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J'ai 50 ans et alors ?

Nos vendredis, avec Nathalie Marquès

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31min |25/04/2025
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Description

Nos vendredis : un cri, de la sororité, une envie de créer

Dans cet épisode, je vous parle d’un roman que j’ai beaucoup aimé…
Un roman qui m’a donné envie d’écrire, de faire des bouquets, d’imaginer de nouveaux épisodes de podcast. Bref, un roman qui donne envie de créer.
Un roman choral, sensible et juste, qui met en lumière ces vies en apparence paisibles, mais où quelque chose, en profondeur, vacille.
Dans Nos vendredis, Nathalie Marquès nous emmène dans un quartier tranquille du Brabant Wallon… mais sous la surface, il y a un cri.

Un cri de femme.
Un cri qu’on ne sait pas toujours formuler, mais qui parle de fatigue, de rêves mis entre parenthèses, et du besoin urgent de se retrouver.

Ce cri, c’est celui de Meg. Mère, épouse, femme. Invisible à force d’être utile.

Aujourd’hui, on parle de ce roman qui donne envie d’entendre le cri de toutes les mères, les sœurs, les filles, les amies, les grandes, les petites, les jeunes, les plus âgées…
De tendre l’oreille. Et d’écouter ce que ce cri raconte, à l’intérieur.
De se le passer comme un cadeau. Un cadeau de celles qui osent exprimer.

Arrêter de mettre en sourdine.
Danser, dessiner, écrire, chanter, créer… Peu importe.
Laisser éclore.


Ressources :

Le Livre : Nos Vendredis de Nathalie Marquès publié chez Les Impressions Nouvelles


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Transcription

  • Sandrine

    Bonjour et bienvenue dans "J'ai 50 ans et alors?', un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiau, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Alors aujourd'hui, j'avais envie de vous parler et de vous emmener... dans un roman que j'ai vraiment adoré, qui m'a donné envie de créer, d'écrire, enfin en tout cas de me relier à mon potentiel de création. Et donc du coup, j'avais envie de vous partager ça aujourd'hui. Pour moi, c'est un roman de l'intime, de l'invisible, de ces toutes petites choses du quotidien qui sont toutes petites, mais parfois qu'on oublie de regarder. Alors « Nos vendredis » , c'est le premier roman de Nathalie Marquès, qui est biologiste-botaniste, un peu comme une poétesse du quotidien. Dans son livre, on y suit Meg, une femme sans histoire, dans un quartier sans histoire, dans le Brabant-Wallon. Et pourtant, elle aime sa vie, ses enfants, son mari, ses voisins, son chien. Elle aime ses poules, les cahiers craft les odeurs musquées, les petits riens, mais il y a un cri dans la nuit, un cri qui trouble le calme et qui fait remonter des choses qui sont enfouies. Ce roman, c'est une parenthèse douce, une traversée délicate entre un certain effacement et une renaissance. Et aujourd'hui, j'ai le bonheur de recevoir son autrice, Nathalie Marquès. Bonjour Nathalie.

  • Nathalie

    Bonjour Sandrine.

  • Sandrine

    Alors, bienvenue parmi nous. Merci. Donc, comme je le disais, j'ai adoré ton livre et donc je suis ravie de pouvoir en discuter avec toi aujourd'hui. Et donc, comme d'habitude, je vais te proposer de te présenter pour qu'on puisse mieux te connaître. Alors, il y a la présentation de façon un peu cocktail, mondaine, et puis il y a la présentation un peu plus intime. Est-ce que tu pourrais nous raconter qui tu es, de cette façon-là ? Est-ce que c'est possible ?

  • Nathalie

    Je vais essayer, c'est un exercice. Je m'appelle Nathalie, je suis l'aînée d'une famille très nombreuse, très recomposée, et ça a quand même son importance dans ce que je suis aujourd'hui. Je me suis occupée très vite de mes frères, puisque je vivais avec mes frères, par contre.

  • Sandrine

    Vous étiez combien, alors ?

  • Nathalie

    J'ai huit frères et sœurs, mais on ne vivait pas tous ensemble. Voilà, on s'est beaucoup croisées, etc. Je peux en faire un roman, d'ailleurs, tout à fait un autre roman. Et donc, je me suis beaucoup occupée de mes frères et sœurs et je me suis toujours inquiétée pour eux, en fait. Je me suis toujours inquiétée. J'ai eu l'impression de passer ma vie à m'inquiéter, peur qu'il arrive quelque chose, à être vigilante, en fait.

  • Sandrine

    Et tu es l'aînée,

  • Nathalie

    c'est ça ? Je suis l'aînée, oui, je suis l'aînée. Et puis ma mère, elle était très très cool, elle ne s'inquiétait de rien. Donc en fait, j'avais l'impression de m'inquiéter à sa place. Donc voilà. Et puis, j'ai tout de suite, j'ai appris très vite à lire. J'ai adoré les mots. Les mots ont toujours été un échappatoire pour moi, le son des mots. J'aimais lire, j'aimais aussi entendre les histoires sur le tourne-disque. J'ai encore vraiment la voix du Petit Prince, par exemple, de tas de disques que j'ai écoutés et qui chantaient à mon oreille. Et d'ailleurs, aujourd'hui, quand j'écris, je lis toujours dans ma tête et il faut que ça sonne bien. Parfois, on retire un mot et il n'y a plus rien qui va.

  • Sandrine

    Et donc, c'est une écoute alors des mots ?

  • Nathalie

    Oui, c'est une écoute. Ils doivent chanter. Je ne sais pas expliquer ça. D'ailleurs, je ne peux pas du tout écrire en musique, par exemple, parce que je dois entendre la musique des mots. J'ai su lire très, très jeune et j'ai dévoré plein, plein, plein de livres. J'ai écrit très vite aussi. D'abord dans les carnets de poésie de mes copines. C'est vrai que les petites filles n'avaient pas beaucoup d'inspiration. Moi, j'en avais toujours beaucoup, beaucoup. Je faisais plusieurs pages avec des dessins, etc. Et puis, adolescente, j'ai beaucoup écrit aussi. J'ai eu un professeur de français incroyable. qui m'a fait découvrir mon talent. Enfin, je ne vais pas dire par là que j'ai énormément de talent, mais quelque chose qui me faisait vraiment vibrer à travers les dissertations. Donc, ça m'a vraiment beaucoup amusée. Et là, je me suis mise à écrire. Et puis, en fait, je suis aussi amoureuse de l'amour. Donc, après l'adolescence, j'étais très, très, très occupée par l'amour et je n'ai plus écrit. Et puis, j'ai rencontré mon mari aussi tout à fait de manière très poétique et inopinément dans un avion. J'étudiais à l'université, donc je suis biologiste. Je faisais un doctorat à ce moment-là, donc j'avais beaucoup, beaucoup étudié. Et j'ai rencontré mon mari et il n'y a plus que lui qui a eu d'intérêt pour moi.

  • Sandrine

    Il avait pris toute la place.

  • Nathalie

    Il avait pris toute la place, exactement. Et donc, moi qui n'avais jamais pensé à avoir des enfants, tout ça. Je voulais tout, je voulais faire des bébés, je voulais faire des gâteaux pour eux, voilà, c'est vraiment ce que je voulais à ce moment-là. Et donc, ils vivaient à l'étranger, je les suivis. On était très heureux, c'était très bien, voilà, on a eu trois fils, dont je me suis vraiment beaucoup, beaucoup occupée. Et tout en étant très heureuse et en ayant l'impression d'être très chanceuse, en fait, il y avait vraiment quelque chose qui manquait dans ma vie et j'ai sombré intellectuellement. Vraiment, je me disais, mais qu'est-ce que tu fais ? Qui tu es ? J'ai tout donné à mon mari, vraiment beaucoup de temps, je veillais sur lui. Comme il travaillait beaucoup, je faisais tout la semaine. Il n'a jamais dû me voir faire des courses, repasser, tout ça. Enfin, tout ça était vraiment... On avait une merveilleuse vie le week-end, le soir, tout était l'aventure. Mais moi, je m'occupais de tout le quotidien. Et en fait, intellectuellement, je ne me nourrissais plus du tout. Je n'avais plus le temps de lire, plus le temps de voir une expo, plus rien. Et donc... Voilà aussi, petite parenthèse, j'ai toujours eu l'impression d'être assez précoce. Donc quand j'étais enfant, je n'ai pas eu l'impression d'être enfant. J'ai l'impression que j'étais déjà adulte en fait. J'observais beaucoup, j'observais les adultes, je comprenais les adultes aussi. Et j'observais leur manière, leur communication non-verbale, leurs soucis. Et c'est comme si je prenais des notes, en fait. J'ai toujours été un peu observatrice.

  • Sandrine

    Et tu te vois écrire, alors ?

  • Nathalie

    Non, non, non. À ce moment-là, je ne me voyais pas du tout écrire. Je prenais des notes et je craignais déjà pour moi plus tard, en fait. Je voyais, je disais, ah, c'est comme ça. C'est comme ça quand on est marié depuis longtemps. C'est comme ça quand on est toute petite, déjà, j'observais tout ça. Et donc, quand je dis que je suis précoce, dans la vie, on a plein de crises. D'ailleurs, elles sont extraordinaires parce que... Ce sont les crises qui nous font décoller. Donc la crise de la quarantaine, je l'ai eue un peu plus tôt, vers 35 ans. Cette crise-là m'a fait découvrir quelque chose qui a été vraiment un chouette outil pour moi, c'est la pleine conscience. Mais je crois que je n'étais pas assez mature à ce moment-là pour en faire vraiment quelque chose de bien. Et puis, vers 45 ans, 43 ans, alors que je ne me sentais pas du tout vieille, j'observais aussi les femmes plus âgées. Et vraiment, j'ai craint, pas la ménopause en soi, mais ce moment où on est au bord du ravin et où on est plus séduisante et où il y a quelque chose qui bascule. On passe d'une femme pleine d'énergie, belle, à une femme inexistante dont on n'a plus besoin dans notre société. Et donc, j'ai aussi beaucoup, beaucoup observé à ce moment-là. J'ai fait une bonne petite crise. Voilà, qui m'a aussi apporté un outil incroyable, c'est que je me suis rapprochée du bouddhisme. Et donc là, j'ai découvert quelque chose d'extraordinaire. Je crois qu'il m'aide beaucoup aujourd'hui dans la vie et qu'il m'a apporté une toute autre façon de regarder les choses, parce que je regarde toujours beaucoup les choses, mais de... Je ne vais pas faire la pro du bouddhisme, pas du tout, mais s'asseoir et accueillir le moment en présence, c'est aussi apprendre à bien se connaître et à pouvoir se détacher de soi pour bien être disponible pour les autres. Disponible, mais pas dans un don,

  • Sandrine

    Dans un espace.

  • Nathalie

    Dans un espace, exactement. Et en fait, c'est ça que je fais dans mon livre. Je pense qu'aujourd'hui, comme je peux m'arrêter, évidemment, je ne le fais pas tout le temps, partout où je vais, j'observe. Très bien, et partout, même dans le quotidien d'aujourd'hui, avec tout ce qui se passe dans l'actualité, il y a aussi plein de choses extraordinaires qui se passent. Il y a moyen de découper le quotidien en choses extraordinairement poétiques. Et voilà, c'est ce que je fais dans mon livre.

  • Sandrine

    Et on le sent, il y a une sensibilité au vivant, à cette attention très fine aux détails, aux textures, aux odeurs, aux sons. Quand on te lit, on... En fait, ça réveille en nous une façon de voir le quotidien, de le voir, de s'arrêter. Donc oui, moi, j'ai senti en lisant ton livre, beaucoup de présence, de... Je ne sais pas, en tout cas, ça réveille tous les sens et ça fait du bien.

  • Nathalie

    C'est gentil, merci. On me le dit souvent, je ne m'en rends pas compte parce que, comme je suis hypersensible, mais de toute façon, moi, je vis avec tout ça tout le temps. J'ai l'impression d'avoir des grandes antennes sur la tête et de temps en temps d'être d'ailleurs très fatiguée de recevoir toutes ces sensations en même temps. Mais voilà, c'est ce qu'on me renvoie souvent après lecture de mon roman et tant mieux, voilà, si ça vous a plu.

  • Sandrine

    Et donc à 50 ans, ça a été comment toi, le basculement chez toi ? Est-ce que tu t'es remis à écrire ? Qu'est-ce qui fait que tu... Comment tu as vécu cette...

  • Nathalie

    crise,

  • Sandrine

    oui. Tu as quel âge ?

  • Nathalie

    Je vais avoir 55 ans. Ok. Donc voilà, à 45 ans, oui, j'ai vraiment chamboulé toute ma vie et je me suis dit, mais qu'est-ce que je fais ? Je donne tout à tout le monde et qui je suis et qu'est-ce que j'aime vraiment ? Qu'est-ce que je veux vraiment ? Je ne savais plus en fait. Je m'en suis vraiment rendue compte, je ne savais plus.

  • Sandrine

    Comme si tu t'étais oubliée.

  • Nathalie

    Oui, exactement, exactement. Mais du coup, je ne savais même plus la route à prendre. Et puis, j'ai recommencé à faire des ateliers d'écriture. Et je me suis rendue compte que l'art, en fait, que j'avais beaucoup pratiqué en étant plus jeune et que j'avais oublié de pratiquer plus tard, et puis pas le temps, parce qu'on est occupé avec les enfants, le travail, l'art me nourrit extraordinairement, vraiment. D'ailleurs, même encore aujourd'hui, quand je ne vais pas bien, l'art me sauve tous les jours, tous les deux jours. Et l'écriture, oui, je me suis rappelée que c'était vraiment ce qui me faisait vibrer d'écrire. Et j'écris d'ailleurs tout le temps, tout le temps. Dans ma tête, sur les notes, dans mon téléphone, dans le tram, dans le bus, dans le train. Voilà, donc ça, ça me rend vraiment, vraiment heureuse.

  • Sandrine

    Et quelles sont les valeurs, toi, qui te guident au quotidien ?

  • Nathalie

    Les valeurs. Alors, j'ai toujours eu du mal avec les valeurs, les besoins, tout ça. Les valeurs, je crois que ce qui me guide vraiment, et ça, j'ai aussi beaucoup observé quand j'ai eu 45 ans et que j'ai... Beaucoup, beaucoup observé et que j'avais cette sensation, enfin plutôt cette crainte d'être au bord du Ravin. J'ai observé à ce moment-là beaucoup de femmes, des artistes, des gens connus. Moi, je n'ai jamais eu d'idole, mais à ce moment-là, j'ai commencé vraiment à être très admirative de certaines femmes plus âgées, qui avaient carrément 70 ans, et que je trouvais d'une authenticité. incroyable en fait, et ça m'explosait au visage. Même, j'étais envieuse et je me disais, tiens, quand on écrit, quand on peint, c'est ça qu'il faut atteindre, c'est ça qui touche en fait. Et moi, à ce moment-là, j'étais encore très occupée à vouloir plaire à ma famille, à mon mari, à mes amis. Enfin voilà, on est depuis des générations et des générations, je pense, les femmes un peu programmées, formatées. Les féministes aujourd'hui ne diraient plus ça, mais moi je le dis. formatée, à plaire, à faire tout pour les autres. Et je voyais ces femmes qui, tout d'un coup, étaient libérées de quelque chose. À la fois, j'avais peur et à la fois, ça m'attirait. Et en fait, aujourd'hui, je comprends beaucoup mieux. Et je trouve qu'en vieillissant, est-ce qu'on gagne en sagesse, même si je ne suis pas encore très sage ? Je ne sais pas. Mais il y a quelque chose de plus libre. Et on assume qui on est, en fait. On se connaît mieux. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que les moments... où je peux être qui je suis, là, je suis vraiment heureuse, droite. Je me sens plus droite, plus vers le ciel, avec des mains plus grandes, plus généreuses, plus à l'écoute et beaucoup plus heureuse, en fait. Plus en adéquation avec ce que je suis.

  • Sandrine

    Plutôt que de faire pour les autres.

  • Nathalie

    Oui, exactement.

  • Sandrine

    Si on plonge dans ton livre, ce titre, qu'est-ce qu'il évoque ? Donc, « Nos vendredis » , pourquoi ce titre ?

  • Nathalie

    Alors, on me l'a déjà demandé plusieurs fois. Les noms de jours, je les trouve très poétiques, en fait. J'aime bien, quand j'écris, je me rends compte qu'ils reviennent souvent. Mardi a de la fièvre, mercredi a pris froid, je ne sais pas. Je n'ai aucun moyen de faire beaucoup de poésie avec les jours de la semaine.

  • Sandrine

    Et vendredi, alors ?

  • Nathalie

    Alors, vendredi, oui. Vendredi, c'est un jour que tout le monde aime bien. C'est la fin de la semaine de travail. Moi, je dois dire que j'adore mon travail et que je suis aussi très contente d'être le lundi. Donc c'est pas que vendredi est ouf, voilà, enfin vendredi, mais il invite à quelque chose de joyeux vendredi, et dans mon livre plutôt pas, voilà, puisque donc mon livre est un roman choral avec quatre histoires, et dans chacune des histoires il y a des titres qui reviennent, dont nos vendredis, enfin vendredi plutôt, puisque dans chacune des histoires il se passe quelque chose, un élément déclencheur le vendredi, qui va faire basculer les protagonistes de l'histoire. Et le Nos vendredis, je trouve que c'était très poétique, un peu mystérieux.

  • Sandrine

    C'est fédérateur.

  • Nathalie

    Exactement, fédérateur. Et c'est exactement ce qui se passe dans mon roman. Tous ces personnages sont reliés. Et c'est bien l'heure vendredi, de l'heure vendredi qu'il s'agit. Donc, voilà.

  • Sandrine

    Parce qu'il y a un fil rouge, il y a ce cri, en fait, qui relie tous ces personnages. C'est un cri de femme, un cri du cœur qui traverse la nuit. Est-ce qu'il y a, selon toi, un moment dans la vie d'une femme où ce cri devient inévitable, où il faut apprendre à l'écouter ?

  • Nathalie

    Oui, bien sûr. D'abord, il faudrait déjà élever les petites filles un peu différemment que ce qu'on a été élevé, je pense. J'ai trois garçons.

  • Sandrine

    Comment alors tu les élèverais ?

  • Nathalie

    Je les élèverais d'abord à aimer les garçons doux et gentils. plutôt que les belles gueules, chefs de bande un peu machos. Voilà, ça c'est une première chose. Et deuxièmement, je leur apprendrai à veiller sur elles d'abord, avant de veiller sur les autres. Je pense que pour rendre les autres heureux autour de nous, il faut d'abord être heureux soi-même. Et en fait, je pense qu'on est vachement programmé pour donner, donner, donner. Et puis à un moment, on crie parce qu'on est vide. En tout cas, moi, c'est ce que... personnellement, j'ai vraiment vécu plusieurs fois dans ma vie. Et aujourd'hui, j'ai appris à me remplir et je suis beaucoup plus heureuse et j'ai l'impression de pouvoir donner beaucoup plus à mes enfants, aux gens autour de moi, à mes amis.

  • Sandrine

    Et c'est ce que vit aussi le personnage, je dis principal, en tout cas Meg, qui est... Elle vit, elle aime, mais elle s'efface aussi. Pourquoi ça a été important pour toi de raconter cette femme qui s'efface, qui est sans histoire et pourtant, on sent qu'elle est terriblement vibrante.

  • Nathalie

    Ok, alors ce n'était pas prémédité en fait. Cette femme de la première histoire, c'est moi, je ne le cache pas. Donc en fait, j'avais des choses à dire et en fait, écrire ce livre, c'était aussi un cri. J'ai remarqué la symbolique du cri quand le livre était terminé. J'ai écrit très à l'intuition. Je n'ai rien programmé. Je suis très contente de moi à travers l'écriture de ce livre parce que non pas qu'il est fantastique, ce n'est pas ça, mais que j'ai été exactement juste. Et pour moi, c'était quelque chose de très difficilement atteignable, d'être juste et authentique. Parfois, d'ailleurs, je le vois tous les jours quand j'écris. Parfois, j'écris et je me dis, ça, je ne peux pas écrire. Et là, j'ai laissé toutes les portes ouvertes et j'ai écrit ce que j'avais à écrire. Et presque ce que j'avais à vomir, en fait, ce livre, c'est tout ce que j'avais à coucher sur le papier, à dire, à crier, à hurler pour avancer, en fait.

  • Sandrine

    Donc c'est comme un geste de soin pour toi et puis pour les autres, parce que quand on le lit, ça nous donne aussi envie d'aller écouter à l'intérieur ce qui se passe.

  • Nathalie

    Oui, tant mieux. Mais oui, oui, tout à fait. Pour moi, c'était un besoin et un soin. C'est vrai, tout à fait. Je l'ai d'abord écrit pour moi, ce livre. Enfin, je ne l'ai pas écrit pour les autres.

  • Sandrine

    Est-ce que c'est ça, peut-être, qui fait que quand on crée, on crée d'abord pour soi ? J'ai l'impression que quand on se dit qu'on crée pour les autres, on enlève une partie.

  • Nathalie

    Oui, oui, ça je suis sûre. Mais c'est pas facile, parce qu'on a toujours peur du jugement de l'autre, et est-ce que ce sera bien, est-ce que ça va être apprécié ? Mais je pense qu'une fois qu'on le fait pour les autres, on a perdu le fil. On n'est plus authentique, en fait. Ce que j'ai cherché, c'est cet authenticité qui n'est pas facile à atteindre tout le temps, mais quand on l'atteint, c'est tellement bien. On a l'impression d'être juste.

  • Sandrine

    Et on sent aussi beaucoup... Il y a une certaine mélancolie comme ça diffuse dans le roman, mais on sent aussi beaucoup de lumière et d'émerveillement, comme je le disais au début. C'est comme si, quelque part, tu nous mettais les lunettes... du bonheur ou de voir les petites choses du quotidien, que malgré la difficulté, malgré la mélancolie, il y a une beauté qui est là et apprenons aussi à la regarder avec tous nos sens, même quand on est perdu, en fait. C'est peut-être ça qui nous fait aussi revenir à nous.

  • Nathalie

    Tout à fait. Ça, je l'ai fait aussi très intuitivement, mais ça, j'ai aussi découvert à travers le bouddhisme au moment... On fait des grandes découvertes au moment des crises, au moment d'une de mes crises. J'allais très mal, j'étais vraiment très triste, une grande peine à l'intérieur de moi. Et j'ai découvert que quand je m'asseyais et que j'étais dans le moment présent, je trouvais une joie immense à l'intérieur de moi. Et cette joie-là, je pense qu'elle peut toujours être arrosée, elle est toujours là, peu importe les éléments extérieurs. Même si je ne l'ai pas calculé, c'est ça qui doit transparaître dans le roman. Parce que ça, je m'en rends compte maintenant. Maintenant, du coup, je m'en rends compte consciemment dans la vie. Mais même quand ça ne va pas, il y a toujours quelque chose de fantastique. Et ça a l'air un peu bateau, ce que je raconte, mais en vrai de vrai...

  • Sandrine

    En vrai de vrai, c'est quelque chose d'essentiel. Et c'est en s'asseyant qu'on le trouve, j'ai l'impression. Ce n'est pas en bougeant dans tous les sens qu'on voit ce qui est beau.

  • Nathalie

    Oui, c'est ça. S'asseoir, c'est difficile pour moi. Oui, il faut en tout cas être conscient. S'arrêter, même si on marche, même en marchant, je veux dire, mais être conscient.

  • Sandrine

    Ce roman, il me fait un peu penser aussi au « J'ai 50 ans et alors » . De l'extérieur, tout semble aller bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui vacille. Ça ne se voit pas, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui crie. Est-ce que c'est cette tension-là, ce basculement que vous avez eu envie de montrer à travers ce livre ?

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. Exactement. Et en fait, quand je vous entends, quand je t'entends, Sandrine, je vois aussi l'inverse. C'est que quand on change, parfois ça ne se voit pas. Un tout petit changement à l'intérieur peut faire tout basculer vers le mieux. Je pense que les cris et les changements sont parfois imperceptibles, mais beaucoup plus grands qu'on ne pense.

  • Sandrine

    Et qu'ils ont une portée beaucoup plus grande.

  • Nathalie

    Tout à fait.

  • Sandrine

    Et donc toi, tu t'es remise à écrire, tu as accouché de ton premier roman. Et qu'est-ce qui l'a changé pour toi, ce roman ?

  • Nathalie

    D'assumer qui j'étais. Je suis une poétesse, je suis une rêveuse. d'y croire aussi, parce que c'est quelque chose que je savais depuis que je suis petite, mais que je n'ai pas assumé. Et aujourd'hui, j'assume beaucoup plus qui je suis. J'ose maintenant écrire des petits textes. J'écris des petits textes sur Instagram, j'ose les écrire, alors qu'au début, très timidement, je mettais une photo, un mot, puis une phrase. Aujourd'hui, j'ose, et que ça plaise ou non, je ne vais pas dire que ça m'est complètement égale, évidemment. Parfois, j'écris des choses en me disant, tiens, est-ce que ce n'était pas bête ? Mais très vite, ça part. et je suis moi et voilà, je suis beaucoup plus droite et heureuse d'être moi, j'ai moins peur en fait, je vais pas dire que j'ai plus peur mais j'ai moins peur et du coup je suis plus centrée et plus entière

  • Sandrine

    Est-ce que ce serait aussi lâcher les attentes ?

  • Nathalie

    Oui sûrement lâcher les attentes, oui ça c'est sûr, même si en fait c'est marrant, on discutait avec un collègue l'autre jour du fait qu'on attend toujours quelque chose Je ne sais pas si j'attends toujours quelque chose. C'est difficile, cette question, attendre. En tout cas, consciemment, je pense que quand on attend, il n'y a rien qui vient. Et que quand on n'attend rien, il y a tellement, tellement de choses qui viennent.

  • Sandrine

    Oui, c'est vrai.

  • Nathalie

    Aujourd'hui, moi, il m'arrive des aventures tous les jours. Mes amis rigolent en disant, mais tiens, tu pourrais écrire des livres tous les jours. C'est juste parce que je regarde, en fait. Et en regardant, je rencontre aujourd'hui, parce que je suis plus entière, peut-être, je n'en sais rien, plus ouverte. ou plus heureuse, je ne sais pas, mais je rencontre des tas de gens, des tas d'opportunités, des tas de vibrations, presque tous les jours. Je ne sais pas, attendre. Oui, peut-être qu'on attend finalement toujours quelque chose. Mais en tout cas, être réceptive à la vie et à ce qui vient. Et il y a toujours de bonnes choses qui viennent.

  • Sandrine

    C'est vrai. Et dans ton livre, tu parles aussi des femmes. Enfin, il y a quatre femmes. Et la sororité aussi entre ces femmes. Il y a quelque chose qui se passe entre elles. Quelle est la place de la sororité dans ta vie ? Est-ce que c'est ça que tu avais aussi envie de mettre en lumière ?

  • Nathalie

    Encore une fois, pas consciemment. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée avec des frères. J'avais des amis garçons. J'ai des fils, donc voilà, très entourés d'hommes. Et au fait, les filles, ça me faisait plutôt peur. Les filles, parfois, ça radote, ça critique, etc. Et en fait, c'est depuis une dizaine d'années peut-être que je me suis vraiment rapprochée des femmes. Et j'ai une passion pour les femmes partout. Je trouve qu'entre femmes, peu importe la religion, la couleur, le milieu, que ce soit n'importe où, même quand on ne connaît pas les gens dans un bus, je trouve qu'entre femmes, on se comprend. On a un regard et c'est difficilement explicable. Et depuis, c'est vrai que je me suis fait plein d'amis. Ce n'est pas que je n'en avais pas avant, mais vraiment des nouvelles amitiés claires et vibrantes, des belles relations, beaucoup d'admiration aussi pour des femmes que parfois je ne connais pas. Là, je lisais un texte de Nancy Houston ce matin, qui est autrice et philosophe, qui parle de marché, qui parle justement de cette liberté qu'on gagne en vieillissant. Parce qu'on regarde moins, on fait moins attention, on regarde l'autre. Je trouve qu'on a... C'est comme si de génération en génération, les femmes s'apprenaient des choses et que les cris se relaient d'une génération à l'autre, en fait. C'est peut-être ce que j'ai fait spontanément dans mon livre, puisque dans mon livre, toutes les femmes, finalement, se sauvent grâce à ce cri, en fait. Grâce aux autres.

  • Sandrine

    Ce sont des voisines, des mères, des amis. C'est comme s'il y avait une solidarité comme ça, silencieuse, entre ces femmes.

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. D'autant plus que ce cri, il n'y a que les femmes qui l'entendent dans mon livre. Les enfants et les hommes ne l'entendent pas.

  • Sandrine

    C'est ça. Les hommes et les enfants, ils sont un petit peu moins présents dans le livre ? Est-ce que c'était volontaire ?

  • Nathalie

    Oui, rien de...

  • Sandrine

    Ils sont aimants, mais absents. Oui,

  • Nathalie

    c'est vrai. Ce n'était pas volontaire, non. Mais je pense que mon problème, entre guillemets, ce dont j'avais envie de parler, c'était des femmes. Et donc, je l'ai fait intuitivement et je suis contente du résultat parce que dans mon livre, les enfants et les hommes sont aimés et chéris. Et ils sont là quand même. Donc, ce n'est pas que c'est contre les hommes, mais c'est vrai que c'est pour les femmes. Les femmes se portent plus haut et plus droite ensemble, en fait, et se sauvent mutuellement. C'est ça que je sens et que sans doute qui ressort de mon livre.

  • Sandrine

    Peut-être que tu avais envie de questionner la place des hommes dans tout ça ?

  • Nathalie

    Non, pas vraiment.

  • Sandrine

    Pas vraiment. Ok, en tout cas, moi, je vous conseille vivement de lire ce livre. En plus, tu es belge, une auteure belge. Je trouve que c'est important de mettre en avant, dans le béoué en plus. Donc voilà, je vous suggère vraiment de lire ce livre. Moi, je me suis posé des questions. J'ai eu envie de crier. J'avais envie de me poser des questions en se disant, mais en fait, en lisant ce livre, qu'est-ce qui me nourrit vraiment ? Qu'est-ce que j'ai mis en sourdine bien trop longtemps ? Qui suis-je quand je ne fais rien pour personne ? C'est ces questions-là que le livre questionne ou nous invite à explorer. Et si tu avais envie de donner un conseil, enfin pas un conseil, mais si tu avais envie de partager une idée ou quelque chose à propos de ton roman pour clore cet épisode, à nos auditeurs, qu'est-ce que tu aurais envie de dire ?

  • Nathalie

    Je crois que le message central, c'est... Il y en a deux, c'est d'abord que dans le quotidien et les choses minuscules, il y a du merveilleux. Et deuxièmement, je pense qu'il ne faut pas s'oublier, en fait, hommes et femmes d'ailleurs, mais les hommes ont moins tendance à s'oublier. Les femmes ne doivent pas s'oublier et je pense que si on pense à nous quand on était jeunes, on sait très bien ce qui nous fait du bien. Et il faut arroser ça et se nourrir vraiment. Je pense que c'est souvent l'art, mais après, dans mon livre en tout cas, les femmes... se nourrissent d'art, que ce soit de la danse, de la photo, de l'écriture. Pas s'oublier et fleurir et grandir grâce à ça. Et puis pouvoir donner aux autres. Mais d'abord, veiller sur soi-même.

  • Sandrine

    Merci Nathalie, mais quand tu dis « parle de l'art » , c'est de la créativité ?

  • Nathalie

    La créativité,

  • Sandrine

    oui. C'est sa propre créativité.

  • Nathalie

    Oui, la créativité ou l'expression, l'expression corporelle. Se sentir vivant en fait. Ce qui nous rend vivants. Et peu importe ce que c'est, ça pourrait être autre chose que de l'art d'ailleurs. Je n'ai pas d'idée, mais ça pourrait être... Moi, ce que je pense, c'est l'art. Quand je danse, je me sens extrêmement vivante. C'est pour ça qu'il y a une danseuse dans mon livre. Quand j'écris, je me sens extrêmement vivante. Mais ça pourrait être autre chose, construire quelque chose. Mais de toute façon, je pense que ça passe par la création. Je crois, mais peut-être qu'il y a autre chose.

  • Sandrine

    Oui, oui. Et en même temps, la maternité, c'est aussi quelque chose qu'on...

  • Nathalie

    Oui.

  • Sandrine

    Il y a aussi de la création. Oui, c'est vrai. Ça me fait penser à...

  • Nathalie

    Oui, mais il y a beaucoup, beaucoup de dons là-dedans. Et moi, j'ai adoré, j'adore être mère, j'adore mes enfants. Je me suis beaucoup occupée de mes enfants. Ils n'ont pas été à la garderie, ils n'ont pas été à la crèche. Et j'ai eu le temps de compter les escargots sous la pluie, d'aller tous les jours des heures à la plaine de jeux. Ils n'ont pas oublié ça. Et moi non plus, c'était vraiment merveilleux. Mais à la fois, une partie de moi, je l'avais oublié. Il faut aussi créer et créer les enfants. On les crée, mais après, ils ne sont plus à nous. On peut les aider à grandir, mais on les lâche. Et après, si on n'a pas pris soin de soi, on se retrouve bien vide avec les enfants qui n'ont plus besoin de nous et nous qui sommes creux. en fait. Je pense que...

  • Sandrine

    À ce moment-là, si on a arrosé notre essence, on peut fleurir.

  • Nathalie

    Oui, voilà. Et il est encore temps, évidemment, de le faire et d'aller chercher en soi.

  • Sandrine

    Évidemment, à tout âge, je pense.

  • Nathalie

    Oui, à chaque transition. Merci beaucoup, Nathalie, pour ce beau roman. Donc, « Novembre dit » est un roman qu'on lit. à son rythme qu'on respire, qu'on ressent. C'est un roman qui nous invite à redescendre dans nos sensations, dans nos silences aussi, dans notre présence. Donc à toutes celles et ceux qui nous écoutent, peut-être que ce cri dans la nuit, vous l'avez déjà entendu, peut-être que vous aussi, vous êtes en train de vous réécrire. Et si c'était ça finalement, ne plus fuir le cri, mais lui tendre l'oreille. Voilà, je vous souhaite en tout cas un bon moment avec ce livre que vous trouverez aux éditions Les Impressions Nouvelles, qu'on trouve un peu partout.

  • Sandrine

    Partout en librairie ou bien sur commande, partout.

  • Nathalie

    Ok, et bien un tout grand merci Nathalie.

  • Sandrine

    Merci beaucoup Sandrine.

  • Nathalie

    Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Corbio, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

Description

Nos vendredis : un cri, de la sororité, une envie de créer

Dans cet épisode, je vous parle d’un roman que j’ai beaucoup aimé…
Un roman qui m’a donné envie d’écrire, de faire des bouquets, d’imaginer de nouveaux épisodes de podcast. Bref, un roman qui donne envie de créer.
Un roman choral, sensible et juste, qui met en lumière ces vies en apparence paisibles, mais où quelque chose, en profondeur, vacille.
Dans Nos vendredis, Nathalie Marquès nous emmène dans un quartier tranquille du Brabant Wallon… mais sous la surface, il y a un cri.

Un cri de femme.
Un cri qu’on ne sait pas toujours formuler, mais qui parle de fatigue, de rêves mis entre parenthèses, et du besoin urgent de se retrouver.

Ce cri, c’est celui de Meg. Mère, épouse, femme. Invisible à force d’être utile.

Aujourd’hui, on parle de ce roman qui donne envie d’entendre le cri de toutes les mères, les sœurs, les filles, les amies, les grandes, les petites, les jeunes, les plus âgées…
De tendre l’oreille. Et d’écouter ce que ce cri raconte, à l’intérieur.
De se le passer comme un cadeau. Un cadeau de celles qui osent exprimer.

Arrêter de mettre en sourdine.
Danser, dessiner, écrire, chanter, créer… Peu importe.
Laisser éclore.


Ressources :

Le Livre : Nos Vendredis de Nathalie Marquès publié chez Les Impressions Nouvelles


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Transcription

  • Sandrine

    Bonjour et bienvenue dans "J'ai 50 ans et alors?', un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiau, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Alors aujourd'hui, j'avais envie de vous parler et de vous emmener... dans un roman que j'ai vraiment adoré, qui m'a donné envie de créer, d'écrire, enfin en tout cas de me relier à mon potentiel de création. Et donc du coup, j'avais envie de vous partager ça aujourd'hui. Pour moi, c'est un roman de l'intime, de l'invisible, de ces toutes petites choses du quotidien qui sont toutes petites, mais parfois qu'on oublie de regarder. Alors « Nos vendredis » , c'est le premier roman de Nathalie Marquès, qui est biologiste-botaniste, un peu comme une poétesse du quotidien. Dans son livre, on y suit Meg, une femme sans histoire, dans un quartier sans histoire, dans le Brabant-Wallon. Et pourtant, elle aime sa vie, ses enfants, son mari, ses voisins, son chien. Elle aime ses poules, les cahiers craft les odeurs musquées, les petits riens, mais il y a un cri dans la nuit, un cri qui trouble le calme et qui fait remonter des choses qui sont enfouies. Ce roman, c'est une parenthèse douce, une traversée délicate entre un certain effacement et une renaissance. Et aujourd'hui, j'ai le bonheur de recevoir son autrice, Nathalie Marquès. Bonjour Nathalie.

  • Nathalie

    Bonjour Sandrine.

  • Sandrine

    Alors, bienvenue parmi nous. Merci. Donc, comme je le disais, j'ai adoré ton livre et donc je suis ravie de pouvoir en discuter avec toi aujourd'hui. Et donc, comme d'habitude, je vais te proposer de te présenter pour qu'on puisse mieux te connaître. Alors, il y a la présentation de façon un peu cocktail, mondaine, et puis il y a la présentation un peu plus intime. Est-ce que tu pourrais nous raconter qui tu es, de cette façon-là ? Est-ce que c'est possible ?

  • Nathalie

    Je vais essayer, c'est un exercice. Je m'appelle Nathalie, je suis l'aînée d'une famille très nombreuse, très recomposée, et ça a quand même son importance dans ce que je suis aujourd'hui. Je me suis occupée très vite de mes frères, puisque je vivais avec mes frères, par contre.

  • Sandrine

    Vous étiez combien, alors ?

  • Nathalie

    J'ai huit frères et sœurs, mais on ne vivait pas tous ensemble. Voilà, on s'est beaucoup croisées, etc. Je peux en faire un roman, d'ailleurs, tout à fait un autre roman. Et donc, je me suis beaucoup occupée de mes frères et sœurs et je me suis toujours inquiétée pour eux, en fait. Je me suis toujours inquiétée. J'ai eu l'impression de passer ma vie à m'inquiéter, peur qu'il arrive quelque chose, à être vigilante, en fait.

  • Sandrine

    Et tu es l'aînée,

  • Nathalie

    c'est ça ? Je suis l'aînée, oui, je suis l'aînée. Et puis ma mère, elle était très très cool, elle ne s'inquiétait de rien. Donc en fait, j'avais l'impression de m'inquiéter à sa place. Donc voilà. Et puis, j'ai tout de suite, j'ai appris très vite à lire. J'ai adoré les mots. Les mots ont toujours été un échappatoire pour moi, le son des mots. J'aimais lire, j'aimais aussi entendre les histoires sur le tourne-disque. J'ai encore vraiment la voix du Petit Prince, par exemple, de tas de disques que j'ai écoutés et qui chantaient à mon oreille. Et d'ailleurs, aujourd'hui, quand j'écris, je lis toujours dans ma tête et il faut que ça sonne bien. Parfois, on retire un mot et il n'y a plus rien qui va.

  • Sandrine

    Et donc, c'est une écoute alors des mots ?

  • Nathalie

    Oui, c'est une écoute. Ils doivent chanter. Je ne sais pas expliquer ça. D'ailleurs, je ne peux pas du tout écrire en musique, par exemple, parce que je dois entendre la musique des mots. J'ai su lire très, très jeune et j'ai dévoré plein, plein, plein de livres. J'ai écrit très vite aussi. D'abord dans les carnets de poésie de mes copines. C'est vrai que les petites filles n'avaient pas beaucoup d'inspiration. Moi, j'en avais toujours beaucoup, beaucoup. Je faisais plusieurs pages avec des dessins, etc. Et puis, adolescente, j'ai beaucoup écrit aussi. J'ai eu un professeur de français incroyable. qui m'a fait découvrir mon talent. Enfin, je ne vais pas dire par là que j'ai énormément de talent, mais quelque chose qui me faisait vraiment vibrer à travers les dissertations. Donc, ça m'a vraiment beaucoup amusée. Et là, je me suis mise à écrire. Et puis, en fait, je suis aussi amoureuse de l'amour. Donc, après l'adolescence, j'étais très, très, très occupée par l'amour et je n'ai plus écrit. Et puis, j'ai rencontré mon mari aussi tout à fait de manière très poétique et inopinément dans un avion. J'étudiais à l'université, donc je suis biologiste. Je faisais un doctorat à ce moment-là, donc j'avais beaucoup, beaucoup étudié. Et j'ai rencontré mon mari et il n'y a plus que lui qui a eu d'intérêt pour moi.

  • Sandrine

    Il avait pris toute la place.

  • Nathalie

    Il avait pris toute la place, exactement. Et donc, moi qui n'avais jamais pensé à avoir des enfants, tout ça. Je voulais tout, je voulais faire des bébés, je voulais faire des gâteaux pour eux, voilà, c'est vraiment ce que je voulais à ce moment-là. Et donc, ils vivaient à l'étranger, je les suivis. On était très heureux, c'était très bien, voilà, on a eu trois fils, dont je me suis vraiment beaucoup, beaucoup occupée. Et tout en étant très heureuse et en ayant l'impression d'être très chanceuse, en fait, il y avait vraiment quelque chose qui manquait dans ma vie et j'ai sombré intellectuellement. Vraiment, je me disais, mais qu'est-ce que tu fais ? Qui tu es ? J'ai tout donné à mon mari, vraiment beaucoup de temps, je veillais sur lui. Comme il travaillait beaucoup, je faisais tout la semaine. Il n'a jamais dû me voir faire des courses, repasser, tout ça. Enfin, tout ça était vraiment... On avait une merveilleuse vie le week-end, le soir, tout était l'aventure. Mais moi, je m'occupais de tout le quotidien. Et en fait, intellectuellement, je ne me nourrissais plus du tout. Je n'avais plus le temps de lire, plus le temps de voir une expo, plus rien. Et donc... Voilà aussi, petite parenthèse, j'ai toujours eu l'impression d'être assez précoce. Donc quand j'étais enfant, je n'ai pas eu l'impression d'être enfant. J'ai l'impression que j'étais déjà adulte en fait. J'observais beaucoup, j'observais les adultes, je comprenais les adultes aussi. Et j'observais leur manière, leur communication non-verbale, leurs soucis. Et c'est comme si je prenais des notes, en fait. J'ai toujours été un peu observatrice.

  • Sandrine

    Et tu te vois écrire, alors ?

  • Nathalie

    Non, non, non. À ce moment-là, je ne me voyais pas du tout écrire. Je prenais des notes et je craignais déjà pour moi plus tard, en fait. Je voyais, je disais, ah, c'est comme ça. C'est comme ça quand on est marié depuis longtemps. C'est comme ça quand on est toute petite, déjà, j'observais tout ça. Et donc, quand je dis que je suis précoce, dans la vie, on a plein de crises. D'ailleurs, elles sont extraordinaires parce que... Ce sont les crises qui nous font décoller. Donc la crise de la quarantaine, je l'ai eue un peu plus tôt, vers 35 ans. Cette crise-là m'a fait découvrir quelque chose qui a été vraiment un chouette outil pour moi, c'est la pleine conscience. Mais je crois que je n'étais pas assez mature à ce moment-là pour en faire vraiment quelque chose de bien. Et puis, vers 45 ans, 43 ans, alors que je ne me sentais pas du tout vieille, j'observais aussi les femmes plus âgées. Et vraiment, j'ai craint, pas la ménopause en soi, mais ce moment où on est au bord du ravin et où on est plus séduisante et où il y a quelque chose qui bascule. On passe d'une femme pleine d'énergie, belle, à une femme inexistante dont on n'a plus besoin dans notre société. Et donc, j'ai aussi beaucoup, beaucoup observé à ce moment-là. J'ai fait une bonne petite crise. Voilà, qui m'a aussi apporté un outil incroyable, c'est que je me suis rapprochée du bouddhisme. Et donc là, j'ai découvert quelque chose d'extraordinaire. Je crois qu'il m'aide beaucoup aujourd'hui dans la vie et qu'il m'a apporté une toute autre façon de regarder les choses, parce que je regarde toujours beaucoup les choses, mais de... Je ne vais pas faire la pro du bouddhisme, pas du tout, mais s'asseoir et accueillir le moment en présence, c'est aussi apprendre à bien se connaître et à pouvoir se détacher de soi pour bien être disponible pour les autres. Disponible, mais pas dans un don,

  • Sandrine

    Dans un espace.

  • Nathalie

    Dans un espace, exactement. Et en fait, c'est ça que je fais dans mon livre. Je pense qu'aujourd'hui, comme je peux m'arrêter, évidemment, je ne le fais pas tout le temps, partout où je vais, j'observe. Très bien, et partout, même dans le quotidien d'aujourd'hui, avec tout ce qui se passe dans l'actualité, il y a aussi plein de choses extraordinaires qui se passent. Il y a moyen de découper le quotidien en choses extraordinairement poétiques. Et voilà, c'est ce que je fais dans mon livre.

  • Sandrine

    Et on le sent, il y a une sensibilité au vivant, à cette attention très fine aux détails, aux textures, aux odeurs, aux sons. Quand on te lit, on... En fait, ça réveille en nous une façon de voir le quotidien, de le voir, de s'arrêter. Donc oui, moi, j'ai senti en lisant ton livre, beaucoup de présence, de... Je ne sais pas, en tout cas, ça réveille tous les sens et ça fait du bien.

  • Nathalie

    C'est gentil, merci. On me le dit souvent, je ne m'en rends pas compte parce que, comme je suis hypersensible, mais de toute façon, moi, je vis avec tout ça tout le temps. J'ai l'impression d'avoir des grandes antennes sur la tête et de temps en temps d'être d'ailleurs très fatiguée de recevoir toutes ces sensations en même temps. Mais voilà, c'est ce qu'on me renvoie souvent après lecture de mon roman et tant mieux, voilà, si ça vous a plu.

  • Sandrine

    Et donc à 50 ans, ça a été comment toi, le basculement chez toi ? Est-ce que tu t'es remis à écrire ? Qu'est-ce qui fait que tu... Comment tu as vécu cette...

  • Nathalie

    crise,

  • Sandrine

    oui. Tu as quel âge ?

  • Nathalie

    Je vais avoir 55 ans. Ok. Donc voilà, à 45 ans, oui, j'ai vraiment chamboulé toute ma vie et je me suis dit, mais qu'est-ce que je fais ? Je donne tout à tout le monde et qui je suis et qu'est-ce que j'aime vraiment ? Qu'est-ce que je veux vraiment ? Je ne savais plus en fait. Je m'en suis vraiment rendue compte, je ne savais plus.

  • Sandrine

    Comme si tu t'étais oubliée.

  • Nathalie

    Oui, exactement, exactement. Mais du coup, je ne savais même plus la route à prendre. Et puis, j'ai recommencé à faire des ateliers d'écriture. Et je me suis rendue compte que l'art, en fait, que j'avais beaucoup pratiqué en étant plus jeune et que j'avais oublié de pratiquer plus tard, et puis pas le temps, parce qu'on est occupé avec les enfants, le travail, l'art me nourrit extraordinairement, vraiment. D'ailleurs, même encore aujourd'hui, quand je ne vais pas bien, l'art me sauve tous les jours, tous les deux jours. Et l'écriture, oui, je me suis rappelée que c'était vraiment ce qui me faisait vibrer d'écrire. Et j'écris d'ailleurs tout le temps, tout le temps. Dans ma tête, sur les notes, dans mon téléphone, dans le tram, dans le bus, dans le train. Voilà, donc ça, ça me rend vraiment, vraiment heureuse.

  • Sandrine

    Et quelles sont les valeurs, toi, qui te guident au quotidien ?

  • Nathalie

    Les valeurs. Alors, j'ai toujours eu du mal avec les valeurs, les besoins, tout ça. Les valeurs, je crois que ce qui me guide vraiment, et ça, j'ai aussi beaucoup observé quand j'ai eu 45 ans et que j'ai... Beaucoup, beaucoup observé et que j'avais cette sensation, enfin plutôt cette crainte d'être au bord du Ravin. J'ai observé à ce moment-là beaucoup de femmes, des artistes, des gens connus. Moi, je n'ai jamais eu d'idole, mais à ce moment-là, j'ai commencé vraiment à être très admirative de certaines femmes plus âgées, qui avaient carrément 70 ans, et que je trouvais d'une authenticité. incroyable en fait, et ça m'explosait au visage. Même, j'étais envieuse et je me disais, tiens, quand on écrit, quand on peint, c'est ça qu'il faut atteindre, c'est ça qui touche en fait. Et moi, à ce moment-là, j'étais encore très occupée à vouloir plaire à ma famille, à mon mari, à mes amis. Enfin voilà, on est depuis des générations et des générations, je pense, les femmes un peu programmées, formatées. Les féministes aujourd'hui ne diraient plus ça, mais moi je le dis. formatée, à plaire, à faire tout pour les autres. Et je voyais ces femmes qui, tout d'un coup, étaient libérées de quelque chose. À la fois, j'avais peur et à la fois, ça m'attirait. Et en fait, aujourd'hui, je comprends beaucoup mieux. Et je trouve qu'en vieillissant, est-ce qu'on gagne en sagesse, même si je ne suis pas encore très sage ? Je ne sais pas. Mais il y a quelque chose de plus libre. Et on assume qui on est, en fait. On se connaît mieux. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que les moments... où je peux être qui je suis, là, je suis vraiment heureuse, droite. Je me sens plus droite, plus vers le ciel, avec des mains plus grandes, plus généreuses, plus à l'écoute et beaucoup plus heureuse, en fait. Plus en adéquation avec ce que je suis.

  • Sandrine

    Plutôt que de faire pour les autres.

  • Nathalie

    Oui, exactement.

  • Sandrine

    Si on plonge dans ton livre, ce titre, qu'est-ce qu'il évoque ? Donc, « Nos vendredis » , pourquoi ce titre ?

  • Nathalie

    Alors, on me l'a déjà demandé plusieurs fois. Les noms de jours, je les trouve très poétiques, en fait. J'aime bien, quand j'écris, je me rends compte qu'ils reviennent souvent. Mardi a de la fièvre, mercredi a pris froid, je ne sais pas. Je n'ai aucun moyen de faire beaucoup de poésie avec les jours de la semaine.

  • Sandrine

    Et vendredi, alors ?

  • Nathalie

    Alors, vendredi, oui. Vendredi, c'est un jour que tout le monde aime bien. C'est la fin de la semaine de travail. Moi, je dois dire que j'adore mon travail et que je suis aussi très contente d'être le lundi. Donc c'est pas que vendredi est ouf, voilà, enfin vendredi, mais il invite à quelque chose de joyeux vendredi, et dans mon livre plutôt pas, voilà, puisque donc mon livre est un roman choral avec quatre histoires, et dans chacune des histoires il y a des titres qui reviennent, dont nos vendredis, enfin vendredi plutôt, puisque dans chacune des histoires il se passe quelque chose, un élément déclencheur le vendredi, qui va faire basculer les protagonistes de l'histoire. Et le Nos vendredis, je trouve que c'était très poétique, un peu mystérieux.

  • Sandrine

    C'est fédérateur.

  • Nathalie

    Exactement, fédérateur. Et c'est exactement ce qui se passe dans mon roman. Tous ces personnages sont reliés. Et c'est bien l'heure vendredi, de l'heure vendredi qu'il s'agit. Donc, voilà.

  • Sandrine

    Parce qu'il y a un fil rouge, il y a ce cri, en fait, qui relie tous ces personnages. C'est un cri de femme, un cri du cœur qui traverse la nuit. Est-ce qu'il y a, selon toi, un moment dans la vie d'une femme où ce cri devient inévitable, où il faut apprendre à l'écouter ?

  • Nathalie

    Oui, bien sûr. D'abord, il faudrait déjà élever les petites filles un peu différemment que ce qu'on a été élevé, je pense. J'ai trois garçons.

  • Sandrine

    Comment alors tu les élèverais ?

  • Nathalie

    Je les élèverais d'abord à aimer les garçons doux et gentils. plutôt que les belles gueules, chefs de bande un peu machos. Voilà, ça c'est une première chose. Et deuxièmement, je leur apprendrai à veiller sur elles d'abord, avant de veiller sur les autres. Je pense que pour rendre les autres heureux autour de nous, il faut d'abord être heureux soi-même. Et en fait, je pense qu'on est vachement programmé pour donner, donner, donner. Et puis à un moment, on crie parce qu'on est vide. En tout cas, moi, c'est ce que... personnellement, j'ai vraiment vécu plusieurs fois dans ma vie. Et aujourd'hui, j'ai appris à me remplir et je suis beaucoup plus heureuse et j'ai l'impression de pouvoir donner beaucoup plus à mes enfants, aux gens autour de moi, à mes amis.

  • Sandrine

    Et c'est ce que vit aussi le personnage, je dis principal, en tout cas Meg, qui est... Elle vit, elle aime, mais elle s'efface aussi. Pourquoi ça a été important pour toi de raconter cette femme qui s'efface, qui est sans histoire et pourtant, on sent qu'elle est terriblement vibrante.

  • Nathalie

    Ok, alors ce n'était pas prémédité en fait. Cette femme de la première histoire, c'est moi, je ne le cache pas. Donc en fait, j'avais des choses à dire et en fait, écrire ce livre, c'était aussi un cri. J'ai remarqué la symbolique du cri quand le livre était terminé. J'ai écrit très à l'intuition. Je n'ai rien programmé. Je suis très contente de moi à travers l'écriture de ce livre parce que non pas qu'il est fantastique, ce n'est pas ça, mais que j'ai été exactement juste. Et pour moi, c'était quelque chose de très difficilement atteignable, d'être juste et authentique. Parfois, d'ailleurs, je le vois tous les jours quand j'écris. Parfois, j'écris et je me dis, ça, je ne peux pas écrire. Et là, j'ai laissé toutes les portes ouvertes et j'ai écrit ce que j'avais à écrire. Et presque ce que j'avais à vomir, en fait, ce livre, c'est tout ce que j'avais à coucher sur le papier, à dire, à crier, à hurler pour avancer, en fait.

  • Sandrine

    Donc c'est comme un geste de soin pour toi et puis pour les autres, parce que quand on le lit, ça nous donne aussi envie d'aller écouter à l'intérieur ce qui se passe.

  • Nathalie

    Oui, tant mieux. Mais oui, oui, tout à fait. Pour moi, c'était un besoin et un soin. C'est vrai, tout à fait. Je l'ai d'abord écrit pour moi, ce livre. Enfin, je ne l'ai pas écrit pour les autres.

  • Sandrine

    Est-ce que c'est ça, peut-être, qui fait que quand on crée, on crée d'abord pour soi ? J'ai l'impression que quand on se dit qu'on crée pour les autres, on enlève une partie.

  • Nathalie

    Oui, oui, ça je suis sûre. Mais c'est pas facile, parce qu'on a toujours peur du jugement de l'autre, et est-ce que ce sera bien, est-ce que ça va être apprécié ? Mais je pense qu'une fois qu'on le fait pour les autres, on a perdu le fil. On n'est plus authentique, en fait. Ce que j'ai cherché, c'est cet authenticité qui n'est pas facile à atteindre tout le temps, mais quand on l'atteint, c'est tellement bien. On a l'impression d'être juste.

  • Sandrine

    Et on sent aussi beaucoup... Il y a une certaine mélancolie comme ça diffuse dans le roman, mais on sent aussi beaucoup de lumière et d'émerveillement, comme je le disais au début. C'est comme si, quelque part, tu nous mettais les lunettes... du bonheur ou de voir les petites choses du quotidien, que malgré la difficulté, malgré la mélancolie, il y a une beauté qui est là et apprenons aussi à la regarder avec tous nos sens, même quand on est perdu, en fait. C'est peut-être ça qui nous fait aussi revenir à nous.

  • Nathalie

    Tout à fait. Ça, je l'ai fait aussi très intuitivement, mais ça, j'ai aussi découvert à travers le bouddhisme au moment... On fait des grandes découvertes au moment des crises, au moment d'une de mes crises. J'allais très mal, j'étais vraiment très triste, une grande peine à l'intérieur de moi. Et j'ai découvert que quand je m'asseyais et que j'étais dans le moment présent, je trouvais une joie immense à l'intérieur de moi. Et cette joie-là, je pense qu'elle peut toujours être arrosée, elle est toujours là, peu importe les éléments extérieurs. Même si je ne l'ai pas calculé, c'est ça qui doit transparaître dans le roman. Parce que ça, je m'en rends compte maintenant. Maintenant, du coup, je m'en rends compte consciemment dans la vie. Mais même quand ça ne va pas, il y a toujours quelque chose de fantastique. Et ça a l'air un peu bateau, ce que je raconte, mais en vrai de vrai...

  • Sandrine

    En vrai de vrai, c'est quelque chose d'essentiel. Et c'est en s'asseyant qu'on le trouve, j'ai l'impression. Ce n'est pas en bougeant dans tous les sens qu'on voit ce qui est beau.

  • Nathalie

    Oui, c'est ça. S'asseoir, c'est difficile pour moi. Oui, il faut en tout cas être conscient. S'arrêter, même si on marche, même en marchant, je veux dire, mais être conscient.

  • Sandrine

    Ce roman, il me fait un peu penser aussi au « J'ai 50 ans et alors » . De l'extérieur, tout semble aller bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui vacille. Ça ne se voit pas, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui crie. Est-ce que c'est cette tension-là, ce basculement que vous avez eu envie de montrer à travers ce livre ?

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. Exactement. Et en fait, quand je vous entends, quand je t'entends, Sandrine, je vois aussi l'inverse. C'est que quand on change, parfois ça ne se voit pas. Un tout petit changement à l'intérieur peut faire tout basculer vers le mieux. Je pense que les cris et les changements sont parfois imperceptibles, mais beaucoup plus grands qu'on ne pense.

  • Sandrine

    Et qu'ils ont une portée beaucoup plus grande.

  • Nathalie

    Tout à fait.

  • Sandrine

    Et donc toi, tu t'es remise à écrire, tu as accouché de ton premier roman. Et qu'est-ce qui l'a changé pour toi, ce roman ?

  • Nathalie

    D'assumer qui j'étais. Je suis une poétesse, je suis une rêveuse. d'y croire aussi, parce que c'est quelque chose que je savais depuis que je suis petite, mais que je n'ai pas assumé. Et aujourd'hui, j'assume beaucoup plus qui je suis. J'ose maintenant écrire des petits textes. J'écris des petits textes sur Instagram, j'ose les écrire, alors qu'au début, très timidement, je mettais une photo, un mot, puis une phrase. Aujourd'hui, j'ose, et que ça plaise ou non, je ne vais pas dire que ça m'est complètement égale, évidemment. Parfois, j'écris des choses en me disant, tiens, est-ce que ce n'était pas bête ? Mais très vite, ça part. et je suis moi et voilà, je suis beaucoup plus droite et heureuse d'être moi, j'ai moins peur en fait, je vais pas dire que j'ai plus peur mais j'ai moins peur et du coup je suis plus centrée et plus entière

  • Sandrine

    Est-ce que ce serait aussi lâcher les attentes ?

  • Nathalie

    Oui sûrement lâcher les attentes, oui ça c'est sûr, même si en fait c'est marrant, on discutait avec un collègue l'autre jour du fait qu'on attend toujours quelque chose Je ne sais pas si j'attends toujours quelque chose. C'est difficile, cette question, attendre. En tout cas, consciemment, je pense que quand on attend, il n'y a rien qui vient. Et que quand on n'attend rien, il y a tellement, tellement de choses qui viennent.

  • Sandrine

    Oui, c'est vrai.

  • Nathalie

    Aujourd'hui, moi, il m'arrive des aventures tous les jours. Mes amis rigolent en disant, mais tiens, tu pourrais écrire des livres tous les jours. C'est juste parce que je regarde, en fait. Et en regardant, je rencontre aujourd'hui, parce que je suis plus entière, peut-être, je n'en sais rien, plus ouverte. ou plus heureuse, je ne sais pas, mais je rencontre des tas de gens, des tas d'opportunités, des tas de vibrations, presque tous les jours. Je ne sais pas, attendre. Oui, peut-être qu'on attend finalement toujours quelque chose. Mais en tout cas, être réceptive à la vie et à ce qui vient. Et il y a toujours de bonnes choses qui viennent.

  • Sandrine

    C'est vrai. Et dans ton livre, tu parles aussi des femmes. Enfin, il y a quatre femmes. Et la sororité aussi entre ces femmes. Il y a quelque chose qui se passe entre elles. Quelle est la place de la sororité dans ta vie ? Est-ce que c'est ça que tu avais aussi envie de mettre en lumière ?

  • Nathalie

    Encore une fois, pas consciemment. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée avec des frères. J'avais des amis garçons. J'ai des fils, donc voilà, très entourés d'hommes. Et au fait, les filles, ça me faisait plutôt peur. Les filles, parfois, ça radote, ça critique, etc. Et en fait, c'est depuis une dizaine d'années peut-être que je me suis vraiment rapprochée des femmes. Et j'ai une passion pour les femmes partout. Je trouve qu'entre femmes, peu importe la religion, la couleur, le milieu, que ce soit n'importe où, même quand on ne connaît pas les gens dans un bus, je trouve qu'entre femmes, on se comprend. On a un regard et c'est difficilement explicable. Et depuis, c'est vrai que je me suis fait plein d'amis. Ce n'est pas que je n'en avais pas avant, mais vraiment des nouvelles amitiés claires et vibrantes, des belles relations, beaucoup d'admiration aussi pour des femmes que parfois je ne connais pas. Là, je lisais un texte de Nancy Houston ce matin, qui est autrice et philosophe, qui parle de marché, qui parle justement de cette liberté qu'on gagne en vieillissant. Parce qu'on regarde moins, on fait moins attention, on regarde l'autre. Je trouve qu'on a... C'est comme si de génération en génération, les femmes s'apprenaient des choses et que les cris se relaient d'une génération à l'autre, en fait. C'est peut-être ce que j'ai fait spontanément dans mon livre, puisque dans mon livre, toutes les femmes, finalement, se sauvent grâce à ce cri, en fait. Grâce aux autres.

  • Sandrine

    Ce sont des voisines, des mères, des amis. C'est comme s'il y avait une solidarité comme ça, silencieuse, entre ces femmes.

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. D'autant plus que ce cri, il n'y a que les femmes qui l'entendent dans mon livre. Les enfants et les hommes ne l'entendent pas.

  • Sandrine

    C'est ça. Les hommes et les enfants, ils sont un petit peu moins présents dans le livre ? Est-ce que c'était volontaire ?

  • Nathalie

    Oui, rien de...

  • Sandrine

    Ils sont aimants, mais absents. Oui,

  • Nathalie

    c'est vrai. Ce n'était pas volontaire, non. Mais je pense que mon problème, entre guillemets, ce dont j'avais envie de parler, c'était des femmes. Et donc, je l'ai fait intuitivement et je suis contente du résultat parce que dans mon livre, les enfants et les hommes sont aimés et chéris. Et ils sont là quand même. Donc, ce n'est pas que c'est contre les hommes, mais c'est vrai que c'est pour les femmes. Les femmes se portent plus haut et plus droite ensemble, en fait, et se sauvent mutuellement. C'est ça que je sens et que sans doute qui ressort de mon livre.

  • Sandrine

    Peut-être que tu avais envie de questionner la place des hommes dans tout ça ?

  • Nathalie

    Non, pas vraiment.

  • Sandrine

    Pas vraiment. Ok, en tout cas, moi, je vous conseille vivement de lire ce livre. En plus, tu es belge, une auteure belge. Je trouve que c'est important de mettre en avant, dans le béoué en plus. Donc voilà, je vous suggère vraiment de lire ce livre. Moi, je me suis posé des questions. J'ai eu envie de crier. J'avais envie de me poser des questions en se disant, mais en fait, en lisant ce livre, qu'est-ce qui me nourrit vraiment ? Qu'est-ce que j'ai mis en sourdine bien trop longtemps ? Qui suis-je quand je ne fais rien pour personne ? C'est ces questions-là que le livre questionne ou nous invite à explorer. Et si tu avais envie de donner un conseil, enfin pas un conseil, mais si tu avais envie de partager une idée ou quelque chose à propos de ton roman pour clore cet épisode, à nos auditeurs, qu'est-ce que tu aurais envie de dire ?

  • Nathalie

    Je crois que le message central, c'est... Il y en a deux, c'est d'abord que dans le quotidien et les choses minuscules, il y a du merveilleux. Et deuxièmement, je pense qu'il ne faut pas s'oublier, en fait, hommes et femmes d'ailleurs, mais les hommes ont moins tendance à s'oublier. Les femmes ne doivent pas s'oublier et je pense que si on pense à nous quand on était jeunes, on sait très bien ce qui nous fait du bien. Et il faut arroser ça et se nourrir vraiment. Je pense que c'est souvent l'art, mais après, dans mon livre en tout cas, les femmes... se nourrissent d'art, que ce soit de la danse, de la photo, de l'écriture. Pas s'oublier et fleurir et grandir grâce à ça. Et puis pouvoir donner aux autres. Mais d'abord, veiller sur soi-même.

  • Sandrine

    Merci Nathalie, mais quand tu dis « parle de l'art » , c'est de la créativité ?

  • Nathalie

    La créativité,

  • Sandrine

    oui. C'est sa propre créativité.

  • Nathalie

    Oui, la créativité ou l'expression, l'expression corporelle. Se sentir vivant en fait. Ce qui nous rend vivants. Et peu importe ce que c'est, ça pourrait être autre chose que de l'art d'ailleurs. Je n'ai pas d'idée, mais ça pourrait être... Moi, ce que je pense, c'est l'art. Quand je danse, je me sens extrêmement vivante. C'est pour ça qu'il y a une danseuse dans mon livre. Quand j'écris, je me sens extrêmement vivante. Mais ça pourrait être autre chose, construire quelque chose. Mais de toute façon, je pense que ça passe par la création. Je crois, mais peut-être qu'il y a autre chose.

  • Sandrine

    Oui, oui. Et en même temps, la maternité, c'est aussi quelque chose qu'on...

  • Nathalie

    Oui.

  • Sandrine

    Il y a aussi de la création. Oui, c'est vrai. Ça me fait penser à...

  • Nathalie

    Oui, mais il y a beaucoup, beaucoup de dons là-dedans. Et moi, j'ai adoré, j'adore être mère, j'adore mes enfants. Je me suis beaucoup occupée de mes enfants. Ils n'ont pas été à la garderie, ils n'ont pas été à la crèche. Et j'ai eu le temps de compter les escargots sous la pluie, d'aller tous les jours des heures à la plaine de jeux. Ils n'ont pas oublié ça. Et moi non plus, c'était vraiment merveilleux. Mais à la fois, une partie de moi, je l'avais oublié. Il faut aussi créer et créer les enfants. On les crée, mais après, ils ne sont plus à nous. On peut les aider à grandir, mais on les lâche. Et après, si on n'a pas pris soin de soi, on se retrouve bien vide avec les enfants qui n'ont plus besoin de nous et nous qui sommes creux. en fait. Je pense que...

  • Sandrine

    À ce moment-là, si on a arrosé notre essence, on peut fleurir.

  • Nathalie

    Oui, voilà. Et il est encore temps, évidemment, de le faire et d'aller chercher en soi.

  • Sandrine

    Évidemment, à tout âge, je pense.

  • Nathalie

    Oui, à chaque transition. Merci beaucoup, Nathalie, pour ce beau roman. Donc, « Novembre dit » est un roman qu'on lit. à son rythme qu'on respire, qu'on ressent. C'est un roman qui nous invite à redescendre dans nos sensations, dans nos silences aussi, dans notre présence. Donc à toutes celles et ceux qui nous écoutent, peut-être que ce cri dans la nuit, vous l'avez déjà entendu, peut-être que vous aussi, vous êtes en train de vous réécrire. Et si c'était ça finalement, ne plus fuir le cri, mais lui tendre l'oreille. Voilà, je vous souhaite en tout cas un bon moment avec ce livre que vous trouverez aux éditions Les Impressions Nouvelles, qu'on trouve un peu partout.

  • Sandrine

    Partout en librairie ou bien sur commande, partout.

  • Nathalie

    Ok, et bien un tout grand merci Nathalie.

  • Sandrine

    Merci beaucoup Sandrine.

  • Nathalie

    Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Corbio, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

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Description

Nos vendredis : un cri, de la sororité, une envie de créer

Dans cet épisode, je vous parle d’un roman que j’ai beaucoup aimé…
Un roman qui m’a donné envie d’écrire, de faire des bouquets, d’imaginer de nouveaux épisodes de podcast. Bref, un roman qui donne envie de créer.
Un roman choral, sensible et juste, qui met en lumière ces vies en apparence paisibles, mais où quelque chose, en profondeur, vacille.
Dans Nos vendredis, Nathalie Marquès nous emmène dans un quartier tranquille du Brabant Wallon… mais sous la surface, il y a un cri.

Un cri de femme.
Un cri qu’on ne sait pas toujours formuler, mais qui parle de fatigue, de rêves mis entre parenthèses, et du besoin urgent de se retrouver.

Ce cri, c’est celui de Meg. Mère, épouse, femme. Invisible à force d’être utile.

Aujourd’hui, on parle de ce roman qui donne envie d’entendre le cri de toutes les mères, les sœurs, les filles, les amies, les grandes, les petites, les jeunes, les plus âgées…
De tendre l’oreille. Et d’écouter ce que ce cri raconte, à l’intérieur.
De se le passer comme un cadeau. Un cadeau de celles qui osent exprimer.

Arrêter de mettre en sourdine.
Danser, dessiner, écrire, chanter, créer… Peu importe.
Laisser éclore.


Ressources :

Le Livre : Nos Vendredis de Nathalie Marquès publié chez Les Impressions Nouvelles


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Transcription

  • Sandrine

    Bonjour et bienvenue dans "J'ai 50 ans et alors?', un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiau, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Alors aujourd'hui, j'avais envie de vous parler et de vous emmener... dans un roman que j'ai vraiment adoré, qui m'a donné envie de créer, d'écrire, enfin en tout cas de me relier à mon potentiel de création. Et donc du coup, j'avais envie de vous partager ça aujourd'hui. Pour moi, c'est un roman de l'intime, de l'invisible, de ces toutes petites choses du quotidien qui sont toutes petites, mais parfois qu'on oublie de regarder. Alors « Nos vendredis » , c'est le premier roman de Nathalie Marquès, qui est biologiste-botaniste, un peu comme une poétesse du quotidien. Dans son livre, on y suit Meg, une femme sans histoire, dans un quartier sans histoire, dans le Brabant-Wallon. Et pourtant, elle aime sa vie, ses enfants, son mari, ses voisins, son chien. Elle aime ses poules, les cahiers craft les odeurs musquées, les petits riens, mais il y a un cri dans la nuit, un cri qui trouble le calme et qui fait remonter des choses qui sont enfouies. Ce roman, c'est une parenthèse douce, une traversée délicate entre un certain effacement et une renaissance. Et aujourd'hui, j'ai le bonheur de recevoir son autrice, Nathalie Marquès. Bonjour Nathalie.

  • Nathalie

    Bonjour Sandrine.

  • Sandrine

    Alors, bienvenue parmi nous. Merci. Donc, comme je le disais, j'ai adoré ton livre et donc je suis ravie de pouvoir en discuter avec toi aujourd'hui. Et donc, comme d'habitude, je vais te proposer de te présenter pour qu'on puisse mieux te connaître. Alors, il y a la présentation de façon un peu cocktail, mondaine, et puis il y a la présentation un peu plus intime. Est-ce que tu pourrais nous raconter qui tu es, de cette façon-là ? Est-ce que c'est possible ?

  • Nathalie

    Je vais essayer, c'est un exercice. Je m'appelle Nathalie, je suis l'aînée d'une famille très nombreuse, très recomposée, et ça a quand même son importance dans ce que je suis aujourd'hui. Je me suis occupée très vite de mes frères, puisque je vivais avec mes frères, par contre.

  • Sandrine

    Vous étiez combien, alors ?

  • Nathalie

    J'ai huit frères et sœurs, mais on ne vivait pas tous ensemble. Voilà, on s'est beaucoup croisées, etc. Je peux en faire un roman, d'ailleurs, tout à fait un autre roman. Et donc, je me suis beaucoup occupée de mes frères et sœurs et je me suis toujours inquiétée pour eux, en fait. Je me suis toujours inquiétée. J'ai eu l'impression de passer ma vie à m'inquiéter, peur qu'il arrive quelque chose, à être vigilante, en fait.

  • Sandrine

    Et tu es l'aînée,

  • Nathalie

    c'est ça ? Je suis l'aînée, oui, je suis l'aînée. Et puis ma mère, elle était très très cool, elle ne s'inquiétait de rien. Donc en fait, j'avais l'impression de m'inquiéter à sa place. Donc voilà. Et puis, j'ai tout de suite, j'ai appris très vite à lire. J'ai adoré les mots. Les mots ont toujours été un échappatoire pour moi, le son des mots. J'aimais lire, j'aimais aussi entendre les histoires sur le tourne-disque. J'ai encore vraiment la voix du Petit Prince, par exemple, de tas de disques que j'ai écoutés et qui chantaient à mon oreille. Et d'ailleurs, aujourd'hui, quand j'écris, je lis toujours dans ma tête et il faut que ça sonne bien. Parfois, on retire un mot et il n'y a plus rien qui va.

  • Sandrine

    Et donc, c'est une écoute alors des mots ?

  • Nathalie

    Oui, c'est une écoute. Ils doivent chanter. Je ne sais pas expliquer ça. D'ailleurs, je ne peux pas du tout écrire en musique, par exemple, parce que je dois entendre la musique des mots. J'ai su lire très, très jeune et j'ai dévoré plein, plein, plein de livres. J'ai écrit très vite aussi. D'abord dans les carnets de poésie de mes copines. C'est vrai que les petites filles n'avaient pas beaucoup d'inspiration. Moi, j'en avais toujours beaucoup, beaucoup. Je faisais plusieurs pages avec des dessins, etc. Et puis, adolescente, j'ai beaucoup écrit aussi. J'ai eu un professeur de français incroyable. qui m'a fait découvrir mon talent. Enfin, je ne vais pas dire par là que j'ai énormément de talent, mais quelque chose qui me faisait vraiment vibrer à travers les dissertations. Donc, ça m'a vraiment beaucoup amusée. Et là, je me suis mise à écrire. Et puis, en fait, je suis aussi amoureuse de l'amour. Donc, après l'adolescence, j'étais très, très, très occupée par l'amour et je n'ai plus écrit. Et puis, j'ai rencontré mon mari aussi tout à fait de manière très poétique et inopinément dans un avion. J'étudiais à l'université, donc je suis biologiste. Je faisais un doctorat à ce moment-là, donc j'avais beaucoup, beaucoup étudié. Et j'ai rencontré mon mari et il n'y a plus que lui qui a eu d'intérêt pour moi.

  • Sandrine

    Il avait pris toute la place.

  • Nathalie

    Il avait pris toute la place, exactement. Et donc, moi qui n'avais jamais pensé à avoir des enfants, tout ça. Je voulais tout, je voulais faire des bébés, je voulais faire des gâteaux pour eux, voilà, c'est vraiment ce que je voulais à ce moment-là. Et donc, ils vivaient à l'étranger, je les suivis. On était très heureux, c'était très bien, voilà, on a eu trois fils, dont je me suis vraiment beaucoup, beaucoup occupée. Et tout en étant très heureuse et en ayant l'impression d'être très chanceuse, en fait, il y avait vraiment quelque chose qui manquait dans ma vie et j'ai sombré intellectuellement. Vraiment, je me disais, mais qu'est-ce que tu fais ? Qui tu es ? J'ai tout donné à mon mari, vraiment beaucoup de temps, je veillais sur lui. Comme il travaillait beaucoup, je faisais tout la semaine. Il n'a jamais dû me voir faire des courses, repasser, tout ça. Enfin, tout ça était vraiment... On avait une merveilleuse vie le week-end, le soir, tout était l'aventure. Mais moi, je m'occupais de tout le quotidien. Et en fait, intellectuellement, je ne me nourrissais plus du tout. Je n'avais plus le temps de lire, plus le temps de voir une expo, plus rien. Et donc... Voilà aussi, petite parenthèse, j'ai toujours eu l'impression d'être assez précoce. Donc quand j'étais enfant, je n'ai pas eu l'impression d'être enfant. J'ai l'impression que j'étais déjà adulte en fait. J'observais beaucoup, j'observais les adultes, je comprenais les adultes aussi. Et j'observais leur manière, leur communication non-verbale, leurs soucis. Et c'est comme si je prenais des notes, en fait. J'ai toujours été un peu observatrice.

  • Sandrine

    Et tu te vois écrire, alors ?

  • Nathalie

    Non, non, non. À ce moment-là, je ne me voyais pas du tout écrire. Je prenais des notes et je craignais déjà pour moi plus tard, en fait. Je voyais, je disais, ah, c'est comme ça. C'est comme ça quand on est marié depuis longtemps. C'est comme ça quand on est toute petite, déjà, j'observais tout ça. Et donc, quand je dis que je suis précoce, dans la vie, on a plein de crises. D'ailleurs, elles sont extraordinaires parce que... Ce sont les crises qui nous font décoller. Donc la crise de la quarantaine, je l'ai eue un peu plus tôt, vers 35 ans. Cette crise-là m'a fait découvrir quelque chose qui a été vraiment un chouette outil pour moi, c'est la pleine conscience. Mais je crois que je n'étais pas assez mature à ce moment-là pour en faire vraiment quelque chose de bien. Et puis, vers 45 ans, 43 ans, alors que je ne me sentais pas du tout vieille, j'observais aussi les femmes plus âgées. Et vraiment, j'ai craint, pas la ménopause en soi, mais ce moment où on est au bord du ravin et où on est plus séduisante et où il y a quelque chose qui bascule. On passe d'une femme pleine d'énergie, belle, à une femme inexistante dont on n'a plus besoin dans notre société. Et donc, j'ai aussi beaucoup, beaucoup observé à ce moment-là. J'ai fait une bonne petite crise. Voilà, qui m'a aussi apporté un outil incroyable, c'est que je me suis rapprochée du bouddhisme. Et donc là, j'ai découvert quelque chose d'extraordinaire. Je crois qu'il m'aide beaucoup aujourd'hui dans la vie et qu'il m'a apporté une toute autre façon de regarder les choses, parce que je regarde toujours beaucoup les choses, mais de... Je ne vais pas faire la pro du bouddhisme, pas du tout, mais s'asseoir et accueillir le moment en présence, c'est aussi apprendre à bien se connaître et à pouvoir se détacher de soi pour bien être disponible pour les autres. Disponible, mais pas dans un don,

  • Sandrine

    Dans un espace.

  • Nathalie

    Dans un espace, exactement. Et en fait, c'est ça que je fais dans mon livre. Je pense qu'aujourd'hui, comme je peux m'arrêter, évidemment, je ne le fais pas tout le temps, partout où je vais, j'observe. Très bien, et partout, même dans le quotidien d'aujourd'hui, avec tout ce qui se passe dans l'actualité, il y a aussi plein de choses extraordinaires qui se passent. Il y a moyen de découper le quotidien en choses extraordinairement poétiques. Et voilà, c'est ce que je fais dans mon livre.

  • Sandrine

    Et on le sent, il y a une sensibilité au vivant, à cette attention très fine aux détails, aux textures, aux odeurs, aux sons. Quand on te lit, on... En fait, ça réveille en nous une façon de voir le quotidien, de le voir, de s'arrêter. Donc oui, moi, j'ai senti en lisant ton livre, beaucoup de présence, de... Je ne sais pas, en tout cas, ça réveille tous les sens et ça fait du bien.

  • Nathalie

    C'est gentil, merci. On me le dit souvent, je ne m'en rends pas compte parce que, comme je suis hypersensible, mais de toute façon, moi, je vis avec tout ça tout le temps. J'ai l'impression d'avoir des grandes antennes sur la tête et de temps en temps d'être d'ailleurs très fatiguée de recevoir toutes ces sensations en même temps. Mais voilà, c'est ce qu'on me renvoie souvent après lecture de mon roman et tant mieux, voilà, si ça vous a plu.

  • Sandrine

    Et donc à 50 ans, ça a été comment toi, le basculement chez toi ? Est-ce que tu t'es remis à écrire ? Qu'est-ce qui fait que tu... Comment tu as vécu cette...

  • Nathalie

    crise,

  • Sandrine

    oui. Tu as quel âge ?

  • Nathalie

    Je vais avoir 55 ans. Ok. Donc voilà, à 45 ans, oui, j'ai vraiment chamboulé toute ma vie et je me suis dit, mais qu'est-ce que je fais ? Je donne tout à tout le monde et qui je suis et qu'est-ce que j'aime vraiment ? Qu'est-ce que je veux vraiment ? Je ne savais plus en fait. Je m'en suis vraiment rendue compte, je ne savais plus.

  • Sandrine

    Comme si tu t'étais oubliée.

  • Nathalie

    Oui, exactement, exactement. Mais du coup, je ne savais même plus la route à prendre. Et puis, j'ai recommencé à faire des ateliers d'écriture. Et je me suis rendue compte que l'art, en fait, que j'avais beaucoup pratiqué en étant plus jeune et que j'avais oublié de pratiquer plus tard, et puis pas le temps, parce qu'on est occupé avec les enfants, le travail, l'art me nourrit extraordinairement, vraiment. D'ailleurs, même encore aujourd'hui, quand je ne vais pas bien, l'art me sauve tous les jours, tous les deux jours. Et l'écriture, oui, je me suis rappelée que c'était vraiment ce qui me faisait vibrer d'écrire. Et j'écris d'ailleurs tout le temps, tout le temps. Dans ma tête, sur les notes, dans mon téléphone, dans le tram, dans le bus, dans le train. Voilà, donc ça, ça me rend vraiment, vraiment heureuse.

  • Sandrine

    Et quelles sont les valeurs, toi, qui te guident au quotidien ?

  • Nathalie

    Les valeurs. Alors, j'ai toujours eu du mal avec les valeurs, les besoins, tout ça. Les valeurs, je crois que ce qui me guide vraiment, et ça, j'ai aussi beaucoup observé quand j'ai eu 45 ans et que j'ai... Beaucoup, beaucoup observé et que j'avais cette sensation, enfin plutôt cette crainte d'être au bord du Ravin. J'ai observé à ce moment-là beaucoup de femmes, des artistes, des gens connus. Moi, je n'ai jamais eu d'idole, mais à ce moment-là, j'ai commencé vraiment à être très admirative de certaines femmes plus âgées, qui avaient carrément 70 ans, et que je trouvais d'une authenticité. incroyable en fait, et ça m'explosait au visage. Même, j'étais envieuse et je me disais, tiens, quand on écrit, quand on peint, c'est ça qu'il faut atteindre, c'est ça qui touche en fait. Et moi, à ce moment-là, j'étais encore très occupée à vouloir plaire à ma famille, à mon mari, à mes amis. Enfin voilà, on est depuis des générations et des générations, je pense, les femmes un peu programmées, formatées. Les féministes aujourd'hui ne diraient plus ça, mais moi je le dis. formatée, à plaire, à faire tout pour les autres. Et je voyais ces femmes qui, tout d'un coup, étaient libérées de quelque chose. À la fois, j'avais peur et à la fois, ça m'attirait. Et en fait, aujourd'hui, je comprends beaucoup mieux. Et je trouve qu'en vieillissant, est-ce qu'on gagne en sagesse, même si je ne suis pas encore très sage ? Je ne sais pas. Mais il y a quelque chose de plus libre. Et on assume qui on est, en fait. On se connaît mieux. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que les moments... où je peux être qui je suis, là, je suis vraiment heureuse, droite. Je me sens plus droite, plus vers le ciel, avec des mains plus grandes, plus généreuses, plus à l'écoute et beaucoup plus heureuse, en fait. Plus en adéquation avec ce que je suis.

  • Sandrine

    Plutôt que de faire pour les autres.

  • Nathalie

    Oui, exactement.

  • Sandrine

    Si on plonge dans ton livre, ce titre, qu'est-ce qu'il évoque ? Donc, « Nos vendredis » , pourquoi ce titre ?

  • Nathalie

    Alors, on me l'a déjà demandé plusieurs fois. Les noms de jours, je les trouve très poétiques, en fait. J'aime bien, quand j'écris, je me rends compte qu'ils reviennent souvent. Mardi a de la fièvre, mercredi a pris froid, je ne sais pas. Je n'ai aucun moyen de faire beaucoup de poésie avec les jours de la semaine.

  • Sandrine

    Et vendredi, alors ?

  • Nathalie

    Alors, vendredi, oui. Vendredi, c'est un jour que tout le monde aime bien. C'est la fin de la semaine de travail. Moi, je dois dire que j'adore mon travail et que je suis aussi très contente d'être le lundi. Donc c'est pas que vendredi est ouf, voilà, enfin vendredi, mais il invite à quelque chose de joyeux vendredi, et dans mon livre plutôt pas, voilà, puisque donc mon livre est un roman choral avec quatre histoires, et dans chacune des histoires il y a des titres qui reviennent, dont nos vendredis, enfin vendredi plutôt, puisque dans chacune des histoires il se passe quelque chose, un élément déclencheur le vendredi, qui va faire basculer les protagonistes de l'histoire. Et le Nos vendredis, je trouve que c'était très poétique, un peu mystérieux.

  • Sandrine

    C'est fédérateur.

  • Nathalie

    Exactement, fédérateur. Et c'est exactement ce qui se passe dans mon roman. Tous ces personnages sont reliés. Et c'est bien l'heure vendredi, de l'heure vendredi qu'il s'agit. Donc, voilà.

  • Sandrine

    Parce qu'il y a un fil rouge, il y a ce cri, en fait, qui relie tous ces personnages. C'est un cri de femme, un cri du cœur qui traverse la nuit. Est-ce qu'il y a, selon toi, un moment dans la vie d'une femme où ce cri devient inévitable, où il faut apprendre à l'écouter ?

  • Nathalie

    Oui, bien sûr. D'abord, il faudrait déjà élever les petites filles un peu différemment que ce qu'on a été élevé, je pense. J'ai trois garçons.

  • Sandrine

    Comment alors tu les élèverais ?

  • Nathalie

    Je les élèverais d'abord à aimer les garçons doux et gentils. plutôt que les belles gueules, chefs de bande un peu machos. Voilà, ça c'est une première chose. Et deuxièmement, je leur apprendrai à veiller sur elles d'abord, avant de veiller sur les autres. Je pense que pour rendre les autres heureux autour de nous, il faut d'abord être heureux soi-même. Et en fait, je pense qu'on est vachement programmé pour donner, donner, donner. Et puis à un moment, on crie parce qu'on est vide. En tout cas, moi, c'est ce que... personnellement, j'ai vraiment vécu plusieurs fois dans ma vie. Et aujourd'hui, j'ai appris à me remplir et je suis beaucoup plus heureuse et j'ai l'impression de pouvoir donner beaucoup plus à mes enfants, aux gens autour de moi, à mes amis.

  • Sandrine

    Et c'est ce que vit aussi le personnage, je dis principal, en tout cas Meg, qui est... Elle vit, elle aime, mais elle s'efface aussi. Pourquoi ça a été important pour toi de raconter cette femme qui s'efface, qui est sans histoire et pourtant, on sent qu'elle est terriblement vibrante.

  • Nathalie

    Ok, alors ce n'était pas prémédité en fait. Cette femme de la première histoire, c'est moi, je ne le cache pas. Donc en fait, j'avais des choses à dire et en fait, écrire ce livre, c'était aussi un cri. J'ai remarqué la symbolique du cri quand le livre était terminé. J'ai écrit très à l'intuition. Je n'ai rien programmé. Je suis très contente de moi à travers l'écriture de ce livre parce que non pas qu'il est fantastique, ce n'est pas ça, mais que j'ai été exactement juste. Et pour moi, c'était quelque chose de très difficilement atteignable, d'être juste et authentique. Parfois, d'ailleurs, je le vois tous les jours quand j'écris. Parfois, j'écris et je me dis, ça, je ne peux pas écrire. Et là, j'ai laissé toutes les portes ouvertes et j'ai écrit ce que j'avais à écrire. Et presque ce que j'avais à vomir, en fait, ce livre, c'est tout ce que j'avais à coucher sur le papier, à dire, à crier, à hurler pour avancer, en fait.

  • Sandrine

    Donc c'est comme un geste de soin pour toi et puis pour les autres, parce que quand on le lit, ça nous donne aussi envie d'aller écouter à l'intérieur ce qui se passe.

  • Nathalie

    Oui, tant mieux. Mais oui, oui, tout à fait. Pour moi, c'était un besoin et un soin. C'est vrai, tout à fait. Je l'ai d'abord écrit pour moi, ce livre. Enfin, je ne l'ai pas écrit pour les autres.

  • Sandrine

    Est-ce que c'est ça, peut-être, qui fait que quand on crée, on crée d'abord pour soi ? J'ai l'impression que quand on se dit qu'on crée pour les autres, on enlève une partie.

  • Nathalie

    Oui, oui, ça je suis sûre. Mais c'est pas facile, parce qu'on a toujours peur du jugement de l'autre, et est-ce que ce sera bien, est-ce que ça va être apprécié ? Mais je pense qu'une fois qu'on le fait pour les autres, on a perdu le fil. On n'est plus authentique, en fait. Ce que j'ai cherché, c'est cet authenticité qui n'est pas facile à atteindre tout le temps, mais quand on l'atteint, c'est tellement bien. On a l'impression d'être juste.

  • Sandrine

    Et on sent aussi beaucoup... Il y a une certaine mélancolie comme ça diffuse dans le roman, mais on sent aussi beaucoup de lumière et d'émerveillement, comme je le disais au début. C'est comme si, quelque part, tu nous mettais les lunettes... du bonheur ou de voir les petites choses du quotidien, que malgré la difficulté, malgré la mélancolie, il y a une beauté qui est là et apprenons aussi à la regarder avec tous nos sens, même quand on est perdu, en fait. C'est peut-être ça qui nous fait aussi revenir à nous.

  • Nathalie

    Tout à fait. Ça, je l'ai fait aussi très intuitivement, mais ça, j'ai aussi découvert à travers le bouddhisme au moment... On fait des grandes découvertes au moment des crises, au moment d'une de mes crises. J'allais très mal, j'étais vraiment très triste, une grande peine à l'intérieur de moi. Et j'ai découvert que quand je m'asseyais et que j'étais dans le moment présent, je trouvais une joie immense à l'intérieur de moi. Et cette joie-là, je pense qu'elle peut toujours être arrosée, elle est toujours là, peu importe les éléments extérieurs. Même si je ne l'ai pas calculé, c'est ça qui doit transparaître dans le roman. Parce que ça, je m'en rends compte maintenant. Maintenant, du coup, je m'en rends compte consciemment dans la vie. Mais même quand ça ne va pas, il y a toujours quelque chose de fantastique. Et ça a l'air un peu bateau, ce que je raconte, mais en vrai de vrai...

  • Sandrine

    En vrai de vrai, c'est quelque chose d'essentiel. Et c'est en s'asseyant qu'on le trouve, j'ai l'impression. Ce n'est pas en bougeant dans tous les sens qu'on voit ce qui est beau.

  • Nathalie

    Oui, c'est ça. S'asseoir, c'est difficile pour moi. Oui, il faut en tout cas être conscient. S'arrêter, même si on marche, même en marchant, je veux dire, mais être conscient.

  • Sandrine

    Ce roman, il me fait un peu penser aussi au « J'ai 50 ans et alors » . De l'extérieur, tout semble aller bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui vacille. Ça ne se voit pas, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui crie. Est-ce que c'est cette tension-là, ce basculement que vous avez eu envie de montrer à travers ce livre ?

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. Exactement. Et en fait, quand je vous entends, quand je t'entends, Sandrine, je vois aussi l'inverse. C'est que quand on change, parfois ça ne se voit pas. Un tout petit changement à l'intérieur peut faire tout basculer vers le mieux. Je pense que les cris et les changements sont parfois imperceptibles, mais beaucoup plus grands qu'on ne pense.

  • Sandrine

    Et qu'ils ont une portée beaucoup plus grande.

  • Nathalie

    Tout à fait.

  • Sandrine

    Et donc toi, tu t'es remise à écrire, tu as accouché de ton premier roman. Et qu'est-ce qui l'a changé pour toi, ce roman ?

  • Nathalie

    D'assumer qui j'étais. Je suis une poétesse, je suis une rêveuse. d'y croire aussi, parce que c'est quelque chose que je savais depuis que je suis petite, mais que je n'ai pas assumé. Et aujourd'hui, j'assume beaucoup plus qui je suis. J'ose maintenant écrire des petits textes. J'écris des petits textes sur Instagram, j'ose les écrire, alors qu'au début, très timidement, je mettais une photo, un mot, puis une phrase. Aujourd'hui, j'ose, et que ça plaise ou non, je ne vais pas dire que ça m'est complètement égale, évidemment. Parfois, j'écris des choses en me disant, tiens, est-ce que ce n'était pas bête ? Mais très vite, ça part. et je suis moi et voilà, je suis beaucoup plus droite et heureuse d'être moi, j'ai moins peur en fait, je vais pas dire que j'ai plus peur mais j'ai moins peur et du coup je suis plus centrée et plus entière

  • Sandrine

    Est-ce que ce serait aussi lâcher les attentes ?

  • Nathalie

    Oui sûrement lâcher les attentes, oui ça c'est sûr, même si en fait c'est marrant, on discutait avec un collègue l'autre jour du fait qu'on attend toujours quelque chose Je ne sais pas si j'attends toujours quelque chose. C'est difficile, cette question, attendre. En tout cas, consciemment, je pense que quand on attend, il n'y a rien qui vient. Et que quand on n'attend rien, il y a tellement, tellement de choses qui viennent.

  • Sandrine

    Oui, c'est vrai.

  • Nathalie

    Aujourd'hui, moi, il m'arrive des aventures tous les jours. Mes amis rigolent en disant, mais tiens, tu pourrais écrire des livres tous les jours. C'est juste parce que je regarde, en fait. Et en regardant, je rencontre aujourd'hui, parce que je suis plus entière, peut-être, je n'en sais rien, plus ouverte. ou plus heureuse, je ne sais pas, mais je rencontre des tas de gens, des tas d'opportunités, des tas de vibrations, presque tous les jours. Je ne sais pas, attendre. Oui, peut-être qu'on attend finalement toujours quelque chose. Mais en tout cas, être réceptive à la vie et à ce qui vient. Et il y a toujours de bonnes choses qui viennent.

  • Sandrine

    C'est vrai. Et dans ton livre, tu parles aussi des femmes. Enfin, il y a quatre femmes. Et la sororité aussi entre ces femmes. Il y a quelque chose qui se passe entre elles. Quelle est la place de la sororité dans ta vie ? Est-ce que c'est ça que tu avais aussi envie de mettre en lumière ?

  • Nathalie

    Encore une fois, pas consciemment. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée avec des frères. J'avais des amis garçons. J'ai des fils, donc voilà, très entourés d'hommes. Et au fait, les filles, ça me faisait plutôt peur. Les filles, parfois, ça radote, ça critique, etc. Et en fait, c'est depuis une dizaine d'années peut-être que je me suis vraiment rapprochée des femmes. Et j'ai une passion pour les femmes partout. Je trouve qu'entre femmes, peu importe la religion, la couleur, le milieu, que ce soit n'importe où, même quand on ne connaît pas les gens dans un bus, je trouve qu'entre femmes, on se comprend. On a un regard et c'est difficilement explicable. Et depuis, c'est vrai que je me suis fait plein d'amis. Ce n'est pas que je n'en avais pas avant, mais vraiment des nouvelles amitiés claires et vibrantes, des belles relations, beaucoup d'admiration aussi pour des femmes que parfois je ne connais pas. Là, je lisais un texte de Nancy Houston ce matin, qui est autrice et philosophe, qui parle de marché, qui parle justement de cette liberté qu'on gagne en vieillissant. Parce qu'on regarde moins, on fait moins attention, on regarde l'autre. Je trouve qu'on a... C'est comme si de génération en génération, les femmes s'apprenaient des choses et que les cris se relaient d'une génération à l'autre, en fait. C'est peut-être ce que j'ai fait spontanément dans mon livre, puisque dans mon livre, toutes les femmes, finalement, se sauvent grâce à ce cri, en fait. Grâce aux autres.

  • Sandrine

    Ce sont des voisines, des mères, des amis. C'est comme s'il y avait une solidarité comme ça, silencieuse, entre ces femmes.

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. D'autant plus que ce cri, il n'y a que les femmes qui l'entendent dans mon livre. Les enfants et les hommes ne l'entendent pas.

  • Sandrine

    C'est ça. Les hommes et les enfants, ils sont un petit peu moins présents dans le livre ? Est-ce que c'était volontaire ?

  • Nathalie

    Oui, rien de...

  • Sandrine

    Ils sont aimants, mais absents. Oui,

  • Nathalie

    c'est vrai. Ce n'était pas volontaire, non. Mais je pense que mon problème, entre guillemets, ce dont j'avais envie de parler, c'était des femmes. Et donc, je l'ai fait intuitivement et je suis contente du résultat parce que dans mon livre, les enfants et les hommes sont aimés et chéris. Et ils sont là quand même. Donc, ce n'est pas que c'est contre les hommes, mais c'est vrai que c'est pour les femmes. Les femmes se portent plus haut et plus droite ensemble, en fait, et se sauvent mutuellement. C'est ça que je sens et que sans doute qui ressort de mon livre.

  • Sandrine

    Peut-être que tu avais envie de questionner la place des hommes dans tout ça ?

  • Nathalie

    Non, pas vraiment.

  • Sandrine

    Pas vraiment. Ok, en tout cas, moi, je vous conseille vivement de lire ce livre. En plus, tu es belge, une auteure belge. Je trouve que c'est important de mettre en avant, dans le béoué en plus. Donc voilà, je vous suggère vraiment de lire ce livre. Moi, je me suis posé des questions. J'ai eu envie de crier. J'avais envie de me poser des questions en se disant, mais en fait, en lisant ce livre, qu'est-ce qui me nourrit vraiment ? Qu'est-ce que j'ai mis en sourdine bien trop longtemps ? Qui suis-je quand je ne fais rien pour personne ? C'est ces questions-là que le livre questionne ou nous invite à explorer. Et si tu avais envie de donner un conseil, enfin pas un conseil, mais si tu avais envie de partager une idée ou quelque chose à propos de ton roman pour clore cet épisode, à nos auditeurs, qu'est-ce que tu aurais envie de dire ?

  • Nathalie

    Je crois que le message central, c'est... Il y en a deux, c'est d'abord que dans le quotidien et les choses minuscules, il y a du merveilleux. Et deuxièmement, je pense qu'il ne faut pas s'oublier, en fait, hommes et femmes d'ailleurs, mais les hommes ont moins tendance à s'oublier. Les femmes ne doivent pas s'oublier et je pense que si on pense à nous quand on était jeunes, on sait très bien ce qui nous fait du bien. Et il faut arroser ça et se nourrir vraiment. Je pense que c'est souvent l'art, mais après, dans mon livre en tout cas, les femmes... se nourrissent d'art, que ce soit de la danse, de la photo, de l'écriture. Pas s'oublier et fleurir et grandir grâce à ça. Et puis pouvoir donner aux autres. Mais d'abord, veiller sur soi-même.

  • Sandrine

    Merci Nathalie, mais quand tu dis « parle de l'art » , c'est de la créativité ?

  • Nathalie

    La créativité,

  • Sandrine

    oui. C'est sa propre créativité.

  • Nathalie

    Oui, la créativité ou l'expression, l'expression corporelle. Se sentir vivant en fait. Ce qui nous rend vivants. Et peu importe ce que c'est, ça pourrait être autre chose que de l'art d'ailleurs. Je n'ai pas d'idée, mais ça pourrait être... Moi, ce que je pense, c'est l'art. Quand je danse, je me sens extrêmement vivante. C'est pour ça qu'il y a une danseuse dans mon livre. Quand j'écris, je me sens extrêmement vivante. Mais ça pourrait être autre chose, construire quelque chose. Mais de toute façon, je pense que ça passe par la création. Je crois, mais peut-être qu'il y a autre chose.

  • Sandrine

    Oui, oui. Et en même temps, la maternité, c'est aussi quelque chose qu'on...

  • Nathalie

    Oui.

  • Sandrine

    Il y a aussi de la création. Oui, c'est vrai. Ça me fait penser à...

  • Nathalie

    Oui, mais il y a beaucoup, beaucoup de dons là-dedans. Et moi, j'ai adoré, j'adore être mère, j'adore mes enfants. Je me suis beaucoup occupée de mes enfants. Ils n'ont pas été à la garderie, ils n'ont pas été à la crèche. Et j'ai eu le temps de compter les escargots sous la pluie, d'aller tous les jours des heures à la plaine de jeux. Ils n'ont pas oublié ça. Et moi non plus, c'était vraiment merveilleux. Mais à la fois, une partie de moi, je l'avais oublié. Il faut aussi créer et créer les enfants. On les crée, mais après, ils ne sont plus à nous. On peut les aider à grandir, mais on les lâche. Et après, si on n'a pas pris soin de soi, on se retrouve bien vide avec les enfants qui n'ont plus besoin de nous et nous qui sommes creux. en fait. Je pense que...

  • Sandrine

    À ce moment-là, si on a arrosé notre essence, on peut fleurir.

  • Nathalie

    Oui, voilà. Et il est encore temps, évidemment, de le faire et d'aller chercher en soi.

  • Sandrine

    Évidemment, à tout âge, je pense.

  • Nathalie

    Oui, à chaque transition. Merci beaucoup, Nathalie, pour ce beau roman. Donc, « Novembre dit » est un roman qu'on lit. à son rythme qu'on respire, qu'on ressent. C'est un roman qui nous invite à redescendre dans nos sensations, dans nos silences aussi, dans notre présence. Donc à toutes celles et ceux qui nous écoutent, peut-être que ce cri dans la nuit, vous l'avez déjà entendu, peut-être que vous aussi, vous êtes en train de vous réécrire. Et si c'était ça finalement, ne plus fuir le cri, mais lui tendre l'oreille. Voilà, je vous souhaite en tout cas un bon moment avec ce livre que vous trouverez aux éditions Les Impressions Nouvelles, qu'on trouve un peu partout.

  • Sandrine

    Partout en librairie ou bien sur commande, partout.

  • Nathalie

    Ok, et bien un tout grand merci Nathalie.

  • Sandrine

    Merci beaucoup Sandrine.

  • Nathalie

    Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Corbio, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

Description

Nos vendredis : un cri, de la sororité, une envie de créer

Dans cet épisode, je vous parle d’un roman que j’ai beaucoup aimé…
Un roman qui m’a donné envie d’écrire, de faire des bouquets, d’imaginer de nouveaux épisodes de podcast. Bref, un roman qui donne envie de créer.
Un roman choral, sensible et juste, qui met en lumière ces vies en apparence paisibles, mais où quelque chose, en profondeur, vacille.
Dans Nos vendredis, Nathalie Marquès nous emmène dans un quartier tranquille du Brabant Wallon… mais sous la surface, il y a un cri.

Un cri de femme.
Un cri qu’on ne sait pas toujours formuler, mais qui parle de fatigue, de rêves mis entre parenthèses, et du besoin urgent de se retrouver.

Ce cri, c’est celui de Meg. Mère, épouse, femme. Invisible à force d’être utile.

Aujourd’hui, on parle de ce roman qui donne envie d’entendre le cri de toutes les mères, les sœurs, les filles, les amies, les grandes, les petites, les jeunes, les plus âgées…
De tendre l’oreille. Et d’écouter ce que ce cri raconte, à l’intérieur.
De se le passer comme un cadeau. Un cadeau de celles qui osent exprimer.

Arrêter de mettre en sourdine.
Danser, dessiner, écrire, chanter, créer… Peu importe.
Laisser éclore.


Ressources :

Le Livre : Nos Vendredis de Nathalie Marquès publié chez Les Impressions Nouvelles


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Transcription

  • Sandrine

    Bonjour et bienvenue dans "J'ai 50 ans et alors?', un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiau, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Alors aujourd'hui, j'avais envie de vous parler et de vous emmener... dans un roman que j'ai vraiment adoré, qui m'a donné envie de créer, d'écrire, enfin en tout cas de me relier à mon potentiel de création. Et donc du coup, j'avais envie de vous partager ça aujourd'hui. Pour moi, c'est un roman de l'intime, de l'invisible, de ces toutes petites choses du quotidien qui sont toutes petites, mais parfois qu'on oublie de regarder. Alors « Nos vendredis » , c'est le premier roman de Nathalie Marquès, qui est biologiste-botaniste, un peu comme une poétesse du quotidien. Dans son livre, on y suit Meg, une femme sans histoire, dans un quartier sans histoire, dans le Brabant-Wallon. Et pourtant, elle aime sa vie, ses enfants, son mari, ses voisins, son chien. Elle aime ses poules, les cahiers craft les odeurs musquées, les petits riens, mais il y a un cri dans la nuit, un cri qui trouble le calme et qui fait remonter des choses qui sont enfouies. Ce roman, c'est une parenthèse douce, une traversée délicate entre un certain effacement et une renaissance. Et aujourd'hui, j'ai le bonheur de recevoir son autrice, Nathalie Marquès. Bonjour Nathalie.

  • Nathalie

    Bonjour Sandrine.

  • Sandrine

    Alors, bienvenue parmi nous. Merci. Donc, comme je le disais, j'ai adoré ton livre et donc je suis ravie de pouvoir en discuter avec toi aujourd'hui. Et donc, comme d'habitude, je vais te proposer de te présenter pour qu'on puisse mieux te connaître. Alors, il y a la présentation de façon un peu cocktail, mondaine, et puis il y a la présentation un peu plus intime. Est-ce que tu pourrais nous raconter qui tu es, de cette façon-là ? Est-ce que c'est possible ?

  • Nathalie

    Je vais essayer, c'est un exercice. Je m'appelle Nathalie, je suis l'aînée d'une famille très nombreuse, très recomposée, et ça a quand même son importance dans ce que je suis aujourd'hui. Je me suis occupée très vite de mes frères, puisque je vivais avec mes frères, par contre.

  • Sandrine

    Vous étiez combien, alors ?

  • Nathalie

    J'ai huit frères et sœurs, mais on ne vivait pas tous ensemble. Voilà, on s'est beaucoup croisées, etc. Je peux en faire un roman, d'ailleurs, tout à fait un autre roman. Et donc, je me suis beaucoup occupée de mes frères et sœurs et je me suis toujours inquiétée pour eux, en fait. Je me suis toujours inquiétée. J'ai eu l'impression de passer ma vie à m'inquiéter, peur qu'il arrive quelque chose, à être vigilante, en fait.

  • Sandrine

    Et tu es l'aînée,

  • Nathalie

    c'est ça ? Je suis l'aînée, oui, je suis l'aînée. Et puis ma mère, elle était très très cool, elle ne s'inquiétait de rien. Donc en fait, j'avais l'impression de m'inquiéter à sa place. Donc voilà. Et puis, j'ai tout de suite, j'ai appris très vite à lire. J'ai adoré les mots. Les mots ont toujours été un échappatoire pour moi, le son des mots. J'aimais lire, j'aimais aussi entendre les histoires sur le tourne-disque. J'ai encore vraiment la voix du Petit Prince, par exemple, de tas de disques que j'ai écoutés et qui chantaient à mon oreille. Et d'ailleurs, aujourd'hui, quand j'écris, je lis toujours dans ma tête et il faut que ça sonne bien. Parfois, on retire un mot et il n'y a plus rien qui va.

  • Sandrine

    Et donc, c'est une écoute alors des mots ?

  • Nathalie

    Oui, c'est une écoute. Ils doivent chanter. Je ne sais pas expliquer ça. D'ailleurs, je ne peux pas du tout écrire en musique, par exemple, parce que je dois entendre la musique des mots. J'ai su lire très, très jeune et j'ai dévoré plein, plein, plein de livres. J'ai écrit très vite aussi. D'abord dans les carnets de poésie de mes copines. C'est vrai que les petites filles n'avaient pas beaucoup d'inspiration. Moi, j'en avais toujours beaucoup, beaucoup. Je faisais plusieurs pages avec des dessins, etc. Et puis, adolescente, j'ai beaucoup écrit aussi. J'ai eu un professeur de français incroyable. qui m'a fait découvrir mon talent. Enfin, je ne vais pas dire par là que j'ai énormément de talent, mais quelque chose qui me faisait vraiment vibrer à travers les dissertations. Donc, ça m'a vraiment beaucoup amusée. Et là, je me suis mise à écrire. Et puis, en fait, je suis aussi amoureuse de l'amour. Donc, après l'adolescence, j'étais très, très, très occupée par l'amour et je n'ai plus écrit. Et puis, j'ai rencontré mon mari aussi tout à fait de manière très poétique et inopinément dans un avion. J'étudiais à l'université, donc je suis biologiste. Je faisais un doctorat à ce moment-là, donc j'avais beaucoup, beaucoup étudié. Et j'ai rencontré mon mari et il n'y a plus que lui qui a eu d'intérêt pour moi.

  • Sandrine

    Il avait pris toute la place.

  • Nathalie

    Il avait pris toute la place, exactement. Et donc, moi qui n'avais jamais pensé à avoir des enfants, tout ça. Je voulais tout, je voulais faire des bébés, je voulais faire des gâteaux pour eux, voilà, c'est vraiment ce que je voulais à ce moment-là. Et donc, ils vivaient à l'étranger, je les suivis. On était très heureux, c'était très bien, voilà, on a eu trois fils, dont je me suis vraiment beaucoup, beaucoup occupée. Et tout en étant très heureuse et en ayant l'impression d'être très chanceuse, en fait, il y avait vraiment quelque chose qui manquait dans ma vie et j'ai sombré intellectuellement. Vraiment, je me disais, mais qu'est-ce que tu fais ? Qui tu es ? J'ai tout donné à mon mari, vraiment beaucoup de temps, je veillais sur lui. Comme il travaillait beaucoup, je faisais tout la semaine. Il n'a jamais dû me voir faire des courses, repasser, tout ça. Enfin, tout ça était vraiment... On avait une merveilleuse vie le week-end, le soir, tout était l'aventure. Mais moi, je m'occupais de tout le quotidien. Et en fait, intellectuellement, je ne me nourrissais plus du tout. Je n'avais plus le temps de lire, plus le temps de voir une expo, plus rien. Et donc... Voilà aussi, petite parenthèse, j'ai toujours eu l'impression d'être assez précoce. Donc quand j'étais enfant, je n'ai pas eu l'impression d'être enfant. J'ai l'impression que j'étais déjà adulte en fait. J'observais beaucoup, j'observais les adultes, je comprenais les adultes aussi. Et j'observais leur manière, leur communication non-verbale, leurs soucis. Et c'est comme si je prenais des notes, en fait. J'ai toujours été un peu observatrice.

  • Sandrine

    Et tu te vois écrire, alors ?

  • Nathalie

    Non, non, non. À ce moment-là, je ne me voyais pas du tout écrire. Je prenais des notes et je craignais déjà pour moi plus tard, en fait. Je voyais, je disais, ah, c'est comme ça. C'est comme ça quand on est marié depuis longtemps. C'est comme ça quand on est toute petite, déjà, j'observais tout ça. Et donc, quand je dis que je suis précoce, dans la vie, on a plein de crises. D'ailleurs, elles sont extraordinaires parce que... Ce sont les crises qui nous font décoller. Donc la crise de la quarantaine, je l'ai eue un peu plus tôt, vers 35 ans. Cette crise-là m'a fait découvrir quelque chose qui a été vraiment un chouette outil pour moi, c'est la pleine conscience. Mais je crois que je n'étais pas assez mature à ce moment-là pour en faire vraiment quelque chose de bien. Et puis, vers 45 ans, 43 ans, alors que je ne me sentais pas du tout vieille, j'observais aussi les femmes plus âgées. Et vraiment, j'ai craint, pas la ménopause en soi, mais ce moment où on est au bord du ravin et où on est plus séduisante et où il y a quelque chose qui bascule. On passe d'une femme pleine d'énergie, belle, à une femme inexistante dont on n'a plus besoin dans notre société. Et donc, j'ai aussi beaucoup, beaucoup observé à ce moment-là. J'ai fait une bonne petite crise. Voilà, qui m'a aussi apporté un outil incroyable, c'est que je me suis rapprochée du bouddhisme. Et donc là, j'ai découvert quelque chose d'extraordinaire. Je crois qu'il m'aide beaucoup aujourd'hui dans la vie et qu'il m'a apporté une toute autre façon de regarder les choses, parce que je regarde toujours beaucoup les choses, mais de... Je ne vais pas faire la pro du bouddhisme, pas du tout, mais s'asseoir et accueillir le moment en présence, c'est aussi apprendre à bien se connaître et à pouvoir se détacher de soi pour bien être disponible pour les autres. Disponible, mais pas dans un don,

  • Sandrine

    Dans un espace.

  • Nathalie

    Dans un espace, exactement. Et en fait, c'est ça que je fais dans mon livre. Je pense qu'aujourd'hui, comme je peux m'arrêter, évidemment, je ne le fais pas tout le temps, partout où je vais, j'observe. Très bien, et partout, même dans le quotidien d'aujourd'hui, avec tout ce qui se passe dans l'actualité, il y a aussi plein de choses extraordinaires qui se passent. Il y a moyen de découper le quotidien en choses extraordinairement poétiques. Et voilà, c'est ce que je fais dans mon livre.

  • Sandrine

    Et on le sent, il y a une sensibilité au vivant, à cette attention très fine aux détails, aux textures, aux odeurs, aux sons. Quand on te lit, on... En fait, ça réveille en nous une façon de voir le quotidien, de le voir, de s'arrêter. Donc oui, moi, j'ai senti en lisant ton livre, beaucoup de présence, de... Je ne sais pas, en tout cas, ça réveille tous les sens et ça fait du bien.

  • Nathalie

    C'est gentil, merci. On me le dit souvent, je ne m'en rends pas compte parce que, comme je suis hypersensible, mais de toute façon, moi, je vis avec tout ça tout le temps. J'ai l'impression d'avoir des grandes antennes sur la tête et de temps en temps d'être d'ailleurs très fatiguée de recevoir toutes ces sensations en même temps. Mais voilà, c'est ce qu'on me renvoie souvent après lecture de mon roman et tant mieux, voilà, si ça vous a plu.

  • Sandrine

    Et donc à 50 ans, ça a été comment toi, le basculement chez toi ? Est-ce que tu t'es remis à écrire ? Qu'est-ce qui fait que tu... Comment tu as vécu cette...

  • Nathalie

    crise,

  • Sandrine

    oui. Tu as quel âge ?

  • Nathalie

    Je vais avoir 55 ans. Ok. Donc voilà, à 45 ans, oui, j'ai vraiment chamboulé toute ma vie et je me suis dit, mais qu'est-ce que je fais ? Je donne tout à tout le monde et qui je suis et qu'est-ce que j'aime vraiment ? Qu'est-ce que je veux vraiment ? Je ne savais plus en fait. Je m'en suis vraiment rendue compte, je ne savais plus.

  • Sandrine

    Comme si tu t'étais oubliée.

  • Nathalie

    Oui, exactement, exactement. Mais du coup, je ne savais même plus la route à prendre. Et puis, j'ai recommencé à faire des ateliers d'écriture. Et je me suis rendue compte que l'art, en fait, que j'avais beaucoup pratiqué en étant plus jeune et que j'avais oublié de pratiquer plus tard, et puis pas le temps, parce qu'on est occupé avec les enfants, le travail, l'art me nourrit extraordinairement, vraiment. D'ailleurs, même encore aujourd'hui, quand je ne vais pas bien, l'art me sauve tous les jours, tous les deux jours. Et l'écriture, oui, je me suis rappelée que c'était vraiment ce qui me faisait vibrer d'écrire. Et j'écris d'ailleurs tout le temps, tout le temps. Dans ma tête, sur les notes, dans mon téléphone, dans le tram, dans le bus, dans le train. Voilà, donc ça, ça me rend vraiment, vraiment heureuse.

  • Sandrine

    Et quelles sont les valeurs, toi, qui te guident au quotidien ?

  • Nathalie

    Les valeurs. Alors, j'ai toujours eu du mal avec les valeurs, les besoins, tout ça. Les valeurs, je crois que ce qui me guide vraiment, et ça, j'ai aussi beaucoup observé quand j'ai eu 45 ans et que j'ai... Beaucoup, beaucoup observé et que j'avais cette sensation, enfin plutôt cette crainte d'être au bord du Ravin. J'ai observé à ce moment-là beaucoup de femmes, des artistes, des gens connus. Moi, je n'ai jamais eu d'idole, mais à ce moment-là, j'ai commencé vraiment à être très admirative de certaines femmes plus âgées, qui avaient carrément 70 ans, et que je trouvais d'une authenticité. incroyable en fait, et ça m'explosait au visage. Même, j'étais envieuse et je me disais, tiens, quand on écrit, quand on peint, c'est ça qu'il faut atteindre, c'est ça qui touche en fait. Et moi, à ce moment-là, j'étais encore très occupée à vouloir plaire à ma famille, à mon mari, à mes amis. Enfin voilà, on est depuis des générations et des générations, je pense, les femmes un peu programmées, formatées. Les féministes aujourd'hui ne diraient plus ça, mais moi je le dis. formatée, à plaire, à faire tout pour les autres. Et je voyais ces femmes qui, tout d'un coup, étaient libérées de quelque chose. À la fois, j'avais peur et à la fois, ça m'attirait. Et en fait, aujourd'hui, je comprends beaucoup mieux. Et je trouve qu'en vieillissant, est-ce qu'on gagne en sagesse, même si je ne suis pas encore très sage ? Je ne sais pas. Mais il y a quelque chose de plus libre. Et on assume qui on est, en fait. On se connaît mieux. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que les moments... où je peux être qui je suis, là, je suis vraiment heureuse, droite. Je me sens plus droite, plus vers le ciel, avec des mains plus grandes, plus généreuses, plus à l'écoute et beaucoup plus heureuse, en fait. Plus en adéquation avec ce que je suis.

  • Sandrine

    Plutôt que de faire pour les autres.

  • Nathalie

    Oui, exactement.

  • Sandrine

    Si on plonge dans ton livre, ce titre, qu'est-ce qu'il évoque ? Donc, « Nos vendredis » , pourquoi ce titre ?

  • Nathalie

    Alors, on me l'a déjà demandé plusieurs fois. Les noms de jours, je les trouve très poétiques, en fait. J'aime bien, quand j'écris, je me rends compte qu'ils reviennent souvent. Mardi a de la fièvre, mercredi a pris froid, je ne sais pas. Je n'ai aucun moyen de faire beaucoup de poésie avec les jours de la semaine.

  • Sandrine

    Et vendredi, alors ?

  • Nathalie

    Alors, vendredi, oui. Vendredi, c'est un jour que tout le monde aime bien. C'est la fin de la semaine de travail. Moi, je dois dire que j'adore mon travail et que je suis aussi très contente d'être le lundi. Donc c'est pas que vendredi est ouf, voilà, enfin vendredi, mais il invite à quelque chose de joyeux vendredi, et dans mon livre plutôt pas, voilà, puisque donc mon livre est un roman choral avec quatre histoires, et dans chacune des histoires il y a des titres qui reviennent, dont nos vendredis, enfin vendredi plutôt, puisque dans chacune des histoires il se passe quelque chose, un élément déclencheur le vendredi, qui va faire basculer les protagonistes de l'histoire. Et le Nos vendredis, je trouve que c'était très poétique, un peu mystérieux.

  • Sandrine

    C'est fédérateur.

  • Nathalie

    Exactement, fédérateur. Et c'est exactement ce qui se passe dans mon roman. Tous ces personnages sont reliés. Et c'est bien l'heure vendredi, de l'heure vendredi qu'il s'agit. Donc, voilà.

  • Sandrine

    Parce qu'il y a un fil rouge, il y a ce cri, en fait, qui relie tous ces personnages. C'est un cri de femme, un cri du cœur qui traverse la nuit. Est-ce qu'il y a, selon toi, un moment dans la vie d'une femme où ce cri devient inévitable, où il faut apprendre à l'écouter ?

  • Nathalie

    Oui, bien sûr. D'abord, il faudrait déjà élever les petites filles un peu différemment que ce qu'on a été élevé, je pense. J'ai trois garçons.

  • Sandrine

    Comment alors tu les élèverais ?

  • Nathalie

    Je les élèverais d'abord à aimer les garçons doux et gentils. plutôt que les belles gueules, chefs de bande un peu machos. Voilà, ça c'est une première chose. Et deuxièmement, je leur apprendrai à veiller sur elles d'abord, avant de veiller sur les autres. Je pense que pour rendre les autres heureux autour de nous, il faut d'abord être heureux soi-même. Et en fait, je pense qu'on est vachement programmé pour donner, donner, donner. Et puis à un moment, on crie parce qu'on est vide. En tout cas, moi, c'est ce que... personnellement, j'ai vraiment vécu plusieurs fois dans ma vie. Et aujourd'hui, j'ai appris à me remplir et je suis beaucoup plus heureuse et j'ai l'impression de pouvoir donner beaucoup plus à mes enfants, aux gens autour de moi, à mes amis.

  • Sandrine

    Et c'est ce que vit aussi le personnage, je dis principal, en tout cas Meg, qui est... Elle vit, elle aime, mais elle s'efface aussi. Pourquoi ça a été important pour toi de raconter cette femme qui s'efface, qui est sans histoire et pourtant, on sent qu'elle est terriblement vibrante.

  • Nathalie

    Ok, alors ce n'était pas prémédité en fait. Cette femme de la première histoire, c'est moi, je ne le cache pas. Donc en fait, j'avais des choses à dire et en fait, écrire ce livre, c'était aussi un cri. J'ai remarqué la symbolique du cri quand le livre était terminé. J'ai écrit très à l'intuition. Je n'ai rien programmé. Je suis très contente de moi à travers l'écriture de ce livre parce que non pas qu'il est fantastique, ce n'est pas ça, mais que j'ai été exactement juste. Et pour moi, c'était quelque chose de très difficilement atteignable, d'être juste et authentique. Parfois, d'ailleurs, je le vois tous les jours quand j'écris. Parfois, j'écris et je me dis, ça, je ne peux pas écrire. Et là, j'ai laissé toutes les portes ouvertes et j'ai écrit ce que j'avais à écrire. Et presque ce que j'avais à vomir, en fait, ce livre, c'est tout ce que j'avais à coucher sur le papier, à dire, à crier, à hurler pour avancer, en fait.

  • Sandrine

    Donc c'est comme un geste de soin pour toi et puis pour les autres, parce que quand on le lit, ça nous donne aussi envie d'aller écouter à l'intérieur ce qui se passe.

  • Nathalie

    Oui, tant mieux. Mais oui, oui, tout à fait. Pour moi, c'était un besoin et un soin. C'est vrai, tout à fait. Je l'ai d'abord écrit pour moi, ce livre. Enfin, je ne l'ai pas écrit pour les autres.

  • Sandrine

    Est-ce que c'est ça, peut-être, qui fait que quand on crée, on crée d'abord pour soi ? J'ai l'impression que quand on se dit qu'on crée pour les autres, on enlève une partie.

  • Nathalie

    Oui, oui, ça je suis sûre. Mais c'est pas facile, parce qu'on a toujours peur du jugement de l'autre, et est-ce que ce sera bien, est-ce que ça va être apprécié ? Mais je pense qu'une fois qu'on le fait pour les autres, on a perdu le fil. On n'est plus authentique, en fait. Ce que j'ai cherché, c'est cet authenticité qui n'est pas facile à atteindre tout le temps, mais quand on l'atteint, c'est tellement bien. On a l'impression d'être juste.

  • Sandrine

    Et on sent aussi beaucoup... Il y a une certaine mélancolie comme ça diffuse dans le roman, mais on sent aussi beaucoup de lumière et d'émerveillement, comme je le disais au début. C'est comme si, quelque part, tu nous mettais les lunettes... du bonheur ou de voir les petites choses du quotidien, que malgré la difficulté, malgré la mélancolie, il y a une beauté qui est là et apprenons aussi à la regarder avec tous nos sens, même quand on est perdu, en fait. C'est peut-être ça qui nous fait aussi revenir à nous.

  • Nathalie

    Tout à fait. Ça, je l'ai fait aussi très intuitivement, mais ça, j'ai aussi découvert à travers le bouddhisme au moment... On fait des grandes découvertes au moment des crises, au moment d'une de mes crises. J'allais très mal, j'étais vraiment très triste, une grande peine à l'intérieur de moi. Et j'ai découvert que quand je m'asseyais et que j'étais dans le moment présent, je trouvais une joie immense à l'intérieur de moi. Et cette joie-là, je pense qu'elle peut toujours être arrosée, elle est toujours là, peu importe les éléments extérieurs. Même si je ne l'ai pas calculé, c'est ça qui doit transparaître dans le roman. Parce que ça, je m'en rends compte maintenant. Maintenant, du coup, je m'en rends compte consciemment dans la vie. Mais même quand ça ne va pas, il y a toujours quelque chose de fantastique. Et ça a l'air un peu bateau, ce que je raconte, mais en vrai de vrai...

  • Sandrine

    En vrai de vrai, c'est quelque chose d'essentiel. Et c'est en s'asseyant qu'on le trouve, j'ai l'impression. Ce n'est pas en bougeant dans tous les sens qu'on voit ce qui est beau.

  • Nathalie

    Oui, c'est ça. S'asseoir, c'est difficile pour moi. Oui, il faut en tout cas être conscient. S'arrêter, même si on marche, même en marchant, je veux dire, mais être conscient.

  • Sandrine

    Ce roman, il me fait un peu penser aussi au « J'ai 50 ans et alors » . De l'extérieur, tout semble aller bien, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui vacille. Ça ne se voit pas, mais à l'intérieur, il y a quelque chose qui crie. Est-ce que c'est cette tension-là, ce basculement que vous avez eu envie de montrer à travers ce livre ?

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. Exactement. Et en fait, quand je vous entends, quand je t'entends, Sandrine, je vois aussi l'inverse. C'est que quand on change, parfois ça ne se voit pas. Un tout petit changement à l'intérieur peut faire tout basculer vers le mieux. Je pense que les cris et les changements sont parfois imperceptibles, mais beaucoup plus grands qu'on ne pense.

  • Sandrine

    Et qu'ils ont une portée beaucoup plus grande.

  • Nathalie

    Tout à fait.

  • Sandrine

    Et donc toi, tu t'es remise à écrire, tu as accouché de ton premier roman. Et qu'est-ce qui l'a changé pour toi, ce roman ?

  • Nathalie

    D'assumer qui j'étais. Je suis une poétesse, je suis une rêveuse. d'y croire aussi, parce que c'est quelque chose que je savais depuis que je suis petite, mais que je n'ai pas assumé. Et aujourd'hui, j'assume beaucoup plus qui je suis. J'ose maintenant écrire des petits textes. J'écris des petits textes sur Instagram, j'ose les écrire, alors qu'au début, très timidement, je mettais une photo, un mot, puis une phrase. Aujourd'hui, j'ose, et que ça plaise ou non, je ne vais pas dire que ça m'est complètement égale, évidemment. Parfois, j'écris des choses en me disant, tiens, est-ce que ce n'était pas bête ? Mais très vite, ça part. et je suis moi et voilà, je suis beaucoup plus droite et heureuse d'être moi, j'ai moins peur en fait, je vais pas dire que j'ai plus peur mais j'ai moins peur et du coup je suis plus centrée et plus entière

  • Sandrine

    Est-ce que ce serait aussi lâcher les attentes ?

  • Nathalie

    Oui sûrement lâcher les attentes, oui ça c'est sûr, même si en fait c'est marrant, on discutait avec un collègue l'autre jour du fait qu'on attend toujours quelque chose Je ne sais pas si j'attends toujours quelque chose. C'est difficile, cette question, attendre. En tout cas, consciemment, je pense que quand on attend, il n'y a rien qui vient. Et que quand on n'attend rien, il y a tellement, tellement de choses qui viennent.

  • Sandrine

    Oui, c'est vrai.

  • Nathalie

    Aujourd'hui, moi, il m'arrive des aventures tous les jours. Mes amis rigolent en disant, mais tiens, tu pourrais écrire des livres tous les jours. C'est juste parce que je regarde, en fait. Et en regardant, je rencontre aujourd'hui, parce que je suis plus entière, peut-être, je n'en sais rien, plus ouverte. ou plus heureuse, je ne sais pas, mais je rencontre des tas de gens, des tas d'opportunités, des tas de vibrations, presque tous les jours. Je ne sais pas, attendre. Oui, peut-être qu'on attend finalement toujours quelque chose. Mais en tout cas, être réceptive à la vie et à ce qui vient. Et il y a toujours de bonnes choses qui viennent.

  • Sandrine

    C'est vrai. Et dans ton livre, tu parles aussi des femmes. Enfin, il y a quatre femmes. Et la sororité aussi entre ces femmes. Il y a quelque chose qui se passe entre elles. Quelle est la place de la sororité dans ta vie ? Est-ce que c'est ça que tu avais aussi envie de mettre en lumière ?

  • Nathalie

    Encore une fois, pas consciemment. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée avec des frères. J'avais des amis garçons. J'ai des fils, donc voilà, très entourés d'hommes. Et au fait, les filles, ça me faisait plutôt peur. Les filles, parfois, ça radote, ça critique, etc. Et en fait, c'est depuis une dizaine d'années peut-être que je me suis vraiment rapprochée des femmes. Et j'ai une passion pour les femmes partout. Je trouve qu'entre femmes, peu importe la religion, la couleur, le milieu, que ce soit n'importe où, même quand on ne connaît pas les gens dans un bus, je trouve qu'entre femmes, on se comprend. On a un regard et c'est difficilement explicable. Et depuis, c'est vrai que je me suis fait plein d'amis. Ce n'est pas que je n'en avais pas avant, mais vraiment des nouvelles amitiés claires et vibrantes, des belles relations, beaucoup d'admiration aussi pour des femmes que parfois je ne connais pas. Là, je lisais un texte de Nancy Houston ce matin, qui est autrice et philosophe, qui parle de marché, qui parle justement de cette liberté qu'on gagne en vieillissant. Parce qu'on regarde moins, on fait moins attention, on regarde l'autre. Je trouve qu'on a... C'est comme si de génération en génération, les femmes s'apprenaient des choses et que les cris se relaient d'une génération à l'autre, en fait. C'est peut-être ce que j'ai fait spontanément dans mon livre, puisque dans mon livre, toutes les femmes, finalement, se sauvent grâce à ce cri, en fait. Grâce aux autres.

  • Sandrine

    Ce sont des voisines, des mères, des amis. C'est comme s'il y avait une solidarité comme ça, silencieuse, entre ces femmes.

  • Nathalie

    Oui, tout à fait. D'autant plus que ce cri, il n'y a que les femmes qui l'entendent dans mon livre. Les enfants et les hommes ne l'entendent pas.

  • Sandrine

    C'est ça. Les hommes et les enfants, ils sont un petit peu moins présents dans le livre ? Est-ce que c'était volontaire ?

  • Nathalie

    Oui, rien de...

  • Sandrine

    Ils sont aimants, mais absents. Oui,

  • Nathalie

    c'est vrai. Ce n'était pas volontaire, non. Mais je pense que mon problème, entre guillemets, ce dont j'avais envie de parler, c'était des femmes. Et donc, je l'ai fait intuitivement et je suis contente du résultat parce que dans mon livre, les enfants et les hommes sont aimés et chéris. Et ils sont là quand même. Donc, ce n'est pas que c'est contre les hommes, mais c'est vrai que c'est pour les femmes. Les femmes se portent plus haut et plus droite ensemble, en fait, et se sauvent mutuellement. C'est ça que je sens et que sans doute qui ressort de mon livre.

  • Sandrine

    Peut-être que tu avais envie de questionner la place des hommes dans tout ça ?

  • Nathalie

    Non, pas vraiment.

  • Sandrine

    Pas vraiment. Ok, en tout cas, moi, je vous conseille vivement de lire ce livre. En plus, tu es belge, une auteure belge. Je trouve que c'est important de mettre en avant, dans le béoué en plus. Donc voilà, je vous suggère vraiment de lire ce livre. Moi, je me suis posé des questions. J'ai eu envie de crier. J'avais envie de me poser des questions en se disant, mais en fait, en lisant ce livre, qu'est-ce qui me nourrit vraiment ? Qu'est-ce que j'ai mis en sourdine bien trop longtemps ? Qui suis-je quand je ne fais rien pour personne ? C'est ces questions-là que le livre questionne ou nous invite à explorer. Et si tu avais envie de donner un conseil, enfin pas un conseil, mais si tu avais envie de partager une idée ou quelque chose à propos de ton roman pour clore cet épisode, à nos auditeurs, qu'est-ce que tu aurais envie de dire ?

  • Nathalie

    Je crois que le message central, c'est... Il y en a deux, c'est d'abord que dans le quotidien et les choses minuscules, il y a du merveilleux. Et deuxièmement, je pense qu'il ne faut pas s'oublier, en fait, hommes et femmes d'ailleurs, mais les hommes ont moins tendance à s'oublier. Les femmes ne doivent pas s'oublier et je pense que si on pense à nous quand on était jeunes, on sait très bien ce qui nous fait du bien. Et il faut arroser ça et se nourrir vraiment. Je pense que c'est souvent l'art, mais après, dans mon livre en tout cas, les femmes... se nourrissent d'art, que ce soit de la danse, de la photo, de l'écriture. Pas s'oublier et fleurir et grandir grâce à ça. Et puis pouvoir donner aux autres. Mais d'abord, veiller sur soi-même.

  • Sandrine

    Merci Nathalie, mais quand tu dis « parle de l'art » , c'est de la créativité ?

  • Nathalie

    La créativité,

  • Sandrine

    oui. C'est sa propre créativité.

  • Nathalie

    Oui, la créativité ou l'expression, l'expression corporelle. Se sentir vivant en fait. Ce qui nous rend vivants. Et peu importe ce que c'est, ça pourrait être autre chose que de l'art d'ailleurs. Je n'ai pas d'idée, mais ça pourrait être... Moi, ce que je pense, c'est l'art. Quand je danse, je me sens extrêmement vivante. C'est pour ça qu'il y a une danseuse dans mon livre. Quand j'écris, je me sens extrêmement vivante. Mais ça pourrait être autre chose, construire quelque chose. Mais de toute façon, je pense que ça passe par la création. Je crois, mais peut-être qu'il y a autre chose.

  • Sandrine

    Oui, oui. Et en même temps, la maternité, c'est aussi quelque chose qu'on...

  • Nathalie

    Oui.

  • Sandrine

    Il y a aussi de la création. Oui, c'est vrai. Ça me fait penser à...

  • Nathalie

    Oui, mais il y a beaucoup, beaucoup de dons là-dedans. Et moi, j'ai adoré, j'adore être mère, j'adore mes enfants. Je me suis beaucoup occupée de mes enfants. Ils n'ont pas été à la garderie, ils n'ont pas été à la crèche. Et j'ai eu le temps de compter les escargots sous la pluie, d'aller tous les jours des heures à la plaine de jeux. Ils n'ont pas oublié ça. Et moi non plus, c'était vraiment merveilleux. Mais à la fois, une partie de moi, je l'avais oublié. Il faut aussi créer et créer les enfants. On les crée, mais après, ils ne sont plus à nous. On peut les aider à grandir, mais on les lâche. Et après, si on n'a pas pris soin de soi, on se retrouve bien vide avec les enfants qui n'ont plus besoin de nous et nous qui sommes creux. en fait. Je pense que...

  • Sandrine

    À ce moment-là, si on a arrosé notre essence, on peut fleurir.

  • Nathalie

    Oui, voilà. Et il est encore temps, évidemment, de le faire et d'aller chercher en soi.

  • Sandrine

    Évidemment, à tout âge, je pense.

  • Nathalie

    Oui, à chaque transition. Merci beaucoup, Nathalie, pour ce beau roman. Donc, « Novembre dit » est un roman qu'on lit. à son rythme qu'on respire, qu'on ressent. C'est un roman qui nous invite à redescendre dans nos sensations, dans nos silences aussi, dans notre présence. Donc à toutes celles et ceux qui nous écoutent, peut-être que ce cri dans la nuit, vous l'avez déjà entendu, peut-être que vous aussi, vous êtes en train de vous réécrire. Et si c'était ça finalement, ne plus fuir le cri, mais lui tendre l'oreille. Voilà, je vous souhaite en tout cas un bon moment avec ce livre que vous trouverez aux éditions Les Impressions Nouvelles, qu'on trouve un peu partout.

  • Sandrine

    Partout en librairie ou bien sur commande, partout.

  • Nathalie

    Ok, et bien un tout grand merci Nathalie.

  • Sandrine

    Merci beaucoup Sandrine.

  • Nathalie

    Je vous remercie de l'avoir écouté. N'oubliez pas de vous abonner si vous souhaitez être averti de la sortie du prochain épisode. Et puis, si vous avez appris cet épisode et pour que ce podcast puisse continuer à grandir, n'hésitez pas à laisser une bonne note et pourquoi pas un commentaire, un partage sur les réseaux sociaux ou un email pour me faire un retour. C'est un vrai carburant pour moi d'avoir vos feedbacks, car ils me permettent de mesurer l'impact des messages. Et parce que c'est grâce à vos commentaires, vos partages, vos étoiles, que ce podcast peut continuer à cheminer et à inspirer d'autres personnes. Déjà, un tout grand merci. Ce podcast fait aussi partie d'une émission que j'ai la chance de diffuser sur Radio Alma le mardi. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Corbio, hypnothérapeute. J'adore faciliter les prises de conscience et le changement. Et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !

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