undefined cover
undefined cover
Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR cover
Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR cover
KINECAST, Podcast Kiné

Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR

Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR

35min |09/01/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR cover
Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR cover
KINECAST, Podcast Kiné

Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR

Décryptage de la proposition de loi sur la kinésithérapie avec le président de la FFMKR

35min |09/01/2025
Play

Description

Dans le sixième épisode de Kinécast, nous avons l'honneur de recevoir Sébastien Guérard, kinésithérapeute à Perpignan et Président de la Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR).


Nous souhaitons vous préciser que cet épisode a été enregistré le 05 novembre 2024.
En raison des événements politiques survenus depuis cette date, la proposition de loi a été retiré puis à nouveau déposé le 19 décembre 2024 dans une version quasi identique.

 

Sébastien Guérard nous parlera en détail du projet de la proposition de loi sur la kinésithérapie. Il nous expliquera comment cette proposition a été conçue, depuis les premières réflexions jusqu'à sa création, en passant par les différentes étapes de son élaboration. Nous découvrirons le contenu de cette proposition de loi, ses objectifs et les enjeux qu'elle représente pour la profession.

 

Nous aborderons également le soutien de certains députés à cette initiative et comment le syndicat travaille activement auprès des parlementaires pour faire avancer cette proposition et la faire adopter.

 

Sébastien Guérard nous éclairera sur les actions concrètes menées par la FFMKR pour promouvoir cette loi et comment elle permettra de reconnaitre les compétences des kinésithérapeutes et de valoriser la profession.

 

Enfin, Sébastien Guérard insistera sur la nécessité pour les kinésithérapeutes d'adhérer à un syndicat. Il expliquera comment cette adhésion peut réellement faire la différence, non seulement individuellement, mais aussi pour l'ensemble de la profession.

 

Ce sixième épisode de Kinécast sera l’occasion de mieux comprendre les défis et les opportunités qui se présentent actuellement pour les kinésithérapeutes en France, et de découvrir comment chacun peut contribuer à façonner l'avenir de cette profession.

 

N'oubliez pas de suivre Kinécast pour ne rien manquer des prochains épisodes !

Likez, commentez et partagez cet épisode pour soutenir la communauté des kinésithérapeutes et faire entendre notre voix.

Ensemble, nous pouvons faire la différence !

 

Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l'intervenant et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


https://www.ffmkr.org/

http://www.youtube.com/@FFMKRcCLAIR
https://youtu.be/v5HGzzqONjI



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! Bonjour Sébastien.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline. Comment vas-tu ? Très bien.

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue sur le podcast Kinecast de la FFMKR. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Guéard, président de la FFMKR. Tout d'abord, est-ce que tu peux Te présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement. Sébastien Guéard, je suis le président de la FFMKR, comme tu viens de le dire. Je suis surtout et avant tout kinésithérapeute depuis une bonne vingtaine d'années. J'exerce en libéral depuis toujours. Une activité hyper spécialisée puisque je ne fais que de la rééducation de l'épaule quasiment depuis les débuts. Je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit et passionné par cette articulation et donc beaucoup de travaux sur le sujet. Et voilà.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Dans la région de Perpignan, je l'ai dit ? Non,

  • Speaker #0

    tu ne l'as pas dit.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est essentiel. Donc dans la région de Perpignan et j'ai réussi encore à accorder une activité clinique à deux jours par semaine. Ce qui évidemment peut paraître... peu, mais comme j'occupe également d'autres fonctions puisque je suis également président de l'UNPS, mes semaines parisiennes sont assez chargées. Donc voilà, je suis sur Paris du mardi au jeudi pour ces activités de représentation et j'essaie de travailler au cabinet le lundi et le vendredi.

  • Speaker #0

    Pour un peu de clarté, c'est vrai qu'on risque de parler pas mal de sigles, est-ce que tu peux par exemple préciser ce que c'est l'UNPS ?

  • Speaker #1

    L'UNPS, c'est l'Union Nationale des Professions de Santé. C'est l'institution qui a été créée par la loi de 2004 qui a... porté réforme à l'assurance maladie et qui a donc créé l'UNCAM, les caisses d'assurance maladie, qui regroupe la MGEN, la MSA, tout un tas de caisses en fait, d'assurance maladie, sécurité sociale. L'UNOCAM, les complémentaires et l'UNPS, qui est donc l'institution qui regroupe toutes les organisations syndicales représentatives, signataires des conventions avec l'assurance maladie.

  • Speaker #0

    Ok, super. Il vaut mieux préciser tous ces points. On n'est pas forcément toujours très à l'aise. Il se multiplie en plus au fur et à mesure du temps. En fait, je t'ai invité parce que je souhaitais parler de la proposition de projet de loi sur la kinésithérapie. C'est un sujet que la FEDE a communiqué dernièrement. Comment s'est construite cette proposition de projet de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une réflexion assez globale je dirais et puis qui remonte à quelques congrès en arrière. Depuis je dirais près de 30 ans, la Fédération avait été membre fondatrice du CNPK, le Centre National de Prévention Kinesithérapie qui aujourd'hui est devenu Kine France Prévention. Donc un vrai sujet prévention dont on s'est emparé il y a une trentaine d'années et puis qui commence à émerger médiatiquement et politiquement. Le précédent ministère était le ministère de la Santé et de la Prévention. Donc un sujet qu'on porte qui pointe le bout de son nez. L'autre sujet, c'est celui de l'accès direct, dont on parlait dans les rangs de la Fédération déjà au Congrès des Sables d'Olonne en 2001. Donc c'était une revendication forte de la Fédération, avant même la création d'un certain nombre d'organisations, et je pense à l'Ordre, au Collège, à Alizé, qui sont arrivées bien après. Donc vraiment un sujet qu'on mûrit depuis un certain nombre de temps. Et cette loi RIST qui commence à poser les jalons de l'accès direct. en 2021. Et puis depuis que je suis en fonction, donc depuis près de cinq ans que je suis à la présidence de la fédération, des assises et des congrès qui se sont succédés, sur lesquels on a eu à cœur de travailler des vrais sujets de fond. Donc on s'est réemparé et ressaisi évidemment de ces deux sujets qui sont fondamentaux pour nous, mais auxquels on a associé un certain nombre de réflexions, et notamment la place de la kinésithérapie dans l'activité physique adaptée, et cette volonté de pouvoir prescrire. de l'activité physique adaptée. La volonté également de porter la reconnaissance du statut de kiné-coordonnateur dans les EHPAD et en HAD pour faire le lien d'une part avec une convention qu'on a signée il y a peu avec l'HAD, l'hospitalisation à domicile, et puis d'autre part, prémunir d'un certain nombre de dysfonctionnements dans les EHPAD, puisque on sait que le passage à dotation globale a tendance à poser des soucis dans certains établissements et on pense que sacraliser et reconnaître... Un statut de kiné-coordonnateur dans ces établissements pourrait permettre d'assurer que l'usager patient, et notamment les personnes âgées, donc les plus fragiles, puissent avoir accès au centre kinésithérapie quand c'est nécessaire pour eux. D'autres sujets tels que la volonté de pousser à la reconnaissance des spécificités d'exercice dont on a réussi à poser quelques jalons dans la dernière convention. La reconnaissance également de notre statut et d'être reconnu par nos compétences et non plus par un simple décret d'acte qui aujourd'hui est complètement anachronique. Je ne sais pas si les auditeurs le savent, mais le décret d'acte en kinésithérapie date de 1962. Et quand on voit comme la profession a évolué et s'est transformée au fil du temps, il est évident qu'il faut porter réforme à ce décret d'acte. Et puis d'autres sujets, également celui des pratiques avancées par exemple, pour lequel on a fait le choix de ne pas se tourner vers ces pratiques avancées parce que le modèle tel qu'il a été défini et construit par les infirmiers ne correspond pas à notre modèle d'exercice. Donc tout un tas de sujets qui sont arrivés à un niveau de maturité où on s'est dit qu'aujourd'hui, le seul moyen finalement de faire une véritable réforme de la profession et d'essayer de ramener la kinésithérapie, je dirais, au centre du jeu et de la ramener également à ses missions de service de santé publique, était de porter un projet de loi.

  • Speaker #0

    Ça concrétise en fait le travail qui a été réalisé en amont.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une concrétisation de tout ce qu'on met en place, de toutes les réflexions qu'on mène avec notre congrès, nos adhérents, notre conseil fédéral depuis quelques années maintenant.

  • Speaker #0

    Et donc comment ont été choisis ces différents articles ? Il y en a huit donc. Est-ce qu'il y en a eu d'autres sur la table ? Voilà, comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas tant comment ils ont été choisis, puisque les thématiques sont relativement larges et plurielles. Je dirais que déjà il s'agit d'une proposition de projet de loi, comme tu le rappelais, qui se distingue d'un projet de loi. Un projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par le gouvernement. Une proposition de projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par un député. Donc en l'occurrence... Il y a eu un gros travail de fond de lobbying pendant plus de quatre ans pour rencontrer un maximum de députés pour les sensibiliser à nos différents sujets, à nos problématiques et à nos solutions pour le système de santé et les patients. Et donc, ça a été aussi l'histoire d'une rencontre, c'est-à-dire trouver le ou les députés prêts à nous soutenir et nous appuyer dans notre démarche et qui croyaient finalement en ce qu'on portait. Et donc, cette proposition de projet de loi qui est portée par le député Viry. qu'on a rencontré il y a quelques longs mois maintenant, qui est un député vosgien, donc un département aussi, un territoire particulier qui souffre évidemment de difficultés d'accès aux soins et qui souhaite trouver des solutions pour s'administrer et qui voyait en la kinésithérapie une porte d'entrée pour catalyser, je dirais, la prévention, catalyser l'activité physique adaptée avec tous les bienfaits que ça peut apporter, reconnaître et valoriser la profession parce que... Une véritable prise de conscience également aujourd'hui du fait que la kinésithérapie est probablement sous-utilisée dans le système de santé, mais elle est probablement aussi sous-rémunérée. Donc autant de vecteurs qui nous ont permis de construire avec lui cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #0

    Donc vous l'avez contacté, alors c'est plutôt vous êtes allé vers lui ou comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on est allé vers lui, mais comme on va vers de nombreux députés, je dirais qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne rencontre pas trois, quatre députés, de préférence en général des députés qui sont membres de la Commission des Affaires Sociales, puisque ce sont les spécialistes des sujets santé. Et voilà, donc c'est ce que je dis, c'est ce vrai travail de lobbying de fond qui fait que tous les mois, on écrit le courrier des kinés, qu'on adresse à l'ensemble des députés, des sénateurs, qui sont des outils de communication. comme je disais tout à l'heure, nous permettre de sensibiliser les parlementaires à nos problèmes, mais aussi à nos solutions, parce que nous avons à cœur à la fédération de ne pas être uniquement les vecteurs, en tout cas dans la revendication permanente de nos problématiques. On est aussi là pour apporter des solutions, pour améliorer l'efficience et les prises en charge de l'ensemble des Français.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il y a aussi les syndicats départementaux qui ont pris part justement...

  • Speaker #1

    Alors oui, sur le......... Tout à fait, c'est-à-dire que nous, on fait notre travail à notre échelon parisien, je dirais, et donc on a l'habitude d'avoir des relations directes avec les parlementaires. Mais on a aussi la chance à la fédération d'avoir un maillage territorial extraordinaire, puisque nous sommes une fédération de syndicats départementaux. Nous avons 95 syndicats départementaux affiliés à la fédération et qui exercent en parfaite autonomie et indépendance, puisque chaque syndicat départemental est composé d'un bureau avec un président, un secrétaire général, un trésorier. un conseil d'administration et bien évidemment des adhérents. Et on a la chance d'avoir ce relais. Et on s'est bien entendu appuyé sur ce relais, puisque nous avons demandé à l'ensemble de nos présidents de porter également ce message dans les territoires, puisqu'on le sait, la plupart des parlementaires sont souvent plus sensibles aux messages qui viennent du terrain qu'aux messages qui viennent directement des organisations nationales. Donc ça nous a permis, par la voix de nos départements, de pousser également. ces messages auprès des députés qui, de ce fait, deviennent tout de suite plus réceptifs. aux messages qu'on peut leur donner quand on les rencontre à l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Donc les députés sont contactés, ceux qui ont cette appétence, ils signent alors cette proposition de projet de loi. Comment ça se déroule au fur et à mesure du temps ? Quelles sont les différentes étapes pour porter cette proposition de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est un petit peu technique et puis il faut le remettre un petit peu dans le contexte et dans la temporalité, puisque cette... proposition de projet de loi était censée être déposée juste avant la précédente dissolution de l'Assemblée nationale. Puis dans la même semaine, au mois de juin. La dissolution arrivant, forcément, le projet est suspendu, il est retenu. Retenu à la condition sine qua non déjà que le député Viry soit réélu. Par chance, ça a été le cas, assez largement d'ailleurs. Il a ensuite fallu s'assurer que son propre groupe parlementaire soit OK. Il porte cette... proposition de loi, ce qui a été le cas. Et puis ensuite, effectivement, il a fallu réunir un certain nombre de co-signataires. Donc sur le plan technique, en fait, c'est une PPL qui est déposée sur une plateforme à l'Assemblée nationale, qui est ouverte à co-signature pendant un laps de temps. La difficulté un petit peu stratégique, c'était de se dire quel était le bon moment pour déposer cette PPL. La déposée tôt, le choix qu'on a fait, impliquait qu'on risquait de voir... un nombre relativement faible de signataires puisque beaucoup de députés étaient en attente de consignes de leur groupe parlementaire et nous étions dans une phase de constitution du gouvernement. Et donc pendant cette phase de constitution du gouvernement, certains députés avaient la consigne de ne s'engager absolument à rien du tout tant que le gouvernement n'était pas composé. Ce qui n'empêche qu'on a quand même eu un nombre de parlementaires signataires très satisfaisant puisqu'on était à plus de 30 signataires. et de façon complètement transpartisane, donc qui réunit vraiment des députés de toute obédience politique. Et ce qui est plutôt une bonne chose, puisque là aussi, stratégiquement, on pense que dans le contexte actuel, c'est probablement le meilleur vecteur pour que cette PPL ait une chance d'aboutir. On avait une deuxième option qui était de se dire, on attend un petit peu, on la tient sous le coude, on attend que les consignes gouvernementales... tombe et on voit ce que ça donne. Le risque, c'était que cette PPL se retrouve dans une file d'attente, une file d'attente tellement longue qu'elle ne résisterait peut-être pas à cette législature, puisque là aussi, on est en droit de s'interroger sur la durée de cette législature dans le contexte politique général. Ce qui est très intéressant dans ce qui s'est passé, en prenant le parti de la déposée tôt, c'est qu'elle a fait écho auprès du Premier ministre, Michel Barnier. qui s'est saisi de certains éléments et qui a annoncé dans son discours de politique générale qu'il souhaitait aller plus loin avec les kinésithérapeutes. Donc on saura assez vite fixer sur les intentions qu'il y a derrière, mais je suis intimement convaincu que le dépôt de cette PPL, le lobbying qui a été fait autour de cette PPL, ne l'a pas laissé indifférent et probablement qu'il voit dans un certain nombre de nos propositions des mesures qui peuvent faire sens. sur la politique de santé qu'il souhaite mener avec son gouvernement.

  • Speaker #0

    Donc en fait, concrètement, c'est vrai que c'est très difficile, en fait, on l'entend, d'avoir un calendrier et de se dire, voilà, ce sera dans trois mois, dans six mois.

  • Speaker #1

    Alors c'est difficile parce qu'en fait, il faut que le député trouve maintenant une niche parlementaire pour déposer, présenter cette PPL. Donc difficile de savoir quand arrivera cette niche, sachant qu'il y a tout un tas de lois plus générales, des lois cadres, qui sont votées en cours. Notamment en ce moment, on est en période d'examen du PLFSS, donc qui monopolise énormément de temps et énormément d'énergie auprès des députés. Il y aura ensuite la loi de finances, etc. Donc il faudra qu'on vienne s'imbriquer dans ces petites niches parlementaires pour que cette loi puisse être débattue. Sachant que cette loi, dans sa version bêta, je dirais, fera l'objet d'un certain nombre de discussions, d'amendements, des amendements qui peuvent augmenter cette PPL. d'amendements qui peuvent au contraire demander à supprimer un certain nombre d'articles, avec le lobbying habituel qui s'opère par l'ensemble des parties prenantes et des députés. Donc voilà, des discussions à l'Assemblée nationale en première lecture, qui ensuite sera transmise au Sénat pour une lecture au Sénat, qui reviendra ensuite à l'Assemblée nationale pour être adoptée ou pas. Ça c'est la suite de l'histoire.

  • Speaker #0

    Et si elle est adoptée ensuite, elle peut être applicable assez rapidement ?

  • Speaker #1

    Tout dépend de ce que dira le texte, puisque un certain nombre d'articles peuvent renvoyer à la publication de décrets d'application et ou d'arrêté. C'est ce qu'on ne souhaite pas, parce qu'on sait que certaines avancées ont été obtenues, je dirais, dans la loi, et je pense notamment à la loi RIST, mais qui renvoie à des décrets d'application et ou des arrêtés et ou des dispositions conventionnelles. et qui, effectivement, ralentit la machine puisque, à partir du moment où on renvoie un décret d'application ou un arrêté, on redonne la main à l'administration centrale qui a, quelque part, une certaine latitude tant dans le contenu du texte que dans le délai dans lequel elle va sortir le texte. C'est la raison pour laquelle on voit certaines mesures qui étaient contenues dans la loi Rist en 2021 qui, aujourd'hui, fin 2024, ne sont toujours pas applicables parce que les textes d'application ne sont pas sortis.

  • Speaker #0

    Donc, on voit, ça fait face à... quand même à beaucoup de difficultés, en fait, cette proposition de projet de loi. Voilà. T'es plutôt optimiste ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux être optimiste quand on fait ce que je fais, sinon on aurait un peu de mal à se lever le matin. Donc oui, optimiste, évidemment. Je crois qu'on n'est jamais allé aussi loin en matière de kinésithérapie qu'au stade où nous en sommes arrivés aujourd'hui. Jamais. Au cours de la Ve République, et donc avant, puisque la kinésithérapie n'existait pas. on a entendu parler d'une proposition de projet de loi pour la kinésithérapie. Donc voilà, c'est un coup de force puisqu'on n'a encore rien obtenu, mais en tout cas, je pense qu'il faut être fier d'en être arrivé là déjà. Et puis d'autre part, maintenant, ce qu'on attend, c'est une mobilisation des kinésithérapeutes parce que si on souhaite aller encore plus loin, on va avoir besoin de ce coup de pouce de la kinésithérapie qui soutienne largement cette PPL. qui par ailleurs dans sa construction, je l'ai omis tout à l'heure, a été challengée par toutes les organisations syndicales représentatives. C'est-à-dire que les deux autres syndicats représentatifs, le SNMKR et Alizé, ont évidemment eu leur mot à dire sur cette PPL, l'ont évidemment augmentée au regard de leur vision des choses. Et puis ce qu'on constate surtout, c'est une certaine unité finalement de la profession des trois organisations syndicales sur ce texte. Donc c'est quelque chose qui... qui est déjà assez rare pour le souligner, et puis d'autre part, qui nécessite une adhésion massive de la profession. Et ce sera peut-être un petit peu mon message du jour, c'est de dire au kiné, mais adhérez à un syndicat. C'est essentiel en fait. Le syndicat, c'est ce qui vous représente devant les pouvoirs publics, c'est ce qui vous permet de négocier l'avenir de votre profession, c'est ce qui permet de négocier votre revenu. Et aujourd'hui, ce qui nous donne du poids, c'est... Le taux de représentation est donc le nombre d'affiliés aux organisations syndicales. Aujourd'hui, moins de 12% des professionnels sont affiliés à une organisation syndicale. Donc voilà, adhérer massivement, peu importe où. En fait, ce qui est important, c'est qu'on ait un maximum d'adhérents derrière nous pour pouvoir porter ces projets haut et fort.

  • Speaker #0

    Oui, et puis on a en fait, c'est une profession, notre profession de kinésithérapeute. Il y a peu de députés qui descendent. Donc par rapport à d'autres professions qu'on retrouve à l'Assemblée. de façon assez nombreuse, nous on ne l'est pas. Donc c'est vraiment par l'adhésion, par l'engagement des kinésithérapeutes individuellement, un syndicat qui peuvent soutenir et aider cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis aussi être peut-être vigilant aux messages qui aujourd'hui sont dispensés sur les réseaux sociaux, puisque les réseaux sociaux ont finalement donné un porte-voix énorme à des individus, tout seuls dans leurs coins. Et aujourd'hui, il n'y a rien de pire que des messages qui pourraient être véhiculés et qui seraient toxiques finalement au regard de la défense de cette PPL, puisque cette PPL, comme je l'ai dit, elle est portée par les trois organisations syndicales. Elle a été construite et réfléchie depuis quand même un certain nombre d'années par des acteurs mobilisés pour la kinésithérapie, qui ont une vision un petit peu grand-angle. Et c'est vrai que c'est peut-être cette vision grand-angle qui peut manquer. à l'individualité cachée dans son cabinet, qui finalement voit sa kinésithérapie par son seul prisme. Et peut-être que ce qui fait la force d'un syndicat comme le nôtre, avec nos plus de 6000 adhérents, c'est qu'on a une telle richesse dans les échanges avec l'ensemble de nos adhérents, qu'on ne voit pas la kinésithérapie par le tout petit bout de la lorniette de sa propre activité, mais on le voit à 360 degrés. par la vision, le prisme de chacune des façons de pratiquer la kinésithérapie. Et on sait que la kinésithérapie est assez diversifiée dans sa pratique. C'est ce qui nous amène à toutes ces réflexions qui nous permettent de porter ce projet de loi. Et je suis toujours un peu chafouin quand je vois sur les réseaux sociaux quelques acteurs qui détricotent les choses parce que, vu du prisme aujourd'hui du kinésithérapeute, la seule chose qui compte, c'est la rémunération, le niveau de revenu. On est dans un contexte aujourd'hui économique. Archi tendu. On voit bien à quel point les dernières négociations conventionnelles ont été difficiles. Et encore une fois, pour un certain nombre de raisons. Et la première raison, c'est le manque d'affiliés auprès de nos organisations syndicales. Donc j'espère que ce message passera. Mais le seul moyen de faire entendre sa voix aujourd'hui, quand on est kiné, ce n'est pas de râler sur Facebook ou sur Twitter, c'est d'être adhérent à un syndicat.

  • Speaker #0

    Concrètement, alors, qu'est-ce que ça va porter au kiné ? Parce que voilà, tu parles des rémunérations. Est-ce que justement, ces articles... vont pouvoir améliorer leur pouvoir d'achat.

  • Speaker #1

    Cette PPL, c'est avant tout un projet de loi structurel pour la profession qui a vraiment vocation à sacraliser l'autonomie et l'indépendance de notre exercice professionnel et quelque part de garantir une certaine forme d'émancipation d'une profession qui, de mon point de vue, est devenue parfaitement mature. La kinésithérapie, c'est une profession qui a été créée après la Seconde Guerre mondiale, 1946. À l'époque, on réunissait des gymnastes médicaux, les hydrothérapeutes qui travaillaient dans les cures thermales, et puis quelques métiers connexes avec des masseurs, et qui a créé cette profession de la masseur kinésithérapie, qui à l'époque avait un petit diplôme en moins de deux ans, post-bac. Certaines infirmières à l'époque, d'ailleurs, en un an, pouvaient devenir masseurs kinésithérapeutes. Et puis cette profession s'est évoluée, structurée, jusque dans le début des années 60. où nous avons signé en 62 la première convention avec l'assurance maladie et où on a vu apparaître ce premier décret d'acte. On a augmenté la durée des études de kinésithérapie, c'est le fameux passage des deux aux trois ans. Et le chemin parcouru encore entre 62 et 2015 est énorme puisque nous sommes passés à près de cinq années de formation universitaire avec une reconnaissance de certaines de nos compétences en matière de formation mais qui ne s'est pas traduite dans les actes. dans notre décret d'actes, ce que je soulignais tout à l'heure. Et puis aujourd'hui, une profession qui en 2020 est dotée d'un conseil national des universités, d'un conseil national de l'ordre, d'un conseil national d'un collège de la kinésithérapie, qui représente les entités scientifiques et savantes devant les tutelles. Donc un niveau de maturité qui, de notre point de vue, mérite une reconnaissance et une traduction juridique de ce que doit être l'exercice de la kinésithérapie demain. qui doit être reconnue à travers ses missions en termes de santé et de soins, et plus à travers un simple décret d'acte.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment là le but c'est que ce soit ancré dans une loi, qu'on n'empile pas les décrets d'application qui tardent bien souvent à venir.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que d'autres professionnels de santé soutiennent cette proposition de projet de loi ? Comment cette... Voilà, ce projet est vu par d'autres.

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si on peut dire qu'il y a un soutien, en tout cas, comment c'est perçu par les autres professions. Je pense que toutes les professions, en dehors des médecins, sont, en tout cas, c'est un projet de loi qui fait sens pour l'ensemble des acteurs, y compris pour les médecins, sauf que les médecins ont une vision un petit peu tronquée, puisque la construction, finalement, du Code de la santé publique, de toutes les professions de santé, se font à travers une dérogation au monopole de l'exercice de la médecine. Donc toutes nos professions juridiquement sont construites de la sorte, ce qui veut dire qu'à chaque fois qu'une profession gagne en compétences, elle arrache un petit quelque chose au sacro-saint monopole médical. Raison pour laquelle, s'il y a des freins aujourd'hui, il est essentiellement du côté des médecins, notamment généralistes, plus que les spécialistes qui finalement n'ont pas grand-chose à revendiquer vis-à-vis d'une profession comme la nôtre. Mais pour répondre à la question, si on regarde du côté des infirmiers, des orthophonistes, des orthoptistes, des pharmaciens, des dentistes ou des sages-femmes, qui ont tout d'ailleurs un niveau d'autonomie plus ou moins important vis-à-vis du corps médical, bien entendu que le niveau de maturité auquel nous sommes arrivés aujourd'hui font que nos revendications paraissent complètement légitimes.

  • Speaker #0

    Donc en fait... Pourquoi on ne pourrait pas non plus tout simplement abroger le statut d'auxiliaire médicaux ?

  • Speaker #1

    C'est un projet qu'on porte plutôt en interpro, puisque ça ne concerne pas que la kinésithérapie, mais en tout cas qui pour nous fait énormément sens. Ça fait partie des propositions qu'on avait pu débattre au sein de notre congrès et sur lequel on a un mandat pour se faire. Moi, j'ai été président de l'intersyndical interpro, les libéraux de santé. de 2021 à 2023 et nous nous étions prêtés à un petit jeu pendant la campagne présidentielle de 2022 qui consistait à, pour le coup, proposer un faux projet de loi aux candidats à la présidentielle et à leurs représentants santé. Et parmi l'ensemble des mesures que nous portions, avec 11 organisations syndicales réunissant les syndicats de pharmaciens, infirmiers, dentistes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, podologues, biologistes. et kinésithérapeute, et ont proposé notamment de supprimer ce terme d'auxiliaires médicaux, qui de notre point de vue n'a plus vraiment sa place dans le code de la santé publique, pour les raisons qu'on expliquait tout à l'heure, et aussi parce que ce que ça génère sur l'inconscient collectif auprès des populations, et ce qui est de notre point de vue également un frein à l'émancipation et à la reconnaissance des compétences d'un certain nombre de professions.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça a été... Finalement, il n'y a pas eu de suite.

  • Speaker #1

    Disons que ça a lancé un petit débat. Ce qui est intéressant, c'est que ce débat ressort deux ans après. Alors, effectivement, parce qu'on en parle, évidemment. Je parlais tout à l'heure du lobbying qu'on pouvait faire auprès des députés. On aborde ce sujet avec les députés. On a vu Lionel Collet, le président de l'HAS, prendre une parole publique sur les réseaux sociaux. Il y a moins d'une dizaine de jours.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Il remet en question justement cette notion d'auxiliaires médicaux. Donc quand le président de la HAS commence à l'évoquer, je pense que c'est une réflexion qui avance petit à petit, qui probablement va trouver écho, alors je ne sais pas ce que ce sera avec la nouvelle ministre de la Santé, mais en tout cas elle va trouver écho auprès du ministre Valtoux qui a cueilli assez favorablement cette réflexion. Donc, je pense que ça fait partie également des chantiers qu'on aura à traiter dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    Et alors, j'ai vu qu'il y avait un neuvième article, en fait. Il y a un article supplémentaire sur le financement.

  • Speaker #1

    Sur le financement, oui, sur la taxe sur le tabac. C'est un outil technique, en fait. C'est-à-dire qu'une proposition de loi, pour pouvoir être déposée auprès du Parlement, doit avoir une certaine neutralité économique. Et donc, l'astuce technique pour... Pour garantir et assurer la neutralité technique, c'est de mettre une taxe supplémentaire sur le tabac. Mais on en est vraiment à un niveau de détail qui est vraiment de l'astuce technico-juridique.

  • Speaker #0

    Et puis plus globalement, en fait, est-ce que c'est une étape, une grande étape, si ce projet de loi est adopté ? Est-ce que, bien sûr, il y aura dans vos têtes, il y a d'autres... d'autres dispositions ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est évidemment un plan global, mais on l'a évoqué déjà un petit peu tout au long de ce podcast. C'est de se dire qu'on rassemble déjà un certain nombre d'idées qui germent dans nos rangs depuis un certain nombre d'années. Et puis, on essaye de se projeter aussi vers la suite. Et la suite, c'est, comme je le rappelais, l'émancipation de la profession. On parlait tout à l'heure de ce statut d'auxiliaire médical qui était probablement un petit peu... peu has-been, et en tout cas c'est ce que je pense. Et l'étape suivante pour nous c'est de défendre la reconnaissance de la kinésithérapie comme étant une profession médicale à compétence définie. Donc effectivement, c'est une étape, c'est une marche importante, parce que celle-là elle est haute, on compte bien la franchir, mais derrière c'est comment on redéfinit la kinésithérapie dans le système de santé et comment, encore une fois, on va vers plus d'autonomie et d'indépendance dans notre exercice.

  • Speaker #0

    Et dans l'hypothèse négative où elle n'est pas adoptée ?

  • Speaker #1

    Je ne considère pas cette hypothèse comme acceptable. Il n'y a pas de plan B ? Non, ce n'est pas qu'il n'y a pas de plan B, c'est que ce sont de toute façon... Il faut reconnaître en politique une chose, c'est que le temps n'est pas le même que celui qu'on a dans notre quotidien. On parlait tout à l'heure de la création de l'ordre entre la première fois où on a... Parler de la création d'un ordre dans les rangs de la fédération et le moment où l'ordre a été créé, il s'est écoulé plus de 25 ans. Entre le moment où on a parlé d'une réforme des études vers l'universitarisation et vers une augmentation du nombre d'années de 3 à 5 ans, il s'est écoulé près de 25 ans. Je vous le dis tout à l'heure, la première fois qu'on a parlé d'accès direct sur un congrès de la FEMKR, c'était en 2001. Il a fallu attendre 2021 pour qu'on mette... Une micro-marche dans la PPL-Rist. Probablement que la prochaine grande marche sera cette PPL. Mais donc sur un certain nombre de sujets, il faut accepter qu'il y ait un temps long.

  • Speaker #0

    Cette PPL, en tout cas, ne sera pas inutile, quelle que soit la finalité de cette PPL, dans le sens où elle aura semé des graines. Alors, certaines vont pousser très vite, d'autres mettront un petit peu plus de temps. Ce qui est sûr et certain, c'est qu'à la fin, c'est la kinésithérapie qui récoltera.

  • Speaker #1

    Oui, et puis, voilà, toutes les marches qui ont été franchies précédemment, le travail du syndicat qui a posé les jalons, ensuite, qui viendra se concrétiser. On l'espère par cette proposition de projet de loi. Oui, tout à fait. Je ne sais pas, est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose sur ce sujet ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'on a largement fait le tour, mais peut-être revenir sur le centre de la chose. Aujourd'hui, nous sommes des organisations représentatives. Alors, dans l'inconscient collectif, des fois, le syndicalisme a un peu une mauvaise image. Ça a une connotation un petit peu. On repense aux luttes ouvrières d'extrême gauche, ce qui n'est pas du tout notre sujet. Nous, nous sommes des professions libérales. On est là pour représenter, défendre les intérêts de la kinésithérapie. Et il faut vraiment que l'ensemble des professionnels comprennent que notre seule capacité à agir, vraiment la seule, l'unique, c'est l'adhésion des professionnels. Et la seule voie qui compte aujourd'hui devant la tutelle ou dans la négociation conventionnelle, ce n'est pas celle qui s'exerce sur les réseaux sociaux, c'est uniquement la voie portée. par les présidents des organisations syndicales représentatives. Donc si vous voulez faire quelque chose pour la kinésithérapie, et si vous voulez vraiment vous mobiliser, adhérez.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, au sein de la Fédé, justement, tu as rappelé tout à l'heure les syndicats départementaux, mais en fait, ils peuvent justement faire entendre dans ces... Voilà, s'ils veulent en débattre, c'est justement, il y a des soirées qui sont organisées, il y a les conseils d'administration, donc voilà, c'est des temps d'échange justement en présentiel qui permet de discuter de tous ces sujets-là et de faire entendre sa voix.

  • Speaker #0

    Oui, nous, on a à cœur d'aller chercher, effectivement, et d'aller échanger au plus près du terrain avec l'ensemble de nos adhérents. C'est notre marque de fabrique depuis plus de 60 ans.

  • Speaker #1

    Super. Alors concrètement, Sébastien, comment cette proposition de projet de loi, en fait, elle pourrait améliorer justement le pouvoir d'achat des kinés ? C'est un peu ce qui ressort souvent des discussions. Qu'est-ce que ça peut leur apporter dans leur pratique ?

  • Speaker #0

    Alors, ce n'est pas l'objet initial de cette PPL. En fait, en matière de... De politique, je dirais qu'on a deux temps pour la réflexion. La première qui est un versant plutôt économique, et là qui est le sujet de la négociation conventionnelle, et on en sort. Et un deuxième temps qui est plutôt celui de la revalorisation par les compétences. Et là, c'est vraiment le cœur de cette PPL, c'est-à-dire comment on va nourrir, augmenter les compétences des kinésithérapeutes, comment on va les faire grandir par rapport... à tout ce qu'on peut apporter, reconnaître à la profession. Plus d'autonomie, plus d'indépendance, une reconnaissance de nos spécificités d'exercice, une reconnaissance de notre capacité à prescrire, de l'activité physique adaptée, une reconnaissance à pouvoir coordonner. C'est le sujet du kiné-coordonnateur dans les EHPAD, dans les établissements d'hospitalisation à domicile, etc. Donc deux types de revalorisation. L'argent. C'est le conventionnel, c'est la négociation avec l'assurance maladie. Là, on est sur de la reconnaissance, je dirais plutôt structurelle, organisationnelle pour la profession et donc reconnaissance des compétences qui, in fine, de toute façon, par ruissellement, aura un impact, évidemment, sur notre niveau de rémunération puisqu'on vous confie des compétences supplémentaires, on vous reconnaît des compétences complémentaires. Donc, a priori, il y a de fortes chances que ces compétences soient revalorisées par le financement, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #1

    Ok, toujours une étape.

  • Speaker #0

    C'est une étape.

  • Speaker #1

    Ok. Merci beaucoup Sébastien.

  • Speaker #0

    Merci à toi Céline pour tout ce que tu fais ici pour la fédération et puis pour faire vivre de l'intérieur ces échanges avec les différents élus. Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'est avec plaisir. En fait, on apprend beaucoup sur ces différents sujets, sur le podcast, sur les préparations des épisodes en fait. Et c'est vrai que c'est très très riche et j'espère que ce sera aussi enrichissant pour nos éditeurs et auditrices mais j'en suis certaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. Au revoir,

  • Speaker #0

    Sébastien. A bientôt, au revoir.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux. Merci. et de visiter le site web de la FFMKR pour rester informé des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. Dans le prochain épisode de Kinécast, j'aurai le plaisir d'accueillir Julien Morin, kinésithérapeute à La Réunion et créateur de contenu, connu sous le nom de Yotera. Au cours de notre discussion, Julien nous parlera de l'importance pour lui de diversifier son activité professionnelle, et nous présentera ses différents formats de contenu, allant de son site Internet au live qu'il anime chaque semaine. Julien souhaite ainsi informer les kinés. et leur fournir des outils pour faciliter leur gestion administrative en combinant ses compétences en kinésithérapie et sa créativité en tant que créateur de contenu. Ne manquez pas cette conversation inspirante et enrichissante avec Julien Morin dans l'épisode 7 de Kinecast. À la semaine prochaine !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Sébastien Guérard

    00:55

  • QU'est-ce que l'UNPS ?

    01:55

  • Construction de la proposition de projet de loi

    03:03

  • Le travail de la FFMKR auprès des députés

    08:23

  • Quels sont les étapes de la proposition de projet de loi ?

    10:49

  • Quelle chance a la PPL d'aboutir ?

    16:09

  • Importance de l'adhésion à un syndicat des kinésithérapeutes

    17:20

  • Objectifs de la proposition de projet de loi

    20:55

  • Statuts de l'auxiliaire médical

    24:40

  • Financement de le proposition de projet de loi

    27:11

  • Avenir de la kinésithérapie

    27:56

  • Engagement à la FFMKR

    31:00

  • La PPL et la valorisation des compétences des kinésithérapeutes

    32:34

Description

Dans le sixième épisode de Kinécast, nous avons l'honneur de recevoir Sébastien Guérard, kinésithérapeute à Perpignan et Président de la Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR).


Nous souhaitons vous préciser que cet épisode a été enregistré le 05 novembre 2024.
En raison des événements politiques survenus depuis cette date, la proposition de loi a été retiré puis à nouveau déposé le 19 décembre 2024 dans une version quasi identique.

 

Sébastien Guérard nous parlera en détail du projet de la proposition de loi sur la kinésithérapie. Il nous expliquera comment cette proposition a été conçue, depuis les premières réflexions jusqu'à sa création, en passant par les différentes étapes de son élaboration. Nous découvrirons le contenu de cette proposition de loi, ses objectifs et les enjeux qu'elle représente pour la profession.

 

Nous aborderons également le soutien de certains députés à cette initiative et comment le syndicat travaille activement auprès des parlementaires pour faire avancer cette proposition et la faire adopter.

 

Sébastien Guérard nous éclairera sur les actions concrètes menées par la FFMKR pour promouvoir cette loi et comment elle permettra de reconnaitre les compétences des kinésithérapeutes et de valoriser la profession.

 

Enfin, Sébastien Guérard insistera sur la nécessité pour les kinésithérapeutes d'adhérer à un syndicat. Il expliquera comment cette adhésion peut réellement faire la différence, non seulement individuellement, mais aussi pour l'ensemble de la profession.

 

Ce sixième épisode de Kinécast sera l’occasion de mieux comprendre les défis et les opportunités qui se présentent actuellement pour les kinésithérapeutes en France, et de découvrir comment chacun peut contribuer à façonner l'avenir de cette profession.

 

N'oubliez pas de suivre Kinécast pour ne rien manquer des prochains épisodes !

Likez, commentez et partagez cet épisode pour soutenir la communauté des kinésithérapeutes et faire entendre notre voix.

Ensemble, nous pouvons faire la différence !

 

Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l'intervenant et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


https://www.ffmkr.org/

http://www.youtube.com/@FFMKRcCLAIR
https://youtu.be/v5HGzzqONjI



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! Bonjour Sébastien.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline. Comment vas-tu ? Très bien.

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue sur le podcast Kinecast de la FFMKR. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Guéard, président de la FFMKR. Tout d'abord, est-ce que tu peux Te présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement. Sébastien Guéard, je suis le président de la FFMKR, comme tu viens de le dire. Je suis surtout et avant tout kinésithérapeute depuis une bonne vingtaine d'années. J'exerce en libéral depuis toujours. Une activité hyper spécialisée puisque je ne fais que de la rééducation de l'épaule quasiment depuis les débuts. Je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit et passionné par cette articulation et donc beaucoup de travaux sur le sujet. Et voilà.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Dans la région de Perpignan, je l'ai dit ? Non,

  • Speaker #0

    tu ne l'as pas dit.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est essentiel. Donc dans la région de Perpignan et j'ai réussi encore à accorder une activité clinique à deux jours par semaine. Ce qui évidemment peut paraître... peu, mais comme j'occupe également d'autres fonctions puisque je suis également président de l'UNPS, mes semaines parisiennes sont assez chargées. Donc voilà, je suis sur Paris du mardi au jeudi pour ces activités de représentation et j'essaie de travailler au cabinet le lundi et le vendredi.

  • Speaker #0

    Pour un peu de clarté, c'est vrai qu'on risque de parler pas mal de sigles, est-ce que tu peux par exemple préciser ce que c'est l'UNPS ?

  • Speaker #1

    L'UNPS, c'est l'Union Nationale des Professions de Santé. C'est l'institution qui a été créée par la loi de 2004 qui a... porté réforme à l'assurance maladie et qui a donc créé l'UNCAM, les caisses d'assurance maladie, qui regroupe la MGEN, la MSA, tout un tas de caisses en fait, d'assurance maladie, sécurité sociale. L'UNOCAM, les complémentaires et l'UNPS, qui est donc l'institution qui regroupe toutes les organisations syndicales représentatives, signataires des conventions avec l'assurance maladie.

  • Speaker #0

    Ok, super. Il vaut mieux préciser tous ces points. On n'est pas forcément toujours très à l'aise. Il se multiplie en plus au fur et à mesure du temps. En fait, je t'ai invité parce que je souhaitais parler de la proposition de projet de loi sur la kinésithérapie. C'est un sujet que la FEDE a communiqué dernièrement. Comment s'est construite cette proposition de projet de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une réflexion assez globale je dirais et puis qui remonte à quelques congrès en arrière. Depuis je dirais près de 30 ans, la Fédération avait été membre fondatrice du CNPK, le Centre National de Prévention Kinesithérapie qui aujourd'hui est devenu Kine France Prévention. Donc un vrai sujet prévention dont on s'est emparé il y a une trentaine d'années et puis qui commence à émerger médiatiquement et politiquement. Le précédent ministère était le ministère de la Santé et de la Prévention. Donc un sujet qu'on porte qui pointe le bout de son nez. L'autre sujet, c'est celui de l'accès direct, dont on parlait dans les rangs de la Fédération déjà au Congrès des Sables d'Olonne en 2001. Donc c'était une revendication forte de la Fédération, avant même la création d'un certain nombre d'organisations, et je pense à l'Ordre, au Collège, à Alizé, qui sont arrivées bien après. Donc vraiment un sujet qu'on mûrit depuis un certain nombre de temps. Et cette loi RIST qui commence à poser les jalons de l'accès direct. en 2021. Et puis depuis que je suis en fonction, donc depuis près de cinq ans que je suis à la présidence de la fédération, des assises et des congrès qui se sont succédés, sur lesquels on a eu à cœur de travailler des vrais sujets de fond. Donc on s'est réemparé et ressaisi évidemment de ces deux sujets qui sont fondamentaux pour nous, mais auxquels on a associé un certain nombre de réflexions, et notamment la place de la kinésithérapie dans l'activité physique adaptée, et cette volonté de pouvoir prescrire. de l'activité physique adaptée. La volonté également de porter la reconnaissance du statut de kiné-coordonnateur dans les EHPAD et en HAD pour faire le lien d'une part avec une convention qu'on a signée il y a peu avec l'HAD, l'hospitalisation à domicile, et puis d'autre part, prémunir d'un certain nombre de dysfonctionnements dans les EHPAD, puisque on sait que le passage à dotation globale a tendance à poser des soucis dans certains établissements et on pense que sacraliser et reconnaître... Un statut de kiné-coordonnateur dans ces établissements pourrait permettre d'assurer que l'usager patient, et notamment les personnes âgées, donc les plus fragiles, puissent avoir accès au centre kinésithérapie quand c'est nécessaire pour eux. D'autres sujets tels que la volonté de pousser à la reconnaissance des spécificités d'exercice dont on a réussi à poser quelques jalons dans la dernière convention. La reconnaissance également de notre statut et d'être reconnu par nos compétences et non plus par un simple décret d'acte qui aujourd'hui est complètement anachronique. Je ne sais pas si les auditeurs le savent, mais le décret d'acte en kinésithérapie date de 1962. Et quand on voit comme la profession a évolué et s'est transformée au fil du temps, il est évident qu'il faut porter réforme à ce décret d'acte. Et puis d'autres sujets, également celui des pratiques avancées par exemple, pour lequel on a fait le choix de ne pas se tourner vers ces pratiques avancées parce que le modèle tel qu'il a été défini et construit par les infirmiers ne correspond pas à notre modèle d'exercice. Donc tout un tas de sujets qui sont arrivés à un niveau de maturité où on s'est dit qu'aujourd'hui, le seul moyen finalement de faire une véritable réforme de la profession et d'essayer de ramener la kinésithérapie, je dirais, au centre du jeu et de la ramener également à ses missions de service de santé publique, était de porter un projet de loi.

  • Speaker #0

    Ça concrétise en fait le travail qui a été réalisé en amont.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une concrétisation de tout ce qu'on met en place, de toutes les réflexions qu'on mène avec notre congrès, nos adhérents, notre conseil fédéral depuis quelques années maintenant.

  • Speaker #0

    Et donc comment ont été choisis ces différents articles ? Il y en a huit donc. Est-ce qu'il y en a eu d'autres sur la table ? Voilà, comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas tant comment ils ont été choisis, puisque les thématiques sont relativement larges et plurielles. Je dirais que déjà il s'agit d'une proposition de projet de loi, comme tu le rappelais, qui se distingue d'un projet de loi. Un projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par le gouvernement. Une proposition de projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par un député. Donc en l'occurrence... Il y a eu un gros travail de fond de lobbying pendant plus de quatre ans pour rencontrer un maximum de députés pour les sensibiliser à nos différents sujets, à nos problématiques et à nos solutions pour le système de santé et les patients. Et donc, ça a été aussi l'histoire d'une rencontre, c'est-à-dire trouver le ou les députés prêts à nous soutenir et nous appuyer dans notre démarche et qui croyaient finalement en ce qu'on portait. Et donc, cette proposition de projet de loi qui est portée par le député Viry. qu'on a rencontré il y a quelques longs mois maintenant, qui est un député vosgien, donc un département aussi, un territoire particulier qui souffre évidemment de difficultés d'accès aux soins et qui souhaite trouver des solutions pour s'administrer et qui voyait en la kinésithérapie une porte d'entrée pour catalyser, je dirais, la prévention, catalyser l'activité physique adaptée avec tous les bienfaits que ça peut apporter, reconnaître et valoriser la profession parce que... Une véritable prise de conscience également aujourd'hui du fait que la kinésithérapie est probablement sous-utilisée dans le système de santé, mais elle est probablement aussi sous-rémunérée. Donc autant de vecteurs qui nous ont permis de construire avec lui cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #0

    Donc vous l'avez contacté, alors c'est plutôt vous êtes allé vers lui ou comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on est allé vers lui, mais comme on va vers de nombreux députés, je dirais qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne rencontre pas trois, quatre députés, de préférence en général des députés qui sont membres de la Commission des Affaires Sociales, puisque ce sont les spécialistes des sujets santé. Et voilà, donc c'est ce que je dis, c'est ce vrai travail de lobbying de fond qui fait que tous les mois, on écrit le courrier des kinés, qu'on adresse à l'ensemble des députés, des sénateurs, qui sont des outils de communication. comme je disais tout à l'heure, nous permettre de sensibiliser les parlementaires à nos problèmes, mais aussi à nos solutions, parce que nous avons à cœur à la fédération de ne pas être uniquement les vecteurs, en tout cas dans la revendication permanente de nos problématiques. On est aussi là pour apporter des solutions, pour améliorer l'efficience et les prises en charge de l'ensemble des Français.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il y a aussi les syndicats départementaux qui ont pris part justement...

  • Speaker #1

    Alors oui, sur le......... Tout à fait, c'est-à-dire que nous, on fait notre travail à notre échelon parisien, je dirais, et donc on a l'habitude d'avoir des relations directes avec les parlementaires. Mais on a aussi la chance à la fédération d'avoir un maillage territorial extraordinaire, puisque nous sommes une fédération de syndicats départementaux. Nous avons 95 syndicats départementaux affiliés à la fédération et qui exercent en parfaite autonomie et indépendance, puisque chaque syndicat départemental est composé d'un bureau avec un président, un secrétaire général, un trésorier. un conseil d'administration et bien évidemment des adhérents. Et on a la chance d'avoir ce relais. Et on s'est bien entendu appuyé sur ce relais, puisque nous avons demandé à l'ensemble de nos présidents de porter également ce message dans les territoires, puisqu'on le sait, la plupart des parlementaires sont souvent plus sensibles aux messages qui viennent du terrain qu'aux messages qui viennent directement des organisations nationales. Donc ça nous a permis, par la voix de nos départements, de pousser également. ces messages auprès des députés qui, de ce fait, deviennent tout de suite plus réceptifs. aux messages qu'on peut leur donner quand on les rencontre à l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Donc les députés sont contactés, ceux qui ont cette appétence, ils signent alors cette proposition de projet de loi. Comment ça se déroule au fur et à mesure du temps ? Quelles sont les différentes étapes pour porter cette proposition de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est un petit peu technique et puis il faut le remettre un petit peu dans le contexte et dans la temporalité, puisque cette... proposition de projet de loi était censée être déposée juste avant la précédente dissolution de l'Assemblée nationale. Puis dans la même semaine, au mois de juin. La dissolution arrivant, forcément, le projet est suspendu, il est retenu. Retenu à la condition sine qua non déjà que le député Viry soit réélu. Par chance, ça a été le cas, assez largement d'ailleurs. Il a ensuite fallu s'assurer que son propre groupe parlementaire soit OK. Il porte cette... proposition de loi, ce qui a été le cas. Et puis ensuite, effectivement, il a fallu réunir un certain nombre de co-signataires. Donc sur le plan technique, en fait, c'est une PPL qui est déposée sur une plateforme à l'Assemblée nationale, qui est ouverte à co-signature pendant un laps de temps. La difficulté un petit peu stratégique, c'était de se dire quel était le bon moment pour déposer cette PPL. La déposée tôt, le choix qu'on a fait, impliquait qu'on risquait de voir... un nombre relativement faible de signataires puisque beaucoup de députés étaient en attente de consignes de leur groupe parlementaire et nous étions dans une phase de constitution du gouvernement. Et donc pendant cette phase de constitution du gouvernement, certains députés avaient la consigne de ne s'engager absolument à rien du tout tant que le gouvernement n'était pas composé. Ce qui n'empêche qu'on a quand même eu un nombre de parlementaires signataires très satisfaisant puisqu'on était à plus de 30 signataires. et de façon complètement transpartisane, donc qui réunit vraiment des députés de toute obédience politique. Et ce qui est plutôt une bonne chose, puisque là aussi, stratégiquement, on pense que dans le contexte actuel, c'est probablement le meilleur vecteur pour que cette PPL ait une chance d'aboutir. On avait une deuxième option qui était de se dire, on attend un petit peu, on la tient sous le coude, on attend que les consignes gouvernementales... tombe et on voit ce que ça donne. Le risque, c'était que cette PPL se retrouve dans une file d'attente, une file d'attente tellement longue qu'elle ne résisterait peut-être pas à cette législature, puisque là aussi, on est en droit de s'interroger sur la durée de cette législature dans le contexte politique général. Ce qui est très intéressant dans ce qui s'est passé, en prenant le parti de la déposée tôt, c'est qu'elle a fait écho auprès du Premier ministre, Michel Barnier. qui s'est saisi de certains éléments et qui a annoncé dans son discours de politique générale qu'il souhaitait aller plus loin avec les kinésithérapeutes. Donc on saura assez vite fixer sur les intentions qu'il y a derrière, mais je suis intimement convaincu que le dépôt de cette PPL, le lobbying qui a été fait autour de cette PPL, ne l'a pas laissé indifférent et probablement qu'il voit dans un certain nombre de nos propositions des mesures qui peuvent faire sens. sur la politique de santé qu'il souhaite mener avec son gouvernement.

  • Speaker #0

    Donc en fait, concrètement, c'est vrai que c'est très difficile, en fait, on l'entend, d'avoir un calendrier et de se dire, voilà, ce sera dans trois mois, dans six mois.

  • Speaker #1

    Alors c'est difficile parce qu'en fait, il faut que le député trouve maintenant une niche parlementaire pour déposer, présenter cette PPL. Donc difficile de savoir quand arrivera cette niche, sachant qu'il y a tout un tas de lois plus générales, des lois cadres, qui sont votées en cours. Notamment en ce moment, on est en période d'examen du PLFSS, donc qui monopolise énormément de temps et énormément d'énergie auprès des députés. Il y aura ensuite la loi de finances, etc. Donc il faudra qu'on vienne s'imbriquer dans ces petites niches parlementaires pour que cette loi puisse être débattue. Sachant que cette loi, dans sa version bêta, je dirais, fera l'objet d'un certain nombre de discussions, d'amendements, des amendements qui peuvent augmenter cette PPL. d'amendements qui peuvent au contraire demander à supprimer un certain nombre d'articles, avec le lobbying habituel qui s'opère par l'ensemble des parties prenantes et des députés. Donc voilà, des discussions à l'Assemblée nationale en première lecture, qui ensuite sera transmise au Sénat pour une lecture au Sénat, qui reviendra ensuite à l'Assemblée nationale pour être adoptée ou pas. Ça c'est la suite de l'histoire.

  • Speaker #0

    Et si elle est adoptée ensuite, elle peut être applicable assez rapidement ?

  • Speaker #1

    Tout dépend de ce que dira le texte, puisque un certain nombre d'articles peuvent renvoyer à la publication de décrets d'application et ou d'arrêté. C'est ce qu'on ne souhaite pas, parce qu'on sait que certaines avancées ont été obtenues, je dirais, dans la loi, et je pense notamment à la loi RIST, mais qui renvoie à des décrets d'application et ou des arrêtés et ou des dispositions conventionnelles. et qui, effectivement, ralentit la machine puisque, à partir du moment où on renvoie un décret d'application ou un arrêté, on redonne la main à l'administration centrale qui a, quelque part, une certaine latitude tant dans le contenu du texte que dans le délai dans lequel elle va sortir le texte. C'est la raison pour laquelle on voit certaines mesures qui étaient contenues dans la loi Rist en 2021 qui, aujourd'hui, fin 2024, ne sont toujours pas applicables parce que les textes d'application ne sont pas sortis.

  • Speaker #0

    Donc, on voit, ça fait face à... quand même à beaucoup de difficultés, en fait, cette proposition de projet de loi. Voilà. T'es plutôt optimiste ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux être optimiste quand on fait ce que je fais, sinon on aurait un peu de mal à se lever le matin. Donc oui, optimiste, évidemment. Je crois qu'on n'est jamais allé aussi loin en matière de kinésithérapie qu'au stade où nous en sommes arrivés aujourd'hui. Jamais. Au cours de la Ve République, et donc avant, puisque la kinésithérapie n'existait pas. on a entendu parler d'une proposition de projet de loi pour la kinésithérapie. Donc voilà, c'est un coup de force puisqu'on n'a encore rien obtenu, mais en tout cas, je pense qu'il faut être fier d'en être arrivé là déjà. Et puis d'autre part, maintenant, ce qu'on attend, c'est une mobilisation des kinésithérapeutes parce que si on souhaite aller encore plus loin, on va avoir besoin de ce coup de pouce de la kinésithérapie qui soutienne largement cette PPL. qui par ailleurs dans sa construction, je l'ai omis tout à l'heure, a été challengée par toutes les organisations syndicales représentatives. C'est-à-dire que les deux autres syndicats représentatifs, le SNMKR et Alizé, ont évidemment eu leur mot à dire sur cette PPL, l'ont évidemment augmentée au regard de leur vision des choses. Et puis ce qu'on constate surtout, c'est une certaine unité finalement de la profession des trois organisations syndicales sur ce texte. Donc c'est quelque chose qui... qui est déjà assez rare pour le souligner, et puis d'autre part, qui nécessite une adhésion massive de la profession. Et ce sera peut-être un petit peu mon message du jour, c'est de dire au kiné, mais adhérez à un syndicat. C'est essentiel en fait. Le syndicat, c'est ce qui vous représente devant les pouvoirs publics, c'est ce qui vous permet de négocier l'avenir de votre profession, c'est ce qui permet de négocier votre revenu. Et aujourd'hui, ce qui nous donne du poids, c'est... Le taux de représentation est donc le nombre d'affiliés aux organisations syndicales. Aujourd'hui, moins de 12% des professionnels sont affiliés à une organisation syndicale. Donc voilà, adhérer massivement, peu importe où. En fait, ce qui est important, c'est qu'on ait un maximum d'adhérents derrière nous pour pouvoir porter ces projets haut et fort.

  • Speaker #0

    Oui, et puis on a en fait, c'est une profession, notre profession de kinésithérapeute. Il y a peu de députés qui descendent. Donc par rapport à d'autres professions qu'on retrouve à l'Assemblée. de façon assez nombreuse, nous on ne l'est pas. Donc c'est vraiment par l'adhésion, par l'engagement des kinésithérapeutes individuellement, un syndicat qui peuvent soutenir et aider cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis aussi être peut-être vigilant aux messages qui aujourd'hui sont dispensés sur les réseaux sociaux, puisque les réseaux sociaux ont finalement donné un porte-voix énorme à des individus, tout seuls dans leurs coins. Et aujourd'hui, il n'y a rien de pire que des messages qui pourraient être véhiculés et qui seraient toxiques finalement au regard de la défense de cette PPL, puisque cette PPL, comme je l'ai dit, elle est portée par les trois organisations syndicales. Elle a été construite et réfléchie depuis quand même un certain nombre d'années par des acteurs mobilisés pour la kinésithérapie, qui ont une vision un petit peu grand-angle. Et c'est vrai que c'est peut-être cette vision grand-angle qui peut manquer. à l'individualité cachée dans son cabinet, qui finalement voit sa kinésithérapie par son seul prisme. Et peut-être que ce qui fait la force d'un syndicat comme le nôtre, avec nos plus de 6000 adhérents, c'est qu'on a une telle richesse dans les échanges avec l'ensemble de nos adhérents, qu'on ne voit pas la kinésithérapie par le tout petit bout de la lorniette de sa propre activité, mais on le voit à 360 degrés. par la vision, le prisme de chacune des façons de pratiquer la kinésithérapie. Et on sait que la kinésithérapie est assez diversifiée dans sa pratique. C'est ce qui nous amène à toutes ces réflexions qui nous permettent de porter ce projet de loi. Et je suis toujours un peu chafouin quand je vois sur les réseaux sociaux quelques acteurs qui détricotent les choses parce que, vu du prisme aujourd'hui du kinésithérapeute, la seule chose qui compte, c'est la rémunération, le niveau de revenu. On est dans un contexte aujourd'hui économique. Archi tendu. On voit bien à quel point les dernières négociations conventionnelles ont été difficiles. Et encore une fois, pour un certain nombre de raisons. Et la première raison, c'est le manque d'affiliés auprès de nos organisations syndicales. Donc j'espère que ce message passera. Mais le seul moyen de faire entendre sa voix aujourd'hui, quand on est kiné, ce n'est pas de râler sur Facebook ou sur Twitter, c'est d'être adhérent à un syndicat.

  • Speaker #0

    Concrètement, alors, qu'est-ce que ça va porter au kiné ? Parce que voilà, tu parles des rémunérations. Est-ce que justement, ces articles... vont pouvoir améliorer leur pouvoir d'achat.

  • Speaker #1

    Cette PPL, c'est avant tout un projet de loi structurel pour la profession qui a vraiment vocation à sacraliser l'autonomie et l'indépendance de notre exercice professionnel et quelque part de garantir une certaine forme d'émancipation d'une profession qui, de mon point de vue, est devenue parfaitement mature. La kinésithérapie, c'est une profession qui a été créée après la Seconde Guerre mondiale, 1946. À l'époque, on réunissait des gymnastes médicaux, les hydrothérapeutes qui travaillaient dans les cures thermales, et puis quelques métiers connexes avec des masseurs, et qui a créé cette profession de la masseur kinésithérapie, qui à l'époque avait un petit diplôme en moins de deux ans, post-bac. Certaines infirmières à l'époque, d'ailleurs, en un an, pouvaient devenir masseurs kinésithérapeutes. Et puis cette profession s'est évoluée, structurée, jusque dans le début des années 60. où nous avons signé en 62 la première convention avec l'assurance maladie et où on a vu apparaître ce premier décret d'acte. On a augmenté la durée des études de kinésithérapie, c'est le fameux passage des deux aux trois ans. Et le chemin parcouru encore entre 62 et 2015 est énorme puisque nous sommes passés à près de cinq années de formation universitaire avec une reconnaissance de certaines de nos compétences en matière de formation mais qui ne s'est pas traduite dans les actes. dans notre décret d'actes, ce que je soulignais tout à l'heure. Et puis aujourd'hui, une profession qui en 2020 est dotée d'un conseil national des universités, d'un conseil national de l'ordre, d'un conseil national d'un collège de la kinésithérapie, qui représente les entités scientifiques et savantes devant les tutelles. Donc un niveau de maturité qui, de notre point de vue, mérite une reconnaissance et une traduction juridique de ce que doit être l'exercice de la kinésithérapie demain. qui doit être reconnue à travers ses missions en termes de santé et de soins, et plus à travers un simple décret d'acte.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment là le but c'est que ce soit ancré dans une loi, qu'on n'empile pas les décrets d'application qui tardent bien souvent à venir.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que d'autres professionnels de santé soutiennent cette proposition de projet de loi ? Comment cette... Voilà, ce projet est vu par d'autres.

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si on peut dire qu'il y a un soutien, en tout cas, comment c'est perçu par les autres professions. Je pense que toutes les professions, en dehors des médecins, sont, en tout cas, c'est un projet de loi qui fait sens pour l'ensemble des acteurs, y compris pour les médecins, sauf que les médecins ont une vision un petit peu tronquée, puisque la construction, finalement, du Code de la santé publique, de toutes les professions de santé, se font à travers une dérogation au monopole de l'exercice de la médecine. Donc toutes nos professions juridiquement sont construites de la sorte, ce qui veut dire qu'à chaque fois qu'une profession gagne en compétences, elle arrache un petit quelque chose au sacro-saint monopole médical. Raison pour laquelle, s'il y a des freins aujourd'hui, il est essentiellement du côté des médecins, notamment généralistes, plus que les spécialistes qui finalement n'ont pas grand-chose à revendiquer vis-à-vis d'une profession comme la nôtre. Mais pour répondre à la question, si on regarde du côté des infirmiers, des orthophonistes, des orthoptistes, des pharmaciens, des dentistes ou des sages-femmes, qui ont tout d'ailleurs un niveau d'autonomie plus ou moins important vis-à-vis du corps médical, bien entendu que le niveau de maturité auquel nous sommes arrivés aujourd'hui font que nos revendications paraissent complètement légitimes.

  • Speaker #0

    Donc en fait... Pourquoi on ne pourrait pas non plus tout simplement abroger le statut d'auxiliaire médicaux ?

  • Speaker #1

    C'est un projet qu'on porte plutôt en interpro, puisque ça ne concerne pas que la kinésithérapie, mais en tout cas qui pour nous fait énormément sens. Ça fait partie des propositions qu'on avait pu débattre au sein de notre congrès et sur lequel on a un mandat pour se faire. Moi, j'ai été président de l'intersyndical interpro, les libéraux de santé. de 2021 à 2023 et nous nous étions prêtés à un petit jeu pendant la campagne présidentielle de 2022 qui consistait à, pour le coup, proposer un faux projet de loi aux candidats à la présidentielle et à leurs représentants santé. Et parmi l'ensemble des mesures que nous portions, avec 11 organisations syndicales réunissant les syndicats de pharmaciens, infirmiers, dentistes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, podologues, biologistes. et kinésithérapeute, et ont proposé notamment de supprimer ce terme d'auxiliaires médicaux, qui de notre point de vue n'a plus vraiment sa place dans le code de la santé publique, pour les raisons qu'on expliquait tout à l'heure, et aussi parce que ce que ça génère sur l'inconscient collectif auprès des populations, et ce qui est de notre point de vue également un frein à l'émancipation et à la reconnaissance des compétences d'un certain nombre de professions.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça a été... Finalement, il n'y a pas eu de suite.

  • Speaker #1

    Disons que ça a lancé un petit débat. Ce qui est intéressant, c'est que ce débat ressort deux ans après. Alors, effectivement, parce qu'on en parle, évidemment. Je parlais tout à l'heure du lobbying qu'on pouvait faire auprès des députés. On aborde ce sujet avec les députés. On a vu Lionel Collet, le président de l'HAS, prendre une parole publique sur les réseaux sociaux. Il y a moins d'une dizaine de jours.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Il remet en question justement cette notion d'auxiliaires médicaux. Donc quand le président de la HAS commence à l'évoquer, je pense que c'est une réflexion qui avance petit à petit, qui probablement va trouver écho, alors je ne sais pas ce que ce sera avec la nouvelle ministre de la Santé, mais en tout cas elle va trouver écho auprès du ministre Valtoux qui a cueilli assez favorablement cette réflexion. Donc, je pense que ça fait partie également des chantiers qu'on aura à traiter dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    Et alors, j'ai vu qu'il y avait un neuvième article, en fait. Il y a un article supplémentaire sur le financement.

  • Speaker #1

    Sur le financement, oui, sur la taxe sur le tabac. C'est un outil technique, en fait. C'est-à-dire qu'une proposition de loi, pour pouvoir être déposée auprès du Parlement, doit avoir une certaine neutralité économique. Et donc, l'astuce technique pour... Pour garantir et assurer la neutralité technique, c'est de mettre une taxe supplémentaire sur le tabac. Mais on en est vraiment à un niveau de détail qui est vraiment de l'astuce technico-juridique.

  • Speaker #0

    Et puis plus globalement, en fait, est-ce que c'est une étape, une grande étape, si ce projet de loi est adopté ? Est-ce que, bien sûr, il y aura dans vos têtes, il y a d'autres... d'autres dispositions ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est évidemment un plan global, mais on l'a évoqué déjà un petit peu tout au long de ce podcast. C'est de se dire qu'on rassemble déjà un certain nombre d'idées qui germent dans nos rangs depuis un certain nombre d'années. Et puis, on essaye de se projeter aussi vers la suite. Et la suite, c'est, comme je le rappelais, l'émancipation de la profession. On parlait tout à l'heure de ce statut d'auxiliaire médical qui était probablement un petit peu... peu has-been, et en tout cas c'est ce que je pense. Et l'étape suivante pour nous c'est de défendre la reconnaissance de la kinésithérapie comme étant une profession médicale à compétence définie. Donc effectivement, c'est une étape, c'est une marche importante, parce que celle-là elle est haute, on compte bien la franchir, mais derrière c'est comment on redéfinit la kinésithérapie dans le système de santé et comment, encore une fois, on va vers plus d'autonomie et d'indépendance dans notre exercice.

  • Speaker #0

    Et dans l'hypothèse négative où elle n'est pas adoptée ?

  • Speaker #1

    Je ne considère pas cette hypothèse comme acceptable. Il n'y a pas de plan B ? Non, ce n'est pas qu'il n'y a pas de plan B, c'est que ce sont de toute façon... Il faut reconnaître en politique une chose, c'est que le temps n'est pas le même que celui qu'on a dans notre quotidien. On parlait tout à l'heure de la création de l'ordre entre la première fois où on a... Parler de la création d'un ordre dans les rangs de la fédération et le moment où l'ordre a été créé, il s'est écoulé plus de 25 ans. Entre le moment où on a parlé d'une réforme des études vers l'universitarisation et vers une augmentation du nombre d'années de 3 à 5 ans, il s'est écoulé près de 25 ans. Je vous le dis tout à l'heure, la première fois qu'on a parlé d'accès direct sur un congrès de la FEMKR, c'était en 2001. Il a fallu attendre 2021 pour qu'on mette... Une micro-marche dans la PPL-Rist. Probablement que la prochaine grande marche sera cette PPL. Mais donc sur un certain nombre de sujets, il faut accepter qu'il y ait un temps long.

  • Speaker #0

    Cette PPL, en tout cas, ne sera pas inutile, quelle que soit la finalité de cette PPL, dans le sens où elle aura semé des graines. Alors, certaines vont pousser très vite, d'autres mettront un petit peu plus de temps. Ce qui est sûr et certain, c'est qu'à la fin, c'est la kinésithérapie qui récoltera.

  • Speaker #1

    Oui, et puis, voilà, toutes les marches qui ont été franchies précédemment, le travail du syndicat qui a posé les jalons, ensuite, qui viendra se concrétiser. On l'espère par cette proposition de projet de loi. Oui, tout à fait. Je ne sais pas, est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose sur ce sujet ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'on a largement fait le tour, mais peut-être revenir sur le centre de la chose. Aujourd'hui, nous sommes des organisations représentatives. Alors, dans l'inconscient collectif, des fois, le syndicalisme a un peu une mauvaise image. Ça a une connotation un petit peu. On repense aux luttes ouvrières d'extrême gauche, ce qui n'est pas du tout notre sujet. Nous, nous sommes des professions libérales. On est là pour représenter, défendre les intérêts de la kinésithérapie. Et il faut vraiment que l'ensemble des professionnels comprennent que notre seule capacité à agir, vraiment la seule, l'unique, c'est l'adhésion des professionnels. Et la seule voie qui compte aujourd'hui devant la tutelle ou dans la négociation conventionnelle, ce n'est pas celle qui s'exerce sur les réseaux sociaux, c'est uniquement la voie portée. par les présidents des organisations syndicales représentatives. Donc si vous voulez faire quelque chose pour la kinésithérapie, et si vous voulez vraiment vous mobiliser, adhérez.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, au sein de la Fédé, justement, tu as rappelé tout à l'heure les syndicats départementaux, mais en fait, ils peuvent justement faire entendre dans ces... Voilà, s'ils veulent en débattre, c'est justement, il y a des soirées qui sont organisées, il y a les conseils d'administration, donc voilà, c'est des temps d'échange justement en présentiel qui permet de discuter de tous ces sujets-là et de faire entendre sa voix.

  • Speaker #0

    Oui, nous, on a à cœur d'aller chercher, effectivement, et d'aller échanger au plus près du terrain avec l'ensemble de nos adhérents. C'est notre marque de fabrique depuis plus de 60 ans.

  • Speaker #1

    Super. Alors concrètement, Sébastien, comment cette proposition de projet de loi, en fait, elle pourrait améliorer justement le pouvoir d'achat des kinés ? C'est un peu ce qui ressort souvent des discussions. Qu'est-ce que ça peut leur apporter dans leur pratique ?

  • Speaker #0

    Alors, ce n'est pas l'objet initial de cette PPL. En fait, en matière de... De politique, je dirais qu'on a deux temps pour la réflexion. La première qui est un versant plutôt économique, et là qui est le sujet de la négociation conventionnelle, et on en sort. Et un deuxième temps qui est plutôt celui de la revalorisation par les compétences. Et là, c'est vraiment le cœur de cette PPL, c'est-à-dire comment on va nourrir, augmenter les compétences des kinésithérapeutes, comment on va les faire grandir par rapport... à tout ce qu'on peut apporter, reconnaître à la profession. Plus d'autonomie, plus d'indépendance, une reconnaissance de nos spécificités d'exercice, une reconnaissance de notre capacité à prescrire, de l'activité physique adaptée, une reconnaissance à pouvoir coordonner. C'est le sujet du kiné-coordonnateur dans les EHPAD, dans les établissements d'hospitalisation à domicile, etc. Donc deux types de revalorisation. L'argent. C'est le conventionnel, c'est la négociation avec l'assurance maladie. Là, on est sur de la reconnaissance, je dirais plutôt structurelle, organisationnelle pour la profession et donc reconnaissance des compétences qui, in fine, de toute façon, par ruissellement, aura un impact, évidemment, sur notre niveau de rémunération puisqu'on vous confie des compétences supplémentaires, on vous reconnaît des compétences complémentaires. Donc, a priori, il y a de fortes chances que ces compétences soient revalorisées par le financement, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #1

    Ok, toujours une étape.

  • Speaker #0

    C'est une étape.

  • Speaker #1

    Ok. Merci beaucoup Sébastien.

  • Speaker #0

    Merci à toi Céline pour tout ce que tu fais ici pour la fédération et puis pour faire vivre de l'intérieur ces échanges avec les différents élus. Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'est avec plaisir. En fait, on apprend beaucoup sur ces différents sujets, sur le podcast, sur les préparations des épisodes en fait. Et c'est vrai que c'est très très riche et j'espère que ce sera aussi enrichissant pour nos éditeurs et auditrices mais j'en suis certaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. Au revoir,

  • Speaker #0

    Sébastien. A bientôt, au revoir.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux. Merci. et de visiter le site web de la FFMKR pour rester informé des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. Dans le prochain épisode de Kinécast, j'aurai le plaisir d'accueillir Julien Morin, kinésithérapeute à La Réunion et créateur de contenu, connu sous le nom de Yotera. Au cours de notre discussion, Julien nous parlera de l'importance pour lui de diversifier son activité professionnelle, et nous présentera ses différents formats de contenu, allant de son site Internet au live qu'il anime chaque semaine. Julien souhaite ainsi informer les kinés. et leur fournir des outils pour faciliter leur gestion administrative en combinant ses compétences en kinésithérapie et sa créativité en tant que créateur de contenu. Ne manquez pas cette conversation inspirante et enrichissante avec Julien Morin dans l'épisode 7 de Kinecast. À la semaine prochaine !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Sébastien Guérard

    00:55

  • QU'est-ce que l'UNPS ?

    01:55

  • Construction de la proposition de projet de loi

    03:03

  • Le travail de la FFMKR auprès des députés

    08:23

  • Quels sont les étapes de la proposition de projet de loi ?

    10:49

  • Quelle chance a la PPL d'aboutir ?

    16:09

  • Importance de l'adhésion à un syndicat des kinésithérapeutes

    17:20

  • Objectifs de la proposition de projet de loi

    20:55

  • Statuts de l'auxiliaire médical

    24:40

  • Financement de le proposition de projet de loi

    27:11

  • Avenir de la kinésithérapie

    27:56

  • Engagement à la FFMKR

    31:00

  • La PPL et la valorisation des compétences des kinésithérapeutes

    32:34

Share

Embed

You may also like

Description

Dans le sixième épisode de Kinécast, nous avons l'honneur de recevoir Sébastien Guérard, kinésithérapeute à Perpignan et Président de la Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR).


Nous souhaitons vous préciser que cet épisode a été enregistré le 05 novembre 2024.
En raison des événements politiques survenus depuis cette date, la proposition de loi a été retiré puis à nouveau déposé le 19 décembre 2024 dans une version quasi identique.

 

Sébastien Guérard nous parlera en détail du projet de la proposition de loi sur la kinésithérapie. Il nous expliquera comment cette proposition a été conçue, depuis les premières réflexions jusqu'à sa création, en passant par les différentes étapes de son élaboration. Nous découvrirons le contenu de cette proposition de loi, ses objectifs et les enjeux qu'elle représente pour la profession.

 

Nous aborderons également le soutien de certains députés à cette initiative et comment le syndicat travaille activement auprès des parlementaires pour faire avancer cette proposition et la faire adopter.

 

Sébastien Guérard nous éclairera sur les actions concrètes menées par la FFMKR pour promouvoir cette loi et comment elle permettra de reconnaitre les compétences des kinésithérapeutes et de valoriser la profession.

 

Enfin, Sébastien Guérard insistera sur la nécessité pour les kinésithérapeutes d'adhérer à un syndicat. Il expliquera comment cette adhésion peut réellement faire la différence, non seulement individuellement, mais aussi pour l'ensemble de la profession.

 

Ce sixième épisode de Kinécast sera l’occasion de mieux comprendre les défis et les opportunités qui se présentent actuellement pour les kinésithérapeutes en France, et de découvrir comment chacun peut contribuer à façonner l'avenir de cette profession.

 

N'oubliez pas de suivre Kinécast pour ne rien manquer des prochains épisodes !

Likez, commentez et partagez cet épisode pour soutenir la communauté des kinésithérapeutes et faire entendre notre voix.

Ensemble, nous pouvons faire la différence !

 

Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l'intervenant et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


https://www.ffmkr.org/

http://www.youtube.com/@FFMKRcCLAIR
https://youtu.be/v5HGzzqONjI



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! Bonjour Sébastien.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline. Comment vas-tu ? Très bien.

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue sur le podcast Kinecast de la FFMKR. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Guéard, président de la FFMKR. Tout d'abord, est-ce que tu peux Te présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement. Sébastien Guéard, je suis le président de la FFMKR, comme tu viens de le dire. Je suis surtout et avant tout kinésithérapeute depuis une bonne vingtaine d'années. J'exerce en libéral depuis toujours. Une activité hyper spécialisée puisque je ne fais que de la rééducation de l'épaule quasiment depuis les débuts. Je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit et passionné par cette articulation et donc beaucoup de travaux sur le sujet. Et voilà.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Dans la région de Perpignan, je l'ai dit ? Non,

  • Speaker #0

    tu ne l'as pas dit.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est essentiel. Donc dans la région de Perpignan et j'ai réussi encore à accorder une activité clinique à deux jours par semaine. Ce qui évidemment peut paraître... peu, mais comme j'occupe également d'autres fonctions puisque je suis également président de l'UNPS, mes semaines parisiennes sont assez chargées. Donc voilà, je suis sur Paris du mardi au jeudi pour ces activités de représentation et j'essaie de travailler au cabinet le lundi et le vendredi.

  • Speaker #0

    Pour un peu de clarté, c'est vrai qu'on risque de parler pas mal de sigles, est-ce que tu peux par exemple préciser ce que c'est l'UNPS ?

  • Speaker #1

    L'UNPS, c'est l'Union Nationale des Professions de Santé. C'est l'institution qui a été créée par la loi de 2004 qui a... porté réforme à l'assurance maladie et qui a donc créé l'UNCAM, les caisses d'assurance maladie, qui regroupe la MGEN, la MSA, tout un tas de caisses en fait, d'assurance maladie, sécurité sociale. L'UNOCAM, les complémentaires et l'UNPS, qui est donc l'institution qui regroupe toutes les organisations syndicales représentatives, signataires des conventions avec l'assurance maladie.

  • Speaker #0

    Ok, super. Il vaut mieux préciser tous ces points. On n'est pas forcément toujours très à l'aise. Il se multiplie en plus au fur et à mesure du temps. En fait, je t'ai invité parce que je souhaitais parler de la proposition de projet de loi sur la kinésithérapie. C'est un sujet que la FEDE a communiqué dernièrement. Comment s'est construite cette proposition de projet de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une réflexion assez globale je dirais et puis qui remonte à quelques congrès en arrière. Depuis je dirais près de 30 ans, la Fédération avait été membre fondatrice du CNPK, le Centre National de Prévention Kinesithérapie qui aujourd'hui est devenu Kine France Prévention. Donc un vrai sujet prévention dont on s'est emparé il y a une trentaine d'années et puis qui commence à émerger médiatiquement et politiquement. Le précédent ministère était le ministère de la Santé et de la Prévention. Donc un sujet qu'on porte qui pointe le bout de son nez. L'autre sujet, c'est celui de l'accès direct, dont on parlait dans les rangs de la Fédération déjà au Congrès des Sables d'Olonne en 2001. Donc c'était une revendication forte de la Fédération, avant même la création d'un certain nombre d'organisations, et je pense à l'Ordre, au Collège, à Alizé, qui sont arrivées bien après. Donc vraiment un sujet qu'on mûrit depuis un certain nombre de temps. Et cette loi RIST qui commence à poser les jalons de l'accès direct. en 2021. Et puis depuis que je suis en fonction, donc depuis près de cinq ans que je suis à la présidence de la fédération, des assises et des congrès qui se sont succédés, sur lesquels on a eu à cœur de travailler des vrais sujets de fond. Donc on s'est réemparé et ressaisi évidemment de ces deux sujets qui sont fondamentaux pour nous, mais auxquels on a associé un certain nombre de réflexions, et notamment la place de la kinésithérapie dans l'activité physique adaptée, et cette volonté de pouvoir prescrire. de l'activité physique adaptée. La volonté également de porter la reconnaissance du statut de kiné-coordonnateur dans les EHPAD et en HAD pour faire le lien d'une part avec une convention qu'on a signée il y a peu avec l'HAD, l'hospitalisation à domicile, et puis d'autre part, prémunir d'un certain nombre de dysfonctionnements dans les EHPAD, puisque on sait que le passage à dotation globale a tendance à poser des soucis dans certains établissements et on pense que sacraliser et reconnaître... Un statut de kiné-coordonnateur dans ces établissements pourrait permettre d'assurer que l'usager patient, et notamment les personnes âgées, donc les plus fragiles, puissent avoir accès au centre kinésithérapie quand c'est nécessaire pour eux. D'autres sujets tels que la volonté de pousser à la reconnaissance des spécificités d'exercice dont on a réussi à poser quelques jalons dans la dernière convention. La reconnaissance également de notre statut et d'être reconnu par nos compétences et non plus par un simple décret d'acte qui aujourd'hui est complètement anachronique. Je ne sais pas si les auditeurs le savent, mais le décret d'acte en kinésithérapie date de 1962. Et quand on voit comme la profession a évolué et s'est transformée au fil du temps, il est évident qu'il faut porter réforme à ce décret d'acte. Et puis d'autres sujets, également celui des pratiques avancées par exemple, pour lequel on a fait le choix de ne pas se tourner vers ces pratiques avancées parce que le modèle tel qu'il a été défini et construit par les infirmiers ne correspond pas à notre modèle d'exercice. Donc tout un tas de sujets qui sont arrivés à un niveau de maturité où on s'est dit qu'aujourd'hui, le seul moyen finalement de faire une véritable réforme de la profession et d'essayer de ramener la kinésithérapie, je dirais, au centre du jeu et de la ramener également à ses missions de service de santé publique, était de porter un projet de loi.

  • Speaker #0

    Ça concrétise en fait le travail qui a été réalisé en amont.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une concrétisation de tout ce qu'on met en place, de toutes les réflexions qu'on mène avec notre congrès, nos adhérents, notre conseil fédéral depuis quelques années maintenant.

  • Speaker #0

    Et donc comment ont été choisis ces différents articles ? Il y en a huit donc. Est-ce qu'il y en a eu d'autres sur la table ? Voilà, comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas tant comment ils ont été choisis, puisque les thématiques sont relativement larges et plurielles. Je dirais que déjà il s'agit d'une proposition de projet de loi, comme tu le rappelais, qui se distingue d'un projet de loi. Un projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par le gouvernement. Une proposition de projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par un député. Donc en l'occurrence... Il y a eu un gros travail de fond de lobbying pendant plus de quatre ans pour rencontrer un maximum de députés pour les sensibiliser à nos différents sujets, à nos problématiques et à nos solutions pour le système de santé et les patients. Et donc, ça a été aussi l'histoire d'une rencontre, c'est-à-dire trouver le ou les députés prêts à nous soutenir et nous appuyer dans notre démarche et qui croyaient finalement en ce qu'on portait. Et donc, cette proposition de projet de loi qui est portée par le député Viry. qu'on a rencontré il y a quelques longs mois maintenant, qui est un député vosgien, donc un département aussi, un territoire particulier qui souffre évidemment de difficultés d'accès aux soins et qui souhaite trouver des solutions pour s'administrer et qui voyait en la kinésithérapie une porte d'entrée pour catalyser, je dirais, la prévention, catalyser l'activité physique adaptée avec tous les bienfaits que ça peut apporter, reconnaître et valoriser la profession parce que... Une véritable prise de conscience également aujourd'hui du fait que la kinésithérapie est probablement sous-utilisée dans le système de santé, mais elle est probablement aussi sous-rémunérée. Donc autant de vecteurs qui nous ont permis de construire avec lui cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #0

    Donc vous l'avez contacté, alors c'est plutôt vous êtes allé vers lui ou comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on est allé vers lui, mais comme on va vers de nombreux députés, je dirais qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne rencontre pas trois, quatre députés, de préférence en général des députés qui sont membres de la Commission des Affaires Sociales, puisque ce sont les spécialistes des sujets santé. Et voilà, donc c'est ce que je dis, c'est ce vrai travail de lobbying de fond qui fait que tous les mois, on écrit le courrier des kinés, qu'on adresse à l'ensemble des députés, des sénateurs, qui sont des outils de communication. comme je disais tout à l'heure, nous permettre de sensibiliser les parlementaires à nos problèmes, mais aussi à nos solutions, parce que nous avons à cœur à la fédération de ne pas être uniquement les vecteurs, en tout cas dans la revendication permanente de nos problématiques. On est aussi là pour apporter des solutions, pour améliorer l'efficience et les prises en charge de l'ensemble des Français.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il y a aussi les syndicats départementaux qui ont pris part justement...

  • Speaker #1

    Alors oui, sur le......... Tout à fait, c'est-à-dire que nous, on fait notre travail à notre échelon parisien, je dirais, et donc on a l'habitude d'avoir des relations directes avec les parlementaires. Mais on a aussi la chance à la fédération d'avoir un maillage territorial extraordinaire, puisque nous sommes une fédération de syndicats départementaux. Nous avons 95 syndicats départementaux affiliés à la fédération et qui exercent en parfaite autonomie et indépendance, puisque chaque syndicat départemental est composé d'un bureau avec un président, un secrétaire général, un trésorier. un conseil d'administration et bien évidemment des adhérents. Et on a la chance d'avoir ce relais. Et on s'est bien entendu appuyé sur ce relais, puisque nous avons demandé à l'ensemble de nos présidents de porter également ce message dans les territoires, puisqu'on le sait, la plupart des parlementaires sont souvent plus sensibles aux messages qui viennent du terrain qu'aux messages qui viennent directement des organisations nationales. Donc ça nous a permis, par la voix de nos départements, de pousser également. ces messages auprès des députés qui, de ce fait, deviennent tout de suite plus réceptifs. aux messages qu'on peut leur donner quand on les rencontre à l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Donc les députés sont contactés, ceux qui ont cette appétence, ils signent alors cette proposition de projet de loi. Comment ça se déroule au fur et à mesure du temps ? Quelles sont les différentes étapes pour porter cette proposition de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est un petit peu technique et puis il faut le remettre un petit peu dans le contexte et dans la temporalité, puisque cette... proposition de projet de loi était censée être déposée juste avant la précédente dissolution de l'Assemblée nationale. Puis dans la même semaine, au mois de juin. La dissolution arrivant, forcément, le projet est suspendu, il est retenu. Retenu à la condition sine qua non déjà que le député Viry soit réélu. Par chance, ça a été le cas, assez largement d'ailleurs. Il a ensuite fallu s'assurer que son propre groupe parlementaire soit OK. Il porte cette... proposition de loi, ce qui a été le cas. Et puis ensuite, effectivement, il a fallu réunir un certain nombre de co-signataires. Donc sur le plan technique, en fait, c'est une PPL qui est déposée sur une plateforme à l'Assemblée nationale, qui est ouverte à co-signature pendant un laps de temps. La difficulté un petit peu stratégique, c'était de se dire quel était le bon moment pour déposer cette PPL. La déposée tôt, le choix qu'on a fait, impliquait qu'on risquait de voir... un nombre relativement faible de signataires puisque beaucoup de députés étaient en attente de consignes de leur groupe parlementaire et nous étions dans une phase de constitution du gouvernement. Et donc pendant cette phase de constitution du gouvernement, certains députés avaient la consigne de ne s'engager absolument à rien du tout tant que le gouvernement n'était pas composé. Ce qui n'empêche qu'on a quand même eu un nombre de parlementaires signataires très satisfaisant puisqu'on était à plus de 30 signataires. et de façon complètement transpartisane, donc qui réunit vraiment des députés de toute obédience politique. Et ce qui est plutôt une bonne chose, puisque là aussi, stratégiquement, on pense que dans le contexte actuel, c'est probablement le meilleur vecteur pour que cette PPL ait une chance d'aboutir. On avait une deuxième option qui était de se dire, on attend un petit peu, on la tient sous le coude, on attend que les consignes gouvernementales... tombe et on voit ce que ça donne. Le risque, c'était que cette PPL se retrouve dans une file d'attente, une file d'attente tellement longue qu'elle ne résisterait peut-être pas à cette législature, puisque là aussi, on est en droit de s'interroger sur la durée de cette législature dans le contexte politique général. Ce qui est très intéressant dans ce qui s'est passé, en prenant le parti de la déposée tôt, c'est qu'elle a fait écho auprès du Premier ministre, Michel Barnier. qui s'est saisi de certains éléments et qui a annoncé dans son discours de politique générale qu'il souhaitait aller plus loin avec les kinésithérapeutes. Donc on saura assez vite fixer sur les intentions qu'il y a derrière, mais je suis intimement convaincu que le dépôt de cette PPL, le lobbying qui a été fait autour de cette PPL, ne l'a pas laissé indifférent et probablement qu'il voit dans un certain nombre de nos propositions des mesures qui peuvent faire sens. sur la politique de santé qu'il souhaite mener avec son gouvernement.

  • Speaker #0

    Donc en fait, concrètement, c'est vrai que c'est très difficile, en fait, on l'entend, d'avoir un calendrier et de se dire, voilà, ce sera dans trois mois, dans six mois.

  • Speaker #1

    Alors c'est difficile parce qu'en fait, il faut que le député trouve maintenant une niche parlementaire pour déposer, présenter cette PPL. Donc difficile de savoir quand arrivera cette niche, sachant qu'il y a tout un tas de lois plus générales, des lois cadres, qui sont votées en cours. Notamment en ce moment, on est en période d'examen du PLFSS, donc qui monopolise énormément de temps et énormément d'énergie auprès des députés. Il y aura ensuite la loi de finances, etc. Donc il faudra qu'on vienne s'imbriquer dans ces petites niches parlementaires pour que cette loi puisse être débattue. Sachant que cette loi, dans sa version bêta, je dirais, fera l'objet d'un certain nombre de discussions, d'amendements, des amendements qui peuvent augmenter cette PPL. d'amendements qui peuvent au contraire demander à supprimer un certain nombre d'articles, avec le lobbying habituel qui s'opère par l'ensemble des parties prenantes et des députés. Donc voilà, des discussions à l'Assemblée nationale en première lecture, qui ensuite sera transmise au Sénat pour une lecture au Sénat, qui reviendra ensuite à l'Assemblée nationale pour être adoptée ou pas. Ça c'est la suite de l'histoire.

  • Speaker #0

    Et si elle est adoptée ensuite, elle peut être applicable assez rapidement ?

  • Speaker #1

    Tout dépend de ce que dira le texte, puisque un certain nombre d'articles peuvent renvoyer à la publication de décrets d'application et ou d'arrêté. C'est ce qu'on ne souhaite pas, parce qu'on sait que certaines avancées ont été obtenues, je dirais, dans la loi, et je pense notamment à la loi RIST, mais qui renvoie à des décrets d'application et ou des arrêtés et ou des dispositions conventionnelles. et qui, effectivement, ralentit la machine puisque, à partir du moment où on renvoie un décret d'application ou un arrêté, on redonne la main à l'administration centrale qui a, quelque part, une certaine latitude tant dans le contenu du texte que dans le délai dans lequel elle va sortir le texte. C'est la raison pour laquelle on voit certaines mesures qui étaient contenues dans la loi Rist en 2021 qui, aujourd'hui, fin 2024, ne sont toujours pas applicables parce que les textes d'application ne sont pas sortis.

  • Speaker #0

    Donc, on voit, ça fait face à... quand même à beaucoup de difficultés, en fait, cette proposition de projet de loi. Voilà. T'es plutôt optimiste ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux être optimiste quand on fait ce que je fais, sinon on aurait un peu de mal à se lever le matin. Donc oui, optimiste, évidemment. Je crois qu'on n'est jamais allé aussi loin en matière de kinésithérapie qu'au stade où nous en sommes arrivés aujourd'hui. Jamais. Au cours de la Ve République, et donc avant, puisque la kinésithérapie n'existait pas. on a entendu parler d'une proposition de projet de loi pour la kinésithérapie. Donc voilà, c'est un coup de force puisqu'on n'a encore rien obtenu, mais en tout cas, je pense qu'il faut être fier d'en être arrivé là déjà. Et puis d'autre part, maintenant, ce qu'on attend, c'est une mobilisation des kinésithérapeutes parce que si on souhaite aller encore plus loin, on va avoir besoin de ce coup de pouce de la kinésithérapie qui soutienne largement cette PPL. qui par ailleurs dans sa construction, je l'ai omis tout à l'heure, a été challengée par toutes les organisations syndicales représentatives. C'est-à-dire que les deux autres syndicats représentatifs, le SNMKR et Alizé, ont évidemment eu leur mot à dire sur cette PPL, l'ont évidemment augmentée au regard de leur vision des choses. Et puis ce qu'on constate surtout, c'est une certaine unité finalement de la profession des trois organisations syndicales sur ce texte. Donc c'est quelque chose qui... qui est déjà assez rare pour le souligner, et puis d'autre part, qui nécessite une adhésion massive de la profession. Et ce sera peut-être un petit peu mon message du jour, c'est de dire au kiné, mais adhérez à un syndicat. C'est essentiel en fait. Le syndicat, c'est ce qui vous représente devant les pouvoirs publics, c'est ce qui vous permet de négocier l'avenir de votre profession, c'est ce qui permet de négocier votre revenu. Et aujourd'hui, ce qui nous donne du poids, c'est... Le taux de représentation est donc le nombre d'affiliés aux organisations syndicales. Aujourd'hui, moins de 12% des professionnels sont affiliés à une organisation syndicale. Donc voilà, adhérer massivement, peu importe où. En fait, ce qui est important, c'est qu'on ait un maximum d'adhérents derrière nous pour pouvoir porter ces projets haut et fort.

  • Speaker #0

    Oui, et puis on a en fait, c'est une profession, notre profession de kinésithérapeute. Il y a peu de députés qui descendent. Donc par rapport à d'autres professions qu'on retrouve à l'Assemblée. de façon assez nombreuse, nous on ne l'est pas. Donc c'est vraiment par l'adhésion, par l'engagement des kinésithérapeutes individuellement, un syndicat qui peuvent soutenir et aider cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis aussi être peut-être vigilant aux messages qui aujourd'hui sont dispensés sur les réseaux sociaux, puisque les réseaux sociaux ont finalement donné un porte-voix énorme à des individus, tout seuls dans leurs coins. Et aujourd'hui, il n'y a rien de pire que des messages qui pourraient être véhiculés et qui seraient toxiques finalement au regard de la défense de cette PPL, puisque cette PPL, comme je l'ai dit, elle est portée par les trois organisations syndicales. Elle a été construite et réfléchie depuis quand même un certain nombre d'années par des acteurs mobilisés pour la kinésithérapie, qui ont une vision un petit peu grand-angle. Et c'est vrai que c'est peut-être cette vision grand-angle qui peut manquer. à l'individualité cachée dans son cabinet, qui finalement voit sa kinésithérapie par son seul prisme. Et peut-être que ce qui fait la force d'un syndicat comme le nôtre, avec nos plus de 6000 adhérents, c'est qu'on a une telle richesse dans les échanges avec l'ensemble de nos adhérents, qu'on ne voit pas la kinésithérapie par le tout petit bout de la lorniette de sa propre activité, mais on le voit à 360 degrés. par la vision, le prisme de chacune des façons de pratiquer la kinésithérapie. Et on sait que la kinésithérapie est assez diversifiée dans sa pratique. C'est ce qui nous amène à toutes ces réflexions qui nous permettent de porter ce projet de loi. Et je suis toujours un peu chafouin quand je vois sur les réseaux sociaux quelques acteurs qui détricotent les choses parce que, vu du prisme aujourd'hui du kinésithérapeute, la seule chose qui compte, c'est la rémunération, le niveau de revenu. On est dans un contexte aujourd'hui économique. Archi tendu. On voit bien à quel point les dernières négociations conventionnelles ont été difficiles. Et encore une fois, pour un certain nombre de raisons. Et la première raison, c'est le manque d'affiliés auprès de nos organisations syndicales. Donc j'espère que ce message passera. Mais le seul moyen de faire entendre sa voix aujourd'hui, quand on est kiné, ce n'est pas de râler sur Facebook ou sur Twitter, c'est d'être adhérent à un syndicat.

  • Speaker #0

    Concrètement, alors, qu'est-ce que ça va porter au kiné ? Parce que voilà, tu parles des rémunérations. Est-ce que justement, ces articles... vont pouvoir améliorer leur pouvoir d'achat.

  • Speaker #1

    Cette PPL, c'est avant tout un projet de loi structurel pour la profession qui a vraiment vocation à sacraliser l'autonomie et l'indépendance de notre exercice professionnel et quelque part de garantir une certaine forme d'émancipation d'une profession qui, de mon point de vue, est devenue parfaitement mature. La kinésithérapie, c'est une profession qui a été créée après la Seconde Guerre mondiale, 1946. À l'époque, on réunissait des gymnastes médicaux, les hydrothérapeutes qui travaillaient dans les cures thermales, et puis quelques métiers connexes avec des masseurs, et qui a créé cette profession de la masseur kinésithérapie, qui à l'époque avait un petit diplôme en moins de deux ans, post-bac. Certaines infirmières à l'époque, d'ailleurs, en un an, pouvaient devenir masseurs kinésithérapeutes. Et puis cette profession s'est évoluée, structurée, jusque dans le début des années 60. où nous avons signé en 62 la première convention avec l'assurance maladie et où on a vu apparaître ce premier décret d'acte. On a augmenté la durée des études de kinésithérapie, c'est le fameux passage des deux aux trois ans. Et le chemin parcouru encore entre 62 et 2015 est énorme puisque nous sommes passés à près de cinq années de formation universitaire avec une reconnaissance de certaines de nos compétences en matière de formation mais qui ne s'est pas traduite dans les actes. dans notre décret d'actes, ce que je soulignais tout à l'heure. Et puis aujourd'hui, une profession qui en 2020 est dotée d'un conseil national des universités, d'un conseil national de l'ordre, d'un conseil national d'un collège de la kinésithérapie, qui représente les entités scientifiques et savantes devant les tutelles. Donc un niveau de maturité qui, de notre point de vue, mérite une reconnaissance et une traduction juridique de ce que doit être l'exercice de la kinésithérapie demain. qui doit être reconnue à travers ses missions en termes de santé et de soins, et plus à travers un simple décret d'acte.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment là le but c'est que ce soit ancré dans une loi, qu'on n'empile pas les décrets d'application qui tardent bien souvent à venir.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que d'autres professionnels de santé soutiennent cette proposition de projet de loi ? Comment cette... Voilà, ce projet est vu par d'autres.

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si on peut dire qu'il y a un soutien, en tout cas, comment c'est perçu par les autres professions. Je pense que toutes les professions, en dehors des médecins, sont, en tout cas, c'est un projet de loi qui fait sens pour l'ensemble des acteurs, y compris pour les médecins, sauf que les médecins ont une vision un petit peu tronquée, puisque la construction, finalement, du Code de la santé publique, de toutes les professions de santé, se font à travers une dérogation au monopole de l'exercice de la médecine. Donc toutes nos professions juridiquement sont construites de la sorte, ce qui veut dire qu'à chaque fois qu'une profession gagne en compétences, elle arrache un petit quelque chose au sacro-saint monopole médical. Raison pour laquelle, s'il y a des freins aujourd'hui, il est essentiellement du côté des médecins, notamment généralistes, plus que les spécialistes qui finalement n'ont pas grand-chose à revendiquer vis-à-vis d'une profession comme la nôtre. Mais pour répondre à la question, si on regarde du côté des infirmiers, des orthophonistes, des orthoptistes, des pharmaciens, des dentistes ou des sages-femmes, qui ont tout d'ailleurs un niveau d'autonomie plus ou moins important vis-à-vis du corps médical, bien entendu que le niveau de maturité auquel nous sommes arrivés aujourd'hui font que nos revendications paraissent complètement légitimes.

  • Speaker #0

    Donc en fait... Pourquoi on ne pourrait pas non plus tout simplement abroger le statut d'auxiliaire médicaux ?

  • Speaker #1

    C'est un projet qu'on porte plutôt en interpro, puisque ça ne concerne pas que la kinésithérapie, mais en tout cas qui pour nous fait énormément sens. Ça fait partie des propositions qu'on avait pu débattre au sein de notre congrès et sur lequel on a un mandat pour se faire. Moi, j'ai été président de l'intersyndical interpro, les libéraux de santé. de 2021 à 2023 et nous nous étions prêtés à un petit jeu pendant la campagne présidentielle de 2022 qui consistait à, pour le coup, proposer un faux projet de loi aux candidats à la présidentielle et à leurs représentants santé. Et parmi l'ensemble des mesures que nous portions, avec 11 organisations syndicales réunissant les syndicats de pharmaciens, infirmiers, dentistes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, podologues, biologistes. et kinésithérapeute, et ont proposé notamment de supprimer ce terme d'auxiliaires médicaux, qui de notre point de vue n'a plus vraiment sa place dans le code de la santé publique, pour les raisons qu'on expliquait tout à l'heure, et aussi parce que ce que ça génère sur l'inconscient collectif auprès des populations, et ce qui est de notre point de vue également un frein à l'émancipation et à la reconnaissance des compétences d'un certain nombre de professions.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça a été... Finalement, il n'y a pas eu de suite.

  • Speaker #1

    Disons que ça a lancé un petit débat. Ce qui est intéressant, c'est que ce débat ressort deux ans après. Alors, effectivement, parce qu'on en parle, évidemment. Je parlais tout à l'heure du lobbying qu'on pouvait faire auprès des députés. On aborde ce sujet avec les députés. On a vu Lionel Collet, le président de l'HAS, prendre une parole publique sur les réseaux sociaux. Il y a moins d'une dizaine de jours.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Il remet en question justement cette notion d'auxiliaires médicaux. Donc quand le président de la HAS commence à l'évoquer, je pense que c'est une réflexion qui avance petit à petit, qui probablement va trouver écho, alors je ne sais pas ce que ce sera avec la nouvelle ministre de la Santé, mais en tout cas elle va trouver écho auprès du ministre Valtoux qui a cueilli assez favorablement cette réflexion. Donc, je pense que ça fait partie également des chantiers qu'on aura à traiter dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    Et alors, j'ai vu qu'il y avait un neuvième article, en fait. Il y a un article supplémentaire sur le financement.

  • Speaker #1

    Sur le financement, oui, sur la taxe sur le tabac. C'est un outil technique, en fait. C'est-à-dire qu'une proposition de loi, pour pouvoir être déposée auprès du Parlement, doit avoir une certaine neutralité économique. Et donc, l'astuce technique pour... Pour garantir et assurer la neutralité technique, c'est de mettre une taxe supplémentaire sur le tabac. Mais on en est vraiment à un niveau de détail qui est vraiment de l'astuce technico-juridique.

  • Speaker #0

    Et puis plus globalement, en fait, est-ce que c'est une étape, une grande étape, si ce projet de loi est adopté ? Est-ce que, bien sûr, il y aura dans vos têtes, il y a d'autres... d'autres dispositions ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est évidemment un plan global, mais on l'a évoqué déjà un petit peu tout au long de ce podcast. C'est de se dire qu'on rassemble déjà un certain nombre d'idées qui germent dans nos rangs depuis un certain nombre d'années. Et puis, on essaye de se projeter aussi vers la suite. Et la suite, c'est, comme je le rappelais, l'émancipation de la profession. On parlait tout à l'heure de ce statut d'auxiliaire médical qui était probablement un petit peu... peu has-been, et en tout cas c'est ce que je pense. Et l'étape suivante pour nous c'est de défendre la reconnaissance de la kinésithérapie comme étant une profession médicale à compétence définie. Donc effectivement, c'est une étape, c'est une marche importante, parce que celle-là elle est haute, on compte bien la franchir, mais derrière c'est comment on redéfinit la kinésithérapie dans le système de santé et comment, encore une fois, on va vers plus d'autonomie et d'indépendance dans notre exercice.

  • Speaker #0

    Et dans l'hypothèse négative où elle n'est pas adoptée ?

  • Speaker #1

    Je ne considère pas cette hypothèse comme acceptable. Il n'y a pas de plan B ? Non, ce n'est pas qu'il n'y a pas de plan B, c'est que ce sont de toute façon... Il faut reconnaître en politique une chose, c'est que le temps n'est pas le même que celui qu'on a dans notre quotidien. On parlait tout à l'heure de la création de l'ordre entre la première fois où on a... Parler de la création d'un ordre dans les rangs de la fédération et le moment où l'ordre a été créé, il s'est écoulé plus de 25 ans. Entre le moment où on a parlé d'une réforme des études vers l'universitarisation et vers une augmentation du nombre d'années de 3 à 5 ans, il s'est écoulé près de 25 ans. Je vous le dis tout à l'heure, la première fois qu'on a parlé d'accès direct sur un congrès de la FEMKR, c'était en 2001. Il a fallu attendre 2021 pour qu'on mette... Une micro-marche dans la PPL-Rist. Probablement que la prochaine grande marche sera cette PPL. Mais donc sur un certain nombre de sujets, il faut accepter qu'il y ait un temps long.

  • Speaker #0

    Cette PPL, en tout cas, ne sera pas inutile, quelle que soit la finalité de cette PPL, dans le sens où elle aura semé des graines. Alors, certaines vont pousser très vite, d'autres mettront un petit peu plus de temps. Ce qui est sûr et certain, c'est qu'à la fin, c'est la kinésithérapie qui récoltera.

  • Speaker #1

    Oui, et puis, voilà, toutes les marches qui ont été franchies précédemment, le travail du syndicat qui a posé les jalons, ensuite, qui viendra se concrétiser. On l'espère par cette proposition de projet de loi. Oui, tout à fait. Je ne sais pas, est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose sur ce sujet ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'on a largement fait le tour, mais peut-être revenir sur le centre de la chose. Aujourd'hui, nous sommes des organisations représentatives. Alors, dans l'inconscient collectif, des fois, le syndicalisme a un peu une mauvaise image. Ça a une connotation un petit peu. On repense aux luttes ouvrières d'extrême gauche, ce qui n'est pas du tout notre sujet. Nous, nous sommes des professions libérales. On est là pour représenter, défendre les intérêts de la kinésithérapie. Et il faut vraiment que l'ensemble des professionnels comprennent que notre seule capacité à agir, vraiment la seule, l'unique, c'est l'adhésion des professionnels. Et la seule voie qui compte aujourd'hui devant la tutelle ou dans la négociation conventionnelle, ce n'est pas celle qui s'exerce sur les réseaux sociaux, c'est uniquement la voie portée. par les présidents des organisations syndicales représentatives. Donc si vous voulez faire quelque chose pour la kinésithérapie, et si vous voulez vraiment vous mobiliser, adhérez.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, au sein de la Fédé, justement, tu as rappelé tout à l'heure les syndicats départementaux, mais en fait, ils peuvent justement faire entendre dans ces... Voilà, s'ils veulent en débattre, c'est justement, il y a des soirées qui sont organisées, il y a les conseils d'administration, donc voilà, c'est des temps d'échange justement en présentiel qui permet de discuter de tous ces sujets-là et de faire entendre sa voix.

  • Speaker #0

    Oui, nous, on a à cœur d'aller chercher, effectivement, et d'aller échanger au plus près du terrain avec l'ensemble de nos adhérents. C'est notre marque de fabrique depuis plus de 60 ans.

  • Speaker #1

    Super. Alors concrètement, Sébastien, comment cette proposition de projet de loi, en fait, elle pourrait améliorer justement le pouvoir d'achat des kinés ? C'est un peu ce qui ressort souvent des discussions. Qu'est-ce que ça peut leur apporter dans leur pratique ?

  • Speaker #0

    Alors, ce n'est pas l'objet initial de cette PPL. En fait, en matière de... De politique, je dirais qu'on a deux temps pour la réflexion. La première qui est un versant plutôt économique, et là qui est le sujet de la négociation conventionnelle, et on en sort. Et un deuxième temps qui est plutôt celui de la revalorisation par les compétences. Et là, c'est vraiment le cœur de cette PPL, c'est-à-dire comment on va nourrir, augmenter les compétences des kinésithérapeutes, comment on va les faire grandir par rapport... à tout ce qu'on peut apporter, reconnaître à la profession. Plus d'autonomie, plus d'indépendance, une reconnaissance de nos spécificités d'exercice, une reconnaissance de notre capacité à prescrire, de l'activité physique adaptée, une reconnaissance à pouvoir coordonner. C'est le sujet du kiné-coordonnateur dans les EHPAD, dans les établissements d'hospitalisation à domicile, etc. Donc deux types de revalorisation. L'argent. C'est le conventionnel, c'est la négociation avec l'assurance maladie. Là, on est sur de la reconnaissance, je dirais plutôt structurelle, organisationnelle pour la profession et donc reconnaissance des compétences qui, in fine, de toute façon, par ruissellement, aura un impact, évidemment, sur notre niveau de rémunération puisqu'on vous confie des compétences supplémentaires, on vous reconnaît des compétences complémentaires. Donc, a priori, il y a de fortes chances que ces compétences soient revalorisées par le financement, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #1

    Ok, toujours une étape.

  • Speaker #0

    C'est une étape.

  • Speaker #1

    Ok. Merci beaucoup Sébastien.

  • Speaker #0

    Merci à toi Céline pour tout ce que tu fais ici pour la fédération et puis pour faire vivre de l'intérieur ces échanges avec les différents élus. Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'est avec plaisir. En fait, on apprend beaucoup sur ces différents sujets, sur le podcast, sur les préparations des épisodes en fait. Et c'est vrai que c'est très très riche et j'espère que ce sera aussi enrichissant pour nos éditeurs et auditrices mais j'en suis certaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. Au revoir,

  • Speaker #0

    Sébastien. A bientôt, au revoir.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux. Merci. et de visiter le site web de la FFMKR pour rester informé des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. Dans le prochain épisode de Kinécast, j'aurai le plaisir d'accueillir Julien Morin, kinésithérapeute à La Réunion et créateur de contenu, connu sous le nom de Yotera. Au cours de notre discussion, Julien nous parlera de l'importance pour lui de diversifier son activité professionnelle, et nous présentera ses différents formats de contenu, allant de son site Internet au live qu'il anime chaque semaine. Julien souhaite ainsi informer les kinés. et leur fournir des outils pour faciliter leur gestion administrative en combinant ses compétences en kinésithérapie et sa créativité en tant que créateur de contenu. Ne manquez pas cette conversation inspirante et enrichissante avec Julien Morin dans l'épisode 7 de Kinecast. À la semaine prochaine !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Sébastien Guérard

    00:55

  • QU'est-ce que l'UNPS ?

    01:55

  • Construction de la proposition de projet de loi

    03:03

  • Le travail de la FFMKR auprès des députés

    08:23

  • Quels sont les étapes de la proposition de projet de loi ?

    10:49

  • Quelle chance a la PPL d'aboutir ?

    16:09

  • Importance de l'adhésion à un syndicat des kinésithérapeutes

    17:20

  • Objectifs de la proposition de projet de loi

    20:55

  • Statuts de l'auxiliaire médical

    24:40

  • Financement de le proposition de projet de loi

    27:11

  • Avenir de la kinésithérapie

    27:56

  • Engagement à la FFMKR

    31:00

  • La PPL et la valorisation des compétences des kinésithérapeutes

    32:34

Description

Dans le sixième épisode de Kinécast, nous avons l'honneur de recevoir Sébastien Guérard, kinésithérapeute à Perpignan et Président de la Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR).


Nous souhaitons vous préciser que cet épisode a été enregistré le 05 novembre 2024.
En raison des événements politiques survenus depuis cette date, la proposition de loi a été retiré puis à nouveau déposé le 19 décembre 2024 dans une version quasi identique.

 

Sébastien Guérard nous parlera en détail du projet de la proposition de loi sur la kinésithérapie. Il nous expliquera comment cette proposition a été conçue, depuis les premières réflexions jusqu'à sa création, en passant par les différentes étapes de son élaboration. Nous découvrirons le contenu de cette proposition de loi, ses objectifs et les enjeux qu'elle représente pour la profession.

 

Nous aborderons également le soutien de certains députés à cette initiative et comment le syndicat travaille activement auprès des parlementaires pour faire avancer cette proposition et la faire adopter.

 

Sébastien Guérard nous éclairera sur les actions concrètes menées par la FFMKR pour promouvoir cette loi et comment elle permettra de reconnaitre les compétences des kinésithérapeutes et de valoriser la profession.

 

Enfin, Sébastien Guérard insistera sur la nécessité pour les kinésithérapeutes d'adhérer à un syndicat. Il expliquera comment cette adhésion peut réellement faire la différence, non seulement individuellement, mais aussi pour l'ensemble de la profession.

 

Ce sixième épisode de Kinécast sera l’occasion de mieux comprendre les défis et les opportunités qui se présentent actuellement pour les kinésithérapeutes en France, et de découvrir comment chacun peut contribuer à façonner l'avenir de cette profession.

 

N'oubliez pas de suivre Kinécast pour ne rien manquer des prochains épisodes !

Likez, commentez et partagez cet épisode pour soutenir la communauté des kinésithérapeutes et faire entendre notre voix.

Ensemble, nous pouvons faire la différence !

 

Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l'intervenant et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


https://www.ffmkr.org/

http://www.youtube.com/@FFMKRcCLAIR
https://youtu.be/v5HGzzqONjI



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! Bonjour Sébastien.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline. Comment vas-tu ? Très bien.

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue sur le podcast Kinecast de la FFMKR. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sébastien Guéard, président de la FFMKR. Tout d'abord, est-ce que tu peux Te présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement. Sébastien Guéard, je suis le président de la FFMKR, comme tu viens de le dire. Je suis surtout et avant tout kinésithérapeute depuis une bonne vingtaine d'années. J'exerce en libéral depuis toujours. Une activité hyper spécialisée puisque je ne fais que de la rééducation de l'épaule quasiment depuis les débuts. Je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit et passionné par cette articulation et donc beaucoup de travaux sur le sujet. Et voilà.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Dans la région de Perpignan, je l'ai dit ? Non,

  • Speaker #0

    tu ne l'as pas dit.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est essentiel. Donc dans la région de Perpignan et j'ai réussi encore à accorder une activité clinique à deux jours par semaine. Ce qui évidemment peut paraître... peu, mais comme j'occupe également d'autres fonctions puisque je suis également président de l'UNPS, mes semaines parisiennes sont assez chargées. Donc voilà, je suis sur Paris du mardi au jeudi pour ces activités de représentation et j'essaie de travailler au cabinet le lundi et le vendredi.

  • Speaker #0

    Pour un peu de clarté, c'est vrai qu'on risque de parler pas mal de sigles, est-ce que tu peux par exemple préciser ce que c'est l'UNPS ?

  • Speaker #1

    L'UNPS, c'est l'Union Nationale des Professions de Santé. C'est l'institution qui a été créée par la loi de 2004 qui a... porté réforme à l'assurance maladie et qui a donc créé l'UNCAM, les caisses d'assurance maladie, qui regroupe la MGEN, la MSA, tout un tas de caisses en fait, d'assurance maladie, sécurité sociale. L'UNOCAM, les complémentaires et l'UNPS, qui est donc l'institution qui regroupe toutes les organisations syndicales représentatives, signataires des conventions avec l'assurance maladie.

  • Speaker #0

    Ok, super. Il vaut mieux préciser tous ces points. On n'est pas forcément toujours très à l'aise. Il se multiplie en plus au fur et à mesure du temps. En fait, je t'ai invité parce que je souhaitais parler de la proposition de projet de loi sur la kinésithérapie. C'est un sujet que la FEDE a communiqué dernièrement. Comment s'est construite cette proposition de projet de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une réflexion assez globale je dirais et puis qui remonte à quelques congrès en arrière. Depuis je dirais près de 30 ans, la Fédération avait été membre fondatrice du CNPK, le Centre National de Prévention Kinesithérapie qui aujourd'hui est devenu Kine France Prévention. Donc un vrai sujet prévention dont on s'est emparé il y a une trentaine d'années et puis qui commence à émerger médiatiquement et politiquement. Le précédent ministère était le ministère de la Santé et de la Prévention. Donc un sujet qu'on porte qui pointe le bout de son nez. L'autre sujet, c'est celui de l'accès direct, dont on parlait dans les rangs de la Fédération déjà au Congrès des Sables d'Olonne en 2001. Donc c'était une revendication forte de la Fédération, avant même la création d'un certain nombre d'organisations, et je pense à l'Ordre, au Collège, à Alizé, qui sont arrivées bien après. Donc vraiment un sujet qu'on mûrit depuis un certain nombre de temps. Et cette loi RIST qui commence à poser les jalons de l'accès direct. en 2021. Et puis depuis que je suis en fonction, donc depuis près de cinq ans que je suis à la présidence de la fédération, des assises et des congrès qui se sont succédés, sur lesquels on a eu à cœur de travailler des vrais sujets de fond. Donc on s'est réemparé et ressaisi évidemment de ces deux sujets qui sont fondamentaux pour nous, mais auxquels on a associé un certain nombre de réflexions, et notamment la place de la kinésithérapie dans l'activité physique adaptée, et cette volonté de pouvoir prescrire. de l'activité physique adaptée. La volonté également de porter la reconnaissance du statut de kiné-coordonnateur dans les EHPAD et en HAD pour faire le lien d'une part avec une convention qu'on a signée il y a peu avec l'HAD, l'hospitalisation à domicile, et puis d'autre part, prémunir d'un certain nombre de dysfonctionnements dans les EHPAD, puisque on sait que le passage à dotation globale a tendance à poser des soucis dans certains établissements et on pense que sacraliser et reconnaître... Un statut de kiné-coordonnateur dans ces établissements pourrait permettre d'assurer que l'usager patient, et notamment les personnes âgées, donc les plus fragiles, puissent avoir accès au centre kinésithérapie quand c'est nécessaire pour eux. D'autres sujets tels que la volonté de pousser à la reconnaissance des spécificités d'exercice dont on a réussi à poser quelques jalons dans la dernière convention. La reconnaissance également de notre statut et d'être reconnu par nos compétences et non plus par un simple décret d'acte qui aujourd'hui est complètement anachronique. Je ne sais pas si les auditeurs le savent, mais le décret d'acte en kinésithérapie date de 1962. Et quand on voit comme la profession a évolué et s'est transformée au fil du temps, il est évident qu'il faut porter réforme à ce décret d'acte. Et puis d'autres sujets, également celui des pratiques avancées par exemple, pour lequel on a fait le choix de ne pas se tourner vers ces pratiques avancées parce que le modèle tel qu'il a été défini et construit par les infirmiers ne correspond pas à notre modèle d'exercice. Donc tout un tas de sujets qui sont arrivés à un niveau de maturité où on s'est dit qu'aujourd'hui, le seul moyen finalement de faire une véritable réforme de la profession et d'essayer de ramener la kinésithérapie, je dirais, au centre du jeu et de la ramener également à ses missions de service de santé publique, était de porter un projet de loi.

  • Speaker #0

    Ça concrétise en fait le travail qui a été réalisé en amont.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est une concrétisation de tout ce qu'on met en place, de toutes les réflexions qu'on mène avec notre congrès, nos adhérents, notre conseil fédéral depuis quelques années maintenant.

  • Speaker #0

    Et donc comment ont été choisis ces différents articles ? Il y en a huit donc. Est-ce qu'il y en a eu d'autres sur la table ? Voilà, comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas tant comment ils ont été choisis, puisque les thématiques sont relativement larges et plurielles. Je dirais que déjà il s'agit d'une proposition de projet de loi, comme tu le rappelais, qui se distingue d'un projet de loi. Un projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par le gouvernement. Une proposition de projet de loi c'est quelque chose qui va être porté par un député. Donc en l'occurrence... Il y a eu un gros travail de fond de lobbying pendant plus de quatre ans pour rencontrer un maximum de députés pour les sensibiliser à nos différents sujets, à nos problématiques et à nos solutions pour le système de santé et les patients. Et donc, ça a été aussi l'histoire d'une rencontre, c'est-à-dire trouver le ou les députés prêts à nous soutenir et nous appuyer dans notre démarche et qui croyaient finalement en ce qu'on portait. Et donc, cette proposition de projet de loi qui est portée par le député Viry. qu'on a rencontré il y a quelques longs mois maintenant, qui est un député vosgien, donc un département aussi, un territoire particulier qui souffre évidemment de difficultés d'accès aux soins et qui souhaite trouver des solutions pour s'administrer et qui voyait en la kinésithérapie une porte d'entrée pour catalyser, je dirais, la prévention, catalyser l'activité physique adaptée avec tous les bienfaits que ça peut apporter, reconnaître et valoriser la profession parce que... Une véritable prise de conscience également aujourd'hui du fait que la kinésithérapie est probablement sous-utilisée dans le système de santé, mais elle est probablement aussi sous-rémunérée. Donc autant de vecteurs qui nous ont permis de construire avec lui cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #0

    Donc vous l'avez contacté, alors c'est plutôt vous êtes allé vers lui ou comment ça s'est déroulé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on est allé vers lui, mais comme on va vers de nombreux députés, je dirais qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne rencontre pas trois, quatre députés, de préférence en général des députés qui sont membres de la Commission des Affaires Sociales, puisque ce sont les spécialistes des sujets santé. Et voilà, donc c'est ce que je dis, c'est ce vrai travail de lobbying de fond qui fait que tous les mois, on écrit le courrier des kinés, qu'on adresse à l'ensemble des députés, des sénateurs, qui sont des outils de communication. comme je disais tout à l'heure, nous permettre de sensibiliser les parlementaires à nos problèmes, mais aussi à nos solutions, parce que nous avons à cœur à la fédération de ne pas être uniquement les vecteurs, en tout cas dans la revendication permanente de nos problématiques. On est aussi là pour apporter des solutions, pour améliorer l'efficience et les prises en charge de l'ensemble des Français.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il y a aussi les syndicats départementaux qui ont pris part justement...

  • Speaker #1

    Alors oui, sur le......... Tout à fait, c'est-à-dire que nous, on fait notre travail à notre échelon parisien, je dirais, et donc on a l'habitude d'avoir des relations directes avec les parlementaires. Mais on a aussi la chance à la fédération d'avoir un maillage territorial extraordinaire, puisque nous sommes une fédération de syndicats départementaux. Nous avons 95 syndicats départementaux affiliés à la fédération et qui exercent en parfaite autonomie et indépendance, puisque chaque syndicat départemental est composé d'un bureau avec un président, un secrétaire général, un trésorier. un conseil d'administration et bien évidemment des adhérents. Et on a la chance d'avoir ce relais. Et on s'est bien entendu appuyé sur ce relais, puisque nous avons demandé à l'ensemble de nos présidents de porter également ce message dans les territoires, puisqu'on le sait, la plupart des parlementaires sont souvent plus sensibles aux messages qui viennent du terrain qu'aux messages qui viennent directement des organisations nationales. Donc ça nous a permis, par la voix de nos départements, de pousser également. ces messages auprès des députés qui, de ce fait, deviennent tout de suite plus réceptifs. aux messages qu'on peut leur donner quand on les rencontre à l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Donc les députés sont contactés, ceux qui ont cette appétence, ils signent alors cette proposition de projet de loi. Comment ça se déroule au fur et à mesure du temps ? Quelles sont les différentes étapes pour porter cette proposition de loi ?

  • Speaker #1

    Alors c'est un petit peu technique et puis il faut le remettre un petit peu dans le contexte et dans la temporalité, puisque cette... proposition de projet de loi était censée être déposée juste avant la précédente dissolution de l'Assemblée nationale. Puis dans la même semaine, au mois de juin. La dissolution arrivant, forcément, le projet est suspendu, il est retenu. Retenu à la condition sine qua non déjà que le député Viry soit réélu. Par chance, ça a été le cas, assez largement d'ailleurs. Il a ensuite fallu s'assurer que son propre groupe parlementaire soit OK. Il porte cette... proposition de loi, ce qui a été le cas. Et puis ensuite, effectivement, il a fallu réunir un certain nombre de co-signataires. Donc sur le plan technique, en fait, c'est une PPL qui est déposée sur une plateforme à l'Assemblée nationale, qui est ouverte à co-signature pendant un laps de temps. La difficulté un petit peu stratégique, c'était de se dire quel était le bon moment pour déposer cette PPL. La déposée tôt, le choix qu'on a fait, impliquait qu'on risquait de voir... un nombre relativement faible de signataires puisque beaucoup de députés étaient en attente de consignes de leur groupe parlementaire et nous étions dans une phase de constitution du gouvernement. Et donc pendant cette phase de constitution du gouvernement, certains députés avaient la consigne de ne s'engager absolument à rien du tout tant que le gouvernement n'était pas composé. Ce qui n'empêche qu'on a quand même eu un nombre de parlementaires signataires très satisfaisant puisqu'on était à plus de 30 signataires. et de façon complètement transpartisane, donc qui réunit vraiment des députés de toute obédience politique. Et ce qui est plutôt une bonne chose, puisque là aussi, stratégiquement, on pense que dans le contexte actuel, c'est probablement le meilleur vecteur pour que cette PPL ait une chance d'aboutir. On avait une deuxième option qui était de se dire, on attend un petit peu, on la tient sous le coude, on attend que les consignes gouvernementales... tombe et on voit ce que ça donne. Le risque, c'était que cette PPL se retrouve dans une file d'attente, une file d'attente tellement longue qu'elle ne résisterait peut-être pas à cette législature, puisque là aussi, on est en droit de s'interroger sur la durée de cette législature dans le contexte politique général. Ce qui est très intéressant dans ce qui s'est passé, en prenant le parti de la déposée tôt, c'est qu'elle a fait écho auprès du Premier ministre, Michel Barnier. qui s'est saisi de certains éléments et qui a annoncé dans son discours de politique générale qu'il souhaitait aller plus loin avec les kinésithérapeutes. Donc on saura assez vite fixer sur les intentions qu'il y a derrière, mais je suis intimement convaincu que le dépôt de cette PPL, le lobbying qui a été fait autour de cette PPL, ne l'a pas laissé indifférent et probablement qu'il voit dans un certain nombre de nos propositions des mesures qui peuvent faire sens. sur la politique de santé qu'il souhaite mener avec son gouvernement.

  • Speaker #0

    Donc en fait, concrètement, c'est vrai que c'est très difficile, en fait, on l'entend, d'avoir un calendrier et de se dire, voilà, ce sera dans trois mois, dans six mois.

  • Speaker #1

    Alors c'est difficile parce qu'en fait, il faut que le député trouve maintenant une niche parlementaire pour déposer, présenter cette PPL. Donc difficile de savoir quand arrivera cette niche, sachant qu'il y a tout un tas de lois plus générales, des lois cadres, qui sont votées en cours. Notamment en ce moment, on est en période d'examen du PLFSS, donc qui monopolise énormément de temps et énormément d'énergie auprès des députés. Il y aura ensuite la loi de finances, etc. Donc il faudra qu'on vienne s'imbriquer dans ces petites niches parlementaires pour que cette loi puisse être débattue. Sachant que cette loi, dans sa version bêta, je dirais, fera l'objet d'un certain nombre de discussions, d'amendements, des amendements qui peuvent augmenter cette PPL. d'amendements qui peuvent au contraire demander à supprimer un certain nombre d'articles, avec le lobbying habituel qui s'opère par l'ensemble des parties prenantes et des députés. Donc voilà, des discussions à l'Assemblée nationale en première lecture, qui ensuite sera transmise au Sénat pour une lecture au Sénat, qui reviendra ensuite à l'Assemblée nationale pour être adoptée ou pas. Ça c'est la suite de l'histoire.

  • Speaker #0

    Et si elle est adoptée ensuite, elle peut être applicable assez rapidement ?

  • Speaker #1

    Tout dépend de ce que dira le texte, puisque un certain nombre d'articles peuvent renvoyer à la publication de décrets d'application et ou d'arrêté. C'est ce qu'on ne souhaite pas, parce qu'on sait que certaines avancées ont été obtenues, je dirais, dans la loi, et je pense notamment à la loi RIST, mais qui renvoie à des décrets d'application et ou des arrêtés et ou des dispositions conventionnelles. et qui, effectivement, ralentit la machine puisque, à partir du moment où on renvoie un décret d'application ou un arrêté, on redonne la main à l'administration centrale qui a, quelque part, une certaine latitude tant dans le contenu du texte que dans le délai dans lequel elle va sortir le texte. C'est la raison pour laquelle on voit certaines mesures qui étaient contenues dans la loi Rist en 2021 qui, aujourd'hui, fin 2024, ne sont toujours pas applicables parce que les textes d'application ne sont pas sortis.

  • Speaker #0

    Donc, on voit, ça fait face à... quand même à beaucoup de difficultés, en fait, cette proposition de projet de loi. Voilà. T'es plutôt optimiste ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux être optimiste quand on fait ce que je fais, sinon on aurait un peu de mal à se lever le matin. Donc oui, optimiste, évidemment. Je crois qu'on n'est jamais allé aussi loin en matière de kinésithérapie qu'au stade où nous en sommes arrivés aujourd'hui. Jamais. Au cours de la Ve République, et donc avant, puisque la kinésithérapie n'existait pas. on a entendu parler d'une proposition de projet de loi pour la kinésithérapie. Donc voilà, c'est un coup de force puisqu'on n'a encore rien obtenu, mais en tout cas, je pense qu'il faut être fier d'en être arrivé là déjà. Et puis d'autre part, maintenant, ce qu'on attend, c'est une mobilisation des kinésithérapeutes parce que si on souhaite aller encore plus loin, on va avoir besoin de ce coup de pouce de la kinésithérapie qui soutienne largement cette PPL. qui par ailleurs dans sa construction, je l'ai omis tout à l'heure, a été challengée par toutes les organisations syndicales représentatives. C'est-à-dire que les deux autres syndicats représentatifs, le SNMKR et Alizé, ont évidemment eu leur mot à dire sur cette PPL, l'ont évidemment augmentée au regard de leur vision des choses. Et puis ce qu'on constate surtout, c'est une certaine unité finalement de la profession des trois organisations syndicales sur ce texte. Donc c'est quelque chose qui... qui est déjà assez rare pour le souligner, et puis d'autre part, qui nécessite une adhésion massive de la profession. Et ce sera peut-être un petit peu mon message du jour, c'est de dire au kiné, mais adhérez à un syndicat. C'est essentiel en fait. Le syndicat, c'est ce qui vous représente devant les pouvoirs publics, c'est ce qui vous permet de négocier l'avenir de votre profession, c'est ce qui permet de négocier votre revenu. Et aujourd'hui, ce qui nous donne du poids, c'est... Le taux de représentation est donc le nombre d'affiliés aux organisations syndicales. Aujourd'hui, moins de 12% des professionnels sont affiliés à une organisation syndicale. Donc voilà, adhérer massivement, peu importe où. En fait, ce qui est important, c'est qu'on ait un maximum d'adhérents derrière nous pour pouvoir porter ces projets haut et fort.

  • Speaker #0

    Oui, et puis on a en fait, c'est une profession, notre profession de kinésithérapeute. Il y a peu de députés qui descendent. Donc par rapport à d'autres professions qu'on retrouve à l'Assemblée. de façon assez nombreuse, nous on ne l'est pas. Donc c'est vraiment par l'adhésion, par l'engagement des kinésithérapeutes individuellement, un syndicat qui peuvent soutenir et aider cette proposition de projet de loi.

  • Speaker #1

    Exactement, et puis aussi être peut-être vigilant aux messages qui aujourd'hui sont dispensés sur les réseaux sociaux, puisque les réseaux sociaux ont finalement donné un porte-voix énorme à des individus, tout seuls dans leurs coins. Et aujourd'hui, il n'y a rien de pire que des messages qui pourraient être véhiculés et qui seraient toxiques finalement au regard de la défense de cette PPL, puisque cette PPL, comme je l'ai dit, elle est portée par les trois organisations syndicales. Elle a été construite et réfléchie depuis quand même un certain nombre d'années par des acteurs mobilisés pour la kinésithérapie, qui ont une vision un petit peu grand-angle. Et c'est vrai que c'est peut-être cette vision grand-angle qui peut manquer. à l'individualité cachée dans son cabinet, qui finalement voit sa kinésithérapie par son seul prisme. Et peut-être que ce qui fait la force d'un syndicat comme le nôtre, avec nos plus de 6000 adhérents, c'est qu'on a une telle richesse dans les échanges avec l'ensemble de nos adhérents, qu'on ne voit pas la kinésithérapie par le tout petit bout de la lorniette de sa propre activité, mais on le voit à 360 degrés. par la vision, le prisme de chacune des façons de pratiquer la kinésithérapie. Et on sait que la kinésithérapie est assez diversifiée dans sa pratique. C'est ce qui nous amène à toutes ces réflexions qui nous permettent de porter ce projet de loi. Et je suis toujours un peu chafouin quand je vois sur les réseaux sociaux quelques acteurs qui détricotent les choses parce que, vu du prisme aujourd'hui du kinésithérapeute, la seule chose qui compte, c'est la rémunération, le niveau de revenu. On est dans un contexte aujourd'hui économique. Archi tendu. On voit bien à quel point les dernières négociations conventionnelles ont été difficiles. Et encore une fois, pour un certain nombre de raisons. Et la première raison, c'est le manque d'affiliés auprès de nos organisations syndicales. Donc j'espère que ce message passera. Mais le seul moyen de faire entendre sa voix aujourd'hui, quand on est kiné, ce n'est pas de râler sur Facebook ou sur Twitter, c'est d'être adhérent à un syndicat.

  • Speaker #0

    Concrètement, alors, qu'est-ce que ça va porter au kiné ? Parce que voilà, tu parles des rémunérations. Est-ce que justement, ces articles... vont pouvoir améliorer leur pouvoir d'achat.

  • Speaker #1

    Cette PPL, c'est avant tout un projet de loi structurel pour la profession qui a vraiment vocation à sacraliser l'autonomie et l'indépendance de notre exercice professionnel et quelque part de garantir une certaine forme d'émancipation d'une profession qui, de mon point de vue, est devenue parfaitement mature. La kinésithérapie, c'est une profession qui a été créée après la Seconde Guerre mondiale, 1946. À l'époque, on réunissait des gymnastes médicaux, les hydrothérapeutes qui travaillaient dans les cures thermales, et puis quelques métiers connexes avec des masseurs, et qui a créé cette profession de la masseur kinésithérapie, qui à l'époque avait un petit diplôme en moins de deux ans, post-bac. Certaines infirmières à l'époque, d'ailleurs, en un an, pouvaient devenir masseurs kinésithérapeutes. Et puis cette profession s'est évoluée, structurée, jusque dans le début des années 60. où nous avons signé en 62 la première convention avec l'assurance maladie et où on a vu apparaître ce premier décret d'acte. On a augmenté la durée des études de kinésithérapie, c'est le fameux passage des deux aux trois ans. Et le chemin parcouru encore entre 62 et 2015 est énorme puisque nous sommes passés à près de cinq années de formation universitaire avec une reconnaissance de certaines de nos compétences en matière de formation mais qui ne s'est pas traduite dans les actes. dans notre décret d'actes, ce que je soulignais tout à l'heure. Et puis aujourd'hui, une profession qui en 2020 est dotée d'un conseil national des universités, d'un conseil national de l'ordre, d'un conseil national d'un collège de la kinésithérapie, qui représente les entités scientifiques et savantes devant les tutelles. Donc un niveau de maturité qui, de notre point de vue, mérite une reconnaissance et une traduction juridique de ce que doit être l'exercice de la kinésithérapie demain. qui doit être reconnue à travers ses missions en termes de santé et de soins, et plus à travers un simple décret d'acte.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment là le but c'est que ce soit ancré dans une loi, qu'on n'empile pas les décrets d'application qui tardent bien souvent à venir.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce que d'autres professionnels de santé soutiennent cette proposition de projet de loi ? Comment cette... Voilà, ce projet est vu par d'autres.

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si on peut dire qu'il y a un soutien, en tout cas, comment c'est perçu par les autres professions. Je pense que toutes les professions, en dehors des médecins, sont, en tout cas, c'est un projet de loi qui fait sens pour l'ensemble des acteurs, y compris pour les médecins, sauf que les médecins ont une vision un petit peu tronquée, puisque la construction, finalement, du Code de la santé publique, de toutes les professions de santé, se font à travers une dérogation au monopole de l'exercice de la médecine. Donc toutes nos professions juridiquement sont construites de la sorte, ce qui veut dire qu'à chaque fois qu'une profession gagne en compétences, elle arrache un petit quelque chose au sacro-saint monopole médical. Raison pour laquelle, s'il y a des freins aujourd'hui, il est essentiellement du côté des médecins, notamment généralistes, plus que les spécialistes qui finalement n'ont pas grand-chose à revendiquer vis-à-vis d'une profession comme la nôtre. Mais pour répondre à la question, si on regarde du côté des infirmiers, des orthophonistes, des orthoptistes, des pharmaciens, des dentistes ou des sages-femmes, qui ont tout d'ailleurs un niveau d'autonomie plus ou moins important vis-à-vis du corps médical, bien entendu que le niveau de maturité auquel nous sommes arrivés aujourd'hui font que nos revendications paraissent complètement légitimes.

  • Speaker #0

    Donc en fait... Pourquoi on ne pourrait pas non plus tout simplement abroger le statut d'auxiliaire médicaux ?

  • Speaker #1

    C'est un projet qu'on porte plutôt en interpro, puisque ça ne concerne pas que la kinésithérapie, mais en tout cas qui pour nous fait énormément sens. Ça fait partie des propositions qu'on avait pu débattre au sein de notre congrès et sur lequel on a un mandat pour se faire. Moi, j'ai été président de l'intersyndical interpro, les libéraux de santé. de 2021 à 2023 et nous nous étions prêtés à un petit jeu pendant la campagne présidentielle de 2022 qui consistait à, pour le coup, proposer un faux projet de loi aux candidats à la présidentielle et à leurs représentants santé. Et parmi l'ensemble des mesures que nous portions, avec 11 organisations syndicales réunissant les syndicats de pharmaciens, infirmiers, dentistes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, podologues, biologistes. et kinésithérapeute, et ont proposé notamment de supprimer ce terme d'auxiliaires médicaux, qui de notre point de vue n'a plus vraiment sa place dans le code de la santé publique, pour les raisons qu'on expliquait tout à l'heure, et aussi parce que ce que ça génère sur l'inconscient collectif auprès des populations, et ce qui est de notre point de vue également un frein à l'émancipation et à la reconnaissance des compétences d'un certain nombre de professions.

  • Speaker #0

    Et donc, en fait, ça a été... Finalement, il n'y a pas eu de suite.

  • Speaker #1

    Disons que ça a lancé un petit débat. Ce qui est intéressant, c'est que ce débat ressort deux ans après. Alors, effectivement, parce qu'on en parle, évidemment. Je parlais tout à l'heure du lobbying qu'on pouvait faire auprès des députés. On aborde ce sujet avec les députés. On a vu Lionel Collet, le président de l'HAS, prendre une parole publique sur les réseaux sociaux. Il y a moins d'une dizaine de jours.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Il remet en question justement cette notion d'auxiliaires médicaux. Donc quand le président de la HAS commence à l'évoquer, je pense que c'est une réflexion qui avance petit à petit, qui probablement va trouver écho, alors je ne sais pas ce que ce sera avec la nouvelle ministre de la Santé, mais en tout cas elle va trouver écho auprès du ministre Valtoux qui a cueilli assez favorablement cette réflexion. Donc, je pense que ça fait partie également des chantiers qu'on aura à traiter dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    Et alors, j'ai vu qu'il y avait un neuvième article, en fait. Il y a un article supplémentaire sur le financement.

  • Speaker #1

    Sur le financement, oui, sur la taxe sur le tabac. C'est un outil technique, en fait. C'est-à-dire qu'une proposition de loi, pour pouvoir être déposée auprès du Parlement, doit avoir une certaine neutralité économique. Et donc, l'astuce technique pour... Pour garantir et assurer la neutralité technique, c'est de mettre une taxe supplémentaire sur le tabac. Mais on en est vraiment à un niveau de détail qui est vraiment de l'astuce technico-juridique.

  • Speaker #0

    Et puis plus globalement, en fait, est-ce que c'est une étape, une grande étape, si ce projet de loi est adopté ? Est-ce que, bien sûr, il y aura dans vos têtes, il y a d'autres... d'autres dispositions ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est évidemment un plan global, mais on l'a évoqué déjà un petit peu tout au long de ce podcast. C'est de se dire qu'on rassemble déjà un certain nombre d'idées qui germent dans nos rangs depuis un certain nombre d'années. Et puis, on essaye de se projeter aussi vers la suite. Et la suite, c'est, comme je le rappelais, l'émancipation de la profession. On parlait tout à l'heure de ce statut d'auxiliaire médical qui était probablement un petit peu... peu has-been, et en tout cas c'est ce que je pense. Et l'étape suivante pour nous c'est de défendre la reconnaissance de la kinésithérapie comme étant une profession médicale à compétence définie. Donc effectivement, c'est une étape, c'est une marche importante, parce que celle-là elle est haute, on compte bien la franchir, mais derrière c'est comment on redéfinit la kinésithérapie dans le système de santé et comment, encore une fois, on va vers plus d'autonomie et d'indépendance dans notre exercice.

  • Speaker #0

    Et dans l'hypothèse négative où elle n'est pas adoptée ?

  • Speaker #1

    Je ne considère pas cette hypothèse comme acceptable. Il n'y a pas de plan B ? Non, ce n'est pas qu'il n'y a pas de plan B, c'est que ce sont de toute façon... Il faut reconnaître en politique une chose, c'est que le temps n'est pas le même que celui qu'on a dans notre quotidien. On parlait tout à l'heure de la création de l'ordre entre la première fois où on a... Parler de la création d'un ordre dans les rangs de la fédération et le moment où l'ordre a été créé, il s'est écoulé plus de 25 ans. Entre le moment où on a parlé d'une réforme des études vers l'universitarisation et vers une augmentation du nombre d'années de 3 à 5 ans, il s'est écoulé près de 25 ans. Je vous le dis tout à l'heure, la première fois qu'on a parlé d'accès direct sur un congrès de la FEMKR, c'était en 2001. Il a fallu attendre 2021 pour qu'on mette... Une micro-marche dans la PPL-Rist. Probablement que la prochaine grande marche sera cette PPL. Mais donc sur un certain nombre de sujets, il faut accepter qu'il y ait un temps long.

  • Speaker #0

    Cette PPL, en tout cas, ne sera pas inutile, quelle que soit la finalité de cette PPL, dans le sens où elle aura semé des graines. Alors, certaines vont pousser très vite, d'autres mettront un petit peu plus de temps. Ce qui est sûr et certain, c'est qu'à la fin, c'est la kinésithérapie qui récoltera.

  • Speaker #1

    Oui, et puis, voilà, toutes les marches qui ont été franchies précédemment, le travail du syndicat qui a posé les jalons, ensuite, qui viendra se concrétiser. On l'espère par cette proposition de projet de loi. Oui, tout à fait. Je ne sais pas, est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose sur ce sujet ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense qu'on a largement fait le tour, mais peut-être revenir sur le centre de la chose. Aujourd'hui, nous sommes des organisations représentatives. Alors, dans l'inconscient collectif, des fois, le syndicalisme a un peu une mauvaise image. Ça a une connotation un petit peu. On repense aux luttes ouvrières d'extrême gauche, ce qui n'est pas du tout notre sujet. Nous, nous sommes des professions libérales. On est là pour représenter, défendre les intérêts de la kinésithérapie. Et il faut vraiment que l'ensemble des professionnels comprennent que notre seule capacité à agir, vraiment la seule, l'unique, c'est l'adhésion des professionnels. Et la seule voie qui compte aujourd'hui devant la tutelle ou dans la négociation conventionnelle, ce n'est pas celle qui s'exerce sur les réseaux sociaux, c'est uniquement la voie portée. par les présidents des organisations syndicales représentatives. Donc si vous voulez faire quelque chose pour la kinésithérapie, et si vous voulez vraiment vous mobiliser, adhérez.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, au sein de la Fédé, justement, tu as rappelé tout à l'heure les syndicats départementaux, mais en fait, ils peuvent justement faire entendre dans ces... Voilà, s'ils veulent en débattre, c'est justement, il y a des soirées qui sont organisées, il y a les conseils d'administration, donc voilà, c'est des temps d'échange justement en présentiel qui permet de discuter de tous ces sujets-là et de faire entendre sa voix.

  • Speaker #0

    Oui, nous, on a à cœur d'aller chercher, effectivement, et d'aller échanger au plus près du terrain avec l'ensemble de nos adhérents. C'est notre marque de fabrique depuis plus de 60 ans.

  • Speaker #1

    Super. Alors concrètement, Sébastien, comment cette proposition de projet de loi, en fait, elle pourrait améliorer justement le pouvoir d'achat des kinés ? C'est un peu ce qui ressort souvent des discussions. Qu'est-ce que ça peut leur apporter dans leur pratique ?

  • Speaker #0

    Alors, ce n'est pas l'objet initial de cette PPL. En fait, en matière de... De politique, je dirais qu'on a deux temps pour la réflexion. La première qui est un versant plutôt économique, et là qui est le sujet de la négociation conventionnelle, et on en sort. Et un deuxième temps qui est plutôt celui de la revalorisation par les compétences. Et là, c'est vraiment le cœur de cette PPL, c'est-à-dire comment on va nourrir, augmenter les compétences des kinésithérapeutes, comment on va les faire grandir par rapport... à tout ce qu'on peut apporter, reconnaître à la profession. Plus d'autonomie, plus d'indépendance, une reconnaissance de nos spécificités d'exercice, une reconnaissance de notre capacité à prescrire, de l'activité physique adaptée, une reconnaissance à pouvoir coordonner. C'est le sujet du kiné-coordonnateur dans les EHPAD, dans les établissements d'hospitalisation à domicile, etc. Donc deux types de revalorisation. L'argent. C'est le conventionnel, c'est la négociation avec l'assurance maladie. Là, on est sur de la reconnaissance, je dirais plutôt structurelle, organisationnelle pour la profession et donc reconnaissance des compétences qui, in fine, de toute façon, par ruissellement, aura un impact, évidemment, sur notre niveau de rémunération puisqu'on vous confie des compétences supplémentaires, on vous reconnaît des compétences complémentaires. Donc, a priori, il y a de fortes chances que ces compétences soient revalorisées par le financement, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #1

    Ok, toujours une étape.

  • Speaker #0

    C'est une étape.

  • Speaker #1

    Ok. Merci beaucoup Sébastien.

  • Speaker #0

    Merci à toi Céline pour tout ce que tu fais ici pour la fédération et puis pour faire vivre de l'intérieur ces échanges avec les différents élus. Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'est avec plaisir. En fait, on apprend beaucoup sur ces différents sujets, sur le podcast, sur les préparations des épisodes en fait. Et c'est vrai que c'est très très riche et j'espère que ce sera aussi enrichissant pour nos éditeurs et auditrices mais j'en suis certaine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. Au revoir,

  • Speaker #0

    Sébastien. A bientôt, au revoir.

  • Speaker #2

    Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux. Merci. et de visiter le site web de la FFMKR pour rester informé des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. Dans le prochain épisode de Kinécast, j'aurai le plaisir d'accueillir Julien Morin, kinésithérapeute à La Réunion et créateur de contenu, connu sous le nom de Yotera. Au cours de notre discussion, Julien nous parlera de l'importance pour lui de diversifier son activité professionnelle, et nous présentera ses différents formats de contenu, allant de son site Internet au live qu'il anime chaque semaine. Julien souhaite ainsi informer les kinés. et leur fournir des outils pour faciliter leur gestion administrative en combinant ses compétences en kinésithérapie et sa créativité en tant que créateur de contenu. Ne manquez pas cette conversation inspirante et enrichissante avec Julien Morin dans l'épisode 7 de Kinecast. À la semaine prochaine !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Sébastien Guérard

    00:55

  • QU'est-ce que l'UNPS ?

    01:55

  • Construction de la proposition de projet de loi

    03:03

  • Le travail de la FFMKR auprès des députés

    08:23

  • Quels sont les étapes de la proposition de projet de loi ?

    10:49

  • Quelle chance a la PPL d'aboutir ?

    16:09

  • Importance de l'adhésion à un syndicat des kinésithérapeutes

    17:20

  • Objectifs de la proposition de projet de loi

    20:55

  • Statuts de l'auxiliaire médical

    24:40

  • Financement de le proposition de projet de loi

    27:11

  • Avenir de la kinésithérapie

    27:56

  • Engagement à la FFMKR

    31:00

  • La PPL et la valorisation des compétences des kinésithérapeutes

    32:34

Share

Embed

You may also like