Description
Comment lisent les nouvelles générations ? un questionnement évoqué avec Henri (19ans) et Alma (24ans).
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Comment lisent les nouvelles générations ? un questionnement évoqué avec Henri (19ans) et Alma (24ans).
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Bienvenue dans notre podcast Isadora BC, le podcast où un poète et une comédienne échangent autour d'une tasse de café. Le poète c'est Régis Dequet, la comédienne Clarence Masciani qui est aujourd'hui remplacée par Alma Gloria Stone qu'on a déjà rencontrée dans un précédent podcast. Et puis un petit nouveau, Henri Auclair. Bonjour à vous deux.
Bonjour.
Bonjour.
Alors, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Alma, j'ai 24 ans et je suis doctorante en littérature d'expression française à l'Université de Fribourg en Suisse.
Merci Alma.
Alors moi c'est Henri. J'ai 19 ans et actuellement, je suis en seconde année de licence informatique. Sur mon temps libre, je joue de la musique, je fais de la batterie et de la basse.
Merci Henri. Alors, Noël, c'est l'occasion d'offrir des cadeaux. Et parmi ceux-ci, les livres ont parfois une grande place. Mais la question que moi, je me pose, et c'est la raison pour laquelle je vous ai invité à... à partager ce podcast, c'est quel est votre rapport à la lecture ? En fait, ce qui m'intéresse, c'est d'avoir le point de vue de jeunes générations. Donc on a Alma Gloria Stone qui est à 24 ans et Henri qui lui a 19 ans. Donc c'est vraiment intéressant, ces deux générations, de se poser cette question, quel est votre rapport à la lecture ? Est-ce que Henri veut commencer ?
Oui. Alors moi, je ne lis pas beaucoup et je n'ai jamais vraiment beaucoup lu. L'objet, le livre... ne m'intéresse pas. Je suis plus intéressée par de petits articles scientifiques ou des résumés de livres, comme des quatrièmes de couverture.
Merci, Henri. Alma ?
Alors moi, mon rapport à la lecture est assez différent, c'est-à-dire que j'ai grandi en lisant énormément. J'ai des souvenirs, le dimanche matin, de faire exprès de me réveiller tôt en cachette pour pouvoir profiter d'une heure ou deux où je pouvais lire tranquillement dans mon lit avant de prendre le petit déjeuner. Et donc, ça a toujours été quelque chose qui m'a fait beaucoup plaisir, la lecture. Maintenant, c'est différent parce que c'en est mon métier, étant donné que je suis doctorante, la lecture fait partie, et la littérature, en fait, font partie prenante de mon métier.
De ton quotidien, on va dire.
De mon quotidien, c'est ça. C'est-à-dire que je ne lis plus. Par pur plaisir, pour me changer les idées, je lis parce que je travaille avec les livres et avec la littérature. Donc ça fait très longtemps, je pense, que je n'ai pas lu un livre par plaisir, de manière comme activité un peu extra.
Comme un loisir en fait. Oui,
comme un loisir. Maintenant, c'est vraiment juste, c'est mon métier.
Alors voilà, donc on a deux profils. Quelqu'un qui doit lire par nécessité pour ses études, et quelqu'un qui, de par son activité informatique, je pense que t'es plus dans les écrans, donc tu lis moins. Mais ça, ça m'intéresse. La question qui va s'imposer à présent, c'est, pensez-vous que l'évolution des pratiques de lecture, qui est liée à la numérisation, et aux livres électroniques, est-ce que cela a changé la manière dont les gens, en général, consomment la littérature, à votre avis ?
Moi je pense que tout d'abord c'est vrai que j'ai un peu de mal avec l'objet électronique de j'allais dire de l'audiobook mais encore ça n'a rien à voir mais du livre, de la liseuse ça j'aime pas du tout je trouve que ça enlève une certaine authenticité à l'objet du livre pour moi l'objet du livre c'est un objet vraiment très précieux c'est déjà ce qui marque une présence humaine dans le temps... une des seules choses du passé qu'on a et qui peuvent aussi nous assurer de l'existence de nos ancêtres du passé, c'est bien le livre. Il y a l'objet qui est intéressant. Je sais que lire un livre papier, c'est aussi pouvoir le... le toucher, et puis alors par exemple, faire des annotations, corner des coins, on s'en sert de manière vraiment complète. Je trouve qu'il y a une certaine distance qui se met avec, même limite avec les mots, depuis que ça existe, les ordinateurs, les écrans, parce qu'effectivement on ne peut plus toucher ce qu'on lit. Et alors, est-ce que ça change la manière dont les gens consomment la littérature ? Ça, je ne sais pas. Je me dis que finalement, entre lire un livre papier et lire un livre sur une liseuse, l'important, c'est qu'on lit.
Ok, d'accord. Alors maintenant, on va poser la même question à Henri.
Pour ma part, j'ai beaucoup plus de mal à répondre à la question, car je suis née avec la technologie. Et lorsque j'ai su lire, tous les livres étaient déjà numérisés. De plus, je pense que la manière dont les gens consomment la littérature a changé. Mais cela dépend de chaque personne. Par exemple, certaines personnes qui lisaient régulièrement des livres se sont maintenant mises à lire des livres sur des tablettes, comme tu disais, des liseuses. D'autres personnes qui, justement, ne lisaient pas du tout, peut-être que grâce à la technologie, ont plus accès à des livres, soit numériques, soit physiques, ce qui, du coup, leur permet de plus lire. Ou encore d'autres personnes, comme des lecteurs de livres, qui aussi continuent, du coup, à lire des livres physiques.
Merci Henri. Alors l'ère des réseaux sociaux, je pense que vu votre âge, tous les deux, vous connaissez un peu de quoi il s'agit j'imagine. Donc ces réseaux sociaux avec ces vidéos assez courtes et puis bien sûr du contenu, du contenu en ligne, ça va générer une fragmentation de l'attention, ça va influencer forcément la capacité de concentration. Croyez-vous que cela soit problématique pour lire des livres ? On va commencer peut-être par Henri.
Absolument. Pour lire un livre en entier ou pour lire une partie d'un livre, on doit maintenir une longue attention sur toute la longueur de ce que l'on lit.
Absolument.
Or, avec la division ou, comme tu le dis, la fragmentation de l'attention, ça devient de plus en plus compliqué de maintenir cette attention sans passer à une autre chose ou à un autre sujet.
Oui, tout à fait.
Oui, j'aimerais en rajouter qu'il y a quand même de plus en plus d'études qui montrent que... que, étant donné que les réseaux sociaux proposent des formats très courts, comme on était en train de le dire, où les vidéos font moins de 30 secondes, parfois on parle de vidéos d'une quinzaine de secondes, notamment avec TikTok ou Instagram, les gens, et puis beaucoup les jeunes générations, ne consomment que ça, et donc apprécient ce format très court, où, par exemple, dans une vidéo de 15 secondes qui résume un livre, Du coup, on gagne énormément de temps parce qu'on peut en 15 secondes avoir beaucoup plus d'informations dans une vidéo que dans un livre de 150 pages qui prendrait évidemment beaucoup plus de temps à le lire. En revanche, je trouve ça vraiment très dommage qu'on ait habitué justement les gens à consommer rapidement les informations. Je pense que c'est problématique pour la lecture de livres parce que maintenant... on fait face à de plus en plus de personnes qui vont avoir la flemme de lire. Ce qui est quand même fou parce que le cerveau est presque un muscle. C'est un muscle qu'il faut habituer et qu'il faut faire travailler en permanence et qu'il faut stimuler en permanence. Et le problème, c'est que maintenant, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup de capacités qui se perdent de plus en plus. Après, je veux dire... Le cerveau est aussi très bien fait. Ce n'est pas parce qu'on ne lit jamais de livres qu'on ne pourra jamais en lire. Il faut s'entraîner.
Il y a de l'espoir, alors.
Bien sûr.
J'aimerais évoquer une autre question. J'aimerais à présent qu'on évoque le rôle culturel de la littérature. Est-ce que, à votre avis, la littérature continue d'être un vecteur essentiel de réflexion critique, de création de sens dans nos sociétés ? Et est-ce qu'elle nous permet de mieux comprendre notre époque, de remettre en question nos croyances et d'explorer de nouvelles façons de penser le monde ? Et là, je vais demander peut-être à Alma de commencer sa réponse.
Moi, je pense que c'est un peu compliqué. Alors, évidemment que... Et... Comment dire ? La littérature est par essence un vecteur de réflexion critique. Pas que finalement, mais la littérature de tout temps a servi à faire transmettre des messages, à dire des choses. C'est-à-dire avant même de faire des essais de politique ou de philosophie, on avait dans le théâtre beaucoup de dénonciations ou beaucoup d'expositions d'idéologies. Dans le roman aussi, de tout temps, la littérature a été un vecteur essentiel de réflexion critique. Maintenant, est-ce que les gens continuent de lire en majorité ce qu'au XXe siècle, on lisait en majorité, à savoir la philosophie, la critique littéraire, etc. Je ne sais pas, quand je vois que dans la plupart des FNAC, le numéro 1 des ventes est le livre de Jordan Bardella, bon, là je doute que la littérature soit un vecteur essentiel de réflexion critique. Donc après, ça dépend ce que les gens lisent. Mais dans tous les cas, la littérature a toujours été un outil de savoir et de transmission, et elle le restera toujours. Ça dépend juste de ce que les gens lisent.
Oui, tout à fait. Je suis d'accord. Je crois qu'il y a effectivement une littérature populaire, on va dire, qui fait du chiffre et de la vente. Et puis après, il y a une littérature qui est un peu autre et qui est plutôt réflexive. Oui,
c'est clair que ce n'est pas en lisant du Marc Lévy et ce genre de romans de gare que... qu'on devient plus intelligent. Mais bon, d'un autre côté, les gens lisent et je pense que c'est aussi ça l'important.
Oui, c'est une distraction. Maintenant, on va poser la question à Henri.
Alors, pour moi, je vais dire plus ou moins la même chose. Ça dépend de ce qu'on lit, effectivement. Certains livres, par exemple, de science-fiction, etc., ne vont pas, pour moi, vraiment nous apprendre quelque chose. En revanche, si on s'intéresse plus au fonctionnement des objets via les livres ou comment fonctionne le monde réel, là, on va pouvoir vraiment commencer à développer une pensée critique et donc avoir une vraie auto-réflexion sur le monde. Oui,
c'est ça. C'est-à-dire que les livres vont nous permettre d'avoir des éléments,
d'avoir des connaissances,
qu'on va pouvoir ensuite... s'auto-utiliser ou s'auto... qui vont nous servir pour construire notre propre raisonnement. C'est ça que tu veux dire ? Absolument. Ok, d'accord.
Je voudrais juste rajouter que la littérature, c'est un mot très large qui désigne énormément de genres différents.
D'accord,
oui. Donc il y a une grande différence entre la littérature critique qui va plus ramener des essais... littéraire critique, tout ce qui est philosophie, tout ce qui est sociologie, psychologie, philosophie, je te l'ai déjà dit, politique, anthropologie, et donc il y a cette littérature qui est beaucoup plus critique, il y a aussi la littérature, le roman, la poésie, le roman policier, il y a énormément de genres, donc je pense que quand on dit que la littérature est un vecteur essentiel... de réflexion critique. Oui, ça dépend quelle littérature, dans quel genre littéraire, de quel genre littéraire on parle. Mais la littérature, c'est aussi plein d'autres choses. C'est pas seulement de la réflexion critique et que tu disais, la science-fiction, finalement, on peut aussi apprendre des choses, on peut aussi apprendre à tout ce qui tourne autour de l'imaginaire, c'est très intéressant. Ça stimule aussi beaucoup l'humain.
Là, je crois que tu nous tends une perche pour poursuivre. Je vais maintenant, pour conclure ce podcast, je vous ai demandé, moi, de choisir un petit texte court de votre choix sur un sujet qui vous plaît ou un auteur qui vous plaît. Et je vous invite à présent à nous le lire. Alors, qui veut commencer ? C'est Alma.
J'ai choisi un texte, un poème. de Gilbert Trouillet, qui est un poète pas tant connu, poète suisse-roman du XXe siècle. Ce poème apparaît dans le recueil, qui est un florilège, qui s'appelle Le fleuve et l'être. C'est un choix de poème de 1927 à 1978 au Mercure de France. Le poème s'appelle Le passant. Ce passant, nul ne l'imagine et nul encore ne l'attend. Sa misère que je devine, son cœur est le vôtre battant. Quel est-il ? Et vous, sans mémoire, un geste pourrait l'apaiser. Soif inhumaine, mer à boire, larmes dures qu'il faut creuser. Frère jaloux, n'es-tu personne ? Suis-je l'écho d'un trépassé ? La vie à regret s'abandonne, un visage est vite effacé. Retenez cette... ombre fugace aux fontaines closes du sang. Sa fatigue prend peu de place et la solitude consent.
Merci pour ce très très beau poème Alma. Et maintenant donc je vais me tourner vers Henri, qui lui, va nous lire ?
Donc, pour le moment, je vais lire Déménager, de Georges Pérec, dans le livre Espèces d'espace.
Merci beaucoup.
Quitter un appartement, vider les lieux, décamper, faire place nette, débarrasser le plancher, inventorier, ranger, classer, trier, éliminer, jeter, fourguer. Casser, brûler, descendre, déceler, déclouer, décoller, dévisser, décrocher, débrancher, détacher, couper, trier, démonter, plier, couper, rouler, empaqueté, emballé, sanglé, noué, empilé, rassemblé. Entasser, ficeler, envelopper, protéger, recouvrir, entourer, serrer, enlever, porter, soulever, balayer, fermer, partir.
Eh bien, merci Henri, avec ce dernier mot de partir, c'est ainsi qu'on va se quitter. Voilà, donc on va conclure ce podcast de Isadora BC. Je vous remercie tous les deux. Merci. Je crois que ça va nous encourager à lire encore. Lisons. Voilà, lisons, très bien. Merci beaucoup Henri, merci Alma, et sans doute à très bientôt.
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Comment lisent les nouvelles générations ? un questionnement évoqué avec Henri (19ans) et Alma (24ans).
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Bienvenue dans notre podcast Isadora BC, le podcast où un poète et une comédienne échangent autour d'une tasse de café. Le poète c'est Régis Dequet, la comédienne Clarence Masciani qui est aujourd'hui remplacée par Alma Gloria Stone qu'on a déjà rencontrée dans un précédent podcast. Et puis un petit nouveau, Henri Auclair. Bonjour à vous deux.
Bonjour.
Bonjour.
Alors, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Alma, j'ai 24 ans et je suis doctorante en littérature d'expression française à l'Université de Fribourg en Suisse.
Merci Alma.
Alors moi c'est Henri. J'ai 19 ans et actuellement, je suis en seconde année de licence informatique. Sur mon temps libre, je joue de la musique, je fais de la batterie et de la basse.
Merci Henri. Alors, Noël, c'est l'occasion d'offrir des cadeaux. Et parmi ceux-ci, les livres ont parfois une grande place. Mais la question que moi, je me pose, et c'est la raison pour laquelle je vous ai invité à... à partager ce podcast, c'est quel est votre rapport à la lecture ? En fait, ce qui m'intéresse, c'est d'avoir le point de vue de jeunes générations. Donc on a Alma Gloria Stone qui est à 24 ans et Henri qui lui a 19 ans. Donc c'est vraiment intéressant, ces deux générations, de se poser cette question, quel est votre rapport à la lecture ? Est-ce que Henri veut commencer ?
Oui. Alors moi, je ne lis pas beaucoup et je n'ai jamais vraiment beaucoup lu. L'objet, le livre... ne m'intéresse pas. Je suis plus intéressée par de petits articles scientifiques ou des résumés de livres, comme des quatrièmes de couverture.
Merci, Henri. Alma ?
Alors moi, mon rapport à la lecture est assez différent, c'est-à-dire que j'ai grandi en lisant énormément. J'ai des souvenirs, le dimanche matin, de faire exprès de me réveiller tôt en cachette pour pouvoir profiter d'une heure ou deux où je pouvais lire tranquillement dans mon lit avant de prendre le petit déjeuner. Et donc, ça a toujours été quelque chose qui m'a fait beaucoup plaisir, la lecture. Maintenant, c'est différent parce que c'en est mon métier, étant donné que je suis doctorante, la lecture fait partie, et la littérature, en fait, font partie prenante de mon métier.
De ton quotidien, on va dire.
De mon quotidien, c'est ça. C'est-à-dire que je ne lis plus. Par pur plaisir, pour me changer les idées, je lis parce que je travaille avec les livres et avec la littérature. Donc ça fait très longtemps, je pense, que je n'ai pas lu un livre par plaisir, de manière comme activité un peu extra.
Comme un loisir en fait. Oui,
comme un loisir. Maintenant, c'est vraiment juste, c'est mon métier.
Alors voilà, donc on a deux profils. Quelqu'un qui doit lire par nécessité pour ses études, et quelqu'un qui, de par son activité informatique, je pense que t'es plus dans les écrans, donc tu lis moins. Mais ça, ça m'intéresse. La question qui va s'imposer à présent, c'est, pensez-vous que l'évolution des pratiques de lecture, qui est liée à la numérisation, et aux livres électroniques, est-ce que cela a changé la manière dont les gens, en général, consomment la littérature, à votre avis ?
Moi je pense que tout d'abord c'est vrai que j'ai un peu de mal avec l'objet électronique de j'allais dire de l'audiobook mais encore ça n'a rien à voir mais du livre, de la liseuse ça j'aime pas du tout je trouve que ça enlève une certaine authenticité à l'objet du livre pour moi l'objet du livre c'est un objet vraiment très précieux c'est déjà ce qui marque une présence humaine dans le temps... une des seules choses du passé qu'on a et qui peuvent aussi nous assurer de l'existence de nos ancêtres du passé, c'est bien le livre. Il y a l'objet qui est intéressant. Je sais que lire un livre papier, c'est aussi pouvoir le... le toucher, et puis alors par exemple, faire des annotations, corner des coins, on s'en sert de manière vraiment complète. Je trouve qu'il y a une certaine distance qui se met avec, même limite avec les mots, depuis que ça existe, les ordinateurs, les écrans, parce qu'effectivement on ne peut plus toucher ce qu'on lit. Et alors, est-ce que ça change la manière dont les gens consomment la littérature ? Ça, je ne sais pas. Je me dis que finalement, entre lire un livre papier et lire un livre sur une liseuse, l'important, c'est qu'on lit.
Ok, d'accord. Alors maintenant, on va poser la même question à Henri.
Pour ma part, j'ai beaucoup plus de mal à répondre à la question, car je suis née avec la technologie. Et lorsque j'ai su lire, tous les livres étaient déjà numérisés. De plus, je pense que la manière dont les gens consomment la littérature a changé. Mais cela dépend de chaque personne. Par exemple, certaines personnes qui lisaient régulièrement des livres se sont maintenant mises à lire des livres sur des tablettes, comme tu disais, des liseuses. D'autres personnes qui, justement, ne lisaient pas du tout, peut-être que grâce à la technologie, ont plus accès à des livres, soit numériques, soit physiques, ce qui, du coup, leur permet de plus lire. Ou encore d'autres personnes, comme des lecteurs de livres, qui aussi continuent, du coup, à lire des livres physiques.
Merci Henri. Alors l'ère des réseaux sociaux, je pense que vu votre âge, tous les deux, vous connaissez un peu de quoi il s'agit j'imagine. Donc ces réseaux sociaux avec ces vidéos assez courtes et puis bien sûr du contenu, du contenu en ligne, ça va générer une fragmentation de l'attention, ça va influencer forcément la capacité de concentration. Croyez-vous que cela soit problématique pour lire des livres ? On va commencer peut-être par Henri.
Absolument. Pour lire un livre en entier ou pour lire une partie d'un livre, on doit maintenir une longue attention sur toute la longueur de ce que l'on lit.
Absolument.
Or, avec la division ou, comme tu le dis, la fragmentation de l'attention, ça devient de plus en plus compliqué de maintenir cette attention sans passer à une autre chose ou à un autre sujet.
Oui, tout à fait.
Oui, j'aimerais en rajouter qu'il y a quand même de plus en plus d'études qui montrent que... que, étant donné que les réseaux sociaux proposent des formats très courts, comme on était en train de le dire, où les vidéos font moins de 30 secondes, parfois on parle de vidéos d'une quinzaine de secondes, notamment avec TikTok ou Instagram, les gens, et puis beaucoup les jeunes générations, ne consomment que ça, et donc apprécient ce format très court, où, par exemple, dans une vidéo de 15 secondes qui résume un livre, Du coup, on gagne énormément de temps parce qu'on peut en 15 secondes avoir beaucoup plus d'informations dans une vidéo que dans un livre de 150 pages qui prendrait évidemment beaucoup plus de temps à le lire. En revanche, je trouve ça vraiment très dommage qu'on ait habitué justement les gens à consommer rapidement les informations. Je pense que c'est problématique pour la lecture de livres parce que maintenant... on fait face à de plus en plus de personnes qui vont avoir la flemme de lire. Ce qui est quand même fou parce que le cerveau est presque un muscle. C'est un muscle qu'il faut habituer et qu'il faut faire travailler en permanence et qu'il faut stimuler en permanence. Et le problème, c'est que maintenant, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup de capacités qui se perdent de plus en plus. Après, je veux dire... Le cerveau est aussi très bien fait. Ce n'est pas parce qu'on ne lit jamais de livres qu'on ne pourra jamais en lire. Il faut s'entraîner.
Il y a de l'espoir, alors.
Bien sûr.
J'aimerais évoquer une autre question. J'aimerais à présent qu'on évoque le rôle culturel de la littérature. Est-ce que, à votre avis, la littérature continue d'être un vecteur essentiel de réflexion critique, de création de sens dans nos sociétés ? Et est-ce qu'elle nous permet de mieux comprendre notre époque, de remettre en question nos croyances et d'explorer de nouvelles façons de penser le monde ? Et là, je vais demander peut-être à Alma de commencer sa réponse.
Moi, je pense que c'est un peu compliqué. Alors, évidemment que... Et... Comment dire ? La littérature est par essence un vecteur de réflexion critique. Pas que finalement, mais la littérature de tout temps a servi à faire transmettre des messages, à dire des choses. C'est-à-dire avant même de faire des essais de politique ou de philosophie, on avait dans le théâtre beaucoup de dénonciations ou beaucoup d'expositions d'idéologies. Dans le roman aussi, de tout temps, la littérature a été un vecteur essentiel de réflexion critique. Maintenant, est-ce que les gens continuent de lire en majorité ce qu'au XXe siècle, on lisait en majorité, à savoir la philosophie, la critique littéraire, etc. Je ne sais pas, quand je vois que dans la plupart des FNAC, le numéro 1 des ventes est le livre de Jordan Bardella, bon, là je doute que la littérature soit un vecteur essentiel de réflexion critique. Donc après, ça dépend ce que les gens lisent. Mais dans tous les cas, la littérature a toujours été un outil de savoir et de transmission, et elle le restera toujours. Ça dépend juste de ce que les gens lisent.
Oui, tout à fait. Je suis d'accord. Je crois qu'il y a effectivement une littérature populaire, on va dire, qui fait du chiffre et de la vente. Et puis après, il y a une littérature qui est un peu autre et qui est plutôt réflexive. Oui,
c'est clair que ce n'est pas en lisant du Marc Lévy et ce genre de romans de gare que... qu'on devient plus intelligent. Mais bon, d'un autre côté, les gens lisent et je pense que c'est aussi ça l'important.
Oui, c'est une distraction. Maintenant, on va poser la question à Henri.
Alors, pour moi, je vais dire plus ou moins la même chose. Ça dépend de ce qu'on lit, effectivement. Certains livres, par exemple, de science-fiction, etc., ne vont pas, pour moi, vraiment nous apprendre quelque chose. En revanche, si on s'intéresse plus au fonctionnement des objets via les livres ou comment fonctionne le monde réel, là, on va pouvoir vraiment commencer à développer une pensée critique et donc avoir une vraie auto-réflexion sur le monde. Oui,
c'est ça. C'est-à-dire que les livres vont nous permettre d'avoir des éléments,
d'avoir des connaissances,
qu'on va pouvoir ensuite... s'auto-utiliser ou s'auto... qui vont nous servir pour construire notre propre raisonnement. C'est ça que tu veux dire ? Absolument. Ok, d'accord.
Je voudrais juste rajouter que la littérature, c'est un mot très large qui désigne énormément de genres différents.
D'accord,
oui. Donc il y a une grande différence entre la littérature critique qui va plus ramener des essais... littéraire critique, tout ce qui est philosophie, tout ce qui est sociologie, psychologie, philosophie, je te l'ai déjà dit, politique, anthropologie, et donc il y a cette littérature qui est beaucoup plus critique, il y a aussi la littérature, le roman, la poésie, le roman policier, il y a énormément de genres, donc je pense que quand on dit que la littérature est un vecteur essentiel... de réflexion critique. Oui, ça dépend quelle littérature, dans quel genre littéraire, de quel genre littéraire on parle. Mais la littérature, c'est aussi plein d'autres choses. C'est pas seulement de la réflexion critique et que tu disais, la science-fiction, finalement, on peut aussi apprendre des choses, on peut aussi apprendre à tout ce qui tourne autour de l'imaginaire, c'est très intéressant. Ça stimule aussi beaucoup l'humain.
Là, je crois que tu nous tends une perche pour poursuivre. Je vais maintenant, pour conclure ce podcast, je vous ai demandé, moi, de choisir un petit texte court de votre choix sur un sujet qui vous plaît ou un auteur qui vous plaît. Et je vous invite à présent à nous le lire. Alors, qui veut commencer ? C'est Alma.
J'ai choisi un texte, un poème. de Gilbert Trouillet, qui est un poète pas tant connu, poète suisse-roman du XXe siècle. Ce poème apparaît dans le recueil, qui est un florilège, qui s'appelle Le fleuve et l'être. C'est un choix de poème de 1927 à 1978 au Mercure de France. Le poème s'appelle Le passant. Ce passant, nul ne l'imagine et nul encore ne l'attend. Sa misère que je devine, son cœur est le vôtre battant. Quel est-il ? Et vous, sans mémoire, un geste pourrait l'apaiser. Soif inhumaine, mer à boire, larmes dures qu'il faut creuser. Frère jaloux, n'es-tu personne ? Suis-je l'écho d'un trépassé ? La vie à regret s'abandonne, un visage est vite effacé. Retenez cette... ombre fugace aux fontaines closes du sang. Sa fatigue prend peu de place et la solitude consent.
Merci pour ce très très beau poème Alma. Et maintenant donc je vais me tourner vers Henri, qui lui, va nous lire ?
Donc, pour le moment, je vais lire Déménager, de Georges Pérec, dans le livre Espèces d'espace.
Merci beaucoup.
Quitter un appartement, vider les lieux, décamper, faire place nette, débarrasser le plancher, inventorier, ranger, classer, trier, éliminer, jeter, fourguer. Casser, brûler, descendre, déceler, déclouer, décoller, dévisser, décrocher, débrancher, détacher, couper, trier, démonter, plier, couper, rouler, empaqueté, emballé, sanglé, noué, empilé, rassemblé. Entasser, ficeler, envelopper, protéger, recouvrir, entourer, serrer, enlever, porter, soulever, balayer, fermer, partir.
Eh bien, merci Henri, avec ce dernier mot de partir, c'est ainsi qu'on va se quitter. Voilà, donc on va conclure ce podcast de Isadora BC. Je vous remercie tous les deux. Merci. Je crois que ça va nous encourager à lire encore. Lisons. Voilà, lisons, très bien. Merci beaucoup Henri, merci Alma, et sans doute à très bientôt.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Bienvenue dans notre podcast Isadora BC, le podcast où un poète et une comédienne échangent autour d'une tasse de café. Le poète c'est Régis Dequet, la comédienne Clarence Masciani qui est aujourd'hui remplacée par Alma Gloria Stone qu'on a déjà rencontrée dans un précédent podcast. Et puis un petit nouveau, Henri Auclair. Bonjour à vous deux.
Bonjour.
Bonjour.
Alors, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Alma, j'ai 24 ans et je suis doctorante en littérature d'expression française à l'Université de Fribourg en Suisse.
Merci Alma.
Alors moi c'est Henri. J'ai 19 ans et actuellement, je suis en seconde année de licence informatique. Sur mon temps libre, je joue de la musique, je fais de la batterie et de la basse.
Merci Henri. Alors, Noël, c'est l'occasion d'offrir des cadeaux. Et parmi ceux-ci, les livres ont parfois une grande place. Mais la question que moi, je me pose, et c'est la raison pour laquelle je vous ai invité à... à partager ce podcast, c'est quel est votre rapport à la lecture ? En fait, ce qui m'intéresse, c'est d'avoir le point de vue de jeunes générations. Donc on a Alma Gloria Stone qui est à 24 ans et Henri qui lui a 19 ans. Donc c'est vraiment intéressant, ces deux générations, de se poser cette question, quel est votre rapport à la lecture ? Est-ce que Henri veut commencer ?
Oui. Alors moi, je ne lis pas beaucoup et je n'ai jamais vraiment beaucoup lu. L'objet, le livre... ne m'intéresse pas. Je suis plus intéressée par de petits articles scientifiques ou des résumés de livres, comme des quatrièmes de couverture.
Merci, Henri. Alma ?
Alors moi, mon rapport à la lecture est assez différent, c'est-à-dire que j'ai grandi en lisant énormément. J'ai des souvenirs, le dimanche matin, de faire exprès de me réveiller tôt en cachette pour pouvoir profiter d'une heure ou deux où je pouvais lire tranquillement dans mon lit avant de prendre le petit déjeuner. Et donc, ça a toujours été quelque chose qui m'a fait beaucoup plaisir, la lecture. Maintenant, c'est différent parce que c'en est mon métier, étant donné que je suis doctorante, la lecture fait partie, et la littérature, en fait, font partie prenante de mon métier.
De ton quotidien, on va dire.
De mon quotidien, c'est ça. C'est-à-dire que je ne lis plus. Par pur plaisir, pour me changer les idées, je lis parce que je travaille avec les livres et avec la littérature. Donc ça fait très longtemps, je pense, que je n'ai pas lu un livre par plaisir, de manière comme activité un peu extra.
Comme un loisir en fait. Oui,
comme un loisir. Maintenant, c'est vraiment juste, c'est mon métier.
Alors voilà, donc on a deux profils. Quelqu'un qui doit lire par nécessité pour ses études, et quelqu'un qui, de par son activité informatique, je pense que t'es plus dans les écrans, donc tu lis moins. Mais ça, ça m'intéresse. La question qui va s'imposer à présent, c'est, pensez-vous que l'évolution des pratiques de lecture, qui est liée à la numérisation, et aux livres électroniques, est-ce que cela a changé la manière dont les gens, en général, consomment la littérature, à votre avis ?
Moi je pense que tout d'abord c'est vrai que j'ai un peu de mal avec l'objet électronique de j'allais dire de l'audiobook mais encore ça n'a rien à voir mais du livre, de la liseuse ça j'aime pas du tout je trouve que ça enlève une certaine authenticité à l'objet du livre pour moi l'objet du livre c'est un objet vraiment très précieux c'est déjà ce qui marque une présence humaine dans le temps... une des seules choses du passé qu'on a et qui peuvent aussi nous assurer de l'existence de nos ancêtres du passé, c'est bien le livre. Il y a l'objet qui est intéressant. Je sais que lire un livre papier, c'est aussi pouvoir le... le toucher, et puis alors par exemple, faire des annotations, corner des coins, on s'en sert de manière vraiment complète. Je trouve qu'il y a une certaine distance qui se met avec, même limite avec les mots, depuis que ça existe, les ordinateurs, les écrans, parce qu'effectivement on ne peut plus toucher ce qu'on lit. Et alors, est-ce que ça change la manière dont les gens consomment la littérature ? Ça, je ne sais pas. Je me dis que finalement, entre lire un livre papier et lire un livre sur une liseuse, l'important, c'est qu'on lit.
Ok, d'accord. Alors maintenant, on va poser la même question à Henri.
Pour ma part, j'ai beaucoup plus de mal à répondre à la question, car je suis née avec la technologie. Et lorsque j'ai su lire, tous les livres étaient déjà numérisés. De plus, je pense que la manière dont les gens consomment la littérature a changé. Mais cela dépend de chaque personne. Par exemple, certaines personnes qui lisaient régulièrement des livres se sont maintenant mises à lire des livres sur des tablettes, comme tu disais, des liseuses. D'autres personnes qui, justement, ne lisaient pas du tout, peut-être que grâce à la technologie, ont plus accès à des livres, soit numériques, soit physiques, ce qui, du coup, leur permet de plus lire. Ou encore d'autres personnes, comme des lecteurs de livres, qui aussi continuent, du coup, à lire des livres physiques.
Merci Henri. Alors l'ère des réseaux sociaux, je pense que vu votre âge, tous les deux, vous connaissez un peu de quoi il s'agit j'imagine. Donc ces réseaux sociaux avec ces vidéos assez courtes et puis bien sûr du contenu, du contenu en ligne, ça va générer une fragmentation de l'attention, ça va influencer forcément la capacité de concentration. Croyez-vous que cela soit problématique pour lire des livres ? On va commencer peut-être par Henri.
Absolument. Pour lire un livre en entier ou pour lire une partie d'un livre, on doit maintenir une longue attention sur toute la longueur de ce que l'on lit.
Absolument.
Or, avec la division ou, comme tu le dis, la fragmentation de l'attention, ça devient de plus en plus compliqué de maintenir cette attention sans passer à une autre chose ou à un autre sujet.
Oui, tout à fait.
Oui, j'aimerais en rajouter qu'il y a quand même de plus en plus d'études qui montrent que... que, étant donné que les réseaux sociaux proposent des formats très courts, comme on était en train de le dire, où les vidéos font moins de 30 secondes, parfois on parle de vidéos d'une quinzaine de secondes, notamment avec TikTok ou Instagram, les gens, et puis beaucoup les jeunes générations, ne consomment que ça, et donc apprécient ce format très court, où, par exemple, dans une vidéo de 15 secondes qui résume un livre, Du coup, on gagne énormément de temps parce qu'on peut en 15 secondes avoir beaucoup plus d'informations dans une vidéo que dans un livre de 150 pages qui prendrait évidemment beaucoup plus de temps à le lire. En revanche, je trouve ça vraiment très dommage qu'on ait habitué justement les gens à consommer rapidement les informations. Je pense que c'est problématique pour la lecture de livres parce que maintenant... on fait face à de plus en plus de personnes qui vont avoir la flemme de lire. Ce qui est quand même fou parce que le cerveau est presque un muscle. C'est un muscle qu'il faut habituer et qu'il faut faire travailler en permanence et qu'il faut stimuler en permanence. Et le problème, c'est que maintenant, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup de capacités qui se perdent de plus en plus. Après, je veux dire... Le cerveau est aussi très bien fait. Ce n'est pas parce qu'on ne lit jamais de livres qu'on ne pourra jamais en lire. Il faut s'entraîner.
Il y a de l'espoir, alors.
Bien sûr.
J'aimerais évoquer une autre question. J'aimerais à présent qu'on évoque le rôle culturel de la littérature. Est-ce que, à votre avis, la littérature continue d'être un vecteur essentiel de réflexion critique, de création de sens dans nos sociétés ? Et est-ce qu'elle nous permet de mieux comprendre notre époque, de remettre en question nos croyances et d'explorer de nouvelles façons de penser le monde ? Et là, je vais demander peut-être à Alma de commencer sa réponse.
Moi, je pense que c'est un peu compliqué. Alors, évidemment que... Et... Comment dire ? La littérature est par essence un vecteur de réflexion critique. Pas que finalement, mais la littérature de tout temps a servi à faire transmettre des messages, à dire des choses. C'est-à-dire avant même de faire des essais de politique ou de philosophie, on avait dans le théâtre beaucoup de dénonciations ou beaucoup d'expositions d'idéologies. Dans le roman aussi, de tout temps, la littérature a été un vecteur essentiel de réflexion critique. Maintenant, est-ce que les gens continuent de lire en majorité ce qu'au XXe siècle, on lisait en majorité, à savoir la philosophie, la critique littéraire, etc. Je ne sais pas, quand je vois que dans la plupart des FNAC, le numéro 1 des ventes est le livre de Jordan Bardella, bon, là je doute que la littérature soit un vecteur essentiel de réflexion critique. Donc après, ça dépend ce que les gens lisent. Mais dans tous les cas, la littérature a toujours été un outil de savoir et de transmission, et elle le restera toujours. Ça dépend juste de ce que les gens lisent.
Oui, tout à fait. Je suis d'accord. Je crois qu'il y a effectivement une littérature populaire, on va dire, qui fait du chiffre et de la vente. Et puis après, il y a une littérature qui est un peu autre et qui est plutôt réflexive. Oui,
c'est clair que ce n'est pas en lisant du Marc Lévy et ce genre de romans de gare que... qu'on devient plus intelligent. Mais bon, d'un autre côté, les gens lisent et je pense que c'est aussi ça l'important.
Oui, c'est une distraction. Maintenant, on va poser la question à Henri.
Alors, pour moi, je vais dire plus ou moins la même chose. Ça dépend de ce qu'on lit, effectivement. Certains livres, par exemple, de science-fiction, etc., ne vont pas, pour moi, vraiment nous apprendre quelque chose. En revanche, si on s'intéresse plus au fonctionnement des objets via les livres ou comment fonctionne le monde réel, là, on va pouvoir vraiment commencer à développer une pensée critique et donc avoir une vraie auto-réflexion sur le monde. Oui,
c'est ça. C'est-à-dire que les livres vont nous permettre d'avoir des éléments,
d'avoir des connaissances,
qu'on va pouvoir ensuite... s'auto-utiliser ou s'auto... qui vont nous servir pour construire notre propre raisonnement. C'est ça que tu veux dire ? Absolument. Ok, d'accord.
Je voudrais juste rajouter que la littérature, c'est un mot très large qui désigne énormément de genres différents.
D'accord,
oui. Donc il y a une grande différence entre la littérature critique qui va plus ramener des essais... littéraire critique, tout ce qui est philosophie, tout ce qui est sociologie, psychologie, philosophie, je te l'ai déjà dit, politique, anthropologie, et donc il y a cette littérature qui est beaucoup plus critique, il y a aussi la littérature, le roman, la poésie, le roman policier, il y a énormément de genres, donc je pense que quand on dit que la littérature est un vecteur essentiel... de réflexion critique. Oui, ça dépend quelle littérature, dans quel genre littéraire, de quel genre littéraire on parle. Mais la littérature, c'est aussi plein d'autres choses. C'est pas seulement de la réflexion critique et que tu disais, la science-fiction, finalement, on peut aussi apprendre des choses, on peut aussi apprendre à tout ce qui tourne autour de l'imaginaire, c'est très intéressant. Ça stimule aussi beaucoup l'humain.
Là, je crois que tu nous tends une perche pour poursuivre. Je vais maintenant, pour conclure ce podcast, je vous ai demandé, moi, de choisir un petit texte court de votre choix sur un sujet qui vous plaît ou un auteur qui vous plaît. Et je vous invite à présent à nous le lire. Alors, qui veut commencer ? C'est Alma.
J'ai choisi un texte, un poème. de Gilbert Trouillet, qui est un poète pas tant connu, poète suisse-roman du XXe siècle. Ce poème apparaît dans le recueil, qui est un florilège, qui s'appelle Le fleuve et l'être. C'est un choix de poème de 1927 à 1978 au Mercure de France. Le poème s'appelle Le passant. Ce passant, nul ne l'imagine et nul encore ne l'attend. Sa misère que je devine, son cœur est le vôtre battant. Quel est-il ? Et vous, sans mémoire, un geste pourrait l'apaiser. Soif inhumaine, mer à boire, larmes dures qu'il faut creuser. Frère jaloux, n'es-tu personne ? Suis-je l'écho d'un trépassé ? La vie à regret s'abandonne, un visage est vite effacé. Retenez cette... ombre fugace aux fontaines closes du sang. Sa fatigue prend peu de place et la solitude consent.
Merci pour ce très très beau poème Alma. Et maintenant donc je vais me tourner vers Henri, qui lui, va nous lire ?
Donc, pour le moment, je vais lire Déménager, de Georges Pérec, dans le livre Espèces d'espace.
Merci beaucoup.
Quitter un appartement, vider les lieux, décamper, faire place nette, débarrasser le plancher, inventorier, ranger, classer, trier, éliminer, jeter, fourguer. Casser, brûler, descendre, déceler, déclouer, décoller, dévisser, décrocher, débrancher, détacher, couper, trier, démonter, plier, couper, rouler, empaqueté, emballé, sanglé, noué, empilé, rassemblé. Entasser, ficeler, envelopper, protéger, recouvrir, entourer, serrer, enlever, porter, soulever, balayer, fermer, partir.
Eh bien, merci Henri, avec ce dernier mot de partir, c'est ainsi qu'on va se quitter. Voilà, donc on va conclure ce podcast de Isadora BC. Je vous remercie tous les deux. Merci. Je crois que ça va nous encourager à lire encore. Lisons. Voilà, lisons, très bien. Merci beaucoup Henri, merci Alma, et sans doute à très bientôt.
Description
Comment lisent les nouvelles générations ? un questionnement évoqué avec Henri (19ans) et Alma (24ans).
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Bienvenue dans notre podcast Isadora BC, le podcast où un poète et une comédienne échangent autour d'une tasse de café. Le poète c'est Régis Dequet, la comédienne Clarence Masciani qui est aujourd'hui remplacée par Alma Gloria Stone qu'on a déjà rencontrée dans un précédent podcast. Et puis un petit nouveau, Henri Auclair. Bonjour à vous deux.
Bonjour.
Bonjour.
Alors, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Alma, j'ai 24 ans et je suis doctorante en littérature d'expression française à l'Université de Fribourg en Suisse.
Merci Alma.
Alors moi c'est Henri. J'ai 19 ans et actuellement, je suis en seconde année de licence informatique. Sur mon temps libre, je joue de la musique, je fais de la batterie et de la basse.
Merci Henri. Alors, Noël, c'est l'occasion d'offrir des cadeaux. Et parmi ceux-ci, les livres ont parfois une grande place. Mais la question que moi, je me pose, et c'est la raison pour laquelle je vous ai invité à... à partager ce podcast, c'est quel est votre rapport à la lecture ? En fait, ce qui m'intéresse, c'est d'avoir le point de vue de jeunes générations. Donc on a Alma Gloria Stone qui est à 24 ans et Henri qui lui a 19 ans. Donc c'est vraiment intéressant, ces deux générations, de se poser cette question, quel est votre rapport à la lecture ? Est-ce que Henri veut commencer ?
Oui. Alors moi, je ne lis pas beaucoup et je n'ai jamais vraiment beaucoup lu. L'objet, le livre... ne m'intéresse pas. Je suis plus intéressée par de petits articles scientifiques ou des résumés de livres, comme des quatrièmes de couverture.
Merci, Henri. Alma ?
Alors moi, mon rapport à la lecture est assez différent, c'est-à-dire que j'ai grandi en lisant énormément. J'ai des souvenirs, le dimanche matin, de faire exprès de me réveiller tôt en cachette pour pouvoir profiter d'une heure ou deux où je pouvais lire tranquillement dans mon lit avant de prendre le petit déjeuner. Et donc, ça a toujours été quelque chose qui m'a fait beaucoup plaisir, la lecture. Maintenant, c'est différent parce que c'en est mon métier, étant donné que je suis doctorante, la lecture fait partie, et la littérature, en fait, font partie prenante de mon métier.
De ton quotidien, on va dire.
De mon quotidien, c'est ça. C'est-à-dire que je ne lis plus. Par pur plaisir, pour me changer les idées, je lis parce que je travaille avec les livres et avec la littérature. Donc ça fait très longtemps, je pense, que je n'ai pas lu un livre par plaisir, de manière comme activité un peu extra.
Comme un loisir en fait. Oui,
comme un loisir. Maintenant, c'est vraiment juste, c'est mon métier.
Alors voilà, donc on a deux profils. Quelqu'un qui doit lire par nécessité pour ses études, et quelqu'un qui, de par son activité informatique, je pense que t'es plus dans les écrans, donc tu lis moins. Mais ça, ça m'intéresse. La question qui va s'imposer à présent, c'est, pensez-vous que l'évolution des pratiques de lecture, qui est liée à la numérisation, et aux livres électroniques, est-ce que cela a changé la manière dont les gens, en général, consomment la littérature, à votre avis ?
Moi je pense que tout d'abord c'est vrai que j'ai un peu de mal avec l'objet électronique de j'allais dire de l'audiobook mais encore ça n'a rien à voir mais du livre, de la liseuse ça j'aime pas du tout je trouve que ça enlève une certaine authenticité à l'objet du livre pour moi l'objet du livre c'est un objet vraiment très précieux c'est déjà ce qui marque une présence humaine dans le temps... une des seules choses du passé qu'on a et qui peuvent aussi nous assurer de l'existence de nos ancêtres du passé, c'est bien le livre. Il y a l'objet qui est intéressant. Je sais que lire un livre papier, c'est aussi pouvoir le... le toucher, et puis alors par exemple, faire des annotations, corner des coins, on s'en sert de manière vraiment complète. Je trouve qu'il y a une certaine distance qui se met avec, même limite avec les mots, depuis que ça existe, les ordinateurs, les écrans, parce qu'effectivement on ne peut plus toucher ce qu'on lit. Et alors, est-ce que ça change la manière dont les gens consomment la littérature ? Ça, je ne sais pas. Je me dis que finalement, entre lire un livre papier et lire un livre sur une liseuse, l'important, c'est qu'on lit.
Ok, d'accord. Alors maintenant, on va poser la même question à Henri.
Pour ma part, j'ai beaucoup plus de mal à répondre à la question, car je suis née avec la technologie. Et lorsque j'ai su lire, tous les livres étaient déjà numérisés. De plus, je pense que la manière dont les gens consomment la littérature a changé. Mais cela dépend de chaque personne. Par exemple, certaines personnes qui lisaient régulièrement des livres se sont maintenant mises à lire des livres sur des tablettes, comme tu disais, des liseuses. D'autres personnes qui, justement, ne lisaient pas du tout, peut-être que grâce à la technologie, ont plus accès à des livres, soit numériques, soit physiques, ce qui, du coup, leur permet de plus lire. Ou encore d'autres personnes, comme des lecteurs de livres, qui aussi continuent, du coup, à lire des livres physiques.
Merci Henri. Alors l'ère des réseaux sociaux, je pense que vu votre âge, tous les deux, vous connaissez un peu de quoi il s'agit j'imagine. Donc ces réseaux sociaux avec ces vidéos assez courtes et puis bien sûr du contenu, du contenu en ligne, ça va générer une fragmentation de l'attention, ça va influencer forcément la capacité de concentration. Croyez-vous que cela soit problématique pour lire des livres ? On va commencer peut-être par Henri.
Absolument. Pour lire un livre en entier ou pour lire une partie d'un livre, on doit maintenir une longue attention sur toute la longueur de ce que l'on lit.
Absolument.
Or, avec la division ou, comme tu le dis, la fragmentation de l'attention, ça devient de plus en plus compliqué de maintenir cette attention sans passer à une autre chose ou à un autre sujet.
Oui, tout à fait.
Oui, j'aimerais en rajouter qu'il y a quand même de plus en plus d'études qui montrent que... que, étant donné que les réseaux sociaux proposent des formats très courts, comme on était en train de le dire, où les vidéos font moins de 30 secondes, parfois on parle de vidéos d'une quinzaine de secondes, notamment avec TikTok ou Instagram, les gens, et puis beaucoup les jeunes générations, ne consomment que ça, et donc apprécient ce format très court, où, par exemple, dans une vidéo de 15 secondes qui résume un livre, Du coup, on gagne énormément de temps parce qu'on peut en 15 secondes avoir beaucoup plus d'informations dans une vidéo que dans un livre de 150 pages qui prendrait évidemment beaucoup plus de temps à le lire. En revanche, je trouve ça vraiment très dommage qu'on ait habitué justement les gens à consommer rapidement les informations. Je pense que c'est problématique pour la lecture de livres parce que maintenant... on fait face à de plus en plus de personnes qui vont avoir la flemme de lire. Ce qui est quand même fou parce que le cerveau est presque un muscle. C'est un muscle qu'il faut habituer et qu'il faut faire travailler en permanence et qu'il faut stimuler en permanence. Et le problème, c'est que maintenant, avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup de capacités qui se perdent de plus en plus. Après, je veux dire... Le cerveau est aussi très bien fait. Ce n'est pas parce qu'on ne lit jamais de livres qu'on ne pourra jamais en lire. Il faut s'entraîner.
Il y a de l'espoir, alors.
Bien sûr.
J'aimerais évoquer une autre question. J'aimerais à présent qu'on évoque le rôle culturel de la littérature. Est-ce que, à votre avis, la littérature continue d'être un vecteur essentiel de réflexion critique, de création de sens dans nos sociétés ? Et est-ce qu'elle nous permet de mieux comprendre notre époque, de remettre en question nos croyances et d'explorer de nouvelles façons de penser le monde ? Et là, je vais demander peut-être à Alma de commencer sa réponse.
Moi, je pense que c'est un peu compliqué. Alors, évidemment que... Et... Comment dire ? La littérature est par essence un vecteur de réflexion critique. Pas que finalement, mais la littérature de tout temps a servi à faire transmettre des messages, à dire des choses. C'est-à-dire avant même de faire des essais de politique ou de philosophie, on avait dans le théâtre beaucoup de dénonciations ou beaucoup d'expositions d'idéologies. Dans le roman aussi, de tout temps, la littérature a été un vecteur essentiel de réflexion critique. Maintenant, est-ce que les gens continuent de lire en majorité ce qu'au XXe siècle, on lisait en majorité, à savoir la philosophie, la critique littéraire, etc. Je ne sais pas, quand je vois que dans la plupart des FNAC, le numéro 1 des ventes est le livre de Jordan Bardella, bon, là je doute que la littérature soit un vecteur essentiel de réflexion critique. Donc après, ça dépend ce que les gens lisent. Mais dans tous les cas, la littérature a toujours été un outil de savoir et de transmission, et elle le restera toujours. Ça dépend juste de ce que les gens lisent.
Oui, tout à fait. Je suis d'accord. Je crois qu'il y a effectivement une littérature populaire, on va dire, qui fait du chiffre et de la vente. Et puis après, il y a une littérature qui est un peu autre et qui est plutôt réflexive. Oui,
c'est clair que ce n'est pas en lisant du Marc Lévy et ce genre de romans de gare que... qu'on devient plus intelligent. Mais bon, d'un autre côté, les gens lisent et je pense que c'est aussi ça l'important.
Oui, c'est une distraction. Maintenant, on va poser la question à Henri.
Alors, pour moi, je vais dire plus ou moins la même chose. Ça dépend de ce qu'on lit, effectivement. Certains livres, par exemple, de science-fiction, etc., ne vont pas, pour moi, vraiment nous apprendre quelque chose. En revanche, si on s'intéresse plus au fonctionnement des objets via les livres ou comment fonctionne le monde réel, là, on va pouvoir vraiment commencer à développer une pensée critique et donc avoir une vraie auto-réflexion sur le monde. Oui,
c'est ça. C'est-à-dire que les livres vont nous permettre d'avoir des éléments,
d'avoir des connaissances,
qu'on va pouvoir ensuite... s'auto-utiliser ou s'auto... qui vont nous servir pour construire notre propre raisonnement. C'est ça que tu veux dire ? Absolument. Ok, d'accord.
Je voudrais juste rajouter que la littérature, c'est un mot très large qui désigne énormément de genres différents.
D'accord,
oui. Donc il y a une grande différence entre la littérature critique qui va plus ramener des essais... littéraire critique, tout ce qui est philosophie, tout ce qui est sociologie, psychologie, philosophie, je te l'ai déjà dit, politique, anthropologie, et donc il y a cette littérature qui est beaucoup plus critique, il y a aussi la littérature, le roman, la poésie, le roman policier, il y a énormément de genres, donc je pense que quand on dit que la littérature est un vecteur essentiel... de réflexion critique. Oui, ça dépend quelle littérature, dans quel genre littéraire, de quel genre littéraire on parle. Mais la littérature, c'est aussi plein d'autres choses. C'est pas seulement de la réflexion critique et que tu disais, la science-fiction, finalement, on peut aussi apprendre des choses, on peut aussi apprendre à tout ce qui tourne autour de l'imaginaire, c'est très intéressant. Ça stimule aussi beaucoup l'humain.
Là, je crois que tu nous tends une perche pour poursuivre. Je vais maintenant, pour conclure ce podcast, je vous ai demandé, moi, de choisir un petit texte court de votre choix sur un sujet qui vous plaît ou un auteur qui vous plaît. Et je vous invite à présent à nous le lire. Alors, qui veut commencer ? C'est Alma.
J'ai choisi un texte, un poème. de Gilbert Trouillet, qui est un poète pas tant connu, poète suisse-roman du XXe siècle. Ce poème apparaît dans le recueil, qui est un florilège, qui s'appelle Le fleuve et l'être. C'est un choix de poème de 1927 à 1978 au Mercure de France. Le poème s'appelle Le passant. Ce passant, nul ne l'imagine et nul encore ne l'attend. Sa misère que je devine, son cœur est le vôtre battant. Quel est-il ? Et vous, sans mémoire, un geste pourrait l'apaiser. Soif inhumaine, mer à boire, larmes dures qu'il faut creuser. Frère jaloux, n'es-tu personne ? Suis-je l'écho d'un trépassé ? La vie à regret s'abandonne, un visage est vite effacé. Retenez cette... ombre fugace aux fontaines closes du sang. Sa fatigue prend peu de place et la solitude consent.
Merci pour ce très très beau poème Alma. Et maintenant donc je vais me tourner vers Henri, qui lui, va nous lire ?
Donc, pour le moment, je vais lire Déménager, de Georges Pérec, dans le livre Espèces d'espace.
Merci beaucoup.
Quitter un appartement, vider les lieux, décamper, faire place nette, débarrasser le plancher, inventorier, ranger, classer, trier, éliminer, jeter, fourguer. Casser, brûler, descendre, déceler, déclouer, décoller, dévisser, décrocher, débrancher, détacher, couper, trier, démonter, plier, couper, rouler, empaqueté, emballé, sanglé, noué, empilé, rassemblé. Entasser, ficeler, envelopper, protéger, recouvrir, entourer, serrer, enlever, porter, soulever, balayer, fermer, partir.
Eh bien, merci Henri, avec ce dernier mot de partir, c'est ainsi qu'on va se quitter. Voilà, donc on va conclure ce podcast de Isadora BC. Je vous remercie tous les deux. Merci. Je crois que ça va nous encourager à lire encore. Lisons. Voilà, lisons, très bien. Merci beaucoup Henri, merci Alma, et sans doute à très bientôt.
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