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Je vois quelqu'un - Le podcast

Episode 2. Christophe. Vaincre mon homophobie

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41min |28/05/2024
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Description

Christophe a quarante ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu’il a exploré en thérapie : son besoin d’être entendu, celui d’assumer son homosexualité… Il revient aussi sur les souvenirs marquants, comme ces séances où il vient avec rien et dont il émerge beaucoup.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je vois quelqu'un. Bienvenue dans Je vois quelqu'un, le podcast qui raconte des expériences de thérapie. Dans chaque épisode, une personne nous partagera son histoire thérapeutique. Pourquoi a-t-il ou elle fait ce choix ? Allez voir celui qu'on a l'habitude de ne pas nommer, ce quelqu'un, le psy. Et comment ça l'a fait avancer ou bousculer ? Comment ça l'a changé ou apaisé ? Aujourd'hui, je recueille le témoignage de Christophe. Christophe, il a 40 ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Christophe, c'est surtout mon ami. C'est pour ça qu'au début de notre échange, c'était clairement pas facile d'être sérieux. Il casse tout ! Il casse le matériel, le monsieur ! Non mais j'aurais envie de tout, il dévisse tout, je n'en reviens pas !

  • Speaker #1

    Je suis obligé, mais si tu me dis rapprocher, sinon il va tomber.

  • Speaker #0

    Finalement, nous sommes mis dans un cocon. Tes petites chaussettes, ton petit plaid. On était bien et on a pu commencer. Dans cet épisode, il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu'il a explorés en thérapie. Son besoin d'être entendu, celui d'assumer son homosexualité.

  • Speaker #1

    Adolescent, j'avais déjà... Je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel.

  • Speaker #0

    Il reviendra aussi sur les souvenirs marquants, comme ses séances où il vient avec rien, et dont il émerge beaucoup. Je vous laisse découvrir Christophe et son récit de thérapie. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Je vois quelqu'un.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue dans ce podcast Je vois quelqu'un, qui est un podcast qui recueille des témoignages d'expériences thérapeutiques par des hommes, des femmes. Tu es d'ailleurs le premier homme. Ouais. Déjà, combien t'as eu de psy et combien t'as d'années thérapeutiques derrière toi ?

  • Speaker #1

    Alors, combien j'ai eu de psy ? J'ai eu trois psys différents. Je compte juste les vraies relations thérapeutiques, pas les essais. Parce qu'avant de trouver un psy, des fois on va en voir quelques-uns avant de trouver celui qui nous convient bien. Les trois, ce sont les personnes avec qui j'ai passé plusieurs mois ou plusieurs années dans le travail thérapeutique.

  • Speaker #0

    Et en tout, en cumulé, ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça va bientôt faire 20 ans. Il y a eu des petites pauses de quelques années pendant des moments où j'en ressentais moins le besoin, où j'étais aussi moins stabilisé géographiquement parce que j'étais en déménagement. C'était des périodes où je ne consultais pas de thérapeute, mais ça va entre 15 et 20 ans.

  • Speaker #0

    Et t'as 40 ans aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc pratiquement la moitié de ta vie.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est intéressant quand tu dis je ne compte pas les essais. Est-ce que tu peux nous raconter justement un essai qui n'a pas fonctionné et qu'est-ce qui fait que tu t'es dit c'est pas la bonne personne ou c'est pas la bonne méthode ?

  • Speaker #1

    Ça m'a... pas apporté, ça m'a pas marqué. C'était une discussion, si tu veux. J'amenais des... J'avais des choses à dire, je les expliquais, puis la personne me répondait comme si j'étais en discussion avec quelqu'un d'autre. Et... J'ai pas ressenti quelque chose qui m'a donné envie de revenir.

  • Speaker #0

    C'est quoi qui te donne envie de revenir ? chez un thérapeute ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la perception ou la sensation qu'il se passe quelque chose dans la séance qui te fait aller beaucoup plus loin qu'une simple discussion, qui te fait réaliser des choses que tu n'avais pas réalisées avant de rentrer et qui te semblent évidentes une fois que tu es sorti. C'est une confiance avec la personne et Ouais, une confiance, ça me paraît essentiel parce que tu... Tu confies assez... Tu te livres, en fait. Tu n'es pas censé mettre de barrière dans ce que tu dis, même si des fois, on choisit de ne pas dire certaines choses. Mais il faut se dire, Tiens, cette personne, je vais être à l'aise pour tout lui dire.

  • Speaker #0

    Mais c'est difficile de le sentir dès le début.

  • Speaker #1

    Oui, on ne le sent pas forcément dès la première séance. Mais sur les personnes que j'ai vues qu'une fois ou deux fois, peut-être que j'ai... Certains psy je les ai vus que deux fois, c'est un peu comme une mayonnaise qui prend pas tu vois. Tu sens qu'il n'y a pas d'accroche, qu'il n'y a pas de consistance, ou tu te dis tiens là, ouais je sens que la personne elle a les épaules pour m'accompagner.

  • Speaker #0

    Et au contraire quand t'as choisi tes psy, est-ce que je sais pas, t'as des souvenirs qui viennent, qui t'ont marqué, qui ont fait que tu t'es dit ouais je vais continuer avec elle ou lui ?

  • Speaker #1

    Sur les trois, il y avait trois personnes bien entendu bien différentes, et en plus ils ont une formation différente. Donc ils n'avaient pas les mêmes styles thérapeutiques, mais les trois avaient ce que moi je percevrais comme quelque chose de solide, comme une puissance dans la présence, qui moi m'a... Ça m'a fait du bien, m'a donné envie de rester et je me suis dit, tiens, avec cette personne-là, je pense que je vais apprendre des choses.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'ils avaient trois approches thérapeutiques différentes. Est-ce que tu peux les nommer ?

  • Speaker #1

    Oui. Les deux premiers, c'était deux femmes, des psychanalystes. et des psychanalystes lacaniennes, qui sont des psychanalystes de la cause freudienne. Et le troisième est un gestalt thérapeute.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous décrire les différences que tu as pu vivre entre les deux approches ?

  • Speaker #1

    Je vais schématiser un petit peu, parce qu'évidemment les personnes avaient des styles différents, donc ne pratiquez pas de la même façon chaque thérapeute à son style. Mais le lacanien, comme le freudien je crois, il intervient peu. Il te laisse beaucoup dans ta solitude et donc il peut arriver que par exemple tu poses des questions et qu'il ne te répond pas. Il te regarde mais il ne te répond pas. C'est un travail où tu es beaucoup moins accompagné, beaucoup moins soutenu dans ce travail-là. C'est un travail individuel et solitaire, la psychanalyse je trouve, même si tu le fais aux côtés de quelqu'un d'autre qui te guide. qui va par moments te montrer de faire des feedbacks très précis sur certains aspects de ce que tu vas dire ou de ce que tu peux montrer. Donc c'était des thérapies, enfin des analyses, parce qu'au début c'était thérapeutique et après j'ai commencé une psychanalyse où c'était un peu assis et puis parfois allongé sur le divan. Moi j'étais plus allongé, plus à l'aise allongé parce que j'avais plus de facilité à me laisser aller et à laisser venir en fait le flux de paroles sans trop réfléchir. L'analyste ou le thérapeute, il n'y avait pas un lien de sympathie avec elles. Je sentais qu'elles étaient là pour me faire progresser, mais pas forcément de manière douce.

  • Speaker #0

    C'était assez froid ?

  • Speaker #1

    C'était très froid. Même si la première que j'ai vue était âgée, quand je l'ai vue elle avait plus de 80 ans. Et donc elle avait un côté un peu grand-mère, et grand-mère patati daniel, tu vois grand-mère quand même assez chaleureuse. Mais par contre dans l'échange thérapeutique c'était très froid. Et la Gestalt thérapie... Pour le coup, c'est une expérience où il y a beaucoup plus d'accompagnement et où je vis les choses avec le thérapeute. Le thérapeute ne se considère pas comme étant étranger à ce que je suis en train de vivre et des fois, il utilise ce qu'il se passe entre nous comme exemple de ce qui peut se passer pour moi dans la vie, ce que ne fait jamais un psychanalyste. Et aussi, le thérapeute en Gestalt, il me soutient. Je sens qu'il est dans une posture de soutien, de bienveillance, et je sais que je peux compter sur lui, ce qui est quand même une grosse différence.

  • Speaker #0

    Tu disais que parfois, ils t'ont fait des feedbacks très précis, qui t'ont soutenu, aidé, notamment les deux psychanalystes. Est-ce que tu t'en souviens de certains ?

  • Speaker #1

    Oui, il y en a un qui me vient. Je parlais d'une de mes figures familiales, et dans l'expression que j'utilise, je dis je ne veux plus l'entendre se plaindre Mais je le dis au milieu d'une phrase comme... Au moment où je le dis, je ne le dis pas en me disant ça c'est important Et comme elle soulevait peut-être deux, trois mots dans une séance de 30 minutes, quand elle soulève un mot, tu te dis tiens, pourquoi elle utilise ce mot-là ? Et donc là, elle dit vous ne voulez plus l'entendre se plaindre Et rien que de t'en reparler, tu vois, j'ai compris effectivement que la plainte que je pouvais observer chez cette personne était pour moi insupportable. Et donc, juste le fait de le reformuler m'a permis de le voir, et après le processus de prise de conscience continue, mais le simple fait de reformuler ça que j'avais dit moi-même, mais dont je n'avais pas perçu l'importance, m'a permis de la comprendre.

  • Speaker #0

    Et ça a changé ton contact avec la personne qui se plaint ? Ou qu'est-ce que ça a eu comme impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ça a changé ma façon de vivre la plainte. Et après, il y a eu plusieurs événements par la suite qui ont fait qu'effectivement, moi, ma posture a changé après. Et donc, la plainte a forcément évolué. Et aujourd'hui, je ne saurais pas dire ce qui se serait passé si je n'avais pas eu cette prise de conscience. Mais ce qui est une certitude, c'est que... La plainte n'a plus le même effet sur moi qu'elle avait avant. Donc elle se manifeste différemment, ou elle ne se manifeste plus. Mais oui, ça a fait bouger, et ça n'a pas fait bouger que moi.

  • Speaker #0

    La première fois que tu es allé en thérapie, est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur ?

  • Speaker #1

    Oui. Pour aller répondre à ta question, je vais te dire qu'aujourd'hui, ce n'est plus du tout ce que je vais chercher en thérapie, mais quand j'ai commencé, j'avais un besoin de faire de la thérapie, parce que j'étais mal. Et donc, la première séance, pour moi, elle était hyper importante. hyper importante parce que d'une part c'était une initiative que j'avais jamais prise, donc il y avait beaucoup de nouveautés. Et... J'avais un énorme espoir que ça me permette d'aller mieux, dans les souffrances du quotidien, dans des questionnements que je pouvais avoir, certains dont j'ignorais l'existence. Et cette attente-là a généré beaucoup de tensions, d'inquiétudes sur le fait que la relation thérapeutique prenne ou ne prenne pas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis que tu étais mal et que tu avais des souffrances, c'était quel type de mal ? Des douleurs, c'était de la déprime ?

  • Speaker #1

    J'avais un front de déprime, oui. C'était l'apparition de l'adolescence. Donc j'avais un front de déprime, j'avais des questionnements qui étaient pour moi... hyper difficile sur ma sexualité, sur mes relations conjugales, amoureuses, et qui était hyper difficile parce qu'il y avait plein de questions, plein d'incertitudes. Enfin, c'est plus que des incertitudes, c'était un environnement qui, pour moi, j'étais perdu là-dedans. Et puis... confronter un monde social dans lequel c'est pas bon d'être perdu là-dedans. Et puis, un fond de déprime là-dessus et aussi un fond d'hypersensibilité dans les relations amicales, familiales, où beaucoup de choses m'irritaient. J'étais assez susceptible et quand j'étais susceptible, c'était vécu... Moi, je le vivais comme assez... C'était insupportable. Donc, c'était hyper fréquent dans une soirée avec des amis, il y a des choses qui se passent et que je sois... contrarié par quelque chose, que je me referme complètement. Moi, j'étais malheureux, je devais certainement être insupportable pour mon entourage. Au quotidien et sur la longueur, ça faisait un front de déprime qui m'a donné envie de le traiter, de regarder ça en disant Il y a peut-être moyen de faire autrement pour que je ne sois pas autant dans le mal quand ça se produit.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu as 16-17 ans ? Tu dis l'adolescence ?

  • Speaker #1

    Oui, plus de 17 ans pour les premières...

  • Speaker #0

    T'es au lycée ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ça dure combien de temps ?

  • Speaker #1

    La première, elle dure deux ans, même pas deux, un an et demi, deux ans.

  • Speaker #0

    Comment tu ressors de cette première expérience thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Je sors avec l'impression d'avoir un peu fait du tri. Je portais, même au bout d'un an, tu vois, même dans les premiers mois, je portais beaucoup moins. ce truc insupportable que je portais avant, de me dire, dans telle situation, je vis des choses qui sont insoutenables et je ne sais pas faire autrement. Donc le fait d'avoir commencé la thérapie m'a permis de me dire, ok, dans ces situations, c'est compliqué pour moi, c'est aussi compliqué pour les autres, mais je sais qu'avec le temps, il est possible de faire autrement.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a une étape d'accepter la situation telle qu'elle est, et aussi d'avoir de l'espoir qu'il y a un changement possible et un apaisement possible.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux nommer un des gros chantiers qui peut-être a continué après, ou sur lequel qui a été central pour toi dans ton parcours thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Le plus gros chantier pour moi, je parlais de sexualité tout à l'heure, c'était d'assumer mon homosexualité. et de l'assumer. Surtout pour moi-même. Et ça, c'est le plus gros chantier sur lequel j'ai eu à travailler. Et aujourd'hui, quand je dis aux gens que j'ai eu à affronter ma propre homophobie, les gens ne comprennent pas. Mais c'est clair que moi, je n'ai eu aucune difficulté familiale pour que mon homosexualité soit acceptée. Mais la plus grosse résistance... qui pouvait y avoir, c'était ma propre résistance. Donc, adolescent, je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel. Donc je me trouvais des raisons sur ces attirances et je me disais, ben voilà, il y a un contexte, je vais me définir d'une certaine manière, mais non, je ne suis pas homosexuel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a participé à ce que tu assumes et aussi tu accueilles ton homosexualité ? Peut-être même maintenant que tu t'en es fière, je sais pas. Je sais pas où t'en es de ça.

  • Speaker #1

    Je me souviens qu'il y a une question qui m'obsédait, à laquelle je voulais à tout prix trouver une réponse quand j'étais même pas trentenaire. Oui, non, loin des trentenaires plutôt. Avant mes 25 ans, c'était savoir, en fait, est-ce que je peux choisir quelle sera ma nouvelle ? Et est-ce que, en fonction de ce qui m'est donné, donc oui, je suis attiré par des hommes, je peux trouver aussi des femmes jolies, je peux arriver à vivre des relations avec des hommes ou avec des femmes, mais tout ça m'étant donné, Qu'est-ce que je peux en faire et quelle est ma part de volonté là-dedans ? Cette question, je me souviens l'avoir souvent posée au thérapeute. Alors mes psychanalystes ne répondaient pas. Une fois, j'ai posé la question de façon très insistante. Donc j'ai eu un semblant de réponse. Et mon gestal thérapeute m'avait répondu que pour lui, ça ne se choisissait pas et qu'il y avait des études scientifiques très claires qui montraient que ça se passait... Très probablement avant la naissance. Donc ça c'est... un questionnement qui m'a suivi pendant très longtemps, mais ce qui m'a aidé à accepter de plus en plus ma sexualité, d'accepter de plus en plus qui je suis, voire d'en être fier. C'est en fait plus de sérénité, là encore je vais parler de sérénité, mais plus je gagnais de la sérénité avec qui j'étais, plus je... Quelque part, je levais un petit peu les barrières qui m'empêchaient d'aller accepter ça. Et plus c'est devenu comme une évidence. Et c'est pas du tout un but, je pense que tu as compris que c'est pas un but que je suis allé chercher, parce que pour moi, au contraire, le but c'était pas ça. Donc quand je suis entré en thérapie, mon objectif c'était de régler un problème. C'était pas de m'accepter avec ce problème. Mais c'est pas du tout un but. C'est pas du tout un but.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a, au-delà du sujet de sexualité, des thèmes qui reviennent ? Tu parlais de chantier tout à l'heure, c'est peut-être moi qui l'ai dit d'ailleurs. Mais des gros sujets qui sont un peu tes marronniers, comme on dit dans la presse. Les gros sujets sur lesquels tu vois quand même que tu as avancé.

  • Speaker #1

    Dans mon rapport aux autres ? J'ai un des sujets qui est le plus récurrent, qui est le besoin d'être entendu. Et quand j'ai l'impression de ne pas être entendu... A l'intérieur de moi, il y a un petit feu qui s'allume, et plus la discussion avance, plus la situation avance, et plus j'ai l'impression que j'insiste pour être compris, et que je vois que l'autre ne me comprend pas, plus le brasier prend de la place, jusqu'à un moment où c'est incontrôlable. Si je me place quelques mois, voire quelques années en arrière, je pouvais dévisser complètement, me mettre à hurler et vivre un truc incontrôlable en moi. C'est un peu ce qu'on parle de violence, pas au sens où je tape sur les gens, mais violence dans le sens où ce que je vis m'empêche de voir. Ce que je fais aux autres et ce que je fais aux autres peut être simplement dans le fait de fermer complètement et de ne plus parler, parce que c'est une manière que j'ai de me protéger moi. Mais cette manière-là est violente parce qu'on n'a plus la capacité de voir ce que ça fait à l'autre.

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que c'est violent pour toi aussi, ça fait mal ?

  • Speaker #1

    Et c'est hyper violent pour moi, oui. Et donc ça, on va dire que c'est un chantier en cours. Mais aujourd'hui, quand se produit une situation similaire et que je sens que je ne suis pas entendu, on va dire que dans 90% des cas, j'arrive avant même que le feu s'allume à se dire bon, là, tu ne te sens pas compris Est-ce que ça vaut vraiment la peine d'insister ? Est-ce que l'échange, est-ce que la situation vaut le coup d'insister pour s'assurer que tu as été compris ou pas ? Et quand ça vaut le coup, parce que la personne est très intime ou parce que le sujet est vraiment important, je vais regarder avec plus d'attention parce que je sais ce que ça me fait. Donc je vais y aller avec plus de précaution. Bien souvent, les gens qui m'entourent aujourd'hui le savent. Donc, c'est quelque chose dont rapidement, je peux dire, écoute, là, pour moi... J'ai l'impression que ce que je viens de dire, je ne me suis pas fait comprendre en fait. Et c'est important pour moi que tu comprennes ce que je suis en train de dire. Et tu sais en plus que si je n'ai pas l'impression d'être compris, pour moi ça va être ingérable. Donc quand c'est avec des personnes avec qui on est intime, on peut le dire, moi je peux le dire, encore faut-il le savoir pour soi. Parce que si je me place cinq ans en arrière, je vriais, le feu s'allumait en moi, mais tout ce que je me disais, c'est quel con, il ne m'écoute pas Je ne me disais pas c'est hyper important pour moi d'être compris

  • Speaker #0

    Il y a un autre chantier que tu as envie de célébrer, comme une victoire de ton histoire thérapeutique.

  • Speaker #1

    Oui, je vais célébrer la liberté que je ressens aujourd'hui. de faire, d'entreprendre, de choisir. Et j'utilise volontairement des mots très très larges, parce que je peux penser à un parcours professionnel, par exemple. Je peux penser à des relations. Je peux penser à comment j'organise mes vacances, par exemple. Tout ça s'applique à plein de situations différentes. Mais aujourd'hui, je sens que mes choix se font de manière beaucoup plus libre et beaucoup plus respectueuse de qui je suis. Je suis. que je ne pouvais les faire il y a quelques années. Ou je me sentais obligé de faire ça parce que il fallait que... Peu importe les raisons, mais j'avais plein de raisons internes qui me faisaient aller vers des trucs qui n'étaient pas forcément bons pour moi. Donc ça, aujourd'hui, c'est évidemment un motif de grande fierté que j'ai envie de célébrer, c'est qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à me dire, ça je le fais parce que j'ai envie de le faire, et je sais pourquoi j'ai envie de le faire, C'est pourquoi ça va me faire du bien de choisir tel projet plutôt qu'un autre. Cette liberté-là n'aurait pas été possible selon moi sans la thérapie.

  • Speaker #0

    Tu as des rituels avant, après la thérapie, pendant le chemin ? Est-ce que tu prends des notes ?

  • Speaker #1

    Avant, je prenais beaucoup de notes et avant, je préparais mes séances. Il était important pour moi d'arriver à une séance avec un sujet à aborder et avec quelque chose à dire. Aujourd'hui, je ne les prépare plus et j'arrive très régulièrement en séance sans rien d'avoir à dire, sans rien avoir envie de travailler. Et bien souvent, je ne sais pas. Beaucoup de choses apparaissent, et pour ma grande surprise. Je me sens beaucoup plus tranquille quand je vais en séance. Avant, je prenais beaucoup de notes, mais y compris dans le quotidien. Parce que je me disais, là je suis en train de vivre une contrariété, je suis en train de vivre un événement qui est potentiellement difficile, je me suis pris la tête avec mon copain, ou je me suis pris la tête avec mes parents. Tiens, notons ce que je vis à ce moment-là, parce que... Le souvenir sera différent quand je vais aller voir ma psy. Et donc, je vais me souvenir de ce qui se passe là maintenant. Donc je notais beaucoup. Aujourd'hui, je note beaucoup moins, tout simplement, parce que j'ai beaucoup moins de moments où ça ne va pas, ou de moments difficiles, ou d'engueulades. Donc je prends beaucoup moins de notes. Et à la sortie des séances... Avant, j'avais peur de ne pas me souvenir de ce qu'on s'était dit, de ce qui était sorti des prises de conscience et tout. Maintenant, c'est hyper rare. C'est vraiment très très rare que je note quelque chose. Quand je note quelque chose, c'est que dans la science. J'ai eu besoin de me le répéter trois fois pour que ça rentre.

  • Speaker #0

    T'as un exemple ? C'est quoi la dernière prise de conscience que t'as notée ?

  • Speaker #1

    La vraie, je prête mon téléphone.

  • Speaker #0

    Vas-y, tu peux.

  • Speaker #1

    Je vais te lui parce que...

  • Speaker #0

    Elle nous dit que ce que t'as envie de partager, c'est la main.

  • Speaker #1

    En gros, je viens avec un sujet chez mon psy et je lui dis écoute, il faut que je travaille là-dessus. Dans telle situation, ça a été compliqué pour moi, j'étais avec telle personne. Pour moi, c'était compliqué de bien agir, d'agir correctement, parce que la personne n'était pas hyper respectueuse, c'était un peu dur. Et mon psy me dit mais qu'est-ce qui fait que... Tu t'es mis dans cette situation. Qu'est-ce qui fait que tu as choisi d'être dans la situation avec cette personne, sachant que tu savais que ce serait difficile ? Et quand il me l'a dit, je me suis dit, je ne vois pas de quoi tu parles en fait.

  • Speaker #0

    Tu aurais pu l'anticiper et l'éviter ?

  • Speaker #1

    Complètement, oui. Il y avait de ma part une volonté un peu constitutive chez moi. Je me suis dit, tiens, là, je sens qu'avec cette personne, je vais travailler parce que ce n'est pas quelqu'un avec qui je suis à l'aise. Donc, je me suis dit, je vais y aller. Et je vais apprendre et je vais voir aussi quelle est ma capacité sur des sujets que j'avais travaillé jusqu'à présent, y compris le fait de ne pas me sentir entendu. Je me suis dit, tiens, avec cette personne, c'est le bon endroit pour aller travailler ça et pour voir si j'agis aujourd'hui différemment d'il y a quelques mois. Et donc, j'y suis allé. Donc effectivement, c'était différent, mais ce n'était pas pour autant hyper agréable. Et donc, mon psy me dit mais pourquoi tu y vas ? Ok, tu vas apprendre et tout, mais tu peux aussi choisir de ne pas te mettre autant en difficulté Et donc, quand lui me l'a dit, je l'ai entendu, ça m'a impacté, et puis c'est reparti. Et donc, c'est quelque part quelque chose qui est revenu un petit peu de plusieurs formes différentes et où effectivement, j'ai eu besoin de l'écrire pour me dire bon, peut-être que la mise en difficulté n'est pas une obligation que je peux aussi choisir des fois la voie du confort. Et ça, je me suis dit, c'est bien de l'écrire, parce que chasser le naturel, il revient au galop. Je pourrais avoir tendance à, plusieurs fois, par la suite, à me dire, bon, ok, dans telle situation, j'ai plusieurs choix, mais je vais prendre celle où il y a du challenge. Alors que des fois, il est aussi bon de choisir du confort.

  • Speaker #0

    Tout à l'heure, tu parlais des séances où parfois tu viens avec rien. Est-ce qu'il y a une séance comme ça où tu es venu avec rien et où quelque chose a émergé ?

  • Speaker #1

    J'en ai une en particulier qui était assez forte. Je me suis présenté à un thérapeute, vraiment, je n'avais aucun sujet. Mais dans les semaines avant, aucune contrariété, aucun truc où je me suis dit tiens ça c'est intéressant, rien. Et donc je me présente devant le thérapeute, et pas mal de temps de silence, d'observation et tout. Et... Le thérapeute Gestalt sort un des sujets qui était hyper actuel chez moi, sans savoir que c'est un sujet actuel, de ce que je pouvais générer de différent chez les personnes avec qui j'étais en relation. J'explique un petit peu plus.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une vision de moi qui est quelqu'un de sympathique, un peu réservé par moment, mais qui ferait pas mal de mal à une mouche et plutôt bien intentionné. Il y a des gens qui ne me perçoivent absolument pas comme ça. J'ai pu avoir des feedbacks de gens qui me disaient toi, quand tu es le genre de personne, quand je rentre dans une pièce, je sais que je vais avoir envie de faire connaissance avec tout le monde sauf avec toi J'ai eu des commentaires qui m'ont dit tu es le genre de personne qui est capable Mais pas par la valeur de qui je suis, mais par ce que je dégage. Parce que j'ai pris conscience avec le temps, et ça aussi merci la thérapie et la thérapie de groupe, que je peux dégager, enfin je dégage, une impression de forte confiance en soi. Et cette impression peut générer chez certains de la crainte et de l'envie de ne pas aller à mon contact. Là ou chez d'autres, ça crée une grande sécurité. une grande chaleur et beaucoup de protection. Parce que ça donne l'impression que j'endure, que je suis là. Et donc ça génère deux choses différentes. Et le thérapeute, sans rien se dire, juste par ce qui se passait, par l'observation, et par ce qui s'est joué entre nous, qui était un peu des deux, c'est-à-dire qu'il y avait à la fois de la chaleur, à la fois quelque chose de sécurisant et de stable, et à la fois quelque chose qui était... qui lui faisait qu'il se sentait mis à distance. Et qui disait, mais en fait, j'arrive pas à venir vers toi, là. Je sens qu'il y a un truc hyper solide, hyper fort, mais j'arrive pas. C'est comme s'il y a quelque chose qui me repoussait de toi. Et simplement en disant ça, ça a réouvert pour moi ce sujet qui est un sujet actuel, enfin qu'il l'était à l'époque, mais on peut dire qu'il l'est toujours. Et ça a permis d'avancer sur ce sujet-là et de travailler dessus à l'occasion de cette séance-là.

  • Speaker #1

    Tu dis thérapie de groupe, donc tu as expérimenté la psychanalyse, la gestaltérapie individuelle. Donc tu as aussi vécu de la thérapie de groupe et d'autres formes de thérapie ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai effectivement, mon psy, Gestalt, un jour m'a proposé d'intégrer un groupe de thérapie. Sur le coup, j'ai eu un petit frisson. J'ai fait non, je la mets de la vie. C'est déjà difficile de le confier à une personne alors d'aller confier ça à dix autres personnes. Mais tu es faux ! Non, merci ! Donc, j'ai dû dire un non catégorique. Bien qu'écoutant ces explications, je lui ai dit écoute, non, non, non, ça ne m'intéresse pas. Et puis les semaines et les mois sont passés et j'ai un ami qui me dit Tiens, j'ai fait une thérapie de groupe, c'était sensationnel. J'ai jamais autant appris qu'en thérapie de groupe. Il me dit quand tu vas voir un psy, quand tu es dans une séance devant un psy, tu vois une personne. Quand tu es en thérapie de groupe, tu fais ta séance devant douze personnes, donc tu vois douze regards différents. Tu confies ce que tu confies devant douze personnes qui n'est pas non plus le même symbole et donc qui n'a pas le même effet sur toi quand tu le dis. Et surtout, il me dit, là où moi j'avais beaucoup de crainte, tu l'as compris, c'est un environnement qui est bien fait, c'est sécurisant. Ce n'est pas l'exercice hyper difficile où tu te jettes dans la gueule du loup. Il me dit que c'est vraiment très précautionneux, il n'y a pas de mise en danger dans cette démarche-là. Et donc, comme toute chose, il a fallu du temps, mais ce qu'il m'a dit, c'est rentré. Et un jour, mon psy m'en a reparlé, mais peut-être un an après la première fois qu'il m'en avait parlé, parce qu'il me dit Tiens, il y a une place qui se libère dans le groupe, je ne sais plus si je t'en avais parlé, est-ce que ça t'intéresserait de rejoindre le groupe de thérapie ? Et donc là, réaction tout autre que la première fois, je lui ai dit Écoute, je veux bien réfléchir. Jusqu'à quand je peux réfléchir ? Et puis, j'ai intégré le groupe.

  • Speaker #1

    et je vois ton regard que tu n'as pas en savoir plus oui je vais toujours en savoir plus juste une question sur la thérapie de groupe enfin non je vous en ai quand même est-ce qu'il y a un sujet que tu n'avais jamais ouvert et

  • Speaker #0

    que tu as ouvert que en thérapie de groupe c'est ma première alors oui et le sujet dont je viens de te parler sur le rapport aux autres c'est pas que j'avais choisi de ne pas l'ouvrir avec mon psy, c'est qu'il n'était jamais sorti Et que c'est grâce à la thérapie de groupe que j'ai pris conscience de ça. C'est-à-dire qu'en thérapie de groupe, il n'y a pas que des séances où on parle à un psy devant d'autres personnes, il y a aussi des séances d'exercices, d'expérimentations où on va par exemple adresser un message à quelqu'un d'autre en lui disant quel est notre ressenti à son contact. Et donc, à travers ces exercices-là, j'ai pris conscience de ce que je pouvais générer chez les autres, et de complètement différent selon les personnes et selon leur propre vécu. Et donc c'est grâce au groupe. que j'ai pu commencer à travailler ce sujet-là, et de savoir que quand quelqu'un était réticent à me rencontrer, ce n'est pas qu'il ne pouvait pas me blairer, c'est qu'il pouvait éventuellement évoquer des difficultés à mon contact. Là où moi je disais, de toute façon s'il ne veut pas être à mon contact, c'est forcément qu'il ne peut pas me blairer, qu'il ne m'aime pas, qu'il ne m'apprécie pas. Je me vois comme quelqu'un de bon, et donc je ne pense pas à mal. Et donc, je me disais, si j'ai envie d'aller vers cette personne, elle va forcément avoir envie de venir vers moi. Si elle n'a pas envie, c'est qu'elle ne m'apprécie pas. Donc, ça, c'est le genre de raccourci que je pouvais faire avant. Et la thérapie de groupe m'a appris que c'était plus complexe que ça. Et que chacun avait son vécu, son mode de penser, sa réalité, qui fait qu'avec toi, je suis à l'aise. Et puis, avec une autre personne avec qui toi, tu seras super à l'aise dès le premier instant, moi, ça va être plus compliqué. Et donc, voilà, c'est tout ça qui... J'ai réussi à expérimenter ça grâce à la thérapie de groupe. Par contre, j'ai en tête un exercice qu'on avait fait dans un stage en résidentiel. En résidentiel, ça veut dire qu'on avait loué un gîte et le groupe de thérapie se faisait dans ce gîte. Donc en fait, c'est en dehors de chez soi, on passe la soirée ensemble. Donc il y a une autre ambiance par rapport au groupe classique où on se retrouve le matin et le soir, tout le monde rentre chez soi. Et donc les thérapeutes nous disent, tiens, on est dans la nature, et donc vous allez aller chercher, vous allez vous balader, vous avez trois quarts d'heure, vous allez vous balader dans la nature, seul. Vous évitez autant que possible de discuter avec quelqu'un, c'est vraiment un moment où vous êtes avec vous-même. Et dans cette balade, vous essayez de trouver un élément dans la nature qui parle de vous. Et dans trois quarts d'heure, vous revenez avec cet élément-là. Et donc, vous voyez, il y a eu évidemment, au début, j'ai ramassé plusieurs trucs et tout. Et à un moment, je vois du lierre et je me dis mais le lierre, pour moi, me correspond, parle de moi de façon incroyable. C'est le truc. qui prend racine n'importe où, qui est d'une résilience incroyable, qui va avancer même là où on ne veut pas de lui, et qui est très résilient. Et donc là où tu vas essayer de tuer le lierre, ça va le renforcer, ça va l'endurcir. Et donc c'est cette partie du lierre-là que j'ai vue qui m'a parlé de moi à ce moment-là. Merci. Peut-être que ça ne se ressent pas quand j'en parle là, mais en fait c'est des moments extrêmement forts parce que poser ce genre de choses... L'exprimer après aux autres et par la suite faire un travail là-dessus, ça permet d'une part d'asseoir un truc qu'on sait en nous mais qu'on n'a pas forcément eu l'occasion d'exprimer, y compris à soi-même. Et là, tu fais développer l'estime de soi. Moi, à cette occasion-là, j'ai pu développer l'estime que j'ai pour moi-même parce que j'ai vu une qualité que j'ai qui est la résilience. J'ai pu l'exprimer, j'ai pu travailler dessus devant un groupe.

  • Speaker #1

    Tu voulais partager un autre exemple, si tu en as envie ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'il était très fort aussi, et d'une autre manière. Et pour le coup, là, c'était dans la relation à l'autre. C'est un exercice hyper simple, où le thérapeute dit mettez-vous par deux Et… Tu prends une échappe ou un lien entre les deux personnes, de préférence assez long, et chacun tient un bout du lien, que ce soit une échappe, un bout de tissu, un ruban. Et les thérapeutes invitent à... à expérimenter ce que c'est que de mettre de la résistance, de lâcher le lien, de tirer l'autre vers soi, de laisser l'autre repartir alors qu'il met de la pression, de s'approcher de l'autre. Et à chaque moment d'être hyper attentif sur ce que tu ressens avec l'autre. Donc c'est pas un jeu, tu vois, un peu une gaminerie ou qui serait un jeu léger, mais c'est un jeu où il faut être concentré sur qu'est-ce que tu ressens. Est-ce que ça me gêne de m'approcher de l'autre ? Est-ce que ça me gêne que l'autre s'approche de moi ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je veux m'approcher de l'autre, l'autre recule ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je tire l'autre, il lâche le lien au lieu de venir ? Et tu vois, rien que de te le dire, je commence déjà à ressentir les émotions que j'ai ressenties ce jour-là. Parce qu'en fait, j'ai été bouleversé. Bouleversé de voir tout ce que je viens de te citer là, vécu avec une personne, où on n'était que concentré sur ça. Et je pense que c'est ça qui fait qu'on pouvait être attentif à ce qu'on vivait, c'est qu'on était concentré uniquement sur ça. Et ça parlait de chacun de nous, de voir comment inviver le rejet, comment inviver la proximité. Et cet exercice-là, je sais qu'il m'avait bouleversé et que derrière, j'avais fait beaucoup de séances de travail qui m'avaient beaucoup appris.

  • Speaker #1

    Merci

  • Speaker #0

    Christophe. Avec plaisir Alexandre.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute du podcast Je vois quelqu'un. N'hésitez pas à partager cet épisode s'il vous a interpellé ou intéressé. Si vous avez envie de témoigner aussi, n'hésitez pas à me contacter. Vos partages peuvent inspirer des envies, autoriser à se faire aider, soutenir, avoir quelqu'un, pour traverser les escales de l'existence. A bientôt.

Description

Christophe a quarante ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu’il a exploré en thérapie : son besoin d’être entendu, celui d’assumer son homosexualité… Il revient aussi sur les souvenirs marquants, comme ces séances où il vient avec rien et dont il émerge beaucoup.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je vois quelqu'un. Bienvenue dans Je vois quelqu'un, le podcast qui raconte des expériences de thérapie. Dans chaque épisode, une personne nous partagera son histoire thérapeutique. Pourquoi a-t-il ou elle fait ce choix ? Allez voir celui qu'on a l'habitude de ne pas nommer, ce quelqu'un, le psy. Et comment ça l'a fait avancer ou bousculer ? Comment ça l'a changé ou apaisé ? Aujourd'hui, je recueille le témoignage de Christophe. Christophe, il a 40 ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Christophe, c'est surtout mon ami. C'est pour ça qu'au début de notre échange, c'était clairement pas facile d'être sérieux. Il casse tout ! Il casse le matériel, le monsieur ! Non mais j'aurais envie de tout, il dévisse tout, je n'en reviens pas !

  • Speaker #1

    Je suis obligé, mais si tu me dis rapprocher, sinon il va tomber.

  • Speaker #0

    Finalement, nous sommes mis dans un cocon. Tes petites chaussettes, ton petit plaid. On était bien et on a pu commencer. Dans cet épisode, il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu'il a explorés en thérapie. Son besoin d'être entendu, celui d'assumer son homosexualité.

  • Speaker #1

    Adolescent, j'avais déjà... Je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel.

  • Speaker #0

    Il reviendra aussi sur les souvenirs marquants, comme ses séances où il vient avec rien, et dont il émerge beaucoup. Je vous laisse découvrir Christophe et son récit de thérapie. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Je vois quelqu'un.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue dans ce podcast Je vois quelqu'un, qui est un podcast qui recueille des témoignages d'expériences thérapeutiques par des hommes, des femmes. Tu es d'ailleurs le premier homme. Ouais. Déjà, combien t'as eu de psy et combien t'as d'années thérapeutiques derrière toi ?

  • Speaker #1

    Alors, combien j'ai eu de psy ? J'ai eu trois psys différents. Je compte juste les vraies relations thérapeutiques, pas les essais. Parce qu'avant de trouver un psy, des fois on va en voir quelques-uns avant de trouver celui qui nous convient bien. Les trois, ce sont les personnes avec qui j'ai passé plusieurs mois ou plusieurs années dans le travail thérapeutique.

  • Speaker #0

    Et en tout, en cumulé, ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça va bientôt faire 20 ans. Il y a eu des petites pauses de quelques années pendant des moments où j'en ressentais moins le besoin, où j'étais aussi moins stabilisé géographiquement parce que j'étais en déménagement. C'était des périodes où je ne consultais pas de thérapeute, mais ça va entre 15 et 20 ans.

  • Speaker #0

    Et t'as 40 ans aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc pratiquement la moitié de ta vie.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est intéressant quand tu dis je ne compte pas les essais. Est-ce que tu peux nous raconter justement un essai qui n'a pas fonctionné et qu'est-ce qui fait que tu t'es dit c'est pas la bonne personne ou c'est pas la bonne méthode ?

  • Speaker #1

    Ça m'a... pas apporté, ça m'a pas marqué. C'était une discussion, si tu veux. J'amenais des... J'avais des choses à dire, je les expliquais, puis la personne me répondait comme si j'étais en discussion avec quelqu'un d'autre. Et... J'ai pas ressenti quelque chose qui m'a donné envie de revenir.

  • Speaker #0

    C'est quoi qui te donne envie de revenir ? chez un thérapeute ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la perception ou la sensation qu'il se passe quelque chose dans la séance qui te fait aller beaucoup plus loin qu'une simple discussion, qui te fait réaliser des choses que tu n'avais pas réalisées avant de rentrer et qui te semblent évidentes une fois que tu es sorti. C'est une confiance avec la personne et Ouais, une confiance, ça me paraît essentiel parce que tu... Tu confies assez... Tu te livres, en fait. Tu n'es pas censé mettre de barrière dans ce que tu dis, même si des fois, on choisit de ne pas dire certaines choses. Mais il faut se dire, Tiens, cette personne, je vais être à l'aise pour tout lui dire.

  • Speaker #0

    Mais c'est difficile de le sentir dès le début.

  • Speaker #1

    Oui, on ne le sent pas forcément dès la première séance. Mais sur les personnes que j'ai vues qu'une fois ou deux fois, peut-être que j'ai... Certains psy je les ai vus que deux fois, c'est un peu comme une mayonnaise qui prend pas tu vois. Tu sens qu'il n'y a pas d'accroche, qu'il n'y a pas de consistance, ou tu te dis tiens là, ouais je sens que la personne elle a les épaules pour m'accompagner.

  • Speaker #0

    Et au contraire quand t'as choisi tes psy, est-ce que je sais pas, t'as des souvenirs qui viennent, qui t'ont marqué, qui ont fait que tu t'es dit ouais je vais continuer avec elle ou lui ?

  • Speaker #1

    Sur les trois, il y avait trois personnes bien entendu bien différentes, et en plus ils ont une formation différente. Donc ils n'avaient pas les mêmes styles thérapeutiques, mais les trois avaient ce que moi je percevrais comme quelque chose de solide, comme une puissance dans la présence, qui moi m'a... Ça m'a fait du bien, m'a donné envie de rester et je me suis dit, tiens, avec cette personne-là, je pense que je vais apprendre des choses.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'ils avaient trois approches thérapeutiques différentes. Est-ce que tu peux les nommer ?

  • Speaker #1

    Oui. Les deux premiers, c'était deux femmes, des psychanalystes. et des psychanalystes lacaniennes, qui sont des psychanalystes de la cause freudienne. Et le troisième est un gestalt thérapeute.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous décrire les différences que tu as pu vivre entre les deux approches ?

  • Speaker #1

    Je vais schématiser un petit peu, parce qu'évidemment les personnes avaient des styles différents, donc ne pratiquez pas de la même façon chaque thérapeute à son style. Mais le lacanien, comme le freudien je crois, il intervient peu. Il te laisse beaucoup dans ta solitude et donc il peut arriver que par exemple tu poses des questions et qu'il ne te répond pas. Il te regarde mais il ne te répond pas. C'est un travail où tu es beaucoup moins accompagné, beaucoup moins soutenu dans ce travail-là. C'est un travail individuel et solitaire, la psychanalyse je trouve, même si tu le fais aux côtés de quelqu'un d'autre qui te guide. qui va par moments te montrer de faire des feedbacks très précis sur certains aspects de ce que tu vas dire ou de ce que tu peux montrer. Donc c'était des thérapies, enfin des analyses, parce qu'au début c'était thérapeutique et après j'ai commencé une psychanalyse où c'était un peu assis et puis parfois allongé sur le divan. Moi j'étais plus allongé, plus à l'aise allongé parce que j'avais plus de facilité à me laisser aller et à laisser venir en fait le flux de paroles sans trop réfléchir. L'analyste ou le thérapeute, il n'y avait pas un lien de sympathie avec elles. Je sentais qu'elles étaient là pour me faire progresser, mais pas forcément de manière douce.

  • Speaker #0

    C'était assez froid ?

  • Speaker #1

    C'était très froid. Même si la première que j'ai vue était âgée, quand je l'ai vue elle avait plus de 80 ans. Et donc elle avait un côté un peu grand-mère, et grand-mère patati daniel, tu vois grand-mère quand même assez chaleureuse. Mais par contre dans l'échange thérapeutique c'était très froid. Et la Gestalt thérapie... Pour le coup, c'est une expérience où il y a beaucoup plus d'accompagnement et où je vis les choses avec le thérapeute. Le thérapeute ne se considère pas comme étant étranger à ce que je suis en train de vivre et des fois, il utilise ce qu'il se passe entre nous comme exemple de ce qui peut se passer pour moi dans la vie, ce que ne fait jamais un psychanalyste. Et aussi, le thérapeute en Gestalt, il me soutient. Je sens qu'il est dans une posture de soutien, de bienveillance, et je sais que je peux compter sur lui, ce qui est quand même une grosse différence.

  • Speaker #0

    Tu disais que parfois, ils t'ont fait des feedbacks très précis, qui t'ont soutenu, aidé, notamment les deux psychanalystes. Est-ce que tu t'en souviens de certains ?

  • Speaker #1

    Oui, il y en a un qui me vient. Je parlais d'une de mes figures familiales, et dans l'expression que j'utilise, je dis je ne veux plus l'entendre se plaindre Mais je le dis au milieu d'une phrase comme... Au moment où je le dis, je ne le dis pas en me disant ça c'est important Et comme elle soulevait peut-être deux, trois mots dans une séance de 30 minutes, quand elle soulève un mot, tu te dis tiens, pourquoi elle utilise ce mot-là ? Et donc là, elle dit vous ne voulez plus l'entendre se plaindre Et rien que de t'en reparler, tu vois, j'ai compris effectivement que la plainte que je pouvais observer chez cette personne était pour moi insupportable. Et donc, juste le fait de le reformuler m'a permis de le voir, et après le processus de prise de conscience continue, mais le simple fait de reformuler ça que j'avais dit moi-même, mais dont je n'avais pas perçu l'importance, m'a permis de la comprendre.

  • Speaker #0

    Et ça a changé ton contact avec la personne qui se plaint ? Ou qu'est-ce que ça a eu comme impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ça a changé ma façon de vivre la plainte. Et après, il y a eu plusieurs événements par la suite qui ont fait qu'effectivement, moi, ma posture a changé après. Et donc, la plainte a forcément évolué. Et aujourd'hui, je ne saurais pas dire ce qui se serait passé si je n'avais pas eu cette prise de conscience. Mais ce qui est une certitude, c'est que... La plainte n'a plus le même effet sur moi qu'elle avait avant. Donc elle se manifeste différemment, ou elle ne se manifeste plus. Mais oui, ça a fait bouger, et ça n'a pas fait bouger que moi.

  • Speaker #0

    La première fois que tu es allé en thérapie, est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur ?

  • Speaker #1

    Oui. Pour aller répondre à ta question, je vais te dire qu'aujourd'hui, ce n'est plus du tout ce que je vais chercher en thérapie, mais quand j'ai commencé, j'avais un besoin de faire de la thérapie, parce que j'étais mal. Et donc, la première séance, pour moi, elle était hyper importante. hyper importante parce que d'une part c'était une initiative que j'avais jamais prise, donc il y avait beaucoup de nouveautés. Et... J'avais un énorme espoir que ça me permette d'aller mieux, dans les souffrances du quotidien, dans des questionnements que je pouvais avoir, certains dont j'ignorais l'existence. Et cette attente-là a généré beaucoup de tensions, d'inquiétudes sur le fait que la relation thérapeutique prenne ou ne prenne pas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis que tu étais mal et que tu avais des souffrances, c'était quel type de mal ? Des douleurs, c'était de la déprime ?

  • Speaker #1

    J'avais un front de déprime, oui. C'était l'apparition de l'adolescence. Donc j'avais un front de déprime, j'avais des questionnements qui étaient pour moi... hyper difficile sur ma sexualité, sur mes relations conjugales, amoureuses, et qui était hyper difficile parce qu'il y avait plein de questions, plein d'incertitudes. Enfin, c'est plus que des incertitudes, c'était un environnement qui, pour moi, j'étais perdu là-dedans. Et puis... confronter un monde social dans lequel c'est pas bon d'être perdu là-dedans. Et puis, un fond de déprime là-dessus et aussi un fond d'hypersensibilité dans les relations amicales, familiales, où beaucoup de choses m'irritaient. J'étais assez susceptible et quand j'étais susceptible, c'était vécu... Moi, je le vivais comme assez... C'était insupportable. Donc, c'était hyper fréquent dans une soirée avec des amis, il y a des choses qui se passent et que je sois... contrarié par quelque chose, que je me referme complètement. Moi, j'étais malheureux, je devais certainement être insupportable pour mon entourage. Au quotidien et sur la longueur, ça faisait un front de déprime qui m'a donné envie de le traiter, de regarder ça en disant Il y a peut-être moyen de faire autrement pour que je ne sois pas autant dans le mal quand ça se produit.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu as 16-17 ans ? Tu dis l'adolescence ?

  • Speaker #1

    Oui, plus de 17 ans pour les premières...

  • Speaker #0

    T'es au lycée ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ça dure combien de temps ?

  • Speaker #1

    La première, elle dure deux ans, même pas deux, un an et demi, deux ans.

  • Speaker #0

    Comment tu ressors de cette première expérience thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Je sors avec l'impression d'avoir un peu fait du tri. Je portais, même au bout d'un an, tu vois, même dans les premiers mois, je portais beaucoup moins. ce truc insupportable que je portais avant, de me dire, dans telle situation, je vis des choses qui sont insoutenables et je ne sais pas faire autrement. Donc le fait d'avoir commencé la thérapie m'a permis de me dire, ok, dans ces situations, c'est compliqué pour moi, c'est aussi compliqué pour les autres, mais je sais qu'avec le temps, il est possible de faire autrement.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a une étape d'accepter la situation telle qu'elle est, et aussi d'avoir de l'espoir qu'il y a un changement possible et un apaisement possible.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux nommer un des gros chantiers qui peut-être a continué après, ou sur lequel qui a été central pour toi dans ton parcours thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Le plus gros chantier pour moi, je parlais de sexualité tout à l'heure, c'était d'assumer mon homosexualité. et de l'assumer. Surtout pour moi-même. Et ça, c'est le plus gros chantier sur lequel j'ai eu à travailler. Et aujourd'hui, quand je dis aux gens que j'ai eu à affronter ma propre homophobie, les gens ne comprennent pas. Mais c'est clair que moi, je n'ai eu aucune difficulté familiale pour que mon homosexualité soit acceptée. Mais la plus grosse résistance... qui pouvait y avoir, c'était ma propre résistance. Donc, adolescent, je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel. Donc je me trouvais des raisons sur ces attirances et je me disais, ben voilà, il y a un contexte, je vais me définir d'une certaine manière, mais non, je ne suis pas homosexuel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a participé à ce que tu assumes et aussi tu accueilles ton homosexualité ? Peut-être même maintenant que tu t'en es fière, je sais pas. Je sais pas où t'en es de ça.

  • Speaker #1

    Je me souviens qu'il y a une question qui m'obsédait, à laquelle je voulais à tout prix trouver une réponse quand j'étais même pas trentenaire. Oui, non, loin des trentenaires plutôt. Avant mes 25 ans, c'était savoir, en fait, est-ce que je peux choisir quelle sera ma nouvelle ? Et est-ce que, en fonction de ce qui m'est donné, donc oui, je suis attiré par des hommes, je peux trouver aussi des femmes jolies, je peux arriver à vivre des relations avec des hommes ou avec des femmes, mais tout ça m'étant donné, Qu'est-ce que je peux en faire et quelle est ma part de volonté là-dedans ? Cette question, je me souviens l'avoir souvent posée au thérapeute. Alors mes psychanalystes ne répondaient pas. Une fois, j'ai posé la question de façon très insistante. Donc j'ai eu un semblant de réponse. Et mon gestal thérapeute m'avait répondu que pour lui, ça ne se choisissait pas et qu'il y avait des études scientifiques très claires qui montraient que ça se passait... Très probablement avant la naissance. Donc ça c'est... un questionnement qui m'a suivi pendant très longtemps, mais ce qui m'a aidé à accepter de plus en plus ma sexualité, d'accepter de plus en plus qui je suis, voire d'en être fier. C'est en fait plus de sérénité, là encore je vais parler de sérénité, mais plus je gagnais de la sérénité avec qui j'étais, plus je... Quelque part, je levais un petit peu les barrières qui m'empêchaient d'aller accepter ça. Et plus c'est devenu comme une évidence. Et c'est pas du tout un but, je pense que tu as compris que c'est pas un but que je suis allé chercher, parce que pour moi, au contraire, le but c'était pas ça. Donc quand je suis entré en thérapie, mon objectif c'était de régler un problème. C'était pas de m'accepter avec ce problème. Mais c'est pas du tout un but. C'est pas du tout un but.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a, au-delà du sujet de sexualité, des thèmes qui reviennent ? Tu parlais de chantier tout à l'heure, c'est peut-être moi qui l'ai dit d'ailleurs. Mais des gros sujets qui sont un peu tes marronniers, comme on dit dans la presse. Les gros sujets sur lesquels tu vois quand même que tu as avancé.

  • Speaker #1

    Dans mon rapport aux autres ? J'ai un des sujets qui est le plus récurrent, qui est le besoin d'être entendu. Et quand j'ai l'impression de ne pas être entendu... A l'intérieur de moi, il y a un petit feu qui s'allume, et plus la discussion avance, plus la situation avance, et plus j'ai l'impression que j'insiste pour être compris, et que je vois que l'autre ne me comprend pas, plus le brasier prend de la place, jusqu'à un moment où c'est incontrôlable. Si je me place quelques mois, voire quelques années en arrière, je pouvais dévisser complètement, me mettre à hurler et vivre un truc incontrôlable en moi. C'est un peu ce qu'on parle de violence, pas au sens où je tape sur les gens, mais violence dans le sens où ce que je vis m'empêche de voir. Ce que je fais aux autres et ce que je fais aux autres peut être simplement dans le fait de fermer complètement et de ne plus parler, parce que c'est une manière que j'ai de me protéger moi. Mais cette manière-là est violente parce qu'on n'a plus la capacité de voir ce que ça fait à l'autre.

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que c'est violent pour toi aussi, ça fait mal ?

  • Speaker #1

    Et c'est hyper violent pour moi, oui. Et donc ça, on va dire que c'est un chantier en cours. Mais aujourd'hui, quand se produit une situation similaire et que je sens que je ne suis pas entendu, on va dire que dans 90% des cas, j'arrive avant même que le feu s'allume à se dire bon, là, tu ne te sens pas compris Est-ce que ça vaut vraiment la peine d'insister ? Est-ce que l'échange, est-ce que la situation vaut le coup d'insister pour s'assurer que tu as été compris ou pas ? Et quand ça vaut le coup, parce que la personne est très intime ou parce que le sujet est vraiment important, je vais regarder avec plus d'attention parce que je sais ce que ça me fait. Donc je vais y aller avec plus de précaution. Bien souvent, les gens qui m'entourent aujourd'hui le savent. Donc, c'est quelque chose dont rapidement, je peux dire, écoute, là, pour moi... J'ai l'impression que ce que je viens de dire, je ne me suis pas fait comprendre en fait. Et c'est important pour moi que tu comprennes ce que je suis en train de dire. Et tu sais en plus que si je n'ai pas l'impression d'être compris, pour moi ça va être ingérable. Donc quand c'est avec des personnes avec qui on est intime, on peut le dire, moi je peux le dire, encore faut-il le savoir pour soi. Parce que si je me place cinq ans en arrière, je vriais, le feu s'allumait en moi, mais tout ce que je me disais, c'est quel con, il ne m'écoute pas Je ne me disais pas c'est hyper important pour moi d'être compris

  • Speaker #0

    Il y a un autre chantier que tu as envie de célébrer, comme une victoire de ton histoire thérapeutique.

  • Speaker #1

    Oui, je vais célébrer la liberté que je ressens aujourd'hui. de faire, d'entreprendre, de choisir. Et j'utilise volontairement des mots très très larges, parce que je peux penser à un parcours professionnel, par exemple. Je peux penser à des relations. Je peux penser à comment j'organise mes vacances, par exemple. Tout ça s'applique à plein de situations différentes. Mais aujourd'hui, je sens que mes choix se font de manière beaucoup plus libre et beaucoup plus respectueuse de qui je suis. Je suis. que je ne pouvais les faire il y a quelques années. Ou je me sentais obligé de faire ça parce que il fallait que... Peu importe les raisons, mais j'avais plein de raisons internes qui me faisaient aller vers des trucs qui n'étaient pas forcément bons pour moi. Donc ça, aujourd'hui, c'est évidemment un motif de grande fierté que j'ai envie de célébrer, c'est qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à me dire, ça je le fais parce que j'ai envie de le faire, et je sais pourquoi j'ai envie de le faire, C'est pourquoi ça va me faire du bien de choisir tel projet plutôt qu'un autre. Cette liberté-là n'aurait pas été possible selon moi sans la thérapie.

  • Speaker #0

    Tu as des rituels avant, après la thérapie, pendant le chemin ? Est-ce que tu prends des notes ?

  • Speaker #1

    Avant, je prenais beaucoup de notes et avant, je préparais mes séances. Il était important pour moi d'arriver à une séance avec un sujet à aborder et avec quelque chose à dire. Aujourd'hui, je ne les prépare plus et j'arrive très régulièrement en séance sans rien d'avoir à dire, sans rien avoir envie de travailler. Et bien souvent, je ne sais pas. Beaucoup de choses apparaissent, et pour ma grande surprise. Je me sens beaucoup plus tranquille quand je vais en séance. Avant, je prenais beaucoup de notes, mais y compris dans le quotidien. Parce que je me disais, là je suis en train de vivre une contrariété, je suis en train de vivre un événement qui est potentiellement difficile, je me suis pris la tête avec mon copain, ou je me suis pris la tête avec mes parents. Tiens, notons ce que je vis à ce moment-là, parce que... Le souvenir sera différent quand je vais aller voir ma psy. Et donc, je vais me souvenir de ce qui se passe là maintenant. Donc je notais beaucoup. Aujourd'hui, je note beaucoup moins, tout simplement, parce que j'ai beaucoup moins de moments où ça ne va pas, ou de moments difficiles, ou d'engueulades. Donc je prends beaucoup moins de notes. Et à la sortie des séances... Avant, j'avais peur de ne pas me souvenir de ce qu'on s'était dit, de ce qui était sorti des prises de conscience et tout. Maintenant, c'est hyper rare. C'est vraiment très très rare que je note quelque chose. Quand je note quelque chose, c'est que dans la science. J'ai eu besoin de me le répéter trois fois pour que ça rentre.

  • Speaker #0

    T'as un exemple ? C'est quoi la dernière prise de conscience que t'as notée ?

  • Speaker #1

    La vraie, je prête mon téléphone.

  • Speaker #0

    Vas-y, tu peux.

  • Speaker #1

    Je vais te lui parce que...

  • Speaker #0

    Elle nous dit que ce que t'as envie de partager, c'est la main.

  • Speaker #1

    En gros, je viens avec un sujet chez mon psy et je lui dis écoute, il faut que je travaille là-dessus. Dans telle situation, ça a été compliqué pour moi, j'étais avec telle personne. Pour moi, c'était compliqué de bien agir, d'agir correctement, parce que la personne n'était pas hyper respectueuse, c'était un peu dur. Et mon psy me dit mais qu'est-ce qui fait que... Tu t'es mis dans cette situation. Qu'est-ce qui fait que tu as choisi d'être dans la situation avec cette personne, sachant que tu savais que ce serait difficile ? Et quand il me l'a dit, je me suis dit, je ne vois pas de quoi tu parles en fait.

  • Speaker #0

    Tu aurais pu l'anticiper et l'éviter ?

  • Speaker #1

    Complètement, oui. Il y avait de ma part une volonté un peu constitutive chez moi. Je me suis dit, tiens, là, je sens qu'avec cette personne, je vais travailler parce que ce n'est pas quelqu'un avec qui je suis à l'aise. Donc, je me suis dit, je vais y aller. Et je vais apprendre et je vais voir aussi quelle est ma capacité sur des sujets que j'avais travaillé jusqu'à présent, y compris le fait de ne pas me sentir entendu. Je me suis dit, tiens, avec cette personne, c'est le bon endroit pour aller travailler ça et pour voir si j'agis aujourd'hui différemment d'il y a quelques mois. Et donc, j'y suis allé. Donc effectivement, c'était différent, mais ce n'était pas pour autant hyper agréable. Et donc, mon psy me dit mais pourquoi tu y vas ? Ok, tu vas apprendre et tout, mais tu peux aussi choisir de ne pas te mettre autant en difficulté Et donc, quand lui me l'a dit, je l'ai entendu, ça m'a impacté, et puis c'est reparti. Et donc, c'est quelque part quelque chose qui est revenu un petit peu de plusieurs formes différentes et où effectivement, j'ai eu besoin de l'écrire pour me dire bon, peut-être que la mise en difficulté n'est pas une obligation que je peux aussi choisir des fois la voie du confort. Et ça, je me suis dit, c'est bien de l'écrire, parce que chasser le naturel, il revient au galop. Je pourrais avoir tendance à, plusieurs fois, par la suite, à me dire, bon, ok, dans telle situation, j'ai plusieurs choix, mais je vais prendre celle où il y a du challenge. Alors que des fois, il est aussi bon de choisir du confort.

  • Speaker #0

    Tout à l'heure, tu parlais des séances où parfois tu viens avec rien. Est-ce qu'il y a une séance comme ça où tu es venu avec rien et où quelque chose a émergé ?

  • Speaker #1

    J'en ai une en particulier qui était assez forte. Je me suis présenté à un thérapeute, vraiment, je n'avais aucun sujet. Mais dans les semaines avant, aucune contrariété, aucun truc où je me suis dit tiens ça c'est intéressant, rien. Et donc je me présente devant le thérapeute, et pas mal de temps de silence, d'observation et tout. Et... Le thérapeute Gestalt sort un des sujets qui était hyper actuel chez moi, sans savoir que c'est un sujet actuel, de ce que je pouvais générer de différent chez les personnes avec qui j'étais en relation. J'explique un petit peu plus.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une vision de moi qui est quelqu'un de sympathique, un peu réservé par moment, mais qui ferait pas mal de mal à une mouche et plutôt bien intentionné. Il y a des gens qui ne me perçoivent absolument pas comme ça. J'ai pu avoir des feedbacks de gens qui me disaient toi, quand tu es le genre de personne, quand je rentre dans une pièce, je sais que je vais avoir envie de faire connaissance avec tout le monde sauf avec toi J'ai eu des commentaires qui m'ont dit tu es le genre de personne qui est capable Mais pas par la valeur de qui je suis, mais par ce que je dégage. Parce que j'ai pris conscience avec le temps, et ça aussi merci la thérapie et la thérapie de groupe, que je peux dégager, enfin je dégage, une impression de forte confiance en soi. Et cette impression peut générer chez certains de la crainte et de l'envie de ne pas aller à mon contact. Là ou chez d'autres, ça crée une grande sécurité. une grande chaleur et beaucoup de protection. Parce que ça donne l'impression que j'endure, que je suis là. Et donc ça génère deux choses différentes. Et le thérapeute, sans rien se dire, juste par ce qui se passait, par l'observation, et par ce qui s'est joué entre nous, qui était un peu des deux, c'est-à-dire qu'il y avait à la fois de la chaleur, à la fois quelque chose de sécurisant et de stable, et à la fois quelque chose qui était... qui lui faisait qu'il se sentait mis à distance. Et qui disait, mais en fait, j'arrive pas à venir vers toi, là. Je sens qu'il y a un truc hyper solide, hyper fort, mais j'arrive pas. C'est comme s'il y a quelque chose qui me repoussait de toi. Et simplement en disant ça, ça a réouvert pour moi ce sujet qui est un sujet actuel, enfin qu'il l'était à l'époque, mais on peut dire qu'il l'est toujours. Et ça a permis d'avancer sur ce sujet-là et de travailler dessus à l'occasion de cette séance-là.

  • Speaker #1

    Tu dis thérapie de groupe, donc tu as expérimenté la psychanalyse, la gestaltérapie individuelle. Donc tu as aussi vécu de la thérapie de groupe et d'autres formes de thérapie ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai effectivement, mon psy, Gestalt, un jour m'a proposé d'intégrer un groupe de thérapie. Sur le coup, j'ai eu un petit frisson. J'ai fait non, je la mets de la vie. C'est déjà difficile de le confier à une personne alors d'aller confier ça à dix autres personnes. Mais tu es faux ! Non, merci ! Donc, j'ai dû dire un non catégorique. Bien qu'écoutant ces explications, je lui ai dit écoute, non, non, non, ça ne m'intéresse pas. Et puis les semaines et les mois sont passés et j'ai un ami qui me dit Tiens, j'ai fait une thérapie de groupe, c'était sensationnel. J'ai jamais autant appris qu'en thérapie de groupe. Il me dit quand tu vas voir un psy, quand tu es dans une séance devant un psy, tu vois une personne. Quand tu es en thérapie de groupe, tu fais ta séance devant douze personnes, donc tu vois douze regards différents. Tu confies ce que tu confies devant douze personnes qui n'est pas non plus le même symbole et donc qui n'a pas le même effet sur toi quand tu le dis. Et surtout, il me dit, là où moi j'avais beaucoup de crainte, tu l'as compris, c'est un environnement qui est bien fait, c'est sécurisant. Ce n'est pas l'exercice hyper difficile où tu te jettes dans la gueule du loup. Il me dit que c'est vraiment très précautionneux, il n'y a pas de mise en danger dans cette démarche-là. Et donc, comme toute chose, il a fallu du temps, mais ce qu'il m'a dit, c'est rentré. Et un jour, mon psy m'en a reparlé, mais peut-être un an après la première fois qu'il m'en avait parlé, parce qu'il me dit Tiens, il y a une place qui se libère dans le groupe, je ne sais plus si je t'en avais parlé, est-ce que ça t'intéresserait de rejoindre le groupe de thérapie ? Et donc là, réaction tout autre que la première fois, je lui ai dit Écoute, je veux bien réfléchir. Jusqu'à quand je peux réfléchir ? Et puis, j'ai intégré le groupe.

  • Speaker #1

    et je vois ton regard que tu n'as pas en savoir plus oui je vais toujours en savoir plus juste une question sur la thérapie de groupe enfin non je vous en ai quand même est-ce qu'il y a un sujet que tu n'avais jamais ouvert et

  • Speaker #0

    que tu as ouvert que en thérapie de groupe c'est ma première alors oui et le sujet dont je viens de te parler sur le rapport aux autres c'est pas que j'avais choisi de ne pas l'ouvrir avec mon psy, c'est qu'il n'était jamais sorti Et que c'est grâce à la thérapie de groupe que j'ai pris conscience de ça. C'est-à-dire qu'en thérapie de groupe, il n'y a pas que des séances où on parle à un psy devant d'autres personnes, il y a aussi des séances d'exercices, d'expérimentations où on va par exemple adresser un message à quelqu'un d'autre en lui disant quel est notre ressenti à son contact. Et donc, à travers ces exercices-là, j'ai pris conscience de ce que je pouvais générer chez les autres, et de complètement différent selon les personnes et selon leur propre vécu. Et donc c'est grâce au groupe. que j'ai pu commencer à travailler ce sujet-là, et de savoir que quand quelqu'un était réticent à me rencontrer, ce n'est pas qu'il ne pouvait pas me blairer, c'est qu'il pouvait éventuellement évoquer des difficultés à mon contact. Là où moi je disais, de toute façon s'il ne veut pas être à mon contact, c'est forcément qu'il ne peut pas me blairer, qu'il ne m'aime pas, qu'il ne m'apprécie pas. Je me vois comme quelqu'un de bon, et donc je ne pense pas à mal. Et donc, je me disais, si j'ai envie d'aller vers cette personne, elle va forcément avoir envie de venir vers moi. Si elle n'a pas envie, c'est qu'elle ne m'apprécie pas. Donc, ça, c'est le genre de raccourci que je pouvais faire avant. Et la thérapie de groupe m'a appris que c'était plus complexe que ça. Et que chacun avait son vécu, son mode de penser, sa réalité, qui fait qu'avec toi, je suis à l'aise. Et puis, avec une autre personne avec qui toi, tu seras super à l'aise dès le premier instant, moi, ça va être plus compliqué. Et donc, voilà, c'est tout ça qui... J'ai réussi à expérimenter ça grâce à la thérapie de groupe. Par contre, j'ai en tête un exercice qu'on avait fait dans un stage en résidentiel. En résidentiel, ça veut dire qu'on avait loué un gîte et le groupe de thérapie se faisait dans ce gîte. Donc en fait, c'est en dehors de chez soi, on passe la soirée ensemble. Donc il y a une autre ambiance par rapport au groupe classique où on se retrouve le matin et le soir, tout le monde rentre chez soi. Et donc les thérapeutes nous disent, tiens, on est dans la nature, et donc vous allez aller chercher, vous allez vous balader, vous avez trois quarts d'heure, vous allez vous balader dans la nature, seul. Vous évitez autant que possible de discuter avec quelqu'un, c'est vraiment un moment où vous êtes avec vous-même. Et dans cette balade, vous essayez de trouver un élément dans la nature qui parle de vous. Et dans trois quarts d'heure, vous revenez avec cet élément-là. Et donc, vous voyez, il y a eu évidemment, au début, j'ai ramassé plusieurs trucs et tout. Et à un moment, je vois du lierre et je me dis mais le lierre, pour moi, me correspond, parle de moi de façon incroyable. C'est le truc. qui prend racine n'importe où, qui est d'une résilience incroyable, qui va avancer même là où on ne veut pas de lui, et qui est très résilient. Et donc là où tu vas essayer de tuer le lierre, ça va le renforcer, ça va l'endurcir. Et donc c'est cette partie du lierre-là que j'ai vue qui m'a parlé de moi à ce moment-là. Merci. Peut-être que ça ne se ressent pas quand j'en parle là, mais en fait c'est des moments extrêmement forts parce que poser ce genre de choses... L'exprimer après aux autres et par la suite faire un travail là-dessus, ça permet d'une part d'asseoir un truc qu'on sait en nous mais qu'on n'a pas forcément eu l'occasion d'exprimer, y compris à soi-même. Et là, tu fais développer l'estime de soi. Moi, à cette occasion-là, j'ai pu développer l'estime que j'ai pour moi-même parce que j'ai vu une qualité que j'ai qui est la résilience. J'ai pu l'exprimer, j'ai pu travailler dessus devant un groupe.

  • Speaker #1

    Tu voulais partager un autre exemple, si tu en as envie ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'il était très fort aussi, et d'une autre manière. Et pour le coup, là, c'était dans la relation à l'autre. C'est un exercice hyper simple, où le thérapeute dit mettez-vous par deux Et… Tu prends une échappe ou un lien entre les deux personnes, de préférence assez long, et chacun tient un bout du lien, que ce soit une échappe, un bout de tissu, un ruban. Et les thérapeutes invitent à... à expérimenter ce que c'est que de mettre de la résistance, de lâcher le lien, de tirer l'autre vers soi, de laisser l'autre repartir alors qu'il met de la pression, de s'approcher de l'autre. Et à chaque moment d'être hyper attentif sur ce que tu ressens avec l'autre. Donc c'est pas un jeu, tu vois, un peu une gaminerie ou qui serait un jeu léger, mais c'est un jeu où il faut être concentré sur qu'est-ce que tu ressens. Est-ce que ça me gêne de m'approcher de l'autre ? Est-ce que ça me gêne que l'autre s'approche de moi ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je veux m'approcher de l'autre, l'autre recule ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je tire l'autre, il lâche le lien au lieu de venir ? Et tu vois, rien que de te le dire, je commence déjà à ressentir les émotions que j'ai ressenties ce jour-là. Parce qu'en fait, j'ai été bouleversé. Bouleversé de voir tout ce que je viens de te citer là, vécu avec une personne, où on n'était que concentré sur ça. Et je pense que c'est ça qui fait qu'on pouvait être attentif à ce qu'on vivait, c'est qu'on était concentré uniquement sur ça. Et ça parlait de chacun de nous, de voir comment inviver le rejet, comment inviver la proximité. Et cet exercice-là, je sais qu'il m'avait bouleversé et que derrière, j'avais fait beaucoup de séances de travail qui m'avaient beaucoup appris.

  • Speaker #1

    Merci

  • Speaker #0

    Christophe. Avec plaisir Alexandre.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute du podcast Je vois quelqu'un. N'hésitez pas à partager cet épisode s'il vous a interpellé ou intéressé. Si vous avez envie de témoigner aussi, n'hésitez pas à me contacter. Vos partages peuvent inspirer des envies, autoriser à se faire aider, soutenir, avoir quelqu'un, pour traverser les escales de l'existence. A bientôt.

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Description

Christophe a quarante ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu’il a exploré en thérapie : son besoin d’être entendu, celui d’assumer son homosexualité… Il revient aussi sur les souvenirs marquants, comme ces séances où il vient avec rien et dont il émerge beaucoup.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je vois quelqu'un. Bienvenue dans Je vois quelqu'un, le podcast qui raconte des expériences de thérapie. Dans chaque épisode, une personne nous partagera son histoire thérapeutique. Pourquoi a-t-il ou elle fait ce choix ? Allez voir celui qu'on a l'habitude de ne pas nommer, ce quelqu'un, le psy. Et comment ça l'a fait avancer ou bousculer ? Comment ça l'a changé ou apaisé ? Aujourd'hui, je recueille le témoignage de Christophe. Christophe, il a 40 ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Christophe, c'est surtout mon ami. C'est pour ça qu'au début de notre échange, c'était clairement pas facile d'être sérieux. Il casse tout ! Il casse le matériel, le monsieur ! Non mais j'aurais envie de tout, il dévisse tout, je n'en reviens pas !

  • Speaker #1

    Je suis obligé, mais si tu me dis rapprocher, sinon il va tomber.

  • Speaker #0

    Finalement, nous sommes mis dans un cocon. Tes petites chaussettes, ton petit plaid. On était bien et on a pu commencer. Dans cet épisode, il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu'il a explorés en thérapie. Son besoin d'être entendu, celui d'assumer son homosexualité.

  • Speaker #1

    Adolescent, j'avais déjà... Je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel.

  • Speaker #0

    Il reviendra aussi sur les souvenirs marquants, comme ses séances où il vient avec rien, et dont il émerge beaucoup. Je vous laisse découvrir Christophe et son récit de thérapie. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Je vois quelqu'un.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue dans ce podcast Je vois quelqu'un, qui est un podcast qui recueille des témoignages d'expériences thérapeutiques par des hommes, des femmes. Tu es d'ailleurs le premier homme. Ouais. Déjà, combien t'as eu de psy et combien t'as d'années thérapeutiques derrière toi ?

  • Speaker #1

    Alors, combien j'ai eu de psy ? J'ai eu trois psys différents. Je compte juste les vraies relations thérapeutiques, pas les essais. Parce qu'avant de trouver un psy, des fois on va en voir quelques-uns avant de trouver celui qui nous convient bien. Les trois, ce sont les personnes avec qui j'ai passé plusieurs mois ou plusieurs années dans le travail thérapeutique.

  • Speaker #0

    Et en tout, en cumulé, ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça va bientôt faire 20 ans. Il y a eu des petites pauses de quelques années pendant des moments où j'en ressentais moins le besoin, où j'étais aussi moins stabilisé géographiquement parce que j'étais en déménagement. C'était des périodes où je ne consultais pas de thérapeute, mais ça va entre 15 et 20 ans.

  • Speaker #0

    Et t'as 40 ans aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc pratiquement la moitié de ta vie.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est intéressant quand tu dis je ne compte pas les essais. Est-ce que tu peux nous raconter justement un essai qui n'a pas fonctionné et qu'est-ce qui fait que tu t'es dit c'est pas la bonne personne ou c'est pas la bonne méthode ?

  • Speaker #1

    Ça m'a... pas apporté, ça m'a pas marqué. C'était une discussion, si tu veux. J'amenais des... J'avais des choses à dire, je les expliquais, puis la personne me répondait comme si j'étais en discussion avec quelqu'un d'autre. Et... J'ai pas ressenti quelque chose qui m'a donné envie de revenir.

  • Speaker #0

    C'est quoi qui te donne envie de revenir ? chez un thérapeute ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la perception ou la sensation qu'il se passe quelque chose dans la séance qui te fait aller beaucoup plus loin qu'une simple discussion, qui te fait réaliser des choses que tu n'avais pas réalisées avant de rentrer et qui te semblent évidentes une fois que tu es sorti. C'est une confiance avec la personne et Ouais, une confiance, ça me paraît essentiel parce que tu... Tu confies assez... Tu te livres, en fait. Tu n'es pas censé mettre de barrière dans ce que tu dis, même si des fois, on choisit de ne pas dire certaines choses. Mais il faut se dire, Tiens, cette personne, je vais être à l'aise pour tout lui dire.

  • Speaker #0

    Mais c'est difficile de le sentir dès le début.

  • Speaker #1

    Oui, on ne le sent pas forcément dès la première séance. Mais sur les personnes que j'ai vues qu'une fois ou deux fois, peut-être que j'ai... Certains psy je les ai vus que deux fois, c'est un peu comme une mayonnaise qui prend pas tu vois. Tu sens qu'il n'y a pas d'accroche, qu'il n'y a pas de consistance, ou tu te dis tiens là, ouais je sens que la personne elle a les épaules pour m'accompagner.

  • Speaker #0

    Et au contraire quand t'as choisi tes psy, est-ce que je sais pas, t'as des souvenirs qui viennent, qui t'ont marqué, qui ont fait que tu t'es dit ouais je vais continuer avec elle ou lui ?

  • Speaker #1

    Sur les trois, il y avait trois personnes bien entendu bien différentes, et en plus ils ont une formation différente. Donc ils n'avaient pas les mêmes styles thérapeutiques, mais les trois avaient ce que moi je percevrais comme quelque chose de solide, comme une puissance dans la présence, qui moi m'a... Ça m'a fait du bien, m'a donné envie de rester et je me suis dit, tiens, avec cette personne-là, je pense que je vais apprendre des choses.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'ils avaient trois approches thérapeutiques différentes. Est-ce que tu peux les nommer ?

  • Speaker #1

    Oui. Les deux premiers, c'était deux femmes, des psychanalystes. et des psychanalystes lacaniennes, qui sont des psychanalystes de la cause freudienne. Et le troisième est un gestalt thérapeute.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous décrire les différences que tu as pu vivre entre les deux approches ?

  • Speaker #1

    Je vais schématiser un petit peu, parce qu'évidemment les personnes avaient des styles différents, donc ne pratiquez pas de la même façon chaque thérapeute à son style. Mais le lacanien, comme le freudien je crois, il intervient peu. Il te laisse beaucoup dans ta solitude et donc il peut arriver que par exemple tu poses des questions et qu'il ne te répond pas. Il te regarde mais il ne te répond pas. C'est un travail où tu es beaucoup moins accompagné, beaucoup moins soutenu dans ce travail-là. C'est un travail individuel et solitaire, la psychanalyse je trouve, même si tu le fais aux côtés de quelqu'un d'autre qui te guide. qui va par moments te montrer de faire des feedbacks très précis sur certains aspects de ce que tu vas dire ou de ce que tu peux montrer. Donc c'était des thérapies, enfin des analyses, parce qu'au début c'était thérapeutique et après j'ai commencé une psychanalyse où c'était un peu assis et puis parfois allongé sur le divan. Moi j'étais plus allongé, plus à l'aise allongé parce que j'avais plus de facilité à me laisser aller et à laisser venir en fait le flux de paroles sans trop réfléchir. L'analyste ou le thérapeute, il n'y avait pas un lien de sympathie avec elles. Je sentais qu'elles étaient là pour me faire progresser, mais pas forcément de manière douce.

  • Speaker #0

    C'était assez froid ?

  • Speaker #1

    C'était très froid. Même si la première que j'ai vue était âgée, quand je l'ai vue elle avait plus de 80 ans. Et donc elle avait un côté un peu grand-mère, et grand-mère patati daniel, tu vois grand-mère quand même assez chaleureuse. Mais par contre dans l'échange thérapeutique c'était très froid. Et la Gestalt thérapie... Pour le coup, c'est une expérience où il y a beaucoup plus d'accompagnement et où je vis les choses avec le thérapeute. Le thérapeute ne se considère pas comme étant étranger à ce que je suis en train de vivre et des fois, il utilise ce qu'il se passe entre nous comme exemple de ce qui peut se passer pour moi dans la vie, ce que ne fait jamais un psychanalyste. Et aussi, le thérapeute en Gestalt, il me soutient. Je sens qu'il est dans une posture de soutien, de bienveillance, et je sais que je peux compter sur lui, ce qui est quand même une grosse différence.

  • Speaker #0

    Tu disais que parfois, ils t'ont fait des feedbacks très précis, qui t'ont soutenu, aidé, notamment les deux psychanalystes. Est-ce que tu t'en souviens de certains ?

  • Speaker #1

    Oui, il y en a un qui me vient. Je parlais d'une de mes figures familiales, et dans l'expression que j'utilise, je dis je ne veux plus l'entendre se plaindre Mais je le dis au milieu d'une phrase comme... Au moment où je le dis, je ne le dis pas en me disant ça c'est important Et comme elle soulevait peut-être deux, trois mots dans une séance de 30 minutes, quand elle soulève un mot, tu te dis tiens, pourquoi elle utilise ce mot-là ? Et donc là, elle dit vous ne voulez plus l'entendre se plaindre Et rien que de t'en reparler, tu vois, j'ai compris effectivement que la plainte que je pouvais observer chez cette personne était pour moi insupportable. Et donc, juste le fait de le reformuler m'a permis de le voir, et après le processus de prise de conscience continue, mais le simple fait de reformuler ça que j'avais dit moi-même, mais dont je n'avais pas perçu l'importance, m'a permis de la comprendre.

  • Speaker #0

    Et ça a changé ton contact avec la personne qui se plaint ? Ou qu'est-ce que ça a eu comme impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ça a changé ma façon de vivre la plainte. Et après, il y a eu plusieurs événements par la suite qui ont fait qu'effectivement, moi, ma posture a changé après. Et donc, la plainte a forcément évolué. Et aujourd'hui, je ne saurais pas dire ce qui se serait passé si je n'avais pas eu cette prise de conscience. Mais ce qui est une certitude, c'est que... La plainte n'a plus le même effet sur moi qu'elle avait avant. Donc elle se manifeste différemment, ou elle ne se manifeste plus. Mais oui, ça a fait bouger, et ça n'a pas fait bouger que moi.

  • Speaker #0

    La première fois que tu es allé en thérapie, est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur ?

  • Speaker #1

    Oui. Pour aller répondre à ta question, je vais te dire qu'aujourd'hui, ce n'est plus du tout ce que je vais chercher en thérapie, mais quand j'ai commencé, j'avais un besoin de faire de la thérapie, parce que j'étais mal. Et donc, la première séance, pour moi, elle était hyper importante. hyper importante parce que d'une part c'était une initiative que j'avais jamais prise, donc il y avait beaucoup de nouveautés. Et... J'avais un énorme espoir que ça me permette d'aller mieux, dans les souffrances du quotidien, dans des questionnements que je pouvais avoir, certains dont j'ignorais l'existence. Et cette attente-là a généré beaucoup de tensions, d'inquiétudes sur le fait que la relation thérapeutique prenne ou ne prenne pas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis que tu étais mal et que tu avais des souffrances, c'était quel type de mal ? Des douleurs, c'était de la déprime ?

  • Speaker #1

    J'avais un front de déprime, oui. C'était l'apparition de l'adolescence. Donc j'avais un front de déprime, j'avais des questionnements qui étaient pour moi... hyper difficile sur ma sexualité, sur mes relations conjugales, amoureuses, et qui était hyper difficile parce qu'il y avait plein de questions, plein d'incertitudes. Enfin, c'est plus que des incertitudes, c'était un environnement qui, pour moi, j'étais perdu là-dedans. Et puis... confronter un monde social dans lequel c'est pas bon d'être perdu là-dedans. Et puis, un fond de déprime là-dessus et aussi un fond d'hypersensibilité dans les relations amicales, familiales, où beaucoup de choses m'irritaient. J'étais assez susceptible et quand j'étais susceptible, c'était vécu... Moi, je le vivais comme assez... C'était insupportable. Donc, c'était hyper fréquent dans une soirée avec des amis, il y a des choses qui se passent et que je sois... contrarié par quelque chose, que je me referme complètement. Moi, j'étais malheureux, je devais certainement être insupportable pour mon entourage. Au quotidien et sur la longueur, ça faisait un front de déprime qui m'a donné envie de le traiter, de regarder ça en disant Il y a peut-être moyen de faire autrement pour que je ne sois pas autant dans le mal quand ça se produit.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu as 16-17 ans ? Tu dis l'adolescence ?

  • Speaker #1

    Oui, plus de 17 ans pour les premières...

  • Speaker #0

    T'es au lycée ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ça dure combien de temps ?

  • Speaker #1

    La première, elle dure deux ans, même pas deux, un an et demi, deux ans.

  • Speaker #0

    Comment tu ressors de cette première expérience thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Je sors avec l'impression d'avoir un peu fait du tri. Je portais, même au bout d'un an, tu vois, même dans les premiers mois, je portais beaucoup moins. ce truc insupportable que je portais avant, de me dire, dans telle situation, je vis des choses qui sont insoutenables et je ne sais pas faire autrement. Donc le fait d'avoir commencé la thérapie m'a permis de me dire, ok, dans ces situations, c'est compliqué pour moi, c'est aussi compliqué pour les autres, mais je sais qu'avec le temps, il est possible de faire autrement.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a une étape d'accepter la situation telle qu'elle est, et aussi d'avoir de l'espoir qu'il y a un changement possible et un apaisement possible.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux nommer un des gros chantiers qui peut-être a continué après, ou sur lequel qui a été central pour toi dans ton parcours thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Le plus gros chantier pour moi, je parlais de sexualité tout à l'heure, c'était d'assumer mon homosexualité. et de l'assumer. Surtout pour moi-même. Et ça, c'est le plus gros chantier sur lequel j'ai eu à travailler. Et aujourd'hui, quand je dis aux gens que j'ai eu à affronter ma propre homophobie, les gens ne comprennent pas. Mais c'est clair que moi, je n'ai eu aucune difficulté familiale pour que mon homosexualité soit acceptée. Mais la plus grosse résistance... qui pouvait y avoir, c'était ma propre résistance. Donc, adolescent, je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel. Donc je me trouvais des raisons sur ces attirances et je me disais, ben voilà, il y a un contexte, je vais me définir d'une certaine manière, mais non, je ne suis pas homosexuel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a participé à ce que tu assumes et aussi tu accueilles ton homosexualité ? Peut-être même maintenant que tu t'en es fière, je sais pas. Je sais pas où t'en es de ça.

  • Speaker #1

    Je me souviens qu'il y a une question qui m'obsédait, à laquelle je voulais à tout prix trouver une réponse quand j'étais même pas trentenaire. Oui, non, loin des trentenaires plutôt. Avant mes 25 ans, c'était savoir, en fait, est-ce que je peux choisir quelle sera ma nouvelle ? Et est-ce que, en fonction de ce qui m'est donné, donc oui, je suis attiré par des hommes, je peux trouver aussi des femmes jolies, je peux arriver à vivre des relations avec des hommes ou avec des femmes, mais tout ça m'étant donné, Qu'est-ce que je peux en faire et quelle est ma part de volonté là-dedans ? Cette question, je me souviens l'avoir souvent posée au thérapeute. Alors mes psychanalystes ne répondaient pas. Une fois, j'ai posé la question de façon très insistante. Donc j'ai eu un semblant de réponse. Et mon gestal thérapeute m'avait répondu que pour lui, ça ne se choisissait pas et qu'il y avait des études scientifiques très claires qui montraient que ça se passait... Très probablement avant la naissance. Donc ça c'est... un questionnement qui m'a suivi pendant très longtemps, mais ce qui m'a aidé à accepter de plus en plus ma sexualité, d'accepter de plus en plus qui je suis, voire d'en être fier. C'est en fait plus de sérénité, là encore je vais parler de sérénité, mais plus je gagnais de la sérénité avec qui j'étais, plus je... Quelque part, je levais un petit peu les barrières qui m'empêchaient d'aller accepter ça. Et plus c'est devenu comme une évidence. Et c'est pas du tout un but, je pense que tu as compris que c'est pas un but que je suis allé chercher, parce que pour moi, au contraire, le but c'était pas ça. Donc quand je suis entré en thérapie, mon objectif c'était de régler un problème. C'était pas de m'accepter avec ce problème. Mais c'est pas du tout un but. C'est pas du tout un but.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a, au-delà du sujet de sexualité, des thèmes qui reviennent ? Tu parlais de chantier tout à l'heure, c'est peut-être moi qui l'ai dit d'ailleurs. Mais des gros sujets qui sont un peu tes marronniers, comme on dit dans la presse. Les gros sujets sur lesquels tu vois quand même que tu as avancé.

  • Speaker #1

    Dans mon rapport aux autres ? J'ai un des sujets qui est le plus récurrent, qui est le besoin d'être entendu. Et quand j'ai l'impression de ne pas être entendu... A l'intérieur de moi, il y a un petit feu qui s'allume, et plus la discussion avance, plus la situation avance, et plus j'ai l'impression que j'insiste pour être compris, et que je vois que l'autre ne me comprend pas, plus le brasier prend de la place, jusqu'à un moment où c'est incontrôlable. Si je me place quelques mois, voire quelques années en arrière, je pouvais dévisser complètement, me mettre à hurler et vivre un truc incontrôlable en moi. C'est un peu ce qu'on parle de violence, pas au sens où je tape sur les gens, mais violence dans le sens où ce que je vis m'empêche de voir. Ce que je fais aux autres et ce que je fais aux autres peut être simplement dans le fait de fermer complètement et de ne plus parler, parce que c'est une manière que j'ai de me protéger moi. Mais cette manière-là est violente parce qu'on n'a plus la capacité de voir ce que ça fait à l'autre.

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que c'est violent pour toi aussi, ça fait mal ?

  • Speaker #1

    Et c'est hyper violent pour moi, oui. Et donc ça, on va dire que c'est un chantier en cours. Mais aujourd'hui, quand se produit une situation similaire et que je sens que je ne suis pas entendu, on va dire que dans 90% des cas, j'arrive avant même que le feu s'allume à se dire bon, là, tu ne te sens pas compris Est-ce que ça vaut vraiment la peine d'insister ? Est-ce que l'échange, est-ce que la situation vaut le coup d'insister pour s'assurer que tu as été compris ou pas ? Et quand ça vaut le coup, parce que la personne est très intime ou parce que le sujet est vraiment important, je vais regarder avec plus d'attention parce que je sais ce que ça me fait. Donc je vais y aller avec plus de précaution. Bien souvent, les gens qui m'entourent aujourd'hui le savent. Donc, c'est quelque chose dont rapidement, je peux dire, écoute, là, pour moi... J'ai l'impression que ce que je viens de dire, je ne me suis pas fait comprendre en fait. Et c'est important pour moi que tu comprennes ce que je suis en train de dire. Et tu sais en plus que si je n'ai pas l'impression d'être compris, pour moi ça va être ingérable. Donc quand c'est avec des personnes avec qui on est intime, on peut le dire, moi je peux le dire, encore faut-il le savoir pour soi. Parce que si je me place cinq ans en arrière, je vriais, le feu s'allumait en moi, mais tout ce que je me disais, c'est quel con, il ne m'écoute pas Je ne me disais pas c'est hyper important pour moi d'être compris

  • Speaker #0

    Il y a un autre chantier que tu as envie de célébrer, comme une victoire de ton histoire thérapeutique.

  • Speaker #1

    Oui, je vais célébrer la liberté que je ressens aujourd'hui. de faire, d'entreprendre, de choisir. Et j'utilise volontairement des mots très très larges, parce que je peux penser à un parcours professionnel, par exemple. Je peux penser à des relations. Je peux penser à comment j'organise mes vacances, par exemple. Tout ça s'applique à plein de situations différentes. Mais aujourd'hui, je sens que mes choix se font de manière beaucoup plus libre et beaucoup plus respectueuse de qui je suis. Je suis. que je ne pouvais les faire il y a quelques années. Ou je me sentais obligé de faire ça parce que il fallait que... Peu importe les raisons, mais j'avais plein de raisons internes qui me faisaient aller vers des trucs qui n'étaient pas forcément bons pour moi. Donc ça, aujourd'hui, c'est évidemment un motif de grande fierté que j'ai envie de célébrer, c'est qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à me dire, ça je le fais parce que j'ai envie de le faire, et je sais pourquoi j'ai envie de le faire, C'est pourquoi ça va me faire du bien de choisir tel projet plutôt qu'un autre. Cette liberté-là n'aurait pas été possible selon moi sans la thérapie.

  • Speaker #0

    Tu as des rituels avant, après la thérapie, pendant le chemin ? Est-ce que tu prends des notes ?

  • Speaker #1

    Avant, je prenais beaucoup de notes et avant, je préparais mes séances. Il était important pour moi d'arriver à une séance avec un sujet à aborder et avec quelque chose à dire. Aujourd'hui, je ne les prépare plus et j'arrive très régulièrement en séance sans rien d'avoir à dire, sans rien avoir envie de travailler. Et bien souvent, je ne sais pas. Beaucoup de choses apparaissent, et pour ma grande surprise. Je me sens beaucoup plus tranquille quand je vais en séance. Avant, je prenais beaucoup de notes, mais y compris dans le quotidien. Parce que je me disais, là je suis en train de vivre une contrariété, je suis en train de vivre un événement qui est potentiellement difficile, je me suis pris la tête avec mon copain, ou je me suis pris la tête avec mes parents. Tiens, notons ce que je vis à ce moment-là, parce que... Le souvenir sera différent quand je vais aller voir ma psy. Et donc, je vais me souvenir de ce qui se passe là maintenant. Donc je notais beaucoup. Aujourd'hui, je note beaucoup moins, tout simplement, parce que j'ai beaucoup moins de moments où ça ne va pas, ou de moments difficiles, ou d'engueulades. Donc je prends beaucoup moins de notes. Et à la sortie des séances... Avant, j'avais peur de ne pas me souvenir de ce qu'on s'était dit, de ce qui était sorti des prises de conscience et tout. Maintenant, c'est hyper rare. C'est vraiment très très rare que je note quelque chose. Quand je note quelque chose, c'est que dans la science. J'ai eu besoin de me le répéter trois fois pour que ça rentre.

  • Speaker #0

    T'as un exemple ? C'est quoi la dernière prise de conscience que t'as notée ?

  • Speaker #1

    La vraie, je prête mon téléphone.

  • Speaker #0

    Vas-y, tu peux.

  • Speaker #1

    Je vais te lui parce que...

  • Speaker #0

    Elle nous dit que ce que t'as envie de partager, c'est la main.

  • Speaker #1

    En gros, je viens avec un sujet chez mon psy et je lui dis écoute, il faut que je travaille là-dessus. Dans telle situation, ça a été compliqué pour moi, j'étais avec telle personne. Pour moi, c'était compliqué de bien agir, d'agir correctement, parce que la personne n'était pas hyper respectueuse, c'était un peu dur. Et mon psy me dit mais qu'est-ce qui fait que... Tu t'es mis dans cette situation. Qu'est-ce qui fait que tu as choisi d'être dans la situation avec cette personne, sachant que tu savais que ce serait difficile ? Et quand il me l'a dit, je me suis dit, je ne vois pas de quoi tu parles en fait.

  • Speaker #0

    Tu aurais pu l'anticiper et l'éviter ?

  • Speaker #1

    Complètement, oui. Il y avait de ma part une volonté un peu constitutive chez moi. Je me suis dit, tiens, là, je sens qu'avec cette personne, je vais travailler parce que ce n'est pas quelqu'un avec qui je suis à l'aise. Donc, je me suis dit, je vais y aller. Et je vais apprendre et je vais voir aussi quelle est ma capacité sur des sujets que j'avais travaillé jusqu'à présent, y compris le fait de ne pas me sentir entendu. Je me suis dit, tiens, avec cette personne, c'est le bon endroit pour aller travailler ça et pour voir si j'agis aujourd'hui différemment d'il y a quelques mois. Et donc, j'y suis allé. Donc effectivement, c'était différent, mais ce n'était pas pour autant hyper agréable. Et donc, mon psy me dit mais pourquoi tu y vas ? Ok, tu vas apprendre et tout, mais tu peux aussi choisir de ne pas te mettre autant en difficulté Et donc, quand lui me l'a dit, je l'ai entendu, ça m'a impacté, et puis c'est reparti. Et donc, c'est quelque part quelque chose qui est revenu un petit peu de plusieurs formes différentes et où effectivement, j'ai eu besoin de l'écrire pour me dire bon, peut-être que la mise en difficulté n'est pas une obligation que je peux aussi choisir des fois la voie du confort. Et ça, je me suis dit, c'est bien de l'écrire, parce que chasser le naturel, il revient au galop. Je pourrais avoir tendance à, plusieurs fois, par la suite, à me dire, bon, ok, dans telle situation, j'ai plusieurs choix, mais je vais prendre celle où il y a du challenge. Alors que des fois, il est aussi bon de choisir du confort.

  • Speaker #0

    Tout à l'heure, tu parlais des séances où parfois tu viens avec rien. Est-ce qu'il y a une séance comme ça où tu es venu avec rien et où quelque chose a émergé ?

  • Speaker #1

    J'en ai une en particulier qui était assez forte. Je me suis présenté à un thérapeute, vraiment, je n'avais aucun sujet. Mais dans les semaines avant, aucune contrariété, aucun truc où je me suis dit tiens ça c'est intéressant, rien. Et donc je me présente devant le thérapeute, et pas mal de temps de silence, d'observation et tout. Et... Le thérapeute Gestalt sort un des sujets qui était hyper actuel chez moi, sans savoir que c'est un sujet actuel, de ce que je pouvais générer de différent chez les personnes avec qui j'étais en relation. J'explique un petit peu plus.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une vision de moi qui est quelqu'un de sympathique, un peu réservé par moment, mais qui ferait pas mal de mal à une mouche et plutôt bien intentionné. Il y a des gens qui ne me perçoivent absolument pas comme ça. J'ai pu avoir des feedbacks de gens qui me disaient toi, quand tu es le genre de personne, quand je rentre dans une pièce, je sais que je vais avoir envie de faire connaissance avec tout le monde sauf avec toi J'ai eu des commentaires qui m'ont dit tu es le genre de personne qui est capable Mais pas par la valeur de qui je suis, mais par ce que je dégage. Parce que j'ai pris conscience avec le temps, et ça aussi merci la thérapie et la thérapie de groupe, que je peux dégager, enfin je dégage, une impression de forte confiance en soi. Et cette impression peut générer chez certains de la crainte et de l'envie de ne pas aller à mon contact. Là ou chez d'autres, ça crée une grande sécurité. une grande chaleur et beaucoup de protection. Parce que ça donne l'impression que j'endure, que je suis là. Et donc ça génère deux choses différentes. Et le thérapeute, sans rien se dire, juste par ce qui se passait, par l'observation, et par ce qui s'est joué entre nous, qui était un peu des deux, c'est-à-dire qu'il y avait à la fois de la chaleur, à la fois quelque chose de sécurisant et de stable, et à la fois quelque chose qui était... qui lui faisait qu'il se sentait mis à distance. Et qui disait, mais en fait, j'arrive pas à venir vers toi, là. Je sens qu'il y a un truc hyper solide, hyper fort, mais j'arrive pas. C'est comme s'il y a quelque chose qui me repoussait de toi. Et simplement en disant ça, ça a réouvert pour moi ce sujet qui est un sujet actuel, enfin qu'il l'était à l'époque, mais on peut dire qu'il l'est toujours. Et ça a permis d'avancer sur ce sujet-là et de travailler dessus à l'occasion de cette séance-là.

  • Speaker #1

    Tu dis thérapie de groupe, donc tu as expérimenté la psychanalyse, la gestaltérapie individuelle. Donc tu as aussi vécu de la thérapie de groupe et d'autres formes de thérapie ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai effectivement, mon psy, Gestalt, un jour m'a proposé d'intégrer un groupe de thérapie. Sur le coup, j'ai eu un petit frisson. J'ai fait non, je la mets de la vie. C'est déjà difficile de le confier à une personne alors d'aller confier ça à dix autres personnes. Mais tu es faux ! Non, merci ! Donc, j'ai dû dire un non catégorique. Bien qu'écoutant ces explications, je lui ai dit écoute, non, non, non, ça ne m'intéresse pas. Et puis les semaines et les mois sont passés et j'ai un ami qui me dit Tiens, j'ai fait une thérapie de groupe, c'était sensationnel. J'ai jamais autant appris qu'en thérapie de groupe. Il me dit quand tu vas voir un psy, quand tu es dans une séance devant un psy, tu vois une personne. Quand tu es en thérapie de groupe, tu fais ta séance devant douze personnes, donc tu vois douze regards différents. Tu confies ce que tu confies devant douze personnes qui n'est pas non plus le même symbole et donc qui n'a pas le même effet sur toi quand tu le dis. Et surtout, il me dit, là où moi j'avais beaucoup de crainte, tu l'as compris, c'est un environnement qui est bien fait, c'est sécurisant. Ce n'est pas l'exercice hyper difficile où tu te jettes dans la gueule du loup. Il me dit que c'est vraiment très précautionneux, il n'y a pas de mise en danger dans cette démarche-là. Et donc, comme toute chose, il a fallu du temps, mais ce qu'il m'a dit, c'est rentré. Et un jour, mon psy m'en a reparlé, mais peut-être un an après la première fois qu'il m'en avait parlé, parce qu'il me dit Tiens, il y a une place qui se libère dans le groupe, je ne sais plus si je t'en avais parlé, est-ce que ça t'intéresserait de rejoindre le groupe de thérapie ? Et donc là, réaction tout autre que la première fois, je lui ai dit Écoute, je veux bien réfléchir. Jusqu'à quand je peux réfléchir ? Et puis, j'ai intégré le groupe.

  • Speaker #1

    et je vois ton regard que tu n'as pas en savoir plus oui je vais toujours en savoir plus juste une question sur la thérapie de groupe enfin non je vous en ai quand même est-ce qu'il y a un sujet que tu n'avais jamais ouvert et

  • Speaker #0

    que tu as ouvert que en thérapie de groupe c'est ma première alors oui et le sujet dont je viens de te parler sur le rapport aux autres c'est pas que j'avais choisi de ne pas l'ouvrir avec mon psy, c'est qu'il n'était jamais sorti Et que c'est grâce à la thérapie de groupe que j'ai pris conscience de ça. C'est-à-dire qu'en thérapie de groupe, il n'y a pas que des séances où on parle à un psy devant d'autres personnes, il y a aussi des séances d'exercices, d'expérimentations où on va par exemple adresser un message à quelqu'un d'autre en lui disant quel est notre ressenti à son contact. Et donc, à travers ces exercices-là, j'ai pris conscience de ce que je pouvais générer chez les autres, et de complètement différent selon les personnes et selon leur propre vécu. Et donc c'est grâce au groupe. que j'ai pu commencer à travailler ce sujet-là, et de savoir que quand quelqu'un était réticent à me rencontrer, ce n'est pas qu'il ne pouvait pas me blairer, c'est qu'il pouvait éventuellement évoquer des difficultés à mon contact. Là où moi je disais, de toute façon s'il ne veut pas être à mon contact, c'est forcément qu'il ne peut pas me blairer, qu'il ne m'aime pas, qu'il ne m'apprécie pas. Je me vois comme quelqu'un de bon, et donc je ne pense pas à mal. Et donc, je me disais, si j'ai envie d'aller vers cette personne, elle va forcément avoir envie de venir vers moi. Si elle n'a pas envie, c'est qu'elle ne m'apprécie pas. Donc, ça, c'est le genre de raccourci que je pouvais faire avant. Et la thérapie de groupe m'a appris que c'était plus complexe que ça. Et que chacun avait son vécu, son mode de penser, sa réalité, qui fait qu'avec toi, je suis à l'aise. Et puis, avec une autre personne avec qui toi, tu seras super à l'aise dès le premier instant, moi, ça va être plus compliqué. Et donc, voilà, c'est tout ça qui... J'ai réussi à expérimenter ça grâce à la thérapie de groupe. Par contre, j'ai en tête un exercice qu'on avait fait dans un stage en résidentiel. En résidentiel, ça veut dire qu'on avait loué un gîte et le groupe de thérapie se faisait dans ce gîte. Donc en fait, c'est en dehors de chez soi, on passe la soirée ensemble. Donc il y a une autre ambiance par rapport au groupe classique où on se retrouve le matin et le soir, tout le monde rentre chez soi. Et donc les thérapeutes nous disent, tiens, on est dans la nature, et donc vous allez aller chercher, vous allez vous balader, vous avez trois quarts d'heure, vous allez vous balader dans la nature, seul. Vous évitez autant que possible de discuter avec quelqu'un, c'est vraiment un moment où vous êtes avec vous-même. Et dans cette balade, vous essayez de trouver un élément dans la nature qui parle de vous. Et dans trois quarts d'heure, vous revenez avec cet élément-là. Et donc, vous voyez, il y a eu évidemment, au début, j'ai ramassé plusieurs trucs et tout. Et à un moment, je vois du lierre et je me dis mais le lierre, pour moi, me correspond, parle de moi de façon incroyable. C'est le truc. qui prend racine n'importe où, qui est d'une résilience incroyable, qui va avancer même là où on ne veut pas de lui, et qui est très résilient. Et donc là où tu vas essayer de tuer le lierre, ça va le renforcer, ça va l'endurcir. Et donc c'est cette partie du lierre-là que j'ai vue qui m'a parlé de moi à ce moment-là. Merci. Peut-être que ça ne se ressent pas quand j'en parle là, mais en fait c'est des moments extrêmement forts parce que poser ce genre de choses... L'exprimer après aux autres et par la suite faire un travail là-dessus, ça permet d'une part d'asseoir un truc qu'on sait en nous mais qu'on n'a pas forcément eu l'occasion d'exprimer, y compris à soi-même. Et là, tu fais développer l'estime de soi. Moi, à cette occasion-là, j'ai pu développer l'estime que j'ai pour moi-même parce que j'ai vu une qualité que j'ai qui est la résilience. J'ai pu l'exprimer, j'ai pu travailler dessus devant un groupe.

  • Speaker #1

    Tu voulais partager un autre exemple, si tu en as envie ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'il était très fort aussi, et d'une autre manière. Et pour le coup, là, c'était dans la relation à l'autre. C'est un exercice hyper simple, où le thérapeute dit mettez-vous par deux Et… Tu prends une échappe ou un lien entre les deux personnes, de préférence assez long, et chacun tient un bout du lien, que ce soit une échappe, un bout de tissu, un ruban. Et les thérapeutes invitent à... à expérimenter ce que c'est que de mettre de la résistance, de lâcher le lien, de tirer l'autre vers soi, de laisser l'autre repartir alors qu'il met de la pression, de s'approcher de l'autre. Et à chaque moment d'être hyper attentif sur ce que tu ressens avec l'autre. Donc c'est pas un jeu, tu vois, un peu une gaminerie ou qui serait un jeu léger, mais c'est un jeu où il faut être concentré sur qu'est-ce que tu ressens. Est-ce que ça me gêne de m'approcher de l'autre ? Est-ce que ça me gêne que l'autre s'approche de moi ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je veux m'approcher de l'autre, l'autre recule ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je tire l'autre, il lâche le lien au lieu de venir ? Et tu vois, rien que de te le dire, je commence déjà à ressentir les émotions que j'ai ressenties ce jour-là. Parce qu'en fait, j'ai été bouleversé. Bouleversé de voir tout ce que je viens de te citer là, vécu avec une personne, où on n'était que concentré sur ça. Et je pense que c'est ça qui fait qu'on pouvait être attentif à ce qu'on vivait, c'est qu'on était concentré uniquement sur ça. Et ça parlait de chacun de nous, de voir comment inviver le rejet, comment inviver la proximité. Et cet exercice-là, je sais qu'il m'avait bouleversé et que derrière, j'avais fait beaucoup de séances de travail qui m'avaient beaucoup appris.

  • Speaker #1

    Merci

  • Speaker #0

    Christophe. Avec plaisir Alexandre.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute du podcast Je vois quelqu'un. N'hésitez pas à partager cet épisode s'il vous a interpellé ou intéressé. Si vous avez envie de témoigner aussi, n'hésitez pas à me contacter. Vos partages peuvent inspirer des envies, autoriser à se faire aider, soutenir, avoir quelqu'un, pour traverser les escales de l'existence. A bientôt.

Description

Christophe a quarante ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu’il a exploré en thérapie : son besoin d’être entendu, celui d’assumer son homosexualité… Il revient aussi sur les souvenirs marquants, comme ces séances où il vient avec rien et dont il émerge beaucoup.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je vois quelqu'un. Bienvenue dans Je vois quelqu'un, le podcast qui raconte des expériences de thérapie. Dans chaque épisode, une personne nous partagera son histoire thérapeutique. Pourquoi a-t-il ou elle fait ce choix ? Allez voir celui qu'on a l'habitude de ne pas nommer, ce quelqu'un, le psy. Et comment ça l'a fait avancer ou bousculer ? Comment ça l'a changé ou apaisé ? Aujourd'hui, je recueille le témoignage de Christophe. Christophe, il a 40 ans et il pilote des avions. Il a aussi quelques heures de vol de thérapie derrière lui. Christophe, c'est surtout mon ami. C'est pour ça qu'au début de notre échange, c'était clairement pas facile d'être sérieux. Il casse tout ! Il casse le matériel, le monsieur ! Non mais j'aurais envie de tout, il dévisse tout, je n'en reviens pas !

  • Speaker #1

    Je suis obligé, mais si tu me dis rapprocher, sinon il va tomber.

  • Speaker #0

    Finalement, nous sommes mis dans un cocon. Tes petites chaussettes, ton petit plaid. On était bien et on a pu commencer. Dans cet épisode, il nous raconte comment il a choisi son psy et nous partage les grands sujets qu'il a explorés en thérapie. Son besoin d'être entendu, celui d'assumer son homosexualité.

  • Speaker #1

    Adolescent, j'avais déjà... Je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel.

  • Speaker #0

    Il reviendra aussi sur les souvenirs marquants, comme ses séances où il vient avec rien, et dont il émerge beaucoup. Je vous laisse découvrir Christophe et son récit de thérapie. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Je vois quelqu'un.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue dans ce podcast Je vois quelqu'un, qui est un podcast qui recueille des témoignages d'expériences thérapeutiques par des hommes, des femmes. Tu es d'ailleurs le premier homme. Ouais. Déjà, combien t'as eu de psy et combien t'as d'années thérapeutiques derrière toi ?

  • Speaker #1

    Alors, combien j'ai eu de psy ? J'ai eu trois psys différents. Je compte juste les vraies relations thérapeutiques, pas les essais. Parce qu'avant de trouver un psy, des fois on va en voir quelques-uns avant de trouver celui qui nous convient bien. Les trois, ce sont les personnes avec qui j'ai passé plusieurs mois ou plusieurs années dans le travail thérapeutique.

  • Speaker #0

    Et en tout, en cumulé, ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça va bientôt faire 20 ans. Il y a eu des petites pauses de quelques années pendant des moments où j'en ressentais moins le besoin, où j'étais aussi moins stabilisé géographiquement parce que j'étais en déménagement. C'était des périodes où je ne consultais pas de thérapeute, mais ça va entre 15 et 20 ans.

  • Speaker #0

    Et t'as 40 ans aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc pratiquement la moitié de ta vie.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est intéressant quand tu dis je ne compte pas les essais. Est-ce que tu peux nous raconter justement un essai qui n'a pas fonctionné et qu'est-ce qui fait que tu t'es dit c'est pas la bonne personne ou c'est pas la bonne méthode ?

  • Speaker #1

    Ça m'a... pas apporté, ça m'a pas marqué. C'était une discussion, si tu veux. J'amenais des... J'avais des choses à dire, je les expliquais, puis la personne me répondait comme si j'étais en discussion avec quelqu'un d'autre. Et... J'ai pas ressenti quelque chose qui m'a donné envie de revenir.

  • Speaker #0

    C'est quoi qui te donne envie de revenir ? chez un thérapeute ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est la perception ou la sensation qu'il se passe quelque chose dans la séance qui te fait aller beaucoup plus loin qu'une simple discussion, qui te fait réaliser des choses que tu n'avais pas réalisées avant de rentrer et qui te semblent évidentes une fois que tu es sorti. C'est une confiance avec la personne et Ouais, une confiance, ça me paraît essentiel parce que tu... Tu confies assez... Tu te livres, en fait. Tu n'es pas censé mettre de barrière dans ce que tu dis, même si des fois, on choisit de ne pas dire certaines choses. Mais il faut se dire, Tiens, cette personne, je vais être à l'aise pour tout lui dire.

  • Speaker #0

    Mais c'est difficile de le sentir dès le début.

  • Speaker #1

    Oui, on ne le sent pas forcément dès la première séance. Mais sur les personnes que j'ai vues qu'une fois ou deux fois, peut-être que j'ai... Certains psy je les ai vus que deux fois, c'est un peu comme une mayonnaise qui prend pas tu vois. Tu sens qu'il n'y a pas d'accroche, qu'il n'y a pas de consistance, ou tu te dis tiens là, ouais je sens que la personne elle a les épaules pour m'accompagner.

  • Speaker #0

    Et au contraire quand t'as choisi tes psy, est-ce que je sais pas, t'as des souvenirs qui viennent, qui t'ont marqué, qui ont fait que tu t'es dit ouais je vais continuer avec elle ou lui ?

  • Speaker #1

    Sur les trois, il y avait trois personnes bien entendu bien différentes, et en plus ils ont une formation différente. Donc ils n'avaient pas les mêmes styles thérapeutiques, mais les trois avaient ce que moi je percevrais comme quelque chose de solide, comme une puissance dans la présence, qui moi m'a... Ça m'a fait du bien, m'a donné envie de rester et je me suis dit, tiens, avec cette personne-là, je pense que je vais apprendre des choses.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'ils avaient trois approches thérapeutiques différentes. Est-ce que tu peux les nommer ?

  • Speaker #1

    Oui. Les deux premiers, c'était deux femmes, des psychanalystes. et des psychanalystes lacaniennes, qui sont des psychanalystes de la cause freudienne. Et le troisième est un gestalt thérapeute.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous décrire les différences que tu as pu vivre entre les deux approches ?

  • Speaker #1

    Je vais schématiser un petit peu, parce qu'évidemment les personnes avaient des styles différents, donc ne pratiquez pas de la même façon chaque thérapeute à son style. Mais le lacanien, comme le freudien je crois, il intervient peu. Il te laisse beaucoup dans ta solitude et donc il peut arriver que par exemple tu poses des questions et qu'il ne te répond pas. Il te regarde mais il ne te répond pas. C'est un travail où tu es beaucoup moins accompagné, beaucoup moins soutenu dans ce travail-là. C'est un travail individuel et solitaire, la psychanalyse je trouve, même si tu le fais aux côtés de quelqu'un d'autre qui te guide. qui va par moments te montrer de faire des feedbacks très précis sur certains aspects de ce que tu vas dire ou de ce que tu peux montrer. Donc c'était des thérapies, enfin des analyses, parce qu'au début c'était thérapeutique et après j'ai commencé une psychanalyse où c'était un peu assis et puis parfois allongé sur le divan. Moi j'étais plus allongé, plus à l'aise allongé parce que j'avais plus de facilité à me laisser aller et à laisser venir en fait le flux de paroles sans trop réfléchir. L'analyste ou le thérapeute, il n'y avait pas un lien de sympathie avec elles. Je sentais qu'elles étaient là pour me faire progresser, mais pas forcément de manière douce.

  • Speaker #0

    C'était assez froid ?

  • Speaker #1

    C'était très froid. Même si la première que j'ai vue était âgée, quand je l'ai vue elle avait plus de 80 ans. Et donc elle avait un côté un peu grand-mère, et grand-mère patati daniel, tu vois grand-mère quand même assez chaleureuse. Mais par contre dans l'échange thérapeutique c'était très froid. Et la Gestalt thérapie... Pour le coup, c'est une expérience où il y a beaucoup plus d'accompagnement et où je vis les choses avec le thérapeute. Le thérapeute ne se considère pas comme étant étranger à ce que je suis en train de vivre et des fois, il utilise ce qu'il se passe entre nous comme exemple de ce qui peut se passer pour moi dans la vie, ce que ne fait jamais un psychanalyste. Et aussi, le thérapeute en Gestalt, il me soutient. Je sens qu'il est dans une posture de soutien, de bienveillance, et je sais que je peux compter sur lui, ce qui est quand même une grosse différence.

  • Speaker #0

    Tu disais que parfois, ils t'ont fait des feedbacks très précis, qui t'ont soutenu, aidé, notamment les deux psychanalystes. Est-ce que tu t'en souviens de certains ?

  • Speaker #1

    Oui, il y en a un qui me vient. Je parlais d'une de mes figures familiales, et dans l'expression que j'utilise, je dis je ne veux plus l'entendre se plaindre Mais je le dis au milieu d'une phrase comme... Au moment où je le dis, je ne le dis pas en me disant ça c'est important Et comme elle soulevait peut-être deux, trois mots dans une séance de 30 minutes, quand elle soulève un mot, tu te dis tiens, pourquoi elle utilise ce mot-là ? Et donc là, elle dit vous ne voulez plus l'entendre se plaindre Et rien que de t'en reparler, tu vois, j'ai compris effectivement que la plainte que je pouvais observer chez cette personne était pour moi insupportable. Et donc, juste le fait de le reformuler m'a permis de le voir, et après le processus de prise de conscience continue, mais le simple fait de reformuler ça que j'avais dit moi-même, mais dont je n'avais pas perçu l'importance, m'a permis de la comprendre.

  • Speaker #0

    Et ça a changé ton contact avec la personne qui se plaint ? Ou qu'est-ce que ça a eu comme impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ça a changé ma façon de vivre la plainte. Et après, il y a eu plusieurs événements par la suite qui ont fait qu'effectivement, moi, ma posture a changé après. Et donc, la plainte a forcément évolué. Et aujourd'hui, je ne saurais pas dire ce qui se serait passé si je n'avais pas eu cette prise de conscience. Mais ce qui est une certitude, c'est que... La plainte n'a plus le même effet sur moi qu'elle avait avant. Donc elle se manifeste différemment, ou elle ne se manifeste plus. Mais oui, ça a fait bouger, et ça n'a pas fait bouger que moi.

  • Speaker #0

    La première fois que tu es allé en thérapie, est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur ?

  • Speaker #1

    Oui. Pour aller répondre à ta question, je vais te dire qu'aujourd'hui, ce n'est plus du tout ce que je vais chercher en thérapie, mais quand j'ai commencé, j'avais un besoin de faire de la thérapie, parce que j'étais mal. Et donc, la première séance, pour moi, elle était hyper importante. hyper importante parce que d'une part c'était une initiative que j'avais jamais prise, donc il y avait beaucoup de nouveautés. Et... J'avais un énorme espoir que ça me permette d'aller mieux, dans les souffrances du quotidien, dans des questionnements que je pouvais avoir, certains dont j'ignorais l'existence. Et cette attente-là a généré beaucoup de tensions, d'inquiétudes sur le fait que la relation thérapeutique prenne ou ne prenne pas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis que tu étais mal et que tu avais des souffrances, c'était quel type de mal ? Des douleurs, c'était de la déprime ?

  • Speaker #1

    J'avais un front de déprime, oui. C'était l'apparition de l'adolescence. Donc j'avais un front de déprime, j'avais des questionnements qui étaient pour moi... hyper difficile sur ma sexualité, sur mes relations conjugales, amoureuses, et qui était hyper difficile parce qu'il y avait plein de questions, plein d'incertitudes. Enfin, c'est plus que des incertitudes, c'était un environnement qui, pour moi, j'étais perdu là-dedans. Et puis... confronter un monde social dans lequel c'est pas bon d'être perdu là-dedans. Et puis, un fond de déprime là-dessus et aussi un fond d'hypersensibilité dans les relations amicales, familiales, où beaucoup de choses m'irritaient. J'étais assez susceptible et quand j'étais susceptible, c'était vécu... Moi, je le vivais comme assez... C'était insupportable. Donc, c'était hyper fréquent dans une soirée avec des amis, il y a des choses qui se passent et que je sois... contrarié par quelque chose, que je me referme complètement. Moi, j'étais malheureux, je devais certainement être insupportable pour mon entourage. Au quotidien et sur la longueur, ça faisait un front de déprime qui m'a donné envie de le traiter, de regarder ça en disant Il y a peut-être moyen de faire autrement pour que je ne sois pas autant dans le mal quand ça se produit.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu as 16-17 ans ? Tu dis l'adolescence ?

  • Speaker #1

    Oui, plus de 17 ans pour les premières...

  • Speaker #0

    T'es au lycée ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ça dure combien de temps ?

  • Speaker #1

    La première, elle dure deux ans, même pas deux, un an et demi, deux ans.

  • Speaker #0

    Comment tu ressors de cette première expérience thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Je sors avec l'impression d'avoir un peu fait du tri. Je portais, même au bout d'un an, tu vois, même dans les premiers mois, je portais beaucoup moins. ce truc insupportable que je portais avant, de me dire, dans telle situation, je vis des choses qui sont insoutenables et je ne sais pas faire autrement. Donc le fait d'avoir commencé la thérapie m'a permis de me dire, ok, dans ces situations, c'est compliqué pour moi, c'est aussi compliqué pour les autres, mais je sais qu'avec le temps, il est possible de faire autrement.

  • Speaker #0

    Oui, donc il y a une étape d'accepter la situation telle qu'elle est, et aussi d'avoir de l'espoir qu'il y a un changement possible et un apaisement possible.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux nommer un des gros chantiers qui peut-être a continué après, ou sur lequel qui a été central pour toi dans ton parcours thérapeutique ?

  • Speaker #1

    Le plus gros chantier pour moi, je parlais de sexualité tout à l'heure, c'était d'assumer mon homosexualité. et de l'assumer. Surtout pour moi-même. Et ça, c'est le plus gros chantier sur lequel j'ai eu à travailler. Et aujourd'hui, quand je dis aux gens que j'ai eu à affronter ma propre homophobie, les gens ne comprennent pas. Mais c'est clair que moi, je n'ai eu aucune difficulté familiale pour que mon homosexualité soit acceptée. Mais la plus grosse résistance... qui pouvait y avoir, c'était ma propre résistance. Donc, adolescent, je savais que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de dire que j'étais homosexuel. Je refusais même de l'admettre. Pour moi, je ne pouvais pas admettre d'être homosexuel. Donc je me trouvais des raisons sur ces attirances et je me disais, ben voilà, il y a un contexte, je vais me définir d'une certaine manière, mais non, je ne suis pas homosexuel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui a participé à ce que tu assumes et aussi tu accueilles ton homosexualité ? Peut-être même maintenant que tu t'en es fière, je sais pas. Je sais pas où t'en es de ça.

  • Speaker #1

    Je me souviens qu'il y a une question qui m'obsédait, à laquelle je voulais à tout prix trouver une réponse quand j'étais même pas trentenaire. Oui, non, loin des trentenaires plutôt. Avant mes 25 ans, c'était savoir, en fait, est-ce que je peux choisir quelle sera ma nouvelle ? Et est-ce que, en fonction de ce qui m'est donné, donc oui, je suis attiré par des hommes, je peux trouver aussi des femmes jolies, je peux arriver à vivre des relations avec des hommes ou avec des femmes, mais tout ça m'étant donné, Qu'est-ce que je peux en faire et quelle est ma part de volonté là-dedans ? Cette question, je me souviens l'avoir souvent posée au thérapeute. Alors mes psychanalystes ne répondaient pas. Une fois, j'ai posé la question de façon très insistante. Donc j'ai eu un semblant de réponse. Et mon gestal thérapeute m'avait répondu que pour lui, ça ne se choisissait pas et qu'il y avait des études scientifiques très claires qui montraient que ça se passait... Très probablement avant la naissance. Donc ça c'est... un questionnement qui m'a suivi pendant très longtemps, mais ce qui m'a aidé à accepter de plus en plus ma sexualité, d'accepter de plus en plus qui je suis, voire d'en être fier. C'est en fait plus de sérénité, là encore je vais parler de sérénité, mais plus je gagnais de la sérénité avec qui j'étais, plus je... Quelque part, je levais un petit peu les barrières qui m'empêchaient d'aller accepter ça. Et plus c'est devenu comme une évidence. Et c'est pas du tout un but, je pense que tu as compris que c'est pas un but que je suis allé chercher, parce que pour moi, au contraire, le but c'était pas ça. Donc quand je suis entré en thérapie, mon objectif c'était de régler un problème. C'était pas de m'accepter avec ce problème. Mais c'est pas du tout un but. C'est pas du tout un but.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a, au-delà du sujet de sexualité, des thèmes qui reviennent ? Tu parlais de chantier tout à l'heure, c'est peut-être moi qui l'ai dit d'ailleurs. Mais des gros sujets qui sont un peu tes marronniers, comme on dit dans la presse. Les gros sujets sur lesquels tu vois quand même que tu as avancé.

  • Speaker #1

    Dans mon rapport aux autres ? J'ai un des sujets qui est le plus récurrent, qui est le besoin d'être entendu. Et quand j'ai l'impression de ne pas être entendu... A l'intérieur de moi, il y a un petit feu qui s'allume, et plus la discussion avance, plus la situation avance, et plus j'ai l'impression que j'insiste pour être compris, et que je vois que l'autre ne me comprend pas, plus le brasier prend de la place, jusqu'à un moment où c'est incontrôlable. Si je me place quelques mois, voire quelques années en arrière, je pouvais dévisser complètement, me mettre à hurler et vivre un truc incontrôlable en moi. C'est un peu ce qu'on parle de violence, pas au sens où je tape sur les gens, mais violence dans le sens où ce que je vis m'empêche de voir. Ce que je fais aux autres et ce que je fais aux autres peut être simplement dans le fait de fermer complètement et de ne plus parler, parce que c'est une manière que j'ai de me protéger moi. Mais cette manière-là est violente parce qu'on n'a plus la capacité de voir ce que ça fait à l'autre.

  • Speaker #0

    Et puis j'imagine que c'est violent pour toi aussi, ça fait mal ?

  • Speaker #1

    Et c'est hyper violent pour moi, oui. Et donc ça, on va dire que c'est un chantier en cours. Mais aujourd'hui, quand se produit une situation similaire et que je sens que je ne suis pas entendu, on va dire que dans 90% des cas, j'arrive avant même que le feu s'allume à se dire bon, là, tu ne te sens pas compris Est-ce que ça vaut vraiment la peine d'insister ? Est-ce que l'échange, est-ce que la situation vaut le coup d'insister pour s'assurer que tu as été compris ou pas ? Et quand ça vaut le coup, parce que la personne est très intime ou parce que le sujet est vraiment important, je vais regarder avec plus d'attention parce que je sais ce que ça me fait. Donc je vais y aller avec plus de précaution. Bien souvent, les gens qui m'entourent aujourd'hui le savent. Donc, c'est quelque chose dont rapidement, je peux dire, écoute, là, pour moi... J'ai l'impression que ce que je viens de dire, je ne me suis pas fait comprendre en fait. Et c'est important pour moi que tu comprennes ce que je suis en train de dire. Et tu sais en plus que si je n'ai pas l'impression d'être compris, pour moi ça va être ingérable. Donc quand c'est avec des personnes avec qui on est intime, on peut le dire, moi je peux le dire, encore faut-il le savoir pour soi. Parce que si je me place cinq ans en arrière, je vriais, le feu s'allumait en moi, mais tout ce que je me disais, c'est quel con, il ne m'écoute pas Je ne me disais pas c'est hyper important pour moi d'être compris

  • Speaker #0

    Il y a un autre chantier que tu as envie de célébrer, comme une victoire de ton histoire thérapeutique.

  • Speaker #1

    Oui, je vais célébrer la liberté que je ressens aujourd'hui. de faire, d'entreprendre, de choisir. Et j'utilise volontairement des mots très très larges, parce que je peux penser à un parcours professionnel, par exemple. Je peux penser à des relations. Je peux penser à comment j'organise mes vacances, par exemple. Tout ça s'applique à plein de situations différentes. Mais aujourd'hui, je sens que mes choix se font de manière beaucoup plus libre et beaucoup plus respectueuse de qui je suis. Je suis. que je ne pouvais les faire il y a quelques années. Ou je me sentais obligé de faire ça parce que il fallait que... Peu importe les raisons, mais j'avais plein de raisons internes qui me faisaient aller vers des trucs qui n'étaient pas forcément bons pour moi. Donc ça, aujourd'hui, c'est évidemment un motif de grande fierté que j'ai envie de célébrer, c'est qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à me dire, ça je le fais parce que j'ai envie de le faire, et je sais pourquoi j'ai envie de le faire, C'est pourquoi ça va me faire du bien de choisir tel projet plutôt qu'un autre. Cette liberté-là n'aurait pas été possible selon moi sans la thérapie.

  • Speaker #0

    Tu as des rituels avant, après la thérapie, pendant le chemin ? Est-ce que tu prends des notes ?

  • Speaker #1

    Avant, je prenais beaucoup de notes et avant, je préparais mes séances. Il était important pour moi d'arriver à une séance avec un sujet à aborder et avec quelque chose à dire. Aujourd'hui, je ne les prépare plus et j'arrive très régulièrement en séance sans rien d'avoir à dire, sans rien avoir envie de travailler. Et bien souvent, je ne sais pas. Beaucoup de choses apparaissent, et pour ma grande surprise. Je me sens beaucoup plus tranquille quand je vais en séance. Avant, je prenais beaucoup de notes, mais y compris dans le quotidien. Parce que je me disais, là je suis en train de vivre une contrariété, je suis en train de vivre un événement qui est potentiellement difficile, je me suis pris la tête avec mon copain, ou je me suis pris la tête avec mes parents. Tiens, notons ce que je vis à ce moment-là, parce que... Le souvenir sera différent quand je vais aller voir ma psy. Et donc, je vais me souvenir de ce qui se passe là maintenant. Donc je notais beaucoup. Aujourd'hui, je note beaucoup moins, tout simplement, parce que j'ai beaucoup moins de moments où ça ne va pas, ou de moments difficiles, ou d'engueulades. Donc je prends beaucoup moins de notes. Et à la sortie des séances... Avant, j'avais peur de ne pas me souvenir de ce qu'on s'était dit, de ce qui était sorti des prises de conscience et tout. Maintenant, c'est hyper rare. C'est vraiment très très rare que je note quelque chose. Quand je note quelque chose, c'est que dans la science. J'ai eu besoin de me le répéter trois fois pour que ça rentre.

  • Speaker #0

    T'as un exemple ? C'est quoi la dernière prise de conscience que t'as notée ?

  • Speaker #1

    La vraie, je prête mon téléphone.

  • Speaker #0

    Vas-y, tu peux.

  • Speaker #1

    Je vais te lui parce que...

  • Speaker #0

    Elle nous dit que ce que t'as envie de partager, c'est la main.

  • Speaker #1

    En gros, je viens avec un sujet chez mon psy et je lui dis écoute, il faut que je travaille là-dessus. Dans telle situation, ça a été compliqué pour moi, j'étais avec telle personne. Pour moi, c'était compliqué de bien agir, d'agir correctement, parce que la personne n'était pas hyper respectueuse, c'était un peu dur. Et mon psy me dit mais qu'est-ce qui fait que... Tu t'es mis dans cette situation. Qu'est-ce qui fait que tu as choisi d'être dans la situation avec cette personne, sachant que tu savais que ce serait difficile ? Et quand il me l'a dit, je me suis dit, je ne vois pas de quoi tu parles en fait.

  • Speaker #0

    Tu aurais pu l'anticiper et l'éviter ?

  • Speaker #1

    Complètement, oui. Il y avait de ma part une volonté un peu constitutive chez moi. Je me suis dit, tiens, là, je sens qu'avec cette personne, je vais travailler parce que ce n'est pas quelqu'un avec qui je suis à l'aise. Donc, je me suis dit, je vais y aller. Et je vais apprendre et je vais voir aussi quelle est ma capacité sur des sujets que j'avais travaillé jusqu'à présent, y compris le fait de ne pas me sentir entendu. Je me suis dit, tiens, avec cette personne, c'est le bon endroit pour aller travailler ça et pour voir si j'agis aujourd'hui différemment d'il y a quelques mois. Et donc, j'y suis allé. Donc effectivement, c'était différent, mais ce n'était pas pour autant hyper agréable. Et donc, mon psy me dit mais pourquoi tu y vas ? Ok, tu vas apprendre et tout, mais tu peux aussi choisir de ne pas te mettre autant en difficulté Et donc, quand lui me l'a dit, je l'ai entendu, ça m'a impacté, et puis c'est reparti. Et donc, c'est quelque part quelque chose qui est revenu un petit peu de plusieurs formes différentes et où effectivement, j'ai eu besoin de l'écrire pour me dire bon, peut-être que la mise en difficulté n'est pas une obligation que je peux aussi choisir des fois la voie du confort. Et ça, je me suis dit, c'est bien de l'écrire, parce que chasser le naturel, il revient au galop. Je pourrais avoir tendance à, plusieurs fois, par la suite, à me dire, bon, ok, dans telle situation, j'ai plusieurs choix, mais je vais prendre celle où il y a du challenge. Alors que des fois, il est aussi bon de choisir du confort.

  • Speaker #0

    Tout à l'heure, tu parlais des séances où parfois tu viens avec rien. Est-ce qu'il y a une séance comme ça où tu es venu avec rien et où quelque chose a émergé ?

  • Speaker #1

    J'en ai une en particulier qui était assez forte. Je me suis présenté à un thérapeute, vraiment, je n'avais aucun sujet. Mais dans les semaines avant, aucune contrariété, aucun truc où je me suis dit tiens ça c'est intéressant, rien. Et donc je me présente devant le thérapeute, et pas mal de temps de silence, d'observation et tout. Et... Le thérapeute Gestalt sort un des sujets qui était hyper actuel chez moi, sans savoir que c'est un sujet actuel, de ce que je pouvais générer de différent chez les personnes avec qui j'étais en relation. J'explique un petit peu plus.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai une vision de moi qui est quelqu'un de sympathique, un peu réservé par moment, mais qui ferait pas mal de mal à une mouche et plutôt bien intentionné. Il y a des gens qui ne me perçoivent absolument pas comme ça. J'ai pu avoir des feedbacks de gens qui me disaient toi, quand tu es le genre de personne, quand je rentre dans une pièce, je sais que je vais avoir envie de faire connaissance avec tout le monde sauf avec toi J'ai eu des commentaires qui m'ont dit tu es le genre de personne qui est capable Mais pas par la valeur de qui je suis, mais par ce que je dégage. Parce que j'ai pris conscience avec le temps, et ça aussi merci la thérapie et la thérapie de groupe, que je peux dégager, enfin je dégage, une impression de forte confiance en soi. Et cette impression peut générer chez certains de la crainte et de l'envie de ne pas aller à mon contact. Là ou chez d'autres, ça crée une grande sécurité. une grande chaleur et beaucoup de protection. Parce que ça donne l'impression que j'endure, que je suis là. Et donc ça génère deux choses différentes. Et le thérapeute, sans rien se dire, juste par ce qui se passait, par l'observation, et par ce qui s'est joué entre nous, qui était un peu des deux, c'est-à-dire qu'il y avait à la fois de la chaleur, à la fois quelque chose de sécurisant et de stable, et à la fois quelque chose qui était... qui lui faisait qu'il se sentait mis à distance. Et qui disait, mais en fait, j'arrive pas à venir vers toi, là. Je sens qu'il y a un truc hyper solide, hyper fort, mais j'arrive pas. C'est comme s'il y a quelque chose qui me repoussait de toi. Et simplement en disant ça, ça a réouvert pour moi ce sujet qui est un sujet actuel, enfin qu'il l'était à l'époque, mais on peut dire qu'il l'est toujours. Et ça a permis d'avancer sur ce sujet-là et de travailler dessus à l'occasion de cette séance-là.

  • Speaker #1

    Tu dis thérapie de groupe, donc tu as expérimenté la psychanalyse, la gestaltérapie individuelle. Donc tu as aussi vécu de la thérapie de groupe et d'autres formes de thérapie ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai effectivement, mon psy, Gestalt, un jour m'a proposé d'intégrer un groupe de thérapie. Sur le coup, j'ai eu un petit frisson. J'ai fait non, je la mets de la vie. C'est déjà difficile de le confier à une personne alors d'aller confier ça à dix autres personnes. Mais tu es faux ! Non, merci ! Donc, j'ai dû dire un non catégorique. Bien qu'écoutant ces explications, je lui ai dit écoute, non, non, non, ça ne m'intéresse pas. Et puis les semaines et les mois sont passés et j'ai un ami qui me dit Tiens, j'ai fait une thérapie de groupe, c'était sensationnel. J'ai jamais autant appris qu'en thérapie de groupe. Il me dit quand tu vas voir un psy, quand tu es dans une séance devant un psy, tu vois une personne. Quand tu es en thérapie de groupe, tu fais ta séance devant douze personnes, donc tu vois douze regards différents. Tu confies ce que tu confies devant douze personnes qui n'est pas non plus le même symbole et donc qui n'a pas le même effet sur toi quand tu le dis. Et surtout, il me dit, là où moi j'avais beaucoup de crainte, tu l'as compris, c'est un environnement qui est bien fait, c'est sécurisant. Ce n'est pas l'exercice hyper difficile où tu te jettes dans la gueule du loup. Il me dit que c'est vraiment très précautionneux, il n'y a pas de mise en danger dans cette démarche-là. Et donc, comme toute chose, il a fallu du temps, mais ce qu'il m'a dit, c'est rentré. Et un jour, mon psy m'en a reparlé, mais peut-être un an après la première fois qu'il m'en avait parlé, parce qu'il me dit Tiens, il y a une place qui se libère dans le groupe, je ne sais plus si je t'en avais parlé, est-ce que ça t'intéresserait de rejoindre le groupe de thérapie ? Et donc là, réaction tout autre que la première fois, je lui ai dit Écoute, je veux bien réfléchir. Jusqu'à quand je peux réfléchir ? Et puis, j'ai intégré le groupe.

  • Speaker #1

    et je vois ton regard que tu n'as pas en savoir plus oui je vais toujours en savoir plus juste une question sur la thérapie de groupe enfin non je vous en ai quand même est-ce qu'il y a un sujet que tu n'avais jamais ouvert et

  • Speaker #0

    que tu as ouvert que en thérapie de groupe c'est ma première alors oui et le sujet dont je viens de te parler sur le rapport aux autres c'est pas que j'avais choisi de ne pas l'ouvrir avec mon psy, c'est qu'il n'était jamais sorti Et que c'est grâce à la thérapie de groupe que j'ai pris conscience de ça. C'est-à-dire qu'en thérapie de groupe, il n'y a pas que des séances où on parle à un psy devant d'autres personnes, il y a aussi des séances d'exercices, d'expérimentations où on va par exemple adresser un message à quelqu'un d'autre en lui disant quel est notre ressenti à son contact. Et donc, à travers ces exercices-là, j'ai pris conscience de ce que je pouvais générer chez les autres, et de complètement différent selon les personnes et selon leur propre vécu. Et donc c'est grâce au groupe. que j'ai pu commencer à travailler ce sujet-là, et de savoir que quand quelqu'un était réticent à me rencontrer, ce n'est pas qu'il ne pouvait pas me blairer, c'est qu'il pouvait éventuellement évoquer des difficultés à mon contact. Là où moi je disais, de toute façon s'il ne veut pas être à mon contact, c'est forcément qu'il ne peut pas me blairer, qu'il ne m'aime pas, qu'il ne m'apprécie pas. Je me vois comme quelqu'un de bon, et donc je ne pense pas à mal. Et donc, je me disais, si j'ai envie d'aller vers cette personne, elle va forcément avoir envie de venir vers moi. Si elle n'a pas envie, c'est qu'elle ne m'apprécie pas. Donc, ça, c'est le genre de raccourci que je pouvais faire avant. Et la thérapie de groupe m'a appris que c'était plus complexe que ça. Et que chacun avait son vécu, son mode de penser, sa réalité, qui fait qu'avec toi, je suis à l'aise. Et puis, avec une autre personne avec qui toi, tu seras super à l'aise dès le premier instant, moi, ça va être plus compliqué. Et donc, voilà, c'est tout ça qui... J'ai réussi à expérimenter ça grâce à la thérapie de groupe. Par contre, j'ai en tête un exercice qu'on avait fait dans un stage en résidentiel. En résidentiel, ça veut dire qu'on avait loué un gîte et le groupe de thérapie se faisait dans ce gîte. Donc en fait, c'est en dehors de chez soi, on passe la soirée ensemble. Donc il y a une autre ambiance par rapport au groupe classique où on se retrouve le matin et le soir, tout le monde rentre chez soi. Et donc les thérapeutes nous disent, tiens, on est dans la nature, et donc vous allez aller chercher, vous allez vous balader, vous avez trois quarts d'heure, vous allez vous balader dans la nature, seul. Vous évitez autant que possible de discuter avec quelqu'un, c'est vraiment un moment où vous êtes avec vous-même. Et dans cette balade, vous essayez de trouver un élément dans la nature qui parle de vous. Et dans trois quarts d'heure, vous revenez avec cet élément-là. Et donc, vous voyez, il y a eu évidemment, au début, j'ai ramassé plusieurs trucs et tout. Et à un moment, je vois du lierre et je me dis mais le lierre, pour moi, me correspond, parle de moi de façon incroyable. C'est le truc. qui prend racine n'importe où, qui est d'une résilience incroyable, qui va avancer même là où on ne veut pas de lui, et qui est très résilient. Et donc là où tu vas essayer de tuer le lierre, ça va le renforcer, ça va l'endurcir. Et donc c'est cette partie du lierre-là que j'ai vue qui m'a parlé de moi à ce moment-là. Merci. Peut-être que ça ne se ressent pas quand j'en parle là, mais en fait c'est des moments extrêmement forts parce que poser ce genre de choses... L'exprimer après aux autres et par la suite faire un travail là-dessus, ça permet d'une part d'asseoir un truc qu'on sait en nous mais qu'on n'a pas forcément eu l'occasion d'exprimer, y compris à soi-même. Et là, tu fais développer l'estime de soi. Moi, à cette occasion-là, j'ai pu développer l'estime que j'ai pour moi-même parce que j'ai vu une qualité que j'ai qui est la résilience. J'ai pu l'exprimer, j'ai pu travailler dessus devant un groupe.

  • Speaker #1

    Tu voulais partager un autre exemple, si tu en as envie ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'il était très fort aussi, et d'une autre manière. Et pour le coup, là, c'était dans la relation à l'autre. C'est un exercice hyper simple, où le thérapeute dit mettez-vous par deux Et… Tu prends une échappe ou un lien entre les deux personnes, de préférence assez long, et chacun tient un bout du lien, que ce soit une échappe, un bout de tissu, un ruban. Et les thérapeutes invitent à... à expérimenter ce que c'est que de mettre de la résistance, de lâcher le lien, de tirer l'autre vers soi, de laisser l'autre repartir alors qu'il met de la pression, de s'approcher de l'autre. Et à chaque moment d'être hyper attentif sur ce que tu ressens avec l'autre. Donc c'est pas un jeu, tu vois, un peu une gaminerie ou qui serait un jeu léger, mais c'est un jeu où il faut être concentré sur qu'est-ce que tu ressens. Est-ce que ça me gêne de m'approcher de l'autre ? Est-ce que ça me gêne que l'autre s'approche de moi ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je veux m'approcher de l'autre, l'autre recule ? Qu'est-ce que ça me fait que quand je tire l'autre, il lâche le lien au lieu de venir ? Et tu vois, rien que de te le dire, je commence déjà à ressentir les émotions que j'ai ressenties ce jour-là. Parce qu'en fait, j'ai été bouleversé. Bouleversé de voir tout ce que je viens de te citer là, vécu avec une personne, où on n'était que concentré sur ça. Et je pense que c'est ça qui fait qu'on pouvait être attentif à ce qu'on vivait, c'est qu'on était concentré uniquement sur ça. Et ça parlait de chacun de nous, de voir comment inviver le rejet, comment inviver la proximité. Et cet exercice-là, je sais qu'il m'avait bouleversé et que derrière, j'avais fait beaucoup de séances de travail qui m'avaient beaucoup appris.

  • Speaker #1

    Merci

  • Speaker #0

    Christophe. Avec plaisir Alexandre.

  • Speaker #1

    Merci pour votre écoute du podcast Je vois quelqu'un. N'hésitez pas à partager cet épisode s'il vous a interpellé ou intéressé. Si vous avez envie de témoigner aussi, n'hésitez pas à me contacter. Vos partages peuvent inspirer des envies, autoriser à se faire aider, soutenir, avoir quelqu'un, pour traverser les escales de l'existence. A bientôt.

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