25. La Médecine de l'Homme avec Dr Jean-Patrick Chauvin cover
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J'peux Pas, J'ai Lune

25. La Médecine de l'Homme avec Dr Jean-Patrick Chauvin

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1h03 |10/03/2025|

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25. La Médecine de l'Homme avec Dr Jean-Patrick Chauvin

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1h03 |10/03/2025|

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Description

EP 25 : interview avec Docteur Jean-Patrick Chauvin, le fondateur de la Médecine de l'Homme.


Vous découvrirez dans cet épisode comment et pourquoi le docteur Chauvin en est arrivé à fonder cette médecine.


Et quand je demande à Jean-Patrick : Pourquoi Médecine de l’Homme ?

Voici sa réponse : parce qu’il est nécessaire de prendre en considération la Nature Humaine dans toutes ses dimensions. Et partir du principe que l’Être Humain est le représentant d'un règne à part entière.

Le Règne Hominal.

Ce qui implique d’intégrer dans la pensée médicale et jusque dans son exercice toutes les dimensions de ce règne, à savoir la dimension Corps/Âme/Esprit, la dimension écosystémique (l'être hominal est un écosystème et est inscrit dans un écosystème) et la dimension évolutive ; le règne hominal n’est pas un règne fini, il est encours d’évolution et son enjeu d’évolution est la Conscience. 

Peut-être faudra-t-il alors considérer la Conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir dans sa plénitude.


Bon voyage à vous dans cette heure très inspirante.

Et il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter une belle introspection personnelle 😉


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A bientôt pour un nouvel épisode !

Fanny, reporter pour JPJL, le podcast de ACE Formation 🌙



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fermez les yeux un instant et imaginez qu'une autre façon du « prendre soin » existe, que la prévention et l'holistique sont des évidences, que vos maux et vos maladies trouvent leur sens dans la biologie de votre histoire et que votre parcours de soin ressemble à un voyage vers le bonheur avec pour escale des prises de conscience salvatrices. Bienvenue dans « Je peux pas, j'ai l'une » . Le podcast dédié à la santé intégrative, animé par Fanny Frock, reporter multicasquette, de soignante passionnée à coach thérapeute engagée et même patiente proactive. Seule ou avec un ou une invitée, nous allons faire tomber les frontières entre les médecines conventionnelles et les thérapies complémentaires, créer des ponts entre elles et repartir avec des outils pour prendre soin de soi à mettre en application de suite après l'écoute du podcast. Loin du carewashing, ce podcast est une véritable pépite pour le vivant, à commencer par la santé de celles et ceux qui prennent soin des autres. Bonne écoute ! Et bienvenue dans l'épisode numéro 25 du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » dans lequel j'ai la grande, grande joie d'interviewer le docteur Jean-Patrick Chauvin avec qui nous allons parler. de la médecine de l'homme, une médecine qui l'accrérée, une médecine qui peut-être s'avère être une des réponses pour tendre vers une nouvelle sorte de médecine, de prise en charge de la santé et peut-être même pour sauver l'espèce humaine. Je ne vous en dis pas plus, bonne écoute. Bonjour Jean-Patrick.

  • Speaker #1

    Bonjour Fanny.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast et de passer ce temps ensemble à échanger. Alors Jean-Patrick, pour te présenter en trois mots, tu es un médecin pas comme les autres. Aujourd'hui retraité, tu as exercé comme médecin généraliste et homéopathe pendant 35 ans. Tu es l'auteur du livre « Quand la maladie nous enseigne » aux éditions Très Daniel et... tu es le fondateur d'une nouvelle approche en santé humaine qui a été d'abord appelée la médecine des actes pour devenir la médecine de l'homme, avec un grand H. Je précise. Tu as fondé une académie fin 2019 dédiée à l'enseignement de la médecine de l'homme. Tes diverses rencontres, avec des êtres en souffrance et des êtres inspirants, t'ont aussi permis de découvrir et de cheminer sur une voie spirituelle dont tu nous parleras également dans cet épisode. Pour terminer la présentation, peut-être un petit mot sur notre rencontre. Nous, on s'est rencontrés l'hiver 2024 dans le cadre d'un week-end entre soignants. On était médecins, infirmières, pharmaciens. Et c'est là que nous avons connecté. C'est donc avec une grande évidence que je t'ai proposé d'enregistrer un épisode de podcast pour œuvrer ensemble vers une diffusion d'une autre façon de soigner, une autre façon... vivre et d'incarner la santé. Jean-Patrick, c'est là que je te rends le micro. Est-ce que tu as envie d'ajouter quelque chose que j'aurais peut-être plus oublié pour te présenter avant que je te pose la suite des questions ?

  • Speaker #1

    La seule chose, c'est l'étiquette de retraité parce que je n'ai pas du tout le sentiment d'être retraité. Si je devais remettre une catégorie, c'est retraité actif et c'est peut-être plus actif que retraité. Ou agissant. Parce qu'il essaye d'agir pour fonder une autre façon d'envisager la médecine, le soin, le prendre au soin.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est un nom administratif d'être retraité.

  • Speaker #1

    Oui, je touche une retraite, ça me met à l'abri du besoin, mais ça me permet d'avoir du temps libre pour faire tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, je t'accueille dans la saison 3. du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » où je laisse la parole aux professionnels de santé intégrative pour qu'ils et elles témoignent sur leurs expériences, sur leur parcours, pour inspirer et montrer qu'il est possible d'exercer une activité professionnelle en adéquation avec ses valeurs, avec sa façon d'être au monde et avec sa mission d'âme. Et si aujourd'hui je t'ai invitée sur cet épisode, eh bien c'est pour que tu nous partages ce qu'est la médecine de l'homme. Peux-tu donc nous proposer une définition en quelques mots pour que les auditeurs, auditrices aient une vision claire de ce qu'on va aborder dans ce podcast ?

  • Speaker #1

    C'est une médecine qui a pour vocation d'accompagner des êtres sur un chemin de guérison. Après, il faudra le définir et qui prend en compte toutes les dimensions de l'être humain. Corps, âme, esprit, mais aussi la dimension écosystémique qui est d'une grande actualité aujourd'hui. Et ce que j'appelle la dimension ontogénésique, qu'on pourrait appeler la dimension évolutive. Après, il faut s'entendre sur le terme d'évolutive. évolutive dans une meilleure connaissance de soi et des autres. En fait, c'est l'évolution en conscience. Ça veut dire qu'il va falloir intégrer ce qu'on appelle la conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir. Voilà en gros. Et je pense qu'on va, au fur et à mesure des questions et des réponses, développer un peu le sujet.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, ça va être le propos tout au long de cet épisode. Et peut-être, moi, j'ai envie de remonter ensemble dans le temps. si tu veux bien, et puis peut-être venir à ce moment-là où tu as décidé de devenir médecin. Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas le sentiment d'avoir décidé comment s'asseoir au table, en disant qu'est-ce que je vais faire de ma vie. C'est plutôt quelque chose de beaucoup plus profond qui s'est produit. De la façon dont je le dirais aujourd'hui, je crois que j'ai répandu un appel qui était en moi depuis... depuis toujours, peut-être bien depuis ma naissance d'ailleurs, parce qu'il se trouve que j'ai retrouvé cette naissance dans un travail sur le passé et elle s'est faite dans des conditions extrêmement particulières. Quand j'ai retrouvé la façon dont s'est déroulée cette naissance et comment ça s'est vécu intérieurement, je n'ai pas été du tout étonné que je sois à l'endroit où je suis. C'est que de la suite.

  • Speaker #0

    En off, avant qu'on enregistre cet épisode, tu m'as parlé d'une parole, d'une institutrice. Est-ce que tu veux nous en parler ? Ou c'est trop un détail ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas un détail, c'est quelque chose d'important. C'est à une époque où... où je vivais encore en Israël, où j'avais vécu deux ans et demi, et où j'avais 13 ans et demi. Et il se trouve que ma prof de maths, qui était en française, parce qu'on avait vécu là-bas à plusieurs familles, il y avait une école qui avait été construite, et cette école avait été arrêtée. Et en fait, elle me donnait des cours particuliers pour que je ne sois pas en retard en rentrant en France. Et un jour, je lui ai posé une question à la fin d'un cours particulier. Je lui ai dit « Madame Constanzo, pourquoi vous êtes devenue prof de maths ? » Elle m'a dit « Au départ, je ne voulais pas être prof de maths, je voulais être médecin, mais je n'avais pas les capacités. » Et elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit « Mais toi, tu les as. » Et j'étais comme ça. C'est comme s'il venait appuyer sur un bouton qui a réveillé quelque chose. Après ça, je dirais que la vie a suivi son cours. Je suis rentré en France, je me suis retrouvé dans un lycée à Strasbourg. Je me suis même demandé si je n'allais pas faire l'école hôtelière et finalement c'est médecine. Mais je crois que c'est la médecine qui m'a choisi.

  • Speaker #0

    Waouh, c'est beau ! La médecine m'a choisi. Est-ce que tu pourrais nous... proposer, peut-être spontanément comme ça, des anecdotes, des situations peut-être marquantes dans tes études en médecine et qui sont peut-être venues confirmer ce qui s'est passé plus tard. Parce que là, on fait un peu marche arrière, tu vois, dans l'épisode. À l'époque, quand on passe les situations, on ne sait pas forcément que ça va nous marquer. Et puis finalement, quand on regarde en arrière, on se dit, ah, mais il n'y a pas de hasard que tout ça se soit passé, parce que ça et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Ce qui a été marquant, c'est les rencontres. Et ça va être le titre d'un de mes prochains livres qui s'appelle récemment « Des rencontres singulières » où en fait, à un moment donné, j'ai eu besoin de prendre du recul en disant « Mais comment ça s'est construit en fait ? Comment ce bonhomme s'est construit ? » Et à travers des rencontres en particulier. Et une des premières rencontres qui a été un choc en fait. Un choc que... J'étais à l'époque, on appelait ça garçon de salle. Je faisais le ménage, je ramassais les pots d'urine le soir, je distribuais la tisane, pas en même temps. Et à un moment donné, je suis rentré dans une chambre pour distribuer une tisane. Et il y avait deux vieux messieurs qui étaient là dans leur lit. Je ne sais pas quel âge ils pouvaient avoir, je ne me souviens pas, moi j'avais 18 ans. Et il y en a un qui dit « C'est quoi ça ? » Et l'autre, il répond, sans que j'ai eu le temps de répondre « C'est une tisane, ceci ou cela. » L'autre, il répond « C'est le bouillon d'11 heures pour que tu crèves à minuit. » Et là, j'étais devant, mais comment c'est possible ? Comment c'est possible ? Je l'ai d'abord traité sur le ton de la rigolade, je disais, mais avec le recul, je me dis, mais quelle humanité il faut, et quelle fin de vie il faut pour en arriver là, dans une telle violence verbale, dans une telle haine. Et il y a un autre événement qui s'est passé dans le même hôpital l'année suivante, c'est quand j'ai été confronté... un vieux monsieur aussi qui était lui adorable, d'une grande gentillesse, qui était dans le lit, qui ne bougeait pas parce qu'il avait fait un accident vasculaire. Et on disait de toute façon c'est pas sûr qu'il remarche. Et moi je disais je ne suis pas d'accord, je pense qu'il remarchera, du haut de mes 19 ans. Puis un beau jour je lui ai dit écoutez monsieur on va essayer quand même, vous allez sortir du lit, on va bouger les pieds. Puis après je l'ai fait se lever. J'ai fait marcher jusqu'au bout du lit, revenir, etc. Et puis, progressivement, il a marché dans le couloir avec une canne en se tenant. Et au bout d'un mois, il marchait tout seul dans le couloir. Et peut-être qu'il s'était passé un peu la même chose qu'avec ma prof qui disait « Toi, tu peux être médecin » . Moi, je lui ai dit « Lève-toi et marche » .

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire. Lève-toi et marche.

  • Speaker #1

    Et ça a marché.

  • Speaker #0

    Excellent.

  • Speaker #1

    Après, il y a eu des rencontres aussi avec des êtres qui m'ont inspiré, qui sont ceux que j'appelle mes maîtres en médecine. Et en particulier, il y avait un chef de service, professeur Pépin, Bernard Pépin, grand bonhomme, qui était chef d'un service de neurologie. Ce qui m'avait bouleversé, c'est qu'alors que tous les services ont passé dans les hôpitaux, de Paris où j'étais, le patron passait avec toute sa cour en disant voilà, tel machin, tel truc. Lui, il s'asseyait au bord du lit du malade, il ne voulait jamais qu'il y ait plus de quatre ou cinq personnes avec lui, l'interne, l'externe, la surveillante, l'infirmière qui s'occupait de ce patient. Il disait je refuse qu'on mette des numéros sur les lits, il s'appelle monsieur comme ça, il s'appelle madame comme ça. Et il s'asseyait, il commençait à prendre la main des gens, parler avec eux. Et après, il disait, bon, on va prendre le temps de vous examiner maintenant. Grande leçon d'humanité.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça m'a beaucoup marqué. Voilà, puis on a vu, on ne va pas tout passer en vue, parce qu'il faudra lire le prochain livre.

  • Speaker #0

    Oh, le joli teaser que tu es en train de nous faire, magnifique. Et justement, là, quand tu nous évoques ça, on sent qu'il y a des passages dans ta vie qui ont été marqués. quand tu parles justement de cette humanité ? Alors moi, je connais la fin, je connais la suite. On a justement introduit l'épisode en parlant de la médecine de l'homme. Est-ce que tu peux nous dire, nous raconter ce qui a fait cette bascule ? Alors bien sûr, je sais que en général, dans les parcours de vie, il y a des choses qui sont progressives. C'est pas Une rupture, en plus on en a parlé en off, il n'y a pas eu un avant, un après, il y a eu quelque chose de continuel en fait dans ton parcours, mais est-ce que tu pourrais peut-être nous évoquer ce qui a fait que tu as changé de posture dans ta posture de médecin ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a des événements qui m'ont mis devant que c'était l'heure, c'était l'heure de ne passer à autre chose, mais comme si ça avait toujours existé au préalable. et qu'il a fallu passer différentes étapes pour que je sois prêt pour le rendez-vous. La première étape, je dirais, alors que je ne m'en rendais pas compte, c'est que j'étais encore en fac, j'étais en deuxième année de médecine, et je venais d'assister à un cours de psychologie médicale, et je suis sorti atterré en disant, mais c'est ça qu'on va nous apprendre sur la nature humaine, sur l'intériorité humaine, même si je n'en voyais pas ces mots à l'époque, parce que peut-être que je ne les avais pas. Toujours est-il, je dis, mais on nous apprend la physiologie, l'anatomie, mais l'être humain, qu'est-ce qu'on nous apprend dessus ? Et j'ai rajouté une chose, il faudrait quand même qu'on ait un enseignement qui nous parle de ce qu'est l'être humain dans son essence même. Et puis j'ai rajouté une phrase, mais je ne savais pas ce que je disais à l'époque. Et puis il faudrait que quand on se destine à soigner les autres, il faudrait faire un minimum de travail sur soi. Et je ne savais pas ce que je disais, j'avais 20 ans. C'est bien après que j'ai dit, ah ouais d'accord, j'ai dit ça à l'époque, mais je ne mesurais pas tout. Le deuxième rendez-vous, en fait, qui a été un point de bascule, ça a été un an après ma première installation. Je m'étais installé en Savoie, médecin de campagne, j'ai adoré ça d'ailleurs, aller chez les gens, j'aimais beaucoup, j'avais fait ça aussi en remplacement. Et j'étais face à des êtres qui avaient des maladies compliquées, chroniques, etc., et qui étaient des êtres en souffrance. Aussi bien j'avais appris à soigner des maladies, aussi bien je me sentais complètement démuni face à cette souffrance humaine. Je ne savais pas comment m'y prendre. J'ai failli arrêter. Je me souviens un soir où je suis rentré chez moi. J'ai dit « je ne peux pas continuer comme ça, je ne peux pas continuer comme ça, j'arrête » . Et en fait, j'ai passé une nuit blanche là-dessus et au petit matin, j'avais décidé que j'allais me former à l'homéopathie parce qu'il me semblait que c'était une médecine humide. qui prenait en compte l'être humain de façon beaucoup plus globale. Et j'allais créer un groupe Balint pour qu'on ait un espace de réflexion entre soignants et entre médecins en particulier, avec un psychanalyste, c'est-à-dire qu'on se mette face à nos questions, nos souffrances de soignants, et qu'on essaie de trouver des solutions, voir ce qui se jouait en nous là-dedans. C'est un début de travail intérieur, je dirais. Et puis, en même temps... Pour rester en lien avec l'évolution de la médecine moderne, j'ai créé un groupe de formation post-universitaire qui n'existait pas dans la ville où j'étais. Ces trois actes ont été importants, en fait. Ils ont été fondateurs d'une suite. Après, ça a suivi son chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, petit à petit, là, on progresse dans le temps, enfin, dans notre chronologie. Il y a un moment où tu vas fonder la médecine des actes. qui s'appelait comme ça auparavant, qui aujourd'hui s'appelle donc « La médecine de l'homme » . Raconte-nous cette histoire.

  • Speaker #1

    La médecine des actes, en fait, c'est une première étape sur une médecine dont je rêvais déjà sur les bancs de la faculté, si je reprends le début. Et que j'espérais aussi ce fameux soir où j'ai dit « j'arrête, j'arrête, parce que je veux autre chose » . Et en fait, cette autre chose est arrivée... en 1994 alors que j'avais pris un recul de six mois j'avais confié mon cabinet à une remplaçante et j'avais dit je pars six mois et au bout de ces six mois je saurai ce que j'ai à faire sur terre et il m'est tombé dessus Fond de cette médecine des actes il faut voir qu'au préalable j'avais eu cinq ans après le groupe Balim qui a été un début J'avais démarré une psychanalyse junguienne qui a duré cinq ans et j'ai démarré un chemin spirituel dans la filiation de Guita Malache, Dialogue avec l'Ange, dans une voie fondée par un homme qui s'appelle Bernard Monton et qui m'a permis effectivement ce cheminement intérieur et de progressivement comprendre comment j'allais construire cette médecine. en intégrant les données de l'enseignement dans lequel j'étais. C'est-à-dire dans une vision de la nature humaine qui me manquait au départ, mais par l'expérience intérieure. Il y avait en même temps, je dirais, une expérience d'études de la nature humaine, mais une expérience de vécu intérieur, et la conjonction des deux, plus ce temps de recul, et de fortification de cette fameuse fonction conscience de dialogue. conscient intérieur m'a fait fonder cette médecine des actes. Où il m'a fallu, après que ça me tombe dessus en disant j'ai ça à fonder, il m'a fallu quelques années pour la construire et commencer à l'enseigner en 2000. Et je l'ai enseigné pendant presque une vingtaine d'années. Avant que ça devienne la médecine de l'homme, c'est-à-dire qu'il fallait passer à autre chose.

  • Speaker #0

    Ton premier livre, « Quand la maladie nous enseigne » , il aborde la médecine des actes ?

  • Speaker #1

    Il est, la médecine des actes, en fait, il est. C'est quelque chose qui m'est apparu qu'il était nécessaire que cette médecine arrive dans l'espace public de façon beaucoup plus large et que j'avais à écrire. Ça m'a pris du temps. Ça m'a pris du temps. C'est arrivé dans un autre temps de recul que j'avais pris. J'étais parti pendant un mois, où j'étais insatisfait de la façon dont démarrait l'enseignement de cette médecine des actes. J'ai dit, je pars un mois, dans un mois j'aurai les réponses. Et donc il y avait ce livre à écrire et à approfondir cet enseignement, à le structurer beaucoup plus. pour les générations futures. Et donc ce livre, je l'ai écrit, il m'a pris trois ans d'écriture.

  • Speaker #0

    Il est sorti en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est sorti fin 2007.

  • Speaker #0

    On peut toujours le trouver.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a fait que tu as basculé de la médecine des actes à la médecine de l'homme ?

  • Speaker #1

    L'évolution des choses, de la vision des choses, c'est-à-dire que je crois qu'on ne s'engage pas dans la fondation d'un tel sujet, je dirais, sans perdre de vue une chose, c'est que s'il n'y a pas un renouvellement régulier, c'est quelque chose qui va mourir. C'est le principe de l'évolution en fait. C'est valable pour l'évolution de tout être humain. Tout ce qui ne croit pas souffre et meurt.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est le principe même de la vie en fait.

  • Speaker #1

    C'est le principe de la vie. Et le principe de la vie humaine. Aujourd'hui, l'être humain n'est pas un être fini, il est un être en cours d'évolution et il a quelque chose à accomplir sur Terre et son évolution est liée à cet accomplissement et l'accomplissement est lié à cette évolution intérieure qui s'appelle la conscience. Donc il y a quelque chose qui progressivement, parce que mon chemin intérieur a continué pendant toutes ces années. C'était mon chemin spirituel dans lequel j'étais engagé. Et en fait, cette évolution intérieure qui m'a conduit à affiner cette médecine des actes. Et puis un beau jour, il y a quelque chose qui a eu besoin d'indépendance. Et comme ça s'est fait avec des difficultés avec le fondateur de la voie spirituelle dans laquelle j'étais, il a fallu que j'en sorte pour qu'il y ait quelque chose qui souffre. pour qu'un envol se fasse. Il y a eu tout un temps, effectivement, de restructuration, de requestionnement, en disant que la médecine des actes a des limites, elle a une dimension psychothérapique certaine ou d'inspiration psychothérapique certaine, mais il manque une dimension évolutive en particulier et une dimension spirituelle. C'est ce qui arrive maintenant.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que quand je t'entends parler, j'ai presque l'impression que... la médecine des actes, c'était l'enfant, peut-être même l'adolescent. Et puis, tu sais, à un moment donné, quand on est ado, justement, l'adolescent, c'est ce passage de vie où l'adulte va s'éveiller et être vraiment qui il est. Et c'est comme si la médecine de l'homme, aujourd'hui, c'était l'adulte abouti, mature. Enfin, voilà, en tout cas, c'est un peu la vision que j'ai quand je t'entends parler.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça, en fait. C'est en fait la médecine des actes. dans la mesure où c'était dans le cadre d'un enseignement dans lequel j'étais, c'était une application, d'une certaine façon, une traduction de l'enseignement dans lequel j'étais, dans la médecine. Et il a fallu pour que ça s'ouvre beaucoup plus, qu'il y ait quelque chose qui devienne possible en disant « Ok, ça c'est bien, mais ça va plus loin que ça. » Et ce qui m'a beaucoup inspiré aussi, c'est la réconciliation avec mes racines. spirituelle profonde qui sont les racines de la chrétienté.

  • Speaker #0

    Oui, merci de déposer ça là. À quoi ça ressemble une consultation quand on est un médecin et qu'on a fondé la médecine des actes, puis la médecine de l'homme ? Est-ce que c'est des consultations ordinaires ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Pas du tout. En fait, c'est des consultations qui peuvent avoir l'apparence de consultations ordinaires. Là, on est dans un canapé qui était dans mon cabinet. Ok. Là, il y a un fauteuil dans lequel je m'asseyais. Les gens, ils se mettaient sur le canapé et on se parlait. Il y avait cette table et on se parlait comme ça. Déjà. Oui,

  • Speaker #0

    déjà, ça change.

  • Speaker #1

    Ça change la donne, oui.

  • Speaker #0

    Normalement, il y a… Enfin, normalement, en tout cas, traditionnellement, on va dire que c'est comme ça. Il y a le bureau, le médecin et puis les patients qui sont de l'autre côté du bureau.

  • Speaker #1

    Sauf que mon bureau n'a jamais été un bureau médical. C'était à l'origine, c'est la table qui est derrière. C'était une table qui était destinée à mettre dans une cuisine. Et donc, je n'avais rien dessus.

  • Speaker #0

    C'était le lien avec le restaurateur ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était dépouillé. Et donc, il y avait quelque chose. Et puis, il y avait autre chose qui est extrêmement importante pour moi, c'était le cadre. J'ai toujours été sensible au cadre. Je viens de lire un bouquin de Martin Winclair qui parle du remplacement qu'il a fait dans des cadres épouvantables. Et il dit, mais comment peut-on… accueillir des gens dans un truc aussi moche, aussi dégueulasse. Et donc pour moi ça a toujours été un souci, un peu comme dans ma maison. Donc il y avait ce cadre qui était important, la déco, la façon d'accueillir. Vous ne rentrez pas dans un cabinet médical avec la blouse blanche, avec le clinique, le machin, c'est on va se parler, on va essayer de se parler, essayer de voir ensemble qu'est-ce qui se joue. Alors il y avait toujours la démarche médicale première, c'est-à-dire que tout ce qu'on m'a appris à la faculté, C'était le grand thème « signes, diagnostics, traitements » . Il fallait poser un diagnostic de maladie pour savoir quel traitement adapté il fallait proposer face à cette maladie. Et ensuite, j'ai dit « maintenant qu'on a posé ça, on va essayer de comprendre qu'est-ce qui se joue derrière tout ça. Qu'est-ce qu'elle raconte cette maladie ? Quel est le récit de cette personne à un moment donné ? » de son existence. Et qu'est-ce qui se joue, et quels vont être les actes qui vont en fait faire exister un chemin de guérison en profondeur. La guérison, c'est pour ça que mon livre s'appelle « Quand la maladie nous enseigne » . La guérison, c'est quand on a tiré un enseignement de la maladie. Ce n'est pas quand il n'y a plus de symptômes. Et que de cet enseignement... on en a déduit des actes concrets pour notre existence. Ça va jusque-là. De la même façon qu'on prend des médicaments, on met en pratique des actes.

  • Speaker #0

    Donc, un bureau accueillant, chaleureux, un canapé ocre, un fauteuil ocre, une table en bois, de la clinique, un diagnostic. Des traitements, donc avec des ordonnances, j'imagine.

  • Speaker #1

    Deux ordonnances.

  • Speaker #0

    Deux ordonnances.

  • Speaker #1

    Une ordonnance avec les médicaments, une ordonnance avec les actes.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc tu en faisais deux. Ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu marquais, par exemple, sur l'ordonnance avec les actes ?

  • Speaker #1

    Selon les circonstances, je conseille de pratiquer tel acte ou telle chose une fois par jour.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un exemple concret à nous donner ?

  • Speaker #1

    Une anecdote assez intéressante parce que ça a été bouleversant en fait dans ce que ça a produit. C'était un samedi matin, j'avais fait une erreur, je sortais d'un stage qui avait été extrêmement dense et j'avais quand même prévu de faire une consultation le samedi matin. J'étais rentré chez moi le vendredi soir et j'étais fatigué. Et le samedi matin, je débarque une consultation, première consultation, deuxième, troisième, arrive la dernière vers midi, et j'ai un coup de barre. Donc j'écoute cette personne qui se plaint, qui se plaint, c'était une femme d'une quarantaine d'années par là, qui se plaignait de « je suis malheureuse, ceci, mon mari, etc. » et dans une espèce de litanie, etc. Et moi, j'étais fatigué et je commence à piquer du nez. Et à un moment donné, elle me dit « Docteur, vous dormez ? » Et je dis « Non, non, je vous écoute profondément. » Et heureusement que je venais de sortir d'un stage où on avait une pratique intérieure, justement pour voir ce qui se jouait. Et j'étais devant un épisode de mon histoire où ma mère était esplaignée sans arrêt, où elle s'est fait pisser par me saouler. Et en voyant ça, j'ai dit, mon Dieu, comme c'est mon histoire qui se répète. Et immédiatement, il y a quelque chose qui m'apparaît, et ça a été l'acte en fait, qui a tout fait basculer. Je dis à cette femme, mais ça vous fait souvent ce sentiment que quand vous parlez aux gens, ça les endort, ça les saoule, etc. C'est le drame de ma vie, etc.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et je lui dis, bon, alors on va faire une chose. Vous allez mettre en pratique une chose, c'est désormais... Quand vous rencontrez des gens, parce que vous avez tellement besoin d'exister à leurs yeux, quand vous rencontrez des gens, vous allez faire une chose. Plutôt que de vous plaindre de tout ce qui ne va pas, vous leur faites des compliments.

  • Speaker #0

    On va changer la donne. Plutôt que de mettre du côté, vous faites, ah mon Dieu, comme tu es bien coiffé. Elle dit, bon d'accord, je vais essayer. Je la revois trois semaines après. Je lui dis, alors, j'ai fait comme vous m'avez dit, tous les jours. Je lui dis, alors, qu'est-ce que je me sens mieux ? Et après, j'ai continué à l'accompagner jusqu'à ce que je quitte la Savoie, d'ailleurs, pendant trois ans. Elle venait me voir d'abord une fois par mois, puis ça s'est espacé. Et pendant plusieurs années, elle m'envoyait un mot régulièrement en disant « Vous ne pouvez pas imaginer comme ça a changé ma vie, tout mon conseil. » Chemin de guérison. Voilà. Il y en a eu plein comme ça.

  • Speaker #1

    Donc, un cadre chaleureux, une clinique qui est toujours là. d'une ordonnance traditionnelle et puis en plus de ça cette écoute en fait c'est ça que tu es en train de me dire, de nous dire c'est que tu t'es mis sur un autre niveau d'écoute, ça te va si je te dis ça comme ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait derrière j'ai derrière les mots qui se disaient j'essayais de sentir les mots M A U X qui étaient en train de s'exprimer C'est un journaliste qui m'avait dit ça, qui m'avait invité dans son émission, Philippe Lefebvre, un être magnifique aussi. C'était le mot de minuit, et à un moment donné, il y a quelqu'un, on était quatre invités, c'était une psychanalyste, qui dit je ne sais plus quelle phrase, et à un moment donné je lui dis ça, elle me regarde et me dit ah ben alors vous, vous entendez des choses que pas tout le monde entend. Et Philippe Lefebvre a dit, ah, mais il a des oreilles, le garçon. Je me suis trouvé ça. Je dis, ah ouais, d'accord. Je dis, c'est vrai, c'est une autre façon d'avoir des oreilles.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et du coup, quand je t'écoute, en tout cas, moi, c'est ce que je ressens, c'est que là, je me dis, oui, forcément, tes patients, ils ont eu un avantage, en fait, à te consulter, puisqu'il y avait ce niveau d'écoute plus profond. on sent qu'il y avait aussi pour leur existence quelque chose qui pouvait changer. Est-ce qu'il y a eu déjà des retours ? Est-ce que tu as des personnes qui sont venues te revoir en disant « Oh là là, je ne sais pas, vous avez changé ma vie, il s'est passé quelque chose ? »

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Mais je crois que le plus important, il n'est pas là. Le plus important, c'est qu'est-ce qui a produit ça ? Et en fait, c'est en t'écoutant, en disant, mais finalement, qu'est-ce qui a produit ça ? Si ce n'est le fait qu'il y a quelque chose qui, progressivement, s'est mis à l'écoute de ce qui se passait à l'intérieur de ce bonhomme. Qu'est-ce qui se passe en moi ? Quelles sont mes souffrances ? C'est un petit peu ce que j'ai dit avec cette personne avec qui je me suis endormi. La première chose, c'est, mais qu'est-ce qui se passe ? Et être à l'écoute de, ah ben c'est un ancien petit garçon. C'était un jeune homme, jeune adolescent qui au début de mes études, ma mère venait, moi j'ai ci, moi j'ai ça, toi tu vas être médecin. À un moment donné, j'avais envie de dire, mais écoute, ça suffit. J'étais avec ça, je me sentais tellement démuni face à la souffrance de cette maman que j'avais envie de me partir en courant. Et ça, ça a toujours été là. Et en fait, le moteur premier qui m'a fait m'asseoir dans un fauteuil un soir, au début de mon installation, c'est que j'avais le sentiment d'être démuni face à cette souffrance humaine. Comme j'ai appris à l'écouter au-dedans, j'ai appris à l'écouter au-dehors. C'est dans ce sens-là que ça marche.

  • Speaker #1

    Et là, j'ai envie de te poser cette question. Qu'est-ce que tu as gagné, toi, dans ta vie, à avoir cette nouvelle posture, cette posture plus profonde d'écoute ? Qu'est-ce que ça t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Un sentiment de justesse, des moments de réjouissance, pas de joie, mais vraiment de réjouissance, le sentiment d'avoir touché du doigt une autre façon d'être. Le sentiment d'une utilité bien au-delà de la simple prescription de médicaments, c'est « j'ai servi une vie » .

  • Speaker #1

    C'est comme ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'a apporté ? C'est difficile de répondre à cette question, parce que c'est... On pourrait dire que du bonheur. Non, pas que du bonheur, parce qu'il y a eu des moments où il a fallu se remettre en question. Ce n'est pas linéaire en fait, ce n'est pas « ah oui, c'est que du bonheur » . Oui,

  • Speaker #1

    ou ce n'est pas un sommet que tu atteins et puis tu restes au sommet. Non, non,

  • Speaker #0

    non, non. C'est on commence, et puis là… Ça va ressembler plus au fond de la bourse. C'est ça, un peu.

  • Speaker #1

    À la vie, finalement, parce que la vie, elle n'est pas comme ça, quoi. La vie, elle va faire des vagues,

  • Speaker #0

    en fait. Non, c'est une ascension progressive.

  • Speaker #1

    Oui, avec des vagues, en fait. Il y a une ascension, mais avec des creux, des pics.

  • Speaker #0

    Oui, oui, tout à fait. Il y a des moments d'accalmie, il y a des moments de renaissance, il y a des moments où il faut affronter toujours les démons intérieurs, Gérard. On n'en finit pas de ça. Je ne crois pas qu'il y ait un moment où on dit ça y est, je suis arrivé au bout. À l'heure de la mort, on est devant cette question.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai accompli ce que j'avais accompli ? La mesure, on l'a au moment de la mort.

  • Speaker #1

    Tu vois, quand je t'entends parler, j'entends ce médecin, pas comme les autres. Et puis peut-être pour rappeler aux auditeurs, auditrices qui ne sont peut-être pas dans le milieu soignant. Quand on a une pratique, un métier de soignant, on exerce dans un cadre réglementé, réglementé par des structures, notamment qu'on appelle des ordres. Toi, comment tu as géré ton rapport avec l'ordre des médecins et face à cette nouvelle pratique de ta médecine, en fait ?

  • Speaker #0

    Il y a eu deux grands temps. Un premier temps de rébellion. où je ne me suis pas fait que des copains parmi mes confrères, où j'étais trop donneur de leçons en disant, moi j'ai découvert un truc, vous vous faites du n'importe quoi. Au gros c'était ça. C'était au début, même avant que je démarre un chemin, c'était au début de mes études d'homéopathie, quand j'ai commencé à exercer l'homéopathie, j'étais dans des réunions de médecins. généraliste dans la ville où j'étais et de temps en temps je dis ah ouais c'est ça que vous appelez ferme d'amitié on n'a pas la même conception donc je ne me suis pas fait des amis voilà et j'étais pas forcément bien vu aussi au niveau du conseil de l'ordre parce qu'il y avait quand même beaucoup de choses qui se passaient le confrère qui disait mais voilà il y a eu des jalousies Et en particulier quand j'ai commencé un chemin où on est venu me chercher les poux dans la tête. Parce qu'il y avait quelque chose qui se développait et que ça attirait les jalousies. Ça c'était en Savoie. Il a fallu même de temps en temps que je tape sur la table et que j'aille voir des confrères en disant encore une fois « et puis ça va mal se terminer cette affaire » . Et quand j'ai décidé de déménager, c'était des circonstances très particulières. En fait, quand j'ai quitté la Savoie pour venir à Chartres, c'est un vieux médecin retraité qui venait de prendre sa retraite, qui m'a invité chez lui pour parler de cette médecine des actes, parce qu'il avait reçu, comment on appelait ça, les minutes d'un congrès dans lequel... J'étais intervenu à un congrès de pédiatrie où j'avais présenté le cas d'une gamine que j'avais accompagnée pendant des années, qui avait été greffée du foie et qui aujourd'hui, d'ailleurs, va extrêmement bien, qui était dans un état déplorable. Aujourd'hui, elle a réalisé son rêve. Il faudrait faire tout un podcast sur Coralie. Elle est actrice. son rêve s'est réalisé quand elle a monté les marches de Cannes il y a quelques années. J'ai accompagné, elle était gamine, elle rêvait d'être actrice. C'est un petit peu comme ma prof de maths, j'ai cru à son rêve, j'ai dit allez on y va. J'ai embarqué les parents là-dedans et ça a fini par se faire.

  • Speaker #1

    Là tu as dit action, ce n'était pas lève-toi et marche, c'était routeur.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc j'avais présenté ça à un congrès de pédiatrie, et ça avait été magnifiquement un congrès d'homéopathie, de pédiatre-homéopathe, parce qu'un ami pédiatre-homéopathe, qui était à la même école d'homéopathe que moi, m'avait invité. Et donc ce vieux médecin avait entendu parler de ça, avait lu le compte-rendu, et m'a appelé, il m'a dit « ce que vous faites, j'en ai toujours rêvé, vous ne voulez pas venir à Chartres faire une conférence ou deux ? » Je lui ai dit « ok, d'accord » . Et à la fin d'une première soirée chez lui, où il y avait des tas de gens de sa génération, il me dit « tu sais qui c'est qu'il y avait là ? » Je dis, les amis à toi, les confrères, lui c'était président du conseil de l'ordre, lui le vice-président, lui le trésorier, lui le vice-trésorier, lui secrétaire, lui ça, lui ça.

  • Speaker #1

    Tu avais de l'ordre entier.

  • Speaker #0

    J'avais un boité du conseil de l'ordre de l'époque. Et ils m'ont tous dit, c'est magnifique ce que vous faites, c'est magnifique ce que vous faites. Et ça a été un choc parce que je dis, le conseil de l'ordre ça peut être ça aussi. Mes relations avec le conseil de l'ordre ça peut être ça.

  • Speaker #1

    C'est beau parce que du coup ça permet de faire la paix.

  • Speaker #0

    Complètement, mais c'est ce qui s'est passé d'ailleurs. Quand je me suis installé à la fin de mon séjour, donc Étienne, il s'appelait Étienne, me dit c'est dommage que tu sois si là, sinon je te donnerais toute ma clientèle puisque je prends ma retraite là. Et c'était une époque où je me disais, il faut que je quitte la Savoie pour me poser ailleurs et c'est la petite déclique. C'était un appel à nouveau. Et je lui dis, ben voilà. Et c'était en février 2000. Et en août 2000, j'ai emménagé à Chartres. Et j'ouvrais un nouveau cabinet en septembre. Et le vice-président du Conseil de l'Ordre est venu me voir. Quand j'ai ouvert mon nouveau cabinet, il m'a dit, il faudrait que vous veniez, que vous soyez conseiller ordinal. On a besoin de gens comme vous. Avec ce que vous faites. C'est génial. Après, il m'a dit « Mais pourquoi ils vous ont embêté en Savoie ? Ils auraient dû applaudir. » Je lui ai dit « Vous savez, je ne suis pas toujours été habile. » Et donc, j'ai fini par devenir conseiller ordinal. Grande réconciliation. Mais oui ! Bon, ceci dit, je n'ai pas fait bouger le système.

  • Speaker #1

    Tu y es resté combien de temps ?

  • Speaker #0

    Conseiller ordinal ? Oh, 4-5 ans. Après, j'ai arrêté mon cabinet et je suis parti.

  • Speaker #1

    Là, tu es en train de nous dresser un tableau d'un parcours qui est évolutif, qui te correspond de plus en plus. On sent qu'il y a quelque chose qui… Ça y est, comme si tu rentrais vraiment dans ce que tu étais vraiment. Mais il y a quand même un moment où tu nous as dit « j'ai failli arrêter » . J'ai failli renoncer. Ça, c'était quand ? C'était au début ?

  • Speaker #0

    Dans cette fameuse soirée où je me suis retrouvé totalement démuni face à la souffrance de ces êtres, à la souffrance intérieure, je ne sais pas faire. J'ai soigné des maladies, mais accompagner ces êtres jusqu'au sens de leur maladie, pour les aider à mieux vivre, je ne sais pas faire.

  • Speaker #1

    Et ça, c'était au début de ta carrière ? Ou c'est même arrivé une fois que la médecine des actes ? Non, non, non, c'était qu'il y en avait avant.

  • Speaker #0

    En fait, ça a été le moteur, en fait. C'est ce qui a été le moteur qui m'a mis en route. Maintenant, il faut que je trouve des solutions, l'homéopathie, le bad lean, etc. Après la psychanalyse, Jungienne pendant quelques années, et puis le chemin spirituel accompagné par Bernard Monteau, et dans la lignée des dialogues avec l'ange. Et après, dans cette voie spirituelle, j'y étais de plus en plus engagé. Je suis resté 30 ans quand même. J'ai été enseignant spirituel, j'étais président de cette association. Donc, ce n'était pas juste du tourisme spirituel, c'était un vrai engagement. Et qui m'a permis de fonder cette médecine ?

  • Speaker #1

    Je te remercie d'aborder justement la spiritualité, parce que c'était la question qu'allait suivre. Est-ce que pour toi, la spiritualité, elle doit ou elle devrait prendre une place dans le parcours de santé ou dans le parcours de guérison des personnes ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut voir ça autrement, de façon plus élevée. Pas simplement dans un parcours de guérison. Il faudrait être beaucoup plus à l'écoute de ce qu'on appelle les médecines. Moi, j'appelle les médecines traditionnelles. La médecine traditionnelle, ce n'est pas la médecine officielle. Les médecines traditionnelles, ce sont des médecines qui sont inspirées par des traditions. La médecine ayurvédique, la médecine chinoise, la médecine amérindienne, mais il y en a beaucoup d'autres. Elles sont inspirées par des traditions spirituelles. Et c'est ces traditions spirituelles qui vont donner, je dirais, une certaine définition de l'homme et de sa place dans l'univers et de sa place sur Terre. Toute spiritualité a des mouches sur ces questions-là, et il va bien falloir un. Et elle pose la question de l'homme sain et de l'homme malade, après sain, s-a-i-n, et sain, s-a-i-n-t. C'est toutes ces questions de l'homme, de la place de l'homme. Et aujourd'hui, c'est crucial ces questions-là. À un moment où l'homme est devenu un cancer pour la planète, c'est-à-dire qu'on est en train de ramager la planète, il va quand même falloir se poser la question, est-ce que cet être est encore en bonne santé ? Non, il est profondément malade. Pourquoi ? Parce qu'il a perdu ses racines. Il est déraciné. Or, si on ne renoue pas avec des racines spirituelles, les miennes, c'est les racines chrétiennes. Et ce n'est pas les racines de l'Église et tout ça, c'est vraiment la spiritualité chrétienne qui est au centre de ma vie. Et c'est ça qui m'inspire, et c'est ça qui me fait repenser la médecine depuis cette spiritualité profonde.

  • Speaker #1

    Je trouve ton témoignage et tes propos importants et inspirants, parce que quand je t'écoute, forcément, ça fait écho à mon parcours. et au parcours certainement de plein d'autres personnes où nous français occidentaux on est sûrement déraciné et on va chercher d'autres médecines enfin quand je dis nous je parle vraiment des soignants ici on je vais peut-être parler en jeu plutôt que de dire du on mais voilà je moi j'ai choisi ce parcours de soignante d'infirmière et puis finalement j'ai été déçu Et qu'est-ce que j'ai fait ? Eh bien, je suis allée chercher une autre médecine, à savoir la médecine chinoise. Et c'est vrai que j'ai des amis, eux, ils vont chercher la médecine ayurvédique, d'autres vont chercher la médecine armérindienne. Mais nous, alors, ici, là, en France, qu'est-ce qu'on pourrait aller chercher comme tradition spirituelle ?

  • Speaker #0

    La tradition chrétienne.

  • Speaker #1

    Existe-t-il une médecine qui intègre la spiritualité chrétienne ?

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Tu crois qu'il n'y a jamais eu de médecine ? Si,

  • Speaker #0

    je crois que dans certains courants, En particulier, c'est quelque chose qui, du fait de l'esprit scientifique du cartésianisme occidental, parce que c'est tout l'Occident qui est touché par ça, et particulièrement la France, il y a des choses qui ont été étouffées de plus en plus, et la façon dont est traitée l'homéopathie en témoigne. Dans l'homéopathie, il y a un fond spirituel, mais qui est un fond... qui est beaucoup plus en lien avec la tradition alchimique. Et là, il faudrait reprendre effectivement ce qu'a apporté la tradition alchimique. La tradition alchimique, d'ailleurs, elle est aussi à l'origine des cathédrales. Il ne faut pas se leurrer tout ce compagnonnage. Il y avait une tradition chrétienne qui a existé, qui n'est pas la tradition de l'Église, qui est la tradition spirituelle. Et ce n'est pas du tout la même chose. Il ne faut pas confondre le dogmatisme, ou du moins le cadre religieux qui est une chose, et la dimension spirituelle. C'est-à-dire qu'il faut revenir à l'enseignement et le comprendre en profondeur. C'est revenir à la dimension spirituelle du christianisme, du message du Christ. Mais bien avant, ça a commencé avec la tradition hébraïque. Il y a une spiritualité là aussi. Il va falloir arrêter de regarder que les religions et les guerres de religion, il faut regarder le spirituel, là-dedans. Et c'est ce que j'essaye de faire avec un groupe de personnes dans cet accueil élu, et dont on va parler bientôt d'ailleurs dans un forum qui va avoir lieu la semaine prochaine, sur le forum des médecines de l'âme, où on va parler que de comment la tradition peut inspirer la médecine, notre tradition. occidentales maintiennent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Pour aussi retrouver nos racines.

  • Speaker #0

    Pour retrouver les racines fondamentales. Et d'une certaine façon, je dirais que moi, mes racines, ce sont des racines de filiation avec l'enseignement dans lequel j'ai été 30 ans, qui est traduit dans un livre qui est hyper diffusé, et qui a été diffusé et transcrit par Guita Malache, c'est Dialogue avec l'Ange, cet enseignement-là. Il est ancré au fond de moi et ce n'est pas simplement une lecture, c'est un vécu. Dialogue avec l'ange, c'est mon quotidien. Et d'un autre côté, c'est inspiré aussi, et c'est des racines encore plus profondes, c'est la tradition chrétienne qui est ancrée en moi depuis bien avant, peut-être même bien avant cette existence.

  • Speaker #1

    Et puis, qu'on le veuille ou non, qu'on se sente proche ou non de cette spiritualité ou de cette tradition, on est baigné dedans de toute façon.

  • Speaker #0

    D'une certaine façon.

  • Speaker #1

    Notre inconscient collectif, en tout cas, on va dire dans la francophonie, on baigne là-dedans.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord, si ce n'est qu'on baigne d'une certaine façon, et aujourd'hui, avec tellement de souffrance, je dirais d'un catéchisme, je vais le dire comme ça, mal intégré, mal compris, mal vécu, qui fait qu'il faudrait presque... qu'il y ait une éducation spirituelle profonde, ou une rééducation spirituelle profonde, pour qu'on ait un espace de réconciliation avec ce qu'est la spiritualité chrétienne. Parce que ce n'est absolument pas la morale dont on a entendu parler, et qu'on nous a inculqué. Moi, j'ai eu la chance de ne pas passer par là, de passer par des émerveillements, heureusement. Ça ne m'a pas empêché à un moment donné. de rejeter toute spiritualité avant de me réconcilier avec ?

  • Speaker #1

    Tu parles de réconciliation et ça m'amène à une question et à tendre vers la fin de cet épisode. Alors, on en a parlé en off. Toi, moi, on a eu l'expérience d'une maladie. On a expérimenté le corps souffrant. On a expérimenté les organes malades. Toi, tu vis aujourd'hui avec une pathologie cardiaque. Est-ce que tu peux me dire, nous dire comment cette pathologie, ce parcours avec cette maladie et puis ce processus de soins que tu as connu a modifié ou interagi avec ta posture de soignant et ton rapport à la santé et à la spiritualité, bien évidemment ? On l'inclut dedans.

  • Speaker #0

    Je dirais que la première étape, c'est… Fin 2007, c'était au moment de la sortie de mon livre où je fais une conférence à la faculté de médecine de Caen et où j'arrive déjà fatigué, plus ou moins grippouillé, pas bien quoi. Et je fais ma conférence qui se déroule très bien et je sors et d'un seul coup je m'effondre. Heureusement quelqu'un m'avait accompagné. Il me met dans la voiture, il me ramène chez moi. Et en fait, je fais une bronchie carabinée, je reste dans un fauteuil pendant trois jours sans en sortir, avec un sentiment que je ne vais pas en sortir, qu'un de ces quatre matins, je vais mourir comme ça. Sentiment très profond. Et en fait, ce qui s'est passé, c'était une décompensation d'un rétrécissement aortique. que je connaissais, puisque j'étais suivi pour ça depuis quelques années, et qui va me faire vivre une expérience difficile, j'irais, et qu'il a fallu que je transforme, c'est une expérience de vieillesse. C'est-à-dire, j'étais tellement mal en point cardiaquement que je ne pouvais pas faire 10 mètres sans être essoufflé. J'étais un petit vieux, quoi.

  • Speaker #1

    À quel âge ?

  • Speaker #0

    À 5. 56 ans. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, compliqué, quoi. Compliqué. Et donc, pendant neuf mois, je vais vivre comme ça jusqu'à ce que le cardio dise, bon, maintenant, il faut opérer, il ne faut plus attendre. Ils ont attendu à la dernière limite. Et en septembre 2008, je suis opéré avec une expérience particulière, puisqu'on met le cœur à l'arrêt. on met les poumons à l'arrêt, c'est-à-dire que d'un seul coup, je rejoins un état de conscience, ou un plan de conscience, qui n'existe pas chez l'homme, qui n'existe pas chez l'animal, qui existe chez le végétal. Je suis nourri par l'extérieur, superfusé par l'extérieur, et ventilé par l'extérieur. C'est quand même très particulier comme expérience. Et puis, je me pose quand même la question sur... Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de rétrécissement arctique ? Et la réponse, elle me vient à force de questionner, c'est qu'un homme au cœur serré, il va falloir le dire à thé. Ouvrir le cœur. Voilà, encore plus. Et ça va se produire, donc ça va produire des effets sur mon propre chemin en disant, il va falloir que là où je suis aujourd'hui, mon propre chemin, c'est-à-dire là où j'enseigne, il va falloir que ce soit beaucoup plus cardiaque et moins cérébral. Donc encore plus de Et afficher beaucoup plus et oser beaucoup plus l'affirmation de cette spiritualité profonde et de l'amour qui va avec. C'est une dimension d'amour qui doit s'affirmer plus et se développer plus, pour soi et pour les autres. Et puis dans mon cabinet, il se produit quand même quelque chose de particulier. C'est d'un seul coup, je ne suis plus en face des gens comme un médecin qui a lu des livres et qui a appris des trucs. On parle d'expérience à expérience. Et ça a changé tout. Ça a changé tout. Ça a changé des espaces de confidence, je dirais. Ça a été extrêmement fort. Après, il y a eu d'autres épisodes, parce qu'il y a eu d'autres événements en matière cardiaque, je dirais. Et le dernier épisode en date, c'est que j'ai été réopéré il y a trois ans maintenant, ou quatre ans, je ne sais plus très bien, parce qu'il y avait une dilatation aortique, où il fallait changer ce morceau d'aorte qui était dilaté, parce qu'il y avait un risque de dissection. Il y avait quelque chose de très particulier, c'est qu'au réveil, je savais qu'on avait fondé avec un ensemble de membres de mon académie un groupe de prière pour prier pour nos patients et les gens qu'on accompagnait. Et je sais que dans cette période où j'étais opéré, pendant l'opération, ils priaient pour moi. Et je l'ai tout à fait perçu quand je me suis réveillé. C'était étrange comme sentiment de ne pas être seul dans cette chambre, mais pas être seul parce qu'il y avait l'infirmière qui passait, ou le médecin, ou les différentes personnes. Pas être seul parce qu'il y avait les présences autour.

  • Speaker #1

    Tu parles d'une présence invisible.

  • Speaker #0

    Oui, mais pourtant tellement tangible. C'est une force. dont il faut tenir compte.

  • Speaker #1

    Quand je t'écoute, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'un soignant qui a vécu la maladie, la souffrance, il est forcément un soignant différent, un soignant qui n'a pas connu des preuves. Alors non pas qu'il va falloir s'infliger des maladies ou de la souffrance pour peut-être être un soignant différent, mais C'est vraiment ce que tu racontes, toi. Là, j'entends qu'il y a un médecin qui a été dans une écoute, dans une posture différente. Tu parlais d'expérience, c'était plus un patient, un médecin, mais c'était des expériences qui se parlaient.

  • Speaker #0

    Complètement. Mais je crois qu'en même temps, il y a eu ces événements, parce que ça appartient à un parcours. J'ai affondé quelque chose et qu'il fallait passer par là. Ce ne sont pas des punitions, ce sont des rendez-vous. Et ensuite, je crois qu'il y a quelque chose qu'il faudra accepter. Si on regarde aujourd'hui le monde de la santé, le monde de la santé va très mal. Il y a plus de 30% des soignants qui sont en burn-out, suicide, etc. Et ça va en s'aggravant. Et on a un ami commun qui est beaucoup engagé dans prendre soin des soignants. Et on en parlait récemment, je vais prendre soin des soignants. Ce n'est pas simplement pour que le soignant aille mieux pour être plus à l'écoute de ses patients. C'est une expérience à vivre. Et il n'y a pas besoin d'avoir forcément des épreuves de santé. Je crois que le simple fait d'être confronté à la souffrance des autres n'est pas du tout anodin. Et si on est honnête, ça ne nous laisse pas indemne. On a des douleurs de soignant, mais il va falloir accepter de s'asseoir en face plutôt que de se cacher derrière une blouse, derrière un « je sais et vous, vous savez rien » . Je dirais que cette espèce d'arrogance n'est qu'en fait une peur de s'affronter à ses propres limites et à ses propres fragilités.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #0

    Ça me parle forcément de ce que tu dis sur un autre sujet et puis d'autres problématiques. Mais c'est vrai que ces derniers temps, j'ai osé évoquer dans un groupe de soignants dans lequel on est ensemble certaines de mes épreuves et de mes vulnérabilités. Et comme tu dis, je me suis assise en face, j'ai accueilli. Et ça a tellement changé de choses dans mes accompagnements. Pour le coup, je ne reviendrai. jamais en arrière parce que c'est juste extraordinaire. Et tu vois, quand je t'entendais parler, tu parlais du sachant, en fait, en t'écoutant parler, j'ai vu cette posture qui change, c'est-à-dire qu'à un moment donné, le soignant sachant va descendre peut-être de son estrade et puis il va se mettre au niveau de son patient et puis finalement, c'est deux humains qui sont face à face. Avec alors peut-être un qui a une expérience et une... une... connaissance, on va dire peut-être théorique, en plus de son expérience personnelle de connaissance de soi. Puis en face, on a un patient qui lui a aussi un vécu qui est expert de ses symptômes, expert de sa vie. Ça va être deux individus face à face qui vont déjà se connecter. Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour revenir sur ce dont tu parlais de... de ta confidence en fait dans ce moment parce que effectivement j'y étais. Je crois qu'il y a les effets que ça a eu sur ta personne et ça c'est une chose, mais en même temps les effets que ça a eu sur ce groupe qui est loin d'être anodin sinon on ne serait pas assis ensemble. Les effets qu'il y a eu ça a contribué à établir ce que je vous avais dit très peu de jours après, ça a construit une fraternité et une sororité. Et ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien dans le monde dans lequel on vit. En fait, c'est des liens d'amour qui se tissent. Ils n'ont pas des liens affectifs, qui sont des liens d'amour essentiels. Donc, c'est extrêmement important. Eh bien oui, ça a produit une chose, c'est que tout le monde s'est levé en disant qu'on ne peut pas la laisser seule. Il y a tout ce mouvement qui s'est produit. Et peut-être bien que si on regarde avec un certain recul, il suffit de se remettre dans les dernières paroles du Christ avant qu'il quitte les apôtres, quand il leur a dit « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Mais il faut rentrer dans cette phrase. Qu'est-ce que ça veut dire ? « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Comment il les a aimés ? Et comment il nous a aimés ? Depuis où ?

  • Speaker #0

    On arrive doucement à la fin de notre épisode. J'ai presque envie de dire le mot de la fin, il est là, alors je n'ose pas, je me dis, est-ce que je fais une autre question ? Peut-être juste, allez, aux soignants ou aux futurs soignants qui nous écoutent, avec quoi tu as envie qu'ils repartent ou quels conseils tu voudrais leur donner pour une médecine ? pour intégrer, pour exercer une médecine plus humaine, une santé plus intégrale, plus intégrative.

  • Speaker #1

    On va faire un truc. C'est un, n'ayez pas peur de vos vulnérabilités, n'ayez pas peur de les afficher. Oui. Devenez des artistes des mots d'amour envers vous-même et envers les autres.

  • Speaker #0

    Magnifique. Eh bien écoute, on arrive à la fin. Merci pour tout. Merci pour tous ces mots, pour ta présence. Et est-ce que tu veux nous offrir un dernier mot ?

  • Speaker #1

    Le dernier mot, c'est merci. Dans des instants comme ça, il y a toujours au fond ce sentiment de gratitude. C'est cette gratitude envers la vie, l'ordre des choses. le divin, les rencontres que j'ai faites, pour être où je suis aujourd'hui, avoir le droit à tel moment et de telle rencontre. Merci Fanny.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Patrick.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris plein de choses. Dites-le-moi en commentaire. Vous pouvez aussi me laisser un avis ou vos idées pour les prochains épisodes. Je vous lirai et répondrai avec grande joie. Pour faire vivre le podcast « Je peux pas, j'ai l'une » , merci de vous y abonner et de le partager.

Description

EP 25 : interview avec Docteur Jean-Patrick Chauvin, le fondateur de la Médecine de l'Homme.


Vous découvrirez dans cet épisode comment et pourquoi le docteur Chauvin en est arrivé à fonder cette médecine.


Et quand je demande à Jean-Patrick : Pourquoi Médecine de l’Homme ?

Voici sa réponse : parce qu’il est nécessaire de prendre en considération la Nature Humaine dans toutes ses dimensions. Et partir du principe que l’Être Humain est le représentant d'un règne à part entière.

Le Règne Hominal.

Ce qui implique d’intégrer dans la pensée médicale et jusque dans son exercice toutes les dimensions de ce règne, à savoir la dimension Corps/Âme/Esprit, la dimension écosystémique (l'être hominal est un écosystème et est inscrit dans un écosystème) et la dimension évolutive ; le règne hominal n’est pas un règne fini, il est encours d’évolution et son enjeu d’évolution est la Conscience. 

Peut-être faudra-t-il alors considérer la Conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir dans sa plénitude.


Bon voyage à vous dans cette heure très inspirante.

Et il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter une belle introspection personnelle 😉


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A bientôt pour un nouvel épisode !

Fanny, reporter pour JPJL, le podcast de ACE Formation 🌙



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fermez les yeux un instant et imaginez qu'une autre façon du « prendre soin » existe, que la prévention et l'holistique sont des évidences, que vos maux et vos maladies trouvent leur sens dans la biologie de votre histoire et que votre parcours de soin ressemble à un voyage vers le bonheur avec pour escale des prises de conscience salvatrices. Bienvenue dans « Je peux pas, j'ai l'une » . Le podcast dédié à la santé intégrative, animé par Fanny Frock, reporter multicasquette, de soignante passionnée à coach thérapeute engagée et même patiente proactive. Seule ou avec un ou une invitée, nous allons faire tomber les frontières entre les médecines conventionnelles et les thérapies complémentaires, créer des ponts entre elles et repartir avec des outils pour prendre soin de soi à mettre en application de suite après l'écoute du podcast. Loin du carewashing, ce podcast est une véritable pépite pour le vivant, à commencer par la santé de celles et ceux qui prennent soin des autres. Bonne écoute ! Et bienvenue dans l'épisode numéro 25 du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » dans lequel j'ai la grande, grande joie d'interviewer le docteur Jean-Patrick Chauvin avec qui nous allons parler. de la médecine de l'homme, une médecine qui l'accrérée, une médecine qui peut-être s'avère être une des réponses pour tendre vers une nouvelle sorte de médecine, de prise en charge de la santé et peut-être même pour sauver l'espèce humaine. Je ne vous en dis pas plus, bonne écoute. Bonjour Jean-Patrick.

  • Speaker #1

    Bonjour Fanny.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast et de passer ce temps ensemble à échanger. Alors Jean-Patrick, pour te présenter en trois mots, tu es un médecin pas comme les autres. Aujourd'hui retraité, tu as exercé comme médecin généraliste et homéopathe pendant 35 ans. Tu es l'auteur du livre « Quand la maladie nous enseigne » aux éditions Très Daniel et... tu es le fondateur d'une nouvelle approche en santé humaine qui a été d'abord appelée la médecine des actes pour devenir la médecine de l'homme, avec un grand H. Je précise. Tu as fondé une académie fin 2019 dédiée à l'enseignement de la médecine de l'homme. Tes diverses rencontres, avec des êtres en souffrance et des êtres inspirants, t'ont aussi permis de découvrir et de cheminer sur une voie spirituelle dont tu nous parleras également dans cet épisode. Pour terminer la présentation, peut-être un petit mot sur notre rencontre. Nous, on s'est rencontrés l'hiver 2024 dans le cadre d'un week-end entre soignants. On était médecins, infirmières, pharmaciens. Et c'est là que nous avons connecté. C'est donc avec une grande évidence que je t'ai proposé d'enregistrer un épisode de podcast pour œuvrer ensemble vers une diffusion d'une autre façon de soigner, une autre façon... vivre et d'incarner la santé. Jean-Patrick, c'est là que je te rends le micro. Est-ce que tu as envie d'ajouter quelque chose que j'aurais peut-être plus oublié pour te présenter avant que je te pose la suite des questions ?

  • Speaker #1

    La seule chose, c'est l'étiquette de retraité parce que je n'ai pas du tout le sentiment d'être retraité. Si je devais remettre une catégorie, c'est retraité actif et c'est peut-être plus actif que retraité. Ou agissant. Parce qu'il essaye d'agir pour fonder une autre façon d'envisager la médecine, le soin, le prendre au soin.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est un nom administratif d'être retraité.

  • Speaker #1

    Oui, je touche une retraite, ça me met à l'abri du besoin, mais ça me permet d'avoir du temps libre pour faire tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, je t'accueille dans la saison 3. du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » où je laisse la parole aux professionnels de santé intégrative pour qu'ils et elles témoignent sur leurs expériences, sur leur parcours, pour inspirer et montrer qu'il est possible d'exercer une activité professionnelle en adéquation avec ses valeurs, avec sa façon d'être au monde et avec sa mission d'âme. Et si aujourd'hui je t'ai invitée sur cet épisode, eh bien c'est pour que tu nous partages ce qu'est la médecine de l'homme. Peux-tu donc nous proposer une définition en quelques mots pour que les auditeurs, auditrices aient une vision claire de ce qu'on va aborder dans ce podcast ?

  • Speaker #1

    C'est une médecine qui a pour vocation d'accompagner des êtres sur un chemin de guérison. Après, il faudra le définir et qui prend en compte toutes les dimensions de l'être humain. Corps, âme, esprit, mais aussi la dimension écosystémique qui est d'une grande actualité aujourd'hui. Et ce que j'appelle la dimension ontogénésique, qu'on pourrait appeler la dimension évolutive. Après, il faut s'entendre sur le terme d'évolutive. évolutive dans une meilleure connaissance de soi et des autres. En fait, c'est l'évolution en conscience. Ça veut dire qu'il va falloir intégrer ce qu'on appelle la conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir. Voilà en gros. Et je pense qu'on va, au fur et à mesure des questions et des réponses, développer un peu le sujet.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, ça va être le propos tout au long de cet épisode. Et peut-être, moi, j'ai envie de remonter ensemble dans le temps. si tu veux bien, et puis peut-être venir à ce moment-là où tu as décidé de devenir médecin. Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas le sentiment d'avoir décidé comment s'asseoir au table, en disant qu'est-ce que je vais faire de ma vie. C'est plutôt quelque chose de beaucoup plus profond qui s'est produit. De la façon dont je le dirais aujourd'hui, je crois que j'ai répandu un appel qui était en moi depuis... depuis toujours, peut-être bien depuis ma naissance d'ailleurs, parce qu'il se trouve que j'ai retrouvé cette naissance dans un travail sur le passé et elle s'est faite dans des conditions extrêmement particulières. Quand j'ai retrouvé la façon dont s'est déroulée cette naissance et comment ça s'est vécu intérieurement, je n'ai pas été du tout étonné que je sois à l'endroit où je suis. C'est que de la suite.

  • Speaker #0

    En off, avant qu'on enregistre cet épisode, tu m'as parlé d'une parole, d'une institutrice. Est-ce que tu veux nous en parler ? Ou c'est trop un détail ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas un détail, c'est quelque chose d'important. C'est à une époque où... où je vivais encore en Israël, où j'avais vécu deux ans et demi, et où j'avais 13 ans et demi. Et il se trouve que ma prof de maths, qui était en française, parce qu'on avait vécu là-bas à plusieurs familles, il y avait une école qui avait été construite, et cette école avait été arrêtée. Et en fait, elle me donnait des cours particuliers pour que je ne sois pas en retard en rentrant en France. Et un jour, je lui ai posé une question à la fin d'un cours particulier. Je lui ai dit « Madame Constanzo, pourquoi vous êtes devenue prof de maths ? » Elle m'a dit « Au départ, je ne voulais pas être prof de maths, je voulais être médecin, mais je n'avais pas les capacités. » Et elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit « Mais toi, tu les as. » Et j'étais comme ça. C'est comme s'il venait appuyer sur un bouton qui a réveillé quelque chose. Après ça, je dirais que la vie a suivi son cours. Je suis rentré en France, je me suis retrouvé dans un lycée à Strasbourg. Je me suis même demandé si je n'allais pas faire l'école hôtelière et finalement c'est médecine. Mais je crois que c'est la médecine qui m'a choisi.

  • Speaker #0

    Waouh, c'est beau ! La médecine m'a choisi. Est-ce que tu pourrais nous... proposer, peut-être spontanément comme ça, des anecdotes, des situations peut-être marquantes dans tes études en médecine et qui sont peut-être venues confirmer ce qui s'est passé plus tard. Parce que là, on fait un peu marche arrière, tu vois, dans l'épisode. À l'époque, quand on passe les situations, on ne sait pas forcément que ça va nous marquer. Et puis finalement, quand on regarde en arrière, on se dit, ah, mais il n'y a pas de hasard que tout ça se soit passé, parce que ça et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Ce qui a été marquant, c'est les rencontres. Et ça va être le titre d'un de mes prochains livres qui s'appelle récemment « Des rencontres singulières » où en fait, à un moment donné, j'ai eu besoin de prendre du recul en disant « Mais comment ça s'est construit en fait ? Comment ce bonhomme s'est construit ? » Et à travers des rencontres en particulier. Et une des premières rencontres qui a été un choc en fait. Un choc que... J'étais à l'époque, on appelait ça garçon de salle. Je faisais le ménage, je ramassais les pots d'urine le soir, je distribuais la tisane, pas en même temps. Et à un moment donné, je suis rentré dans une chambre pour distribuer une tisane. Et il y avait deux vieux messieurs qui étaient là dans leur lit. Je ne sais pas quel âge ils pouvaient avoir, je ne me souviens pas, moi j'avais 18 ans. Et il y en a un qui dit « C'est quoi ça ? » Et l'autre, il répond, sans que j'ai eu le temps de répondre « C'est une tisane, ceci ou cela. » L'autre, il répond « C'est le bouillon d'11 heures pour que tu crèves à minuit. » Et là, j'étais devant, mais comment c'est possible ? Comment c'est possible ? Je l'ai d'abord traité sur le ton de la rigolade, je disais, mais avec le recul, je me dis, mais quelle humanité il faut, et quelle fin de vie il faut pour en arriver là, dans une telle violence verbale, dans une telle haine. Et il y a un autre événement qui s'est passé dans le même hôpital l'année suivante, c'est quand j'ai été confronté... un vieux monsieur aussi qui était lui adorable, d'une grande gentillesse, qui était dans le lit, qui ne bougeait pas parce qu'il avait fait un accident vasculaire. Et on disait de toute façon c'est pas sûr qu'il remarche. Et moi je disais je ne suis pas d'accord, je pense qu'il remarchera, du haut de mes 19 ans. Puis un beau jour je lui ai dit écoutez monsieur on va essayer quand même, vous allez sortir du lit, on va bouger les pieds. Puis après je l'ai fait se lever. J'ai fait marcher jusqu'au bout du lit, revenir, etc. Et puis, progressivement, il a marché dans le couloir avec une canne en se tenant. Et au bout d'un mois, il marchait tout seul dans le couloir. Et peut-être qu'il s'était passé un peu la même chose qu'avec ma prof qui disait « Toi, tu peux être médecin » . Moi, je lui ai dit « Lève-toi et marche » .

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire. Lève-toi et marche.

  • Speaker #1

    Et ça a marché.

  • Speaker #0

    Excellent.

  • Speaker #1

    Après, il y a eu des rencontres aussi avec des êtres qui m'ont inspiré, qui sont ceux que j'appelle mes maîtres en médecine. Et en particulier, il y avait un chef de service, professeur Pépin, Bernard Pépin, grand bonhomme, qui était chef d'un service de neurologie. Ce qui m'avait bouleversé, c'est qu'alors que tous les services ont passé dans les hôpitaux, de Paris où j'étais, le patron passait avec toute sa cour en disant voilà, tel machin, tel truc. Lui, il s'asseyait au bord du lit du malade, il ne voulait jamais qu'il y ait plus de quatre ou cinq personnes avec lui, l'interne, l'externe, la surveillante, l'infirmière qui s'occupait de ce patient. Il disait je refuse qu'on mette des numéros sur les lits, il s'appelle monsieur comme ça, il s'appelle madame comme ça. Et il s'asseyait, il commençait à prendre la main des gens, parler avec eux. Et après, il disait, bon, on va prendre le temps de vous examiner maintenant. Grande leçon d'humanité.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça m'a beaucoup marqué. Voilà, puis on a vu, on ne va pas tout passer en vue, parce qu'il faudra lire le prochain livre.

  • Speaker #0

    Oh, le joli teaser que tu es en train de nous faire, magnifique. Et justement, là, quand tu nous évoques ça, on sent qu'il y a des passages dans ta vie qui ont été marqués. quand tu parles justement de cette humanité ? Alors moi, je connais la fin, je connais la suite. On a justement introduit l'épisode en parlant de la médecine de l'homme. Est-ce que tu peux nous dire, nous raconter ce qui a fait cette bascule ? Alors bien sûr, je sais que en général, dans les parcours de vie, il y a des choses qui sont progressives. C'est pas Une rupture, en plus on en a parlé en off, il n'y a pas eu un avant, un après, il y a eu quelque chose de continuel en fait dans ton parcours, mais est-ce que tu pourrais peut-être nous évoquer ce qui a fait que tu as changé de posture dans ta posture de médecin ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a des événements qui m'ont mis devant que c'était l'heure, c'était l'heure de ne passer à autre chose, mais comme si ça avait toujours existé au préalable. et qu'il a fallu passer différentes étapes pour que je sois prêt pour le rendez-vous. La première étape, je dirais, alors que je ne m'en rendais pas compte, c'est que j'étais encore en fac, j'étais en deuxième année de médecine, et je venais d'assister à un cours de psychologie médicale, et je suis sorti atterré en disant, mais c'est ça qu'on va nous apprendre sur la nature humaine, sur l'intériorité humaine, même si je n'en voyais pas ces mots à l'époque, parce que peut-être que je ne les avais pas. Toujours est-il, je dis, mais on nous apprend la physiologie, l'anatomie, mais l'être humain, qu'est-ce qu'on nous apprend dessus ? Et j'ai rajouté une chose, il faudrait quand même qu'on ait un enseignement qui nous parle de ce qu'est l'être humain dans son essence même. Et puis j'ai rajouté une phrase, mais je ne savais pas ce que je disais à l'époque. Et puis il faudrait que quand on se destine à soigner les autres, il faudrait faire un minimum de travail sur soi. Et je ne savais pas ce que je disais, j'avais 20 ans. C'est bien après que j'ai dit, ah ouais d'accord, j'ai dit ça à l'époque, mais je ne mesurais pas tout. Le deuxième rendez-vous, en fait, qui a été un point de bascule, ça a été un an après ma première installation. Je m'étais installé en Savoie, médecin de campagne, j'ai adoré ça d'ailleurs, aller chez les gens, j'aimais beaucoup, j'avais fait ça aussi en remplacement. Et j'étais face à des êtres qui avaient des maladies compliquées, chroniques, etc., et qui étaient des êtres en souffrance. Aussi bien j'avais appris à soigner des maladies, aussi bien je me sentais complètement démuni face à cette souffrance humaine. Je ne savais pas comment m'y prendre. J'ai failli arrêter. Je me souviens un soir où je suis rentré chez moi. J'ai dit « je ne peux pas continuer comme ça, je ne peux pas continuer comme ça, j'arrête » . Et en fait, j'ai passé une nuit blanche là-dessus et au petit matin, j'avais décidé que j'allais me former à l'homéopathie parce qu'il me semblait que c'était une médecine humide. qui prenait en compte l'être humain de façon beaucoup plus globale. Et j'allais créer un groupe Balint pour qu'on ait un espace de réflexion entre soignants et entre médecins en particulier, avec un psychanalyste, c'est-à-dire qu'on se mette face à nos questions, nos souffrances de soignants, et qu'on essaie de trouver des solutions, voir ce qui se jouait en nous là-dedans. C'est un début de travail intérieur, je dirais. Et puis, en même temps... Pour rester en lien avec l'évolution de la médecine moderne, j'ai créé un groupe de formation post-universitaire qui n'existait pas dans la ville où j'étais. Ces trois actes ont été importants, en fait. Ils ont été fondateurs d'une suite. Après, ça a suivi son chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, petit à petit, là, on progresse dans le temps, enfin, dans notre chronologie. Il y a un moment où tu vas fonder la médecine des actes. qui s'appelait comme ça auparavant, qui aujourd'hui s'appelle donc « La médecine de l'homme » . Raconte-nous cette histoire.

  • Speaker #1

    La médecine des actes, en fait, c'est une première étape sur une médecine dont je rêvais déjà sur les bancs de la faculté, si je reprends le début. Et que j'espérais aussi ce fameux soir où j'ai dit « j'arrête, j'arrête, parce que je veux autre chose » . Et en fait, cette autre chose est arrivée... en 1994 alors que j'avais pris un recul de six mois j'avais confié mon cabinet à une remplaçante et j'avais dit je pars six mois et au bout de ces six mois je saurai ce que j'ai à faire sur terre et il m'est tombé dessus Fond de cette médecine des actes il faut voir qu'au préalable j'avais eu cinq ans après le groupe Balim qui a été un début J'avais démarré une psychanalyse junguienne qui a duré cinq ans et j'ai démarré un chemin spirituel dans la filiation de Guita Malache, Dialogue avec l'Ange, dans une voie fondée par un homme qui s'appelle Bernard Monton et qui m'a permis effectivement ce cheminement intérieur et de progressivement comprendre comment j'allais construire cette médecine. en intégrant les données de l'enseignement dans lequel j'étais. C'est-à-dire dans une vision de la nature humaine qui me manquait au départ, mais par l'expérience intérieure. Il y avait en même temps, je dirais, une expérience d'études de la nature humaine, mais une expérience de vécu intérieur, et la conjonction des deux, plus ce temps de recul, et de fortification de cette fameuse fonction conscience de dialogue. conscient intérieur m'a fait fonder cette médecine des actes. Où il m'a fallu, après que ça me tombe dessus en disant j'ai ça à fonder, il m'a fallu quelques années pour la construire et commencer à l'enseigner en 2000. Et je l'ai enseigné pendant presque une vingtaine d'années. Avant que ça devienne la médecine de l'homme, c'est-à-dire qu'il fallait passer à autre chose.

  • Speaker #0

    Ton premier livre, « Quand la maladie nous enseigne » , il aborde la médecine des actes ?

  • Speaker #1

    Il est, la médecine des actes, en fait, il est. C'est quelque chose qui m'est apparu qu'il était nécessaire que cette médecine arrive dans l'espace public de façon beaucoup plus large et que j'avais à écrire. Ça m'a pris du temps. Ça m'a pris du temps. C'est arrivé dans un autre temps de recul que j'avais pris. J'étais parti pendant un mois, où j'étais insatisfait de la façon dont démarrait l'enseignement de cette médecine des actes. J'ai dit, je pars un mois, dans un mois j'aurai les réponses. Et donc il y avait ce livre à écrire et à approfondir cet enseignement, à le structurer beaucoup plus. pour les générations futures. Et donc ce livre, je l'ai écrit, il m'a pris trois ans d'écriture.

  • Speaker #0

    Il est sorti en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est sorti fin 2007.

  • Speaker #0

    On peut toujours le trouver.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a fait que tu as basculé de la médecine des actes à la médecine de l'homme ?

  • Speaker #1

    L'évolution des choses, de la vision des choses, c'est-à-dire que je crois qu'on ne s'engage pas dans la fondation d'un tel sujet, je dirais, sans perdre de vue une chose, c'est que s'il n'y a pas un renouvellement régulier, c'est quelque chose qui va mourir. C'est le principe de l'évolution en fait. C'est valable pour l'évolution de tout être humain. Tout ce qui ne croit pas souffre et meurt.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est le principe même de la vie en fait.

  • Speaker #1

    C'est le principe de la vie. Et le principe de la vie humaine. Aujourd'hui, l'être humain n'est pas un être fini, il est un être en cours d'évolution et il a quelque chose à accomplir sur Terre et son évolution est liée à cet accomplissement et l'accomplissement est lié à cette évolution intérieure qui s'appelle la conscience. Donc il y a quelque chose qui progressivement, parce que mon chemin intérieur a continué pendant toutes ces années. C'était mon chemin spirituel dans lequel j'étais engagé. Et en fait, cette évolution intérieure qui m'a conduit à affiner cette médecine des actes. Et puis un beau jour, il y a quelque chose qui a eu besoin d'indépendance. Et comme ça s'est fait avec des difficultés avec le fondateur de la voie spirituelle dans laquelle j'étais, il a fallu que j'en sorte pour qu'il y ait quelque chose qui souffre. pour qu'un envol se fasse. Il y a eu tout un temps, effectivement, de restructuration, de requestionnement, en disant que la médecine des actes a des limites, elle a une dimension psychothérapique certaine ou d'inspiration psychothérapique certaine, mais il manque une dimension évolutive en particulier et une dimension spirituelle. C'est ce qui arrive maintenant.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que quand je t'entends parler, j'ai presque l'impression que... la médecine des actes, c'était l'enfant, peut-être même l'adolescent. Et puis, tu sais, à un moment donné, quand on est ado, justement, l'adolescent, c'est ce passage de vie où l'adulte va s'éveiller et être vraiment qui il est. Et c'est comme si la médecine de l'homme, aujourd'hui, c'était l'adulte abouti, mature. Enfin, voilà, en tout cas, c'est un peu la vision que j'ai quand je t'entends parler.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça, en fait. C'est en fait la médecine des actes. dans la mesure où c'était dans le cadre d'un enseignement dans lequel j'étais, c'était une application, d'une certaine façon, une traduction de l'enseignement dans lequel j'étais, dans la médecine. Et il a fallu pour que ça s'ouvre beaucoup plus, qu'il y ait quelque chose qui devienne possible en disant « Ok, ça c'est bien, mais ça va plus loin que ça. » Et ce qui m'a beaucoup inspiré aussi, c'est la réconciliation avec mes racines. spirituelle profonde qui sont les racines de la chrétienté.

  • Speaker #0

    Oui, merci de déposer ça là. À quoi ça ressemble une consultation quand on est un médecin et qu'on a fondé la médecine des actes, puis la médecine de l'homme ? Est-ce que c'est des consultations ordinaires ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Pas du tout. En fait, c'est des consultations qui peuvent avoir l'apparence de consultations ordinaires. Là, on est dans un canapé qui était dans mon cabinet. Ok. Là, il y a un fauteuil dans lequel je m'asseyais. Les gens, ils se mettaient sur le canapé et on se parlait. Il y avait cette table et on se parlait comme ça. Déjà. Oui,

  • Speaker #0

    déjà, ça change.

  • Speaker #1

    Ça change la donne, oui.

  • Speaker #0

    Normalement, il y a… Enfin, normalement, en tout cas, traditionnellement, on va dire que c'est comme ça. Il y a le bureau, le médecin et puis les patients qui sont de l'autre côté du bureau.

  • Speaker #1

    Sauf que mon bureau n'a jamais été un bureau médical. C'était à l'origine, c'est la table qui est derrière. C'était une table qui était destinée à mettre dans une cuisine. Et donc, je n'avais rien dessus.

  • Speaker #0

    C'était le lien avec le restaurateur ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était dépouillé. Et donc, il y avait quelque chose. Et puis, il y avait autre chose qui est extrêmement importante pour moi, c'était le cadre. J'ai toujours été sensible au cadre. Je viens de lire un bouquin de Martin Winclair qui parle du remplacement qu'il a fait dans des cadres épouvantables. Et il dit, mais comment peut-on… accueillir des gens dans un truc aussi moche, aussi dégueulasse. Et donc pour moi ça a toujours été un souci, un peu comme dans ma maison. Donc il y avait ce cadre qui était important, la déco, la façon d'accueillir. Vous ne rentrez pas dans un cabinet médical avec la blouse blanche, avec le clinique, le machin, c'est on va se parler, on va essayer de se parler, essayer de voir ensemble qu'est-ce qui se joue. Alors il y avait toujours la démarche médicale première, c'est-à-dire que tout ce qu'on m'a appris à la faculté, C'était le grand thème « signes, diagnostics, traitements » . Il fallait poser un diagnostic de maladie pour savoir quel traitement adapté il fallait proposer face à cette maladie. Et ensuite, j'ai dit « maintenant qu'on a posé ça, on va essayer de comprendre qu'est-ce qui se joue derrière tout ça. Qu'est-ce qu'elle raconte cette maladie ? Quel est le récit de cette personne à un moment donné ? » de son existence. Et qu'est-ce qui se joue, et quels vont être les actes qui vont en fait faire exister un chemin de guérison en profondeur. La guérison, c'est pour ça que mon livre s'appelle « Quand la maladie nous enseigne » . La guérison, c'est quand on a tiré un enseignement de la maladie. Ce n'est pas quand il n'y a plus de symptômes. Et que de cet enseignement... on en a déduit des actes concrets pour notre existence. Ça va jusque-là. De la même façon qu'on prend des médicaments, on met en pratique des actes.

  • Speaker #0

    Donc, un bureau accueillant, chaleureux, un canapé ocre, un fauteuil ocre, une table en bois, de la clinique, un diagnostic. Des traitements, donc avec des ordonnances, j'imagine.

  • Speaker #1

    Deux ordonnances.

  • Speaker #0

    Deux ordonnances.

  • Speaker #1

    Une ordonnance avec les médicaments, une ordonnance avec les actes.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc tu en faisais deux. Ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu marquais, par exemple, sur l'ordonnance avec les actes ?

  • Speaker #1

    Selon les circonstances, je conseille de pratiquer tel acte ou telle chose une fois par jour.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un exemple concret à nous donner ?

  • Speaker #1

    Une anecdote assez intéressante parce que ça a été bouleversant en fait dans ce que ça a produit. C'était un samedi matin, j'avais fait une erreur, je sortais d'un stage qui avait été extrêmement dense et j'avais quand même prévu de faire une consultation le samedi matin. J'étais rentré chez moi le vendredi soir et j'étais fatigué. Et le samedi matin, je débarque une consultation, première consultation, deuxième, troisième, arrive la dernière vers midi, et j'ai un coup de barre. Donc j'écoute cette personne qui se plaint, qui se plaint, c'était une femme d'une quarantaine d'années par là, qui se plaignait de « je suis malheureuse, ceci, mon mari, etc. » et dans une espèce de litanie, etc. Et moi, j'étais fatigué et je commence à piquer du nez. Et à un moment donné, elle me dit « Docteur, vous dormez ? » Et je dis « Non, non, je vous écoute profondément. » Et heureusement que je venais de sortir d'un stage où on avait une pratique intérieure, justement pour voir ce qui se jouait. Et j'étais devant un épisode de mon histoire où ma mère était esplaignée sans arrêt, où elle s'est fait pisser par me saouler. Et en voyant ça, j'ai dit, mon Dieu, comme c'est mon histoire qui se répète. Et immédiatement, il y a quelque chose qui m'apparaît, et ça a été l'acte en fait, qui a tout fait basculer. Je dis à cette femme, mais ça vous fait souvent ce sentiment que quand vous parlez aux gens, ça les endort, ça les saoule, etc. C'est le drame de ma vie, etc.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et je lui dis, bon, alors on va faire une chose. Vous allez mettre en pratique une chose, c'est désormais... Quand vous rencontrez des gens, parce que vous avez tellement besoin d'exister à leurs yeux, quand vous rencontrez des gens, vous allez faire une chose. Plutôt que de vous plaindre de tout ce qui ne va pas, vous leur faites des compliments.

  • Speaker #0

    On va changer la donne. Plutôt que de mettre du côté, vous faites, ah mon Dieu, comme tu es bien coiffé. Elle dit, bon d'accord, je vais essayer. Je la revois trois semaines après. Je lui dis, alors, j'ai fait comme vous m'avez dit, tous les jours. Je lui dis, alors, qu'est-ce que je me sens mieux ? Et après, j'ai continué à l'accompagner jusqu'à ce que je quitte la Savoie, d'ailleurs, pendant trois ans. Elle venait me voir d'abord une fois par mois, puis ça s'est espacé. Et pendant plusieurs années, elle m'envoyait un mot régulièrement en disant « Vous ne pouvez pas imaginer comme ça a changé ma vie, tout mon conseil. » Chemin de guérison. Voilà. Il y en a eu plein comme ça.

  • Speaker #1

    Donc, un cadre chaleureux, une clinique qui est toujours là. d'une ordonnance traditionnelle et puis en plus de ça cette écoute en fait c'est ça que tu es en train de me dire, de nous dire c'est que tu t'es mis sur un autre niveau d'écoute, ça te va si je te dis ça comme ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait derrière j'ai derrière les mots qui se disaient j'essayais de sentir les mots M A U X qui étaient en train de s'exprimer C'est un journaliste qui m'avait dit ça, qui m'avait invité dans son émission, Philippe Lefebvre, un être magnifique aussi. C'était le mot de minuit, et à un moment donné, il y a quelqu'un, on était quatre invités, c'était une psychanalyste, qui dit je ne sais plus quelle phrase, et à un moment donné je lui dis ça, elle me regarde et me dit ah ben alors vous, vous entendez des choses que pas tout le monde entend. Et Philippe Lefebvre a dit, ah, mais il a des oreilles, le garçon. Je me suis trouvé ça. Je dis, ah ouais, d'accord. Je dis, c'est vrai, c'est une autre façon d'avoir des oreilles.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et du coup, quand je t'écoute, en tout cas, moi, c'est ce que je ressens, c'est que là, je me dis, oui, forcément, tes patients, ils ont eu un avantage, en fait, à te consulter, puisqu'il y avait ce niveau d'écoute plus profond. on sent qu'il y avait aussi pour leur existence quelque chose qui pouvait changer. Est-ce qu'il y a eu déjà des retours ? Est-ce que tu as des personnes qui sont venues te revoir en disant « Oh là là, je ne sais pas, vous avez changé ma vie, il s'est passé quelque chose ? »

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Mais je crois que le plus important, il n'est pas là. Le plus important, c'est qu'est-ce qui a produit ça ? Et en fait, c'est en t'écoutant, en disant, mais finalement, qu'est-ce qui a produit ça ? Si ce n'est le fait qu'il y a quelque chose qui, progressivement, s'est mis à l'écoute de ce qui se passait à l'intérieur de ce bonhomme. Qu'est-ce qui se passe en moi ? Quelles sont mes souffrances ? C'est un petit peu ce que j'ai dit avec cette personne avec qui je me suis endormi. La première chose, c'est, mais qu'est-ce qui se passe ? Et être à l'écoute de, ah ben c'est un ancien petit garçon. C'était un jeune homme, jeune adolescent qui au début de mes études, ma mère venait, moi j'ai ci, moi j'ai ça, toi tu vas être médecin. À un moment donné, j'avais envie de dire, mais écoute, ça suffit. J'étais avec ça, je me sentais tellement démuni face à la souffrance de cette maman que j'avais envie de me partir en courant. Et ça, ça a toujours été là. Et en fait, le moteur premier qui m'a fait m'asseoir dans un fauteuil un soir, au début de mon installation, c'est que j'avais le sentiment d'être démuni face à cette souffrance humaine. Comme j'ai appris à l'écouter au-dedans, j'ai appris à l'écouter au-dehors. C'est dans ce sens-là que ça marche.

  • Speaker #1

    Et là, j'ai envie de te poser cette question. Qu'est-ce que tu as gagné, toi, dans ta vie, à avoir cette nouvelle posture, cette posture plus profonde d'écoute ? Qu'est-ce que ça t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Un sentiment de justesse, des moments de réjouissance, pas de joie, mais vraiment de réjouissance, le sentiment d'avoir touché du doigt une autre façon d'être. Le sentiment d'une utilité bien au-delà de la simple prescription de médicaments, c'est « j'ai servi une vie » .

  • Speaker #1

    C'est comme ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'a apporté ? C'est difficile de répondre à cette question, parce que c'est... On pourrait dire que du bonheur. Non, pas que du bonheur, parce qu'il y a eu des moments où il a fallu se remettre en question. Ce n'est pas linéaire en fait, ce n'est pas « ah oui, c'est que du bonheur » . Oui,

  • Speaker #1

    ou ce n'est pas un sommet que tu atteins et puis tu restes au sommet. Non, non,

  • Speaker #0

    non, non. C'est on commence, et puis là… Ça va ressembler plus au fond de la bourse. C'est ça, un peu.

  • Speaker #1

    À la vie, finalement, parce que la vie, elle n'est pas comme ça, quoi. La vie, elle va faire des vagues,

  • Speaker #0

    en fait. Non, c'est une ascension progressive.

  • Speaker #1

    Oui, avec des vagues, en fait. Il y a une ascension, mais avec des creux, des pics.

  • Speaker #0

    Oui, oui, tout à fait. Il y a des moments d'accalmie, il y a des moments de renaissance, il y a des moments où il faut affronter toujours les démons intérieurs, Gérard. On n'en finit pas de ça. Je ne crois pas qu'il y ait un moment où on dit ça y est, je suis arrivé au bout. À l'heure de la mort, on est devant cette question.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai accompli ce que j'avais accompli ? La mesure, on l'a au moment de la mort.

  • Speaker #1

    Tu vois, quand je t'entends parler, j'entends ce médecin, pas comme les autres. Et puis peut-être pour rappeler aux auditeurs, auditrices qui ne sont peut-être pas dans le milieu soignant. Quand on a une pratique, un métier de soignant, on exerce dans un cadre réglementé, réglementé par des structures, notamment qu'on appelle des ordres. Toi, comment tu as géré ton rapport avec l'ordre des médecins et face à cette nouvelle pratique de ta médecine, en fait ?

  • Speaker #0

    Il y a eu deux grands temps. Un premier temps de rébellion. où je ne me suis pas fait que des copains parmi mes confrères, où j'étais trop donneur de leçons en disant, moi j'ai découvert un truc, vous vous faites du n'importe quoi. Au gros c'était ça. C'était au début, même avant que je démarre un chemin, c'était au début de mes études d'homéopathie, quand j'ai commencé à exercer l'homéopathie, j'étais dans des réunions de médecins. généraliste dans la ville où j'étais et de temps en temps je dis ah ouais c'est ça que vous appelez ferme d'amitié on n'a pas la même conception donc je ne me suis pas fait des amis voilà et j'étais pas forcément bien vu aussi au niveau du conseil de l'ordre parce qu'il y avait quand même beaucoup de choses qui se passaient le confrère qui disait mais voilà il y a eu des jalousies Et en particulier quand j'ai commencé un chemin où on est venu me chercher les poux dans la tête. Parce qu'il y avait quelque chose qui se développait et que ça attirait les jalousies. Ça c'était en Savoie. Il a fallu même de temps en temps que je tape sur la table et que j'aille voir des confrères en disant encore une fois « et puis ça va mal se terminer cette affaire » . Et quand j'ai décidé de déménager, c'était des circonstances très particulières. En fait, quand j'ai quitté la Savoie pour venir à Chartres, c'est un vieux médecin retraité qui venait de prendre sa retraite, qui m'a invité chez lui pour parler de cette médecine des actes, parce qu'il avait reçu, comment on appelait ça, les minutes d'un congrès dans lequel... J'étais intervenu à un congrès de pédiatrie où j'avais présenté le cas d'une gamine que j'avais accompagnée pendant des années, qui avait été greffée du foie et qui aujourd'hui, d'ailleurs, va extrêmement bien, qui était dans un état déplorable. Aujourd'hui, elle a réalisé son rêve. Il faudrait faire tout un podcast sur Coralie. Elle est actrice. son rêve s'est réalisé quand elle a monté les marches de Cannes il y a quelques années. J'ai accompagné, elle était gamine, elle rêvait d'être actrice. C'est un petit peu comme ma prof de maths, j'ai cru à son rêve, j'ai dit allez on y va. J'ai embarqué les parents là-dedans et ça a fini par se faire.

  • Speaker #1

    Là tu as dit action, ce n'était pas lève-toi et marche, c'était routeur.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc j'avais présenté ça à un congrès de pédiatrie, et ça avait été magnifiquement un congrès d'homéopathie, de pédiatre-homéopathe, parce qu'un ami pédiatre-homéopathe, qui était à la même école d'homéopathe que moi, m'avait invité. Et donc ce vieux médecin avait entendu parler de ça, avait lu le compte-rendu, et m'a appelé, il m'a dit « ce que vous faites, j'en ai toujours rêvé, vous ne voulez pas venir à Chartres faire une conférence ou deux ? » Je lui ai dit « ok, d'accord » . Et à la fin d'une première soirée chez lui, où il y avait des tas de gens de sa génération, il me dit « tu sais qui c'est qu'il y avait là ? » Je dis, les amis à toi, les confrères, lui c'était président du conseil de l'ordre, lui le vice-président, lui le trésorier, lui le vice-trésorier, lui secrétaire, lui ça, lui ça.

  • Speaker #1

    Tu avais de l'ordre entier.

  • Speaker #0

    J'avais un boité du conseil de l'ordre de l'époque. Et ils m'ont tous dit, c'est magnifique ce que vous faites, c'est magnifique ce que vous faites. Et ça a été un choc parce que je dis, le conseil de l'ordre ça peut être ça aussi. Mes relations avec le conseil de l'ordre ça peut être ça.

  • Speaker #1

    C'est beau parce que du coup ça permet de faire la paix.

  • Speaker #0

    Complètement, mais c'est ce qui s'est passé d'ailleurs. Quand je me suis installé à la fin de mon séjour, donc Étienne, il s'appelait Étienne, me dit c'est dommage que tu sois si là, sinon je te donnerais toute ma clientèle puisque je prends ma retraite là. Et c'était une époque où je me disais, il faut que je quitte la Savoie pour me poser ailleurs et c'est la petite déclique. C'était un appel à nouveau. Et je lui dis, ben voilà. Et c'était en février 2000. Et en août 2000, j'ai emménagé à Chartres. Et j'ouvrais un nouveau cabinet en septembre. Et le vice-président du Conseil de l'Ordre est venu me voir. Quand j'ai ouvert mon nouveau cabinet, il m'a dit, il faudrait que vous veniez, que vous soyez conseiller ordinal. On a besoin de gens comme vous. Avec ce que vous faites. C'est génial. Après, il m'a dit « Mais pourquoi ils vous ont embêté en Savoie ? Ils auraient dû applaudir. » Je lui ai dit « Vous savez, je ne suis pas toujours été habile. » Et donc, j'ai fini par devenir conseiller ordinal. Grande réconciliation. Mais oui ! Bon, ceci dit, je n'ai pas fait bouger le système.

  • Speaker #1

    Tu y es resté combien de temps ?

  • Speaker #0

    Conseiller ordinal ? Oh, 4-5 ans. Après, j'ai arrêté mon cabinet et je suis parti.

  • Speaker #1

    Là, tu es en train de nous dresser un tableau d'un parcours qui est évolutif, qui te correspond de plus en plus. On sent qu'il y a quelque chose qui… Ça y est, comme si tu rentrais vraiment dans ce que tu étais vraiment. Mais il y a quand même un moment où tu nous as dit « j'ai failli arrêter » . J'ai failli renoncer. Ça, c'était quand ? C'était au début ?

  • Speaker #0

    Dans cette fameuse soirée où je me suis retrouvé totalement démuni face à la souffrance de ces êtres, à la souffrance intérieure, je ne sais pas faire. J'ai soigné des maladies, mais accompagner ces êtres jusqu'au sens de leur maladie, pour les aider à mieux vivre, je ne sais pas faire.

  • Speaker #1

    Et ça, c'était au début de ta carrière ? Ou c'est même arrivé une fois que la médecine des actes ? Non, non, non, c'était qu'il y en avait avant.

  • Speaker #0

    En fait, ça a été le moteur, en fait. C'est ce qui a été le moteur qui m'a mis en route. Maintenant, il faut que je trouve des solutions, l'homéopathie, le bad lean, etc. Après la psychanalyse, Jungienne pendant quelques années, et puis le chemin spirituel accompagné par Bernard Monteau, et dans la lignée des dialogues avec l'ange. Et après, dans cette voie spirituelle, j'y étais de plus en plus engagé. Je suis resté 30 ans quand même. J'ai été enseignant spirituel, j'étais président de cette association. Donc, ce n'était pas juste du tourisme spirituel, c'était un vrai engagement. Et qui m'a permis de fonder cette médecine ?

  • Speaker #1

    Je te remercie d'aborder justement la spiritualité, parce que c'était la question qu'allait suivre. Est-ce que pour toi, la spiritualité, elle doit ou elle devrait prendre une place dans le parcours de santé ou dans le parcours de guérison des personnes ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut voir ça autrement, de façon plus élevée. Pas simplement dans un parcours de guérison. Il faudrait être beaucoup plus à l'écoute de ce qu'on appelle les médecines. Moi, j'appelle les médecines traditionnelles. La médecine traditionnelle, ce n'est pas la médecine officielle. Les médecines traditionnelles, ce sont des médecines qui sont inspirées par des traditions. La médecine ayurvédique, la médecine chinoise, la médecine amérindienne, mais il y en a beaucoup d'autres. Elles sont inspirées par des traditions spirituelles. Et c'est ces traditions spirituelles qui vont donner, je dirais, une certaine définition de l'homme et de sa place dans l'univers et de sa place sur Terre. Toute spiritualité a des mouches sur ces questions-là, et il va bien falloir un. Et elle pose la question de l'homme sain et de l'homme malade, après sain, s-a-i-n, et sain, s-a-i-n-t. C'est toutes ces questions de l'homme, de la place de l'homme. Et aujourd'hui, c'est crucial ces questions-là. À un moment où l'homme est devenu un cancer pour la planète, c'est-à-dire qu'on est en train de ramager la planète, il va quand même falloir se poser la question, est-ce que cet être est encore en bonne santé ? Non, il est profondément malade. Pourquoi ? Parce qu'il a perdu ses racines. Il est déraciné. Or, si on ne renoue pas avec des racines spirituelles, les miennes, c'est les racines chrétiennes. Et ce n'est pas les racines de l'Église et tout ça, c'est vraiment la spiritualité chrétienne qui est au centre de ma vie. Et c'est ça qui m'inspire, et c'est ça qui me fait repenser la médecine depuis cette spiritualité profonde.

  • Speaker #1

    Je trouve ton témoignage et tes propos importants et inspirants, parce que quand je t'écoute, forcément, ça fait écho à mon parcours. et au parcours certainement de plein d'autres personnes où nous français occidentaux on est sûrement déraciné et on va chercher d'autres médecines enfin quand je dis nous je parle vraiment des soignants ici on je vais peut-être parler en jeu plutôt que de dire du on mais voilà je moi j'ai choisi ce parcours de soignante d'infirmière et puis finalement j'ai été déçu Et qu'est-ce que j'ai fait ? Eh bien, je suis allée chercher une autre médecine, à savoir la médecine chinoise. Et c'est vrai que j'ai des amis, eux, ils vont chercher la médecine ayurvédique, d'autres vont chercher la médecine armérindienne. Mais nous, alors, ici, là, en France, qu'est-ce qu'on pourrait aller chercher comme tradition spirituelle ?

  • Speaker #0

    La tradition chrétienne.

  • Speaker #1

    Existe-t-il une médecine qui intègre la spiritualité chrétienne ?

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Tu crois qu'il n'y a jamais eu de médecine ? Si,

  • Speaker #0

    je crois que dans certains courants, En particulier, c'est quelque chose qui, du fait de l'esprit scientifique du cartésianisme occidental, parce que c'est tout l'Occident qui est touché par ça, et particulièrement la France, il y a des choses qui ont été étouffées de plus en plus, et la façon dont est traitée l'homéopathie en témoigne. Dans l'homéopathie, il y a un fond spirituel, mais qui est un fond... qui est beaucoup plus en lien avec la tradition alchimique. Et là, il faudrait reprendre effectivement ce qu'a apporté la tradition alchimique. La tradition alchimique, d'ailleurs, elle est aussi à l'origine des cathédrales. Il ne faut pas se leurrer tout ce compagnonnage. Il y avait une tradition chrétienne qui a existé, qui n'est pas la tradition de l'Église, qui est la tradition spirituelle. Et ce n'est pas du tout la même chose. Il ne faut pas confondre le dogmatisme, ou du moins le cadre religieux qui est une chose, et la dimension spirituelle. C'est-à-dire qu'il faut revenir à l'enseignement et le comprendre en profondeur. C'est revenir à la dimension spirituelle du christianisme, du message du Christ. Mais bien avant, ça a commencé avec la tradition hébraïque. Il y a une spiritualité là aussi. Il va falloir arrêter de regarder que les religions et les guerres de religion, il faut regarder le spirituel, là-dedans. Et c'est ce que j'essaye de faire avec un groupe de personnes dans cet accueil élu, et dont on va parler bientôt d'ailleurs dans un forum qui va avoir lieu la semaine prochaine, sur le forum des médecines de l'âme, où on va parler que de comment la tradition peut inspirer la médecine, notre tradition. occidentales maintiennent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Pour aussi retrouver nos racines.

  • Speaker #0

    Pour retrouver les racines fondamentales. Et d'une certaine façon, je dirais que moi, mes racines, ce sont des racines de filiation avec l'enseignement dans lequel j'ai été 30 ans, qui est traduit dans un livre qui est hyper diffusé, et qui a été diffusé et transcrit par Guita Malache, c'est Dialogue avec l'Ange, cet enseignement-là. Il est ancré au fond de moi et ce n'est pas simplement une lecture, c'est un vécu. Dialogue avec l'ange, c'est mon quotidien. Et d'un autre côté, c'est inspiré aussi, et c'est des racines encore plus profondes, c'est la tradition chrétienne qui est ancrée en moi depuis bien avant, peut-être même bien avant cette existence.

  • Speaker #1

    Et puis, qu'on le veuille ou non, qu'on se sente proche ou non de cette spiritualité ou de cette tradition, on est baigné dedans de toute façon.

  • Speaker #0

    D'une certaine façon.

  • Speaker #1

    Notre inconscient collectif, en tout cas, on va dire dans la francophonie, on baigne là-dedans.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord, si ce n'est qu'on baigne d'une certaine façon, et aujourd'hui, avec tellement de souffrance, je dirais d'un catéchisme, je vais le dire comme ça, mal intégré, mal compris, mal vécu, qui fait qu'il faudrait presque... qu'il y ait une éducation spirituelle profonde, ou une rééducation spirituelle profonde, pour qu'on ait un espace de réconciliation avec ce qu'est la spiritualité chrétienne. Parce que ce n'est absolument pas la morale dont on a entendu parler, et qu'on nous a inculqué. Moi, j'ai eu la chance de ne pas passer par là, de passer par des émerveillements, heureusement. Ça ne m'a pas empêché à un moment donné. de rejeter toute spiritualité avant de me réconcilier avec ?

  • Speaker #1

    Tu parles de réconciliation et ça m'amène à une question et à tendre vers la fin de cet épisode. Alors, on en a parlé en off. Toi, moi, on a eu l'expérience d'une maladie. On a expérimenté le corps souffrant. On a expérimenté les organes malades. Toi, tu vis aujourd'hui avec une pathologie cardiaque. Est-ce que tu peux me dire, nous dire comment cette pathologie, ce parcours avec cette maladie et puis ce processus de soins que tu as connu a modifié ou interagi avec ta posture de soignant et ton rapport à la santé et à la spiritualité, bien évidemment ? On l'inclut dedans.

  • Speaker #0

    Je dirais que la première étape, c'est… Fin 2007, c'était au moment de la sortie de mon livre où je fais une conférence à la faculté de médecine de Caen et où j'arrive déjà fatigué, plus ou moins grippouillé, pas bien quoi. Et je fais ma conférence qui se déroule très bien et je sors et d'un seul coup je m'effondre. Heureusement quelqu'un m'avait accompagné. Il me met dans la voiture, il me ramène chez moi. Et en fait, je fais une bronchie carabinée, je reste dans un fauteuil pendant trois jours sans en sortir, avec un sentiment que je ne vais pas en sortir, qu'un de ces quatre matins, je vais mourir comme ça. Sentiment très profond. Et en fait, ce qui s'est passé, c'était une décompensation d'un rétrécissement aortique. que je connaissais, puisque j'étais suivi pour ça depuis quelques années, et qui va me faire vivre une expérience difficile, j'irais, et qu'il a fallu que je transforme, c'est une expérience de vieillesse. C'est-à-dire, j'étais tellement mal en point cardiaquement que je ne pouvais pas faire 10 mètres sans être essoufflé. J'étais un petit vieux, quoi.

  • Speaker #1

    À quel âge ?

  • Speaker #0

    À 5. 56 ans. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, compliqué, quoi. Compliqué. Et donc, pendant neuf mois, je vais vivre comme ça jusqu'à ce que le cardio dise, bon, maintenant, il faut opérer, il ne faut plus attendre. Ils ont attendu à la dernière limite. Et en septembre 2008, je suis opéré avec une expérience particulière, puisqu'on met le cœur à l'arrêt. on met les poumons à l'arrêt, c'est-à-dire que d'un seul coup, je rejoins un état de conscience, ou un plan de conscience, qui n'existe pas chez l'homme, qui n'existe pas chez l'animal, qui existe chez le végétal. Je suis nourri par l'extérieur, superfusé par l'extérieur, et ventilé par l'extérieur. C'est quand même très particulier comme expérience. Et puis, je me pose quand même la question sur... Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de rétrécissement arctique ? Et la réponse, elle me vient à force de questionner, c'est qu'un homme au cœur serré, il va falloir le dire à thé. Ouvrir le cœur. Voilà, encore plus. Et ça va se produire, donc ça va produire des effets sur mon propre chemin en disant, il va falloir que là où je suis aujourd'hui, mon propre chemin, c'est-à-dire là où j'enseigne, il va falloir que ce soit beaucoup plus cardiaque et moins cérébral. Donc encore plus de Et afficher beaucoup plus et oser beaucoup plus l'affirmation de cette spiritualité profonde et de l'amour qui va avec. C'est une dimension d'amour qui doit s'affirmer plus et se développer plus, pour soi et pour les autres. Et puis dans mon cabinet, il se produit quand même quelque chose de particulier. C'est d'un seul coup, je ne suis plus en face des gens comme un médecin qui a lu des livres et qui a appris des trucs. On parle d'expérience à expérience. Et ça a changé tout. Ça a changé tout. Ça a changé des espaces de confidence, je dirais. Ça a été extrêmement fort. Après, il y a eu d'autres épisodes, parce qu'il y a eu d'autres événements en matière cardiaque, je dirais. Et le dernier épisode en date, c'est que j'ai été réopéré il y a trois ans maintenant, ou quatre ans, je ne sais plus très bien, parce qu'il y avait une dilatation aortique, où il fallait changer ce morceau d'aorte qui était dilaté, parce qu'il y avait un risque de dissection. Il y avait quelque chose de très particulier, c'est qu'au réveil, je savais qu'on avait fondé avec un ensemble de membres de mon académie un groupe de prière pour prier pour nos patients et les gens qu'on accompagnait. Et je sais que dans cette période où j'étais opéré, pendant l'opération, ils priaient pour moi. Et je l'ai tout à fait perçu quand je me suis réveillé. C'était étrange comme sentiment de ne pas être seul dans cette chambre, mais pas être seul parce qu'il y avait l'infirmière qui passait, ou le médecin, ou les différentes personnes. Pas être seul parce qu'il y avait les présences autour.

  • Speaker #1

    Tu parles d'une présence invisible.

  • Speaker #0

    Oui, mais pourtant tellement tangible. C'est une force. dont il faut tenir compte.

  • Speaker #1

    Quand je t'écoute, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'un soignant qui a vécu la maladie, la souffrance, il est forcément un soignant différent, un soignant qui n'a pas connu des preuves. Alors non pas qu'il va falloir s'infliger des maladies ou de la souffrance pour peut-être être un soignant différent, mais C'est vraiment ce que tu racontes, toi. Là, j'entends qu'il y a un médecin qui a été dans une écoute, dans une posture différente. Tu parlais d'expérience, c'était plus un patient, un médecin, mais c'était des expériences qui se parlaient.

  • Speaker #0

    Complètement. Mais je crois qu'en même temps, il y a eu ces événements, parce que ça appartient à un parcours. J'ai affondé quelque chose et qu'il fallait passer par là. Ce ne sont pas des punitions, ce sont des rendez-vous. Et ensuite, je crois qu'il y a quelque chose qu'il faudra accepter. Si on regarde aujourd'hui le monde de la santé, le monde de la santé va très mal. Il y a plus de 30% des soignants qui sont en burn-out, suicide, etc. Et ça va en s'aggravant. Et on a un ami commun qui est beaucoup engagé dans prendre soin des soignants. Et on en parlait récemment, je vais prendre soin des soignants. Ce n'est pas simplement pour que le soignant aille mieux pour être plus à l'écoute de ses patients. C'est une expérience à vivre. Et il n'y a pas besoin d'avoir forcément des épreuves de santé. Je crois que le simple fait d'être confronté à la souffrance des autres n'est pas du tout anodin. Et si on est honnête, ça ne nous laisse pas indemne. On a des douleurs de soignant, mais il va falloir accepter de s'asseoir en face plutôt que de se cacher derrière une blouse, derrière un « je sais et vous, vous savez rien » . Je dirais que cette espèce d'arrogance n'est qu'en fait une peur de s'affronter à ses propres limites et à ses propres fragilités.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #0

    Ça me parle forcément de ce que tu dis sur un autre sujet et puis d'autres problématiques. Mais c'est vrai que ces derniers temps, j'ai osé évoquer dans un groupe de soignants dans lequel on est ensemble certaines de mes épreuves et de mes vulnérabilités. Et comme tu dis, je me suis assise en face, j'ai accueilli. Et ça a tellement changé de choses dans mes accompagnements. Pour le coup, je ne reviendrai. jamais en arrière parce que c'est juste extraordinaire. Et tu vois, quand je t'entendais parler, tu parlais du sachant, en fait, en t'écoutant parler, j'ai vu cette posture qui change, c'est-à-dire qu'à un moment donné, le soignant sachant va descendre peut-être de son estrade et puis il va se mettre au niveau de son patient et puis finalement, c'est deux humains qui sont face à face. Avec alors peut-être un qui a une expérience et une... une... connaissance, on va dire peut-être théorique, en plus de son expérience personnelle de connaissance de soi. Puis en face, on a un patient qui lui a aussi un vécu qui est expert de ses symptômes, expert de sa vie. Ça va être deux individus face à face qui vont déjà se connecter. Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour revenir sur ce dont tu parlais de... de ta confidence en fait dans ce moment parce que effectivement j'y étais. Je crois qu'il y a les effets que ça a eu sur ta personne et ça c'est une chose, mais en même temps les effets que ça a eu sur ce groupe qui est loin d'être anodin sinon on ne serait pas assis ensemble. Les effets qu'il y a eu ça a contribué à établir ce que je vous avais dit très peu de jours après, ça a construit une fraternité et une sororité. Et ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien dans le monde dans lequel on vit. En fait, c'est des liens d'amour qui se tissent. Ils n'ont pas des liens affectifs, qui sont des liens d'amour essentiels. Donc, c'est extrêmement important. Eh bien oui, ça a produit une chose, c'est que tout le monde s'est levé en disant qu'on ne peut pas la laisser seule. Il y a tout ce mouvement qui s'est produit. Et peut-être bien que si on regarde avec un certain recul, il suffit de se remettre dans les dernières paroles du Christ avant qu'il quitte les apôtres, quand il leur a dit « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Mais il faut rentrer dans cette phrase. Qu'est-ce que ça veut dire ? « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Comment il les a aimés ? Et comment il nous a aimés ? Depuis où ?

  • Speaker #0

    On arrive doucement à la fin de notre épisode. J'ai presque envie de dire le mot de la fin, il est là, alors je n'ose pas, je me dis, est-ce que je fais une autre question ? Peut-être juste, allez, aux soignants ou aux futurs soignants qui nous écoutent, avec quoi tu as envie qu'ils repartent ou quels conseils tu voudrais leur donner pour une médecine ? pour intégrer, pour exercer une médecine plus humaine, une santé plus intégrale, plus intégrative.

  • Speaker #1

    On va faire un truc. C'est un, n'ayez pas peur de vos vulnérabilités, n'ayez pas peur de les afficher. Oui. Devenez des artistes des mots d'amour envers vous-même et envers les autres.

  • Speaker #0

    Magnifique. Eh bien écoute, on arrive à la fin. Merci pour tout. Merci pour tous ces mots, pour ta présence. Et est-ce que tu veux nous offrir un dernier mot ?

  • Speaker #1

    Le dernier mot, c'est merci. Dans des instants comme ça, il y a toujours au fond ce sentiment de gratitude. C'est cette gratitude envers la vie, l'ordre des choses. le divin, les rencontres que j'ai faites, pour être où je suis aujourd'hui, avoir le droit à tel moment et de telle rencontre. Merci Fanny.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Patrick.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris plein de choses. Dites-le-moi en commentaire. Vous pouvez aussi me laisser un avis ou vos idées pour les prochains épisodes. Je vous lirai et répondrai avec grande joie. Pour faire vivre le podcast « Je peux pas, j'ai l'une » , merci de vous y abonner et de le partager.

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Description

EP 25 : interview avec Docteur Jean-Patrick Chauvin, le fondateur de la Médecine de l'Homme.


Vous découvrirez dans cet épisode comment et pourquoi le docteur Chauvin en est arrivé à fonder cette médecine.


Et quand je demande à Jean-Patrick : Pourquoi Médecine de l’Homme ?

Voici sa réponse : parce qu’il est nécessaire de prendre en considération la Nature Humaine dans toutes ses dimensions. Et partir du principe que l’Être Humain est le représentant d'un règne à part entière.

Le Règne Hominal.

Ce qui implique d’intégrer dans la pensée médicale et jusque dans son exercice toutes les dimensions de ce règne, à savoir la dimension Corps/Âme/Esprit, la dimension écosystémique (l'être hominal est un écosystème et est inscrit dans un écosystème) et la dimension évolutive ; le règne hominal n’est pas un règne fini, il est encours d’évolution et son enjeu d’évolution est la Conscience. 

Peut-être faudra-t-il alors considérer la Conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir dans sa plénitude.


Bon voyage à vous dans cette heure très inspirante.

Et il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter une belle introspection personnelle 😉


Cet épisode peut être utile à un proche, à une amie ? Partagez lui !

Ce sujet vous plait ? Inscrivez-vous à ma lettre d'infos pour plus de partages. 


Et pour rester en lien :

https://www.instagram.com/fanny.froc

www.linkedin.com/in/fanny-froc-formatrice-coachpro


A bientôt pour un nouvel épisode !

Fanny, reporter pour JPJL, le podcast de ACE Formation 🌙



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fermez les yeux un instant et imaginez qu'une autre façon du « prendre soin » existe, que la prévention et l'holistique sont des évidences, que vos maux et vos maladies trouvent leur sens dans la biologie de votre histoire et que votre parcours de soin ressemble à un voyage vers le bonheur avec pour escale des prises de conscience salvatrices. Bienvenue dans « Je peux pas, j'ai l'une » . Le podcast dédié à la santé intégrative, animé par Fanny Frock, reporter multicasquette, de soignante passionnée à coach thérapeute engagée et même patiente proactive. Seule ou avec un ou une invitée, nous allons faire tomber les frontières entre les médecines conventionnelles et les thérapies complémentaires, créer des ponts entre elles et repartir avec des outils pour prendre soin de soi à mettre en application de suite après l'écoute du podcast. Loin du carewashing, ce podcast est une véritable pépite pour le vivant, à commencer par la santé de celles et ceux qui prennent soin des autres. Bonne écoute ! Et bienvenue dans l'épisode numéro 25 du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » dans lequel j'ai la grande, grande joie d'interviewer le docteur Jean-Patrick Chauvin avec qui nous allons parler. de la médecine de l'homme, une médecine qui l'accrérée, une médecine qui peut-être s'avère être une des réponses pour tendre vers une nouvelle sorte de médecine, de prise en charge de la santé et peut-être même pour sauver l'espèce humaine. Je ne vous en dis pas plus, bonne écoute. Bonjour Jean-Patrick.

  • Speaker #1

    Bonjour Fanny.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast et de passer ce temps ensemble à échanger. Alors Jean-Patrick, pour te présenter en trois mots, tu es un médecin pas comme les autres. Aujourd'hui retraité, tu as exercé comme médecin généraliste et homéopathe pendant 35 ans. Tu es l'auteur du livre « Quand la maladie nous enseigne » aux éditions Très Daniel et... tu es le fondateur d'une nouvelle approche en santé humaine qui a été d'abord appelée la médecine des actes pour devenir la médecine de l'homme, avec un grand H. Je précise. Tu as fondé une académie fin 2019 dédiée à l'enseignement de la médecine de l'homme. Tes diverses rencontres, avec des êtres en souffrance et des êtres inspirants, t'ont aussi permis de découvrir et de cheminer sur une voie spirituelle dont tu nous parleras également dans cet épisode. Pour terminer la présentation, peut-être un petit mot sur notre rencontre. Nous, on s'est rencontrés l'hiver 2024 dans le cadre d'un week-end entre soignants. On était médecins, infirmières, pharmaciens. Et c'est là que nous avons connecté. C'est donc avec une grande évidence que je t'ai proposé d'enregistrer un épisode de podcast pour œuvrer ensemble vers une diffusion d'une autre façon de soigner, une autre façon... vivre et d'incarner la santé. Jean-Patrick, c'est là que je te rends le micro. Est-ce que tu as envie d'ajouter quelque chose que j'aurais peut-être plus oublié pour te présenter avant que je te pose la suite des questions ?

  • Speaker #1

    La seule chose, c'est l'étiquette de retraité parce que je n'ai pas du tout le sentiment d'être retraité. Si je devais remettre une catégorie, c'est retraité actif et c'est peut-être plus actif que retraité. Ou agissant. Parce qu'il essaye d'agir pour fonder une autre façon d'envisager la médecine, le soin, le prendre au soin.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est un nom administratif d'être retraité.

  • Speaker #1

    Oui, je touche une retraite, ça me met à l'abri du besoin, mais ça me permet d'avoir du temps libre pour faire tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, je t'accueille dans la saison 3. du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » où je laisse la parole aux professionnels de santé intégrative pour qu'ils et elles témoignent sur leurs expériences, sur leur parcours, pour inspirer et montrer qu'il est possible d'exercer une activité professionnelle en adéquation avec ses valeurs, avec sa façon d'être au monde et avec sa mission d'âme. Et si aujourd'hui je t'ai invitée sur cet épisode, eh bien c'est pour que tu nous partages ce qu'est la médecine de l'homme. Peux-tu donc nous proposer une définition en quelques mots pour que les auditeurs, auditrices aient une vision claire de ce qu'on va aborder dans ce podcast ?

  • Speaker #1

    C'est une médecine qui a pour vocation d'accompagner des êtres sur un chemin de guérison. Après, il faudra le définir et qui prend en compte toutes les dimensions de l'être humain. Corps, âme, esprit, mais aussi la dimension écosystémique qui est d'une grande actualité aujourd'hui. Et ce que j'appelle la dimension ontogénésique, qu'on pourrait appeler la dimension évolutive. Après, il faut s'entendre sur le terme d'évolutive. évolutive dans une meilleure connaissance de soi et des autres. En fait, c'est l'évolution en conscience. Ça veut dire qu'il va falloir intégrer ce qu'on appelle la conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir. Voilà en gros. Et je pense qu'on va, au fur et à mesure des questions et des réponses, développer un peu le sujet.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, ça va être le propos tout au long de cet épisode. Et peut-être, moi, j'ai envie de remonter ensemble dans le temps. si tu veux bien, et puis peut-être venir à ce moment-là où tu as décidé de devenir médecin. Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas le sentiment d'avoir décidé comment s'asseoir au table, en disant qu'est-ce que je vais faire de ma vie. C'est plutôt quelque chose de beaucoup plus profond qui s'est produit. De la façon dont je le dirais aujourd'hui, je crois que j'ai répandu un appel qui était en moi depuis... depuis toujours, peut-être bien depuis ma naissance d'ailleurs, parce qu'il se trouve que j'ai retrouvé cette naissance dans un travail sur le passé et elle s'est faite dans des conditions extrêmement particulières. Quand j'ai retrouvé la façon dont s'est déroulée cette naissance et comment ça s'est vécu intérieurement, je n'ai pas été du tout étonné que je sois à l'endroit où je suis. C'est que de la suite.

  • Speaker #0

    En off, avant qu'on enregistre cet épisode, tu m'as parlé d'une parole, d'une institutrice. Est-ce que tu veux nous en parler ? Ou c'est trop un détail ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas un détail, c'est quelque chose d'important. C'est à une époque où... où je vivais encore en Israël, où j'avais vécu deux ans et demi, et où j'avais 13 ans et demi. Et il se trouve que ma prof de maths, qui était en française, parce qu'on avait vécu là-bas à plusieurs familles, il y avait une école qui avait été construite, et cette école avait été arrêtée. Et en fait, elle me donnait des cours particuliers pour que je ne sois pas en retard en rentrant en France. Et un jour, je lui ai posé une question à la fin d'un cours particulier. Je lui ai dit « Madame Constanzo, pourquoi vous êtes devenue prof de maths ? » Elle m'a dit « Au départ, je ne voulais pas être prof de maths, je voulais être médecin, mais je n'avais pas les capacités. » Et elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit « Mais toi, tu les as. » Et j'étais comme ça. C'est comme s'il venait appuyer sur un bouton qui a réveillé quelque chose. Après ça, je dirais que la vie a suivi son cours. Je suis rentré en France, je me suis retrouvé dans un lycée à Strasbourg. Je me suis même demandé si je n'allais pas faire l'école hôtelière et finalement c'est médecine. Mais je crois que c'est la médecine qui m'a choisi.

  • Speaker #0

    Waouh, c'est beau ! La médecine m'a choisi. Est-ce que tu pourrais nous... proposer, peut-être spontanément comme ça, des anecdotes, des situations peut-être marquantes dans tes études en médecine et qui sont peut-être venues confirmer ce qui s'est passé plus tard. Parce que là, on fait un peu marche arrière, tu vois, dans l'épisode. À l'époque, quand on passe les situations, on ne sait pas forcément que ça va nous marquer. Et puis finalement, quand on regarde en arrière, on se dit, ah, mais il n'y a pas de hasard que tout ça se soit passé, parce que ça et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Ce qui a été marquant, c'est les rencontres. Et ça va être le titre d'un de mes prochains livres qui s'appelle récemment « Des rencontres singulières » où en fait, à un moment donné, j'ai eu besoin de prendre du recul en disant « Mais comment ça s'est construit en fait ? Comment ce bonhomme s'est construit ? » Et à travers des rencontres en particulier. Et une des premières rencontres qui a été un choc en fait. Un choc que... J'étais à l'époque, on appelait ça garçon de salle. Je faisais le ménage, je ramassais les pots d'urine le soir, je distribuais la tisane, pas en même temps. Et à un moment donné, je suis rentré dans une chambre pour distribuer une tisane. Et il y avait deux vieux messieurs qui étaient là dans leur lit. Je ne sais pas quel âge ils pouvaient avoir, je ne me souviens pas, moi j'avais 18 ans. Et il y en a un qui dit « C'est quoi ça ? » Et l'autre, il répond, sans que j'ai eu le temps de répondre « C'est une tisane, ceci ou cela. » L'autre, il répond « C'est le bouillon d'11 heures pour que tu crèves à minuit. » Et là, j'étais devant, mais comment c'est possible ? Comment c'est possible ? Je l'ai d'abord traité sur le ton de la rigolade, je disais, mais avec le recul, je me dis, mais quelle humanité il faut, et quelle fin de vie il faut pour en arriver là, dans une telle violence verbale, dans une telle haine. Et il y a un autre événement qui s'est passé dans le même hôpital l'année suivante, c'est quand j'ai été confronté... un vieux monsieur aussi qui était lui adorable, d'une grande gentillesse, qui était dans le lit, qui ne bougeait pas parce qu'il avait fait un accident vasculaire. Et on disait de toute façon c'est pas sûr qu'il remarche. Et moi je disais je ne suis pas d'accord, je pense qu'il remarchera, du haut de mes 19 ans. Puis un beau jour je lui ai dit écoutez monsieur on va essayer quand même, vous allez sortir du lit, on va bouger les pieds. Puis après je l'ai fait se lever. J'ai fait marcher jusqu'au bout du lit, revenir, etc. Et puis, progressivement, il a marché dans le couloir avec une canne en se tenant. Et au bout d'un mois, il marchait tout seul dans le couloir. Et peut-être qu'il s'était passé un peu la même chose qu'avec ma prof qui disait « Toi, tu peux être médecin » . Moi, je lui ai dit « Lève-toi et marche » .

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire. Lève-toi et marche.

  • Speaker #1

    Et ça a marché.

  • Speaker #0

    Excellent.

  • Speaker #1

    Après, il y a eu des rencontres aussi avec des êtres qui m'ont inspiré, qui sont ceux que j'appelle mes maîtres en médecine. Et en particulier, il y avait un chef de service, professeur Pépin, Bernard Pépin, grand bonhomme, qui était chef d'un service de neurologie. Ce qui m'avait bouleversé, c'est qu'alors que tous les services ont passé dans les hôpitaux, de Paris où j'étais, le patron passait avec toute sa cour en disant voilà, tel machin, tel truc. Lui, il s'asseyait au bord du lit du malade, il ne voulait jamais qu'il y ait plus de quatre ou cinq personnes avec lui, l'interne, l'externe, la surveillante, l'infirmière qui s'occupait de ce patient. Il disait je refuse qu'on mette des numéros sur les lits, il s'appelle monsieur comme ça, il s'appelle madame comme ça. Et il s'asseyait, il commençait à prendre la main des gens, parler avec eux. Et après, il disait, bon, on va prendre le temps de vous examiner maintenant. Grande leçon d'humanité.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça m'a beaucoup marqué. Voilà, puis on a vu, on ne va pas tout passer en vue, parce qu'il faudra lire le prochain livre.

  • Speaker #0

    Oh, le joli teaser que tu es en train de nous faire, magnifique. Et justement, là, quand tu nous évoques ça, on sent qu'il y a des passages dans ta vie qui ont été marqués. quand tu parles justement de cette humanité ? Alors moi, je connais la fin, je connais la suite. On a justement introduit l'épisode en parlant de la médecine de l'homme. Est-ce que tu peux nous dire, nous raconter ce qui a fait cette bascule ? Alors bien sûr, je sais que en général, dans les parcours de vie, il y a des choses qui sont progressives. C'est pas Une rupture, en plus on en a parlé en off, il n'y a pas eu un avant, un après, il y a eu quelque chose de continuel en fait dans ton parcours, mais est-ce que tu pourrais peut-être nous évoquer ce qui a fait que tu as changé de posture dans ta posture de médecin ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a des événements qui m'ont mis devant que c'était l'heure, c'était l'heure de ne passer à autre chose, mais comme si ça avait toujours existé au préalable. et qu'il a fallu passer différentes étapes pour que je sois prêt pour le rendez-vous. La première étape, je dirais, alors que je ne m'en rendais pas compte, c'est que j'étais encore en fac, j'étais en deuxième année de médecine, et je venais d'assister à un cours de psychologie médicale, et je suis sorti atterré en disant, mais c'est ça qu'on va nous apprendre sur la nature humaine, sur l'intériorité humaine, même si je n'en voyais pas ces mots à l'époque, parce que peut-être que je ne les avais pas. Toujours est-il, je dis, mais on nous apprend la physiologie, l'anatomie, mais l'être humain, qu'est-ce qu'on nous apprend dessus ? Et j'ai rajouté une chose, il faudrait quand même qu'on ait un enseignement qui nous parle de ce qu'est l'être humain dans son essence même. Et puis j'ai rajouté une phrase, mais je ne savais pas ce que je disais à l'époque. Et puis il faudrait que quand on se destine à soigner les autres, il faudrait faire un minimum de travail sur soi. Et je ne savais pas ce que je disais, j'avais 20 ans. C'est bien après que j'ai dit, ah ouais d'accord, j'ai dit ça à l'époque, mais je ne mesurais pas tout. Le deuxième rendez-vous, en fait, qui a été un point de bascule, ça a été un an après ma première installation. Je m'étais installé en Savoie, médecin de campagne, j'ai adoré ça d'ailleurs, aller chez les gens, j'aimais beaucoup, j'avais fait ça aussi en remplacement. Et j'étais face à des êtres qui avaient des maladies compliquées, chroniques, etc., et qui étaient des êtres en souffrance. Aussi bien j'avais appris à soigner des maladies, aussi bien je me sentais complètement démuni face à cette souffrance humaine. Je ne savais pas comment m'y prendre. J'ai failli arrêter. Je me souviens un soir où je suis rentré chez moi. J'ai dit « je ne peux pas continuer comme ça, je ne peux pas continuer comme ça, j'arrête » . Et en fait, j'ai passé une nuit blanche là-dessus et au petit matin, j'avais décidé que j'allais me former à l'homéopathie parce qu'il me semblait que c'était une médecine humide. qui prenait en compte l'être humain de façon beaucoup plus globale. Et j'allais créer un groupe Balint pour qu'on ait un espace de réflexion entre soignants et entre médecins en particulier, avec un psychanalyste, c'est-à-dire qu'on se mette face à nos questions, nos souffrances de soignants, et qu'on essaie de trouver des solutions, voir ce qui se jouait en nous là-dedans. C'est un début de travail intérieur, je dirais. Et puis, en même temps... Pour rester en lien avec l'évolution de la médecine moderne, j'ai créé un groupe de formation post-universitaire qui n'existait pas dans la ville où j'étais. Ces trois actes ont été importants, en fait. Ils ont été fondateurs d'une suite. Après, ça a suivi son chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, petit à petit, là, on progresse dans le temps, enfin, dans notre chronologie. Il y a un moment où tu vas fonder la médecine des actes. qui s'appelait comme ça auparavant, qui aujourd'hui s'appelle donc « La médecine de l'homme » . Raconte-nous cette histoire.

  • Speaker #1

    La médecine des actes, en fait, c'est une première étape sur une médecine dont je rêvais déjà sur les bancs de la faculté, si je reprends le début. Et que j'espérais aussi ce fameux soir où j'ai dit « j'arrête, j'arrête, parce que je veux autre chose » . Et en fait, cette autre chose est arrivée... en 1994 alors que j'avais pris un recul de six mois j'avais confié mon cabinet à une remplaçante et j'avais dit je pars six mois et au bout de ces six mois je saurai ce que j'ai à faire sur terre et il m'est tombé dessus Fond de cette médecine des actes il faut voir qu'au préalable j'avais eu cinq ans après le groupe Balim qui a été un début J'avais démarré une psychanalyse junguienne qui a duré cinq ans et j'ai démarré un chemin spirituel dans la filiation de Guita Malache, Dialogue avec l'Ange, dans une voie fondée par un homme qui s'appelle Bernard Monton et qui m'a permis effectivement ce cheminement intérieur et de progressivement comprendre comment j'allais construire cette médecine. en intégrant les données de l'enseignement dans lequel j'étais. C'est-à-dire dans une vision de la nature humaine qui me manquait au départ, mais par l'expérience intérieure. Il y avait en même temps, je dirais, une expérience d'études de la nature humaine, mais une expérience de vécu intérieur, et la conjonction des deux, plus ce temps de recul, et de fortification de cette fameuse fonction conscience de dialogue. conscient intérieur m'a fait fonder cette médecine des actes. Où il m'a fallu, après que ça me tombe dessus en disant j'ai ça à fonder, il m'a fallu quelques années pour la construire et commencer à l'enseigner en 2000. Et je l'ai enseigné pendant presque une vingtaine d'années. Avant que ça devienne la médecine de l'homme, c'est-à-dire qu'il fallait passer à autre chose.

  • Speaker #0

    Ton premier livre, « Quand la maladie nous enseigne » , il aborde la médecine des actes ?

  • Speaker #1

    Il est, la médecine des actes, en fait, il est. C'est quelque chose qui m'est apparu qu'il était nécessaire que cette médecine arrive dans l'espace public de façon beaucoup plus large et que j'avais à écrire. Ça m'a pris du temps. Ça m'a pris du temps. C'est arrivé dans un autre temps de recul que j'avais pris. J'étais parti pendant un mois, où j'étais insatisfait de la façon dont démarrait l'enseignement de cette médecine des actes. J'ai dit, je pars un mois, dans un mois j'aurai les réponses. Et donc il y avait ce livre à écrire et à approfondir cet enseignement, à le structurer beaucoup plus. pour les générations futures. Et donc ce livre, je l'ai écrit, il m'a pris trois ans d'écriture.

  • Speaker #0

    Il est sorti en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est sorti fin 2007.

  • Speaker #0

    On peut toujours le trouver.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a fait que tu as basculé de la médecine des actes à la médecine de l'homme ?

  • Speaker #1

    L'évolution des choses, de la vision des choses, c'est-à-dire que je crois qu'on ne s'engage pas dans la fondation d'un tel sujet, je dirais, sans perdre de vue une chose, c'est que s'il n'y a pas un renouvellement régulier, c'est quelque chose qui va mourir. C'est le principe de l'évolution en fait. C'est valable pour l'évolution de tout être humain. Tout ce qui ne croit pas souffre et meurt.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est le principe même de la vie en fait.

  • Speaker #1

    C'est le principe de la vie. Et le principe de la vie humaine. Aujourd'hui, l'être humain n'est pas un être fini, il est un être en cours d'évolution et il a quelque chose à accomplir sur Terre et son évolution est liée à cet accomplissement et l'accomplissement est lié à cette évolution intérieure qui s'appelle la conscience. Donc il y a quelque chose qui progressivement, parce que mon chemin intérieur a continué pendant toutes ces années. C'était mon chemin spirituel dans lequel j'étais engagé. Et en fait, cette évolution intérieure qui m'a conduit à affiner cette médecine des actes. Et puis un beau jour, il y a quelque chose qui a eu besoin d'indépendance. Et comme ça s'est fait avec des difficultés avec le fondateur de la voie spirituelle dans laquelle j'étais, il a fallu que j'en sorte pour qu'il y ait quelque chose qui souffre. pour qu'un envol se fasse. Il y a eu tout un temps, effectivement, de restructuration, de requestionnement, en disant que la médecine des actes a des limites, elle a une dimension psychothérapique certaine ou d'inspiration psychothérapique certaine, mais il manque une dimension évolutive en particulier et une dimension spirituelle. C'est ce qui arrive maintenant.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que quand je t'entends parler, j'ai presque l'impression que... la médecine des actes, c'était l'enfant, peut-être même l'adolescent. Et puis, tu sais, à un moment donné, quand on est ado, justement, l'adolescent, c'est ce passage de vie où l'adulte va s'éveiller et être vraiment qui il est. Et c'est comme si la médecine de l'homme, aujourd'hui, c'était l'adulte abouti, mature. Enfin, voilà, en tout cas, c'est un peu la vision que j'ai quand je t'entends parler.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça, en fait. C'est en fait la médecine des actes. dans la mesure où c'était dans le cadre d'un enseignement dans lequel j'étais, c'était une application, d'une certaine façon, une traduction de l'enseignement dans lequel j'étais, dans la médecine. Et il a fallu pour que ça s'ouvre beaucoup plus, qu'il y ait quelque chose qui devienne possible en disant « Ok, ça c'est bien, mais ça va plus loin que ça. » Et ce qui m'a beaucoup inspiré aussi, c'est la réconciliation avec mes racines. spirituelle profonde qui sont les racines de la chrétienté.

  • Speaker #0

    Oui, merci de déposer ça là. À quoi ça ressemble une consultation quand on est un médecin et qu'on a fondé la médecine des actes, puis la médecine de l'homme ? Est-ce que c'est des consultations ordinaires ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Pas du tout. En fait, c'est des consultations qui peuvent avoir l'apparence de consultations ordinaires. Là, on est dans un canapé qui était dans mon cabinet. Ok. Là, il y a un fauteuil dans lequel je m'asseyais. Les gens, ils se mettaient sur le canapé et on se parlait. Il y avait cette table et on se parlait comme ça. Déjà. Oui,

  • Speaker #0

    déjà, ça change.

  • Speaker #1

    Ça change la donne, oui.

  • Speaker #0

    Normalement, il y a… Enfin, normalement, en tout cas, traditionnellement, on va dire que c'est comme ça. Il y a le bureau, le médecin et puis les patients qui sont de l'autre côté du bureau.

  • Speaker #1

    Sauf que mon bureau n'a jamais été un bureau médical. C'était à l'origine, c'est la table qui est derrière. C'était une table qui était destinée à mettre dans une cuisine. Et donc, je n'avais rien dessus.

  • Speaker #0

    C'était le lien avec le restaurateur ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était dépouillé. Et donc, il y avait quelque chose. Et puis, il y avait autre chose qui est extrêmement importante pour moi, c'était le cadre. J'ai toujours été sensible au cadre. Je viens de lire un bouquin de Martin Winclair qui parle du remplacement qu'il a fait dans des cadres épouvantables. Et il dit, mais comment peut-on… accueillir des gens dans un truc aussi moche, aussi dégueulasse. Et donc pour moi ça a toujours été un souci, un peu comme dans ma maison. Donc il y avait ce cadre qui était important, la déco, la façon d'accueillir. Vous ne rentrez pas dans un cabinet médical avec la blouse blanche, avec le clinique, le machin, c'est on va se parler, on va essayer de se parler, essayer de voir ensemble qu'est-ce qui se joue. Alors il y avait toujours la démarche médicale première, c'est-à-dire que tout ce qu'on m'a appris à la faculté, C'était le grand thème « signes, diagnostics, traitements » . Il fallait poser un diagnostic de maladie pour savoir quel traitement adapté il fallait proposer face à cette maladie. Et ensuite, j'ai dit « maintenant qu'on a posé ça, on va essayer de comprendre qu'est-ce qui se joue derrière tout ça. Qu'est-ce qu'elle raconte cette maladie ? Quel est le récit de cette personne à un moment donné ? » de son existence. Et qu'est-ce qui se joue, et quels vont être les actes qui vont en fait faire exister un chemin de guérison en profondeur. La guérison, c'est pour ça que mon livre s'appelle « Quand la maladie nous enseigne » . La guérison, c'est quand on a tiré un enseignement de la maladie. Ce n'est pas quand il n'y a plus de symptômes. Et que de cet enseignement... on en a déduit des actes concrets pour notre existence. Ça va jusque-là. De la même façon qu'on prend des médicaments, on met en pratique des actes.

  • Speaker #0

    Donc, un bureau accueillant, chaleureux, un canapé ocre, un fauteuil ocre, une table en bois, de la clinique, un diagnostic. Des traitements, donc avec des ordonnances, j'imagine.

  • Speaker #1

    Deux ordonnances.

  • Speaker #0

    Deux ordonnances.

  • Speaker #1

    Une ordonnance avec les médicaments, une ordonnance avec les actes.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc tu en faisais deux. Ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu marquais, par exemple, sur l'ordonnance avec les actes ?

  • Speaker #1

    Selon les circonstances, je conseille de pratiquer tel acte ou telle chose une fois par jour.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un exemple concret à nous donner ?

  • Speaker #1

    Une anecdote assez intéressante parce que ça a été bouleversant en fait dans ce que ça a produit. C'était un samedi matin, j'avais fait une erreur, je sortais d'un stage qui avait été extrêmement dense et j'avais quand même prévu de faire une consultation le samedi matin. J'étais rentré chez moi le vendredi soir et j'étais fatigué. Et le samedi matin, je débarque une consultation, première consultation, deuxième, troisième, arrive la dernière vers midi, et j'ai un coup de barre. Donc j'écoute cette personne qui se plaint, qui se plaint, c'était une femme d'une quarantaine d'années par là, qui se plaignait de « je suis malheureuse, ceci, mon mari, etc. » et dans une espèce de litanie, etc. Et moi, j'étais fatigué et je commence à piquer du nez. Et à un moment donné, elle me dit « Docteur, vous dormez ? » Et je dis « Non, non, je vous écoute profondément. » Et heureusement que je venais de sortir d'un stage où on avait une pratique intérieure, justement pour voir ce qui se jouait. Et j'étais devant un épisode de mon histoire où ma mère était esplaignée sans arrêt, où elle s'est fait pisser par me saouler. Et en voyant ça, j'ai dit, mon Dieu, comme c'est mon histoire qui se répète. Et immédiatement, il y a quelque chose qui m'apparaît, et ça a été l'acte en fait, qui a tout fait basculer. Je dis à cette femme, mais ça vous fait souvent ce sentiment que quand vous parlez aux gens, ça les endort, ça les saoule, etc. C'est le drame de ma vie, etc.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et je lui dis, bon, alors on va faire une chose. Vous allez mettre en pratique une chose, c'est désormais... Quand vous rencontrez des gens, parce que vous avez tellement besoin d'exister à leurs yeux, quand vous rencontrez des gens, vous allez faire une chose. Plutôt que de vous plaindre de tout ce qui ne va pas, vous leur faites des compliments.

  • Speaker #0

    On va changer la donne. Plutôt que de mettre du côté, vous faites, ah mon Dieu, comme tu es bien coiffé. Elle dit, bon d'accord, je vais essayer. Je la revois trois semaines après. Je lui dis, alors, j'ai fait comme vous m'avez dit, tous les jours. Je lui dis, alors, qu'est-ce que je me sens mieux ? Et après, j'ai continué à l'accompagner jusqu'à ce que je quitte la Savoie, d'ailleurs, pendant trois ans. Elle venait me voir d'abord une fois par mois, puis ça s'est espacé. Et pendant plusieurs années, elle m'envoyait un mot régulièrement en disant « Vous ne pouvez pas imaginer comme ça a changé ma vie, tout mon conseil. » Chemin de guérison. Voilà. Il y en a eu plein comme ça.

  • Speaker #1

    Donc, un cadre chaleureux, une clinique qui est toujours là. d'une ordonnance traditionnelle et puis en plus de ça cette écoute en fait c'est ça que tu es en train de me dire, de nous dire c'est que tu t'es mis sur un autre niveau d'écoute, ça te va si je te dis ça comme ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait derrière j'ai derrière les mots qui se disaient j'essayais de sentir les mots M A U X qui étaient en train de s'exprimer C'est un journaliste qui m'avait dit ça, qui m'avait invité dans son émission, Philippe Lefebvre, un être magnifique aussi. C'était le mot de minuit, et à un moment donné, il y a quelqu'un, on était quatre invités, c'était une psychanalyste, qui dit je ne sais plus quelle phrase, et à un moment donné je lui dis ça, elle me regarde et me dit ah ben alors vous, vous entendez des choses que pas tout le monde entend. Et Philippe Lefebvre a dit, ah, mais il a des oreilles, le garçon. Je me suis trouvé ça. Je dis, ah ouais, d'accord. Je dis, c'est vrai, c'est une autre façon d'avoir des oreilles.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et du coup, quand je t'écoute, en tout cas, moi, c'est ce que je ressens, c'est que là, je me dis, oui, forcément, tes patients, ils ont eu un avantage, en fait, à te consulter, puisqu'il y avait ce niveau d'écoute plus profond. on sent qu'il y avait aussi pour leur existence quelque chose qui pouvait changer. Est-ce qu'il y a eu déjà des retours ? Est-ce que tu as des personnes qui sont venues te revoir en disant « Oh là là, je ne sais pas, vous avez changé ma vie, il s'est passé quelque chose ? »

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Mais je crois que le plus important, il n'est pas là. Le plus important, c'est qu'est-ce qui a produit ça ? Et en fait, c'est en t'écoutant, en disant, mais finalement, qu'est-ce qui a produit ça ? Si ce n'est le fait qu'il y a quelque chose qui, progressivement, s'est mis à l'écoute de ce qui se passait à l'intérieur de ce bonhomme. Qu'est-ce qui se passe en moi ? Quelles sont mes souffrances ? C'est un petit peu ce que j'ai dit avec cette personne avec qui je me suis endormi. La première chose, c'est, mais qu'est-ce qui se passe ? Et être à l'écoute de, ah ben c'est un ancien petit garçon. C'était un jeune homme, jeune adolescent qui au début de mes études, ma mère venait, moi j'ai ci, moi j'ai ça, toi tu vas être médecin. À un moment donné, j'avais envie de dire, mais écoute, ça suffit. J'étais avec ça, je me sentais tellement démuni face à la souffrance de cette maman que j'avais envie de me partir en courant. Et ça, ça a toujours été là. Et en fait, le moteur premier qui m'a fait m'asseoir dans un fauteuil un soir, au début de mon installation, c'est que j'avais le sentiment d'être démuni face à cette souffrance humaine. Comme j'ai appris à l'écouter au-dedans, j'ai appris à l'écouter au-dehors. C'est dans ce sens-là que ça marche.

  • Speaker #1

    Et là, j'ai envie de te poser cette question. Qu'est-ce que tu as gagné, toi, dans ta vie, à avoir cette nouvelle posture, cette posture plus profonde d'écoute ? Qu'est-ce que ça t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Un sentiment de justesse, des moments de réjouissance, pas de joie, mais vraiment de réjouissance, le sentiment d'avoir touché du doigt une autre façon d'être. Le sentiment d'une utilité bien au-delà de la simple prescription de médicaments, c'est « j'ai servi une vie » .

  • Speaker #1

    C'est comme ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'a apporté ? C'est difficile de répondre à cette question, parce que c'est... On pourrait dire que du bonheur. Non, pas que du bonheur, parce qu'il y a eu des moments où il a fallu se remettre en question. Ce n'est pas linéaire en fait, ce n'est pas « ah oui, c'est que du bonheur » . Oui,

  • Speaker #1

    ou ce n'est pas un sommet que tu atteins et puis tu restes au sommet. Non, non,

  • Speaker #0

    non, non. C'est on commence, et puis là… Ça va ressembler plus au fond de la bourse. C'est ça, un peu.

  • Speaker #1

    À la vie, finalement, parce que la vie, elle n'est pas comme ça, quoi. La vie, elle va faire des vagues,

  • Speaker #0

    en fait. Non, c'est une ascension progressive.

  • Speaker #1

    Oui, avec des vagues, en fait. Il y a une ascension, mais avec des creux, des pics.

  • Speaker #0

    Oui, oui, tout à fait. Il y a des moments d'accalmie, il y a des moments de renaissance, il y a des moments où il faut affronter toujours les démons intérieurs, Gérard. On n'en finit pas de ça. Je ne crois pas qu'il y ait un moment où on dit ça y est, je suis arrivé au bout. À l'heure de la mort, on est devant cette question.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai accompli ce que j'avais accompli ? La mesure, on l'a au moment de la mort.

  • Speaker #1

    Tu vois, quand je t'entends parler, j'entends ce médecin, pas comme les autres. Et puis peut-être pour rappeler aux auditeurs, auditrices qui ne sont peut-être pas dans le milieu soignant. Quand on a une pratique, un métier de soignant, on exerce dans un cadre réglementé, réglementé par des structures, notamment qu'on appelle des ordres. Toi, comment tu as géré ton rapport avec l'ordre des médecins et face à cette nouvelle pratique de ta médecine, en fait ?

  • Speaker #0

    Il y a eu deux grands temps. Un premier temps de rébellion. où je ne me suis pas fait que des copains parmi mes confrères, où j'étais trop donneur de leçons en disant, moi j'ai découvert un truc, vous vous faites du n'importe quoi. Au gros c'était ça. C'était au début, même avant que je démarre un chemin, c'était au début de mes études d'homéopathie, quand j'ai commencé à exercer l'homéopathie, j'étais dans des réunions de médecins. généraliste dans la ville où j'étais et de temps en temps je dis ah ouais c'est ça que vous appelez ferme d'amitié on n'a pas la même conception donc je ne me suis pas fait des amis voilà et j'étais pas forcément bien vu aussi au niveau du conseil de l'ordre parce qu'il y avait quand même beaucoup de choses qui se passaient le confrère qui disait mais voilà il y a eu des jalousies Et en particulier quand j'ai commencé un chemin où on est venu me chercher les poux dans la tête. Parce qu'il y avait quelque chose qui se développait et que ça attirait les jalousies. Ça c'était en Savoie. Il a fallu même de temps en temps que je tape sur la table et que j'aille voir des confrères en disant encore une fois « et puis ça va mal se terminer cette affaire » . Et quand j'ai décidé de déménager, c'était des circonstances très particulières. En fait, quand j'ai quitté la Savoie pour venir à Chartres, c'est un vieux médecin retraité qui venait de prendre sa retraite, qui m'a invité chez lui pour parler de cette médecine des actes, parce qu'il avait reçu, comment on appelait ça, les minutes d'un congrès dans lequel... J'étais intervenu à un congrès de pédiatrie où j'avais présenté le cas d'une gamine que j'avais accompagnée pendant des années, qui avait été greffée du foie et qui aujourd'hui, d'ailleurs, va extrêmement bien, qui était dans un état déplorable. Aujourd'hui, elle a réalisé son rêve. Il faudrait faire tout un podcast sur Coralie. Elle est actrice. son rêve s'est réalisé quand elle a monté les marches de Cannes il y a quelques années. J'ai accompagné, elle était gamine, elle rêvait d'être actrice. C'est un petit peu comme ma prof de maths, j'ai cru à son rêve, j'ai dit allez on y va. J'ai embarqué les parents là-dedans et ça a fini par se faire.

  • Speaker #1

    Là tu as dit action, ce n'était pas lève-toi et marche, c'était routeur.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc j'avais présenté ça à un congrès de pédiatrie, et ça avait été magnifiquement un congrès d'homéopathie, de pédiatre-homéopathe, parce qu'un ami pédiatre-homéopathe, qui était à la même école d'homéopathe que moi, m'avait invité. Et donc ce vieux médecin avait entendu parler de ça, avait lu le compte-rendu, et m'a appelé, il m'a dit « ce que vous faites, j'en ai toujours rêvé, vous ne voulez pas venir à Chartres faire une conférence ou deux ? » Je lui ai dit « ok, d'accord » . Et à la fin d'une première soirée chez lui, où il y avait des tas de gens de sa génération, il me dit « tu sais qui c'est qu'il y avait là ? » Je dis, les amis à toi, les confrères, lui c'était président du conseil de l'ordre, lui le vice-président, lui le trésorier, lui le vice-trésorier, lui secrétaire, lui ça, lui ça.

  • Speaker #1

    Tu avais de l'ordre entier.

  • Speaker #0

    J'avais un boité du conseil de l'ordre de l'époque. Et ils m'ont tous dit, c'est magnifique ce que vous faites, c'est magnifique ce que vous faites. Et ça a été un choc parce que je dis, le conseil de l'ordre ça peut être ça aussi. Mes relations avec le conseil de l'ordre ça peut être ça.

  • Speaker #1

    C'est beau parce que du coup ça permet de faire la paix.

  • Speaker #0

    Complètement, mais c'est ce qui s'est passé d'ailleurs. Quand je me suis installé à la fin de mon séjour, donc Étienne, il s'appelait Étienne, me dit c'est dommage que tu sois si là, sinon je te donnerais toute ma clientèle puisque je prends ma retraite là. Et c'était une époque où je me disais, il faut que je quitte la Savoie pour me poser ailleurs et c'est la petite déclique. C'était un appel à nouveau. Et je lui dis, ben voilà. Et c'était en février 2000. Et en août 2000, j'ai emménagé à Chartres. Et j'ouvrais un nouveau cabinet en septembre. Et le vice-président du Conseil de l'Ordre est venu me voir. Quand j'ai ouvert mon nouveau cabinet, il m'a dit, il faudrait que vous veniez, que vous soyez conseiller ordinal. On a besoin de gens comme vous. Avec ce que vous faites. C'est génial. Après, il m'a dit « Mais pourquoi ils vous ont embêté en Savoie ? Ils auraient dû applaudir. » Je lui ai dit « Vous savez, je ne suis pas toujours été habile. » Et donc, j'ai fini par devenir conseiller ordinal. Grande réconciliation. Mais oui ! Bon, ceci dit, je n'ai pas fait bouger le système.

  • Speaker #1

    Tu y es resté combien de temps ?

  • Speaker #0

    Conseiller ordinal ? Oh, 4-5 ans. Après, j'ai arrêté mon cabinet et je suis parti.

  • Speaker #1

    Là, tu es en train de nous dresser un tableau d'un parcours qui est évolutif, qui te correspond de plus en plus. On sent qu'il y a quelque chose qui… Ça y est, comme si tu rentrais vraiment dans ce que tu étais vraiment. Mais il y a quand même un moment où tu nous as dit « j'ai failli arrêter » . J'ai failli renoncer. Ça, c'était quand ? C'était au début ?

  • Speaker #0

    Dans cette fameuse soirée où je me suis retrouvé totalement démuni face à la souffrance de ces êtres, à la souffrance intérieure, je ne sais pas faire. J'ai soigné des maladies, mais accompagner ces êtres jusqu'au sens de leur maladie, pour les aider à mieux vivre, je ne sais pas faire.

  • Speaker #1

    Et ça, c'était au début de ta carrière ? Ou c'est même arrivé une fois que la médecine des actes ? Non, non, non, c'était qu'il y en avait avant.

  • Speaker #0

    En fait, ça a été le moteur, en fait. C'est ce qui a été le moteur qui m'a mis en route. Maintenant, il faut que je trouve des solutions, l'homéopathie, le bad lean, etc. Après la psychanalyse, Jungienne pendant quelques années, et puis le chemin spirituel accompagné par Bernard Monteau, et dans la lignée des dialogues avec l'ange. Et après, dans cette voie spirituelle, j'y étais de plus en plus engagé. Je suis resté 30 ans quand même. J'ai été enseignant spirituel, j'étais président de cette association. Donc, ce n'était pas juste du tourisme spirituel, c'était un vrai engagement. Et qui m'a permis de fonder cette médecine ?

  • Speaker #1

    Je te remercie d'aborder justement la spiritualité, parce que c'était la question qu'allait suivre. Est-ce que pour toi, la spiritualité, elle doit ou elle devrait prendre une place dans le parcours de santé ou dans le parcours de guérison des personnes ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut voir ça autrement, de façon plus élevée. Pas simplement dans un parcours de guérison. Il faudrait être beaucoup plus à l'écoute de ce qu'on appelle les médecines. Moi, j'appelle les médecines traditionnelles. La médecine traditionnelle, ce n'est pas la médecine officielle. Les médecines traditionnelles, ce sont des médecines qui sont inspirées par des traditions. La médecine ayurvédique, la médecine chinoise, la médecine amérindienne, mais il y en a beaucoup d'autres. Elles sont inspirées par des traditions spirituelles. Et c'est ces traditions spirituelles qui vont donner, je dirais, une certaine définition de l'homme et de sa place dans l'univers et de sa place sur Terre. Toute spiritualité a des mouches sur ces questions-là, et il va bien falloir un. Et elle pose la question de l'homme sain et de l'homme malade, après sain, s-a-i-n, et sain, s-a-i-n-t. C'est toutes ces questions de l'homme, de la place de l'homme. Et aujourd'hui, c'est crucial ces questions-là. À un moment où l'homme est devenu un cancer pour la planète, c'est-à-dire qu'on est en train de ramager la planète, il va quand même falloir se poser la question, est-ce que cet être est encore en bonne santé ? Non, il est profondément malade. Pourquoi ? Parce qu'il a perdu ses racines. Il est déraciné. Or, si on ne renoue pas avec des racines spirituelles, les miennes, c'est les racines chrétiennes. Et ce n'est pas les racines de l'Église et tout ça, c'est vraiment la spiritualité chrétienne qui est au centre de ma vie. Et c'est ça qui m'inspire, et c'est ça qui me fait repenser la médecine depuis cette spiritualité profonde.

  • Speaker #1

    Je trouve ton témoignage et tes propos importants et inspirants, parce que quand je t'écoute, forcément, ça fait écho à mon parcours. et au parcours certainement de plein d'autres personnes où nous français occidentaux on est sûrement déraciné et on va chercher d'autres médecines enfin quand je dis nous je parle vraiment des soignants ici on je vais peut-être parler en jeu plutôt que de dire du on mais voilà je moi j'ai choisi ce parcours de soignante d'infirmière et puis finalement j'ai été déçu Et qu'est-ce que j'ai fait ? Eh bien, je suis allée chercher une autre médecine, à savoir la médecine chinoise. Et c'est vrai que j'ai des amis, eux, ils vont chercher la médecine ayurvédique, d'autres vont chercher la médecine armérindienne. Mais nous, alors, ici, là, en France, qu'est-ce qu'on pourrait aller chercher comme tradition spirituelle ?

  • Speaker #0

    La tradition chrétienne.

  • Speaker #1

    Existe-t-il une médecine qui intègre la spiritualité chrétienne ?

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Tu crois qu'il n'y a jamais eu de médecine ? Si,

  • Speaker #0

    je crois que dans certains courants, En particulier, c'est quelque chose qui, du fait de l'esprit scientifique du cartésianisme occidental, parce que c'est tout l'Occident qui est touché par ça, et particulièrement la France, il y a des choses qui ont été étouffées de plus en plus, et la façon dont est traitée l'homéopathie en témoigne. Dans l'homéopathie, il y a un fond spirituel, mais qui est un fond... qui est beaucoup plus en lien avec la tradition alchimique. Et là, il faudrait reprendre effectivement ce qu'a apporté la tradition alchimique. La tradition alchimique, d'ailleurs, elle est aussi à l'origine des cathédrales. Il ne faut pas se leurrer tout ce compagnonnage. Il y avait une tradition chrétienne qui a existé, qui n'est pas la tradition de l'Église, qui est la tradition spirituelle. Et ce n'est pas du tout la même chose. Il ne faut pas confondre le dogmatisme, ou du moins le cadre religieux qui est une chose, et la dimension spirituelle. C'est-à-dire qu'il faut revenir à l'enseignement et le comprendre en profondeur. C'est revenir à la dimension spirituelle du christianisme, du message du Christ. Mais bien avant, ça a commencé avec la tradition hébraïque. Il y a une spiritualité là aussi. Il va falloir arrêter de regarder que les religions et les guerres de religion, il faut regarder le spirituel, là-dedans. Et c'est ce que j'essaye de faire avec un groupe de personnes dans cet accueil élu, et dont on va parler bientôt d'ailleurs dans un forum qui va avoir lieu la semaine prochaine, sur le forum des médecines de l'âme, où on va parler que de comment la tradition peut inspirer la médecine, notre tradition. occidentales maintiennent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Pour aussi retrouver nos racines.

  • Speaker #0

    Pour retrouver les racines fondamentales. Et d'une certaine façon, je dirais que moi, mes racines, ce sont des racines de filiation avec l'enseignement dans lequel j'ai été 30 ans, qui est traduit dans un livre qui est hyper diffusé, et qui a été diffusé et transcrit par Guita Malache, c'est Dialogue avec l'Ange, cet enseignement-là. Il est ancré au fond de moi et ce n'est pas simplement une lecture, c'est un vécu. Dialogue avec l'ange, c'est mon quotidien. Et d'un autre côté, c'est inspiré aussi, et c'est des racines encore plus profondes, c'est la tradition chrétienne qui est ancrée en moi depuis bien avant, peut-être même bien avant cette existence.

  • Speaker #1

    Et puis, qu'on le veuille ou non, qu'on se sente proche ou non de cette spiritualité ou de cette tradition, on est baigné dedans de toute façon.

  • Speaker #0

    D'une certaine façon.

  • Speaker #1

    Notre inconscient collectif, en tout cas, on va dire dans la francophonie, on baigne là-dedans.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord, si ce n'est qu'on baigne d'une certaine façon, et aujourd'hui, avec tellement de souffrance, je dirais d'un catéchisme, je vais le dire comme ça, mal intégré, mal compris, mal vécu, qui fait qu'il faudrait presque... qu'il y ait une éducation spirituelle profonde, ou une rééducation spirituelle profonde, pour qu'on ait un espace de réconciliation avec ce qu'est la spiritualité chrétienne. Parce que ce n'est absolument pas la morale dont on a entendu parler, et qu'on nous a inculqué. Moi, j'ai eu la chance de ne pas passer par là, de passer par des émerveillements, heureusement. Ça ne m'a pas empêché à un moment donné. de rejeter toute spiritualité avant de me réconcilier avec ?

  • Speaker #1

    Tu parles de réconciliation et ça m'amène à une question et à tendre vers la fin de cet épisode. Alors, on en a parlé en off. Toi, moi, on a eu l'expérience d'une maladie. On a expérimenté le corps souffrant. On a expérimenté les organes malades. Toi, tu vis aujourd'hui avec une pathologie cardiaque. Est-ce que tu peux me dire, nous dire comment cette pathologie, ce parcours avec cette maladie et puis ce processus de soins que tu as connu a modifié ou interagi avec ta posture de soignant et ton rapport à la santé et à la spiritualité, bien évidemment ? On l'inclut dedans.

  • Speaker #0

    Je dirais que la première étape, c'est… Fin 2007, c'était au moment de la sortie de mon livre où je fais une conférence à la faculté de médecine de Caen et où j'arrive déjà fatigué, plus ou moins grippouillé, pas bien quoi. Et je fais ma conférence qui se déroule très bien et je sors et d'un seul coup je m'effondre. Heureusement quelqu'un m'avait accompagné. Il me met dans la voiture, il me ramène chez moi. Et en fait, je fais une bronchie carabinée, je reste dans un fauteuil pendant trois jours sans en sortir, avec un sentiment que je ne vais pas en sortir, qu'un de ces quatre matins, je vais mourir comme ça. Sentiment très profond. Et en fait, ce qui s'est passé, c'était une décompensation d'un rétrécissement aortique. que je connaissais, puisque j'étais suivi pour ça depuis quelques années, et qui va me faire vivre une expérience difficile, j'irais, et qu'il a fallu que je transforme, c'est une expérience de vieillesse. C'est-à-dire, j'étais tellement mal en point cardiaquement que je ne pouvais pas faire 10 mètres sans être essoufflé. J'étais un petit vieux, quoi.

  • Speaker #1

    À quel âge ?

  • Speaker #0

    À 5. 56 ans. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, compliqué, quoi. Compliqué. Et donc, pendant neuf mois, je vais vivre comme ça jusqu'à ce que le cardio dise, bon, maintenant, il faut opérer, il ne faut plus attendre. Ils ont attendu à la dernière limite. Et en septembre 2008, je suis opéré avec une expérience particulière, puisqu'on met le cœur à l'arrêt. on met les poumons à l'arrêt, c'est-à-dire que d'un seul coup, je rejoins un état de conscience, ou un plan de conscience, qui n'existe pas chez l'homme, qui n'existe pas chez l'animal, qui existe chez le végétal. Je suis nourri par l'extérieur, superfusé par l'extérieur, et ventilé par l'extérieur. C'est quand même très particulier comme expérience. Et puis, je me pose quand même la question sur... Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de rétrécissement arctique ? Et la réponse, elle me vient à force de questionner, c'est qu'un homme au cœur serré, il va falloir le dire à thé. Ouvrir le cœur. Voilà, encore plus. Et ça va se produire, donc ça va produire des effets sur mon propre chemin en disant, il va falloir que là où je suis aujourd'hui, mon propre chemin, c'est-à-dire là où j'enseigne, il va falloir que ce soit beaucoup plus cardiaque et moins cérébral. Donc encore plus de Et afficher beaucoup plus et oser beaucoup plus l'affirmation de cette spiritualité profonde et de l'amour qui va avec. C'est une dimension d'amour qui doit s'affirmer plus et se développer plus, pour soi et pour les autres. Et puis dans mon cabinet, il se produit quand même quelque chose de particulier. C'est d'un seul coup, je ne suis plus en face des gens comme un médecin qui a lu des livres et qui a appris des trucs. On parle d'expérience à expérience. Et ça a changé tout. Ça a changé tout. Ça a changé des espaces de confidence, je dirais. Ça a été extrêmement fort. Après, il y a eu d'autres épisodes, parce qu'il y a eu d'autres événements en matière cardiaque, je dirais. Et le dernier épisode en date, c'est que j'ai été réopéré il y a trois ans maintenant, ou quatre ans, je ne sais plus très bien, parce qu'il y avait une dilatation aortique, où il fallait changer ce morceau d'aorte qui était dilaté, parce qu'il y avait un risque de dissection. Il y avait quelque chose de très particulier, c'est qu'au réveil, je savais qu'on avait fondé avec un ensemble de membres de mon académie un groupe de prière pour prier pour nos patients et les gens qu'on accompagnait. Et je sais que dans cette période où j'étais opéré, pendant l'opération, ils priaient pour moi. Et je l'ai tout à fait perçu quand je me suis réveillé. C'était étrange comme sentiment de ne pas être seul dans cette chambre, mais pas être seul parce qu'il y avait l'infirmière qui passait, ou le médecin, ou les différentes personnes. Pas être seul parce qu'il y avait les présences autour.

  • Speaker #1

    Tu parles d'une présence invisible.

  • Speaker #0

    Oui, mais pourtant tellement tangible. C'est une force. dont il faut tenir compte.

  • Speaker #1

    Quand je t'écoute, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'un soignant qui a vécu la maladie, la souffrance, il est forcément un soignant différent, un soignant qui n'a pas connu des preuves. Alors non pas qu'il va falloir s'infliger des maladies ou de la souffrance pour peut-être être un soignant différent, mais C'est vraiment ce que tu racontes, toi. Là, j'entends qu'il y a un médecin qui a été dans une écoute, dans une posture différente. Tu parlais d'expérience, c'était plus un patient, un médecin, mais c'était des expériences qui se parlaient.

  • Speaker #0

    Complètement. Mais je crois qu'en même temps, il y a eu ces événements, parce que ça appartient à un parcours. J'ai affondé quelque chose et qu'il fallait passer par là. Ce ne sont pas des punitions, ce sont des rendez-vous. Et ensuite, je crois qu'il y a quelque chose qu'il faudra accepter. Si on regarde aujourd'hui le monde de la santé, le monde de la santé va très mal. Il y a plus de 30% des soignants qui sont en burn-out, suicide, etc. Et ça va en s'aggravant. Et on a un ami commun qui est beaucoup engagé dans prendre soin des soignants. Et on en parlait récemment, je vais prendre soin des soignants. Ce n'est pas simplement pour que le soignant aille mieux pour être plus à l'écoute de ses patients. C'est une expérience à vivre. Et il n'y a pas besoin d'avoir forcément des épreuves de santé. Je crois que le simple fait d'être confronté à la souffrance des autres n'est pas du tout anodin. Et si on est honnête, ça ne nous laisse pas indemne. On a des douleurs de soignant, mais il va falloir accepter de s'asseoir en face plutôt que de se cacher derrière une blouse, derrière un « je sais et vous, vous savez rien » . Je dirais que cette espèce d'arrogance n'est qu'en fait une peur de s'affronter à ses propres limites et à ses propres fragilités.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #0

    Ça me parle forcément de ce que tu dis sur un autre sujet et puis d'autres problématiques. Mais c'est vrai que ces derniers temps, j'ai osé évoquer dans un groupe de soignants dans lequel on est ensemble certaines de mes épreuves et de mes vulnérabilités. Et comme tu dis, je me suis assise en face, j'ai accueilli. Et ça a tellement changé de choses dans mes accompagnements. Pour le coup, je ne reviendrai. jamais en arrière parce que c'est juste extraordinaire. Et tu vois, quand je t'entendais parler, tu parlais du sachant, en fait, en t'écoutant parler, j'ai vu cette posture qui change, c'est-à-dire qu'à un moment donné, le soignant sachant va descendre peut-être de son estrade et puis il va se mettre au niveau de son patient et puis finalement, c'est deux humains qui sont face à face. Avec alors peut-être un qui a une expérience et une... une... connaissance, on va dire peut-être théorique, en plus de son expérience personnelle de connaissance de soi. Puis en face, on a un patient qui lui a aussi un vécu qui est expert de ses symptômes, expert de sa vie. Ça va être deux individus face à face qui vont déjà se connecter. Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour revenir sur ce dont tu parlais de... de ta confidence en fait dans ce moment parce que effectivement j'y étais. Je crois qu'il y a les effets que ça a eu sur ta personne et ça c'est une chose, mais en même temps les effets que ça a eu sur ce groupe qui est loin d'être anodin sinon on ne serait pas assis ensemble. Les effets qu'il y a eu ça a contribué à établir ce que je vous avais dit très peu de jours après, ça a construit une fraternité et une sororité. Et ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien dans le monde dans lequel on vit. En fait, c'est des liens d'amour qui se tissent. Ils n'ont pas des liens affectifs, qui sont des liens d'amour essentiels. Donc, c'est extrêmement important. Eh bien oui, ça a produit une chose, c'est que tout le monde s'est levé en disant qu'on ne peut pas la laisser seule. Il y a tout ce mouvement qui s'est produit. Et peut-être bien que si on regarde avec un certain recul, il suffit de se remettre dans les dernières paroles du Christ avant qu'il quitte les apôtres, quand il leur a dit « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Mais il faut rentrer dans cette phrase. Qu'est-ce que ça veut dire ? « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Comment il les a aimés ? Et comment il nous a aimés ? Depuis où ?

  • Speaker #0

    On arrive doucement à la fin de notre épisode. J'ai presque envie de dire le mot de la fin, il est là, alors je n'ose pas, je me dis, est-ce que je fais une autre question ? Peut-être juste, allez, aux soignants ou aux futurs soignants qui nous écoutent, avec quoi tu as envie qu'ils repartent ou quels conseils tu voudrais leur donner pour une médecine ? pour intégrer, pour exercer une médecine plus humaine, une santé plus intégrale, plus intégrative.

  • Speaker #1

    On va faire un truc. C'est un, n'ayez pas peur de vos vulnérabilités, n'ayez pas peur de les afficher. Oui. Devenez des artistes des mots d'amour envers vous-même et envers les autres.

  • Speaker #0

    Magnifique. Eh bien écoute, on arrive à la fin. Merci pour tout. Merci pour tous ces mots, pour ta présence. Et est-ce que tu veux nous offrir un dernier mot ?

  • Speaker #1

    Le dernier mot, c'est merci. Dans des instants comme ça, il y a toujours au fond ce sentiment de gratitude. C'est cette gratitude envers la vie, l'ordre des choses. le divin, les rencontres que j'ai faites, pour être où je suis aujourd'hui, avoir le droit à tel moment et de telle rencontre. Merci Fanny.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Patrick.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris plein de choses. Dites-le-moi en commentaire. Vous pouvez aussi me laisser un avis ou vos idées pour les prochains épisodes. Je vous lirai et répondrai avec grande joie. Pour faire vivre le podcast « Je peux pas, j'ai l'une » , merci de vous y abonner et de le partager.

Description

EP 25 : interview avec Docteur Jean-Patrick Chauvin, le fondateur de la Médecine de l'Homme.


Vous découvrirez dans cet épisode comment et pourquoi le docteur Chauvin en est arrivé à fonder cette médecine.


Et quand je demande à Jean-Patrick : Pourquoi Médecine de l’Homme ?

Voici sa réponse : parce qu’il est nécessaire de prendre en considération la Nature Humaine dans toutes ses dimensions. Et partir du principe que l’Être Humain est le représentant d'un règne à part entière.

Le Règne Hominal.

Ce qui implique d’intégrer dans la pensée médicale et jusque dans son exercice toutes les dimensions de ce règne, à savoir la dimension Corps/Âme/Esprit, la dimension écosystémique (l'être hominal est un écosystème et est inscrit dans un écosystème) et la dimension évolutive ; le règne hominal n’est pas un règne fini, il est encours d’évolution et son enjeu d’évolution est la Conscience. 

Peut-être faudra-t-il alors considérer la Conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir dans sa plénitude.


Bon voyage à vous dans cette heure très inspirante.

Et il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter une belle introspection personnelle 😉


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A bientôt pour un nouvel épisode !

Fanny, reporter pour JPJL, le podcast de ACE Formation 🌙



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Fermez les yeux un instant et imaginez qu'une autre façon du « prendre soin » existe, que la prévention et l'holistique sont des évidences, que vos maux et vos maladies trouvent leur sens dans la biologie de votre histoire et que votre parcours de soin ressemble à un voyage vers le bonheur avec pour escale des prises de conscience salvatrices. Bienvenue dans « Je peux pas, j'ai l'une » . Le podcast dédié à la santé intégrative, animé par Fanny Frock, reporter multicasquette, de soignante passionnée à coach thérapeute engagée et même patiente proactive. Seule ou avec un ou une invitée, nous allons faire tomber les frontières entre les médecines conventionnelles et les thérapies complémentaires, créer des ponts entre elles et repartir avec des outils pour prendre soin de soi à mettre en application de suite après l'écoute du podcast. Loin du carewashing, ce podcast est une véritable pépite pour le vivant, à commencer par la santé de celles et ceux qui prennent soin des autres. Bonne écoute ! Et bienvenue dans l'épisode numéro 25 du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » dans lequel j'ai la grande, grande joie d'interviewer le docteur Jean-Patrick Chauvin avec qui nous allons parler. de la médecine de l'homme, une médecine qui l'accrérée, une médecine qui peut-être s'avère être une des réponses pour tendre vers une nouvelle sorte de médecine, de prise en charge de la santé et peut-être même pour sauver l'espèce humaine. Je ne vous en dis pas plus, bonne écoute. Bonjour Jean-Patrick.

  • Speaker #1

    Bonjour Fanny.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast et de passer ce temps ensemble à échanger. Alors Jean-Patrick, pour te présenter en trois mots, tu es un médecin pas comme les autres. Aujourd'hui retraité, tu as exercé comme médecin généraliste et homéopathe pendant 35 ans. Tu es l'auteur du livre « Quand la maladie nous enseigne » aux éditions Très Daniel et... tu es le fondateur d'une nouvelle approche en santé humaine qui a été d'abord appelée la médecine des actes pour devenir la médecine de l'homme, avec un grand H. Je précise. Tu as fondé une académie fin 2019 dédiée à l'enseignement de la médecine de l'homme. Tes diverses rencontres, avec des êtres en souffrance et des êtres inspirants, t'ont aussi permis de découvrir et de cheminer sur une voie spirituelle dont tu nous parleras également dans cet épisode. Pour terminer la présentation, peut-être un petit mot sur notre rencontre. Nous, on s'est rencontrés l'hiver 2024 dans le cadre d'un week-end entre soignants. On était médecins, infirmières, pharmaciens. Et c'est là que nous avons connecté. C'est donc avec une grande évidence que je t'ai proposé d'enregistrer un épisode de podcast pour œuvrer ensemble vers une diffusion d'une autre façon de soigner, une autre façon... vivre et d'incarner la santé. Jean-Patrick, c'est là que je te rends le micro. Est-ce que tu as envie d'ajouter quelque chose que j'aurais peut-être plus oublié pour te présenter avant que je te pose la suite des questions ?

  • Speaker #1

    La seule chose, c'est l'étiquette de retraité parce que je n'ai pas du tout le sentiment d'être retraité. Si je devais remettre une catégorie, c'est retraité actif et c'est peut-être plus actif que retraité. Ou agissant. Parce qu'il essaye d'agir pour fonder une autre façon d'envisager la médecine, le soin, le prendre au soin.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'est un nom administratif d'être retraité.

  • Speaker #1

    Oui, je touche une retraite, ça me met à l'abri du besoin, mais ça me permet d'avoir du temps libre pour faire tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, je t'accueille dans la saison 3. du podcast « Je peux pas, j'ai l'une » où je laisse la parole aux professionnels de santé intégrative pour qu'ils et elles témoignent sur leurs expériences, sur leur parcours, pour inspirer et montrer qu'il est possible d'exercer une activité professionnelle en adéquation avec ses valeurs, avec sa façon d'être au monde et avec sa mission d'âme. Et si aujourd'hui je t'ai invitée sur cet épisode, eh bien c'est pour que tu nous partages ce qu'est la médecine de l'homme. Peux-tu donc nous proposer une définition en quelques mots pour que les auditeurs, auditrices aient une vision claire de ce qu'on va aborder dans ce podcast ?

  • Speaker #1

    C'est une médecine qui a pour vocation d'accompagner des êtres sur un chemin de guérison. Après, il faudra le définir et qui prend en compte toutes les dimensions de l'être humain. Corps, âme, esprit, mais aussi la dimension écosystémique qui est d'une grande actualité aujourd'hui. Et ce que j'appelle la dimension ontogénésique, qu'on pourrait appeler la dimension évolutive. Après, il faut s'entendre sur le terme d'évolutive. évolutive dans une meilleure connaissance de soi et des autres. En fait, c'est l'évolution en conscience. Ça veut dire qu'il va falloir intégrer ce qu'on appelle la conscience comme une nouvelle fonction biologique à établir. Voilà en gros. Et je pense qu'on va, au fur et à mesure des questions et des réponses, développer un peu le sujet.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, ça va être le propos tout au long de cet épisode. Et peut-être, moi, j'ai envie de remonter ensemble dans le temps. si tu veux bien, et puis peut-être venir à ce moment-là où tu as décidé de devenir médecin. Qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas le sentiment d'avoir décidé comment s'asseoir au table, en disant qu'est-ce que je vais faire de ma vie. C'est plutôt quelque chose de beaucoup plus profond qui s'est produit. De la façon dont je le dirais aujourd'hui, je crois que j'ai répandu un appel qui était en moi depuis... depuis toujours, peut-être bien depuis ma naissance d'ailleurs, parce qu'il se trouve que j'ai retrouvé cette naissance dans un travail sur le passé et elle s'est faite dans des conditions extrêmement particulières. Quand j'ai retrouvé la façon dont s'est déroulée cette naissance et comment ça s'est vécu intérieurement, je n'ai pas été du tout étonné que je sois à l'endroit où je suis. C'est que de la suite.

  • Speaker #0

    En off, avant qu'on enregistre cet épisode, tu m'as parlé d'une parole, d'une institutrice. Est-ce que tu veux nous en parler ? Ou c'est trop un détail ?

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas un détail, c'est quelque chose d'important. C'est à une époque où... où je vivais encore en Israël, où j'avais vécu deux ans et demi, et où j'avais 13 ans et demi. Et il se trouve que ma prof de maths, qui était en française, parce qu'on avait vécu là-bas à plusieurs familles, il y avait une école qui avait été construite, et cette école avait été arrêtée. Et en fait, elle me donnait des cours particuliers pour que je ne sois pas en retard en rentrant en France. Et un jour, je lui ai posé une question à la fin d'un cours particulier. Je lui ai dit « Madame Constanzo, pourquoi vous êtes devenue prof de maths ? » Elle m'a dit « Au départ, je ne voulais pas être prof de maths, je voulais être médecin, mais je n'avais pas les capacités. » Et elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit « Mais toi, tu les as. » Et j'étais comme ça. C'est comme s'il venait appuyer sur un bouton qui a réveillé quelque chose. Après ça, je dirais que la vie a suivi son cours. Je suis rentré en France, je me suis retrouvé dans un lycée à Strasbourg. Je me suis même demandé si je n'allais pas faire l'école hôtelière et finalement c'est médecine. Mais je crois que c'est la médecine qui m'a choisi.

  • Speaker #0

    Waouh, c'est beau ! La médecine m'a choisi. Est-ce que tu pourrais nous... proposer, peut-être spontanément comme ça, des anecdotes, des situations peut-être marquantes dans tes études en médecine et qui sont peut-être venues confirmer ce qui s'est passé plus tard. Parce que là, on fait un peu marche arrière, tu vois, dans l'épisode. À l'époque, quand on passe les situations, on ne sait pas forcément que ça va nous marquer. Et puis finalement, quand on regarde en arrière, on se dit, ah, mais il n'y a pas de hasard que tout ça se soit passé, parce que ça et ça, ça m'a marqué.

  • Speaker #1

    Ce qui a été marquant, c'est les rencontres. Et ça va être le titre d'un de mes prochains livres qui s'appelle récemment « Des rencontres singulières » où en fait, à un moment donné, j'ai eu besoin de prendre du recul en disant « Mais comment ça s'est construit en fait ? Comment ce bonhomme s'est construit ? » Et à travers des rencontres en particulier. Et une des premières rencontres qui a été un choc en fait. Un choc que... J'étais à l'époque, on appelait ça garçon de salle. Je faisais le ménage, je ramassais les pots d'urine le soir, je distribuais la tisane, pas en même temps. Et à un moment donné, je suis rentré dans une chambre pour distribuer une tisane. Et il y avait deux vieux messieurs qui étaient là dans leur lit. Je ne sais pas quel âge ils pouvaient avoir, je ne me souviens pas, moi j'avais 18 ans. Et il y en a un qui dit « C'est quoi ça ? » Et l'autre, il répond, sans que j'ai eu le temps de répondre « C'est une tisane, ceci ou cela. » L'autre, il répond « C'est le bouillon d'11 heures pour que tu crèves à minuit. » Et là, j'étais devant, mais comment c'est possible ? Comment c'est possible ? Je l'ai d'abord traité sur le ton de la rigolade, je disais, mais avec le recul, je me dis, mais quelle humanité il faut, et quelle fin de vie il faut pour en arriver là, dans une telle violence verbale, dans une telle haine. Et il y a un autre événement qui s'est passé dans le même hôpital l'année suivante, c'est quand j'ai été confronté... un vieux monsieur aussi qui était lui adorable, d'une grande gentillesse, qui était dans le lit, qui ne bougeait pas parce qu'il avait fait un accident vasculaire. Et on disait de toute façon c'est pas sûr qu'il remarche. Et moi je disais je ne suis pas d'accord, je pense qu'il remarchera, du haut de mes 19 ans. Puis un beau jour je lui ai dit écoutez monsieur on va essayer quand même, vous allez sortir du lit, on va bouger les pieds. Puis après je l'ai fait se lever. J'ai fait marcher jusqu'au bout du lit, revenir, etc. Et puis, progressivement, il a marché dans le couloir avec une canne en se tenant. Et au bout d'un mois, il marchait tout seul dans le couloir. Et peut-être qu'il s'était passé un peu la même chose qu'avec ma prof qui disait « Toi, tu peux être médecin » . Moi, je lui ai dit « Lève-toi et marche » .

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire. Lève-toi et marche.

  • Speaker #1

    Et ça a marché.

  • Speaker #0

    Excellent.

  • Speaker #1

    Après, il y a eu des rencontres aussi avec des êtres qui m'ont inspiré, qui sont ceux que j'appelle mes maîtres en médecine. Et en particulier, il y avait un chef de service, professeur Pépin, Bernard Pépin, grand bonhomme, qui était chef d'un service de neurologie. Ce qui m'avait bouleversé, c'est qu'alors que tous les services ont passé dans les hôpitaux, de Paris où j'étais, le patron passait avec toute sa cour en disant voilà, tel machin, tel truc. Lui, il s'asseyait au bord du lit du malade, il ne voulait jamais qu'il y ait plus de quatre ou cinq personnes avec lui, l'interne, l'externe, la surveillante, l'infirmière qui s'occupait de ce patient. Il disait je refuse qu'on mette des numéros sur les lits, il s'appelle monsieur comme ça, il s'appelle madame comme ça. Et il s'asseyait, il commençait à prendre la main des gens, parler avec eux. Et après, il disait, bon, on va prendre le temps de vous examiner maintenant. Grande leçon d'humanité.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça m'a beaucoup marqué. Voilà, puis on a vu, on ne va pas tout passer en vue, parce qu'il faudra lire le prochain livre.

  • Speaker #0

    Oh, le joli teaser que tu es en train de nous faire, magnifique. Et justement, là, quand tu nous évoques ça, on sent qu'il y a des passages dans ta vie qui ont été marqués. quand tu parles justement de cette humanité ? Alors moi, je connais la fin, je connais la suite. On a justement introduit l'épisode en parlant de la médecine de l'homme. Est-ce que tu peux nous dire, nous raconter ce qui a fait cette bascule ? Alors bien sûr, je sais que en général, dans les parcours de vie, il y a des choses qui sont progressives. C'est pas Une rupture, en plus on en a parlé en off, il n'y a pas eu un avant, un après, il y a eu quelque chose de continuel en fait dans ton parcours, mais est-ce que tu pourrais peut-être nous évoquer ce qui a fait que tu as changé de posture dans ta posture de médecin ?

  • Speaker #1

    En fait, il y a des événements qui m'ont mis devant que c'était l'heure, c'était l'heure de ne passer à autre chose, mais comme si ça avait toujours existé au préalable. et qu'il a fallu passer différentes étapes pour que je sois prêt pour le rendez-vous. La première étape, je dirais, alors que je ne m'en rendais pas compte, c'est que j'étais encore en fac, j'étais en deuxième année de médecine, et je venais d'assister à un cours de psychologie médicale, et je suis sorti atterré en disant, mais c'est ça qu'on va nous apprendre sur la nature humaine, sur l'intériorité humaine, même si je n'en voyais pas ces mots à l'époque, parce que peut-être que je ne les avais pas. Toujours est-il, je dis, mais on nous apprend la physiologie, l'anatomie, mais l'être humain, qu'est-ce qu'on nous apprend dessus ? Et j'ai rajouté une chose, il faudrait quand même qu'on ait un enseignement qui nous parle de ce qu'est l'être humain dans son essence même. Et puis j'ai rajouté une phrase, mais je ne savais pas ce que je disais à l'époque. Et puis il faudrait que quand on se destine à soigner les autres, il faudrait faire un minimum de travail sur soi. Et je ne savais pas ce que je disais, j'avais 20 ans. C'est bien après que j'ai dit, ah ouais d'accord, j'ai dit ça à l'époque, mais je ne mesurais pas tout. Le deuxième rendez-vous, en fait, qui a été un point de bascule, ça a été un an après ma première installation. Je m'étais installé en Savoie, médecin de campagne, j'ai adoré ça d'ailleurs, aller chez les gens, j'aimais beaucoup, j'avais fait ça aussi en remplacement. Et j'étais face à des êtres qui avaient des maladies compliquées, chroniques, etc., et qui étaient des êtres en souffrance. Aussi bien j'avais appris à soigner des maladies, aussi bien je me sentais complètement démuni face à cette souffrance humaine. Je ne savais pas comment m'y prendre. J'ai failli arrêter. Je me souviens un soir où je suis rentré chez moi. J'ai dit « je ne peux pas continuer comme ça, je ne peux pas continuer comme ça, j'arrête » . Et en fait, j'ai passé une nuit blanche là-dessus et au petit matin, j'avais décidé que j'allais me former à l'homéopathie parce qu'il me semblait que c'était une médecine humide. qui prenait en compte l'être humain de façon beaucoup plus globale. Et j'allais créer un groupe Balint pour qu'on ait un espace de réflexion entre soignants et entre médecins en particulier, avec un psychanalyste, c'est-à-dire qu'on se mette face à nos questions, nos souffrances de soignants, et qu'on essaie de trouver des solutions, voir ce qui se jouait en nous là-dedans. C'est un début de travail intérieur, je dirais. Et puis, en même temps... Pour rester en lien avec l'évolution de la médecine moderne, j'ai créé un groupe de formation post-universitaire qui n'existait pas dans la ville où j'étais. Ces trois actes ont été importants, en fait. Ils ont été fondateurs d'une suite. Après, ça a suivi son chemin.

  • Speaker #0

    Et donc, petit à petit, là, on progresse dans le temps, enfin, dans notre chronologie. Il y a un moment où tu vas fonder la médecine des actes. qui s'appelait comme ça auparavant, qui aujourd'hui s'appelle donc « La médecine de l'homme » . Raconte-nous cette histoire.

  • Speaker #1

    La médecine des actes, en fait, c'est une première étape sur une médecine dont je rêvais déjà sur les bancs de la faculté, si je reprends le début. Et que j'espérais aussi ce fameux soir où j'ai dit « j'arrête, j'arrête, parce que je veux autre chose » . Et en fait, cette autre chose est arrivée... en 1994 alors que j'avais pris un recul de six mois j'avais confié mon cabinet à une remplaçante et j'avais dit je pars six mois et au bout de ces six mois je saurai ce que j'ai à faire sur terre et il m'est tombé dessus Fond de cette médecine des actes il faut voir qu'au préalable j'avais eu cinq ans après le groupe Balim qui a été un début J'avais démarré une psychanalyse junguienne qui a duré cinq ans et j'ai démarré un chemin spirituel dans la filiation de Guita Malache, Dialogue avec l'Ange, dans une voie fondée par un homme qui s'appelle Bernard Monton et qui m'a permis effectivement ce cheminement intérieur et de progressivement comprendre comment j'allais construire cette médecine. en intégrant les données de l'enseignement dans lequel j'étais. C'est-à-dire dans une vision de la nature humaine qui me manquait au départ, mais par l'expérience intérieure. Il y avait en même temps, je dirais, une expérience d'études de la nature humaine, mais une expérience de vécu intérieur, et la conjonction des deux, plus ce temps de recul, et de fortification de cette fameuse fonction conscience de dialogue. conscient intérieur m'a fait fonder cette médecine des actes. Où il m'a fallu, après que ça me tombe dessus en disant j'ai ça à fonder, il m'a fallu quelques années pour la construire et commencer à l'enseigner en 2000. Et je l'ai enseigné pendant presque une vingtaine d'années. Avant que ça devienne la médecine de l'homme, c'est-à-dire qu'il fallait passer à autre chose.

  • Speaker #0

    Ton premier livre, « Quand la maladie nous enseigne » , il aborde la médecine des actes ?

  • Speaker #1

    Il est, la médecine des actes, en fait, il est. C'est quelque chose qui m'est apparu qu'il était nécessaire que cette médecine arrive dans l'espace public de façon beaucoup plus large et que j'avais à écrire. Ça m'a pris du temps. Ça m'a pris du temps. C'est arrivé dans un autre temps de recul que j'avais pris. J'étais parti pendant un mois, où j'étais insatisfait de la façon dont démarrait l'enseignement de cette médecine des actes. J'ai dit, je pars un mois, dans un mois j'aurai les réponses. Et donc il y avait ce livre à écrire et à approfondir cet enseignement, à le structurer beaucoup plus. pour les générations futures. Et donc ce livre, je l'ai écrit, il m'a pris trois ans d'écriture.

  • Speaker #0

    Il est sorti en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est sorti fin 2007.

  • Speaker #0

    On peut toujours le trouver.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a fait que tu as basculé de la médecine des actes à la médecine de l'homme ?

  • Speaker #1

    L'évolution des choses, de la vision des choses, c'est-à-dire que je crois qu'on ne s'engage pas dans la fondation d'un tel sujet, je dirais, sans perdre de vue une chose, c'est que s'il n'y a pas un renouvellement régulier, c'est quelque chose qui va mourir. C'est le principe de l'évolution en fait. C'est valable pour l'évolution de tout être humain. Tout ce qui ne croit pas souffre et meurt.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est le principe même de la vie en fait.

  • Speaker #1

    C'est le principe de la vie. Et le principe de la vie humaine. Aujourd'hui, l'être humain n'est pas un être fini, il est un être en cours d'évolution et il a quelque chose à accomplir sur Terre et son évolution est liée à cet accomplissement et l'accomplissement est lié à cette évolution intérieure qui s'appelle la conscience. Donc il y a quelque chose qui progressivement, parce que mon chemin intérieur a continué pendant toutes ces années. C'était mon chemin spirituel dans lequel j'étais engagé. Et en fait, cette évolution intérieure qui m'a conduit à affiner cette médecine des actes. Et puis un beau jour, il y a quelque chose qui a eu besoin d'indépendance. Et comme ça s'est fait avec des difficultés avec le fondateur de la voie spirituelle dans laquelle j'étais, il a fallu que j'en sorte pour qu'il y ait quelque chose qui souffre. pour qu'un envol se fasse. Il y a eu tout un temps, effectivement, de restructuration, de requestionnement, en disant que la médecine des actes a des limites, elle a une dimension psychothérapique certaine ou d'inspiration psychothérapique certaine, mais il manque une dimension évolutive en particulier et une dimension spirituelle. C'est ce qui arrive maintenant.

  • Speaker #0

    C'est drôle parce que quand je t'entends parler, j'ai presque l'impression que... la médecine des actes, c'était l'enfant, peut-être même l'adolescent. Et puis, tu sais, à un moment donné, quand on est ado, justement, l'adolescent, c'est ce passage de vie où l'adulte va s'éveiller et être vraiment qui il est. Et c'est comme si la médecine de l'homme, aujourd'hui, c'était l'adulte abouti, mature. Enfin, voilà, en tout cas, c'est un peu la vision que j'ai quand je t'entends parler.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça, en fait. C'est en fait la médecine des actes. dans la mesure où c'était dans le cadre d'un enseignement dans lequel j'étais, c'était une application, d'une certaine façon, une traduction de l'enseignement dans lequel j'étais, dans la médecine. Et il a fallu pour que ça s'ouvre beaucoup plus, qu'il y ait quelque chose qui devienne possible en disant « Ok, ça c'est bien, mais ça va plus loin que ça. » Et ce qui m'a beaucoup inspiré aussi, c'est la réconciliation avec mes racines. spirituelle profonde qui sont les racines de la chrétienté.

  • Speaker #0

    Oui, merci de déposer ça là. À quoi ça ressemble une consultation quand on est un médecin et qu'on a fondé la médecine des actes, puis la médecine de l'homme ? Est-ce que c'est des consultations ordinaires ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Pas du tout. En fait, c'est des consultations qui peuvent avoir l'apparence de consultations ordinaires. Là, on est dans un canapé qui était dans mon cabinet. Ok. Là, il y a un fauteuil dans lequel je m'asseyais. Les gens, ils se mettaient sur le canapé et on se parlait. Il y avait cette table et on se parlait comme ça. Déjà. Oui,

  • Speaker #0

    déjà, ça change.

  • Speaker #1

    Ça change la donne, oui.

  • Speaker #0

    Normalement, il y a… Enfin, normalement, en tout cas, traditionnellement, on va dire que c'est comme ça. Il y a le bureau, le médecin et puis les patients qui sont de l'autre côté du bureau.

  • Speaker #1

    Sauf que mon bureau n'a jamais été un bureau médical. C'était à l'origine, c'est la table qui est derrière. C'était une table qui était destinée à mettre dans une cuisine. Et donc, je n'avais rien dessus.

  • Speaker #0

    C'était le lien avec le restaurateur ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était dépouillé. Et donc, il y avait quelque chose. Et puis, il y avait autre chose qui est extrêmement importante pour moi, c'était le cadre. J'ai toujours été sensible au cadre. Je viens de lire un bouquin de Martin Winclair qui parle du remplacement qu'il a fait dans des cadres épouvantables. Et il dit, mais comment peut-on… accueillir des gens dans un truc aussi moche, aussi dégueulasse. Et donc pour moi ça a toujours été un souci, un peu comme dans ma maison. Donc il y avait ce cadre qui était important, la déco, la façon d'accueillir. Vous ne rentrez pas dans un cabinet médical avec la blouse blanche, avec le clinique, le machin, c'est on va se parler, on va essayer de se parler, essayer de voir ensemble qu'est-ce qui se joue. Alors il y avait toujours la démarche médicale première, c'est-à-dire que tout ce qu'on m'a appris à la faculté, C'était le grand thème « signes, diagnostics, traitements » . Il fallait poser un diagnostic de maladie pour savoir quel traitement adapté il fallait proposer face à cette maladie. Et ensuite, j'ai dit « maintenant qu'on a posé ça, on va essayer de comprendre qu'est-ce qui se joue derrière tout ça. Qu'est-ce qu'elle raconte cette maladie ? Quel est le récit de cette personne à un moment donné ? » de son existence. Et qu'est-ce qui se joue, et quels vont être les actes qui vont en fait faire exister un chemin de guérison en profondeur. La guérison, c'est pour ça que mon livre s'appelle « Quand la maladie nous enseigne » . La guérison, c'est quand on a tiré un enseignement de la maladie. Ce n'est pas quand il n'y a plus de symptômes. Et que de cet enseignement... on en a déduit des actes concrets pour notre existence. Ça va jusque-là. De la même façon qu'on prend des médicaments, on met en pratique des actes.

  • Speaker #0

    Donc, un bureau accueillant, chaleureux, un canapé ocre, un fauteuil ocre, une table en bois, de la clinique, un diagnostic. Des traitements, donc avec des ordonnances, j'imagine.

  • Speaker #1

    Deux ordonnances.

  • Speaker #0

    Deux ordonnances.

  • Speaker #1

    Une ordonnance avec les médicaments, une ordonnance avec les actes.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc tu en faisais deux. Ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu marquais, par exemple, sur l'ordonnance avec les actes ?

  • Speaker #1

    Selon les circonstances, je conseille de pratiquer tel acte ou telle chose une fois par jour.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais un exemple concret à nous donner ?

  • Speaker #1

    Une anecdote assez intéressante parce que ça a été bouleversant en fait dans ce que ça a produit. C'était un samedi matin, j'avais fait une erreur, je sortais d'un stage qui avait été extrêmement dense et j'avais quand même prévu de faire une consultation le samedi matin. J'étais rentré chez moi le vendredi soir et j'étais fatigué. Et le samedi matin, je débarque une consultation, première consultation, deuxième, troisième, arrive la dernière vers midi, et j'ai un coup de barre. Donc j'écoute cette personne qui se plaint, qui se plaint, c'était une femme d'une quarantaine d'années par là, qui se plaignait de « je suis malheureuse, ceci, mon mari, etc. » et dans une espèce de litanie, etc. Et moi, j'étais fatigué et je commence à piquer du nez. Et à un moment donné, elle me dit « Docteur, vous dormez ? » Et je dis « Non, non, je vous écoute profondément. » Et heureusement que je venais de sortir d'un stage où on avait une pratique intérieure, justement pour voir ce qui se jouait. Et j'étais devant un épisode de mon histoire où ma mère était esplaignée sans arrêt, où elle s'est fait pisser par me saouler. Et en voyant ça, j'ai dit, mon Dieu, comme c'est mon histoire qui se répète. Et immédiatement, il y a quelque chose qui m'apparaît, et ça a été l'acte en fait, qui a tout fait basculer. Je dis à cette femme, mais ça vous fait souvent ce sentiment que quand vous parlez aux gens, ça les endort, ça les saoule, etc. C'est le drame de ma vie, etc.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et je lui dis, bon, alors on va faire une chose. Vous allez mettre en pratique une chose, c'est désormais... Quand vous rencontrez des gens, parce que vous avez tellement besoin d'exister à leurs yeux, quand vous rencontrez des gens, vous allez faire une chose. Plutôt que de vous plaindre de tout ce qui ne va pas, vous leur faites des compliments.

  • Speaker #0

    On va changer la donne. Plutôt que de mettre du côté, vous faites, ah mon Dieu, comme tu es bien coiffé. Elle dit, bon d'accord, je vais essayer. Je la revois trois semaines après. Je lui dis, alors, j'ai fait comme vous m'avez dit, tous les jours. Je lui dis, alors, qu'est-ce que je me sens mieux ? Et après, j'ai continué à l'accompagner jusqu'à ce que je quitte la Savoie, d'ailleurs, pendant trois ans. Elle venait me voir d'abord une fois par mois, puis ça s'est espacé. Et pendant plusieurs années, elle m'envoyait un mot régulièrement en disant « Vous ne pouvez pas imaginer comme ça a changé ma vie, tout mon conseil. » Chemin de guérison. Voilà. Il y en a eu plein comme ça.

  • Speaker #1

    Donc, un cadre chaleureux, une clinique qui est toujours là. d'une ordonnance traditionnelle et puis en plus de ça cette écoute en fait c'est ça que tu es en train de me dire, de nous dire c'est que tu t'es mis sur un autre niveau d'écoute, ça te va si je te dis ça comme ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui tout à fait derrière j'ai derrière les mots qui se disaient j'essayais de sentir les mots M A U X qui étaient en train de s'exprimer C'est un journaliste qui m'avait dit ça, qui m'avait invité dans son émission, Philippe Lefebvre, un être magnifique aussi. C'était le mot de minuit, et à un moment donné, il y a quelqu'un, on était quatre invités, c'était une psychanalyste, qui dit je ne sais plus quelle phrase, et à un moment donné je lui dis ça, elle me regarde et me dit ah ben alors vous, vous entendez des choses que pas tout le monde entend. Et Philippe Lefebvre a dit, ah, mais il a des oreilles, le garçon. Je me suis trouvé ça. Je dis, ah ouais, d'accord. Je dis, c'est vrai, c'est une autre façon d'avoir des oreilles.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et du coup, quand je t'écoute, en tout cas, moi, c'est ce que je ressens, c'est que là, je me dis, oui, forcément, tes patients, ils ont eu un avantage, en fait, à te consulter, puisqu'il y avait ce niveau d'écoute plus profond. on sent qu'il y avait aussi pour leur existence quelque chose qui pouvait changer. Est-ce qu'il y a eu déjà des retours ? Est-ce que tu as des personnes qui sont venues te revoir en disant « Oh là là, je ne sais pas, vous avez changé ma vie, il s'est passé quelque chose ? »

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Mais je crois que le plus important, il n'est pas là. Le plus important, c'est qu'est-ce qui a produit ça ? Et en fait, c'est en t'écoutant, en disant, mais finalement, qu'est-ce qui a produit ça ? Si ce n'est le fait qu'il y a quelque chose qui, progressivement, s'est mis à l'écoute de ce qui se passait à l'intérieur de ce bonhomme. Qu'est-ce qui se passe en moi ? Quelles sont mes souffrances ? C'est un petit peu ce que j'ai dit avec cette personne avec qui je me suis endormi. La première chose, c'est, mais qu'est-ce qui se passe ? Et être à l'écoute de, ah ben c'est un ancien petit garçon. C'était un jeune homme, jeune adolescent qui au début de mes études, ma mère venait, moi j'ai ci, moi j'ai ça, toi tu vas être médecin. À un moment donné, j'avais envie de dire, mais écoute, ça suffit. J'étais avec ça, je me sentais tellement démuni face à la souffrance de cette maman que j'avais envie de me partir en courant. Et ça, ça a toujours été là. Et en fait, le moteur premier qui m'a fait m'asseoir dans un fauteuil un soir, au début de mon installation, c'est que j'avais le sentiment d'être démuni face à cette souffrance humaine. Comme j'ai appris à l'écouter au-dedans, j'ai appris à l'écouter au-dehors. C'est dans ce sens-là que ça marche.

  • Speaker #1

    Et là, j'ai envie de te poser cette question. Qu'est-ce que tu as gagné, toi, dans ta vie, à avoir cette nouvelle posture, cette posture plus profonde d'écoute ? Qu'est-ce que ça t'a apporté ?

  • Speaker #0

    Un sentiment de justesse, des moments de réjouissance, pas de joie, mais vraiment de réjouissance, le sentiment d'avoir touché du doigt une autre façon d'être. Le sentiment d'une utilité bien au-delà de la simple prescription de médicaments, c'est « j'ai servi une vie » .

  • Speaker #1

    C'est comme ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'a apporté ? C'est difficile de répondre à cette question, parce que c'est... On pourrait dire que du bonheur. Non, pas que du bonheur, parce qu'il y a eu des moments où il a fallu se remettre en question. Ce n'est pas linéaire en fait, ce n'est pas « ah oui, c'est que du bonheur » . Oui,

  • Speaker #1

    ou ce n'est pas un sommet que tu atteins et puis tu restes au sommet. Non, non,

  • Speaker #0

    non, non. C'est on commence, et puis là… Ça va ressembler plus au fond de la bourse. C'est ça, un peu.

  • Speaker #1

    À la vie, finalement, parce que la vie, elle n'est pas comme ça, quoi. La vie, elle va faire des vagues,

  • Speaker #0

    en fait. Non, c'est une ascension progressive.

  • Speaker #1

    Oui, avec des vagues, en fait. Il y a une ascension, mais avec des creux, des pics.

  • Speaker #0

    Oui, oui, tout à fait. Il y a des moments d'accalmie, il y a des moments de renaissance, il y a des moments où il faut affronter toujours les démons intérieurs, Gérard. On n'en finit pas de ça. Je ne crois pas qu'il y ait un moment où on dit ça y est, je suis arrivé au bout. À l'heure de la mort, on est devant cette question.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai accompli ce que j'avais accompli ? La mesure, on l'a au moment de la mort.

  • Speaker #1

    Tu vois, quand je t'entends parler, j'entends ce médecin, pas comme les autres. Et puis peut-être pour rappeler aux auditeurs, auditrices qui ne sont peut-être pas dans le milieu soignant. Quand on a une pratique, un métier de soignant, on exerce dans un cadre réglementé, réglementé par des structures, notamment qu'on appelle des ordres. Toi, comment tu as géré ton rapport avec l'ordre des médecins et face à cette nouvelle pratique de ta médecine, en fait ?

  • Speaker #0

    Il y a eu deux grands temps. Un premier temps de rébellion. où je ne me suis pas fait que des copains parmi mes confrères, où j'étais trop donneur de leçons en disant, moi j'ai découvert un truc, vous vous faites du n'importe quoi. Au gros c'était ça. C'était au début, même avant que je démarre un chemin, c'était au début de mes études d'homéopathie, quand j'ai commencé à exercer l'homéopathie, j'étais dans des réunions de médecins. généraliste dans la ville où j'étais et de temps en temps je dis ah ouais c'est ça que vous appelez ferme d'amitié on n'a pas la même conception donc je ne me suis pas fait des amis voilà et j'étais pas forcément bien vu aussi au niveau du conseil de l'ordre parce qu'il y avait quand même beaucoup de choses qui se passaient le confrère qui disait mais voilà il y a eu des jalousies Et en particulier quand j'ai commencé un chemin où on est venu me chercher les poux dans la tête. Parce qu'il y avait quelque chose qui se développait et que ça attirait les jalousies. Ça c'était en Savoie. Il a fallu même de temps en temps que je tape sur la table et que j'aille voir des confrères en disant encore une fois « et puis ça va mal se terminer cette affaire » . Et quand j'ai décidé de déménager, c'était des circonstances très particulières. En fait, quand j'ai quitté la Savoie pour venir à Chartres, c'est un vieux médecin retraité qui venait de prendre sa retraite, qui m'a invité chez lui pour parler de cette médecine des actes, parce qu'il avait reçu, comment on appelait ça, les minutes d'un congrès dans lequel... J'étais intervenu à un congrès de pédiatrie où j'avais présenté le cas d'une gamine que j'avais accompagnée pendant des années, qui avait été greffée du foie et qui aujourd'hui, d'ailleurs, va extrêmement bien, qui était dans un état déplorable. Aujourd'hui, elle a réalisé son rêve. Il faudrait faire tout un podcast sur Coralie. Elle est actrice. son rêve s'est réalisé quand elle a monté les marches de Cannes il y a quelques années. J'ai accompagné, elle était gamine, elle rêvait d'être actrice. C'est un petit peu comme ma prof de maths, j'ai cru à son rêve, j'ai dit allez on y va. J'ai embarqué les parents là-dedans et ça a fini par se faire.

  • Speaker #1

    Là tu as dit action, ce n'était pas lève-toi et marche, c'était routeur.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc j'avais présenté ça à un congrès de pédiatrie, et ça avait été magnifiquement un congrès d'homéopathie, de pédiatre-homéopathe, parce qu'un ami pédiatre-homéopathe, qui était à la même école d'homéopathe que moi, m'avait invité. Et donc ce vieux médecin avait entendu parler de ça, avait lu le compte-rendu, et m'a appelé, il m'a dit « ce que vous faites, j'en ai toujours rêvé, vous ne voulez pas venir à Chartres faire une conférence ou deux ? » Je lui ai dit « ok, d'accord » . Et à la fin d'une première soirée chez lui, où il y avait des tas de gens de sa génération, il me dit « tu sais qui c'est qu'il y avait là ? » Je dis, les amis à toi, les confrères, lui c'était président du conseil de l'ordre, lui le vice-président, lui le trésorier, lui le vice-trésorier, lui secrétaire, lui ça, lui ça.

  • Speaker #1

    Tu avais de l'ordre entier.

  • Speaker #0

    J'avais un boité du conseil de l'ordre de l'époque. Et ils m'ont tous dit, c'est magnifique ce que vous faites, c'est magnifique ce que vous faites. Et ça a été un choc parce que je dis, le conseil de l'ordre ça peut être ça aussi. Mes relations avec le conseil de l'ordre ça peut être ça.

  • Speaker #1

    C'est beau parce que du coup ça permet de faire la paix.

  • Speaker #0

    Complètement, mais c'est ce qui s'est passé d'ailleurs. Quand je me suis installé à la fin de mon séjour, donc Étienne, il s'appelait Étienne, me dit c'est dommage que tu sois si là, sinon je te donnerais toute ma clientèle puisque je prends ma retraite là. Et c'était une époque où je me disais, il faut que je quitte la Savoie pour me poser ailleurs et c'est la petite déclique. C'était un appel à nouveau. Et je lui dis, ben voilà. Et c'était en février 2000. Et en août 2000, j'ai emménagé à Chartres. Et j'ouvrais un nouveau cabinet en septembre. Et le vice-président du Conseil de l'Ordre est venu me voir. Quand j'ai ouvert mon nouveau cabinet, il m'a dit, il faudrait que vous veniez, que vous soyez conseiller ordinal. On a besoin de gens comme vous. Avec ce que vous faites. C'est génial. Après, il m'a dit « Mais pourquoi ils vous ont embêté en Savoie ? Ils auraient dû applaudir. » Je lui ai dit « Vous savez, je ne suis pas toujours été habile. » Et donc, j'ai fini par devenir conseiller ordinal. Grande réconciliation. Mais oui ! Bon, ceci dit, je n'ai pas fait bouger le système.

  • Speaker #1

    Tu y es resté combien de temps ?

  • Speaker #0

    Conseiller ordinal ? Oh, 4-5 ans. Après, j'ai arrêté mon cabinet et je suis parti.

  • Speaker #1

    Là, tu es en train de nous dresser un tableau d'un parcours qui est évolutif, qui te correspond de plus en plus. On sent qu'il y a quelque chose qui… Ça y est, comme si tu rentrais vraiment dans ce que tu étais vraiment. Mais il y a quand même un moment où tu nous as dit « j'ai failli arrêter » . J'ai failli renoncer. Ça, c'était quand ? C'était au début ?

  • Speaker #0

    Dans cette fameuse soirée où je me suis retrouvé totalement démuni face à la souffrance de ces êtres, à la souffrance intérieure, je ne sais pas faire. J'ai soigné des maladies, mais accompagner ces êtres jusqu'au sens de leur maladie, pour les aider à mieux vivre, je ne sais pas faire.

  • Speaker #1

    Et ça, c'était au début de ta carrière ? Ou c'est même arrivé une fois que la médecine des actes ? Non, non, non, c'était qu'il y en avait avant.

  • Speaker #0

    En fait, ça a été le moteur, en fait. C'est ce qui a été le moteur qui m'a mis en route. Maintenant, il faut que je trouve des solutions, l'homéopathie, le bad lean, etc. Après la psychanalyse, Jungienne pendant quelques années, et puis le chemin spirituel accompagné par Bernard Monteau, et dans la lignée des dialogues avec l'ange. Et après, dans cette voie spirituelle, j'y étais de plus en plus engagé. Je suis resté 30 ans quand même. J'ai été enseignant spirituel, j'étais président de cette association. Donc, ce n'était pas juste du tourisme spirituel, c'était un vrai engagement. Et qui m'a permis de fonder cette médecine ?

  • Speaker #1

    Je te remercie d'aborder justement la spiritualité, parce que c'était la question qu'allait suivre. Est-ce que pour toi, la spiritualité, elle doit ou elle devrait prendre une place dans le parcours de santé ou dans le parcours de guérison des personnes ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut voir ça autrement, de façon plus élevée. Pas simplement dans un parcours de guérison. Il faudrait être beaucoup plus à l'écoute de ce qu'on appelle les médecines. Moi, j'appelle les médecines traditionnelles. La médecine traditionnelle, ce n'est pas la médecine officielle. Les médecines traditionnelles, ce sont des médecines qui sont inspirées par des traditions. La médecine ayurvédique, la médecine chinoise, la médecine amérindienne, mais il y en a beaucoup d'autres. Elles sont inspirées par des traditions spirituelles. Et c'est ces traditions spirituelles qui vont donner, je dirais, une certaine définition de l'homme et de sa place dans l'univers et de sa place sur Terre. Toute spiritualité a des mouches sur ces questions-là, et il va bien falloir un. Et elle pose la question de l'homme sain et de l'homme malade, après sain, s-a-i-n, et sain, s-a-i-n-t. C'est toutes ces questions de l'homme, de la place de l'homme. Et aujourd'hui, c'est crucial ces questions-là. À un moment où l'homme est devenu un cancer pour la planète, c'est-à-dire qu'on est en train de ramager la planète, il va quand même falloir se poser la question, est-ce que cet être est encore en bonne santé ? Non, il est profondément malade. Pourquoi ? Parce qu'il a perdu ses racines. Il est déraciné. Or, si on ne renoue pas avec des racines spirituelles, les miennes, c'est les racines chrétiennes. Et ce n'est pas les racines de l'Église et tout ça, c'est vraiment la spiritualité chrétienne qui est au centre de ma vie. Et c'est ça qui m'inspire, et c'est ça qui me fait repenser la médecine depuis cette spiritualité profonde.

  • Speaker #1

    Je trouve ton témoignage et tes propos importants et inspirants, parce que quand je t'écoute, forcément, ça fait écho à mon parcours. et au parcours certainement de plein d'autres personnes où nous français occidentaux on est sûrement déraciné et on va chercher d'autres médecines enfin quand je dis nous je parle vraiment des soignants ici on je vais peut-être parler en jeu plutôt que de dire du on mais voilà je moi j'ai choisi ce parcours de soignante d'infirmière et puis finalement j'ai été déçu Et qu'est-ce que j'ai fait ? Eh bien, je suis allée chercher une autre médecine, à savoir la médecine chinoise. Et c'est vrai que j'ai des amis, eux, ils vont chercher la médecine ayurvédique, d'autres vont chercher la médecine armérindienne. Mais nous, alors, ici, là, en France, qu'est-ce qu'on pourrait aller chercher comme tradition spirituelle ?

  • Speaker #0

    La tradition chrétienne.

  • Speaker #1

    Existe-t-il une médecine qui intègre la spiritualité chrétienne ?

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Tu crois qu'il n'y a jamais eu de médecine ? Si,

  • Speaker #0

    je crois que dans certains courants, En particulier, c'est quelque chose qui, du fait de l'esprit scientifique du cartésianisme occidental, parce que c'est tout l'Occident qui est touché par ça, et particulièrement la France, il y a des choses qui ont été étouffées de plus en plus, et la façon dont est traitée l'homéopathie en témoigne. Dans l'homéopathie, il y a un fond spirituel, mais qui est un fond... qui est beaucoup plus en lien avec la tradition alchimique. Et là, il faudrait reprendre effectivement ce qu'a apporté la tradition alchimique. La tradition alchimique, d'ailleurs, elle est aussi à l'origine des cathédrales. Il ne faut pas se leurrer tout ce compagnonnage. Il y avait une tradition chrétienne qui a existé, qui n'est pas la tradition de l'Église, qui est la tradition spirituelle. Et ce n'est pas du tout la même chose. Il ne faut pas confondre le dogmatisme, ou du moins le cadre religieux qui est une chose, et la dimension spirituelle. C'est-à-dire qu'il faut revenir à l'enseignement et le comprendre en profondeur. C'est revenir à la dimension spirituelle du christianisme, du message du Christ. Mais bien avant, ça a commencé avec la tradition hébraïque. Il y a une spiritualité là aussi. Il va falloir arrêter de regarder que les religions et les guerres de religion, il faut regarder le spirituel, là-dedans. Et c'est ce que j'essaye de faire avec un groupe de personnes dans cet accueil élu, et dont on va parler bientôt d'ailleurs dans un forum qui va avoir lieu la semaine prochaine, sur le forum des médecines de l'âme, où on va parler que de comment la tradition peut inspirer la médecine, notre tradition. occidentales maintiennent.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Pour aussi retrouver nos racines.

  • Speaker #0

    Pour retrouver les racines fondamentales. Et d'une certaine façon, je dirais que moi, mes racines, ce sont des racines de filiation avec l'enseignement dans lequel j'ai été 30 ans, qui est traduit dans un livre qui est hyper diffusé, et qui a été diffusé et transcrit par Guita Malache, c'est Dialogue avec l'Ange, cet enseignement-là. Il est ancré au fond de moi et ce n'est pas simplement une lecture, c'est un vécu. Dialogue avec l'ange, c'est mon quotidien. Et d'un autre côté, c'est inspiré aussi, et c'est des racines encore plus profondes, c'est la tradition chrétienne qui est ancrée en moi depuis bien avant, peut-être même bien avant cette existence.

  • Speaker #1

    Et puis, qu'on le veuille ou non, qu'on se sente proche ou non de cette spiritualité ou de cette tradition, on est baigné dedans de toute façon.

  • Speaker #0

    D'une certaine façon.

  • Speaker #1

    Notre inconscient collectif, en tout cas, on va dire dans la francophonie, on baigne là-dedans.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord, si ce n'est qu'on baigne d'une certaine façon, et aujourd'hui, avec tellement de souffrance, je dirais d'un catéchisme, je vais le dire comme ça, mal intégré, mal compris, mal vécu, qui fait qu'il faudrait presque... qu'il y ait une éducation spirituelle profonde, ou une rééducation spirituelle profonde, pour qu'on ait un espace de réconciliation avec ce qu'est la spiritualité chrétienne. Parce que ce n'est absolument pas la morale dont on a entendu parler, et qu'on nous a inculqué. Moi, j'ai eu la chance de ne pas passer par là, de passer par des émerveillements, heureusement. Ça ne m'a pas empêché à un moment donné. de rejeter toute spiritualité avant de me réconcilier avec ?

  • Speaker #1

    Tu parles de réconciliation et ça m'amène à une question et à tendre vers la fin de cet épisode. Alors, on en a parlé en off. Toi, moi, on a eu l'expérience d'une maladie. On a expérimenté le corps souffrant. On a expérimenté les organes malades. Toi, tu vis aujourd'hui avec une pathologie cardiaque. Est-ce que tu peux me dire, nous dire comment cette pathologie, ce parcours avec cette maladie et puis ce processus de soins que tu as connu a modifié ou interagi avec ta posture de soignant et ton rapport à la santé et à la spiritualité, bien évidemment ? On l'inclut dedans.

  • Speaker #0

    Je dirais que la première étape, c'est… Fin 2007, c'était au moment de la sortie de mon livre où je fais une conférence à la faculté de médecine de Caen et où j'arrive déjà fatigué, plus ou moins grippouillé, pas bien quoi. Et je fais ma conférence qui se déroule très bien et je sors et d'un seul coup je m'effondre. Heureusement quelqu'un m'avait accompagné. Il me met dans la voiture, il me ramène chez moi. Et en fait, je fais une bronchie carabinée, je reste dans un fauteuil pendant trois jours sans en sortir, avec un sentiment que je ne vais pas en sortir, qu'un de ces quatre matins, je vais mourir comme ça. Sentiment très profond. Et en fait, ce qui s'est passé, c'était une décompensation d'un rétrécissement aortique. que je connaissais, puisque j'étais suivi pour ça depuis quelques années, et qui va me faire vivre une expérience difficile, j'irais, et qu'il a fallu que je transforme, c'est une expérience de vieillesse. C'est-à-dire, j'étais tellement mal en point cardiaquement que je ne pouvais pas faire 10 mètres sans être essoufflé. J'étais un petit vieux, quoi.

  • Speaker #1

    À quel âge ?

  • Speaker #0

    À 5. 56 ans. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, compliqué, quoi. Compliqué. Et donc, pendant neuf mois, je vais vivre comme ça jusqu'à ce que le cardio dise, bon, maintenant, il faut opérer, il ne faut plus attendre. Ils ont attendu à la dernière limite. Et en septembre 2008, je suis opéré avec une expérience particulière, puisqu'on met le cœur à l'arrêt. on met les poumons à l'arrêt, c'est-à-dire que d'un seul coup, je rejoins un état de conscience, ou un plan de conscience, qui n'existe pas chez l'homme, qui n'existe pas chez l'animal, qui existe chez le végétal. Je suis nourri par l'extérieur, superfusé par l'extérieur, et ventilé par l'extérieur. C'est quand même très particulier comme expérience. Et puis, je me pose quand même la question sur... Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de rétrécissement arctique ? Et la réponse, elle me vient à force de questionner, c'est qu'un homme au cœur serré, il va falloir le dire à thé. Ouvrir le cœur. Voilà, encore plus. Et ça va se produire, donc ça va produire des effets sur mon propre chemin en disant, il va falloir que là où je suis aujourd'hui, mon propre chemin, c'est-à-dire là où j'enseigne, il va falloir que ce soit beaucoup plus cardiaque et moins cérébral. Donc encore plus de Et afficher beaucoup plus et oser beaucoup plus l'affirmation de cette spiritualité profonde et de l'amour qui va avec. C'est une dimension d'amour qui doit s'affirmer plus et se développer plus, pour soi et pour les autres. Et puis dans mon cabinet, il se produit quand même quelque chose de particulier. C'est d'un seul coup, je ne suis plus en face des gens comme un médecin qui a lu des livres et qui a appris des trucs. On parle d'expérience à expérience. Et ça a changé tout. Ça a changé tout. Ça a changé des espaces de confidence, je dirais. Ça a été extrêmement fort. Après, il y a eu d'autres épisodes, parce qu'il y a eu d'autres événements en matière cardiaque, je dirais. Et le dernier épisode en date, c'est que j'ai été réopéré il y a trois ans maintenant, ou quatre ans, je ne sais plus très bien, parce qu'il y avait une dilatation aortique, où il fallait changer ce morceau d'aorte qui était dilaté, parce qu'il y avait un risque de dissection. Il y avait quelque chose de très particulier, c'est qu'au réveil, je savais qu'on avait fondé avec un ensemble de membres de mon académie un groupe de prière pour prier pour nos patients et les gens qu'on accompagnait. Et je sais que dans cette période où j'étais opéré, pendant l'opération, ils priaient pour moi. Et je l'ai tout à fait perçu quand je me suis réveillé. C'était étrange comme sentiment de ne pas être seul dans cette chambre, mais pas être seul parce qu'il y avait l'infirmière qui passait, ou le médecin, ou les différentes personnes. Pas être seul parce qu'il y avait les présences autour.

  • Speaker #1

    Tu parles d'une présence invisible.

  • Speaker #0

    Oui, mais pourtant tellement tangible. C'est une force. dont il faut tenir compte.

  • Speaker #1

    Quand je t'écoute, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'un soignant qui a vécu la maladie, la souffrance, il est forcément un soignant différent, un soignant qui n'a pas connu des preuves. Alors non pas qu'il va falloir s'infliger des maladies ou de la souffrance pour peut-être être un soignant différent, mais C'est vraiment ce que tu racontes, toi. Là, j'entends qu'il y a un médecin qui a été dans une écoute, dans une posture différente. Tu parlais d'expérience, c'était plus un patient, un médecin, mais c'était des expériences qui se parlaient.

  • Speaker #0

    Complètement. Mais je crois qu'en même temps, il y a eu ces événements, parce que ça appartient à un parcours. J'ai affondé quelque chose et qu'il fallait passer par là. Ce ne sont pas des punitions, ce sont des rendez-vous. Et ensuite, je crois qu'il y a quelque chose qu'il faudra accepter. Si on regarde aujourd'hui le monde de la santé, le monde de la santé va très mal. Il y a plus de 30% des soignants qui sont en burn-out, suicide, etc. Et ça va en s'aggravant. Et on a un ami commun qui est beaucoup engagé dans prendre soin des soignants. Et on en parlait récemment, je vais prendre soin des soignants. Ce n'est pas simplement pour que le soignant aille mieux pour être plus à l'écoute de ses patients. C'est une expérience à vivre. Et il n'y a pas besoin d'avoir forcément des épreuves de santé. Je crois que le simple fait d'être confronté à la souffrance des autres n'est pas du tout anodin. Et si on est honnête, ça ne nous laisse pas indemne. On a des douleurs de soignant, mais il va falloir accepter de s'asseoir en face plutôt que de se cacher derrière une blouse, derrière un « je sais et vous, vous savez rien » . Je dirais que cette espèce d'arrogance n'est qu'en fait une peur de s'affronter à ses propres limites et à ses propres fragilités.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #0

    Ça me parle forcément de ce que tu dis sur un autre sujet et puis d'autres problématiques. Mais c'est vrai que ces derniers temps, j'ai osé évoquer dans un groupe de soignants dans lequel on est ensemble certaines de mes épreuves et de mes vulnérabilités. Et comme tu dis, je me suis assise en face, j'ai accueilli. Et ça a tellement changé de choses dans mes accompagnements. Pour le coup, je ne reviendrai. jamais en arrière parce que c'est juste extraordinaire. Et tu vois, quand je t'entendais parler, tu parlais du sachant, en fait, en t'écoutant parler, j'ai vu cette posture qui change, c'est-à-dire qu'à un moment donné, le soignant sachant va descendre peut-être de son estrade et puis il va se mettre au niveau de son patient et puis finalement, c'est deux humains qui sont face à face. Avec alors peut-être un qui a une expérience et une... une... connaissance, on va dire peut-être théorique, en plus de son expérience personnelle de connaissance de soi. Puis en face, on a un patient qui lui a aussi un vécu qui est expert de ses symptômes, expert de sa vie. Ça va être deux individus face à face qui vont déjà se connecter. Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour revenir sur ce dont tu parlais de... de ta confidence en fait dans ce moment parce que effectivement j'y étais. Je crois qu'il y a les effets que ça a eu sur ta personne et ça c'est une chose, mais en même temps les effets que ça a eu sur ce groupe qui est loin d'être anodin sinon on ne serait pas assis ensemble. Les effets qu'il y a eu ça a contribué à établir ce que je vous avais dit très peu de jours après, ça a construit une fraternité et une sororité. Et ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien dans le monde dans lequel on vit. En fait, c'est des liens d'amour qui se tissent. Ils n'ont pas des liens affectifs, qui sont des liens d'amour essentiels. Donc, c'est extrêmement important. Eh bien oui, ça a produit une chose, c'est que tout le monde s'est levé en disant qu'on ne peut pas la laisser seule. Il y a tout ce mouvement qui s'est produit. Et peut-être bien que si on regarde avec un certain recul, il suffit de se remettre dans les dernières paroles du Christ avant qu'il quitte les apôtres, quand il leur a dit « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Mais il faut rentrer dans cette phrase. Qu'est-ce que ça veut dire ? « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » . Comment il les a aimés ? Et comment il nous a aimés ? Depuis où ?

  • Speaker #0

    On arrive doucement à la fin de notre épisode. J'ai presque envie de dire le mot de la fin, il est là, alors je n'ose pas, je me dis, est-ce que je fais une autre question ? Peut-être juste, allez, aux soignants ou aux futurs soignants qui nous écoutent, avec quoi tu as envie qu'ils repartent ou quels conseils tu voudrais leur donner pour une médecine ? pour intégrer, pour exercer une médecine plus humaine, une santé plus intégrale, plus intégrative.

  • Speaker #1

    On va faire un truc. C'est un, n'ayez pas peur de vos vulnérabilités, n'ayez pas peur de les afficher. Oui. Devenez des artistes des mots d'amour envers vous-même et envers les autres.

  • Speaker #0

    Magnifique. Eh bien écoute, on arrive à la fin. Merci pour tout. Merci pour tous ces mots, pour ta présence. Et est-ce que tu veux nous offrir un dernier mot ?

  • Speaker #1

    Le dernier mot, c'est merci. Dans des instants comme ça, il y a toujours au fond ce sentiment de gratitude. C'est cette gratitude envers la vie, l'ordre des choses. le divin, les rencontres que j'ai faites, pour être où je suis aujourd'hui, avoir le droit à tel moment et de telle rencontre. Merci Fanny.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Patrick.

  • Speaker #2

    J'espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris plein de choses. Dites-le-moi en commentaire. Vous pouvez aussi me laisser un avis ou vos idées pour les prochains épisodes. Je vous lirai et répondrai avec grande joie. Pour faire vivre le podcast « Je peux pas, j'ai l'une » , merci de vous y abonner et de le partager.

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