Speaker #0Les carrières toutes entières dans une même entreprise, c'est fini. Et ce qu'on observe aujourd'hui, c'est que de plus en plus de personnes ne se contentent pas d'accumuler des expériences dans plusieurs entreprises en tant que salariés, mais osent franchir le pas de la création d'entreprises. Et parfois, entre deux activités, on peut passer par la case chômage. Alors, est-ce une opportunité ? Comment faire de la période de chômage un atout pour réussir son projet entrepreneurial ? Et surtout, quelles sont les erreurs à éviter ? Bienvenue sur le podcast J'aime la paperasse, le podcast où on rend l'administratif plus accessible pour les indépendants et les futurs indépendants. On va donc s'intéresser au chômage en tant que tremplin vers l'entrepreneuriat. C'est notre sujet du jour. Bonne écoute. Alors la première question que l'on peut tout à fait se poser, c'est celle du lien entre le chômage et la création d'entreprise. Parce que c'est bien connu, quand on est indépendant, on ne peut pas cotiser au chômage et en principe, donc si on arrête l'activité, on n'a droit à aucune aide. Cela dit, c'est important de le préciser, un dispositif a été mis en place justement en 2019 pour indemniser les travailleurs indépendants qui arrêtent leur activité, soit dans le cadre d'une liquidation ou d'un redressement judiciaire. soit parce que l'activité n'était pas viable économiquement. Il s'agit de l'allocation des travailleurs indépendants, ATI, qui bien sûr est soumise à certaines conditions. Mais en dehors de ce cas particulier, quand on parle d'indemnisation pour la perte d'une activité, on fait plutôt référence aux salariés qui ont droit à l'aide au retour à l'emploi, c'est son vrai nom, qu'on appelle toujours couramment l'allocation chômage. Et donc en pratique, il peut s'agir de plusieurs contextes, ça peut être dans le cadre d'un licenciement, suite à une démission pour motif légitime, ça c'est moins connu, il y a certains motifs qui peuvent ouvrir droit à une indemnisation au chômage alors qu'il s'agit d'une démission. On a aussi le dispositif de démission-reconversion, lui non plus je crois qu'il n'est pas encore très connu, et également un départ en rupture conventionnelle, bon ça par contre on connaît. Quelques précisions quand même par rapport au licenciement, il faut savoir que l'abandon de poste n'est plus un motif... qui ouvre droit à l'indemnisation au chômage, parce que par principe, c'est considéré comme une démission. Et précision également pour la rupture conventionnelle, c'est un des rares motifs qui peut ouvrir droit à l'allocation chômage pour les fonctionnaires, parce que les fonctionnaires non plus ne cotisent pas au chômage et en principe n'ont pas droit à cette aide, mais il y a quand même des exceptions. notamment le cas de la rupture conventionnelle, mais il faut savoir que ça a été mis en place à titre expérimental, de manière provisoire, jusqu'au 31 décembre 2025. Alors, peut-être que ce sera renouvelé, peut-être que ce sera instauré de manière pérenne, ou peut-être que ce sera modifié, que ce sera abandonné. Pour l'instant, on n'a pas encore d'éléments dessus pour savoir comment ça va évoluer, en sachant qu'au moment de la mise en place de la rupture conventionnelle en 2020, il a été décidé aussi en parallèle de supprimer l'indemnité de départ volontaire pour création d'entreprise. Donc voilà, pour l'instant, on ne sait pas comment ça va évoluer, mais jusqu'à fin 2025, c'est sûr que c'est une manière de bénéficier de l'allocation chômage pour une création d'entreprise, donc pour un fonctionnaire qui partirait en rupture conventionnelle. On ferme la parenthèse, et donc le chômage peut... pleinement faire partie du projet dans une démarche d'optimisation et pour se laisser le temps aussi de développer l'activité tout en se sécurisant financièrement. Maintenant, la question se pose une fois que l'activité indépendante a réellement démarré et commence à générer des revenus. Comment on peut articuler le chômage avec la création d'entreprises ? Et la principale question qui revient, c'est est-ce qu'on peut cumuler l'allocation chômage et les revenus en tant que travailleurs indépendants ? La réponse est oui. D'une façon générale, on peut considérer que l'indemnisation en tant que demandeur d'emploi est cumulable avec les revenus de l'activité indépendante. En pratique, il existe plusieurs mécanismes pour encadrer ce cumul. La principale question ici, c'est de savoir si vous avez créé votre entreprise avant ou après la perte d'emploi. Si l'entreprise existait déjà avant avec des revenus, ça veut dire que vous avez cumulé des revenus en tant que salarié. en tant que créateur d'entreprise. Et donc, au moment où vous devenez demandeur d'emploi, vous êtes dans la situation d'une activité conservée et on ne va pas prendre en compte ses revenus indépendants pour déterminer le montant d'allocation à vous verser tous les mois. Si au contraire, vous avez d'abord eu la perte d'emploi et ensuite vous créez votre entreprise, donc vous êtes déjà demandeur d'emploi au moment où vous créez votre entreprise, là, le montant d'allocation chômage que vous allez percevoir chaque mois sera plafonné pour tenir compte des revenus donc acquis en tant que travailleur indépendant. Je ne vais pas plus loin ici concernant le calcul pour savoir le montant que vous allez effectivement percevoir chaque mois, mais dans la description de l'épisode et dans la transcription, vous avez le lien vers un article où je vous explique tout ça. Donc maintenant, comment optimiser l'allocation chômage ? À partir du moment où vous avez un projet de création d'entreprise, vous devez vous poser certaines questions si vous savez que vous allez potentiellement bénéficier de l'allocation chômage. Première question, quand créer votre entreprise ? Alors ça, c'est une question déjà abordée maintes fois. J'ai même eu une auditrice qui m'a dit une fois que ça, c'est bon. Elle l'avait bien pris en compte parce que je parle tout le temps de l'importance de bien choisir sa date de création d'entreprise. Donc au moins, je sais qu'à force de répéter, ça produit ses effets. Et donc là, dans ce type de situation, c'est vraiment une question essentielle parce que la date de démarrage de votre entreprise, c'est ça qui va déterminer le montant d'allocation chômage que vous allez avoir chaque mois. Alors ok, en principe ça n'a pas d'impact sur le montant global de vos droits, parce que si le montant du versement mensuel est plafonné, alors toute la somme que vous n'allez pas percevoir au titre d'un mois, ça va être reporté et ça va venir prolonger vos droits. Mais en réalité, l'impact est réel et parfois vraiment conséquent. Si tout de suite vous avez des revenus trop élevés par rapport à vos droits mensuels, alors tant mieux ! parce que le but derrière, c'est bien d'être autonome avec vos revenus, d'avoir des revenus importants, etc. Mais concrètement, ça va faire que vos droits vont être reportés de mois en mois et que vous ne les percevrez jamais. Donc si dans votre projet, vous avez tenu compte de l'allocation chômage et qu'elle n'arrive jamais, ça peut changer la donne. Et dans tous les cas, ça veut dire que vous n'avez pas optimisé ce point. Aussi, on en parle peu. Mais il existe aussi l'ARS, l'aide à la reprise ou création d'entreprise. C'est un dispositif qui permet de percevoir 60% du montant total des droits sous forme de capital. Avant, c'était 45%, maintenant c'est 60% parce que la durée totale d'indemnisation a été réduite. Dans ce cas, les éventuels revenus générés par la micro-entreprise n'ont aucun impact puisqu'il n'y a pas cette notion de versement mensuel. Alors attention à ne pas confondre ARS et ARS. L'ACRE, c'est une réduction de cotisation sociale dont bénéficient certains créateurs d'entreprise pendant les quatre premiers trimestres civils d'activité, donc plus ou moins pendant la première année d'existence de l'entreprise. Mais il y a quand même un lien entre les deux aides, pas seulement le fait qu'ils aient pris exactement les mêmes lettres, ils ont juste inversé création et reprise et hop, ça donne une nouvelle aide. Donc bon courage pour faire attention à ne pas confondre les deux, mais plus sérieusement. par rapport au chômage, parce que le fait d'être demandeur d'emploi indemnisé, c'est le principal moyen pour bénéficier de l'ACRE. Parce que quand on est en micro-entreprise, il faut remplir un des critères pour pouvoir bénéficier de l'ACRE. Alors, contrairement aux autres formes d'entreprise, aux autres régimes plutôt, mais en micro-entreprise, c'est vraiment spécifique, il faut remplir un des critères, et le principal, c'est celui-là, d'être demandeur d'emploi indemnisé. Pensez quand même à consulter la liste des critères si vous êtes dans cette situation parce que vous pouvez être concerné par un autre motif qui va vous permettre de bénéficier de l'ACRE. Et puis autre lien, c'est que l'ARS est réservé aux bénéficiaires de l'ACRE. Donc il faut d'abord bénéficier de l'ACRE pour ensuite pouvoir demander éventuellement l'ARS. Ce qui veut dire que c'est une donnée supplémentaire à prendre en compte dans vos choix stratégiques. Autre question. Tout aussi importante, celle du choix juridique. Alors, concernant J'aime la paperasse, on s'intéresse principalement aux auto-entrepreneurs et il faut reconnaître que c'est le choix de beaucoup de créateurs d'entreprises aujourd'hui, mais il ne faut pas occuper pour autant les différents statuts possibles qui seront parfois plus adaptés. Ça, c'est vraiment un sujet que j'aimerais plus développer à l'avenir pour aller éventuellement vers d'autres statuts, savoir comment ça se passe, pouvoir faire un choix éclairé. Et là, c'est une des situations qu'il va falloir prendre en compte pour faire votre choix. Par exemple, certains créateurs d'entreprises qui bénéficient de l'allocation chômage vont plutôt opter pour la SASU. L'avantage, c'est que l'associé dirigeant de SASU n'a pas le statut de travailleur non salarié, mais un statut plutôt d'assimilé salarié. Et ses cotisations sociales et impôts vont être calculées sur sa rémunération. Et s'il ne se verse aucune rémunération, il n'a même pas de cotisation minimale, contrairement au cas de l'EURL par exemple, avec le statut de travailleur non salarié, il y a un système de cotisation minimum. Alors attention tout de même sur ces questions, pas de cotisation sociale, ça veut aussi dire pas de droit associé en termes de protection sociale. Alors quand vous êtes demandeur d'emploi, ça vous offre déjà une certaine protection pour l'assurance maladie, ça permet de valider des trimestres pour la retraite, mais les droits peuvent être faibles au niveau des droits à la retraite ou encore des indemnités journalières par exemple, là où un auto-entrepreneur aurait cumulé les deux couvertures. Donc c'est une source d'optimisation possible. mais à considérer avec certaines précautions. Et il faut quand même avoir une vision suffisamment long terme pour savoir comment vous allez gérer l'après, puisque vous ne serez pas éternellement dans cette situation avec l'allocation chômage. Il faut toujours avoir en tête les contraintes et les limites qui vont avec chaque option. Une autre question vraiment importante, celle-là elle est générale, c'est de quel revenu vous avez besoin ? Avec ou sans aide, il est vraiment crucial de vous demander comment vous allez financer votre quotidien si votre entreprise tarde à décoller et même si elle décolle, simplement les premiers mois. Alors évidemment, on souhaite toujours un développement rapide, des revenus suffisants pour simplement se lancer pleinement dans l'entrepreneuriat et en vivre confortablement. Mais ce n'est pas toujours la réalité du terrain malheureusement et il vaut mieux s'y préparer un minimum, ne serait-ce que pour se laisser le temps de mettre... les actions en place. Donc les questions là-dessus, ça va être de combien d'argent vous avez besoin pour en vivre ? Est-ce que l'allocation chômage va être suffisante pour couvrir vos besoins financiers ? Est-ce que vous devez forcément compléter par les revenus issus de votre activité indépendante ? Est-ce que vous avez besoin de vous rémunérer chaque mois ? Ou est-ce que vous pouvez vous contenter de dividendes qui seraient versés annuellement, etc. ? Et tout ça, ça va être vraiment dans un projet d'une manière globale parce que l'épargne va entrer en compte. vos dépenses quotidiennes, votre situation familiale va jouer. On ne fonctionne pas pareil si on est célibataire sans enfant, qu'on a peu de charges et qu'on se dit, bon, c'est bon, là, je me serre la ceinture et ça ira. Ou si on a toute une famille qui repose sur un seul revenu. Donc forcément, tout ça, ça va être plein de questions à vous poser par rapport à votre projet et votre situation personnelle. Et la réponse à ces questions, ça va vous aider à prendre des décisions en termes de formes juridiques, de régime fiscal, régime social, en termes de rémunération, etc. En tout cas, l'allocation chômage peut représenter un énorme coup de pouce financier pour soutenir un projet de création d'entreprise, que ce soit avec le cumul de l'allocation chômage des revenus tirés de l'entreprise créée, donc cumul total ou partiel, ou avec l'ARS pour profiter d'un capital de départ qui va aider à financer l'activité. Mais au-delà de cet aspect purement financier, c'est aussi une période propice à la prise de recul. Le fait de sortir du cadre professionnel habituel avec souvent un rythme assez effréné, le fait d'avoir l'esprit plus disponible pour travailler sur votre projet entrepreneurial, tout ça, ça va jouer parce qu'être au chômage, ça veut aussi dire bénéficier de temps, ne plus avoir la charge mentale liée au travail salarié. Et donc, pendant quelques mois, la pression financière est réduite puisque... l'allocation chômage va financer au moins partiellement les besoins quotidiens et en plus, vous pouvez bénéficier de dispositifs d'accompagnement ou encore de financement de formation pour développer plus facilement votre activité. Tout ça, c'est une aide pour donner un maximum de chance à votre projet. Donc finalement, ce qu'il faut retenir, c'est que le chômage peut jouer un vrai rôle dans un projet entrepreneurial, tant pour la préparation ou la réalisation matérielle parce qu'il offre... Une période de disponibilité pour se consacrer pleinement à son projet de création d'entreprise que pour l'aspect purement financier en apportant un soutien financier. Pour en faire un véritable atout, il ne faut pas hésiter à préparer votre projet, à étudier les différentes hypothèses pour peser les avantages, les inconvénients de chacune et faire avec ça de vrais choix stratégiques. L'erreur, ce serait surtout de ne pas se poser de questions alors qu'il y a une possibilité d'optimisation et qu'un projet... planifié avec une vision au moins à moyen terme, c'est un projet qui aura beaucoup plus de chances de fonctionner et de fonctionner dans la durée. Parce que le but, ce n'est pas simplement de créer une entreprise, c'est de créer une entreprise rentable, une activité pérenne qui va s'inscrire dans la durée pour devenir votre véritable activité professionnelle et vous assurer le confort financier dont vous avez besoin. Une création d'entreprise, ça se prépare. Il existe différents leviers d'optimisation, parmi lesquels on peut citer l'accès aux aides à la création d'entreprises, ou encore le choix du statut juridique pour constituer une trésorerie importante dans son entreprise ou favoriser une certaine protection sociale. Il y a des questions de choix ici et d'optimisation possible. Ce sont donc autant de critères à bien peser en amont pour que la période de chômage devienne un vrai tremplin vers l'entrepreneuriat. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. Comme d'habitude, vous retrouvez la transcription complète sur j'aime-la-paperasse.com où vous avez également le lien vers les accompagnements et les ressources à télécharger gratuitement. Donc n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site. Merci à celles et ceux qui prennent le temps de le faire. C'est un énorme coup de pouce que vous donnez à ce podcast. Et on se donne rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode.
