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J'ai 50 ans et alors ?

Le second printemps- Isabelle Bary

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32min |27/03/2025
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Description

Le second Printemps

Et si la cinquantaine n’était pas une fin, mais un second printemps ? Dans cet épisode, Sandrine Corbiau reçoit l’autrice Isabelle Barry pour parler de son roman touchant et lumineux, Le second printemps. Ensemble, elles abordent cette période de transition que vivent tant de femmes autour de 50 ans : ménopause, départ des enfants, quête de sens, transformation intérieure...

À travers le parcours d’Adèle, l’héroïne du livre, c’est tout un pan de vie qui se redessine : perdre ses repères, oser s’écouter, retrouver son rythme, et pourquoi pas… partir marcher sur le chemin de Compostelle.

Un échange sincère et profond sur les loyautés invisibles, les rôles qu’on quitte, la beauté de l’âge, le lien à la nature, et cette urgence douce de vivre pleinement. Un épisode qui fait du bien, qui réconforte, et qui donne envie de marcher vers soi, à son rythme.

🎧 À écouter si vous êtes en pleine traversée, si vous vous posez des questions… ou si vous avez juste envie d’une belle conversation entre femmes qui osent.


Cet épisode est soutenu par Be-Life, une entreprise belge qui propose, depuis plus de 30 ans, des compléments alimentaires naturels et bio pour favoriser notre bien-être.

Merci à Be-Life pour son engagement envers le bien-être et la santé.

Découvrez notamment Méno Complex, un complément naturel conçu pour contribuer au bien-être pendant la ménopause.


Ressources :

Le livre d'Isabelle Bary- Le Second Printemps


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « J'ai 50 ans et alors » , un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiot, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons parler de la transformation intérieure qu'on peut ressentir à l'âge autour de la cinquantaine. Alors c'est vrai qu'à cette période... Nous sommes nombreux, nombreuses, à traverser une certaine transition qui n'a pas vraiment de nom, une transition plutôt silencieuse, mais qui chamboule nos repères, la ménopause, les enfants qui grandissent et s'éloignent de nous, parfois une séparation, un deuil, une maladie, un épuisement ou encore une reconversion au niveau professionnel, de l'extérieur. tout va bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui change en nous, un mouvement profond qui se déclenche, quelque chose qui nous questionne et qui demande à changer. Cette quête de sens, ce besoin de se réinventer, de se rechoisir, c'est exactement ce que traverse Adèle, l'héroïne du nouveau roman d'Isabelle Barry, Le second printemps, dont on va parler aujourd'hui. Un livre qui a particulièrement résonné avec moi et mon histoire. puisque depuis des années, j'ai existé au travers de toutes les conférences parenthèses que j'ai organisées autour de l'éducation, de la pédagogie quand mes enfants étaient plus jeunes. C'était ma place, ma façon d'exister, mon engagement, mon identité. Et puis, mes enfants ont grandi et avec eux, mon rôle s'est transformé et j'ai dû aussi exister autrement. Et pour moi, cette transformation, elle est passée aussi avec la marche. Parce que quand on marche, il y a quelque chose qui se passe, on remet de l'ordre et il y a une connexion avec quelque chose de plus grand. Pour moi, cette transformation, elle s'est faite progressivement. Et aujourd'hui, comme j'attire peut-être ce que je traverse, j'accompagne de plus en plus les femmes dans cette période de transition pour les aider à retrouver cet équilibre. Et donc, à travers son roman, Isabelle Barry nous invite à réfléchir. Vieillir, est-ce une fin ou une renaissance ? Est-ce perdre quelque chose ou bien gagner un nouveau regard sur soi, sur le monde ? Donc, Isabelle Barry, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci d'être avec nous. Donc, tu es une auteure belge de renom. Depuis 20 ans, tu écris... des livres et aujourd'hui avec ce roman c'est une plongée intime dans cette expérience de vieillir au féminin. Bienvenue dans cette émission. Merci. Est-ce que tu peux, donc comme au début de chaque émission, j'aime bien prendre le temps de mieux connaître, de faire mieux connaître l'invité. Est-ce que tu peux prendre quelques minutes pour te présenter et expliquer un petit peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née à Villevore, je suis une vraie bruxelloise dans l'âme à la base. Mon papa est pur bruxellois francophone et ma maman est mi-anglaise, mi-flamande. Donc, j'aime bien dire que je suis un doux mélange de tout ça. Donc, j'ai grandi à Bruxelles, dans le nord de Bruxelles. Et puis, j'ai fait des études qui ne me correspondaient pas du tout. J'ai fait ingénieur commercial à Solvay. Chercher l'erreur parce qu'en fait, j'étais hyper littéraire. J'ai toujours été hyper littéraire. Mais je pense que j'ai été poussée dans le dos par mes professeurs et par mes parents, ma famille, qui me disaient justement, et c'est un peu aussi le propos du livre, tu es une femme, donc tu vas devoir te battre plus qu'un homme, donc tu dois faire des études qui sont ouvertes, complexes, qui vont te donner un nom, une renommée. Donc je les ai écoutées parce que je suis, voilà, j'étais une enfant sage et pleine de loyauté par rapport à tout ça. Que je ne regrette absolument pas aujourd'hui d'ailleurs ces études, parce qu'elles m'ont quand même apporté une manière de raisonner dont je me sers encore aujourd'hui. Puis j'ai, après mes études... J'ai travaillé, puis j'ai arrêté mes études pour aller faire un tour du monde. Donc, première grande marche. Tu parlais de marcher tout à l'heure. On a évidemment beaucoup marché là. On est partis neuf mois sac à dos. Tu étais seule ? Non, j'étais avec mon compagnon de l'époque, qui est encore mon mari aujourd'hui. Donc, voilà, c'est une histoire au long terme, ça aussi. Et puis, quand je suis rentrée, j'ai retrouvé du boulot. Il fallait, puisqu'on n'avait plus de sous du tout. Donc on a un peu recommencé une vie à deux. Et puis là, j'ai créé une société d'événements, dans laquelle je suis restée plus ou moins sept ans, jusqu'à ce que je tombe enceinte de mon premier fils, et que je décide de reprendre cette épopée de neuf mois autour du monde, et de l'écrire. Et ça pour moi c'était très important, c'était de pouvoir... passer ce que j'avais vécu. Et c'est comme ça qu'est sorti mon premier livre en 2005 qui s'appelait Globe Story.

  • Speaker #0

    Et depuis lors, tu as écrit 7, 8,

  • Speaker #1

    une dizaine de livres.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu évolues avec tes livres ? Est-ce que c'est toujours un peu en lien avec ce que toi tu traverses ? Quels sont les sujets ? Comment tu définis les sujets ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que je vis. intrinsèquement, mais aussi ce qui se passe autour de moi. J'ai toujours écrit, c'est vivre, c'est un peu ça. En fait, on vit, on ne fait pas attention, on ne se dit pas quel va être le sujet de mon prochain bouquin. On vit, puis tout à coup, j'ai l'impression que ça vient à moi. Par exemple, j'avais un livre comme ça qui parle des secrets de famille. Là, c'est ma maman qui a débarqué à la maison avec des photos de mon grand-père et qui a commencé à me raconter une histoire sur mon grand-père que je ne connaissais pas du tout. Et je lui ai dit, mais maman, pourquoi tu m'as jamais raconté ça ? C'est hyper romanesque. Et elle me dit, mais ça ne s'est jamais mis. Et en fait, c'était une histoire de secret. Et du coup, j'ai eu envie de parler des secrets de famille. Donc, tout me vient un petit peu comme ça. C'est la vie qui me montre, à un moment donné, qui met sur mon chemin quelque chose dont j'ai envie de parler, que j'ai envie de partager.

  • Speaker #0

    C'est génial. Et l'écriture, c'est un peu pour toi, ta bulle ?

  • Speaker #1

    Ah oui, carrément ma bulle. Oui, c'est un peu comme marcher. Moi, j'aime bien aller marcher. J'habite près d'une forêt, carrément dans une forêt. J'ai dit une forêt, mais ce n'est pas vrai, c'est un bois. C'est une minuscule forêt. Et j'aime vraiment bien aller marcher, même marcher seule en fait. J'aime bien, parce que souvent on me dit, l'écriture, mais tu es tout le temps toute seule. Mais oui et non, parce qu'en fait quand on marche seule, déjà on n'est pas seule. On se rend compte qu'on appartient au vivant, à un environnement qui est là. On commence à entendre les petits oiseaux qu'on n'entendait pas quand on était super occupé. C'est très chouette de se retrouver seule dans la nature, parce que justement on n'est pas seule. Et avec mes personnages, je ne suis pas seule non plus. Ça fait toujours un peu bateau. L'écrivain qui dit « je suis avec mes personnages, je ne suis pas tout seul » , mais c'est vrai en fait, on est dans une histoire et dans une histoire on est accompagné.

  • Speaker #0

    Et tu les fais vivre à travers la nature, la marche, c'est ça qui t'éveille ?

  • Speaker #1

    Oui, disons que parfois on me dit « la page blanche, est-ce que ça ne t'arrive jamais ? » Je dis « ça peut arriver qu'on soit un peu bloqué, mais alors au lieu de rester coincé derrière mon bureau, souvent je dépose tout et si je vais marcher, souvent ça me débloque. » Il y a la marche et la douche aussi, ça marche très bien.

  • Speaker #0

    Mais donc, si je comprends bien dans ton parcours, c'est la marche ou l'arrivée de ton premier enfant qui a fait que tu as eu envie de te convertir, de faire cette conversion au niveau de l'écriture ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai l'impression que dès qu'on s'écarte d'une forme d'habitude, de confort, du quotidien, qui n'est pas toujours confortable d'ailleurs, mais dans lequel on revient à chaque fois, d'une sorte de métro-boulot-dodo, On revient à sa source profonde et ça on l'a quand on marche, on l'a quand on écrit. Mais je l'ai eu aussi par exemple en faisant mon tour du monde parce que qu'est-ce qui s'est passé quand on était en tour du monde ? C'est que moi j'ai commencé à prendre des notes de tout ce qu'on faisait la journée. J'ai commencé à écrire un carnet comme un carnet de voyage et mon compagnon lui qui est très chiffre, lui faisait les comptes. Mais on n'en a jamais discuté avant, on a chacun pris nos carnets et lui par nature il a commencé à dire bon faudrait peut-être qu'on fasse les comptes. Moi, je m'en foutais complètement des contes. Si, ça m'intéresse, mais je me sentais moins concernée. Mais moi, je voulais absolument qu'on n'oublie rien de toute cette histoire. Et je voulais noter nos sentiments, nos émotions. Et donc, on a tous les deux choisi notre chemin en fonction de notre nature profonde. Et c'est ça, c'est quand on s'écarte de notre quotidien habituel qui nous ramène toujours à nous bourrer la tête du matin au soir, à nous occuper. On se retrouve dans des moments de silence. Et ces moments de silence nous ramènent à nous. Et ça je retrouve et dans l'écriture, et dans la marche, et dans le voyage.

  • Speaker #0

    Un livre c'est un peu comme une mise au monde.

  • Speaker #1

    Pour toi ? Complètement.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Parce qu'il y a le fait de concevoir, bien sûr, le fait de porter le livre. Et puis le fait, à un moment donné, qu'il soit donné quelque part en partage. Et là, à ce moment-là, le livre ne nous appartient plus. Et j'ai envie de dire qu'avec les enfants, c'est un peu la même chose. On les élève pour qu'ils s'en aillent, même si c'est dur au moment où ils s'en vont.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que c'est tellement... C'est important cette mise au monde et puis de pouvoir lâcher après ce qu'on a créé, ce qu'on a mis au monde. Quelles sont tes valeurs au quotidien et comment est-ce que ça se transparaît dans tes livres ?

  • Speaker #1

    Je pense que la principale, c'est l'amour parce que ça englobe tout. Je pense qu'aimer avec un grand A, mais aimer d'amour... C'est un... Son compagnon, ses enfants, bien sûr, ça c'est l'amour auquel on pense peut-être d'abord, cette version-là de l'amour, mais c'est aussi aimer sa vie, aimer l'environnement qu'on a autour de nous, aimer son corps, même s'il périclite, c'est le sujet, quand on vieillit. Je pense que si on met de l'amour dans tout, on finit par avoir une vie plus belle et donc pour moi c'est très important.

  • Speaker #0

    Alors par rapport à ton livre, Le second printemps, pourquoi ce titre ?

  • Speaker #1

    Alors pourquoi ce titre ? Parce que mon héroïne, elle est à l'automne de sa vie. Et l'automne, moi j'aime beaucoup l'automne, mais ça ne laisse rien présager de très joli. Quand on en parle en général, l'automne, on voit les feuilles qui se fanent, on voit le début de l'hiver. Ce n'est pas très réjouissant et j'avais quand même envie de faire un livre réjouissant. Et puis en me renseignant, je me suis rendue compte qu'en Japon, on appelait la ménopause le second printemps. J'ai trouvé ça dingue en fait. Je me suis dit mais c'est fou comme dans les mots, on peut déjà donner l'intention qu'on va mettre dans un moment de vie. Quand on dit ménopause, le mot ne sonne pas forcément très joli, il a une consonance avec beaucoup de... comment dire, pas de tabou, mais quand même, oui, des tabous, on peut dire ça. Mais le second printemps, c'est tellement beau. Ça dit tellement tout ce que ça veut dire. Et ça donne tellement d'espoir dans cette période. C'est-à-dire, voilà, ton printemps, il n'est plus là. Tu n'as plus 20 ans, tu n'as plus 30 ans, tu n'as plus 40 ans. Mais il y a un deuxième qui arrive. Et je trouve que rien que de le nommer comme ça, ça donne une dimension tout autre à la période qui va nous arriver.

  • Speaker #0

    Une dimension plus poétique, plus joyeuse. Tout à fait. Donc j'ai envie de vous lire un petit passage de son livre, de ton livre Isabelle, parce que j'adore, parce que tu utilises des mots qui sont, voilà, tu ne passes pas par quatre chemins et ça nous parle directement. Ici, tu décris un petit peu ce qui se passe à 50 ans, la femme qui vit la ménopause. Ça m'a fait beaucoup sourire. Donc mon souffle court, mes règles subitement interrompues, cette colonoscopie prescrite avec insistance. par mon médecin et que je réchine à subir, les bouffées de chaleur, le spleen pour rien, les publicités récurrentes qui inondent mon écran, produits contre la sécheresse vaginale ou les fuites urinaires, exercices pour ventre mou, gaines automassantes, assurance pension, cours de céramique, magasine, 50+, tout me criait la fin du monde. Donc Adèle, elle réalise à un moment donné qu'elle appartient désormais au passé. Comment est-ce qu'elle va s'en sortir là-dedans ? Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment donné, elle va réaliser qu'il y a autre chose derrière tout ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'Adèle, elle n'a pas envie de vieillir. Elle ne vieillit pas. Dans sa tête, elle a toujours 30 ans. Ses enfants sont toujours... Petit, son mari est toujours jeune, sa maman est toujours fringante. Et elle refuse de voir qu'elle vieillit. À un moment donné, c'est le monde qui va le lui dire. Mais le monde va le lui dire de façon très peu délicate. D'abord, elle va perdre son job et son patron, qui est aussi un ami, va le lui dire de but en blanc et va lui dire carrément « Écoute, on veut du vent frais à l'antenne puisqu'elle est animatrice radio. » Et donc, elle va se prendre une énorme claque. Une monstrueuse claque et elle ne s'y attendait pas du tout. Elle ne s'y est pas du tout préparée. Et donc comment est-ce qu'elle va rebondir ? C'est qu'à un moment donné, elle va se dire « Mais c'est moche, mais moi je n'ai pas envie de ça en fait. Je n'ai pas envie de ce qu'on me propose. Des gaines de massage pour ventre mou, tout ça. Moi je ne veux pas. Je veux continuer à vivre comme je... Pourquoi est-ce que je dois rentrer dans une autre case ? Pourquoi est-ce qu'on me pousse dans une autre dimension ? Je veux juste continuer mon chemin. Jusque-là, on ne m'a rien dit. Entre 20 ans, 30 ans, 40 ans, on ne m'a rien dit. Là, tout à coup... J'ai l'impression qu'on me pousse dans un gouffre, qu'on me demande de changer et je n'ai pas envie de changer. Et donc, qu'est-ce qui va se passer ? C'est qu'à un moment donné, elle va... Elle va rentrer un petit peu en révolte. Alors d'abord tout gentiment, elle va se faire un petit tatouage. Elle va s'énerver alors qu'elle ne s'énerve jamais. Voilà, et petit à petit, elle se rend compte qu'en fait tout le monde s'en fout. Qu'on ne la prend pas au sérieux, qu'on rigole un peu ou qu'on fait semblant qu'on n'a pas entendu. Qu'on lui dit écoute, de toute façon arrête de râler parce que le monde autour va tellement mal, de quoi tu te plains ? Et elle dit je dois pousser le bouchon plus loin. Et un jour, alors qu'elle a très très peur de l'avion et qu'elle doit prendre l'avion avec son mari, Elle en a marre parce qu'il est tout le temps en retard. D'habitude, elle aurait raté l'avion avec lui parce qu'il est en retard. Et là, elle décide de le prendre. Et pour elle, ça va être vraiment un élément déclencheur parce qu'elle va se retrouver. Ça va être terrible pour elle parce qu'elle ne veut pas faire ça. Mais quelque chose la pousse. Elle dit je dois faire quelque chose parce que sinon je vais rester dans une forme de loyauté, mais qui ne me plaît plus, qui ne sait plus moi. Et donc, elle va prendre cet avion et c'est là que son aventure va commencer.

  • Speaker #0

    Et au niveau loyauté, effectivement, à un moment donné, tu expliques que son mantra, c'était dépendre, appartenir, servir. À un moment donné, elle se rend compte que ce soit dans son couple, dans son boulot, avec ses enfants, il y a tout qui crie. À un moment donné, ça ne fonctionne plus. Je pars. Et donc, elle s'en va. Et je n'ai pas envie de raconter tout le livre, mais il y a quelque chose qui va faire qu'elle va... se reconstruire ou en tout cas redécider de fonctionner autrement ? Comment est-ce que la marche, comment est-ce que le voyage va l'y aider ?

  • Speaker #1

    Alors le voyage, pour moi, il y a deux choses. Il y a le fait de se retrouver soi, comme on disait tout à l'heure, de se retrouver face à ces éléments naturels. Et puis, il y a l'autre chose qui sont les rencontres. Et donc, elle va entreprendre une marche sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. poussée dans le dos par une vieille féministe de 80 ans. Et elle va faire des rencontres extraordinaires. Et ce sont ces rencontres-là qui font aussi changer l'esprit, qui font ouvrir l'esprit. Parce qu'on n'est jamais sur le chemin de Saint-Jacques pour rien. Et ça, je le sais parce que je l'ai fait. J'en ai fait un bout avec mon fils pendant sept jours. Et tous les gens que j'ai rencontrés, puis nous-mêmes, on s'est rendu compte qu'on n'y était pas pour rien. On venait y chercher, parfois inconsciemment, parfois très consciemment, des gens qui sont en réparation, qui viennent sur le chemin pour se réparer. Mais souvent aussi, inconsciemment, on est sur le chemin parce qu'on se dit « oh, j'ai envie d'aller marcher » . Mais en fait, on n'y est pas pour rien, sinon on va faire une balade dans les bois. Si on est sur le chemin de Saint-Jacques, c'est qu'il y a une quête quelque part. Et ça, c'est ce qu'apporte le voyage. C'est cette espèce de quête, parfois inconsciente, qui est révélée au fur et à mesure du voyage et du chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, on est avec Isabelle Barry, on parle de son dernier roman, « Le second printemps » . Et donc, on parlait de marcher sur Compostelle. Ce n'est pas pour rien qu'on y est. Qu'est-ce qui se passe en fait dans la tête d'Adèle à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors Adèle va avoir énormément de mal à couper les ponts, évidemment, parce que ce qu'elle entreprend là, alors que pour quelqu'un ça pourrait paraître banal, pour elle qui a toujours été loyale et très très attachée à sa famille, partir comme ça sur un coup de tête et dire non écoutez, en fait moi je pars foutez-moi la paix pendant un mois, deux mois, je ne sais pas, mais j'ai besoin de me reconstruire. C'est vraiment un acte, c'est poser un acte, j'ai envie de dire presque violent. par rapport à elle-même pour effectivement se redécouvrir. Et elle va devoir couper ce qu'elle appelle ses rubans. Alors elle a une amie, Cathy, qui elle ne vit pas sa cinquantaine du tout de la même manière et qui appelait toutes ses loyautés des chaînes. Et Adèle dit non, ce ne sont pas des chaînes, ce sont des rubans de soie et je n'ai pas envie de les couper. Et pourtant, elle va devoir les couper à un moment pour se retrouver. C'est ce qu'elle va faire. Elle va couper ses rubans. Elle va apprendre à marcher seule, à être seule et plus dans la dépendance tout le temps de l'autre. Et ça va être au début très très compliqué pour elle. Elle a peur d'ailleurs de chaque fois d'abandonner ou de chaque fois reconstruire ses rubans. Elle a vraiment beaucoup de mal à éteindre son GSM, à ne le regarder que de temps en temps parce qu'elle ne veut tout de même pas complètement tout arrêter. Et elle a peur aussi que des choses se passent sans elle, que pendant qu'elle est occupée à ruminer tout ça toute seule, le monde change de l'autre côté, qu'on ne l'aime plus. Et ça, c'est terrible pour elle.

  • Speaker #0

    De se rendre compte qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu ou qu'il y a quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    Mais qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu et cette peur aussi qu'on ne l'aime plus quand elle revient, qu'elle ait raté un tournant, que la vie ait continué sans elle. Toujours cette peur qu'on prenne le train sans elle, qu'on prenne la vie sans elle. À un moment donné, elle va rencontrer Clément et Clément, elle va dire j'ai peur qu'on arrête de m'aimer et Clément va lui dire mais... Moi je crois que quand on aime vraiment profondément quelqu'un, on l'aime pour la vie, c'est pas ça ta crainte. En fait ta crainte c'est est-ce qu'on t'a jamais aimé ? Et ça c'est une autre question et ça n'a plus rien à voir avec le fait de changer, de vieillir. C'est ce qu'on t'a jamais aimé. Si on t'a un jour aimé profondément, on continuera à t'aimer quand tu rentreras.

  • Speaker #0

    Peut-être avec une couche en moins, un masque en moins, quelque chose qu'on a laissé en chemin.

  • Speaker #1

    On a ôté en chemin, oui.

  • Speaker #0

    Moi, je marche sur Compostelle. Chaque année, je reprends le chemin. Et chaque année, c'est une mise à jour, en fait. C'est comme si j'enlevais des couches. Je laisse derrière moi ce que je n'ai plus besoin. Je me reconnecte aux pas, au rythme humain. Et je sens qu'il y a quelque chose de plus grand qui m'accompagne. Je fais des rencontres qui sont juste magnifiques. Et des rencontres où on rencontre vraiment les gens tels qu'ils sont, en fait, sans avoir à porter un quelconque masque ou un rôle. Et ce qui m'a beaucoup touchée dans ton roman, c'est... Est-ce que ce n'est pas le deuil des rôles qu'on joue ? Est-ce que ce n'est pas le deuil de tous les rôles qu'elle a joués, qu'elle est amenée à faire en marchant ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'ailleurs, au début, elle trébuche, elle tombe. Et souvent, je trouve que dans la marche, dans le rythme, elle n'est pas à son rythme au début. Elle marche trop vite. Elle a trop chaud. Elle a mal. Elle est mal à l'aise avec son sac à dos. Et elle chute. Et elle se rend compte, en fait, que la marche représente un peu sa vie. Quelque part, il y a... La façon dont elle marche au début, en tout cas, représente ses loyautés, sa vie. Elle essaye de faire bien. Elle essaye de marcher bien. De marcher comme il faut. Et puis, petit à petit, évidemment, elle va s'en ficher complètement de savoir si elle a la première arrivée ou la dernière, ou si elle s'est arrêtée. Parce qu'elle va commencer à marcher à son propre rythme. Et à un moment donné, elle va le dire aussi, elle dit, moi, je crois que 3 km heure, c'est mon rythme. C'est ça, je veux marcher à ce rythme-là, moi. Et tous les gens qu'elle va rencontrer, en fait, ils vont marcher soit devant elle, soit derrière elle, soit un petit bout avec elle. Et se retrouver soit dans les gîtes, soit à midi pour manger. Mais chacun, quelque part, va prendre son propre rythme. Et ça, c'est la découverte qu'elle va faire. Elle dit en fait, je peux être avec les autres à mon propre rythme. Et ça, c'est une découverte magique pour elle. Parce que pour elle, être avec les autres, c'était être au rythme des autres. Et ça, c'est la marche qui va le lui apprendre et les gens qu'elle va rencontrer qui vont le lui faire comprendre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ce serait ça, vieillir ? Être à son rythme ?

  • Speaker #1

    Je crois que quand on vieillit, en tout cas, c'est une des joies de vieillir. J'ai aussi moi-même, personnellement, cherché beaucoup où étaient ces joies. Parce que bon, quand même, physiquement, on périclite quand même un peu. On attrape des petits bobos qui ne sont pas forcément agréables. On apprécie un petit peu moins peut-être son visage dans le miroir le matin. On le trouve peut-être moins frais. Alors, ce n'est pas nous qui trouvons ça. Je pense que c'est la société qui nous dit ça. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on ne peut plus vieillir. Parce qu'on pourrait être beau et vieux. Mais on nous dit, être beau, c'est être jeune. C'est pour ça que beaucoup de femmes se mettent du Botox. Être beau, c'est être jeune et c'est faux. Être beau, ce n'est pas être jeune. Être beau, c'est être beau. Point barre. Et donc, je ne sais plus du tout la question que tu me posais au début. Donc, j'ai digressé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, vieillir. C'est accéder à son rythme. Et peut-être, par rapport à la beauté, d'avoir une autre forme de beauté, une autre forme d'ouverture, quelque chose qui vient plus. Je parlais en début d'émission, quelque chose qui vient plus de l'intérieur, quelque chose qui est plus mûr, qui est plus présent peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, et ça, c'est aussi très chouette, c'est de l'accepter. On peut l'accepter à un moment donné. Et ça, c'est une des beautés de l'âge. Si on l'accepte, de nouveau, si on veut rester jeune tout le temps, à mon avis, on sera face à un mur et ça sera très compliqué. Mais si on l'accepte, on peut commencer à voir la beauté ailleurs. Évidemment, on pense tout de suite le physique, le mental, mais même il y a plein d'autres choses qui se dévoilent. Un côté spirituel que moi, je n'avais pas quand j'avais 30, 40 ans, que j'ai développé plus tard et que je trouve vraiment incroyable. Je vois avec mes enfants, parfois c'est rigolo parce qu'ils me prennent parfois pour une œil d'y aller. Tu vas aller embrasser ton arbre et on rigole beaucoup avec ça. Et je rigole aussi en me disant, mais vous verrez, un jour vous aurez mon âge et vous aurez peut-être aussi envie d'aller embrasser des arbres. Voilà, donc je trouve qu'il y a une magie aussi à vieillir, mais il faut aller la déceler. Et ce n'est pas facile parce que l'entourage... ne nous aide pas par rapport à ça. On n'est pas dans une culture où on est aidé et accompagné dans l'âge. Tout à coup, une femme, elle a la ménopause et on lui dit « t'as débouffé de chaleur, c'est normal, prends tes médicaments, ça passera » . Et on n'a pas envie d'entendre ça, en fait. On a envie d'être accompagné dans ce qu'on est occupé à vivre et ce n'est pas le cas.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas le cas. Et ça demande parfois de faire une pause, une vraie pause.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc, ça peut être de la marche, ça peut être quelqu'un qui nous accompagne sur ce chemin, quelqu'un qui nous comprend. qui nous aide à comprendre où on en est. Tu parles à un moment donné de No Woman's Land, cette espèce d'entre-deux où les femmes ne sont ni jeunes, ni vieilles, ni complètement visibles aux yeux du monde. Ce serait comme ça que la société voit cette période ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a une belle illustration. C'est vraiment l'absence dans le cinéma des femmes entre 50 et 65 ans. C'est très rare de voir ces femmes-là. On a soit les jeunes femmes qui jouent des rôles de jeunes femmes, soit on a les grands-mères qui jouent les rôles de grands-mères, mais entre les deux, avoir des femmes entre 50 et 65 ans qui jouent des rôles de femmes entre 50 et 65 ans, c'est très très rare. Alors il y en a. Mais elles jouent des rôles de femmes de 40 et elles sont complètement maquillées ou botoxées ou complètement refaites. On en a eu beaucoup ces derniers temps qui ont joué ces rôles-là et qui jouaient d'ailleurs leur propre rôle. Mais pour moi, c'est quelque part la preuve de cette existence-là. Elle est dans les images qui nous entourent. Ces femmes-là ne sont pas présentes, en fait, on ne les voit pas. Elles font soit plus jeunes, soit ce sont des grands-mères et alors on les considère comme des grands-mères. Donc il y a cette espèce de no-woman's land, de flottement, qui est à la fois terrible parce qu'on se dit, on a l'impression de ne pas exister. On se dit, mais où ? Je suis là. J'existe avec le visage que j'ai, le corps que j'ai, l'âme, le mental que j'ai. Mais c'est comme si on ne nous voyait plus, qu'on était transparent. Vous savez, comme parfois on est à ce dîner et on essaie de dire quelque chose, il n'y a personne qui écoute. Ça nous est déjà tous arrivé, je pense. Mais on a l'impression d'être dans cet état-là. tout le temps. Mais d'un autre côté, à un moment donné, il faut saisir cette chance et dire je suis dans un ballottement et dans un ballottement, tout est possible en fait. On peut reprendre tous les tournants de vie possibles. C'est chouette si on ne nous voit pas trop. Du coup, on peut décider du tournant qu'on va prendre sans faire de bruit. Et après, il sera temps de se réaffirmer.

  • Speaker #0

    Et toi, tu la vis comment cette transition dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai d'abord vécu pas très bien. Ce que je trouve, c'est une claque. J'ai deux claques dans ma vie. La première claque, c'était la naissance de mon premier fils parce que j'avais une image très... Alors, j'ai adoré cette période. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai adoré cette période. Mais de nouveau, on n'est pas accompagné. On n'est pas dans des cultures où on est accompagné. Donc, c'est paf l'hôpital. C'est super aseptisé. On accouche. Et puis moi, dans ma naïveté crasse, j'avais mon jeans taille 36 avec moi. Et je pensais qu'après avoir accouché, j'allais rentrer dedans et puis rentrer à la maison. Tout allait être nickel, je ne savais pas que j'allais avoir mal, que ça allait être dur les nuits, que parfois j'allais encore être à midi en pyjama, qu'il y aurait aussi des petits désagréments. Non, non, moi je nous voyais courir sur la plage, le grand bonheur, à trois, au ralenti, comme on peut imaginer sur les belles images. Donc ça, c'était la première claque. La deuxième claque, pour moi, ça a vraiment été la ménopause. Parce que la même chose, c'était, oui, mais t'inquiète pas, aujourd'hui on ne vieillit pas comme avant, c'est cool, il y a les médicaments, et puis il y a tous les compléments. naturel et tu vois, c'est génial de vieillir. Et puis, en fait, quand c'est arrivé, je n'ai pas trouvé ça génial. J'ai eu mes bouffées de chaleur, je n'ai pas trouvé ça drôle du tout. Je trouve que le monde qui nous entoure n'est pas drôle. Je n'ai pas... Ce n'était pas forcément chouette. Je n'aime pas voir ma peau qui se ride. Je ne trouve pas ça joli. Je préférais avant, mais de nouveau, c'est parce que la société m'a conditionnée comme ça. voir les enfants qui quittent le nid, alors que j'avais des amis aussi qui disaient « Tu vas voir, tu vas pouvoir retrouver une vie à deux, ou une vie où tu vas pouvoir faire plein de choses. » Moi, j'ai envie de garder mes enfants près de moi. J'ai envie qu'ils continuent à faire partie de ma vie. Et petit à petit, j'ai dû transformer tout ça en quelque chose de positif, en disant « Les enfants ont toujours grandi. Ce n'est pas parce qu'ils s'en vont, qu'à un moment donné, tu n'es plus là dans leur vie. Ce n'est pas parce que tu vieillis que tu n'es plus une belle femme, dans son sens général. » Ce n'est pas quelques bouffées de chaleur qui vont t'anéantir pour ta journée, ta vécu pire. Et donc, petit à petit, il y a cette transformation qui s'installe, mais elle passe par une forme d'acceptation dans laquelle je trouve de nouveau que notre société nous accompagne très mal.

  • Speaker #0

    Et elle peut prendre du temps.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça ne se fait pas en deux mois. Et finalement, c'est un tournant dans ta vie. C'est quel tournant ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un tournant... C'est un tournant qui me fait aussi penser que ce qui est devant nous, il faut absolument en profiter. Parce qu'on se rend compte, du coup, c'est comme si on nous disait tout à coup, coucou, tu es arrivé à trois quarts de ta vie.

  • Speaker #0

    Ou la moitié.

  • Speaker #1

    Ou la moitié, oui. Enfin, alors l'autre moitié, un 110 ans quand même. Il va falloir faire des gros progrès en médecine. Mais voilà, ça sonne un peu le glas, j'ai envie de dire. Et tout à coup, il y a une urgence à vivre. Et ça, c'est à la fois quelque chose de fabuleux et quelque chose de très paniquant. Parce qu'on se dit... Mais je ne vais plus perdre mon temps, moi. Je ne veux plus perdre mon temps avec des choses qui ne me plaisent plus. Et on se rend compte qu'en fait, on fait plein de choses qui ne nous plaisent pas franchement. Alors d'un autre côté, évidemment, il y a les contingences du quotidien. Il faut manger à la fin du mois, on s'entend, on ne fait pas que ce qui nous plaît dans la vie. Et cette urgence à vivre, elle est à la fois paniquante et à la fois formidable. Parce que du coup, on ne s'ennuie plus avec les petites choses. On ne s'ennuie plus avec la personne qui sait... engueuler avec nous il y a deux jours et avec qui on va dire ou bien on passe au-dessus ou bien tu restes tout seul dans ton problème, on ne s'embête plus à voir des gens qu'on n'a plus envie de voir et ça c'est un côté génial.

  • Speaker #0

    Merci Isabelle. Donc je vous, on va terminer ici avec une citation du livre. Il vient un temps où il faut accepter que notre peau raconte une autre histoire qu'il y a 20 ans et c'est vachement dur. Mais elle raconte aussi que je peux toujours embrasser, rire, rêver, aimer. Donc on va conclure cette émission avec cette belle phrase qu'on a envie de partager avec toutes les... personnes qui traversent cette transition. Ça peut être les femmes, mais les hommes aussi, ils traversent une transition. Ce n'est pas la même chose, c'est autre chose. C'est un livre que je vous recommande vraiment de lire parce que la fiction, ça nous aide aussi à comprendre vraiment ce qu'on vit. Le second printemps d'Isabelle Barry et c'est paru aux éditions 180 degrés. Est-ce que tu veux encore rajouter quelque chose pour terminer ? Non, je voulais te remercier simplement, Tandrine, de m'avoir invitée. Ça m'a fait très plaisir. Eh bien, merci. Merci pour ton livre, Isabelle. Et voilà, j'espère que cette émission vous aidera à cheminer, vous donnera l'envie d'aller découvrir ce beau livre. Et je vous dis à bientôt. Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Cordiaud, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

Description

Le second Printemps

Et si la cinquantaine n’était pas une fin, mais un second printemps ? Dans cet épisode, Sandrine Corbiau reçoit l’autrice Isabelle Barry pour parler de son roman touchant et lumineux, Le second printemps. Ensemble, elles abordent cette période de transition que vivent tant de femmes autour de 50 ans : ménopause, départ des enfants, quête de sens, transformation intérieure...

À travers le parcours d’Adèle, l’héroïne du livre, c’est tout un pan de vie qui se redessine : perdre ses repères, oser s’écouter, retrouver son rythme, et pourquoi pas… partir marcher sur le chemin de Compostelle.

Un échange sincère et profond sur les loyautés invisibles, les rôles qu’on quitte, la beauté de l’âge, le lien à la nature, et cette urgence douce de vivre pleinement. Un épisode qui fait du bien, qui réconforte, et qui donne envie de marcher vers soi, à son rythme.

🎧 À écouter si vous êtes en pleine traversée, si vous vous posez des questions… ou si vous avez juste envie d’une belle conversation entre femmes qui osent.


Cet épisode est soutenu par Be-Life, une entreprise belge qui propose, depuis plus de 30 ans, des compléments alimentaires naturels et bio pour favoriser notre bien-être.

Merci à Be-Life pour son engagement envers le bien-être et la santé.

Découvrez notamment Méno Complex, un complément naturel conçu pour contribuer au bien-être pendant la ménopause.


Ressources :

Le livre d'Isabelle Bary- Le Second Printemps


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « J'ai 50 ans et alors » , un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiot, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons parler de la transformation intérieure qu'on peut ressentir à l'âge autour de la cinquantaine. Alors c'est vrai qu'à cette période... Nous sommes nombreux, nombreuses, à traverser une certaine transition qui n'a pas vraiment de nom, une transition plutôt silencieuse, mais qui chamboule nos repères, la ménopause, les enfants qui grandissent et s'éloignent de nous, parfois une séparation, un deuil, une maladie, un épuisement ou encore une reconversion au niveau professionnel, de l'extérieur. tout va bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui change en nous, un mouvement profond qui se déclenche, quelque chose qui nous questionne et qui demande à changer. Cette quête de sens, ce besoin de se réinventer, de se rechoisir, c'est exactement ce que traverse Adèle, l'héroïne du nouveau roman d'Isabelle Barry, Le second printemps, dont on va parler aujourd'hui. Un livre qui a particulièrement résonné avec moi et mon histoire. puisque depuis des années, j'ai existé au travers de toutes les conférences parenthèses que j'ai organisées autour de l'éducation, de la pédagogie quand mes enfants étaient plus jeunes. C'était ma place, ma façon d'exister, mon engagement, mon identité. Et puis, mes enfants ont grandi et avec eux, mon rôle s'est transformé et j'ai dû aussi exister autrement. Et pour moi, cette transformation, elle est passée aussi avec la marche. Parce que quand on marche, il y a quelque chose qui se passe, on remet de l'ordre et il y a une connexion avec quelque chose de plus grand. Pour moi, cette transformation, elle s'est faite progressivement. Et aujourd'hui, comme j'attire peut-être ce que je traverse, j'accompagne de plus en plus les femmes dans cette période de transition pour les aider à retrouver cet équilibre. Et donc, à travers son roman, Isabelle Barry nous invite à réfléchir. Vieillir, est-ce une fin ou une renaissance ? Est-ce perdre quelque chose ou bien gagner un nouveau regard sur soi, sur le monde ? Donc, Isabelle Barry, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci d'être avec nous. Donc, tu es une auteure belge de renom. Depuis 20 ans, tu écris... des livres et aujourd'hui avec ce roman c'est une plongée intime dans cette expérience de vieillir au féminin. Bienvenue dans cette émission. Merci. Est-ce que tu peux, donc comme au début de chaque émission, j'aime bien prendre le temps de mieux connaître, de faire mieux connaître l'invité. Est-ce que tu peux prendre quelques minutes pour te présenter et expliquer un petit peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née à Villevore, je suis une vraie bruxelloise dans l'âme à la base. Mon papa est pur bruxellois francophone et ma maman est mi-anglaise, mi-flamande. Donc, j'aime bien dire que je suis un doux mélange de tout ça. Donc, j'ai grandi à Bruxelles, dans le nord de Bruxelles. Et puis, j'ai fait des études qui ne me correspondaient pas du tout. J'ai fait ingénieur commercial à Solvay. Chercher l'erreur parce qu'en fait, j'étais hyper littéraire. J'ai toujours été hyper littéraire. Mais je pense que j'ai été poussée dans le dos par mes professeurs et par mes parents, ma famille, qui me disaient justement, et c'est un peu aussi le propos du livre, tu es une femme, donc tu vas devoir te battre plus qu'un homme, donc tu dois faire des études qui sont ouvertes, complexes, qui vont te donner un nom, une renommée. Donc je les ai écoutées parce que je suis, voilà, j'étais une enfant sage et pleine de loyauté par rapport à tout ça. Que je ne regrette absolument pas aujourd'hui d'ailleurs ces études, parce qu'elles m'ont quand même apporté une manière de raisonner dont je me sers encore aujourd'hui. Puis j'ai, après mes études... J'ai travaillé, puis j'ai arrêté mes études pour aller faire un tour du monde. Donc, première grande marche. Tu parlais de marcher tout à l'heure. On a évidemment beaucoup marché là. On est partis neuf mois sac à dos. Tu étais seule ? Non, j'étais avec mon compagnon de l'époque, qui est encore mon mari aujourd'hui. Donc, voilà, c'est une histoire au long terme, ça aussi. Et puis, quand je suis rentrée, j'ai retrouvé du boulot. Il fallait, puisqu'on n'avait plus de sous du tout. Donc on a un peu recommencé une vie à deux. Et puis là, j'ai créé une société d'événements, dans laquelle je suis restée plus ou moins sept ans, jusqu'à ce que je tombe enceinte de mon premier fils, et que je décide de reprendre cette épopée de neuf mois autour du monde, et de l'écrire. Et ça pour moi c'était très important, c'était de pouvoir... passer ce que j'avais vécu. Et c'est comme ça qu'est sorti mon premier livre en 2005 qui s'appelait Globe Story.

  • Speaker #0

    Et depuis lors, tu as écrit 7, 8,

  • Speaker #1

    une dizaine de livres.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu évolues avec tes livres ? Est-ce que c'est toujours un peu en lien avec ce que toi tu traverses ? Quels sont les sujets ? Comment tu définis les sujets ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que je vis. intrinsèquement, mais aussi ce qui se passe autour de moi. J'ai toujours écrit, c'est vivre, c'est un peu ça. En fait, on vit, on ne fait pas attention, on ne se dit pas quel va être le sujet de mon prochain bouquin. On vit, puis tout à coup, j'ai l'impression que ça vient à moi. Par exemple, j'avais un livre comme ça qui parle des secrets de famille. Là, c'est ma maman qui a débarqué à la maison avec des photos de mon grand-père et qui a commencé à me raconter une histoire sur mon grand-père que je ne connaissais pas du tout. Et je lui ai dit, mais maman, pourquoi tu m'as jamais raconté ça ? C'est hyper romanesque. Et elle me dit, mais ça ne s'est jamais mis. Et en fait, c'était une histoire de secret. Et du coup, j'ai eu envie de parler des secrets de famille. Donc, tout me vient un petit peu comme ça. C'est la vie qui me montre, à un moment donné, qui met sur mon chemin quelque chose dont j'ai envie de parler, que j'ai envie de partager.

  • Speaker #0

    C'est génial. Et l'écriture, c'est un peu pour toi, ta bulle ?

  • Speaker #1

    Ah oui, carrément ma bulle. Oui, c'est un peu comme marcher. Moi, j'aime bien aller marcher. J'habite près d'une forêt, carrément dans une forêt. J'ai dit une forêt, mais ce n'est pas vrai, c'est un bois. C'est une minuscule forêt. Et j'aime vraiment bien aller marcher, même marcher seule en fait. J'aime bien, parce que souvent on me dit, l'écriture, mais tu es tout le temps toute seule. Mais oui et non, parce qu'en fait quand on marche seule, déjà on n'est pas seule. On se rend compte qu'on appartient au vivant, à un environnement qui est là. On commence à entendre les petits oiseaux qu'on n'entendait pas quand on était super occupé. C'est très chouette de se retrouver seule dans la nature, parce que justement on n'est pas seule. Et avec mes personnages, je ne suis pas seule non plus. Ça fait toujours un peu bateau. L'écrivain qui dit « je suis avec mes personnages, je ne suis pas tout seul » , mais c'est vrai en fait, on est dans une histoire et dans une histoire on est accompagné.

  • Speaker #0

    Et tu les fais vivre à travers la nature, la marche, c'est ça qui t'éveille ?

  • Speaker #1

    Oui, disons que parfois on me dit « la page blanche, est-ce que ça ne t'arrive jamais ? » Je dis « ça peut arriver qu'on soit un peu bloqué, mais alors au lieu de rester coincé derrière mon bureau, souvent je dépose tout et si je vais marcher, souvent ça me débloque. » Il y a la marche et la douche aussi, ça marche très bien.

  • Speaker #0

    Mais donc, si je comprends bien dans ton parcours, c'est la marche ou l'arrivée de ton premier enfant qui a fait que tu as eu envie de te convertir, de faire cette conversion au niveau de l'écriture ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai l'impression que dès qu'on s'écarte d'une forme d'habitude, de confort, du quotidien, qui n'est pas toujours confortable d'ailleurs, mais dans lequel on revient à chaque fois, d'une sorte de métro-boulot-dodo, On revient à sa source profonde et ça on l'a quand on marche, on l'a quand on écrit. Mais je l'ai eu aussi par exemple en faisant mon tour du monde parce que qu'est-ce qui s'est passé quand on était en tour du monde ? C'est que moi j'ai commencé à prendre des notes de tout ce qu'on faisait la journée. J'ai commencé à écrire un carnet comme un carnet de voyage et mon compagnon lui qui est très chiffre, lui faisait les comptes. Mais on n'en a jamais discuté avant, on a chacun pris nos carnets et lui par nature il a commencé à dire bon faudrait peut-être qu'on fasse les comptes. Moi, je m'en foutais complètement des contes. Si, ça m'intéresse, mais je me sentais moins concernée. Mais moi, je voulais absolument qu'on n'oublie rien de toute cette histoire. Et je voulais noter nos sentiments, nos émotions. Et donc, on a tous les deux choisi notre chemin en fonction de notre nature profonde. Et c'est ça, c'est quand on s'écarte de notre quotidien habituel qui nous ramène toujours à nous bourrer la tête du matin au soir, à nous occuper. On se retrouve dans des moments de silence. Et ces moments de silence nous ramènent à nous. Et ça je retrouve et dans l'écriture, et dans la marche, et dans le voyage.

  • Speaker #0

    Un livre c'est un peu comme une mise au monde.

  • Speaker #1

    Pour toi ? Complètement.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Parce qu'il y a le fait de concevoir, bien sûr, le fait de porter le livre. Et puis le fait, à un moment donné, qu'il soit donné quelque part en partage. Et là, à ce moment-là, le livre ne nous appartient plus. Et j'ai envie de dire qu'avec les enfants, c'est un peu la même chose. On les élève pour qu'ils s'en aillent, même si c'est dur au moment où ils s'en vont.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que c'est tellement... C'est important cette mise au monde et puis de pouvoir lâcher après ce qu'on a créé, ce qu'on a mis au monde. Quelles sont tes valeurs au quotidien et comment est-ce que ça se transparaît dans tes livres ?

  • Speaker #1

    Je pense que la principale, c'est l'amour parce que ça englobe tout. Je pense qu'aimer avec un grand A, mais aimer d'amour... C'est un... Son compagnon, ses enfants, bien sûr, ça c'est l'amour auquel on pense peut-être d'abord, cette version-là de l'amour, mais c'est aussi aimer sa vie, aimer l'environnement qu'on a autour de nous, aimer son corps, même s'il périclite, c'est le sujet, quand on vieillit. Je pense que si on met de l'amour dans tout, on finit par avoir une vie plus belle et donc pour moi c'est très important.

  • Speaker #0

    Alors par rapport à ton livre, Le second printemps, pourquoi ce titre ?

  • Speaker #1

    Alors pourquoi ce titre ? Parce que mon héroïne, elle est à l'automne de sa vie. Et l'automne, moi j'aime beaucoup l'automne, mais ça ne laisse rien présager de très joli. Quand on en parle en général, l'automne, on voit les feuilles qui se fanent, on voit le début de l'hiver. Ce n'est pas très réjouissant et j'avais quand même envie de faire un livre réjouissant. Et puis en me renseignant, je me suis rendue compte qu'en Japon, on appelait la ménopause le second printemps. J'ai trouvé ça dingue en fait. Je me suis dit mais c'est fou comme dans les mots, on peut déjà donner l'intention qu'on va mettre dans un moment de vie. Quand on dit ménopause, le mot ne sonne pas forcément très joli, il a une consonance avec beaucoup de... comment dire, pas de tabou, mais quand même, oui, des tabous, on peut dire ça. Mais le second printemps, c'est tellement beau. Ça dit tellement tout ce que ça veut dire. Et ça donne tellement d'espoir dans cette période. C'est-à-dire, voilà, ton printemps, il n'est plus là. Tu n'as plus 20 ans, tu n'as plus 30 ans, tu n'as plus 40 ans. Mais il y a un deuxième qui arrive. Et je trouve que rien que de le nommer comme ça, ça donne une dimension tout autre à la période qui va nous arriver.

  • Speaker #0

    Une dimension plus poétique, plus joyeuse. Tout à fait. Donc j'ai envie de vous lire un petit passage de son livre, de ton livre Isabelle, parce que j'adore, parce que tu utilises des mots qui sont, voilà, tu ne passes pas par quatre chemins et ça nous parle directement. Ici, tu décris un petit peu ce qui se passe à 50 ans, la femme qui vit la ménopause. Ça m'a fait beaucoup sourire. Donc mon souffle court, mes règles subitement interrompues, cette colonoscopie prescrite avec insistance. par mon médecin et que je réchine à subir, les bouffées de chaleur, le spleen pour rien, les publicités récurrentes qui inondent mon écran, produits contre la sécheresse vaginale ou les fuites urinaires, exercices pour ventre mou, gaines automassantes, assurance pension, cours de céramique, magasine, 50+, tout me criait la fin du monde. Donc Adèle, elle réalise à un moment donné qu'elle appartient désormais au passé. Comment est-ce qu'elle va s'en sortir là-dedans ? Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment donné, elle va réaliser qu'il y a autre chose derrière tout ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'Adèle, elle n'a pas envie de vieillir. Elle ne vieillit pas. Dans sa tête, elle a toujours 30 ans. Ses enfants sont toujours... Petit, son mari est toujours jeune, sa maman est toujours fringante. Et elle refuse de voir qu'elle vieillit. À un moment donné, c'est le monde qui va le lui dire. Mais le monde va le lui dire de façon très peu délicate. D'abord, elle va perdre son job et son patron, qui est aussi un ami, va le lui dire de but en blanc et va lui dire carrément « Écoute, on veut du vent frais à l'antenne puisqu'elle est animatrice radio. » Et donc, elle va se prendre une énorme claque. Une monstrueuse claque et elle ne s'y attendait pas du tout. Elle ne s'y est pas du tout préparée. Et donc comment est-ce qu'elle va rebondir ? C'est qu'à un moment donné, elle va se dire « Mais c'est moche, mais moi je n'ai pas envie de ça en fait. Je n'ai pas envie de ce qu'on me propose. Des gaines de massage pour ventre mou, tout ça. Moi je ne veux pas. Je veux continuer à vivre comme je... Pourquoi est-ce que je dois rentrer dans une autre case ? Pourquoi est-ce qu'on me pousse dans une autre dimension ? Je veux juste continuer mon chemin. Jusque-là, on ne m'a rien dit. Entre 20 ans, 30 ans, 40 ans, on ne m'a rien dit. Là, tout à coup... J'ai l'impression qu'on me pousse dans un gouffre, qu'on me demande de changer et je n'ai pas envie de changer. Et donc, qu'est-ce qui va se passer ? C'est qu'à un moment donné, elle va... Elle va rentrer un petit peu en révolte. Alors d'abord tout gentiment, elle va se faire un petit tatouage. Elle va s'énerver alors qu'elle ne s'énerve jamais. Voilà, et petit à petit, elle se rend compte qu'en fait tout le monde s'en fout. Qu'on ne la prend pas au sérieux, qu'on rigole un peu ou qu'on fait semblant qu'on n'a pas entendu. Qu'on lui dit écoute, de toute façon arrête de râler parce que le monde autour va tellement mal, de quoi tu te plains ? Et elle dit je dois pousser le bouchon plus loin. Et un jour, alors qu'elle a très très peur de l'avion et qu'elle doit prendre l'avion avec son mari, Elle en a marre parce qu'il est tout le temps en retard. D'habitude, elle aurait raté l'avion avec lui parce qu'il est en retard. Et là, elle décide de le prendre. Et pour elle, ça va être vraiment un élément déclencheur parce qu'elle va se retrouver. Ça va être terrible pour elle parce qu'elle ne veut pas faire ça. Mais quelque chose la pousse. Elle dit je dois faire quelque chose parce que sinon je vais rester dans une forme de loyauté, mais qui ne me plaît plus, qui ne sait plus moi. Et donc, elle va prendre cet avion et c'est là que son aventure va commencer.

  • Speaker #0

    Et au niveau loyauté, effectivement, à un moment donné, tu expliques que son mantra, c'était dépendre, appartenir, servir. À un moment donné, elle se rend compte que ce soit dans son couple, dans son boulot, avec ses enfants, il y a tout qui crie. À un moment donné, ça ne fonctionne plus. Je pars. Et donc, elle s'en va. Et je n'ai pas envie de raconter tout le livre, mais il y a quelque chose qui va faire qu'elle va... se reconstruire ou en tout cas redécider de fonctionner autrement ? Comment est-ce que la marche, comment est-ce que le voyage va l'y aider ?

  • Speaker #1

    Alors le voyage, pour moi, il y a deux choses. Il y a le fait de se retrouver soi, comme on disait tout à l'heure, de se retrouver face à ces éléments naturels. Et puis, il y a l'autre chose qui sont les rencontres. Et donc, elle va entreprendre une marche sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. poussée dans le dos par une vieille féministe de 80 ans. Et elle va faire des rencontres extraordinaires. Et ce sont ces rencontres-là qui font aussi changer l'esprit, qui font ouvrir l'esprit. Parce qu'on n'est jamais sur le chemin de Saint-Jacques pour rien. Et ça, je le sais parce que je l'ai fait. J'en ai fait un bout avec mon fils pendant sept jours. Et tous les gens que j'ai rencontrés, puis nous-mêmes, on s'est rendu compte qu'on n'y était pas pour rien. On venait y chercher, parfois inconsciemment, parfois très consciemment, des gens qui sont en réparation, qui viennent sur le chemin pour se réparer. Mais souvent aussi, inconsciemment, on est sur le chemin parce qu'on se dit « oh, j'ai envie d'aller marcher » . Mais en fait, on n'y est pas pour rien, sinon on va faire une balade dans les bois. Si on est sur le chemin de Saint-Jacques, c'est qu'il y a une quête quelque part. Et ça, c'est ce qu'apporte le voyage. C'est cette espèce de quête, parfois inconsciente, qui est révélée au fur et à mesure du voyage et du chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, on est avec Isabelle Barry, on parle de son dernier roman, « Le second printemps » . Et donc, on parlait de marcher sur Compostelle. Ce n'est pas pour rien qu'on y est. Qu'est-ce qui se passe en fait dans la tête d'Adèle à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors Adèle va avoir énormément de mal à couper les ponts, évidemment, parce que ce qu'elle entreprend là, alors que pour quelqu'un ça pourrait paraître banal, pour elle qui a toujours été loyale et très très attachée à sa famille, partir comme ça sur un coup de tête et dire non écoutez, en fait moi je pars foutez-moi la paix pendant un mois, deux mois, je ne sais pas, mais j'ai besoin de me reconstruire. C'est vraiment un acte, c'est poser un acte, j'ai envie de dire presque violent. par rapport à elle-même pour effectivement se redécouvrir. Et elle va devoir couper ce qu'elle appelle ses rubans. Alors elle a une amie, Cathy, qui elle ne vit pas sa cinquantaine du tout de la même manière et qui appelait toutes ses loyautés des chaînes. Et Adèle dit non, ce ne sont pas des chaînes, ce sont des rubans de soie et je n'ai pas envie de les couper. Et pourtant, elle va devoir les couper à un moment pour se retrouver. C'est ce qu'elle va faire. Elle va couper ses rubans. Elle va apprendre à marcher seule, à être seule et plus dans la dépendance tout le temps de l'autre. Et ça va être au début très très compliqué pour elle. Elle a peur d'ailleurs de chaque fois d'abandonner ou de chaque fois reconstruire ses rubans. Elle a vraiment beaucoup de mal à éteindre son GSM, à ne le regarder que de temps en temps parce qu'elle ne veut tout de même pas complètement tout arrêter. Et elle a peur aussi que des choses se passent sans elle, que pendant qu'elle est occupée à ruminer tout ça toute seule, le monde change de l'autre côté, qu'on ne l'aime plus. Et ça, c'est terrible pour elle.

  • Speaker #0

    De se rendre compte qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu ou qu'il y a quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    Mais qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu et cette peur aussi qu'on ne l'aime plus quand elle revient, qu'elle ait raté un tournant, que la vie ait continué sans elle. Toujours cette peur qu'on prenne le train sans elle, qu'on prenne la vie sans elle. À un moment donné, elle va rencontrer Clément et Clément, elle va dire j'ai peur qu'on arrête de m'aimer et Clément va lui dire mais... Moi je crois que quand on aime vraiment profondément quelqu'un, on l'aime pour la vie, c'est pas ça ta crainte. En fait ta crainte c'est est-ce qu'on t'a jamais aimé ? Et ça c'est une autre question et ça n'a plus rien à voir avec le fait de changer, de vieillir. C'est ce qu'on t'a jamais aimé. Si on t'a un jour aimé profondément, on continuera à t'aimer quand tu rentreras.

  • Speaker #0

    Peut-être avec une couche en moins, un masque en moins, quelque chose qu'on a laissé en chemin.

  • Speaker #1

    On a ôté en chemin, oui.

  • Speaker #0

    Moi, je marche sur Compostelle. Chaque année, je reprends le chemin. Et chaque année, c'est une mise à jour, en fait. C'est comme si j'enlevais des couches. Je laisse derrière moi ce que je n'ai plus besoin. Je me reconnecte aux pas, au rythme humain. Et je sens qu'il y a quelque chose de plus grand qui m'accompagne. Je fais des rencontres qui sont juste magnifiques. Et des rencontres où on rencontre vraiment les gens tels qu'ils sont, en fait, sans avoir à porter un quelconque masque ou un rôle. Et ce qui m'a beaucoup touchée dans ton roman, c'est... Est-ce que ce n'est pas le deuil des rôles qu'on joue ? Est-ce que ce n'est pas le deuil de tous les rôles qu'elle a joués, qu'elle est amenée à faire en marchant ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'ailleurs, au début, elle trébuche, elle tombe. Et souvent, je trouve que dans la marche, dans le rythme, elle n'est pas à son rythme au début. Elle marche trop vite. Elle a trop chaud. Elle a mal. Elle est mal à l'aise avec son sac à dos. Et elle chute. Et elle se rend compte, en fait, que la marche représente un peu sa vie. Quelque part, il y a... La façon dont elle marche au début, en tout cas, représente ses loyautés, sa vie. Elle essaye de faire bien. Elle essaye de marcher bien. De marcher comme il faut. Et puis, petit à petit, évidemment, elle va s'en ficher complètement de savoir si elle a la première arrivée ou la dernière, ou si elle s'est arrêtée. Parce qu'elle va commencer à marcher à son propre rythme. Et à un moment donné, elle va le dire aussi, elle dit, moi, je crois que 3 km heure, c'est mon rythme. C'est ça, je veux marcher à ce rythme-là, moi. Et tous les gens qu'elle va rencontrer, en fait, ils vont marcher soit devant elle, soit derrière elle, soit un petit bout avec elle. Et se retrouver soit dans les gîtes, soit à midi pour manger. Mais chacun, quelque part, va prendre son propre rythme. Et ça, c'est la découverte qu'elle va faire. Elle dit en fait, je peux être avec les autres à mon propre rythme. Et ça, c'est une découverte magique pour elle. Parce que pour elle, être avec les autres, c'était être au rythme des autres. Et ça, c'est la marche qui va le lui apprendre et les gens qu'elle va rencontrer qui vont le lui faire comprendre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ce serait ça, vieillir ? Être à son rythme ?

  • Speaker #1

    Je crois que quand on vieillit, en tout cas, c'est une des joies de vieillir. J'ai aussi moi-même, personnellement, cherché beaucoup où étaient ces joies. Parce que bon, quand même, physiquement, on périclite quand même un peu. On attrape des petits bobos qui ne sont pas forcément agréables. On apprécie un petit peu moins peut-être son visage dans le miroir le matin. On le trouve peut-être moins frais. Alors, ce n'est pas nous qui trouvons ça. Je pense que c'est la société qui nous dit ça. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on ne peut plus vieillir. Parce qu'on pourrait être beau et vieux. Mais on nous dit, être beau, c'est être jeune. C'est pour ça que beaucoup de femmes se mettent du Botox. Être beau, c'est être jeune et c'est faux. Être beau, ce n'est pas être jeune. Être beau, c'est être beau. Point barre. Et donc, je ne sais plus du tout la question que tu me posais au début. Donc, j'ai digressé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, vieillir. C'est accéder à son rythme. Et peut-être, par rapport à la beauté, d'avoir une autre forme de beauté, une autre forme d'ouverture, quelque chose qui vient plus. Je parlais en début d'émission, quelque chose qui vient plus de l'intérieur, quelque chose qui est plus mûr, qui est plus présent peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, et ça, c'est aussi très chouette, c'est de l'accepter. On peut l'accepter à un moment donné. Et ça, c'est une des beautés de l'âge. Si on l'accepte, de nouveau, si on veut rester jeune tout le temps, à mon avis, on sera face à un mur et ça sera très compliqué. Mais si on l'accepte, on peut commencer à voir la beauté ailleurs. Évidemment, on pense tout de suite le physique, le mental, mais même il y a plein d'autres choses qui se dévoilent. Un côté spirituel que moi, je n'avais pas quand j'avais 30, 40 ans, que j'ai développé plus tard et que je trouve vraiment incroyable. Je vois avec mes enfants, parfois c'est rigolo parce qu'ils me prennent parfois pour une œil d'y aller. Tu vas aller embrasser ton arbre et on rigole beaucoup avec ça. Et je rigole aussi en me disant, mais vous verrez, un jour vous aurez mon âge et vous aurez peut-être aussi envie d'aller embrasser des arbres. Voilà, donc je trouve qu'il y a une magie aussi à vieillir, mais il faut aller la déceler. Et ce n'est pas facile parce que l'entourage... ne nous aide pas par rapport à ça. On n'est pas dans une culture où on est aidé et accompagné dans l'âge. Tout à coup, une femme, elle a la ménopause et on lui dit « t'as débouffé de chaleur, c'est normal, prends tes médicaments, ça passera » . Et on n'a pas envie d'entendre ça, en fait. On a envie d'être accompagné dans ce qu'on est occupé à vivre et ce n'est pas le cas.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas le cas. Et ça demande parfois de faire une pause, une vraie pause.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc, ça peut être de la marche, ça peut être quelqu'un qui nous accompagne sur ce chemin, quelqu'un qui nous comprend. qui nous aide à comprendre où on en est. Tu parles à un moment donné de No Woman's Land, cette espèce d'entre-deux où les femmes ne sont ni jeunes, ni vieilles, ni complètement visibles aux yeux du monde. Ce serait comme ça que la société voit cette période ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a une belle illustration. C'est vraiment l'absence dans le cinéma des femmes entre 50 et 65 ans. C'est très rare de voir ces femmes-là. On a soit les jeunes femmes qui jouent des rôles de jeunes femmes, soit on a les grands-mères qui jouent les rôles de grands-mères, mais entre les deux, avoir des femmes entre 50 et 65 ans qui jouent des rôles de femmes entre 50 et 65 ans, c'est très très rare. Alors il y en a. Mais elles jouent des rôles de femmes de 40 et elles sont complètement maquillées ou botoxées ou complètement refaites. On en a eu beaucoup ces derniers temps qui ont joué ces rôles-là et qui jouaient d'ailleurs leur propre rôle. Mais pour moi, c'est quelque part la preuve de cette existence-là. Elle est dans les images qui nous entourent. Ces femmes-là ne sont pas présentes, en fait, on ne les voit pas. Elles font soit plus jeunes, soit ce sont des grands-mères et alors on les considère comme des grands-mères. Donc il y a cette espèce de no-woman's land, de flottement, qui est à la fois terrible parce qu'on se dit, on a l'impression de ne pas exister. On se dit, mais où ? Je suis là. J'existe avec le visage que j'ai, le corps que j'ai, l'âme, le mental que j'ai. Mais c'est comme si on ne nous voyait plus, qu'on était transparent. Vous savez, comme parfois on est à ce dîner et on essaie de dire quelque chose, il n'y a personne qui écoute. Ça nous est déjà tous arrivé, je pense. Mais on a l'impression d'être dans cet état-là. tout le temps. Mais d'un autre côté, à un moment donné, il faut saisir cette chance et dire je suis dans un ballottement et dans un ballottement, tout est possible en fait. On peut reprendre tous les tournants de vie possibles. C'est chouette si on ne nous voit pas trop. Du coup, on peut décider du tournant qu'on va prendre sans faire de bruit. Et après, il sera temps de se réaffirmer.

  • Speaker #0

    Et toi, tu la vis comment cette transition dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai d'abord vécu pas très bien. Ce que je trouve, c'est une claque. J'ai deux claques dans ma vie. La première claque, c'était la naissance de mon premier fils parce que j'avais une image très... Alors, j'ai adoré cette période. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai adoré cette période. Mais de nouveau, on n'est pas accompagné. On n'est pas dans des cultures où on est accompagné. Donc, c'est paf l'hôpital. C'est super aseptisé. On accouche. Et puis moi, dans ma naïveté crasse, j'avais mon jeans taille 36 avec moi. Et je pensais qu'après avoir accouché, j'allais rentrer dedans et puis rentrer à la maison. Tout allait être nickel, je ne savais pas que j'allais avoir mal, que ça allait être dur les nuits, que parfois j'allais encore être à midi en pyjama, qu'il y aurait aussi des petits désagréments. Non, non, moi je nous voyais courir sur la plage, le grand bonheur, à trois, au ralenti, comme on peut imaginer sur les belles images. Donc ça, c'était la première claque. La deuxième claque, pour moi, ça a vraiment été la ménopause. Parce que la même chose, c'était, oui, mais t'inquiète pas, aujourd'hui on ne vieillit pas comme avant, c'est cool, il y a les médicaments, et puis il y a tous les compléments. naturel et tu vois, c'est génial de vieillir. Et puis, en fait, quand c'est arrivé, je n'ai pas trouvé ça génial. J'ai eu mes bouffées de chaleur, je n'ai pas trouvé ça drôle du tout. Je trouve que le monde qui nous entoure n'est pas drôle. Je n'ai pas... Ce n'était pas forcément chouette. Je n'aime pas voir ma peau qui se ride. Je ne trouve pas ça joli. Je préférais avant, mais de nouveau, c'est parce que la société m'a conditionnée comme ça. voir les enfants qui quittent le nid, alors que j'avais des amis aussi qui disaient « Tu vas voir, tu vas pouvoir retrouver une vie à deux, ou une vie où tu vas pouvoir faire plein de choses. » Moi, j'ai envie de garder mes enfants près de moi. J'ai envie qu'ils continuent à faire partie de ma vie. Et petit à petit, j'ai dû transformer tout ça en quelque chose de positif, en disant « Les enfants ont toujours grandi. Ce n'est pas parce qu'ils s'en vont, qu'à un moment donné, tu n'es plus là dans leur vie. Ce n'est pas parce que tu vieillis que tu n'es plus une belle femme, dans son sens général. » Ce n'est pas quelques bouffées de chaleur qui vont t'anéantir pour ta journée, ta vécu pire. Et donc, petit à petit, il y a cette transformation qui s'installe, mais elle passe par une forme d'acceptation dans laquelle je trouve de nouveau que notre société nous accompagne très mal.

  • Speaker #0

    Et elle peut prendre du temps.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça ne se fait pas en deux mois. Et finalement, c'est un tournant dans ta vie. C'est quel tournant ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un tournant... C'est un tournant qui me fait aussi penser que ce qui est devant nous, il faut absolument en profiter. Parce qu'on se rend compte, du coup, c'est comme si on nous disait tout à coup, coucou, tu es arrivé à trois quarts de ta vie.

  • Speaker #0

    Ou la moitié.

  • Speaker #1

    Ou la moitié, oui. Enfin, alors l'autre moitié, un 110 ans quand même. Il va falloir faire des gros progrès en médecine. Mais voilà, ça sonne un peu le glas, j'ai envie de dire. Et tout à coup, il y a une urgence à vivre. Et ça, c'est à la fois quelque chose de fabuleux et quelque chose de très paniquant. Parce qu'on se dit... Mais je ne vais plus perdre mon temps, moi. Je ne veux plus perdre mon temps avec des choses qui ne me plaisent plus. Et on se rend compte qu'en fait, on fait plein de choses qui ne nous plaisent pas franchement. Alors d'un autre côté, évidemment, il y a les contingences du quotidien. Il faut manger à la fin du mois, on s'entend, on ne fait pas que ce qui nous plaît dans la vie. Et cette urgence à vivre, elle est à la fois paniquante et à la fois formidable. Parce que du coup, on ne s'ennuie plus avec les petites choses. On ne s'ennuie plus avec la personne qui sait... engueuler avec nous il y a deux jours et avec qui on va dire ou bien on passe au-dessus ou bien tu restes tout seul dans ton problème, on ne s'embête plus à voir des gens qu'on n'a plus envie de voir et ça c'est un côté génial.

  • Speaker #0

    Merci Isabelle. Donc je vous, on va terminer ici avec une citation du livre. Il vient un temps où il faut accepter que notre peau raconte une autre histoire qu'il y a 20 ans et c'est vachement dur. Mais elle raconte aussi que je peux toujours embrasser, rire, rêver, aimer. Donc on va conclure cette émission avec cette belle phrase qu'on a envie de partager avec toutes les... personnes qui traversent cette transition. Ça peut être les femmes, mais les hommes aussi, ils traversent une transition. Ce n'est pas la même chose, c'est autre chose. C'est un livre que je vous recommande vraiment de lire parce que la fiction, ça nous aide aussi à comprendre vraiment ce qu'on vit. Le second printemps d'Isabelle Barry et c'est paru aux éditions 180 degrés. Est-ce que tu veux encore rajouter quelque chose pour terminer ? Non, je voulais te remercier simplement, Tandrine, de m'avoir invitée. Ça m'a fait très plaisir. Eh bien, merci. Merci pour ton livre, Isabelle. Et voilà, j'espère que cette émission vous aidera à cheminer, vous donnera l'envie d'aller découvrir ce beau livre. Et je vous dis à bientôt. Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Cordiaud, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

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Description

Le second Printemps

Et si la cinquantaine n’était pas une fin, mais un second printemps ? Dans cet épisode, Sandrine Corbiau reçoit l’autrice Isabelle Barry pour parler de son roman touchant et lumineux, Le second printemps. Ensemble, elles abordent cette période de transition que vivent tant de femmes autour de 50 ans : ménopause, départ des enfants, quête de sens, transformation intérieure...

À travers le parcours d’Adèle, l’héroïne du livre, c’est tout un pan de vie qui se redessine : perdre ses repères, oser s’écouter, retrouver son rythme, et pourquoi pas… partir marcher sur le chemin de Compostelle.

Un échange sincère et profond sur les loyautés invisibles, les rôles qu’on quitte, la beauté de l’âge, le lien à la nature, et cette urgence douce de vivre pleinement. Un épisode qui fait du bien, qui réconforte, et qui donne envie de marcher vers soi, à son rythme.

🎧 À écouter si vous êtes en pleine traversée, si vous vous posez des questions… ou si vous avez juste envie d’une belle conversation entre femmes qui osent.


Cet épisode est soutenu par Be-Life, une entreprise belge qui propose, depuis plus de 30 ans, des compléments alimentaires naturels et bio pour favoriser notre bien-être.

Merci à Be-Life pour son engagement envers le bien-être et la santé.

Découvrez notamment Méno Complex, un complément naturel conçu pour contribuer au bien-être pendant la ménopause.


Ressources :

Le livre d'Isabelle Bary- Le Second Printemps


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « J'ai 50 ans et alors » , un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiot, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons parler de la transformation intérieure qu'on peut ressentir à l'âge autour de la cinquantaine. Alors c'est vrai qu'à cette période... Nous sommes nombreux, nombreuses, à traverser une certaine transition qui n'a pas vraiment de nom, une transition plutôt silencieuse, mais qui chamboule nos repères, la ménopause, les enfants qui grandissent et s'éloignent de nous, parfois une séparation, un deuil, une maladie, un épuisement ou encore une reconversion au niveau professionnel, de l'extérieur. tout va bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui change en nous, un mouvement profond qui se déclenche, quelque chose qui nous questionne et qui demande à changer. Cette quête de sens, ce besoin de se réinventer, de se rechoisir, c'est exactement ce que traverse Adèle, l'héroïne du nouveau roman d'Isabelle Barry, Le second printemps, dont on va parler aujourd'hui. Un livre qui a particulièrement résonné avec moi et mon histoire. puisque depuis des années, j'ai existé au travers de toutes les conférences parenthèses que j'ai organisées autour de l'éducation, de la pédagogie quand mes enfants étaient plus jeunes. C'était ma place, ma façon d'exister, mon engagement, mon identité. Et puis, mes enfants ont grandi et avec eux, mon rôle s'est transformé et j'ai dû aussi exister autrement. Et pour moi, cette transformation, elle est passée aussi avec la marche. Parce que quand on marche, il y a quelque chose qui se passe, on remet de l'ordre et il y a une connexion avec quelque chose de plus grand. Pour moi, cette transformation, elle s'est faite progressivement. Et aujourd'hui, comme j'attire peut-être ce que je traverse, j'accompagne de plus en plus les femmes dans cette période de transition pour les aider à retrouver cet équilibre. Et donc, à travers son roman, Isabelle Barry nous invite à réfléchir. Vieillir, est-ce une fin ou une renaissance ? Est-ce perdre quelque chose ou bien gagner un nouveau regard sur soi, sur le monde ? Donc, Isabelle Barry, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci d'être avec nous. Donc, tu es une auteure belge de renom. Depuis 20 ans, tu écris... des livres et aujourd'hui avec ce roman c'est une plongée intime dans cette expérience de vieillir au féminin. Bienvenue dans cette émission. Merci. Est-ce que tu peux, donc comme au début de chaque émission, j'aime bien prendre le temps de mieux connaître, de faire mieux connaître l'invité. Est-ce que tu peux prendre quelques minutes pour te présenter et expliquer un petit peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née à Villevore, je suis une vraie bruxelloise dans l'âme à la base. Mon papa est pur bruxellois francophone et ma maman est mi-anglaise, mi-flamande. Donc, j'aime bien dire que je suis un doux mélange de tout ça. Donc, j'ai grandi à Bruxelles, dans le nord de Bruxelles. Et puis, j'ai fait des études qui ne me correspondaient pas du tout. J'ai fait ingénieur commercial à Solvay. Chercher l'erreur parce qu'en fait, j'étais hyper littéraire. J'ai toujours été hyper littéraire. Mais je pense que j'ai été poussée dans le dos par mes professeurs et par mes parents, ma famille, qui me disaient justement, et c'est un peu aussi le propos du livre, tu es une femme, donc tu vas devoir te battre plus qu'un homme, donc tu dois faire des études qui sont ouvertes, complexes, qui vont te donner un nom, une renommée. Donc je les ai écoutées parce que je suis, voilà, j'étais une enfant sage et pleine de loyauté par rapport à tout ça. Que je ne regrette absolument pas aujourd'hui d'ailleurs ces études, parce qu'elles m'ont quand même apporté une manière de raisonner dont je me sers encore aujourd'hui. Puis j'ai, après mes études... J'ai travaillé, puis j'ai arrêté mes études pour aller faire un tour du monde. Donc, première grande marche. Tu parlais de marcher tout à l'heure. On a évidemment beaucoup marché là. On est partis neuf mois sac à dos. Tu étais seule ? Non, j'étais avec mon compagnon de l'époque, qui est encore mon mari aujourd'hui. Donc, voilà, c'est une histoire au long terme, ça aussi. Et puis, quand je suis rentrée, j'ai retrouvé du boulot. Il fallait, puisqu'on n'avait plus de sous du tout. Donc on a un peu recommencé une vie à deux. Et puis là, j'ai créé une société d'événements, dans laquelle je suis restée plus ou moins sept ans, jusqu'à ce que je tombe enceinte de mon premier fils, et que je décide de reprendre cette épopée de neuf mois autour du monde, et de l'écrire. Et ça pour moi c'était très important, c'était de pouvoir... passer ce que j'avais vécu. Et c'est comme ça qu'est sorti mon premier livre en 2005 qui s'appelait Globe Story.

  • Speaker #0

    Et depuis lors, tu as écrit 7, 8,

  • Speaker #1

    une dizaine de livres.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu évolues avec tes livres ? Est-ce que c'est toujours un peu en lien avec ce que toi tu traverses ? Quels sont les sujets ? Comment tu définis les sujets ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que je vis. intrinsèquement, mais aussi ce qui se passe autour de moi. J'ai toujours écrit, c'est vivre, c'est un peu ça. En fait, on vit, on ne fait pas attention, on ne se dit pas quel va être le sujet de mon prochain bouquin. On vit, puis tout à coup, j'ai l'impression que ça vient à moi. Par exemple, j'avais un livre comme ça qui parle des secrets de famille. Là, c'est ma maman qui a débarqué à la maison avec des photos de mon grand-père et qui a commencé à me raconter une histoire sur mon grand-père que je ne connaissais pas du tout. Et je lui ai dit, mais maman, pourquoi tu m'as jamais raconté ça ? C'est hyper romanesque. Et elle me dit, mais ça ne s'est jamais mis. Et en fait, c'était une histoire de secret. Et du coup, j'ai eu envie de parler des secrets de famille. Donc, tout me vient un petit peu comme ça. C'est la vie qui me montre, à un moment donné, qui met sur mon chemin quelque chose dont j'ai envie de parler, que j'ai envie de partager.

  • Speaker #0

    C'est génial. Et l'écriture, c'est un peu pour toi, ta bulle ?

  • Speaker #1

    Ah oui, carrément ma bulle. Oui, c'est un peu comme marcher. Moi, j'aime bien aller marcher. J'habite près d'une forêt, carrément dans une forêt. J'ai dit une forêt, mais ce n'est pas vrai, c'est un bois. C'est une minuscule forêt. Et j'aime vraiment bien aller marcher, même marcher seule en fait. J'aime bien, parce que souvent on me dit, l'écriture, mais tu es tout le temps toute seule. Mais oui et non, parce qu'en fait quand on marche seule, déjà on n'est pas seule. On se rend compte qu'on appartient au vivant, à un environnement qui est là. On commence à entendre les petits oiseaux qu'on n'entendait pas quand on était super occupé. C'est très chouette de se retrouver seule dans la nature, parce que justement on n'est pas seule. Et avec mes personnages, je ne suis pas seule non plus. Ça fait toujours un peu bateau. L'écrivain qui dit « je suis avec mes personnages, je ne suis pas tout seul » , mais c'est vrai en fait, on est dans une histoire et dans une histoire on est accompagné.

  • Speaker #0

    Et tu les fais vivre à travers la nature, la marche, c'est ça qui t'éveille ?

  • Speaker #1

    Oui, disons que parfois on me dit « la page blanche, est-ce que ça ne t'arrive jamais ? » Je dis « ça peut arriver qu'on soit un peu bloqué, mais alors au lieu de rester coincé derrière mon bureau, souvent je dépose tout et si je vais marcher, souvent ça me débloque. » Il y a la marche et la douche aussi, ça marche très bien.

  • Speaker #0

    Mais donc, si je comprends bien dans ton parcours, c'est la marche ou l'arrivée de ton premier enfant qui a fait que tu as eu envie de te convertir, de faire cette conversion au niveau de l'écriture ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai l'impression que dès qu'on s'écarte d'une forme d'habitude, de confort, du quotidien, qui n'est pas toujours confortable d'ailleurs, mais dans lequel on revient à chaque fois, d'une sorte de métro-boulot-dodo, On revient à sa source profonde et ça on l'a quand on marche, on l'a quand on écrit. Mais je l'ai eu aussi par exemple en faisant mon tour du monde parce que qu'est-ce qui s'est passé quand on était en tour du monde ? C'est que moi j'ai commencé à prendre des notes de tout ce qu'on faisait la journée. J'ai commencé à écrire un carnet comme un carnet de voyage et mon compagnon lui qui est très chiffre, lui faisait les comptes. Mais on n'en a jamais discuté avant, on a chacun pris nos carnets et lui par nature il a commencé à dire bon faudrait peut-être qu'on fasse les comptes. Moi, je m'en foutais complètement des contes. Si, ça m'intéresse, mais je me sentais moins concernée. Mais moi, je voulais absolument qu'on n'oublie rien de toute cette histoire. Et je voulais noter nos sentiments, nos émotions. Et donc, on a tous les deux choisi notre chemin en fonction de notre nature profonde. Et c'est ça, c'est quand on s'écarte de notre quotidien habituel qui nous ramène toujours à nous bourrer la tête du matin au soir, à nous occuper. On se retrouve dans des moments de silence. Et ces moments de silence nous ramènent à nous. Et ça je retrouve et dans l'écriture, et dans la marche, et dans le voyage.

  • Speaker #0

    Un livre c'est un peu comme une mise au monde.

  • Speaker #1

    Pour toi ? Complètement.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Parce qu'il y a le fait de concevoir, bien sûr, le fait de porter le livre. Et puis le fait, à un moment donné, qu'il soit donné quelque part en partage. Et là, à ce moment-là, le livre ne nous appartient plus. Et j'ai envie de dire qu'avec les enfants, c'est un peu la même chose. On les élève pour qu'ils s'en aillent, même si c'est dur au moment où ils s'en vont.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que c'est tellement... C'est important cette mise au monde et puis de pouvoir lâcher après ce qu'on a créé, ce qu'on a mis au monde. Quelles sont tes valeurs au quotidien et comment est-ce que ça se transparaît dans tes livres ?

  • Speaker #1

    Je pense que la principale, c'est l'amour parce que ça englobe tout. Je pense qu'aimer avec un grand A, mais aimer d'amour... C'est un... Son compagnon, ses enfants, bien sûr, ça c'est l'amour auquel on pense peut-être d'abord, cette version-là de l'amour, mais c'est aussi aimer sa vie, aimer l'environnement qu'on a autour de nous, aimer son corps, même s'il périclite, c'est le sujet, quand on vieillit. Je pense que si on met de l'amour dans tout, on finit par avoir une vie plus belle et donc pour moi c'est très important.

  • Speaker #0

    Alors par rapport à ton livre, Le second printemps, pourquoi ce titre ?

  • Speaker #1

    Alors pourquoi ce titre ? Parce que mon héroïne, elle est à l'automne de sa vie. Et l'automne, moi j'aime beaucoup l'automne, mais ça ne laisse rien présager de très joli. Quand on en parle en général, l'automne, on voit les feuilles qui se fanent, on voit le début de l'hiver. Ce n'est pas très réjouissant et j'avais quand même envie de faire un livre réjouissant. Et puis en me renseignant, je me suis rendue compte qu'en Japon, on appelait la ménopause le second printemps. J'ai trouvé ça dingue en fait. Je me suis dit mais c'est fou comme dans les mots, on peut déjà donner l'intention qu'on va mettre dans un moment de vie. Quand on dit ménopause, le mot ne sonne pas forcément très joli, il a une consonance avec beaucoup de... comment dire, pas de tabou, mais quand même, oui, des tabous, on peut dire ça. Mais le second printemps, c'est tellement beau. Ça dit tellement tout ce que ça veut dire. Et ça donne tellement d'espoir dans cette période. C'est-à-dire, voilà, ton printemps, il n'est plus là. Tu n'as plus 20 ans, tu n'as plus 30 ans, tu n'as plus 40 ans. Mais il y a un deuxième qui arrive. Et je trouve que rien que de le nommer comme ça, ça donne une dimension tout autre à la période qui va nous arriver.

  • Speaker #0

    Une dimension plus poétique, plus joyeuse. Tout à fait. Donc j'ai envie de vous lire un petit passage de son livre, de ton livre Isabelle, parce que j'adore, parce que tu utilises des mots qui sont, voilà, tu ne passes pas par quatre chemins et ça nous parle directement. Ici, tu décris un petit peu ce qui se passe à 50 ans, la femme qui vit la ménopause. Ça m'a fait beaucoup sourire. Donc mon souffle court, mes règles subitement interrompues, cette colonoscopie prescrite avec insistance. par mon médecin et que je réchine à subir, les bouffées de chaleur, le spleen pour rien, les publicités récurrentes qui inondent mon écran, produits contre la sécheresse vaginale ou les fuites urinaires, exercices pour ventre mou, gaines automassantes, assurance pension, cours de céramique, magasine, 50+, tout me criait la fin du monde. Donc Adèle, elle réalise à un moment donné qu'elle appartient désormais au passé. Comment est-ce qu'elle va s'en sortir là-dedans ? Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment donné, elle va réaliser qu'il y a autre chose derrière tout ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'Adèle, elle n'a pas envie de vieillir. Elle ne vieillit pas. Dans sa tête, elle a toujours 30 ans. Ses enfants sont toujours... Petit, son mari est toujours jeune, sa maman est toujours fringante. Et elle refuse de voir qu'elle vieillit. À un moment donné, c'est le monde qui va le lui dire. Mais le monde va le lui dire de façon très peu délicate. D'abord, elle va perdre son job et son patron, qui est aussi un ami, va le lui dire de but en blanc et va lui dire carrément « Écoute, on veut du vent frais à l'antenne puisqu'elle est animatrice radio. » Et donc, elle va se prendre une énorme claque. Une monstrueuse claque et elle ne s'y attendait pas du tout. Elle ne s'y est pas du tout préparée. Et donc comment est-ce qu'elle va rebondir ? C'est qu'à un moment donné, elle va se dire « Mais c'est moche, mais moi je n'ai pas envie de ça en fait. Je n'ai pas envie de ce qu'on me propose. Des gaines de massage pour ventre mou, tout ça. Moi je ne veux pas. Je veux continuer à vivre comme je... Pourquoi est-ce que je dois rentrer dans une autre case ? Pourquoi est-ce qu'on me pousse dans une autre dimension ? Je veux juste continuer mon chemin. Jusque-là, on ne m'a rien dit. Entre 20 ans, 30 ans, 40 ans, on ne m'a rien dit. Là, tout à coup... J'ai l'impression qu'on me pousse dans un gouffre, qu'on me demande de changer et je n'ai pas envie de changer. Et donc, qu'est-ce qui va se passer ? C'est qu'à un moment donné, elle va... Elle va rentrer un petit peu en révolte. Alors d'abord tout gentiment, elle va se faire un petit tatouage. Elle va s'énerver alors qu'elle ne s'énerve jamais. Voilà, et petit à petit, elle se rend compte qu'en fait tout le monde s'en fout. Qu'on ne la prend pas au sérieux, qu'on rigole un peu ou qu'on fait semblant qu'on n'a pas entendu. Qu'on lui dit écoute, de toute façon arrête de râler parce que le monde autour va tellement mal, de quoi tu te plains ? Et elle dit je dois pousser le bouchon plus loin. Et un jour, alors qu'elle a très très peur de l'avion et qu'elle doit prendre l'avion avec son mari, Elle en a marre parce qu'il est tout le temps en retard. D'habitude, elle aurait raté l'avion avec lui parce qu'il est en retard. Et là, elle décide de le prendre. Et pour elle, ça va être vraiment un élément déclencheur parce qu'elle va se retrouver. Ça va être terrible pour elle parce qu'elle ne veut pas faire ça. Mais quelque chose la pousse. Elle dit je dois faire quelque chose parce que sinon je vais rester dans une forme de loyauté, mais qui ne me plaît plus, qui ne sait plus moi. Et donc, elle va prendre cet avion et c'est là que son aventure va commencer.

  • Speaker #0

    Et au niveau loyauté, effectivement, à un moment donné, tu expliques que son mantra, c'était dépendre, appartenir, servir. À un moment donné, elle se rend compte que ce soit dans son couple, dans son boulot, avec ses enfants, il y a tout qui crie. À un moment donné, ça ne fonctionne plus. Je pars. Et donc, elle s'en va. Et je n'ai pas envie de raconter tout le livre, mais il y a quelque chose qui va faire qu'elle va... se reconstruire ou en tout cas redécider de fonctionner autrement ? Comment est-ce que la marche, comment est-ce que le voyage va l'y aider ?

  • Speaker #1

    Alors le voyage, pour moi, il y a deux choses. Il y a le fait de se retrouver soi, comme on disait tout à l'heure, de se retrouver face à ces éléments naturels. Et puis, il y a l'autre chose qui sont les rencontres. Et donc, elle va entreprendre une marche sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. poussée dans le dos par une vieille féministe de 80 ans. Et elle va faire des rencontres extraordinaires. Et ce sont ces rencontres-là qui font aussi changer l'esprit, qui font ouvrir l'esprit. Parce qu'on n'est jamais sur le chemin de Saint-Jacques pour rien. Et ça, je le sais parce que je l'ai fait. J'en ai fait un bout avec mon fils pendant sept jours. Et tous les gens que j'ai rencontrés, puis nous-mêmes, on s'est rendu compte qu'on n'y était pas pour rien. On venait y chercher, parfois inconsciemment, parfois très consciemment, des gens qui sont en réparation, qui viennent sur le chemin pour se réparer. Mais souvent aussi, inconsciemment, on est sur le chemin parce qu'on se dit « oh, j'ai envie d'aller marcher » . Mais en fait, on n'y est pas pour rien, sinon on va faire une balade dans les bois. Si on est sur le chemin de Saint-Jacques, c'est qu'il y a une quête quelque part. Et ça, c'est ce qu'apporte le voyage. C'est cette espèce de quête, parfois inconsciente, qui est révélée au fur et à mesure du voyage et du chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, on est avec Isabelle Barry, on parle de son dernier roman, « Le second printemps » . Et donc, on parlait de marcher sur Compostelle. Ce n'est pas pour rien qu'on y est. Qu'est-ce qui se passe en fait dans la tête d'Adèle à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors Adèle va avoir énormément de mal à couper les ponts, évidemment, parce que ce qu'elle entreprend là, alors que pour quelqu'un ça pourrait paraître banal, pour elle qui a toujours été loyale et très très attachée à sa famille, partir comme ça sur un coup de tête et dire non écoutez, en fait moi je pars foutez-moi la paix pendant un mois, deux mois, je ne sais pas, mais j'ai besoin de me reconstruire. C'est vraiment un acte, c'est poser un acte, j'ai envie de dire presque violent. par rapport à elle-même pour effectivement se redécouvrir. Et elle va devoir couper ce qu'elle appelle ses rubans. Alors elle a une amie, Cathy, qui elle ne vit pas sa cinquantaine du tout de la même manière et qui appelait toutes ses loyautés des chaînes. Et Adèle dit non, ce ne sont pas des chaînes, ce sont des rubans de soie et je n'ai pas envie de les couper. Et pourtant, elle va devoir les couper à un moment pour se retrouver. C'est ce qu'elle va faire. Elle va couper ses rubans. Elle va apprendre à marcher seule, à être seule et plus dans la dépendance tout le temps de l'autre. Et ça va être au début très très compliqué pour elle. Elle a peur d'ailleurs de chaque fois d'abandonner ou de chaque fois reconstruire ses rubans. Elle a vraiment beaucoup de mal à éteindre son GSM, à ne le regarder que de temps en temps parce qu'elle ne veut tout de même pas complètement tout arrêter. Et elle a peur aussi que des choses se passent sans elle, que pendant qu'elle est occupée à ruminer tout ça toute seule, le monde change de l'autre côté, qu'on ne l'aime plus. Et ça, c'est terrible pour elle.

  • Speaker #0

    De se rendre compte qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu ou qu'il y a quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    Mais qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu et cette peur aussi qu'on ne l'aime plus quand elle revient, qu'elle ait raté un tournant, que la vie ait continué sans elle. Toujours cette peur qu'on prenne le train sans elle, qu'on prenne la vie sans elle. À un moment donné, elle va rencontrer Clément et Clément, elle va dire j'ai peur qu'on arrête de m'aimer et Clément va lui dire mais... Moi je crois que quand on aime vraiment profondément quelqu'un, on l'aime pour la vie, c'est pas ça ta crainte. En fait ta crainte c'est est-ce qu'on t'a jamais aimé ? Et ça c'est une autre question et ça n'a plus rien à voir avec le fait de changer, de vieillir. C'est ce qu'on t'a jamais aimé. Si on t'a un jour aimé profondément, on continuera à t'aimer quand tu rentreras.

  • Speaker #0

    Peut-être avec une couche en moins, un masque en moins, quelque chose qu'on a laissé en chemin.

  • Speaker #1

    On a ôté en chemin, oui.

  • Speaker #0

    Moi, je marche sur Compostelle. Chaque année, je reprends le chemin. Et chaque année, c'est une mise à jour, en fait. C'est comme si j'enlevais des couches. Je laisse derrière moi ce que je n'ai plus besoin. Je me reconnecte aux pas, au rythme humain. Et je sens qu'il y a quelque chose de plus grand qui m'accompagne. Je fais des rencontres qui sont juste magnifiques. Et des rencontres où on rencontre vraiment les gens tels qu'ils sont, en fait, sans avoir à porter un quelconque masque ou un rôle. Et ce qui m'a beaucoup touchée dans ton roman, c'est... Est-ce que ce n'est pas le deuil des rôles qu'on joue ? Est-ce que ce n'est pas le deuil de tous les rôles qu'elle a joués, qu'elle est amenée à faire en marchant ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'ailleurs, au début, elle trébuche, elle tombe. Et souvent, je trouve que dans la marche, dans le rythme, elle n'est pas à son rythme au début. Elle marche trop vite. Elle a trop chaud. Elle a mal. Elle est mal à l'aise avec son sac à dos. Et elle chute. Et elle se rend compte, en fait, que la marche représente un peu sa vie. Quelque part, il y a... La façon dont elle marche au début, en tout cas, représente ses loyautés, sa vie. Elle essaye de faire bien. Elle essaye de marcher bien. De marcher comme il faut. Et puis, petit à petit, évidemment, elle va s'en ficher complètement de savoir si elle a la première arrivée ou la dernière, ou si elle s'est arrêtée. Parce qu'elle va commencer à marcher à son propre rythme. Et à un moment donné, elle va le dire aussi, elle dit, moi, je crois que 3 km heure, c'est mon rythme. C'est ça, je veux marcher à ce rythme-là, moi. Et tous les gens qu'elle va rencontrer, en fait, ils vont marcher soit devant elle, soit derrière elle, soit un petit bout avec elle. Et se retrouver soit dans les gîtes, soit à midi pour manger. Mais chacun, quelque part, va prendre son propre rythme. Et ça, c'est la découverte qu'elle va faire. Elle dit en fait, je peux être avec les autres à mon propre rythme. Et ça, c'est une découverte magique pour elle. Parce que pour elle, être avec les autres, c'était être au rythme des autres. Et ça, c'est la marche qui va le lui apprendre et les gens qu'elle va rencontrer qui vont le lui faire comprendre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ce serait ça, vieillir ? Être à son rythme ?

  • Speaker #1

    Je crois que quand on vieillit, en tout cas, c'est une des joies de vieillir. J'ai aussi moi-même, personnellement, cherché beaucoup où étaient ces joies. Parce que bon, quand même, physiquement, on périclite quand même un peu. On attrape des petits bobos qui ne sont pas forcément agréables. On apprécie un petit peu moins peut-être son visage dans le miroir le matin. On le trouve peut-être moins frais. Alors, ce n'est pas nous qui trouvons ça. Je pense que c'est la société qui nous dit ça. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on ne peut plus vieillir. Parce qu'on pourrait être beau et vieux. Mais on nous dit, être beau, c'est être jeune. C'est pour ça que beaucoup de femmes se mettent du Botox. Être beau, c'est être jeune et c'est faux. Être beau, ce n'est pas être jeune. Être beau, c'est être beau. Point barre. Et donc, je ne sais plus du tout la question que tu me posais au début. Donc, j'ai digressé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, vieillir. C'est accéder à son rythme. Et peut-être, par rapport à la beauté, d'avoir une autre forme de beauté, une autre forme d'ouverture, quelque chose qui vient plus. Je parlais en début d'émission, quelque chose qui vient plus de l'intérieur, quelque chose qui est plus mûr, qui est plus présent peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, et ça, c'est aussi très chouette, c'est de l'accepter. On peut l'accepter à un moment donné. Et ça, c'est une des beautés de l'âge. Si on l'accepte, de nouveau, si on veut rester jeune tout le temps, à mon avis, on sera face à un mur et ça sera très compliqué. Mais si on l'accepte, on peut commencer à voir la beauté ailleurs. Évidemment, on pense tout de suite le physique, le mental, mais même il y a plein d'autres choses qui se dévoilent. Un côté spirituel que moi, je n'avais pas quand j'avais 30, 40 ans, que j'ai développé plus tard et que je trouve vraiment incroyable. Je vois avec mes enfants, parfois c'est rigolo parce qu'ils me prennent parfois pour une œil d'y aller. Tu vas aller embrasser ton arbre et on rigole beaucoup avec ça. Et je rigole aussi en me disant, mais vous verrez, un jour vous aurez mon âge et vous aurez peut-être aussi envie d'aller embrasser des arbres. Voilà, donc je trouve qu'il y a une magie aussi à vieillir, mais il faut aller la déceler. Et ce n'est pas facile parce que l'entourage... ne nous aide pas par rapport à ça. On n'est pas dans une culture où on est aidé et accompagné dans l'âge. Tout à coup, une femme, elle a la ménopause et on lui dit « t'as débouffé de chaleur, c'est normal, prends tes médicaments, ça passera » . Et on n'a pas envie d'entendre ça, en fait. On a envie d'être accompagné dans ce qu'on est occupé à vivre et ce n'est pas le cas.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas le cas. Et ça demande parfois de faire une pause, une vraie pause.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc, ça peut être de la marche, ça peut être quelqu'un qui nous accompagne sur ce chemin, quelqu'un qui nous comprend. qui nous aide à comprendre où on en est. Tu parles à un moment donné de No Woman's Land, cette espèce d'entre-deux où les femmes ne sont ni jeunes, ni vieilles, ni complètement visibles aux yeux du monde. Ce serait comme ça que la société voit cette période ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a une belle illustration. C'est vraiment l'absence dans le cinéma des femmes entre 50 et 65 ans. C'est très rare de voir ces femmes-là. On a soit les jeunes femmes qui jouent des rôles de jeunes femmes, soit on a les grands-mères qui jouent les rôles de grands-mères, mais entre les deux, avoir des femmes entre 50 et 65 ans qui jouent des rôles de femmes entre 50 et 65 ans, c'est très très rare. Alors il y en a. Mais elles jouent des rôles de femmes de 40 et elles sont complètement maquillées ou botoxées ou complètement refaites. On en a eu beaucoup ces derniers temps qui ont joué ces rôles-là et qui jouaient d'ailleurs leur propre rôle. Mais pour moi, c'est quelque part la preuve de cette existence-là. Elle est dans les images qui nous entourent. Ces femmes-là ne sont pas présentes, en fait, on ne les voit pas. Elles font soit plus jeunes, soit ce sont des grands-mères et alors on les considère comme des grands-mères. Donc il y a cette espèce de no-woman's land, de flottement, qui est à la fois terrible parce qu'on se dit, on a l'impression de ne pas exister. On se dit, mais où ? Je suis là. J'existe avec le visage que j'ai, le corps que j'ai, l'âme, le mental que j'ai. Mais c'est comme si on ne nous voyait plus, qu'on était transparent. Vous savez, comme parfois on est à ce dîner et on essaie de dire quelque chose, il n'y a personne qui écoute. Ça nous est déjà tous arrivé, je pense. Mais on a l'impression d'être dans cet état-là. tout le temps. Mais d'un autre côté, à un moment donné, il faut saisir cette chance et dire je suis dans un ballottement et dans un ballottement, tout est possible en fait. On peut reprendre tous les tournants de vie possibles. C'est chouette si on ne nous voit pas trop. Du coup, on peut décider du tournant qu'on va prendre sans faire de bruit. Et après, il sera temps de se réaffirmer.

  • Speaker #0

    Et toi, tu la vis comment cette transition dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai d'abord vécu pas très bien. Ce que je trouve, c'est une claque. J'ai deux claques dans ma vie. La première claque, c'était la naissance de mon premier fils parce que j'avais une image très... Alors, j'ai adoré cette période. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai adoré cette période. Mais de nouveau, on n'est pas accompagné. On n'est pas dans des cultures où on est accompagné. Donc, c'est paf l'hôpital. C'est super aseptisé. On accouche. Et puis moi, dans ma naïveté crasse, j'avais mon jeans taille 36 avec moi. Et je pensais qu'après avoir accouché, j'allais rentrer dedans et puis rentrer à la maison. Tout allait être nickel, je ne savais pas que j'allais avoir mal, que ça allait être dur les nuits, que parfois j'allais encore être à midi en pyjama, qu'il y aurait aussi des petits désagréments. Non, non, moi je nous voyais courir sur la plage, le grand bonheur, à trois, au ralenti, comme on peut imaginer sur les belles images. Donc ça, c'était la première claque. La deuxième claque, pour moi, ça a vraiment été la ménopause. Parce que la même chose, c'était, oui, mais t'inquiète pas, aujourd'hui on ne vieillit pas comme avant, c'est cool, il y a les médicaments, et puis il y a tous les compléments. naturel et tu vois, c'est génial de vieillir. Et puis, en fait, quand c'est arrivé, je n'ai pas trouvé ça génial. J'ai eu mes bouffées de chaleur, je n'ai pas trouvé ça drôle du tout. Je trouve que le monde qui nous entoure n'est pas drôle. Je n'ai pas... Ce n'était pas forcément chouette. Je n'aime pas voir ma peau qui se ride. Je ne trouve pas ça joli. Je préférais avant, mais de nouveau, c'est parce que la société m'a conditionnée comme ça. voir les enfants qui quittent le nid, alors que j'avais des amis aussi qui disaient « Tu vas voir, tu vas pouvoir retrouver une vie à deux, ou une vie où tu vas pouvoir faire plein de choses. » Moi, j'ai envie de garder mes enfants près de moi. J'ai envie qu'ils continuent à faire partie de ma vie. Et petit à petit, j'ai dû transformer tout ça en quelque chose de positif, en disant « Les enfants ont toujours grandi. Ce n'est pas parce qu'ils s'en vont, qu'à un moment donné, tu n'es plus là dans leur vie. Ce n'est pas parce que tu vieillis que tu n'es plus une belle femme, dans son sens général. » Ce n'est pas quelques bouffées de chaleur qui vont t'anéantir pour ta journée, ta vécu pire. Et donc, petit à petit, il y a cette transformation qui s'installe, mais elle passe par une forme d'acceptation dans laquelle je trouve de nouveau que notre société nous accompagne très mal.

  • Speaker #0

    Et elle peut prendre du temps.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça ne se fait pas en deux mois. Et finalement, c'est un tournant dans ta vie. C'est quel tournant ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un tournant... C'est un tournant qui me fait aussi penser que ce qui est devant nous, il faut absolument en profiter. Parce qu'on se rend compte, du coup, c'est comme si on nous disait tout à coup, coucou, tu es arrivé à trois quarts de ta vie.

  • Speaker #0

    Ou la moitié.

  • Speaker #1

    Ou la moitié, oui. Enfin, alors l'autre moitié, un 110 ans quand même. Il va falloir faire des gros progrès en médecine. Mais voilà, ça sonne un peu le glas, j'ai envie de dire. Et tout à coup, il y a une urgence à vivre. Et ça, c'est à la fois quelque chose de fabuleux et quelque chose de très paniquant. Parce qu'on se dit... Mais je ne vais plus perdre mon temps, moi. Je ne veux plus perdre mon temps avec des choses qui ne me plaisent plus. Et on se rend compte qu'en fait, on fait plein de choses qui ne nous plaisent pas franchement. Alors d'un autre côté, évidemment, il y a les contingences du quotidien. Il faut manger à la fin du mois, on s'entend, on ne fait pas que ce qui nous plaît dans la vie. Et cette urgence à vivre, elle est à la fois paniquante et à la fois formidable. Parce que du coup, on ne s'ennuie plus avec les petites choses. On ne s'ennuie plus avec la personne qui sait... engueuler avec nous il y a deux jours et avec qui on va dire ou bien on passe au-dessus ou bien tu restes tout seul dans ton problème, on ne s'embête plus à voir des gens qu'on n'a plus envie de voir et ça c'est un côté génial.

  • Speaker #0

    Merci Isabelle. Donc je vous, on va terminer ici avec une citation du livre. Il vient un temps où il faut accepter que notre peau raconte une autre histoire qu'il y a 20 ans et c'est vachement dur. Mais elle raconte aussi que je peux toujours embrasser, rire, rêver, aimer. Donc on va conclure cette émission avec cette belle phrase qu'on a envie de partager avec toutes les... personnes qui traversent cette transition. Ça peut être les femmes, mais les hommes aussi, ils traversent une transition. Ce n'est pas la même chose, c'est autre chose. C'est un livre que je vous recommande vraiment de lire parce que la fiction, ça nous aide aussi à comprendre vraiment ce qu'on vit. Le second printemps d'Isabelle Barry et c'est paru aux éditions 180 degrés. Est-ce que tu veux encore rajouter quelque chose pour terminer ? Non, je voulais te remercier simplement, Tandrine, de m'avoir invitée. Ça m'a fait très plaisir. Eh bien, merci. Merci pour ton livre, Isabelle. Et voilà, j'espère que cette émission vous aidera à cheminer, vous donnera l'envie d'aller découvrir ce beau livre. Et je vous dis à bientôt. Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Cordiaud, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

Description

Le second Printemps

Et si la cinquantaine n’était pas une fin, mais un second printemps ? Dans cet épisode, Sandrine Corbiau reçoit l’autrice Isabelle Barry pour parler de son roman touchant et lumineux, Le second printemps. Ensemble, elles abordent cette période de transition que vivent tant de femmes autour de 50 ans : ménopause, départ des enfants, quête de sens, transformation intérieure...

À travers le parcours d’Adèle, l’héroïne du livre, c’est tout un pan de vie qui se redessine : perdre ses repères, oser s’écouter, retrouver son rythme, et pourquoi pas… partir marcher sur le chemin de Compostelle.

Un échange sincère et profond sur les loyautés invisibles, les rôles qu’on quitte, la beauté de l’âge, le lien à la nature, et cette urgence douce de vivre pleinement. Un épisode qui fait du bien, qui réconforte, et qui donne envie de marcher vers soi, à son rythme.

🎧 À écouter si vous êtes en pleine traversée, si vous vous posez des questions… ou si vous avez juste envie d’une belle conversation entre femmes qui osent.


Cet épisode est soutenu par Be-Life, une entreprise belge qui propose, depuis plus de 30 ans, des compléments alimentaires naturels et bio pour favoriser notre bien-être.

Merci à Be-Life pour son engagement envers le bien-être et la santé.

Découvrez notamment Méno Complex, un complément naturel conçu pour contribuer au bien-être pendant la ménopause.


Ressources :

Le livre d'Isabelle Bary- Le Second Printemps


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans « J'ai 50 ans et alors » , un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiot, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, nous allons parler de la transformation intérieure qu'on peut ressentir à l'âge autour de la cinquantaine. Alors c'est vrai qu'à cette période... Nous sommes nombreux, nombreuses, à traverser une certaine transition qui n'a pas vraiment de nom, une transition plutôt silencieuse, mais qui chamboule nos repères, la ménopause, les enfants qui grandissent et s'éloignent de nous, parfois une séparation, un deuil, une maladie, un épuisement ou encore une reconversion au niveau professionnel, de l'extérieur. tout va bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui change en nous, un mouvement profond qui se déclenche, quelque chose qui nous questionne et qui demande à changer. Cette quête de sens, ce besoin de se réinventer, de se rechoisir, c'est exactement ce que traverse Adèle, l'héroïne du nouveau roman d'Isabelle Barry, Le second printemps, dont on va parler aujourd'hui. Un livre qui a particulièrement résonné avec moi et mon histoire. puisque depuis des années, j'ai existé au travers de toutes les conférences parenthèses que j'ai organisées autour de l'éducation, de la pédagogie quand mes enfants étaient plus jeunes. C'était ma place, ma façon d'exister, mon engagement, mon identité. Et puis, mes enfants ont grandi et avec eux, mon rôle s'est transformé et j'ai dû aussi exister autrement. Et pour moi, cette transformation, elle est passée aussi avec la marche. Parce que quand on marche, il y a quelque chose qui se passe, on remet de l'ordre et il y a une connexion avec quelque chose de plus grand. Pour moi, cette transformation, elle s'est faite progressivement. Et aujourd'hui, comme j'attire peut-être ce que je traverse, j'accompagne de plus en plus les femmes dans cette période de transition pour les aider à retrouver cet équilibre. Et donc, à travers son roman, Isabelle Barry nous invite à réfléchir. Vieillir, est-ce une fin ou une renaissance ? Est-ce perdre quelque chose ou bien gagner un nouveau regard sur soi, sur le monde ? Donc, Isabelle Barry, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Sandrine.

  • Speaker #0

    Merci d'être avec nous. Donc, tu es une auteure belge de renom. Depuis 20 ans, tu écris... des livres et aujourd'hui avec ce roman c'est une plongée intime dans cette expérience de vieillir au féminin. Bienvenue dans cette émission. Merci. Est-ce que tu peux, donc comme au début de chaque émission, j'aime bien prendre le temps de mieux connaître, de faire mieux connaître l'invité. Est-ce que tu peux prendre quelques minutes pour te présenter et expliquer un petit peu ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis née à Villevore, je suis une vraie bruxelloise dans l'âme à la base. Mon papa est pur bruxellois francophone et ma maman est mi-anglaise, mi-flamande. Donc, j'aime bien dire que je suis un doux mélange de tout ça. Donc, j'ai grandi à Bruxelles, dans le nord de Bruxelles. Et puis, j'ai fait des études qui ne me correspondaient pas du tout. J'ai fait ingénieur commercial à Solvay. Chercher l'erreur parce qu'en fait, j'étais hyper littéraire. J'ai toujours été hyper littéraire. Mais je pense que j'ai été poussée dans le dos par mes professeurs et par mes parents, ma famille, qui me disaient justement, et c'est un peu aussi le propos du livre, tu es une femme, donc tu vas devoir te battre plus qu'un homme, donc tu dois faire des études qui sont ouvertes, complexes, qui vont te donner un nom, une renommée. Donc je les ai écoutées parce que je suis, voilà, j'étais une enfant sage et pleine de loyauté par rapport à tout ça. Que je ne regrette absolument pas aujourd'hui d'ailleurs ces études, parce qu'elles m'ont quand même apporté une manière de raisonner dont je me sers encore aujourd'hui. Puis j'ai, après mes études... J'ai travaillé, puis j'ai arrêté mes études pour aller faire un tour du monde. Donc, première grande marche. Tu parlais de marcher tout à l'heure. On a évidemment beaucoup marché là. On est partis neuf mois sac à dos. Tu étais seule ? Non, j'étais avec mon compagnon de l'époque, qui est encore mon mari aujourd'hui. Donc, voilà, c'est une histoire au long terme, ça aussi. Et puis, quand je suis rentrée, j'ai retrouvé du boulot. Il fallait, puisqu'on n'avait plus de sous du tout. Donc on a un peu recommencé une vie à deux. Et puis là, j'ai créé une société d'événements, dans laquelle je suis restée plus ou moins sept ans, jusqu'à ce que je tombe enceinte de mon premier fils, et que je décide de reprendre cette épopée de neuf mois autour du monde, et de l'écrire. Et ça pour moi c'était très important, c'était de pouvoir... passer ce que j'avais vécu. Et c'est comme ça qu'est sorti mon premier livre en 2005 qui s'appelait Globe Story.

  • Speaker #0

    Et depuis lors, tu as écrit 7, 8,

  • Speaker #1

    une dizaine de livres.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu évolues avec tes livres ? Est-ce que c'est toujours un peu en lien avec ce que toi tu traverses ? Quels sont les sujets ? Comment tu définis les sujets ? Comment ça se passe pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que je vis. intrinsèquement, mais aussi ce qui se passe autour de moi. J'ai toujours écrit, c'est vivre, c'est un peu ça. En fait, on vit, on ne fait pas attention, on ne se dit pas quel va être le sujet de mon prochain bouquin. On vit, puis tout à coup, j'ai l'impression que ça vient à moi. Par exemple, j'avais un livre comme ça qui parle des secrets de famille. Là, c'est ma maman qui a débarqué à la maison avec des photos de mon grand-père et qui a commencé à me raconter une histoire sur mon grand-père que je ne connaissais pas du tout. Et je lui ai dit, mais maman, pourquoi tu m'as jamais raconté ça ? C'est hyper romanesque. Et elle me dit, mais ça ne s'est jamais mis. Et en fait, c'était une histoire de secret. Et du coup, j'ai eu envie de parler des secrets de famille. Donc, tout me vient un petit peu comme ça. C'est la vie qui me montre, à un moment donné, qui met sur mon chemin quelque chose dont j'ai envie de parler, que j'ai envie de partager.

  • Speaker #0

    C'est génial. Et l'écriture, c'est un peu pour toi, ta bulle ?

  • Speaker #1

    Ah oui, carrément ma bulle. Oui, c'est un peu comme marcher. Moi, j'aime bien aller marcher. J'habite près d'une forêt, carrément dans une forêt. J'ai dit une forêt, mais ce n'est pas vrai, c'est un bois. C'est une minuscule forêt. Et j'aime vraiment bien aller marcher, même marcher seule en fait. J'aime bien, parce que souvent on me dit, l'écriture, mais tu es tout le temps toute seule. Mais oui et non, parce qu'en fait quand on marche seule, déjà on n'est pas seule. On se rend compte qu'on appartient au vivant, à un environnement qui est là. On commence à entendre les petits oiseaux qu'on n'entendait pas quand on était super occupé. C'est très chouette de se retrouver seule dans la nature, parce que justement on n'est pas seule. Et avec mes personnages, je ne suis pas seule non plus. Ça fait toujours un peu bateau. L'écrivain qui dit « je suis avec mes personnages, je ne suis pas tout seul » , mais c'est vrai en fait, on est dans une histoire et dans une histoire on est accompagné.

  • Speaker #0

    Et tu les fais vivre à travers la nature, la marche, c'est ça qui t'éveille ?

  • Speaker #1

    Oui, disons que parfois on me dit « la page blanche, est-ce que ça ne t'arrive jamais ? » Je dis « ça peut arriver qu'on soit un peu bloqué, mais alors au lieu de rester coincé derrière mon bureau, souvent je dépose tout et si je vais marcher, souvent ça me débloque. » Il y a la marche et la douche aussi, ça marche très bien.

  • Speaker #0

    Mais donc, si je comprends bien dans ton parcours, c'est la marche ou l'arrivée de ton premier enfant qui a fait que tu as eu envie de te convertir, de faire cette conversion au niveau de l'écriture ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai l'impression que dès qu'on s'écarte d'une forme d'habitude, de confort, du quotidien, qui n'est pas toujours confortable d'ailleurs, mais dans lequel on revient à chaque fois, d'une sorte de métro-boulot-dodo, On revient à sa source profonde et ça on l'a quand on marche, on l'a quand on écrit. Mais je l'ai eu aussi par exemple en faisant mon tour du monde parce que qu'est-ce qui s'est passé quand on était en tour du monde ? C'est que moi j'ai commencé à prendre des notes de tout ce qu'on faisait la journée. J'ai commencé à écrire un carnet comme un carnet de voyage et mon compagnon lui qui est très chiffre, lui faisait les comptes. Mais on n'en a jamais discuté avant, on a chacun pris nos carnets et lui par nature il a commencé à dire bon faudrait peut-être qu'on fasse les comptes. Moi, je m'en foutais complètement des contes. Si, ça m'intéresse, mais je me sentais moins concernée. Mais moi, je voulais absolument qu'on n'oublie rien de toute cette histoire. Et je voulais noter nos sentiments, nos émotions. Et donc, on a tous les deux choisi notre chemin en fonction de notre nature profonde. Et c'est ça, c'est quand on s'écarte de notre quotidien habituel qui nous ramène toujours à nous bourrer la tête du matin au soir, à nous occuper. On se retrouve dans des moments de silence. Et ces moments de silence nous ramènent à nous. Et ça je retrouve et dans l'écriture, et dans la marche, et dans le voyage.

  • Speaker #0

    Un livre c'est un peu comme une mise au monde.

  • Speaker #1

    Pour toi ? Complètement.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Parce qu'il y a le fait de concevoir, bien sûr, le fait de porter le livre. Et puis le fait, à un moment donné, qu'il soit donné quelque part en partage. Et là, à ce moment-là, le livre ne nous appartient plus. Et j'ai envie de dire qu'avec les enfants, c'est un peu la même chose. On les élève pour qu'ils s'en aillent, même si c'est dur au moment où ils s'en vont.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que c'est tellement... C'est important cette mise au monde et puis de pouvoir lâcher après ce qu'on a créé, ce qu'on a mis au monde. Quelles sont tes valeurs au quotidien et comment est-ce que ça se transparaît dans tes livres ?

  • Speaker #1

    Je pense que la principale, c'est l'amour parce que ça englobe tout. Je pense qu'aimer avec un grand A, mais aimer d'amour... C'est un... Son compagnon, ses enfants, bien sûr, ça c'est l'amour auquel on pense peut-être d'abord, cette version-là de l'amour, mais c'est aussi aimer sa vie, aimer l'environnement qu'on a autour de nous, aimer son corps, même s'il périclite, c'est le sujet, quand on vieillit. Je pense que si on met de l'amour dans tout, on finit par avoir une vie plus belle et donc pour moi c'est très important.

  • Speaker #0

    Alors par rapport à ton livre, Le second printemps, pourquoi ce titre ?

  • Speaker #1

    Alors pourquoi ce titre ? Parce que mon héroïne, elle est à l'automne de sa vie. Et l'automne, moi j'aime beaucoup l'automne, mais ça ne laisse rien présager de très joli. Quand on en parle en général, l'automne, on voit les feuilles qui se fanent, on voit le début de l'hiver. Ce n'est pas très réjouissant et j'avais quand même envie de faire un livre réjouissant. Et puis en me renseignant, je me suis rendue compte qu'en Japon, on appelait la ménopause le second printemps. J'ai trouvé ça dingue en fait. Je me suis dit mais c'est fou comme dans les mots, on peut déjà donner l'intention qu'on va mettre dans un moment de vie. Quand on dit ménopause, le mot ne sonne pas forcément très joli, il a une consonance avec beaucoup de... comment dire, pas de tabou, mais quand même, oui, des tabous, on peut dire ça. Mais le second printemps, c'est tellement beau. Ça dit tellement tout ce que ça veut dire. Et ça donne tellement d'espoir dans cette période. C'est-à-dire, voilà, ton printemps, il n'est plus là. Tu n'as plus 20 ans, tu n'as plus 30 ans, tu n'as plus 40 ans. Mais il y a un deuxième qui arrive. Et je trouve que rien que de le nommer comme ça, ça donne une dimension tout autre à la période qui va nous arriver.

  • Speaker #0

    Une dimension plus poétique, plus joyeuse. Tout à fait. Donc j'ai envie de vous lire un petit passage de son livre, de ton livre Isabelle, parce que j'adore, parce que tu utilises des mots qui sont, voilà, tu ne passes pas par quatre chemins et ça nous parle directement. Ici, tu décris un petit peu ce qui se passe à 50 ans, la femme qui vit la ménopause. Ça m'a fait beaucoup sourire. Donc mon souffle court, mes règles subitement interrompues, cette colonoscopie prescrite avec insistance. par mon médecin et que je réchine à subir, les bouffées de chaleur, le spleen pour rien, les publicités récurrentes qui inondent mon écran, produits contre la sécheresse vaginale ou les fuites urinaires, exercices pour ventre mou, gaines automassantes, assurance pension, cours de céramique, magasine, 50+, tout me criait la fin du monde. Donc Adèle, elle réalise à un moment donné qu'elle appartient désormais au passé. Comment est-ce qu'elle va s'en sortir là-dedans ? Qu'est-ce qui va faire qu'à un moment donné, elle va réaliser qu'il y a autre chose derrière tout ça ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense qu'Adèle, elle n'a pas envie de vieillir. Elle ne vieillit pas. Dans sa tête, elle a toujours 30 ans. Ses enfants sont toujours... Petit, son mari est toujours jeune, sa maman est toujours fringante. Et elle refuse de voir qu'elle vieillit. À un moment donné, c'est le monde qui va le lui dire. Mais le monde va le lui dire de façon très peu délicate. D'abord, elle va perdre son job et son patron, qui est aussi un ami, va le lui dire de but en blanc et va lui dire carrément « Écoute, on veut du vent frais à l'antenne puisqu'elle est animatrice radio. » Et donc, elle va se prendre une énorme claque. Une monstrueuse claque et elle ne s'y attendait pas du tout. Elle ne s'y est pas du tout préparée. Et donc comment est-ce qu'elle va rebondir ? C'est qu'à un moment donné, elle va se dire « Mais c'est moche, mais moi je n'ai pas envie de ça en fait. Je n'ai pas envie de ce qu'on me propose. Des gaines de massage pour ventre mou, tout ça. Moi je ne veux pas. Je veux continuer à vivre comme je... Pourquoi est-ce que je dois rentrer dans une autre case ? Pourquoi est-ce qu'on me pousse dans une autre dimension ? Je veux juste continuer mon chemin. Jusque-là, on ne m'a rien dit. Entre 20 ans, 30 ans, 40 ans, on ne m'a rien dit. Là, tout à coup... J'ai l'impression qu'on me pousse dans un gouffre, qu'on me demande de changer et je n'ai pas envie de changer. Et donc, qu'est-ce qui va se passer ? C'est qu'à un moment donné, elle va... Elle va rentrer un petit peu en révolte. Alors d'abord tout gentiment, elle va se faire un petit tatouage. Elle va s'énerver alors qu'elle ne s'énerve jamais. Voilà, et petit à petit, elle se rend compte qu'en fait tout le monde s'en fout. Qu'on ne la prend pas au sérieux, qu'on rigole un peu ou qu'on fait semblant qu'on n'a pas entendu. Qu'on lui dit écoute, de toute façon arrête de râler parce que le monde autour va tellement mal, de quoi tu te plains ? Et elle dit je dois pousser le bouchon plus loin. Et un jour, alors qu'elle a très très peur de l'avion et qu'elle doit prendre l'avion avec son mari, Elle en a marre parce qu'il est tout le temps en retard. D'habitude, elle aurait raté l'avion avec lui parce qu'il est en retard. Et là, elle décide de le prendre. Et pour elle, ça va être vraiment un élément déclencheur parce qu'elle va se retrouver. Ça va être terrible pour elle parce qu'elle ne veut pas faire ça. Mais quelque chose la pousse. Elle dit je dois faire quelque chose parce que sinon je vais rester dans une forme de loyauté, mais qui ne me plaît plus, qui ne sait plus moi. Et donc, elle va prendre cet avion et c'est là que son aventure va commencer.

  • Speaker #0

    Et au niveau loyauté, effectivement, à un moment donné, tu expliques que son mantra, c'était dépendre, appartenir, servir. À un moment donné, elle se rend compte que ce soit dans son couple, dans son boulot, avec ses enfants, il y a tout qui crie. À un moment donné, ça ne fonctionne plus. Je pars. Et donc, elle s'en va. Et je n'ai pas envie de raconter tout le livre, mais il y a quelque chose qui va faire qu'elle va... se reconstruire ou en tout cas redécider de fonctionner autrement ? Comment est-ce que la marche, comment est-ce que le voyage va l'y aider ?

  • Speaker #1

    Alors le voyage, pour moi, il y a deux choses. Il y a le fait de se retrouver soi, comme on disait tout à l'heure, de se retrouver face à ces éléments naturels. Et puis, il y a l'autre chose qui sont les rencontres. Et donc, elle va entreprendre une marche sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. poussée dans le dos par une vieille féministe de 80 ans. Et elle va faire des rencontres extraordinaires. Et ce sont ces rencontres-là qui font aussi changer l'esprit, qui font ouvrir l'esprit. Parce qu'on n'est jamais sur le chemin de Saint-Jacques pour rien. Et ça, je le sais parce que je l'ai fait. J'en ai fait un bout avec mon fils pendant sept jours. Et tous les gens que j'ai rencontrés, puis nous-mêmes, on s'est rendu compte qu'on n'y était pas pour rien. On venait y chercher, parfois inconsciemment, parfois très consciemment, des gens qui sont en réparation, qui viennent sur le chemin pour se réparer. Mais souvent aussi, inconsciemment, on est sur le chemin parce qu'on se dit « oh, j'ai envie d'aller marcher » . Mais en fait, on n'y est pas pour rien, sinon on va faire une balade dans les bois. Si on est sur le chemin de Saint-Jacques, c'est qu'il y a une quête quelque part. Et ça, c'est ce qu'apporte le voyage. C'est cette espèce de quête, parfois inconsciente, qui est révélée au fur et à mesure du voyage et du chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, on est avec Isabelle Barry, on parle de son dernier roman, « Le second printemps » . Et donc, on parlait de marcher sur Compostelle. Ce n'est pas pour rien qu'on y est. Qu'est-ce qui se passe en fait dans la tête d'Adèle à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors Adèle va avoir énormément de mal à couper les ponts, évidemment, parce que ce qu'elle entreprend là, alors que pour quelqu'un ça pourrait paraître banal, pour elle qui a toujours été loyale et très très attachée à sa famille, partir comme ça sur un coup de tête et dire non écoutez, en fait moi je pars foutez-moi la paix pendant un mois, deux mois, je ne sais pas, mais j'ai besoin de me reconstruire. C'est vraiment un acte, c'est poser un acte, j'ai envie de dire presque violent. par rapport à elle-même pour effectivement se redécouvrir. Et elle va devoir couper ce qu'elle appelle ses rubans. Alors elle a une amie, Cathy, qui elle ne vit pas sa cinquantaine du tout de la même manière et qui appelait toutes ses loyautés des chaînes. Et Adèle dit non, ce ne sont pas des chaînes, ce sont des rubans de soie et je n'ai pas envie de les couper. Et pourtant, elle va devoir les couper à un moment pour se retrouver. C'est ce qu'elle va faire. Elle va couper ses rubans. Elle va apprendre à marcher seule, à être seule et plus dans la dépendance tout le temps de l'autre. Et ça va être au début très très compliqué pour elle. Elle a peur d'ailleurs de chaque fois d'abandonner ou de chaque fois reconstruire ses rubans. Elle a vraiment beaucoup de mal à éteindre son GSM, à ne le regarder que de temps en temps parce qu'elle ne veut tout de même pas complètement tout arrêter. Et elle a peur aussi que des choses se passent sans elle, que pendant qu'elle est occupée à ruminer tout ça toute seule, le monde change de l'autre côté, qu'on ne l'aime plus. Et ça, c'est terrible pour elle.

  • Speaker #0

    De se rendre compte qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu ou qu'il y a quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    Mais qu'elle n'aime plus le monde qu'elle a vécu et cette peur aussi qu'on ne l'aime plus quand elle revient, qu'elle ait raté un tournant, que la vie ait continué sans elle. Toujours cette peur qu'on prenne le train sans elle, qu'on prenne la vie sans elle. À un moment donné, elle va rencontrer Clément et Clément, elle va dire j'ai peur qu'on arrête de m'aimer et Clément va lui dire mais... Moi je crois que quand on aime vraiment profondément quelqu'un, on l'aime pour la vie, c'est pas ça ta crainte. En fait ta crainte c'est est-ce qu'on t'a jamais aimé ? Et ça c'est une autre question et ça n'a plus rien à voir avec le fait de changer, de vieillir. C'est ce qu'on t'a jamais aimé. Si on t'a un jour aimé profondément, on continuera à t'aimer quand tu rentreras.

  • Speaker #0

    Peut-être avec une couche en moins, un masque en moins, quelque chose qu'on a laissé en chemin.

  • Speaker #1

    On a ôté en chemin, oui.

  • Speaker #0

    Moi, je marche sur Compostelle. Chaque année, je reprends le chemin. Et chaque année, c'est une mise à jour, en fait. C'est comme si j'enlevais des couches. Je laisse derrière moi ce que je n'ai plus besoin. Je me reconnecte aux pas, au rythme humain. Et je sens qu'il y a quelque chose de plus grand qui m'accompagne. Je fais des rencontres qui sont juste magnifiques. Et des rencontres où on rencontre vraiment les gens tels qu'ils sont, en fait, sans avoir à porter un quelconque masque ou un rôle. Et ce qui m'a beaucoup touchée dans ton roman, c'est... Est-ce que ce n'est pas le deuil des rôles qu'on joue ? Est-ce que ce n'est pas le deuil de tous les rôles qu'elle a joués, qu'elle est amenée à faire en marchant ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'ailleurs, au début, elle trébuche, elle tombe. Et souvent, je trouve que dans la marche, dans le rythme, elle n'est pas à son rythme au début. Elle marche trop vite. Elle a trop chaud. Elle a mal. Elle est mal à l'aise avec son sac à dos. Et elle chute. Et elle se rend compte, en fait, que la marche représente un peu sa vie. Quelque part, il y a... La façon dont elle marche au début, en tout cas, représente ses loyautés, sa vie. Elle essaye de faire bien. Elle essaye de marcher bien. De marcher comme il faut. Et puis, petit à petit, évidemment, elle va s'en ficher complètement de savoir si elle a la première arrivée ou la dernière, ou si elle s'est arrêtée. Parce qu'elle va commencer à marcher à son propre rythme. Et à un moment donné, elle va le dire aussi, elle dit, moi, je crois que 3 km heure, c'est mon rythme. C'est ça, je veux marcher à ce rythme-là, moi. Et tous les gens qu'elle va rencontrer, en fait, ils vont marcher soit devant elle, soit derrière elle, soit un petit bout avec elle. Et se retrouver soit dans les gîtes, soit à midi pour manger. Mais chacun, quelque part, va prendre son propre rythme. Et ça, c'est la découverte qu'elle va faire. Elle dit en fait, je peux être avec les autres à mon propre rythme. Et ça, c'est une découverte magique pour elle. Parce que pour elle, être avec les autres, c'était être au rythme des autres. Et ça, c'est la marche qui va le lui apprendre et les gens qu'elle va rencontrer qui vont le lui faire comprendre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ce serait ça, vieillir ? Être à son rythme ?

  • Speaker #1

    Je crois que quand on vieillit, en tout cas, c'est une des joies de vieillir. J'ai aussi moi-même, personnellement, cherché beaucoup où étaient ces joies. Parce que bon, quand même, physiquement, on périclite quand même un peu. On attrape des petits bobos qui ne sont pas forcément agréables. On apprécie un petit peu moins peut-être son visage dans le miroir le matin. On le trouve peut-être moins frais. Alors, ce n'est pas nous qui trouvons ça. Je pense que c'est la société qui nous dit ça. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on ne peut plus vieillir. Parce qu'on pourrait être beau et vieux. Mais on nous dit, être beau, c'est être jeune. C'est pour ça que beaucoup de femmes se mettent du Botox. Être beau, c'est être jeune et c'est faux. Être beau, ce n'est pas être jeune. Être beau, c'est être beau. Point barre. Et donc, je ne sais plus du tout la question que tu me posais au début. Donc, j'ai digressé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, vieillir. C'est accéder à son rythme. Et peut-être, par rapport à la beauté, d'avoir une autre forme de beauté, une autre forme d'ouverture, quelque chose qui vient plus. Je parlais en début d'émission, quelque chose qui vient plus de l'intérieur, quelque chose qui est plus mûr, qui est plus présent peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, et ça, c'est aussi très chouette, c'est de l'accepter. On peut l'accepter à un moment donné. Et ça, c'est une des beautés de l'âge. Si on l'accepte, de nouveau, si on veut rester jeune tout le temps, à mon avis, on sera face à un mur et ça sera très compliqué. Mais si on l'accepte, on peut commencer à voir la beauté ailleurs. Évidemment, on pense tout de suite le physique, le mental, mais même il y a plein d'autres choses qui se dévoilent. Un côté spirituel que moi, je n'avais pas quand j'avais 30, 40 ans, que j'ai développé plus tard et que je trouve vraiment incroyable. Je vois avec mes enfants, parfois c'est rigolo parce qu'ils me prennent parfois pour une œil d'y aller. Tu vas aller embrasser ton arbre et on rigole beaucoup avec ça. Et je rigole aussi en me disant, mais vous verrez, un jour vous aurez mon âge et vous aurez peut-être aussi envie d'aller embrasser des arbres. Voilà, donc je trouve qu'il y a une magie aussi à vieillir, mais il faut aller la déceler. Et ce n'est pas facile parce que l'entourage... ne nous aide pas par rapport à ça. On n'est pas dans une culture où on est aidé et accompagné dans l'âge. Tout à coup, une femme, elle a la ménopause et on lui dit « t'as débouffé de chaleur, c'est normal, prends tes médicaments, ça passera » . Et on n'a pas envie d'entendre ça, en fait. On a envie d'être accompagné dans ce qu'on est occupé à vivre et ce n'est pas le cas.

  • Speaker #0

    Et ce n'est pas le cas. Et ça demande parfois de faire une pause, une vraie pause.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et donc, ça peut être de la marche, ça peut être quelqu'un qui nous accompagne sur ce chemin, quelqu'un qui nous comprend. qui nous aide à comprendre où on en est. Tu parles à un moment donné de No Woman's Land, cette espèce d'entre-deux où les femmes ne sont ni jeunes, ni vieilles, ni complètement visibles aux yeux du monde. Ce serait comme ça que la société voit cette période ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a une belle illustration. C'est vraiment l'absence dans le cinéma des femmes entre 50 et 65 ans. C'est très rare de voir ces femmes-là. On a soit les jeunes femmes qui jouent des rôles de jeunes femmes, soit on a les grands-mères qui jouent les rôles de grands-mères, mais entre les deux, avoir des femmes entre 50 et 65 ans qui jouent des rôles de femmes entre 50 et 65 ans, c'est très très rare. Alors il y en a. Mais elles jouent des rôles de femmes de 40 et elles sont complètement maquillées ou botoxées ou complètement refaites. On en a eu beaucoup ces derniers temps qui ont joué ces rôles-là et qui jouaient d'ailleurs leur propre rôle. Mais pour moi, c'est quelque part la preuve de cette existence-là. Elle est dans les images qui nous entourent. Ces femmes-là ne sont pas présentes, en fait, on ne les voit pas. Elles font soit plus jeunes, soit ce sont des grands-mères et alors on les considère comme des grands-mères. Donc il y a cette espèce de no-woman's land, de flottement, qui est à la fois terrible parce qu'on se dit, on a l'impression de ne pas exister. On se dit, mais où ? Je suis là. J'existe avec le visage que j'ai, le corps que j'ai, l'âme, le mental que j'ai. Mais c'est comme si on ne nous voyait plus, qu'on était transparent. Vous savez, comme parfois on est à ce dîner et on essaie de dire quelque chose, il n'y a personne qui écoute. Ça nous est déjà tous arrivé, je pense. Mais on a l'impression d'être dans cet état-là. tout le temps. Mais d'un autre côté, à un moment donné, il faut saisir cette chance et dire je suis dans un ballottement et dans un ballottement, tout est possible en fait. On peut reprendre tous les tournants de vie possibles. C'est chouette si on ne nous voit pas trop. Du coup, on peut décider du tournant qu'on va prendre sans faire de bruit. Et après, il sera temps de se réaffirmer.

  • Speaker #0

    Et toi, tu la vis comment cette transition dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai d'abord vécu pas très bien. Ce que je trouve, c'est une claque. J'ai deux claques dans ma vie. La première claque, c'était la naissance de mon premier fils parce que j'avais une image très... Alors, j'ai adoré cette période. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai adoré cette période. Mais de nouveau, on n'est pas accompagné. On n'est pas dans des cultures où on est accompagné. Donc, c'est paf l'hôpital. C'est super aseptisé. On accouche. Et puis moi, dans ma naïveté crasse, j'avais mon jeans taille 36 avec moi. Et je pensais qu'après avoir accouché, j'allais rentrer dedans et puis rentrer à la maison. Tout allait être nickel, je ne savais pas que j'allais avoir mal, que ça allait être dur les nuits, que parfois j'allais encore être à midi en pyjama, qu'il y aurait aussi des petits désagréments. Non, non, moi je nous voyais courir sur la plage, le grand bonheur, à trois, au ralenti, comme on peut imaginer sur les belles images. Donc ça, c'était la première claque. La deuxième claque, pour moi, ça a vraiment été la ménopause. Parce que la même chose, c'était, oui, mais t'inquiète pas, aujourd'hui on ne vieillit pas comme avant, c'est cool, il y a les médicaments, et puis il y a tous les compléments. naturel et tu vois, c'est génial de vieillir. Et puis, en fait, quand c'est arrivé, je n'ai pas trouvé ça génial. J'ai eu mes bouffées de chaleur, je n'ai pas trouvé ça drôle du tout. Je trouve que le monde qui nous entoure n'est pas drôle. Je n'ai pas... Ce n'était pas forcément chouette. Je n'aime pas voir ma peau qui se ride. Je ne trouve pas ça joli. Je préférais avant, mais de nouveau, c'est parce que la société m'a conditionnée comme ça. voir les enfants qui quittent le nid, alors que j'avais des amis aussi qui disaient « Tu vas voir, tu vas pouvoir retrouver une vie à deux, ou une vie où tu vas pouvoir faire plein de choses. » Moi, j'ai envie de garder mes enfants près de moi. J'ai envie qu'ils continuent à faire partie de ma vie. Et petit à petit, j'ai dû transformer tout ça en quelque chose de positif, en disant « Les enfants ont toujours grandi. Ce n'est pas parce qu'ils s'en vont, qu'à un moment donné, tu n'es plus là dans leur vie. Ce n'est pas parce que tu vieillis que tu n'es plus une belle femme, dans son sens général. » Ce n'est pas quelques bouffées de chaleur qui vont t'anéantir pour ta journée, ta vécu pire. Et donc, petit à petit, il y a cette transformation qui s'installe, mais elle passe par une forme d'acceptation dans laquelle je trouve de nouveau que notre société nous accompagne très mal.

  • Speaker #0

    Et elle peut prendre du temps.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça ne se fait pas en deux mois. Et finalement, c'est un tournant dans ta vie. C'est quel tournant ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un tournant... C'est un tournant qui me fait aussi penser que ce qui est devant nous, il faut absolument en profiter. Parce qu'on se rend compte, du coup, c'est comme si on nous disait tout à coup, coucou, tu es arrivé à trois quarts de ta vie.

  • Speaker #0

    Ou la moitié.

  • Speaker #1

    Ou la moitié, oui. Enfin, alors l'autre moitié, un 110 ans quand même. Il va falloir faire des gros progrès en médecine. Mais voilà, ça sonne un peu le glas, j'ai envie de dire. Et tout à coup, il y a une urgence à vivre. Et ça, c'est à la fois quelque chose de fabuleux et quelque chose de très paniquant. Parce qu'on se dit... Mais je ne vais plus perdre mon temps, moi. Je ne veux plus perdre mon temps avec des choses qui ne me plaisent plus. Et on se rend compte qu'en fait, on fait plein de choses qui ne nous plaisent pas franchement. Alors d'un autre côté, évidemment, il y a les contingences du quotidien. Il faut manger à la fin du mois, on s'entend, on ne fait pas que ce qui nous plaît dans la vie. Et cette urgence à vivre, elle est à la fois paniquante et à la fois formidable. Parce que du coup, on ne s'ennuie plus avec les petites choses. On ne s'ennuie plus avec la personne qui sait... engueuler avec nous il y a deux jours et avec qui on va dire ou bien on passe au-dessus ou bien tu restes tout seul dans ton problème, on ne s'embête plus à voir des gens qu'on n'a plus envie de voir et ça c'est un côté génial.

  • Speaker #0

    Merci Isabelle. Donc je vous, on va terminer ici avec une citation du livre. Il vient un temps où il faut accepter que notre peau raconte une autre histoire qu'il y a 20 ans et c'est vachement dur. Mais elle raconte aussi que je peux toujours embrasser, rire, rêver, aimer. Donc on va conclure cette émission avec cette belle phrase qu'on a envie de partager avec toutes les... personnes qui traversent cette transition. Ça peut être les femmes, mais les hommes aussi, ils traversent une transition. Ce n'est pas la même chose, c'est autre chose. C'est un livre que je vous recommande vraiment de lire parce que la fiction, ça nous aide aussi à comprendre vraiment ce qu'on vit. Le second printemps d'Isabelle Barry et c'est paru aux éditions 180 degrés. Est-ce que tu veux encore rajouter quelque chose pour terminer ? Non, je voulais te remercier simplement, Tandrine, de m'avoir invitée. Ça m'a fait très plaisir. Eh bien, merci. Merci pour ton livre, Isabelle. Et voilà, j'espère que cette émission vous aidera à cheminer, vous donnera l'envie d'aller découvrir ce beau livre. Et je vous dis à bientôt. Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Cordiaud, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

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