Speaker #0Hello, si vous vous saisissez de votre smartphone et lancez une recherche avec pour mot-clé communication sur votre store préféré, il est évident que vous allez trouver une quantité absolument faramineuse d'applications liées à la communication. Les apps les plus populaires sont WhatsApp, Telegram ou encore Facebook Messenger. Mais avant l'apparition de ces services, et s'il fallait choisir un point de départ dans la course à la communication sur Internet, je pense qu'on pourrait s'accorder sur 1996, une année marquée par l'apparition d'un service en ligne qui va singulièrement changer la communication entre particuliers. Aujourd'hui, on parle d'un service mythique en voie d'extinction, j'ai nommé ICQ. Bienvenue dans l'épisode précédent. Avant de parler d'ICQ, on peut en quelques secondes parler d'IRC, Internet Relay Chat, un protocole de communication texte inventé en 1988 par Jarko Oikarinen. L'idée d'utiliser Internet comme vecteur de communication en temps réel n'était donc pas une idée neuve lors de l'arrivée d'ICQ en 1996. Avant ICQ, les communications en ligne étaient principalement limitées aux e-mails et aux forums. Les fondateurs d'ICQ, quatre jeunes Israéliens, ont vu une opportunité de rendre les conversations en ligne plus instantanées et fluides. En 1996, ils ont lancé ICQ, qui signifie en anglais I-C-Q Les anglophones au Rue Contry, les autres… Oh les gars, quand même ! Dans ICQ, on pouvait très simplement gérer une liste de contacts, recevoir des notifications sonores distinctives que personnellement je déteste, et la possibilité d'envoyer des messages instantanés. C'était sympa, facile et juste révolutionnel. Contrairement aux emails qui nécessitent un certain formalisme et un délai de réponse, ICQ permettait des conversations en temps réel, rapprochant les gens comme jamais auparavant. Mais comme souvent, ce qui a fait le succès d'ICQ, ce n'était pas seulement le service ou le design. ICQ, c'était une communauté. Les utilisateurs pouvaient rechercher d'autres personnes en fonction de leurs intérêts, créant ainsi des liens avec des inconnus aux quatre coins du monde. Cette dimension sociale et instantanée, qui était nouvelle, était un avant-goût particulièrement avant-gardiste des réseaux sociaux que nous connaissons aujourd'hui. En peu de temps, ICQ a connu un succès fulgurant. En 1998, Howell a racheté la société pour 287 millions de dollars, un montant astronomique pour l'époque. A son apogée, ICQ comptait des millions d'utilisateurs à travers le monde, tous séduits par la possibilité de communiquer instantanément avec leurs proches et des inconnus. Cependant, malgré son succès, ICQ a dû faire face à une concurrence de plus en plus féroce. Des services comme MSN Messenger, dont on reparlera, et Yahoo Messenger, dont on ne reparlera pas, ont rapidement gagné en popularité, offrant des fonctionnalités similaires avec des interfaces plus modernes et intégrées. ICQ a tenté de s'adapter en ajoutant des nouveautés comme les jeux en ligne, les appels vocaux, mais il n'a jamais vraiment retrouvé sa position dominante. Un aspect souvent oublié d'ICQ, c'est son impact sur le développement de la messagerie instantanée en général. Les concepts de liste de contact, de statut en ligne et de notification sonore que nous tenons pour acquis aujourd'hui ont tous été popularisés par ICQ. ICQ, c'est l'ancêtre des applications de chat moderne qui a posé les bases dans la manière dont nous communiquons en ligne. En France, ICQ a également marqué une génération. Pour beaucoup, c'était la première expérience de communication en ligne en temps réel, un moyen de rester en contact avec des amis et de rencontrer de nouvelles personnes. Cette période d'Internet était marquée par une certaine innocence, une découverte constante et ICQ en était un très beau symbole. Revenons un instant à cette période pour mieux comprendre l'impact d'ICQ. Je vous l'ai déjà dit, les ordinateurs de l'époque étaient souvent partagés par toute la famille, installés dans des pièces communes comme le salon. Se connecter à ICQ signifiait se plonger dans un monde de conversations immédiates, fascinantes et totalement cloisonnées. Les adolescents pouvaient discuter avec leurs amis après l'école, les adultes pouvaient renouer des contacts anciens, et tout le monde pouvait rencontrer de nouvelles personnes partageant les mêmes centres d'intérêt. ICQ a également introduit l'idée des statuts personnalisés. Les utilisateurs pouvaient indiquer s'ils étaient en ligne, occupés, absents ou invisibles. Cette fonctionnalité a ajouté une dimension humaine à la communication numérique, permettant aux utilisateurs de signaler leur disponibilité et leur humeur à leurs contacts. Et puis un autre aspect marquant d'ICQ, c'était la création de profils détaillés. Les utilisateurs pouvaient remplir des informations personnelles, ajouter des photos et même écrire des descriptions qui les représentaient. Cela a permis une personnalisation accrue et a encouragé les utilisateurs à exprimer leur identité en ligne. Une tendance qui s'est poursuivie avec les réseaux sociaux modernes. Cela a permis une personnalisation accrue et a encouragé les utilisateurs à exprimer leur identité en ligne, une tendance qui s'est poursuivie avec les réseaux sociaux modernes. Mais malgré une large base d'utilisateurs, ICQ a lutté pour générer des revenus significatifs. Et ça montre que le succès, en termes d'utilisateurs, ne se traduit pas toujours par un succès financier. AOL a tenté de monétiser ICQ via la publicité, mais cela n'a pas suffi à rendre le service rentable. Cette difficulté est un exemple des défis financiers rencontrés par les premières entreprises Internet, la fameuse bulle dont on reparlera. ICQ n'a pas pu résister aux changements rapides du paysage numérique. La montée en puissance de MySpace, Facebook, Twitter et des applications de messagerie plus modernes a progressivement éclipsé ICQ. Les utilisateurs ont migré vers des plateformes offrant des intégrations plus poussées, avec les nouvelles technologies mobiles et des interfaces utilisateurs plus adaptées, traduire plus simple. Si vous avez déjà écouté l'épisode précédent consacré à Caramail, nous avons déjà abordé le sujet de la communication et l'aspect magique de ces services qui ont débarqué dans les années 90 pour venir bouleverser les modes de communication. Et alors, on pourrait penser que le succès d'ICQ repose uniquement sur sa technologie. On ferait définitivement fausse route. Les utilisateurs se moquent des prouesses technologiques. ICQ avait compris avant tout le monde qu'Internet n'était pas seulement un gadget, mais bien un outil de communication d'une puissance inestimable, un moyen de connecter les gens de manière plus personnelle et immédiate. ICQ a créé une plateforme qui répondait à un besoin fondamental, la volonté de se connecter instantanément avec les autres. Les autres, c'était ceux que l'on connaissait et ceux qu'on découvrait. Cette approche a non seulement permis à ICQ de devenir un phénomène de société, mais a également posé les bases des messageries instantanées modernes. Bien qu'ICQ ne soit plus que l'ombre de la plateforme à succès qu'elle a été, et malgré son déclin total annoncé pour le 26 juin 2024, son héritage perdura à travers toutes les plateformes qui lui succèderont. Vous venez d'écouter l'épisode précédent consacré à ICQ. À bientôt.