C'est vrai qu'il y en a beaucoup qui sont déstabilisés. Et ça, c'est vraiment un apprentissage. Pour le côté médecine générale, je pense que ça, ça manque beaucoup. Après, sur le côté hospitalier, que je connais moins, au final, il y a clairement un manque au niveau de l'accompagnement, je trouve, et au niveau du temps de travail et des horaires. Je crois, de ce que j'ai entendu, qu'il y a encore beaucoup. beaucoup de services où les règles ne sont pas respectées. Mais non, c'est pas une vie. Et quand on parlait de l'internat de chirurgie, moi, j'aurais jamais pu, vu les horaires. En fait, on peut pas avoir de vie à côté et je trouve ça dommage d'être réduit à juste sa pratique professionnelle et pas à l'individu qu'on est avec tout ce qu'on aime faire à côté.

  • Pascale Lafitte

    L'internat correspond au troisième cycle d'études médicales. D'une durée de 3 à 6 ans, en fonction de la spécialité suivie, ce troisième cycle est avant tout considéré comme un apprentissage pratique. Merci à Juliette de nous avoir offert ce voyage en internat. Et merci à vous tous de nous avoir écoutés. Un mot encore, que ce podcast continue à vivre, abonnez-vous et partagez ces entretiens. Et n'oubliez pas, Internat en médecine est à suivre. sans ordonnance ni modération. A très vite.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Juliette

    00:08

  • La satisfaction de donner et de recevoir des retours des patients

    00:19

  • Le parcours de Juliette vers la médecine générale

    01:19

  • Les défis du premier stage d'internat aux urgences

    02:45

  • Le lien entre médecin et patient en milieu rural

    04:15

  • La perception des internes par les patients

    09:34

  • La sensibilité du médecin généraliste et son évolution

    12:35

  • L'importance du sport dans la vie de Juliette

    14:58

  • Réflexions sur l'avenir et la médecine générale

    18:14

  • Conclusion et remerciements

    22:59

Description

Êtes-vous déjà tombé sur un professionnel de santé dont l'énergie et la passion pour son métier sont contagieuses ? Dans cet épisode du podcast "Interne en médecine", je vous invite à rencontrer Juliette, une interne en Médecine Générale dont le parcours est aussi inspirant qu'éloquent. Juliette partage avec nous son expérience unique et ses réflexions sur la médecine, un domaine qu'elle a choisi avec détermination, malgré l'absence de liens familiaux dans ce secteur. Elle évoque avec émotion la satisfaction qu'elle ressent en donnant aux patients et en recevant leur reconnaissance, ces petits gestes de gratitude qui illuminent son quotidien.


Juliette nous plonge dans son univers, notamment lors de son stage aux Urgences, un lieu où les responsabilités sont nombreuses et où l'ambiance peut parfois être tendue. Elle souligne l'importance cruciale du lien entre médecin et patient, en particulier dans un contexte rural où chaque interaction peut faire une grande différence. Juliette est consciente des défis et des exigences de sa profession, mais elle aborde ces obstacles avec une détermination admirable et un sourire qui en dit long sur son engagement.


Mais être interne en médecine ne se limite pas qu'à la pratique clinique. Juliette nous parle également de l'importance de maintenir un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. Passionnée de sport, elle considère cette activité non seulement comme un moyen de rester en forme, mais aussi comme un véritable antidote au stress. Sa vision pour l'avenir est pleine d'espoir et d'ouverture, prête à saisir de nouvelles opportunités tout en restant profondément dévouée à sa carrière de médecin.


Rejoignez-nous pour découvrir comment Juliette, en tant qu'interne en médecine, navigue à travers les défis quotidiens tout en cultivant sa passion pour le soin et l'accompagnement des patients. Cet épisode est une véritable ode à la médecine, à l'humanité et à la résilience. Ne manquez pas cette conversation enrichissante qui, j'en suis sûre, vous inspirera autant qu'elle m'a inspirée. Écoutez maintenant sur "Interne en médecine" et laissez-vous emporter par l'énergie positive de Juliette et son engagement indéfectible envers cette belle profession.


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte, produit par IMI productions & Creative.

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Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Lafitte et je vous présente "Internes en médecine", le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    On m'a souvent dit que je donnais beaucoup de ma personne et que peut-être trop, entre guillemets. Et je pense qu'on donne beaucoup, mais qu'en retour, on a quand même besoin de temps en temps d'avoir quelque chose. Et si on fait ce métier à vouloir autant donner, autant aider les gens, c'est que... On est content d'avoir quand même un retour. Je pense que c'est cette satisfaction d'avoir bien fait, d'avoir aidé. Et quand on l'a en retour, qu'on nous verbalise le fait qu'on est content de nous voir, content de la prise en charge, ça fait toujours du bien. Après, on ne l'a pas à chaque fois, à chaque consultation. Mais finalement, je me rends compte là en campagne que les patients sont reconnaissants. Ils nous disent et c'est juste énormément de plaisir. C'est tout bête, mais le petit pot de confiture, les petits... légumes du jardin qui nous ramènent, on va en visite, le vieux monsieur qui nous offre une rose de son jardin, c'est tout bête, mais c'est juste un bonheur.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée se prénomme Juliette, elle a accepté que nous utilisions son prénom. À ce jour, elle a fini son internat, elle fait des remplacements, mais lorsque je l'ai rencontrée, elle était encore interne en médecine générale, elle venait de soutenir sa thèse de doctorat. et terminé son dernier semestre d'études de médecine. Elle a opté pour la médecine libérale avec une obsession être libre et travailler, comme elle le dit, en campagne. Vous allez percevoir au fil de cet entretien combien sa liberté a guidé ses choix. Nous nous sommes rencontrés au mois de juillet, une rencontre bucolique dans la campagne gérondine avec gazouillis, tracteurs et douceur de vivre. Et en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    Alors c'est une bonne question, je me la suis posée à plusieurs reprises, parce que dans ma famille, personne n'est dans le milieu médical. Il n'y a même pas d'infirmiers, d'aides-soignants, de médecins, rien du tout. Je ne dirais même pas de kinés non plus. Mais ça a été vraiment... Ça s'est fait naturellement, en fait. À la base, j'étais plutôt partie pour être kiné. Et puis, en y réfléchissant, il y avait vraiment ce côté médical qui m'intéressait. Je dirais que c'est depuis le collège, je me suis dit, j'irai en médecine, je serai médecin. Je ne savais pas du tout quelle spécialité encore, mais en tout cas, ça s'est fait comme ça. J'étais partie plutôt police scientifique à un moment aussi, mais quand même ce côté un peu médical, scientifique. Et non, ça s'est fait comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Aujourd'hui, vous êtes médecin généraliste. Vous êtes encore interne pour quelques mois, mais très peu. Et puis, vous êtes déjà thésée.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis. thésée depuis fin mai. Et oui, il me reste encore jusqu'à fin octobre d'internat pour vraiment valider le diplôme. Et puis ensuite, c'est parti. La vie active commence réellement. Le métier de médecin généraliste, je le vois vraiment en milieu semi-rural, rural, c'est-à-dire plutôt à la campagne. Moi, je ne me vois pas du tout exercer en ville. En fait, j'aime ce côté partage avec les patients, le fait de vraiment suivre déjà toute la famille. Et puis, contrairement à la pratique en ville, ici, le premier recours, c'est vraiment le médecin généraliste. On ne va pas aller voir le spécialiste, on ne va pas aller un peu chanter le passage médecin généraliste. On vient demander au médecin généraliste et puis ensuite, on oriente si on a besoin. Mais il y a vraiment ce côté de soins de premier recours vraiment qui est gardé. Et puis, il y a cette confiance envers le médecin. Les patients viennent pour nous voir à nous en tant qu'individus, en tant que médecin. Ce n'est pas juste consulter pour une consultation comme ça, comme ça peut se faire en ville, où on va se retrouver avec des patients qui consultent plusieurs médecins. Là, il y a cette accroche et cette relation médecin-patient qui est vraiment forte. Moi, c'est là-dedans que je m'épanouis le plus.

  • Pascale Lafitte

    J'aimerais que vous vous replongiez dans vos débuts d'internat, donc après le concours, lorsque vous avez démarré votre premier stage d'internat. C'était un 2 novembre. Est-ce que vous avez ce moment-là en mémoire ?

  • Juliette, interne en Med G

    Je m'en souviens très bien. J'ai fait mon premier semestre d'internat aux urgences à Arcachon. Les urgences, c'est un passage obligatoire en stage pour la médecine générale. On doit le faire obligatoirement en première année. Et c'est vrai que moi, je m'étais dit, ce sera mon premier stage parce que c'était le stage que je redoutais le plus. Moi, les urgences, pendant toutes mes études, l'externat, c'est vraiment un lieu que je n'ai pas tellement apprécié, où je ne me sentais pas vraiment à ma place. Je ne suis pas à l'aise avec ce côté urgence, tout va très vite. Je pense que je peux être du genre très speed dans ma vie, j'aime faire plein de choses à la fois. Mais là, il y avait ce côté où je n'arrivais pas à me poser, je trouvais que la prise en charge des patients était trop rapide. Je n'avais pas ce côté relationnel que j'ai en médecine générale. C'est un stage qui me faisait vraiment peur. Je me suis dit, autant commencer par ça et au moins, ce sera derrière moi. Premier stage aux urgences, premier jour, je me souviens, c'était direct le speed, direct plein de responsabilités. On nous demande de gérer un service d'urgence tout seul. On sort juste de l'externat où on n'a pas forcément été très actif dans nos stages, on va se le dire. On est plus là pour faire de l'administratif la plupart du temps. Donc voilà, on se retrouve avec plein de responsabilités d'un coup. Et c'est vrai que je me sentais sous l'eau, je ne me sentais pas à la hauteur. Je me disais que techniquement, j'avais toute la théorie médicale, mais que là, en pratique, ce n'était quand même pas la même chose. Et c'est vrai que ça a été assez compliqué. C'était un semestre où il y avait forcément beaucoup de monde. Beaucoup de passages aux urgences et une équipe qui n'était pas complète en termes de médecins. Et puis une ambiance pas forcément des meilleures étant donné qu'il y avait plein d'arrêts, il y avait des trous dans les plannings pour les gardes, etc. C'est un peu le cas malheureusement de tous les services d'urgence, on le sait que c'est compliqué. Mais c'est vrai que tout le monde est un peu tendu. J'ai été quand même bien entourée. Je pense qu'on a eu de la chance à Arcachon. Il y a d'autres lieux de stage aux urgences où c'est quand même moins agréable de travailler. Mais c'est vrai que non, ça n'a pas été les six meilleurs mois de mon internat. Ça a clairement été, je pense, le stage que j'ai le moins aimé, ça c'est sûr. Mais bon, finalement, ça s'est plutôt bien passé. Il faut aussi prendre le temps d'avoir confiance en soi. Parce que, comme je vous l'ai dit, On sort de l'externat où on était vraiment des petits étudiants et on ne faisait pas grand-chose. Et là, on a plein de responsabilités. Et des fois, je ne me sentais vraiment pas à la hauteur sur le moment. Et puis après, on prend des habitudes. Finalement, il y a quand même une certaine routine qui se met en place. Certains motifs où finalement, on va faire toujours la même chose. Je prends des exemples. Un patient qui vient pour des douleurs thoraciques ou des douleurs abdominales, finalement, c'est toujours le même bilan qu'on fait. Donc au bout d'un moment, on s'en rend compte. Et donc, intellectuellement parlant, c'est moins prenant. parce qu'on n'a pas vraiment à réfléchir, on lance notre bilan. Et donc voilà, on prend confiance en soi et on se lance et on se dit bon ben là, j'ai peut-être pas de médecin ou de chef à proximité pour leur demander leur avis. Bon ben, il faut que j'y aille, il faut que je prescrive. Et voilà, c'est ça aussi, c'est les premières prescriptions qu'on fait à notre nom. Et bien voilà, il y a notre nom sur l'ordonnance. Et donc forcément, quand ça se passe pas bien, le patient, il sait venir vous retrouver. Moi, je me souviens d'une fois, d'une... Ce n'était pas la patiente, c'était son mari qui est revenu le jour suivant me voir en me disant qu'elle avait toujours eu des douleurs et que finalement c'était tel diagnostic, qui n'était pas un diagnostic grave, mais qu'on était passé à côté. Et sur le principe, il n'y avait pas mort d'homme, clairement, mais du moins, ça ne fait vraiment pas plaisir de voir qu'on n'a pas fait le diagnostic qu'il fallait et qu'on est responsable. Et c'est vrai que ça met un coup de pression et on ne se sent pas très bien. Moi, je dirais que j'ai plutôt de la chance. Je suis très, très bien entourée, même si pas forcément entourée de personnes qui comprennent la médecine, mais en tout cas qui sont là pour moi et qui peuvent m'écouter quand j'ai besoin. Donc ça, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Et ensuite, je pense que j'ai aussi cette capacité, quand je rentre chez moi, à arriver à faire la part des choses et à me dire que je ne suis plus au travail. Et c'est vrai que ça ne m'envahit pas et je n'y repense pas forcément. Un peu plus compliqué que les urgences, j'avoue que ça pouvait venir un peu à la maison de temps en temps. Mais sinon, j'essaie de vraiment faire la part des choses. Quand je débauche, je débauche et j'essaie de ne plus y penser. Et ça, j'y arrive plutôt bien pour l'instant. Donc, je pense que c'est plutôt un avantage. Sur le semestre aux urgences, j'ai eu quand même... plus de mal et j'étais plus dans le doute. Après aussi, probablement parce que premier semestre, j'ai refait des gardes aux urgences l'année dernière et pour le coup, ça s'est super bien passé. Et je n'ai pas du tout eu ce souci, mais parce que j'avais de la pratique derrière moi et de l'expérience.

  • Pascale Lafitte

    Là, en tant qu'interne, les patients vous respectent au même titre que le médecin avec qui vous travaillez ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, j'ai eu de la chance là sur tous les stages que j'ai eu. C'était des terrains de stage où il y avait des internes tous les six mois qui venaient. Donc, les patients sont habitués. Dans la plupart des stages, quand ils prennent rendez-vous avec moi, les patients, ils savent que c'est avec moi. Après, voilà, il y a certains moments où j'ai... remplacer les médecins avec qui je travaille parce qu'il y avait des urgences, il fallait qu'ils partent en visite ou autre. Là, les patients n'étaient pas prévenus. Et c'est vrai que des fois, ils ont un petit moment de recul en me disant mais le docteur machin n'est pas là Donc moi, souvent, je prends un peu la rigolade et je leur dis bah non, il y a eu une urgence, je suis désolée, même si ce n'est pas le cas, mais peu importe Souvent, je leur dis bah non, je suis désolée, il y a eu une urgence, mais si ça ne vous dérange pas, on va faire la consultation ensemble et puis on va essayer de voir ce qu'on peut faire et puis si ça ne marche pas… J'en parlerai au médecin, mais je leur dis, on essaie, vous êtes là, on essaie, on voit. Et donc là, souvent, ils sourient, ils me disent, bon, OK, on va essayer. Et puis à la fin de la consultation, il y en a pas mal qui finalement s'excusent et me disent, je suis désolée. J'ai vu que vous étiez interne, c'est que je suis habituée avec mon médecin, mais c'était bien. Et puis en fait, finalement, on voit qu'après, ils reviennent nous voir et ils reviennent nous voir parce que nous, pas parce qu'ils veulent voir le médecin pour qui on travaille, c'est vraiment pour nous. Et donc, c'est vrai que c'est marrant. Je sais qu'il y a pas mal de patients qui appellent le secrétariat ou qui viennent me voir et qui me disent J'ai pris rendez-vous tel jour parce que vous voulez vous, Juliette. Et moi, c'est vrai que je me présente. Je dis Je suis Juliette, je suis interne. C'est vrai que je ne dis pas Docteur même si je pourrais. Maintenant, je suis thésée, mais j'ai encore du mal. Et j'aime bien parce qu'il y a ce côté, les patients, ils viennent voir Juliette et ils sont contents. Et c'est vrai que ça, ça fait super plaisir. Moi, je sais que... Quand je les revois plusieurs fois et que je sais qu'ils ont pris rendez-vous pour moi, c'est hyper agréable. Je pense que c'est une question, encore une fois, de comportement avec le patient et de ne pas s'arrêter à juste Ah, il ne voulait pas me voir à la base se dire Ce n'est pas grave, on va faire ce qu'on peut Et finalement, ils se rendent compte qu'on n'est pas moins capable que d'autres. Et même des fois, le fait de ne pas les connaître, on prend un peu plus de recul sur leur histoire et on arrive à délier plein de choses, je pense. aux consultations où on touche au côté psychologique un petit peu. Moi, je sais que j'aime bien des fois, je ressens qu'il y a peut-être un petit blocage et j'aime bien leur demander Et vous, comment ça va ? Et quand ils disent Ça va je leur dis Non, mais comment ça va vraiment ? Et là, souvent, je sais que j'arrive à les faire un peu craquer, à les faire se livrer. Et leur médecin traitant, des fois, me dit Je ne savais pas qu'il y avait tout ça derrière. Et je pense qu'ils arrivent un peu plus à se lâcher en se disant Je pars sur une nouvelle relation. Et donc, je peux me permettre peut-être de ressortir certaines choses pour lesquelles je n'aurais pas été à l'aise avec mon médecin traitant parce qu'ils se connaissent depuis trop longtemps aussi. Donc, je pense que ça donne un petit coup de neuf et ça leur fait du bien.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça veut dire que cette sensibilité de médecin généraliste en tant qu'interne, c'est vous qui l'avez ressenti ? petit à petit, qui vous avez découvert et non pas des cours magistraux qui vous ont amené à devenir le médecin vers lequel vous avez envie de tendre ?

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, je pense que c'est hyper important en tant que médecin généraliste d'avoir cette sensibilité. Alors moi, il faut savoir qu'initialement, quand j'ai commencé les études de médecine, je voulais absolument travailler à l'hôpital et j'avais dit jamais je ne serais médecin généraliste parce qu'en fait je me voyais y aller une fois par an pour mon certificat médical pour le sport et je ne comprenais pas l'intérêt. Et puis je me suis quand même battue. Avec les stages d'externat à l'hôpital, je me suis rendue compte que l'hôpital, ce n'était pas ce qui me plaisait. J'avais ce manque de relationnel finalement, je pense. Et c'était trop protocolisé. Je n'aimais pas ce côté-là. J'ai fait un stage de 15 jours chez un médecin généraliste hors études, vraiment juste moi pour voir. Et j'ai vraiment eu le coup de cœur. J'ai été très bien accompagnée en plus, mais j'ai vraiment eu le coup de cœur. Et en fait, l'internat n'a fait que confirmer ça. Je suis tombée sur des maîtres de stage. absolument incroyable qui ont été très bienveillants avec moi et qui m'ont vraiment donné le goût à la médecine générale. Et je pense que je me suis construite aussi grâce à eux parce que j'ai vu leur passion pour le métier. Ce qui m'a beaucoup plu aussi, c'est que j'ai vu que... On était... c'est plus comme avant, on ne vit pas qu'en tant que médecin. Je vois qu'on peut avoir une vie à côté et on peut s'épanouir dans plein de choses à côté en dehors de la médecine. Je suis médecin, j'adore ce que je fais, mais j'ai besoin de plein d'autres choses dans ma vie aussi. Je ne suis pas que médecin dans ma vie. Et donc je pense que le fait de m'épanouir à côté de ma vie de médecin, ça me permet quand je travaille d'être à 100% là-dedans. Et d'être heureuse dans ce que je fais, d'avoir encore plein de choses à découvrir et d'avoir envie d'apporter plein de choses aux patients. Je pense que j'ai encore cette passion pour le métier qui, je pense, si on est trop cantonné là-dedans, je pense qu'on perd ce côté-là en fait.

  • Pascale Lafitte

    Dans son jardin, pas loin de Bazas, face aux champs de maïs, devant un grand verre d'eau, nous avons parlé de rythme de travail. Il faut dire que Juliette est sportive, elle pratique le triathlon, vélo, natation et course à pied. Vous allez entendre d'ailleurs plus tard dans cet entretien à quel point le sport lui est vital. Nous avons parlé également de l'exigence des patients, la douleur, la peur les rendent non plus patients mais impatients. Et en fait, ces deux sujets se télescopent.

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, de base, les patients ont un degré d'urgence qui est différent d'une autre. C'est normal, on n'a pas les mêmes études et nous, c'est notre métier. Donc, ils vont, des fois, sur certains motifs, voir en eux un degré d'urgence important que nous, on ne voit pas. Et donc, ils ne comprennent pas qu'à 20h ou 21h, on ne soit pas là à venir chez eux pour les soigner. Donc, je le comprends parce qu'eux, ils ont cette peur, finalement. Et donc, ils ont besoin à ce moment-là, eux, ils ont une sensation de mort imminente, des fois, très clairement. Donc, ils pensent qu'il y a urgence. Et ils peuvent ne pas comprendre. Moi, on me l'a déjà dit, même dans ma famille, il est un peu plus âgé, qui m'ont dit, mais ah bon, tu te projettes de bosser maximum quatre jours par semaine ? Et voilà, et je leur dis que c'est peut-être que quatre jours, mais c'est quatre jours où je vais me sentir à 100% dans ce que je fais, où je vais être heureuse. Et maintenant, ça se fait plus, c'est plus comme avant. Il y a plein de choses qui se mettent en place, des gardes, des services d'urgence, même dans les périphéries, dans les campagnes, qui se mettent en place pour qu'il y ait des soins finalement 24 heures sur 24. C'est quand même bien organisé. Il faut juste le savoir, mais c'est bien organisé. Il y a toujours un médecin de garde dans le coin 24 heures sur 24. Mais non, je pense que c'est une bonne chose. C'est hyper important finalement. On a quand même des consultations très rapprochées. C'est quand même des grosses journées, ce qu'on fait. Il faut se dire qu'on a des patients en moyenne toutes les 15, voire 20 minutes. Et il faut être intellectuellement à fond à chaque fois. Et toutes les 15 ou 20 minutes, il faut se dire qu'on passe d'un motif à un autre, du coq à l'âne. Et il faut arriver à se remettre dedans. Et c'est des journées qui sont très longues. Donc non, 4 jours, c'est le maximum, je pense, pour bien prendre en charge les patients. Moi, je le vois, les médecins qui partent à la retraite. Forcément, on récupère tous les patients qui étaient suivis et on se retrouve avec des patients avec des pathologies chroniques quand même assez graves qui ont eu une prise en charge plus que limite. Donc les patients trouvaient que leur médecin, enfin idolâtraient leur médecin et finalement la prise en charge n'est pas idéale. Et je pense que oui, peut-être que ce médecin fait du 7h-22h, va à domicile, etc. Mais ça ne veut pas dire que la prise en charge est bonne finalement. Donc voilà, il ne faut pas s'arrêter à juste les jeunes médecins. Maintenant, ils ne bossent que quatre jours. Ils ne bossent peut-être que quatre jours, mais je pense que du coup, on est un peu plus motivé,plus rigoureux sur les prises en charge et que ça ne veut pas dire qu'on est moins bon.

  • Pascale Lafitte

    Médecin généraliste, enthpousiaste, phrasé rapide, franche, Juliette est aussi affutée physiquement que mentalement. Du coup, j'ai voulu savoir si elle avait une vision tout aussi précise de son avenir.

  • Juliette, interne en Med G

    Là, je m'épanouis à 100% dans ce que je fais et je me vois médecin sur les années qui viennent. Mais je n'exclus pas que peut-être un jour, je serai arrivée au bout de ce que la médecine m'apporte et de ce que mon métier m'apporte. Et peut-être que je me réorienterai vers quelque chose d'autre. Peut-être que j'aurai une opportunité de faire quelque chose d'autre. Je n'en sais rien. Ou peut-être que je serai médecin toute ma vie. En tout cas, je ne me ferme pas de porte. Et si à un moment, je me sens plus capable d'exercer la médecine comme moi je le souhaite, et si je sens que je ne suis plus en raccord avec mon métier, je pense que je n'hésiterai pas à changer et à faire autre chose. Parce que ça reste un métier où on a quand même des vies entre nos mains, mine de rien. Et je pense qu'il ne faut pas forcer la chose. Si on ne se sent plus capable, je pense qu'il faut arrêter pour le bien des patients avant tout.

  • Pascale Lafitte

    Ce que vous dites là, c'est quelque chose qui est... partagé par vos amis internes et collègues médecins ?

  • Juliette, interne en Med G

    Initialement, c'est vrai que je n'en parlais pas trop autour de moi parce que j'avais l'impression d'être vraiment entourée de personnes passionnées et qui ne faisaient pas forcément grand-chose en dehors de leur métier, alors que moi, c'est vrai que j'ai besoin de faire beaucoup de sport, notamment à côté. J'ai d'autres passions que mon métier. Et puis, petit à petit, en en parlant, je me suis rendue compte que... que cette pensée était partagée par beaucoup. J'en ai discuté avec surtout des médecins, un peu moins que des internes, mais avec des médecins qui étaient en accord et qui me disaient que, pareil, si à un moment, ils sentaient que... qu'ils n'étaient plus en phase avec leur métier, ils n'hésiteraient pas à faire autre chose. Et c'était des envies qu'ils avaient pour plus tard. Donc je pense que ça se partage de plus en plus, oui.

  • Pascale Lafitte

    Pour l'heure, vous n'avez encore jamais eu envie d'arrêter ou de faire un break pour mieux redémarrer ?

  • Juliette, interne en Med G

    Non, absolument pas. Je ne me suis jamais posé la question pour le moment d'arrêter. Au contraire, l'internat, ça m'a encore plus donné envie de... de faire ce que je voulais. Et puis, j'ai aussi choisi la médecine générale pour cette liberté de planning, parce que je sais que je pourrais gérer mon planning un peu comme je le veux pour pouvoir l'adapter à mon sport, notamment. Et puis là, c'est une nouvelle page aussi qui se tourne à la fin de l'internat où je vais commencer les remplacements. Et voilà, je serai libre de choisir les remplacements que j'ai envie de faire, sur la durée que j'ai envie de faire. Voilà, donc c'est le tout début pour l'instant et je pense que j'ai encore plein de choses à apprendre et plein de choses à voir avant de me dire que je pars dans une autre voie.

  • Pascale Lafitte

    C'est un tracteur qu'on entend là ?

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est un tracteur, mais on est au milieu de la campagne, on est entouré de champs, donc il y a de l'agriculture, des tracteurs.

  • Pascale Lafitte

    Voilà, oui, vous le dites, on est au milieu des tracteurs, on l'entend le tracteur,

  • Juliette, interne en Med G

    je vous le dis.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce qu'on est dans un désert médical ici ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors ici on est dans une ZRR, c'est une zone sous-dotée où il y a plein d'avantages à l'installation pour les nouveaux médecins. C'est un peu le problème partout ici, les médecins partent à la retraite et il n'y a aucun nouveau médecin qui s'installe. Je parle même des remplacements, là quand ils partent en vacances c'est quasi impossible de trouver des remplaçants.

  • Pascale Lafitte

    Vous en tant qu'interne ? Vous n'avez aucun problème pour trouver des stages de médecin généraliste, mais je suppose que vous n'avez pas d'inquiétude. Vous l'avez dit, Aix-en-Provence pour un an, mais ça aurait pu être ici. Vous n'avez aucune inquiétude pour trouver un poste en fin d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est tout l'avantage. C'est qu'on sait que peu importe où on va, on trouvera toujours du travail. Ici notamment, je sais que les... Les cabinets où j'ai été en stage, ils seraient ravis de m'avoir en tant que remplaçante, même associée. On m'a déjà fait des propositions, donc ça, il n'y aurait pas de souci. Pour Hex, j'ai mis, je crois, ce week-end, un petit mot sur un groupe Facebook pour dire que j'arrivais en novembre 2024 et que je recherchais un remplacement régulier. J'ai déjà eu, je pense, une dizaine de messages. Donc, disons qu'on a vraiment le choix.

  • Pascale Lafitte

    Donc, vous avez choisi Aix, et après, vous devez chercher un taf.

  • Juliette, interne en Med G

    C'est exactement ça. Je savais que ça n'allait pas être trop compliqué. Et donc oui, je me suis dit, ce sera cette ville. J'ai juste posté un message et j'ai déjà plein de demandes, donc j'ai de quoi travailler.

  • Pascale Lafitte

    Un mot sur les ZRR. Ce sont des zones de revitalisation rurale, un zonage établi pour soutenir les territoires ruraux fragiles sur le plan socio-économique, qui concernent les médecins mais pas que. Ainsi, les entreprises qui s'implantent sur ces zones peuvent bénéficier d'exonérations fiscales et sociales. Médecins ou spécialistes installés en ZRR sont concernés donc par une exonération d'impôts permise par ce dispositif. Une exonération totale sur les cinq premières années et à partir de la sixième année, l'exonération est progressive. 75% la sixième année, 50% la septième, 25% la huitième. En écoutant Juliette, on pourrait penser que tout son parcours a été fluide, simple, écrit. Mais en creusant un peu, on s'aperçoit qu'elle a tâtonné pour trouver cette énergie qu'elle nous renvoie ici.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, alors c'est vrai que moi, avant de commencer les études de médecine, ma première année de médecine, je faisais beaucoup de sport, je faisais du triathlon. J'ai mis complètement de côté le sport sur le premier semestre de la première année de médecine où on m'avait tellement dit on ne peut rien faire à côté, il faut travailler, travailler, travailler. Je m'étais dit j'arrête tout, je me mets à fond là-dedans. Et puis finalement, je me suis rendu compte que ça ne me correspondait absolument pas. Et donc sur le second semestre, j'ai décidé de me remettre un petit peu au sport. Et finalement, j'ai rattrapé énormément de places. Pour vous dire, je loupe la première année de médecine pour moins de 10 places. Donc ça se joue à même pas un QCM de cocher. Et finalement, j'ai redoublé ma passesse et ça s'est super bien passé. J'ai fait beaucoup de sport, je me suis remis avec mes entraînements. En fait, je savais que... À 18h, j'arrêtais de travailler parce que c'était l'heure de l'entraînement. J'allais rejoindre les copains qui n'étaient pas du tout dans les études de médecine. Ça me faisait le plus grand bien. Je pensais à tout sauf à ça. Finalement, ça a été mon équilibre, partir en compétition le week-end. J'avais toujours mes livres dans le sac pour travailler entre deux. J'ai très bien vécu mon redoublement. J'ai fini sur les 352 prix, j'ai fini 70. Alors que vraiment, j'ai eu une année de rêve où j'ai vu mes amis tous les soirs. J'étais en week-end quasi toutes les semaines. Après, ça demande de la régularité. Je ne m'arrêtais pas à travailler toute la journée. J'étais à fond. Je ne faisais pas des pauses toutes les cinq minutes. Mais en tout cas, c'est le rythme qu'il me fallait. Et puis finalement, j'ai continué à faire ça jusqu'à maintenant. J'ai mis un peu en stand-by le triathlon parce que forcément, c'était compliqué d'allier les trois sports. Mais j'ai fait de la course à pied. Et voilà, je savais que je m'entraînais trois, quatre fois par semaine, les compétitions, le week-end. Et voilà, ça a toujours été ça. Je travaillais la journée, j'étais à fond, j'étais motivée. À 18h, j'arrêtais tout, je partais m'entraîner et c'était fini pour ma journée.

  • Pascale Lafitte

    J'ai bien compris qu'en fait, sans le sport, vous viviez mal ce travail intense.

  • Juliette, interne en Med G

    Moi, en fait, si je me levais le matin et que je me disais que... j'avais pas vraiment d'objectif sur ma journée que jusqu'au soir il allait falloir être dans les livres et travailler ça me paraissait une éternité et ça me paraissait impossible, j'avais du mal à me motiver, à commencer à travailler parce que j'avais l'impression que j'avais encore 10h devant moi et ça me paraissait beaucoup trop long là je savais que le midi je faisais ma pause à telle heure, j'avais ma petite demi-heure pas plus je me remettais à travailler mais à 18h je savais que j'arrêtais tout, que j'allais rejoindre les copains, aller m'entraîner, me vider la tête courir en extérieur et moi c'est ça mon bonheur au quotidien... Et donc, vraiment, c'est ça qui m'a fait ne pas lâcher pendant toutes mes études. Pareil, le week-end, quand je savais que j'avais compétition, je savais que je travaillais à fond toute la semaine. Et le week-end, c'était la libération. J'allais avec les copains. Après, moi, ce n'était pas fait tard. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de coucher tard. J'étais hyper rigoureuse. Tous les jours, il y avait le réveil à la même heure. J'avais une journée comme si j'allais bosser de 8h à 18h.

  • Pascale Lafitte

    Et quand vous avez été interne ? Parfois, il y a des journées à rallonge. Comment est-ce que vous êtes arrivée à le supporter sans avoir aussi parfois envie de tout foutre en l'air ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, moi, il faut savoir que j'ai fait un seul stage à l'hôpital. Au final, c'est juste le service des urgences. Donc, le service des urgences, c'était hyper intense avec les gardes, les week-ends, etc. Donc oui, j'ai débauché. J'allais courir à 20 heures de nuit à la frontale. Là, j'ai dû me forcer, je dois l'avouer. Je me forçais à aller courir 3-4 fois par semaine parce que je savais que j'en avais besoin et parce que j'avais quand même des petits objectifs sur des compétitions, donc je voulais garder la forme. C'est vrai que ça n'a pas été facile, très franchement. Ça a été le semestre où j'ai failli... Quand je dis failli craquer, c'est que je ne me permettais pas de lâcher les nerfs et, par exemple, c'est tout bête, mais de rentrer chez soi et de se mettre à pleurer, je ne me le permettais pas. Pourquoi ? Je ne sais pas, parce que je pense que j'étais... J'ai toujours été un peu comme ça. Et donc, je me disais non, non, il faut tenir, il faut tenir, il faut tenir. Et bon, après, j'ai dû craquer une fois ou deux. Mais c'est vrai que c'était un peu un trop plein où la journée, c'est pas forcément bien passé. J'avais pas non plus envie d'ennuyer les autres, d'aller en parler, etc. Mais je me forçais à aller courir. Et finalement, en fait, quand je rentrais, il était 21h peut-être, mais j'avais fait ma séance ou mon footing. Et en fait, c'est ça qui me permettait de décharger et de vider. Et je me sentais beaucoup mieux. Et là, je pouvais repartir.

  • Pascale Lafitte

    Ça me fait penser au mal-être des internes dont on parle beaucoup, puisque c'est plus de 70% d'internes qui ne se sentent pas forcément très bien et qui prennent des anxiolytiques ou autres. C'était votre anxiolytique, le sport ?

  • Juliette, interne en Med G

    Ah oui, ça m'a aidée à décharger plein de choses. C'était franchement... Et je le fais encore maintenant quand ça ne va pas. Je sais que je vais courir et quand je reviens de courir, j'ai l'impression que je repars sur quelque chose de nouveau. En fait, c'est ça, c'est que je me suis gardée à rythme et j'ai refusé de me dire j'ai fait une grosse journée, donc je ne fais pas mes entraînements. En fait, j'avais mon rythme et ça me poussait à aller m'entraîner. Et voilà, même si je rentrais 21h, 21h30, j'avais fait mon footing et je me sentais vraiment bien. Et je pense que ça a vraiment été ma bouffée d'énergie, mon anxiolytique. Je pense que c'est ce qui a fait que je me suis toujours sentie bien dans mes études. Je sais très bien que je n'ai absolument pas eu la vie d'interne qu'on s'imagine et que vivent la plupart des internes. Très franchement, j'ai eu une chance incroyable. Non, moi, j'aurais été incapable de faire ça quand je vois les horaires qu'ils font, les week-ends, les gardes. Non, non, moi, j'ai eu quasi tout mon internat tous mes week-ends. Je finissais pas tard, je pouvais faire mon sport, voir mes amis. Enfin, donc, non, moi, je l'ai très bien vécu. Je peux comparer avec ma meilleure amie qui est interne en anesthésie-réanimation sur Nantes, qui s'épanouit dans ce qu'elle fait. Mais quand elle me raconte ses semaines, ses journées, ses gardes, ses week-ends, je suis en admiration devant elle parce que moi, ça n'aurait juste pas été possible de tenir ce rythme. Je ne me serais pas du tout vue faire ça. Franchement, moi, ce n'était pas possible. Donc, j'ai fait en sorte d'être plutôt bien classée pour pouvoir choisir mes stages. et d'être tombée sur des stages avec des maîtres de stages absolument incroyables. Je pense que j'ai été très chanceuse là-dessus.

  • Pascale Lafitte

    Comment Juliette, si organisée, si déterminée, Juliette qui va là où elle l'a décidé, qui semble suivre son chemin quoi qu'il advienne, comment cette jeune femme de 28 ans, si on lui en donnait la possibilité, réformerait ses longues années d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est compliqué à dire. Alors, moi, si je parle du côté médecine générale, je trouve qu'il n'y a pas assez de stages en libéral. Bon, ça va un peu changer maintenant avec la quatrième année de docteur junior, où ce sera une année entière dédiée à l'exercice libéral. Parce que là, au final, la plupart des internes en médecine générale auront fait sur leurs trois ans seulement une année. en libéral. Et donc, la plupart, pour en avoir discuté avec eux, ils ne sont pas à l'aise avec la pratique libérale parce que c'est tout sauf de la théorie qu'on a appris dans les livres, très franchement. C'est tout sauf l'exercice hospitalier où il y a des protocoles, où on est toujours entouré. La médecine générale, c'est à chaque consultation des doutes. On n'a jamais, la plupart du temps, le diagnostic précis et on se lance dans des traitements un peu... en sachant un peu vers où on va, mais on n'est jamais sûr de ce qu'on fait. C'est vrai qu'il y en a beaucoup qui sont déstabilisés. Et ça, c'est vraiment un apprentissage. Pour le côté médecine générale, je pense que ça, ça manque beaucoup. Après, sur le côté hospitalier, que je connais moins, au final, il y a clairement un manque au niveau de l'accompagnement, je trouve, et au niveau du temps de travail et des horaires. Je crois, de ce que j'ai entendu, qu'il y a encore beaucoup. beaucoup de services où les règles ne sont pas respectées. Mais non, c'est pas une vie. Et quand on parlait de l'internat de chirurgie, moi, j'aurais jamais pu, vu les horaires. En fait, on peut pas avoir de vie à côté et je trouve ça dommage d'être réduit à juste sa pratique professionnelle et pas à l'individu qu'on est avec tout ce qu'on aime faire à côté.

  • Pascale Lafitte

    L'internat correspond au troisième cycle d'études médicales. D'une durée de 3 à 6 ans, en fonction de la spécialité suivie, ce troisième cycle est avant tout considéré comme un apprentissage pratique. Merci à Juliette de nous avoir offert ce voyage en internat. Et merci à vous tous de nous avoir écoutés. Un mot encore, que ce podcast continue à vivre, abonnez-vous et partagez ces entretiens. Et n'oubliez pas, Internat en médecine est à suivre. sans ordonnance ni modération. A très vite.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Juliette

    00:08

  • La satisfaction de donner et de recevoir des retours des patients

    00:19

  • Le parcours de Juliette vers la médecine générale

    01:19

  • Les défis du premier stage d'internat aux urgences

    02:45

  • Le lien entre médecin et patient en milieu rural

    04:15

  • La perception des internes par les patients

    09:34

  • La sensibilité du médecin généraliste et son évolution

    12:35

  • L'importance du sport dans la vie de Juliette

    14:58

  • Réflexions sur l'avenir et la médecine générale

    18:14

  • Conclusion et remerciements

    22:59

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Description

Êtes-vous déjà tombé sur un professionnel de santé dont l'énergie et la passion pour son métier sont contagieuses ? Dans cet épisode du podcast "Interne en médecine", je vous invite à rencontrer Juliette, une interne en Médecine Générale dont le parcours est aussi inspirant qu'éloquent. Juliette partage avec nous son expérience unique et ses réflexions sur la médecine, un domaine qu'elle a choisi avec détermination, malgré l'absence de liens familiaux dans ce secteur. Elle évoque avec émotion la satisfaction qu'elle ressent en donnant aux patients et en recevant leur reconnaissance, ces petits gestes de gratitude qui illuminent son quotidien.


Juliette nous plonge dans son univers, notamment lors de son stage aux Urgences, un lieu où les responsabilités sont nombreuses et où l'ambiance peut parfois être tendue. Elle souligne l'importance cruciale du lien entre médecin et patient, en particulier dans un contexte rural où chaque interaction peut faire une grande différence. Juliette est consciente des défis et des exigences de sa profession, mais elle aborde ces obstacles avec une détermination admirable et un sourire qui en dit long sur son engagement.


Mais être interne en médecine ne se limite pas qu'à la pratique clinique. Juliette nous parle également de l'importance de maintenir un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. Passionnée de sport, elle considère cette activité non seulement comme un moyen de rester en forme, mais aussi comme un véritable antidote au stress. Sa vision pour l'avenir est pleine d'espoir et d'ouverture, prête à saisir de nouvelles opportunités tout en restant profondément dévouée à sa carrière de médecin.


Rejoignez-nous pour découvrir comment Juliette, en tant qu'interne en médecine, navigue à travers les défis quotidiens tout en cultivant sa passion pour le soin et l'accompagnement des patients. Cet épisode est une véritable ode à la médecine, à l'humanité et à la résilience. Ne manquez pas cette conversation enrichissante qui, j'en suis sûre, vous inspirera autant qu'elle m'a inspirée. Écoutez maintenant sur "Interne en médecine" et laissez-vous emporter par l'énergie positive de Juliette et son engagement indéfectible envers cette belle profession.


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte, produit par IMI productions & Creative.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Lafitte et je vous présente "Internes en médecine", le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    On m'a souvent dit que je donnais beaucoup de ma personne et que peut-être trop, entre guillemets. Et je pense qu'on donne beaucoup, mais qu'en retour, on a quand même besoin de temps en temps d'avoir quelque chose. Et si on fait ce métier à vouloir autant donner, autant aider les gens, c'est que... On est content d'avoir quand même un retour. Je pense que c'est cette satisfaction d'avoir bien fait, d'avoir aidé. Et quand on l'a en retour, qu'on nous verbalise le fait qu'on est content de nous voir, content de la prise en charge, ça fait toujours du bien. Après, on ne l'a pas à chaque fois, à chaque consultation. Mais finalement, je me rends compte là en campagne que les patients sont reconnaissants. Ils nous disent et c'est juste énormément de plaisir. C'est tout bête, mais le petit pot de confiture, les petits... légumes du jardin qui nous ramènent, on va en visite, le vieux monsieur qui nous offre une rose de son jardin, c'est tout bête, mais c'est juste un bonheur.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée se prénomme Juliette, elle a accepté que nous utilisions son prénom. À ce jour, elle a fini son internat, elle fait des remplacements, mais lorsque je l'ai rencontrée, elle était encore interne en médecine générale, elle venait de soutenir sa thèse de doctorat. et terminé son dernier semestre d'études de médecine. Elle a opté pour la médecine libérale avec une obsession être libre et travailler, comme elle le dit, en campagne. Vous allez percevoir au fil de cet entretien combien sa liberté a guidé ses choix. Nous nous sommes rencontrés au mois de juillet, une rencontre bucolique dans la campagne gérondine avec gazouillis, tracteurs et douceur de vivre. Et en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    Alors c'est une bonne question, je me la suis posée à plusieurs reprises, parce que dans ma famille, personne n'est dans le milieu médical. Il n'y a même pas d'infirmiers, d'aides-soignants, de médecins, rien du tout. Je ne dirais même pas de kinés non plus. Mais ça a été vraiment... Ça s'est fait naturellement, en fait. À la base, j'étais plutôt partie pour être kiné. Et puis, en y réfléchissant, il y avait vraiment ce côté médical qui m'intéressait. Je dirais que c'est depuis le collège, je me suis dit, j'irai en médecine, je serai médecin. Je ne savais pas du tout quelle spécialité encore, mais en tout cas, ça s'est fait comme ça. J'étais partie plutôt police scientifique à un moment aussi, mais quand même ce côté un peu médical, scientifique. Et non, ça s'est fait comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Aujourd'hui, vous êtes médecin généraliste. Vous êtes encore interne pour quelques mois, mais très peu. Et puis, vous êtes déjà thésée.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis. thésée depuis fin mai. Et oui, il me reste encore jusqu'à fin octobre d'internat pour vraiment valider le diplôme. Et puis ensuite, c'est parti. La vie active commence réellement. Le métier de médecin généraliste, je le vois vraiment en milieu semi-rural, rural, c'est-à-dire plutôt à la campagne. Moi, je ne me vois pas du tout exercer en ville. En fait, j'aime ce côté partage avec les patients, le fait de vraiment suivre déjà toute la famille. Et puis, contrairement à la pratique en ville, ici, le premier recours, c'est vraiment le médecin généraliste. On ne va pas aller voir le spécialiste, on ne va pas aller un peu chanter le passage médecin généraliste. On vient demander au médecin généraliste et puis ensuite, on oriente si on a besoin. Mais il y a vraiment ce côté de soins de premier recours vraiment qui est gardé. Et puis, il y a cette confiance envers le médecin. Les patients viennent pour nous voir à nous en tant qu'individus, en tant que médecin. Ce n'est pas juste consulter pour une consultation comme ça, comme ça peut se faire en ville, où on va se retrouver avec des patients qui consultent plusieurs médecins. Là, il y a cette accroche et cette relation médecin-patient qui est vraiment forte. Moi, c'est là-dedans que je m'épanouis le plus.

  • Pascale Lafitte

    J'aimerais que vous vous replongiez dans vos débuts d'internat, donc après le concours, lorsque vous avez démarré votre premier stage d'internat. C'était un 2 novembre. Est-ce que vous avez ce moment-là en mémoire ?

  • Juliette, interne en Med G

    Je m'en souviens très bien. J'ai fait mon premier semestre d'internat aux urgences à Arcachon. Les urgences, c'est un passage obligatoire en stage pour la médecine générale. On doit le faire obligatoirement en première année. Et c'est vrai que moi, je m'étais dit, ce sera mon premier stage parce que c'était le stage que je redoutais le plus. Moi, les urgences, pendant toutes mes études, l'externat, c'est vraiment un lieu que je n'ai pas tellement apprécié, où je ne me sentais pas vraiment à ma place. Je ne suis pas à l'aise avec ce côté urgence, tout va très vite. Je pense que je peux être du genre très speed dans ma vie, j'aime faire plein de choses à la fois. Mais là, il y avait ce côté où je n'arrivais pas à me poser, je trouvais que la prise en charge des patients était trop rapide. Je n'avais pas ce côté relationnel que j'ai en médecine générale. C'est un stage qui me faisait vraiment peur. Je me suis dit, autant commencer par ça et au moins, ce sera derrière moi. Premier stage aux urgences, premier jour, je me souviens, c'était direct le speed, direct plein de responsabilités. On nous demande de gérer un service d'urgence tout seul. On sort juste de l'externat où on n'a pas forcément été très actif dans nos stages, on va se le dire. On est plus là pour faire de l'administratif la plupart du temps. Donc voilà, on se retrouve avec plein de responsabilités d'un coup. Et c'est vrai que je me sentais sous l'eau, je ne me sentais pas à la hauteur. Je me disais que techniquement, j'avais toute la théorie médicale, mais que là, en pratique, ce n'était quand même pas la même chose. Et c'est vrai que ça a été assez compliqué. C'était un semestre où il y avait forcément beaucoup de monde. Beaucoup de passages aux urgences et une équipe qui n'était pas complète en termes de médecins. Et puis une ambiance pas forcément des meilleures étant donné qu'il y avait plein d'arrêts, il y avait des trous dans les plannings pour les gardes, etc. C'est un peu le cas malheureusement de tous les services d'urgence, on le sait que c'est compliqué. Mais c'est vrai que tout le monde est un peu tendu. J'ai été quand même bien entourée. Je pense qu'on a eu de la chance à Arcachon. Il y a d'autres lieux de stage aux urgences où c'est quand même moins agréable de travailler. Mais c'est vrai que non, ça n'a pas été les six meilleurs mois de mon internat. Ça a clairement été, je pense, le stage que j'ai le moins aimé, ça c'est sûr. Mais bon, finalement, ça s'est plutôt bien passé. Il faut aussi prendre le temps d'avoir confiance en soi. Parce que, comme je vous l'ai dit, On sort de l'externat où on était vraiment des petits étudiants et on ne faisait pas grand-chose. Et là, on a plein de responsabilités. Et des fois, je ne me sentais vraiment pas à la hauteur sur le moment. Et puis après, on prend des habitudes. Finalement, il y a quand même une certaine routine qui se met en place. Certains motifs où finalement, on va faire toujours la même chose. Je prends des exemples. Un patient qui vient pour des douleurs thoraciques ou des douleurs abdominales, finalement, c'est toujours le même bilan qu'on fait. Donc au bout d'un moment, on s'en rend compte. Et donc, intellectuellement parlant, c'est moins prenant. parce qu'on n'a pas vraiment à réfléchir, on lance notre bilan. Et donc voilà, on prend confiance en soi et on se lance et on se dit bon ben là, j'ai peut-être pas de médecin ou de chef à proximité pour leur demander leur avis. Bon ben, il faut que j'y aille, il faut que je prescrive. Et voilà, c'est ça aussi, c'est les premières prescriptions qu'on fait à notre nom. Et bien voilà, il y a notre nom sur l'ordonnance. Et donc forcément, quand ça se passe pas bien, le patient, il sait venir vous retrouver. Moi, je me souviens d'une fois, d'une... Ce n'était pas la patiente, c'était son mari qui est revenu le jour suivant me voir en me disant qu'elle avait toujours eu des douleurs et que finalement c'était tel diagnostic, qui n'était pas un diagnostic grave, mais qu'on était passé à côté. Et sur le principe, il n'y avait pas mort d'homme, clairement, mais du moins, ça ne fait vraiment pas plaisir de voir qu'on n'a pas fait le diagnostic qu'il fallait et qu'on est responsable. Et c'est vrai que ça met un coup de pression et on ne se sent pas très bien. Moi, je dirais que j'ai plutôt de la chance. Je suis très, très bien entourée, même si pas forcément entourée de personnes qui comprennent la médecine, mais en tout cas qui sont là pour moi et qui peuvent m'écouter quand j'ai besoin. Donc ça, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Et ensuite, je pense que j'ai aussi cette capacité, quand je rentre chez moi, à arriver à faire la part des choses et à me dire que je ne suis plus au travail. Et c'est vrai que ça ne m'envahit pas et je n'y repense pas forcément. Un peu plus compliqué que les urgences, j'avoue que ça pouvait venir un peu à la maison de temps en temps. Mais sinon, j'essaie de vraiment faire la part des choses. Quand je débauche, je débauche et j'essaie de ne plus y penser. Et ça, j'y arrive plutôt bien pour l'instant. Donc, je pense que c'est plutôt un avantage. Sur le semestre aux urgences, j'ai eu quand même... plus de mal et j'étais plus dans le doute. Après aussi, probablement parce que premier semestre, j'ai refait des gardes aux urgences l'année dernière et pour le coup, ça s'est super bien passé. Et je n'ai pas du tout eu ce souci, mais parce que j'avais de la pratique derrière moi et de l'expérience.

  • Pascale Lafitte

    Là, en tant qu'interne, les patients vous respectent au même titre que le médecin avec qui vous travaillez ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, j'ai eu de la chance là sur tous les stages que j'ai eu. C'était des terrains de stage où il y avait des internes tous les six mois qui venaient. Donc, les patients sont habitués. Dans la plupart des stages, quand ils prennent rendez-vous avec moi, les patients, ils savent que c'est avec moi. Après, voilà, il y a certains moments où j'ai... remplacer les médecins avec qui je travaille parce qu'il y avait des urgences, il fallait qu'ils partent en visite ou autre. Là, les patients n'étaient pas prévenus. Et c'est vrai que des fois, ils ont un petit moment de recul en me disant mais le docteur machin n'est pas là Donc moi, souvent, je prends un peu la rigolade et je leur dis bah non, il y a eu une urgence, je suis désolée, même si ce n'est pas le cas, mais peu importe Souvent, je leur dis bah non, je suis désolée, il y a eu une urgence, mais si ça ne vous dérange pas, on va faire la consultation ensemble et puis on va essayer de voir ce qu'on peut faire et puis si ça ne marche pas… J'en parlerai au médecin, mais je leur dis, on essaie, vous êtes là, on essaie, on voit. Et donc là, souvent, ils sourient, ils me disent, bon, OK, on va essayer. Et puis à la fin de la consultation, il y en a pas mal qui finalement s'excusent et me disent, je suis désolée. J'ai vu que vous étiez interne, c'est que je suis habituée avec mon médecin, mais c'était bien. Et puis en fait, finalement, on voit qu'après, ils reviennent nous voir et ils reviennent nous voir parce que nous, pas parce qu'ils veulent voir le médecin pour qui on travaille, c'est vraiment pour nous. Et donc, c'est vrai que c'est marrant. Je sais qu'il y a pas mal de patients qui appellent le secrétariat ou qui viennent me voir et qui me disent J'ai pris rendez-vous tel jour parce que vous voulez vous, Juliette. Et moi, c'est vrai que je me présente. Je dis Je suis Juliette, je suis interne. C'est vrai que je ne dis pas Docteur même si je pourrais. Maintenant, je suis thésée, mais j'ai encore du mal. Et j'aime bien parce qu'il y a ce côté, les patients, ils viennent voir Juliette et ils sont contents. Et c'est vrai que ça, ça fait super plaisir. Moi, je sais que... Quand je les revois plusieurs fois et que je sais qu'ils ont pris rendez-vous pour moi, c'est hyper agréable. Je pense que c'est une question, encore une fois, de comportement avec le patient et de ne pas s'arrêter à juste Ah, il ne voulait pas me voir à la base se dire Ce n'est pas grave, on va faire ce qu'on peut Et finalement, ils se rendent compte qu'on n'est pas moins capable que d'autres. Et même des fois, le fait de ne pas les connaître, on prend un peu plus de recul sur leur histoire et on arrive à délier plein de choses, je pense. aux consultations où on touche au côté psychologique un petit peu. Moi, je sais que j'aime bien des fois, je ressens qu'il y a peut-être un petit blocage et j'aime bien leur demander Et vous, comment ça va ? Et quand ils disent Ça va je leur dis Non, mais comment ça va vraiment ? Et là, souvent, je sais que j'arrive à les faire un peu craquer, à les faire se livrer. Et leur médecin traitant, des fois, me dit Je ne savais pas qu'il y avait tout ça derrière. Et je pense qu'ils arrivent un peu plus à se lâcher en se disant Je pars sur une nouvelle relation. Et donc, je peux me permettre peut-être de ressortir certaines choses pour lesquelles je n'aurais pas été à l'aise avec mon médecin traitant parce qu'ils se connaissent depuis trop longtemps aussi. Donc, je pense que ça donne un petit coup de neuf et ça leur fait du bien.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça veut dire que cette sensibilité de médecin généraliste en tant qu'interne, c'est vous qui l'avez ressenti ? petit à petit, qui vous avez découvert et non pas des cours magistraux qui vous ont amené à devenir le médecin vers lequel vous avez envie de tendre ?

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, je pense que c'est hyper important en tant que médecin généraliste d'avoir cette sensibilité. Alors moi, il faut savoir qu'initialement, quand j'ai commencé les études de médecine, je voulais absolument travailler à l'hôpital et j'avais dit jamais je ne serais médecin généraliste parce qu'en fait je me voyais y aller une fois par an pour mon certificat médical pour le sport et je ne comprenais pas l'intérêt. Et puis je me suis quand même battue. Avec les stages d'externat à l'hôpital, je me suis rendue compte que l'hôpital, ce n'était pas ce qui me plaisait. J'avais ce manque de relationnel finalement, je pense. Et c'était trop protocolisé. Je n'aimais pas ce côté-là. J'ai fait un stage de 15 jours chez un médecin généraliste hors études, vraiment juste moi pour voir. Et j'ai vraiment eu le coup de cœur. J'ai été très bien accompagnée en plus, mais j'ai vraiment eu le coup de cœur. Et en fait, l'internat n'a fait que confirmer ça. Je suis tombée sur des maîtres de stage. absolument incroyable qui ont été très bienveillants avec moi et qui m'ont vraiment donné le goût à la médecine générale. Et je pense que je me suis construite aussi grâce à eux parce que j'ai vu leur passion pour le métier. Ce qui m'a beaucoup plu aussi, c'est que j'ai vu que... On était... c'est plus comme avant, on ne vit pas qu'en tant que médecin. Je vois qu'on peut avoir une vie à côté et on peut s'épanouir dans plein de choses à côté en dehors de la médecine. Je suis médecin, j'adore ce que je fais, mais j'ai besoin de plein d'autres choses dans ma vie aussi. Je ne suis pas que médecin dans ma vie. Et donc je pense que le fait de m'épanouir à côté de ma vie de médecin, ça me permet quand je travaille d'être à 100% là-dedans. Et d'être heureuse dans ce que je fais, d'avoir encore plein de choses à découvrir et d'avoir envie d'apporter plein de choses aux patients. Je pense que j'ai encore cette passion pour le métier qui, je pense, si on est trop cantonné là-dedans, je pense qu'on perd ce côté-là en fait.

  • Pascale Lafitte

    Dans son jardin, pas loin de Bazas, face aux champs de maïs, devant un grand verre d'eau, nous avons parlé de rythme de travail. Il faut dire que Juliette est sportive, elle pratique le triathlon, vélo, natation et course à pied. Vous allez entendre d'ailleurs plus tard dans cet entretien à quel point le sport lui est vital. Nous avons parlé également de l'exigence des patients, la douleur, la peur les rendent non plus patients mais impatients. Et en fait, ces deux sujets se télescopent.

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, de base, les patients ont un degré d'urgence qui est différent d'une autre. C'est normal, on n'a pas les mêmes études et nous, c'est notre métier. Donc, ils vont, des fois, sur certains motifs, voir en eux un degré d'urgence important que nous, on ne voit pas. Et donc, ils ne comprennent pas qu'à 20h ou 21h, on ne soit pas là à venir chez eux pour les soigner. Donc, je le comprends parce qu'eux, ils ont cette peur, finalement. Et donc, ils ont besoin à ce moment-là, eux, ils ont une sensation de mort imminente, des fois, très clairement. Donc, ils pensent qu'il y a urgence. Et ils peuvent ne pas comprendre. Moi, on me l'a déjà dit, même dans ma famille, il est un peu plus âgé, qui m'ont dit, mais ah bon, tu te projettes de bosser maximum quatre jours par semaine ? Et voilà, et je leur dis que c'est peut-être que quatre jours, mais c'est quatre jours où je vais me sentir à 100% dans ce que je fais, où je vais être heureuse. Et maintenant, ça se fait plus, c'est plus comme avant. Il y a plein de choses qui se mettent en place, des gardes, des services d'urgence, même dans les périphéries, dans les campagnes, qui se mettent en place pour qu'il y ait des soins finalement 24 heures sur 24. C'est quand même bien organisé. Il faut juste le savoir, mais c'est bien organisé. Il y a toujours un médecin de garde dans le coin 24 heures sur 24. Mais non, je pense que c'est une bonne chose. C'est hyper important finalement. On a quand même des consultations très rapprochées. C'est quand même des grosses journées, ce qu'on fait. Il faut se dire qu'on a des patients en moyenne toutes les 15, voire 20 minutes. Et il faut être intellectuellement à fond à chaque fois. Et toutes les 15 ou 20 minutes, il faut se dire qu'on passe d'un motif à un autre, du coq à l'âne. Et il faut arriver à se remettre dedans. Et c'est des journées qui sont très longues. Donc non, 4 jours, c'est le maximum, je pense, pour bien prendre en charge les patients. Moi, je le vois, les médecins qui partent à la retraite. Forcément, on récupère tous les patients qui étaient suivis et on se retrouve avec des patients avec des pathologies chroniques quand même assez graves qui ont eu une prise en charge plus que limite. Donc les patients trouvaient que leur médecin, enfin idolâtraient leur médecin et finalement la prise en charge n'est pas idéale. Et je pense que oui, peut-être que ce médecin fait du 7h-22h, va à domicile, etc. Mais ça ne veut pas dire que la prise en charge est bonne finalement. Donc voilà, il ne faut pas s'arrêter à juste les jeunes médecins. Maintenant, ils ne bossent que quatre jours. Ils ne bossent peut-être que quatre jours, mais je pense que du coup, on est un peu plus motivé,plus rigoureux sur les prises en charge et que ça ne veut pas dire qu'on est moins bon.

  • Pascale Lafitte

    Médecin généraliste, enthpousiaste, phrasé rapide, franche, Juliette est aussi affutée physiquement que mentalement. Du coup, j'ai voulu savoir si elle avait une vision tout aussi précise de son avenir.

  • Juliette, interne en Med G

    Là, je m'épanouis à 100% dans ce que je fais et je me vois médecin sur les années qui viennent. Mais je n'exclus pas que peut-être un jour, je serai arrivée au bout de ce que la médecine m'apporte et de ce que mon métier m'apporte. Et peut-être que je me réorienterai vers quelque chose d'autre. Peut-être que j'aurai une opportunité de faire quelque chose d'autre. Je n'en sais rien. Ou peut-être que je serai médecin toute ma vie. En tout cas, je ne me ferme pas de porte. Et si à un moment, je me sens plus capable d'exercer la médecine comme moi je le souhaite, et si je sens que je ne suis plus en raccord avec mon métier, je pense que je n'hésiterai pas à changer et à faire autre chose. Parce que ça reste un métier où on a quand même des vies entre nos mains, mine de rien. Et je pense qu'il ne faut pas forcer la chose. Si on ne se sent plus capable, je pense qu'il faut arrêter pour le bien des patients avant tout.

  • Pascale Lafitte

    Ce que vous dites là, c'est quelque chose qui est... partagé par vos amis internes et collègues médecins ?

  • Juliette, interne en Med G

    Initialement, c'est vrai que je n'en parlais pas trop autour de moi parce que j'avais l'impression d'être vraiment entourée de personnes passionnées et qui ne faisaient pas forcément grand-chose en dehors de leur métier, alors que moi, c'est vrai que j'ai besoin de faire beaucoup de sport, notamment à côté. J'ai d'autres passions que mon métier. Et puis, petit à petit, en en parlant, je me suis rendue compte que... que cette pensée était partagée par beaucoup. J'en ai discuté avec surtout des médecins, un peu moins que des internes, mais avec des médecins qui étaient en accord et qui me disaient que, pareil, si à un moment, ils sentaient que... qu'ils n'étaient plus en phase avec leur métier, ils n'hésiteraient pas à faire autre chose. Et c'était des envies qu'ils avaient pour plus tard. Donc je pense que ça se partage de plus en plus, oui.

  • Pascale Lafitte

    Pour l'heure, vous n'avez encore jamais eu envie d'arrêter ou de faire un break pour mieux redémarrer ?

  • Juliette, interne en Med G

    Non, absolument pas. Je ne me suis jamais posé la question pour le moment d'arrêter. Au contraire, l'internat, ça m'a encore plus donné envie de... de faire ce que je voulais. Et puis, j'ai aussi choisi la médecine générale pour cette liberté de planning, parce que je sais que je pourrais gérer mon planning un peu comme je le veux pour pouvoir l'adapter à mon sport, notamment. Et puis là, c'est une nouvelle page aussi qui se tourne à la fin de l'internat où je vais commencer les remplacements. Et voilà, je serai libre de choisir les remplacements que j'ai envie de faire, sur la durée que j'ai envie de faire. Voilà, donc c'est le tout début pour l'instant et je pense que j'ai encore plein de choses à apprendre et plein de choses à voir avant de me dire que je pars dans une autre voie.

  • Pascale Lafitte

    C'est un tracteur qu'on entend là ?

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est un tracteur, mais on est au milieu de la campagne, on est entouré de champs, donc il y a de l'agriculture, des tracteurs.

  • Pascale Lafitte

    Voilà, oui, vous le dites, on est au milieu des tracteurs, on l'entend le tracteur,

  • Juliette, interne en Med G

    je vous le dis.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce qu'on est dans un désert médical ici ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors ici on est dans une ZRR, c'est une zone sous-dotée où il y a plein d'avantages à l'installation pour les nouveaux médecins. C'est un peu le problème partout ici, les médecins partent à la retraite et il n'y a aucun nouveau médecin qui s'installe. Je parle même des remplacements, là quand ils partent en vacances c'est quasi impossible de trouver des remplaçants.

  • Pascale Lafitte

    Vous en tant qu'interne ? Vous n'avez aucun problème pour trouver des stages de médecin généraliste, mais je suppose que vous n'avez pas d'inquiétude. Vous l'avez dit, Aix-en-Provence pour un an, mais ça aurait pu être ici. Vous n'avez aucune inquiétude pour trouver un poste en fin d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est tout l'avantage. C'est qu'on sait que peu importe où on va, on trouvera toujours du travail. Ici notamment, je sais que les... Les cabinets où j'ai été en stage, ils seraient ravis de m'avoir en tant que remplaçante, même associée. On m'a déjà fait des propositions, donc ça, il n'y aurait pas de souci. Pour Hex, j'ai mis, je crois, ce week-end, un petit mot sur un groupe Facebook pour dire que j'arrivais en novembre 2024 et que je recherchais un remplacement régulier. J'ai déjà eu, je pense, une dizaine de messages. Donc, disons qu'on a vraiment le choix.

  • Pascale Lafitte

    Donc, vous avez choisi Aix, et après, vous devez chercher un taf.

  • Juliette, interne en Med G

    C'est exactement ça. Je savais que ça n'allait pas être trop compliqué. Et donc oui, je me suis dit, ce sera cette ville. J'ai juste posté un message et j'ai déjà plein de demandes, donc j'ai de quoi travailler.

  • Pascale Lafitte

    Un mot sur les ZRR. Ce sont des zones de revitalisation rurale, un zonage établi pour soutenir les territoires ruraux fragiles sur le plan socio-économique, qui concernent les médecins mais pas que. Ainsi, les entreprises qui s'implantent sur ces zones peuvent bénéficier d'exonérations fiscales et sociales. Médecins ou spécialistes installés en ZRR sont concernés donc par une exonération d'impôts permise par ce dispositif. Une exonération totale sur les cinq premières années et à partir de la sixième année, l'exonération est progressive. 75% la sixième année, 50% la septième, 25% la huitième. En écoutant Juliette, on pourrait penser que tout son parcours a été fluide, simple, écrit. Mais en creusant un peu, on s'aperçoit qu'elle a tâtonné pour trouver cette énergie qu'elle nous renvoie ici.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, alors c'est vrai que moi, avant de commencer les études de médecine, ma première année de médecine, je faisais beaucoup de sport, je faisais du triathlon. J'ai mis complètement de côté le sport sur le premier semestre de la première année de médecine où on m'avait tellement dit on ne peut rien faire à côté, il faut travailler, travailler, travailler. Je m'étais dit j'arrête tout, je me mets à fond là-dedans. Et puis finalement, je me suis rendu compte que ça ne me correspondait absolument pas. Et donc sur le second semestre, j'ai décidé de me remettre un petit peu au sport. Et finalement, j'ai rattrapé énormément de places. Pour vous dire, je loupe la première année de médecine pour moins de 10 places. Donc ça se joue à même pas un QCM de cocher. Et finalement, j'ai redoublé ma passesse et ça s'est super bien passé. J'ai fait beaucoup de sport, je me suis remis avec mes entraînements. En fait, je savais que... À 18h, j'arrêtais de travailler parce que c'était l'heure de l'entraînement. J'allais rejoindre les copains qui n'étaient pas du tout dans les études de médecine. Ça me faisait le plus grand bien. Je pensais à tout sauf à ça. Finalement, ça a été mon équilibre, partir en compétition le week-end. J'avais toujours mes livres dans le sac pour travailler entre deux. J'ai très bien vécu mon redoublement. J'ai fini sur les 352 prix, j'ai fini 70. Alors que vraiment, j'ai eu une année de rêve où j'ai vu mes amis tous les soirs. J'étais en week-end quasi toutes les semaines. Après, ça demande de la régularité. Je ne m'arrêtais pas à travailler toute la journée. J'étais à fond. Je ne faisais pas des pauses toutes les cinq minutes. Mais en tout cas, c'est le rythme qu'il me fallait. Et puis finalement, j'ai continué à faire ça jusqu'à maintenant. J'ai mis un peu en stand-by le triathlon parce que forcément, c'était compliqué d'allier les trois sports. Mais j'ai fait de la course à pied. Et voilà, je savais que je m'entraînais trois, quatre fois par semaine, les compétitions, le week-end. Et voilà, ça a toujours été ça. Je travaillais la journée, j'étais à fond, j'étais motivée. À 18h, j'arrêtais tout, je partais m'entraîner et c'était fini pour ma journée.

  • Pascale Lafitte

    J'ai bien compris qu'en fait, sans le sport, vous viviez mal ce travail intense.

  • Juliette, interne en Med G

    Moi, en fait, si je me levais le matin et que je me disais que... j'avais pas vraiment d'objectif sur ma journée que jusqu'au soir il allait falloir être dans les livres et travailler ça me paraissait une éternité et ça me paraissait impossible, j'avais du mal à me motiver, à commencer à travailler parce que j'avais l'impression que j'avais encore 10h devant moi et ça me paraissait beaucoup trop long là je savais que le midi je faisais ma pause à telle heure, j'avais ma petite demi-heure pas plus je me remettais à travailler mais à 18h je savais que j'arrêtais tout, que j'allais rejoindre les copains, aller m'entraîner, me vider la tête courir en extérieur et moi c'est ça mon bonheur au quotidien... Et donc, vraiment, c'est ça qui m'a fait ne pas lâcher pendant toutes mes études. Pareil, le week-end, quand je savais que j'avais compétition, je savais que je travaillais à fond toute la semaine. Et le week-end, c'était la libération. J'allais avec les copains. Après, moi, ce n'était pas fait tard. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de coucher tard. J'étais hyper rigoureuse. Tous les jours, il y avait le réveil à la même heure. J'avais une journée comme si j'allais bosser de 8h à 18h.

  • Pascale Lafitte

    Et quand vous avez été interne ? Parfois, il y a des journées à rallonge. Comment est-ce que vous êtes arrivée à le supporter sans avoir aussi parfois envie de tout foutre en l'air ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, moi, il faut savoir que j'ai fait un seul stage à l'hôpital. Au final, c'est juste le service des urgences. Donc, le service des urgences, c'était hyper intense avec les gardes, les week-ends, etc. Donc oui, j'ai débauché. J'allais courir à 20 heures de nuit à la frontale. Là, j'ai dû me forcer, je dois l'avouer. Je me forçais à aller courir 3-4 fois par semaine parce que je savais que j'en avais besoin et parce que j'avais quand même des petits objectifs sur des compétitions, donc je voulais garder la forme. C'est vrai que ça n'a pas été facile, très franchement. Ça a été le semestre où j'ai failli... Quand je dis failli craquer, c'est que je ne me permettais pas de lâcher les nerfs et, par exemple, c'est tout bête, mais de rentrer chez soi et de se mettre à pleurer, je ne me le permettais pas. Pourquoi ? Je ne sais pas, parce que je pense que j'étais... J'ai toujours été un peu comme ça. Et donc, je me disais non, non, il faut tenir, il faut tenir, il faut tenir. Et bon, après, j'ai dû craquer une fois ou deux. Mais c'est vrai que c'était un peu un trop plein où la journée, c'est pas forcément bien passé. J'avais pas non plus envie d'ennuyer les autres, d'aller en parler, etc. Mais je me forçais à aller courir. Et finalement, en fait, quand je rentrais, il était 21h peut-être, mais j'avais fait ma séance ou mon footing. Et en fait, c'est ça qui me permettait de décharger et de vider. Et je me sentais beaucoup mieux. Et là, je pouvais repartir.

  • Pascale Lafitte

    Ça me fait penser au mal-être des internes dont on parle beaucoup, puisque c'est plus de 70% d'internes qui ne se sentent pas forcément très bien et qui prennent des anxiolytiques ou autres. C'était votre anxiolytique, le sport ?

  • Juliette, interne en Med G

    Ah oui, ça m'a aidée à décharger plein de choses. C'était franchement... Et je le fais encore maintenant quand ça ne va pas. Je sais que je vais courir et quand je reviens de courir, j'ai l'impression que je repars sur quelque chose de nouveau. En fait, c'est ça, c'est que je me suis gardée à rythme et j'ai refusé de me dire j'ai fait une grosse journée, donc je ne fais pas mes entraînements. En fait, j'avais mon rythme et ça me poussait à aller m'entraîner. Et voilà, même si je rentrais 21h, 21h30, j'avais fait mon footing et je me sentais vraiment bien. Et je pense que ça a vraiment été ma bouffée d'énergie, mon anxiolytique. Je pense que c'est ce qui a fait que je me suis toujours sentie bien dans mes études. Je sais très bien que je n'ai absolument pas eu la vie d'interne qu'on s'imagine et que vivent la plupart des internes. Très franchement, j'ai eu une chance incroyable. Non, moi, j'aurais été incapable de faire ça quand je vois les horaires qu'ils font, les week-ends, les gardes. Non, non, moi, j'ai eu quasi tout mon internat tous mes week-ends. Je finissais pas tard, je pouvais faire mon sport, voir mes amis. Enfin, donc, non, moi, je l'ai très bien vécu. Je peux comparer avec ma meilleure amie qui est interne en anesthésie-réanimation sur Nantes, qui s'épanouit dans ce qu'elle fait. Mais quand elle me raconte ses semaines, ses journées, ses gardes, ses week-ends, je suis en admiration devant elle parce que moi, ça n'aurait juste pas été possible de tenir ce rythme. Je ne me serais pas du tout vue faire ça. Franchement, moi, ce n'était pas possible. Donc, j'ai fait en sorte d'être plutôt bien classée pour pouvoir choisir mes stages. et d'être tombée sur des stages avec des maîtres de stages absolument incroyables. Je pense que j'ai été très chanceuse là-dessus.

  • Pascale Lafitte

    Comment Juliette, si organisée, si déterminée, Juliette qui va là où elle l'a décidé, qui semble suivre son chemin quoi qu'il advienne, comment cette jeune femme de 28 ans, si on lui en donnait la possibilité, réformerait ses longues années d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est compliqué à dire. Alors, moi, si je parle du côté médecine générale, je trouve qu'il n'y a pas assez de stages en libéral. Bon, ça va un peu changer maintenant avec la quatrième année de docteur junior, où ce sera une année entière dédiée à l'exercice libéral. Parce que là, au final, la plupart des internes en médecine générale auront fait sur leurs trois ans seulement une année. en libéral. Et donc, la plupart, pour en avoir discuté avec eux, ils ne sont pas à l'aise avec la pratique libérale parce que c'est tout sauf de la théorie qu'on a appris dans les livres, très franchement. C'est tout sauf l'exercice hospitalier où il y a des protocoles, où on est toujours entouré. La médecine générale, c'est à chaque consultation des doutes. On n'a jamais, la plupart du temps, le diagnostic précis et on se lance dans des traitements un peu... en sachant un peu vers où on va, mais on n'est jamais sûr de ce qu'on fait. C'est vrai qu'il y en a beaucoup qui sont déstabilisés. Et ça, c'est vraiment un apprentissage. Pour le côté médecine générale, je pense que ça, ça manque beaucoup. Après, sur le côté hospitalier, que je connais moins, au final, il y a clairement un manque au niveau de l'accompagnement, je trouve, et au niveau du temps de travail et des horaires. Je crois, de ce que j'ai entendu, qu'il y a encore beaucoup. beaucoup de services où les règles ne sont pas respectées. Mais non, c'est pas une vie. Et quand on parlait de l'internat de chirurgie, moi, j'aurais jamais pu, vu les horaires. En fait, on peut pas avoir de vie à côté et je trouve ça dommage d'être réduit à juste sa pratique professionnelle et pas à l'individu qu'on est avec tout ce qu'on aime faire à côté.

  • Pascale Lafitte

    L'internat correspond au troisième cycle d'études médicales. D'une durée de 3 à 6 ans, en fonction de la spécialité suivie, ce troisième cycle est avant tout considéré comme un apprentissage pratique. Merci à Juliette de nous avoir offert ce voyage en internat. Et merci à vous tous de nous avoir écoutés. Un mot encore, que ce podcast continue à vivre, abonnez-vous et partagez ces entretiens. Et n'oubliez pas, Internat en médecine est à suivre. sans ordonnance ni modération. A très vite.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Juliette

    00:08

  • La satisfaction de donner et de recevoir des retours des patients

    00:19

  • Le parcours de Juliette vers la médecine générale

    01:19

  • Les défis du premier stage d'internat aux urgences

    02:45

  • Le lien entre médecin et patient en milieu rural

    04:15

  • La perception des internes par les patients

    09:34

  • La sensibilité du médecin généraliste et son évolution

    12:35

  • L'importance du sport dans la vie de Juliette

    14:58

  • Réflexions sur l'avenir et la médecine générale

    18:14

  • Conclusion et remerciements

    22:59

Description

Êtes-vous déjà tombé sur un professionnel de santé dont l'énergie et la passion pour son métier sont contagieuses ? Dans cet épisode du podcast "Interne en médecine", je vous invite à rencontrer Juliette, une interne en Médecine Générale dont le parcours est aussi inspirant qu'éloquent. Juliette partage avec nous son expérience unique et ses réflexions sur la médecine, un domaine qu'elle a choisi avec détermination, malgré l'absence de liens familiaux dans ce secteur. Elle évoque avec émotion la satisfaction qu'elle ressent en donnant aux patients et en recevant leur reconnaissance, ces petits gestes de gratitude qui illuminent son quotidien.


Juliette nous plonge dans son univers, notamment lors de son stage aux Urgences, un lieu où les responsabilités sont nombreuses et où l'ambiance peut parfois être tendue. Elle souligne l'importance cruciale du lien entre médecin et patient, en particulier dans un contexte rural où chaque interaction peut faire une grande différence. Juliette est consciente des défis et des exigences de sa profession, mais elle aborde ces obstacles avec une détermination admirable et un sourire qui en dit long sur son engagement.


Mais être interne en médecine ne se limite pas qu'à la pratique clinique. Juliette nous parle également de l'importance de maintenir un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. Passionnée de sport, elle considère cette activité non seulement comme un moyen de rester en forme, mais aussi comme un véritable antidote au stress. Sa vision pour l'avenir est pleine d'espoir et d'ouverture, prête à saisir de nouvelles opportunités tout en restant profondément dévouée à sa carrière de médecin.


Rejoignez-nous pour découvrir comment Juliette, en tant qu'interne en médecine, navigue à travers les défis quotidiens tout en cultivant sa passion pour le soin et l'accompagnement des patients. Cet épisode est une véritable ode à la médecine, à l'humanité et à la résilience. Ne manquez pas cette conversation enrichissante qui, j'en suis sûre, vous inspirera autant qu'elle m'a inspirée. Écoutez maintenant sur "Interne en médecine" et laissez-vous emporter par l'énergie positive de Juliette et son engagement indéfectible envers cette belle profession.


Interne en médecine est un podcast de et avec Pascale Lafitte, produit par IMI productions & Creative.

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Transcription

  • Pascale Lafitte

    Bonjour, je suis Pascale Lafitte et je vous présente "Internes en médecine", le podcast à suivre sans ordonnance ni modération. Une série de rencontres et de conversations avec des internes en médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    On m'a souvent dit que je donnais beaucoup de ma personne et que peut-être trop, entre guillemets. Et je pense qu'on donne beaucoup, mais qu'en retour, on a quand même besoin de temps en temps d'avoir quelque chose. Et si on fait ce métier à vouloir autant donner, autant aider les gens, c'est que... On est content d'avoir quand même un retour. Je pense que c'est cette satisfaction d'avoir bien fait, d'avoir aidé. Et quand on l'a en retour, qu'on nous verbalise le fait qu'on est content de nous voir, content de la prise en charge, ça fait toujours du bien. Après, on ne l'a pas à chaque fois, à chaque consultation. Mais finalement, je me rends compte là en campagne que les patients sont reconnaissants. Ils nous disent et c'est juste énormément de plaisir. C'est tout bête, mais le petit pot de confiture, les petits... légumes du jardin qui nous ramènent, on va en visite, le vieux monsieur qui nous offre une rose de son jardin, c'est tout bête, mais c'est juste un bonheur.

  • Pascale Lafitte

    Notre invitée se prénomme Juliette, elle a accepté que nous utilisions son prénom. À ce jour, elle a fini son internat, elle fait des remplacements, mais lorsque je l'ai rencontrée, elle était encore interne en médecine générale, elle venait de soutenir sa thèse de doctorat. et terminé son dernier semestre d'études de médecine. Elle a opté pour la médecine libérale avec une obsession être libre et travailler, comme elle le dit, en campagne. Vous allez percevoir au fil de cet entretien combien sa liberté a guidé ses choix. Nous nous sommes rencontrés au mois de juillet, une rencontre bucolique dans la campagne gérondine avec gazouillis, tracteurs et douceur de vivre. Et en préambule à cet entretien, je lui ai demandé pourquoi elle avait choisi de faire des études de médecine.

  • Juliette, interne en Med G

    Alors c'est une bonne question, je me la suis posée à plusieurs reprises, parce que dans ma famille, personne n'est dans le milieu médical. Il n'y a même pas d'infirmiers, d'aides-soignants, de médecins, rien du tout. Je ne dirais même pas de kinés non plus. Mais ça a été vraiment... Ça s'est fait naturellement, en fait. À la base, j'étais plutôt partie pour être kiné. Et puis, en y réfléchissant, il y avait vraiment ce côté médical qui m'intéressait. Je dirais que c'est depuis le collège, je me suis dit, j'irai en médecine, je serai médecin. Je ne savais pas du tout quelle spécialité encore, mais en tout cas, ça s'est fait comme ça. J'étais partie plutôt police scientifique à un moment aussi, mais quand même ce côté un peu médical, scientifique. Et non, ça s'est fait comme ça.

  • Pascale Lafitte

    Aujourd'hui, vous êtes médecin généraliste. Vous êtes encore interne pour quelques mois, mais très peu. Et puis, vous êtes déjà thésée.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis. thésée depuis fin mai. Et oui, il me reste encore jusqu'à fin octobre d'internat pour vraiment valider le diplôme. Et puis ensuite, c'est parti. La vie active commence réellement. Le métier de médecin généraliste, je le vois vraiment en milieu semi-rural, rural, c'est-à-dire plutôt à la campagne. Moi, je ne me vois pas du tout exercer en ville. En fait, j'aime ce côté partage avec les patients, le fait de vraiment suivre déjà toute la famille. Et puis, contrairement à la pratique en ville, ici, le premier recours, c'est vraiment le médecin généraliste. On ne va pas aller voir le spécialiste, on ne va pas aller un peu chanter le passage médecin généraliste. On vient demander au médecin généraliste et puis ensuite, on oriente si on a besoin. Mais il y a vraiment ce côté de soins de premier recours vraiment qui est gardé. Et puis, il y a cette confiance envers le médecin. Les patients viennent pour nous voir à nous en tant qu'individus, en tant que médecin. Ce n'est pas juste consulter pour une consultation comme ça, comme ça peut se faire en ville, où on va se retrouver avec des patients qui consultent plusieurs médecins. Là, il y a cette accroche et cette relation médecin-patient qui est vraiment forte. Moi, c'est là-dedans que je m'épanouis le plus.

  • Pascale Lafitte

    J'aimerais que vous vous replongiez dans vos débuts d'internat, donc après le concours, lorsque vous avez démarré votre premier stage d'internat. C'était un 2 novembre. Est-ce que vous avez ce moment-là en mémoire ?

  • Juliette, interne en Med G

    Je m'en souviens très bien. J'ai fait mon premier semestre d'internat aux urgences à Arcachon. Les urgences, c'est un passage obligatoire en stage pour la médecine générale. On doit le faire obligatoirement en première année. Et c'est vrai que moi, je m'étais dit, ce sera mon premier stage parce que c'était le stage que je redoutais le plus. Moi, les urgences, pendant toutes mes études, l'externat, c'est vraiment un lieu que je n'ai pas tellement apprécié, où je ne me sentais pas vraiment à ma place. Je ne suis pas à l'aise avec ce côté urgence, tout va très vite. Je pense que je peux être du genre très speed dans ma vie, j'aime faire plein de choses à la fois. Mais là, il y avait ce côté où je n'arrivais pas à me poser, je trouvais que la prise en charge des patients était trop rapide. Je n'avais pas ce côté relationnel que j'ai en médecine générale. C'est un stage qui me faisait vraiment peur. Je me suis dit, autant commencer par ça et au moins, ce sera derrière moi. Premier stage aux urgences, premier jour, je me souviens, c'était direct le speed, direct plein de responsabilités. On nous demande de gérer un service d'urgence tout seul. On sort juste de l'externat où on n'a pas forcément été très actif dans nos stages, on va se le dire. On est plus là pour faire de l'administratif la plupart du temps. Donc voilà, on se retrouve avec plein de responsabilités d'un coup. Et c'est vrai que je me sentais sous l'eau, je ne me sentais pas à la hauteur. Je me disais que techniquement, j'avais toute la théorie médicale, mais que là, en pratique, ce n'était quand même pas la même chose. Et c'est vrai que ça a été assez compliqué. C'était un semestre où il y avait forcément beaucoup de monde. Beaucoup de passages aux urgences et une équipe qui n'était pas complète en termes de médecins. Et puis une ambiance pas forcément des meilleures étant donné qu'il y avait plein d'arrêts, il y avait des trous dans les plannings pour les gardes, etc. C'est un peu le cas malheureusement de tous les services d'urgence, on le sait que c'est compliqué. Mais c'est vrai que tout le monde est un peu tendu. J'ai été quand même bien entourée. Je pense qu'on a eu de la chance à Arcachon. Il y a d'autres lieux de stage aux urgences où c'est quand même moins agréable de travailler. Mais c'est vrai que non, ça n'a pas été les six meilleurs mois de mon internat. Ça a clairement été, je pense, le stage que j'ai le moins aimé, ça c'est sûr. Mais bon, finalement, ça s'est plutôt bien passé. Il faut aussi prendre le temps d'avoir confiance en soi. Parce que, comme je vous l'ai dit, On sort de l'externat où on était vraiment des petits étudiants et on ne faisait pas grand-chose. Et là, on a plein de responsabilités. Et des fois, je ne me sentais vraiment pas à la hauteur sur le moment. Et puis après, on prend des habitudes. Finalement, il y a quand même une certaine routine qui se met en place. Certains motifs où finalement, on va faire toujours la même chose. Je prends des exemples. Un patient qui vient pour des douleurs thoraciques ou des douleurs abdominales, finalement, c'est toujours le même bilan qu'on fait. Donc au bout d'un moment, on s'en rend compte. Et donc, intellectuellement parlant, c'est moins prenant. parce qu'on n'a pas vraiment à réfléchir, on lance notre bilan. Et donc voilà, on prend confiance en soi et on se lance et on se dit bon ben là, j'ai peut-être pas de médecin ou de chef à proximité pour leur demander leur avis. Bon ben, il faut que j'y aille, il faut que je prescrive. Et voilà, c'est ça aussi, c'est les premières prescriptions qu'on fait à notre nom. Et bien voilà, il y a notre nom sur l'ordonnance. Et donc forcément, quand ça se passe pas bien, le patient, il sait venir vous retrouver. Moi, je me souviens d'une fois, d'une... Ce n'était pas la patiente, c'était son mari qui est revenu le jour suivant me voir en me disant qu'elle avait toujours eu des douleurs et que finalement c'était tel diagnostic, qui n'était pas un diagnostic grave, mais qu'on était passé à côté. Et sur le principe, il n'y avait pas mort d'homme, clairement, mais du moins, ça ne fait vraiment pas plaisir de voir qu'on n'a pas fait le diagnostic qu'il fallait et qu'on est responsable. Et c'est vrai que ça met un coup de pression et on ne se sent pas très bien. Moi, je dirais que j'ai plutôt de la chance. Je suis très, très bien entourée, même si pas forcément entourée de personnes qui comprennent la médecine, mais en tout cas qui sont là pour moi et qui peuvent m'écouter quand j'ai besoin. Donc ça, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Et ensuite, je pense que j'ai aussi cette capacité, quand je rentre chez moi, à arriver à faire la part des choses et à me dire que je ne suis plus au travail. Et c'est vrai que ça ne m'envahit pas et je n'y repense pas forcément. Un peu plus compliqué que les urgences, j'avoue que ça pouvait venir un peu à la maison de temps en temps. Mais sinon, j'essaie de vraiment faire la part des choses. Quand je débauche, je débauche et j'essaie de ne plus y penser. Et ça, j'y arrive plutôt bien pour l'instant. Donc, je pense que c'est plutôt un avantage. Sur le semestre aux urgences, j'ai eu quand même... plus de mal et j'étais plus dans le doute. Après aussi, probablement parce que premier semestre, j'ai refait des gardes aux urgences l'année dernière et pour le coup, ça s'est super bien passé. Et je n'ai pas du tout eu ce souci, mais parce que j'avais de la pratique derrière moi et de l'expérience.

  • Pascale Lafitte

    Là, en tant qu'interne, les patients vous respectent au même titre que le médecin avec qui vous travaillez ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, j'ai eu de la chance là sur tous les stages que j'ai eu. C'était des terrains de stage où il y avait des internes tous les six mois qui venaient. Donc, les patients sont habitués. Dans la plupart des stages, quand ils prennent rendez-vous avec moi, les patients, ils savent que c'est avec moi. Après, voilà, il y a certains moments où j'ai... remplacer les médecins avec qui je travaille parce qu'il y avait des urgences, il fallait qu'ils partent en visite ou autre. Là, les patients n'étaient pas prévenus. Et c'est vrai que des fois, ils ont un petit moment de recul en me disant mais le docteur machin n'est pas là Donc moi, souvent, je prends un peu la rigolade et je leur dis bah non, il y a eu une urgence, je suis désolée, même si ce n'est pas le cas, mais peu importe Souvent, je leur dis bah non, je suis désolée, il y a eu une urgence, mais si ça ne vous dérange pas, on va faire la consultation ensemble et puis on va essayer de voir ce qu'on peut faire et puis si ça ne marche pas… J'en parlerai au médecin, mais je leur dis, on essaie, vous êtes là, on essaie, on voit. Et donc là, souvent, ils sourient, ils me disent, bon, OK, on va essayer. Et puis à la fin de la consultation, il y en a pas mal qui finalement s'excusent et me disent, je suis désolée. J'ai vu que vous étiez interne, c'est que je suis habituée avec mon médecin, mais c'était bien. Et puis en fait, finalement, on voit qu'après, ils reviennent nous voir et ils reviennent nous voir parce que nous, pas parce qu'ils veulent voir le médecin pour qui on travaille, c'est vraiment pour nous. Et donc, c'est vrai que c'est marrant. Je sais qu'il y a pas mal de patients qui appellent le secrétariat ou qui viennent me voir et qui me disent J'ai pris rendez-vous tel jour parce que vous voulez vous, Juliette. Et moi, c'est vrai que je me présente. Je dis Je suis Juliette, je suis interne. C'est vrai que je ne dis pas Docteur même si je pourrais. Maintenant, je suis thésée, mais j'ai encore du mal. Et j'aime bien parce qu'il y a ce côté, les patients, ils viennent voir Juliette et ils sont contents. Et c'est vrai que ça, ça fait super plaisir. Moi, je sais que... Quand je les revois plusieurs fois et que je sais qu'ils ont pris rendez-vous pour moi, c'est hyper agréable. Je pense que c'est une question, encore une fois, de comportement avec le patient et de ne pas s'arrêter à juste Ah, il ne voulait pas me voir à la base se dire Ce n'est pas grave, on va faire ce qu'on peut Et finalement, ils se rendent compte qu'on n'est pas moins capable que d'autres. Et même des fois, le fait de ne pas les connaître, on prend un peu plus de recul sur leur histoire et on arrive à délier plein de choses, je pense. aux consultations où on touche au côté psychologique un petit peu. Moi, je sais que j'aime bien des fois, je ressens qu'il y a peut-être un petit blocage et j'aime bien leur demander Et vous, comment ça va ? Et quand ils disent Ça va je leur dis Non, mais comment ça va vraiment ? Et là, souvent, je sais que j'arrive à les faire un peu craquer, à les faire se livrer. Et leur médecin traitant, des fois, me dit Je ne savais pas qu'il y avait tout ça derrière. Et je pense qu'ils arrivent un peu plus à se lâcher en se disant Je pars sur une nouvelle relation. Et donc, je peux me permettre peut-être de ressortir certaines choses pour lesquelles je n'aurais pas été à l'aise avec mon médecin traitant parce qu'ils se connaissent depuis trop longtemps aussi. Donc, je pense que ça donne un petit coup de neuf et ça leur fait du bien.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce que ça veut dire que cette sensibilité de médecin généraliste en tant qu'interne, c'est vous qui l'avez ressenti ? petit à petit, qui vous avez découvert et non pas des cours magistraux qui vous ont amené à devenir le médecin vers lequel vous avez envie de tendre ?

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, je pense que c'est hyper important en tant que médecin généraliste d'avoir cette sensibilité. Alors moi, il faut savoir qu'initialement, quand j'ai commencé les études de médecine, je voulais absolument travailler à l'hôpital et j'avais dit jamais je ne serais médecin généraliste parce qu'en fait je me voyais y aller une fois par an pour mon certificat médical pour le sport et je ne comprenais pas l'intérêt. Et puis je me suis quand même battue. Avec les stages d'externat à l'hôpital, je me suis rendue compte que l'hôpital, ce n'était pas ce qui me plaisait. J'avais ce manque de relationnel finalement, je pense. Et c'était trop protocolisé. Je n'aimais pas ce côté-là. J'ai fait un stage de 15 jours chez un médecin généraliste hors études, vraiment juste moi pour voir. Et j'ai vraiment eu le coup de cœur. J'ai été très bien accompagnée en plus, mais j'ai vraiment eu le coup de cœur. Et en fait, l'internat n'a fait que confirmer ça. Je suis tombée sur des maîtres de stage. absolument incroyable qui ont été très bienveillants avec moi et qui m'ont vraiment donné le goût à la médecine générale. Et je pense que je me suis construite aussi grâce à eux parce que j'ai vu leur passion pour le métier. Ce qui m'a beaucoup plu aussi, c'est que j'ai vu que... On était... c'est plus comme avant, on ne vit pas qu'en tant que médecin. Je vois qu'on peut avoir une vie à côté et on peut s'épanouir dans plein de choses à côté en dehors de la médecine. Je suis médecin, j'adore ce que je fais, mais j'ai besoin de plein d'autres choses dans ma vie aussi. Je ne suis pas que médecin dans ma vie. Et donc je pense que le fait de m'épanouir à côté de ma vie de médecin, ça me permet quand je travaille d'être à 100% là-dedans. Et d'être heureuse dans ce que je fais, d'avoir encore plein de choses à découvrir et d'avoir envie d'apporter plein de choses aux patients. Je pense que j'ai encore cette passion pour le métier qui, je pense, si on est trop cantonné là-dedans, je pense qu'on perd ce côté-là en fait.

  • Pascale Lafitte

    Dans son jardin, pas loin de Bazas, face aux champs de maïs, devant un grand verre d'eau, nous avons parlé de rythme de travail. Il faut dire que Juliette est sportive, elle pratique le triathlon, vélo, natation et course à pied. Vous allez entendre d'ailleurs plus tard dans cet entretien à quel point le sport lui est vital. Nous avons parlé également de l'exigence des patients, la douleur, la peur les rendent non plus patients mais impatients. Et en fait, ces deux sujets se télescopent.

  • Juliette, interne en Med G

    Déjà, de base, les patients ont un degré d'urgence qui est différent d'une autre. C'est normal, on n'a pas les mêmes études et nous, c'est notre métier. Donc, ils vont, des fois, sur certains motifs, voir en eux un degré d'urgence important que nous, on ne voit pas. Et donc, ils ne comprennent pas qu'à 20h ou 21h, on ne soit pas là à venir chez eux pour les soigner. Donc, je le comprends parce qu'eux, ils ont cette peur, finalement. Et donc, ils ont besoin à ce moment-là, eux, ils ont une sensation de mort imminente, des fois, très clairement. Donc, ils pensent qu'il y a urgence. Et ils peuvent ne pas comprendre. Moi, on me l'a déjà dit, même dans ma famille, il est un peu plus âgé, qui m'ont dit, mais ah bon, tu te projettes de bosser maximum quatre jours par semaine ? Et voilà, et je leur dis que c'est peut-être que quatre jours, mais c'est quatre jours où je vais me sentir à 100% dans ce que je fais, où je vais être heureuse. Et maintenant, ça se fait plus, c'est plus comme avant. Il y a plein de choses qui se mettent en place, des gardes, des services d'urgence, même dans les périphéries, dans les campagnes, qui se mettent en place pour qu'il y ait des soins finalement 24 heures sur 24. C'est quand même bien organisé. Il faut juste le savoir, mais c'est bien organisé. Il y a toujours un médecin de garde dans le coin 24 heures sur 24. Mais non, je pense que c'est une bonne chose. C'est hyper important finalement. On a quand même des consultations très rapprochées. C'est quand même des grosses journées, ce qu'on fait. Il faut se dire qu'on a des patients en moyenne toutes les 15, voire 20 minutes. Et il faut être intellectuellement à fond à chaque fois. Et toutes les 15 ou 20 minutes, il faut se dire qu'on passe d'un motif à un autre, du coq à l'âne. Et il faut arriver à se remettre dedans. Et c'est des journées qui sont très longues. Donc non, 4 jours, c'est le maximum, je pense, pour bien prendre en charge les patients. Moi, je le vois, les médecins qui partent à la retraite. Forcément, on récupère tous les patients qui étaient suivis et on se retrouve avec des patients avec des pathologies chroniques quand même assez graves qui ont eu une prise en charge plus que limite. Donc les patients trouvaient que leur médecin, enfin idolâtraient leur médecin et finalement la prise en charge n'est pas idéale. Et je pense que oui, peut-être que ce médecin fait du 7h-22h, va à domicile, etc. Mais ça ne veut pas dire que la prise en charge est bonne finalement. Donc voilà, il ne faut pas s'arrêter à juste les jeunes médecins. Maintenant, ils ne bossent que quatre jours. Ils ne bossent peut-être que quatre jours, mais je pense que du coup, on est un peu plus motivé,plus rigoureux sur les prises en charge et que ça ne veut pas dire qu'on est moins bon.

  • Pascale Lafitte

    Médecin généraliste, enthpousiaste, phrasé rapide, franche, Juliette est aussi affutée physiquement que mentalement. Du coup, j'ai voulu savoir si elle avait une vision tout aussi précise de son avenir.

  • Juliette, interne en Med G

    Là, je m'épanouis à 100% dans ce que je fais et je me vois médecin sur les années qui viennent. Mais je n'exclus pas que peut-être un jour, je serai arrivée au bout de ce que la médecine m'apporte et de ce que mon métier m'apporte. Et peut-être que je me réorienterai vers quelque chose d'autre. Peut-être que j'aurai une opportunité de faire quelque chose d'autre. Je n'en sais rien. Ou peut-être que je serai médecin toute ma vie. En tout cas, je ne me ferme pas de porte. Et si à un moment, je me sens plus capable d'exercer la médecine comme moi je le souhaite, et si je sens que je ne suis plus en raccord avec mon métier, je pense que je n'hésiterai pas à changer et à faire autre chose. Parce que ça reste un métier où on a quand même des vies entre nos mains, mine de rien. Et je pense qu'il ne faut pas forcer la chose. Si on ne se sent plus capable, je pense qu'il faut arrêter pour le bien des patients avant tout.

  • Pascale Lafitte

    Ce que vous dites là, c'est quelque chose qui est... partagé par vos amis internes et collègues médecins ?

  • Juliette, interne en Med G

    Initialement, c'est vrai que je n'en parlais pas trop autour de moi parce que j'avais l'impression d'être vraiment entourée de personnes passionnées et qui ne faisaient pas forcément grand-chose en dehors de leur métier, alors que moi, c'est vrai que j'ai besoin de faire beaucoup de sport, notamment à côté. J'ai d'autres passions que mon métier. Et puis, petit à petit, en en parlant, je me suis rendue compte que... que cette pensée était partagée par beaucoup. J'en ai discuté avec surtout des médecins, un peu moins que des internes, mais avec des médecins qui étaient en accord et qui me disaient que, pareil, si à un moment, ils sentaient que... qu'ils n'étaient plus en phase avec leur métier, ils n'hésiteraient pas à faire autre chose. Et c'était des envies qu'ils avaient pour plus tard. Donc je pense que ça se partage de plus en plus, oui.

  • Pascale Lafitte

    Pour l'heure, vous n'avez encore jamais eu envie d'arrêter ou de faire un break pour mieux redémarrer ?

  • Juliette, interne en Med G

    Non, absolument pas. Je ne me suis jamais posé la question pour le moment d'arrêter. Au contraire, l'internat, ça m'a encore plus donné envie de... de faire ce que je voulais. Et puis, j'ai aussi choisi la médecine générale pour cette liberté de planning, parce que je sais que je pourrais gérer mon planning un peu comme je le veux pour pouvoir l'adapter à mon sport, notamment. Et puis là, c'est une nouvelle page aussi qui se tourne à la fin de l'internat où je vais commencer les remplacements. Et voilà, je serai libre de choisir les remplacements que j'ai envie de faire, sur la durée que j'ai envie de faire. Voilà, donc c'est le tout début pour l'instant et je pense que j'ai encore plein de choses à apprendre et plein de choses à voir avant de me dire que je pars dans une autre voie.

  • Pascale Lafitte

    C'est un tracteur qu'on entend là ?

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, c'est un tracteur, mais on est au milieu de la campagne, on est entouré de champs, donc il y a de l'agriculture, des tracteurs.

  • Pascale Lafitte

    Voilà, oui, vous le dites, on est au milieu des tracteurs, on l'entend le tracteur,

  • Juliette, interne en Med G

    je vous le dis.

  • Pascale Lafitte

    Est-ce qu'on est dans un désert médical ici ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors ici on est dans une ZRR, c'est une zone sous-dotée où il y a plein d'avantages à l'installation pour les nouveaux médecins. C'est un peu le problème partout ici, les médecins partent à la retraite et il n'y a aucun nouveau médecin qui s'installe. Je parle même des remplacements, là quand ils partent en vacances c'est quasi impossible de trouver des remplaçants.

  • Pascale Lafitte

    Vous en tant qu'interne ? Vous n'avez aucun problème pour trouver des stages de médecin généraliste, mais je suppose que vous n'avez pas d'inquiétude. Vous l'avez dit, Aix-en-Provence pour un an, mais ça aurait pu être ici. Vous n'avez aucune inquiétude pour trouver un poste en fin d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est tout l'avantage. C'est qu'on sait que peu importe où on va, on trouvera toujours du travail. Ici notamment, je sais que les... Les cabinets où j'ai été en stage, ils seraient ravis de m'avoir en tant que remplaçante, même associée. On m'a déjà fait des propositions, donc ça, il n'y aurait pas de souci. Pour Hex, j'ai mis, je crois, ce week-end, un petit mot sur un groupe Facebook pour dire que j'arrivais en novembre 2024 et que je recherchais un remplacement régulier. J'ai déjà eu, je pense, une dizaine de messages. Donc, disons qu'on a vraiment le choix.

  • Pascale Lafitte

    Donc, vous avez choisi Aix, et après, vous devez chercher un taf.

  • Juliette, interne en Med G

    C'est exactement ça. Je savais que ça n'allait pas être trop compliqué. Et donc oui, je me suis dit, ce sera cette ville. J'ai juste posté un message et j'ai déjà plein de demandes, donc j'ai de quoi travailler.

  • Pascale Lafitte

    Un mot sur les ZRR. Ce sont des zones de revitalisation rurale, un zonage établi pour soutenir les territoires ruraux fragiles sur le plan socio-économique, qui concernent les médecins mais pas que. Ainsi, les entreprises qui s'implantent sur ces zones peuvent bénéficier d'exonérations fiscales et sociales. Médecins ou spécialistes installés en ZRR sont concernés donc par une exonération d'impôts permise par ce dispositif. Une exonération totale sur les cinq premières années et à partir de la sixième année, l'exonération est progressive. 75% la sixième année, 50% la septième, 25% la huitième. En écoutant Juliette, on pourrait penser que tout son parcours a été fluide, simple, écrit. Mais en creusant un peu, on s'aperçoit qu'elle a tâtonné pour trouver cette énergie qu'elle nous renvoie ici.

  • Juliette, interne en Med G

    Oui, alors c'est vrai que moi, avant de commencer les études de médecine, ma première année de médecine, je faisais beaucoup de sport, je faisais du triathlon. J'ai mis complètement de côté le sport sur le premier semestre de la première année de médecine où on m'avait tellement dit on ne peut rien faire à côté, il faut travailler, travailler, travailler. Je m'étais dit j'arrête tout, je me mets à fond là-dedans. Et puis finalement, je me suis rendu compte que ça ne me correspondait absolument pas. Et donc sur le second semestre, j'ai décidé de me remettre un petit peu au sport. Et finalement, j'ai rattrapé énormément de places. Pour vous dire, je loupe la première année de médecine pour moins de 10 places. Donc ça se joue à même pas un QCM de cocher. Et finalement, j'ai redoublé ma passesse et ça s'est super bien passé. J'ai fait beaucoup de sport, je me suis remis avec mes entraînements. En fait, je savais que... À 18h, j'arrêtais de travailler parce que c'était l'heure de l'entraînement. J'allais rejoindre les copains qui n'étaient pas du tout dans les études de médecine. Ça me faisait le plus grand bien. Je pensais à tout sauf à ça. Finalement, ça a été mon équilibre, partir en compétition le week-end. J'avais toujours mes livres dans le sac pour travailler entre deux. J'ai très bien vécu mon redoublement. J'ai fini sur les 352 prix, j'ai fini 70. Alors que vraiment, j'ai eu une année de rêve où j'ai vu mes amis tous les soirs. J'étais en week-end quasi toutes les semaines. Après, ça demande de la régularité. Je ne m'arrêtais pas à travailler toute la journée. J'étais à fond. Je ne faisais pas des pauses toutes les cinq minutes. Mais en tout cas, c'est le rythme qu'il me fallait. Et puis finalement, j'ai continué à faire ça jusqu'à maintenant. J'ai mis un peu en stand-by le triathlon parce que forcément, c'était compliqué d'allier les trois sports. Mais j'ai fait de la course à pied. Et voilà, je savais que je m'entraînais trois, quatre fois par semaine, les compétitions, le week-end. Et voilà, ça a toujours été ça. Je travaillais la journée, j'étais à fond, j'étais motivée. À 18h, j'arrêtais tout, je partais m'entraîner et c'était fini pour ma journée.

  • Pascale Lafitte

    J'ai bien compris qu'en fait, sans le sport, vous viviez mal ce travail intense.

  • Juliette, interne en Med G

    Moi, en fait, si je me levais le matin et que je me disais que... j'avais pas vraiment d'objectif sur ma journée que jusqu'au soir il allait falloir être dans les livres et travailler ça me paraissait une éternité et ça me paraissait impossible, j'avais du mal à me motiver, à commencer à travailler parce que j'avais l'impression que j'avais encore 10h devant moi et ça me paraissait beaucoup trop long là je savais que le midi je faisais ma pause à telle heure, j'avais ma petite demi-heure pas plus je me remettais à travailler mais à 18h je savais que j'arrêtais tout, que j'allais rejoindre les copains, aller m'entraîner, me vider la tête courir en extérieur et moi c'est ça mon bonheur au quotidien... Et donc, vraiment, c'est ça qui m'a fait ne pas lâcher pendant toutes mes études. Pareil, le week-end, quand je savais que j'avais compétition, je savais que je travaillais à fond toute la semaine. Et le week-end, c'était la libération. J'allais avec les copains. Après, moi, ce n'était pas fait tard. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de coucher tard. J'étais hyper rigoureuse. Tous les jours, il y avait le réveil à la même heure. J'avais une journée comme si j'allais bosser de 8h à 18h.

  • Pascale Lafitte

    Et quand vous avez été interne ? Parfois, il y a des journées à rallonge. Comment est-ce que vous êtes arrivée à le supporter sans avoir aussi parfois envie de tout foutre en l'air ?

  • Juliette, interne en Med G

    Alors, moi, il faut savoir que j'ai fait un seul stage à l'hôpital. Au final, c'est juste le service des urgences. Donc, le service des urgences, c'était hyper intense avec les gardes, les week-ends, etc. Donc oui, j'ai débauché. J'allais courir à 20 heures de nuit à la frontale. Là, j'ai dû me forcer, je dois l'avouer. Je me forçais à aller courir 3-4 fois par semaine parce que je savais que j'en avais besoin et parce que j'avais quand même des petits objectifs sur des compétitions, donc je voulais garder la forme. C'est vrai que ça n'a pas été facile, très franchement. Ça a été le semestre où j'ai failli... Quand je dis failli craquer, c'est que je ne me permettais pas de lâcher les nerfs et, par exemple, c'est tout bête, mais de rentrer chez soi et de se mettre à pleurer, je ne me le permettais pas. Pourquoi ? Je ne sais pas, parce que je pense que j'étais... J'ai toujours été un peu comme ça. Et donc, je me disais non, non, il faut tenir, il faut tenir, il faut tenir. Et bon, après, j'ai dû craquer une fois ou deux. Mais c'est vrai que c'était un peu un trop plein où la journée, c'est pas forcément bien passé. J'avais pas non plus envie d'ennuyer les autres, d'aller en parler, etc. Mais je me forçais à aller courir. Et finalement, en fait, quand je rentrais, il était 21h peut-être, mais j'avais fait ma séance ou mon footing. Et en fait, c'est ça qui me permettait de décharger et de vider. Et je me sentais beaucoup mieux. Et là, je pouvais repartir.

  • Pascale Lafitte

    Ça me fait penser au mal-être des internes dont on parle beaucoup, puisque c'est plus de 70% d'internes qui ne se sentent pas forcément très bien et qui prennent des anxiolytiques ou autres. C'était votre anxiolytique, le sport ?

  • Juliette, interne en Med G

    Ah oui, ça m'a aidée à décharger plein de choses. C'était franchement... Et je le fais encore maintenant quand ça ne va pas. Je sais que je vais courir et quand je reviens de courir, j'ai l'impression que je repars sur quelque chose de nouveau. En fait, c'est ça, c'est que je me suis gardée à rythme et j'ai refusé de me dire j'ai fait une grosse journée, donc je ne fais pas mes entraînements. En fait, j'avais mon rythme et ça me poussait à aller m'entraîner. Et voilà, même si je rentrais 21h, 21h30, j'avais fait mon footing et je me sentais vraiment bien. Et je pense que ça a vraiment été ma bouffée d'énergie, mon anxiolytique. Je pense que c'est ce qui a fait que je me suis toujours sentie bien dans mes études. Je sais très bien que je n'ai absolument pas eu la vie d'interne qu'on s'imagine et que vivent la plupart des internes. Très franchement, j'ai eu une chance incroyable. Non, moi, j'aurais été incapable de faire ça quand je vois les horaires qu'ils font, les week-ends, les gardes. Non, non, moi, j'ai eu quasi tout mon internat tous mes week-ends. Je finissais pas tard, je pouvais faire mon sport, voir mes amis. Enfin, donc, non, moi, je l'ai très bien vécu. Je peux comparer avec ma meilleure amie qui est interne en anesthésie-réanimation sur Nantes, qui s'épanouit dans ce qu'elle fait. Mais quand elle me raconte ses semaines, ses journées, ses gardes, ses week-ends, je suis en admiration devant elle parce que moi, ça n'aurait juste pas été possible de tenir ce rythme. Je ne me serais pas du tout vue faire ça. Franchement, moi, ce n'était pas possible. Donc, j'ai fait en sorte d'être plutôt bien classée pour pouvoir choisir mes stages. et d'être tombée sur des stages avec des maîtres de stages absolument incroyables. Je pense que j'ai été très chanceuse là-dessus.

  • Pascale Lafitte

    Comment Juliette, si organisée, si déterminée, Juliette qui va là où elle l'a décidé, qui semble suivre son chemin quoi qu'il advienne, comment cette jeune femme de 28 ans, si on lui en donnait la possibilité, réformerait ses longues années d'internat ?

  • Juliette, interne en Med G

    C'est compliqué à dire. Alors, moi, si je parle du côté médecine générale, je trouve qu'il n'y a pas assez de stages en libéral. Bon, ça va un peu changer maintenant avec la quatrième année de docteur junior, où ce sera une année entière dédiée à l'exercice libéral. Parce que là, au final, la plupart des internes en médecine générale auront fait sur leurs trois ans seulement une année. en libéral. Et donc, la plupart, pour en avoir discuté avec eux, ils ne sont pas à l'aise avec la pratique libérale parce que c'est tout sauf de la théorie qu'on a appris dans les livres, très franchement. C'est tout sauf l'exercice hospitalier où il y a des protocoles, où on est toujours entouré. La médecine générale, c'est à chaque consultation des doutes. On n'a jamais, la plupart du temps, le diagnostic précis et on se lance dans des traitements un peu... en sachant un peu vers où on va, mais on n'est jamais sûr de ce qu'on fait. C'est vrai qu'il y en a beaucoup qui sont déstabilisés. Et ça, c'est vraiment un apprentissage. Pour le côté médecine générale, je pense que ça, ça manque beaucoup. Après, sur le côté hospitalier, que je connais moins, au final, il y a clairement un manque au niveau de l'accompagnement, je trouve, et au niveau du temps de travail et des horaires. Je crois, de ce que j'ai entendu, qu'il y a encore beaucoup. beaucoup de services où les règles ne sont pas respectées. Mais non, c'est pas une vie. Et quand on parlait de l'internat de chirurgie, moi, j'aurais jamais pu, vu les horaires. En fait, on peut pas avoir de vie à côté et je trouve ça dommage d'être réduit à juste sa pratique professionnelle et pas à l'individu qu'on est avec tout ce qu'on aime faire à côté.

  • Pascale Lafitte

    L'internat correspond au troisième cycle d'études médicales. D'une durée de 3 à 6 ans, en fonction de la spécialité suivie, ce troisième cycle est avant tout considéré comme un apprentissage pratique. Merci à Juliette de nous avoir offert ce voyage en internat. Et merci à vous tous de nous avoir écoutés. Un mot encore, que ce podcast continue à vivre, abonnez-vous et partagez ces entretiens. Et n'oubliez pas, Internat en médecine est à suivre. sans ordonnance ni modération. A très vite.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Juliette

    00:08

  • La satisfaction de donner et de recevoir des retours des patients

    00:19

  • Le parcours de Juliette vers la médecine générale

    01:19

  • Les défis du premier stage d'internat aux urgences

    02:45

  • Le lien entre médecin et patient en milieu rural

    04:15

  • La perception des internes par les patients

    09:34

  • La sensibilité du médecin généraliste et son évolution

    12:35

  • L'importance du sport dans la vie de Juliette

    14:58

  • Réflexions sur l'avenir et la médecine générale

    18:14

  • Conclusion et remerciements

    22:59

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