- Speaker #0
Un savoir-faire, ça s'apprend. Un savoir-être, c'est quand même beaucoup plus compliqué.
- Speaker #1
Bousculer les codes pour bousculer les codes, ça va te faire du bien à l'ego, mais ça ne va pas forcément faire du bien à tout le monde.
- Speaker #0
On a de plus en plus besoin d'aller se démarquer.
- Speaker #1
Ne soyez pas des gens parfaits. Vous avez vos tics de langage, vous avez vos petits gestes parasites. Qu'on le veuille ou non, la parole, c'est discriminant. On ne peut pas parler de prise de parole sans évoquer ce qui est sous-jacent, à savoir le stress. Jaborama, merci d'ouvrir les portes du monde pro à la valeur de la parole.
- Speaker #0
Joborama.
- Speaker #1
Votre coup de boost et panorama sur l'emploi.
- Speaker #0
Bienvenue dans Joborama. Je suis Jonathan Gozart, expert RH, recruteur et chroniqueur média spécialisé en emploi. Je suis ravi de vous retrouver pour cette deuxième saison du podcast Joborama. Une saison qui s'annonce encore plus originale, encore plus percutante, avec des invités qui vont nous surprendre, vous surprendre. nous inspirer et parfois même, je l'espère, nous bousculer. Cette saison, l'idée est claire, aller chercher l'emploi là où on ne l'attend pas, explorer les compétences autrement et donner la parole à celles et ceux qui font bouger les lignes. Et justement, pour ce premier épisode, je voulais frapper fort, parce qu'on parle souvent de diplôme, d'expérience, de technique, mais on oublie parfois que parler, créer, s'exprimer, oser sa voix et ses idées, ce sont aussi des compétences professionnelles à développer. Alors aujourd'hui, on va se demander... Que se passe-t-il quand la créativité et l'expression deviennent de vrais atouts dans le monde du travail ? On va voir comment apprendre à poser sa voix, à oser ses idées, à s'ouvrir aux autres. Ça peut vraiment changer la donne dans un parcours professionnel. Pour démarrer cette saison 2 de Joborama, j'ai voulu m'entourer d'un invité un peu hors cadre. Il s'appelle Elvie, c'est un artiste, un slameur, mais pas seulement. Elvie, c'est quelqu'un qui met les mots au service des autres, qui intervient dans les écoles, dans les associations, dans les entreprises pour aider à reprendre confiance en soi, à prendre la parole en public, bref, à créer du lien. Bonjour Elvie et merci de lancer avec moi cette nouvelle saison de Joborama.
- Speaker #1
Bonjour Jonathan.
- Speaker #0
Alors, est-ce que tu peux, avant qu'on rentre vraiment dans le détail, un peu présenter ton métier concrètement, puisque tu vis du slam au quotidien ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors déjà, merci de m'inviter également. Je me présente, je suis Elvie. Alors ça, c'est mon nom d'artiste. J'ai un prénom dans la vie de tous les jours, c'est Hervé. Je suis issu d'un mouvement qui s'appelle le slam. Alors le slam, c'est une discipline qui est axée sur l'écriture de textes, plutôt en poésie, mais pas que. Et ce texte, il a pour but d'être interprété à l'oral, d'être projeté sur scène. Donc c'est un art qui côtoie finalement pas mal des aspects de la vie quotidienne ou même professionnelle. Nos vies, elles sont régies par la communication, l'expression. Mes activités, forcément, d'une part, elles sont artistiques. Je donne des concerts, des performances. J'assure des visites de la ville de Rennes en slam, puisque j'habite à Rennes. Mais elles sont aussi mes activités tournées vers la médiation. C'est pourquoi je donne beaucoup d'ateliers, je fais de l'accompagnement, de la médiation, autour de la création artistique, poétique, de slam, etc.
- Speaker #0
Alors, justement, Joborama, nous, on parle emploi. Ce n'est pas seulement des CV, des entretiens. C'est aussi une histoire de parole, de créativité. de confiance, c'est les compétences que toi tu travailles, tu viens de le dire, à travers ton art et que tu transmets à des jeunes comme aussi à des professionnels. Expression, créativité, emploi, j'imagine que ça te parle. Et de façon générale, comment tu définirais, toi, ces notions et surtout quel lien tu peux faire entre elles ?
- Speaker #1
Alors, l'emploi, forcément, j'attribue à l'emploi tout ce qui est attiré au monde professionnel. Pour ce qui est de l'expression et de la créativité, c'est des notions qui sont, selon moi, assez proches, intimement liées. Pour moi, le fait de créer, j'y attribue souvent l'idée de partir d'une base plane, vierge, et de donner du relief à cette base. Alors ça peut prendre des allures esthétiques, ça peut se travailler autour de la matière, ça peut se travailler autour de l'expression lexicale, des images, de la vidéo, plein de choses. En l'occurrence, pour moi, s'exprimer, c'est créer. Puisque quand on s'exprime, on crée de la parole, on crée du contenu, on crée de la communication. Alors nous, les artistes, on crée pour s'exprimer. Souvent on le fait de manière esthétique, de manière visuelle, divertissante. On le fait soit par nécessité, soit par plaisir. Et le but du jeu c'est de créer quelque chose qui aille recruter dans les émotions souvent. Dans le cadre de l'emploi, moi je trouve qu'on fait plutôt un pas de côté et on s'exprime pour créer. Je pense que l'artiste il crée pour s'exprimer et dans l'emploi j'imagine plutôt qu'on s'exprime pour créer quelque chose, créer du lien, créer du relief et du sens dans la relation à l'autre. Donc... si on ne s'exprime pas dans le monde professionnel, on aura du mal à pouvoir atteindre nos objectifs et du coup à donner du sens à notre travail. Donc forcément, pour moi, c'est forcément des notions qui sont liées et qui ne sont pas antinomiques.
- Speaker #0
Oui, c'est un vrai atout. Derrière, j'ai l'impression, d'après ce que tu dis, pour les personnes que tu accompagnes, en tout cas, on voit bien le lien qui peut y avoir dans tout ça. Écoute, je te propose qu'on entre justement dans le détail et puis qu'on puisse détailler tout ça, paroles, créativité et emploi. On y va ?
- Speaker #1
Allons-y, c'est parti !
- Speaker #0
De plus en plus de recruteurs affirment que la communication est une des premières compétences recherchées, parfois même avant les fameuses compétences techniques. D'ailleurs, il y avait une étude de LinkedIn qui était sortie en 2023 qui indiquait que 92% des recruteurs considèrent davantage les fameuses soft skills comme aussi importantes que les compétences métiers. J'avoue que j'en fais un petit peu partie, je suis plutôt orienté sur le savoir-être des candidats. Et pourtant, on parle très peu de la prise de parole comme d'une véritable compétence professionnelle. à part entière, elle vit en quoi savoir s'exprimer clairement, oser prendre la parole, ça peut vraiment faire la différence dans un parcours professionnel.
- Speaker #1
Pour répondre à ta question, j'aimerais prendre un exemple que j'ai vécu. Il y a un enseignant de l'université de Rennes qui me contacte. Donc on se rencontre et il m'explique qu'il aimerait mettre en place des ateliers autour du slam, de la prise de parole, avec ses étudiants, sachant que la formation n'a rien à voir avec ça. C'était des ingénieurs, mécaniques, etc. Et il me disait que ce qui motivait sa volonté de mettre en place des ateliers, c'est que les entreprises qui recevaient les étudiants qu'il a formés lui témoignaient que les étudiants, ils étaient super bons techniquement, c'était des super ingénieurs, il n'y a pas de souci. Mais là où le bas blesse, c'est dans l'expression, c'est-à-dire communiquer sur ses projets, les défendre, communiquer avec les collègues, avec la hiérarchie, vraiment que l'expression n'était pas du tout au niveau de ce qu'ils attendaient dans les relations. notamment les relations de travail et en fait moi il me semble que ces ateliers et cette anecdote en tout cas cet exemple-là il illustre bien la réponse à ta question moi je pense par exemple si tu prends un entretien d'embauche il peut y avoir 10 candidats convoqués à un entretien à l'oral mais peut-être qu'avant il y a eu 100 CV Donc, en fait, techniquement, il se peut que les dix candidats soient très compétents. Je veux dire, ils ont une expérience, ils ont un parcours, ils ont des idées. Mais du coup, celui, du coup, à la fin qui va peut-être l'emporter, ou celui qui va avoir son projet qui sera financé dans le cadre d'une entreprise, ça sera peut-être celui qui aura su l'exprimer au mieux. Oui,
- Speaker #0
celui qui aura fait la différence à l'oral. Exactement. Parce que c'est vrai que c'est de l'humain, l'oral, c'est de la communication. Et nous, recruteurs, j'avoue qu'on entretient quelqu'un qui s'exprime bien, qui va savoir structurer ses idées, qui va savoir les mettre en avant. C'est bête, mais on s'ennuie moins pendant l'entretien. Et donc, forcément, on va être beaucoup plus réceptif.
- Speaker #1
J'imagine,
- Speaker #0
oui. On a souvent cette image que la créativité, elle est plutôt réservée aux artistes, aux designers, aux communicants. Alors finalement, on vient de le dire, elle est utile partout. D'ailleurs, d'ici quelques années, il y a plusieurs études qui disent que la créativité, c'est-à-dire dans le top 3 des compétences les plus demandées, tous métiers confondus. Comment tu expliques que cette créativité, elle puisse aider à trouver un emploi, à évoluer dans sa carrière, même dans des métiers très techniques ?
- Speaker #1
En fait... je ne sais pas si tu as remarqué mais quand tu fais des études tes formateurs ils te disent souvent soyez acteur de votre formation ça c'est quelque chose qu'on entend beaucoup prenez des initiatives la prise d'initiative c'est très demandé sauf que la créativité être créatif c'est une forme de prise de pouvoir c'est un peu être acteur en quelque sorte pour être créatif il faut être en capacité de réfléchir à des idées de les structurer de les mettre en place puis après trouver la manière justement de les mettre en place de les présenter aux gens donc en fait être créatif pour moi ... C'est un premier pas vers l'idée de donner du mouvement, donner du relief aux choses. Ça peut, à mon avis, être utile dans une carrière, même un métier technique qui demande à pouvoir avoir du relationnel avec ses inférieurs, avec ses collègues, avec ses collaborateurs. Donc à pouvoir exprimer ses idées et du coup les exprimer, c'est aussi être en capacité d'être créatif dans l'idée de les structurer, de les annoncer au monde.
- Speaker #0
Ça donne du relief aux choses C'est-à-dire que quelque chose qui est présenté De manière laconique, sans créativité Je pense au CV Un CV qui est très plat Ou ce serait un document Word très basique Alors des fois c'est intéressant pour certains métiers Tu postules dans un poste dans la communication T'as plutôt intérêt à avoir un CV un peu original Un peu créatif
- Speaker #1
Ouais totalement, puis se démarquer quoi
- Speaker #0
Alors dans tes interventions Parce que du coup je te suis quand même un petit peu régulièrement Tu travailles beaucoup sur la confiance en soi On sait que généralement les jeunes, ils hésitent à candidater à des postes par peur de ne pas être à la hauteur, le fameux aussi syndrome de l'imposteur qu'on retrouve beaucoup. Qu'est-ce qui selon toi manque le plus aux jeunes aujourd'hui et d'ailleurs même à certains professionnels pour avoir confiance en eux et comment on peut commencer à renforcer cette confiance concrètement ?
- Speaker #1
Je pense que le manque de confiance en soi, il est souvent lié à une notion qu'on aura peut-être l'occasion de réaborder ensemble, j'imagine, c'est notre rapport au regard de l'autre, notre rapport à l'échec. il me semble que c'est important de créer des environnements que ce soit dans le milieu pro mais même avant dans les cellules familiales, dans les formations qui soient les plus sécurisants possibles sur cet aspect-là, vis-à-vis du regard de l'autre. Souvent, on a l'impression, t'en parlais tout à l'heure, que l'expression, c'est quelque chose d'inné, que ceux qui ont le droit de s'exprimer, c'est ceux qui savent, ceux qui ont ce chromosome quasiment dès la naissance de l'expression orale. Or, pas du tout. Moi, combien de fois dans les ateliers, les gens, ils me disent, non mais toi, t'es un artiste et tout, moi, je le suis pas. Et alors ? En fait, c'est pas très grave, on a le droit d'essayer et essayer, c'est déjà progresser. tu vois par exemple toi Jonathan si t'as envie de faire du tennis le dimanche et t'inscris dans un club de tennis tu n'auras aucun problème à dire oui je fais du tennis et je suis en quelque sorte tennisman et pour autant tu n'as pas besoin d'être Alcaraz ou Federer, on est d'accord ?
- Speaker #0
Très bien sûr.
- Speaker #1
Oui mais voilà cependant quand il s'agit de s'exprimer de prendre la parole et encore pire de créer alors là si tu n'es pas quelqu'un d'à l'aise et de créatif comme on n'aurait pas le droit. Je pense que toutes les cultures ne sont pas sur le même sur ce même schéma là. Souvent on parle des américains où l'expression est très libre où on peut s'exprimer, où on n'a pas peur d'échouer et du regard de l'autre. Mais pour moi, ce qui bloque, ça va souvent être ce rapport-là au regard de l'autre. En fait, de tenter qu'on a le droit d'échouer et que ce n'est pas grave et que l'autre ne va pas forcément se moquer de nous, et quand bien même, ce n'est pas grave.
- Speaker #0
Je pense que tout ça, c'est quand même lié au fait qu'aujourd'hui, on vit quand même dans un monde où tout va vite, où le jugement prend beaucoup la place sur beaucoup d'autres choses. Derrière tout ça, il y a aussi un rôle justement qui est important. Tu parlais du regard de l'autre, c'est le collectif. On sait que quand on a un collectif qui est soudé, qui est efficace... Forcément, on va avoir une addition d'individus performants. Qu'est-ce qui, selon toi, peut freiner aujourd'hui cette cohésion qu'on a dans certains groupes, cette peur du jugement dont tu parlais ? Comment la prise de parole peut aussi contribuer à créer du lien entre les personnes ? Ce qui,
- Speaker #1
pour moi, peut freiner cette crainte-là, c'est qu'on n'en parle pas. Que ça soit dans les... parfois dans les cellules familiales, parfois dans les formations à l'école, mais même au sens global, au sens de la société. En fait, je trouve qu'on gagnerait à davantage mettre l'accent sur ces ressentis, ces émotions. Tu parlais du syndrome de l'imposteur. J'ai l'impression que tout le monde a déjà touché à ce concept-là. Puis combien de gens on entend dire ah non mais moi j'ai pas tant confiance en moi que ça etc Effectivement mais en fait mettons les mots là dessus Et je trouve que si on travaillait davantage de manière collective Et sérieuse, rigoureuse sur la notion d'empathie En fait on vit pas tout seul, on est pas que égocentré Mais en fait quand on travaille en équipe Ma collègue Clara je sais qu'elle a tendance à être stressée par ça Donc en fait quand je connais mieux son profil Et qu'on a eu des moments où on peut en parler ensemble Bah du coup je sais que quand elle réagit comme ça Bah ça veut dire que moi je... je peux la soutenir là-dessus ou éviter d'aller sur tel terrain. Au contraire, Fabrice, lui, il est plutôt comme ça. Et en fait, j'ai la capacité à le comprendre, à communiquer, à mettre à sa place. Et je pense que si on faisait ce travail-là dans le fait d'apprendre à se connaître et à créer du maillage autour de nos ressentis et de nos personnalités, ça serait peut-être plus facile, il me semble. Oui,
- Speaker #0
carrément. Alors, dans tout ça, on parle quand même d'apprentissage, de choses que tu apportes aussi dans tes interventions, mais j'aimerais quand même qu'on parle de l'école. On apprend quand même beaucoup de savoirs à l'école. Mais pas toujours, finalement, les savoir-être. On est plutôt sur du technique. Certains jeunes arrivent justement en entreprise sans avoir appris à défendre une idée, à présenter fortement un projet, à travailler leur posture au final. Comme je dis toujours, un savoir-faire, ça s'apprend. Un savoir-être, c'est quand même beaucoup plus compliqué. Si tu avais une baguette magique pour changer une chose dans la manière dont on prépare les jeunes au monde professionnel aujourd'hui, ce serait quoi ?
- Speaker #1
Qui dit baguette magique, dit que j'ai peut-être le droit à un peu d'utopie. Mais si on se débrouille bien, l'utopie, ça peut parfois côtoyer la réalité. Moi, pour ma part, j'aimerais qu'en fait, on prenne tous collectivement conscience qu'on peut tous apporter quelque chose à l'autre. En fait, il y a plein d'enjeux sous-jacents, mais pour ça, il faut vraiment être résolument tourné vers l'autre et vers les contextes qui sont autour de nous. En gros, je m'explique. Par exemple, tu vois, on parle de l'école. Si le monde professionnel avait l'occasion de venir plus souvent à l'école... je trouve que ça ne serait pas une mauvaise idée. Quand j'étais enfant, je me souviens qu'il y avait les parents de mes amis qui des fois venaient présenter leur métier, etc. Génial ! Mais en fait, pourquoi ne pas avoir des rendez-vous plus réguliers avec le monde professionnel ? Et pas juste un stage de trois jours où il faut faire signer à la fin, qui n'est pas forcément toujours très rigoureux ou utile. Donc si déjà le monde professionnel pouvait régulièrement, plus régulièrement aller dans le monde scolaire, moi je trouverais ça plutôt intéressant.
- Speaker #0
C'est une super idée. Alors moi, j'essaie de le faire régulièrement et j'ai la sensation que les deux parties sont pour. C'est-à-dire à la fois le monde éducatif, il est preneur et friand des interventions des pros. Les pros sont prêts à aller vraiment parler de leur métier. Et des fois, on se dit mais pourquoi ça ne se fait pas effectivement plus régulièrement ?
- Speaker #1
J'ai l'impression que c'est un peu cloisonné. Techniquement, comme tu dis, ça ne t'apprend pas le savoir-être, ça ne t'apprend pas l'anticipation. Du coup, ça, ça demande parfois à ce que la formation puisse aller faire un pas du côté du pro. Et après, je pense que si les efforts sont partagés, les efforts doivent aussi venir. de ceux qui apprennent, de la jeunesse. Moi, j'observe souvent des générations qui arrivent avec des idées super fraîches, avec des nouvelles mœurs qui peuvent être super intéressantes. Et des fois, je leur dis, attention quand même, parce que les gens qui gèrent le monde du travail que vous prétendez intégrer, c'est des gens qui n'ont pas les mêmes codes que vous. Bousculer les codes pour bousculer les codes, ça va te faire du bien à l'ego mais ça va pas forcément faire du bien à tout le monde il me semble
- Speaker #0
dans les démarches qui peuvent être engagées, on a souvent l'impression qu'il faut tout changer, tout repartir à zéro. Mais non, il y a des petites choses très simples qui peuvent être faites sans remettre en cause tous les process qui sont établis dans les entreprises ou dans les formations. Donc, on est bien d'accord. En tout cas, que de belles idées qui ne sont pas si utopiques que ça, finalement. Comme on l'a dit, il ne manquerait pas forcément grand-chose pour les mettre en place. En parlant justement d'idées concrètes, je te propose qu'on rentre un peu plus dans la mise en œuvre du sujet, dans la deuxième partie.
- Speaker #1
Très bien. Musique
- Speaker #0
Alors tu interviens aussi bien auprès des jeunes, dans les écoles on l'a vu, que dans les entreprises. Souvent après ton passage, tu me disais avant d'enregistrer cet épisode que les retours sont très forts, les gens osent enfin prendre la parole, d'autres gagnent en confiance. Est-ce que tu peux nous raconter du coup un exemple vraiment concret, un atelier ou une intervention où tu as vraiment senti qu'il y avait eu un impact mesurable sur le groupe ou sur une personne en particulier ?
- Speaker #1
dans le cadre d'un impact sur le groupe. Moi, j'ai le souvenir d'un atelier dans le cadre d'un séminaire avec une grosse entreprise. C'était une session dédiée aux managers de cette entreprise, avec pour thématique leur rapport humain à leur métier de manager. Il se trouve qu'au début, les participants à l'atelier étaient encore sur des termes très techniques liés à leur métier. Puis petit à petit, ils ont commencé un peu à délaisser tout ça pour aller plus sur un côté plus introspectif, plus de lâcher prise, etc. Et là, il y a un des participants. réalise son slam sur la thématique, il nous le présente et il se trouve que ce participant c'était sa dernière année au sein de l'entreprise. D'accord. Là il nous a proposé un slam donc en poésie avec une verve, une prosodie, donc une musicalité dans la voix incroyable qui retraçait un peu son parcours professionnel. C'était plein de sagesse, c'était drôle, c'était inspirant, c'était étonné vers ce qu'il a vécu mais aussi vers ceux qui prennent le relais, qui restent là dans l'entreprise. Et on a senti après ça, direct après, mais même en suivant l'atelier, bon voilà, on échange avec les gens, que ça avait été quelque chose qui avait touché tout le monde, presque reboosté les troupes qui avaient envie de marcher dans ses pas.
- Speaker #0
Ce que tu es en train de nous dire, c'est que le fait qu'une personne en particulier qui appartient au groupe, le fait qu'elle ait osé se lancer, finalement ça a donné confiance aux autres personnes du reste du groupe et que du coup l'atelier s'est un peu déverrouillé, j'allais dire, par la suite.
- Speaker #1
En fait, il s'est... et déverrouillé et en même temps il a pris une autre tournure parce qu'en fait il y a eu du lien qui s'est créé par ce texte, tous les gens du groupe se sont sentis comme récupérant le flambeau de sa carrière et prêts à continuer leur parcours dans l'entreprise à leur tour, ça c'était dans le cadre d'un groupe mais dans le cadre des personnes en tant que telles, tu vois par exemple souvent j'ai des jeunes dans les ateliers qui me recontactent après par Instagram ou par mail pour me dire à quel point l'atelier a pu les aider Merci. a pu les accompagner dans leur rapport eux-mêmes, dans leur rapport à la prise de parole, à la confiance en soi. J'ai des enseignants régulièrement qui me disent que ça a beaucoup aidé tels élèves pour leur oral du bac ou du brevet. Donc ça, c'est toujours très gratifiant.
- Speaker #0
Quand on pense emploi, en tout cas en prise de parole, on pense souvent entretien d'embauche. La manière de parler, de structurer ses propos, ça va faire la différence. Il y avait Paul Emploi qui disait que 4 recruteurs sur 5 écartent un candidat. si la communication orale est trop hésitante. Mais en tout cas, quel conseil pratique l'a-t-on donné à un candidat qui nous écoute pour travailler sa manière de parler pendant un entretien ?
- Speaker #1
Déjà, moi, je pense qu'il faut comprendre quelque chose. C'est que si on a parlé à quelqu'un, c'est qu'il y a quelqu'un qui est là pour nous écouter. Et cette personne, elle nous écoute tout le temps de par son prisme. Donc en fait, pour moi, le discours, c'est bien de savoir l'adapter. Avant de le dire, il faut déjà l'avoir structuré, savoir l'adapter à la personne à qui on parle. Je te donne un exemple. Il me semble que si tu... parles à ton futur N plus 1 qui techniquement est qualifié sur ton poste, tu ne vas pas lui raconter exactement les mêmes choses que à ton futur directeur RH. Peut-être que ton N plus 1 a plus envie qu'on ait tes compétences techniques sur le poste que le directeur RH a envie de savoir ta personnalité pour voir si ça va mailler avec le reste de l'équipe, etc. En tout cas,
- Speaker #0
c'est sûr qu'en communication, on adapte son discours à l'interlocuteur, c'est évident.
- Speaker #1
Exactement, parce que souvent on vient à un entretien en disant tiens j'ai envie de leur dire ça, ça, ça, ça, ça oui mais peut-être que telle personne a plutôt envie d'entendre ça et l'autre a plutôt envie d'entendre ça d'autre part, et c'est peut-être ambivalent mais il me semble, on revient sur l'exemple de tout à l'heure quand on est 10 à un entretien bon mec, il y a de grandes chances que les 10 techniquement soient qualifiés, mais là ce qui va faire peut-être la différence c'est ton authenticité et moi j'aime bien dire dans mes ateliers d'écriture mais surtout liés à l'oralité ne soyez pas des gens parfaits, vous avez vos tics de langage. Vous avez vos petits gestes parasites ça fait partie de votre personnalité faites juste attention à ce que ces tics et ces gestes parasites n'entravent pas la communication et ne soient pas la seule chose qu'on va retenir de vous et du coup soyez vous même, ça c'est important de lâcher aussi prise après sur les petites techniques déjà bossez, entraînez-vous ayez quelque chose à dire, ayez structuré votre propos sachez ce que vous avez envie de dire ce qu'on veut que l'on retienne de vous et aussi les pièges dans lesquels il ne faudra pas tomber. C'est-à-dire qu'en fait, il se peut qu'en vous connaissant, vous savez qu'au bout de 30 minutes d'entretien, vous pouvez avoir tendance à fatiguer et peut-être à avoir tel type de langage qui va vite revenir ou à tomber dans un piège d'une question. Non, concentrez-vous. Dites-vous qu'est-ce que j'ai envie de dire et qu'est-ce qu'il ne faut pas que je dise.
- Speaker #0
Comme je le dis souvent aux candidats, parfois, il ne faut pas trop anticiper non plus les questions, ne pas vouloir trop en dire parce que c'est là qu'arrivent les questions pièges. Forcément, un recruteur, il a envie de... de poser des questions. On ne va pas vous dire à la fin de votre présentation « Bon, vous avez tout dit, merci, au revoir. » Donc forcément, il y a des questions qui vont venir. Si vous balayez trop de questions qu'ils avaient prévues à l'avance au moment de votre présentation, c'est là où vous allez avoir les fameuses questions pièges qui en réalité n'en sont pas.
- Speaker #1
Et puis évidemment, on ne peut pas parler de prise de parole sans évoquer ce qui est sous-jacent, à savoir le stress. Vous pouvez suivre mille conseils sur la gestion du stress. il n'y aura pas de meilleur conseil que celui qui vous convient à vous. Il y a des gens qui vont avoir besoin de faire de la sofro Il y en a qui ont besoin de faire du sport Il y en a qui ont besoin de répéter inlassablement Il y en a qui ont besoin de manger du chocolat Il y en a qui ont besoin d'avoir un habit fétiche Connaissez-vous et surtout, surtout, acceptez votre stress Le stress il fait partie de la vie Et en fait on n'aura pas le choix d'y passer Et acceptez-le, acceptez le fait de traverser ce moment-là Tout ce qu'on dit là,
- Speaker #0
c'est vrai que dans Joborama On aime donner ce genre de conseils Parce que je sais qu'on est écouté notamment par pas mal de jeunes Qui se lancent dans le monde professionnel Mais je ne veux pas non plus donner l'impression ... que c'est super simple. On est dans un marché de l'emploi qui est difficile, parfois saturé, et donc forcément, on a de plus en plus besoin d'aller se démarquer. On peut le faire par le CV, on l'a vu, par le réseau, mais aussi par la manière de se présenter, de raconter son parcours. Et c'est ce que tu étais en train de dire sur l'entretien d'embauche. Est-ce que tu as un exemple d'un candidat ou d'un professionnel qui a utilisé vraiment sa créativité pour marquer les esprits et obtenir derrière une véritable opportunité ?
- Speaker #1
Des gens qui se révèlent et qui marquent les esprits par leur créativité, forcément dans mes ateliers, ça j'en vois beaucoup. Et s'il y a quelque chose dont je suis persuadé, c'est que si on exerce notre créativité, si on fait montre de son authenticité, alors on se met généralement dans la meilleure posture pour pouvoir être peut-être séduisant, dans le sens séduisant, avoir envie de donner envie qu'on... convaincre au final aussi à un recruteur de nous faire confiance convaincre et donc il me semble que faire le jouer le jeu de la créativité jouer le jeu d'assumer sa personnalité sans tomber bien sûr dans l'exubérance il ne s'agit pas d'imposer tel type de personnalité dans tous les contextes évidemment mais en tout cas il me semble que des gens qui restent curieux qui restent créatifs se donnent les meilleures chances de se présenter au monde et notamment le monde professionnel
- Speaker #0
Et toi, comment tu fais dans tes ateliers, concrètement, quelqu'un qui serait vraiment tétanisé par la prise de parole, pour le mettre à l'aise, en fait, finalement ? Comment t'arrives à avoir ce déclic ?
- Speaker #1
Déjà, on en a parlé, il faut replacer au centre du débat le fait que parler, ce n'est pas l'apanage que de ceux qui sont à l'aise avec la parole. Tout le monde est légitime au fait de prendre la parole. Alors attention, par contre, je mets quand même une condition, c'est que ça ne veut pas dire que toutes les paroles se valent. Par exemple, si on parle d'emploi et de recrutement, j'ai le droit de m'exprimer, mais il se peut quand même que de par ton parcours et ton expertise, ta parole ait plus de légitimité que la mienne. Ça ne veut pas dire que je n'ai pas le droit de m'exprimer.
- Speaker #0
Oui, tout à fait.
- Speaker #1
C'est important de le dire. Mais par contre, tout le monde a le droit de s'exprimer. Ça, c'est quelque chose qui est super important pour moi et je ne cesse de le dire aux gens. Donc, il y a des gens, progresser, pour eux, ça va déjà ne serait-ce être que de mettre les mots sur le papier. D'autres, ça va être ces mots qui ont été mis sur le papier. de les marmonner, déjà de les libérer rien que dans sa bulle personnelle. D'autres, l'étape d'après, ça va être de les dire à un ou deux collègues. Et puis d'autres, ça va être de les dire devant tout le monde. Et il y en a qui seront déjà super à l'aise dès le début, on les connaît tous ceux-là. Et bien eux, en fait, ça va être de se dire attention à ton aisance significative ou alors joue sur cette aisance pour essayer d'aller chercher encore plus loin, d'être encore plus virtuose en quelque sorte. Je vais te donner un exemple. Moi, c'est une courbe que j'adore présenter dans mes ateliers. Personne a personne B. Il se peut que Thibaut soit à l'aise à 30% avec la parole au début de l'atelier. Il se peut que Mélanie, elle, soit à l'aise à 80% avec la parole, à dose de travail équivalente. Thibaut, il va progresser de sorte à finir à 60% à l'aise avec la parole. Mélanie qui était à l'aise à 80%, elle va finir à 90%. Thibaut, il aura progressé de 50%, Mélanie de 10%. Mais à la fin, Thibaut, il sera toujours moins à l'aise que Mélanie au début. Tu vois ce que je veux dire ? En fait, des fois, on aura beau travailler, on ne va pas développer une expertise. mais par contre on va progresser après il y a plein de petits exercices qui tu vois je travaille sur la diction des exercices qui passent par le jeu autour de la corporalité autour du non-verbal ça c'est des exercices qu'on met en place en atelier qui peuvent aider par le jeu à
- Speaker #0
progresser oui de toute façon c'est un sujet dont on pourrait parler des heures il faudrait 4 épisodes pour détailler tout le non-verbal on n'en a pas parlé mais c'est vrai que c'est dans la posture dans la façon de s'exprimer c'est très important surtout en entretien le seul truc qu'il est important de comprendre ...
- Speaker #1
c'est que, qu'on le veuille ou non, la parole, c'est discriminant. Et quelqu'un qui s'exprime de manière maladroite ou mauvaise, malheureusement, ça peut lui faire perdre du crédit, malgré toutes les bonnes intentions et le bien fondé de sa pensée.
- Speaker #0
On a aussi cet aspect d'équipe. Là, si une entreprise t'appelle, elle te dit, moi, je veux instaurer plus de liberté de parole, d'expression créative au sein de mes équipes. Par où elle doit commencer ?
- Speaker #1
Je pense que c'est important d'accepter l'idée que parfois, l'efficience, elle passe par la réflexion, la prise de recul, passe par l'écoute, la communication pour ensuite pouvoir mieux performer. J'ai le sentiment que souvent, on voit la compétitivité, la productivité, la valeur qu'on crée par le rapport entre le temps qu'on a passé et ce qu'on a créé. Mais en fait, ça, ça peut marcher un temps, mais... Il y a un moment, si on ne communique pas, forcément, on reste sur de l'humain. C'est des humains qui créent et ça peut s'essouffler. Et c'est là qu'arrivent parfois les problèmes. Alors que si on prend le temps en amont d'apprendre à se connaître, d'apprendre à communiquer, d'apprendre à s'exprimer, à partager, qu'on se met dans les meilleures conditions pour pouvoir faire groupe et pour pouvoir être efficient sur le long terme.
- Speaker #0
Créer du lien, faire groupe, davantage communiquer. Encore une fois, c'était souvent la conclusion qu'on avait dans la première saison de Joborama. On a plein d'idées concrètes, je pense, pour avancer sur une meilleure expression, créativité, communication au sein des entreprises et pour les jeunes qui recherchent du boulot. Nouvelle rubrique dans Joborama pour cette saison 2, on innove. Je te pose des questions, tu y réponds uniquement par oui ou par non ou alors la proposition qui t'est faite. Et si vraiment t'as pas le choix, tu peux nous placer un petit ça dépend. Ça marche, on y va ?
- Speaker #1
C'est un vrai challenge, parce que je passe ma vie à répondre aux questions en disant « bah ça dépend du contexte » , mais là on y va, oui ou non, c'est parti.
- Speaker #0
Ça va être un vrai exercice pour toi. Allez, c'est parti. Elvie, prendre la parole en public, ça s'apprend ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Tu crois qu'un candidat timide, il peut vraiment séduire un recruteur sans forcer sa personnalité ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
La créativité, c'est inné ou ça se travaille ?
- Speaker #1
Ça se travaille.
- Speaker #0
Un slam bien placé vaut-il parfois mieux qu'un PowerPoint ?
- Speaker #1
Oui, parfois.
- Speaker #0
Tu donnerais plus facilement un micro à un étudiant timide ? ou à un manager trop sûr de lui ?
- Speaker #1
À la personne qui a envie de l'avoir. Allez, on va dire l'étudiant. Par souci d'équilibre, on va dire.
- Speaker #0
À choisir, convaincre par les mots ou par l'attitude ?
- Speaker #1
Par les mots.
- Speaker #0
Si on interdisait les discours écrits, tu signerais la pétition ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Dans un entretien d'embauche, un sourire ouvre plus de portes qu'un diplôme ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Super. Je ne crois pas. Merci de t'être prêté au jeu pour cette nouvelle... rubrique. Elvie, dans Joborama, il y a une rubrique où on se parle franchement, sans filtre, et je sais que tu l'apprécies, puisque tu étais un fidèle auditeur de la saison 1. On dit souvent qu'en entreprise, la communication interne, la fameuse parole libre, et je mets des guillemets, c'est un grand mot. Mais dans la réalité, est-ce que les salariés sont vraiment libres de s'exprimer, ou est-ce qu'on leur demande finalement leur avis que quand ça arrange la direction, Elvie... est-ce qu'on ne confond pas finalement parfois donner la parole et donner l'illusion de la parole ?
- Speaker #1
Si, possiblement. Ce n'est pas toujours très grave. Après, moi, je pense qu'il faut surtout se poser la question de pourquoi on veut donner la parole et comment on la donne. Tu vois, moi, dans mes ateliers, j'aime aussi donner des barrières. Pour moi, c'est bien d'en avoir aussi, donner un cadre, un contexte, dire je vous donne la parole parce que j'ai envie qu'on atteigne tel objectif et c'est vous qui allez me dire comment on l'atteint. Aussi il me semble important de rappeler que rien n'est absolu C'est pas parce qu'on te donne la parole Que ça a pour objectif d'approuver tout ce qui sera dit Bien sûr Je te donne un exemple Jonathan Si je te demande est-ce que tu crois que je dois acheter une voiture bleue ou une voiture rouge Que toi tu me dis pour moi il faut que tu achètes une bleue Mais que je demande à ma voisine Et que ma voisine me dit qu'il faut acheter une voiture rouge Si je t'ai demandé ce conseil là Et que je choisis d'acheter la voiture rouge Donc je ne suis pas ton conseil Je n'attends pas de toi une décision Je t'ai demandé un conseil Donc il ne faudra pas me dire derrière tu ne m'as pas écouté, je t'avais dit ça. Non, en fait, je t'ai demandé un avis, je ne t'ai pas demandé une décision. Donc, c'est souvent, je pense, qu'il faut replacer quand même le curseur autour de ça.
- Speaker #0
Tu interviens sur les questions de confiance, cohésion, on l'a vu dans l'épisode. Qu'est-ce qui bloque selon toi pour que la parole soit peut-être davantage libérée dans certaines entreprises, dans certains milieux sociaux, dans certaines organisations ? Ce qui bloque, ça peut être tantôt la volonté de certaines entreprises de la libérer, déjà. Ce qui bloque, ça peut être des choses un peu plus insidieuses, un peu plus pernicieuses, sur des gens qui, pour le coup, donnent l'illusion d'une prise de parole entendue, mais finalement, c'est que du vent. Du coup, parfois, les gens... perçoivent et du coup ne le font pas. Ce qui bloque, c'est parfois un mauvais rapport au regard de l'autre, quelqu'un ou des gens qui peuvent créer une mauvaise ambiance et du coup, on n'a plus envie de donner la parole parce qu'on sait que ça va avoir un effet néfaste derrière. Alors là, ça peut être pas mal de choses. En tout cas, ce qui est intéressant, c'est de se poser la question de savoir est-ce que ça marche quand je donne la parole.
- Speaker #1
Est-ce qu'il faut parfois des médiateurs comme toi, slameurs, artistes, des intervenants extérieurs, pour dire ce que les salariés n'osent pas dire eux-mêmes finalement ?
- Speaker #0
Je pense pas. Dans le cadre d'un atelier... comme ceux que je donne dans les entreprises autour du slam, je pense pas. Chacun son rôle. Le mien, c'est de créer un espace d'expression, d'accompagner les gens dans la création de leur expression. Cependant, le rôle d'un artiste, ça c'est quelque chose qui peut être intéressant, c'est aussi de créer des œuvres, c'est de créer des chansons, c'est de raconter des histoires qui rendent compte de ce qu'on observe du monde. Il me semble que le rôle d'un artiste, c'est aussi ça, c'est d'exprimer ses convictions aussi, parfois, ou son rapport au monde par son art. Et il se trouve que souvent... du coup après ça appartient aux gens et les gens libres à eux de s'y reconnaître de s'y retrouver et ça peut les aider à combien de fois ça nous est arrivé, moi ça m'arrive de me dire dans cette chanson il a mis en mot ce que je pense et du coup ça peut nous aider à exprimer nos idées mais par contre je pense pas que ça soit notre rôle que d'exprimer les idées des gens ou de faire de la médiation dans les entreprises,
- Speaker #1
ça c'est un autre métier et si finalement la question vient en discutant, et si finalement donner la parole aux salariés Ça faisait plus peur aux managers qu'aux salariés véritablement eux-mêmes.
- Speaker #0
Ah ben évidemment, c'est possible. Tu as fait des épisodes très intéressants sur le managerat, sur la saison 1.
- Speaker #1
Sur le manager toxique, ouais, tout à fait.
- Speaker #0
Exactement, et ça va sans dire que certains managers aiment cette fonction parce qu'elle leur permet surtout de diriger, de contrôler, d'exercer la hiérarchie, mais dans un sens qui ne va pas souvent de pair avec le fait de laisser s'exprimer les collaborateurs ou de comprendre leurs ressentis. c'est une vision des choses et après il y a d'autres managers qui au contraire embrassent le rôle de manager pour le challenge de l'accompagnement d'une approche singulière des membres de leur équipe pour le fait d'agencer un contexte de travail basé sur la force du collectif comme on en parlait ceux-ci souvent ils sont moins frileux quant à l'expression après vraiment moi je peux comprendre aussi que dans certains cadres dans certains contextes on parlait des gens qui pourraient avoir une influence toxique sur un groupe moi je peux comprendre que des fois j'ai pas envie de créer un espace d'expression où je sais que telle personne va s'en emparer de la mauvaise manière. après c'est pas des ateliers slam et ça c'est très important combien de fois on a fait appel à moi pour dire je suis face à un groupe qui communique mal, qui s'exprime mal etc, combien de fois ça m'arrive avec des jeunes et attention c'est pas un atelier slam de 2h ou de 4h ou d'une journée qui va régler un rapport à l'expression et au faire société qui est parfois un peu écorché ou un peu dysfonctionnel pas le voir comme quelque chose de trop introspectif pour autant en tout cas je pense qu'on l'a vu aujourd'hui finalement l'expression ...
- Speaker #1
la créativité, la confiance en soi, ce n'est pas que des mots, justement. Ce sont vraiment des vraies compétences qui peuvent faire toute la différence dans un parcours professionnel. En tout cas, je suis vraiment heureux d'avoir lancé cette saison 2 de Joborama avec toi parce que je pense qu'on incarne parfaitement ce qu'on cherche ici, c'est-à-dire ouvrir de nouvelles perspectives sur l'emploi, parfois là où on ne les attend pas forcément. Écoute, pour conclure cet épisode, Elvie, forcément, j'ai envie de te proposer de faire ce que tu fais de mieux. Un petit mot de la fin en slam ?
- Speaker #0
Très bien, alors déjà moi aussi je suis honoré d'avoir participé à ce podcast. Tu m'avais parlé de ce mot de la fin en slam, donc je t'ai rédigé quelques vers en poésie. Les voici. À la croisée des univers se créent des mondes insoupçonnés. Quand emploi et poésie redéfinissent les règles. Oser délivrer quelques vers faire de sa créativité le muscle de l'esprit, le lien vers ses collègues. C'est un travail d'équipe que d'apprendre à s'écouter. Quand les craintes s'envolent au profit des plus belles idées. Joborama, merci d'ouvrir les portes du monde pro à la valeur de la parole ainsi qu'à l'importance des mots
- Speaker #1
Merci beaucoup pour ce bel hommage à Joborama merci pour ton énergie, ta sincérité tes partages où est-ce qu'on peut te retrouver, t'écouter ?
- Speaker #0
Si vous voulez retrouver mon travail, c'est très simple j'ai un site internet qui s'appelle Elvie, mon nom d'artiste Elvie Slam Poésie j'ai aussi un Instagram qui porte le même nom Elvie Slam Poésie et là vous trouverez Merci. tous mes liens pour aller écouter mes albums, pour aller découvrir mon travail avec le tourisme et le patrimoine à Rennes en slam, pour aller découvrir mes ateliers et tous les formats d'ateliers que je propose.
- Speaker #1
Voilà, n'hésitez pas à y aller, c'est une vraie pépite, pour les oreilles, ça fait du bien.
- Speaker #0
Merci à toi Jonathan, c'était un réel plaisir.
- Speaker #1
Allez, bah écoute, à la prochaine.
- Speaker #0
A bientôt.
- Speaker #1
On arrive au terme de ce premier épisode de la saison 2 de Joborama. L'expression et la créativité ne sont pas des extras, mais de vraies compétences. Au service de l'emploi, on l'a vu. Elles ouvrent des portes, elles créent des opportunités, elles donnent confiance et surtout elles renforcent le lien entre individus et organisation. Ce que je retiens, c'est qu'aujourd'hui, prendre la parole, savoir se raconter, oser être créatif, ce n'est pas un luxe, c'est une force. Et c'est cette force que je veux continuer à valoriser tout au long... de cette deuxième saison. Si cet épisode vous a plu, pensez à le partager, à vous abonner et à en parler autour de vous. On se retrouve très vite pour un prochain épisode de Joborama, votre coup de boost et panorama sur l'emploi. Joborama
- Speaker #0
Comprendre aujourd'hui pour agir demain.